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Full text of "Histoire littéraire de la France"

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3  9007    0318    7960    4 


HiSTOlKK 


L  ITT  K  H  A  IKK 


DE   LA   FKANCE 


HISTOIRE 

LITTÉRAIRE 

DE   LA   FRANCE, 

OUVRAGE 

COMME^GK  PAR  DES  RELIGIEUX  BÉNÉDICTINS 
DE  lA  CONGRÉGATION  DE  SAINT-MAIIR 

ET    CONtlNté 

PAR  DES  MEMBRES  DE  I/INSTITIIT 

(iCAOKMIF.     DES     INSCRIPTIONS     ET     BEIXKS-I.F.TTIIF.S  j. 

TOME  XXXI. 

QUATORZIÈME  SIKCI.K. 


PARIS  1893 

KRAUS  REPRINT 

Nendeln/Liechtenstein 
1971 


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101 
H6 

-1.31 


Réimpression  avec  L'  accord  de 
L'  Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  Paris 

KRAUS  REPRINT 

A  Division  of 

KRAUS-THOMSON  ORGANIZATION  LIMITED 

Nendeln/Liechfenstein 

1971 

Printed  in  Germany 
Lessingdruckerei  Wiesbaden 


AVERTISSEMENT. 


Quoique  ce  volume  soit  plus  cousidérahle  que  les 
précédents,  il  ne  contient  pas  un  aussi  grand  nombre 
de  notices.    Deux  de  ces  notices  sont,  en  elTet,   très 
étendues:  l'une  sur  les  livres  d'images,  l'autre  sur  les 
écrivains  juifs  nés  en  France.  Nous  ne  pouvions  négliger 
ces  livres  d'images  dont  le  dénombrement  nous  a  semblé 
le  complément  nécessaire  du  discours  sur  l'état  des  arts 
au  XIV*  siècle.  Quant  à  la  notice  sur  les  écrivains  juifs, 
la  dimension  anormale  en  est  motivée  par  la  résolution 
que  nous   avons  prise  de   ne  pas  disperser   dans  un 
nombre  encore  incalculable  de  volumes  des  auteurs  de 
même  religion,  de  même  langue,  et  si  différents,  sous 
tous  les  rapports,  de  nos  auteurs  chrétiens  qu'ils  ne  pa- 
raissent, en  vérité,  ni  de  leur  pays,  ni  de  leur  temps. 
Un  premier  travail  sur  les  rabbins  du  xiv^  siècle  a  été 
publié  dans  notre  tome  XXVII,  et,  dans  l'avertissement 
mis  en  tète  de  ce  tome,  on  a  reconnu  la  grande  part 
que  M.  Adolphe  Neubauer  a  prise  à  ce  travail.  Nous  lui 
devons  aujourd'hui  le  même  témoignage  de  notre  recon- 
naissance; c'est  sur  ses  savantes  notes,  recueillies  non 
seulement  en  France,  mais  encore  en  Angleterre,  en 
Allemagne,  en  Espagne  et  ailleurs,  qu'un  de  nos  colla- 
borateurs a  rédigé  ce  dernier  article  comme  le  premier. 

TOME  XXXI.  ^  a 

4        .  IVrRIMrKIK     HATlOXltB. 


Il  AVERTISSEMENT. 

Nous  devons  ajouter  que  M.  Steinschneider  a  bien  voulu 
revoir  toutes  les  épreuves  de  cet  article,  et  nous  ap- 
porter ainsi  une  garantie  supplémentaire  d'information 
exacte  et  complète.  Il  a  mérité  la  gratitude  de  nos  lec- 
teurs aussi  bien  que  la  nôtre. 

I^es  autres  notices  de  ce  volume  sont  consacrées  à 
des  auteurs  d'écrits  très  variés.  Au  temps  dont  présente- 
ment nous  écrivons  l'histoire  il  n'y  a  plus,  entre  les 
esprits,  sur  qui  l'Église  a  moins  d'empire,  concert  vers 
un  but  commun;  de  là  plus  de  diversité,  sinon  plus  de 
mérite.  Nous  sommes  dans  une  période  d'essais  indivi- 
duels, pour  la  plupart  timides.  On  en  signalera  dans  les 
volumes  suivants  de  plus  audacieux  et  de  plus  heureux. 

Les  auteurs  de  ce  trente  et  unième  volume  de  l'Histoire 
littéraire  de  la  France,  membres  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  sont  désignés,  à  là  fin 
de  chaque  article  par  les  initiales  de  leurs  noms  : 


P.P. 

MM 

.  Paulin  Paris. 

Ern.  R. 

Ernest  Renan. 

B.  H. 

Barthélémy  HAURiAU,  éditeur. 

G.  P. 

Gaston  Paris. 

L.D. 

LÉopoLD  Delisle. 

NOTICE 

SDR 

ERNEST   RENAN, 

UN  DBS  AUTEURS  DES  TOMES  XXIV-XXXI  DE  L'HISTOIRE  LITTÉRAIRE  DE  LA  FRANCK 


Nous  n'avons  pas  à  raconter  ici  toute  la  vie  de  M.  Ernest  Renan ,  à 
le  montrer  sous  toutes  ses  faces,  à  présenter  le  détail  de  ses  œuvres  si 
nombreuses  et  si  diverses.  D'autres  l'ont  fait  et  d'autres  le  feront  encore. 
Cette  enviable  renommée  qu'on  appelle  la  gloire  survivra  longtemps  h 
l'érudit,  au  philosophe,  à  l'écrivain.  Mais  nous  devons  acquitter  la  dette  de 
notre  reconnaissance  en  disant  quelle  grande  part  a  prise  à  notre  œuvre 
commune  ce  collaborateur  si  vivement  regretté. 

Appelé  très  jeune  encore,  en  l'année  i856,  dans  notre  Académie , 
M.  Renan  fut,  le  i-j  avril  de  l'année  suivante,  adjoint  comme  auxiliaire 
à  la  commission  de  l'Histoire  littéraire ,  et  nommé  membre  de  cette  com- 
mission ,  le  1  g  novembre  1 858 ,  en  remplacement  de  M.  Lajard.  Les 
qualités  déjà  bien  connues  de  son  brillant  esprit  ne  l'avaient  pas  recom- 
mandé seules  aux  sulTrages  de  la  compagnie.  Il  avait  fait  preuve  de  sa 
compétence  dans  les  questions  particulières  que  nous  avons  à  résoudre  piir 
ses  travaux  antérieurs  sur  l'étude  du  grec  au  moyen  âge  et  sur  l'influence 
malsaine  de  l'averroisme  dans  les  écoles  rivales  de  la  nôtre.  Introduit 
d'ailleurs  par  notre  libre  choix ,  nous  aimons  à  le  rappeler,  dans  le  dé- 
partement des  manuscrits,  à  la  Bibliothèque  nationale,  nous  l'avions  mis 
à  la  source  des  informations  dont  il  était  besoin  pour  éclairer  l'histoire 
obscure  des  lettres  latines  au  xiV  siècle.  Et  puis  on  le  savait  plein  de 
bonne  volonté ,  plutôt  jaloux  qu'effrayé  de  prendre  à  sa  charge  les  en- 
quêtes les  plus  laborieuses.  On  n'avait  pu  réclamer  le  concours  d'un  plus 
vaillant,  d'un  plus  capable  que  lui. 

Devenu  le  collègue  de  MM.  Paulin  Paris ,  Le  Clerc  et  Littré ,  M.  Renan 
fut  d'abord  invité  par  eux  à  rédiger  le  discours  sur  l'état  des  beaux-arts  au 
xiv"  siècle.  Il  n'était  pas  préparé  à  traiter  ce  sujet;  mais  la  nature  l'avait 

a. 


IV  NOTICE  SLR  ERNEST  RENAN. 

doué  d'une  Cacnllé'bicn  précieuse,  celle  de  tout  voir  d'un  premier  coup 
d'oeil  et  d'improviser  une  synthèse  même  avec  des  notes  par  d'autres 
recueillies.  Si,  d'ailleurs,  il  n'avait  étudié  la  technique  d'aucun  ail,  il  les 
aimait  tous,  il  avait  la  passion  du  beau,  l'horreur  du  laid,  le  mépris  du 
vulf^airo,  et,  en  toute  matière,  un  discernement  de  ce  qu'il  convient  de 
louer  ou  de  hlàmer  (paon  a  rarement  pris  en  défaut.  On  ne  s'étonne  donc 
pas  qu'il  ait  accepté  sans  hésitation  la  tâche  difficile  que  lui  avaient  assi- 
gnée ses  collègues;  et  il  l'a  si  bien  remplie,  et  par  devoir  et  par  goût,  que 
son  travail,  applaudi  quand  il  parut  par  tous  les  bons  juges,  est  encore, 
après  trente  ans,  considéré  comme  n'ayant  pas  vieilli.  Oui,  l'architecture 
religieuse  du  xin'  .siècle,  improprement  appelée  gothique,  est  une  des 
plus  belles  formes  qu'ait  imaginées  l'art  de  bâtir.  Pourquoi  les  autres 
arts  ont-ils,  dans  le  même  temps,  moins  prospéré .^  C'est,  M.  Renan  l'a 
justement  remarqué,  parce  qu'elle  les  tenait  en  vasselage,  ayant  le  droit 
reconnu  de  leur  imposer  une  coopération  dont  elle  pouvait  se  passer. 
Mais  au  siècle  suivant,  le  grand  art  se  déconsidère,  sa  souveraineté  déchue 
et  les  subalternes  s'émancipent.  \  oyez  le  maître  maçon  du  xiv'  siècle  : 
il  s'applique  avec  un  incontestable  succès  à  fortifier,  à  décorer  le  monu- 
ment civil ,  le  palais  des  rois ,  le  château  des  seigneurs ,  de  l'évêque .  de 
l'abbé  scandaleusement  enrichi,  à  construire  des  remparts,  des  hôtels, 
des  quais,  des  ponts  utiles;  mais  il  n'a  plus  l'inspiration  religieuse,  et, 
chargeant  de  frivoles  atours  toutes  les  surfaces  de  l'église  amoindrie, 
il  ne  cesse  d'être  un  imitateur  servile  que  pour  devenir  un  novateur 
maladroit.  Plus  on  s'avance  vers  le  xv'  siècle,  plus  l'art  français  s'abaisse, 
se  dégrade,  n'aspirant  bientôt  plus  qu'à  se  faire  de  mieux  en  mieux  gager 
par  de  prodigues  courtisanes  et  de  riches  usuriers.  C'est  le  temps  des  très 
habiles  imagiers,  enlumineurs,  orfèvres,  joailliers,  émailleurs,  ciseleurs, 
tapissiers,  relieurs  et  brodeurs;  mais  il  n'est  plus,  l'architecte  anonyme  à 
qui  Paris  doit  le  plan  sévère  de  sa  splendide  cathédrale;  il  n'est  plus,  et 
les  gens  de  son  métier  qui  tiennent  sa  place  ne  font  guère  au  même  iieu 
preuve  d'expérience  et  de  talent  qu'en  édifiant  le  vieux  Louvre  et  l'hôtel 
Saint -Paul.  De  vastes,  de  splendides  palais  et  de  mesquines  églises. 
Voilà  ce  qu'a  parfaitement  exposé  M.  Renan  dans  son  éloquent  et  sa- 
vant discours.  Quoiqu'il  eût  l'admiration  facile ,  il  ne  pouvait  admirer 
les  œuvres,  même   les  plus  estimables,  d'un   siècle  où  l'art  fut  sans 
génie. 

Notre  tome  XXV  commence  par  une  de  ses  notices.  Il  s'agit  de  l'ar- 


NOTICE  SUR  ERNEST  RENAN.  v 

tisan  picardVUlartdeHonnecourt, longtemps  oublié,  maintenant  presque 
célèbre,  dont  l'Album  conservé  n'est  pas  moins  instructif  qu'il  est  curieux. 
Il  appartenait  à  M.  Renan  de  dire  tout  ce  qu'on  sait  sur  cet  aïeul  de 
Léonard ,  qu'il  avait  plusieurs  fois  cité  dans  son  discours ,  architecte  et 
peintre,  expert  en  physique,  en  mécanique,  en  médecine  et  en  musique. 
On  n'a  pas,  il  est  vrai,  de  suffisantes  informations  sur  la  vie  nomade  de 
cet  humble  artisan  ;  mais  on  ne  connaît  pas  beaucoup  mieux  celle  des 
hommes  qui  firent  au  moyen  âge  le  plus  de  bruit  et  jouirent  du  plus 
grand  renom. 

M.  Renan  se  vit  obligé  de  le  constater  quand  il  entreprit  d'écrire, 
pour  le  même  volume,  la  notice  sur  Jean  Duns  Scot.  Aucun  autre 
docteur  de  ce  temps-là  n'a  plus  été  loué  durant  sa  vie ,  après  sa  mort  ; 
saint  Thomas  lui-même  n'a  pas  eu  de  plus  fanatiques  zélateurs.  Et 
pourtant  ses  confrères  n'ont  pu,  voulant  raconter  sa  vie,  que  mettre 
bout  à  bout  de  fabuleuses  légendes.  Il  avait  écrit  ceci,  dit  cela;  voilà 
tout  ce  que  ses  contemporains  avaient  pris  le  soin  d'attester  touchant 
sa  vie.  On  ignore  même  dans  quel  lieu,  dans  quel  temps  il  est  né. 
Quant  à  ses  assertions  doctrinales,  M.  Renan  était  en  mesure  de  les 
exposer  fidèlement ,  et  il  l'a  fait  dans  les  meilleurs  termes.  Il  avait  plu- 
sieurs fois  condamné ,  dans  son  discours  sur  l'état  des  beaux-arts ,  l'abus 
de  la  logique  et  malmené  les  logiciens  intempérants.  Il  ne  pouvait  donc 
se  montrer  trop  favorable  au  docteur  nommé  par  excellence  le  Subtil. 
Mais  comme  il  avait  un  grand  fonds  d'indulgence ,  il  a  critiqué  sa  doc- 
trine avec  beaucoup  de  mesure,  cherchant,  après  avoir  signalé  ses  torts, 
à  les  atténuer.  Il  avait ,  d'ailleurs ,  des  facilités  pour  le  faire  :  ce  philosophe 
hautain  et  querelleur,  aussi  prompt  à  la  riposte  que  vif  à  l'attaque ,  a 
conclu  rarement  et  s'est  contredit  souvent.  M.  Renan  ne  dit  pas  expres- 
sément qu'il  ait  été  moins  jaloux  de  faire  valoir,  de  faire  admettre  des 
opinions  arrêtées ,  que  de  servir  la  plus  ardente  passion  de  son  ordre  en 
argumentant  contre  saint  Thomas  ;  il  ne  le  dit  pas ,  mais  il  le  laisse 
entendre ,  et  cela  semble  la  vérité.  Il  n'y  a  peut-être  jamais  eu  deux  partis 
plus  hostiles  l'un  à  l'autre  que  les  dominicains  et  les  franciscains  ,  ceux-ci 
plus  agressifs ,  ceux-là  plus  méprisants.  Jugez  combien  vive  était  l'animo- 
sité  des  franciscains  !  Qui  réfuta  le  mieux  le  panthéisme  imparfait  de  Jean 
Duns  Scot .3  Un  clairvoyant  et  courageux  docteur  de  leur  robe,  derrière 
lequel  vinrent  aussitôt  se  ranger,  lui  faisant  honneur,  presque  tous  les 
philosophes  indépendants.  Eh  bien ,  ce  logicien  en  tant  de  lieux  applaudi 


Ti  NOTICE  SUR  ERNEST  RENAN. 

n'eut  dans  son  ordre  aucun  succès.  Pourquoi?  Parce  qu'il  s'était  rapproché 
de  saint  Thomas  en  se  rapprochant  d'Aristote.  Jean  Duns  Scot ,  désormais 
délaissé,  si  ce  n'est  par  ses  haineux  confrères,  est  resté  néanmoins  un 
personnage  considérable ,  qui ,  de  plein  droit ,  occupe  une  des  premières 
places  dans  l'histoire  de  deux  grandes  universités ,  celle  de  Paris  et  celle 
d'Oxford,  et,  quoiqu'il  ne  soit  pas  né  sur  nos  rives,  une  notice  lui  était 
due  dans  notre  Histoire  littéraire.  M.  Renan,  qui  s'en  était  chargé,  y  a 
mis  tous  ses  soins.  Son  travail  excellent  montre  que  son  zèle  pour  la 
vérité  ne  reculait  pas  devant  les  plus  minutieuses  enquêtes  quand  l'état 
de  sa  santé  lui  permettait  de  les  faire.  L'historien,  nous  disait-il  souvent, 
doit  avant  tout  s'inquiéter  d'être  exact  et  précis. 

Ses  collègues  l'avaient  prié  de  rédiger  cette  notice  sur  Jean  Duns  Scot; 
c'est  à  sa  demande  que  lui  fut  confiée  celle  qu'il  donna  dans  le  tome 
suivant  sur  Pierre  du  Bois,  avocat  des  causes  royales  au  bailliage  de 
Cotentin.  Il  avait,  disait-il,  un  penchant  pour  ce  pamphlétaire  peu 
lettre ,  conseiller  sans  mandat ,  novateur  entiché  de  vieilles  superstitions 
par  beaucoup  d'autres  répudiées,  ennemi  de  l'Eglise  et  naïf  croyant; 
mécontent  de  tout,  pariant  de  tout  avec  aigreur  et  néanmoins  bon 
homme.  En  lui  M.  Renan  voyait  la  fidèle  image  d'un  gros  bourgeois 
de  son  temps.  Aussi  l'a-t-il  très  attentivement  observée.  Plusieurs  de» 
nombreux  écrits  de  Pierre  du  Bois  donnent,  en  effet,  une  juste  idée 
de  ce  qu'osait  penser,  dans  les  dernières  années  du  xiii*  siècle ,  un  fonc- 
tionnaire de  l'ordre  civil,  dont  les  quotidiennes  chicanes  des  clercs 
contrariaient ,  entravaient  à  tout  propos  l'autorité  mal  définie.  Non  seule- 
ment elles  l'ont  rendu  maussade  et  frondeur;  le  voici  devenu  réforma- 
teur, la  réflexion  l'ayant  convaincu  que  ce  qui  est  ne  peut  durer  sans 
péril  pour  la  société  chrétienne.  Il  faut  donc  réformer  et  l'Église  et 
l'État.  Or,  pour  tout  mettre  en  bon  ordre  et  chacun  4  sa  place,  il  s'agit 
de  modifier  le  système  d'éducation  publique,  de  promulguer  un  nou- 
veau code  de  procédure ,  où  la  compétence  des  ofiiciaux  sera  strictement 
limitée ,  de  confisquer  tous  ou  presque  tous  les  biens  de  l'Eglise ,  de 
donner  au  pape  une  sévère  leçon  de  conduite ,  de  reconquérir  la  Terre- 
Sainte  ,  enfin  de  supprimer  plusieiu^  empires  et  d'en  fonder  un  nouveau. 
M.  Renan  n'a-t-il  pas  pris  trop  au  sérieux  l'auteur  de  ces  beaux  pians, 
et,  jugeant  son  programme  de  réformes  plus  original  qu'il  l'était,  ne 
l'a-t-il  pas  trop  blâmé  d'avoir  dit  ceci,  trop  loué  d'avoir  dit  cela?  Moins 
on  reconnaîtra  de  données  originales  dan»  le»  mémoires  de  Pierre  du 


NOTICE  SUR  ERNEST  RENAN.  vu 

Bois,  plus  on  nous  les  signalera  comme  intéressants,  car  ce  sera  nous 
prouver  qu'il  a  fait  entendre  la  voix  publique.  Et  il  est  en  effet  au 
moins  vraisemblable  qu'il  n'a  pas  été  seul  à  penser  ce  qu'il  a  cru  devoir 
écrire.  L'agitation  des  esprits  était  alors  très  vive;  partout,  et  parti- 
culièrement dans  cette  classe  déjà  riche,  déjà  presque  éclairée  sur  ses 
droits,  la  bourgeoisie  française,  se  faisait  sentir  un  impérieux  besoin 
de  changement,  et,  l'autorité  du  glaive  spirituel  s'étant  d'elle-même 
affaiblie,  c'était,  au  jugement  de  tous  les  politiques,  celle  de  l'autre 
glaive  qui  devait  prévaloir. 

M.  Renan  nous  a  fait  mieux  constater  encore  ce  malaise  des  esprits 
et  cette  passion  d'innover  dans  sa  très  remarcpiable  notice  sur  Guillaume 
Nogaret.  R  ne  pouvait  ni  justifier  l'entreprise  d'Anagni ,  ni  concéder  à 
la  pitoyable  victime  de  cette  coupable  agression  le  droit  (ju'elle  s'attri- 
buait de  tout  régler  dans  les  affaires  de  ce  monde.  Mais  en  racontant 
de  la  manière  la  plus  fidèle  toutes  les  circonstances  de  l'événement, 
puis  en  partageant  les  torts  avec  la  plus  équitable  mesure,  il  a  montré 
clairement  que  les  choses  d'autrefois  devaient  être  alors  plus  ou  moins 
modifiées  et  que  l'opinion  poussait  les  princes  laïques  vers  le  but  où 
tendait  leur  ambition.  «  Les  difficultés  entre  la  couronne  de  France  et  le 
Saint-Siège ,  qui  remplissent ,  dit-il ,  le  règne  de  Philippe  le  Bel ,  avaient 
commencé  sous  saint  Louis,  et  l'on  peut  dire  que  l'éclat  de  i3o3  ne 
fut  que  la  crise  d'une  maladie  qui  couvait  depuis  longtemps.  »  Mais ,  la 
crise  passée ,  ce  n'étaient  ni  Philippe  ni  Nogaret  qui  pouvaient  guérir  la 
société  malade;  il  lui  fallait  d'anodins  remèdes  dont  ces  hommes  vio- 
lents ne  comiaissaient  pas  l'usage. 

M.  Victdr  Le  Glerc  nous  disait  un  jour  :  t  Plus  j'étudie  l'histoire  des 
démêlés  de  Philippe  le  Bel  et  de  Bonifece,  plus  je  deviens  philippiste.  » 
M.  Renan  ne  pouvait  pas  autant  le  devenir;  il  avait  instincti^^ement  trop 
en  horreur  l'emploi  de  la  force-.  Non,  sans  doute,  il  ne  pouvait  justifier 
les  prétentions  inopportunes  de  Boniface;  sachant  bien  d'ailleurs  que 
tout«s  les  choses  humaines  sont  nées,  comme  dit  l'Ecclésiaste ,  pour 
mourir,  il  ne  pouvait  regretter  que  le  vrai  moyen  âge  eût  pris  fin  avec  ce 
pape  entêté.  Mais  cela  ne  devait  pas  le  rendre  favorable  à  Nogaret ,  à 
Philippe.  Il  convient  d'imposer  l'abandon  de  leurs  privilèges  à  des  insti- 
tutions surannées;  mais  cela  ne  veut  pas  dire  qu'il  y  ait  lieu  de  glorifier 
ces  juristes  formés  à  l'école  de  Nogaret  qui  se  sont  tout  permis  pour 
édifier  la  monarchie  française  et,  plus  tard,  ont  usé  des  mêmes  angu- 


vin  NOTICE  SUR  ERNEST  RENAN. 

ments  pour  la  détruire.  Telle  était  la  doctrine  de  M.  Renan ,  conforme 
à  son  naturel  doux  et  placide.  Aussi  loin  qu'il  remontait  dans  l'histoire, 
il  ne  reconnaissait  aux  confesseurs  de  la  vérité  que  le  droit  de  con- 
vaincre, leur  refusant  celui  de  contraindre. 

C'est  surtout  dans  sa  notice  sur  Clément  V  que  M.  Renan  s'est  pro- 
noncé contre  Philippe  le  Bel.  S'il  hésite  à  condamner  ses  intentions  et 
le  hut  qu'il  poursuit,  très  fermement  il  déclare  que  ses  procédés  le 
révoltent.  Quant  h  ce  pape  mondain,  que  son  ambition  sans  noblesse 
et  sa  duplicité  sans  constance  ont  mis  A  la  discrétion  d'un  roi  passion- 
nément volontaire  et  résolu,  comme  on  le  savait,  à  briser  tous  les 
obstacles  qu'il  aurait  pu  rencontrer,  M.  Renan  fait  bien  apprécier  que 
ses  contemporains  ont  été  plus  sévères  pour  lui  qu'ils  auraient  dû  l'être. 
Il  avait  sans  doute  peu  de  vertus  et  quelques  vices;  mais  plus  d'une  fois 
il  a  témoigné  qu'il  n'ignorait  pas  ses  devoirs,  et,  s'il  avait  été  libre  de  les 
remplir,  on  peut  croire  qu'il  l'eût  fait.  C'est  la  réaction  contre  les  empor- 
tements de  Boniface  qui  le  força  d'être  un  pape  endurant  tout.  Ses  con- 
temporains se  sont  trompés  en  appelant  trahison  ce  qui  n'avait  été 
([u'impuissance. 

On  a  justement  remarqué  que  si  la  raison  de  M.  Renan  l'avait  un 
jour  dissuadé  de  croire  tout  ce  qu'enseigne  l'Eglise  touchant  les  causes 
et  les  fins  surnaturelles,  son  cœur  était  resté  sous  l'action  d'une  piété 
mystique  qu'il  aimait  à  manifester.  C'est  pourquoi  sans  doute  il  se  plaisait 
à  confesser  qu'il  avait  une  tendre  sympathie  pour  les  dévots,  surtout 
pour  les  dévotes  de  ces  temps  lointains  dont  nous  écrivons  l'histoire. 
Ses  notices  sur  Christine  de  Stommeln  et  sainte  Douceline  sont  au  plus 
haut  point  touchantes.  Il  les  tient,  à  la  vérité,  pour  plus  ou  moins 
folles ,  et  ne  le  cache  pas  ;  mais  il  inspire  pour  elles  une  compassion 
mêlée  de  respect  qui  fait  bien  comprendre  l'émotion  qu'il  avait  éprouvée 
lui-même  en  lisant  les  relations  de  leurs  extases,  de  leurs  soulTrances, 
de  tous  les  excès  de  leur  piété. 

Nous  devons  enfin  à  M.  Renan,  outre  son  intéressant  travail  sur  le 
Livre  des  secrets  aux  philosophes  et  sa  participation  à  d'autres  notices 
par  nous  en  commun  rédigées,  deux  séries  de  très  savantes  études  sur 
les  écrivains  juifs  du  xiv' siècle.  Il  venait  d'achever  la  dernière,  que  nous 
publions  dans  ce  volume,  quand  la  mort  l'a  frappé. 

Voilà  ce  que  M.  Renan  a  fait  pour  nous.  Il  a  certes  d'autres  titres  à 
la  gloire  ;  mais  avec  raison  il  attachait  du  prix  à  ceux-ci.  Qu'on  le  sache 


NOTICE  SUR   KUNEST   UENAN.  iv 

hii'ii.  s'il  nous  honorait  en  étant  notre  collcfçui',  il  ne  lui  l'tail  pas  in- 
(liUtTcnl  do  l'être.  Ce  savant  profond,  cet  écrivain  d'une  inconiparahle 
élégance,  était  un  lioninie  simple,  <[ui  n'a  jamais  oHcnsé'  personne  en 
lai.sant  montre  d'une  supériorité  qui  n'aïu'ait  pourtant  |)as  été  contestée. 
Dans  cette  commission  de  l'Histoire  littéraire,  où  il  était  notre  doyen 
e|  notre  président ,  il  donnait  timidement  ses  conseils,  il  écoulait  modes- 
tement ceux  des  autres  et  les  suivait  de  la  meilleure  grâce;.  Assurément  les 
acclamations  du  grand  public  aiuaient  pu  le  distraire  de  nos  obscurs  ei 
pénibles  travaux.  Mais  il  n'en  a  rien  été;  il  a  pris,  en  effet,  une  pari 
conslante  à  ci-s  travaux  tant  qu'une  cruelle  maladie  ne  l'a  pas  empêché 
de  le  faire.  En  perdant  cet  éminent  collaborateui'.  r'i-st  encore  un  ami 
livs  .sûr  et  très  cher  que  nous  avons  penlii. 

H.  11. 


TOME  XXXI.  f, 

IVrRIHttlE    HATIOIAtt. 


TABLE 


DES   LIVRES  CITES   DANS   LE  TOME   VXXI 

l)K  L'HISTOIRR  LITTÉRAIRK  DE  LA   FRA>CF.. 


.S|)icilejjiuiii .  sivc  colicctio  vetcruiu  scriplorum.  niia  Lucji-  Daclicri.  l'aris.  ifiri')- 
i()-7.  i3  vol.  iii-'r,"  1733.  3  vol.  in-fol. 

Aria  .Sanclorum  quotquut  loto  urln*  culiiiitiii  nille^'cruiit  ,1.  Bollandiis  i>l  nlii. 
.Xntucrpia; .  Tongarlcae,  Uruxellis,  i6/i3-i8y!,  (i.'J  vol.  in  loi. 

lî.  .S.iioiiio  Al'.iin'is.  .Sillciiiulin-  und  Srliilderuiigoii  dcr  s|)niilsclicn  Judcn  iin  Anlnit^c 
des  XV.  .lalirliundcrls  gcsclirielx^n.  Zuin  zwcitcn  Malc.  . .  Iieransf,'.  »on  IV  \d.  .loi 
liiiek.  V\ien,  187a.  in-ia. 

Viliîfineiiie  Zeitung  des  Judenthums.  hci|>zi^,  i83(),  iii'i  .  (Se  cuntinui. | 

imudr  ha-Alioda  (Culumna-  ciiltDs).  Onomasticon  auctoruiii  li^mnoruiii  liolira'oriiiii 
eorumquc  carminum. .  .  Digessit  Fi.  Landhutli.  Ilcrlin ,  i8r>7- j8()-t .  «  |)arlip<i. 
ii>-8°.  fkii  hébreu.) 

Momoiifs  liistoi'iquos  et  criti(|iics  .sur  raiicieiiiic  ré|iulil!(|uc  d'Arles,  4  parties,  ^wr 
duii .  1 779  ■  1 78 1 ,  in-8". 

Israclitisciie  Annalen.  Ein  (^ntralblatl  riir  (iescliicliti' ,  Literatur  und  Cullur  dei 
Israeliten  aller  Zeiten  und  I.ânder,  Iterausge^'ebeii  von  IV  J.  M.  Josl.  Jalir^'.  1837- 
1 84 1  ■  Frankfurt  am  Main ,  in-4*- 

\nnuario  délia  s:icietà  itiliana  |>er  f,di  sludi  orientali.  Uonia,  187a,  1873,  in-8'. 

Archives  des  missions  scientifiques  et  littéraires,  choix  de  rapjwrts  et  instructions  i»n- 
Wiéssous  les  aus|iicos  du  Ministère  de  l'instruction  publicpie.  Paris,  i85o  et  sni». . 
in-8". 

Archixes  israéiites  de  France,  revue  mensuelle  historique,  biographique,  etc.,  sous 
la  direction  de  S.  Calien.  Paris,  i8.4<>  et  ann.  suiv. ,  in-8''. 

Aristotelis  Stagirita-  omnia  qn.'e  extant  opéra . . .  Averrob  G)rd.  in  ea  opéra  omnes 
qui  ad  nos  pervenere  comment.  Venise,  i55o,  1 1  vol.  in-fol. 

Bibliothecx  apost.  Vaticanie  codicum  inannscriptorum  eatnlogns .  .  .  Stephanus  Evo- 
dins  Assemanus  et  Joseph  Sinionus  Assemanos  recensuerunt . . .  Partis  prima»  1. 1 , 
complectens  codices  liebraicos  et  saraaritanos.  Roma»,  1766,  in-fol. 

Mémoire  |x>ur  servir  à  l'histoire  de  la  Faculté  de  médecine  de  Montjiellier,  par 
feu  M.  Jean  Astruc,  revu  et  publié  par  M.  Leroy.  Paris,  i767.in-4^ 

.Atfi  deir  Accademia  pontificia  dei  nuovi  Ltncei.  Rome,  1881.  in -4°.  (Se  continue.) 
\  oir  Schcm  lutggedolint. 


AcIioryfD").  S|ii 
\c\a  Sjinctoruiii. 


\l.-tmnii  Salomnn. 


.liKji-iilliums. 
\m.   Mtorlali 


\iiilicrt,.Métii.Mir 
l.i  ri'-|».  it'Arles. 

Aniialfn. 


Armuario. 

Arcliiv<»s  des  mis- 
sion». 


Arrh.  isr, 

Arisl.       A»*rrois 

"in>- 

\»eman!  Cdat. 


\<(ruc,  Mém. 


Atli  11.  LiDc 

Azulaï ,       Scbem 
lia;;^e<loliiB. 


Ml  TABLK 


B 


luliui,  \ii.i' |u|i.     \  ihr  |>,i|)ni-um  Avonioncnsiuiii  a  Stephano  Baluzio  cditir.    Pnrisiis,    i()()3,    s   vol. 

Avn.ion.  j„  ,|, 

ll.iMilillis     ( \ In-     'IrncL-itiis  de  sin^'ulari  |mrilate   et  prirrogativa  conceplioni»  Salvatoris  nostii  Jesii 
n-ni.il.'),  I  .  siiiRul.  (;iii-isli,  c\  auctoritalihiis  (liicentoriim  sexairinta  doctorum,  editus  per  fr.  \iiireii 

uiiril  * 

titiiii  de  Uandellis,  ord.  Pra'dic.  quondain  inagistruiii  generalem.  Ad  exeinplar 
iinprcssum  Bononix ,  aniio  1 48 1 . 

It^iiollni.       1111)1.     (lalalogiis  codicuni  latinoruin  hibliolliecaî  Medicea;  Lnurentiaiiir ,  sul)  nusplciis  Len 
"'""•  poldi  iTg.  princ.  lliing.  et  ISojoli..  arcli.  AusIpIt,  Ang.  Mar.  Baudiiiius  reccnsuil . 

illiisiravit,  cdidit.  Florenliae ,  '77'l-'777.  4  vol.  in-fol. 

H.irliH  <lr  .loin.  Noliro  des  ariti(|uilés,  objets  du  iiiovcn  âge ,  de  la  Benaissancc  et  des  temps  mo<lemi's 
roinj)osant  le  Mus<'e  des  souverains,  par  Henry  Barbet  de  Jouv.  Paris,  iX()(i. 
in-8". 

lbrn>is,i',;i)l. |iru-     Bibliotbéque  protvp>grapiiiquc ,  ou  Librairie  des  Fils  du  roi  Jean,  Charles  V,  Jean 
'*1'-  de  Berry,  Philippe  de  Bourgogne  et  les  siens,  par  J.  Barrois,  Paris,  i83o,  in-V- 

llarioli.ll  lihmili     II  libro  (11  Sidrach ,  testo  inediio  del  secolo  xiv,  pubblicato  da  Adolfo  Bartoli.  Parte 
^"^'T.'rU.  prima.  Bologna,  i8()8,  in-8". 

Iljiurli,     Clircs-     (^brestonialliie  provençale,  .ircompagnée  d'une  grammaire  et  d'un  glossaire,  par 
lom.prov.  |,^_.,,.|  |5a,tscli;  4*  édition,  revue  et  corrigée.  Elberfeld ,  i88o,  grand  in-8°. 

l!ari«;li,  (iriiiiilr.     firundriss  der  Geschicbtc  der  provcnzalischcn  Literatur,  von  Karl  Bartsch.  Ellberléld, 

.!.•!•  (Irsrli.iliT  prov.  187-!,   in-S". 

f.ilnral.  , 

lljsiiiprf  (A.  (li-i,     Ktndes  de  symbolique  chrétienne.  Rapports  sur  les   crosses  de  Tiron  et  de  Saint 
Kiu.l.s  do  »yml»>l.  \„iand  de  Rouen,  faits,  en  iS.'ifi  et  iS.');,  au  Comité  de  la  langue,  de  Ibisloire 

et  (les  arts  de  la  France  (section  d'archéologie),  par  le  comte  Auguste  de  Basiard. 
Paiis,  i8()i ,  in-8°. 
ii'.iiimanoir  (Pli.     Ol-^uvres  poétiques  de  Piiili|)pe  de  Uonii,  sire  de  Beaunianoir, publiées  par  llennann 
■'''  •  '*■'"'■'•'   <""■-         .Surhier.  Paris,  i884,  '2  \o[.  m-S".  ISocirlc  des  aitcieiii  textes  français.) 

!ll|lllS.  ^  J  i  I 

\\i-n;  Pliil.  Philosophie  iind   philosophische  .Schriftsteller  der  Juden  (traduction  de  l'article  de 

M.  Muiik   dans  le    Dictionnaire   des    sciences  philosophi(pie»),   avec  des  notes. 
Leipzig,  188:! ,  in-8". 

Uni  Cliaii.  Ben  Otwmya.  \Vo(hciii)latl  (ûr  jûdische  Théologie.  Herausgebcr  und  Redaktcur  : 

Leopol  i.ôw.  loJabrgânge.  Szegiidin,  18J8-18C7,  in-8*  et  in-/i°. 

l'«Milo\       (  Tl'.  ' .     Pantschatantra  :  Kûnf  Bûcher  indischor  Fahein ,  M.îrcben  und  Ereâhlungen.  Aus  dem 
l'aniwli  tanira.  Sanskrit  ûhersetzt  mit  Kinleitung  und  .Vnmerkungen  von  Theodor  Benfey.  Leip- 

zig, iS.")!),  'X  vol.  pet.  in-8". 

i;'i-;.MT  iS.).    I.a     La  Bible  française  au  moyen  âge.  Ftude  sur  les  plus  anciennes  versions  de  la  Bible 
■■'      rrança'sc.  écrites  en  prose  de  langue  d'od,  par  Samuel  Berger.  Paris,  i884,  in-8°. 

twIiiicr.Ma^aMii.     Magazin  fur  die  \\  issenscbal't  des  Judenthuins.  Publié  par  A.  Berliner  et  D.  HolT- 

niann,  1847,  in-8".  ('''^  continue.) 
V.-1I1  liai).  niTlsn  "'a   Beth  hub- Dekirah.  Choix  des  classiques  hébreux,  par  Samuel  Philipp 

(|)rospectas).   l.emherg,  1887,  in-8".  (Kn  hébreu.) 

liilil.  .irabiroliis-  Bibliothccn  arabico-hispana  F'^scurialensis ,  seu  libroruni  omnium  manuscriptorum 
quos  arabice  bibliotheca  civnobii  Escurialensis  complectitur  recensio  et  expla- 
natio.  Madrid,  17G0-1770,  a  vol.  in-fol. 

!lii>lii><<xai<r«|viriola.      Voir  Casiio. 


iidlia 


DES  CITATIONS. 


XIII 

par  J.  Alb.  Fabricius. 


Bibliotlieca  gricca ,  sive  notitia  scriptoruni  grancorum ,  etc. 
Hambourg,  1705-1728,  i4  vol.  in-.4°. 

Voir  Woljiiu. 

Bibliotbeca  judaica  anlichrisliana ,  par  J.  li.  de  Rossi.  Parma,  1799,  in  4°. 

liibliotheca  judaica ,  par  Juliiis  Fùrst.  Leipzig, 'iS^g-i 863,  3  vol.  in-8". 

nibliolbeca  mathematica.  Zeitsclirift  fur  Goschiclilc  dor  Malbeinatik,  rédigé  par 
Gustaf  Enesbôm.  Stocklioini,  1887,  111-8°.  (Se  continue.) 

Voir  Fabricius. 

Bibliotbeca  magna  rabbinica,  auclore  D.  Julio  Bartolocci  de  Celleno.  Rome,  iG75- 

1693,  à  vol.  iii-fol. 
Joan.  Buxtorfii  Bibliotbeca  rabbinica  cum   appendice...    IlerbonaD    Nan. ,  1708, 

in-8'. 
Bibliotlieca  sacra,  sive  syilabus  sacra;   Scriplurae  edilionum   ac    versionuin,   etc., 

par  le  P.  Jacq.  Le  Long.  Paris,  1733,  in-fol. 

Bibliotlièquc  de  l'Ecole  des  (^bartes ,  recueil  périodique  paraissant  tous  les  deux  mois. 
Paris,  depuis  1809  jusqu'à  ce  jour,  in-8'. 

ïbe  bistory,  art  and  palieograpby  of  llie  manuscript  slyled  Utrecbt  psalter,  by  VVaiter 
de  Gray  Blrcb.  London,  1876,  in-8°. 

Bibliotbeca;  liibernica:- florentine  catalogua  (extrait  de  Bibl.  Medicex  Laurent. 
Flor.,  etc.,  etc.,  vol.  I).  Florence,  1757,  in-8°. 

BoUettino  di  bibliografia  e  di  storia  délie  scieruc  matematicbe  e  (isiclie,  pubblicato 
da  Boncompagni,  t.  I-XIX.  Roma,  18C8  à  1890,  in-4°. 

Registrum  visitationum  arcbicpiscopi  Rutomagcnsis.  Journal  des  visites  pastorales 
d'Eudes  Rigaud,  arcbcvèque  de  Rouen,  mccxlviii-mcci.xix.  Publié,  pour  la  pre- 
mière fois,  par  Boiinin.  Rouen,  i853  ,  iii-/(''. 

Arcbives  de  l'Empire.  Inventaires  et  documents  publiés  par  ordre  de  l'Empereur. 
Actes  du  parlement  de  Paris,  par  E.  Boutaric.  Paris,  1 863- 1868,  2  vol.  in-4''. 

Jalirbûcber  fur  jûdiscbe  Gescbicbte  und  Literatur.  Ilerausgegeben  von  N.  Brûll; 
lO  Jalirgânge.  Frankfurt-am-Main,  1874-1890,  in-8°. 

Manuel  du  libraire  et  de  l'amateur  délivres,  par  Jacques-Cbarles  Brunet.  Paris,  1860- 
186.'),  6  vol.  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  arcbéologique  de  Touraine.  Tours,  1871  et  années  suivantes, 
in-8°.  (Le  tome  V  répond  aux  années  18801882). 

Bulletin  de  la  Société  arcbéologique  de  l'Orléanais,  i854.  in-S".  (Se  continue.) 

AAnales  ecclesiastici ,  post  illustriss.  et  révérend,  dominum  D.  Ca;sarem  Baronium, 
S.  R.  E.  cardinalem  bibliotliecarium ,  auctore  R.  P.  Fr.  Abrabamo  Bzovio ,  Polono. 
Colonise  Agrippina;,  i6iG-i64i,  9  vol.  in-fol. 


Bibliotlieca  grxca. 

Bibliolh.  hebrxa. 
Ribl.jud. 
Bibl.  jud. 
Ribl.  maliiom. 

Bibl.  med.  et  inl. 
lat. 

Bibliolheca  rabb. 
(Bartolocci.) 

Bibliothcca  rabbi- 
nica (Buxtorf). 

Bibliotlieca  sacra. 


,  Bibliotlià|uc     de 
l'École  des  Chartes. 

Birch(\V.deG.), 
the  Llrecht  Psalter. 

Biscioni,  Catal. 


BoUettino. 

Bonuin ,  llcgiv 
trum  visitât,  arcbi- 
episc.  Rotoni. 

Bou  tarie,. Vctcsdu 
parlem. 

BrûU ,  JahrbùcliiT. 


Brunet,  Maiiuet 
flu  libraire. 

Bulletin  de  la  Sw:. 
archéolog.  de  Tou- 
raine, V. 

Bull.    Soc.     arcii. 
de  rOrl. 
Bzovius,  Ann.  Kccl. 


La  France  Israélite,  par  le  docteur  Carmoly.  Franc fort-sur-le-Mein,  i858,  in-8°. 

Das  Bucb  Kusari  des  Jehuda  ha-Levi  nacb  dem  bebrâisclien  Texte  des  Jebuda  Ibn- 
Tibbon,  berausgegeben ,  ûbersetzt  und  mit  einem  Commentar,  so  w'te  mit  einer 
allgemeinen  Einleitung  verselien  von  D'  David  Cassel.  Z"  Aufl.  Leipzig,  1869, 
in-8». 


Carmolvt    France 
Israélite. 

Cassel ,  Ciuari. 


b 


XIV 


TABLE 


Ca>(ro(De),Bibl. 
rspan. 

CaUl.  Angel. 

Catal.  Aaher. 


CaUl.  Bcrol. 


CaUl.  BodI. 

CaUl.  Bodl.  (Neu- 
bauer.  ) 


Catal.  Cambridge. 
Catal.  Carmolj. 

Catal.  de  Botai. 

Catal.     des     mss. 
d'Ami. 

Calai,  dea  mu.  de 
IVfetz. 

Catal.  dei  maa.  de 
Troye». 

Catal.  Franeqner. 

Catal.    géii.     de» 
mss.  des  dëp. 

Calai.  Halberatam. 

Catal.  Hambourg. 

Catal.  Jews'  Coll. 

Catal.  Leide. 
Catal.  Lips. 

Calai.  Menbacher. 

Catal.  Mortara. 

(ialal.  Munich. 


Calai.  oTtheHarl. 
mss. 

Catal.  Oxford. 


Biblioteca etpafiola.  Madrid,  1781,  1786,  a  vol.  in-fol. 

Catalogo  dei  codici  ebraici  délia  biblioteca  Angelica ,  per  Angelo  di  Capua.  Fireme , 
1878,  in-8'. 

Verzeicliniss  hebrâischer  Handscliriden  und  seltener  Dnicke  ans  dem  antiquarischen 
Lager  von  A.  Aslier  und  C°.  Berlin ,  1 868 ,  in-8''. 

Verzeicbniss  der  liebrâischen  Handschriften ,  von  M.  Steinscbneider,  mit  den  Tafeln. 
Berlin,  1878,  in-4'-  (Dans  la  série  des  catalogues  de  Berlin.) 

Voir  Sleinschneider. 

Catalogue  of  the  Hebrew  manuscripts  in  ilie  Bodleian  Library  and  in  Collège  libraries 
of  Oxfoixl.  .  . .  compiled  by  Ad.  Neubauer,  witli  forty  facsimiles.  Oxford,  1886, 
in-4°  et  in-fol. 

Catalogue  of  tlie  ffebrew  manuscripts  preserved  in  the  University  Library,  Cambridge, 
by  S.  M.  Schiller-Szinessy,  vol.  I.  Cambridge,  1876,  in-8°. 

Catalog  der  reicbiialtigen  Sanimlung  liebràisclier  und  jûdisclier  Bûcher  und  Hand- 
schriften  aus  dem  Nachlass  des  sel.  Herm  Dr.  P.  B.  Carmoly.  Frankfurt-am-Main , 
186  5,  in-8". 

Voir  Calai.  Parme. 

Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  la  ville  d'Arras.  Arras,  1860,  in-8°. 
(Publié  par  Caron,  en  partie  d'après  le  travail  de  J.  Quicherat.) 

Catalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  des  départements. 

Tome  V.  Paris,  1879,  'D"^°- 
Catalogue   général   des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  des  départements. 

Tome  II.  Paris,  i855,  in-4°. 

Catalogus  librorum  Bibl.  publ.  quae  est  in  Academia  Franequerana.  Franequerap, 
1713,  in-fol. 

Catalogue  général  des  manuscrits  des  bibliothèques  publiques  des  départements.  Paris . 
1849-1885,  7  vol.  in-4". 

Catalog  hebrâischer  Ilandschriden  von  S.  J.  Flalbcrstam  in  Bieiitz.  Wien,  1890,  in-8' 
(en  hébreu). 

Catalog  der  hebrâischen  Handschriften  in  der  Stadtbibllothek  in  Hamburg ....  von 
Moritz  Steinscbneider.  Hambourg,  1878,  in-8°. 

Catalogue  of  the  Mebrew  manuscripts  in  the  Jews'  Collège ,  London ,  compiled  by 
A.  Neubauer.  Oxford,  1886,  in-8'. 

Voir  Steinschneider. 

Codices  orientalium  linguarum  descripserunt  H.  O.  Fleischer  et  Franc.  Delitzsch. 
Grimm»,  i838,  in-4'. 

Catalogue  de  la  bibliotlièque  de  feu  A.  Menbacher,  par  N.  V.  Rabbinowiti.  Munich , 
1888,  in-8'  (en  hébreu). 

Catalogo  dei  manoscritti  ebraici  délia  bibUoteca  délia  comnnità  israelitica  di  Mantova , 
compilato  dal  rabbino  maggiore  Marco  Mortara.  Livorno,  1878,  in-8*. 

Die  hebrâischen  Handschriften  der  K.  Hof-  und  StaatsbibUothek  in  Mûnchen, 
beschrieben  von  Moritz  Steinschneider.  Mûnchen,  1875,  in-8'. 

A  Catalogue  of  the  Ilarleian  manuscripts  in  the  British  Muséum,  with  indexes  of 
persons,  places  and  matters.  London,  1808- 181  a,  4  vol.  in-fol. 

Voir  Catal  Bodl. 


DES  CITATIONS. 


XV 


Catalogue    des  manuscrits   hébreux    et  samaritains   de  la  Bibliothèque  impériale 

(Paris.  1866),  in4°. 
Manuscripti  codices  Hebraici  biblioth.  J.-B.  de  Rossi.  Panne,  i8o3 ,  3  vol.  in-8°. 
Voir  Catal.  Turin. 
Galalogo  dei  codici  ehraici  délia  biblioteca  di  Parma  non  descritti  dal  de  Rossi, 

per  Pietro  Perreau.  Firenze ,  in-8'. 
Voir  Cittal.  Turin. 

Sans  titre,  en  hébreu,  publié  le  a6  Eloul  5644- »884. 
Codices  manuscripti  bibUothecx  regii  Taurinensis  Athenaei ,  per  linguas  digesti  et 

binas  in  partes  distributi.  Recensuerunt  Jos.  Pasinus ,  etc.  ;  Taurini ,  1 749 ,  in  fol. 
Codices  hebraici  manu  exarali  regiae  bibUothecae  quœ  in  Taurinensi  Athen«eo  asser- 

vantur.  Recensuit,  illustravit  Bernardus  Peyron.  Taur.,  1880,  in-8°. 
Calalogus  cod.  mss.  bibliothecii;  Palatinx  Vindobonensis  ;  pars  II ,  cod.  I  lebraici  ;  diges- 

serunt  Albertus  Krafft  et  Simon  DeuUch.  Vienne,  1847,  in-4°.  Partent  III  digessit 

Jac.  Goldentlial.  Vienne ,  i84i,in-4*- 
Katalog  der  Seminar-Bibliothek  (Jahresbericht  des  Seminars).  Breslau,  1870,  in-8°. 

Les  axiomes  du  droit  français,  par  le  sieur  Catherinot,  avec  une  notice  sur  la  vie  et  les 
écrits  de  l'auteur  par  Ed.  Laboulaye  et  une  bibliograpiiie  raisonnée  des  écrits  de 
Catherinot,  par  Jacques  Flach.  Paris,  i883,  in-8'.  (Extrait  de  la  Nouvelle  Revue 
historique  du  droit.  ) 

Étude  iiistorique  sur  Fonfroide ,  abbaye  de  l'ordre  de  Citeaux ,  par  E.  Cauvet.  Mont- 
pellier, 1875,  in-8°. 

Le  roman  d'Arles ,  fragments  d'un  poème  provençal  publiés  par  C.  Chabaneau.  Paris . 
Maisonneuve,  1890,  in-8°  (extrait  de  la  Revue  de*  langues  romanet). 

Répertoire  des  sources  historiques  du  moyen  âge,  par  Ulysse  Chevalier,  t.  I.  Bio- 
bibiiographic.  Paris,  1877-1888,  grand  in-8°. 

Les  grandes  chroniques  de  France ,  selon  qu'elles  sont  conservées  en  l'église  de  Salnt- 
I>enis  en  France,  publiées  par  M.  Paulin  Paris.  Paris,  i836-i838,in-fol. ,  et  6  vol. 
in-ia. 

Vitte  et  res  gests  pontificum  romanorum  et  S.  R.  E.  cardinalium  Alphonsi  Ciaconii , 
ord.  Praedic.  et  aliorum  opéra  descripta; ,  ab  Augustino  Oldoino  S.  J.  recognitœ. 
Romae,  1676,  4  vol.  in-fol. 

D'mOJIp  nt?Dn  Hamischa  Quontresim.  Commentarii  quinque  doctrinam  talmu- 
dicam  illustrantes,  ex  mss.  éd.  Nathan  Cronel.  Vienne,  i844,  in-8*. 

Liber  Qore  kad-doroth,  auctore  R.  David  Conforte   (ouvrage  biographi([ue).   Ed. 

D.  Cassel.  Beriin,  i846,  in-8'. 
maicn  m'jKW,  Quaesita  et  Responsa.  Riva,  1689,  in-4°. 
Concurdiae  comitis  disputationes  adversus  astrologos.  Bonon. ,  i495,  in-fol. 

Catalogns  codicum  manuscriptorum  qui  in  collegiis  aulisque  Oxoniensibus  hodie 
adaervanttir.  Oxford ,  1 85a ,  a  vol.  in-4'' 


Calai.  Parii. 

Catal.  Panne. 
Catal,  Paiini. 
Catal.  l'errcau. 

Catal.  Pc^rou. 

Catal.  Rabbinu- 
witi. 

Catal.  Turin  (l'a 
sini). 

Catal.  Turin  (Poy- 
roo). 

Catal.  \  indob. 


Cat.  Zuckermaiio, 

Catherinot ,   Axio- 
mes du  droit  i'ranç;. 


Cauvet  (E.j.Ëtadc 
hist.  sur  Fonfr. 

Chabaneau ,  Le  ro- 
man d'Arles. 

Chevalier,  Réper- 
toire. 

Chroniques     (  Les 
grandes]  de  France. 


Ciaconius ,  Vitae  et 
res  gestse  pont. 


Comm.     quinqoe 
doct.  talm. 

Conforte ,      Qorf' 
had. 

Consultations , 
Isaac  Shésheth. 

Contra  Astrologos. 

Coxe  ,    Catalogus 
codd.  coll.  Oxon. 


D 

D'P'PS  onaT  Q>D"lD31p,  Qontresim  debarim  attiqim,  Libellus  Verba  aiUiqaa,  extrait        Deb.  Attiqim. 
dw  nus.  par  Isaac  Ben- Jacob,  a  parties.  Leipzig,  1 844-46,  in-8°. 

De  Indis  orientalibus  libri  duo,  par  Thomas  Hyde.  Oxford,  1694,  ia-8°.  Ddiciae  régis. 


l)eUsle.(L.j,  Le 
cal),  ries  mss. 

DelUle  (l..j.  Les 
Collections  de  Das- 
lard  d'Estaiig. 

l)clislc(L.).Mél. 
de  (wléopr. 

Delisle  (L.).  \ie 
du  hiciih,  Tlionias 
dr  Iliville. 

De  ludis  or. 

Denis,  Cod.  ms. 
tlinol.  Vindob. 


Dcrcnbourg ,  Mél. 
Renier. 


Der  Orient. 

De  Ilossi. 
De  Roui. 

Der    Slreil     »w. 
Mcnicb, 

Dibré  Hakliamim. 
Dibri  lléfess. 
Dict.  se.  phil. 


Didot,  Des  Apoc. 
figurées. 


Die  Erdkonde. 


Ditionario  storico. 


Douais ,    Les    l'r. 
Prèch.  CD  Gasc. 


Doûetd"Arcq,  lo- 
rent.  de  la  biul.  de 
Charles  VI. 

Doûeld'Arcq,  In- 
vent, des  sceaux. 

Du  Cange,  Glos- 
sariua  med.  et  iuf. 
latin. 


XVI  TABLE 

Le  cabinet  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale.  Ktude  sur  la  formation  de  ce 
dépôt,  par  Lcopold  Delisle.  Paris,  1869-1881,  3  vol.  iii-4"  et  atlas. 

Les  collections  de  Bastard  d'Estang  à  la  Bibliotlièque  nationale,  catalogue  analytique 

par  Léopold  Delisle.  Nogent-le-I\otrou ,  i885,  in-S". 
Mélanges  de  paléographie  et  de  bibliographie ,  par  Lcopold  Delisle.  Paris ,    1 880 , 

in-S". 
Vie  du  bienheureux  Tliomas  de  Biville,  publiée  par  Léopold  Delisle.  Cherlxmrg, 

18C0,  in-8-  (extrait  des  Mémoires  de  la  Société  acadénii(|uc  de  Cherbourg). 

Voir"  Deliciœ  régis. 

Codiccs  manuscripti  tlieologiri  bibliothecie  palatins  Vindobonensis  latini  aliarumque 
occidenlis  linguaruin.  Recensuil,  digessit,  indioibus  insiruxit  Micliael  Denis.  Vin- 
do')on.T,  i7(j3-i8oa  ,  G  parties  en  deux  vol.  in-folio. 

Mélanges  Renier.  Recueil  de  travaux  publiés  par  l'Ecole  pratique  des  hautes  éludes, 
en  inéiiioire  de  son  président  Léon  Renier  (Bibl.  de  l'Ecole  des  iiautcs  études, 

63*  fasc).  Paris,  1887,  in-8". 

Literaturblatl  des  Orientes.  Bcriclite,  Studien  und  Kritikcn  fur  jùdischc  Geschichte 
und  Litcratur.  Hcrausgegeben  von  D' Julius  Fûrst,  Jahrgângc  1 84o- 1 85 1 .  Leipzig. 
in-4°. 

Voir  Biblioth.jadaica. 

Libri  stampati  di  Ictteratura  sacra  ebraica  ed  orientale  délia  biblioteca  del  dottore 
G.  B.  (le  Rossi.  La  division  LIX  (p.  199)  traite  des  inss.  hébreux,  n"' 1378  à  i43o, 
acquis  après  que  le  catalogue  de  Rossi  eut  été  publié. 

Der  Slreit  zwischen  Mensch  und  Thier,  ein  arabisches ,  aus  den  Schriften  der  lautem 
Brùder;  texte  arabe  reproduit  par  F.  Dieterici.  Berhn,  i858,  in-8°. 

□■•ODri  naT  IDD,  St^plier  dibré  hakhamim,  extraits  de  différents  manuscrits,  publiés 
par  Éliézer  Ashkenazi.  Metz,  1849,  in-8°. 

yen  naT,  Dibrc  Hefess,  Acceptable  words;  recueil  tiré  des  manuscrits,  par  Ilirsch 
Edelmann.  Londres,  i853,  in-8°. 

Dictionnaire  des  sciences  philosophiques. .  .  .  sous  la  direction  de  M.  Ad.  Franck: 

2'  éd.  Paris,  1875,  in-4°. 
Des  Apocalypses  figurées  manuscrites  et  xylographiques.  Deuxième  appendice  au 

Catalogue  raisonné  des  livres  de  la  bibliothèque  de  M.  Ambroise  Firmin-Didot. 

Paris,  1870,  in-8°. 
Die  Erdkunde  im  Verhàltniss  lur  Natur  und  zur  Geschichte  des  Menschen ,  oder  all- 

gemeinc  vergleichende  Géographie,  von  Cari  Ritter.  3'  éd.  Berlin,  iSaa-ag. 

Dizionario  storico  degli  autori  ebrei  e  délie  loro  opère,  par  G.  B.  de  Rossi.  Parme, 
1802,  in-4°. 

Les  frères  Prêcheurs  en  Gascogne  au  iiii*  et  au  xiv*  siècle.  Chapitres,  couvents  et 
notices.  Documents  inédits  publiés  pour  la  Société  historique  de  Gascogne  par 
C.  Douais,  chan.  honor.  de  Montpellier.  Auch,  t885,  in-8°. 

Inventaire  de  ia  bibliothèque  du  roi  ChaHes  VI,  fait  au  Louvre  en  i^aS  par  ordre 
du  régent,  duc  de  Bedford.  Paris,  1867,  petit  in-S". 

Inventaire  de  la  collection  des  sceaux  des  Archives  nationales.  Paris,  1 865 -1868; 
3  vol.  in-4*. 

Glossarium  mediae  et  infima;  latinitatis  conditum  a  Carolo  Dufresne,  domino  Du  Cange 
(édit.  Henschel).  Paris,  i84o-i85o,  7  voL  in-4*- 


XVfl 


DES  CITATIONS. 

Description  géograpl)i<(ue  et  liistori(|uc  de  la  Haute  Normandie,  divisée  en  deux  par-  Dupkssis,  Ocsci 
ties .  dont  la  première  comprend  le  païs  de  Caux  et  la  seconde  le  Vexin  (par  Tous-  jj?^'"  '""''<■  ^"'"''" 
saints  Dupicssis).  Paris,  17^0,  :»  vol.  in-4°. 

Voir  La  Croix  du  Maine. 


Du  Ycnlicr. 


E 

.lahrlmch  fur  romanisclie  und  onglisclie  Literalur.  Leipzig,  1859-1870,  in-8°. 

Georgii  Joseplii  Eggs  Purpura  docta ,  scu  vitae ,  legatlones  et  res  gesta;  cafdinaliurn 
qui  doctrina  et  scriptis  cluere.  Monacliii,  1714,  3  vol.  in-fol.  —  Supplementuni 
Purpuraî  doclae.  Auguste  Vindelicorum ,  i7'.9.  in  loi. 

Kian  pC" ,  Vallis  lletus  ;  liistoria  [K-rsecutionum  Jud.'iH)runi ,  comprciiendens  perioduni 

al)  anno   p.   Clir.    i.xx   us(|ue   mdi.xxv;  cum  notis    crilicis    cdidit    M.    Letlcris. 

Vindob.,   i853,   in-8°;   traduction  allemande  par  M.  Wiener.   Leipzig,    1858, 

in-8°. 
\ll''pmcine  Encyclo|)irdie  der  VVissenscliaften  und  Rûnsie,  par  .1.  S.  Erscli  et  J.  G.  Gru 

lier,  sections  l-lll.  Leipzig,  1818.  in-4'.  (Se  continue.) 

Der  Roman  von  Escanor,  von  Gérard  von  Amiens,  lierausgegcben  von  D'  H.  Miche- 
lant.  Tùbingen,  188G,  in-8".  (Publication  du  Literar.  Vcrein  de  Stuttgart.) 

Anecdotes  historiques,  légendes  et  apologues   tirés  du  recueil  inédit  d'Etienne  de        Éticime  de  liour 
Bourbon ,  dominicain  du  xm'  siècle ,  publiés  pour  la  Société  de  l'histoire  de  France    Iwn ,  Ancwloies. 
par  A.  Lecoy  de  la  Marche.  Paris,  1877,  in-8". 


Ebcrt,   fiilii'buuli. 
Ej^.Purp.  do(;la. 

F.raek  li.ib. 


Encjrcl.  Ersrh  uuii 
Gmbrâ'. 


Eicaiior. 


F 


Jo.  Alberti  Fabricii  Bibliotheca  latina  mediir  et  infimo;  aetatis,  cum  supplemento  Christ. 
.Schœttgenii  et  notis  J.  Dominici  Mansi.  Patavii,  1754,  6  tom.  in-4°. —  Florentine, 
18 58,  6  part.  3  vol.  in-8'. 

Œuvres  de  M.  Claude  Fauchet,  premier  président  de  la  Cour  des  Monnoyes.  Paris, 
1610,  in-. 4*. 

La  librairie  des  papes  d'Avignon ,  sa  formation ,  sa  composition ,  ses  catalogues  (  1 3 1 6- 
i4ao),  d'après  les  registres  des  comptes  et  l'inventaire  des  archives  vaticanes, 
par  Maurice  Faucon.  Paris,  188G  et  1887,  a  vol.  in-8°.  (Fascicule»  43  et  5o  de 
la  Bibliothèque  des  Écoles  d'Athènes  et  de  Rome.) 

Histoire  de  la  ville  de  Paris,  avec  les  preuves,  par  Michel  Félibien  et  Lobinean. 
Paris,  1735,  5  vol.  in-fol. 

The  fifty-third  chapter  of  Isaiah  according  to  the  Jevvish  interpreters ,  edited  from 
printed  books  and  manuscripts  by  Ad.  Neubauer.  Vol.  1 ,  texts  ;  vol.  II ,  translation. 
Oxford,  1876-1877,  in-8°. 

Histoire  ecclésiastique,  par  Claude  Fleury.  Paris,  1691-1737,  39  vol.  in-4'',  ou 
1758-1761,  4o  vol.  in-ia,  y  compris  la  continuation  par  le  P.  Barre,  de  l'Ora- 
toire, et  les  4  volumes  de  table. 

Florilegium  rabbinicum,  complectens  prapcipuas  veterum  Rabbinoram  sententias, 
versione  lat.  et  scholiis  illustratas,  auctore  Jo.  Plantavitio.  Lodov.,   i645,  in-fol. 

Voir  Carmofy. 

TOME   .\XXI.  .-  C 

IMPBtHEIlII    MATIOKAIE. 

2  * 


Fabricius  ,     Bibl. 
med.  et  inf.  eet. 


Faochct  ,()Kuvrc». 


Faucon ,  La  Li- 
brairie des  pape» 
d'Avignon. 


Félibien,  Itist.  de 
Paris. 

FîAjr-lbird  chap.- 


Flenr^,    Hist.  ec- 
clésiast. 


Floril.  rabb. 
France  itraèlite. 


xvin 


TABLE 


Kreadentkal,  Avrr- 
roe». 


Die  dnrch  Averroes  erhaltetien  Fragmente  Atesanders  zur  MeUpliysik  des  Aristo- 
teles,  untersucht  etc.  von  J.  Freudenthal  ( Abhandiungen  d.  k.  Akad.  der  Wiss. 
m  Berlin,  philos.  Abtli.).  Berlin,  i885,  in-4°- 

Die  Apocalypse  in  den  Bilderliandscliriflen  des  Mittelalters.  Eine  kunstgescliiclitiiclie 
llntersuchung  von  Dr.  Th.  Frimmel.  Wien,  i885,  in-8°. 

(iallia  purpurata,  qua  cuui  suinmorum  pontificum  tum  omnium  Galliic  cardinaiium 
res  pra;clare  gesta;  continentur,  ab  anno  998  ad  1629,  studio  Pétri  Frizon.  Pa- 
risiis,  i638,  infol. 

Fir»i,    CoDcord.     Dipil  \W^  ^S^N,   Olsar  kschoii  liatj-Qodescli .  Concordanlia  libroiiun  V.  T. ,   par 
'«'»'■•  Julius  Fûrsl.  Lipsiae,  18/io,  in-foi. 


l'rimind. 


KriiOD,Gall.parp. 


(laili*  christ. nova. 


(jaotier,  Le*  Épo- 
|mV9  françaûes. 


Geicer,    Jâdiicbe 
/eitichr. 

Geicer,     Viertcl- 
jahraaCDr. 

Geumin.  Scbr. 


Gescb.  der  Juden. 

GeachichlederRo- 
•  kade. 

Geack.  des  Enie- 
Ituiigswesens. 


Gott.  gel.  Ani. 

GrBts ,  Gescb.  der 
.liidea. 

GrtMs ,  Monats- 
Nchrift. 

(ïuérard ,  Cartul. 
•le  N.-D.  de  Paris. 

Goiart ,    Br.    de< 


Ciallia  christiana  (nova),  studio  Dion.  Sammarthani  et  aliorum  benedictinonun.  Pa- 
risiis,  1715-1785,  i3  vol.  infol.  — Tomos  XIV,  XV,  XVI  condidit  B.  Ilaurcau. 
i856-i865. 

Les  épopées  françaises ,  études  sur  les  origines  et  l'histoire  de  la  littérature  nationale . 
par  Léon  Gautier.  Seconde  édition,  l'aris,  t.  I,  1878;  t.  I!  (1"  partie),  1893; 
t.  m,  1880;  t.  rV,  1883,  in-8'. 

.iûdischc  Zeitschrift  fur  Wisscnschaft  und  Leben.  Ilerausgegelten  von  D'  Abraham 
Geiger;  11  Jahrgânge.  Breslau,  1863-1875,  in-8*. 

Vierteljahrsschrift  fur  Literaturgeschiclite.  Weimar,  in-8",  1888  et  années  suivantes. 

Voir  Zunz. 

Voir  Grœtz. 

Das  Schachspiel  des  xvi.  Jahrhunderls,  par  A.  van  der  Linde,  n"  1.  Leipzig,  1874. 
in-8'. 

Geschiclite  des  Erziehungswesens  und  der  Coltur  der  abendiândischen  Juden  wàhrend 
des  Mittelalters  und  der  neueren  Zeit,  von  M.  Gûdenunann,  4  parties.  Vienne, 
in-8*. 

Gôttingische  gelehrte  Anïeigen.  Gôttingen,  1739,  in-8*.  (Se  continue.) 

Geschiclite  der  Juden  von  den  àltcsten  Zeiten  bis  auf  die  G^enwai-t  aus  den  Quellen 
lieu  bearbeitet  von  D'  IL  Graetz.  Leipzig,  1857-1878,  1 1  vol.  in-8*. 

Voir  Monaluschriff. 

Cartulaire  de  l'église  Notre-Dame  de  Paris,  publié  par  Guérard.  Paris,  i85o,  4  vol. 
in-4*.  (Collection  de  documents  inédits.) 

La  branche  des  royaux  lignages,  chronique  métrique  de  Guillaume  Guiart,  publiée 
pour  la  première  fois  par  J.A.  Buchon.  Paris,  1838,  3  vol.  in-8*. 


H 

iiaio,  Reperi.  Bepertorium  bibliographicuni,  in  quo  libri  omnes  ab  arte  typographica  inventa  usque 

ad  annum  m  d  typis  expressi  ordine  alphabetico  enumerantiir,  opéra  LudoTici 
Uain.  Stuttgwd  et  Paris,  1 836-1 838,  4  vol.  ia-8*. 

Hak-kanncI  /DISD,  Hak-Karmel,  journal  hebdomadaire,  plus  tard  mensuel,  rédigé  par  Joseph 

Finm.  Wilna,  1861-1879,  in-4*  et  in-8*. 


DES  CITATIONS. 


XIX 


l^JCn,  Ham-Maggid,  journal  hebdomadaire  en  liébreu,  rédigé  par  E.  Silbermanii. 
Lyck  en  Prusse,  i856,  in-fol.  (Se  continue.) 

IJie  Juden  und  die  slawischen  Spraclien,  von  Albert  Harkavy.  Wilna,  1867,  in-8°. 

Uemarks  and  collections  of  Thomas  Hearne;  vol.  Mil.  Oxford,  i885-i88g.  (Editcd 
by  C.  E.  Doble  for  tjie  Oxford  historical  Society.  ) 

Die  liebrâischen  Uebersetzungen  des  Mittelalters.  (Ouvrage  de  M.  Steînschneider  non 
encore  publié.  ) 

yi'înn,  Hé-Hahuç ,  Wissenschaftliche  Abhandlungen  ùber  jùdische  Geschichte, 
Literatur  und  Alterthumskunde ,  dirigé  par  0.  M.  Schopp.  Lemberg,  Drcslau  et 
Francfort-sur-le-Mein ,  i85a  et  années  suiv.,  1.3  vol.  in-S".  (Se  continue.) 

Histoire  des  médecins  juifs  anciens  et  modernes,  par  M.  Carmoly.  Bruxelles,  i84/i . 
in-8'. 

Histoire  littéraire  de  la  France,  par  des  religieux  bénédictins  de  la  congrégation  de 
Saint-Maur  (doni  Rivet,  dom  Clément,  dom  Clémencet,  etc.),  continuée  par  des 
membres  de  l'Institut:  MM.  Brial,  (iinguené,  Pastoret,  Daunou,  Amaury  Duval, 
Petit-Radel,  Kmeric  David,  Fauriel,  Lajard,  P.  Paris,  V.  Le  Clerc,  Littré, 
Kenan,  Ilauréau,  (',.  Paris,  L.  Delisle.  Paris,  17331888.  C'est  l'ouvrage  dont 
nous  publions  le  tome  XXXF. 

'l'Iie  llistory  ofChess,  from  tho  time  of  ils  invention  in  India  lill  tlie  period  of  ils 
establishment  in  Europe,  by  Duncan  Forbes.  Londres,  1860,  in-8°. 

n'JSn  DDin,  HothamTokhnit  (Hebrâische  Synonymik),  von  Abraham  licdarschi 
aus  Béziers.  .  .  I lerausgegeben  von  G.  J.  Pollak.  Amsterdam,  i865,  in-8". 

Ilistoria  diplomatica  Friderici  secundi,  sive  coastitutiones ,  privilégia,  mandata, 
instrumenta  quae  supersunt  istius  imperatoris,  etc.  CoHegit,  ad  fidem  chartanim 
ctcodicumrecensuit  ,juxtaseriemannorumdisposuit  et  notis  illustravit  J.-L.-A.  Huil- 
lard-Bréholles.  Paris,  i85ai86i,  6  vol.  in-V. 


Hain-maggiil. 


ilarkavy,Ju<l.  und 
Slaven. 

Hearne,  Kcmarks 
and  collections. 

Hebr.    Uebers»-!/.. 


Iléllaloar. 


Histoire    des  mr- 
(lecioa  juifs. 

Hist.  litt.  de  la  Kr.. 


History  of  (^hess. 
Hoth.  Tokh. 


Huillard  -  Bn-liol 
les.  Hist.  dipl.  Fri- 
derici secundr. 


I 

Il  Buonarroti ,  scritti  sopra  le  arti  e  le  leltere ,  raccolti  per  cura  di  Benvenuto  (iaspa- 
loni.  Roma,  1866,  a  vol.  in-8*.  Continué  par  Enrico  Narducci. 

israelitische  Letterbode.    Driemaandelijksch   tidschrift onder    redactie   von 

M.  Roest,  15  Jaargange.  Amsterdam,  1875-1888,  in-fol.  et  in-8*. 


Il  Buonarroll. 


I«.  Letlerbod»-. 


Voir  Brûll. 

Voir  Catalogue  JexB.  coll. 

Voir  Monatsschriji. 

Œuvres  de  Jean  sire  de  Joinville,  comprenant  l'Histoire  de  saint  Louis,  le  Credo  et 
la  lettre  à  Louis  X ,  avec  un  texte  rapproché  du  français  moderne  mis  en  regard 
du  texte  original,  corrigé  et  complété  à  l'aide  des  anciens  manuscrits  et  d'un 
manuscrit  inédit  par  M.  Natalis  de  Wailly.  Paris,  1867,  '"-S*- 

Voir  Annukn. 

Recherches  critiques  sur  l'âge  et  l'origine  des  traductions  latines  d'Aristote  et  sur  les 
commentaires  grecs  on  arabes  employés  parles  docteurs  scolastiques ,  par  Amable 
.lourdain.  Paris,  1819;  a*  édition,  i8/i3,  in-8*. 


Jthrb.  de  Br. 

Jewish  (iollep'. 

Joël. 

JoiaYiUe,éd.  N.  clr 
WaUly,  1867. 


Joat,  AnualcD. 

Jourdain    (  Am.  ) , 
Tradoct.  d'Arist. 


C  . 


XX 


TABLE 


Jourdain     (Ch.), 
Ëicursions  histor. 

.Iniirn.  Asiat. 


Iiiuriial  dv*  Sav. 


lulirluliriit. 


Charles  Jourdain.  Excursions  historiquivs  et  philosophiques  n  travers  le  moyen  àf(C. 
l'uhliralion  posthume.  Paris,  «888,  in-8°. 

Journal  Asiatique,  ou  recueil  de  mémoires,  d'extraits  et  de  notices  relatifs  à  l'histoire . 
n  la  pliilosophic,  aux  sciences,  à  la  littérature  et  au.\  lan<i;ucs  des  |M'uplcs  orien- 
taux. Puhlié  par  la  Société  asiaticpie.  Paris,  i8a3  et  années  suiv.,  in-8°. 

Journal  des  Saxants.  Paris,  itiGâ-iyija,  iii  vol.  in-4°.  Depuis  1816  juscju'à  nos 
jours,  1  vol.  in-4°  par  an. 

Juhclschrift  zum  neunzigsten  (îcburtstag  des  Dr.  L.  Zunz.  Derlin,  i884.  in-8°. 


K 


Kaltor  wa  ferait. 

Kauf'mann. 

Krll<:r(A<l.),nom- 
varl. 

Kopirr,  0]ip. 
Krrrin  llcmcd. 


Krrvjn  de  I- ,  I.c 
J*sauticr  de  s.  I.oui^. 


Kircltlicim,     Mo- 
'lalssrlirifl. 
Knk)il>é  JU. 


niDI  "iDîJ,  Caflor  U'u-phcrah ,  ouvrage  de  casuistique,  auctore  Parchi;  edid.  lidel- 
mann.  Derlin,  iSia,  in-4°. 

Voir  GôU.  yel.  Anz. 

Homvart.  Dcitrâgc  zur  Kundc  niittelalterhchcr  Dichtung  nus  italiânisclicn  Biblio- 
tlicken  von  .\d.  Kellcr.  Maiihcini,  18/1/1,  in-8°. 

Epistolie  ad  Joanneni  Keppleruni  scriptœ,  insertis  ad  easdcm  responsionibus  kcp- 
plcrianis.  Sans  lieu,  1718,  in-fol. 

"Dn  Dtr ,  Kerem  Ilemetl,  recueil  hébreu,  |iublié  sous  la  direction  de  S.  J.  L.  Gol- 
denberg,  et,  depuis  les  volumes  VIU  et  I.\,  sous  celle  de  Senior  Saclis.  Vienne  et 
Berlin,  i835-i85C,  <j  vol.  in-8". 

Le  psautier  de  saint  Louis  de  la  bibliothèque  de  l'Université  de  Leyde,  par  M.  le 
baron  Kcrvyn  de  Lettcnhove.  In-S"  de  1 1  pages.  (Extrait  des  Bulletins  de  l'Aca- 
démie royale  de  Belgique,  a'  série,  t.  XX,  n"  7). 

\'oir  Monulsschifl . 

pns^  ^2:13,  Kokhbc  Jizliah.  Eine  Sammiung  ebrâisclier  Aufsâlzc  ....  hcrnus- 
gegeben  von  M.  E.  Stern.  lleft  i-3(i.  VVien,  1847  ^  jSCg,  in-S". 


l.:i  r.roîx  du  Maine, 

l'.ili!.  franr. 

l..inil>ocius. 


t.rbanon. 


Lclien  de<  Kalon}- 
mns. 


I.C  nrauenr,  Hi<(. 

'iKyrcui. 


I.rtlrrc .  Ilisl.  de 
la  mVriJ.  arabe. 

Le    r.lav.     Calai. 
•\n  mau.  ac  Lille. 


Bibliothèques  françoises  de  La  Croix  du  Maine  et  de  Du  Verdier  de  Vauprivas.  (Nou- 
velle édition  donnée  par  Rigoley  de  Juvigny.)  Paris,  1773-1773,  6  vol.  in-4°. 

Pétri  Lambecii  Commentariorum  de  augusta  bibliotbeca  caesarea  Vindobonensi  libri 
octo.  Vindobona; ,  1665-1679,  8  vol.  in-fol. 

p;:'?!!,  H(il-Leh(inon,  journal  hébreu,  hebdomadaire  et  plus  tard  bimensuel,  rédigé 
par  J.  Brili.  Paris  et  Mayence,  i865  et  seqq. ,  in-8*  et  in-4°. 

Préface  à  la  traduction  allemande  de  la  «  Pierre  de  touche  »  de  Calonynios ,  de 
M.  Meisel.  Budapest,  1878,  in-8°. 

Hbtoire  civile  et  ecclésiastique  du  comté  d'Évreux,  où  l'on  voit  tout  ce  qui  s'est  passe 
depuis  la  fondation  de  la  monarchie ,  tant  par  rapport  aux  rois  de  France  qu'aux 
anciens  ducs  de  Normandie  et  aux  rois  d'Angleterre  (  par  Le  Brasseur).  Paris ,  1733, 
in-4'. 

Histoire  de  la  médecine  arabe,  par  le  docteur  Lucien  Leclerc.  Paris,  1876,  3  vol. 
in-8*. 

Catalogue  descriptif  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Lille.  Lille  et  Paris ,  1 848 , 
in-8°. 


DES  CITATION.S. 


XXI 


8r)o,  in  8°.  (Kxtrait  des  Mélanges  de  la  Société  des  biblio- 


Avrancliin  inonumenlal  et  histori(|uc ,  |)ar  Edouard  Le  llériclier.  Avranclics,  i845- 
i84fi.  3  vol.  in-8". 

Histoire  et  antiquités  de  la  ville  et  dmlié  d'Orléans,  avec  les  noms  des  rois,  ducs, 
comtes,  etc.  Knsemblo  le  tome  ccclésiasliciiie,  contenant  l'origine  et  ie  nombre  des 
églises,  monastères,  liisloires  et  \ies  des  évèques  d'Orléans,  par  M.  François  Le 
Maire.  Orléans,  iti48,  3  tomes  en  i  vol.  infol. 

Oriens  clirtstianus,  in  qu.ituor  patriarcliatus  digestus,  quo  exliibentur  ecclesiae, 
patriarcli.x-  ceterique  pr.Tsules  tolins  Orientis,  studio  et  ojiera  R.  1'.  F.  Micbaelis 
Le  Quien.  Paris,  lyio,  3  vol.  infol. 

(«dialogue  de  la  bibliotlièque  des  ducs  de  Bourbon  en  iSoy  et  en  i5a3,  par  M.  Le 
Roux  de  Linry.  Paris 
philes  français,  année  i85o. 

"iC  nnjX,  Iijroth  Yaschar,  p]pistolii>  J.  R.  Reggio,  a  parties.  Vienne,  i834,  6  vol. 
in-8°. 

.Seclizig  Epita|)liien  von  Grabsteitien  des    israelitiscben  Friedliofes  lu  Worms 

von  L.  Lewysolm.  Francfort-sur-Mein ,  i855,  in-8*. 

Voir  Znnz ,  Hilns. 

Voir  Der  Orient. 

II.  Loriquet.  Rap|)ort,  présenté  à  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  sur  l'iden- 
tification de  fragments  de  manuscrits  trouvés  à  Calais  en  1 884  ,  suivi  d'un  tableau 
des  déprédations  commises,  en  i8iG,  sur  les  manuscrits  de  la  bibliotlièque  d'Ar- 
rns.  Arras,  i886,  in-8*. 

Histoire  et  antiquitez  du  diocèse  de  Beauvais,  à  Monseigneur  messire  Cliarles  de 
Monceaux ,  conseiller  et  auniosnicr  du  Rov,  par  P.  Louvet.  Beauvais ,  1 635 ,  a  vol. 
in-8*. 

Pi-olegomeni  ad  una  gramatica  raggionata  délia  lingua  ebraica,  di  S.  D.  Luzzato. 
Padova,  «836.  in-8*. 


I.cHOriclwr,  A>r,iii- 
cliiii. 

Le    Maire.    .Anli- 

3uitds    de    la    ville 
"Orléans. 


I.e  Quien ,  Oricus 
christiaiius. 


I.e  Roux  de  Liac}, 
Bibl.  des  ducs  de 
liourbon. 

I.cllrcs,  Heggio. 


I.ewysolin ,  Epi- 
lapl). 

Liler.  dcr  Synag. 

Ijteratur      des 
Orientes. 

I.oriquet,  Rapp. 
sur  des  fragm.  nv 
mss. 


Louvet ,    IlisL    II 
antitj.  de  Beauv. 


Luzzato,  frolego- 
mcni. 


Annals 


M 

Ouvrages  posthumes  de  D.  Jean  Mabiilon  et  de  D.  Thierri  Ruinart,  publiés  par 
D.  Vincent  Tbuillier.  Paris,  1724.  3  vol.  in-4°. 

nnals  of  tlie  Bodleian  Library,  Oxford,  A.  D.  iSgS-A.  D.  1867,  witb  a  prellmi- 
nary  notice  of  tlie  earlier  library  founded  in  tlic  fourteentli  century,  by  tlie  Rev. 
William  Dunn  Macray.  London ,  Oxford  and  Cambridge,  1868,  in-8*. 
Catalogi  cod.  man.  Bibl.  Bodleianae  |)ars  IX.  Codicés  a  viro  clarissimo  Kenelm  Dlgby 
.  .  .donatos  confecit  W.  D.  Macray.  Oxonii,  1883,  in  4*. 

Magasin  encyclopédique  ou  Journal  des  science»,  des  lettres  et  des  arts,   122  vol. 
Paris,  1795-1810,  in-8*. 

Magasin  pittoresque ,  journal  fondé  en  i833  par  Edouard  Cbarton.  (Se  continue.) 

7K13D»  nranO,  Immanuel  (R.),  fil.  Salomonis.  Liber  Mecliabberotli ,  sive  compo- 
sitiones  poetic*.  Brescia,  ligi,  in  4*. 

Classicorum  auctorum  e  Vaticanis  codicibus  editorum  tom.  I-X,  éd.  Angelo  Maio. 
Romae,  1828-1 838,  in-8*. 

Description ,  notices  et  extraits  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  publique  de  Rennes , 
par  M.  Maillet.  Rennes,  1837,  in-8*. 


Mabiilon ,  Œuvres 

|>OStll. 

Macray,  Annals  et 
tlie  {SodI.  librarY. 


Macray,  Catalog. 


Magasin  encyclo- 
pédique. 

Magas.  pittor. 

Mahberot    Imma- 
nuel. 

Mai ,  Script,  vel. 


Maillet,  Catal. des 
maunscr.  de  Rennes. 


XXII 


TABLK 


Mann*. 


MiirtiD(H.).Man. 
<{r  l'Anfntl. 


Maskir. 

\lrf(hnl  Jerahini. 

MéUngci. 
M.I.  Sli. 

Mi'lo  lliirnaïm. 


Mi'*in.  de  la   Soc. 
lie»  anl.  de  l'Ouest , 

Mém.  fie  la  Soc. 
îles  anl.  de  \oitn. 

Méiii.  de  la  Soc. 
des  ant.  de  Picardie. 

Mém.  lui  i  U  Sor- 
lionnc,  Arch.  i863. 


Menace  (G.),  Rem, 
>ur  la  vie  de  Malth. 
Ménage. 

Meyer  (Paul),  La 
Cliaiison  <le  la  croi- 
saile  contre  le»  Albi- 
jçeoi». 

Micbcl.l.iberPsal 
morum. 


Micbriel ,  llitt.  de 
Kraace. 

Monaltschr. 


Monum.       Gcrm. 
Iii>t.  .Script. 


Manna  ( traduction  allemande  de  poésies  hébraïques),  von  M.  Steinschneider.  Ber- 
lin, 1847  ■  in-8°. 

Catalogue  des  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal,  par  Henry  .Martin.  Paris. 
1885-189-) ,  ti  vol.  in-8''.  (Catalogue  général  des  manuscrits  des  bihiiotlièques  pu- 
bliques de  France.) 

^^3tDn,  Hum-Mazkir.  Hehrâische  Bibliographie....  redigirt  von  M.  Sfeinschnoidci-. 
»ol.  IXXI,  1858-1 88a,  in-8°. 

D'n"'  130,  MrgheH  jemhim ,  recueil  iiéhreu,  publié  sous  la  direction  do  .losepli 
Kolien  Zc<lck.  I.cmhcrg.  i85.")  et  années  suivantes ,  4  parties,  in-8' 

Voir  Munh. 

')^Vn  rOK*?!:,  Kxtrails  des  manuscrits  hébreux  sur  la  versification  hébraïque,  publié 
par  Ad,  Neubnuer.  Dreslau,  i865,  in-8*. 

D'JDn  nSo  iED,  Si'fher  melo  hofnatm.  Biograpiiie  des  .1.  S.  de!  Medigo,  etr.,  von 
.Abralinin  (ioiger.  ikM'liii.  i84o,  iii-8". 

Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  l'Ouest,  Poitiers,  i836  et  aiinét-s  sui- 
vantes. (I.c  volume  de  l'année  i838  est  le  cinquième  de  la  collection.) 

Mémoires  de  la  .Société  des  anti({uaircs  de  Norrnandie.  Caen  cl  Paris,  i8'i5  ef  années 
suivantes,  1"  série  in-S",  1'  et  3'  séries  in-i". 

Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie,  Amiens,  i838  et  années  sui- 
vantes, iii-8*.  (Le  volume  cité  e.st  le  tome  III,  publié  m  i8/io.) 

Mémoires  lus  à  la  Sorbonne  dans  les  séances  exir.iordinaires  du  Comité  impérial 
des  travaux  iiistoriques  et  des  sociétés  .savantes,  tenues  les  8,  ()  et  10  avril  i863. 
Archéologie.  Paris,  186/1,  in-8°, 

\'ita  Malthaei  Meiiagii,  cinonici  et  theologi  Andegavensis .  1674  et  iBgrt,  in-S*. 

La  chan.son  de  la  croisade  contre  les  Albigeob,  commencée  par  (îuillaume  de  Tu- 
dèle  et  continuée  par  un  |)oète  anonyme,  éditée  et  traduite  pour  la  .Société  de 
l'histoire  de  France  par  P,  Meyer.  Paris,  i87,"i-i879,  a  vol.  in-8*. 

Lihri  psalmorum  ver.sio  nnti(|ua  galiica  e  cod.  ms.  in  hibl.  liodleiana  asservalo.  una 
cum  versione  mctrica  aliisquc  monumentis  pervetustis.  Nunc  primum  descripsil  et 
edidil  Franciscus  Michel.  Oxonii,    1860,  in-8*. 

Histoire  de  France  par  J.  Michelet.  Paris,  i833-i86o,  \\  vol.  in-8°. 

Monatsschrift  fûrGeschichte  und  W'issenschaft  des  Judenthums,  sous  la  direction  de 
Z.  FranLel  et,  depuis  1868,  sous  celle  de  M.  Graetz.  Dresde  et  Breslau.  iSSa- 
1887.  in-8*. 

Monumenta  Germaniir  historica.  .Scriptores.  Ilannover,  1836,  iu-foL  (Se  con- 
tinue. ) 


Miink ,  Mi'Ungn.     Mélanges  de  philosophie  juive  et  arabe ,  par  S.  Munk.  Paris ,  1 85g ,  in-8°. 


\ 


\ab.  Qetl.  Q^DIIp  Vdi  ,  Nahal  Qedumim.  Dissertations  et  extraits  de  manuscrits  en  hébreu , 

par  Léopold  Dukes.  Ilannover,  i853,  in-8°. 

Notices  et  eiir.  d«    Notices  et  extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  roi  et  autres  bibliothèques , 
'•••  par  l'Académie  des  inscriptions.  Paris,  1787-1892,  in-4*. 


DES  CITATIONS. 


xxiii 


0 


IjCs  Oiim ,  ou  registres  des  arrêts  i-eiidus  par  la  cour  du  roi  sous  les  règnes  de  saint  Oli 
Louis ,  de  Philippe  le  Hardi ,  de  Pliilippe  le  Bel ,  etc. ,  publiés  par  A.  Beugnot.  R""'- 
Paris,  i83()-i8'i8,  3  tomes  en  4  vol.  '\n-.\°. 

CiDOn  ^S^^< ,  Hibliograpliic  der  gesamnitrn  liebraïsclien  Literatur  mit  Kinschluss 
dcr  I landsclirilten  (bis  1 8fi8)  nacli  dcn  Tif cin  alphabeliscli  gpordnct ,  von  J.  A.  Ben- 
jacob.  VVilna,  i88o.  in-8*. 

lOnj  nSIN,  Otsiir  Nehmad,  recueil  hébreu,  sous  la  direction  de  J.  Blumenfeld. 
Vienne,  1 856- 1857,  4  vol.  in-8°. 

0"n  nnSIX,  Ozrot  Hayyim,  Katalog  der  Micliael'schen  Bibliotliek,  lierausgegeben 
von  den  Micliaelscnen  Erben.  Nebst  einem,  vielfacbe  Berichtigungen  und 
Excerpte  enthaltenden ,  Hegisler  luni  Verzeicbniss  der  i{audscbri(\en  von  M.  Stein- 
Schneider  und  einem  Vor^»ortc  von  L.  Zunz.  lianiburg,  i848,  in-8*. 

(^asimiri  Oudini  Commentarius  de  scriptoribus  Ek;clesia>  antiquis ,  cum  multis  disser- 
tationibus.  Francofurti  et  Lipsla;,  173^,  3  vol.  infol. 


'"ci.    Beu- 


Otsar  basclariiu. 


OtMr  Neliaiid. 


Oticrolli  llov\iui. 


Ondin ,  Codioi.  >lr 
Script. 


k 


Histoire  poétique  de  Chariemagnc,  par  Gaston  Paris.  Paris,  i865,  in-S". 

Merlin,  roman  en  prose  du  xiii' siècle,  publié  d'après  le  manuscrit  appartenant  à 
M.  Alfred  H.  Hutb,  par  Gaston  Paris  et  Jacob  Ulrich.  Paris,  1886,  a  vol.  in-8*. 
(Sociëtë  des  anciens  textes  français.) 

Les  manuscrits  français  de  la  Bibliothèque  du  roi ,  leur  histoire ,  etc. ,  par  M.  Paulin 
Paris.  Paris,  1 836  1 848,  vol.  I  Vil,  in  8*. 

Jahrbuch  der  deutschen  Dante -Gesellschafl.  Leipzig,  1866  et  années  suivantes, 
4  vol.  in-8*. 

Catalogue  d'une  partie  des  livres  composant  la  bibliothèque  des  ducs  de  Bourgogne 
au  XV*  siècle.  Seconde  édition ,  revue  et  augmentée  du  catalogue  de  la  biblio- 
thèque des  dominicains  de  Dijon,  rédigé  en  1 307,  avec  détails  historiques,  philo- 
logiques et  bibliographiques,  par  G.  Peignot.  Dijon,  i84i.  in-8°. 

lieitrige  zur  Geschichte  der  hebrâischen  und  aramàischen  Studicn ,  von  J.  Peries. 
Mûnchen ,  i884- 

Uibliographie  der  middelnederlandsrite  Taal  -  en  Letlerkunde ,  door  Louis  Petit. 
I.«iden,  1888,  in-8*. 

Voir  Catalog.  Turia. 

Analecta  novissima.  Spicilegii  Solesmensis  altéra  continuatio.  Tomus  H.  Tusculana. 
Ëdidit  Joannes  Baptista  cardinalis  Pitra.  Parisiis,  1888,  grand  in-8*. 

O^IBID  rt37S,  Pletath  Soferim.  Beitrâge  zur  jûdiscben  Schriftauslegnng  im  Mittel- 
alter von  D'  A.  Berliner.  Breslau,  1872,  in-8*. 

Liber  Guillelmi  Majoris,  édité  pr  M.  Célestin  Port  dans  le  tome  II  des  Mélanges 
publiés  parle  Comité  des  travaux  historiques.  Paris,  1877,  in-4*. 

Begesta  pontificum  Romanorum ,  inde  ab  a.  post  Cltristum  natum  1 1  g8  ad  a.  1  So4 , 
edidit  Augustus  Potthast.  Berolini,  1874,  1875.  3  vol.  in-4°. 


Paris  (G.J,  Hist. 
f)oét.  de  Charlem. 

Pari.  (G.)  .1    11 
ricb  (J.),  Merlin. 


Pari»    (P.),     b:s 
Manuscrits  franc. 

Paur(Th.),Jahrl). 
d.  d.  Dantc-Gi». 

Ptiffnot ,  Bibl.  drs 
ducs  de  BourgOfçnc. 


Peries,  lieitrtigc. 


Petit,  Biblidff.  der 
middelnederlaodachi! 
Taal-  en  Letterkundc. 

Peyron. 

Pitra ,  TuiCuL 


Pi.  Sol". 


Port  (C).   Livre 
de  Guill.  Le  Maire. 

Puttbast,  Heg. 


XXIV 


TABLE 


Prompluarium. 
IVwlo-l.il. 


Joli.  Ilonrici   llottingcri  Prompluarium   sive  Bililiotliocn  oricntalis.  Ilcidclbeiga'. 


i658. 


m-T 


Zur  |)scu(loo|)i{,'iapliisrlicn  Litoraliir  inslu'sonclcri' dcr  gclicimcri  \\  isspnscliartni  di-s 
Millelallor».. . ,  von  M.  Sloinsclmcidor.  (N°  3  dcr  Wissoiiscliartliclien  Ulâttcr  aus 
der  Veitc'l  11.  E|>lirnim'sclien  Lehranstalt.)  Berlin,  1863,  in-4". 


IU}Daldi,  Aiiual. 


l\a)nau<l(G.),ni- 
Miofrr.  ries  cliansoii- 

lîcclilsgulaclilru. 
lïiT.  (Ici  liut. 


lirp.  (iloniciil.  \'. 


RpjJ.  d"Hoiior.  IV. 


lîOR.  Nie.  IV. 


Ilcinaud ,  Eilr.  re- 
iatifs  aai  croisades. 


lipnan ,  Averr. 


I\cnan.   Ilisl.   des 
->rtfy.  do  rhristiau. 

]\np.  I.attcs. 


Revue  de»  Études 
|uirp«. 

Hev.  des  Soc.  s»v. 
lïevtie  hisl. 


Coisaris  Baronii  Annales  crrlcsiastiri  a  C.  n.  ad  ann.  1198,  cum  Oderici  Baynaldi 
conlinualione,  .AnI.  l'af,'i  crilica,  etc.  Rdidit  (i.  Dominicus  Mansi.  Luca-,  lySS- 
1757,  .'Î8  vol.  in  loi. 

Bibliographie  des  cliansoniiiers  fiançais  des  xiii'  et  xiv'  siècles.  .  .  par  Gaston  Bay 
naud.  Paris,  188/1,  1  vol.  petit  in-8\ 

Voir  Hesp.  Luîtes. 

Srripforcs  rerum  Gallicarnni  et  Francicaruin.  Bccucil  des  historiens  des  Gaules  et 
de  la  F'raïue,  par  (loin  Bouquet  et  d'autres  bénédictins;  continué  par  l'Académie 
des  inscriptions.  Paris,  1738-1870,  ■-!3  vol.  infol. 

Begestum  Clcnientis  papa-  V,  e\  ^'aticanis  arclictypis  sanctissimi  domini  nostri 
Leonis  XI 11,  pontilicis  niaximi,  jussu  et  niuuificentia  nunc  primuni  editunK  cura 
et  studio  nionachoruni  ord.  S.  Beuodicti.  .\nui  1-1.\..  Borna*  e  tvj)ographia  Vati- 
cana,  1885-1888,  in-fol.  —  Appendicuni  toinus  I,  i8()3,  iii-fol. 

Les  Begisires  d'Ilonorius  IV.  Becueil  des  bulles  de  ce  pape,  publiées  ou  analysées 
d  après  le  niaii.  des  Archives  du  Vatican,  par  M.  Maurice  Prou.  Paris,  iSSfi- 
1888,  in-4°.  (Bibliothèque  des  Ecoles  d'Athènes  et  de  Borne.) 

Bepistres  de  Nicolas  IV.  Recueil  des  bulles  de  ce  pape  publiées  ou  analysées  d'après 
les  manuscrits  originaux  des  Archives  du  Vatican,  par  Ernest  I^ianglois.  Fasci- 
cules I-VII.  Paris,  1886-1893,  \n-/i°.  (Bibliothèque  des  Ecoles  d'Atliènes  et  de 
Borne,  série  in-/i°. ) 

Extraits  des  historiens  arabes  relatifs  aux  Croisades,  recueillis  et  traduits  par 
M.  A.  Beinaud(tome  IV  de  la  Bibliothèque  des  Croisades ,  par  J.  Michaud).  Paris, 
1839,  in-8''. 

Avcrroès  et  l'averroïsme ,  essai  historique ,  par  Elrnest  Benan.  Deuxième  édition , 
Paris,  1860,  in-S";  troisième  édition,  1866,  in-8''. 

Histoire  des  origines  du  christianisme,  par  Elrnest  Renan.  Paris,  1863-1879,  7  vol. 
in-8°  et  1  vol.  de  tables. 

maicni  DiSnC,  Bechtsgutachten  des  B.  Isaak  ben  Immanuel  de  Latas...  Iieraus- 
gegeben...  nebst  einem  Commentar  und  Anmerkungen  von  M.  II.  Friedlânder. 
Wien,  i86o.in-8°. 

Bévue  des  Etudes  juives  ;  publication  trimestrielle  de  la  Société  des  études  juives. 
Paris,  1881,  grand  in-8''.  (Se  continue.) 

Bévue  des  sociétés  savantes  des  départements,  publiée  par  le  Comité  des  travaux 
historiques  et  des  sociétés  savantes.  Paris,  1859-1883,  in-S". 

Revue  historique,  paraissant  tous  les  deux  mois.  Paris,  1876  et  années  suivantes, 
in-8°. 


DES  CITATIONS. 


XXV 


lîevnc  orientale;  recueil  périocll(|ne  d'Iiistoirc,  do  «jéoffrapliie  of  de  litlëralure, 
inihlic-  par  E.  Carnioly.  Bruxellos,  i8/|i  •  i8/|/i ,  3  \ol.  iii-H". 

Avnnois  Commcnlarius  in  Aristolclis  De  arte  rlielorica ,  liehrairo  versus  a  Todroso 
Todrosi  Arelatciisi  ;  nunc  priniuni  e\  cod.  I)il)l.  senal.  Lipsiensis  cuni  prolej^d- 
menis  edid.  J.  Goldenllial.  I.ipsiae,  i8/|3,  iii-8". . 

Voir  La  Croix  du  Maine. 

Ilistoria  ordinis  serapliiri,  auctore  Petro  Hodulpliio.  Venetiis,  i58(),  in-fol. 

(lalalog  der  Ilebraica  und  Judnica  ans  der  L.  Rosenllialsrlicn  Bil)liolliek.  Anislcr 
dam,  1875,  a  vol.  in-8". 

Kugcne  Rolland.  Kaunc  populaire  de  la  France.  Paris,  1877-1883,  G  vol.  in-8''. 

liurnania,  recueil  trimestriel  consacré  à  l'étude  des  langues  et  des  littératures  ro 
luanes,  publié  par  Paul  Mcyer  et  Gaston  Paris.  Paris,  187a  et  années  suivantes, 
in-8*. 

(ilossaire  de  la  langue  romane,  par  J.-B.  de  Roiiuefort.  Paris,  1808,  a  vol.  in-S". 
—  Supplément  au  Glossaire  de  la  langue  romane,  par  J.-B.  de  Roquefort.  Paris, 
i8ao,  in-S". 


lU-vuc  orifiil;iif. 


lUiol. 


liigoley  (le    Juvi- 

llcxlulpliil,     )lis(. 
5Cr   orH . 

Hn-.sl ,  Calai. 


Ilollaiitl         (K. 
Faune  popitl. 
Uomaiiia. 


Iloqurforl .    Glus 
saîre  de  la  I.  rom. 


S 

Les  Juifs  du  Languedoc,  antérieurement  au  xii*  siècle,  par  (iustave  Saige.  l'aris, 
1881,  in-8*. 

Monumenta  liistorica  ad  provinciasParmensem  et  Placentinam  pertinentia.  Clironica 
fratris  Salimbene,  Parmensis,  ordinis  Minorum,  ex  codice  bibliotiieca-  Vatican»- 
nunc  primum  édita.  Parme,  1867,  grand  in-4°. 

Sammelband  kleiner  Beitrâge  und  llandschriflen  (par  la  Société  de  D'CTIJ  'S''rC), 
Jahrg.  I-IV.  Berlin.  1 885 -1888.  in  8". 

Supplementum  et  castigatio  ad  Scriptores  trium  ordinum  S.  Francisci  a  Waddingo 
aliisve  descriptos.  Opus  posthumum  fr.  Hyacinthi  Sbaralete.  Romae,  1806, 
in-fol. 

n73pn  r\bV/V  IDD,  Sépker  schalschéleth  haqqabbala ,  ouvrage  biographique,  jtar 
Gedalyah  ibn-Yahya.  Venise,  1587,  in-4*. 

rniiT  Dair  ICD,  Liber  Schebet  Jehuda,  auctore  R.  Salomone  Aben  Verga;  chro- 
nique, publiée  par  M.  Wiener.  Fasc.  I,  texte."  Hanovre,  i855,  in^'.  Traduction 
allemande ,  a  fasc.  Hanovre ,  1 856 ,  in-8°. 

D''D3n'7  iyi  D''7n3ri  oc?  ^HED  ,  Siphré  Schem  hag -Gedolim  va  ad  la  hakhamim  : 
dictionnaire  bibliographique,  par  Hayyim  Josepli  David  Azulaï;  éd.  Ben-Jacob. 
Wilna,  i85a,  deux  parties,  in-8*. 

Besclireibendes  Verzeichniss  der  Amplonianischen  Handschriften-Sammlung  zu  Er- 
fnrt ,  bearbeitet  und  herausgegeben  mit  einem  Vorworte  ûber  Amplonius  und  die 
Geschichte  seiner  Sammlung,  von  D'  WilheLn  Schum.  Berlin,  1887,  in-and 
in-8*.  " 

Exempla  codicum  Amplonianorum  Erfiirtensium  sapculor.  u-xv.  Herausgegeben  von 
Wilhelm  Schum.  Mit  55  Abbildungen  auf  a4  Blâttern.  Berlin,  188a ,  in-fol. 

in  nos  nCD ,  Sepher  Tsemah  David,  par  David  Gans.  Prague ,  1  Sga ,  in-8*. 

Serapaeum.  Zeitschrift  fur  Bibhothekwissenschaft ,  Handschriftenkunde  und  altère 
Literatur.  Publié  par  Robert  Naumann.  Leipzig,  i84o  à  1870,  3i  vol.  in-8°. 

TOME   XXXI.  d 


Saigc,     Juils    (lu 
Languedoc, 

Salimbene ,  Clirun. 


Sammelband, 


Sbaraica,  Su|>|i|. 


Schalscliélct  liat}- 
(|abbala. 

Schébct  Jchudah. 


Schem  haggedolim. 


Schum ,  lïischr. 
Vcrzeichn.derAmpl. 
llandKbr. 


Schum,  Ez.  cod. 
Ampl. 

Semah  David, 
Senpaum. 


OirKIlUUC    ■ATIORAII. 


XXVl 


TABLE 


sir.  ^CKb. 


Simon  (llichard), 
lliil.  crit.  du  V.T. 

Springor  (Aiil.  ), 
Die  Paaltcr-Illust. 


SIciiiKbncidcr, 
Mfarabi. 

Stciiiichiieidrr, 
(..lUl.  Bodl. 

Stcinschiiciilcr, 
CaUl.  Lugil.  Bal. 

SUinKliiicidcr, 
Kiicycl. 

Slein^clincidcr, 
]\n\>r.  I  ebers. 


WW*  ^ntV ,  Si/thé  yeichtnim,  dictionnaire  bibliographique  par  Scliabbatliai  lian. 
Zolkiev,  1806,  a  vol.  in-4°. 

Histoire  critique  du  vieux  Testament ,  par  Richard  Simon ,  a*  éd.  Paris ,  1  ()8r> . 
in  4*. 

Die  Psalter-IUustrationen  im  frûhen  Mitteialter,  ein  Bcitrag  lur  Geschichto  dci- 
Miniaturmalerei ,  von  Anton  Springer.  Leipiig,  1880,  grand  in-8°. —  Extrait  du 
tome  VIII  des  Âbhandlungen  der  philologisch-historischen  Classe  der  k.-sûi  h- 
sischen  Gesellschaft  der  Wissenschaften. 

.\1-Farabi  (Alpharabius).  Leben  und  Schriften,  etc.  (Méni.  de  l'Ac.  de  Saint-Péters- 
bourg, série  VII,  vol.  i3).  Saint-Pétersbourg,  1869,  in-4*. 

Catalogus  librorum  hebrirorum  in  Bibliotheca  Bodieiana ,  etc. ,  par  M.  Stein- 
schneider.  Berlin,  iSSa.  1860,  in-4*. 

Catalugus  codicum  hebricorum  bibliotheca?  Academiœ  Lugduno-Batnva; ,  auclorc 
M.  Steinschneider.  Leide,  i858,  in-8*. 

Voii-  Encyclopœdie. 

Voir  Hehr.  Uebersetz. 


"l'ai,  de  DIaiiclic 
ili'  Navarre. 


laani  Ze(|énim.        Notices  et  extraits  de  manuscrits  hébreux,  publiés  par  Elieier  AscliLenazi.  Francl'oii 
sur-le-Mein,  i854,  in-8°. 

lab.  cod.  Vindob.  TabuLi;  codicum  manuscriptorum  prxter  griecos  et  orientales  in  bibliotheca  palatina 
Vindobonensi  asservatorum.  Edidit  Academia  cssarca  Vindohonensis.  Vindobona' . 
186/1-1893,  8  vol.  in  8°. 

Testament  de  Blanche  de  Navarre,  reine  de  France,  publié  d'après  les  documents  des 
archives  des  Basses-Pyrénées  par  Léopold  Dehsle.  Paris,  i885.  In-8".  (Exlr.  du 
tome  XII  des  Mémoires  de  la  Société  de  l'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile  de  France.) 

rhcoduri  Pœnii.  Theodori,  Cantuariensis  episcopi,  Pœnitentiale ,  cura  Jacobi  Petit.  Parisiis,  1677, 
in-4'.' 

Thomas  de  Can-     Thoma;  Cantipratani ,  sacra?  theol.  doctoris,  Bonum  universale  de  apibus;  opern 
limpré,  Dé  Apibu..  Q   Colveiierii.  Duaci.  1637,  in-8'. 

u 


l 'i-bcrseli. 


Voir  Hebr.  Uehenett. 


Vaissèle,  Ilisl. 
j><''ii,  de  Ljng. 

Van  der  Linde. 


Van  Hasscll(.4.), 
Cléooadte. 

VanPract.inTenl. 
delabibl.da  Louvre. 


Histoire  générale  de  Languedoc,  par  dom  Claude  de  Vie  et  dom  Vaisséte.  Paris, 
1730-1745,  5  vol.  in-fol. 

Geschichte  und  Litteratur  des  Schachspieies,  von  Antonius  Van  der  Linde.  Berlin, 
1874.  a  vol.  in-8'. 

Li  roumans  de  Cléomadès ,  par  Adenès  lî  Rois ,  publié  pour  la  première  foi» . .  .  par 
André  van  Ilasselt.  Bruxelles,  i865,  a  vol.  in-8'. 

Inventaire  ou  catalogue  des  livres  de  l'ancienne  bibliothèque  du  Louvre  fait  en  l'année 
1373  par  Gilles  Mallet  (publié  par  Van  Praet).  Paris,  i836,  in-8'. 


DES  CITATIONS. 


xxvn 


D>"iE1C  'pnpT,  Diqduqé  Soferim.  Varise  lectiones  in  Mishnam  et  in  Talniud  Babylo- 
nicum. . .  auctore  Rapliaelo  Rabbinowicz.  Monacliii,  1867-1886,  in-8°. 

Histoire  de  la  ville  d'Orléans,  a*  édition  de  l'indicateur  Orléanais,  par  C.  F.  Ver- 
!>:naud.  Orléans,  i83o,  a  tomes  en  1  vol.  inia. 

^\^y^ ,  Controverse  de  Jehicl  de  Paris  avec  Donin  (en  hébreu) ,  édition  de  G.  S.  Grûn- 
baum.  Thorn,  1873,  in-S". 

Cronica  di  Giovanni  Villani,  a  miglior  iezione  ridotta  coli'aiuto  de'  testi  a  peima. 
Firenze,  i8a3,  8  vol.  in-8°. 

Arcliiv  fur  pathologisclic  Anatomie  und  Physiologie  und  fur  klinisclie  Mediciii ,  pu- 
blié par  hud.  Virchow.  Berlin,  1847.  g''8nd  in-8°.  (Se  continue.) 


\  aric  Lectiones. 


Vcrgnaud-iloma- 
gnési ,  Hisl.  d'Or- 
léans. 

Vicuab. 


VUlani. 


VircUow.  Arcli. 


w 

Catalogue  of  Romances  in  thc  Department  of  manuscripts  in  tlie  British  Muséum , 
by  II.  L.  D.  VVard,  t.  I.  London,  i883,  in  8". 

VVenrich  (Jo.  Georg.).  De  auctorum  grapcorum  versionil)us  et  commentariis  syriacis, 
arabicis,  nrmenicis  persirisque  conimentatio.  Lipsix,  i84a,  in-8°. 

Voir  Deb.  Attiqim. 

F.tcsimiles  of  the  miniatures  and  ornanients  of  anglo-saxou  and  irish  manuscripts, 
executed  by  J.  O.  Westwood.  Londun,  1868,  grand  in-fol. 

Jo.   Cliristophori  Wolfii  Bibliotheca  hebrxa.  Ilambnrgi  et  Lipsix,  1716,   4  vol. 
in-4'. 

A  sélection  of  latin  stories  from  mss.  of  ihe  tliirteenth  and  fourteentli  centuries  ;  éd. 
by  Thomas  Wright.  London,  i84a.  ln-8". 


W'urd ,  Calai,  ol 
romances  in  tlie  Bri- 
tish Muséum. 

Wcnrich,  Doaucl. 
gnec.  vers. 

\\'erbluD(r. 

\\  estwoo<l ,  Fae- 
similcs. 

UolGus.Bibl.  lu- 
braja. 

\\rifçht(ïh.),l.a 
lin  stories. 


]1"nc;\   Yetchurun.  Zeitschrift  fur  die  Wissenschaft  des  Judenthoms,  gesammelt        Ycscb.  Kobak. 
und  herausgegeben  von  Joseph  Kobak.  Lemberg,   Breslau,  Fùrth,  Bamberg. 
Jahrgànge  1850-1878,  in-8*. 

ponv  ^DD,  Liber  yucAoJin,  sive  Lexicon  biographicum  et  historicum.  .  .  compila-        Vuchasiu. 
tum  ab  iUustri  B.  Abraliam  Zacuti.  Ed.  H.  Filiponsky.  Londres,   1867,  in-8°; 
Cracovie,  i58i,  in-4*. 


Catalogue  of  the  Hebrew  books  in  the  British  Muséum.  Londres,  1867,  in-4*.  Zcdner, Caul. Mus. 

Zeitschrift  der  deutschen  morgedândischen  Geselischan.  Leipzig,  i845,  in-8°.  (Se      ZeiisobrifldcrM.G. 
continue.) 

Zeitschrift  fur  Matliematik  und  Physik,  édité  par  Schlômihl  et  Witzschel.  Leipzig, 
i856,  in-8".  (Se  continue.) 

Zeitschrift  fur  romanische  Philologie,  herausgegeben  von  D'  Gustav  Grôber.  Halle, 
1877  et  ann.  suiv. ,  in-8*. 

Wissenschaftliche  Zeitschrift  fur  jû^sche  Théologie .  .  .  herausgegeben  von  Abra- 
ham Geiger.  Frankfurt  am  Mein,  Grùnberg  und  Leipig,  1 838-1 844,  6  voL 
in-8*. 


Zeitachr.  fur  Matb. 


Zeitscbrifi  fur  rom . 
Philologie. 

ZeitacfariA ,  Geiger. 


xxviii  TABLE  DES  CITATIONS. 

/c'itM:hril'i      von    /eitscliriit   fur  (lie  rcligiôscii   intercsseii  des  Judentliums . .  .    Iicrausgo^ol.oii   von 
'""^'•1  ]V  Z.  Frnnkcl.  li  Jalirf,'aii},'c.  Uerliii,  i8/»/|-i8.4C,  in-8'.  Voir  Monid.iHhrlft. 

/.i-iltrhrift ,  /.uni.     /citsclirilt    lûr  die   VV isseiisciialt  des  Judeiitliiiiiis.    I  lornusf^o^oben .  .  .    von  Ziinz. 
1  Hand.  Berlin,  i8a-5,  iii-8\ 

/.unx.AHd.  Additniiieiita  ad  Dclilz.scliii  catalo^'Uin  Lipsiciiseni.  1838,  in/i". 

/iiiiz ,     (Irsanim.     (ie.tamiiipltc  Sclirillen  von  D'  Zunz .  iierausf,'ef;el)eii  voni  Curalorium  der  /un/.stil'tuti^'. 
'^^'  3  naiidc.  Berlin .  i87r)-i87(i,  in  8°. 

/uM/,Ul.H»r»jn.     Lilcratur^'rsciiirlile  dor  sjnaf^ofjalen  Poésie,  xon  L.  Zun/..  lierlin,  iSfiT),  in-8". 

/uni!,  Riius.  Die  synaf;of;ale  Poésie  des  Milfelalters,  nhtiieil  II ,  von  !..  Zunz,  Berlin,  i8.')(),  in-S" 

/.uni,  Zur  Gcscb.    Zur  (iesrliirlite  und  Lileratur.  \on  I..  Zunz.  Berlin,  i8/|.">.   i   vol.  in-S". 
iiimI  Lit. 


TABLE 

DES  ARTICLES  COiMENUS  DANS  CE  TRENTE  ET  UNIÈME  VOLUME. 


QUATORZIÈME  SIÈCLE. 

Maître  Yon,  grammairien i-a  i 

Anonyme,  nuleur  du  Grammaticale  notum ■Ài-ib 

Anonyme,  auteur  du  Formulaire  de  Tréguier Tfj-Sf) 

Anonyme,  auteur  du  Liber  de  informalione  principam 3r)-47 

Anonymes,  auteurs  de  recueils  d'exemples ^y-fif) 

Clément,  auteur  de  la  vie  de  Thomas  Ilélie 6^)--]3 

Guillaume  Le  Maire,  évôcjue  d'Angers 7-^"9^ 

Nicolas  d'IIacquevillc,  Mineur (j5-ioo 

Guillaume  Bernard,  Prêcheur loo- lo/i 

Guillaume  Guiart i  o/i- 1  /t3 

Yves,  moine  de  Saint-Denys i43-i5i 

Girard  d'Amiens i  ."i  i  lob 

Arnaud  Novelli ,  cardinal ao5-3 1 3 

Livres  d'images a i3-a8r) 

La  Fontaine  de  toutes  sciences  de  Sidracli a8.5-3i8 

Jehan  Maiiiart,  auteur  du  Comte  d'Anjou 3i8-35o 


Les  ÉcBivAiNS  juifs  français  du  quatorzième  siècle 35 1 

De  quelques  ouvrages  de  date  incertaine,  composés  vers  i3oo .353 

Livre  de  vie 354 

Choix  de  perles 355 

Livres  liturgiques 357 

Nethanel  de  Chinon 358 

Salomon  Simhah 358 

Jedaïah  Penini 350-/103 

Estori  Parhi 4o3-4o9 

Anonyme ,  auteur  du  Livre  de  papier 4og-4 1  a 

Moïse  de  Beaucaire 4 1  a-4 1 7 

Calonymos  ben-Calonymos 4i7-46o 

Calonymos  ben-David,  l'ancien 461 

3 


\xx  TABLE 

Alii-on  Colien /tGi-i-jo 

I )avi(l  d'Eslella 471  ■à']'] 

.losppli  Cas|)i 477-547 

'\l)ba-Mari ,  lil»  d'Klifjdor 548-553 

Samuel  de  Marseille 553-567 

Jérolinm ,  fils  de  Mescliuilam 5G7-57<) 

Todros  Todrosi 570-573 

Les  savants  de  la  famille  Natiian 573-585 

Vidal  de  Bouriaii 585-586 

liévi  hen-Gcrson  (Léon  de  Bagnols) 586-644 

La  famille  Caslari 644-65o 

Saloinon  de  Lunel 65o 

Violas 65 1 

Moïse  de  Koquemaurc 65 1-653 

Juda  Colien 653-655 

Casuiste  anonyme 655 

Jacob  Lévi 655 

Abraliam  Bcndig 657 

Jacob  de  Bagnols 657-660 

David  de  Roquemartine 66o-665 

Joseph  (iart 665 

Moïse  de  Narbonnc  (Vidal  Bellshom) 666-681 

Isaac  Louans 68 1 

Isaac  Lattes 683-692 

Immanuel  de  Tarascon  (Boniils) 693-699 

Isaac ,  fils  de  Todros 699-700 

Jacob  Bonel 701 

Samuel  Sclilestal 703-705 

Samuel  Dascola 705-706 

Menahem  ben-Zcrali 707-710 

Jacob  Çarfati 71 0-7 1 3 

l'ereç  Trévot 71 3-7 1 G 

Nathan  d'Avignon , 716 

Abraham  et  Salomon  Abigdor 717-733 

Abraham  ibn-Tibhon 733 

Benjamin  de  Carcassonnc 733-735 

Todros  de  Cavaillon 735-736 

Jacob  Moiin 736-737 

Kcrivains  et  traducteurs  de  date  incertaine. 

Raphaël,  fils  de  David  Cohen  de  Lunel 738 

Les  Kimchi 739 

Ascher,  fds  de  David  de  Narbonne  (?) 739 

Ruben ,  fds  d'Isaac 730 

Abraham  de  Carpeatras 780 


DES  ARTICLES.  xw. 

Nathan  de  Monlpellier -f3o 

Abraham ,  fils  de  Schem-Tob yS  i 

Pinéhas  de  Narbonne t.'J  i 

Yequoufhiel,  fils  de  Salomon •j'i-; 

Salamias,  fils  de  David  de  l.unci • ySo 

Commentaire  anonyme  de  (îazznli y^i.'î 

Appendice t/|(, 

Menahem,  (ils  d'Abraham,  de  Perpignan •7/1(1 

Profet  Douran  (Isaac,  fils  de  Moïse  Lévi) •j4i 

Frat  Maimon  (Salomon,  fils  de  Monalieni) 7 53 

Jacob,  fils  de  Ilayyini  (Comprat  Vidal  Férussol) 7.'}.') 

Nethanel,  fils  de  Néhémie  Caspi  (lionscnior  Maçil'de  Largeiitière) "jhh 

Salomon ,  fils  de  Juda  (Salomon  Vivas  de  I^unel ) 7.")8 

Azarie,  fil»  de  Joseph  ibn-Ahha-Mari yfjy 

Meïr  (Bendig)  d'Arles yfji 

llézékias  (Bonenfantj,  de  Milhau -jth 

Salomon,  fil»  de  David  de  Rodez ■J^)'^ 

Calendrier ^(ili 

Léon  Joseph  de  Carcassonne 7-70 

Matliithyah ,  fils  de  Moise  Yiçhari 77iS 

Moïse,  fils  d'Abraham  de  Nîmes 77(1 

Moïse  Kérussol  Botarel 780 

Asclier,  fils  de  Moïse  Valabrègue 781 

Gerson ,  fils  d'F^échiel 781 

Gabriel  Cohen  de  Lune! 78.') 

Joseph  Colon 78.'') 

Additions  et  corrections 7(10 


HISTOIRE 

LITTÉRAIRE 

DE  LA  FRANCE. 


SlITE   Dl    (H  ATORZIEME   SIECLE. 


MAITRE    Y0\, 

GRAMMAIRIEN.  SOLSMOMTEin  DES  ÉCOLES  DE  SOISSOS 


Nous  avons  déjà  tait  remarquer  plusieurs  fois  la  plact^ 
f|ue  le  Doctrinal  d'Alexandre  de  \illedieu  occupa  dans  l'en- 
seignement de  la  grammaire  pendant  plus  de  trois  siècles, 
et  nous  avons  analyse  quelques-uns  îles  innombrables  com- 
mentaires auxquels  ce  célèbre  ouvrage  a  donne  naissance. 
Celui  dont  nous  allons  parler  n'aurait  peut-être  pas  mérite 
un  examen  détaille.,  s'il  ne  s'était  pas  présente  a\ec  un  nom 
d  auteur  et  avec  une  date  qui  lui  doinient  droit  de  figurer 
dans  nos  annales  du  commencement  du  xiv'  siècle.  L'exis- 
tence nous  en  a  etè  révélée  par  la  récente  publication  de 
fexcellent  catalogue  des  manuscrits  d'Erfurt.  dû  à  f  érudition 
du  docteur  Wilhelm  Schum. 

Le  petit  volume  qui  porte  le  n''  i4  dans  la  série  in-octa\o 
des  manuscrits  d'Erfurt  contient,  en  caractères  extrême- 
ment fins,  serrés  et  surcharges  d'abréviations,  du  commen- 
cement du  XIV'  siècle,  un  commentaire  sur  le  Doctrinal, 
divisé  en  deux  traités  d'inégale  longueur.  Le  premier  cor- 
respond aiLx  neuf  premiers  chapitres  de  l'ouvrage;  le  second 
porte  uniquement  sur  le  chapitre  xi,  relatif  à  faccentuation 

TOME  WXI.  1 


.   .  2  MAÎTRE  YON.  GRAMMAIRIEN, 

mv   SIECLE.  ' 

et  à  la  ponctuation.  L'ensemble  flu  commentaire  embrasse 
donc  tout  le  Doctrinal  à  l'exception  des  chapitres  x  et  xn , 
consacrés  l'un  à  la  prosodie,  l'autre  aux  figures. 

Le  second  traité  se  termine  par  une  souscription  ainsi 
Fol.  178.  conçue  :  ExpUcit  Accent  us  super  Doctrinale  a  magiitro  lone, 

summonitore  Suessionenci  (sic),  compositus ,  anno Domini m° ccC 
primo,  f cria  sexla  post  diem  dominicam  qua  cantatur  «  Miseri^ 
M  cordia  Domini  «.La  souscription  qui  se  lit  à  la  fin  du  premier 
K.ii  iG3.  nous  indique  seulement  le  nom  de  l'auteur  :  Expliciunt  re- 

portumina  sub  magistro  lone ,  Suessionensi  summonitore ,  rcportala 
et  correcta. 

Nous  avons  donc  dans  le  manuscrit  d'Erfurt  des  leçons 
faites,  en  i3oi,  par  un  grammairien  nommé  maître  Yon, 
qui  se  qualifiait  de  sous-moniteur  de  Soissons,  c'est-à-dire, 
si  nous  ne  nous  trompons,  maître  adjoint  ou  répétiteur  des 
écoles  de  Soissons. 

L'explication  que  nous  proposons  du  mot  summonitor  est 
justifiée  par  une  glose  du  manuscrit  d'Erfurt,  où  l'on  voit 
que,  pour  aider  les  enfants  à  surmonter  les  premières  diffi- 
cultés de  la  grammaire,  on  les  confiait  à  un  maître  spécial 
ou  sous-moijiteur,  chargé  de  leur  donner  des  éclaircisse- 
ments en  français  : 

••'o'- 6  v".  Si  paeri  primo,  etc.  Hic  respondet  actor  cuidam  tacita;  objectioni. 

Aliquis  enim  posset  dicere  :  «  Magister,  quomodo  potuerunt  intelHgere 
«  opus  vestrum,  cum  etiam  dicatur  difficile  canutis  et  barbatis:'  »  Ad  hoc 
respondenduin  quod ,  si  pueri  non  possint  primo  opus  suuni  inteliigere , 
ipsi  debent  habere  magistrum  specialem,  scilicet  suinmonitorem,  qui 
eis  possit  lingua  materna  demonstrare,  vel  in  communi  ydiomate.  Per 
hoc  invitât  auditores  ad  audiendum  librum  suum.  Unde  littera  plana  Si 
pueri  (glosa  ut  supra)  ne(]ueant  attendere ,  id  est  attente  intendere,  primo, 
id  est  prima  vice ,  opus  illud ,  supple  «  tum  ille  qui  est  »fangens  vice  doctoris 
attendet,  scilicet  summonitor,  et  ipse  legens  pueris  layca  lingua,  in 
communi  ydiomate,  quia,  si  sint  in  Anglia,  lingua  anglica,  si  in  Graecia, 
lingua  gneca. 

Comme  équivalent  du  mot  sous-moniteur,  une  autre 
glose,  imprimée  dans  l'édition  du  Doctrinal  qui  parut  à 
Nuremberg  en  1487  (n"  -j^S  de  Hain),  emploie  le  terme 


tlV    SIECtK. 


SOUS-MONITEUR  DES  ÉCOLES  DE  SOISSONS.  3 

répétiteur  :  Ille  (jui  est  vice  fungens  doctoris,  id  est  repetitor 
veî  magister  lecturas. 

La  fflose  du  Doctrinal  commençant  par  les  mots  Domine   „.  '^*, '°^,^ 

"  .,  .     .,.        I         ^  J/-1  I  1  Arsenal,  fol, 

labia  mea  uferies  donne  aussi  d  mteressants  détails  sur  les   coi.  a. 
docteurs  et  sur  les  auxiliaires  [yicedoctor  sive  archiscolaris) 
qui  les  secondaient  pour  la  tenue  des  écoles  : 

Si  pueri  non  possint  intelligere,  vicedoctor  sive  archiscolaris 

est  in  scolis,  qui  reserabit  eis  in  iingua  magis  nota,  scilicel  materna.  Et 
aliud  reniedium  dalur  a  Boecio  :  dicit  quod  niiigister  débet  liabere  \ice- 
doctorem,  id  est  aliquem  fungenteni  vice  doctoris  et  oflicio  inagistri  ; 
tanien  non  débet  ei  oninino  credere.  OfTicium  doctoris  est  non  mentiri, 
sed  in  omnibus  verum  dicere.  Unde  versus  : 

Est  non  mentiri  sapienlis  <|ui  rc|>ci'iri 
Vull  casligator  bonus  et  virluti»  amator. 

Nota  quod  multi  usurpant  et  abutuntur  oflicio  doctoris.  Unde  versus  : 

Garcio  quisque ,  duas  cum  »[c]it  conjungerc  partes , 
Sic  stat ,  sic  lo<|uitur  quasi  cunctas  nuverit  artes. 


(le 

5, 


Le  sens  du  mot  «  sous-moniteur  »  est  d'ailleurs  très  nette- 
ment fixé  par  les  statuts  des  petites  écoles  de  grammaire  de 
Paris  au  xiv*  siècle.  Un  article  de  ces  statuts  indique  les  con- 
ditions dans  lesquelles  les  sous-moniteurs  pouvaient  changer 
d'établissement  :  Nnllus  [magiiter]  lenebit  siibmonitorem  gui 
cum  alio  magistrorum  fuerit ,  nisi  cum  tribus  scolis  inlermediis. 

Ainsi  maître  Yon  était  un  maître  adjoint,  qui  tenait  la 
place  d'un  docteur,  doctoris  vicefungens ,  comme  dit  Alexandre 
de  Villedieu.  Il  remplissait  dans  l'enseignement  les  mêmes 
fonctions  que  ce  Jean  de  Vignai  dont  il  a  été  question  dans 
le  précédent  volume  et  qui,  suivant  les  textes  contempo- 
rains, était  vice-docteur  à  Dijon. 

Lors  même  que  la  souscription  finale  du  manuscrit 
d'Erfurt  n'aurait  pas  contenu  un  nom  de  lieu,  nous  aurions 
deviné  que  maître  Yon  devait  enseigner  à  Soissons. 

A  propos  de  la  règle  qui  prescrit  de  mettre  les  noms  de 
lieu  au  génitif  quand  ces  noms  appartiennent  aux  deux 
premières  déclinaisons  et  que  la  phrase  n'implique  pas  une 


Féiibien ,   Hist. 
de    Paris,   t.   111, 

p.  Ht- 


Hist.  iitt.  de  lu 
France,  t.  XXX, 
p.  380. 


\l«'  »iÉCU. 


h  MAÎTRE  VON.  GRAMMAIRIEN. 


idpp  de  niouvenient  ou.  de  deplaceineiil,  le  professeur  lait 
remarquer  quil  s'agit  uniquenieut  des  noms  propres  et 
(ju  on  aurait  tort  de  dire  Sum  ecclesio'.  La  règle  s'applique 
exclusivement,  dit-il.  aux  noms  de  lieux,  villages,  châteaux, 
cites  ou  localités  moins  importantes:  les  noms  régionaux  en 
sont  exclus  :  Ponitur  civitatis,  ad  differcntiam  nominuni  rc- 
gionnin,  qnui  maie  ihceretur  <i  Sum  Pvcardiœ  ".  Il  faut  aussi, 
ajoute-t-il.  que  le  nom  de  ville  ne  soit  pas  un  nom  com- 
Ffi.  116  \.  posé  et  qu  il  nait  pas  la  forme  du  pluriel  :  Item  oportet  auod 
illud  nomm  sit  formœ  simpUcin,  quoniam  malc  dicerelur  -  5um 
Montis  Pcssidani  •.  Item  oportet  (juod  sit  numeri  siuguhiris, 
tjnoniam,  .<i  taie  nomcu  csset  plurale,  lune  esset  ablaliii  casus, 
diccndo  ■  Sum  Athei  is  >;  et  il  cite  comme  exemple  dune  locu- 
tion vicieuse  5"w  Suessionis.  parce  que  le  nom  de  la  ville  de 
Soissons  appartient  a  la  troisième  déclinaison. 

Le  nom  de  Soissons  apparaît  encore  deux  fois  comme 
exemple,  au  folio  30  du  manuscrit  : 

It    patef.  dio^ndo    Sum  Roina?  >.  illa  congrua;  sed  dicendo 

Sum  Su'SsioiiiN   .  illa  est  iiicongrua. 

.  .  .  Pote>t  esse  alia  causa  magis  excuiabitis.  scilicct  ista.  quia  quaedaui 
sunt  noiniiia  civitatum  indeclinabilia  ut  Remis.  Senoniset  hujusmodi.  et 
ne  talia  nomina  quie  >ecuntur.  scilicet  Suessionis.  \  ernonis  et  consimiiia, 
vid'  rentur  e^^se  indeclinabilia  >i  ponerentur  in  genitivo  ;  ideo.  causa  dubi- 
tatioiii.-  removend.Y.  antiqui  moti  fuerunt  ea  ponere  in  abiativo. 

Maître  ^on.  fidèle  aux  recommandations  d'Alexandre  de 
Villedieu.  ne  dédaignait  pas  de  recourir  à  l'emploi  de  la 
langue  vulgaire.  Il  se  sert  très  souvent  de  l'article  français 
//.  le,  pour  rendre  plus  claires  les  explications  dont  un  mot 
était  lobjet.  Nous  citerons  seulement  deux  exemples  : 

FpI.  103  V*.  Aliqui   .  quando  solebant  ire  ad  bellum.  faciebant  altare  coram  deis. 

ut  haberent  triumphum.  ut  sic  dicendo  ■  Ara  triumphi  »,  //  ara  régit  te 

Iriumplii  ex  \i  efTeclus  causae  fmalis. 
Fol.  ijôï.             Ecce  illud  dico  •  magisfnuii  docere».  ecce  quod   //  docere  régit  U 
^°^-  ■■  maîistrum «  Docere.  inquam.  discipulos l>ono5  mores,  «ecce quod 

/(  docere  régit   ibi  duos  accusativos.  ita  quod  régit  le  discipulos  ex  vi 

transitionis .  et  k  mores  ex  vi  vehementissims  transitionis. 

■  (".>5t  iAnf  doute  une  faute  de  copie  pour  Axiiqai. 


SOLSMOMTEIR  DRS  KCOLES  DE  SOISSONS.  5        ,„.,„,,,. 

Quelquefois,  mais  rarement,  des  mots  sont  accompagnés 
il'une  traduction  française  : 

S.ili\.  gallice  sans,  a  saWo.  salis,  quia  cito  crescil.  tpol.  a8.) 

Philix  est  herba,  ^nW'ice  fout  htcrc.  ^  Ihid.  ) 

Baltheus ,   et   est    illa   CMni^'ia  larga,  qiia  lïoinines  ascenduul 

balistas.  «jallice  baudercs,  ot  dicitur  a  il)olin".  niitlere,  quia  mediante 
ilio  mittuntur  teta.    Fol.  ^i  v\  col.  2.) 

Et  quod  significatio  in  eis  includatur  verl)i  subslantivi,  patet  etiam 
pnr  gallicuin,  dicendo  «  Ainor  >.  je  sui  aine:.  (  Fol.  1  4a.) 

Lne  sorte  de  dicton  français  est  cité  dans  la  glose  relative 
au\  mots  employés  purement  comme  njots,  abstraction 
faite  de  lobjet  qu'ils  représentent  : 

Item  aliud  est  exeinplum  : 

Pratuin  pnscit  ovis.  si  capui  austuieris, 

id  est  si  aufers  hoc  quod  est  0,  renianebit  '  \is  »,  secunduiu  quod  coni- 
muniter   dicitur    •  \  is    pascit    pratiun  •.    gallice    la  foire  pait   le   prêt. 
Fol.  I  59  \'.\ 

Le  commentaire  de  maître  \on  nous  est  parvenu  sous  la 
forme  de  leçons,  dont  chacune  se  termine,  à  peu  près  sans 
exception,  par  la  formule  :  Et  in  hoc  finiatur  sententia  leclionis. 
Il  suit  vers  par  vers  et.  pour  ainsi  dire,  mot  à  mot,  le  texte 
du  Doctrinal.  Il  ne  s'en  ouvre  pas  moins  par  une  as.sez 
jx)mpeu.se  introduction,  dont  les  premiers  mots  sont  :  Ante- 
quam  ulterius  procedam,  quœso  Deijilius  linguœ  meœ  redum  di- 
ncjat,  ut  melius  in  diclis  procedam  ac  pueris  edam  pure  puerilia 
qaeedam\  Dans  cette  introduction,  l'auteur  fait  l'éloge  des 
hommes  qui  se  désintéressent  de  la  vie  mondaine  pour  se 
livrer  à  létude;  puis  il  indique,  d'après  les  écrivains  de 
l'antiquité  latine,  le  caractère  et  les  avantages  de  la  science, 
et,  après  avoir  signalé  les  divers  genres  de  .sciences  méca- 
niques ou  libérales,  il  s'étend  avec  complaisance  sur  les  mé- 
rites de  la  grammaire  : 

Gramatica  est  fons  et  origo  omnium  aliarum  scientianim,  hostiaria,        Kol.  4  >'. 

'  Un  traité  de  grammaire  de  Jean  de  Vovez  Bandini ,  Bibl.  Laur.,  t.  IV, 
Beauvais  conunence  par  le  vers  :  Ad  p.'6'^Çf,  elHitt.litt.delaFrance.l.XW, 
prwteiu  edam  pueris  paenUu    qutedam.         p.  3oo. 


\IV*  SIKCLB. 


6 


MAÎTRE  YON,  GRAMMAIRIEN, 


nutrix  antiquissima,  linguae  barbutientis  '  purgatrix  pnidentissima.  Hxc 
enim  est  magistra  logicae,  ministra  rethoricœ,  interpres  theologiae,  medi- 
diciniK  refugiuin,  necnon  totius  quadruvii  fundamentum. 

li  définît  chacune  des  parties  de  la  grammaire,  telles 
qu'on  les  concevait  au  xiii*  siècle,  l'orthographe,  l'étymo- 
logie,  la  syntaxe  et  la  prosodie  : 

Orthographia  est  ilia  qux  docet  litteras  in  sillabis,  sillabas  in  dictio- 
nihus,  dictiones  in  orationihus  apto  et  debito  modo  ordinare.  Sccunda 
pars  gramaticac,  scilicet  ethytnologia ,  est  iila  quae  docet  dividere  et  vim 
dictionum  incipere'',  et  qya?  partes  considérât  per  se.  Tertia  pars  est 
dyasinthetica',  qux»  loquitur  de  congrua  partium  unione,  quod  apparet 
per  ejus  expositionem,  quia  dicitur  a  dya  quod  est  de,  et  sin  quod  est 
cum,  et  thesis  positio,  quasi  scientia  de  compositione  sive  de  construc- 
lionc.  Quarta  vero  pars  esfprosodia,  quae  consistit  in  débita  partium 
pronuncialione.  Recollige  ergo  :  Orthogriaphia  dat  lac,  Ethymologia  mel 
dulcius,  Dyasinthetica  autem  vinum,  quod  valentius  est  lacté  et  melle; 
Prosodia  autem  tolam  sitim  plaçât  et  satiat.  Unde  versus  : 

Est  primaeva  parens ,  tibi  quattuor  ubera  gestans  : 

Lac  primo  pueris  dat  [scilicet  orthographia)  ;  mamma  secunda  fovet  (vel 

(sapit)  {idest  ethymologia  fondit). 
Teriia  forte  nicrum  reddit,  quœ  sinthesij  extat. 
Quarta  sitim  satiat  tibi  quœ  prosodia  fiat. 

A  la  fin  de  cette  longue  préface  sont  quelques  détails 
relatifs  à  la  composition  du  E)octrinal,  au  titre  de  l'ouvrage, 
à  la  patrie  et  au  succès  de  l'auteur,  à  la  bienveillance  que 
lui  témoigna  l'évêque  de  Dol  : 

Causa  vero  ëflîciens  habetur  in  titulo  qui  talis  est  :  «  Incipit 

«  Doctrinale  magistri  Alexandri  de  Villa  Dei  in  Extria*.  «Doctrinale  dicitur 
a  doctrina ,  unde  quidam  : 

Est  a  doctrina  sic  Doctrinale  vocatum , 

Nam  sua  doctrina  facit  unumquemque  beatum , 


'  Pour  halhutientis. 

'  Peut-être  pour  tnspicere. 

'  Au  folio  io5  verso,  colonne  a,  ce 
mot  est  écrit  en  toutes  lettres  dyasintas- 
ticu,  forme  qui  a  été  adoptée  par 
M.  Tliurot  {Notices  et  extraits  des  manu- 
scrits, t.  XXII,  part,  n,  p.  aia). 

*  La  même  altération  du  mot  Neus- 
tria  se  rencontre  dans  la  souscription 


d'un  autre  manuscrit  de  la  bibliothèque 
d'Erfiirt  (n"  45  de  la  série  in-4')  :  Ex- 
plicit  Doctrinale  magistri  Alexandri  de 
Villa  Dei  in  Eustria.  Deo  gratias.  Actum 
anno  Domini  m"  cc(f  llii°,  Jerit  ttrtia 
post  Assamptionem  beatœ  Mariée  virgims , 
a  Naudino  de  Onche,  clerico.  Il  sera 
question  un  peu  plus  loin  de  ce  second 
manuscrit. 


SOUS-MONITEUR  DES  ÉCOLES  DE  SOISSONS.  7        ,„  ^j^,^ 

id  est  miserum ,  veraciter  loquendo.  Similiter  actor  ipse  dicit  : 

Que  de  gnunatica  sunt  visa  niiclii  inagis  apta , 
In  Doctrinali  pro  magna  parte  locavi. 

Causa  vero  finalis  duplex  est,  scilicet  communis  et  privata.  Privata 
duplex  est,  scilicet  propinqua  et  remota  :  propinqua,  quia,  completo 
libro,  actor  favorem  Doiensis  episcopi  acquisivit  et  gratiam  speciîilem; 
remota ,  quia ,  similiter  completo  libro ,  fama  actoris  per  universi  mundi 
climata  devolavit. 

Maître  Yon  a  fait  beaucoup  d'emprunts  à  ses  devanciers, 
et  il  ne  cherche  pas  à  les  dissimuler.  Ce  n'est  cependant 
pas  un  vulgaire  compilateur.  11  aime  à  comparer  et  à  dis- 
cuter les  opinions  contradictoires,  précédemment  émises, 
sur  les  points  qu'il  cherche  à  élucider.  Comme  exemple  de 
sa  manière  d'exposer  et  d'argumenter,  on  lira  avec  intérêt 
le  commentaire  qu'il  a  juxtaposé  aux  quatre  vers  : 

Quamvis  hœc  doctrina  satis  non  sit  generalis, 
Proderit  ipsa  tamen  plus  nugis  Maximiani. 
Post  Alphabetum  minus  ha:c  doctrina  legetur  ; 
Inde  legent  majus  mea  qui  documenta  sequuntur. 

On  en  pourra  tirer  quelques  notions  sur  plusieurs  des 
livres  qui  servaient  à  l'enseignement  de  la  grammaire  au 
commencement  du  xiv*  siècle  : 

Qaamvis  hœc  non  sit.  Hic  tangit  actor  pauca  de  opère  suo  esse  legenda ,  p»!.  7  \\  col.  ^■ 
probando  subtiliter  quod  liber  suus  débet  legi ,  et  hoc  probat  per  locum 
a  minori  sic  :  Si  illud  quod  minus  videtur  inesse  inest,  et  illud  quod 
magis.  Si  minus  vero,  inquam  liber  Maximiani,  causa  doctrina?  legatur, 
qui  vilior  est  quam  liber  ilîe  qui  utilis  est  cum  legitur,  ergo  multo  fortius 
liber  ille  débet  legi  cum  sit  proficuus.  Item  respondendum  cuidam  tacitae 
quaestioni.  Aliquis  enim  posset  quaerere  :  •  Magister,  eritne  liber  vester 
generalis  ad  totam  gramaticam,  id  est  proponitis  vos  in  libro  vestro 
tractare  de  tota  gramatica  ?  »  Respondet  quod  non ,  et  dicit  quod ,  licet 
generaliter  non  extendat  se  ad  totam  gramaticam,  tamen  est  libro 
melior  Maximiani,  qui  factus  est  de  vili  materia  et  inhonesta.  Continue: 
Qaamvis  hec  doctrina  non  [sit]  satis  gcnemlis,  id  est  ad  totam  grama- 
ticam non  se  extendit,  tamen,  etc.  Sequitor  :  Post  Alphabetam.  Hic  os- 
tendit  actor  quo  ordine  liber  suus  debeat  1^.  Verum  supra  litteram 
istam  divers»  simt  opiniones.  Quidam  enim  dixerunt  quod  post  minorem 


tiv'  sièci.t. 


8  MAÎTRE  YON.  GRAMMAIRIEN. 

Doiialiiin  libruin  illuni  debemus  iiicipere,  et  dicunt  quod  per  iiiiiui> 
Alphabetiim  debemus  iiilelliiiere  ininorem  Donatiiiii.  qui  incipil  >ic  : 
«Parles  oratioiiis  quot  suut!'".  el  per  niajus  Alpiiabetum.  niinoreni 
Priscianuni.  Sed  MMe  absurduni  ist  dicere  quod  post  minoreni  Dunatuin 
debemus  iucipere  libruni  isluuj.  quia  uou  posseuuis  capere  euni  vel 
iulellijt;ere .  cuui  niaj»ni  el  barbati  in  cum  legendo  orubescere  diuos- 
cantur  ;  quare  opiuio  nulla  est.  Iloni  aiii  dicunt  quod  per  minus  Alpba- 
betum  débet  iulelligi  minor  Prisciiinus  qui  incipit  :  «  Quuniam  iu 
ante  exposilis  libris".  el  per  majus  Alpbabelum  major  Priscianus; 
sed  id  similiter  nicbil.  quia  taies  qui  sic  dicunt  volunt  quod  minor 
Priscianus  primo  legalur,  et  statim  post  liber  iste.  et  postea  major 
Pri>ciamis;  sed  re\era  isie  ordo  eM  insu(ricieii>  ;  (|uod  patel  per  Pris- 
ciauum,  qui  dicit  et  vidt  quod  major  Priscianus  legatur  ante  minorem. 
et  boc  in  principio  minoris.  ubi  continuai  se  cbcens  :  >  Quoniam 
in  ante  expositis  »,  et  est  sententia  talis  :  <>  Quoniam  in  majori  voiumine 
tracta>imus  de  parlil)Us  oraliunis  sigillatiui,  mmc  dicendum  est  de 
eariun  conuexione.  "  Quare  opinio  taliler  (bcenlium  erronea  est.  Pra'teroa 
acior  ille  non  i'uit  tantiT  auctorilatis  (juod  ipse  poneret  quomodo  debe- 
reut  legi  libri  alioruuj.  Item  patet  quod  per  majus  Alpbabetum  non 
jKitest  iulelligi  major  Priscianus.  et  boc  per  acioris  litteram.  ubi  dicit  . 
/,»/('  /(7C  tolns.  Dicit  enim  actor  quod  1ère  totus  liber  est  extractus  a 
majori  illo  Alpbabelo  ;  est  secundum  illos  a  majori  Prisciano  :  sed  in  \e- 
rilale.  pro  parte  niagna.  liber  isIe  non  est  extractus  a  majori  Prisciano. 
quia  in  isto  libre  simt  tria  capitula  de  quibus  Priscianus  mmquani  de- 
terminavit .  scilicel  capitulum  de  brevibus  et  lougis.  capitulum  de 
accentu.  et  capitulum  de  vitiis  el  figuris:  propter  quod  dicendum  est 
aliter  et  inelius.  scilicet  quod  per  miims  Alpbabetum  débet  intelligi 
quidam  liber  quem  composuil  actor  ille.  et  per  majus  Alpbabelum 
aller  liber  quem  simililer  isIe  acIor  conq)Osuit.  Et  quod  ista  opinio  sit 
bona  patet  simililer  per  actoris  litteram .  quap  sic  débet  construi  :  Hœc 
doctnna,  id  est  liber  iste  qui  dicitur  Doctrinale,  legitur  post  minus 
\lpbabetum.  id  est  post  quemdam  librum  qui  dicitur  Minus  Alpba- 
betum: indc,  id  est  postea.  ille  qui  sequetnr  mea  documenta,  id  est  qui 
leget  duos  pr.edictos  libres  quos  ego  cempesui.  Ic(fe(  majus,  id  est  libriuu 
illum  qui  dicitur  M.ijus  Alpbabetum.  quoniam  actor  lecit  duos  libres 
secundum  ordinem  alpbabeti  ordinales,  et  ille  liber  quem  bal)emus 
^supple  :  pra>  manibusl  exponendum  est  fere  extractus  ab  illo  majori 
Alpbabelo.  et  illa  est  bona  opinio.  a  Jove  comprebata.  Et  in  bec  ilniatur 
sententia  lectionis. 

Kii  .«signalant  les  divergences  d'opinion  des  grammairiens, 
maître  Yon  s'efforce  de  les  expliquer.  Ainsi,  dans  le  com- 
mentaire des  vers  relatifs  au  participe,  il  essaie  de  con- 


SOUS-MONITEUR  DES  ÉCOLES  DE  SOISSONS.  9 

cilier  Priscien,  Evrard  de  Béthune  et  Alexandre  de  Vil- 
ledieu  : 

Actor  primo  ponit  incidens  per  quod  melius  venit  ad  suuin  propo- 
sitiim.  Dicit  ergo  breviter  quod  participia  in  ans  vel  in  ens  desinentia 
siint  prœsentis  temporis ,  in  tas  vel  in  sas  prseteriti ,  in  rus  vel  in  dus 
futuri.  Sed  si  obicitur  contra  actorem  quoniam  Priscianus  ponit  septeni 
temninationes  praeteritorum  in  practeritis,  et  eciam  Ebrardus,  sequens 
ipsum ,  capitulo  de  praeterito ,  actor  vero  non  tôt  ponit ,  quare ,  etc. ,  di- 
cendum  est  quod  actor  ille  sub  istis  duabus  terminationibus  tus  et  sus 
comprehendit  onines  illas  quas  ponit  Priscianus,  quoniam  tcrminationes 
in  plus,  in  ctus,  in  stus  comprehendit  actor  sub  illa  lerminatione  tus; 
terminata  vero  in  psus  comprehendit  sub  illa  lerminatione  sus,  et  termi 
nata  ctiam  per  xus  per  x,  ut  «lapsus,  flexus»,  et  hoc  facit  propler 
quandam  œquivocam,  quoniam  x  sequipollet  duabus  consonantibus 
sicut  r  et  5,  cum  sit  duplex  consonans,  vel  quantum  ad  sonum 

Ayant  à  rendre  compte  de  la  locution  VbicunKjue  loconim, 
maître  Yon  discute  une  observation  de  Rémi  d'Auxerre  '  et 
expose  une  théorie  nouvelle  : 

Sequitur  littera  Ut  partitivam.  Ista  littera  breviter  dicit  quod  hoc  ad-        •'o'- 
verbium  «  ubicunque  »,  dicendo  «  ubicunque  locorum  »,  régit  genitivum    '^"  '  '' 
partitive.  Sed  contra  hoc  potest  obici,  quoniam  partes  indeclinabiles 
non  regunt;  sed  «ubicunque»  est  pars  indeclinabilis,  quia  est  adver- 
bium  ;    ergo ,    etc.  ;   major   est    de  intentione   Remigii  ;    minor  de   se 
patet. 

Ad  hoc  dicendum  est  quod,  licet  partes  indeclinabiles  non  regant 
communiter,  nichilominus  tamen.secundum  quod  in  eis  inveniuntur 
modi  significandi,  talis  constructionis  principium  existentes,  regere 
possunt,  nec  est  inconveniens  quod  regant,  et  isto  modo  Remigius  in- 
telligebat. 

Item  quidam  voluerunt  quod ,  dicendo  «  ubicunque  locorum  » , 
«  locus  »  subintellectus  débet  regere  le  locorum  ;  sed  illud  non  est , 
quoniam  ibi  est  peccatum  in  duobus  :  primo  de  hoc  quoniam  de  hiis 
quœ  intelliguntur  nichil  ad  gramaticum ,  sed  potius  ad  naturalem  ;  item 
peccatum  est  in  alio,  quia  oportet  quod  in  tali  regimine  dictio  regens 
sit  partitiva,  sed  «  locus  »  non  est  dictio  partitiva,  quare,  etc. 

Propter  quod  dicendum  est  quod  li  ubicunque  régit  le  locorum, 
sicut  principium  suum  principiatum ,  quoniam  de  similibus  simile  est 
individuum.  Sed  ego  video  quod  «  quicunque  »  cum  genitivo  construitur, 

'  Rémi  d'Auxerre  e«t  encore  cité  aux  folios  3i,  colonne  a ,  et  5o  verso. 

TOME  XXXI.  2 

llirXIMttIC   JIATIffliâLK. 


XIV'    SlàCLE, 


IIV     SIECLE. 


10  MAÎTRE  YON,  GRAMMAIRIEN, 

et  ilium  modum  qui  reperibilis  est  in  •  quicunque  »  possuinus  reperire 
in  «ubicunque»,  scilicet  nioduni  Lit  alterius.  Unde  Remigius  inleliexit 
quod  partes  indeclinabiles  ita  conimuniter  non  regebant  siciit  parles 
declinabiles,  vel  ipse  intelligpbat  quod  ratione  modi  generalis  non  con- 
struuntur.  Sed  ratione  novœ  habitudinis  possunt  construi.  Construe,  o 
lector  :  tu  pones  «  ubicunque  locoruni  »,  id  est  «  ubicunque  •  regere  le 
loconim,  ut  partitivuin,  id  est  ut  aiia  pnrtitiva. 

Ce  n'est  pas  le  seul  endroit  où  maître  Yon  fasse  intervenir 
les  théories  nouvelles  [novœ  liabitudines)  dans  son  commen- 
taire. Nous  en  avons  un  autre  exemple  au  folio  i  1 3 ,  co- 
lonne 2  : 

Sicut  nos  videmus  quod  super  nioduni  Ut  alterius  possunt  addi  novaî 
habitudines  formales,  contrahentes  istos  inodos,  sicut  super  modum  Ut 
alterius  additur  nova  habitudo,  scilicet  ratio  possessionis,  et  super 
modum  Ut  cujus  niodus  possidentis,  qui  simul  proportionantur,  et 
isti  modi  contrahentes  modos  générales  sunt  principium  formale  con- 
structionis  possessoriae ,  per  quod  constructio  possessoria  difiert  ab  aliis  in 
specie 

Parfois  maître  Yon  avoue  simplement  qu'il  n'est  satisfait 
par  aucune  des  théories  de  ses  devanciers  et  il  renonce  à 
proposer  une  explication.  Sur  le  vers  Est  intellectum  pro  per- 
tinct  additar  istis ,  et  sur  les  gloses  auxquelles  il  avait  donné 
lieu,  îl  confesse  son  ignorance:  Ista  verba  valde  siint  obscura, 
nec  intelligimus ,  et  propter  hoc  dimisimus  omnibus  opinionibus 
(fol.  1 16).  —  Ailleurs  (fol.  1 17)  il  déclare  inextricables  les 
distinctions  imaginées  pour  rendre  raison  des  traitements 
différents  subis  par  les  noms  de  lieu  selon  qu'ils  appar- 
tiennent à  une  déclinaison  ou  à  une  autre,  qu'ils  sont  au 
singulier  ou  au  pluriel  : 

Quidam  maxime  antiqui  et  muiti  modem! ,  eoruni  vestigia 

sequentes,  dixerunt  ista  non  esse  adverbia,  sed  poni  adverbialiter;  sed 
vere  parva  diflerentia  est  inter  teneri  adverbialiter  et  esse  adverbium; 
propter  quod,  relictis  omnibus  opinionibus,  dico  breviter  quod  ista 
Romœ ,  Laudani ,  Rothomagi ,  etc. ,  sunt  nomina  simpliciter (  Fol.  117.) 

H  serait  inutile  de  dresser  la  liste  des  auteurs  dont  le  té- 
moignage est  invoqué  dans  les  commentaires  de   maître 


SOUS-MONITEUR  DES  ECOLES  DE  SOISSONS. 


11 


SIV'  SlàCLE. 


Yon.  Mentionnons  seulement  en  passant  un  emprunt  fait  à 
l'épitaphe  d'Alain  de  Lille  :  Ipse  Âlanus  qui  scivit  totum  scibile 
(fol.  i43);  une  citation  de  Guillaume  le  Breton,  qui  aurait 
suffi  pour  montrer,  comme  nous  l'avons  d'ailleurs  surabon- 
damment prouvé,  que  c'est  un  écrivain  du  xiii*  siècle  :  Se- 
cundum  Brylonem  melias  diciliir  «  pisa  »  qaam  «  pisum  » 
(fol.  43  v");  et  des  renvois  aux  traités  d'Albert  le  Grand, 
qui  font  voir  que  les  ouvrages  du  célèbre  docteur  domini- 
cain avaient  déjà  pénétré,  dès  l'année  i3oi,  dans  les  écoles 
d'un  degré  inférieur  :  Albertiis,  libro  de  Somno  et  vigiîia 
(fol.  1);  Albertas,  supra  librnm  Topicorum  (fol  18  v%  col.  2). 

Nous  accorderons  plus  d'attention  à  quelques  passages 
de  maître  Yon  qui  jettent  une  lumière  nouvelle  sur  plu- 
sieurs points  d'histoire  littéraire. 

Nous  avons  reproduit  un  peu  plus  haut  une  phrase  dans 
laquelle  maître  Yon  recommande  une  opinion  soutenue  par 
un  certain  Jupiter  :  lUa  est  bona  opinio  a  Jove  comprobata.  Ce 
Jupiter  est  sans  doute  un  certain  Jupiter  Monoculus,  auteur 
d'un  Ars  dictandi  en  vers,  que  nous  ont  conservé  deux  ma- 
nuscrits d'Erfurt  (n"  378  de  la  série  in-4°,  et  n°  1 2  de  la 
série  in-8°).  Dans  le  premier  manuscrit,  qui  est  daté  de 
l'année  i349  et  qui  paraît  d'origine  allemande,  l'opuscule 
commence  et  finit  par  ces  mots  :  Oculi  mei  semper  ad  Do- 
minum Causa  ejjiciens  hujus  Ubri  fuit  Jupiter  Mono- 
culus   Si  dictare  velis  etjungere  scema  loquelis — 

Non  tant  longetur  quant  brevietur.  Hic  ostendit  regulam 

filium  et  cetera.  Explicit  Summa  Jovis  de  arte  dictandi. 

Dans  un  autre  passage,  au  folio  i55,  nous  avons  ren- 
contré le  nom  d'un  grammairien  qui  ne  nous  semble 
pas  avoir  encore  été  cité.  Il  se  nommait  Guillaume  de 
Poitiers  : 

Quaeritur  si  ista  sit  congrua  :  «  Huic  placet  esse  probo  » ,  vel  ista  : 
«  Huic  placet  esse  probum  ».  Et  videtur  quod  ista  sit  congrua  :  «  Huic 
placet  esse  probo»,  per  contra  loquentes,  sicut  per  antiquos  actores 
omnes,  in  quibus  taies  constructiones  et  consimiles  repperiuntur,  sicut 
in  Ovidianis.  Et  boc  etiam  vult  Guillelmus  Pictavensis  :  dicit  enim  quod 
ista  est  congrua  :  «  Huic  placet  esse  probo  »,  eo  quod  ibi  ponitur  »ub- 
stantivum  verbum  copulans  similes  casus 


Hist.  lia.  de  ia 
France,  l.  \XIX , 
p.  58C. 


Scliuni ,  ISeschr. 
Verieich.dcrAnipl. 
Handschr.,  p.  635 
el  C79. 


3. 


XI*    MECLE. 


12  MAiTRE  YON,  GRAMMAIRIEN, 

Ce  Guillaume  de  Poitiers,  qui  n'a  évidemment  que  le 

nom  de  commun  avec  l'historien  de  Guillaume  le  Conqué- 

Noiire»  et  ciir.    rant,  doit  être  l'auteur  d'une  glose  sur  le  Doctrinal,  que 

pan.  II!  p.  103!    notre  regretté  confrère  M.  Thurot  avait  trouvé  désigné  par 

"*"'  '■  les  mots  glosator  Piclavicnsis. 

De  toutes  les  gloses  dont  le  Doctrinal  fut  l'objet,  la  plus 
répandue  fut  celle  dont  la  préface  commence  par  le  mot 
ibi(i.,p. .t:.ei33.  Admiratiles  et  qui  pour  ce  motif  était  appelée  Glosa  Admi- 
rantes. Elle  est  très  fréquemment  alléguée  dans  les  leçons 
de  maître  Yon  (fol.  17  v",  20  v",  j/i,  .^o  col.  :«,  5o  col.  j, 
53,  56,  64  col.  -2,  io4  V  col.  ■>.,  106  col.  r?,  109  v" 
col.  2,  i4i)-  Dans  une  leçon,  la  ^\osg  Admirantes  est  rap- 
j)rochée  du  commentaire  d'un  certain  Robert  sur  le 
Minus  volumen,  c'est-à-dire  sur  les  livres  XVII  et  XVIII  de 
Priscien  : 

^'ol.  o<  1°.  col.  3.  Praeterea,  quia  actor  loquitiir  de  coiiceptione  personaruin,  ideo  vi- 
deridum  est  qiiid  sit  conceptio  persoiianim.  Est  uiiteni  conceptio  perso- 
iiariim  diversaruni  personarnni  ad  eandeni  actioneiîi  vel  passioiiem 
ine[taphysi]ca  associatio.  Istam  autem  descriptionem  datRobertus,  e\- 
positor  supra  Minus  volumen ,  et  cum  iilo  dicto  satis  est  consona  glosji 
Admirantes 

L'ouvrage  auquel  il  est  fait  allusion  ici  est  le  commentaire 

cl  cxir.    de  Robert  Kilwardby,  archevêque  de  Cantorbéry,  qui  e.st 

4o.    '   ainsi  désigné  dans  une  glose  du  manu.scrit  latin  756.3  de  la 

Bibliothèque  nationale    :  secundum   Rohertum,    expositorem 

Prisciani  Minons  voluminis. 

Une  autre  glose  du  Doctrinal  que  maître  Yon  cite  assez 
fréquemment  est  celle  qu'il  appelle  la  Glose  de  Toulouse  : 
Glosa  Tholosana  (fol.  64  col.   2,  ii3  v°,   159,  161,   162, 

162  v"),  ou  au  pluriel  :  Glosœ  Tliolosanœ  aliud  diciint 

(fol.  io4  v°,  col.  2). 

La  Glose  de  Toulouse  devait  jouir  d'une  certaine  réputa- 
tion. C'est  à  elle  que  se  rapportent  deux  passages  de  la  glose 
commençant  par  les  mots  Domine  labia  mea  aperies,  au 
folio  i39  v°,  colonne  2,  ligne  19,  du  manuscrit  io38  de 
l'Arsenal,  et  au  folio  24o,  colonne  1,  ligne  5,  du  manuscrit 


\  .lll^■^ 
Ml-,    I.Wll 
,t.ll       ! 


~1 

r 


SOUS-MONITEUR  DES  ÉCOLES  DE  SOISSONS.  13 

latin  14927  (le  la  Bibliothèque  nationale'.  Le  texte  en  est 
peut-être  conservé  dans  un  des  nombreux  exemplaires  du 
Doctrinal  qui  n'ont  pas  été  soumis  à  un  examen  complet  et 
définitif.  S'il  existe,  on  pourra  le  reconnaître  à  l'aide  des 
renseignements  fournis  par  quatre  passages  des  leçons  de 
maître  Yon  : 

•Sequitùr  Leetitiœ  cathedram  [$ab  consuetudine  ponain].  —  Nota  qiiocl  ca- 
thedra aniiquitus  diccbaliir  in  qua  novi  magistri  introducebantur.  Modo 
dicit  liltora  :  «  I^alo  qiiod  cathedra  non  dicatur  cathedra  lietilia;,  sed 
Cl  trislitia",  seniperidem  remanet  regimen.  »  Nichilominusestintendendum 
quod  glosa  Tholosana  vult  regimen  factum  inter  cathedram  laetitiae  qiiod 
dicatur  vi  consuetudinis,  sed  rêvera  nichil  est.  Unde  glosae  henc  arguunt; 
sed  in  hoc  decipiuntur,  quia,  si  ab  illis  significatis  speciebus  denatu- 
rantur,  regimina  jam  tenent  iniînita,  quia  quot  essent  significata  spe- 
cialia,  tôt  essent  regimina;  quod  est  inconveniens,  quoniam  de  infînitis 
non  est  scicntia;  propler  quod  credo  illud  regimen  reducibile  ad  regimen 
dictum  vi  demonstrationis  essentia;.  (Fol.  1  i3  v°.) 

Glosa  Tholosana  vult  quod  ibi  [Sabno  triarn  denarioram)  sit  regimen 
ex  vi  prelii;  sed  nichil  est,  ut  dictum  est.  (Fol.  i  1  3  v°,  col.  2.) 

Sequitùr  Infinitivo,  etc.,  ubi  actor  ponit  differenciam  [inter]  infini- 
tivum  et  primum  supinum,  et  inter  primum  gerundivum  et  ultinuim 
supiniun,  et  dicit  qnod  ista  dificrunt  in  hoc  quod  primum  gerundivum 
et  infmitivus  volimt  construi  cum  verbo  significante  in  quiète,  et  non 
cum  verbo  significante  in  motu;  sed  supinum  primum  et  etiam  ultimum 
volunt  construi  cum  verbo  significante  motum,  ut  «  vado  lectum,  venio 
lectum  ».  Gratia  hujusmodi,  glosa  Tholosana  facit  istam  qua»stionem  qua; 
sequitùr,  scilicet  utrum  ista  sit  congrua  «  vado  lectum  » ,  et  videtur  quod 
non,  quoniam  illa  est  incongrua  «  vado  ecclesiam  »;  ergo  fortiori  ratione 
«  vado  lectum  » (Fol.   1  58  v°  et  i  59.) 

Haec  sunt  verba  glosae  Tholosana; ,  dicentis  quod  illa  praepositio  «  in  » 
construitur  cum  verbo  significante  motum  in  quiète,  aut  cum  verbo  si- 
gnificante motum  in  motu.  Si  construatur  cum  verbo  significante  in 
quiète,  sic  débet  construi  cum  ablativo,  ut  «  sum  in  domo,  sto  in 
studio  »;  unde  «  sto  et  sum  »  significant  motum,  sed  hoc  etiam  in  quiète, 
quoniam  omne  verbum  significat  motum.    Si  construatur  cum  verbo 

*  M.    Thurot  cite   ces  deux   textes  Bibliotlièque  nationale,  aussi  bien  que 

comme  offrant  la  leçon  Glosa  tkohmi-  par  le  manuscrit  d'Erfurt.  Celui-ci,  au 

tana  ou  tkolomichana  (Notices  et  extraits  iblio  il  3  v*,  colonne  3  ,  ligne  3,  nous 

(fef  nuiRaicntf,  t.  XXli,  part.n,  p.  in3,  offre  le  mot  tholosana  écrit  en  toutes 

note  i).  La  leçon  tholosana  me  semble  lettres.   Le  manuscrit  de  l'Arsenal  et 

autorisée  par  le  manuscrit  i  o38  de  l'Ar-  celui  de  la  Bibliothèque  nationale  vien- 

scnal  et  par  le  manuscrit  14937  de  la  nent  de  l'abbaye  de  Saint- Victor. 
4 


mm'  siki:i.k. 


14  MAÎTRE  YON.  GRAMMAIRIEN. 

XIV    SIECLE. 

significante  motiim  in  motu,  tune  distinguo  de  motu,  quia  aut  cpn- 
struitur  cum  verbo  significante  motum  interiorern,  aut  exteriorem;  si 
primo  modo,  sic  débet  construi  cum  ablativo;  si  secundo  modo,  sic 
débet  construi  cum  accusativo ,  ut ,  si  sis  in  donio  et  curras  per  ipsam , 
tune  debes  dicere  «  curro  in  domo  »  et  non  «  in  domum  »  ;  si  vero  sis 
extra  domum,  sic  debes  dicere  «  curro  in  domum  ».  (Fol.  161.) 

Le  sous-moniteur  des  écoles  de  Soissons  savait  bien  qu'il 
devait  parfois  fatiguer  et  ennuyer  ses  élèves.  Aussi,  pour 
tempérer  l'aridité  de  ses  leçons,  il  les  semait  de  vers  qui 
soulageaient  singulièrement  la  mémoire  des  enfants  et  dont 
l'étrangeté  excitait  souvent  l'hilarité  de  la  classe.  L'avantage 
de  ces  dictons  mnénomiques  est  indiqué  dans  les  vers  sui- 
vants : 

Fol.  6<,col.  j.  Metra  juvant  animos,  comprendunt  commoda  paucis, 

Pristina  commémorant,  quœ  sunt  tria  grata  legenti. 

Voici  quelques  exemples  des  vers  insérés  çà  et  là  dans  les 
leçons  de  maître  Yon.  Nous  les  présentons  dans  l'ordre 
même  du  manuscrit,  en  reproduisant  plusieurs  des  obser- 
vations dans  lesquelles  ils  sont  encadrés: 

Fol.  6  v".  Neamatis.  Nota  hic  quod  Hugucio  vult  quod  neuma  scribatur  sine  p, 

et  significat  spiritum  et  cantum ,  in  neutro  génère  : 

Neuma  nil  portet  cum  p,  sine  p  >it  oportet. 

Alii  dicunt  quod ,  quando  significat  Spiritum  Sanctum ,  est  tertise  de- 
clinationis  et  neutri  generis ,  et  scribitur  p  ;  et  quando  significat  cantum , 
est  feminini  generis  et  etiam  neutri  et  primae  deciinationis.  Unde 
versus  : 

Spiritus  est  cum  p  neutri  generis ,  quoque  ternœ. 
Cantus  erit  sine  p,  sed  neutrum  femineumque. 

Et  aliter  : 

Neuma  canit  sine  p ,  cum  p  fit  Spiritus  almus. 

Fol.  i3v'.  —  Alec  non  habet  numerum  pluralem  secundum  quosdam.  Unde 

Johannes  de  Gallandia'  : 

Est  sine  scriptura  dicens  allecia  plura. 

'  Jean  de  Gaiiande  est  cité  plusieurs  fois  par  maître  Yon ,  qui  lui  attribue  notam- 
ment les  deux  vers  suivants  :  ^ 

Furfam  f«i  dixit  temptr  dt  futfart  visil,  (Fol.  58  v*.) 

Son  Ml  cBiN  faïKlii  qui  dicit  lancti»,  Miictù.  (Foi.  7S,  ool.  >.) 


SOUS-MONITEUR  DES  ÉCOLES  DE  SOISSONS. 


15 


XIV*  SIÈCLE. 


Et  sic  secundum  iUos  possumus  dicere  nostro  famulo  :  «  Vade  et  defer 
«  michi  sextarium  alec.  »  Sed  in  veritate  maie  dicunt ,  quia  tantum  est 
dicere  :  «  Vade  et  aporta  michi  unum  alec.  »  Unde  propter  hoc  quidam 
versum  Johannis  voiunt  sic  corrigere  «  Est  sine  scriptura  » ,  non  intelli- 
gendo  quod  alec  careat  numéro  plurali,  sed  intelligendo  quod  alec  non 
débet  facere  alecia ,  immo  aleca ,  quia  facit  ablativum  suum  in  e  tantum , 
et  taUa  facientia  in  e  efliciunt  in  a,  ut  corde,  corda,  alece,  aleca,  per 
regidam  infra. 

—  Britonisqae  Brito.  Nota  quod  actor  ponit  ibi  exceptionem  non 
simpliciter,  sed  secundum  quid ,  scilicet  secundum  modum  ibrmandi ,  qui 
appeliatur  corripiendo  et  producendo,  quia  Brito  corripit  o  ingenitivo, 
et  propter  hoc  excipitur,  et  dicitur  quasi  Bnitus,  quia  Britones  sunt 
iatui ,  sicut  bruta ,  unde  : 

Credunt  Arturum  Britones  iterum  redlturum. 

—  Ul  ferrum  magnes ,  sic  ad  se  me  trahit  Agnes. 

—  Porticus  est  Romae,  quo  dum  spaciando  fero  me, 
Res  quxrendo  novas,  inveni  de  sapliiro  vas, 
Quod  tribus  et  semi  solidis  ego  prodigus  emi. 

—  Discite  quid  sit  glos  :  iignum ,  vel  femina ,  vel  flo». 
Flos  est  glos,  glotis  ;  glos,  gloris,  femina  fratris; 
Gios ,  glossis ,  Iignum  vêtus  est  de  nocte  serenum. 

—  Hoc  acus  est  palea,  sutoribas  lise  acus  apta. 

—  Frons  frondis  folium ,  frontis  frons  est  capitis  pars. 

—  Lens  lendis  capiti ,  lens  lentis  convenit  on. 

—  Non  sunt  securi  qui  dant  sua  colla  securi. 

—  Plus  habeo  tussim  sub  peclore  quam  solitus  sim. 
Quod  non  sanus  su  bene  demonstrat  tua  lussis. 

—  Quilibet  ypocrita  facie  tenus  est  lieremita  ; 
Mente  cum  tacita  iatet  anguis  habens  aconita. 
Plures  exterius  ostendunt  esse  benigni , 

Qui  sunt  interius  failaces  atque  maligni. 

—  Balnea  comici  non  prosunt  nec  meretrici. 
Nec  meretrix  munda  nec  cornix  alba  sit  unda. 

—  Et  Ut  tu  intelligas ,  vide  versum  differentialem  : 

Tecta  columba  subit,  sua  mra  columbus  habebit, 

ita  quod  columba  sumatur  pro  quadam   specie  avis  domesticae,  et 


Fol.  i4  v°,  col.  a. 


Fol. 

24  Y*. 

Fd. 

i5. 

Fol. 

j5v°,  col.  2 

Fol. 

a6. 

Fol. 

»7- 

Ibid 

Foï. 

29. 

Ibid 

Ibid. 


Fol.  4 IV'. 


Fol.  52  ï*. 


16  MAÎTRE  YON,  GRAMMAIRIEN. 

XIV    SIECLK. 

sumitur  pro  masculo  et  femella  in  iila  specie,  et  columbus  pro  aiiii 
specie  avis  siivestris,  et  sumitur  simiiiter  pro  utroque  sexu • 

Fol.  J4  v".  —  Quatuor  ex  puris  vitam  ducunt  elemcntis  : 

Camaleon,  talpa,  simul  alcc  et  salamandni. 
Talpain  nutrit  humus,  camaleon  in  acre  vivil , 
Alec  unda  fovet,  flammac  pascunt  salamandrain. 

l''ol.  5H  v".  —  Turtur  perpetuo  prlmum  conservât  amorem, 

Amissoque  pari  iiescit  liabere  parem. 
Turtur'  aquas  pinis,  turtur  secat  acra  pennis.  • 

l'ol.  Oo.  —  Dens  maxillaris,  magnus  lapis  esto  nioluris. 

Kol.  Gi  v'.  —  Synodus  est  congregatio  presbiterorum ,  et  dicitur  a  sin  quod  est 

cum,  et  odos  quod  est  cantus,  quia  insimul  sunt  cantantcs;  vei  secundum 
quosdam  a  sin  quod  est  sine,  et  nodus,  nodi,  quia  hursx  eorum  sine 
nodo  redibant.  Unde  quidam  : 

De  sancta  synodo  redeunt  bursac  sine  nodo. 
Fol.  Ci  v".  i-oI.  2.  —  Currens  per  prata  non  est  Icpus  esca  parata. 

l'ol.  i5->\°. roi.  2.         —  Et  nota  quod  iste  versus  «Flens  Magdalena»,  etc.,  falsus  est,  et 
quidam  volunt  ipsum  corrigere,  dicendo  :  Plorans  Magdalcna. 

Sed  sic  dicentes  mentiri  dicito  dentés, 

quoniam  Magdalena  nequit  poni  in  versu,  cum  secunda  sit  brevis  et 
penultima  sit  ionga.  Propter  quod  dicendum  est  quod  Magdalum,  li, 
est  castrum  in  quo  Magdalena  fuit  orta,  et  inde  bene  posset  derivari 
Magdalea,  et  tune  bene  poneretur  in  métro,  dicendo  :  Plorans  Mag- 
dalea,  etc. 

Fol.  iSgv'.  — Aliud  exemplum  est  : 

Manducare  potes  fonnicam ,  si  capul  aufers. 

Id  est  si  aufers  illud  quod  est  for,  tu  poteris  manducare  iliud  quod 
remanebit,  scilicet  micam. 

Nous  ne  multiplierons  pas  les  exemples  de  ces  jeux  de  mots 
et  de  ces  plaisanteries,  qui  étaient  fort  goûtés  des  écoliers, 
s'il  faut  en  juger  par  le  nombre  des  livres  de  classe  dans 
lesquels  on  en  trouve  et  surtout  par  les  recueils  spéciaux 
qui  en  ont  été  formés.  Tel  est  celui  qui  remplit  les  deux 
derniers  cahiers  d'un  manuscrit  de  la  bibliothèque  d'Erfurt 
(n"  lo  de  la  série  in-8°),  qui,  tout  incomplet  qu'il  paraît 

'  Nom  d'un  poisson. 


\l\    SIECLB. 


être, 
ainsi 


SOUS-MONITEUR  DES  ECOLES  DE  SOISSONS.  17 

renferme   encore  environ   900  vers.   Il   commence 

Carmina  qui  fingit  aut  inetra  poeta  vocatur; 

Dicatur  vates  si  quidquam  vaticinatur, 

Sitque  propheta  tibi  quisquis  divina  prophatur. 

On  y  remarque,  au  folio  122,  trois  vers  que  nous  ve- 
nons (le  signaler  dans  les  leçons  de  maître  Yon  : 

Discile  quid  sit  glos  :  lignum ,  vel  feniina ,  vel  flos  : 
(ilos,  glossis,  lignum  velus  est  de  nocte  serenum; 
Fios  est  glos,  glotis;  glos,  gloris,  fetnina  fralris. 

Ce  recueil,  copié  au  commencement  du  xiv*  siècle,  a  été 
désigné  par  les  mots  Versus  differenciaies^  Primads  dans  le      Srhum.Bescin. 
catalogue  qu'Amplonius  Ratinck  de  Berka  rédigea  des  livres   Ampi.  ii'ànHscili.^ 
de  sa  propre  bibliothèque  en  1 4 1 'J-  On  sait  combien  il  était   p-  7"" 
ordinaire  au  moyen  âge  de  mettre  au  compte  de  Primat 
tous  les  vers  plaisants  qui  se  répétaient  dans  les  écoles.  Le 
recueil  dont  il  s'agit  ici  en  renferme  plusieurs  qui  sont  no- 
toirement de  Serlon  et  de  Jean  de  Beauvais. 

Les  leçons  de  maître  Yon  durent  avoir  un  certain  reten- 
tissement. Ce  sont  elles,  en  effet,  qui,  sous  le  titre  de 
Glosa  commuais  ou  de  Glosa  Anterjuam  nlterias,  sont  citées  à 
plusieurs  reprises  dans  le  commentaire  sur  le  Doctrinal  qui 
commence  par  les  mots  Domine  labia  mea  aperies,  et  dont  la 
bibliothèque  de  l'Arsenal  possède  un  exemplaire  daté  de 
l'année  iSyS,  venu  de  l'abbaye  de  Saint-Victor,  aujourd'hui 
n°  io38.  L'auteur  de  ce  commentaire  rapporte  ou  analyse, 
dans  les  termes  suivants,  trois  textes  empruntés  à  la  Glosa 
communis  (juœ  incipit  Antequam  ullerius  : 

I.  Secundo  notandum   est   quod    Petrum   ipse    sequatur.    Quidam         Ms.  io38   de 
glosant  Petrum  Heliae,  quod  falsum  est.  Aiii  dicunt  quod  Petrum  Ble-    'Aisenal,  (ol.  16. 
sensem,  sicut  Glosa  communis  quae  incepit(sic)  Antequam  uUerias ,  quod 


'  La  bibliothèque  d'Erfiirt,  sous  le 
n*  1  de  la  série  in-4*  et  sous  le  n*  4 
de  la  série  in-8*,  contient  un  autre  re- 
cueil de  versas  differentiales ,  attribué  à 
•  Godefridus  de  Athenis  »,  intitulé  :  Omne 


TOME  XXXI. 


punctam  de  versibus  differentialibus  et 
commençant  par  le  vers  :  Christe,  régis 
qui  nos,  in  me  senstu  rege  quinos.  Voyez 
le  Catalogue  du  docteur  Sclium ,  p.  285 
et  67a. 


1K»KIKEBIC    RiTIO!l«LB. 


XIV*  uàcLi. 


18 


MAÎTRE  YON,  GRAMMAIRIEN, 


Ms.  io38  de 
l'Ars.,  fol.  \3g  \°. 
col.  3. 


non  est  verum,  quia  nichil  fecit  de  istis,  sed  quandam.  summulam.  Sed 
dicendutn  quod  Petrus  Riga  vel  Petrus  in  Aurora ,  unde  infra  Petrus  de 
polimita.  Unde  Petrus  Riga  fecit  quendam  tractatum  de  praeteritis  et 
supinis,  et  fecit  Bibliani  inetrificatam.  Quod  hoc  sit  verum  apparet  per 
actorem  istum  in  Ecclesiaii  : 

Vivificans  clerum  Riga  Pcf ras  rore  rigavit , 
Qui  nos  de  petra  mellis  dulcedine  pavit. 

II.  Alii  legunt  sic,  sicut  glosa  Anteifuam  ulterias  et  giosa  Tholosana, 
quae  sequuntur  in  idem  :  «O  lector,  la  habebà  frccfuentcr,  id  est  saepe, 
«activa,  id  est  verba  quae  significant  accionem  per  modum  accionis,  id 
■I  est  quae  significant  per  modum  transitionis  in  alterum ,  data  accasativis 
><  per  vint  transitionis  si  vox  concordet,  id  est  si  modus  eorum  velit  terminari 
«  per  accu.salivum  casum  ;  »  et  hoc  dicit  propter  hoc  quia  verba  transitive 
aliquando  absolvuntur  a  suo  transitu,  ut  patet  in  Ovidio,  de  Remedio 
amoris  :  «  Et  si  quid  faciam  nunc  quoque  quseris,  amo.  » 

III.  Cum  illa  glosa  Anlequam  ulterius. Aical  quod  isti  abiativi  absol- 
vuntur a  regimine  expresso  et  non  subintellecto. 

L'ouvrage  de  maître  Yon  commençant  par  les  mots  Ante- 
(jnam  ulterias  renferme  les  trois  textes  auxquels  il  vient 
d'être  fait  allusion.  Nous  allons  les  reproduire  pour  donner 
le  moyen  de  faire  la  vérification  : 

Ms.   là   in-8°        1.  Hinc  de  prœteritis.  Hic  proponit  se  actor  determinare  [de]  forma- 
col  î""^'     °    ^     tione  praeteritorum  et  supinorum  verborum,  [et  hoc]  quinto  capitulo 
quod  incipit  «  Ut  tibi  per  metrum  »,  [Petrum]  Blesensem  imitando. 


Uvid.  Ue  rem. 
amer. ,  vera  S. 

M.O.  io38  <le 
i'Ars. ,  fol.  1^9, 
col.  2. 


Jbid.,  fol.  12  V 


Ibid. 

col.    2. 


fol.   I  3t. 


II.  In  prima  parte  actor  ponit  regulam  quae  diversimode  a  diversis 
assignatur;  nichilominus,  omnibus  opinionibus  dimissis,  ego  dico  quod 
actoris  intellectus  talis  est  :  V'erba  significantia  actionem  per  modum 
actionis,  sub  quacunque  voce,  sive  taie  verbum  fuerit  activum,  sive 
neutrum ,  deponens  vel  commune ,  regunt  accusativum ,  si  respectus  vel 
natura  illorum  verborum  petat  terminari  per  aliquid;  et  hoc  fit  saepe, 
quoniam  accidit  multociens  quod  verbum  transitivum  non  habet  post 
se  accusativum,  ut  patet  per  Ovidium,  in  Remedio  amoris  :  «  Et  si  quid 
«  faciam  nunc  quoque  quaeris,  amo.  » 

III.  Sant  abiativi,  etc.  Continua  ut  supra.  Construe,  o  lector  :  Abia- 
tivi solati  rectore  potenti;  supple  :  in  illa  oratione  in  qua  est  designatio 
communiae,  illi  inquam  abiativi,  sant,  id  est  esse  debent,  plarrs,  vel 
explicite ,  vel  implicite  :  explicite ,  ut  dicendo  «  magistro  legente  » ,  et 
hoc  duppliciter,  aut  quia  importantur  eorum  intellectus  sub  unica  voce, 


SOUS-MONITEUR  DES  ECOLES  DE  SOISSONS. 


19 


XIV*  SlàCLE. 


aut  sub  diversis,  ita  quod  unus  ablativus  non  exprimatur,  sed  subin- 
telligatur  ;  si  primo  modo  sit ,  est  exempium  u  diclo  de  nomine  »  ;  si  secundo 
modo  sit ,  est  exempium  «  modio  vini  ad  denarium  » ,  ibi  enim  intelligitur 
«  taxato». 

Quel  qu'ait  été  le  succès  d'un  commentaire  sur  le  Doc- 
trinal qualifié  de  Glosa  communis  dans  un  ouvrage  copié  en 
1875,  les  exemplaires  en  sont  fort  rares.  Le  manuscrit 
d'Erfurt,  jadis  possédé  par  Amplonius,  qui  a  fourni  la  ma- 
tière de  la  présente  notice,  est  le  seul  dans  lequel  nous  ayons 
trouvé  le  nom  de  maître  Yon.  Mais  il  nous  semble  très  pro- 
bable qu'une  notable  partie  de  ce  commentaire  a  été  insérée 
dans  les  gloses  anonymes  sur  le  Doctrinal  que  nous  ont 
conservées  les  quatre  manuscrits  suivants  : 

1°  Manuscrit  de  Saint- Vast  d'Arras,  aujourd'hui  n"  942 
de  la  bibliothèque  d'Arras.  Ce  volume,  copié  au  commen- 
cement du  xiv'  siècle,  renferme  le  texte  du  Doctrinal  ac- 
compagné d'une  glose  qui,  en  beaucoup  d'endroits,  est 
identique  avec  celle  du  manuscrit  d'Erfurt.  En  tête  se  lit 
l'introduction  dont  nous  avons  parlé  ci-dessus  et  qui  com- 
mence par  les  mots  Antequam  ullerias.  L'exemplaire  est 
incomplet,  depuis  qu'une  main  barbare  en  a  coupé  çà  et  là 
36  feuillets  pour  approvisionner-  les  marchands  de  par- 
chemin; 

2°  Manuscrit  d'Amplonius,  aujourd'hui  n°45  de  la  série 
in-4°  des  manuscrits  d'Erfurt.  Ce  volume  a  été  copié  en 
i3o4  par  un  clerc  nommé  Naudin  d'Ouche.  D'après  la  des- 
cription qu'en  a  faite  le  docteur  W.  Schum,  et  surtout 
d'après  la  reproduction  héliographique  de  la  dernière  page 
que  le  même  savant  a  insérée  dans  les  Exempla  codicum  Am- 
plonianorum ,  nous  sommes  porté  à  croire  que  le  contenu  de 
ce  second  manuscrit  d'Erfurt  est  semblable  à  celui  du  ma- 
nuscrit de  Saint-Vast  d'Arras.  Il  débute  également  par  l'in- 
troduction Anteijuam  uUerius.  C'est,  paraît-il,  le  volume 
qu'Amplonius  Ratinck  de  Berka,  dans  le  catalogue  de  ses 
livres  rédigé  en  1 4 1 2 ,  désigne  sous  le  titre  suivant  :  Item  Doc- 
trinale, cum  commenta  Herzonis,  a  principio  us<jue  injinem,  et 
est  valde  bona  ^/osa.  L'auteur  du  curieux  catalogue  de  l'année 

3. 


Loriquet ,  Rapp. 
sur  des  fragm.  de 
mss. ,  p.  3g. 


Sctium ,  Bescfar. 
Verzeichniss     der  • 
Ampl.  llandschr. , 

p.  32  1. 

Schum,  Ex.  cod. 
Ampl. ,  n'  3 1 . 


Schum ,  Beschr. 
Ven.  der  Ampt. 
Handschr.,  p,  ySS- 
867. 


iiv  sirac. 


Hist.  litl.  de  U 
rance,   t.   XXX, 
p.  aSo. 


20  MAiTRE  YON,  GRAMMAIRIEN. 

i4i2,  dont  le  docteur  W.  Schum  nous  a  donné  une  édi- 
tion, met  sous  le  nom  de  ce  môme  «Herzo»  beaucoup 
d'autres  commentaires  sur  des  ouvrages  de  grammaire, 
de  rhétorique  et  de  physique  : 

Gramatica  7.  Item  optimœ  notulae  Herzonis  super  Graecismo,  longe 
meliores  textu.  (Peut-être  aujourd'hui  le  manuscrit  in-8°  i  1  d'Erfurt.) 

—  I  5 Optimae  regulae  parcium  oracionis  Herzonis  de  ethi- 

mologia  earum.  (Ms.  in-/i°  5a  d'Erfurt.) 

—  I  9.  Item  commentum  optimum  super  Minori  volumine  Prisciani 
de  dyasinthetica ,  cancellarii  Parisiensis,  coUectum  originaliter  ex  dictis 
Pétri  lleliae,  commentatoris  Prisciani,  et  Herzonis.  (Ms.  in -4°  73 
d'Erfurt.) 

—  2  4 .  Item  commentum  optimum  super  Minori  volumine  Prisciani , 
Herzonis,  cum  multis  egregiis  notabilibus  et  quaestionibus.  (Ms. 
in-S"  73  d'Erfurt.) 

Pœtria.  Item  optimus  tractatus  Herzonis  de  arte  metrificandi ,  quem 
require  infra  in  volumine  ^  Relhoricae. 

Rethorica  k-  Item  excerpta  Herzonis  de  summa  Victorini  ex  utraque 
rethorica  Marci  Tulii  Cyceronis.  (Ms.  in-lx"  76  d'Erfurt.) 

Phitosophia  nataralis   16 Scripta  consimilia  super  omnibus 

libris  AristotelisDegeneracione  animalium,  et  putantur  esse  Herzonis  vel 
Thadei  potius.  (Ms.  in-fol.  339  d'Erfurt.) 

Toutes  ces  attributions  nous  semblent  bien  hasardées,  et 
l'autorité  d'Amplonius  ne  nous  empêchera  pas  de  supposer 
que  le  second  manuscrit  d'Erfurt  renferme  au  moins  une 
partie  des  leçons  du  sous-moniteur  de  Soissons; 

3°  Manuscrit  de  l'abbaye  de  Saint-Victor  de  Paris,  jadis 
coté  JJJ  11,  aujourd'hui  n"  io38  de  la  bibliothèque  de 
l'Arsenal.  Copié  en  iSyô,  il  s'ouvre  par  une  longue  intro- 
duction dont  les  premiers  mots  sont  :  Domine  labia  meaape- 
ries,el  dont  l'auteur  est  appelé  magister  Johannes  [de]  Vignaco 
dans  un  ms.  de  la  bibliothèque  de  Lamballe;  nous  en  avons 
parlé  dans  le  volume  précédent; 

4°  Manuscrit  de  Saint-Germain-des-Prés,  jadis  n"  1181, 


ANONYME,  AUTEUR  DU  GRAMMATICALE  NOVUM.     21 

aujourd'hui  n"  i3o3i  du  fonds  latin  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale. Ce  volume,  copié  au  xiv"  siècle,  est  incomplet  des 
premiers  cahiers.  M.  Thurot  a  constaté  qu'il  contient,  au 
moins  à  partir  du  folio  7 1  v",  la  même  glose  que  le  pré- 
cédent manuscrit,  venu  de  l'abbaye  de  Saint- Victor. 

Nous  nous  sommes  assuré  que  le  manuscrit  de  Saint- Vast, 
celui  de  Saint-Victor  et  celui  de  Saint-Germain,  comme 
aussi  selon  toute  apparence  le  second  manuscrit  d'Amplo- 
nius,  renferment  la  copie  d'un  seul  et  même  commentaire  sur 
les  trois  dernières  parties  du  Doctrinal,  consacrées  à  la  pro- 
sodie, à  l'accent  et  aux  ligures.  Or  les  gloses  relatives  à  l'ac- 
cent que  nous  offrent  ces  manuscrits  sont  absolument  celles 
qui,  dans  le  premier  manuscrit  d'Amplonius,  forment  le 
traité  intitulé  :  AcceiUus  super  Doctrinale,  a  magistro  lone , 
siimmnnilore  Saesswnensi ,  compositus  anno  Domini  m'  cc(f  primo. 
Il  est  donc  assez  probable  que  les  commentaires  sur  la 
prosodie  et  sur  les  figures,  entre  lesquels  le  commentaire 
sur  l'accent  est  placé  dans  trois  et  peut-être  dans  quatre 
manuscrits,  sont  aussi  l'œuvre  du  maître  adjoint  des  écoles 
de  Soissons  dont  le  nom  sort  aujourd'hui  d'un  long  oubli. 

L.  D. 


\IV'  SIÈCLE. 


ANONYME, 

AUTEUR  DU  GRAMMATICALE  NOYVM. 


Nous  pouvons  placer  parmi  les  écrivains  français  du 
règne  de  Philippe  le  Bel  l'auteur  d'un  traité  de  grammaire 
en  vers,  intitulé  Grammaticale ,  qui  a  échappé  aux  recherches 
de  notre  savant  confrère  M.  Thurot.  La  bibliothèque  de 
Troyes  en  a  acquis,  dans  ces  dernières  années,  un  exem- 
plaire qui  forme  un  petit  volume  in-4°,  de  91  feuillets, 
copié  à  la  fin  du  xiv*  siècle,  et  qui  a  appartenu  à  Jean 
Blanche,  sous-chantre  de  la  cathédrale  de  Troyes,  mort 
en   i438.  Nous  n'avons  point  découvert  le  nom  de  l'au- 


.\it'  ilkCLt. 


22  ANONYME, 

leur;  mais  l'époque  à  laquelle  il  composait  son  ouvrage  est 
facile  à  déterminer. 

L'indication  précise  nous  en  est  donnée  dans  les  premiers 
vers  de  l'ouvrage  : 

Nitor  agi  taie  pro  parvis  Grammaticale  : 
Omne  quod  oslendo  legitur  fiilcimen  habendo. 
Libri  principia  compleclitur  orthographia; 
Postea  prosodiatn  dabo ,  post  ethymologiam , 
Hinc  diasintheticam,  post  de  viciis  ibi  dicani; 
Inde  figuranim  datur  hic  ars  grammaticarum. 
Quae  sunt  diffusa  concoHigit  haec  mca  musa, 
Ut  levius  parvi  possint  a  corde  tencri. 

In  te  spes,  Christe,  mea  figitur,  ut  liber  iste 
Per  te  completus  sit ,  vena  paupere  cretus. 

O  Nicolae,  tibi  volo,  canceilarie,  scribi 
Hoc  opus,  ecclesiœ  decus  et  fons  philosophiae. 
Te  florent  studia,  viget  in  te  theologia. 
Diceris  AUXILIUM  cognomine ,  quod  manifestas  : 
Cunctis  consilium  quaerentibus  utile  prœstas; 
Non  est  cognomen,  sed  veri  nominis  omen. 
Natus  es  ex  illa  qua;  Nonancuria  villa 
Dicitur.  Ilanc  per  te  partes  novere  remotae. 
Te  justi  vere  pater  et  mater  genuere, 
Summe  magistrorum,  studii  dux  normaque  moruni. 

Ainsi,  l'ouvrage  dont  il  s'agit  a  été  publié  sous  les  au- 
spices du  chancelier  Nicolas  (0  Nicolae,- canceilarie)^  sur- 
nommé l'Aide  [Diceris  Auxilium  cognomine)  et  originaire  de 
la  localité  de  Nonancourt  {Natas  es  ex  illa  cjaœ  Nonancuria 
villa  dicitur).  La  mention  du  chancelier  Nicolas  se  retrouve 
non  moins  expressément  à  la  fin  du  traité  : 

Canceilarie,  te,  Nicolae,  probo,  quia  metae 

Sunt  libro  per  te  verae  praesente  reperfae. 

Tu  milii  defïensor  super  omnibus,  es  mihi  censor 

Tu  vere  dictis,  mihi  consiliumque  relictis 

Te  quœ  dicta  maie  patuerunt.  Grammaticale 

Sit  mihi  nulius  honor,  quia  cum  libro  tibi  donor. 

Te,  non  me,  laudcnt  qui  nostro  carminé  gaudent. 

Si  rex  summus  ita  velit,  atquc  data  mihi  vita , 

Librum  tractabo  post,  quo  qusedam  reserabo 

Libro  pracsenti  quœ  non  patuere  legenti. 


AUTEUR  DU  GRAMMATICALE  NOVVM. 


23 


XIV    MKCI.E. 


Le  chancelier  Nicolas  l'Aide',  originaire  de  Nonancourt, 
est  un  personnage  dont  l'identité  n'est  pas  difficile  à  établir. 
C'est  assurément  le  chancelier  de  l'église  de  Paris,  Nicolas 
de  Nonancourt,  dont  nous  avons  signalé  dans  un  précédent 
volume  un  sermon  composé  pour  un  dimanche  de  l'Avent. 
Nous  avons  dit  qu'il  fut  pourvu  de  la  charge  de  chancelier 
vers  l'année  i  285  et  qu'il  dut  mourir  vers  i  290,  époque  à 
laquelle  la  chancellerie  de  Notre-Dame  fut  attribuée  à  Ber- 
tant  de  Saint-Denis. 

Nous  pouvons  aujourd'hui  fixer  au  22  septembre  1291) 
la  date  de  la  mort  de  Nicolas  de  Nonancourt.  La  preuve  en 
est  fournie  par  une  épitaphe  en  vers  qui  se  lisait  jadis  dans 
la  cathédrale  d'Evreux  et  dont  le  texte  nous  a  été  conservé 
par  Le  Brasseur  et  par  Gaignières  : 

Haec  pracsens  fossa  Nicolai  coiitinet  ossa. 

Qui  pius  el  pnidens  extitit  atque  studens. 
Milram  cardineani  Romaiia  gessit  in  urbe 
Et  pileum  rubeutn.  Dans  multae  dogmata  turbse 
In  pravos  mores  naturœ  Theologia, 
Hujus  eranl  flores  una  cum  Philosopbia. 
Editus  est  illa  quuc  Nonancuria  villa 
Fertur,  ubi  cura  vigili  fecit  bona  plura. 
M,  c  bis,  X  novies,  nono,  septembre  timendo, 
Finiit  iste  dies  sub  Mauritio  moriendo. 
Auxilium  dictus,  multis  dédit  ipse  juvamen, 
Sed  nunquam  fictus;  requiem  sibi  det  Deus!  Amen. 

Le  cardinal  Nicolas  f  Aide,  de  Nonancourt,  dont  la  cathé- 
drale d'Evreux  avait  recueilli  les  restes,  avait  donc  terminé 
sa  carrière  en  1 399 ,  le  jour  de  la  Saint-Maurice,  c'est-à-dire 
le  2  2  septembre.  Plusieurs  obituaires  confirment  la  date  qui 
est  assignée  à  la  mort  de  Nicolas  de  Nonancourt  par  fin- 
scription  de  la  cathédrale  d'Evreux.  Nous  savons,  en  eflFet, 
que  le  chapitre  d'Evreux  célébrait  chaque  année,  le  24  sep- 
tembre, f  anniversaire  de  maître  Pierre  fAide  et  de  son 
frère  «  sire  Nicolas,  prêtre  cardinal  du  titre  de  Saint-Laurent 
«  in  Damaso  ».  A  Rouen,  c'était  le  28  septembre  que  les  cha- 

'  Et  non  pas  •  de  l'Aide  • ,  comme  porte  le  Répertoire  de  M.  l'abbé  Chevalier, 
ccJonne  i6ig. 


ilisl.  litt.  de  la 
France,  t.  XXVI. 
p.  i5i. 


L#  Brasseur, 
Histoire  d'Kvreux. 
I».  J37.  —  Bibi. 
nat.  ,  Estampes, 
Tombeaux  <l'î<iai- 
^nières ,  Normand. 


Rec.  des  hist. , 
t.  XXIlI.p.  i6f. 


24  ANONYME. 

XIV*  SIECLE. 

noines  priaient  pour  l'àme  du   «  révérend  père  Nicolas  de 
I  xx!!!**")  mV   "  Nonancourt,  cardinal  ».  Le  chapitre  de  Paris  avait  enre- 
Guérard.  Cart.   gïstré  au  8  Septembre  l'obit  de  «  sire  Nicolas,  prêtre  cardinal 
.le  Notre-Dame  de   „  ([y^  [[[yQ  (Jç,  Saint-Laureut  in.  Damaso  ». 

,p.ii.  ^^^  articles  d'obituaire,  rapprochés  de  l'inscription 
d'Evreux  et  de  la  dédicace  du  manuscrit  de  Troyes,  prou- 
vent jusqu'à  l'évidence  que  Nicolas  de  Nonancourt,  chan- 
celier de  l'église  de  Paris,  est  le  même  que  Nicolas  de 
Nonancourt,  cardinal  de  Saint-Laurent  in  Damaso.  H  paraît 
avoir  été  compris  dans  la  promotion  de  cardinaux  que  le 
Potiiiast,  Heg.,  pape  Célesfin  V  fil  en  i  ■i()l^.  En  effet,  le  litre  de  Sainl-Lau- 
^  '''^  rent  in  Damaso  était  encore  porté  le  2:<  septembre  i  291  par 

Mathieu  «  de  Aquasparta  »,  qui  devint  évêque  de  Porto  cette 
même  année,  et  Nicolas  souscrivit  en   qualité  de  prêtre 
cardinal  de  Saint-Laurent  in  Damaso  différentes  bulles  de 
ibiH.  p  îoïi.    Boniface  VIII,  depuis  le  21  juin   129.5  jusqu'au   27   juin 

Dans  la  dédicace  qui  a  été  rapportée  ci-dessus,  Nicolas  est 
simplement  qualifié  de  chancelier.  C'est  donc  au  plus  lard 
vers  l'année  1291  qu'elle  a  été  écrite.  Nous  avons  ainsi  la 
date  de  la  Grammaire  en  vers  que  contient  le  manuscrit  de 
la  bibliothèque  de  Troyes.  Autant  que  nous  pouvons  en 
juger  par  un  fragment  communiqué  en  1875  par  M.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville  au  Comité  des  travaux  historiques,  cet 
ouvrage  élémentaire,  intitulé  Grammaticale ,  traite  successi- 
vement de  forthographe ,  de  la  prosodie  et  de  fétymologie, 
de  la  syntaxe  [diasinthetica) ,  des  vices  de  langage  et  des  fi- 
gures de  grammaire.  En  terminant  son  œuvre,  fauteur 
annonce  f  intention  de  consacrer  un  autre  livre  aux  ques- 
tions qu'il  n'avait  pas  encore  convenablement  éclaircies. 
Nous  ignorons  s'il  a  pu  donner  suite  à  son  projet. 

Dans  le  manuscrit  de  Troyes,  f  ouvrage  commence  par 
le  vers  : 

Nitor  agi  taie  pro  parvis  Grammaticale. 

Le  traité  dont  nous  venons  de  parler  est  donc,  à  n'en  pas 
douter,  celui  qui  est  porté  dans  les  termes  suivants  sur  le 


AUTEUR  DU  FORMULAIRE  DE  TRÉGUIEIÎ. 


25 


Xlï     MECLl;. 

Deli^le,  le  <ia 
binel  des  mss. 
I.  III,  |..  .'^o. 


répertoire  des  volumes  de  la  grande  librairie  do  la  Sor- 
honne  au  commencement  du  xiv'  siècle  :  (irammaticalc 
novum.  Nitor  agi  taie  pro  parvis  (frammaticale. 

Si  le  titre  de  Grammaticale  novnm ,  sur  l'autorité  de  ce  ca- 
talogue, devait  être  affecté  au  poème  grammatical  dont 
Nicolas  de  Nonancourt  a  reçu  la  dédicace  vers  Tannée  i  290, 
il  conviendrait  peut-être  d'appeler  Grammaticale  novissimiim 
un  autre  poème  grammatical  qu'un  auteur,  également  in- 
connu, a  pareillement  intitulé  Grammaticale  et  dont  la 
rédaction  fut  achevée  en  i337  : 

peregi 

Hune  librum  metrice,  titiilatum  Gramaticale, 

Quando  niilleni  trccenti  ter  duodeni 

Atque  monos  anni  fuerant  a  tempore  Cliristi. 

M.  Tluirot  a  fait  connaître,  d'après  le  manuscrit  826  de      Notices  et  cxu. 
l'Ecole  de  médecine  de  Montpellier,  cet  autre  Grammaticale ,   paît™»',  |i.'/i9. 
qui  commence  par  le  vers  : 


Scribere  grammatica  docet  et  proferre  legenda. 


L.  D. 


ANONYME, 

AUTEUR  DU  FORMULAIRE  DE  TREGUIER. 


Un  petit  manuscrit  du  commencement  du  xiv'  siècle, 
jadis  conservé  à  l'abbaye  de  Marmoutier,  recueilli  depuis 
par  feu  notre  confrère  M.  Jules  Desnoyers,  contient  en  ca- 
ractères très  serrés  beaucoup  de  modèles  de  lettres,  d'un 
genre  assez  particulier,  dont  l'origine  et  la  date  sont  faciles 
à  déterminer.  Le  style  fournit  des  indices  suffisants  pour 
en  attribuer  la  composition  à  la  fin  du  xiii'  siècle  ou  au 
commencement  du  xiv*,   et  plusieurs  des  formules  sont 


TOME  XXXI. 


wmtvtaïc  piTifl^iii. 


\lï    !llf.UI.K. 


26  ANONYME. 

(lat(Vs  (l(«  i3i3  (fol.  6  v°),  de  i3i4  (fol.  i5  v")  et  de  i3i5 
(fol.  To  v").  On  y  remarque  une  lettre  adressée  à  Geoffroi 
Tonrnernine,  évoque  de  Tréguier,  qui  mourut  vers  l'année 
i3i()  (fol.  6  v"),  et  la  mention  d'une  convocation  de  l'ost 
du  roi  pour  une  expédition  contre  les  Flamands  (fol.  i8).  Le 
|)ays  pour  lequel  le  recueil  a  été  formé  n'est  pas  moins  net- 
tement désigné.  Tous  les  noms  qu'on  y  peut  relever  appar- 
lieimenl  à  peu  près  exclusivement  au  diocèse  de  Tréguier, 
en  basse  Bretagne.  Ainsi,  l'évêque  de  Tréguier  annonce 
l'intc^nlion  de  visiter  une  paroisse  soumise  à  sa  juridiction 
(fol.  lo);  il  charge  un  archidiacre  d'inspecter  le  diocèse 
(fol.  if));  il  recommande  à  l'évêque  de  Quimper  deux  can- 
didats à  l'ordre  de  la  prêtrise  (fol.  l 'i  v°);  il  enjoint  à  un 
curé  de  citer  un  chevalier  devant  lui  apnd  Filkeium 
(fol.  i/|  v");  il  demande  à  des  bouchers  la  grosse  viande  et 
la  volaille  dont  il  a  besoin  jx)ur  un  grand  repas  offert  à  tous 
ses  chanoines  (fol.  )3). 

Les  autres  dignitaires  du  diocèse  de  Tréguier  sont  égale- 
ment mis  en  scène  :  c'est  l'archidiacre,  qui  procède  à  ses 
visites  paroissiales  (fol.  i);  c'est  un  chanoine,  qui  donne 
une  fête  pour  célébrer  son  installation  (fol.  1 1);  c'est  l'olfi- 
cial,  qui  fait  respecter  ses  droits  de  juridiction  (fol.  6),  qui 
lance  des  sentences  d'excommunication  (fol.  lo  et  12),  qui 
poursuit  des  justiciables  soupçonnés  d'hérésie  (fol.  6  v°),  et 
qui  juge  un  procès  dans  lequel  un  clerc  fait  plaider  sa  cause 
par  un  chevalier  réputé  pour  son  éloquence  :  Viro  nobilitale 
(leiiens  et  armorum  Jalleris  [sic)  prœjnlcjenti  necnon  elocjuentis- 
simo  et  diserto,  ut  credi  valeat  et  merito  genus  protrahere  ex 
prosapia  Tuliana,  tali  mililila\is  loci  (fol,  2  v°). 

Le  sénéchal  qui  représentait  le  duc  de  Bretagne  au  pays 
de  Tréguier  est  cité  au  moins  deux  fois  (fol.  5  et  7  v").  — 
Çà  et  là  reviennent  les  noms  de  diverses  localités'du  diocèse 
de  Tréguier.  Le  chapelain  de  Saint-Sauveur  près  Guingamp 
rend  compte  d'une  assignation  signifiée  à  un  certain  Guil- 
laume Indrocuap,  dont  la  foi  était  suspecte  (fol.  4)-  —  Un 
chevalier  veut  faire  entrer  un  de  ses  enfants  dans  l'abbaye 
xle  Bégard  (fol.  i5).  —  Il  est  souvent  question  de  la  Roche- 


AUTEUR  DU  FORMULAIRE  DE  TRKCUIER.  27 

Derrien  :  on  y  débarque  du  vin  (fol.  20  v°);  on  y  loue  des 
domestiques  au  marché  du  vendredi  (fol.  17  v°);  on  y  pu- 
blie des  sentences  d'excommunication  (fol.  12);  on  y  ])Our- 
suit  comme  prévenu  d'hérésie  ce  Guillaume  Indrocuap 
(fol.  3  v")  dont  nous  avons  déjà  vu  le  nom  quelques  lignes 
plus  haut  ;  mais  le  texte  le  plus  curieux  pour  l'iiistoin;  de 
la  Roche-Derrien  est  une  lettre  de  GeolTroi  Tournemine, 
évoque  de  Tréguier,  (pii,  en  i3i5,  prescrit  des  processions 
solennelles  et  accorde  des  indulgences  pour  procurer  des 
ressources  à  la  basilique  de  Notre-Dame-de-la-Roche,  ré- 
cemment construite  à  grands  frais  : 

Ci.,  pcrmissione  divina  episcopus  Trccorcnsis,  universis  ecclesianiiii 
lecloribus  in  civitate  Pt  diocesi  Trccorcnsi  coiistitutis  ad  quos  pra-scrilcs 
litterae  pervenerint,  salutem  in  Domino.  Quoniani,  ut  ail  Apostolus, 
oinnes  ante  tribunal  stabimus  JesuCluisli,  rcccpturi  proul  in  coiporibus 
fçossorinius,  sive  bonuin  fueril  si>e  nialiuu,  opoiiet  (id  est  uptinmni  est) 
nos  diem  messionis  extrema;  bonis  operibus  prajveniro,  et  seniinan-  in 
terris  intnitu  caritatis  quod  valeamus  recolligcre  in  excelsis,  altcndentes 
vprissimo  quod  qui  parce  seminat  parce  metet,  cl  qui  séminal  in  b(v 
nedictionibus  de  bcnedictionibus  metet  vifani  anlernam,  Apostolo  al 
lestante.  Cum  igitur  basilica  li«;at£c  Mariie  de  Roca,  in  cujus  honore 
ecclesia  Trecorensis  dicitur  fuisse  primitus  incoala,  œditicari  de  novo 
(«eperit  opère  sumptuoso  rcparationeqne  indigcat,  ad  cujus  re])arationem 
et  sustentationem  propriœ  non  suppelunt  facultates,  univcrsilatcni 
vestram  hortamur  in  Domino  et  monemus  qualinus,  una  cum  parocliianis 
vobis  a  Deo  coHatis,  bac  instanti  die  dominica  ante  nativitatem  beali 
Jobannis  Baptists,  apud  dictam  basiliaim  in  albis  processionaliter  et 
personaliler  accedatis,  monentes  parochianos  vobis  subditos  et  eflicaciter 
inducentes  ut  de  bonis  eisdem  a  Deo  coliatis  pias  clemosinas  et  grata 
caritatis  subsidia  ad  reparationem  et  sustentationem  dicta;  basilica;  lar- 
giantur,  ut  per  haec  et  per  alia  bona  quae  fecerint,  Domino  inspirante, 
niereantur  effîci  participes  civium  supemorum.  Nos  vero,  de  omnipo- 
tentis  Dei  et  beatae  Mariae  Vii^nis  misericordia  et  beatorum  apostolorum 
Pétri  et  Pauli  et  beati  Tuduali  confessons,  patroni  nostri,  meritis confisi , 
omnibus  vere  pœnitentibus  et  confessis,  qui  ad  tam  pium  opus  manus 
porrexerint  adjutrices,  quadraginta  diesdeinjunctis  sibi  pœnitentiis  mi- 
sericorditer  relaxamus ,  praesentibus  post  annum  minime  valituris.  Et  in 
signum  suscepti  et  exsecuti  mandati,  reddite  litteras  sigiHatas.  Data  die 
tali,  anno  Domini  m°ccc°  quinto  decimo.  (Fol.  i5  v°.) 

Lé  recueil  dont  nous  nous  occupons  peut  donc  être  dé- 

4. 


XIV    SIECI.F.. 


XIV    ïieCLK. 


28  ANONYME, 

signé  sons  le  titre  de  Formulaire  de  Tréguier.  Comme 
beaucoup  d'antres  compilations  de  ce  genre,  il  abonde  en 
lettres  d'écoliers  qui  sollicitent  le  secours  de  leurs  parents 
ou  protecteurs,  en  mandements  qui  se  rattachent  à  l'admi- 
nistration ecclésiastic|ue.  Les  pièces  relatives  à  la  vie  féodale 
n'y  lontpas  défaut.  Par  exemple,  un  sénéchal  du  duc  de 
liretagne  enjoint  à  un  seigneur  de  mettre  un  terme  aux 
excès  commis  par  des  brigands  dans  les  limites  de  son  lief 
(fol.  16  v").  —  Un  damoiseau  prie  un  chevalier  d'assister  à 
im  duel  qu'il  a  accepté  ])our  soutenir  un  droit  de  ])ropriété 
(pii  lui  était  contesté  (fol.  8  v").  —  Un  écuyer  invite  un 
grand  chasseur  à  une  battue  organisée  pour  débarrasser  le 
pays  du  plus  terrible  des  sangliers  (fol.  -io).  —  Un  écuyer 
promet  à  lui  chevalier  de  se  rendre  avec  lui  au  tournoi  qui 
devait  avoir  lieu,  sous  les  auspices  du  roi  de  France,  dans 
la  ville  de  Compiègne  (fol.  i4  v").  —  Un  seigneur  charge 
un  ami  de  rendre  la  justice  dans  son  fief  pendant  la  durée 
«lu  voyage  qu'il  entreprend  pour  assister  à  une  assemblée 
convoquée  à  Paris  par  le  roi,  probablement  une  des  sessions 
d'états  généraux  du  commencement  du  xiv"  siècle  :  Ciim  c.r 
t'dicto  recjio  tcncamnr  rcçiali  qiwkx^uio  [sic)  Porisius  personaliur 

intéresse (fol.  20).  —   Un  vieux  chevalier   prie  un 

écuyer  d'aller  en  son  lieu  et  place  servir  le  roi  à  l'ost  de 
Flandre  (fol.  18).  —  Enfin  un  chevalier,  appelé  dans  le 
manuscrit  A.  doininus  Castri  Picli,  miles,  engage  un  écuyer 
à  se  croiser  et  à  venir  en  sa  compagnie  guerroyer  contre  les 
ennemis  de  la  foi  (fol.  12). 

Beaucoup  de  formules  se  rapportent  à  l'économie  domes- 
tique et  pourraient  fournir  des  traits  pour  un  tableau  de  la 
vie  privée  des  Bretons  au  commencement  du  xiv"  siècle. 
Toutes  les  conditions  sociales  y  sont  représentées  :  les  avo- 
cats (fol.  2  \'°  et  7),  les  médecins  (fol.  16),  les  pécheurs  du 
bord  de  la  mer  (fol.  19  v°),  les  bouchers  (fol.  i3),  les  dra- 
piers (fol.  7,  9  v"  et  18  v°),  les  tanneurs  (fol.  7)  et  les  char- 
pentiers (fol.  5  v°). —  Un  habile  mécanicien  [architcctoruin 
(loclissinuis,  Jabrili  artificio  merito  Dœdalo  coinparaiidns]  est 
chargé  de  la  réparation  d'un  moulin  (fol.  20).  —  On  de- 


AUTEUR  DU  FORMULAIRE  DE  TRÉGUIER.  29 

mande  à  un  jardinier  de  venir  tailler  des  vignes  (fol.  21), 
à  un  journalier  de  transporter  la  bruyère  destinée  au  chauf- 
fage de  l'hôtel  (fol.  19  v"),  à  un  père  de  famille  de  louer 
un  domestique  habitué  aux  travaux  de  la  ferme  :  (jui  sciet 
messes  melere,  (jerbaset  (jelimas  allujare ,  hlada  m  area  triturare, 
culmiuH  c()lli(iere,  et  miricas  resecare  et  alia  necessaria  dorniii 
pertractare  (fol.  17  v").  —  On  débarque  et  on  consomme  du 
vin  de  Gascogne  (fol.  3  v°,  9  et  no  v°);  on  vend  du  blé  à  la 
Flèche  (fol.  3  v°);  on  envoie  des  bœufs  sur  le  marché  de 
Paris  (fol.  i3);  on  emprunte  de  l'argent  à  un  riche  bour- 
geois de  Taillebourg  (fol.  9). 

Plusieurs  lettres  sont  écrites  par  des  parents  pour  la  mise 
en  apprentissage  de  leurs  enfants.  Dans  l'une  il  est  question 
d'enseigner  à  un  enfant  le  métier  de  tailleur;  le  patron  ne 
demande  qu'une  année  pour  en  faire  un  ouvrier  consommé  : 
ni  per  ipsuin  steterit,  infra  annuni  patent  supcrare  suas  coœtaneus 
et  etiain  coœ(jiiœvos  (fol  17  v").  —  Un  autre  père  de  famille 
destine  son  fds,  âgé  seulement  de  cinq  ans,  à  l'industrie  de 
la  pelleterie;  il  voudrait  le  confier  à  un  des  patrons  les  ])lus 
renommés  : 

Cum  igilur  ego  plures  habe<iin  liberosqiios  veUein  diversis  ar- 

tibus  informari,  intcr  quos  soluiii  bab(;o  quinquennium  (sic)  puerulum, 
capacis  animi  ad  prœccpla ,  qiieni  vcllcm  in  arte  pelliparia  per  vos  fide- 
titer  edoceri,  qua  posset  vitam  in  opère  defendere,  ne  ventreni  faînes 
urgeat  egestate,  vobisque  nuliuin  repererim  aut  noverim  in  talibus  doc- 
lioreni  [qui]  in  arte  illa  mecanica  et  pellibus  reparandis  suae  meliiis  con- 
suleret  insolerciae,  vos  exoro  ut,  si  grave  vobis  non  fuerit,  quatinus 
ipsum  in  arte  vestra  pro  certo  precio  inter  nos  constitulo  lideliter 
doceatis,  quo  edocto  et  vobis  de  salario  satisfacto,  vobis  serviet  ulterius 
ad  libitum  voiuntatis.  (Fol.  if).)  . 

Les  actes  des  professeurs  et  des  écoliers  tiennent  une 
large  place  dans  le  Formulaire  de  Tréguier.  Il  y  est  sur- 
tout question  des  écoles  d'Orléans  [studium  ou  (lymnasimu 
Aurelianense) ,  dont  le  nom  revient  dans  plus  de  vingt  for- 
mules. On  peut  remarquer  en  passant  que,  sept  fois  au 
moins,  les  écoles  d'Orléans  sont  désignées  par  les  mots 
(jyinnasium ou  studiuni  Genabense  (fol.  2,  5  v°,  6  v°,  7  v°,  8  v°. 


XIV'  SIEGI.E. 


\it'  siècLi. 


30  ANONYME, 

17  v"  et  19);  ce  qui  montre  que  Genahum  était,  encore  au 
XIV*  siècle,  considéré  comme  l'ancien  nom  de  la  ville  d'Or- 
léans. Dans  la  plupart  de  ces  textes,  il  s'agit  des  écoles  de 
lettres,  où  s'enseignaient  la  grammaire  et  la  rhétorique  : 
Aurilianis  deditus  studio  lilterali  (fol.  17  v°,  18  et  19).  Deux 
fois  il  est  question  des  écoles  de  droit  :  d'abord  dans  une 
lettre  de  recommandation  pour  deux  jeunes  professeurs  de 
droit  (fol.  6  v"),  puis  dans  une  lettre  qu'un  certain  B., 
seigneur  de  Châteauneuf,  adressait  à  son  fils,  professeur  de 
droit  à  Orléans  [domino  prœdilectofdio ,  Aurilianis  lecfibus  insu- 
danti,  ma(jistro  P.  noniine ,  lc(jum  cxcellentissimo  proj'essori) , 
le  suppliant  de  venir  plaider  devant  l'ofTicial  dans  le  procès 
intenté  à  un  homme  de  mauvaise  foi,  qui,  pour  séduire  la 
.sœur  du  jurisconsulte,  lui  avait  promis  le  mariage  (fol.  7). 
Le  nombre  des  textes  relatifs  aux  écoles  d'Orléans  prouve 
que  l'université  de  cette  ville  était  le  foyer  d'instruction  qui 
rayonnait  sur  la  Bretagne.  Au  milieu  de  tous  les  textes, 
c'est  à  peine  si  le  nom  de  l'université  de  Paris  se  rencontre 
une  fois,  dans  une  lettre  écrite  à  un  curé,  qui  voulait  y 
aller  étudier  l'hiver  suivant  :  suininopere  proponentem  hac  in- 
stanti  hieine  Parisius  m  studio  moraturum  (fol.  2).  —  Nous 
avons  relevé  deux  mentions  de  l'université  de  Bologne. 
Dans  un  endroit,  un  bourgeois  d'Aquitaine  parle  de  son  frère, 
décédé  à  Bologne,  où  il  était  allé  terminer  ses  études 
(fol.  9).  Dans  un  autre,  un  étudiant  de  Bologne  écrit  à  son 

f)ère  qu'il  est  tombé  gravement  malade;  il  demande  qu'on 
ui  envoie  un  cheval  et  de  l'argent,  pour  avoir  le  moyen  de 
venir  chercher  la  santé  sur  le  sol  natal  (fol.  17). 

A  côté  des  universités  figurent  les  petites  écoles,  dans 
lesquelles  les  enfants  recevaient  des  leçons  élémentaires. 
L'une  d'elles,  dont  le  nom  est  passé  sous  silence,  était  si 
florissante  et  attirait  un  si  grand  nombre  d'élèves  que  le 
maître  était  obligé  de  faire  appel  à  un  adjoint  [vira  regulari 
(jramatica  et  positiva  ah  uncjue  tcnero  injbrmato  bacalario),, 
auquel  il  promettait  la  moitié  des  émoluments  (fol.  19  v°). 
—  On  lira  avec  intérêt  la  lettre  par  laquelle  le  maître  des 
écoles  de  Prat  demande  à  un  camarade  de  l'université  d'Or- 


AUTEUR  DU  FORMULAIRE  DE  TRÉGUIER.  31 

léans  de  lui  acheter  un  Doctrinal  et  quelques  auteurs  de 
grammaire  : 

Praecordialissimo  suo  socio  ac  etiam  spécial!  litleraruni  studio  dedito 
Genabensi  G.,  A.,  rector  scolarum  et  scolarium  de  plèbe  Prat,  suus  in- 
timus  et  dévolus,  salutem,  karitatis  vinculo  innodatam.  Catonis  mora- 
litas  nos  instruit  sub  his  verbis  quod  socins  débet  fideii  socio  arcanum 
pandere  suae  mentis.  Cuni  igitur,  consors  fidissime,  regimen  scolarum 
scolarium  de  Prat  michi  nuperrime  sit  collatum ,  nec  habeam  librorum 
copiam  quibus  sulïicienter  possem  instruere  modo  debito,  ut  deberem, 
pueros  mcsc  custodiie  deputatos,  vestram  amiciciam  deprecor  prece  hu- 
mili  et  devota  quatinus,  ni  vobis  grave  fuerit,  studeatis  michi  emere 
Doctrinale  cum  magnis  giosulis  et  veraci  iittera,  tam  in  interlinearibus 
tam  in  textu ,  de  pecunia  quam  vobis  cum  latore  prœsentium  mitto  in 
una  bursula  sigilii  mei  karactere  consignatam,  una  cum  quibusdam 
aliis  auctoribus  gramaticalibus  necessariis  nostrae  scienciœ  litterali,  at- 
tendentes  plane  quod  ego  vobis  tenear  pro  recompensatione  hujusmodi 
servicii  in  iuturum.  (Fol.  8  v°.) 

Citons  seulement  quelques  mots  d'une  lettre  du  maître 
des  écoles  de  villa  Montis  Lati,  peut-être  Morlaix  :  il  invitait 
ses  élèves  à  célébrer  la  fête  de  saint  Jean,  en  lui  apportant 
toute  espèce  de  victuailles,  des  fromages,  des  oignons  et  du 
beurre.  Les  plus  généreux  seront  les  mieux  traités,  et  ce 
jour-lA  les  tapageurs  ne  seront  pas  châtiés  : 

Qui  Formellas  largius  det  suo  doctori, 
Hic  erit  egregius  rector  vestri  cbori , 
Et  vocetur  Filius  meus  es  tu  ;  ori 
Hujus  dentur  nmplius  laudes  summi  fori. 
Fata  Core  miseri  parère  monent  meliori. 
Ergo,  puer,  propera  déferre  magistro 
Butinun  cum  tenera  formella,  aut  Istro 

Mergeris 

Caseos  si  dederis,  babebis  cerasa. 
Et  non  verberaberis,  licet  in  hac  casa 
Strepitum  tu  feceris  et  fregeris  vasa 
Vitri.  Coronaberis  sub  corona  rasa. 

A  plusieurs  reprises  nous  voyons  des  enfants  nobles  mis 
à  l'école  pour  être  en  état  d'embrasser  la  cléricature.  Un  sei- 
gneur, qui  est  appelé  dans  la  formule  B.,  armiger,  dominus 


XI*    SIKCLK. 


\IV'  MKCI.K. 


32  ANONYME, 

IVcnwris  Montis  Alli,  |)rio  un  maîln;  d'école  de  vouloir  bien 
prendre  son  fds  âgé  do  sept  ans:  eutre  autres  compliments, 
il  le  qualifie  de  lux  g  rainât  icœ  rcfjiilaris  et  ctiam  j)ositivœ,(jua' 
liiKjuas  balbucientium  (Ur'ujit  et  dut  idiotis  et  discolis  posse  loqid. 
Cette  élogieuse  requête  est  suivie  d'une  réponse  de  P. ,  rcctor 
scolaruni  {jramaticalium  Villœ  AUœ,  (jui  se  charge  de  l'enfant 
et  s'engage  à  le  rendre  apte  à  devenir  clerc,  au  bout  de  trois 
ans  d'études  (fol.  17).  Les  enfants  nobles,  ainsi  élevés, 
recherchaient  les  bénéfices  de  l'Kglise.  Témoin  la  lettre 
qu'un  chevaHer  écrit  à  Geoffroi  Tournemine,  évoque  de 
Tréguier,  pour  lui  recommander  deux  neveux,  qui  s'étaient 
fait  remarquer  comme  professeurs  de  droit  à  Orléans  et  qui 
n'étaient  encore  pourvus  d'aucun  bénéfice  : 

Reverentlo  in  Christo  palri  ac  domino  domino  G[aufrido]  Tomeniin , 
permissione  divina  episcopo  Trecorensi,  A.  de  Riipeforti,  miles,  suus 
in  omnibus,  salutem  in  eo  qui  est  omnium  vera  salus,  cum  omnimoda 
promtiludinc  famulandi.  Patrimonium  crucifixi  decol'  sunnuopere  pra-- 
îatos  ecclesiœ  impartiri  veris  literatis,  sapientibus  et  discretis.  Vestra; 
palernitafi  quam  plurimum  reverendœ  pni'sentibus  innotescat  quod  ego 
îiaboo  duos  nopotes  provectos  scicntia  et  moribus,  Auriiianis  diucius, 
in  tanto  studio  liberaii,  magnis  et  arduis  sumtibus  exercitio  studii  occu- 
patos,  qui  nullum  adhuc  beneficium  ecclesiasticum  fuerunt  assecuti, 
îicet  praerogativam  babeant  in  gymnasio  Genabensi  inter  iegum  alios 
professores-.  Quamobrem  paternitati  vestra;  suplico  veneranda?  quatinus 
eisdem  providere  dignemini,  intuitu  karitatis,  de  aliquo  beneficio  ecde- 
siastico  competenti;  quo  adcpto'  proficere  Iegum  volumina  poterunt,  et 
pro  vobis  precibus  assiduis  rogitare  creatorem  omnium,  qui  suo  san- 
guine proprio  nos  redemit.  (Fol.  6  v°.) 

La  grammaire  devait  être  enseignée  aux  enfants  nobles. 
A  un  écuyer  qui  avait  demandé  un  exemplaire  du  Doctrinal 
pour  ses  enfants ,  un  écrivain  adresse  la  lettre  suivante  : 

Viro  nobilitate  generis  prœeminenti,  lali  armigero,  suo  intimo  et  di- 
lecto,  taUs  scriptor,  suus  in  omnibus,  salutem  et  se  ad  beneplacita  prae- 
parafum.  Cum  michi,  vir  nobilis,  alias  demandastis  per  vestrarum  sé- 
riera litterarum  quod  ego  ad  opus  et  utilitatem  vestrorum  puerorum 

•  Au  lieu  de  dccel  le  manuscrit  porte  dant. 
'  Posesores  dans  le  manuscrit. 

*  Azepto  dan»  le  manuscrit. 


AUTEUR  DU  FORMULAIRE  DE  TRKGUIER.  33 

quodtlam  Doctrinale  in  veraci  lilera  et  pagina  caprina  exararem,  qiio 
summopere  indigebant  ad  régulas  artis  gramalicœ  capessendas,  noscat 
vestra  dilectio  niihi  kara  me  prœdicliini  librum  sic  cura  vigili  exarare  in 
veraci  litera  et  notuia  mediocri,  ortographias  série  in  omnibus  observata, 
quod  lectures  et  audilores  ob  perversam  literam  nequeant  mentaliter 
claudicare,  iiterali  clausula  puncluatim  in  Iota  libri  série  observata. 
(Fol.  .gv".) 

On  devait  aussi  apprendre  la  grammaire  aux  filles,  à 
celles-là  surtout  qui  étaient  destinées  à  la  vie  religieuse.  La 
dame  de  Chàteaudun  sollicite  l'admission,  dans  le  monastère 
de  Saint-Remi  de  Chartres,  d'une  jeune  fille  nommée  Ca- 
therine, qui  savait  lire  et  était  habituée  à  chanter  les  heures  : 
Literatain  et  qiue  horas  canonicas  et  diurnas  est  solita  cancre  in 
honorein  Dei  omnipotentis  ejusque  malris  et  civium  supenwrnni 
(fol.  18). 

La  plupart  des  morceaux  compris  dans  le  Formulaire  de 
Tréguier  sont  de  véritables  modèles  de  lettres.  Il  s'y  est 
toutefois  glissé  plusieurs  compositions  d'un  genre  tout  dif- 
férent, et  dont  le  caractère  poétique  ne  saurait  être  mé- 
connu; tel  est,  au  folio  5  v",  un  chant  en  l'honneur  de 
saint  Jean ,  invoqué  pour  faire  cesser  une  sécheresse  : 

Cleri  universita." , 
Solve  laudes  débitai 

Beato  Joanni , 
Ut  per  eum  siccita[s] 
Cesset,  et  umiditas 

Adsit  bonis  anni. 


XIV    SIECt.K. 


Telle  est  encore,  au  folio  i3  v°,  une  invitation  à 
chanter  l'amour,  adressée  parle  rossignol  à  tous  les  oiseaux: 

Universis  pennatis  avibus,  quae  susurro  tenui  diem  praeveniunt  in 
aurora,  diem  nitidum  lucifero  retegente  et  noctis  tempora  elTugante, 
Filoména ,  filo  manans  amoris  reflui ,  nocte  dieque  intenta  cantui ,  pro 
salute  citharam  vocis  amoriferae 

Telle  est  surtout  une  touchante  prière,  imitée  en  partie 

TOHE  XXXI.  5 

C     Jg  IWFKIHEIIC    KATIOWAU 


\lt     MCCLC 


34  ANONYME, 

d'uiip  hymne  de  l'Église,  prière  dans  laquelle  les  arbres 
supplient  le  cruel  aquilon  d'épargner  leur  feuillage  : 

Atpjiloni ,  frairum  sanvissimo ,  puisanti  flatu  niibila ,  siibvcrtenti  mon- 
libus  robora,  œquora  concassanti  et  orbem  trcmoribus  borridis,  nives 
in  giandinc  induranti,  quercus*"  (i.  m.),  prunus  {i.p.)el  corulus(j.  c), 
pomu.s(i.  a.),  pirus(j.  p.)  ctcerasus  (i.  c.),osculus  [i.  mesp.)el  sambucus 
(i.  s.),  prinnus  {i.  /an),  cinus(i.  spri),  bodcgares(i.  angrosent) , '^un'iperus 
(i.p.  c),  cornus  [i.  cormes),  alnus  (i.  guer),  iaurus  (i.  /.),  populus  (h.) ,  bo- 
leaslcr  cclei<x«quc  arbores  quœ  terra  radicibus  infiguntur,  qucrimoninm 
lacrimis  defluentein  : 

Saevc  vente,  Boreas  lioridc , 
Cujus  flatu  defluimt  fulia , 
Audi  prcces  nostras  cum  lacrimis. 
Parce  nobis ,  parce  jam  foliis , 
Ne  nostri  ramuscuii  foliis 
Denudentur,  quibus  nvicula-, 
Quae  nituntur  pcnnis  in  acre, 
\idificare  potcrunt  et  garirc. 

Ne  roprinial  citai-ani  vocis  amorifera;  Filoména  ceteraeque  aviculx, 
ne  flatus  lui  horridi  frigore  intolerabili  congelalac  garitum  dulcisonum 
deseranl,  horrida  ieme  inurgente.  Aliter  de  te  fratnjin  sa;vissimo  con- 
quercmur  ad  Amorenn,  judiceni  Latinorum.  (Fol.  lo  v°.) 

H  faut  attribuer  à  un  écart  d'imagination  une  prétendue 
letlredes  maîtresses  de  maison  d'une  localité  indéterminée, 
(jui  recouraient  à  l'industrie  d'un  habile  pourvoyeurpour.se 
procurer  d'abondantes  provisions  en  vue  du  repas  annuel, 
que,  suivant  de  très  vieifles  coutumes,  elles  devaient  donner 
à  leurs  maris.  Il  vaut  mieux  publier  la  pièce  que  la  tra- 
duire : 

Instilori  perilissimo  foro  rerun»  venalium.  omnibus  venundi  peritis 
praeferenti ,  matronarum  universitas  talis  loci ,  pro  salute  amorem  perpe- 
tuum,  totius  dote  nuiltitudinis  babundantem.  Cum  dies  lunae  advenerit 
qui  dicitur  beripastus,  quo  matrona;  egregiae,  juxta  vicissitudines  tem- 
porum  et  statuta  ab  antiquis  temporibus,  a  quibus  jam  non  stat  nie- 
moria,  attentius  observata,  tenenlur  heris  suis  largiflue  cibis  legalibus 
providere,  pro  recompensatione  laudabilis  servicii  per  totius  anni  curri- 
culum  bis  impensi,  nec  babeamus  ferculorum  abundantiam  quibus  refici 

Nous  imprimons  en  italiques  et  entre  parenthèses  les  gloses  interlinéaire»  que 
nous  offre  le  manuscrit,  et  dont  plutienrs  sont  écrites  en  breton. 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  INFORMATION E  PRINCIPUM.   35 

poterunt  nostri  heri,  vos  rogamus,  vobis  intérim  misso  nodo,  quod  in 
nostris  suniptibus  emere  non  tardctis  oves,  boves  pinguissimos ,  cefi- 
voces(?)  grues  et  ardeas,  alciones  et  pares  turturum  et  pullos  lenerosco- 
lumbarum,  nuces  et  caseos,  poma,  pira,  castaneas  ac  etiam  avellanas; 
insuper  nectaris  copiam  et  ambrosia;  largitatem  ob  defectun»  pecuniae 
emere  non  tardetis,  ut,  ventre  herorum  noslrorum  taiibus  saginato,  super 
fémur  nostrum  attendant  potcntissime ,  nobiscarnaledebitum  pro  lalibus 
tribuentes.  Vobis  vero,  pro  servicio  hujus  modi,  janua  serrotioris  nostri 
lalami  reseretur.  (Fol.  ao.) 

Le  Formulaire  de  Tréguier  est  aujourd'hui  classé  ta  la 
Bibliothèque  nationale  sous  le  n"  4'i6  du  fonds  latiti  des 
nouvelles  acquisitions.  L.  D. 


XIV  siEci.r.. 


ANONYME, 

AUTEUR  DU  LItiER  DE  INFORMATIONE  PRINCIPVM. 


La  notice  consacrée  dans  le  volume  précédent  à  Gilles  de 
Rome  a  montré  quel  fut  le  succès  de  l'ouvrage  intitulé  De 
Reffiinine  principwn,  et  surtout  de  la  traduction  française  f[ui 
est  le  plus  souvent  désignée  par  les  mots  «  Du  Gouverne- 
«  ment  des  rois  et  des  princes».  Cet  ouvrage  a  été  parfois 
confondu  avec  un  traité  qui  ne  fut  guère  moins  célèbre,  et 
dont  le  titre  le  plus  ordinaire  est  :  De  inforinalione piincipuin. 

Le  texte  primitif  doit  être  celui  que  nous  a  conservé  un 
manuscrit  du  xv*  siècle,  qui,  après  avoir  successivement 
appartenu  à  Melchisédech  Thévenot  et  à  Isaac  Vossius,  se 
trouve  aujourd'hui  à  l'université  de  Leyde  (n°  82  de  la  série 
in-4°  du  fonds  de  Vossius).  Il  est  intitulé /«c//>i<  liber  de  in- 
Jormatione  principum  et  débute  par  un  prologue  dont  voici 
les  premières  lignes  : 

aRegnabit  rex,  et  sapiens  erit,  et  faciet  judicium  et  justitiara  in 
«  terra.  »  In  verbo  proposito ,  Dominus  per  prophefam  Christum  venturum 

5. 


xiv'  siÈa.K. 


36  ANONYME, 

prœnuntians ,  ejusque  regale  fastigium  valde  compendiose  describens , 
superius  exemple  reges  omnes  et  principes  eleganler  informât,  ac  eorum 
quemiibel  quaiis  esse  debeat  et  qualiter  regere  populum  sibi  subjectum 
expédiât  sub  verborum  brevitate  demonstrat.  Quoniam  etsi  Chrislus, 
qui  caput  est  omnium  salvandorum,  datus  est  omnibus  in  totius  sancti- 
talis  et  perfectionis  exemplum,  specialiter  lamen  in  verbo  prjpmisso  cui- 
libet  régi  vel  principi  pra;ponitur  ut  spéculum  clarissimum  ad  intuendum , 
ut  exemplar  evidentissimum  ad  imitandum,  velut  forma  pulcherrinia 
cui  debeat  conformari,  lanquam  norma  rectissima  cui  oporteat  adap- 
tari.  Audiant  igitur  omnes  reges  et  principes  et  vigilanter  attendant  quod 
Dominus  per  propbetam  hic  tangit  quatuor  in  sublimitatis  culmine  et 
regendae  rei  publicœ  soUicitudine  constituto  principaliter  attendenda. 
Tangit  namque  statum  excellentia?,  actum  prœsidentiae ,  lumen  direc- 
tivum  et  fmem  completivum.  Primum  exprimitur  cum  dicil  «  Rex  »;  se- 
cundum  tangitur  cum  ait  «  Regnabit»;  terlium  addit  cum  subjungit  «  Et 
«sapiens  erit»;  quartuni  ostenditur  cum  concludit  «Et  faciet  judi- 
"cium,  etc.»,  Ista  quatuor  sunt  nec(^ssaria,  nec  unum  sine  altero  sulTî- 
ceret. 

L'auteur,  en  prenant  pour  texte  ce  que  Jérémie  (xxiii,  5) 
avait  prophétisé  du  rejeton  de  David  :  «Roi,  il  régnera, 
«  et  il  sera  sage,  et  il  rendra  la  justice  sur  la  terre,  »  voulait 
rappeler  que  le  Christ  était  le  véritable  modèle  des  rois  et 
des  princes.  Cette  remarque  générale  disparut  dans  un  re- 
maniement de  l'ouvrage  qui  fut  exécuté ,  soit  par  l'auteur,  «soit 
par  un  copiste,  pour  flatter  le  fils  de  Philippe  le  Bel,  depuis 
roi  de  France  sous  le  nom  de  Louis  X.  Suivant  la  nouvelle 
rédaction,  les  paroles  prophétiques  de  Jérémie  s'appliquaient 
tout  naturellement  au  prince  Louis,  en  qui  se  trouvaient 
réunies  toutes  les  qualités  nécessaires  pour  faire  un  excellent 
monarque. 

Nous  connaissons  à  la  Bibliothèque  nationale  quatre  ma- 
nuscrits du  XV*  siècle  dans  lesquels  se  trouve  la  seconde 
rédaction  du  traité  de  l'Information  des  princes;  savoir  : 
latin  6698,  petit  in-4",  sur  papier,  sans  rubriques  au 
commencement  et  à  la  fin;  latin  6698  A,  petit  in-4°,  sur 
papier,  sans  rubriques  au  commencement  et  à  la  fin  ;  latin 
6780,  jadis  de  Bigot,  très  petit  in-4°,  sur  parchemin,  avec 
ce  titre  :  Incipit  Liber  de  informat ione  princi/mni;  latin  1 662  2 , 
jadis  du  cardinal  de  Richelieu,  petit  in-4'',  sur  parchemin, 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  IN  FORMATION  E  PRIi\CIPUM.   37 

avec  ce  titre  :  Incipit  Liber  de  informatione principum.  Dans  ces 
quatre  manuscrits  le  prologue  commence  par  ces  mots  : 

«  Regnabit  rex,  et  sapiens  erit,  et  faciet  judiciuin  et  justitiam  in  terra.  » 
Jerem.  xxiii.  Si  quis  in  prirclarissimo  juvene  excellentissimi  principis 
ac  domini  praepotentis  Phiiippi,  Dei  gratia  Francorum  régis  illustrissimi , 
primogenito,  domino  videlicet  Ludovico',  diiigenter  attendat  vivacem 
sensum ,  subtile  ingenium ,  tenacem  memoriam ,  voluntatem  ad  bonum 
promptissimam ,  praedaritatem  indolis  et  morum  omnium  venustatem ,  lu- 
culenter  potest  advertere  quam  vere  de  dicto  domino  Ludovico  possit  intei- 
ligi  verbum  propositum  :  «  Regnabit  rcx ,  et  sapiens  erit ,  etc.  ;  »  et  quam 
pra'clare  et  signanter  propbeta  sanctus,  quasi  demonstrans  eum  digito,  do 
ipso  praenuntiet  qualis  sperandus  sit  esse  futurus ,  quaiiter  in  regni  regi- 
mine  sit  acturus.  Praedicens  autem  propbeta  élégantes  conditiones  ipsius, 
breviter,  sufficienter  et  clare  docet  omnem  regem  et  principem ,  descri- 
bens  eum  quantum  ad  statum  excellentiae ,  actum  vel  usum  pracsidentia,' , 
lumen  directivum,  Tmem  completivum.  Primum  intelligitur  cuni  dicit 
«Rex»;  secundum,  eum  addit  •Regnabit»;  tertium,  eum  subjungit 
«  Sapiens  erit  »  ;  quartum,  eum  ait*  Faciet  judicium  et  justitiam  in  terra  ». 
Ista  quatuor  sunt  neeessaria,  nec  unum  sine  altero  sufficeret. 

La  composition  de  l'ouvrage  est  évidemment  antérieure 
à  l'année  1 3 1 4 ,  date  de  l'avènement  de  Louis  X  au  trône 
de  France.  D'autre  part,  elle  doit  se  placer  après  l'année 
1297,  date  de  la  canonisation  de  saint  Louis.  Cela  résulte 
des  termes  que  l'auteur  emploie  quand  il  veut  exalter  les 
vertus  de  l'aïeul  de  Philippe  le  Bel.  Au  chapitre  xxvi  de  la 
première  partie,  il  rappelle  la  magnificence  de  saint  Louis, 
attestée  par  tant  de  constructions  religieuses,  et  il  met  en 
regard  l'avidité  et  la  futilité  des  princes  modernes,  qui 
dépouillent  les  églises  plutôt  que  de  les  enrichir  : 

Beatus  Ludovieus  rex  magnifiée  studuit  exaltare  honorem  divinuni, 
ecclesiam  honorare,  monasteria,  templa,  capcHas  et  hospitalia  plura 
construere,  ac  venerandas  toti  mundo  reliquias  in  capella  proprii  Pari- 
siensis  palatii  venerabiliter  eolloeare.  In  talibus  principes  nostri  voluerunt 
esse  magnifiei  pro  honore  Dei  et  eeclesiae,  exaltatione  fidei  et  suarum 
salute  animarum.  Moderni  vero  principes  plus  curant  ecclesias  spoliare 
et  monasteria  quam  ditare,  gravare  quam  construere,  in  vanis,  super- 
fluis  et  nocivis  suam  magnifieenciam  ostenfcire  volentes. 


XIV*  SIÈCLE. 


'  Ce  passage  est  altéré  dans  le  ma- 
nuscrit 6698  A,  qui  porte  :  domini 
prtepotentit  Ludovici ,  Dei  gratia  Frun- 


corun  régis  illustrissimi ,  primogenito ,  do- 
mino videlicet  (  place  d'un  rtiot  laissé  en 
blanc  )  diiigenter  attendat. 


Ms.  Je 
fol.  3o. 

Ms.lati 
fol.  34. 


Vossius , 
niGGai, 


\IV    SIECt.E. 


38  ANONYME. 

Un  peu  plus  loin  (ch.  xxx)  il  fait  un  touchant  tableau  du 
zèle  de  saint  Louis  à  secourir  les  malheureux,  surtout  les 
pauvres  honteux,  à  visiter  les  églises  et  les  hôpitaux,  à  servir 
lui-même  les  malades,  à  soutenir  les  écoliers  et  à  marier 
les  filles  dénuées  de  ressources  : 

Ms. HuNoAslu",         Beatus  Ludovicus,  qui  depauperatis  militibus,  scutiferis,  do- 

lol.  36  »".  ininabus  viduis  aliisque  pauperibus  verecundis  mittebat  elcniosinas  suas 

M». Iaiiiii()(>>7.    largas  et  magnas  secreto ,  ut  eorum  verecundiam  tegeret  et  indigentiam 

"  ■  "  relevaret;  circuibat  per  monasteria  religiosorum  pauperum  et  hospitnlia 

visitabat,  ut  eis  elcinosinas  suas  secundum  eoruin  indigcntias  largiretur, 

vesliebat  nudos,  manu  sua  pascebat  famelicos,  aptos  ad  addiscendum 

.>>ustentabat  in  scolis  et  puellas  pauperes  mariUibat. 

L'auteur  de  l'ouvrage  aurait  appartenu  à  l'ordre  des  do- 
minicains, s'il  fallait  s'en  rapporter  aux  rubriques  initiales 
de  deux  anciens  exemplaires  de  la  traduction  française. 
L'un  d'eux,  n°  1210  du  fonds  français  de  la  Bibliothèque 
nationale,  porte  au  commencement:  «  Cy  commence  le  livre 
«  de  rinformacion  des  roys  et  des  princes,  fait  et  conpilé 
«  par  ung  maistre  en  théologie  de  l'ordre  saint  Domi- 
«  nique;  »  et  à  la  fin  :  «  Cy  fine  le  quart  livre  et  le  derrenier 
«de  ceste  présente  euvre,  intitulée  l'introducion  des  roys 
«et  des  princes,  composée  par  ung  excellent  docteur  de 
■I  théologie,  de  l'ordre  saint  Dominique.  »  On  lit  en  tête  du 
second  manuscrit,  n"*  9629  du  fonds  français  :  «Cy  aprez 
«  commance  le  livre  appelle  l'Informacion  des  roys  et  des 
«princes,  lequel  composa  un  docteur  en  théologie,  de 
«  l'ordre  de  saint  Dominique,  pour  induire  en  bonnes  meurs 
"  Loys,  ainsné  filz  du  roy  Phelippe  de  Valoys,  roy  de 
"  France.  »  L'origine  du  premier  de  ces  deux  manuscrits, 
sur  lequel  Jean,  duc  de  Berri,  a  mis  deux  fois  sa  signature, 
semble  devoir  inspirer  une  certaine  confiance;  mais  il  faut 
bien  remarquer  que  le  volume  n'a  pas  été  exécuté  pour  le 
Dehsie.  Le  ca-  priuce  ;  il  est  sorti  de  la  boutique  d'un  libraire  parisien, 
"""ni  '"si'"'  Regnault  du  Montet,  qui  le  venait  en  1409  au  duc  de  Berri. 
Quant  au  second  manuscrit,  il  n'y  a  guère  lieu  d'en  tenir 
compte  :  nous  y  voyons  que  le  traité  a  été  composé  «  pour 
«  induire  en  bonnes  meurs  Loys,  ainsné  filz  du  roy  Phe- 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  INFORMATIONE  PRINCIPUM.  39 

«lippe  (le  Valoys,  roy  de  France»;  c'est  là  une  grossière 
méprise,  qui  doit  nous  mettre  en  garde  vis-à-vis  de  l'auteur 
de  la  rubrique.  Nos  autres  manuscrits  gardent  le  silence 
sur  la  qualité  aussi  bien  que  sur  le  nom  de  l'écrivain  dont 
nous  nous  occupons.  C'est  donc  sous  toutes  réserves  (jue 
nous  indiquons,  d'après  les  manuscrits  i  2  lo  et  9629,  l'at- 
tribution de  l'Information  des  princes  à  un  religieux  de 
l'ordre  de  Saint-Dominique. 

L'ouvrage  est  divisé  en  quatre  parties  :  la  première  a 
j)Our  objet  l'excellence  de  la  dignité  royale  et  les  vertus  les 
plus  nécessaires  à  un  roi;  dans  la  deuxième  sont  indiquées 
d'abord  les  obligations  du  roi  envers  lui-môme  et  envers  sa 
femme,  ses  enfants,  ses  parents  et  ses  sujets,  puis  les  mœurs 
des  courtisans  et  des  fonctionnaires  royaux,  tels  que  le  con- 
fesseur, les  chapelains,  les  aumôniers,  les  chambriers,  les 
officiers  de  tout  ordre  [ministcriales) ^  les  conseillers,  les 
baillis,  prévôts  et  autres  justiciers,  les  chevaliers;  dans  la 
troisième  il  est  surtout  question  de  la  sagesse,  et  dans  la 
quatrième  de  l'administration  de  la  justice.  Le  fond  du 
livre  est  tiré  en  grande  partie  de  l'Ecriture  sainte,  de  l'his- 
toire ancienne  et  des  écrits  des  Pères  de  l'Église  et  des  mo- 
ralistes latins  qui  étaient  les  plus  répandus  au  moyen  âge. 
Il  y  a  peu  d'originalité;  mais  les  règles  de  conduite  que 
l'auteur  a  tracées  sont  fort  judicieuses,  et  les  princes  qui 
les  ont  fidèlement  suivies  ont  dû  faire  le  bonheur  des  peu- 
ples soumis  à  leur  autorité. 

Le  traité  de  l'Information  des  princes  présente  des  ana- 
logies remarquables  avec  un  autre  ouvrage  du  temps  de 
Philippe  le  Bel,  le  Miroir  des  dames,  que  nous  avons  ana- 
lysé dans  le  précédent  volume  et  que  nous  avons  proposé 
d'attribuer  à  un  franciscain,  nommé  Durand  de  Champagne. 
Les  onze  derniers  chapitres  de  l'Information  des  princes 
sont  intitulés  : 

XX.  Quod  justitia  summe  sit  necessaria  principibus.  —  XXI.  De 
justitia  débita  Deo.  —  XXII.  De  jusUtia  in  semetipsum.  —  XXIII. 
De  justitia  in  patriam,  et  primo  de  justitia  commutativa.  —  XXIV. 
De  justitia  vindicativa.  —   XXV.  Quod  cavenda  est   negligentia.  — 


XI  \     SIECLE. 


Histoire  litt.  cl 
la  France,  t.  XXX  , 
p.  3o3. 


XIV    SIECI.K. 


40  ANONYME. 

XXVI.  Quotl  cavenda  est  crudeiitas.  —  XXVII.  Quodafrecliisclementiae 
non  enervat  virtutem  justitiae.  —  XXVllI.  Quod  justitia  débet  fieri  ccle- 
riler  sine  dilatione.  —  XXIX.  De  justitia  distributiva.  —  XXX.  De  jus- 
tifia retributiva. 

Or  ces  onze  chapitres  (fol.  loi  v^-i  1 1  du  manuscrit  de 
Leyde;  fol.  iiA  v"-i'j6  du  manuscrit  latin  1665-?  de 
Paris)  sont  la  reproduction  à  peu  près  littérale  des  cha- 
pitres xxii-xxix  de  la  troisième  partie  du  Miroir  des  dames 
(fol.  1  16-126  du  manuscrit  latin  6784).  Toutefois,  le  cha- 
pitre xxviii  de  l'Information  contient  un  récit  dont  il  n'y  a 
point  trace  dans  le  Miroir  et  qui  est  un  des  morceaux  les 
plus  curieux  de  l'ouvrage.  C'est  un  exemple  des  contes  qui 
circulaient  en  France,  moins  de  cent  ans  après  la  mort  de 
Philippe  Auguste,  sur  la  façon  dont  ce  grand  roi  rendait  la 
justice  à  ses  sujets.  Nous  le  citons  d'après  l'ancienne  version 
française  : 

Ms.tranç.  igSo,  Li^"  raconte  du  roi  Phelippe  qui,  en  che\auchant  par  sa  terre,  trou\a 
loi.  l 'iG,  147.  le  corps  d'un  homme  mort,  qui  cstoit  navré  de  pluseurs  plaies  et  gesoil 
jouste  ie  chemin.  Et  comme  il  rcjjardast  partout  environ  et  il  ne  veisf 
nulli ,  si  se  prist  a  penser  que  c  estoit  aucun  bon  homme  qui  se  fust  fort 
defîendu  contre  pluseurs  autres  ses  anemis,  et  que  autrement  il  ne  peust 
avoir  receu  tant  de  plaies.  Et  comme  le  dit  roy  vint  a  son  hostel,  si  des- 
cendi  de  son  cheval,  pensif  et  désirant  a  trouver  qui  avoit  commis  celi 
homicide,  et  sanz  atargier  ala  a  lOstel  Dieu,  aussi  comme  meu  de  pitié 
et  comme  s'il  vousist  visiter  les  malades  par  cause  de  devocion ,  comment 
qu'il  pensast  autre  chose.  Et  comme  il  ot  veu  presque  touz  les  malades, 
si  en  trouva  un  qui  avoit  pluseurs  plaies,  mais  il  muçoit  moult  son  vi- 
sage afin  que  le  roy  ne  le  veist  ne  cogneust.  Mais  ie  roy  le  descouvri  et 
desiia,  et  li  demanda  ou  il  avoit  pris  ces  plaies,  et  quant,  et  qui  ce  ii 
avoit  fait ,  et  par  quelle  fortune  il  estoit  ainsi  navré.  Et  tant  fist  le  roy 
que  le  navré  li  recognust  la  vérité,  c'est  assavoir  qu'il  avoit  esté  avec  plu- 
seurs autres  a  tuer  un  marcheant ,  lequel  s'estoit  si  virtueusement  deffendu 
qu'il  en  avoit  navré  jusques  a  dis  avant  qu'il  le  peussent  occirre.  Adoncle 
roy  le  fist  mener  au  gibet  et  le  fist  pendre,  et  après  commanda  que 
l'en  li  feist  venir  touz  les  surgiens  du  pays;  si  enquist  de  eulz  quieux 
malades  et  quans  il  avoient  en  leurs  cures.  Et  furent  environ  les  x 
trouvez  qui  avoient  esté  presens  a  la  mort  dudit  marcheant,  lesquiex 
examinez  furent  trainez  et  penduz  selon  leurs  démérites ,  et  ordena  le  roy 
que  touz  telz  maufaitteurs  fussent  gettez  et  exterminez  du  pays.  i 

Il  fu  un  baillif  qui  desiroit  moult  a  avoir  la  possession  d'un  héritage 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  INFORMATIONE  PHINCIPUM.    4 1        ^^^.  ^^^^^ ^ 

d'un  sien  voisin,  lequel  voisin  ne  li  voulu  onques  vendre  tant  qu'il 
vesqui.  Apres  ce  qu'il  fu  mort  et  enterré,  le  dit  baillif  vint  au  sépulcre 
du  dit  mort  avec  douze  tesmoins,  et  abstrait  le  corps  du  sépulcre  devant 
touz  ces  tesmoins  et  le  mist  séant  en  une  chaiere  et  li  disoit  :  «  Martin , 
«me  vendras  tu  telle  possession?»  Et  le  corps  qui  estoit  en  la  chaiere 
levé,  comme  il  ne  se  peust  soustenir,  enclinoit  le  chief,  et  les  astans  le 
tenoient  par  les  costés.  Adonc  disoit  le  baillif  as  astans  :  «  Voiez  vous 
«  comme  il  encline  le  chief  et  demonstre  qu'il  consent  a  la  vendicion  de 
«  telle  possession.  »  Et  après  pluseurs  interrogatoires,  ainsi  comme  il  est 
acouslumé  a  faire  en  tel  cas,  et  il  [sic]  mort  a  chascun  enclinast  le  chief,  le 
baillif  dist  aus  astans  tesmoins  :  ><  \'ous  me  soies  tesmoins  de  tout  ce  que 
«  vous  oyez ,  comme  cesti  me  vent  telle  possession.  »  Et  sur  ce  les  actes 
faites,  le  corps  fu  remis  ou  sépulcre,  et  le  baillif  entra  en  possession  et 
saisine  de  la  dite  possession.  Si  vint  la  clameur  de  la  femme  du  mort  au 
roy  Plielippe  devant  dit.  Et  comme  le  roy  pensast  bien  que  aucune 
fraude  il  y  pourroil  avoir,  si  fist  venir  a  li  les  devant  dis  tesmoins.  Si 
demanda  au  baillif  pourquoi  et  par  quel  tytre  il  tenoit  celle  possession  ; 
et  il  li  respondi  que  ces  douze  hommes  e.stoient  tesmoins  comment  le 
mort  li  avoit  vendue,  et  il  l'avoit  achetée  par  juste  pris,  et  que  le  mort 
en  avoit  receue  la  pccune  en  sa  main,  si  comme  les  tesmoins  l'avoient 
veu.  Adonc  le  roy,  aiant  suspicion  de  fraude ,  sanz  délai  examina  les  tes- 
moins par  cesie  matière.  Il  en  appella  l'un  qu'il  vit  le  plus  simple,  et  a 
part  li  dist  quil  deist  sa  patenostre,  et  après  le  fist  mener  en  un  lieu 
autre  séparé,  et  delTendi  que  nul  des  autres  tesmoins  ne  parlast  a  li. 
Adonc  le  roy  en  appella  un  autre,  et  li  dist  qu'il  recogneust  vérité  et  que 
le  premier  li  avoit  dit  aussi  la  vérité  comme  la  patenostre.  Et  comme  ce 
tesmoing  doubtast  a  estre  repris  de  menronge,  cuidant  que  le  premier 
eust  raporté  toute  la  vérité  du  fait ,  si  recognut  devant  le  roy  tout  le  fait 
et  la  manere  devant  dite,  et  ainsi  furent  touz  les  autres  appelles  l'un 
après  l'autre.  Adonc  le  roy  se  mist  en  siège  de  juge,  en  consistoire, 
devant  touz  les  barons,  et  fist  aus  dis  tesmoins  recognoistre  tout  ce  qu'il 
li  avoient  dit  en  secret.  Si  condampna  le  dit  baillif  a  mourir,  et  délivra 
la  possession  a  la  povre  veuve. 

Par  ce  appert  comme  soutilment  il  enqueroit  et  comme  sanz  délai 
poursivok  et  expedioit  ses  jugemens  et  tenoit  rigeur  de  justice  la  ou  il 
appartenoit. 

Charles  V  possédait  clans  sa  bibliothèque  au  moins  un 
exemplaire  du  texte  latin  de  l'ouvrage  que  nous  faisons 
connaître;  les  inventaires  le  désignent  par  les  mots  :  «  De  Deiisit;,  ic  Ca 
«  inforinationc  princi/mni ,  en  latin.»  Toutes  les  personnes 
auxquelles  s'adressait  un  tel  livre  n'étaient  pas  familières 
avec  la  langue  latine.  Aussi  Charles  V  donna-t-il  des  ordres 

TOME   XIXI.  6 


liiiiet  lies  inss., 
t.  III.  |>.  ilo, 
n"  5  !  ! . 


i-ei.;l>ie    ^triot^il. 


IIV*  SIÈCLI. 


iX'iisle,   le  Ca- 
binet    Hf^      DISS.  , 

I.  in.  p.   l^„, 

n"  S?.'?. 


^2 


ANONYME, 


pour  qu'une  traduction  française  en  fût  rédigée  ])ar  frère 
Jean  (lolein,  de  l'ordre  des  Carmes.  Il  en  est  fait  mention 
sur  l'inventaire  de  la  librairie  du  Louvre  :  «  De  inforniationc 
Mi  principiim ,  en  françois,  translaté  par  maistre  Jehan  Gou- 
«lain.»  La  Bibliothèque  nationale  a  recueilli  (fonds  fran- 
çais, n"  iqSo)  un  exemplaire  de  cette  traduction,  qui  fut 
copié  en  1879  pour  Charles  V  lui-même,  comme  l'atteste 
la  souscription  mise  à  la  fin  du  volume  par  un  des  plus  fa- 
meux copistes  du  xiv"  siècle  : 

Henri  du  Trevou  a  escript  ce  livre  de  Tlnformacion  des  roys  et  des 
princes,  et  l'acheva  a  escrire  le  juesdi  xxii'  jour  de  septembre  l'an 
mil  ccc  Lxxix,  pour  le  roy  de  France  Charles,  son  très  chier  et  redoubté 
seigneur. 

Sur  la  première  page  du  volume,  dont  une  reproduction 
héliographique  fait  partie  de  l'Album  paléographique  de  la 
Société  de  l'Ecole  des  chartes  (planche  4i),  une  miniature, 
encadrée  d'une  bordure  tricolore,  nous  offre  un  excellent 
portrait  de  Charles  V.  Au-dessous,  une  rubrique  nous  ap- 
prend comment  la  traduction  a  été  faite,  conformément  aux 
ordres  du  roi,  par  le  carme  frère  Jean  Golein  :  «Ci  com- 
«  mence  le  livre  de  l'Informacion  des  princes,  translaté  de 
«  latin  en  françois,  du  commendement  du  roy  de  France 
Il  Charles  le  quint,  par  son  clergonnet  frère  Jehan  Golein, 
<i  de  l'ordre  de  Nostre  Dame  du  Carme ,  maistre  en  theo- 
«  logie  indigne.  »  Le  traducteur  avait  sous  les  yeux  la  seconde 
rédaction  latine,  celle  que  nous  offrent  les  manuscrits  latins 
6698,  6698  A,  6780  et  16622.  La  lecture  des  premières 

f)hrases  du  prologue,  qu'on  pourra  comparer  avec  le  texte 
atin  cité  un  peu  plus  haut,  donnera  une  idée  des  libertés 
que  s'est  permises  Jean  Golein  : 

Regnabit  rex ,  et  sapiens  erit ,  et  faciet  judicium  et  jastitiam  in  terra 
(Jeremiae  xxni).  Le  glorieus  prophète  Jeremie,  qui  fist  le  livre  des  la- 
mentacions  et  pleurs  sur  la  destruction  du  royaume  des  Juifs,  en  de- 
monstrant  la  cause  d'icelle  ruine  pour  le  fol  et  mauvais  gouvernement 
des  roys  qui  lors  regnoient ,  veullant  autressi  conseillier  ceulz  qui  seur- 
vivroient  par  la  bonne  ordenance  d'un  roy  qu'i[l]  savoit  par  la  revelacion 
qui  devoit  avenir,  en  donnant  la  cognoissance  d'iceli  roy,  et  a  quoy  l'en 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  INFORMATIONE  PRINCIPUM.    43 

le  pourroit  clerement  cognoistre  et  aviser,  dist  ces  paroles  devant  mises  : 
Regnabit  rex,  etc.  «  Le  roy  régnera,  et  sera  sage,  et  fera  jugement  et  jus- 
«  tice  en  terre.  »  Et  pour  ce,  en  considérant  diligeaument  le  vif  sens  et 
soutil  engin  et  mémoire  retentive  et  la  volonté  très  appareilliee  et  ordenee 
a  tout  bien  et  la  vertueuse  jeunesce,  de  touz  bons  meurs  aomee  et  en- 
noblie, qui  estoit  ou  1res  excellent  jeune  prince  et  très  puissant  jeune 
seigneur  monseigneur  Loys,  ainsné  de  Phelippe,  par  la  grâce  de  Dieu 
roy  des  François  très  puissant,  puet  on,  pour  consoler  le  peuple  de 
France  de  miex  en  miex ,  dire  que  ces  paroles  puent  estre  de  li  exposées 
en  prophetant  de  li  et  disant  :  Regnabit  rex,  etc.  Esquelles  paroles  du 
saint  prophète ,  aussi  comme  se  il  le  veist  au  doit  et  a  l'ueil ,  est  nostre 
dit  jeune  seigneur  clerement  designé;  et  quelle  espérance  l'en  puet  avoir 
de  li  pour  le  temps  avenir,  et  comme  le  royaume  pourra  par  li  estre 
bien  gouverné ,  ce  puet  apparoir  par  les  condicions  qui  sont  en  ce  devant 
dit  theumc  touchiees,  et  a  li  et  a  chascun  bon  roy  et  prince  appliquiees. 
Car  le  dit  prophète  le  descript  et  demonstre,  et  tout  autre  bon  roy  et 
prince ,  avoir  prérogative  quant  a  Testât  d'excellence ,  quant  au  fait  et 
usage  de  présidence,  quant  a  la  sapience  que  on  doit  de  Dieu  requérir 
humblement,  quant  a  la  fin  qui  est  a  l'onneur  de  Dieu  principaument. 
[^'excellence  de  lestai  est  ou  roy  désignée  :  Rex.  La  présidence  royal  sera 
en  régnant  declairee  :  Regnabit.  La  sapience  en  regimen ,  puisque  elle  est 
de  Dieu  inspirée  :  Sapiens  erit.  La  sentence  en  jugement  sera  clere  et  de 
touz  approuvée  :  Faciet  judicium  etjasticiam  in  terra.  Ces  quatre  condi- 
cions sont  neccessaires  en  chascun  bon  prince,  et  ne  soufTist  mie  fune 
sanz  l'autre. 

Le  succès  de  la  traduction  de  Jean  Golein  est  attesté  par 
le  nombre  des  copies  qui  nous  en  sont  parvenues.  La  Bi- 
bliothèque nationale  n'en  possède  pas  moins  de  neuf,  sans 
compter  l'exemplaire  original  exécuté  pour  Charles  V  : 

Français  126.  Grand  in-fol.,  sur  parchemin,  à  deux 
colonnes.  Exemplaire  copié  et  peint  au  xv*siècle  pour  l'éche- 
vinage  de  Rouen.  •  Ce  livre  fut  extrait  et  translaté  du  livre 
«  du  Régime  des  princes,  fait  par  messire  Gilles  de  Romme, 
«  arcevesque  de  Bourges,  adreçant  a  monseigneur  Louys  filz 
«  ainsné  de  Phelippe  le  Bel.  Cy  commence  le  prologue  de 

«  rinformacion  des  princes  :  Regnabit  rex »  L'auteur  de 

cette  rubrique  initiale  a  confondu  le  traité  de  l'Information 
des  princes  avec  l'ouvrage  de  Gilles  de  Rome  sur  le  même 
sujet. 

Français  679.  In-fol.,  sur  parchemin ,  à  deux  colonnes. 

6. 


XIV'  SlàCLE. 


\iv'  siici.E. 


44  \NONYME, 

(lopie  du  XV*  siècle,  ayant  appartenu  à  Jacques  d'Armagnac, 
duc  de  Nemours.  «  Cv  commence  le  livre  du  Régime  des 
«princes,  translaté  de  latin  en  François,  par  mess  ire  Gilles 
'<  (le  Hommes,  archevesque  de  Bourges,  en  la  faveur  et  con- 
«  tempiacion  de  très  excelentprince  monseigneur  Loys,  fdz 
«  ainsné  de  Phelippe  le  Bel,  roy  de  France,  lequel  livre  en 

>i  soy  est  divisé  en  quatre  parties Cy  commence  le 

"  prologue  du  livre  de  l'Informacion  des  princes  :  Rccjnabit 

K  vcx »  Il  y  a  encore  ici  la  confusion  que  nous  avons 

signalée  à  propos  du  manuscrit  i  26. 

Français  58 1.  In-fol.,  sur  parchemin,  à  deux  colonnes. 
Dans  cette  copie,  qui  est  du  commencement  du  xv''  siècle, 
le  nom  de  Louis,  fils  de  Philippe  le  Bel,  a  disparu  du  pro- 
logue, pour  être  remplacé  par  celui  de  «monseigneur 
«Charles,  ainsné  de  Jehan,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  <les 
«  François  très  puissant.  » 

Français  1  jog.  Iii-fol.,  sur  ])apier.  Ecriture  du  xv' siècle. 
«  Cy  commence  le  livre  de  l'InJormacion  des  princes,  trans- 
«  laté  de  latin  en  françoys,  du  commandement  du  roy  de 
«France  Charles  le  quint,  par  frère  Jehan  Golein,  [de 
«  l'ordre  de]  iNoslre  Dame  du  Carme,  maistre  en  théologie. . . 
«  Explicit  l'Informacion  des  princes.  » 

Français  1210.  In-fol.,  sur  parchemin,  à  deux  colonnes. 
Exemplaire  du  commencement  du  xv"  siècle,  qui  a  appar- 
tenu à  Jean,  duc  de  Berri,  et  dont  les  rubriques  ont  été 
citées  un  peu  plus  haut. 

Français  1211.  In-Zj",  sur  parchemin,  à  deux  colonnes. 
Belle  copie  de  la  hn  du  xiv"  siècle,  dépourvue  de  toute  ru- 
brique au  commencement  et  à  la  fin. 

Français  1  2  i3.  In-fol.,  sur  parchemin,  à  deux  colonnes. 
Belle  copie  de  la  fin  du  xiv"  siècle  ou  du  commencement 
du  xv";  elle  paraît  avoir  été  exécutée  pour  Louis,  duc 
d'Orléans,  et  a  été  possédée  par  Charles,  duc  d'Orléans, 
qui  a  mis  sa  signature  à  la  fin.  Il  n'y  a  de  titre  ni  au  com- 
mencement ni  à  la  fin. 

Français  9629.  In-fol.,  sur  parchemin,  à  deux  colonnes. 
Copie  du  XV*  sièclç,  dont  la  rubrique  initiale  a  été  citée  un 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  INFORMATIONE  PRINCIPUM.    /i5 

peu  plus  haut.  Cet  exemplaire  est  depuis  longtemps  fort  in- 
complet. 

Français  i-îsS^.  In-fol.,  sur  parchemin,  à  deux  colonnes. 
Copie  (le  l'année  i  439,  intitulée  :  «  Ci  commence  le  livre  du 
«  Gouvernement  des  princes.  »  Ce  bel  exemplaire  a  été 
exécuté  pour  le  prince  qui  devint  duc  de  Bretagne  en 
i4/l2  sous  le  nom  de  François  l"  :  Explicit  per  inaniim  Jo- 
liannis  Mercatons,  illnstns  principis  donuni  coinitis  de  Monte 
Forli,  (hicis  lintanm  piinuuiciuli ,  secrctani,  die  seciinda  viensis 
famiaru,  anno  Doiniiu  mdlesiino  (^uadruujenlesimo  tricesirno 
octavo. 

Vers  la  fin  du  xv"  siècle,  un  écrivain,  dont  nous  ne  con- 
naissons pas  le  nom,  mit  de  nouveau  en  français  le  livre  de 
rinformation  des  princes.  11  travailla  sur  le  premier  texte 
latin,  tel  cpie  nous  l'avons  dans  le  manuscrit  de  l'université 
de  Leyde.  On  en  peut  juger  par  les  premières  lignes  du 
|)rologue  : 

Le  livre  qui  enseigne  comment  les  roys  se  doivent  gouverner. 

Regnabil  re.t,  cl  sapiens  crit,  cl  faciet  jadiciuin  et  jasticiani  in  terra. 
«  Le  roy  régnera  et  sera  sage,  et  fera  justice  et  jugement  en  terre.  »  En 
ces  paroles  proposées,  Dieu  nostre  créateur,  parle  prophète  prédisant 
l'advenement  de  Jesu  Ciist,  et  descripvant  moult  compendieusement  la 
haultesse  de  sa  royale  magesté,  en  l'exemple  dessus  dit,  informe  touz 
roys  et  princes,  et  leur  demonstre  en  paroles  brefves  quelz  ilz  doivent 
çstre,  et  comment  ilz  doivent  gouverner  le  peuple  a  eulx  subget.  Car, 
combien  que  nostre  Sauveur  Jesu  Crist  de  tous  les  saulvez  soit  le  chief 
et  exemple  a  tous  de  toute  saincteté  et  perfection ,  si  est  il  par  grant  espe- 
ciaulté  proposé  au  devant  de  tous  princes  et  roys  comme  ung  mirouer 
très  cler  a  regarder,  pour  estre  ensuivy  comme  exemple  très  évident, 
comme  une  belle  forme  a  laquelle  ilz  se  doivent  conformer,  et  comme 
une  très  droicte  règle  selon  laquelle  ilz  se  doyvent  gouverner.  Oyent 
donques  et  entendent  songneusement  tous  roys  et  princes  que  Dieu, 
nostre  créateur,  par  le  prophète,  es  parolles  dessus  dictes,  touche  quatre 
choses  qui  doivent  estre  ou  prince  qui  a  le  gouvernement  de  la  chose 
publique,  c'est  assavoir  Testât  de  l'excellence  du  prince,  le  fait  de  sa 
présidence,  le  chemin  qu'il  doit  tenir  et  la  fin  complective.  Il  touche 
le  premier  point  quant  il  dit  «  Le  roy  »;  il  touche  le  second,  quant  il  dit 
«  Régnera  »  ;  il  touche  le  tiers ,  quant  il  dit  «  Et  sera  sage  " ,  et  monstre  le 
quart  point,  quant  il  conclut  et  dit  «  Et  fera  just[ic]e  et  jugement  ».  Ces 
quatre  choses  sont  nécessaires,  ne  l'une  sans  l'autre  ne  suffîst. 


XIV    SIECI.K. 


XIV*  SIÈCLE. 


46  ANONYME. 

Le  traducteur  suivait  un  manuscrit  tout  à  fait  semblable 
à  celui  qu'a  possédé  Isaac  Vossius.  Il  a  compris  dans  son 
travail  un  petit  appendice  que  précède  cette  rubrique  :  «  Le 
«  XXXI*  chappitre  est  adjousté  ad  ce  livre,  et  traicte  des  choses 
«qui  appartiennent  a  tout  bon  prince,  lesquelles  ont  esté 
«  escriptes  par  Gyprien,  ou  livre  des  xii  abusions  du  siècle.  » 
Cet  appendice ,  qui  ne  fait  point  corps  avec  l'ouvrage,  et  qui 
n'existe  point  dans  les  manuscrits  de  la  seconde  rédaction, 
se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Vossius,  précédé  de  la  ru- 
brique :  Quœ  pertineant  ad  bonuni  principcm  ostendit  Cyprianus , 
in  libro  de  duodeciin  abusionibus  scculi,  hiis  verbis. 

La  nouvelle  traduction  fut  offerte  au  roi  de  France, 
Charles  VIII,  selon  toute  apparence. 

L'exemplaire  de  présentation,  orné  d'un  très  riche  fron- 
tispice ,  forme  à  la  Bibliothèque  nationale  le  n°  1212  du 
fonds  français. 

Cette  traduction  ne  fit  pas  tomber  dans  l'oubli  l'œuvre 
de  Jean  Golein,  qui  eut  les  honneurs  de  l'impression  au 
commencement  du  règne  de  François  I".  C'est  elle  que 
nous  avons  dans  le  volume  intitulé  :  «  Le  Mirouer  exem- 
«  plaire  et  très  fructueuse  instruction  selon  la  compillation 
M  de  Gilles  de  Romme,  très  excellent  docteur,  du  régime  et 
«  gouvernement  des  roys,  princes  et  grandz  seigneurs,  qui 
«  sont  chef  colomne  et  vraiz  pilliers  de  la  chose  publicque  et 
M  de  toutes  monarchies,  ensemble  des  presidens,  conseilliers, 
«seneschaulx,  baillifz,  juges,  prevostz  et  autres  officiers 
«qui,  pour  leurs  grandes  expériences  et  littératures,  sont 
«  commis  par  les  dictz  roys  et  princes  pour  administrer 
«justice.  Et  avec  ce  est  comprinsle  Secret  d'Aristote  appelle 
«  le  Secret  des  secretz,  envoyé  au  roy  Alexandre.  Et  le  nom 

«  des  roys  de  France,  et  combien  de  temps  ilz  ont  régné 

« —  Cy  linistle  Mirouer  exemplaire  du  régime  et  gouverne- 
«  ment  des  princes,  selon  la  compillacion  faicte  par  Gilles 
«de  Romme,  très  excellent  docteur,  imprimé  a  Paris  pour 
«Guillaume  Eustace,  libraire  du  roy  nostre  sire,  demou- 
«  rant  en  la  rue neufve Nostre  Dame,  a  l'enseigne  de  l'Agnus 
«  Dei,  et  fut  achevé  de  imprimer  le  dernier  jour  de  juillet, 


AUTEUR  DU  LIBER  DE  INFORMATIONE  PRINCIPVM.    47        ,„.„kc^^. 

«l'an  mil  cinq  cens  et  dix  sept.»  (In-4°  de  i4i  feuillets, 
plus  8  feuillets  préliminaires.) 

L'imprimeur  a  omis  dans  la  préface  tout  ce  qui  avait 
trait  à  la  personne  du  prince  Louis,  fils  de  Philippe  le  Bel. 

L.  D. 


ANONYMES, 

AUTEURS  DE  DIVERS  RECUEILS  D'EXEMPLES. 


I 

Un  recueil  d'exemples,  copié,  au  xiv*  siècle,  sur  les  fo- 
lios 77-111  d'un  volume  en  parchemin  qui,  du  couvent  des 
Célestins  d'Amiens,  est  arrivé  à  la  bibliothèque  d'Arras 
(ms.  n"  1019,  jadis  n"  426),  est  ainsi  désigné  par  les  ru- 
briques du  commencement  et  de  la  fin  :  Ad  honorent  Dei  et 
beatœ  Virginis  et  saluteni  pariter  animamni,  incipiunt  Familiaria 
exempla,  cjuœ  discretus  et  bonus  relator  référât  locis  et  tempo- 

ribus Expleta  sunt  exempla  ad  honorent  Deiet  beatœ  Mariœ, 

Virginis  gloriosœ,  et  ad  utilitaleni  omnium  Jidelium.  Il  com- 
mence, sans  aucun  préambule,  par  une  anecdote  dont  les 
premiers  mots  sont  :  Audivi  (fuemdam  cardinalem  dicentem  auod 

quidam  erant  in  maris  periculo  constituti Ce  qui  en  fait  le 

principal  mérite,  c'est  qu'il  est  facile  d'en  déterminer  la 
date  et  le  lieu  d'origine. 

L'auteur  appartenait  à  l'ordre  des  frères  de  la  Pénitence' 

*  Les  textes  relatifs  au  couvent  des  marque  les  noms  du  prieur  et  de  trois 

frère»  de  la  Pénitence  de  Marseille  sont  religieux ,   qu'il  importe  d'insérer  ici , 

assez  rares.  Le  plus  important  nous  a  été  parce   que  l'un  de  ces  frères  pourrait 

communiqué  par  M.   Louis  Blancard,  bien  être  l'auteur  du  recueil  dont  nous 

d'après  une  pièce  originale  des  Archives  nous    occupons  :  frater   Guido  de  So- 

des  Bouches-du-Rhône  (charte  191  du  Unis,   prior   domus  fratrum  Pœnitentiœ 

fondJT de  la  Major).  C'est  un  accord  con-  Jesa  Ckrirti  in  civitate  Matsiliœ ,  frater 

clu,  le  17  juillet  ia6o,  entre  le  prévôt  Hugo  Richardus  et  frater  Barlholonueus . 

du  chapitre  de  Marseille  et  le  couvent  el  frater  Bertrandus  de  Auriaco,  ejusdem 

des  frères  de  la  Pénitence.  On   v  re-  ordinis. 


XIV*  SIÈCLE. 


fi8  ANONYMES, 


duClirlsl,qui,  à  l'instigation  d'Iiniocent  IV,  fui  établi  à  Mar- 
seille en  1  vf)  1 .  Cela  résulte  de  trois  passages.  Le  premier  est 

Fol. 87  ï".  l'histoire  d'un  «frère  de  notre  ordre»  (^quidam  fraler  noslii 
ordinis),  qui,  étant  en  oraison,  fui  lrans])orté  dans  une  ca- 
thédrale où  il  lui  fui  donné  de  voir  la  gravité  des  faules  ré- 
sultanl  de  la  négligence  des  clercs  à  psalmodier  décemménl 

IV.1.  «I  v"  les  offices.  Le  second  a  Irait  à  une  distribulion  miraculeuse 

de  pains  que  la  sainte  Vierge  fit,  à  une  fête  de  l'Assomption, 
dans  la  maison  des  frères  de  la  Pénitence  du  Christ  à  Mar- 
seille; l'auteur  dit  en  avoir  été  le  témoin  oculaire  :  Accidit 
Massiliœ,   in  doino  fratrum  Pœnitcntiœ  Jhcsu  Christi,  sicut  vi- 

Foi.  07  v".        dimus  et  testainur Dans  le  troisième  nous  voyons  mis 

en  scène  les  frères  de  la  Pénitence  du  Christ  du  couvent  de 
Brignoles,  qui  sont  désignés  par  les  mots  :  fraircs  nostros  de 
Pœnitcntia  Jesu  Christi  de  Ihiiwnia. 

L'ordre  des  frères  de  la  Pénitence,  ou  des  Sachets,  n'a  eu 
qu'une  existence  éphémère.  Institué  en  1261,  il  a  été 
supprimé  en  1274  par  une  décision  du  concile  de  Lyon; 
mais  il  n'a  pas  dû  s'éteindre  avant  la  fin  du  xiii"  siècle, 

Rcc.  dcMr.iv,   puisqu'il  avait  encore  en  1288  et  1289  des  maisons  dans 

édition  Langiois,   Jes  viUcs  dc  Montpellier,  de  Poitiers  et  de  Brignoles.  La 

n°'  av's^.' Kj)"  éî   composition  du  recueil  dont  nous  nous  occupons  peut  donc 

'"■''9  être  fixée  à  la  fin  du  xiii"  siècle,  et  l'auteur  à  qui  nous  la 

devons  pouvait  bien  encore  vivre  au  commencement  du 

.siècle  suivant. 

Il  n'est  pas  plus  difficile  de  déterminer  la  région  à  laquelle 
il  appartenait.  Beaucoup  des  historiettes  dont  le  recueil  se 
compose  ont  pour  théâtre  dilférenles  localités  de  la  Pro- 
vence ou  des  pays  avoisinants. 

Un  simple  relevé  alphabétique  ne  laisse  à  cet  égard  au- 
cune espèce  de  doute. 

Fol.  f).^  »".  Abbaye  de  Bonnevaux,  au  diocèse  de  Vienne.  —  L'abbé 

Hugues,  mort,  en  odeur  de  sainteté,  le  1"  avril  11 83, 
invité  à  un  festin  par  des  chevaliers  de  sa  famille,  ne  voulut 


Ï)as  y  prendre  part  avant  d'avoir  reçu  l'assurance  que  toutes 
es  provisions  avaient  été  loyalement  achetées.  Mais  quand,  J 

par  surcroît  de  précaution,  il  eut  prononcé  ces  paroles  :  «  Si  m 


AUTEURS  DE  RECUEILS  DEXEMI'LES.  49 


\IV    SIECI.S. 


«  len  y  a  rie  tort,  diables  lo  port,  »  le  diable  enleva  tout  à 
coup  la  table  elles  plats  dont  elle  était  couverte. 

Ville  de  Brignoles  (Var).  —  Un  habitant  de  cette  ville  se 
croit,   dans   un    rêve,   pourchassé    par  le   diable  :  Audivi 

xjuemdain  hoininein  in  villa  tiriiwiuœ —  Les  religieux 

de  l'abbaye  de  la  Celle,  au  diocèse  d'Aix,  se  plaignaient  de 
voir  passer  le  produit  du  temporel  de  l'église  paroissiale 
chez  les  frères  de  la  Pénitence  du  Christ,  établis  à  Brignoles. 
Ceux-ci  répondaient  qu'ils  se  préoccupaient  avant  tout  des 
besoins  spirituels  des  paroissiens  et  qu'ils  avaient  unique- 
ment en  vue  le  salut  des  âmes.  Sur  ce  terrain,  les  moines 
ne  s'inquiétaient  pas  de  rencontrer  des  rivaux;  l'un  d'eux 
tint  ce  propos  :  «  Che  deables  aven  nos  a  far  de  aniiiKibas 

*  ipsorum ,  dummodo  pussiinms  liabere  temporalia  ?  » 

Château  de  Dragnignan.  —  Comme  exemple  de  charmes 
superstitieux,  on  cite  les  paroles  que,  dans  une  épidémie  de 
Draguignan,  une  femme  prétendait  avoir  la  vertu  de  pré- 
server de  la  mort.  Nous  reproduisons  textuellement  l'anec- 
dote dans  laquelle  la  mystérieuse  formule  est  rapportée  en 
provençal  : 

Audivi  quod  in  Castro  Draguiniani  multi  nioriebantur,  el  dixit  qua^daiii        Fol.  91. 
mulier  vicinœ  suae  ciijus  niaritus  graviter  inlinuabatur  :  «  Bona  com- 
«  mater,  docebo  vos  quomodo  nuiius  in  domo  \estra  morietur.  »  At  illa 
ait  :  «Die,  domina,  micbi.  »  Et  tune  dixit  :  «  Quando  videbitis  sacer- 
«  dotem  ad  domum  vestram  venientem  pro  vire  vestro  communicando ,  •  • 

«  dieetis  ei  sic  :  Dam  preiie,  clauses  la  boca  e  lias  lo  pe,  de  sains  non  traires 
«  mai  ren.  »  Et  contra  taies  divinationes  seriptum  est  (Levit.  xxvii)  : 
«  Vir  sive  mulier  in  quibus  pithonicus  vel  divinationis  spiritus  fuerit, 

•  morte  moriatur.  » 

Forcalquier. —  Deux  Lombards  très  riches,  poussés  par  la  Foi.  10& 
curiosité,  vinrent  à  la  cour  du  comte  de  Forcalquier  pour  en 
voir  les  merveilles.  Le  comte,  informé  de  leur  désir,  leur 
fit'un  bon  accueil;  puis  il  ordonna  de  les  mettre  à  la  broche, 
parce  qu'il  voulait  avoir  sur  sa  table  toute  espèce  de  viandes 
rôties.  Les  Lombards  ne  s'attendaient  sans  doute  pas  à 
une  aussi  étrange  merveille,  et,  pour  avoir  la  permission 
de  se  retirer,  ils  promirent  de  donner  une  grosse  somme 
d'arerent. 

TOME  \X\l,  J 


%\\'  Sllci.E. 


50 


ANONYMES. 


Fol.  108. 


Salimbene , 
Chron.,  p.  ni. 


Château  d'Hyères.  —  L'auteur  y  avait  vu  une  dame  qui 
balayait  sa  maison  d'une  manière  assez  étrange  :  Vidi  quam- 
dam  dominam  in  Castro  Arearum,  (juœ  pur(jabat  domuin  incipiens 

ah  hostio  domus Il  est  à  remarquer  que  le  château 

d'Hyères  avait  été  le  berceau  de  l'ordre  des  Sachets;  sur  ce 
point,  le  témoignage  de  frère  Salimbene  est  formel  :  castrum 
Hi»«.  liu,  de  la  Arearum,  ubi  Saccati  sumpserant  initium.  La  Vie  de  sainte 
p.  5"*^.  Douceline,  analysée  dans  un  de  nos  précédents  volumes, 

nous  fait  assister  à  l'origine  de  ces  congrégations  qui  eurent 
surtout  des  adhérents  dans  nos  provinces  méridionales. 

Ville  de  Marseille.  —  Outre  la  distribution  miraculeuse 
des  pains  aux  religieux  de  la  Pénitence  de  Marseille,  dont 
il  a  été  question  un  peu  plus  haut,  le  conteur  parle  des 
mauvais  traitements  qu'un  Marseillais  faisait  endurer  à  sa 
femme. 

Ville  de  Montpellier.  —  Deux  bourgeois  de  Montpellier 
sont  mis  en  scène  :  le  premier,  après  s'être  ruiné,  ne  fut 
point  secouru  par  sa  femme;  le  second  s'opposa  à  la  voca- 
tion religieuse  de  son  fils.  —  Dans  un  autre  chapitre  figure 
une  dame  de  Montpellier,  qui  se  fit  enterrer  à  Maguelone. 
—  C'est  à  Montpellier  que  notre  auteur  place  le  petit  drame 
du  savetier  et  du  financier.  Le  récit  en  est  assez  bien  conduit 
et  mérite  d'être  rapporté  textuellement  : 

FoL  93.  Dicitur  quod  apud  Montera  Pesullanum  fuit  cerdo  quidam  pauper- 

rimiu,  nomine  Robinus,  qui  morabatur  sub  scaiis  cujusdam  ditissimi 
viri  et  avarissimi.  Iste  vero  pauper  habebat  viellam,  et,  cum  labore  fati- 
gatus  esset ,  eam  tangebat  et  cantabat  aiacriter  cantilenas  ;  et  cum  de  suo 
lucro  habebat  v  denarios  vel  ti  ,  emebat  cames ,  faciebat  salsas  et  sic 
tempus  suum  aiacriter  deducebat.  Dives  vero  avarus  nunquam  bonam 
diem  habuit,  sed  semper  cogitabat  de  peccunia.  Cui  semel  ait  mulier 
uxor  sua  :  «Domine,  videte;  iste  Robinus  nichil  possidet,  et  melius 
«  tempus  habet  quam  vos.  Gaudet  enim  et  leetatur;  cantat  et  jocundatur.  » 
Cui  vir  :  •  Domina ,  ego  bene  ei  «ufiferun  hanc  lœticiara  ;  s[c]i«tis.  •  Do- 
mina dixit  :  «  Non  possetis  nisi  ei  faoeretis  aliquod  iaipedimentura.  •  — 
«Imo,  eum  non  Ixdam,  et  bene  auQeram  iaeticiam.  »  Et  semel  per 
quoddam  foramen  saculum  plénum  denariorum  projecit  in  domum 
ejus.  Robinus  vero  man&  surgens  peccuniam  invenit  et  optime  guber- 
navit,  et  tota  die  quid  de  peccunia  faceret  cogitavit,  et  non  cantavit  sicut 
heri  et  nudiustercius.  Hoc  vero  fecit  multis  diebus.  Dixit  ergo  miles 


Fol.  108. 


Foi.  io5  V*. 


Fol.  106. 


Fol.  107  t'. 


J 


AUTEURS  DE  RECUEILS  D'EXEMPLES.  51 


XIV   SIECLE. 


domina;  :  «  Videtis  quod  Robinus  non  cantat.  »  —  «  Per  Deum,  dixit 
«  domina,  non  cantavit  diu  est.  »  Dixit  miles  :  «  Ego  reddam  ei  cantum.  » 
Et  descendit,  et  petiit  peccuniam.  Qui  non  fuit  ausus  negare.  Deinde, 
cum  fatigatus  esset,  vieHabat  et  cantabat,  ut  solebat.  Et  ait  miles  do- 
minée :  «  Ecce  Robinus  cantat.  »  —  «  Per  Deum ,  dixit  domina ,  verum 

•  est.  Quid  posset  esse  .•'  »  —  Dixit  miles  :  «  Ego  dicam  vobis.  »  Et  narravit 

ei  rem  gestam.  Unde  bene  dicitur  (Job),  de  divite  :  «  Sonitus  terroris       Job,  w,  2 

•  semper  in  auribus  ejus;  cum  sit  pax,  semper  insidias  suspicatur.  » 

Ville  d'Orange,  —  Histoire  d'un  habitant  de  cette  ville,      ^'''  '"<  » 
nommé  Raimond,  dont  la  charité  était  inépuisable  et  qui, 
pour  ce  motif,  était  en  butte  aux  reproches  de  sa  femme. 

Abbaye  de  Saint-Gilles.  —  Les  sources  de  richesse  se  ta-  f»'-  lo-. 
rirent  pour  ce  monastère  sous  l'administration  d'un  abbé 
avare,  qui  voulait  y  supprimer  à  peu  près  complètement 
l'hospitalité  et  les  aumônes.  Un  vieux  moine  expliquait  l'ap- 
pauvrissement de  la  maison  en  disant  que  l'expulsion  du 
frère  Date  avait  entraîné  la  retraite  immédiate  du  frère 
DabitarK 

Château  de  Tarascon.  —  Une  jeune  fille  de  Tarascon,      Foi.  104. 
très  fière  de  ses  beaux  cheveux,  devint  chauve  dans  l'espace 
d'une  nuit. 

Ville  de  Toulon.  —  Punition  d'un  jeune  homme  qui.      Foi.  «oo. 
pendant  un  voyage  en  Sardaigne,  se  moquait  de  son  père, 
citoyen  de  Toulon.  —   Fin   tragique  d'un   chanoine  de 
Toulon ,  nommé  Bertrandiis  Ageraciis ,  qui  passait  le  dimanche      Foi.  97  v*. 
à  jouer  aux  échecs  dans  son  château  d'OUioules. 

Sans  crainte  de  nous  tromper,  nous  pouvons  donc  affirmer 
que  le  recueil  d'exemples  qui  remplit  les  trente-cinq  derniers 
feuillets  du  manuscrit  1019  d'Arras  a  été  composé  en  Pro- 
vence, dans  la  seconde  moitié  du  xiii*  siècle,  par  un  reli- 
gieux de  l'ordre  de  la  Pénitence  du  Christ. 

La  principale  source  à  laquelle  l'auteur  a  puisé  est 
l'histoire  ecclésiastique  dans  l'acception  la  plus  large  du 

'  Pour  l'histoire  de»  frères  Date  et  scrit  harléien  3a44  (Th.  Wright,  Latin 
Dabitur,  comparez  le  récit  d'Etienne  de  stories,  p.  iia).  Voyez  aussi  le  manu- 
Bourbon  (édit  Lecoy  de  la  Marche,  scrit  latin  16971  delà  Bibliothèque  na- 
p.  i3i)  et  celui  qui  est  dans  le  manu-  tionale,  au  folio  5i.  nij  .,  'iflflITl  '^  . 


XIT*  MÈ4XR. 


52  ANONYMKS, 


mot:  Ancien  Testament,  Vies  des  Saints,  Vies  des  Pèreset 
Miracles  de  Notre-Dame. 

A  cette  dernière  catégorie  de  récils  appartient  une  lé- 
gende relative  aux  origines  du  monastère  de  la  Cliarité-sur- 
'■'"••  8«-  Loire.  La  maison  avait  été  fondée  par  trois  frères,  dont  l'un 

dit  un  jour  :  «  Allons  dans  un  endroit  où  nous  puissions  re- 
«cevoir  les  pauvres  et  les  pèlerins,  et  faisons-les  jouir  de 
«  nos  biens.  »  Le  second  frère  ajouta  :  «  Ce  n'est  pas  seule- 
«  ment  nos  biens,  mais  encore  nos  personnes  qu'il  faut  con- 
«  sacrer  au  service  des  pauvres.  »  Le  troisième  ne  s'en  tint 
pas  là  :  «  11  ne  suffit  pas,  dit-il,  d'offrir  au  Christ  nos  biens 
«et  nos  personnes;  il  faut  priver  nos  corps  du  nécessaire, 
«  pour  en  faire  profiter  les  pauvres.  »  De  là  le  nom  de  Cha- 
rité, imposé  au  monastère  qu'ils  fondèrent  sur  le  bord  de 
la  Loire.  Telle  fut  la  générosité  des  moines  qu'ils  ne  tar- 
dèrent pas  à  être  plongés  dans  une  véritable  détresse;  mais 
la  sainte  Vierge  vint  à  leur  secours;  elle  apparut  dans  l'église 
et  y  laissa  une  quantité  d'or  suffisante  pour  amortir  les 
dettes  sous  le  poids  desquelles  l'abbaye  était  menacée  de 
succomber.  Ce  récit  des  origines  du  monastère  de  la  Cha- 
Roiioiiii-.si.isi.  rite  est  assez  différent  de  celui  qu'on  trouve  dans  un 
'p^^,|^"._\o,  c'  manuscrit  des  Fleurs  des  Chroniques  de  Bernard  Gui, 
"'■■•,:;•"*    ""'     récit  que  l'abbé  Lebeuf  voulait  attribuer   à   Richard  de 

I.  XXMI.pavl,  11.     ^„        .   1  •  ,    ,  1  I-  ,  1 

i>.  100.  (iluni   et    qui    a   ete    publie  comme    anonyme  par  dom 

Brial. 

F«i.  M  ^^  (jn  autre  miracle  de  Notre-Dame  a  pour  objet  la  guérison 

d'un  chevalier  de  la  Pouille,  que  l'empereur  Frédéric  II 

avait  injustement  condamné  à  perdre  la  vue   :   Occasione 

autemj'aha  ah  imperatore  Frederico  capitur  et  imbacinatur 

Le  mot  imhacinare  est  évidemment  synonyme  du  mot  aba- 
cinarc,  qui  est  longuement  expliqué  dans  le  Glossaire  de 
Du  Cange. 
loi.  toi.  Un  exemple  d'humilité  est  tiré  de  la  vie  de  saint  Guil- 

laume, qui,  après  avoir  conquis  le  pays  d'Orange,  celui  de 
Nîmes  et  beaucoup  d'autres  terres,  vécut  en  simple  moine 
dans  l'abbaye  dont  il  fut  depuis  choisi  comme  patron.  — 
De  même,  un  autre  baron,  non  moins  puissant,  Guillaume 


AUTEURS  DE  RECUEILS  D'EXEMPLES.  53       .^.^.i^,. 

le  Grand,  comte  de  Poitou',  mort  à  Maillezais  en  io3o,  se 
plaisait  à  accomplir  les  corvées  les  plus  répugnantes  dans  le       "  '  '"^ 
monastère  où  il  s'était  retiré. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  de  nombreux  emprunts 
faits  aux  bestiaires  et  à  divers  recueils  de  fables  et  de  contes. 
Mentionnons  cependant  une  assez  curieuse  version  de  la 
vengeance  que  la  femme  d'Alexandre  aurait  tirée  du  philo- 
sophe Arislote  : 

I^egitur  quod  Alexander,  quidam  imperator,  nimis  uxorem  suam  diti-  Fol.  loov'. 
gebat,  et  cum  ea  frequentius  esse  volebat  quain  reipubiicae  expediret,  et 
reprehensus  est  ab  Aristoteie ,  magistro  suo.  Quod  audiens  uxor  impera- 
loris  valdefuit  mœsta,  quia  virum  suum  quasi  erteminatum  esse  dicebat, 
et  cogitavit  ista  nmlier  quoinodo  posset  decipere  Aristotelem ,  et  fmxit 
sediiigere  eum,  adeo  quod  captus  amore  ejus  fuit,  et  de  adulterio  inter- 
pellavit  eandom.  Cui  assensit  mulieristo  peccato,  si  per  viridarium  suum 
veliet  portare  eandem,  ita  quod  iste  Aristoteles  reperet  super  terram 
pedibus  et  manibus,  et  ipsa  imperatrix  sederet  super  eum.  Qui,  iliectus 
ejus  amore,  placitis^acquievit.  Quo  facto,  dicta  imperatrix  abscondi  fecit 
in  viridario  cum  multis  militibus  virum  suum,  et  venit  usque  ad  eos  sic 
super  Aristotelem  sedcndo.  Quod  admirans  imperator,  arguit  eum 
dicens  :  «  De  cetero  non  reprehendas  me  quia  nimis  diligam  uxorem 

•  meam,  qviia  sic  te  sapientem  illusit.  »  Et  Aristoteles  respondit  :  «  Si  ergo 

•  me  sapientem  decepit,  multo  fortius  tu  debes  ejus  calliditates  timere,  » 

et  ideo  bene  scriptum  est ,  Ecclesiastici  ix  :  >  Ne  des  mulieri  potestatem       i:cclcsia&ticu« , 
■  animae  tuac,  ne  ingrediatur  in  virtute  tua  et  confundaris.  »  '<•  '• 

Dans  beaucoup  d'historiettes,  l'auteur  fait  jouer  un  rôle 
à  différents  personnages  du  xii*  et  du  xiii*  siècle,  qu'il  désigne 
quelquefois  parleur  nom,  et  plus  souvent  par  leur  titre  ou 
par  leur  patrie.  Nous  en  avons  indiqué  un  certain  nombre 
pour  prouver  qu'il  écrivait  au  milieu  des  populations  de  la 
Provence.  Nous  devons  encore  en  signaler  plusieurs  autres 
dont  le  théâtre  est  placé  dans  d'autres  régions  de  la  France 

Tels  sont  des  détails  sur  la  conversion  de  Folquet  de      foi- 99 
Marseille,  qui  devint  évêque  de  Toulouse,  après  avoir  fait 
profession  dans  l'ordre  de  Cîteaux.  —   Telle  est  encore 

Le  manuscrit  porte  de  tfuodam  comité  Piraviense,  ce  qui  doit  être  une  corruption 
du  mot  Pictavieiue. 

'  Placii'a  dans  le  manuscrit. 


^    .  54  ANONYMES, 

l'histoire  d'Artaud  de  Nogent,  que  le  récit  du  sire  de  Join- 
ville  a  rendue  célèbre  et  qui  se  retrouve  avec  de  notables 
variantes  dans  le  manuscrit  d'Arras  : 

Kol.  loi.  Audivi  quod  quidam  comes  Gampaniae  erat  valde  largus,  et  omnibus 

petentibus  quicquid  poterat  tribuebat.  Accidit  ut  duo  paupcres  milites 
ad  eum  venirent,  postulantes  bénéficia.  Audiens  hoc  ejus  bajulus  coepit 
eum  excusare  :  «  Dominus  meus  est  multum  pauper,  quia  iecit  multas 
>  expensas ,  et  non  modo  [  habet]  quid  det  vobis.  >  Quo  audito ,  dixit  comes  : 
«  Rustice ,  tu  mihi  dicis  injurias,  quia  dicis  me  [pauperem]  esse ,  et  non  ha- 
«  berequid  dem  militibus;  ymo  habeo  te,  quia  tu  es  meus  villanus.  »  Et 
dixit  militibus  :  «  Ego  do  vobis  istum  rusticum ,  et  exigatis  ab  eo  quic- 
•  quid  poteritis  extorquere.  »  Et  ita  factum  est.  Unde  fuerunt  isti  pauperes 
milites  a  sua  inopia  liberati ,  quia  iste  rusticus  pluribus  divitii.s  abundabat. 
Propter  quod  dicit  Dominus  :  «  Gbi  Dominus  '  largus ,  ibi  dispensator  non 
«  débet  esse  avarus.  » 

Fo».  8iï"et85.  Paris  ne  figure  que  dans  un  chapitre.  Il  y  est  question 
d'un  maître,  très  fier  de  sa  science,  qui  se  vantait  de  com- 
prendre les  épîtres  de  saint  Paul  mieux  que  saint  Paul  lui- 
même.  Une  telle  présomption  fut  immédiatement  punie. 
Le  malheureux  oublia  subitement  tout  ce  qu'il  savait.  On 
le  plaça  dans  le  monastère  de  Sainte-Geneviève,  et  c'est  à 
peine  si  une  fille  réussit  à  lui  apprendre  les  sept  psaumes 
pénitentiaux  :  Et  tandem  positus  est  in  monasterio  Sanctœ 
Genovefœ,  et  data  fuit  ei  puella  (fuee  vix  potuit  eum  docere 
septem  psalmos. 

La  légende  normande  qui  s'était  greffée  sur  le  nom  d'une 
localité  appelée  le  Saut-Gautier  est  racontée  pour  prouver 
le  peu  de  confiance  qu'il  faut  attacher  aux  protestations  des 

Fol.  99.  femmes.  Ce  nom,  disait-on  en  Normandie,  rappelait  le  sou- 

venir d'un  certain  Gautier,  qui  s'était  tué  en  sautant  dans 
la  mer  du  haut  d'un  rocher,  sans  être  imité  par  unç  maî- 
tresse qui,  à  l'entendre,  voulait  mourir  plutôt  que  d'être 
séparée  dé  son  amant*. 

Nous  devons  à  ce  propos  déterminer  l'emplacement  d'une 

'  Le  manuscrit  porte  Deut.  de  )a  Marche,  p.  do8)  et  celui  du  ma- 

'  Coœparei  le  récit  de  Jacques  de  nuscrit  harléien  n*  463  au  Musée  bri- 

Vilri  (ms.   latin   i-jboa,  fol.  i33  v'),  tannique   (Th.    Wright,    Latin  ttoriet, 

celui  d'Etiennede  Bourbon  (édit.  Lecoy  p.  ij). 


AUTEURS  DE  RECUEILS  D'EXEMPLES.  55 

localité  dont  le  nom  revient  souvent  dans  les  recueils  de 
contes  du  xiii*  siècle.  On  a  appelé  et  on  appelle  encore  le 
Saut-Gautier  une  plate-forme  qui  domine  les  rochers  les 
plus  sauvages  et  les  plus  escarpés  du  Mont-Saint-Michel. 
Mais,  dès  le  xiii*  siècle,  nous  voyons  ce  nom  porté  par 
une  falaise  située  au  nord-est  de  Fécamp.  Hue  Arche- 
vesque,  au  commencement  du  Dit  «  De  la  mort  Larguece  » , 
raconte  que,  dans  un  voyage  à  Fécamp,  il  voulut  faire  un 
pèlerinage  à  «  Bauduin  es  Bours  »  et  qu'après  y  avoir  en- 
tendu la  messe  il  alla  se  promener  sur  la  falaise  du  côté  du 
Saut-Gautier  : 

Alai  a  Bauduin  es  Bours 


XIT*  SIÈCLE. 


Le    Héricber, 
Avranchin ,    11 
3ii. 


Sus  la  faloise  pris  ma  voie , 
Vers  le  Saut  Wautier  tant  musai 
Que  grant  pose  du  jour  usai. 


«  Bauduin  es  Bours  »  désigne  certainement  le  prieuré  de 
Notre-Dame  du  Bourg-Baudoin,  situé  près  d'un  ancien  fort, 
sur  le  territoire  de  Saint-Nicolas  de  Fécamp.  Il  semble  donc 
qu'au  xiii'  siècle  la  tradition  populaire  de  la  haute  Nor-      oupiessis.Des- 
mandie  plaçait  aux  environs  de  Fécamp  la  scène  de  folie   "'p'  ''*,'*  J!*"" 

*  ,  .|         .  ,,  /~<  •  Normandie ,  liaux , 

amoureuse  qu  on  attribuait  au  malheureux  Gautier.  p.  98. 

Entre  les  usages  populaires  qui  sont  rapportés  par  le  reli- 
gieux provençal,  nous  avons  remarqué  celui  qui  consistait  à 
jeter  du  froment  sur  la  tête  des  nouvelles  mariées  quand 
elles  faisaient  leur  entrée  dans  la  maison  conjugale.  Par  celte 
pratique  on  s'imaginait  assurer  la  richesse  du  ménage,  qui 
parfois  ne  tardait  pas  à  être  plongé  dans  la  misère.  Exemple 
frappant  de  l'inanité  des  croyances  superstitieuses  des 
femmes'  [Exemplum  defaccinationibus  muliemm). 

Une  coutume  très  curieuse  est  citée  comme  étant  en  vi- 
gueur à  la  cour  du  marquis  de  Montferrat.  On  s'y  serait 
amusé  à  faire  combattre  des  taureaux  par  des  aveugles  : 

Est  consuetudo  in  curia  marchionis  Montis  Ferrati  quod,  in  quodam       Fol.  83. 

'  Ce   même  usage  est   rapporté  en  termes  différents    dan*   le    manuscrit  har- 
léien  463,  dont  le  texte  •  été  publié  par  M.  Wright  (iirtiii  tk>net,  p.  1 1 1). 


56  ANONYMES, 

yt\'  »iKCi.r. 

festo,  conveniunt  orbi  qui  oculos  amiserunt,  et  daliir  eis  taiirus  iiido- 
mitus,  et  includuntur  in  quadani  curia  cuiii  tauro,  et  unicuiquc.  datur 
massa  vel  bnculiis  iti  manu,  et  dicitur  eis  quod  occidant  taurum  et  sit 
eorum,  et  singuli[s]  dantur  xii  denarii  ultra.  Et  duni  nituntur  taurum 
percutere,  percutiunt  seipsos  et  vuhierant  graviter,  et  p'Tcussus  crédit 
percutere  qui  eum  percussit  et  percutit  alium,  et  sic  ad  invicem. 

Nous  aimons  à  croire  qu'il  y  a  de  l'exagération  dans  un 
tel  récit  et  que  la  cour  du  marquis  de  Montferrat  n'a  jamais 
encouragé  des  divertissements  si  barbares.  Il  est  vrai  que 
Jacques  de  Vitri  parle  d'un  jeu  analogue,  moins  dangereux, 
mais  encore  assez  cruel.  Il  consistait  à  livrer  un  porc  à  des 
aveugles  qui  devaient  le  tuer  au  risque  de  se  blesser  eux- 
mêmes  plus  ou  moins  grièvement  : 

Piiia.  ■rll^^lll.,         Est  autem  in  quibusdam  locis consuetudo  quod,  in  festis  diebus,  caocis 
p.  i4'J.  "^of.  •.        conceditur  porcus  ut   ipsum  occidant  et  partes  suas  oumes  accipiant. 
Dum  autem  caecus  porcum  vult  occidere,  sœpeaccidil  quod  ipsum  vul- 
nerat,  vei  socium  percutit  et  occidit. 

Terminons  par  un  dernier  trait  emprunté  au  recueil  du 
religieux  de  la  Pénitence  du  Christ.  Il  se  rapporte  à  l'in- 
dustrie des  marchands  de  chansons  : 

•■ol'oi.  Dicitur  quod  quidam  Homo  simplex,  in  quadam  villa  Francia?,  vidit 

quendam  cantantem  canciones  multas,  et  inde  multa  acquirentem,  et 
rogavit  istum  secrète  ut  sibi  venderet  de  cantilenis.  Iste,  volens  illudere 
sua)  simplicitati ,  dixit  quod  bene  venderet  ei  si  aportaret  unum  saccum, 
et  venderet  ei  plénum  saccum  de  cantilenis.  Et  veniens  ad  quendam 
vesparium,  posuit  multas  apes  silvaticas  in  sacco,  et  cum,  quadam  die 
dominica,  rustici  essent  in  foro  congregati,  iste  habens  saccum  cum 
vespibus,  audiens  eas  interius  murmurantes,  credcbat  se  cantilenas 
émisse.  Et  convocatis  omnibus  rusticis  de  villa,  saccum  excussit  et  vespes 
famelicse  exiverunt,  et  rusticos  qui  ad  gaudium  vénérant  graviter  pupu- 

Prov.,  XIV,  i3.  gerunt.  Propter  hoc  bene  dicit  Salomon  :  •  Risus  dolori  miscebitur,  et 
«  extrema  gaudii  luctus  occupai.  > 

Tous  les  exemples  de  la  compilation  qui  vient  d'être  ana- 
lysée, au  nombre  d'environ  260,  finissent,  à  peu  près  sans 
exception,  par  une  citation  biblique. 

Le  manuscrit  d'Arras,  n°  1019  (jadis  n"  435),  qui  nous 


M'TKLRS  DK  RECUEII.S  DEXEMIM.ES.  51 


XIT    SlhXLE. 


a  coiiserv»'*  le  recueil  du  religieux  de  la  Pénitence  du  Chris! , 

renferme  deux  autres  collections  d'exemples,  ciu'il  est  bon       •^""•i  «l's  i"-> 

.....  ,  ,  .'  .    '  ,  y„         (l'Arras,    y.    5oo 

(le  signaler  ici  parce  (|ue  les  catalogues  impi-imes  en   i  noo    _  Catai.  ^m.  d.- 
et  ïH-j-j.  ne  permettent  pas  d'en  sou|)çouner  la  nature.  "'Vv'ritT" 

L'une,  cpii  occupe  les  34  premiers  feuillets  du  volume, 
est  simplement  un  extrait  de  l'ouvrage  d'Ktiennede  Bourbon.       Ki.(i,iioiiii)OM 
(r<'st  un  exemplaire  (pi'il  faudra  joindre  à  ceux  qui  ont  été    ^""^''"'"P  """' 
indicjués  par  M.  Lecoy  de  la  Marche. 

L'autre,  qui  est  copiée  sur  les  folios  35-75,  et  intitulée  : 
Incipiunl  c.rcmpla  citracta  a  sermomhus  uuujisUi  Alani,  n'est 
point,  comme  on  pourrait  le  croire,  tirée  des  sermons  de 
maître  Alain  de  Lille.  Nous  nous  .sommes  assurés  qu'elle 
consiste  en  anecdotes  empruntées  au  recueil  des  sermons 
de  Jacques  de  Vitri,  tel  qu'il  existe  dans  le  manuscrit  latin 
I  7509  de  la  Bibliothèque  nationale. 

S'il  a  suffi  d'indi(|uer  par  un  mot  l'existence  de  ces  deux 
petites  collections,  il  n'est  peut-t^'lre  pas  inutile  de  donner 
ici  des  renseignements  un  peu  moins  sommaires  sur  deux 
autres  recueils  d'exemples  que  nous  avons  eu  l'occasion 
d'examiner  également  dans  la  bibliothèque  d'Arras. 

II 

• 

A  la  seconde  moitié  du  xiii*  siècle  parait  appartenir  le 
recueil  alphabétique  d'exemples,  intitulé  :  Incipit  tractatus 
v.ivinplorwn  secunduni  ordiiiein  alphabeti,  qui  nous  a  été  con- 
servé dans  un  petit  manuscrit  de  la  fin  du  xiii'  siècle,  jadis 
possédé  par  les  Célestins  de  Saint-Antoine  d'Amiens,  et 
formant  aujourd'hui  le  n°  537  ^^  ^^  bibliothèque  d'Arras. 
Dans  ce  recueil,  qui  commence  par  les  mots  :  Accidia, 
Nota,  accidwsus  est  sicut  canis  Jainelicus,  l'auteur,  qui  cite 
plusieurs  fois  Pierre  Alphonse,  a  entassé  beaucoup  d'anec- 
dotes, de  fables,  de  traits  empruntés  aux  bestiaires  et  aux 
vies  des  saints,  de  pensées  pieuses  et  surtout  de  compa- 
raisons plus  ou  moins  étranges.  Le  tout  est  groupé  pêle- 
mêle  sous  i5i  rubriques,  dont  les  premières  sont  :  Accidia, 
Advocatiis,  Amov,  Ambulare,  Angélus,  Anima,  Avaritia,  Au- 

TOME  XXXI.  8 


Ilf»ftl«KIUI    lATIOlALI. 


.  .         58  anonymf:s, 

(Ui'e,  Ballivus,  Bellunt,  Jieatitudo Le  traité  occupait'  pri- 
mitivement 207  pages,  dont  i83  seulement  subsistent 
depuis  qu'une  jnain  coupahl»;  a  arraclié  le  cahier  qui  conte- 
nait les  vingt-quatre  rubriques  comprises  entre  les  mots 
Prœdicalor  et  Tribulatio. 

Heureusement  la  lacune  peut  être  comblée  à  l'aide  de 
plusieurs  autres  copies  du  même  recueil  qui  nous  sont  par- 
venues, notamment  le  n"  1  1 19  de  la  Mazarine  (n"  101  u  du 
catalogue  de  M.  Molinier),  le  n"  857  de  l'Arsenal,  le  n"  35 
d'Auxerre,  le  n"  i36  de  Cliarleville  et  le  n"  19  du  collège  de 
Toutes-les-Ames,  à  Oxford. 

L'ouvrage  a  certainenienl  été  composé  en  France.  H  n'est 
pas  rare  d'y  rencontrer  deS  mois  français:  Ilcin  mulli  faciunl 
garde  cors,  sed  pauci  vet  nulli  garde  ame  (fol.  H).  —  l'aiipercs 
hommes,  antecjmun  sotulares  sui  sint  disrupti,j)oniinl  ihipiclacia, 
vulfjariter  takons  (fol.  i3  v°).  —  Stultiis  esl  qui  plus  carat  de 
sarpillis  (juam  de  mercibas  :  Caro  est  la  sarpeliere,  anima  veto 
merces ,  Chrisli  saïKjuine  comparata  (fol.  1 4  )•  —  Item,  diaholus 
est  sicut  J'raudulentus  lusor,  un  hokeler  :  in  principio  pcrmitlil 
socium  suuni  lucrari,  ut  inflamme  t  eum  ad  ludum,  sed  in  fine  lot  uni 
hcratiir  (fol.  66). 

Çà  et  là  sont  des  proverbes  ou  des  dictons,  par  exemple 
au  folio  10  :Item,  vulgo  dicitur;  Cujns  capilli  cadunt  siijnum  est 

quod  amatur Et  au  folio  65  v°  :  Item,  solet  dici  vulijaliter; 

Cum  alicjuis.  ati(fuod  malum  dicit  velj'acit  alteri,  dicitur  ei  diri- 
(fendo  :  Pone  hoc  ad  capul  tuum. 

Sous  le  mot  Sortileyium ,  l'auteur  rap[)orte  une  croyance 
populaire,  relative  au  chant  du  coucou  entendu  le  i"^^'  mai  : 

Ms.  Il  19  du  la  Quaedain  vetiila,  prima  die  niaii,  cum  audissct  avem  quœ  dicitur 
\laiaiiiie,  fol.  6i.  cucu  dicentem  quinquies  caca,  credidit  quod  tôt  annis  esset  victiira  ,  et, 
cum  statim  post  infirmaretur  ad  mortem  et  filia  sua  eam  ad  confessionem 
moneret,  dicebat  :  «  Non  oportet,  quia  adhuc  vivam  per  quinque  aiinos.  » 
Et  cum  jam  vix  posset  ioqui,  elevans  quinque  digitos,  nundum  an- 
nuen»,  çxpiravit. 

Plus  d'une  fois  les  jongleurs  et  les  ménestrels  sont  mis  en 
scène.  Dans  un  passage  (fol.  79)  les  mauvais  prédicateurs 


\IV*  SitCl.K 


l'i  V-. 


AUTEURS  DE  RECUEILS  DKXEMIM.ES.  59 

sont  compaW'S  aux  jongleurs  {jocnlalores) ,  qui  racontent  les 
prouesses  des  chevaliers  sans  jamais  accomplir  de  pareils 
(îxploils.  —  Ailleurs  (fol.  69  v")  il  esl  fait  allusion  à  l'hislo- 
rielle  d'une  jeune  lllle  (fiuc  dicchal  (juodnulebat  de  Domino  Ja- 
cere  sunin  viellatorem  sive  meneslrai. 

Les  coules  plaisants  ne  sont  pas  rares.  En  voici  deux  que 
l'auteur  a  insérés  sous  la  rubrique  Crux.  L'un  a  pour  sujet 
une  chienne  savante  et  l'autre  une»  femme  entêtée.  Tous 
deux  pouvaient  se  placer  dans  les  sermons  qu'on  prononçait 
pour  engager  les  fidèles  à  prendre  la  croix  : 

Cioricus  quidam  liabuit  quaiidani  caniculain,  quani  luultum  dili- 

gebat,  et  notncii  ei  imposuit  Rosam,  et  ununi  opus  sibi  didicit,  scilicet         Ms.     clAnas 

ambulare   super  pedes   anteriores.   Tandem  aller    clericus  furatus  est     ,°'Î'V. ~'    ' 
'         »  ,,....  (le    la    Mazaniii' , 

dictam  caniculam,  et,  quia  non  noverat  nonien  lUius,  imposuit  ei  nomen    r„|. 

aliud,  et  vocavit  eam  Violam,  et  didicit  ei  opus  aliud,  scilicet  ambulare 

super  pedes  posteriores.  Processu  vero  temporis,  invenit  primus  clericus 

dictam  caniculam,  et  repetiit  oamcoram  ipso  episcopo  Parisicnsi ab alio 

clerico.  Alius  vero  alTirmabat  esse  suam.  Dixit  primus  :  «  Ego  sibi  opus 

"  didici  et  nomen  imposui.  »  Dixit  alius  :  «  Ego  sibi  opus  didici  et  nomen 

«  imposui.  »  Tune  judicavit  episcopus  quod  ad  cujus  invocalionem  ve- 

nirol   canicula   et    [qui]  lacerel  eam   servire    de  suo  mesticr,  eam  ha- 

bcrel.  Primus  eam  iiomine  Rosam  vocavit,  et  noluit  venire  ad  eum  nec 

senire  de  suo  opère.  Tune  secundus  nominavit  eam  nomine  Violam,  et 

dédit  sibi  ictum  suh  gula ,  et  statim  cœpit  ire  super  pedes  posteriores. 

Tune  episcopus  adjudicavit  illi  clerico  ultiino.  Nolebat  autem  venire  ad 

primum  clericum,  quia  secundus  eam  delicatius  nutrierat.  Sic  Christus 

nominavit  nomine  suo  nos  cbristianos,  et  opus  pœnitentix  nos  docuit; 

diabolus  autem  postea  nominavit  nos  nomine  ribaldos ,  et  opus  volup- 

tatis  nos  docuit.  Modo  ad  pedem  crucis  stant  Deus  et  diabolus  :  Deus 

vocat  chi'istianum  nomine  suo ,  diccns  :  •  Servias  de  opère  tuo ,  veni  ad 

•  crucem.  »  Diabolus  e  contrario  vocat  et  clamât  :  «  Sedeas,  ribalde,  et 

«  maneas  in  delitiis  tuis;  servias  de  opère  peccati.  »   Modo  apparebunt 

qui  sunt  christiani  et  servi  Dei,  qui  ribaldi  et  servi  diaboli,  in  assump- 

tione  crucis. 

Fuit  quidam  vir  in  una  congregatione  cuiii  aliis  viris,  et  locutus  est 

de  uxore  sua,  quod  ipsa  eum  multum  diligebat.  Tune  alius  dixit  ei  : 

«Tu  dicis  quod  uxor  tua  te  multum  diligit,  et  ego  pono  tecum  quod 

«  pro  te  festucam  non  saltaret.  »  Posuerunt,   reversusque    ad    domum 

cœpit  aniplexari  uxorem  suam  et  congaudere,  et  quaesivit  ab  ea  si  eum 

multum  diligeret.  Respondit  quod  sic.  Quaesivit  iterum  :  «  Nonne  faceres 

«  quicquid  ego  vellem  P  »  Respondit  quod  sic.  Tune  ipse  projecit  fes- 

8. 


XU'.Mr.CLB. 


60 


ANONYMES. 


Cmil..  Il,  8. 


tucain  in  inetlio,  et  dixit  :  «  Amore  niei  salta  islam  festucam,  et  quia 
«prxcipio  et  volo.  »  Ipsa  autem,  respiciens  festucam,  ait  :  «Ad  quid 
«  eain  saltareni?»  Respondit  vir  :  «Quia  volo.»  Respondit  :  «Quid  in- 
«  teiligitis  in  hoc;'  Non  pertinet  saltare  nisi  ad  meretrices.  »  Tune  \ir 
primo  saltavit.  «Modo,  inquit,  potes  salfare.  »  uCerte,  di\it  ipsii, 
«  vultis  me  incantare.  Non  saltabo.  Quid  inteliigilis  in  hoci*  »  Res- 
pondit vir  :  «  Posait  uruis  mecum  quod  tu  non  saitarcs  festucam  pro 
•  me,  et  amitto  multa  nisi  tu  saltaveris;  si  vero  saitaveris,  lucrabor.  » 
Respondit  mulicr  :  «  Modo  video  quod  istud  est  mokerie.  »  Et  perdidil 
vir  quod  posueriil,  quia  non  saltavit.  Vir,  Christus;  uxor,  ciiristiarms ,  qui 
semper  fatetur  Christum  diligerc.  Christus  fecit  salfum  par  les  mavoys, 
scilicet  pro  cmenda  matorum  saltavit  in  cruce;  unde  in  Cantico  :  «  Ecce 
«  iste  venit  salicns  in  montihus.  »  Rogat  te  ut  similem  saltuu)  pro  ipso 
facias,  et  tu  respondes  :  «Vos,  praîdicatores,  vultis  nos  incantare.  Quid 
«  intelligitis  in  hoc  !'  »  Rcspondeo  :  «  Amittit  Christus  multa  ultra  mare, 
«nisi  tu  feceris  hune  snitum  ad  crucem.  Igitur  salta,  ut  Christus  lu- 
«  cretur.  » 


\h.  de  la  Maza- 
iiiir,  fol.  58  V*. 


La  compilation  renferme  un  très  petit  nombre  de  noms 
propres  qu'il  y  ait  intérêt  à  relever. 

A  l'article  Resurrectio,  un  trait  de  l'histoire  fabuleuse  de 
Charlemagne  attribuée  à  Turpin  est  invoqué  pour  justifier 
la  croyance  au  dogme  de  la  résurrection  des  morts  : 

item  in  historia  karoli  legitur,  dum  milites  ejus  contra  infidèles  pu- 
gnaturi  lixissent  hasias  in  terra,  oraverunt  ut  eis  ostenderetur  qui  eraul 
niorituri  in  crastino  in  bello.  Faclum  est  autem  in  crastino  quod  om- 
nium illorum  qui  morituri  erant  hastae  fronduerunt,  et,  cum  ampu- 
tassent eas,  de  eo  quod  infixum  erat  in  terra  creverunt  de  residuo  arbores 
magnac  in  signiun  quod  adhuc  rosurgerent  morientes. 


Kol.   1 1    V 
ms.  d'Arras. 


du 


La  célébrité  de  Renouart  au  tinel,  le  héros  de  la  chanson 
d'Aliscans,  est  attestée  par  les  premiers  mots  de  l'article 
Belluin  :  Dicitur  quod  RainoaUus  omnes  pusillanimes  et  Ju<ji~ 
tivos  sibi  daii  petiit ,  et  elevatn  tynello  fu(jientes ,  ad  hélium  com- 
pellens,  victores  effecit.  —  Une  historiette  relative  à  un  usurier 
est  attribuée  à  Eudes  de  Paris,  sans  doute  l'évêque  Eudes 
de  Sulli  :  Narrât  Odo  Parisiensis  quod  quidam  usurariusj'mt  in 

Ms. deUMaia-    Frajicia —  Un  propos  de  Guillaume  [d'Auvergne], 

évêque  de  Paris,  est  rapporté  comme  exemple  de  la  man- 
suétude qui  convient  aux  prélats  :  Unde  dicebat  Guillehnus, 


Kol.   3 


rinp,  Toi.  55. 


AUTEURS  DK  RECUEILS  D'EXEMPLES. 


61 


\IV    SIKCI.E. 


eniscopus  Parisiensis ,  tanquam  bonus prœlatiis  et  plus:  «  PIusvolo 
«  subditos  mittere  cuin  paira  pœnitentia  ad pnrgatorium  (juam  ciim 
«  miupm  ad  injenmm.  »  Miilti  eiiiin  desperant  (jiiando  vident  prœ- 
latos  nimis  severos  in  pœnitentiis  injumjendis.  —  L'auteur  met 
daus  la  bouche  du  pape  Alexandre  III,  à  Montpellier,  l'apo- 
logue des  membres  révoltés  contre  l'estomac  :  Itcni,  Alexander 
papa  apud  Montent  Pessulanum  ait  :  «  Pedes  et  manus  simnl 

«I  inmrrexeinnt  contra  stomacnm »  —  Une  anecdote  se 

rattachant  au  séjour  d'Alain  de  Lille  dans  la  même  ville 
de  Montpellier  mérite  de  trouver  place  ici,  quoiqu'elle  ait 
déjà  été  publiée  sous  une  autre  forme  d'après  l'ouvrage 
d'Etienne  de  Bourbon  : 

Item  cum  Alanus,  auctor  Reguiarum  iheologiœ,  veniret  apud  Montem 
Pessulanum ,  congregati  surit  ad  eum  milites  patrie ,  quterentes  ab  eo 
qua>  esset  major  ciirialitas  quae  posset  reperiri.  Ait  eis  :  «Dicam,  si 
"  postea  alteri  quœslioni  mihi  vultis  respondere.  »  Qui  concesserunt. 
Dixit  ille  :  «  Dare  est  maxima  curialitas.  Quilto  quae  sit  maxima  rusti- 
«  citas.  »  IHi  autem  nescierunt  respoiidere  quaestioni  ejus.  Ait  ille  :  «  So- 
•  lutio  quaestionis  vestrae  docet  respondere  meae  quaestioni  :  .si  enim 
»  dare  est  maxima  curialitas,  etaufene  est  maxima  rusticitas.  » 

Le  roi  Philippe  Auguste  est  mis  deux  fois  en  scène.  Un 
jongleur  lui  ayant  un  jour  demandé  ce  qu'il  pensait  :  «Je 
«  pense,  lui  dit  le  roi,  qu'il  n'y  a  plus  des  chevaliers  tels  que 
«  Roland  et  Olivier.  » —  «  Mais,  repartit  le  jongleur,  avons- 
«  nous  un  Charlemagne  ?»  —  Une  autre  fois  c'est  le  fou 
de  Philippe  Auguste  qui  montre  à  son  maître  comment  les 
courtisans  s'enrichissent  en  faisant  valoir  le  crédit  qu'ils  s'at- 
tribuent : 

Rex  Phiiippus  habuit  quemdam  stultum  pauperem,  et  dixit  stultus 
ad  regem  :  «  Facias  me  divitem  usque  ad  annum.  »  Et  dixit  rex  :  «  Quo- 
«  modo.^  »  Respondit  stultus  :  «  Quando  eris  in  congregatione  baronum  et 
«  episcoporum ,  si  voco  te,  surgas  et  venias  ad  me,  et  loquare  mecum 
«  in  privato.  •  Concessit  rex ,  et  fecit  quod  prbmisit.  Videntes  autem  ve- 
nientes  ad  curiam  quod  ita  famiiiariter  loqueretur  quando  volebat, 
dabant  Hli  stulto  multa  exenia.  Ipse  autem  recipiebat  omnia,  et  sic  con- 
gregavit  magnum  thesaurum ,  et  in  fine  duxit  regem  ad  domum  suam  et 
ostendit  ei  illum  thesaurum  et  dixit  :  «  .\ccipe  quod  tuum  et  de  tuo  est.  » 
Tune  quaesivit  rexquomodo  thesaurum  illum  acquisivisset;  respondit  sic 

7 


Ms.  <le  la  Vlaza- 
riiic.  fol.  'l'y  v°. 


Kl.  (le  Boiirliim , 

Anerdolps,  p.  ■•  \('> 
et  .^70. 


Ms.   (rArias, 


loi. 


Ms.  de  la  Mai.- 
rine,  fol.  5.>. 


lbid.,ful.  .îGi" 


(IV  MRCi.e. 


62  ANONYMES, 

et  sic.  «  Vide,  nex,  si  stultus in  tam  brevi  temporc  tanta  acquis! visset  unus 
«  in  servicio  et  famiiiaritate  tua ,  quanta  acquirunt  sapientos  qui  diu  ste- 
«  terunt  in  curia  tua  !  » 


Finissons  par  deux  trails  de  la  vie  do  saint  Louis.  L'un 
trouve  en  français  dans  le  texte  de  l'ouvra 
««7.  iTxxx'"^    Joinville  jadis  possédé  par  M.  Brissart-Binet 


joiiiviiie.  édit.   se  trouve  en  français  dans  le  texte  de  l'ouvraee  du  sire  de 

lie  N.  de  Wailly,      ,.        .n       -i.  ,i,  »*t^.  .t».       . 


Narratur  de  rege  t^odowico  quod  nunquam  timebat  ire  super  pontem 
malum.  Requisitus  autem  quare ,  dixit  hoc  verbum  :  «  Dico  quod  Ghristus 
«surrexit  de  sepulcro,  qui  pro  nobis  pependit  iii  ligne.  Unde  si  ponsest 
«  de  lapide,  tune  non  timeo,  quia  Ghristus  surrexit  de  sepulcro  lapideo; 
tsi  de  ligno,  non  timeo,  quia  Ghristus  pependit  in  ligno.  »  Mentioria 
etiam  passionis  Ghristi  et  resurrectionis  reddit  nos  ubiquc  securos. 
(Fol.  2  4). 

Item  rex  Lodowicus  cum  semel  aegrotaret,  visitaverunt  eum  très  filii 
«ani ,  satis  pulcri ,  et  ait  rex  astantibus  :  «  Videtis  istos  pueros  :  sciatis 
«  quod  qui  eos  strangularet  ante  me  graviter  me  ofienderet;  sciatis  quod 
«  qui  eos  ad  peccandum  mortaliter  induceret ,  gravius  me  ofTenderet.  » 
(Fol.  65  v°.) 

D'après  les  premiers  mots  de  ces  deux  anecdotes,  il 
semble  bien  qu'elles  ont  été  rédigées  avant  la  canonisation 
de  saint  Louis. 

Par  suite  d'une  confusion  avec  le  Manipulas  florum,  la 
compilation  dont  il  s'agit  ici  a  été  attribuée  à  Jean   de' 
Galles  par  le  ms.  i36  de  Charleville. 


î 


III 

Le  dernier  recueil  d'exemples  dont  il  nous  reste  à  dire 
uelques  mots  d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque 
'Arras  (n"  296,  jadis  n°  8^2  )  est  intitulé  Manipulas  exem- 
plorum.  Comme  dans  le  précédent,  les  textes  y  sont  rangés 
suivant  l'ordre  alphabétique  des  noms  de  matières  :  Abbas, 
Abraham,  Absolutio. .  .  '.  .  Le  but  et  le  plan  de  l'ouvrage  sont 
indiqués  dans  les  premières  lignes  de  la  préface  : 

Quoniam,  ut  ait  Gregorius  in  Dialogo,  libro  primo,  cap.  i,  sunt 
nonnuHi  quos  ad  amorem  patriae  cœlestis  plus  exempta  quam  prsedica- 
menta  succendunt,  facilius  quippe  capiunttrr  intellectu,  mémorise  fir- 


AUTEURS  DE  RECUEILS  D'EXEMPLES.  63 

mius  imprimuntur  et  a  inultis  libentius  audiuntur,  eapropter,  ut  ab 
hiis  quorum  interest  in  prœdicationibus  et  doctrinis  alios  ad  virtutes  in- 
ducere  et  a  nialo  retrahere  absque  taediosa  Ubrorum  muititudine  magis 
prœ  manibus  habeantur,  de  libris  infra  nominatis,  in  quibus  quam  plu- 
rium  antiquorum  vitœ  referuntur  et  actus ,  notabiliora ,  prout  mibi  vide- 
batur,  exempla  recitando  coHegi  et  in  unum  redcgi  manipuium,  voca- 
buia  sub  quibus  exempla  praetacta  iocavi  ponens  in  marginibus  secundum 
ordinem  alpbabcti 

Le  recuei!  n'a  rien  d'original.  L'auteur  s'est  contenté  de 
juxtaposer  des  notes  prises  dans  de  vastes  lectures.  Il  n'a 
cependant  pas  vu  tous  les  auteurs  qu'il  a  mis  à  contribution 
et  dont  il  a  reproduit  des  passages  plus  ou  moins  textuelle- 
ment. H  avoue  en  effet  qu'il  cite  parfois  de  seconde  main  : 

Tertio  praemitto  quod  non  omnia  infra  scripta  de  libris  in  quibus  ori- 
ginaliter  inscribuntur  extraxi,  sed  aliqua,  pauca  tamen,  de  libris  aliis  in 
quibus  recitative  scribuntur,  et  specialiter  de  prœfato  hystoriali  Speculo. 

L'écrivain  le  plus  récent  dont  il  nous  ait  paru  invoquer 
le  témoignage  est  Thomas  le  Gallois  :  Thomas  Angticus,  in 
exposîtione  Ubri  de  Civitate  Dei,  libro  3  cap.  i4  (ms.  2^6 
d'Arras,  fol.  29,  col.  2).  La  compilation  doit  donc  avoir 
été  faite  au  xiv*  siècle. 

L'auteur  avait  rédigé  une  collection  des  fleurs  des  livres 
de  saint  Augustin  sur  la  Cité  de  Dieu.  Il  y  fait  allusion  dans 
la  préface  du  Manipulas  exemplonim  : 

Quarto  praemitto  quod  in  hoc  opère,  allegando  Augustinum  in  libris 
de  Civitate  Dei,  sequtus  sum  quotacionem  capitulorum  eorunodem 
librorum  quam  pneposui  cuidam  collectioni  florum  dictoruœ  Ubrorum 
Augustin!,  ubi  sigillatim  omnium  dictorum  capitulorum  expressi  prin- 
cipia. 

Cette  collection  est  assurément  celle  dont  nous  avons 
deux  exemplaires  à  la  Bibliothèque  natiionaile  sous  les 
n*"  2074  et  2076  du  fonds  latin  :  1«  premier,  ven»,  seloa 
toute  apparence,  de  la  librairie  des  papes  d'Avignon^;  le  se- 

'  Il  y  avait  deux  exemplaires  de  cette  d'Avignan,  t.  I,  p.  loo  et  ici).  Ni  l'un 

collection   dans    la   bibliotlièque   d'Ur-  ni   l'autre   ne   peut  être   identifié  avec 

baia  V,  n°'  76  et  85  du  catalogue  pubKé  notre  roonoscnt  aoy^.  —  Le  «itaiogue 

par  M.  Faucon    {La  librairie  des  papes  de  Li  bibliothèqvcde  P«ni»cola  (n°' 390- 


Xtv'  SICCLC. 


\IX'  SIÈCLE. 


64  ANONYMKS, 

cond,  ayant  fait  partie  de  la  librairie  des  ducs  d«'  Milan. 
Cette  collection  a  la  forme  d'une  table  alphabétique,  avec 
des  renvois  à  un  système  de  division  des  livres  de  la  Cité  de 
Dieu  que  l'auteur  avait  imaginé,  comme  il  l'indique  dans 
une  préface  dont  voici  les  premiers  et  les  derniers  mots  : 

Ul  (le  iiifra  scripla  tabula  noticiam  lial)cro  plciiiorcin  valoas,  Hcbes 
scire  quod  quodiibct  capitiiluiii  libi'i  «lo  Ci\ila(o  D<'i  super  (juo  fada  est 
in  seplcii)  tlistinguilur  parles  sccundum  soplcn»  primas  lilteras  alpliaboli. 
Signatur  orgo  in  talniia  ips<i  non  soluni  IIIkt  cl  caj)itului>i,  seti  ipsapars, 
ut  ipsa  iacilius  inveniatur  quîc  describilui' Signatitur  autom  capi- 
tula in  fine  tabulaE<  secundum  ([ua*  oporlel  signari  libriiin  in  (juo  qu;r 
sciibunlur  in  prœsenti  tabula  vultaliquis  iiivcnirc.  ne  variela.s  capilulonuu 
legenteni  impediat  quominus  in  iibro  suo  quod  legil  inveniat. 

Dans  ce  système  le  livre  1  est  divisé  en  36  chapitres,  le 
livre  11  en  29,  le  livre  111  en  3i,  le  livre  IV  en  34,  etc.  lin 
tableau  indiquant  les  premiers  mots  de  chaque  chajjitre  est 
placé  à  la  fin  de  la  collection. 

Dans  le  Mainjmius  cxemploi uni ,  les  renvois  à  la  Cité  de 
Dieu  sont  bien  disposés  suivant  le  système  adopté  dans  la 
table  que  nous  offrent  les  manuscrits  latins  ioy^  et  ioyS. 
Ainsi  pour  un  article  relatif  aux  prodiges  que  l'Antéchrist 
accomplira  avec  l'aide  du  démon ,  l'auteur  du  Manipulas 
cxemploruni  (fol.  6  v",  col.  1  )  renvoie  à  Amjustinus  de  Civilatc 
Dei ,  lihro  20,  cap.  19.  Or,  dans  la  table,  l'un  des  pre- 
miers paragraphes  de  l'article  Antichristns  (ms.  latin  2074, 
fol.  6,  et  ms.  latin  2076,  fol.  8  v°)  est  ainsi  conçu  :  Quod 
per  Antichristwn  dyaholus  solutus  in  omni  sna  viiiule  mirabilitcr 
qaideni,  sed  mendaciter,  operabitur,  libru  -«o,  ig,f-  —  On 
peut  faire  la  même  observation  sur  un  autre  passage  du 
Manipulas  cxemploruni  (fol.  65  v°)  : 

Inferre  auteni  bella  finitiinis  et  in  cetera  inde  procedere,  ac  populos 
sibi  non  molestos  sola  regni  cupiditate  conterere  et  subdere,  quid  aliud 
quani  grande  latrocinium  nominandum  est ,  sicut  fuit  de  utroque  regno , 
scilicet  Assyriorum  et  Roinanorum,  quantum  ad  eorum  initia,  ut  patel 
in  lioc  capitulo  et  eliam  in  praîcedenti.  Augnstinus  Iibro  Ix  de  Civitate 
Dei,  c.  6.  Idem  quasi,  sub  aliis  tamen  verbis,  dicit  in  cap.  1  li. 

39a j  mentionne  sans  aucun  détail  trois  librairie  des  papes  d'Avignon,  t.  II, 
ropies  du  même  ouvrage  (Faucon,  La        {*•  7o). 


I 


AUTEURS  DE  RECUEILS  D'EXEMPLES.  65        ,„.„èc,.. 

Ce  qui  est  en  parfaite  harmonie  avec  l'article  suivant 
de  la  table  (nis.  latin  'J074,  fol.  8  v°,  et  ms.  latin  ioyô, 
fol.  12): 

Infcrrc  liclla  finilimis  et  iiicle  in  cetera  procctlere,  ac  populos  sibi  non 
moteslos  sola  rcgni  cupidilate  conterere  et  subdere,  qiiicl  aliud  quam 
grande  latrocinium  noniinanduni  est  P  Libro  tx ,  cap.  6 ,  g. 

11  faut  donc  attribuera  un  seul  et  même  auteur,  qui  vivait 
apparemment  dans  la  première  moitié  du  xiv"  siècle,  le 
recueil  intitulé  Manipulas  c.remploram  dont  un  exemplaire 
mutilé  se  trouve  dans  le  manuscrit  296  d'Arras,  et  la 
Table  de  la  Cité  de  Dieu  que  nous  avons  dans  les  manu- 
scrits latins  2074  et  2075  de  la  Bibliothèque  nationale. 

L.  D. 


CLÉMENT, 

AUTEUR   D'UNE    VIE   DU   BIE.MIEUREUX   TIIQMAS    HÉLIE   DE   BIVILLE. 


Biville  est  un  village  de  l'ancien  diocèse  de  Coutances,  à 
quatre  lieues  de  Cherboarg,  où  était  né  et  avait  vécu 
Thomas  Hélie,  un  de  ces  hommes  qui,  dans  leur  pieuse 
exaltation,  estimaient  que  le  plus  sûr  moyen  de  sauver 
leur  âme  était  de  torturer  leur  corps  et  de  lutter  contre  tous 
les  appétits  naturels.  Quand  il  mourut,  en  1257,  de  nom- 
breux pèlerins  coururent  à  son  tombeau,  dans  l'espoir  d'ob- 
tenir par  son  intercession  la  fin  ou  l'adoucissement  de 
leurs  maux.  11  paraît  que  cet  espoir  ne  fut  pas  toujours 
trompé,  et  le  bruit  des  miracles  qu'on  attribuait  aux  mé- 
rites de  Thomas  fut  assez  grand  pour  décider  la  cour  de 
Rome  à  procéder  à  une  enquête  sur  la  canonisation  qu'on 
lui  demandait  de  prononcer.  Cette  enquête  fut  conduite,  en    ^  Deii»ie(L.),  vie 

l'<Aj/->  T  tt-1         •  1  •  du  bienh.  Thoim»» 

1 200,  par  1  eveque  de  Coutances,  Jean  d  Esseï,  et  le  prieur   deBivUie,  p.  38. 

TOME  XXXI.  9 

7     #  IWUMlUt    lATlOIAll. 


XIT*  .SIRCLE. 


Loc.  rit. 


,68. 


Hist.  litl.  de  la 
France,  I.  XX  VIII, 
|>.  167. 


Bil)l.  nationale, 
MIS.  lalin  ioo5i, 
Inl.  in-]. 


66  CLÉMENT. 

des  dominicains  de  la  même  ville,  Raoul  des  Jardins.  On 
envoya  à  Rome  le  procès-verbal  de  tous  les  témoignages 
recueillis;  mais,  les  preuves  ne  paraissant  pas  encore  suffi- 
santes, le  Saint-Siège  exigea  une  enquête  supplémentaire, 
à  laquelle  s'emjjressa  de  procéder  le  même  évêque  Jean 
d'Essei.  Ce  prélat  allait  envoyer  à  Rome  les  nouveaux  té- 
moignages recueillis,  quand  sa  mort  survint.  Son  suc- 
cesseur ne  prit  pas  autant  à  cœur  la  canonisation,  et  le  pieux 
prêtre  de  Biyille  dut  se  contenter  du  titre  de  Bienheureux, 
que  personne  ne  songea  à  lui  contester.  C'est  ce  titre  de 
Bienheureux  que  lui  donne  GeolTroi  de  Grimouville,  qui 
parle  de  lui  dans  son  Spéculum  sacerdotum. 

La  vie  de  Thomas  Hélie  a  été  deux  fois  écrite,  la  pre- 
mière fois  en  prose  latine,  la  seconde  en  vers  français. 
Nous  parlerons  d'abord  de  la  plus  ancienne  de  ces  biogra- 
phies :  Vita  et  mimcula  beati  Thomœ  Heliœ.  L'auteur  était  un 
clerc,  nommé  Clément  dans  l'intitulé  de  l'ouvrage;  c'est  à 
peu  près  tout  ce  que  nous  savons  de  lui.  Il  n'avait  pas  connu 
par  lui-même  le  prêtre  de  Biville;  mais  il  avait  pris  une 
part  plus  ou  moins  directe  à  l'enquête  pour  la  canonisation. 
Il  paraît  même  n'avoir  voulu  que  mettre  en  ordre  les  ré- 
sultats de  cette  enquête.  Il  écrivit  sur  l'invitation  d'un  rec- 
teur ou  desservant  de  l'église  de  Saint-Pierre  de  Biville, 
nommé  Alain,  qui  vivait  encore  en  1817  et  faisait  partie 
d'une  confrérie  mentionnée  par  le  P.  Arthur  du  Monstier 
dans  sa  Neustria  pia.  Clément  cite  l' évêque  Jean  d'Essei, 
mort  en  1276,  comme  ayant  cessé  de  vivre,  et  Robert  des 
Jardins  comme  n'étant  plus  prieur  des  dominicains.  Ces 
rapprochements  autorisent  à  conclure  que  la  biographie  de 
Thomas  Hélie  a  été  écrite  quelques  années  après  1275, 
mais  sans  doute  encore  avant  la  fin  du  xiii'  siècle,  et  nous 
aurions  dû  en  donner  la  notice  dans  un  de  nos  précédents 
volumes.  La  date  de  i3i7,  oîi  Alain  est  attesté  comme  vi- 
vant, ne  saurait  avoir  ici  aucune  importance.  Quoi  qu'il  en 
soit,  voici  comme  Clément  entre  en  matière  : 

«  Cher  frère  Alain,  vous  voulez  que  je  raconte  la  vie,  les 
«  bonnes  œuvres  et  les  miracles  du  bienheureux  Thomas 


> 


CLÉMENT.  67       „^.^,.^^^ 

«  Hélie,  pour  être  agréable  aux  pèlerins  qui  accourent  de  di- 
«  verses  contrées  à  son  tombeau ...  Je  le  ferai,  malgré  la  peti- 
«  tesse  de  mon  esprit  et  l'aridité  de  ma  langue  [prout  ariditas 
«  miserœ  lingace  siifficit  et  ingenioU  mei  parvitas  patitur).  Je  dirai 
«ce  que  j'ai  vu,  ce  que  mes  mains  ont  touché,  ce  que  les 
«  plus  graves  témoins  ont  constaté,  dans  l'enquête  à  laquelle 
«j'ai  moi-même  assisté  [cjuorum  e.vaininalioni  inlerjui)  avec  feu 
«de  bonne  mémoire  Jean,  évêque  de  Coutances,  et  Raoul 
«  des  Jardins,  alors  prieur  de  la  maison  des  frères  Prêcheurs 
«  de  la  même  ville .  .  .  J'ai  par-devers  moi  le  rouleau  [volumen) 
«original  de  cette  enquête,  et  je  le  joins  à  ce  que  je  vais 
«  écrire,  pour  mieux  prouver  que  je  n'ai  rien  ajouté  ni 
«  changé  à  ce  qu'il  contient.  » 

On  ne  s'attend  pas  à  trouver  dans  un  ouvrage  de  ce 
genre  un  intérêt  de  premier  ordre.  L'auteur,  assez  bon  la- 
tiniste, se  contente  de  rapporter  les  faits  sans  y  joindre  ses 
réflexions,  aimant  mieux  d'ailleurs  répéter  deux  fois  ce  qu'il 
.sait  que  d'en  oublier  la  moindre  chose.  Né  dans  une  humble 
condition,  simplicibus  ex  parentibus,  Thomas  nous  offre  un 
rare  modèle  de  vertus  ascétiques.  La  pauvreté  de  sa  famille 
ne  l'avait  pas  empêché  d'étudier.  Il  avait  pu  se  rendre  à  Paris 
pour  y  suivre,  durant  quatre  années,  des  études  de  théologie 
et  y  entendre  notamment  les  leçons  du  célèbre  dominicain 
Hugues  de  Saint-Cher,  depuis  cardinal,  auquel  une  notice  a  Histoire  im.  de 
été  consacrée  dans  un  de  nos  précédents  volumes.  Il  avait  p.  38-49. 
fait  aussi  le  voyage  de  Rome  et  celui  de  Compostelle,  et  à 
son  retour,  bien  jeune  encore,  il  avait  régenté  successi- 
vement plusieurs  écoles  [rexit  enim  scholas  in  grammaticalibus 
multis  in  locis).  Mais  c'est  à  tort,  comme  l'ont  remarqué  nos  Hist.  des  Gaules 
savants  confrères  chargés  de  la  continuation  des  Historiens 
des  Gaules,  que  divers  biographes,  depuis  le  xvi'  siècle,  l'ont 
compté  au  nombre  des  aumôniers  du  roi  saint  Louis. 

Il  professait  dans  les  écoles  de  Cherbourg,  quand  il  fut 
atteint  d'une  fièvre  qui  parut  mettre  ses  jours  en  danger. 
Dès  qu'il  eut  recouvré  la  santé,  il  changea  entièrement  sa 
façon  de  vivre,  évitant  les  conversations  purement  agréables, 
renonçant  aux  vêtements  de  couleur,  et  ne  portant  que  des 

9' 


et  de   la    France, 
t.  XXIll.p.  5.S7. 


XIV'  SIÉCI.B. 


68  CLÉMENT. 


lit.,  p.  .■57 


robes  du  drap  le  plu.s  grossier,  sous  lesquelles  était  un  rude 
cilice  qu'il  gardait  nuit  et  jour.  Il  laissa  ses  cheveux  flotter 
en  désordre,  et  ne  prit  même  plus  aucun  .souci  de  la  propreté, 
afin  de  mieux  témoigner  de  son  profond  mépris  des  vanités 
et  des  approbations  mondaines:  Incultus  el  deformis  crinibus, 
restiinento  dcspicabihs ,  miindi  conteniplnm  habita  prœdicabat  el 
(jcstn.  Aux  aiguillons  de  la  chair  il  opposait  les  veilles,  les 
jeûnes  et  les  coups  de  discipline.  On  devine  aisément  qu'il 
ne  manquait  aucun  des  offices  religieux;  mais,  après  les  avoir 
suivis,  il  restait  dans  l'église,  ou  .se  hâtait  d'y  rentrer  dès 
que  les  écoles  ne  le  retenaient  plus.  Alors,  dans  la  solitude 
de  la  maison  de  Dieu,  il  aimait  à  procéder  aux  plus  rudes 
Dcii»ie(L.),ioc.  flagellations  :  0  (iiiol,  qiumli,  quolicns  in  conlicinio  pcr  prœ- 
dictœ  ecclesiœ  cœinelerium  transeuntcs  ciiin  Icmporibus  illis  audie- 
runt  in  ecclcsia  sœpe  (jcmentcni,  snspirantcm ,  sesecjue  disciplinis 
acerrimis  ajjliijcntcm  !  Le  biographe  ajoute  :  prout  narrât  an- 
ti(juitas,  ces  premières  austérités  appartenant  encore  à  la 
jeunes.se  du  saint  homme.  En  ce  temps-là,  Thomas  jeûnait 
trois  jours  de  chaque  semaine  au  pain  et  à  l'eau;  les  autres 
jours  il  se  contentait  de  joindre  au  pain  d'orge  quelque  purée 
ou  bouillie  cuite  à  l'eau,  sans  sel,  modiciini  pnlmentiun;  et 
c'était  toujours  avec  répugnance  qu'il  cédait  aux  instances 
(pi'on  lui  faisait  de  toucher  à  la  moindre  parcelle  de  viande 
ou  de  poisson.  La  boucle  qui  retenait  sa  ceinture  avait  une 
broche  plus  longue  et  plus  aiguë  que  ce  n'était  l'usage, 
qu'il  enfonçait  de  temps  en  temps  dans  ses  chairs  :  Ciim 
aculeo  annuli  suœ  corrujiœ,  (jncmcjc  industria  fieri  fccerat  lomjio- 
rem ,  fréquenter  se  punçjcbat;  exindccjae  socii  ejus  aangiiincm  vi- 
dchanl  ad  ipsias  pedcs  us(jue  manantem.  Tout  cela  nous 
donne  bien  le  droit  de  pen.ser  que  jamais  anachorète  de 
l'Inde  ou  de  la  Thébaïde  ne  poussa  plus  loin  la  passion 
de  tourmenter  son  corps.  Il  y  a  grande  apparence  que  le 
bienheureux  Thomas  n'aurait  pu  résister  longtemps  aux 
effets  de  cette  vie  d'abstinence  et  de  macération ,  si  l'évêque 
deCoutances,  en  lui  conférant  la  dignité  de  prêtre,  ne  lui 
eût  fait  comprendre  que  l'oubli  de  la  propreté  du  corps  et 
les  exagérations  d'abstinence  pouvaient  dénoter  un  fond 


CLÉMENT.  69 

d'orgueil  et  déplaire  à  Dieu  presque  autant  que  les  excès 
précisément  contraires. 

Il  avait  abandonné  l'enseignement  scolastique  à  compter 
du  jour  où  il  était  devenu  prêtre,  afin  de  se  vouer  plus  en- 
tièrement à  la  vie  contemplative  et  à  la  prédication.  11  prê- 
chait sans  aucune  recherche,  mais  avec  une  grande  facilité: 
HO»  snbtililcr  sed  faciliter  prn  capaatate  aiulientium.  Et  il  ne  se 
contentait  pas  de  parler  dans  l'église  de  Biville  :  chaque 
année  il  visitait  plusieurs  paroisses  du  diocèse,  et  dans  cha- 
cune il  prêchait  plusieurs  fois.  Quand  on  savait  qu'il  allait 
arriver,  la  foule  accourait  à  sa  rencontre,  en  criant  :  «  Voilà 
<i  le  bon  homme;  voilà  l'homme  de  Dieu!  »  Eccc  bonus  homu, 
eccc  vir  Dci  ! 

Biville  resta  son  séjour  habituel;  il  avait  abandonné  sa 
part  d'héritage  à  son  frère,  qui  subvenait  à  ses  besoins  bien 
restreints.  Toutes  les  nuits,  il  les  passait  dans  l'église,  ayant 
eu  soin  de  faire  dresser  à  l'entrée  un  lit  pour  le  clerc  ou 
enfant  de  chœur  dont  il  se  faisait  accompagner.  Quand  il 
le  croyait  endormi,  il  saisissait  des  verges  ou  sa  ceinture  de 
cuir  et  .s'en  frappait  avec  violence  :  Cumque  suum  clericum 
crederet  obdorniissc,  ciini  vir(jis  aut  propria  corri(jia  semetipsum 
asperrime  discipi inabat.  Le  sommeil  pourtant  finissait  par 
réclamer  ses  droits;  mais  Thomas  était  toujours  debout 
avant  le  commencement  des  premières  laudes,  et  jamais 
les  clercs  ne  l'avaient  surpris  endormi  :  Nullus  indit  eum, 
cum  sanus  esset,  cnbantem  vel  de  lecto  surgcntem.  Tant  de 
pratiques  pénibles  altérèrent  sa  santé:  au  moins,  dans  les 
dernières  années  de  sa  vie,  fut-il  accablé  de  tous  les  genres 
d'infirmités  ;  mais  c'est  avec  joie  qu'il  voyait  arriver  le 
terme  de  ses  épreuves,  dont  la  récompense  ne  lui  paraissait 
pas  douteuse.  Quand  il  sentit  qu'il  n'avait  plus  que  quel- 
ques jours  à  l'attendre,  il  écrivit  à  sa  pieuse  amie,  dame 
Ahce  de  Tancarville,  femme  de  messire  Robert  Bertrand  : 
«Je  vous  fais  savoir  que  je  m'en  vais  en  cour  de  paradis; 
«j'y  serai  votre  procureur  autant  qu'il  me  sera  permis.  » 
Ego  vos  faciam  scire  quod  vado  ad  ciiriam  paradisi,  ubi  pro- 
curator  vester  ero  (juantuni  mihi  permissiim  fuerit .  11  est  rare 


XIV*  SIÈCLE. 


\lï    SIECLE. 


70 


CLEMENT. 


Du  Caille,  Gloss. 
med.  et  iiif.  latin. 
V.  Quidcdu'.l 


liolUnd  (E.). 
Faillie  popul.  de 
la  France,  t.  III, 
p.  ,3o3. 


de  voir  dans  les  âmes  le  plus  constamment  préoccupées  de 
leur  salut  une  telle  confiance  dans  la  réconij)ense  finale. 
Thomas  Hélie  mourut  le  19  octobre  i  iôy,  non  pas  à  Biville, 
mais  près  de  là,  à  Vauville,  dans  la  maison  de  messire  Gau- 
vain,  seigneur  du  lieu. 

Nous  nous  arrêterons  peu  sur  les  miracles  dont  les  clercs 
chargés  de  l'enquête  avaient  reçu  la  déclaration.  Ils  com- 
prennent ici  soixante-six  numéros,  les  derniers  recueillis 
dans  la  seconde  enquête.  La  plupart  ne  doivent  pas  éveiller 
de  grands  doutes,  attendu  qu'ils  pouvaient,  même  en  cour 
de  Rome,  mériter  à  peine  le  nom  de  miracles.  Ainsi,  sous 
les  numéros  viii  à  x,  Gauvain,  chevalier,  seigneur  de  Vau- 
ville, dépose  que,  dans  sa  dernière  maladie,  Thomas  ayant 
permis  qu'on  lui  sei-vît  une  perdrix,  on  avait  aussitôt  en- 
voyé un  chasseur  dans  la  campagne,  avec  chiens  et  fau- 
cons, pour  prendre  la  perdrix,  et,  vers  la  nuit,  un  pêcheur 
avec  un  de  ces  fdets  nommés  «  quideaux  »  ^(juidellos) ,  pour 
rapporter,  à  défaut  de  gibier,  quelque  bon  poisson.  Le 
chasseur  revint  les  mains  vides;  mais  quand  le  pêcheur 
releva  son  (ilet,  il  y  trouva,  non  pas  un  poisson,  mais  une 
perdrix.  Tout  le  monde  cria  au  miracle,  attendu,  dit  le 
biographe,  qu'on  n'avait  jamais  vu  auparavant  prendre  les 
perdrix  au  fdet.  Le  nom  de  ce  hlet,  quidel  ou  (juideau,  avait 
été  déjà  retrouvé  dans  une  ordonnance  de  Philippe  le 
Bel,  et  ailleurs.  D'autres  expressions  usitées  autrefois  dans 
le  Cotentin  nous  ont  été  conservées  par  le  biographe  de 
notre  bienheureux.  C'est  ainsi  qu'il  nous  parle  (n°'xxxviii 
et  Lxv)  de  deux  petites  filles  tombées  in  fontem  vase  lifjneo 
circuindatum  qui  vulgariter  dicitar  «buchot».  et  (n"  XLViii) 
d'un  ver  qui  vulfjariter  dicitur  «  oreilliere  »  ;  c'est  l'insecte 
qu'on  nomme  aujourd'hui  communément  perce-oreille;  le 
nom  d'«  oreillère  «  est  encore  usité  en,  Normandie.  Les  nu- 
méros XVI  et  XVIII  constatent  la  foi  qu'on  attachait  alors  à 
certaines  pierres  précieuses  pour  la  guérison  des  cataractes. 
Une  jeune  fille  avait  eu  vainement  recours  à  ce  remède, 

3uand  elle  fut  guérie  en  s'agenouillant  devant  le  tombeau 
e  Thomas  :  Ruborem  quamdamque  telam  tenueni  habuit  super 


CLÉMENT. 


71 


XIV'  SlàcLE. 


biiiiiiiii    iic'gis- 

truni  visilat.  ar- 
chiepisc.  Itotoni.. 
p.  5.J5. 


oculos habuilcjue  annnlos  cum  lapidibus  pretiosis,  sed  nec 

per  medicamenta  nec  per  lapides  carari  potuit Une  autre 

femme  avait  passé  par  la  même  épreuve  :  (juœsivit  annulas 
ciini  lapidibus  pretiosis  et  herbas  multas,  (juœ  nihil  profuerunt; 
mais  la  vue  des  souliers  de  Thomas,  déposés  sur  son  tom- 
beau, eut  plus  de  vertu  que  toutes  les  herbes  et  tous  les 
anneaux  du  monde. 

Quel  que  soit  le  degré  de  foi  qu'on  accorde  aux  déposi- 
tions réunies  dans  l'enquête  sur  les  miracles  dus  à  l'inter- 
cession de  Thomas  Hélie,  on  ne  peut  mettre  en  doute  la 
vénération  dont  ce  bon  prêtre  fut  de  bonne  heure  l'objet, 
puisqu'elle  décida  l'archevêque  de  Rouen,  Eudes  Rigaud, 
à  s'arrêter  devant  son  tombeau.  «Le  3  septembre  (1260), 
«  lisons-nous  dans  le  célèbre  Registre  de  ses  visites,  nous  ar- 
«  rivâmes  au  tombeau  du  bienheureux  Thomas  de  Riville, 
«  par  les  mérites  duquel  le  seigneur  Dieu  faisait  chaque 
«jour  diverses  manifestations  miraculeuses.»  Cette  véné- 
ration, loin  de  s'effacer  avec  le  temps,  n'a  fait  que  grandir. 
En  i533,  elle  était  consacrée  par  l'érection,  dans  l'église 
de  Biville,  d'un  tombeau,  malheureusement  détruit  aujour- 
d'hui, qu'ornaient  des  tableaux  représentant  plusieurs  des 
miracles  racontés  dans  la  biographie.  Des  vies  nombreuses 
du  bienheureux  Thomas,  rédigées  le  plus  souvent  sans  cri- 
tique et  mêlées  de  fables,  ont  été  imprimées  dans  les  deux 
derniers  siècles  et  s'impriment  encore.  L'intercession  du 
saint  prêtre  de  Biville  est  encore  souvent  invoquée  par  les 
populations  du  Cotentin,  parmi  lesquelles  des  cantiques  et 
des  images  entretiennent  son  souvenir.  En  1869,  la  con- 
grégation des  rites  a  autorisé  le  culte  rendu  à  sa  mémoire, 
et  plus  d'un  bas  Normand  conserve  l'espoir  de  faire  encore 
prononcer  la  canonisation  officielle  qui  faillit  être  obtenue 
au  XIII*  siècle. 

La  Vita  beati  Thomœ  Heliœ  est  écrite ,  ainsi  qu'on  a  pu  déjà 
le  voir  par  nos  courtes  citations,  sans  aucun  autre  mérite 
que  celui  d'une  facilité  claire  et  naturelle.  Elle  fut  imprimée 
pour  la  première  fois  en  i853  dans  la  continuation  des 
Acta  Sanctorum,  d'après  trois  copies  faites  au  xvii*  siècle  sur   ^•-'  viii.p.eoc 


OcJisIe 

cit.,  p.  •!• 


U.lt 


Ibid. 


p.  I.). 


Acta  Sanctorum , 


.    ,  72  CLKMENT. 

MV    SIETJ.K. 


une  copie,  aujourd'hui  perdue,  qui  élait  insérée  dans  le 
registre  paroissial  de  l'église  deBiville.  Une  quatrième  copie 
est  conservée  dans  notre  Bibliothèque  nationale,  parmi  les 
recueils  formés  par  le  P.  Arthur  du  Monstier  et  relatifs  à 
l'histoire  ecclésiastique  de  la  Normandie.  M.  Léopold  De- 
lisle,  qui  avait  découvert  cette  copie  en  1847,  l'a  publiée 
en  1860  dans  les  Mémoires  de  lu  Société  académique  de  Cher- 
bourg, et  un  antiquaire  normand,  M.  de  Pontaumont,  a  re- 
produit cette  édition  en  1  868.  Nos  savants  confrères  chargés 
iii>i.  (les Gaules   de  la  coutinuatiou  des  Historiens  des  Gaules  et  de  la  France 
t.'  \xiii .  (). Ts*^   ont  admis  dans  leur  grand  ouvrage  des  fragments  étendus 
"''''*  de  la  biographie  du  bienheureux  Thomas  Hélie. 

Venons  maintenant  au  poème  français.  Il  avait  été  tran- 
scrit, ainsi  que  la  vie  latine,  dans  le  registre  de  l'église  de 
Biville.  C'est  là  que  René  Toustain  de  Billy,  curé  du  Mesnil- 
Opac,  le  copia,  à  la  fin  du  xvii*  siècle,  et  l'inséra  dans  un 
Bii>i  liât.,  1115  recueil  qui  est  aujourd'hui  conservé  à  la  Bibliothèque  na- 
56  '^'"  *"'  ''  tionale.  Toustain  de  Billy  fait  suivre  sa  copie  de  cette  re- 
marque :  «•  Ces  vers  sont  tirez  d'un  ancien  registre  en  par- 
ti chemin  appartenant  à  l'église  de  Buiville,  trouvé  chez 
«  M.  Lallier,  officiai  et  curé  de  Vallongne.  La  première  partie 
«  de  ce  registre  contient  les  vers  cy  dessus;  fautre,  qui  est 
«en  latin,  la  vie  et  les  miracles  du  mesme  bienheureux 
«  Thomas.  L'un  et  l'autre  furent  composez  peu  de  temps 
«  après  sa  mort  par  un  escrivain  qui  exprime  son  nom  par 
«  le  dyslique  suivant.  H  y  a  auparavant:  In  istis  duobas  ver- 
ni sibus  est  nomen  actoris. 

«  Nomen  Baptistœ,  cognomen  nominis  iste 
«  Gessit  qui  dudum  vestivit  frigore  nudum. 

«  On  estime  que  ce  nom  et  surnom  enigmatique  est  Jean 
M  de  Saint  Martin;  ainsy  le  sens  est:  vestivit  nudum  contra 
ufrigus,  ce  que  fist  S.  Martin.  Quelques-uns  ont  pensé  que  le 
«  surnom  de  cest  autheur  estoit  Desneges,  parce  que  la  nege 
«  qui  tombe  sur  un  corps  peu  ou  point  couvert  le  couvre 
«  véritablement  de  froit.  »  Voilà  assurément  ce  qu'on  peut 
appeler  chercher  midi  à  quatorze  heures  :  le  nom  du  poète 


MX     SIIXI.K. 


CLEMENT.  73 

rfail  Jean  Marliii,  et  les  vers  le  disent  claireineni.  Quant  à 
l'idée  (ratlribuer  au  niènie  auleui'  la  vie  latine  et  le  poènie 
français,  elhî  est  d'autant  moins  soutenahle  (|ue  ce  même 
registre  de  Bi\ille,  à  en  juger  par  les  quatre  copies  cpi'on  (>n 
possède;,  donnait  expressément  au  hiograj)he  latin  le  nom  de 
Clément.  Il  est  d'ailleurs  impossible  de  regarder,  comme  on 
l'a  fait,  lesdeuv  ouvrages  comme  contemporains.  Le  style  du 
poème  Irançais  accuse;  une  date  sensiblement  postérieure  à 
relie  de  la  vie  latine,  et  le  .soin  cpie  le  rimeur  affecte  de 
lermer,  avec  plus  ou  moins  d'à-propos,  cliacun  <le  ses  alinéas 
par  une  sentence  [)roverl)iale  nous  indique  as.sez  clairement 
ré|)0([U(;  (1(;  Cbarles  V  ou  de  Charles  VI;  au  moins  est-ce 
vers  ce  tenqxs-là  que  nous  voyons  pour  la  première  lois  les 
versilicateurs  user  et  abuser  de  cette  chute  systématicjue, 
que  les  poètes  de  la  Renais.sance  firent  heureusement  aban- 
donner. Nous  n'aurions  donc  pas  dit  un  seul  mot  de  la  vie 
française  du  bienheureux  Thomas  Hélie,  si  ce  petit  poème 
n'offrait  |)as  une  intime  liaison  avec  la  vie  latine,  et  s'il  n'en 
était  |)as  la  traduction  exacte.  Jean  Martin  avait  sous  les  yeux 
fœuxre  de  Clément,  et  le  seul  mérite  qu'on  puisse  lui  re- 
(•onnaître  est  d'avoir  suivi  son  original  avec  une  grande  fidé- 
lité. Seulement  il  s'est  contenté  de  mettre  en  langue  vul- 
gaire la  vie  du  bienheureux,  et  s'est  abstenu  de  traduire 
les  miracles,  dont  le  récit  forme  la  seconde  partie  du  livre 
de  Clément. 

L'œuvre  de  Jean  Martin  offre  cependant  quelque  intérêt, 
mais  uniquement  au  point  de  vue  de  la  langue.  L'auteur 
s'exprime  ainsi  dans  la  seconde  strophe  : 

Or  escoutez  donque  la  vie  Ms.  (r.   'i()oi, 

Du  seint  homme  Thomas  Helie,  '"'•  9^  ^°- 

Et  je  la  direy  sanz  mentir 

Comment  que  ma  langue  set  rude  ; 
J'é  tous  jours  apris  sen  usage 
A  parler  en  Haguu  language. 

En  effet,  son  poème  porte  en  maint  endroit  les  marques 
caractéristiques  du  parler  bas  normand,  bien  que  l'auteur 


TOME   XWI. 


lO 


\I»'SIKIXK. 


Vi 


CLKMENT. 


l)ellsl.-(L.).lor. 
il.,  p.  II. 


ait  mêlé  à  ce  qu'il  appelle  assez  étrangement  le  •  Hague  lan- 
«  guage  »  bien  des  formes  empruntées  au  français  général. 
.Malheureusement  la  copie  de  Toustain  de  Billy  ne  paraît 
pas  faite  avec  beaucoup  de  soin.  11  serait  à  désirer  qu'on 
retrouvât  le  registre  sur  lequel  il  l'avait  prise.  Ce  registre 
était  en  parchemin,  et  le  poème,  d'après  un  témoignage  du 
wiii'^  siècle,  était  écrit  «  en  lettres  gothiques  »;  ce  qui  a.ssigne 
à  la  transcription  une  date  assez  reculée;  cependant  elle 
\iciii..i.HaSor.    j)ré.sentait  sans  doute  déjà  de  graves  altérations.  Pliiquel  a 
i''v.T   .'' ^°rîie     ^''^  ""  morceau  du  poème  de  Jean  Martin,  qu'il  ])araît  bien 
!••  ^•'.  avoir  tiré  d'une  autre  copie  du  registre'.  Son  édition  ne 

diflère  que  sur  quelques  points  de  détail  de  la  copie  de 
Toustain  de  Billy;  mais  ces  divergences  sulTisent  pour  per- 
mettre de  restituer  à  peu  près  sûrement  le  texte  du  registre, 
et  l'on  voit  qu'il  n'est  pas  partout  satisfaisant.  Nous  donnons 
ici  cette  restitution,  en  notant  en  marge  les  leçons  qui 
paraissent  fautives  dans  Pluquet  (P)  et  dans  Toustain  (T); 
on  aura  ainsi  un  échantillon  du  style  de  Jean  Martin.  Ce 
.sont  les  vers  5 7-80  : 


Eln  la  (luchey  de  Norinendie 
Fu  ney  le  bon  Thomas  Helie, 
Ou  il  n'ut  bol)ans  ny  \  antanches , 
Eu  diocèse  de  Coutanches, 
En  une  asez  petite  ville , 
A  Saint-Pierre  de  Buyville. 
Sen  père  Ilelie  fut  nomey 
Qui  fut  homme  bien  renomey, 
Si  ut  surnom  du  nom  sen  père; 
El  Mahaut  avet  nom  sa  mère. 


T.  NormindiR 
T.  fut,  Elie 
T.  boban ,  P.  ni 

T.  asseï 

P.  Buinville 

T.  Elie,  nomniey 

T.  reiiommey 

T.  surnom  s.  p. 

T.  Maliault,  P.  aveit 


'   Pluquet  s'exprime  ainsi  :  ■  La   vie 

«du  bienheureux  Thomas  Hélie , 

«morl  en  laSy,  fiit  écrite  en  vers  quel- 

•  ques  années  après  par  un  poète  du  pays , 
■  qui  s'est  désigné  par  ces  deux  vers  énig- 

•  ma  tiques  : 

•  Nomen  Baptitix ,  cognomen  nominij  ùte 
«Getsilqui  duduin  vesttvit  nuflum  contra  frigas.  » 

Et  en  note:  «Ce  dernier  ver»  est  eslro- 

•  pié;  mais  il  est  ainsi  dans  le  manuscrit 


•  original.  >  Si  l'on  rapproche  cette  cita- 
tion du  passage,  donné  plus  haut,  de  Tous- 
tain ,  où  frigore  est  interprété  par  contra 
frigus  (à  tort,  car  frigore  est  pour  in 
frigore) ,  et  du  fait  que ,  dans  la  copie  de 
Toustain ,  frigore  est  écrit  en  place  d'un 
mot  raturé,  on  conclura  que  dans  le 
registre  contra  frigus  était  une  glose 
écrite  au-dessus  de  frigore  et  qui  en 
avait  pris  la  place  dans  la  copie  dont 
s'est  servi  Pl\iquet.         <  '  '  ■  ■  n.  i  '  •  ' 


GUILLAUME  LE  MAIRE. 

Qui  estet  moult  très  prude  faîne 

Et  servet  Dcx  et  nostre  dame. 

Ney  fut  en  leal  mariage  ; 

Et  tiint  vint,  quant  il  fut  en  aage 

D'eflanclie ,  Ai  mis  a  aprendre , 

Et  il  y  ouït  l'engin  si  tendre 

Qu'il  devint  si  fort  chrestiert 

Tantost,  très  bon  gramarien 

Et  très  bon  clerc  (et)  bien  prolatif, 

Tant  qu'il  fu  le  superlatif 

Et  du  tout  le  plus  de  clergie , 

Et  print  a  douctriner  mesnie 

Par  exemples  et  par  paroles, 

Puiz  tint  en  meins  leus  les  escholes. 


75 


HIV"  SIÈLLC. 


T.  femme,  P.esleil,  très  manque,  pre.li 

T.  Ce  s.,  noire,  P.  servit 

T.  Ceiicy  f.  un ,  P.  Si  ro  f.  un 

T.  vins,  âge 

T.  fui,  apprendre,  P.  D'enlianihi',  mijr 

P.  oui 

P.  grammairien 

T.  fui 

T.  de  l. 

T.  doctriner  mesmie,  P.  presl 

P.  exemple 

T.  Puis,  m.  leurs  e.  T.  maini  les  e. 


M.  de  Pontauniont  a  publié  en  1868,  d'après  la  copie  de 
Toustain  de  Billy,  les  io83  vers  qu'elle  contient.  Avant 
cette  édition,  un  autre  antiquaire  normand,  M.  Couppey, 
avait  lu,  dans  une  séance  de  la  Société  académique  de  Cher- 
bourg, une  notice  sur  le  même  poème,  qui  fut  imprimée 
dans  un  des  volumes  (i843)  de  cette  société,  et  qui  contient 
({uelques  bonnes  corrections.  P.  P. 


GUILLAUME   LE   MAIRE, 


EVEQUE  D'ANGERS. 


SA  VIE. 

Le  3o  janvier  1291,  on  apprend  à  Angers  que  l'évêque 
de  cette  ville,  Nicolas  Gèlent  ouGellant,  est  mourant  en  son 
manoir  d'Eventard.  Ayant  reçu  cette  nouvelle,  quelques  di- 
gnitaires du  chapitre  vont  rendre  les  derniers  devoirs  au 
pasteur  vénéré.  Il  meurt  aussitôt  après  leur  arrivée.  Les 
chanoines  rasent  sa  barbe,  lavent  son  corps,  l'embaument, 
le  parent  des  vêtements  et  des  ornements  épiscopaux.  Le 

10. 


Mort  te  i3  mai 
1317. 

D'Acbery.Spicil. , 
ëditioa  de  172.'^, 
t.  II,  p.  160. 


,,,.„„,,.        76  GUILLAUME  LE  MAIRE. 

lendemain  a  lieu  la  cérémonie  de  l'exposition.  Mnsuilf 
vingt  chapelains  d'Angers,  choisis  parmi  les  pins  ro])nstes, 
viennent  chercher  le  corps  et  le  transportent  dans  la  ville 
épiscopale,  où  il  est  solennellement  enseveli. 

Sur  toul  ce  cpii  regarde  l'élection,  la  conlirmalion  et 
l'installation  du  nouvel  évêcpie  nous  avons  une  narration 
suivie,  à  laquelle  ne  manque  aiicun  détail.  Il  nous  paraît 
utile  d'en  extrain;  ce  qui  doit  faire  connaître  les  loi.s,  les 
coutumes  et  les  mœurs  du  temps. 
Lor.  rii..  |).  ifii.  Les  funérailles  de  Nicolas  (îelent  achevées,  les  chanoines 
d'Angers  s'assemhlent  dans  le  chœur  de  l'église  calhédrale, 
l'église  Saint-Maurice,  et,  ])rostfirnés  à  terre,  chantent  les 
sept  psaumes,  avec  les  litanies;  puis  ils  entrent  dans  la  salle 
capitulaire  pour  y  délihérer.  A  la  suite  de  cette  délihération, 
quelques  chanoines  sont  envoyés  au  roi  et  au  chapitre 
métropolitain  de  Tours  (le  siège  de  Tours  étant  aussi  va- 
cant), porteurs  du  même  message.  Ils  vont  demander  la 

ii)i(i  .  (..  ifi..  permission  d'élire  un  nouvel  évêque.  Celte  permission  ac- 
cordée, les  chanoines  décident  que  l'élection  se  fera  dans 
l'église  Saint-Maurice,  le  mardi  qui  suivra  le  dimanche  des 
Rameaux  (17  avril  1291),  et  convoquent  par  lettres  tous 
leurs  collègues  absents. 

Au  jour  fixé  l'élection  n'a  pas  lieu.  Un  second  scrutin 
est  ouvert  le  lendemain,  mais  sans  plus  de  résultat.  Dix 
chanoines  sont  chargés  de  faire  un  choix  et  de  le  faire  con- 
naître. S'étant  donc  immédiatement  retirés  dans  la  crypte 
pratiquée  sous  la  châsse  de  saint  Maurille,  les  dix  chanoines 
s'accordent  bientôt  à  présenter  Guillaume  Le  Maire,  leur 
confrère.  La  présentation  faite,  Guillaume  Le  Maire  refuse 
pour  la  forme,  comme  le  prescrit  l'usage,  une  aussi  haute 
dignité.  Mais  aussitôt  on  chante  en  chœur,  tumultueusement, 
l'hymne  Te  Denin  laudaimis,  et  l'on  entraîne  au  grand  autel 
l'élu  résistant  encore.  Enfin  les  cloches  sont  mises  en 
branle,  les  portes  de  l'église  sont  ouvertes,  et  à  la  foule  qui 
de  toutes  parts  accourt  et  se  précipite  les  chanoines  crient 

l'oii  ((;.), Livre   le  nom  de  l'évêque  nouveau. 
Noii.".  |).  8.  "'         Guillaume  Le  Maire,  en  latin  Major,  né  à  Daumerai, 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  77 


\IV'  SIÈCLE. 


Gallia  christ, 
nova ,    t.    XIV, 


au  diocèse  d'Angers,  avait  passé  dans  son  pays  natal  toutes 
les  années  de  sa  première  jeunesse.  Il  nous  l'apprend  lui- 
même  :  In  Aiulecjavensi  diœcesi  nnti  et  imtriti.  Plus  tard  il 
avait  été  professeur  de  droit  canonique  aux  écoles  d'Angers,  <■.  ig 
et,  son  mérite  reconnu  l'ayant  fait  nommer  chanoine  de 
l'église  cathédrale,  il  était,  depuis  .sept  ans  révolus,  chapelain 
et  pénitencier  perpétuel  de  l'évêque  défunt.  On  n'avait  pu 
donner  à  Nicolas  Gèlent  un  successeur  mieux  informé  de 
l'état  et  des  besoins  du  diocèse. 

L'élection  sera  sur-le-champ  notifiée  au  chapitre  métro- 
politain. Quelques  chanoines  partent  d'Angers,  allant  faire 
cette  notification.  L'élu  les  suit  lui-même,  voulant  sans 
doute  prévenir  par  cette  démarche  respectueuse  une  oppo- 
sition qui  devait  toujours  être  redoutée.  Il  n'y  avait  guères, 
en  ce  temps-là,  d'élection  confirmée  .sans  débat,  sans  procè*. 
Guillaume  Le  Maire  se  dirige  donc  vers  Tours,  par  Brion, 
par  Bourgueil,  couche  le  dimanche  de  Pâques  à  Langeais  et, 
le  lundi,  il  se  rend  chez  le  doyen  de  Tours,  auquel  il  vient 
demander  l'hospitalité. 

Ayant  fait  subir  à  l'élu  l'examen  canonique,  le  chapitre  DAcrieiy.  i.k 
métropolitain  le  confirme,  et  mande  aux  évêques  de  la  pro-  "'"P  '^  ' 
vince  qu'ils  devront  assister  à  sa  consécration  le  dimanche 
avant  la  Pentecôte,  en  l'abbaye  de  Saint-Aubin,  les  évêques 
d'Angers  devant  être,  par  privilège,  consacrés  en  leur  ville 
épiscopale.  Cependant  l'Eglise  ne  peut  consacrer  un  évêque 
qui  ne  s'est  pas  encore  fait  agréer  par  le  roi.  Ayant  donc 
reçu  la  confirmation  des  chanoines  de  Tours,,  les  chanoines  '••"'••  p-  'O''- 
d'Angers  s'adressent  au  roi,  le  priant  de  faire  cesser  la  per- 
ception des  droits  régaliens  dans  le  domaine  de  leur  évêque. 
Pendant  que  ces  formalités  se  remplissent,  Guillaume  Le 
Maire,  qui  ne  peut  encore  entrer  dans  sa  ville,  visite  les 
églises,  les  abbayes  d'alentour,  admoneste  des  curés  et  des 
moines  oublieux  de  leurs  devoirs,  règle  des  comptes  et 
nomme  son  futur  officiai ,  Etienne  de  Bourgueil.  Le  28  avril, 
le  roi  donne  main-levée  des  droits  régaliens.  Aussitôt  Guil- 
laume Le  Maire  quitte  son  manoir  de  Villévêque,  et  se 
rend  à  la  cour  du  roi,  où  il  va  prêter  serment.  Son  équipage      iwd.,  p.  169. 


\l\'  MKCLK. 


78  GUILLAUME  LE  MAIRE. 


se  compose  de  vingt-cinq  chevaux,  sans  compter  les  bêtes 
de  somme.  Des  chanoines  et  des  seigneurs  angevins  l'accom- 
pagnent, avec  une  escorte  nombreuse  d'écuyers  et  de  gens 
de  service.  Tel  était  alors  le  faste  de  l'Eglise.  Guillaume  Le 
Maire,  bien  accueilli  par  le  roi,  lui  prête  son  serment,  le 
16  mai,  au  château  de  Vincennes. 

Nous  le  voyons  ensuite  arriver  à  Paris,  y  demeurer  trois 
jours  et  y  faire  emplette  de  mitres,  d'habits,  d'ornements, 
de  harnais.  On  ne  pouvait  dès  lors  passer  par  cette  ville  opu- 
lente sans  en  visiter  les  marchands  renommés.  De  là  Guil- 
laume retourne  à  Villévêque,  sur  le  Loir,  à  quelques  lieues 
d'Angers;  dans  cette  fraîche  résidence,  où  il  vient  coucher 
le  28  mai,  il  attendra  le  jour  fixé  pour  sa  consécration.  La 
Loc.  rii.p.  171.  veille  de  ce  jour,  le  samedi  2  juin,  il  part  de  grand  matin 
et  se  dirige  vers  les  faubourgs  d'Angers,  allant  à  l'abbaye  de 
Saint-Serge,  où  il  doit,  suivant  l'usage,  passer  la  nuit,  avec 
les  gens  de  sa  suite,  aux  frais  des  moines. 

Le  lendemain,  il  se  rend  à  cheval  au  lieu  désigné  pour 
la  cérémonie.  Autour  de  lui  se  presse  un  peuple  ému, 
bruyant,  de  bourgeois  et  de  clercs.  Quand  il  arrive  à  la 
porte  de  l'abbaye  de  Saint-Aubin,  Briant  de  Montejan, 
sire  de  Briançon,  vient  à  sa  rencontre.  C'est  le  privilège 
envié  de  ce  vassal  d'aller  le  premier  au-devant  de  l'évêque, 

f)Our  lui  faire  un  passage  à  travers  la  foule.  L'évêque  doit 
ui  donner,  pour  récompense ,  son  palefroi.  La  foule  écartée, 
Guillaume  Le  Maire  entre  à  Saint-Aubin,  où  dès  l'abord  se 
présentent  à  lui  quelques  chanoines  de  Tours.  Ce  sont  des 
envoyés  de  l'archevêque  nouvellement  élu,  qui  réclament 
de  lui  le  serment  qu'il  doit  à  son  supérieur  spirituel.  Il  le 
prête  à  la  hâte,  et,  sans  autre  délai,  va  dans  une  chapelle, 
où  le  suivent  les  évêques  de  Dol  et  de  Quimper,  revêtir  les 
habits  sous  lesquels  il  sera  consacré.  11  ne  lui  appartient  pas 
encore  de  porter  la  mitre,  l'anneau,  le  bâton  pastoral  et  les 
gants.  Ces  ornements  lui  seront  offerts  plus  tard.  De  même 
n'a-t-il  pas  droit  encore  aux  vêtements  brodés  d'or  et  de  soie  : 
avant  la  consécration,  sa  robe  est  de  toile  blanche,  de  bou- 
gran.  En  sortant  de  la  chapelle,  Guillaume  Le  Maire  est 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  79 


MV    SIKCI.K. 


r 


conduit  à  l'église  principale  de  l'abbaye,  où  il  est  consacré 
devant  le  grand  autel  par  Guillaume,  évéque  de  Rennes. 

L'antique  abbaye  de  Saint-Aubin,  si  souvent  nommée 
dans  les  fastes  ecclésiastiques  ou  civils  de  l'Anjou,  n'était 
pas  encore,  à  cette  époque,  comprise  dans  les  murs  de  la  cité. 
Maintenant  paré  des  insignes  de  l'évêque  consacré,  Guil- 
laume Le  Maire  va  faire  son  entrée  solennelle  dans  sa  ville 
épiscopale.  Les  principaux  seigneurs  de  la  province,  les 
barons  de  Chemillé,  de  Blou,  de  Gratecuisse  et  de  Briolai, 
celui-ci  représenté  par  son  fils  aîné,  âgé  de  onze  ans,  l'élè- 
vent  alors  sur  leurs  épaules  et  se  dirigent  avec  ce  fardeau 
vers  une  des  portes,  appelée  la  Porte  Angevine.  Mais  ils  la 
trouvent  fermée  par  les  ordres  du  chapitre.  Le  cortège 
ayant  déjà  fait  une  longue  station  devant  cette  porte  close, 
le  guichet  s'ouvre  enfin,  et  un  des  archidiacres  se  présente, 
au  nom  du  chapitre,  venant  exiger  de  l'évêque  un  nouveau 
sernïent.  H  faut  qu'il  jure,  avant  d'entrer  dans  la  ville, 
d'observer  toujours  fidèlement  les  droits,  les  coutumes  de 
son  église.  11  jure  donc,  et,  la  porte  ouverte,  il  est  conduit 
à  l'église  cathédrale,  où  il  entend  la  messe  du  jour,  installé, 
dit-il,  dans  une  sorte  de  cuve  close,  où  il  s'est  prudemment 
soustrait  aux  hommages  trop  vifs  de  la  foule  bruyante. 

Enfin,  la  messe  dite,  il  se  rend  à  son  palais  épiscopal, 
s'habille  d'un  rochet  neuf  et  va  se  mettre  à  table.  Nous 
devons  raconter  quelques  détails  vraiment  curieux  de  ce 
festin.  L'évêque  qu'on  vient  de  consacrer  a  pour  commen-  1.0.. rit.,  p.  17/,. 
saux  les  évêques  qui  sont  venus  prendre  part  à  la  cérémo- 
nie, et  pour  serviteurs  ces  premiers  seigneurs  de  la  province 
qui  l'ont  porté  sur  leurs  épaules.  Mais  ce  n'est  pas  de 
leur  part,  qu'on  le  remarque,  un  service  désintéressé.  En 
effet,  après  le  repas,  le  baron  de  Blou,  sire  de  Beaucé, 
réclame  pour  salaire  et  obtient  sans  contestation  les  quatre 
écuelles  d'argent  sur  lesquelles  il  a  présenté  les  premiers 
mets  à  l'évêque.  Jean  de  Beaumont,  seigneur  de  Gratecuisse , 
le  sire  de  Montejan  et  le  sire  de  Chemillé  reçoivent  ensuite, 
sans  avoir  besoin  de  faire  valoir  leurs  droits,  les  bassins 
d'argent,  les  serviettes  et  quelque  monnaie.  Mais  aussitôt 


\I¥    MECI.t. 


80  GUILLAUME  LE  MAIRE. 


après  il  s'élève  de  tumultueuses  contestations.  Ainsi  le  sire 
de  Beaucé  veut,  en  outre,  s'attribuer  toutes  les  chaudières, 
tous  les  vases  dans  lesquels  on  a  préparé  le  festin;  mais  sa 
requête  n'est  pas  favorablement  accueillie.  De  même,  le 
seigneur  Gui  de  Chemillé  demande,  pour  sa  part,  le  résidu 
des  pains  fabriqués  pour  la  cérémonie;  mais  cela  lui  est 
obstinément  contesté.  Il  y  eut  même,  en  plein  repas,  une 
sorte  de  rixe  entre  l'évêque  et  l'impétueux  Amauri  deCraon, 
fds  du  sire  de  Briolai.  Ce  jeune  homme,  s'étant  introduit 
de  vive  force  dans  la  salle  du  festin,  prétend,  en  l'absence 
de  son  père,  servir  d'échanson  à  l'évêque.  Celui-ci  l'écarté 
de  la  main,  disant  que  tout  devoir  féodal  est  personnel  et  ne 
peut  être  rempli  par  un  vicaire;  mais,  ne  l'entendant  pas 
ou  ne  l'écoutant  pas,  Amauri  se  précipite,  saisit  sur  la  table 
la  coupe  dorée  de  l'évêque  et  l'emporte  comme  prix  d'un 
service  indûment  refusé.  Acte  est  sur-le-champ  dressé  de 
cet  effronté  larcin. 

Le  lendemain  de  sa  consécration,  Guillaume  Le  Maire 
sortit  d'Angers,  se  rendit  à  Tours  et,  bientôt  après,  rentré 
dans  son  diocèse,  en  commença  la  visite.  C'était  se  hâter  de 
prouver  sa  vigilance,  son  zèle  pour  la  discipline.  Les  baillis, 
les  sénéchaux  du  roi,  ainsi  que  les  divers  officiers  du  comte 
d'Anjou,  ne  tarderont  pas  non  plus  à  savoir  que  les  chanoines 
*  de  Saint-Maurice  ont  mis  à  leur  tête  un  intrépide  défenseur 
des  anciens  droits  de  leur  église.  Autrefois  les  préposés  du 
pouvoir  civil  se  contentaient  de  violer  ces  droits  ;  ils  n'hésitent 
plus  maintenant  à  les  appeler  des  abus  et  prétendent  les 
abolir.  La  puissance  temporelle  de  1  Eglise  est  mise  partout 
en  question.  C'est  contre  les  évêques  que  cette  question  sera 
finalement  résolue,  mais  après  de  longs  et  vifs  débats,  et 
quand  Guillaume  Le  Maire  vient  s'engager  dans  cette  lutte, 
personne  n'en  peut  encore  prédire  l'issue.  11  a  donc  toute 
l'ardeur,  toute  l'audace  d'un  homme  qui  combat  pour  la  loi. 
i,of.ni..  p.  178.  Le  29  août  1291,  Nicolas  IV  convoque  un  concile  pro- 
vincial dans  la  ville  d'Angers.  Ce  concile,  qui  a  pour  objet 
une  levée  de  subsides  en  vue  d'une  croisade  nouvelle,  se 
réunit  le  26  janvier  1292.  On  n'en  connaît  pas  les  actes. 


(ÎUIIJ.AIIME  LE  MNIRK.  81        ,„.„,,,, 

(ini  n'ont  pas  (•(('  publiés  dans  lo  rociioil  (\o  Jean  Maan  ;  mais 
on  sait  (iiic  (luillanmc  Le  Maire  prononça  le  discours  d'ou- 
verture el  traita  niagniliqueiuent,  après  la  dernière  sèanre 
flu  concile,  les  liuil  évè(pies  et  les  autres  dignitaires  fjiii  en 
avaient  fait  partie. 

Dès  la  niènu»  année,  il  entreprend  une  enquête  sur  toutes  If  <:^'  •r-''^' 
les  usurjialions  n^prorliées  aux  louclionnaires  civils  de  son 
diocèse,  vl  prépare  contre  eux  l'acte  daccusalion  qu'il  doit 
faire  parvenir  plus  tard  au  roi  IMiilippe.  Ils  lui  disputent  le 
droit  de  chasse  dans  ses  liois;  ils  s'arrogent  la  connaissance 
des  crimes  commis  sur  ses  terres,  arrêtent,  condamnent 
el  enqirisonnent  tous  les  délinquants,  sans  mènie  distin- 
guer les  clercs  des  laïqiuîs;  enfin,  sons  tous  les  prétextes, 
au  mépris  de  toutes  les  immunités  légales,  ils  exigent  des  tri- 
huls,  saisissent  etcon(is(juent  des  Inens  (pii  sont  du  domaine 
de  l'Église.  Les  preuves  de  ces  outrages  enfin  réunies,  Guil- 
laume Le  Maire  écrit  au  roi.  Son  langage  est  très  vif;  pour- 
tant, dit-il,  il  n;'  raconte  que  la  moindre  j)art  des  méfaits 
commis;  pour  tout  décrire  avec  des  paroles  il  faudrait, 
ajoule-t-il,  l'art  et  rélo(juence  d'un  Démosthène. 

Le  roi,  (jui  parai!  avoir  en  souci  de  lui  complaire,  en-  ibiii.  p.  iS", 
voie  le  même  jour,  le  lo  novembre  1294,  plusieurs  lettres 
aux  baillis  de  Tours  >  I  d'Angers,  leur  enjoignant  de  lui 
lémoignei'  plus  de  resj)ect.  De  .son  côté,  le  comte  d'An-  ibùi.,  j..  187 
jou  répond  avec  douceur  aux  remontrances  qui  lui  sont 
également  adressées  par  fiuillaume,  rejette  sur  ses  offi- 
ciers la  responsabilité  de  tous  les  torts  et  promet  de  les  ré- 
parer. Cependant  ce  furent,  paraît-il,  des  injonctions  et  des 
promesses  vaines.  Nous  avons,  en  effet,  une  série  de  lettres 
écrites  par  le  roi,  durant  les  années  1  296  et  1  '«96,  au  bailli 
de  Tours,  où  nous  lisons  (jue  l'évêque  d'Angers  se  plaint 
encore  et  que  le  roi  trouve  ses  plaintes  fondées.  Enfin,  en  "''<•■  p  >« 
l'année  1  '^98,  le  jeudi  après  la  fête  de  saintLuc,  Guillaume 
Le  Maire,  las  d'attendre  la  réparation  de  ses  dommages,  ex- 
communie David  de  Sesmaisons,  bailli  d'Angers,  et  Darien 
Bidoin,  son  vicaire.  En  d'autres  temps  cet  acte  de  vigueur 
aurait  tout  terminé;  il  ne  produit  plus  maintenant  qu'un 

TOME    XXXI.  11 

0    A  l'iPBiwriiit    «f*Tir>xiiit, 


XIV    SIF.CI.K. 


82  GUILLAUME  LE  MAIRE. 


faible  effet.  Dans  l'Anjou,  comme  en  d'autres  provinces  Au 
centre  de  la  France,  l'autorité  des  évoques  s'est  amoindrie 
et  celle  des  officiers  civils  s'est  accrue.  Contre  la  loi  vieillie 
dont  Guillaume  Le  Maire  rappelle  le  texte  on  argumente 
au  nom  d'intérêts  nouveaux;  pour  l'ancien  régime,  si  légal 
qu'il  soit,  on  n'a  plus  qu'un  douteux  respect,  et  les  foudres 
de  l'Eglise  n'inspirent  plus  à  des  baillis  une  terreur  suffi- 
sante. David  de  Sesmaisons,  même  excommunié,  n'offre 
pas  à  l'évêque  les  satisfactions  qu'il  exige,  et  la  querelle 
continue. 

En  l'année  1299,  Guillaume  Le  Maire  est  chargé  par 
tous  les  évoques  de  sa  province  de  rédiger  un  mémoire  où 
seront  exposés  les  griefs  qu'ils  ont  tous  contre  les  baillis  et 
lesautres  officiers  du  roi,  des  comtes,  des  simples  seigneurs. 
Ce  mémoire,  que  Guillaume  nous  a  conservé,  est  plein 
d'intérêt.  H  offre  à  l'histoire  générale  la  relation  d'une  série 
d'entreprises  violentes,  qui  montrent  combien  grande  était, 
vers  la  fin  du  xiii*  siècle,  l'animosité  réciproque  des  laïques 
et  des  clercs;  à  l'histoire  particulière  de  la  province,  beau- 
coup de  curieux  détails  sur  les  dommages  causés  par  leurs 
conflits. 

A  ce  mémoire  Guillaume  joignit  une  épître,  qu'on  pour- 
rait appeler  un  traité  dogmatique  sur  les  droib  particu- 
liers de  chacune  des  deux  puissances.  La  rédaction  en  est 
fière  et  hautaine.  L'évêque  marque  très  rigoureusement  les 
limites  de  la  puissance  royale,  et,  citant  l'Écriture  et  les 
Pères,  il  rappelle  que  Dieu  lui-même  a  pris  l'engagement 
de  ruiner  les  empires  où  ses  ministres  seraient  maltraités. 
i-o..  rii.,  p.  igi.  De  nouveau  le  roi  mande  aux  baillis  de  Tours  et  du  Mans 
de  laisser  en  paix  les  évêques,  et,  voulant  cette  fois  que  ses 
ordres  soient  exécutés,  il  envoie  dans  la  province  de  Tours 
maître  Raoul  Rousselot,  un  de  ses  clercs,  etGeoffroid'Anisi, 
vicomte  de  Bayeux,  qu'il  charge  de  veiller  au  règlement 
définitif  de  toutes  les  contestations  encore  pendantes.  Il 
fallait  donc  céder  ou  se  mettre  en  révolte  contre  la  volonté 
du  roi;  les  atermoiements  n'étaient  plus  praticables.  On  doit 
supposer  que  les  baillis  cédèrent,  car  on  ne  trouve  pas,  après 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  83        .„..,.„„ 

l'année  i  299 ,  d'autres  plaintes  portées  contre  eux  à  la  cour 
(lu  roi  par  le  ferme  et  vaillant  évèque  d'Angers. 

Philippe  le  Bel  respectait  peu,  comme  on  le  sait,  les 
choses  d'autrefois;  mais  il  était  grand  politique,  et,  sur  le 
point  de  s'engager  avec  le  pape  dans  un  différend  où  il  de- 
vait avoir  hesoin  du  concours  des  évêques,  il  jugeait  op- 
portun de  se  les  concilier  par  (juelques  concessions.  Or  on 
le  voit,  à  celle  époque,  dur  avec  ceux  dont  il  ne  peut  rien 
allendre,  mais  avec  les  autres  facile  et  bienveillant.  Guil- 
laume Le  Maire  fut  reconnaissant  au  roi  d'avoir  soumis  ses 
haillis.  En  effet  nous  le  voyons  à  Paris,  en  i3oi,  dans  l'as-  'j»"'»  fi»'»'  , 
.semblée  des  trois  élats  qui  se  déclara  pour  Philippe  le  Bel  c.  576. 
contre  Boniface  VIII,  et  nous  ne  le  trouvons  pas  au  nombre 
des  évêques  français  qui  se  rendirent  ensuite  à  Rome  pour 
obéir  aux  ordres  du  pape.  Cependant  son  archevêque,  qui 
ht  ce  voyage,  l'invita  sans  doute  à  l'accompagner. 

(iuillaume  Le  Maire  eut  encore  quelques  démêlés  avec  le 
comte  d'Anjou  en  1  Soy  ;  mais  les  dernières  années  de  sa  vie 
paraissent  avoir  été  tranquilles.  On  a  lieu  de  croire  que,  dès 
l'année  i3o2,  il  fut  plus  souvent  à  la  cour  que  dans  son 
diocèse.  En  des  sermons  composés,  de  l'année  1297  à 
l'année  i3o4,  par  Guillaume  de  Sauqueville,  nous  lisons  : 
Quoinodo  est  hoc  possibile  quod  carras  hene  incedat,  quod  cara      Bibi.  nat.,  ma 

I  I  II  I         •  •        f  •    À      1  nuscr.  lat.  iGjln.'), 

oene  vadat  quant  habet  curatas  vel  episcopas  in  diocesi  Anaega-   foi.  42v°. 
vensi,  quando  per  tntam  annuni,  vel  majorem  partem  anni,  iste 
est  separatas  a  cara ,  stat  Parisias  in  caria  régis ,  intendens  vanis 
et  sœcalaribus  negotiis?  Ce  témoignage  si  précis  ne  peut  ne 
pas  inspirer  une  entière  confiance.  On  remarque,  d'ailleurs, 
qu'entre  les  années  1802  et   i3i2  une  seule  pièce  nous 
atteste  la  présence  de  Guillaume  Le  Maire  en  la  ville  d'An- 
gers. Siégea-t-il,  comme  on  l'a  dit,  au  concile  de  Vienne, 
en  l'année  i3i  1?  C'est  là  un  fait  que  son  plus  récent  bio-      Port (C), Livre 
graphe  révoque  en  doute,  (^uoi  qu  il  en  soit,  Guillaume  prit   Notice,  p.  i5. 
part  aux  travaux  de  cette  grande  assemblée  en  rédigeant  un 
long  mémoire  sur  toutes  les  questions  qu'elle  avait  à  ré- 
soudre. Il  mourut  le  i3  mai,  selon  les  obituaires;  en  l'arinée 
i3i4,  selon  tous  les  historiens.  Tous  les  historiens  ont  ici 

li. 


\t\    »I&CI.IU 


84  GUILLAUME  LK  MAIRE. 


p.  aoO  et  107. 


reproduit  l'asserlion  des  frères  Sainl(!-Marlhe,  qui  loiil  élire 

au  mois  d'octobre    i3i4   le  successeur  de  (luillaïune  Le 

Maire,  Hugues  Oudard.  Mais  celle  élection  mal  datée  e;it 

DAchery. spicii.,   Heu  bcaucouj)  j)lus  lard.  On  l'a  déjà  prouvé.  On  a  rappelé 

'•  '•  I'  7i<-  (jue  nous  avons  ::onservé  les  actes  d'un  synode  présidé  pai- 

(luillaunie  Le  Maire  le  j8  octobre  i3  1  4;  et  l'on  a,  en  outre, 

cité  d'autres  pièces  (|ui   le  monîrcMit  e.\er(;anl  encoïc  son 

ii)i(i.,  I.  II.     iiiinislère  épiscopal  en  i3i,)  et  juscpi'auv  pr(;niiers  jours  de, 

mai    i3i6;  ce  cpii  autorisait  à   supposer  qu'il  n'^ivait   pu 

mourir  avant  le  i3  mai  i3i6.  Nous  apprenons  aujourd'luii 

qu'il  mourut  plus  vieux  d'une  année.  Des  pièces  récemment 

produites  nous  le  font  voir  continuant  à  siéger   dans  les 

rornc.).oiivi.    derniers  mois  de   i3i6,  et  enfin,  le  19  avril  i3i7,  en  son 

.ii.-,|). .■5<9.  manoir  de  Villévêque,  prêtant  serment  au  nouveau  roi  Pbi- 

Meiiaec  (G.),     l'ppe,  représenté  par  AmauH  ds  Craou.  11  mourut  le  i3  mai 

Keiiiarqiicssuria      1  3 1  7,  (laus  uu  autre  Hiauoir  épiscopal,  à  Bauné.  La  tia- 

uà^.o,  p.  .oi.         dition  veut  qu'il  ait  été  enseveli  dans  le  grand  cimetière  de 

Morannes. 


SES  OEtJVRES. 

Nous  avons  raconté  la  vie  de  Guillaume  Le  Maire  sur  des 
mémoires  qu'il  a  rédigés  lui-même  et  qui  ont  été  publiés, 
ivArhcry,  Spi-    pour  la  première  fois,  par  Luc  D'Acbery,  d'après  un  volume 
',''V;5  ui'TiSq!    manuscrit  de  l'église  d'Angers,  sous  le  titre  de  :  Gesta  (îiiil- 
o;.  lelini  Majoiis ,  Andegavensis  cpiscopi.  Mais  cette  édition  offrait 

de  nombreuses  lacunes,  depuis  longtemps  signalées  par 
Ménage  (G.),     Gilles  Ménage.  Notre  confrère,  M.  Célestin  Port,  arcbivist(; 
TZT     '"^      ^1^  Maine-et-Loire,  s'est  chargé  de  les  combler.  Une  édi- 
tion  complète  de  ces  mémoires,  avec  toutes  les  notes  et 
les  tables  nécessaires,  nous  a  été  par  lui  donnée  dans  le 
deuxième  volume  du  nouveau  recueil  de  Mélanges  publié 
par  le  Comité   des  travaux  historiques.  Le  titre  est  Liber 
Guillelini  Majoris.  C'est  le  titre  ancien,  auquel  le  précédent 
éditeur  avait  mal  à  propos  substitué  de  son  chef  celui  de  Ge^ta. 
Quelques  parties  de  ces  mémoires  nous  offrent  un  récit; 
le  reste  se  compose  de  pièces  officielles.  Le  récit  a  la  sér 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  85 


\IT    SlW.l.f.. 


cheresse  d'un  procès-verbal,  mais  il  en  a  l'exactitude;  il 
n'existe  pas  un  autre  document  de  la  même  époque  qui  nous 
fasse  aussi  bien  connaîlre  toute  la  procédure  d'une  élection 
éj)iscopale.  H  est  donc  d'un  grand  intérêt;  mais  nous  es- 
limons  (|ue  Guillaume  Le  Maire  aurait  pu,  sans  manquer 
aux  convenances,  écrire  avec  plus  d'abandon,  et  consé- 
(juemmenl  avec  |)lus  d'agrément,  l'histoire  anecdotique  de 
son  administration  très  tourmentée.  11  avait  certainement 
de  l'esprit;  il  l'a  prouvé  plus  d'une  fois,  même  dans  ses 
statuts  synodaux,  où  il  y  a  plus  d'un  trait  satirique.  C'est 
donc  à  dessein  qu'il  a  rédigé  ses  fastes  dans  le  style  des 
notaires.  Ainsi  l'on  ne  jugera  sur  ce  style  ni  l'homme  ni 
l'écrivain. 

L'écrivain  se  montre  beaucoup    mieux  dans   quelques 

f)ièces.  Ces  pièces  sont  très  variées.  Les  unes,  libellées  par 
es  scribes  de  l'évêché,  du  chapitre  ou  de  l'officialité,  sont  de 
simples  chartes,  des  mandements,  des  accords,  etc.  Elles 
importent  beaucoup  à  l'histoire  du  diocèse  d'Angers,  et 
Guillaume  a  sagement  fait  de  les  recueillir.  On  en  a  même 
extrait  quelques-unes  pour  les  imprimer  ailleurs,  comme 
pouvant  fournir  des  renseignements  utiles  à  d'autres  his- 
toriens qu'à  ceux  de  l'Anjou.  Ainsi  Jean  Petit  a  publié,  Theod.  Pœi.t.. 
dans  ses  annexes  au  Pénitentiel  de  Théodore,  la  lettre  qui  ''  ''''  '^ 
concerne  le  serment  dû  par  les  évêques  d'Angers  au  roi  de 
France.  D'autres  sont  des  lettres  adressées  à  Guillaume 
par  le  pape,  par  le  roi.  Plusieurs  de  ces  lettres,  et  notam- 
ment celles  qui  concernent  les  templiers,  ont  été  de  même 
publiées  par  Rinaldi,  par  Dupuy,  par  M.  Michelet.  Mais 
le  recueil  de  Guillaume  contient  encore  un  certain  nombre 
de  pièces  plus  littéraires,  dont  il  est  l'auteur  certain,  et 
d'après  lesquelles  nous  pouvons  apprécier,  d'une  part,  quelles 
études  il  avait  préférées;  d'autre  part,  quelles  étaient  ses 
opinions,  ses  doctrines;  enfin  quel  était  le  ton  naturel  de 
son  esprit.  Chacune  de  ces  dernières  pièces  doit  donc  être 
particulièrement  mentionnée. 

C'est  d'abord  une  lettre  du  mois  d'octobre  1294,  dont      Pou  (C),  ou- 
l'objet  est  d'informer  le  roi  des  abus  commis  par  ses  officiers   ^,^7^  "'''  ^  ''''' 


\IV   «lECI.E. 


86  CUILLAUME  LE  MAIRE. 


dans  le  diocèse  d'Angers.  Quoique  Guillaume  n'ait  pas  cm 
devoir  insérer  dans  son  recueil  la  préface  de  cette  remon- 
trance et  se  soit  même  contenté,  comme  il  semble,  d'en 
résumer  quelques  parties,  elle  est  néanmoins  considérable. 
Ce  n'est  ])as,  en  effet,  un  simple  exposé  d'actes  abusifs; 
c'est  de  plus  une  dissertation  canonique  sur  les  droits  tra- 
ditionnels de  l'Église  et  un  .sermon  sur  les  devoirs  des 
princes  chrétiens  envers  elle.  L'Eglise  a  ses  propres  biens, 
ses  propres  revenus,  ses  propres  sujets,  .sa  propre  justice. 
Les  olîiciers  du  roi  feignent  de  l'ignorer;  le  roi,  à  qui 
.s'adressent  les  plaintes  des  évêques,  feint  de  ne  pas  les  en- 
tendre. Il  faut  donc  rappeler  à  la  mémoire  du  roi  d'abord 
les  textes  légaux  qui  garantissent  l'indépendanc*!  de  l'Église, 
ensuite  les  pas.sages  des  saints  livres  qui  menacent  ses  op- 
pre.sseurs  d'inévitables  peines.  Tout  cela  est  dit  très  ferme- 
ment, et  même  très  durement.  On  sait,  il  est  vrai,  ([ue  les 
évêques  de  ce  temps-là  ne  ménageaient  guère,  dans  leurs 
discours,  dans  leurs  écrits,  les  représentants  de  la  puissance 
royale;  il  ne  leur  était  pas  toutefois  habituel  de  les  traiter 
de  si  haut.  Guillaume  ne  se  contente  même  pas  de  repro- 
cher à  Philippe  le  Bel  sa  conduite  envers  l'Eglise;  il  va  plus 
loin  :  il  ose  lui  défendre  d'être  plus  longtemps  en  guerre 
avec  Edouard  d'Angleterre,  un  prince  chrétien.  Pour  ex- 
cuser toutes  ces  entreprises  belliqueuses,  on  a  coutume 
d'alléguer  l'intérêt,  l'honneur,  la  vengeance.  Motifs  con- 
damnables! Il  n'y  a  de  guerres  légitimes  que  les  guerres 
vraiment  nécessaires.  Avantde  prendre  les  armes,  attendez, 
ô  rois,  que  la  justice  ait,  par  l'ordre  de  Dieu,  sonné  le 
clairon.  Tel  est  le  fond  de  cette  lettre.  Quant  à  la  forme,  elle 
ne  manque  ni  d'ampleur  ni  de  mouvement;  mais  le  latin  de 
Guillaume  est  celui  des  juristes,  un  très  mauvais  latin  où 
les  néologismes  abondent.  Une  seconde  lettre  touchant  les 
Ouvragr  ni.-,  luêmes  gHcfs  SB  Ut  quelqucs  pages  plus  loin,  sous  ce  titre, 
qui  n'est  pas  sans  doute  de  Guillaume  :  Bona  littera  contra 
malos  judices,  baillivos  et  eorum  satellites.  Il  y  a,  dans  cette 
seconde  lettre,  de  longs  passages  empruntés  à  la  première. 
Ce  ne  sont  pas  toutefois  deux  rédactions  de  la  même  lettre. 


p.  i5i-i57. 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  87 


M\'  SIÈCLE. 


'79- 


car  on  ne  trouve  pas  dans  la  première  toute  la  fin  de  la 
seconde,  où  sont  relatés  des  faits  postérieurs  au  mois  d'oc- 
tobre 1294.  Il  faut  dope  croire  que  Guillaume,  ayant  tou- 
jours à  se  plaindre  et  se  plaignant  toujours,  aura  reproduit 
dans  une  nouvelle  lettre  contre  les  mêmes  personnes,  le 
comte  d'Anjou,  ses  baillis  et  leurs  sergents,  les  morceaux 
de  style  qui  f  avaient  le  plus  satisfait  dans  la  première.  Nous  Omugc  cué, 
avons  enlln  une  troisième  lettre,  datée  par  l'éditeur  de 
l'année  1299,  où  nous  lisons  encore  les  mêmes  passages 

I)lacés  à  la  suite  d'une  autre  requête  sur  d'autres  faits.  Ainsi 
es  baillis  du  comte  d'Anjou,  fréquemment  admonestés  par 
le  roi,  ne  faisaient  pas  grand  état  de  ces  réprimandes  et  se 
rendaientcbaque  jour  coupables  de  nouveaux  empiétements 
sur  les  droits  de  l'évêque;  mais  l'évêque  ne  croyait  pas  devoir, 
pour  les  dénoncer,  faire  cbaque  fois  de  nouveaux  frais 
d'éloquence.  La  plus  intéressante  de  ces  trois  pièces  est  la 
première.  Les  arguments  y  sont  présentés  dans  un  ordre 
plus  logique  et  les  conclusions,  mieux  déduites,  sont  plus 
impératives. 

Vient  ensuite  le  mémoire  envoyé  par  Gxiillaunoe  au  concile  'bid.,  y.  287 
de  Vienne.  Rinaldi  fa  publié  presque  tout  entier,  sans  en 
nommer  l'auteur.  Les  frères  Sainte-Marthe  et  Louis  Bail 
l'ont  cru  de  Guillaume  Duranli,  évêque  de  Mende.  Mais  il 
est  pour  nous  évident,  comme  pour  M.  Célestin  Port,  que 
c'est  là  une  fausse  conjecture.  Voici  le  contenu  de  ce  mé- 
moire important. 

Clément  V  avait  dit,  le  16  octobre  i3 1 1,  qu'il  avait  con- 
voqué le  concile  avec  le  dessein  de  l'interroger  sur  trois 
graves  affaires  :  f  enquête  ouverte  depuis  plus  de  quatre  ans 
sur  les  doctrines  et  les  mœurs  des  templiers,  le  projet  d'une 
nouvelle  croisade  et  la  réforme  de  l'Église.  En  ce  qui  re- 
garde les  templiers,  Guillaume  est  pour  les  mesures  les 
plus  promptes  et  les  plus  rigoureuses.  Cet  ordre  scandaleux 
a  déjà,  dit-il,  trop  compromis  le  nom  chrétien.  Plus  de 
deux  mille  témoins  ont  été  entendus;  la  vérité  tout  entière 
est  connue.  Un  débat  contradictoire  serait  inutile  «t  aurait 
l'inconvénient  de  beaucoup  différer  la  sentence.  Il  faut  tout 


3od. 


XIV    SIRCtK. 


88  fîUfiJ.MJMi:  LE  m\ii;e. 

(le  suite,  sans  aucun  délai,  sujiprimer  l'ordre  el  confisquer 
ses  grands  biens. 

Cette  confiscation  générale  sera  décrétée  en  vue  de  la 
future  libération  des  lieux  saints.  L'Kglise,  mise  en  posses- 
sion des  terres  et  domaines  d(;  l'orrlre,  les  fera  prudemment 
administrer  par  des  clercs,  sans  permettre  aux  gens  du  roi 
de  prendre  une  part  quelconrpieàcelte  gestion,  el  les  rentes 
desdits  biens  seront  accumulées  j)endantdi\  ou  douze  ans, 
pour  être  employées,  ce  temps  écoulé,  aux  frais  de  la  croi- 
sade. Aux  produits  de  cette  régie  seront  ajoutées  les  aumônes 
obtenues  par  les  distributeurs  épiscopauv  des  influlgences 
papales.  Kn  outre,  durant  ces  douze  années,  un  demi-divième 
sera  prélevé  sur  les  revenus  de  l'Eglise  et  mis  en  réserve 
pour  le  même  objet  par  les  évoques,  sans  aucune  interven- 
tion des  olficiers  royaux;  mais  il  faudra  que  le  pape  s'en- 
gage, comme  le  roi,  à  ne  rien  demander  de  plus  à  l'Mglise 
durant  ces  douze  années.  Les  quêtes  arbitraires  de  subsides 
ont,  dans  le  temps  passé,  servi  de  prétexte  à  trop  de  mau- 
vaises pratiques.  Credo,  dit  ingénieusement  notre  évéque, 
qnod  tninnr  qnaulitas,  data  (jrata  cl  hilari  vninntate,  ina<ji$  pru- 
dent et  cjficaciur  crit  ad  dictuni  opus  qiiani  major  cxacta  a  no- 
lenlibus,  tristibus  et  invitis. 

Sur  le  troisième  article,  la  réforme  de  fllglise,  (îuillaume 
Le  Maire  a  des  idées  non  moins  arrêtées.  C'est  une  matière 
qu'il  a,  dit-il,  particulièrement  traitée  dans  un  écrit  qu'il 
fera  connaître  en  tenq)s  opportun.  Il  ne  ])araît  pas  qu'il  ait 
tenu  cette  promesse.  Nous  avons,  du  moins,  dans  le  mé- 
moire, le  résumé  de  l'écrit  maintenant  perdu.  Voici  donc  les 
réformes  qui  lui  semblent  les  plus  urgentes.  Et  d'abord  il 
sera  décrété  que,  dans  toutes  les  paroisses  de  France,  les 
foires,  les  marcbés,  les  audiences  judiciaires  ne  se  tiendront 
plus  les  dimanches  et  les  jours  de  fête.  Dans  ces  jours  autre- 
lois  consacrés  à  Dieu,  c'est  maintenant  le  diable  qu'on 
honore;  les  églises  sont  partout  désertes,  mais  les  tavernes, 
les  boutiques  de  toute  sorte  regorgent  de  monde;  on  ne  voit 
que  batailles  et  tumultes;  on  n'entend  que  parjures  et  blas- 
phèmes. C'est  là  ce  qu'il  faut  d'abord  réformer.  Ensuite  on 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  89 

s'occupera  d'apporter  un  prompt  remède  à  l'abus  des  ex- 
communications. «  C'est  un  déluge  qui  va,  dit  Guillaume, 
«  nous  engloutir.  J'ai  vu  quelquefois  de  mes  yeux,  dans  une 
«seule  paroisse,  trois  cents,  quatre  cents,  peut-être  sept 
«cents  fidèles  excommuniés  pour  des  causes  diverses,  par 
«  des  sentences  le  plus  souvent  iniques.  »  Mais  quels  sont  les 
auteurs  de  telles  sentences?  Ce  ne  sont  pas  des  archidiacres 
ruraux,  des  arcliiprêtres  ou  des  doyens,  canoniquement  in- 
vestis de  la  juridiction  ecclésiastique;  ce  sont  des  substituts, 
des  subalternes  de  ces  dignitaires,  des  gens  de  rien,  viles, 
des  ignorants,  inscios  et  icjnaros,  qui  font  un  indigne  abus 
de  leur  mandat.  Voilà  dans  quelles  mains  sont  tombées  par 
délégation  les  clefs  du  royaume  célestel  Aussi  qu'est  devenue 
l'autorité  de  f  Eglise  ?  Partout  elle  est  raillée,  conspuée.  C'est 
la  conséquence  naturelle  de  l'abus  signalé.  Cette  autre  vient 
après  :  les  juges  entraînent  avec  eux  leurs  justiciables,  par 
bandes,    innumerabiles  populos,  catervatim,   au    goufifre    de 
l'enfer.  11  n'y  a  qu'un  moyen  de  corriger  ce  lamentable  état 
des  choses;  c'est  de  ne  plus  admettre  aux  ordres  sacrés  et 
parrticulièrement  au  sacerdoce,  comme  cela  se  fait  à  l'or- 
dinaire, un  tas  de  personnes  aussi  peu  recommandables  sous 
le  rapport  de  la  science  que  sous  le  rapport  des  mœurs  : 
Innumerœ  personœ  contemptibiles  et  ahjectœ,  vita,  scientia  et 
monbus  omnino  indignée.  Il  faut  s'occuper  aussi  de  la  réforme 
des  moines.  Qu'est-ce  qu'un  moine  P  Le  nom  le  dit  assez; 
c'est  un  solitaire ,  un  clerc  cloîtré.  Un  moine  mis  hors  du 
cloître  est  un  poisson  mis  hors  de  l'eau.  Cependant  que 
voyons-nous?  Une  multitude  d'individus,  moines  par  l'habit, 
vivant  sans  aucune  discipline  en  des  maisons  rurales ,  y  fai- 
sant tous  les  commerces  et  mêlés  dans  toutes  les  foires  aux 
marchands  séculiers.  De  là  de  grands  désordres ,  de  grands 
scandales.  Il  faut,  pour  y  remédier,  diminuer  le  nombre  des 
prieurés,  en  supprimant  ceux  qui  ne  renferment  que  deux 
ou  trois  de  ces  prétendus  moines.  Ainsi  l'on  mettra  un  à  leur 
vagabondage.  Réunis  au  nombre  de  dix  ou  douze,  sous  la 
main  d'un  chef  commun ,  ils  reprendront  par  contrainte  les 
mœurs  de  leur  état.  Ce  mépris  de  la  règle  professionneiie 

TOME  ZXXI.  13 


nv*  «làcLB. 


■reivitic    «tiijitkt. 


XIV  sncLS. 


90  GUILLAUME  LE  MAIRE. 

n'est  pas,  d'ailleurs,  le  seul  délit  que  les  évêques  sont  en 
droit  de  reprocher  aux  nioines  et  aux  religieux.  Sous  le  cou- 
vert de  leurs  exemptions,  ils  empiètent,  avec  une  arrogance 
chaque  jour  croissante,  sur  la  juridiction  de  l'ordinaire, 
consacrent  des  mariages  illicites,  usurpent  les  dîmes  des 
pauvres  curés  et  refusent  même  ouvertement  aux  évêques 
les  procurations  qu'ils  leur  doivent  :  Prœlatis  ad  prioratus 
suos  accedenlihus ,  juxta  morem,  vi  armata  et  armati  cum  suis 
complicibus  resistentcs ,  cisdem  prœlatis  et  suis  se(juacibus,  ausu 
temerario ,  iinoj'arioso ,  mortem  inferre  conantur.  Cela  se  peut-il 
plus  longtemps  supporter?  D'ailleurs  les  évêques  français  ne 
reprochent  pas  seulement  à  la  cour  de  Rome  le  trop  facile 
octroi  de  ces  exemptions  abusives.  Ils  se  plaignent  encore  de 
la  voir  disposer  à  l'avance  de  tous  les  bénéfices  qui  doivent 
vaquer  dans  leurs  églises,  pour  les  attribuer  à  des  clercs 
étrangers,  chassés  de  leur  pays  natal  j)our  leur  mauvais 
renom.  Les  choses  en  sont  venues  à  ce  point  que  les  prélats 
jaloux  de  bien  administrer  leurs  diocèses  ne  peuvent  plus 
s'entourer  de  personnes  capables ,  instruites  et  dignes  de  leur 
confiance;  ils  n'ont  plus,  dans  leurs  chanoines,  des  ser- 
viteurs; leurs  chapitres  sont  composés  de  gens  inconnus, 
qui  ne  résident  pas,  ou  qui,  s'ils  résident,  ne  parlent  pas  la 
langue  du  pays.  On  cite  une  église  cathédrale  où,  dans 
l'espace  de  vingt  années,  ont  eu  lieu  vingt-cinq  vacances, 
♦*t  dont  l'évêque  n'a  pu  disposer  lui-même  que  de  deux 
prébendes;  encore  les  a-t-il  données  à  des  gens  qui  les 
attendent  encore,  et  adhuc  sunt  in  dicta  ecclesia  expectantes. 
On  voit  tous  les  jours  des  clercs  instruits  se  marier  en  re- 
venant des  écoles,  ou,  quittant  l'Eglise  pour  aller  chercher 
lin  emploi  dans  les  cours  séculières,  la  traiter  en  ennemie 
jwrce  qu'elle  les  a,  disent-ils,  dédaignés.  Faut-il  s'en  étonner 
f^uand  toutes  les  dignités  ecclésiastiques  sont  réservées  aux 
favoris  des  cardinaux  et  des  papes,  à  des  gens  qui,  pour  la 
fïJuparl,  n'ont  jamais  vu  les  églises  dont  ils  touchent  les  re- 
venus.!* Un  autre  abus  est  le  cumul  des  bénéfices.  Partout, 
aujourd'hui,  deux,  trois  et  même  quatre  fonctions  se  trou- 
vent réunies  sur  une  seule  tête.  Et  ce  sont,  hélas!  les  plus 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  91 


!lLiv'  SIÉCI.K. 


fructueuses;  si  bien  qu'un  seul  arrive  à  posséder  tant  de  per- 
sonnais  et  de  bénéfices  qu'on  pourrait  sulfisaininenl  pourvoir, 
avec  le  total  de  ses  renies,  cinquante  ou  soixante  personnes 
lettrées.  Les  personnes  lettrées,  nous  l'admettons  volontiers, 
devaient  déjà  savoir  vivre  de  peu;  il  est  possible,  toutefois, 
qu'ici  Guillaume  exagère.  Il  proteste  enfin  avec  beaucoup 
d'énergie  contre  les  brigues  qui  pervertissent  les  élections 
épiscopales,  contre  fachat  public  des  suffrages,  et,  pour 
conclure,  contre  les  mœurs  des  chanoines,  leur  cynique 
mépris  de  toutes  les  bienséances,  de  toutes  les  règles. 

(luillaume  Le  Maire  était,  comme  on  le  voit,  un  réfor- 
mateur très  résolu.  Nous  avons  d'autres  écrits  que  le  siei! 
qui  signalent  les  mêmes  désordres  et  pro|)Osent  d'y  remédier 
à  peu  près  de  la  même  manière;  nous  n'en  avons  pas  un 
autre  d'une  vigueur  aussi  soutenue.  Il  faut,  d'ailleurs, 
remarquer  que,  malgré  son  ardeur  pour  la  réforme,  Guil- 
laume ne  juge  pas  bons  tous  les  moyens  de  l'obtenir.  Son 
premier  point  est  que  l'Eglise  doit  traiter  seule  ses  propres 
affaires,  sans  aucune  intervention  du  pouvoir  civil.  Il  veut 
d'abord  la  liberté  de  l'Eglise.  D'autres  évéques,  également 
affligés  de  l'état  des  choses,  n'attendaient  plus  ni  des  con- 
ciles ni  du  pape  aucune  mesure  elficace,  et  s'adressaient, 
dans  leur  désespoir,  au  roi  Philippe,  le  priant  de  les  aider. 
Guillaume  repousse  fièrement  la  main  qu'ils  sollicitent.  La 
besogne  est,  il  l'avoue,  difficile;  mais  il  pense  que  les  conciles 
y  suffiront.  On  se  demande  donc  pourquoi,  n'ayant  rien 
d'un  évêque  courtisan ,  il  a  vécu  tant  à  la  cour.  Peut-être  le 
roi,  par  politique,  le  retenait-il  près  de  lui. 

Un  passage  du  Livre  que  nous  venons  d'analyser  nous  UAcheiy,.s,.ini. 
apprend  que  Guillaume  Le  Maire  considérait  lui-même  '"  p 
comme  important  à  l'histoire  un  registre  où  était  consignée 
la  relation  de  ses  visites  dans  les  églises  et  les  maisons  reli- 
gieuses de  son  diocèse;  c'était  un  registre  à  part,  qu'il 
appelle  Refjistrum  visitationum  nostrarum.  On  regrette  de  ne 
pas  le  connaître.  On  désirerait  étudier  le  détail  des  choses 
sur  ce  procès-verbal  authentique ,  rédigé  par  un  réformateur 
si  zélé,  et  particulièrement  apprendre  ce  qu'il  croyait  devoir 

la. 


171 


92  GUILLAUME  LE  MAIRE. 

U\     MF£1JS. 

blâmer  dans  les  mœurs  d'un  clergé  riche  et  nombreux 
comme  l'était  celui  d'Angers  à  la  fin  du  xiii*  siècle.  Ce  n'est 
pas,  toutefois,  que  ces  mœurs  soient  complètement  ignorées: 
on  possède,  en  effet,  un  grand  nombre  de  statuts  publiés 
par  Nicolas  Gèlent  et  par  Guillaume  Le  Maire,  qui  con- 
tiennent des  renseignements  déjà  mis  à  profit  par  les  his- 
toriens; cependant  ces  statuts,  ayant  simplement  pour  objet 
de  réprimer  des  écarts,  sont  loin  de  nous  apprendre  toute  la 
vérité. 
spicii.édit.de  Les  statuts  réunis  de  Nicolas  Gèlent  et  de  Guillaume  Le 
■  723,  p.  735-  jyjgjpg  Q^j  ^j^  publiés  par  Luc  d'Achery.  Guillaume  Le  Maire 
est  l'auteur  de  ce  recueil  officiel,  comme  il  nous  l'apprend 
dans  une  préface.  Considérant,  dit-il,  la  honteuse  igno- 
rance de  ses  clercs,  crassa  et  sufnna  ignorantia,  il  fait  une 
nouvelle  édition  des  règlements  édictés  par  son  prédécesseur 
et  par  lui-même,  et,  pour  que  tout  le  monde  puisse  les 
copier,  il  annonce  qu'un  exemplaire  de  cette  édition  nou- 
velle sera  déposé  chez  un  libraire  d'Angers,  nommé  Jean 
Benchies. 

On  a  confondu  quelquefois  les  statuts  de  Nicolas  Gèlent 
et  ceux  de  Guillaume  Le  Maire.  Le  docte  Mabillon  a  lui- 
même  commis  cette  erreur,  qui  lui  a  été  signalée  par  un  de 
MabiHon.  OEu    ses  coufrèrcs,  Guillaume  Fillastre,  de  l'abbaye  de  Fécamp. 

'"'jP""''  •  '  "'    Cependant  Luc  d'Achery  avait  exactement  distingué  les  uns 

des  autres.  Nous  ne  parlerons  plus  ici  de  ceux  de  Nicolas 

Hi.i.  liitér.  de  Gèlent,  qui  ont  été  précédemment  l'objet  d'une  studieuse 

p -î^îx   '  ^  "   analyse;  il  ne  reste  à  faire  connaître  que  la  dernière  partie 
de  la  collection. 

Le  premier  synode  présidé  par  Guillaume  Le  Maire  fut 
assemblé  le  18  octobre  1291.  Des  deux  statuts  promulgués 

D'Achery, Spicii. .   daus  ce  syuode  le  second  concerne  les  délits  charnels  des 
'  ''^  curés  et  des  desservants.  La  même  peine  ne  leur  est  pas 

appliquée  :  les  curés  sont  suspendus  de  leur  ministère 
durant  six  mois;  les  desservants  sont  chassés  de  la  paroisse, 
et,  durant  trois  ans,  il  leur  est  interdit  d'officier  dans  le 
même  archidiaconé.  L'année  suivante,  au  synode  de  la  Pen- 
tecôte, il  est  dit  que  les  abbés  des  monastères  fourniront 


GUILLAUME  LE  MAIRE.  93        „^.„^ct.. 

eux-mêmes  à  leurs  moines  des  vêtements  et  des  chaus- 
sures, et  ne  devront  plus  leur  donner,  sous  la  forme  d'une 
subvention  annuelle,  l'argent  nécessaire  pour  les  acheter. 
Les  moines,  ayant  fait  vœu  de  ne  rien  posséder  en  propre, 
ne  peuvent  jamais  être  autorisés  à  disposer  librement  d'une 
somme  quelconque.  Au  synode  de  la  Saint-Luc,  la  même 
année,  Guillaume  Le  Maire  interdit  rigoureusement  le 
travail  du  dimanche,  même  aux  meuniers  et  aux  barbiers  : 
il  entend  que  les  barbiers  ne  pourront  ni  raser,  ni  saigner 
ce  jour-là,  si  ce  n'est,  en  ce  qui  regarde  la  saignée,  quand 
il  y  aura  péril  de  mort.  Le  statut  suivant,  qui  est  de  l'année 
1  «qS,  nous  montre  clairement  quelle  était  alors  l'ignorance 
de  certains  clercs  exerçant  les  fonctions  sacerdotales.  H  est 
décrété  C[u'on  ne  sera  plus  ordonné  prêtre  si  l'on  n'est  pas 
assez  instruit  en  grammaire  pour  savoir  ce  que  c'est  qu'un 
nom ,  nisi  saltem  in  (jrammaticalihiis  sufficienter  instructus  nt  sciât 
et  intellicfat  (jiiid  dicnt  per  nomen.  Ce  n'était  pas  assurément 
beaucoup  exiger.  Nous  avons  lieu  de  croire  que  tous  les 
prêtres  séculiers  avaient  au  moins  étudié  le  premier  chapitre 
de  la  grammaire  et  savaient  définir  le  nom  selon  Priscien  ou 
Donat;  mais  ce  décret,  comme  on  le  voit  ensuite,  concerne 
les  moines.  Guillaume  Le  Maire  avertit,  en  effet,  les  abbés 
qu'ils  doivent  faire  donner  quelque  instruction  à  leurs 
moines  avant  de  les  présenter  au  sacerdoce.  Voici  un  statut 
spécial,  de  l'année  1294,  sur  les  sorciers  et  les  sorcières. 
Leurs  incantations  magiques  effrayaient  les  curés,  qui 
n'osaient  en  conséquence  les  chasser  de  leurs  paroisses. 
L'évêque,  moins  craintif,  demande  qu'on  lui  dénonce  ces 
familiers  de  Satan,  et  prend  l'engagement  de  les  expulser 
lui-même.  Nous  remarquons,  dans  un  statut  de  i3o3,  la 
condamnation  de  quelques  mauvaises  pratiques  imputées  ' 

aux  procureurs  et  aux  notaires.  Ils  excitaient  les  gens  à 
plaider;  ou  bien  ils  accordaient  les  parties  au  moyen  de 
compensations  pécuniaires,  quand  il  appartenait  aux  juges 
de  connaître  de  leurs  différends;  ou  bien  encore  ils  traitaient 
de  leurs  honoraires  avant  de  s'engager  dans  une  cause. 
L'évêque  les  avertit  que  ces  pratiques  les  feront  excom- 


M\'  SlicLR. 


94  GUILLAUME  LE  MAIRE. 


munier.  Un  autre  statut  de  la  même  année  a  pour  objet  les 
rapines  commises  par  les  prêtres  à  l'occasion  des  funérailles. 
A  chacun  des  prêtres  qui  figuraient  dans  une  cérémonie 
funèbre  étaient  alloués  quatorze  deniers.  Quand  donc  étail 
annoncée  la  mort  de  quelque  riche,  arrivaient  de  toutes 
parts  au  lieu  des  funérailles,  sicut  corvi  vel  vultares  de  longe 
cadavera  sentientes,  de  cinq  lieues,  de  six  lieues  à  la  ronde, 
des  prêtres  avides  de  ces  quatorze  deniers;  lesquels  souvent, 
au  grand  scandale  du  peuple,  se  disputaient  entre  eux  le 
droit  de  participer  à  la  cérémonie,  et  s'arrachaient  les  uns 
aux  autres  les  ornements  consacrés.  Ce  honteux  abus  était 
devenu,  dit  l'évêque,  un  usage.  Pour  le  faire  cesser,  il  dé- 
crète qu'à  l'avenir  les  prêtres  étrangers  ne  seront  admis  aux 
funérailles  qu'après  avoir  été  désignés  par  les  parents  du 
défunt.  Un  des  derniers  statuts  de  Guillaume  Le  Maire  con- 
cerne les  curés  qui,  pour  acheter  ou  pour  vendre,  allaient 
aux  foires,  aux  marchés,  et  fréquentaient  les  cabarets.  Les 
conciles  provinciaux  ont  eu  souvent  à  s'occuper  de  ces  curés 
commerçants.  Vainement  on  les  menaçait,  on  les  pour- 
suivait, on  les  condamnait  partout;  la  passion  du  trahc  ou 
du  lucre  était  partout  plus  forte  que  la  crainte  des  peines. 
Tels  sont  les  articles  que  nous  avons  le  plus  remarqués  dans 
les  statuts  de  notre  évêque. 

Quant  aux  simples  lettres,  ou  chartes,  émanées  de  Guil- 
laume Le  Maire,  il  nous  suffira  d'indiquer  ici  deux  pièces 
de  cette  nature  qui  n'ont  pas  été  imprimées  par  d'Achery. 
ciiiacbrisiiana     Eu  l'année  1 3  1  4 1  If  mercrefji  après  l'octave  de  l'F.piphanie, 
nïtr   c\6^^^      Guillaume  Le  Maire  écrit  au  roi  pour  lui  faire  connaître 
l'élection  de  (îislebert,  abbé  de  Bourgueil.  Cette  pièce  a  été 
publiée  dans  la  Nouvelle  Gaule  chrétienne  d'après  l'original 
ibid.  qui  est  aux  Archives  nationales.  —  La  même  année,  le 

dimanche  après  la  fête  de  sainte  Marie-Madeleine,  Guil- 
laume Le  Maire  déclare  par  écrit  que  les  évêques  d'Angers 
n'ont  jamais  joui  du  droit  de  gîte  dans  les  abbayes  de  leur 
diocèse.  Le  tome  XIV  de  la  Nouvelle  Gaule  chrétienne  con- 
tient aussi  cette  pièce,  tirée  du  cartulaire  de  Saint-Serge; 
on  y  trouve  l'indication  précise  du  pays  natal  de  Guillaume 
Le  Maire.  B.  H. 


NICOLAS  DHACQUEVILLE. 


95 


(IV*  SlLCLE. 


NICOLAS   D'HACQUEVILLE, 


FRERE  MINEUR. 


b 


'Nicolas  d'Hacqueville,  en  \aiin  de Aqueevilla ,  deHakevilla, 
de  Hau(jiievilla ,  est  né,  selon  Casimir  Oudin,  en  France, 
dans  le  diocèse  de  Lyon.  Si  nous  ne  trouvons  dans  le  diocèse 
de  Lyon  aucun  lieu  du  nom  d'Hacqueville,  nous  en  con- 
naissons un  dans  le  diocèse  d'Evreux,  non  loin  des  Andelys, 
ol  un  aulre  dans  le  diocèse  de  Coutances.  Dans  ïindex  des 
catalogues  d'Oxford,  rédigé  par  M.  Goxe,  Hacqueville  est 
n;ndu  par  Waterton.  Cette  traduction  suppose  une  mau- 
vaise étymologie;  il  ne  faudrait  pas  qu'elle  lit  douter  de 
la  patrie  de  Nicolas;  il  est  né  certainement  en  France, 
comme  l'attestent,  d'après  la  tradition,  Oudin  et  Sbara- 
glia.  H  était  en  religion  frère  Mineur.  Personne  ne  con- 
tredit sur  ce  point  les  annalistes  de  l'ordre;  mais  il  faut 
remarquer  que,  s'ils  s'accordent  à  le  iîaire  vivre  en  l'année 
i3i7,  ils  n'ont  aucune  preuve  de  cette  date.  C'est  Jean 
Garetqui,  le  premier,  l'a  supposée,  et,  en  matière  de  conjec- 
tures chronologiques,  ce  compilateur  ne  mérite  aucune  con- 
fiance. Les  manuscrits  qui  contiennent  les  œuvres  de  Nicolas 
d'Hacqueville  sont,  dit-on,  du  xiii'  ou  du  xiv*  siècle;  il  est 
donc  possible  qu'il  ait  vécu  vers  l'année  1 3 1 7  ;  cependant 
on  ne  peut  rien  affirmer  à  cet  égard.  Nous  voyons,  en 
l'année  i49'J,  un  Nicole  d'Hacqueville,  chanoine  de  Paris  et 
conseiller  du  roi,  parmi  les  exécuteurs  testamentaires  de 
l'évêque  Louis  de  Beaumonl.  Quelque  lien  de  parenté  loin- 
taine l'unissait  peut-être  à  notre  frère  Mineur. 

Ainsi  les  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir 
sur  la  vie  de  Nicolas  d'Hacqueville  sont  peu  nombreux  et 
offrent  peu  d'intérêt.  Nous  avons  plus  à  dire  sur  ses  ouvrages. 
11  est  auteur  de  divers  recueils  de  sermons  qui  n'ont  pas  été 
correctement  désignés  par  Casimir  Oudin,  par  Sbaraglia  et 


Oudin,  Comm., 
de   script.,  t.  Ill, 
col.  -jii.  —  Sba- 
ralea ,    Siipplem. . , 
p.  55o. 


Goérard,  Cart. 
de  N.D.,  t.  IV, 
p.  101. 


XI»*  SlàCLE. 


Calai.  (1rs  mss. 
de  Troyps,  p.  667. 

(îoii',  Catalog. 
mail.  Oioii.,  coll. 
(^orp.  Clii'.,  p.  64. 


Le  Giay,  Catai. 
des  mss.  de  Lille. 
n°  97.  —  A  CaUl. 
of  the  baii.  mss. , 
t.  I.  p.  3i;  t.  II, 
p.  167;  t.  111, 
p.  186. 


Histoire  litt.  de 
la  France,  t. XXV, 

1'-  77- 


96  NICOLAS  D'HACQUEVILLE. 

par  les  autres  bibliographes.  Notre  premier  soin  sera  de  les 
discerner  les  uns  des  autres. 

Le  plus  estimé  de  ces  recueils  a  pour  titre  Sennones  domi- 
nicales in  Eminqelia  pcr  anni  circiiluni.  Il  commence,  dans  les 
numéros  iSgôy  et  18198  de  la  Bibliothèque  nationale, 
A  5:^7  de  Rouen,  96  de  Metz,  60  de  l'Université  d'Oxford 
et  80  du  collège  Lincoln,  par  ces  mots  :  Dicite,  filiœ  Sion 

Verba  ista  assumpta  sunt  a  Zacharia.  C'est  bien  ainsi  qu'il 

doit  commencer.  Le  début  d'un  autre  manu.scrit,  conservé 
dans  le  numéro  i549  de  la  bibliothèque  de  Troyes,  est 
Benedicile ,  filiœ  Sion;  mais  cette  leçon  est  fautive.  Un  autre 
exemplaire  des  mêmes  sermons,  au  collège  Corpus  Christi, 
à  Oxford,  sous  le  numéro  i56,  commençant  par  Hora  est 
jam  nos  de  somno  surfjere ,  nous  avons  à  rendre  raison  de  cette 
différence.  Cela  nous  oblige  à  dire  d'abord  que  ce  texte 
de  saint  Paul,  Hora  est  jam  nos  de  somno  surgere,  pour  avoir 
été  très  souvent  commenté  par  les  anciens  prédicateurs, 
peut  donner  lieu  à  de  graves  méprises.  Dans  le  sermon  cité 
par  M.  Coxe  sous  le  nom  de  Nicolas,  les  mots  qui  suivent  le 
texte  sont  :  In  ista  totali  epistola  monet  Paulus  apostolus;  et 
c'est  le  seul  dont  l'exorde  commence  par  ces  mots.  Ajoutons 
que,  si,  dans  le  volume  du  collège  Corpus  Christi,  les  ser- 
mons dominicaux  de  frère  Nicolas  ne  débutent  pas  comme 
dans  les  autres  manuscrits  cités,  c'est  que  le  premier  sermon 
de  la  collection  manque  dans  ce  volume.  D'autres  exem- 
plaires du  même  recueil  sont  indiqués  dans  les  catalogues 
d'Angleterre  et  de  France.  Qu'il  nous  suffise  de  mentionner 
encore  ceux  qui  se  trouvent  dans  le  numéro  97  de  Lille, 
les  numéros  102,  1660  et  466 1  de  la  bibliothèque  Har- 
léienne  et  le  manuscrit  A  5i  1  de  Rouen,  où  le  nom  de 
l'auteur  ne  se  lit  pas. 

Une  autre  remarque  est  à  faire  sur  ce  recueil.  Quand 
nous  avons  cité  les  premiers  mots  d'après  les  manuscrits 
complets,  nous  avons  en  même  temps  cité  ceux  du  manuel  si 
souvent  imprimé  sous  le  titre  de  Dormi  secure.  C'est  que  le 
premier  sermon  de  ce  manuel  est  un  emprunt  fait  à  Nicolas 
d'Hacqueville.  Si  les  franciscains  avaient  constaté  cet  em- 


XIV    SIECI.K. 


t\C>    1I1S.> 


de  MvU,  |i.  3X. 


NICOLAS  D'I1A(:QUFA'II>LE.  Ô7 

prunt,  cela  sans  doute  les  aurait  rendus  moins  sévères  à 
l'égard  d'un  compilateur  dont  l'obligeance  méritait  plutôt 
d'être  louée  que  blâmée. 

Le  nombre  des  manuscrits  atteste  combien  les  sermons 
dominicaux  de  Nicolas  d'Hacqueville  lurent  goûtés  au  xiii" 
et  au  XIV*  siècle;  on  ne  peut  donc  s'étonner  de  voir  un 
copiste  les  honorer  de  cette  qualification  :  valde  boni.  Vers  <;atui 
la  fin  du  xv'  siècle  fout  le  monde,  il  est  vrai,  n'en  faisait  pas 
un  si  grand  cas.  On  lit  à  la  (in  du  manuscrit  de  Troyes  :  Caïai.  .i«»  ms». 
«Ce  livre  m'a  été  donné,  à  moi  frère  Pierre,  abbé  de  *  '"y^.p-  •>/• 
«  Cbaalis,  par  dom  Guillaume,  abbédeBeaubec,  professeur 
«  de  théologie,  l'an  du  Seigneur  1470,  et  en  récompense  je 
•  lui  ai  fait  présent  d'une  pièce  de  belle  serge  noire,  propre 
«à  faire  une  cucuUe.  »  Si  belle  que  pût  être  la  serge,  le 
livre  était  évidemment  acquis  à  vil  prix.  Cependant  ce  livre 
avait  alors  encore  un  assez  grand  nombre  d'approbateurs, 
puisque,  vers  le  même  temps,  un  d'entre  eux  le  jugeait 
digne  d'être  imprimé.  C'est,  en  effet,  bien  à  tort  que  les 
sermons  dominicaux  de  Nicolas  d'Hacqueville  passent  pour 
inédits.  Ils  ne  le  sont  pas;  ils  ont  même  été  plusieurs  fois 
imprimés  sous  un  nom  qui  diffère  beaucoup  de  celui  de 
l'auteur  véritable.  Nous  aurons  à  raconter  l'histoire  de  cette 
attribution  frauduleuse;  montrons  d'abord  qu'elle  n'est  au- 
cunement imputable  aux  premiers  éditeurs. 

Au  XV*  siècle,  un  certain  Jean  Quintin,  théologien  très 
obscur,  avait  conçu  de  l'estime  pour  ce  recueil  des  sermojjs 
de  Nicolas  d'Hacqueville,  et  en  avait  préparé,  d'après 
quelque  ancien  texte,  une  édition  plus  ou  moins  correcte.  Il 
ne  l'avait  pas  toutefois  publiée,  et,  après  sa  mort,  l'édition 
préparée  se  trouva  dans  ses  papiers.  C'est  alors  qu'un  autre 
théologien ,  nommé  Louis  Vasseur,  ou  Levasseur,  entreprit  de 
la  mettre  au  jour.  Elle  parut  chez  Durand  Gerlier,  in-S", 
goth.,  sans  date,  peut-être,  comme  le  suppose  Louis  Hain,  Haia.  iiepcit, 
dans  les  dernières  années  du  xv*  siècle,  sous  ce  titre  :  Ser-  *'  p  '" 
mones  dominicales  moralissimi  et  nd  populum  instruendum  exqai- 
sitissimi ,  jam  pridein  a  venerabili  magistro  Johanne  Quintini  visi 
et  ordinati,  nuper  vero  a  magistro  Lvdovico    Vassoris,  doctore 

TOMB   \XXl.  l3 

9  * 


IMPKIMCBtt     '«irr><>ALK, 


dv'  siàci.R. 


98  NICOLAS  DHACQUEVILLE. 

theologiee,  recogniti.  Ainsi  le  litre  ne  contient  pas  le  nom  <le 
l'auteur;  mais  ce  nom  est  à  la  fin  du  volume,  où  on  lit  : 
Sermones  juxta  Evangelia  dominicarum  totius  anni,  cum  addi- 
tionibus  aliguarum  Epistolarum ,  utfertur  a  venerabili  doctore  de 
Haqueville  conditi  et  a  magistro  Johanne  Quintini  jam  pridem 
visi  et  ordinati,  etc.  Un  bel  exemplaire  de  cette  édition  esta 
la  bibliothèque  Mazarine;  celui  que  possède  la  Bibliothèque 
nationale  est  incomplet.  D'autres  éditions  du  même  recueil 
nous  sont  signalées  :  chez  Etienne  Anfray,  in-4°,  sans  date 
ni  nom  de  lieu;  i5i3,  in- 4°,  "i  Bello  visu;  Paris,  i52i, 
in-8°,  chez  Regnault;  Paris,  1626,  in-8°,  chez  Chaudière; 
Lyon,  1027,  in-8°,  chez  Du  Ry;  i53o,  in-8°,  in  Bellovisu; 
Paris,  1 54o,  in-i  2,  chez  Maurice  de  la  Porte. 

Voici  maintenant  la  fraude  que  nous  avons  à  signaler. 
Vers  le  temps  où  Louis  Vasseur  publiait  fédition  préparée 
par  Jean  Quintin,  naissait  dans  la  ville  d'Autun  un  autre 
Jean  Quintin  qui  devait  être  un  jour  un  des  plus  savants, 
un  des  plus  laborieux  canonistes  de  son  siècle.  Le  dernier 
Jean  Quintin  étant  mort  en  l'année  i56i,  ses  livres,  qui 
avaient  fourni  la  matière  de  plus  d'une  controverse,  conser- 
vèrent l'estime  des  érudits,  et  on  les  réimprimait  encore  en 
France  et  en  Allemagne  dans  les  premières  années  du 
xvii'  siècle.  En  ces  circonstances,  un  libraire  de  Cologne 
crut  opportun  de  publier  sous  le  nom  de  Jean  Quintin, 
comme  un  ouvrage  de  ses  doctes  veilles,  le  recueil  autrefois 
ordonné  par  son  homonyme.  C'est  ainsi  qu'une  nouvelle  édi- 
tion des  sermons  dominicaux  de  Nicolas  d'Hacqueville  parut 
sous  ce  titre  en  l'année  161 1  :  D.  Joannis  Quintini,  theologi 
Parisien  sis,  viri  eruditissimi ,  Sennones  morales  super  totius  anni 
evangelia  dominicalia,  ad  populum  instruendum  exquisitiisimi ; 
Cologne,  Jean  Crith,  161 1,  in-8''.  Comment  cette  fraude 
n'a-t-ellepasété  sur-ie-champ  découverte.^  Comment  des  ser- 
mons qui  portent  si  visiblement  le  cacliet  de  leur  temps  ont- 
ils  pu  se  répandre  dans  le  public  sous  le  nom  supposé  (fun 
grave  canoniste  du  xvi*  siècle,  qui  n'avait  peut-être  jamais 
&it  de  sermcMis  et  ne' passait  pas,  du  moins,  pour  en  avoir 
laissée  C'est  là  ce  qu'on  ne  s'explique  pas.  L«  fraude  réussit, 


XIV    SUXI.K. 


r 


NICOLAS  DilACQUE VILLE.  99 

toutefois,  à  ce  point  qu'une  seconde  édition  de  ces  prétendus 
sermons  de  Jean  Quintin  lut  publiée  par  le  même  Jean  Crith , 
à  (Pologne,  en  l'année  i63o,  in-8". 

Un  autre  recueil,  composé  de  cent  six  sermons,  existe 
encore,  dans  les  manuscrits,  sous  le  nom  de  Nicolas  d'Hac- 
queville,  avec  ce  titre  particulier  :  Sermones  de  Sanctis.  Dans 
les  numéros  iSgSy  de  la  Bibliothèque  nationale,  48q  de 
Tours,  1 594  de  Troyes,  A  4  •  o  de  Rouen  et  1 660  de  la  bi- 
bliothèque Harléienne,ce  recueil  commence  par:  Prœparate 

corda  vestra  Domino Duo  sunt  ibi  consideranda.  Le  nom  de 

l'auteur  est  indiqué  dans  ces  volumes.  Voici  d'autres  copies 
où  il  ne  l'est  pas  :  n"'  A  5 -î 4  de  Rouen  et  94  des  Cod.  Laud. 
mise,  à  la  Bodléienne.Il  y  a  enfin  un  exemplaire  incomplet 
des  mêmes  sermons  dans  le  numéro  545  de  l'Arsenal. 
Nous  n'apprenons  pas  que  ce  recueil  ait  été  jamais  imprimé. 

Ridoln  et  Luc  Wadding  distinguent  des  deux  recueils  pré-      uoduipi..,  nisi. 
cédents  un  troisième  volume  de  sermons,  qu'ils  inscrivent    »«■  f"' ■  p  •'2' 
après  les  autres  au  nom  de  Nicolas  d'Hacqueville,  et  qu'ils  in- 
titulent :  De  ISativitate  sermones.  Sbaraglia  croit  que  ces  ser- 
mons sur  la  Nativité  font  partie  de  la  collection  sur  les  fêtes 
des  saints.  C'est  là  certainement  une  fausse  conjecture;  il  n'y 
a  dans  cette  collection  qu'un  sermon  sur  la  Nativité.  Quoi 
qu'il  en  soit,  aucun  des  catalogues  par  nous  consultés  ne  dé- 
signe une  suite  de  sermons  composés  par  Nicolas  d'Hacque- 
ville sous  ce  titre  particulier  :  De  ISativitate.  On  peut  attri- 
buer avec  plus  de  sûreté  au  recueil  qui  concerne  les  fêtes  des 
saints  le  sermon  sur  l'Assomption  de  la  Vierge  que  cite  Vin-     BandeHis(v.(Je). 
centBandella  dans  son  traité  de  l'Immaculée  Conception.        De.mguianpunt.. 

Les  sermons  de  Nicolas  d'Hacqueville  ne  sont  pas  tout  à 
fait  dignes  de  la  renommée  qu'ils  ont  obtenue.  11  y  a  beau- 
coup de  citations  de  l'Écriture  et  des  Pères;  mais  les  para- 
phrases qui  les  accompagnent  sont  généralement  courtes, 
sans  être  toujours  graves.  On  ne  saurait,  toutefois,  y  signaler 
aucune  de  ces  facéties  burlesques  qui  paraissent  avoir  fait  le 
succès  de  tant  d'autres  sermons  du  même  temps.  Nicolas 
d'Hacqueville  ne  mêle  à  son  latin  aucun  mot  français  et  il 
ne  raconte  pas  d'anecdotes;  sa  prétention  est  d'instruire  ses, 

i3. 


XIV*  SIRCLB. 


100  GUILLAUME  BERNARD. 


col.  ?,. 


„.,,  auditeurs,  non  de  les  éeaver  ou  de  les  terrifier.  Il  a  même 

Bibl.  nat.,   ms.  i  •     i  i  i  i 

laiin   II*  18193,    cru  devoir  blâmer,  dans  les  sermons  des  autres,  ces  narra- 

.i.ro.î.       tJQjjs  fabuleuses,   ces  contes  auxquels   personne  ne   peut 

croire,  trnfas  cl  fabulas.  Il  est  d'ailleurs,  quoique  régulier, 

assez  rarement  vif  contre  les  séculiei's.  Ce  n'est  pas  qu'il  leur 

pardonne  ce  dont  .ses  confrères  les  accusent.  Oui,  sans  doute, 

ihid..  fol.  63,     ils  .sont  gravement  répréhensibles  quand  ils  achètent,  argent 

comptant,  les  cures  que  les  collateurs  laïques  .sont  toujours 

prêtsà  leur  vendre.  La  convoitise  des  ])rébendes,  des  dignités, 

leur  est,  en  outre,  à  bon  droit  reprochée,  et  quand  on  les  ap- 

ibid.,  fol.  iis,     pelle  des  hypocrites,  des  papelards,  on  ne  les  calomnie  pas 

beaucoup.  Mais  pour  que  frère  Nicolas  parle  d'eux,  il  faul 

que  foccasion  s'offre  de  h;  faire;  il  ne  la  cherche  pas. 

sbaraica..s«ippi.,        Selou  d'aucieus  historiens  de  son  ordre,  Nicolas  d'Hac- 

P  ■^''"  queville  aurait  le  premier  réduit  en  abrégé  le  corps  du  droit 

canonique.  Ce  renseignement  est  certainement  inexact,  car 

le  premier  abréviateur  de  Gratien  vécut  longtemps  avant 

la  lin  du  xiii"  .siècle.  On  ne  trouve,  d'ailleurs,  dans  aucun 

catalogue  cet  ouvrage,  que  Pierre  d'Alva  mentionne  sous  le 

nom  de  Nicolas  d'Hacqueville.  B.  H. 


GUILLAUME   BERNARD, 

FRRRE  PRÊCHEUR. 


Guillaume  Bernard,  né  à  Gaillac,  sur  le  Tarn,  lit  profes- 
sion d'observer  la   règle  de  Saint-Dominique  au  couvent 
Douai»,  Lc.fr.    d'Albi.  On  le  voit  ensuite,  en  1274,  étudiant  au  couvent 
prteh^  i>n  Gttc.,   ^^  Carcas.sonne.  La  première  charge  qui  lui  fut  confiée  paraît 
avoir  été  celle  de  lecteur  en  philosophie  naturelle  dans  ce 
Bibl.  n»i.,  m»,    couvent.  Nous  sommes  en  Tannée  1277,  L'année  suivante, 
Rèt"i"*,t!^LXXv!   il  fut  envoyé  faire  le  même  cours,  avec  le  même  titre,  à 
p.  ï48.  — Douais.   Montpellier.  Mais,  comme  on  fa  déjà  pu  remarquer,  les 

oiivr.  cité.  ■* 


GUILLAUME  BERNARD.  101 


XIV    MLCI.E. 


chapitres  de  son  ordre  ne  laissaient  pas  longtemps  les  pro- 
fesseurs ou  lecteurs  dans  le    même   lieu.  On    s'explique 
d'ailleurs  aisément  cpie  des  religieux,  qui  n'avaient  plus  de 
palrimoine,  plus  de  famille,  eussent  le  goût  des  voyages. 
Guillaume  Bernard  quittait  Montpellier  en  i  281,  se  rendant 
au  couvent  de  Nice;  on  le  trouve  ensuite,  en  1  a 84,  à  Per- 
pignan,  occupant  la  chaire  de  théologie;  en  ii85,  à  Tou-      an.  laim  bib-, 
iouse;  en  1'j86,  à  Montaubau;  en  i'j88,  à  Cahors,  où  il    "''■>"'  '^  ■ 
était  remplacé,  l'année  suivante,  par  Guillaume  de  Saint-      ilkI.  101.599. 
(îeniès.  Il  obtenait  une  autre  fonction ,  celle  de  prédicateur 
général,  en  même  temps  que  Guillaume-Pierre  de  Godin  et 
Guillaume  Aimeri  de  Toulouse.  Les  prédicateurs  généraux 
élus  pour  cette  année  étaient  au  nombre  de  quinze.  Mais, 
l'année  suivante,  la  plupart  d'entre  eux  redevenaient  lec- 
teurs :  (îuillaume-Pierre  de  (îodin  à  Condom,  Guillaume       ib»i.,fo!.  30". 
Bernard  à  Perpignan.  Guillaume  Bernard  fut  alors  nommé, 
dit  Echard,  prieur  du  couvent  de  Montauban;  mais,  le 
1 5  août  1291,  remplacé  dans  cet  emploi  par  Guillaume  de 
Monclar,  il  fut  pourvu  de  la  chaire  d'Ecriture  sainte  dans  le 
couvent  de  Toulouse.  Cela  porterait  à  croire  qu'il  désira 
lui-même  être  déchargé  de  son  priorat  par  goût  pour  l'en- 
seignement ou  par  dégoût  des  tracas  administratifs;  mais  il 
ne  faut  faire  peut-être  ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  conjectures, 
puisque,  après  avoir  été  de  nouveau  lecteur,  il  fut  de  nou- 
veau prieur,  et  prieur  d'une  maison  plus  importante  que 
celle  de  Montauban,  dans  un  pays  plus  agité,  à  Albi.  C'est 
en  l'année  1292,  comme  le  prou-ve  bien  M.  C.  Molinier,  que        r.».»  huior., 
Guillaume  Bernard  était  élu  prieur  du  couvent  d'Albi,  et   '•'^''^' i'-'^" 
Bernard  Gui,  qui  remplissait  alors  dans  ce  couvent  la  fonction      Rer.iesiiisi..!.: 
de  lecteur,  nous  donne  quelques  détails  sur  l'acte  le  plus   lafranre,  i  xxi, 
important  de  son  administration  :  ce  fut  la  construction  de 
l'église  conventuelle,  dont  la  première  pierre  fut  posée,  le 
1  2  juillet  1  293,  par  l'évêque  Bernard  de  Castenet.  Mais  nous 
sommes  encore  bien  loin  d'avoir  mentionné  tous  les  dépla- 
cements de  Guillaume  Bernard.  Le  28  juillet  1  2  9  4,  il  quittait 
la  charge  de  prieur  d'Albi,  qu'on  s'empressait  de  confier  à 
son  lecteur,  Bernard  Gui,  partait  pour  Agen,  où  il  allait 


XIV   SIKCI.R. 


102  GUII.LAUME  BERNARD. 


occuper  une  chaire  de  théologie,  redevenait  prieur  à  Rodez 
en  1296,  puis  lecteur  au  couvent  de  Béziers  en  l'JQy,  au 
couvent  d'Arles  en  1298. 

Échard,  citant  un  passage  d'un  écrit  de  Bernard  Gui,  la 
Pratique  de  l'Inquisition,  dit  qu'on  y  trouve,  vers  l'année 
1  390,  un  Guillaume  Bernard  exerçant  l'olFice  d'inquisiteur 
dans  le  diocèse  de  Toulouse  avec  Jean  de  Saint-Benoît. 
Vainement  nous  avons  recherché  la  mention  de  ces  deux 
inquisiteurs  dans  l'édition  de  la  Pratique  récemment  donnée 
par  M.  le  chanoine  Douais.  Mais  si  le  passage  cité  par 
Échard  concerne  Guillaume  Bernard  de  Gaillac,  le  fait 
doit  être  postérieur  à  l'année  1  296.  Quoi  qu'il  en  soit,  notre 
Guillaume  Bernard  était  à  Toulouse  en  1298,  quand, 
plein  de  grands  desseins,  il  partit  pour  Rome  vers  la  Saint- 
Michel,  et  de  là  fit  voile  pour  la  Grèce  au  cours  de  l'année 
suivante.  Son  premier  soin,  dès  qu'il  eut  touché  le  sol  de  la 
Grèce,  fut  d'apprendre  la  langue  du  pays.  L'ayant  apprise, 
il  gagna  Constantinople  et  se  fit  concéder,  dans  le  faubourg 
de  Péra,  une  maison  où  il  s'établit  avec  douze  de  ses  con- 
frères, venus  avec  lui  de  Toulouse  ou  de  Rome.  Ils  s'étaient 
donné  la  mission  de  prêcher  les  Grecs  et  de  les  ramener  au 
giron  de  l'Eglise  romaine;  mais  leur  entreprise  téméraire  eut 
peu  de  succès. 

Guillaume  Bernard  ne  séjourna  guère  que  deux  ans  à 
Constantinople.  Le  22  juillet  i3oi,  de  retour  en  France,  il 
Kcvue.itco,  est  élu  lecteur  au  couvent  d'Arles;  le  4  août  i3oa,  lecteur 
au  couvent  de  Sisteron;  le  22  juillet  i3o6,  lecteur  au  cou- 
vent de  Saint-Pardoux ;  enfin,  le  29  juin  iSiy,  lecteur  au 
couvent  de  Bergerac.  Mais  il  n'est  plus  ensuite  nommé  dans 
les  registres  de  son  ordre,  et  il  paraît  certain  qu'il  était 
mort  en  i32  1  quand  Bernard  Gui  rédigeait  sa  Pratique. 

Le  même  Bernard  Gui  rapporte  que  Guillaume  Bernard 
traduisit  en  grec  les  livres  de  saint  Thomas  :  Projecitque  in 
lingua  grœca  ita  (fuod  eam  plene  scivit  et  libros  ladnos  Jr. 
Thomœ  in  grœcum  transtulit.  Il  ne  veut  pas  dire  sans  doute 
qu'il  mit  en  grec  saint  Thomas  tout  entier;  selon  toutes  les 
vraisemblances,  il  ne  s'agit  ici  que  de  quelques  œuvres. 


!'•  •'3<) 


GUILLAUME  BERNARD. 


103 


XIV'  SlàcLK. 


I 


Mais  desquelles  ?  Nous  l'ignorons.  Une  telle  entreprise,  au 
xiii'siècle,  est  assurément  un  faitdigne  de  remarque,  et,  ajuste 
litre,  il  a  été  l'objet  d'une  mention  particulière  dans  le  dis- 
cours que  nos  prédécesseurs  ont  mis  en  tête  du  XVI' volume 
de  cette  histoire.  Il  ne  faudrait  pourtant  pas  s'en  exagérer 
l'importance.  On  lit,  à  la  page  248  de  notre  tome XIX, que 
Bernard  lit  ses  traductions  par  l'ordre  d'Urbain  IV,  du 
vivant  de  saint  Thomas.  Voilà  ce  qu'il  nous  est  impossible 
d'admettre.  Urbain  IV  étant  mort  en  l'année  i  a  64 1  Guillaume 
Bernard  aurait  donc  eu  dès  sa  jeunesse,  longtemps  avant 
d'aller  en  Orient,  une  assez  grande  connaissance  de  la 
langue  grecque  pour  traduire  en  cette  langue  des  livres 
latins.  Mais  cela  serait  bien  surprenant.  Quel  aurait  été  son 
maître  en  cette  di.sciplinePNous  ne  connaissons  en  Occident, 
durant  le  xiii'  siècle,  qu'un  seul  homme  capable  d'enseigner 
le  grec,  l'ayant  appris  en  Grèce;  c'est  Guillaume  de 
Meerbecke,  que  Guillaume  Bernard  n'a  certes  jamais  vu. 
Où  d'ailleurs  a-t-on  rencontré  cette  mention  d'un  mandat 
donné  par  Urbain  IV  ?  On  ne  le  dit  pas  et  nous  l'ignorons. 
11  y  a  dans  cette  assertion,  pensons-nous,  quelque  méprise. 
Ainsi  nous  ne  croyons  pas  que  Guillaume  Bernard  ait  quitté 
Toulouse  sachant  le  grec;  mais  nous  trouvons  tout  naturel 
qu'ayant  appris,  d'abord  en  Grèce,  puisa  Péra,  le  grec  vul- 
gaire, il  se  soit  fait  un  devoir  de  traduire  en  cette  langue 
quelques  livres  du  docteur  réputé,  dans  son  ordre,  l'arbitre 
de  la  foi. 

Ces  traductions  de  Guillaume  Bernard  ne  nous  sont  point 
parvenues.  Il  ne  paraît  même  pas  qu'on  les  ait  jamais 
fait  passer  en  Occident.  Ce  que  l'on  a  conservé  de  Guillaume 
Bernard  nous  semble,  d'ailleurs,  offrir  plus  d'intérêt.  Dans  le 
numéro  3o3  des  manuscrits  de  Bordeaux  sont  réunis  sous 
son  nom  des  sermons  sur  les  fêtes  des  saints  et  des  Colla- 
tions, Collatinnes,  au  nombre  de  cent  dix.  Ces  C.oUationes 
sont  aussi  dans  le  numéro  3o  de  la  même  bibliothèque.  Les 
sermons  pour  les  fêtes  des  saints  commencent  par  ces  mots; 
Ascendain  in  palmam.  .  .  Secumlum  hubruin,  fmtma  est  arbor 
qiiœ  prodacil  daloimmum  friuium,  lumen  nuiufuani  fractijicat 


Histoire  litl.  <le 
la  France,  t.  \VI . 
p.  I  Vi- 


CaUi.  (les  mss. 
(le  Bordeaux,  t.  I, 
p.  17  et  1  it. 


MV  SIECI.K. 


104  GUILLAUME  GUIART. 

extra  radium  solis.  Tel  est  le  début  d'un  sermon  sur  saint 
André,  auquel  en  succèdent  d'autres  sur  saint  Nicolas, 
sainte  Lucie,  saint  Thomas,  apôtre,  saint  Etienne,  etc.,  etc. 
Les  Collations  sont  des  sermons  dominicaux,  dont  le  ])re- 
mier,  pour  le  premier  dimanche  de  l'Avent,  commence  par: 
Rex  tuus  venit  libi  mansuclus,  Matth.  xxi;et  est  de  Zachariaas- 
sumptum.  L'auteur  se  nomme  lui-même  frère  (juiilaume 
dans  l'exorde  de  celte  collation.  Cela  nous  fait  connaître 
que  nous  avons  ici  non  des  sermons  prononcés,  mais  une 
œuvre  littéraire.  B.  H. 


GUILLAUME   GUIART. 


Moriapr^j  i3i6.  Il  v  avait  autrefois  dans  la  ville  d'Orléans,  comme  dans  la 
ville  d'Angers,  une  rue  de  l'Aguillerie,  habitée  sans  doute  par 
les  agailliers  ou  fabricants  d'aiguilles.  C'est  dans  cette  rue, 
située  non  loin  des  remparts,  que  naquit  le  poète  dont  nous 
allons  parler  :  lui-même  a  pris  le  soin  de  nous  en  instruire, 
quand,  au  début  de  son  grand  ouvrage,  il  se  défend  de 
vouloir  répéter  des  récits  controuvés,  comme  font  les  nom- 
breux conteurs  d'Alexandre,  d'Arthur  ou  de  Charlemagne. 
Tous  ceux  qui  répètent  ces  contes  ont  cessé  d'être  bien 
accueillis  : 


\jL  Braiirhe  des 
royaui  lignages; 
Rer.  des  Histor.  de 
France,  l.  XXII 
p.  173  -  3oo.  — 
V.  JÔ. 


Et  seulcnt  avoir  por  tiex  iobes 
Des  granz  seigneurs  deniers  et  robes, 
Qui  or  leur  font  oreilles  sourdes 
Et  tout  homme  qui  dist  ces  bourde» 
Tiennent  por  fol  et  por  niart; 
Par  quoy  je,  Guillaume  Guiart, 
D'Orliens  né,  de  l'Aguillerie, 
Qui  voi  que  leur  painne  est  perie , 
.\i  ci  en  cest  mien  romans  mise 
IVTentente  a  trouver  de  tel  guise 
Et  en  si  plaisant  ordenance 
Que  des  faiz  des  quiex  je  roiunance 


H 


GUILLAUME  GUIART.  105       „,.„èc„. 

Quiex  qu'il  soient,  granz  ou  nienuz, 

Ainz  noz  aages  aveniiz, 

Sont  ordenees  mes  répliques 

Selonc  les  certaines  croniques, 

C'est  a  dire  paroles  voiras 

Dont  j'ai  transcrites  les  mémoires 

A  Saint  Dcnys  soir  et  matin, 

A  l'exemplaire  du  latin , 

Et  a  droit  François  ramenées , 

Et  puis  en  rime[s]  ordenees. 

Guillaume  Guiart  était  donc  d'Orléans,  et  il  habitait  la 
rue  de  l'Aguillerie,  encore  aujourd'hui  conservée  dans  cette 
noble  ville,  moins  possédée  que  d'autres,  à  ce  qu'il  paraît, 
du  besoin  de  cacher  sous  de  nouveaux  alignements  et  de 
blanches  constructions  ce  qui  peut  rappeler  les  anciens 
souvenirs  de  son  histoire. 

Comme  la  plupart  de  nos  trouvères,  Guillaume  Guiart  a 
peu  parlé  de  lui,  et  cependant  nous  ne  connaissons  guère 
sa  vie  que  par  ce  qu'il  lui  a  plu  de  nous  en  dire.  Nous  con- 
jecturons qu'il  naquit  dans  le  dernier  tiers  du  xiii' siècle, 
sous  le  règne  de  Philippe  le  Hardi  ;  car  il  devait  encore  être 
jeune  quand  il  partit,  en  i3o4,  avec  quatre  cent  vingt  ser- 
gents de  la  ville  d'Orléans,  pour  répondre  à  la  convocation 
du  roi  Philippe  le  Bel. 

L'armée  française  se  rendait  en  Flandre  pour  venger,  sinon 
effacer,  la  honte  de  la  journée  de  Courtray  (7  juillet  1802). 
La  qualité  de  sergent  nous  semble  indiquer  un  citoyen  de 
la  classe  bourgeoise,  supérieur  aux  «  bidauts  »  qui  formaient 
le  contingent  des  provinces  basques  et  navarraises,  et  qui 
surtout  n'avait  rien  de  commun  avec  cette  foule  de  volon- 
taires et  de  ribauds  qu'on  souffrait  dans  les  armées  plutôt 
qu'on  ne  les  y  appelait,  et  qui  le  plus  souvent  échappaient 
à  la  commune  discipline.  Les  sergents  étaient  inférieurs  aux 
écuyers,  tirés,  en  général,  de  l'ordre  de  la  noblesse,  et  qui 
pouvaient  devenir  chevaliers.  Ils  approchaient  cependant 
des  écuyers  par  le  costume  militaire.  Ils  avaient  la  tête 
défendue  par  un  chapeau  de  fer,  portaient  la  cotte  de  mailles, 
irappaient  de  l'épée,  de  la  lance,  de  la  hache  et  de  la  masse 

TOUS  XXXI.  l4 


IvrtlStBIl    UTMSAU. 


\n  nnciM. 


106  GUILLAUME  GUIART. 

d'armes.  Une  fois  rendus  au  point  de  réunion  indiqué  par 
le  roi  ou  le  connétable,  sous  la  conduite  d'un  chef  ordinai- 
rement désigné  parles  magistrats  delà  ville  dont  ces  hommes 
d'armes  formaient  le  contingent,  avec  tons  les  gens  de  pied, 
ils  se  réunissaient  sous  la  bannière  du  grand  maître  (hvs 
arbalétriers. 

Guiart  parle  de  lui  trop  rarement  pour  ne  pas  en  être 
cru  dans  ce  qu'il  nous  fait  discrètement  connaître.  Vu 
commencement  de  cette  année  i3o4,  il  assistait  à  la  prise 
de  Gravelines,  dont  seul  il  nous  a  conservé  la  mémoire, 
et  dont  il  a  raconté  toutes  les  circonstances  dans  le  plus  cu- 
rieux détail  : 

V.  11)759.  Guillaume  Guiiirt  nous  tesmoigne 

Qui  vit  In  lin  de  la  besoingnu 
Et  le  preuïier  commencement. 

Et,  si  l'on  veut  une  preuve  de  sa  candeur  comme  histo- 
rien, on  la  trouvera  dans  le  récit  de  la  reprise  du  Pont-à- 
Wendin,  par  les  Flamands,  environ  un  mois  avant  la  victoire 
de  Mons-en-Pevèle.  La  garde  de  ce  passage,  emporté  d'abord 
par  les  Français,  avait  été  confiée  aux  sergents  d'Orléans: 
ils  devaient  y  passer  la  nuit  et  attendre  qu'on  vînt  le  matin 
les  relever.  Les  sergents,  au  nombre  desquels  était,  comme 
on  l'a  vu,  notre  poète,  firent  bonne  garde  toute  la  nuit  et 
même  une  partie  de  la  journée  suivante;  car  on  avait,  par 
malheur,  oublié  de  les  relever.  Mais,  après  avoir  attendu 
beaucoup  plus  longtemps  qu'ils  n'avaient  cru  avoir  à  le 
faire,  ils  prirent  le  parti  daller  se  coucher,  persuadés  que 
les  Flamands  ne  songeaient  pas  à  reprendre  le  pont.  Ils 
se  trompaient  :  à  peine  avaient-ils  vidé  les  lieux  que  l'en- 
nemi s'en  emparait  une  seconde  fois.  Mais  les  sergents 
d'Orléans  prirent  une  large  part  aux  combats  des  jours  sui- 
vants, et  plus  de  vingt-cinq  d'entre  eux  payèrent  de  leur 
vie  la  négligence  précédente  : 

V.  i79()o.  Cil  d'Orliens  adoncques  veillierent 

Au  pas  d'aval ,  que  n'i  passassent 
Flamens ,  se  la  se  dévalassent.  .  ,  • 


'i'J    JIKOT 


GUILLAUME  GUIART.  107 

Cil  s'i  tindrent  et  le  gardèrent; 
Jusqu'en  demain  s'i  retardèrent , 
Et  tant  i  furent  la  journée 
Qu'eure  de  tierce  fut  passée , 
Sans  ce  qu'aucun  sentrcmeïst 
Qu'autres  gardes  la  asseïsl. 
Quant  virent  que  nus  ne  vendroit , 
Et  que  dormir  les  convendroit , 
Touz  ensemble  le  pas  guerpirent, 
Aus  tentes  \'indrent,  la  dormirent. 
Flamens  qui  assés  tost  le  surent 
A  grauz  genz  au  moulin  aplurent, 

Sanz  contredit  le  pas  conquistrent 

Li  soiidoier  ans  cotes  noires 
Et  pluseurs  autres  qui  la  ierent 

Outre  le  fossé  se  lancierent 

Des  serjanz  aus  noires  gonneles 
Ot  la,  ce  croi,  celé  semaine, 
Navrez  une  vint  e  cinquaine 

Nous  retrouvons  encore  Guiart,  dans  cette  campagne  de 
Flandre,  peu  de  jours  avant  la  journée  de  Mons-en-Pevèle. 
Mais  ce  qu'il  dit  nous  fait  penser  qu'il  ne  prit  aucune  part 
à  cette  grande  affaire.  Il  avait  en  effet  reçu  deux  graves  bles- 
sures, à  l'attaque  d'une  maison  forte  qui  semblait  devoir 
être  de  bonne  prise.  Il  est  vrai  que,  dans  le  récit  qu'il  fait 
de  la  prise  de  cette  maison,  il  évite  de  se  nommer;  mais  ce 
qu'il  avait  dit  dans  son  prologue  des  motifs  de  son  séjour  à 
Arras  ne  permettait  plus  de  le  méconnaître  : 

En  l'an  mil  et  trois  cens  et  quatre 

El  mois  d'aoust  me  sejoumoie 
A  Arras,  car  navrez  estoie 
D'un  fer  d'un  quarrel  çl  pié  destre. 
Et  d'une  espee  el  bras  seneslre. 
En  Flandres  a  la  Haingnerie, 
Qu'on  ot  arse  a  grant  crierie , 
Le  mois  ci  descrit  en  ma  page , 
Avoie  eu  ce!  avantage. 

Après  avoir  peint  d'assez  bonnes  couleurs  les  suites  ordi- 
naires de  la  guerre  et  raconté  comment  en  Flandre,  chaque 

i4. 


\IV'  SlàCLfc. 


V.  .7932. 
V.  17958. 


108  GUILLAUMF,  GUIART. 

XIT    SISCI.R. 

jour,  sergents  el  «  bidauts  »  battaient  la  campagne  d'Orchies 
à  Tournai  et  revenaient  au  camp  chargés  de  la  dépouille 
des  fermes  et  des  maisons  incendiées,  il  décrit  ainsi  cette 
prise  de  la  Haignerie  : 

V-  "9876.  Lors  fu  prise  la  Haignerie, 

Une  maison  enclose  d'eve , 
Qui  la  value  d'une  fève 
Ne  doutoit  de  l'ost  la  puissance , 
Par  assaut  d'escu  ne  de  lance. 
Lors  vi  je,  qui  fis  ceste  liystoirc. 
Un  serjant  né  d'Orliens  sur  Loire 
Qui  se  mist  en  tele  aventure 
(Corne  s'il  n'eûst  de  soi  cure. 
Tout  l'en  alast  aucun  loant) 
Qu'au  travers  d'un  fossé  noant, 
Qui  bien  iert  quarante  piez  large , 
Sanz  avoir  bacinet  ne  targe , 
Entra  enz  a  bardie  cbiere , 
En  ses  mains  d'Orliens  la  baniere. 
Bidauz,  dont  mainz  sevenl  noer 
Et  cou  doit  en  tiex  faiz  loer, 
Quant  le  virent  outre  endroit  eus, 
De  li  socourre  convoiteus, 
El  parfont  fossé  se  lancierent  : 
Tant  firent  et  tant  s'avancierent 
En  noant  au  miex  que  il  purent 
Que  la  dedanz  aveuc  li  furent , 
Par  un  palez  qui  clooit  l'estre. 
Mais  ja  iert  navrez  el  pié  destre 
Cil  qui  s'iere  aventuré  si. 
Et  el  braz  senestre  autresi. 
Nonpourquant  la  maison  fu  prise, 
Et  la  gent  comme  toute  ocise. 
Grant  meuble  fu  leanz  ravi , 
Selonc  ce  que  je  lors  la  vi. 

Il  est  assurément  impossible  de  ne  pas  reconnaître  dans 
ce  brave  sergent  Guillaume  Guiart  lui-même,  en  rappro- 
chant le  récit  qu'on  vient  de  lire  des  raisons  qui  l'avaient 
fait  «  séjourner  »  dans  Arras. 

C'est  à  cette  double  blessure  que  nous  devons  la  com- 


GUILLAUME  GUIART. 


109 


position   (lu  précieux  poème   de  la   Branche   des   royaux 
lignages  : 

Adonqiies,  por  moy  déporter 
Et  por  mes  inaus  reconforter , 
Me  siii  de  rimer  entremis, 
Et  a  cest  livre  faire  mis, 
Ou  mainte  liystoire  est  recontee. 

On  vient  de  voir  que  Guiarl  avait  été  chargépar  ses  com- 
pagnons d'armes  de  porter  leur  bannière,  et  cette  circons- 
tance doit  nous  induire  à  penser  qu'il  tenait  un  bon  rang 
parmi  les  bourgeois  de  la  ville.  La  charge  de  porte-bannière 
suppose  en  effet  un  nom  honorable  et  une  valeur  person- 
nelle généralement  reconnue. 

11  était  arrivé  en  Flandre  dès  le  printemps  de  l'année 
i3o4.  Les  Français,  d'abord  rassemblés  à  Arras,  s'étaient 
portés  sur  Douai,  puis  sur  Lens,  qu'ils  quittèrent  pour 
tenter  de  franchir,  à  Wendin,  le  grand  canal  qui,  de  ce  côté, 
défendait  l'entrée  des  Flandres.  Alors  l'armée  se  divisa  en 
deux  échelles  ou  batailles,  conduites  l'une  par  le  connétable 
Gaucher  de  Chàtillon,  l'autre  par  le  grand  maître  des  arba- 
létriers, Thibaud  de  Cepor,  dont  nous  aurons  à  parler  à 
l'occasion  du  Vénitien  Marco  Polo.  Le  sire  de  Cepoi  avait 
avec  lui  les  arbalétriers  et  le  contingent  des  villes,  et  parmi 
ceux-ci  : 

De  la  cité  d'Orliens  sus  Loire 
Rot  ileuc,  le  jour  dont  je  dis, 
Soudoiei's  quatre  vins  et  dis , 
Armez  de  cotes  a  leur  tailles , 
Et  de  bons  hauberjons  a  mailles, 
De  forz  ganz ,  de  coifes  serrées , 
De  gorgeretes  et  d'espees  ; 
Et  chascun  ot  a  sa  séance 
L'un  arbaleste,  l'autre  lance, 
Et  touz  vestuz,  en  ces  riotes. 
Sus  leur  atours  de  noires  cotes , 
Dont  en  l'ost  n'ot  nule  si  faite  ; 
Car  en  chascune  ot  contrefaite 
De  deus  escuz  la  fourme  entière , 

1  0 


XIV'  SIÈCLE. 


V. 


V.  17556. 


m-..ki.«.        "0  GUILLAUME  GUIART. 

Ij  une  devant  1  autre  derrière  : 
Li  escu  (lo  gueules  estoienl, 
Troi  chaillo/.  d'argent  i  seoient. 
J'ai  entendu  par  genz  seiires, 
Que  porter  seult  tiex  amieiires, 
Quant  en  fait  de  guerre  venoit, 
Li  dus  qui  Orlenois  tenoit. 

Ainsi  la  ville  d'Orléans  fournissait  à  l'armée  du  roi  quatre 
cent  dix  soudoyers,  tous  munis  d'un  chapeau  de  fer,  d'un 
écu  et  de  gantelets,  tous  couverts  sur  une  première  tunique 
d'un  petit  haubert  ou  haubergeon  en  mailles,  et,  sur  lehau- 
bergeon,  d'une   seconde  cotte  ou  tunique  noire    chargée 
d'un  double  écu  auv  armes  de  la  ville  d'Orléans.  La  date  de 
notre  j)oème  est  à  remarquer  pour  ce  qui  touche  à  l'an- 
cienneté de  ces  armoiries  communales.  Si  Guillaume  Guiart, 
en  i3o6,  ne  savait  déjà  plus  au  juste  qu'elle  en  était  l'ori- 
gine, c'est  qu'apparemment  elles  étaient  dès  lors  assez  an- 
L«Maire,Anti-   cicnncs.  Plus  tard,  en  les  maintenant,  on  a  pris  ces  trois 
a  oriéau!  *!  i"^   cailloux  pour  des  «  cœurs  de  lis  » ,  et  l'on  a  dit  que  Charles  Vil 
Veisiiaud-Roma-   reconnaissant  les  avait  accordées  à  la  ville  d'Orléans.  Notre 
iSn'-.'.  1. 1!  p.  388'    lexte  rend  cette  attribution  tout  à  fait  insoutenable. 

Wendin  fut  emporté  par  les  Français,  bientôt  après 
obligés  de  revenir  sur  leurs  pas.  Les  sergents  d'Orléans,  dont 
nous  connaissons  le  ])orte-étendard,  avaient  été  les  premiers 
à  franchir  le  fossé,  et  n'avaient  pas  eu  dans  le  butin  la  plus 
mauvaise  part  : 

V.  17673.  Sanz  deschaucier  solei"s  ne  botes, 

Ja  i  sont  ceus  aus  noires  cotes, 

Alournez  de  leur  armeùres, 

Jusques  par  desus  les  ceintures; 

Pour  passer  se  sont  démêliez  : 

0  ceus  de  Braine  entremêliez 

S'en  vont,  car  nul  ne  leur  devee, 

Tous  serrez,  baniere  levée 

^-  '769^-  A  lances,  a  armes  taillanz 

Sont  assaillit  les  plus  vaillanz 

V- 17700.  Cil  de  France  dont  nous  deismes, 

Les  ocient  tous  la  meismes 


GUILLAUME  GUIART.  1 1 1 

Prennent  robes  et  huches  brisent 
Ou  aucunes  richesses  gisent, 
Ou  H  denier  aus  vilains  qiievent  : 
Tout  est  saisi  quanqu'il  y  Ireuvent, 
Puis  fichent  le  feu  es  maisons. 

Dans  tous  ces  récits  de  coups  rués  et  de  proies  conquises, 
on  retrouve  les  souvenirs  palpitants  du  soudard  du  xiv* siècle, 
capable  de  tout  braver  dans  l'espoir  du  succès  et  des  profits 
qui  doivent  en  être  la  récompense.  La  victoire  était  alors  le 
pillage,  et  notre  brave  Orléanais  ne  se  fait  aucun  reproche 
d'avoir  pris  sa  part  du  gain  comme  du  danger. 

Voilà  tout  ce  qu'on  peut  recueillir  sur  notre  trouvère 
dans  le  grand  ]X)ème  qu'il  nous  a  laissé  et  qu'il  acheva  en 
l'année  iSoy.Mais,  grâce  aux  heureuses  recherches  de  notre 
savant  confrère  M.  Natalis  de  Wailly,  nous  pouvons  ajouter 
quelques  nouveaux  renseignements  sur  sa  personne.  Soit  que 
le  roi  Philippe  le  Bel,  auquel  il  avait  présenté  le  premier 
exemplaire  de  son  poème,  ne  feût  pas  convenablement  ré- 
compensé de  ses  veilles,  soit  qu'à  l'exemple  de  la  plupart 
des  trouvères  il  eût  toujours  fait  peu  de  cas  de  la  prévoyance 
et  de  f économie,  nous  voyons  que,  à  six  années  de  là,  Guil- 
laume se  trouvait  dans  un  assez  fâcheux  état  de  fortune. 
H  s'était  établi  à  Paris,  et  s'y  était  marié  à  une  certaine 
Perronnelle,  qui,  le  4  février  i3i3,  se  présentait  avec  lui 
devant  le  garde  de  la  prévôté  de  Paris,  pour  ratifier  la 
cession  d'une  rente  de  quarante  sous  parisis  (somme  qui 
vaudrait  aujourd'hui  environ  cent  cinquante  francs),  assise 
sur  une  maison,  une  masure  et  un  quartier  de  vigne  qu'ils 
possédaient  «  en  Montfetart  »,  sur  la  paroisse  Saint-Médard, 
fief  de  l'abbaye  de  Sainte-Geneviève.  La  cession  était  faite 
à  Philippe  l'Espicier,  bourgeois  de  Paris,  pour  le  prix  de 
douze  livres  parisis  (environ  mille  francs  d'aujourd'hui). 
On  a  dit  que  cette  convention  présentait  un  exemple  de  ré- 
voltante usure,  et  que  c'était  un  emprunt  sur  hypothèque 
au  taux  énorme  de  16  pour  100.  Mais  il  ne  s'agit  pas  en 
réalité  d'un  emprunt,  puisque  le  payement  des  quarante 
sous  annuels  éteignait  la  dette.  En  outre,  il  ne  faut  pas  ou- 


XIV    SIECLE. 


V.  17703. 


Bibl.  de  l'Ecole 
deschartC5,  s'sér., 
t.  III.  p.  11. 


XIV    SIECLE. 


112  GUILLAUME  GUIART. 

blier  que  les  trois  immeubles  étaient  déjà  grevés  d'une  autre 
redevance  de  trente  sous  (environ  cent  francs  d'aujourd'hui), 
et  Philippe  l'Espicier  ne  l'ignorait  pas.  A  trois  mois  de  là, 
Guillaume  cédait  à  Raoul  le  Vanier,  moyennant  une  autre 
somme  de  cent  sous,  vingt  sous  de  rente  sur  ce  qui  devait 
rester  des  revenus  de  la  maison.  Ainsi,  l'immeuble  se  trou- 
vait grevé  d'une  rente  de  quatre-vingt-dix  sous  (environ 
trois  cent  quarante  francs  de  notre  valeur  monétaire). 

Deux  ans  après,  les  droits  de  Philippe  l'Espicier  sur  la 
maison  de  Guiart  s'accroissent  de  dix  sous  de  rente,  et  notre 
savant  confrère  pense  que  l'augmentation  devait  provenir 
du  défaut  de  payement  de  l'arriéré.  11  nous  semble  que  la 
rente,  étant  assise  sur  le  bien,  ne  pouvait  croître  dans  le 
cas  où  le  bien  n'aurait  plus  suffi  au  payement;  nous  sup- 
poserions donc  plutôt  que  Philippe  avait  désintéressé  Raoul 
le  Vanier,  afin  de  pouvoir  demander  en  justice  la  mise  en 
possession  de  l'immeuble  que  Guiart  semblait  délaisser,  et 
qu'il  avait  négligé  de  mettre  en  état  de  location.  Le  28  fé- 
vrier i3i6,  Philippe  l'Espicier  obtint  du  chambrier  de 
Sainte-Geneviève  un  jugement  aux  termes  duquel,  attendu 
que  Guillaume  Guiart  avait  laissé,  depuis  longtemps,  sa 
maison  vide  et  non  garnie,  en  sorte  que  le  requérant  et 
autres  n'avaient  rien  trouvé  à  y  prendre  pour  le  cens  et 
pour  les  arrérages  dus,  attendu  que  la  maison,  d'abord 
louée  par  autorité  de  justice,  ne  rapportait  pas  de  quoi 
indemniser  les  censierset  les  rentiers,  la  jouissance  de  l'hé- 
ritage était  adjugée  à  Philipjie  l'Espicier,  la  question  de 
propriété  réservée.  En  se  rendant  bien  compte  de  la  situa- 
tion respective  des  parties,  ce  jugement  semble  fort  équi- 
table. Guillaume  Guiart  perd  la  jouissance  de  sa  maison, 
non  parce  que  le  revenu  en  est  inférieur  à  la  rente  trans- 
portée, mais  parce  qu'il  la  tient  depuis  longtemps  «  vuide, 
«vague  et  non  garnie»;  ce  sont  les  termes  du  jugement. 
On  l'avait  sommé  quatre  fois,  «  par  quatre  quatorzaines  »;  il 
avait  fait  quatre  fois  défaut;  et  c'est  après  un  cinquième 
défaut  que  le  chambrier  de  Sainte-Geneviève  ne  croit 
plus  pouvoir  refuser  au  créancier  le  bénéfice  de  sa  de- 


GUILLAUME  GUIART.  113 

mande.  Encore  Guillaume  Guiart  conservait-il  la  propriété 
de  sa  maison  et  pouvait-il  en  reprendre  la  jouissance  dès 
qu'il  aurait  acquitté  le  montant  de  l'arriéré  dû  à  celui  qui 
s'en  était  fait  mettre  en  possession. 

Dans  les  trois  actes  judiciaires  indiqués  par  M.  N.  de 
Wailly,  Guillaume  Guiart  est  qualifié  :  «  menesterel  de 
«bouche»,  c'est-à-dire  chanteur  de  gestes  ou  diseur  de 
contes  et  romans  en  vers.  Ainsi  Guillaume  Guiart  avait 
déposé  le  haubergeon  et  le  glaive  à  son  retour  de  la  guerre 
de  Flandre,  et  il  était  devenu  propriétaire  d'un  petit  bien 
situé  à  la  sortie  des  murs  de  Paris,  dans  ce  quartier  Mouffe- 
tard  ou  Montfetard,  dont  la  rue  principale  garde  encore 
son  ancien  nom. 

Nous  n'avons  rien  trouvé  au  delà  de  celte  année  i3i6 
sur  l'auteur  de  la  Branche  des  royaux  lignages,  et  nous  igno- 
rons entièrement  l'époque  de  sa  mort.  Mais  de  son  procès 
avec  Guillaume  l'Espicier  et  de  l'abandon  qu'il  fit  de  sa 
maison  du  quartier  Mouffetard  il  ne  faudrait  pas  abso- 
lument conclure  qu'il  ait  vécu  misérablement  dans  la  der- 
nière partie  de  sa  vie.  Cette  maison,  il  ne  paraît  pas  f avoir 
{'amais  habitée;  c'est  un  bien  qu'il  délaissa  dès  qu'il  n'eut  plus 
'espoir  d'en  tirer  quelque  revenu;  rien  ne  prouve  qu'il  ait 
pour  cela  vécu  sans  feu  ni  lieu,  et  qu'il  n'ait  pas  trouvé  dans 
son  talent  pour  la  composition,  ou  même  dans  son  patri- 
moine, les  moyens  de  subsister  avec  plus  ou  moins  d'aisance. 

Venons  maintenant  à  l'ouvrage  qui  a  valu  à  l'ancien  ser- 
gent d'Orléans  fhonneur  de  figurer  dans  l'Histoire  littéraire 
de  la  France,  la  Branche  des  royaux  lignages. 

Guillaume  Guiart  en  avait,  comme  on  a  vu  plus  haut, 
conçu  la  première  pensée  et  fait  la  première  rédaction  pen- 
dant qu'il  se  trouvait  retenu  dans  Arras  par  deux  graves 
blessures.  Ce  qui  l'avait  surtout  incité,  nous  dit-il,  à  chanter 
dans  un  poème  la  gloire  de  la  France  et  particulièrement  les 
victoires  des  Français  en  Flandre,  c'était  la  lecture  d'un  a  ro- 
mans »  composé  en  rimes  par  les  partisans  des  Flamands,  et 
dans  lequel,  d'après  lui,  la  vérité  était  absolument  défigurée 
au  détriment  de  la  France  et  au  profit  de  ses  ennemis.  Pour 

TOME  XXXI.  l5 

4      Q     ^  UUftlXllll    RiTieiltC, 


M\    SIFXI.K. 


XIÏ*  SièCLK. 


114  GUILLAUME  GUIART. 

répondre  à  ce  poème,  que  nous  n'avons  malheureusement 
plus,  il  en  écrivit  un  autre,  dans  lequel  il  opposait  aux  men- 
songes des  Flamands  un  récit  véridique,  remontant  jusqu'à 
l'origine  de  la  monarchie  française  et  arrivant  jusqu'aux 
faits  dont  il  avait  été  le  témoin.  Après  quelques  mois  de 
repos,  il  put  reprendre  la  route  de  Paris,  où  sans  doute  il 
comptait  tirer  un  parti  avantageux  de  son  poème.  Mais  de 
judicieux  amis  n'eurent  pas  de  peine  à  lui  en  faire  toucher 
au  doigt  le  plus  grand  défaut  :  pour  les  temps  éloignés,  il 
s'en  était  rapporté  à  des  récits  fabuleux  ou  tout  au  moins 
inexacts.  Son  intention  avait  été  d'écrire  l'histoire,  et  il 
n'avait  consulté  que  des  traditions  orales ,  souvent  très  in- 
certaines. Ce  n'était  qu'à  Saint-Denys,  dans  la  réunion  de 
chroniques  formée  depuis  longtemps  par  les  moines  de  cette 
abbaye,  qu'il  pouvait  espérer  de  retrouver  la  trace  des  évé- 
nements passés.  Guillaume  reconnut  la  justesse  decesobser- 
valions,  et  sur-le-champ,  dit-il,  il  jeta  son  poème  au  feu  et 
se  mit  à  le  reconstruire  sur  un  fondement  plus  solide.  Il 
faut  ici  lui  laisser  raconter  les  motifs  qui  l'engagèrent  à 
commencer  son  poème,  puis  à  le  refaire  entièrement  : 

Un  jour  fu  en  trop  grant  pensée 

D'un  romans  que  veû  avoie 

Que  Flamens  orent  ordené , 

Et  ou  le  roy  que  point  n  amoient 

Et  ceus  de  France  difiamoient 

Du  mescliief  de  Courtray  jangloient 
Selon  leur  vueil  et  leur  commans; 
Mais  en  celui  propre  romans 
lert  de  Furnes  le  voir  tolu  ; 
Du  Dan ',  du  juesdi  absolu. 
De  Gravelingues  se  céssoient , 
Zeiande  aussi  entrelessoient  : 
A  brief  parler  toutes  leurs  pertes 
Estoient  aussi  bien  couvertes 
Que  l'en  pourrait  couvrir  espiz , 

'  I.a  prise  du  Dan  (cf.  v. '14639  et  i.V>3.  Les  éditeurs  du  poème  de  (juiari 
suiv.)  et  la  défaite  des  Flamands  près  ont  imprimé  à  tort  :  uu  dan  du  jeudi 
de  Saint-Omer,  le  jeudi  saint,  ^1  avril        nhfoh. 


GUILLAUME  GUIART. 

Et  li  roys  de  France  despiz 
Et  abaissiee  sa  noblesce  : 
Si  en  fui  en  trop  grant  destresce 
Et  me  prist  au  cuer  volenté 
Que,  se  Diex  me  donoit  santé, 
Contre  celui  un  en  feroie 

Ou  leurs  bobes  adreceroie 

Lequel  roumans  je  commençai 
La  meimes,  tant  m'avançai. 
Lonc  tems  en  fui  en  grant  riote. 
Maint  ver  en  fis  et  mainte  note 
Ou  je  mis  entente  a  l'escrire; 
Et  ouvroie  par  oïr  dire 
Es  faiz  desquiex  petit  savoient 
Cil  qui  racontez  les  m'avoient  ; 
Dont  un  bon  clerc  se  merveilla , 
Qu'il  dist,  quant  il  me  conseilla, 
Que  trop  obscurément  savoie 
Les  faiz  que  je  ramentevoie; 
Et  que  s'a  Saint  Denys  alasse 
Le  voir  des  gestes  i  trouvasse. 
Non  pas  mençonges  ne  favoles. 


115 


XIV    SIECLE. 


La  rédaction  primitive  de  Guiart  remontait  à  la  fin  de 
l'année  i3o4;  la  seconde  fut  commencée  au  printemps  de 
i3o6  et  terminée  l'année  suivante,  après  le  i3  juillet  iSoy, 
date  de  la  mort  du  roi  d'Angleterre  Edouard  I",  mentionnée 
dans  les  derniers  vers. 

Ce  poème,  à  part  le  résumé  rapide  qu'il  fait  des  premières 
annales  françaises,  commence  avec  le  règne  de  Philippe 
Auguste  et  s'arrête  au  temps  où  l'auteur  écrivait  lui- 
même.  Son  Intention,  dit-Il,  est  de  «  ramener  en  françois  el 
«  mètre  en  rimes  »  ce  qu'il  aura  lu  dans  les  boniirs  chroniques 
conservées  à  Saint-Denys,pource  qui  tient  aux  âges  passés, 
et  ce  que,  pour  les  événements  contemporains,  il  aura  en- 
quis  avec  certitude,  su  de  plusieurs,  ou  proprement  vu  à 
l'oeil.  Afin  d«  donner  à  ses  récits  plus  de  netteté,  11  s'engage 
à  marquer  toujours  le  lieu  précis,  le  jour,  la  semaine  et 
l'année  auxquels  se  rapporteront  les  événements.  Surtout  il 
se  gardera  des  descriptions  imaginaires  et  des  exagérations 


13. 


116  GUILLAUME  GUIART. 

Xl«    1IECLK. 

auxquelles  se  comjilaisent  la  plupart  des  conteurs  popu- 
laires : 

V.  7».  Ne  veuil  les  trufeours  ensivre 

Qui  pour  estie  plus  delilabici> 

Ont  leurs  romans  empliz  de  fables 

Et  tesmoignent  qu'en  maintes  terres 

Ou  jadis  avenoient  guerres 

Chevalier  qui  se  combaloient 

Jusqu'es  braiers  s'enlrefendoient 

V.  88.  Bien  sont  de  mentir  a  meisnies 

Cil  qui  vont  contant  tiex  noces, 

Si  sont  eles  souvent  louées, 

Car  Gautier,  Bcbot  et  dan  Gile 

Guident  que  ce  soit  euvangile. 

Mais  je  truis  moût  poi  d'acordance 

Es  liystoires  des  rois  de  France 

\  ce  qu'il  en  content  et  flabent. 

Voilà  certainement  l'indice  d'un  certain  sentiment  critique 
dans  un  écrivain  des  premières  années  du  xiv'  siècle.  Ainsi 
déjà  l'on  savait  réduire  à  leur  juste  valeur  historique  la 
plupart  des  chansons  de  geste,  et  l'on  allait  demander  les 
meilleures  sources  de  nos  annales  aux  chroniques  de 
l'abhaye  de  Saint-Denys.  Toutefois  il  ne  faudrait  pas  con- 
clure de  là  que,  dans  cette  illustre  abbaye,  on  ne  trouvât 
(jue  des  compilations  sincères,  et  que  plusieurs  auteurs  de 
chansons  de  geste  fabuleuses  n'aient  pu  prendre  à  témoin 
de  leurs  récits  mensongers  les  livres  qu'ils  y  auraient  con* 
suites.  Mais  il  est  au  moins  certain  que,  dès  le  milieu  du 
XII*  siècle,  les  religieux  de  Saint-Denys,  sous  les  auspices 
de  leur  grand  abbé  Suger,  avaient  formé  une  réunion  de 
chroniques  sérieuses  pour  en  faire  la  base  de  la  véritable 
histoire  de  France.  Et  l'on  n'aurait  que  des  louanges  à  donner 
à  l'exécution  de  leur  plan,  si  ces  premiers  compilateurs 
avaient  eu  le  courage  ou  le  discernement  de  fermer  l'entrée 
(\o  leur  recueil  au  fabuleux  récit  de  l'expédition  de  Charle- 
magne  en  Espagne,  attribué  à  l'archevêque  Turpin,  et  à  la 
légende,  plus  mensongère  encore,  du  prétendu  voyage  de 


XIV'  SIÈCLE. 


GUILLAUME  GUIART.  117 

Charlemagne  en  Orient.  Revenons  au  plan  et  à  l'exposi- 
tion  de  Guillaume  Guiart. 

Cest,  dit-il,  une  chose  reconnue  de  toutes  les  nations  du 
monde,  chrétiens,  juifs  ou  Sarrasins,  qu'il  n'y  a  pas  sous  le 
ciel  un  prince  comparable  au  roi  de  France.  On  le  voit 
par  le  rare  privilège  que  Dieu  lui  a  donné  de  guérir  les 
écrouelles  : 

Tant  seulement  par  le  touschier,  V.  2o5. 

Sans  emplastre  dessus  couchier, 
Ce  qu'autres  roys  ne  pueent  faire. 

Il  a  de  plus  le  privilège  de  la  magnanimité.  Jamais  il  ne 
refuse  le  pardon  et  l'oubli  des  injures  à  ceux  qui  viennent 
faire  acte  de  soumission  et  de  repentir.  Il  est  le  défenseur 
né  des  droits  de  la  foi  chrétienne  : 

Que  toutes  fois  que  sainte  Yglise,  V.  a  16 

C'on  a  souvent  a  tort  haïe, 
Estoit  besoigneuse  d'aye , 
Et  menée  vilainement, 

Les  roys  de  France  proprement ' 

Et-il  leur  aide  i  bailloient, 
La  ou  tous  autres  li  failloient. 

Les  Francs  doivent  leur  nom  à  la  liberté  qu'ils  ont  con- 
quise :  les  premiers,  ils  s'affranchirent  du  joug  des  Romains; 
et  on  les  a  vus,  dans  la  suite  des  temps,  maîtres  par  droit  de 
conquête  de  l'Espagne,  de  la  Frise,  du  Danemark,  de  la 
Saxe,  de  la  Hongrie,  de  l'Allemagne  et  d'une  partie  de 
l'Esclavonie.  Ils  ont  fondé  des  royaumes  outre-mer.  Faut-il 
donc  s'étonner  que  Guillaume  Guiart  ait  songé  à  composer, 
en  l'honneur  du  roi  de  France,  un  petit  volume  qu'il  appel- 
lera «  la  Branche  des  royaux  lignages  »  ? 

Ce  que  Guiart  entend  désigner  par  ces  «  royaux  lignages  », 
ce  sont  les  six  rois  issus  du  mariage  de  Philippe  Auguste 
avec  une  princesse  du  sang  de  Charlemagne.  Dans  son  opi- 
nion nettement  exprimée,  cette  union  du  roi  de  France 

Il  doit  manquer  ici ,  dans  le  manuscrit ,  deux  vers ,  marquant  que  l'Eglise  appelait 
à  son  secours  les  rois  de  France.  Au  vers  suivant  le  manuscrit  porte  li  au  lieu  de  i7. 


^IV    SIKCI.K. 


118  GUILLAt'>ÎE  GUI  ART. 


avec  Isabeau  de  Hainaut  avait  pu  seule  mettre  fin  au  scan- 
dale de  l'usurpation  de  Hugues  Gapet.  Peut-être  nos  histo- 
riens modernes  n'ont-ils  pas  assez  tenu  compte  de  l'impor- 
tance que  l'opinion  publique  attachait,  au  temps  de  notre 
poète,  à  ce  mariage  de  Philippe  Auguste.  Cette  importance 
était  telle  que  les  Grandes  Chroniques  de  France,  compilées 
sous  les  yeux  et  avec  l'approbation  de  nos  rois,  n'avaient 
pas  craint  de  donner  le  nom  d'usurpateur  à  Hugues  Capet  : 
(:iii-oiiiques(Les  «  Eu  iccl  roy ,  disent  les  Grandes  Chroniques  en  racontant 
t7v!'p.''/i2.  ^'  «l'avènement  de  Louis  VIII,  retourna  la  ligniee  du  grant 
«roy  Charlemaine,  qui  estoit  faillie  par  sept  generacions; 
<i  car  il  fu  extrait  de  la  ligniee  Charlemaine  de  par  sa  mère.  » 
Rigord,  Guillaume  le  Breton  et  leur  traducteur  français, 
sur  lesquels  se  réglera  Guillaume  Guiart,  exposent  comment 
les  rois  de  France  de  la  première  race  descendaient  des  rois 
de  Troie;  comment  Pépin  le  Bref,  petit-fils  par  sa  mère 
Blitilde  du  roi  Clolaire,  n'avait  pas  interrompu  l'ordre  de 
succession  royale;  puis  arrivant  à  Hugues  Capet  :  «  Cil  conte 
«de  Paris,  dit  le  traducteur,  envaï  et  prist  le  royaume 
(I  de  France  a  soy,  et  ainsi  fu  transportée  la  seigneurie  de  la 
«  ligniee  Charlemaine  a  la  ligniee  des  contes  de  Paris,  qui 
«  esloient  descendus  de  la  ligniee  des  Saisnes.  »  Suivant  les 
anciennes  traditions,  saint  Valeri  et  saint  Riquier  de  Pontieu 
avaient  prédit  à  Hugues  Capet  que  ses  successeurs  régne- 
raient jusqu'à  la  septième  génération;  la  prophétie  s'arrêtait 
par  conséquent  à  Philippe  Auguste,  le  sixième  roi  de  la  race 
capétienne.  «  Le  roi  Loys,  disent  les  Grandes  Chroniques, 
«fut  engendré  en  noble  dame  Isabiau,  fille  de  Baudouin 
«  jadis  conte  de  Heynaut.  Le  conte  Baudouin  descend!  de 
«  noble  dame  Ermengart  jadis  contesse  de  Namur,  laquelle 
«  fu  fille  Charles  le  duc  de  Loheraine,  oncle  le  roy  Loys  de 
«  France  qui  mourut  le  dernier  de  la  ligniee  Charles  le  grant, 
M  sans  hoir,  et  auquel  Charles  de  Loheraine  Hues  Cappet 
«  tolli  le  droit  du  royaume  de  France  et  le  prist  par  force... 
«  Et  combien  que  cil  Loys  (VIII)  dont  nous  parlons  eust  la 
«  seigneurie  du  royaume  après  son  père,  il  appert  que  Testât 
«  du  royaume  est  retourné  a  la  ligniee  Charlemaine.  » 


GUILLAUME  GUIART.  119        ,„.„èc,^. 

Il  est  aisé  de  voir  ici  que,  sous  le  règne  de  Philippe  le  Bel, 
le  droit  de  primogéniture  était  encore  établi  d'une  manière 
assez  confuse,  et  que  la  fameuse  exclusion  des  femmes  de 
la  couronne,  exclusion  fondée  sur  un  excellent  principe  de 
politique  nationale,  n'avait  pas  encore  été  trouvée  dans  le 
texte  de  la  loi  salique.  Aussi  les  Anglais,  trente  ans  plus 
tard,  ne  manquèrent-ils  pas  de  se  prévaloir  hautement  de 
ces  passages  des  Chroniques  de  Saint-D«!nys  pour  soutenir 
le  droit  des  femmes  et  surtout  des  représentants  masculins 
des  femmes;  et  il  faut  convenir  que  la  thèse  qui  donna 
gain  de  cause  à  Philippe  de  Valois  avait  pour  elle  l'intérêt 
bien  entendu  de  la  France  plutôt  que  l'appui  des  lois  précé- 
dentes et  des  usages  reconnus. 

C'est  donc  là  ce  qui  explique  le  titre  choisi  par  Guillaume 
Guiart:  la  Branche  des  royaux  lignages,  c'est  le  rameau  d'où 
sortaitia  lignée  véritaUemenl  royale.  Et,  chose  remarquable, 
un  poète  pouvait  dire  alors,  sans  craindre  de  blesser  l'orgueil 
ou  la  conscience  des  fds  de  Hugues  Capet,  ce  que  nos  der- 
niers rois  n'auraient  assurément  permis  à  aucun  de  leurs 
historiographes,  à  savoir  que  Hugues  Capet  avait  usurpé 
la  couronne,  et  que  le  droit  de  ses  successeurs  ne  datait 
que  du  mariage  d'une  héritière  puînée  des  Carlovingiens 
avec  l'héritier  des  CapHiens. 

Guillaume  le  Breton,  l'auteur  de  la  Philippide  et  d'une 
chronique  en  ])rose  souvent  confondue  avec  celle  de  Rigord, 
est  ordinairement  le  guide  de  Guiart  pour  le  règne  de 
Philippe  Auguste.  «Philippe,  dit-il,  eut  un  clerc  subtil  qui 
«  d'abord  raconta  l'histoire  de  ce  prince  en  vers,  puis  remit 
«  ses  vers  en  prose.  Je  n'ai  vu  que  l'un  de  ces  dcmx  ouvrages 
«  latins;  mais  frère  Jean  de  Prunai  les  avait  l'un  et  l'autre 
«  sous  les  yeux,  quand  il  composa  le  beau  roman  qu'il  en  a 

•  fait.  .  .  ;  or,  ce  roman  est  peu  répandu;  les  clercs  et  les 
«laïques  le  connaissent  à  peine,  et  voilà  pourquoi  je  me 
«  suis  décidé  à  tenter  de  le  reproduire,  en  l'abrégeant  toute- 

•  fois  : 

Cils  roys  qui  tant  crut  son  royîjume  V-  333. 

Ot  un  clerc  qui  ot  nom  (îiiiliaume 


120  GUILLAUME  GUIART. 

xn'  sicnLR- 

Qui  d'engin  ne  fu  pas  desfaiz , 
Car  il  vcrsefia  les  faiz 
Du  roy  qu'il  vit  saintement  vivre, 
Et  les  mist  par  vers  en  un  livre , 
Et  de  celé  meismes  chose 
En  refist  il  un  autre  en  prose  , 
Desquiex  fors  l'un  seul  veù  n'ai. 
Mes  fieres  Jehans  de  Prunai 
Les  ot  touz  deus  a  exemplaire ,     • 
Ce  dit  il ,  por  son  romans  faire , 

Qui  gracieus  est  a  devise 

Mais  n'est  mie  moul  publié , 

Ainz  est  comme  touz  oublié. 

Petit  en  set  lai ,  clerc  ne  moinne  ; 

Par  acheson  de  ceste  cssoinne 

Que  je  hé  et  que  je  desprise , 

Ai  je  la  matière  reprise 

Grossetement,  solonc  la  letre, 

Et  la  veuil  en  ce  romans  mètre 

Trop  plus  abregiee  d'assez i 

Ce  nom  de  «  romans  »  que  Guiart  applique  à  la  traduction 

française  de  la  double  chronique  de  Guillaume  le  Breton 

ne  nous  apprend  pas  si  cette  traduction  était  en  vers  ou 

en  prose.  Il  est  dès  lors  possible  que  l'ouvrage  de  Jean  de 

Romania.i.vi,   Pruuai  soit,  OU  «le  livre  du  roi  Philippe  le  Conquérant, 

i'-  ''9^  «  rimé  »,  dont  la  bibliothèque  de  Charles  V  contenait  deux 

exemplaires,  ou  la  vie  en  prose  de  Philippe  II,  dédiée  vers 

1  228  à  Gilles  de  Flagi,  dont  nous  ne  connaissons  pas  l'au- 

Komaiiia,  1.  VI,   teur,  et  dont  il  ne  s'est  conservé  que  le  prologue  rimé.  Quoi 

p.  '.93-498.  qjj'-|  g|^  g^-j  jg  jgj^jj  jg  Prunai,  Guillaume  Guiart  ne  s'est 

pas  borné  à  mettre  en  français  les  deux  ouvrages  de  Guil- 
laume le  Breton  ;  il  ne  s'était  pas  interdit  la  liberté  de  puiser 
à  d'autres  sources.  M.  de  Wailly  a  déjà  reconnu  que  plu- 
sieurs passages  du  poème  de  Guiart  remontent  à  Rigord; 
V.  2755J758  B.  ï^  ^^^ï*  *^*^*  ^^  ^^  mémorable  relation  de  Geoffroi  de  Villehar- 
douin,  dont  on  ne  voit  aucune  trace  dans  Rigord,  dans 
Guillaume  le  Breton  ni  dans  la  traduction  française  des 
Chroniques  de  Saint-Denys.  Au  reste,  on  ne  trouve  dans  son 
récit  rien  que  nous  ne  connaissions  d'ailleurs,  et  l'abrégé 


GUILLAUME  GUIART.  121        ^,^.^,,^^^ 

de  Guiart,  malgré  sa  longueur,  est  visiblement  bien  som- 
maire. Les  réflexions  qu'on  y  rencontre  ont  parfois  un  cer- 
tain intérêt.  Par  exemple,  après  avoir  remarqué,  avec 
Guillaume  le  Breton,  à  l'occasion  d'un  siège  en  i  i84,  que 
l'usage  de  l'arbalète  n'était  pas  encore  connu  en  France,  il 
ajoute  plus  loin  que  ce  lut  le  roi  Richard  qui  l'introduisit, 
au  temps  de  la  croisade  de  1190: 

Venuz  estoit  novdlement  V.  1 U3B. 

Des  arhalestes  li  usages; 
Ricliarz  qui  de  tiex  fais  iert  sages 
Lot  poi  ainz  en  France  aporté. 

Ce  qu'il  répète  encore  en  racontant  la  mort  de  ce  prince  : 

Ainsi  fina  par  le  quarrel V.  j646B. 

Li  rois  Richarz,  qui  d'arbaleste 
Aporta  premiers  lus  en  France  : 
De  son  art  ot  maie  chevance. 

On  a  souvent  allégué  la  description  qu'il  fait  de  l'ori- 
flamme, en  racontant  que  Philippe  Auguste  vint  la  prendre 
en  1  190  à  Saint-Denys.  Cette  description  précise  en  efliet 
le  tissu,  la  couleur  et  la  forme  de  la  fameuse  bannière.  Mais 
peut-être  aurait-on  dû  mieux  remarquer  la  distinction  que 
le  ])oète  avait  pris  soin  d'établir  dans  l'usage  qu'on  en  fai- 
sait. On  ne  prenait,  dit-il,  le  véritable  étendard  de  Saint- 
Denys  que  pour  combattre  les  infidèles;  dans  les  autres 
cas,  on  se  contentait  d'une  bannière  imitée  de  l'autre  : 

Oriflambe  est  une  baniere  y.  ,,5,  ij. 

Aucun  poi  plus  forte  que  guimple , 
De  cendal  roujoiant  et  simple , 
,        Sanz  portraiture  d'autre  afaire. 

Li  roy  Dagobert  la  fist  faire 

Li  moinne  en  leur  trésor  l'asistrent ,  V.  1 1 78  B. 

Si  successeur  après  li  pristrent 

Toutes  fois  qu'a  ce  s'otroierent 

Que  Turcs  ou  paiens  guerroierent  : 

S'a  autres  vousissent  mesfaire. 

Il  la  vousissent  contrefaire, 

D'eu\Te  semblable  et  ausi  plaine. 

TOME  xxxi.  ig 

IMrtlHIUt    ■«TMIAU 


..v...èr..         '22  GUILLAUME  GUIART. 

Ces  derniers  vers  expliquent  comment  l'oriflamme  put 
•'•tre  prise  ou  mise  en  pièces  à  Courtrai,  à  Rosebecque  et 
ailleurs  sans  compromettre  l'autorité  et  le  respect  dont  le 
véritable  étendard  de  Saint-Denys  était  l'objet.  Guiart,  cette 
réserve  faite,  ajoute  : 

"i*'^   ■  Et  comment  que  l'en  l'ait  portée 

Par  nacions  blanches  et  mores, 
Ele  est  a  Saint  Denys  encores  : 
La  l'ai  je  n'a  gueres  veûe. 

Notre  ])oète  ajoute  encore  heureusement  aux  textes  qu'il 
avait  sous  les  yeux  lorsqu'il  en  vient  à  raconter  comment 
Philippe  Auguste,  sur  le  bruit  d'un  marché  fait  par  le  roi 
Richard  avec  les  sicaires  du  Vieux  de  la  Montagne,  avait 
pris  occasion  de  créer  un  corps  de  sergents  à  masse,  chargés 
de  l'accompagner  le  jour  et  de  le  garder  la  nuit.  Philippe, 
disaient  les  chroniques  latines,  ne  tarda  pas  à  reconnaître 
la  fausseté  de  ces  rumeurs;  d'où  l'on  pourrait  conclure 
qu'il  doima  congé  à  ces  premiers  gardes  du  corps.  Deux 
vers  de  Guiart  prouvent  qu'ils  furent  conservés,  et  son  récit 
du  siège  et  de  la  prise  de  Verneuil  permet  de  penser  que 
cette  innovation  fut  loin  de  plaire  à  tout  le  monde.  Le 
roi,  djt-il,  se  fit 

V.  iS77fj.  Eschaugaitier,  en  toutes  places. 

Nuit  et  jour  de  serjanz  a  maces , 
Et  par  chaleur  et  par  froidure. 
Geste  coustume  encore  dure. 
Et  durra,  si  com  je  pourpose; 
En  despit  de  laquelle  chose 
Orent  cil  de  Verneuil  fait  peindre 
En  la  porte  de  leur  chaste! 
Une  imaige,  tout  en  bas,  tel 
Et  d'autel  guise  par  semblanee 
Gom  la  faiture  au  roi  de  France , 
Une  grant  mace  au  col  troussée. 
Gelé  image  iert  souvent  poussée, 
Gouverte  de  boe  et  despite. 

Ces  insultes  amenèrent  la  destruction  des  murailles  et 


b 


GUILLAUME  GUIART.  123 

IIV    .IIKCLB. 

des  portes  de  la  ville.  Le  roi,  en  ayant  reçu  les  clefs  de  la 
main  des  habitants,  leur  dit  : 

«  Or  ça!  Diex  niau  gré  vous  en  sache!  V.  i8à5B. 

»  Droiz  est  que  je  les  vous  esrache , 

«  Et  que  de  voz  mains  les  estorte , 

«  Quant  je  sui  portiers  de  la  porte, 

«  Ou  l'en  m'a  souvent  cuidié  batrc.  » 

Lors  fist  li  rois  les  murs  abatre , 

Et  craventer  la  mestre  tour. 

La  belle  description  du  Château  Gaillard,  construit  par 
Richard  Cœur  de  lion  près  du  Petit  Andeli,  appartient 
encore  en  propre  à  notre  auteur.  Après  avoir  parlé  de  la 
petite  île  formée  dans  la  Seine  en  vue  d' Andeli ,  et  que  le 
roi  Richard  avait  fortifiée,  il  ajoute  : 

Un  poi  au  desus  de  l'ilete  V.3i86B 

Dont  j'ai  devisee  l'ouvraigne 
A  une  très  haute  montangne 

Qui  n'est  pas  el  sommet  estroite 

El  sommet  de  celé  hauteur, 
Près  duquel  pié  Sainne  se  serre , 
Ot  Richarz,  H  rois  d'Angleterre, 
Fait  faire  comme  a  la  reonde 
Un  des  plus  biaus  chastiaus  du  monde. 
Tuit  cil  qui  le  voient  le  loent. 
Trois  paires  de  forz  murs  le  cloent, 
Et  sont  environ  adossez 

De  trois  paires  de  granz  fossez 

Ainz  que  li  lieus  fust  entailliez 
En  fu  maint  biau  deniers  bailliez. 
Ne  croi  ne  n'ai  oï  retraire 

Que  nus  homs  feïst  fossez  faire 

Puis  le  tens  au  sage  Mellin 
Qui  coustassent  tant  estellin. 
Gliastiau  Gaillart  qui  siet  sus  Sainne 

¥st  parfait  d'euvre  souverainne 

Poi  ont  doute  d'omme  mortal. 
Et  si  a  a  chascun  portai 
Pont  leveïz  d'euvre  faitice. 
Et  porte  a  barre  coleïce. 
Dont  chascune  est  fort  et  entière. 
Bêle  est  la  closture  première 

16. 


r,A 


.   ,  124  GUILLAUME  GUIART. 

\IV   siàci.E. 

Que  j'ai  ci  devisee  tele  ; 
Mes  l'autre  est  quatre  tanz  plus  bêle  : 
Trop  sont  plus  bêles  les  entrées , 
Et  les  granz  tours,  dont  les  ventrées 
Enz  el  fonz  du  fossé  s'espandent, 

Trop  plus  haut  vers  le  ciel  s'estendent 

Tout  a  mont  corne  en  reondece 
Resiet  la  mestre  forterece, 
Qui  rest  noblement  façonnée, 

D'autres  fossez  environnée 

Des  murs  resont  hautes  leseles. 

Très  bien  garnies  de  toureles 

A  esgardcr  resl  droiz  miracles 
Les  maisons  et  les  habitacles 
De  celé  tierce  forterece; 
Enz  el  milieu  par  grant  noblece 
Siet  la  mestre  tour,  si  très  gente, 
Sanz  despeceiire  et  sanz  fente , 
Qu'il  n'est  nul  homme  qui  la  voie. 
Qui  pour  ce  loer  ne  la  doie. 
El  pais  a  poi  de  pareilles  : 
•  Gaillart  est  trop  biaus  a  merveilles; 
Au  faire  ot  maint  sage  maçon. 
Pour  quoy  seroit  plus  sa  façon 
Par  moy  loee  ne  blandie? 
C'est  le  plus  fort  de  Normandie. 

On  voit  par  cette  description,  malheureusement  trop 
longue  et  encombrée  de  détails  superflus,  que  Guiart  n'était 
pas  entièrement  dépourvu  de  talent  descriptif;  et  nous  lui 
savons  d'autant  plus  gré  de  s'en  être  servi  pour  nous  faire 
connaître  d'anciens  monuments  d'architecture  civile  que 
ces  descriptions  sont  fort  rares  chez  les  autres  chroniqueurs, 
et  qu'il  reste  à  peine  quelques  ruines  informes  de  toutes 
ces  constructions  gigantesques. 

Ecoutons-le  maintenant  décrire  la  ville  de  Rouen  au 
XIII*  siècle.  Philippe  Auguste  l'avait  assiégée  et  conquise 
en  i3o4;  les  habitants  avaient  fait  bonne  défense.  Les 
Français,  dit  Guiart, 

V.  '|641B.  Sainne  passent,  la  ville  assieent. 

Qui  lors  esloit  bel  atermee 


\IV"  SIÈCLE. 


GUILLAUME  GUIART.  125 

De  cleus  paires  de  murs  fermée , 
Tout  soient  il  ore  esgossez, 
Et  (le  tleus  paires  de  fossez 
Soufisamment  parfonz  et  lez. 
Environ  les  murs  crénelez 
Des  deus  clostures  desus  dites 
Ot  tours  et  toureles  petites 
Trop  grant  nombre,  haut  estendiies. 
En  la  cité  parmi  les  rues 
En  ravoit  lors  si  grant  foison 
Que  n'en  sai  conte  ne  moison. 
Au  bout  du  pont  en  seoit  une, 
Maçonnée  d'euvre  commune, 
Si  forte  et  si  riche  et  si  bêle 
Qu'a  grant  painne  trouvast  on  tele 

Ne  qui  si  haut  alast  montant 

Leanz  ot,  sanz  cens  a  couronnes'. 
Bien  soixante  mille  personnes, 
Qui  chascun  jour  se  deflendirent. 

Philippe  Auguste,  à  peine  en  possession  de  la  ville.  Ht 
tomber  ces  doubles  murailles,  combler  les  fossés  et  ren- 
verser les  tours.  Une  fois  maître  de  la  province,  le  roi  de 
France  demanda  aux  Normands  redevenus  Français  s'ils 
voulaient  suivre  la  loi  de  France  ou  garder  leurs  anciennes 
coutumes.  Ils  donnèrent  la  préférence  à  celles-ci,  et  notre 
poète  va  nous  apprendre  à  cette  occasion  que  le  fouage,  ou 
taxe  mise  sur  les  feux,  familles  ou  maisons,  n'était  ])as 
encore  établi  de  son  temps  en  France,  comme  il  l'était  en 
Angleterre  et  en  Normandie  : 

Par  les  citez  a  fait  enquerre,  V  '178  !  lî. 

Pour  ce  que  il  vouloit  savoir 

Quel  usage  il  veulent  avoir. 

Ou  de  France  ou  de  Normandie. 

Li  peuples  ensemble  s'alie 

Et  respondent  entre  eus  qu'il  veulent 

Tel  usage  com  avoir  seulent. 

Li  rois  letres  leur  en  deli\Te. 

Bien  le  firent  a  guise  d'yvre  : 


'  Les  clercs ,  prêtres  et  moine». 
1   1 


.    ,  I2fi  GUILLAUME  (iUL\RT. 

Car  s'il  eussent  esté  sago , 
Il  fussent  qiiite  du  fouage 
Dont  ii  roys  chasciui  an  les  plume. 

On  ne  peut  dire  ici  combien  de  renseignements  Guiart 
nous  fournit  sur  la  stratégie,  la  castramétation  et  l'art  mili- 
taire des  deux  siècles  dont  il  résume  l'histoire.  Le  P.  Da- 
niel, dans  son  beau  livre  de  la  Milice  Françoise,  a  trouvé 
de  grandes  lumières  pour  le  sujet  qu'il  avait  à  traiter  dans 
les  extraits  de  Guiart  que  Du  Gange  avait  joints  à  son  édi- 
tion des  mémoires  de  Joinville.  En  sa  qualité  d'ancien  ser- 
gent d'armes ,  placé  sous  les  ordres  du  maître  des  arbalétriers , 
notre  poète  aime  ce  genre  de  descriptions.  Nous  apprenons 
de  lui  que  les  grosses  pierres  lancées  par  les  mangonneaux 
produisaient  en  fendant  l'air  un  bruit  comparable  à  celui 
que  font  nos  obus  : 

9'  Ça  et  la ,  avant  et  arriéres , 

Gietent  mangoniaus  etperrieres; 
La  grosse  pierre  arreondie 
Demainne  a  l'aler  grant  bondie  ; 
Tuit  cil  qui  le  bruit  en  escoutent 
Et  sont  el  chastel  s'en  redoutent. 

Et  plus  loin  : 

■  °'  Pierres  que  de  deus  pars  destachent 

Font  en  l'air  tel  bruit  et  tel  feste 
Que  ce  semble  foudre  et  tempeste. 

Il  parle  ailleurs  d'une  autre  machine  à  lancer  des  pierres 
nommée  «perdreau»,  dont  le  nom  se  rencontre  d'ailleurs 
plus  anciennement'  : 

^-  îoôSC.  Près  du  roy,  devant  sa  baniere, 

Metent  François  trois  perdriaus 
Getanz  pierres  aus  enviaus  * 
Entre  Flamens ,  grosses  et  maies. 

'  Voyez  le  dictionnaire  de  M.  Gode-  ceta).  Les  deux  éditions  de  Guiart  jx>r- 

froy,  et  ajoutez  la  traduction  de  Guil-  tent  aus  enuiaut,  et  dans  ia  dernière 

laume  de  Tyr,  1.  VIII ,  chap.  xni  (éd.  celte  locution  est  traduite  à  tort  par 

P.Paris).  '  «aux   gens   importuns,   incommodes •. 

*  C'est  ainsi  qu'il  faut  lire,  comme  Aut  enviaus    ou  «i  enviaus  signifie  «à 

avait  déjà  fait  Du  Gange  (au  mot  Perdi-  l'envi  •. 


XIV     SIECLE. 


GUILLAUME  GWART.  127 

Guiart  nous  dit  en  un  autre  endroit  ce  que  nous  devons 
entendre  par  le  mot  «  artillerie  »  : 

Artillerie  est  le  charroi  V.  -o:  '7. 

Qui  par  duc,  par  conte  ou  par  roi, 

Ou  par  aucun  seigneur  de  terre 

Est  charchié  de  quarriaus  en  guerre, 

D'arbalestes ,  de  dars,  de  lances, 

Et  de  targes  d'unes  seniblances  ; 

De  liex  bernois  la  prendre  seulent 

Li  desgami  qui  prendre  en  veulent 

Piétons  de  targes  se  garnissent, 
Aucuns  d'entr'eus  lances  saisissent, 
Qu'il  paumoient  legierement 

La  langue  de  Guillaume  Guiart  est  riche  en  expressions 
intéressantes  pour  le  lexicographe.  DuCange,qui  possédaitle 
manuscrit  de  notre  chronique,  en  avait  déjà  relevé  un  grand 
nombre;  ses  continuateurs  en  ont  ajouté  d'autres,  et  l'auteur 
du  grand  Dictionnaire  de  l'ancienne  langue  française  en 
cours  de  publication  a  encore  trouvé  à  glaner  largement 
après  eux.  Ce  riche  fonds  n'est  pourtant  pas  épuisé,  et  plus 
fl'un  mot  employé  par  notre  auteur  n'a  pas  été  relevé,  bien 
qu'il  méritât  de  l'être.  Ainsi  gambe,  au  sens  de  «courbe, 
«  ])lié  » ,  ne  se  trouve  que  chez  lui  : 

Mes  de  retourner  s'aprestoient  V.6727 11. 

A  esploit  li  droit  et  li  gambe; 
0  eus  retoumoil  l'oriflambe. 

Un  exemple  de  guersoi  aurait  pu  avec  profit  être  ajouté 
à  ceux  qui  ont  été  recueillis  : 

Englois  qui  de  boire  a  guersoi 
A  grans  henas  pleins  de  godale 
Sevent  la  guise  bone  et  maie .  .  . 

Nous  pourrions  alléguer  beaucoup  d'autres  preuves  de  la 
richesse  du  vocabulaire  de  Guillaume  Guiart;  il  suffit  d'in- 
diquer un  des  côtés  par  lesquels  son  œuvre  mérite  l'intérêt 
et  l'étude'. 

'  La  langue  de  notre  auteur  a  été  ré-  von  Georg  Meerholz  (Breslau,  i88a). 
cemment  l'objet  d'une  étude  spéciale  :  L'auteur  de  cet  essai  n'a  connu  que  l'édi- 
UeberdieSprachedet  Guillaume  Guiart...        tion  Buchon. 


.\IV*  SIÈCLB. 


128  GUILLAUME  GUI  ART. 

Quand,  après  le  règne  de  Philippe  Auguste,  Guillaume  le 
Breton  et  Rigord  lui  ont  fait  défaut,  Guiart  paraît  s'être 
appuyé  sur  la  traduction  plutôt  que  sur  l'original  des  Gesta 
régis  Ludovui ,  conservés  tous  les  deux  dans  l'abbaye  de 
Saint-Denys,  et  d(^à  réunis  sans  doute  au  corjis  des  Grandes 
Chroniques.  On  croit  aujourd'hui  que  la  relation  du  règne  de 
saint  Louis  fut  jointe  au  texte  français  des  Grandes  Chro- 
niques en  l'année  1274,  époque  de  la  présentation  de  l'ou- 
vrage au  roi  PhiUppe  le  Hardi.  Guillaume  Guiart  s'est  le 
])lus  souvent  contenté  de  suivre  cette  première  rédaction 
française;  cependant  il  lui  est  arrivé  parfois  d'éclairciret  de 
compléter  le  modèle  qu'il  avait  adopté.  Dans  le  récit  des 
troubles  d'Angleterre,  Guillaume  de  Nangis  s'était  contenté 
de  (lire  que  le  roi,  les  barons  et  les  prélats  s'étaient  accordés 
à  faire  une  constitution  fondée,  disaient-ils,  surfintérèt  pu- 
blic, «  quamdam  constitutionem  ad  utilitatem  reipublicae,  ut 
«  dicebant.  »  Et,  dans  sa  traduction  française  de  cette  vie  de 
saint  Louis ,  le  même  historien  avait  indiqué  quelle  était  cette 
constitution  :  «  Si  parlèrent  de  Testât  du  roiaume  etdescous- 
«  tûmes  du  pais.  Si  parla  un  chevalier  et  dist  que  le  royaume 
«de  France  cstoit  bon,  fort  et  vertueus  des  gens  d'Angle- 
M  terre,  pour  ce  qu'ils  y  aloient  demourer. . .,  pour  la  cous- 
«  lume  du  païs  qui  est  tele  que  le  premier  des  enfans  a  tout 
«  et  les  autres  sont  povres,  et  convient  que  il  voisent  querre 
«  leur  soiistenance  en  France .  .  .  Mais  se  il  partoient  ainsi 
«corne  il  font  en  France,  il  entendroient  a  labourer  les 
«  terres  cl  les  boscaigcs,  et  le  peuple  se  monteplieroit.  — 
«  Par  la  pilié  Dieu!  dist  le  roi,  je  m'accorde  que  ainsi  soit  il 
«  fait  et  que  cesle  mauvaise  couslume  soit  abatue.  »  Elle  le 
fut  en  effet,  mais  pour  peu  de  temps,  le  roi  ayant  bientôt 
rétabli  l'ancienne  loi  anglaise  qui  donnait  tout  à  l'aîné 
au  détriment  des  autres  enfants.  On  voit  par  ce  passage, 
comme  l'ont  d'ailleurs  remarqué  les  plus  récents  historiens 
du  droit,  qu'en  France,  au  xiii*  siècle,  la  coutume  n'ad- 
mettait pas  le  droit  d'aînesse,  au  moins  aussi  absolument 
qu'en  Angleterre. 

Voici  comment  Guillaume  Guiart  a  rendu  ces  lignes  de 


GUILLAUME  GULART. 


120 


Nangis.  L'an  1268,  dit-il,  le  roi  d'Angleterre  réunit  tous 

ses  barons, 

Lesquiex  ensemble,  a  parlement. 

Il  pria  debonnairement 

Que  communément  s'acordassent 

A  ce  c'une  coustume  estassent, 

Et  vous  dirai  quele  en  lisant. 

S'uns  homs,  gentis  ou  paisant, 

Fust  la  morz,  et  enfanz  eiist, 

Pleùst  li  ou  H  despleùst, 

L'estatut  a  ce  s'aportoit 

Que  l'ainzné  le  tout  emportoit, 

Li  autre  riens  ne  rescouissent , 

Alassent  quel  part  qu'il  vousissent  : 

Leur  droiz  iert  ainsi  devisez. 

Li  baron  du  lait  avisez , 

Qu'il  connurent  a  deshonneste, 

Obéirent  a  sa  requeste , 

Et  voudront,  tant  furent  menez. 

Que  les  enfanz  d'un  père  nez, 

S'engendrez  fussent  loiaument. 

Partissent  le  leur  ygaument 

Et  selonc  l'ordre  qu'il  dévoient, 

Comme  cil  de  France  faisoient. 


XIV    StF.CLK. 


V.  10^79. 


Guillaume  Guiart  indique  mieux  que  le  traducteur  de 
Saint-Denys  l'endroit  où  fut  d'abord  découverte  la  dé- 
pouille mortelle  de  Mainfroi  :  «Onques  ne  peut  l'on  savoir, 
«dit  le  traducteur,  qui  l'avoit  ocis,  pour  ce  que  il  avoit 
•  vestu  autres  armeures  que  les  seues;  le  roy  Charles  com- 
«  manda  qu'il  fust  dessevré  des  autres  et  enterré,  que  les  oi- 
«  siaus  ne  devoura.ssent  sa  charoigne;  si  fut  enterré  en  une 
«  voie  commune  près  de  Bonnivent.  »  Les  vers  de  Guiart  se 
rapprochent  plus  des  admirables  tercets  que  Dante  a  con- 
sacrés à  Mainfroi  dans  le  troisième  chant  du  Purgatoire  : 


Mes  onc  nus  homs  ne  sot  a  dire 
Pour  certain  qui  le  pot  ocire. 
Car  le  jour  de  celés  nuisances 
Porta  estranges  connoissances. 
L'endèmain ,  si  com  j'ai  seù , 


TOME  xsxi. 

1  1  ♦ 


17 

tHrtlHEIKC    IITIOXAIC. 


V.  .0989. 


m-NÈcLE.        *30  GUILLAUME  GUIART. 

Fu  entre  les  morz  conneû , 

Et  près  du  grant  chemin  ferré , 

Dehors  Bonivant ,  enterré. 

Mais,  à  tout  prendre,  Guiart  semble  pressé  d'en  finir  avec 
le  texte  des  Grandes  Chroniques  :  il  les  abrège  de  plus  en 
plus  pour  arriver  plus  vite  aux  dernières  guerres,  dont  il 
pourra  parler  en  témoin  oculaire  et  sans  le  secours  des  pré- 
cédentes relations  écrites.  C'est  à  compter  de  l'année  1296 
qu'il  ne  rime  plus  sous  les  auspices  de  l'abbaye  de  Saint- 
Denys.  Pour  les  premiers  événements  du  xiv'  siècle,  son 
témoignage  offre  donc  un  grand  intérêt;  même,  pour  les 
opérations  de  guerre,  il  est  véritablement  incomparable. 
C'est  lui  qu'il  faut  interroger,  avant  Villani  et  le  continua- 
teur de  Nangis,  sur  toutes  les  circonstances  de  la  défaite 
de  Courtrai;  c'est  par  lui  surtout  que  nous  savons  com- 
ment les  sergents  et  les  arbalétriers,  qui  formaient  notre  pre- 
mière infanterie,  après  avoir  franchi  le  pont  de  Courtrai, 
avaient  repoussé  les  Flamands,  et  n'auraient  pas  laissé  la 
victoire  un  instant  incertaine,  si  la  jalousie  de  la  chevalerie, 
indignée  de  voir  les  vilains  triompher  sans  partager  avec 
elle  la  gloire  de  la  journée,  n'avait  changé  la  face  du  com- 
bat :  «  Les  arbalétriers  de  France  se  baissent,  tendent  leurs 
«  cordes  et  décochent  leurs  flèches.  Elles  tombent  plus 
«dru  que  grêle  sur  l'ennemi,  dont  elles  brisent  les  targes 
«  et  percent  les  chairs.  »  Les  Flamands  ne  soutiennent  pas 
cette  attaque;  ils  reculent  de  plusieurs  centaines  de  pas,  et 
les  piétons,  encouragés  par  ce  premier  succès,  jettent  leurs 
arbalètes,  et,  la  coiffe  lacée,  i'écu  d'une  main,  l'épée  de 
l'autre,  courent  sur  les  Flamands,  avec  lesquels  ils  sont 
bientôt  aux  prises  : 

V.  i5io/i.  Une  partie  en  desconHsent, 

Qui  l'uians  se  desatropele. 
Quant  messire  Valepaiele 
Voit  Flamens  comoie  en  aventure 
De  reçoivre  honte  et  iaidure , 
Ainz  qu'il  partent  de  la  endroit. 
Et  il  aperçoit  qu'a  endroit 


GUILLAUME  GUIÂRT.  131 

Ont  cil  du  roi  bone  partie. 

Au  comte  d'Artois  haut  escrie  : 

«  Sire,  cil  vilain  tant  feront 

«  Que  l'oneur  en  emporteront  ; 

«  Et  s'il  metent  a  fin  la  guerre, 

«  Que  sont  li  noble  venu  querre? 

■  En  vain  les  i  a  l'en  lassez. 

«  Poignons ,  car  tens  en  est  passez. 

—  Mouvez  !  »  dit  li  quens ,  et  cil  broche. 

Tout  le  renc  adoncques  descoche  ; 

D'aler  isnelement  chevissent  : 

Parmi  les  piétons  se  flatissent, 

Qu'a  force  des  destriers  entreuvrent, 

Des  leurs  meismes  le  champ  queuvrent 

Et  merveilleus  nombre  en  estaingnent. 

De  celé  venue  se  plaingnent 

Piétons  françois  greigneurs  et  mandres .  .  . 

Et  qu'en  résulta-t-il?  Une  horrible  confusion,  puis  une 
défaite  complète.  Les  Flamands,  d'abord  effrayés,  reforment 
les  rangs,  puis  leurs  arbalétriers  prennent  leur  revanche. 
Les  chevaux  glissent  sur  un  terrain  mouvant  et  maré- 
cageux, et  toute  défense  devient  inutile.  Le  comte  d'Ar- 
tois périt  un  des  premiers,  et  avec  lui  le  chevalier  qui  lui 
avait  donné  le  funeste  conseil.  Toute  la  fleur  de  la  noblesse 
française  est  égorgée  par  les  vilains,  qu'elle  n'avait  pas  voulu 
laisser  vaincre  par  d'autres  vilains.  Ainsi  l'on  aurait  pu, 
dès  ce  temps,  voir  la  nécessité  de  grands  changements  dans 
la  théorie  militaire;  on  pouvait  comprendre  tout  le  parti 
qu'il  y  avait  à  tirer  de  l'infanterie  française.  Mais  l'expé- 
rience devait  être  perdue;  la  noblesse  devait  défendre  pied 
à  pied  le  terrain  de  la  cavalerie,  et  c'est  pour  avoir  tardé 
trop  longtemps  à  admettre  les  piétons  au  partage  de  la  gloire 
militaire  que  la  France  devait  encore  subir  de  plus  grands 
désastres  à  Créci,  à  Poitiers.  Sous  Philippe  le  Bel  au  moins 
on  tira  plusieurs  revanches  de  Courtrai.  Peu  après  la  ba- 
taille, Gravelines  fut  attaquée,  puis  emportée.  Guiart  assis- 
tait à  la  plus  meurtrière  de  ces  entreprises,  et  tel  est  le 
plaisir  qu'il  prend,  le  feu  dont  ses  yeux  semblent  allumés 
en  racontant  la  belle  résistance  des  Flamands  et  le  triomphe 

17- 


UV    ilIBCLK. 


XIV    KIKCLR. 


132  GUILLAUME  GUL\RT. 

définitif  des  Français,  qu'on  lui  pardonne  de  consacrer  près 
de  onze  cents  vers  à  ce  récit  d'un  coup  de  main  (fune  im- 
portance fort  secondaire,  mais  dont  les  historiens  de  France 
et  de  Flandre  auraient  dû  pourtant  dire  quelques  mots. 

Il  faut  aussi  tenir  grand  compte  du  récit,  plus  long  en- 
core, de  la  bataille  navale  de  Ziericzee,  dont  les  Chroniques 
de  Saint- Denys  semblent  n'avoir  dit  quelques  mots  que 
pour  justifier  fimportance  et  la  fidélité  des  souvenirs  de  Guil- 
laume Guiarl.  Ce  beau  fait  d'armes,  que  les  chroniqueurs 
flamands  avaient,  comme  notre  rimeur  le  leur  reproche, 
«  entrelessié  » ,  et  dont  la  plupart  de  nos  modernes  historiens 
ont  eu  le  tort  de  rapporter  tout  fhonneur  aux  Génois,  mé- 
rite assurément  d'occuper  une  grande  place  dans  les  fasies 
de  la  marine  française.  L'amiral  de  France  Renier  Grimaldi 
et  le  Calaisien  Pédogre,  voulant  obliger  le  fils  du  comte  de 
Flandre,  Gui  de  Namur,  à  lever  le  siège  de  la  ville  mari- 
time de  Ziericzee  en  Zélande,  avaient  conduit  devant  cette 
ville  onze  galères  et  trente-huit  vaisseaux  de  premier  ordre  : 

V.  i«o().i.  Ce  ne  furent  mie  naceles, 

Mes  trente  et  huit  nés  granz  et  bêles, 

Riches  et  plaisanz  et  entières, 

A  chastiaus  devant  et  derrières , 

Selonc  raison  longues  et  lees, 

Va  de  touz  costez  crénelées , 

Pour  miex  deffendre  qu'on  nés  praingne. 

Les  huit  en  estoient  d'Espaingne 

Pour  marcheandise  venues  ; 

A  gages  furent  retenues 

De  par  le  roi ,  o  le  navie 

De  Calais  et  de  Normendie , 

Dont  el  port  furent  la  les  trente; 

Onze  galies,  a  m'entente 

Rot ,  la  l'amiraut  a  séjour. 

Cette  flotte,  qui  transportait  dix  mille  hommes  d'armes, 
était  donc  bien  française;  à  f exception  des  huit  bâtiments 
marchands  d'Espagne  et  des  onze  galères  génoises,  elle 
était  fournie  par  les  marins  de  Calais  et  de  Normandie.  Il 


GUILLAUME  GUIART. 


133 


MV*  .SIKCLE. 


laul  tenir  compte,  avec  Le  Grand  d'Aussy,  de  ces  détails,  car 
Irenle-six  années  séparent  la  victoire  de  Ziericzee  de  la  dé- 
faite de  L'Ecluse,  par  laquelle  on  a  trop  longtemps  eu  cou- 
tume de  commencer  l'histoire  de  notre  marine  militaire. 
Notre  savant  confrère,  M.  Charles  Jourdain,  a  d'ailleurs 
récemment  montré  quelle  inqjortance  cette  marine  avail 
déjà  sous  Philippe  le  Bel,  et  quels  soins  particuliers  le  roi 
en  prenait;  il  n'a  pas  omis  d'invoquer  le  témoignage  de 
Guiart. 

Aux  quarante-neuf  bâtiments  du  roi  de  Franceil  faut  ajou- 
ter cinq  grands  vaisseaux  hollandais  que  Pédogre  put  réunir 
aux  siens.  Les  forces  de  Gui  de  Namur  étaient  quatre  fois 
plus  considérables.  Il  n'avait  pas  moins  de  quatre-vingt  mille 
hommes, distribués  sur  nefs,  chalands,  coques  et  bâtiments 
de  toutes  grandeurs.  La  flotte  française  se  forma  d'abord  sur 
quatre  rangs,  les  ([uinze  grands  vaisseaux,  commandés  par 
Pédogre,  en  avant,  les  autres  à  la  suite  jusqu'aux  galères  de 
Grimaldi,  qui  ne  devaient  prendre  part  au  combat  qu'à  toute 
extrémité  : 

Les  vessiaus  sont  si  bel  menez 

Que  je  croi  que  miex  ordenez 

Ne  vit  homs  nus  en  un  tas  tei. 

Au  bout  des  mas  sont  li  chastei 

Bien  crénelez  à  quatre  quierres 

Garniz  de  quarriaus  et  de  pierres, 

Que  on  la  endroit  aûna. 

Trois  bons  serjanz  en  chascun  a .  .  . 

En  pluseiirs  lieus  ra  batelez 

Qui  emmi  les  mas  ont  leur  gistes , 

Ou  il  ra  bons  serjanz  et  vistes, 

En  chascun  sis  ou  cinc  ou  quatre , 

Touz  armez  comme  pour  combatre .  .  . 

En  chascune  nef  bone  et  maie 

Ra  il  au  mains  une  espringale .  .  . 

Pédogre,  sentant  qu'il  ne  pouvait  retenir  l'impatience 
des  siens,  s'était  approché  du  rivage  jusqu'à  la  portée  d'une 
arbalète  avec  ses  quatre  plus  fortes  nefs;  mais,  contrarié 
par  le  reflux,  il  dut  s'amarrer  dans  le  sable  jusqu'au  mo- 


Jourdaiii  (Cli.  j , 
Evcui'sions  histor.. 


V.  18355. 


«If'  SIÈCLE. 


134  GUILLAUME  GUIART. 

ment  où  le  retour  des  eaux  lui  permit  de  se  mouvoir  en 
même  temps  qu'il  laissait  à  l'ennemi  la  liberté  d'approcher. 
Voyant  alors  le  danger  que  Pédogre  courait,  tout  le  reste 
de  la  flotte  française  changea  son  ordre  de  bataille  et  s'éten- 
dit sur  une  seule  ligne,  en  prenant  soin  de  lier  les  bâti- 
ments les  uns  aux  autres. 

Le  combat  commença  vers  trois  heures  et  ne  finit  qu'à 
l'approche  de  minuit.  Trois  des  vaisseaux  espagnols  tom- 
bèrent au  pouvoir  des  ennemis;  mais  leur  équipage  eut  le 
temps  de  passer  sur  les  bâtiments  voisins,  tandis  que  la 
«  Jeannette  de  Rouen  »  avait  abordé  la  plus  grande  des  nefs 
flamandes,  appelée  «  l'Orgueilleuse  de  Bruges  »,  et  avait  fait 
main  basse  sur  tous  ceux  qui  la  montaient;  car  de  prison- 
niers on  ne  parlait  d'un  côté  ni  de  l'autre. 

Grimaldi  sortit  de  son  repos  à  la  fin  de  ce  premier  com- 
bat. Dès  que  le  silence  eut  succédé  au  bruit  des  «  espringales  » 
et  aux  cris  des  combattants,  il  désancra  une  de  ses  galères  et 
alla  lui-même  examiner  l'état  de  la  flotte  ennemie.  Les  Fla- 
mands, soit  par  l'absence  de  signaux,  soit  parce  qu'ils  ne 
craignaient  plus  d'être  attaqués,  n'avaient  pas  réuni  leurs 
bâtiments,  qui  erraient  çà  et  là  à  certaine  distance  du  port. 
Revenant  aussitôt  à  ses  galères,  l'amiral  en  fait  lever  les  ancres 
et  les-  dirige  lui-même  en  avant  des  nefs  de  Pédogre.  Alors 
il  entoure  et  capture  aisément  trois  des  nefs  ennemies,  et 
il  menaçait  déjà  du  même  sort  une  quatrième,  quand  Gui  de 
Namur,  rassemblant  à  la  hâte  ses  plus  grands  vaisseaux,  sé- 
pare les  galères  de  Grimaldi  des  bâtiments  de  Pédogre, 
prend  à  son  tour  l'avantage;  et  Grimaldi  sans  doute  eût  payé 
cher  son  hardi  coup  de  main,  si  Pédogre,  par  une  habile 
manœuvre,  n'était  parvenu  à  diriger  toutes  ses  forces  sur  le 
point  où  l'ennemi  resserrait  les  galères  de  l'amiral.  Ainsi 
pris  de  l'arrière  et  de  l'avant  par  une  flotte  mieux  ordonnée 
et  sans  doute  mieux  commandée  que  la  leur,  les  Flamands 
opposèrent  une  résistance  héroïque,  mais  inutile.  Ils  furent 
tous  massacrés,  à  l'exception  d'un  petit  nombre  de  che- 
valiers et  de  bourgeois,  épargnés  dans  l'espoir  des  rançons 
qu'on  en  pouvait  attendre.    H  y  a  dans  tout  ce  récit  de 


MV    SIËCLK. 


GUILLAUME  GUIART.  135 

Guillaume  Guiart  une  chaleur  et  même  un  talent  de  versifi- 
cation  qu'on  ne  saurait  méconnaître: 

Cliascun  i  liert,  chascun  i  fautre  :  V.  19337. 

Un  seul  (l'eus  n'a  pitié  de  l'autre, 

Pour  uieschiel  qu'avenir  li  doie. 

La  Dissiez  crier  :  «  Monjoie!  » 

Es  rens  de  la  prise  plus  jurande, 

«Calais!  Nonnendie!  Hollande!  » 

A  voiz  si  hautes  et  si  clercs, 

Espouventables  et  ameres. 

Que  Flamens  qui  les  granz  ces  sentent 

De  touz  costcz  s'en  espotivcnlent.  .  . 

Enini  leur  nés,  siuis  eus  delFendre, 

Les  vont  li  scrjant  le  roi  prendre, 

Dont  il  perl  que  le  floz  tressaille , 

Quant  il  pensent  a  la  bataille 

De  Courtrai ,  ou  la  fleur  de  France 

Fu  ocisc  a  si  grant  viitance 

Et  a  tel  ineschief ,  c'onques  n'urent 

Merci  nul  de  cens  qui  la  furent 

Pour  chose  que  il  requeïssent , 

Que  Flamcnz  touz  nés  océissent  : 

De  reancon  n'avoienl  cure: 

Pour  celé  grant  desconfiture 

Ont  cil  du  roi  en  tel  manière 

Toute  pitié  getec  ariere .  .  . 

Cette  bataille  navale  rendit  la  Zélande,  que  venait  de  con- 
(juérir  Gui  de  Namur,  au  comte  de  Hainaut,  ami  du  roi  de 
France.  Elle  fut  glorieuse  pour  les  braves  gens  qui  la  ga- 
gnèrent et  qu'on  avait  surtout  recrutés  à  Calais,  à  Dieppe, 
à  Rouen;  elle  le  fut  pour  Jean  Pédogre,  qui  seul  avait  com- 
battu le  premier  jour  et  avait  le  lendemain  décidé  la  victoire. 
On  ne  rend  donc  pas  justice  au\  véritables  vainqueurs  en 
reportant  sur  les  Génois  tout  l'honneur  de  la  victoire  navale 
<le  Ziericzee.  «  Philippe  le  Bel,  dit  sèchement  un  célèbre  Michdei,  Hist. 
«  historien  moderne,  loua  des  Génois,  et  avec  leurs  galères  ,86^i'!t.in'!p"89* 
«  il  gagna  une  bataille  navale  devant  Ziericzee.  »  Jugement 
étrange  et  inexcusable  après  le  beau  travail  que  Le  Grand 
d'Aussy  avait  déjà  fait  sur  cette  partie  de  la  chronique  de 
Guillaume  Guiart. 


«v.,Èct..        '36  GUILLAUME  GUIART. 

C'est  par  la  campagne  de  Flandre  et  la  victoire  de  Mons- 
en-Pevèle  que  Guiart  a  terminé  son  poème.  Nous  ne  prélen- 
dons  pas  le  suivre  dans  tous  les  curieux  détails  qu'il  nous 
donne  et  dont  les  historiens  modernes  nous  semblent  avoir 
tiré  trop  peu  de  parti;  mais  nous  nous  arrêterons  sur  la 
description  animée  du  fabloau  qu'offrait  alors  une  armée  en 
campagne.  On  aime  à  lire  le  dénombrement  des  provinces  et 
des  villes  qui  avaient  envoyé  leur  contingent  de  noblesse  et 
de  bourgeoisie;  à  voir,  pour  ainsi  dire,  défder  les  ims  après 
les  autres  Picards,  Bourguignons,  Champenois,  Normands, 
Angevins,  Chartrains,  Manceaux,  Toulousains;  on  aime  à 
les  voir  faire,  dans  la  ville  où  ils  se  sont  amassés,  tous  leurs 
préparatifs  de  guerre  ou  se  livrer  à  leurs  bruyants  ébats  : 

V.  io.'>oo.  De  Navarre,  et  devers  Espaingne 

Revienent  bidaus  a  granz  routes 
Desquiex  les  compaignies  toutes 
En  guerre,  par  acoustumance , 
Portent  deus  darz  et  une  lance, 
Et  un  coutel  a  la  ceinture  : 
D'autres  armeùres  n'ont  cure. 
Tant  i  vient  gent  et  si  grant  nombre 
Que  ii  peuples  la  vile  encombre .  .  . 
A  peine  si  peut  l'en  tourner. 
Par  la  vile  font  ratourner 
Li  soudoier  leur  armeùres  : 
Les  uns  font  faire  enheudeûres  ' 
Es  espees  toutes  nouveles, 
Et  font  fourbir  les  alcmeles; 
Aucuns  encordent  arbalestes 
Pour  estre  en  bataille  plus  prestes; 
Li  autres  cousent  leur  banieres 
En  lances  roides  et  entières , 
C'on  ne  les  puist  tost  aterrer  ; 
Aucuns  refont  leurs  darz  ferrer 

Et  apointier  les  fers  des  lances  ' 

Pour  miex  entrer  es  connoissances. 
Garçons  resont  en  trop  grant  paine 
De  pourcbacier  fain  et  avaine 
A  leurs  chevaus  que  garder  doivent. 

'  C'est  ainsi  qu'il  faut  lire,  et  non  enhendeires. 


GUILLAUME  GUIART.  137 

Ribauz  d'autre  partie  boivent, 
Sans  demander  chambre  ne  sale, 
Parmi  les  rues  la  godaie. 
Tel  noise  font  et  tel  plait  tiennent 
Li  soudoier  qui  vont  et  viennent 
Et  les  uns  aus  autres  sermonent 
Que  toutes  les  rues  en  sonnent. 

On  aime  à  le  voir  ensuite  essayer  de  peindre  l'intérieur 
du  camp  de  cette  grande  armée,  répandue  sur  le  terrain 
inégal  qui  séparait  Arras  de  Fampoux.  Nous  assistons  au  dé- 
partd'Arras,  tambours  battant,  trompes»  bondonnant  »,  ban- 
nières déployées;  d'abord  les  chevaliers  et  les  écuyers,  les 
coursiers  que  les  garçons  mènent  en  dextre;  puis  les  clercs 
chantant  mélodieux  motets,  les  «  bidauds  «dansant,  les  char- 
retiers jurant,  les  folles  femmes  riant  à  pleine  gorge,  enfin 
les  sergents,  les  hérauts  et  les  goujats.  On  dresse  les  pavillons, 
les  seigneurs  s'abritent  sous  de  riches  tentures,  les  sergents 
sous  le  feuillage  des  arbres  qu'ils  taillent  dans  la  campagne. 
Cependant  les  gens  qui  veulent  gagner  circulent  autour  des 
tentes.  Les  uns  établissent  leurs  fourneaux  sur  les  fossés  d'en- 
ceinte pour  y  cuire  «  tartes  et  pastez  ».  Les  autres  voiturent 
leurs  tonneaux  par  les  allées,  et  vendent  aux  soudoyers  leur 
vin  aigri  ou  leur  •  godaie  »  trouble,  qu'ils  prétendent  faite 
à  Arras.  Les  vieilles  crient  les  fromages  et  le  pain  blanc,  les 
cuisiniers  écument  leurs  pots,  les  brelandiers  étalent  leurs 
dés  auxquels  maint  sergent  se  laisse  prendre.  On  joue,  on 
jure,  on  querelle  : 

Lors  les  veïssiez  entrebatre 
Et  donner  meriaus  et  poignies 
Et  muselées  et  groignies .  .  . 
Le  sa  ne  leur  saut  plenierement , 
Mes  paiz  font  si  legierement 
Qu'il  ne  convient  que  de  leur  dete 
Prévost  ne  ballif  s'entremete. 

Sans  se  faire  le  champion  exclusif  des  roturiers,  des  arba- 
létriers, sergents  et  «  bidauds  »  qui  eurent  la  part  principale  à 
la  victoire,  Guiart,  qui  se  trouvait  dans  leurs  rangs,  se  plaît 

TOME    .\X\I.  ig 


\IV    SIKCI.K. 


19701. 


IW*ft>1U»«    IMIMXAiC. 


138  GUILLAUME  GUIART. 

XIV    :«IF.CI.E. 

ù  leur  rendre  une  justice  chaleureuse.  On  en  jugera  par  le 
passage  suivant,  embarrassé  malheureusement  d'une  longue 
parenthèse,  que  nous  ne  citerons  pas ,  sur  les  quatre  humeurs 
ou  complexions  de  l'homme  : 

V.  jogo.i.  Qui  lors  fust  la  veoir  peûst 

Et  connoistre  certainement 
Que  li  drap  ne  li  garnement, 
Les  biaus  atours  ne  la  richece , 
La  force  ne  la  genlilece .  .  . 
Ne  font  femme  viste  ne  preti/. .  .  . 
Car  si  corne  li  auteur  dient 
Tous  hommes  se  diversefient , 
Jiiïs ,  paiens  et  crestiens , 
Et,  selon  les  naturiens, 
L'omme  est  sanguin  ou  colérique, 
Fleumalique  ou  mélancolique  : 

Gestes  quatre  complessions  ' 

Queurent  par  toutes  régions .  .  . 
Dont  l'on  peut  veoir  clerement 
Que  tel  est  veslu  povrement .  .  . 
Qui  plus  a  largece  et  bonté 
Que  tel  qui  maintient  un  conté. 
Nel  di  pour  nul  homme  despire , 
Mais,  cele-journee,  au  voir  dire. 
Se  souz  Monz  en  Pevle  fussiez , 
Pluseurs  veoir  en  peûssiez 
Qui  par  defautes  de  deniers , 
Dont  il  n'orent  pas  pleins  greniers , 
Furent  en  armes  si  déroutes 
C'on  pourroit  bien  veoir  leur  coûtes  : 
Nonpourquant  si  forment  se  prisent 
Que  li  renc  pas  ne  leur  souffîsent, 
Ainz  en  issent,  el  champ  se  fièrent 
Gom  cil  qui  demandent  et  quiercnt 
Bataille  pour  eus  esprouver. 

En  peu  de  mots,  voici  la  relation  que  notre  riuieur  doime 
de  cette  bataille  de  Mons-en-Pevèle,  à  laquelle  ses  récentes 
blessures  l'empêchèrent,  il  est  vrai,  de  prendre  part,  mais 
dont  il  dut  bien  connaître  les  principales  circonstances  par 
le  récit  de  tous  ceux  qui,  plus  heureux,  en  revenaient.  Les 


GUILLAUME  GUIART.  139 

deux  armées  se  trouvèrent  en  présence,  le  18  août  i3o4, 
depuis  le  lever  jusqu'au  coucher  du  soleil.  Les  Flamands, 
descendus  des  hauteurs  de  Mons-en-Pevèle,  avaient  laissé 
sur  les  versants  de  la  montagne  leurs  vivres,  leurs  che- 
vaux, leurs  vêtements,  leurs  provisions.  Ils  s'étaient  assez 
avancés  pour  n'être  plus  séparés  des  Français  que  par  un 
large  fossé,  creusé  quelques  années  auparavant.  Ils  s'étaient 
adossés  à  un  formidable  retranchement,  formé  de  trois  rangs 
de  chariots, dont  les  brancards  s'enchevêtraient  les  uns  dans 
les  autres.  L'honneur  d'avoir  été  les  premiers  à  s'ébranler 
appartint  aux  sergents  et  arbalétriers  français,  que  com- 
mandait messire  Thibaud  de  Cepoi.  Ils  allèrent  traverser 
le  fossé  à  l'une  de  ses  extrémités;  puis,  fondant  sur  l'aile 
droite  des  ennemis,  ils  refoulèrent  en  désordre  ceux  qui 
la  composaient  sur  le  centre.  A  l'exemple  des  piétons,  les 
chevaliers  passèrent  du  côté  opposé;  mais  au  lieu  de  re- 
venir sur  le  centre  ennemi,  entre  les  chariots  et  le  fossé, 
ils  prirent  position  derrière  les  chariots,  et  de  là  tentèrent 
de  s'ouvrir  un  passage  jusqu'au  gros  de  l'armée  flamande. 
La  lutte  fut  longue  et  acharnée;  mais  les  Flamands,  ainsi 
pressés  des  deux  côtés,  auraient  apparemment  fini  par 
rendre  les  armes,  si  les  piétons,  cédant  à  leur  soif  de  butin, 
n'eussent  tout-à-coup  laissé  leurs  adversaires  pour  se  porter 
tumultueusement  vers  la  montagne  où  se  trouvaient  les 
tentes,  les  chevaux,  les  tonneaux  de  l'ennemi.  Ce  fut  un 
pillage  merveilleux,  que  Guillaume  Guiart  nous  raconte  de 
sa  meilleure  verve.  Au  moment  où  la  voix  de  Thibaud  de 
Cepoi  ne  pouvait  plus  être  entendue,  Philippe  le  Bel  en- 
voya l'ordre  à  ceux  qui  faisaient  le  siège  des  chariots  fla- 
mands de  repasser  le  fossé  et  de  revenir  à  lui.  L'ordre  fut 
exécuté,  non  sans  que  les  Flamands,  délivrés  de  cette  double 
attaque,  fissent  éprouver  d'assez  grandes  pertes  à  ceux  qui 
semblaient  leur  abandonner  la  place.  Puis,  remarquant  le 
désordre  qui  régnait  devant  eux  dans  le  camp  français,  ils 
prennent  une  résolution  hardie  et  généreuse  :  c'est  de  fran- 
chir le  large  fossé ,  et  de  s'avancer  d'un  pas  résolu  vers  les 
pavillons  au  milieu  desquels  flottait  la  bannière  fleurdelisée. 

i8. 


XIV   SIECLK. 


140  (ÎUILLAUME  GLIART. 

XIV    5IKCI.P. 

Ils  arrivent,  massacrant  les  sergents  qui  défendaient  la  pre- 
mière barrière,  et,  pénétrant  à  l'improviste  au  milieu  d'une 
Il  bataille  »  assez  nombreuse  de  cbevaliers  à  moitié  désar- 
més, ils  tuent  les  premiers  et  jettent  parmi  les  autres  une 
véritable  panique.  Tout  fuit,  tout  se  disperse;  à  peine  cin- 
quante hommes  d'armes,  résolus  à  mourir,  se  hâtent  de 
reprendre  leurs  heaumes  pour  former  autour  du  roi  un 
rempart  de  leurs  corps.  Le  sire  de  Chevreuse,  chargé  de 
porter  l'oriflamme,  est  tué  des  premiers  à  l'entrée  du  pavillon 
royal  :  deux  fidèles  Parisiens, 

V.  ?i?l().  Jaques  et  Pierres  Geiician, 

Deus  hourjois  de  courtois  lingiiage, 
De  Paris  nez ,  qui  leur  cage 
En  mainte  place  servi  Turent , 

ni 
restent  à  l'étrier  de  Philippe  le  Bel,  qu'ils  portent  avec  assez 
de  peine  sur  les  arçons  : 

V.  2  1253.  A  la  première  fois  failli 

Li  bons  rois,  qui  trop  se  coita; 
Mais  a  l'autre  si  esploita 
Que  par  grant  force  et  par  isnele 
Fu,  le  chief  sans  tieaume,  en  la  sele. 

Tous  les  écrivains  contemporains,  Nangis ,  Villani ,  Gode- 
froi  de  Paris,  s'accordent  à  rendre  hommage  au  courage, 
au  sang-froid,  à  la  résolution  que  Philippe  le  Bel  aurait 
montrés  dans  cet  instant  critique.  Nous  devons  pourtant 
remarquer  que  (luiart,  dont  l'intention  était  d'offrir  son 
i)oème  au  roi,  garde  sur  ce  point  un  silence  complet,  dont 
il  faut  de  toute  nécessité  tenir  quelque  compte.  Quoi  qu'il 
en  soit,  les  deux  fidèles  bourgeois  tombèrent  étendus  morts 
aux  pieds  de  Philippe.  Plusieurs  autres  braves  guerriers 
furent  frappés  autour  de  lui,  jusqu'à  ce  qu'enfin  reparurent, 
couverts  de  leurs  armes,  les  chevaliers  qui  d'abord  avaient 
pris  la  fuite  :  les  Flamands  reculèrent,  et  leur  retraite  préci- 
pitée fut  une  véritable  déroute.  Tandis  qu'ils  fuyaient  }X>ur 
ne  s'arrêter  qu'à  Marquette,  au  delà  de  Lille,  le  roi  couchait 


GUILLAUME  GUfART.  141 

sur  le  champ  de  bataille  et  faisait  entonner  par  les  clercs 
(le  l'armée  un  Te  Deam.  de  réjouissance.  Deux  jours  après, 
son  armée  triomphante  arrivait  aux  portes  de  Lille,  qui  reçut 
les  conditions  du  vainqueur.  Telle  fut  la  journée  de  Mons-en- 
Pevèle,  que  les  deux  plus  récents  historiens  de  la  Flandre  ne 
craignent  pas  de  représenter,  l'un  comme  un  succès  que  pou- 
vaient également  réclamer  les  deux  armées,  l'autre  comme 
une  victoire  des  Flamands  sur  les  Français.  C'est  ainsi  que 
l'on  a  trop  souvent  écrit  l'histoire  de  France,  même  en 
France.  Quand  nous  examinerons  la  chronique  de  Godefroi 
de  Paris,  nous  verrons  un  autre  récit  de  cette  journée,  qui 
devait  mettre  fin  à  la  guerre.  Mais  ce  deuxième  historien 
ne  mettra  pas  en  doute  plus  que  Guiart,  Nangis  et  tous  les 
autres  contemporains  la  complète  défaite  de  l'armée  fla- 
mande. 

H  y  a  beaucoup  d'apparence  que  les  vingt-six  vers  qui 
suivent  le  récit  de  la  bataille  de  Mons-en-Pevèle  et  qui  ter- 
minent le  poème  de  la  Branche  des  royaux  lignages  sont 
d'une  autre  main,  ou  bien  ont  été  ajoutés  rapidement  par 
Guiart,  quand  il  renonça  à  sa  première  pensée  de  suivre  les 
événements  postérieurs  à  mesure  qu'ils  arriveraient.  Nous  ne 
savons  si  l'on  doitbeaucoup  regretter  cette  détermination ,  car 
il  ne  voulait  en  tout  cas  raconter  que  les  faits  de  guerre,  comme 
il  s'était  contenté  de  le  faire  dès  les  premières  pages.  Aussi 
ne  touche-t-il  pas  aux  grandes  querelles  de  Philippe  le  Bel 
avec  Boniface  VIII,  avec  la  noblesse,  avec  le  tiers  état.  Il  ne 
semble  pas  savoir  un  mot  de  la  funeste  altération  des  mon- 
naies, du  grand  crédit  d'Enguerrand  de  Marigni,  des  con- 
structions, des  établissements  dus  à  l'activité  de  Philippe  le 
Bel.  S'il  eût  poursuivi  sa  chronique  rimée,  il  eût  peut-être 
omis  de  parler  du  procès  et  de  la  suppression  de  l'ordre 
des  Templiers,  qui  remplirent  les  trois  années  suivantes. 

Mais,  à  le  prendre  tel  qu'il  est,  ce  poème  de  la  Branche  des 
royaux  lignages  tient  une  place  importante  parmi  les  docu- 
ments de  notre  histoire.  Guiart  aimait  les  récits  de  guerre, 
il  avait  lui-même  été  soldat;  ses  descriptions  doivent  con- 
server aux  yeux  de  l'antiquaire  une  grande  valeur.  Nul, 

1  2 


MX'  tiÈULI. 


142  GUILLAUME  GUIART. 

parmi  nos  vieux  annalistes ,  n*a  parié  aussi  clairement  et 
d'une  façon  aussi  détaillée  de  tout  ce  qui  tient  à  l'ancienne 
stratégie,  aux  différents  corps  dont  une  armée  se  composait, 
à  la  discipline,  au  costume^  aux  armes,  aux  machines  de 
siège  et  de  campagne.  Sur  tous  ces  points  il  est  pour  ainsi 
dire  intarissable.  Et  puis  on  reconnaît  dans  tous  ses  récits 
de  combats  un  homme  du  métier,  qui,  avant  de  raconter 
une  action,  en  comprend  lui-même  parfaitement  tous  les 
incidents,  toutes  les  circonstances;  ce  mérite  est  assez  rare, 
même  parmi  nos  historiens  les  plus  autorisés,  pour  qu'on 
lui  en  tienne  un  grand  compte.  D'ailleurs  il  parait  sincère 
et  d'une  parfaite  candeur;  et  le  touchant  intérêt  qu'il 
porte  à  la  gloire  de  la  France  en  général  et  des  sergents 
d'Orléans  en  particulier  ne  l'entraîne  à  aucune  exagération 
des  succès  du  roi  et  des  hauts  faits  de  ses  compatriotes.  On 
lui  a  reproché  à  bon  droit  les  chevilles  de  ses  vers  et  Iffe  lon- 
gueurs de  son  poème.  Les  chevilles  de  versification  étaient 
inévitables  du  moment  qu'il  tenait,  comme  il  le  dit  lui- 
même,  à  donner  à  ses  vers  des  rimes  «lionimes»,  c'est-à- 
dire  portant  toujours  sur  deux  syllabes;  il  en  résulte,  il  est 
vrai,  des  remplissages  souvent  presque  intolérables  pour 
nous,  mais  qui  ne  choquaient  pas  alors;  leur  insignifiance 
même  garantit  du  moins  la  bonne  foi  de  l'auteur,  qui  n'a 
recours,  pour  obtenir  ses  rimes,  qu'à  des  formules  à  peu 
près  vides  de  sens,  et  ne  sacrifie  jamais  la  rectitude  de  son 
jugement  ou  l'exactitude  de  son  récit  à  la  consonance.  Ainsi, 
comme  on  l'a  fort  bien  remarqué,  «  les  droit  pariant  et  les 
«  baubes  »,  «  les  luxurieux  et  les  chastes  »,  «  les  velus  et  les 
«  chauves  »,  «  les  megres  et  les  gras  ■  n'interviennent  que  pour 
les  besoins  de  la  rime;  mais  ces  méchantes  façons  de  l'obtenir 
étaient  alors  un  procédé  permis;  si  Guiart  en  a  poussé  l'usage 
jusqu'à  un  abus  presque  sans  exemple,  c'est  qu'il  tenait 
avant  tout,  et  qu'il  arrivait  par  cet  artifice  à  ne  rien  omettre 
de  ce  qu'il  se  croyait  obligé  de  raconter.  11  faut  «Tailieurs 
reconnaître  que  ce  défaut,  auquel  on  s'accoutume,  est 
souvent  compensé  par  la  vivacité  du  récit,  l'originalité  de 
la  tournure  et  le  pittoresque  de  l'expression ,  et  que  paHbis 


YVES,  MOINE  DE  SAINT- DENYS. 


143 


XIV*  SIÈCLE. 


Guiart  sait  trouver  sans  efiFort  apparent  ses  rimes  toujours 
d'une  surprenante  richesse. 

La  Branche  des  royaux  lignages  a  été  imprimée  en  entier 
par  J.-A.  Buchon,  dès  1 828,  d'après  le  seul  manuscrit  qu'on 
en  possède.  En  i865,  l'Académie  des  Inscriptions  et  belles- 
lettres  l'a  insérée  dans  le  tome  XXII  des  Historiens  des  Gaules 
et  de  la  France;  les  éditeurs  ont  apporté  h  la  revision  du  texte 
un  soin  minutieux,  et  se  sont  efforcés,  dans  des  notes  très 
multipliées,  d'éclaircir  les  obscurités,  souvent  fort  grandes, 
de  la  langue  et  du  style  de  l'auteur.  On  doit  regretter  que 
le  système  suivi  dans  cette  grande  publication  les  ait  obligés 
de  laisser  de  côté  les  vers  497-^^964,  relatifs  aux  règnes  de 
Philippe  Auguste  et  de  Louis  VIII,  en  sorte  que  l'édition  de 
Buchon  reste  indispensable  à  qui  veut  connaître  l'œuvre 
entière  du  brave  sergent  Orléanais'. 

Borel  et  après  lui  La  Monnoye  ont  identifié  Guillaume 
Guiart  avec  Guiart,  auteur  d'un  «  Art  d'amours  «  dont  nous 
avons  parlé  ailleurs;  mais  cette  identification  n'a  aucune 
vraisemblance  :  Guiart  est  le  prénom  de  l'auteur  de  l'Art 
d'amours  et  le  nom  de  famille  de  l'auteur  de  la  Branche 
des  royaux  lignages.  P.  P. 


La  Croix  Jii 
Maine ,  Bibl.  fran- 
(oise,  t.  I,  p.  337. 

Ilist.  litt.  <le  la 
France,  t.  XXIII, 
p.  tgi.et  t.  XXIX, 
p.  hTt. 


YVES, 

MOINE  DS  SAINT-DRNVS. 


Yves,   moine  de  Saint-Denys,  près  Paris,  est  l'auteur 
maintenant  reconnu  d'une  compilation   sur  la  vie  et  les 


*  Il  est  résulté  de  cet  état  de  choses 
une  certaine  difficulté  pour  nos  citations. 
Buchon  a  trois  numérotages  difléreats , 
le  premier  pour  le  prologue ,  le  second 
pour  la  partie  du  poème  qui  concerne 
Philippe  Auguste  et  Louis  VIII ,  le  troi- 
sième pour  la  suite ,  remplissant  aoa  se- 
cond volume.  Les  éditeurs  du  tome  XXII 
des  Historiens  de  France ,.  tu  contraire , 


n'ont  qu'un  chilTrage  depuis  le  com- 
mencement jusqu'à  la  Pm.  Quand  nous 
avons  cité  les  vers  497-896/!.  numé- 
rotés dans  Buchon  1-8 1 30 ,  nous  avons  1 
indiqué  le  chiffre  qu'ils  ont  dans  l'édi- 
tion de  Buchon  (en  faisant  suivre  ce 
chiffre  d'un  B.  ) ,  sans  rectiGer  les  nom- 
breuses erreurs  qui  se  sont  glissées  dans 
la  numérotation  de  cette  édition. 


tIV    .IIF.CI.R. 


144  YVES,  MOINE  DE  SAINT-DENYS. 

miracles  posthumes  du  patron  de  son  abbaye,  compilation 
d'un  assez  fort  volume,  dont  le  texte  le  plus  complet  nous 
est  oITert  par  le  numéro  5:<86  des  manuscrits  latins  de  la 
liibliotlièque  nationale. 

L'ouvrage  se  divise  en  trois  parties.  Dans  la  première  est 
1res  minutieusement  racontée  la  vie  légendaire  du  notable 
citoyen  d'Athènes,  Denysde  l'Aréopage,  depuis  sa  naissance 
jusqu'à  la  prédication  de  saint  Paul.  La  deuxième  contient 
un  récit  non  moins  détaillé  de  tout  ce  qui  advint  au  même 
personnage  après  sa  conversion  au  christianisme  :  d'abord 
évêque  d'Athènes,  puis  apôtre  dans  les  Gaules,  il  fonde 
l'église  de  Paris,  et  meurt  enfin  de  la  mort  des  martyrs  sous 
les  murs  de  cette  ville.  De  ces  deux  ])arlies  il  n'y  a  vraiment 
rien  à  tirer  pour  l'histoire.  La  troisième  est  plus  intéressante. 
Elle  commence,  il  est  vrai,  par  d'autres  fables.  L'an  1 15'^ 
avant  Jésus-Christ,  quelques  Troyens,  échappés  aux  mains 
des  Grecs,  arrivent,  conduits  par  Anténor,  sur  les  rivages 
déserts  du  Palus  Méotide,  et  s'établissent  en  ce  lieu  qu'ils 
trouvent  à  leur  gré.  Peu  de  temps  après,  ils  ont  construit  en 
cette  solitude  une  grande  ville,  la  ville  de  Sicambrie,  dont 
la  constante  prospérité  nous  est  attestée  par  un  accroisse- 
ment merveilleux  de  population.  Il  est,  en  effet,  si  merveil- 
leux que,  quatre  siècles  écoulés,  l'an  698  avant  Jésus-Christ, 
vingt-trois  mille  Sicambres,  tous  de  race  troyenne,  traver- 
sent l'Allemagne  et  l'Autriche,  et  viennent,  sur  les  bords  de 
la  Seine,  fonder  une  autre  ville,  non  moins  considérable, 
non  moins  célèbre,  la  ville  de  Paris.  Mais  ce  qu'on  lit  à  la 
suite  de  ce  préambule  n'est  pas  uniquement  fabuleux;  il  y 
a  quelques  narrations  rédigées  sur  des  documents  que  l'au- 
leur  a  pu  croire  sincères,  ou  d'après  les  chroniques  peut- 
être  véridiques  auxquelles  il  a  fait,  pour  les  temps  modernes, 
d'intéressantes  additions.  C'est  au  règne  de  Dagobert  que 
commencent  les  épisodes  qu'il  est  permis  d'appeler  histo- 
riques. Dagobert  étant  un  des  principaux  bienfaiteurs  de 
l'abbaye  de  Saint-Denys,  l'auteur  raconte  son  règne  avec 
quelques  détails.  Sur  Charlemagne  il  ne  reproduit  guère 
que  les  inventions  du  faux  Turpin.  Il  le  fait  voyager  à  Con- 


YVES,  MOINE  DE  SAINT-DENYS.  145        „..„.,.. 

slantinople  et  de  Constantinople  à  Jérusalem,  suivi  par  un 
corps  crarniée  qui  dépossède  les  Musulmans  de  la  Terre 
Sainte.  Reconnaissant  d'un  tel  service,  l'empereur  d'Orient 
lui  donne  un  des  clous  de  la  vraie  croix.  Suit  l'histoire  de 
ce  clou  fameux.  Charleniagne  le  dépose  à  son  retour  dans  le 
trésor  de  Saint-Denys.  Or  combien  ce  don  gratuit  lui  sera 
profitable!  Charlemagiu'  n'ayant  pas  vécu,  comme  on  le 
sait,  très  chastement,  son  àme,  à  fheure  de  sa  mort,  allait 
être  ravie  par  les  démons;  mais  survinrent  aussitôt  saint 
Denys  et  saint  Jacques,  qui  donnèrent  la  chasse  aux  démons 
et  transportèrenl  au  paradis  l'àme  sauvée.  On  retrouve  dans 
le  même  chaj)ilre  le  récit  bien  connu  du  moine  de  Saint- 
Gall  sur  les  deux  clercs  hiberniens  qui,  déposés  sur  la  rive 
gauloise,  font  |)rorlamer  qu'ils  sont  marchands  de  science, 
et  que  Charlemagne  appelle  à  sa  cour  pour  les  combler  de 
faveurs.  Mais  le  moine  de  Saint-Gall  ne  dit  pas  où  Charle- 
niagne établit  leur  école.  Il  l'établit  à  Paris,  dit  avec  assu- 
l'ance  le  moine  de  Saint-Denys  :  Construcds  Parisius  habila- 
culis  opportunis ,  ibidem  eos  docere  instituit.  Ainsi  Charlemagne 
était  déjà  communément  réputé  le  fondateur  de  l'Université 
de  Paris. 

Après  le  règne  de  Charlemagne  la  chronique  est  plus 
brève;  mais  avec  l(;s  règnes  de  Philippe  Auguste,  de  saint 
Louis,  elle  prend  de  nouveaux  développements.  Ce  n'est 
pas,  à  la  vérité,  (ju'elle  soit  plus  originale  en  cette  partie, 
car  on  y  signale  de  nombreux  emprunts  faits  aux  Gesta  de 
Rigord.  Mais  elle  devient  plus  instructive  quand  commence 
le  règne  de  Philippe  le  Bel.  On  y  peut  voir,  en  effet,  l'opi- 
nion de  l'auteur  sur  quelques  faits  contemporains.  Cette 
opinion  n'est  pas  toujours  clairement  exprimée,  l'auteur 
ayant  écrit  son  livre  pour  complaire  à  Philippe  le  Bel  et 
l'offrant,  après  la  mort  de  Philippe  le  Bel,  à  son  fds  Philippe 
le  Long;  mais  alors  ses  réticences  le  trahissent,  on  devine 
qu'il  blâme  tout  ce  (pi'il  ne  loue  pas.  Ainsi  la  révolte  des  Fla- 
mands a  dû  lui  paraître  juste;  on  le  comprend  quand  on  le 
voit  s'associer  aux  plaintes  portées  contre  le  gouverneur  fran- 
çais, Jacques  de  Saint-Paul.  De  même,  quand  il  rejette  sur  les 
/ 

TOME    XX\I.  19 

I       il      ^  IMPItlMEKI  t     K.A.TtCXIia. 


m    SIECLE. 


146  YVES,  MOINE  DE  SAINT- DENYS. 

conseillers  du  roi  les  fréquentes  altérations  de  la  monnaie, 
on  peut  être  assuré  qu'il  condamne  ces  mesures  funestes.  On 
remarque,  en  outre,  dans  l'image  qu'il  nous  a  tracée  de 
Philippe  le  Bel,  plusieurs  traits  qui  surprennent.  Ce  prince 
est  ordinairement  représenté  comme  très  volontaire,  très 
ferme  en  ses  desseins,  et  même,  dans  l'occasion,  très  dur 
envers  ses  ennemis.  Le  témoignage  de  notre  chroniqueur  est 
sur  ce  point  tout  à  fait  contraire.  Il  va  même  jusqu'à  lui 
reprocher  sa  trop  grande  douceur,  nimia  mansuctudo,  dont 
il  signale  plusieurs  suites  fâcheuses.  Chaque  fois  qu'il  parle 
de  lui,  tout  d'abord  il  emploie  ces  termes  mansuetudo ,  man- 
suctus;  l'humilité  et  la  mansuétude,  voilà,  dit-il,  ce  qui  le 
distinguait  particulièrement  :  humdiiate  ac  mansuetudme  prœ- 
cipiius.  Il  le  vante  aussi  de  sa  piété,  dont  il  don  ne  des  preuves. 
Cependant  ces  preuves  ne  semblent  pas  toutes  dignes  de  la 
même  confiance.  On  n'admet  pas  volontiers  que  Philippe 
le  Bêlait  été,  non  seulement  pieux,  mais  encore  puérilement 
superstitieux. 

Cette  relation  de  la  vie  et  des  miracles  de  saint  Denys 
occupe  tout  le  volume  inscrit  sous  le  numéro  52  86  du 
fonds  latin,  à  la  Bibliothèque  nationale.  C'est  un  beau  volume 
du  xrv"  siècle,  enrichi  de  dessins  à  la  plume  qui  sont  de 
plusieurs  mains.  Il  y  en  a  de  très  remarquables.  Un  autre 
exemplaire,  bien  plus  précieux  encore,  se  trouve  dans  les 
numéros  2090,  2091  et  2092  du  fonds  français,  à  la  même 
Noiires  ei  cxii.   bibliothèquc.  Notre  confrère,  M.  L.  Delisle,  qui  l'a  minu- 

s-Mri"  p'j/h^'  tieusement  décrit,  suppose  que  c'est  l'exemplaire  offert  en 
hommage  à  Philippe  le  Long.  Les  nombreuses  miniatures 
qui  décorent  ces  trois  volumes  sont  d'une  exécution  très 
soignée,  et,  pour  l'histoire  de  l'art,  elles  offrent  des  rensei- 
gnements très  précieux.  On  y  trouve  aussi  d'utiles  informa- 
tions sur  plusieurs  édifices  de  Paris  au  xiv*  siècle,  sur  les 
costumes  variés  des  habitants  de  cette  ville,  officiers  de  police 
ou  de  justice,  artisans  ou  marchands.  La  plupart  des  mé- 
Magas.  piiior.,    tiers  de  Paris  y  sont  figurés.  Quelques-unes  de  ces  images 

.8i6,p.5i7:iJj.    ^^^  ^j^  reproduites  par  la  gravure.  Malheureusement  ce 
bel  exemplaire  est,  depuis  longtemps,  incomplet;  il  l'était 


ï 


YVES,  MOINE  DE  SAINT- DENYS.  147 


XIV    SIECLE. 

nii 
srrits, t.in,p.  iâ(i, 


déjà  quand  Gilles  Mallet  dressait  lé  catalogue  des  livres  y)^.ii^[^n 
transportés  dans  la  tour  du  Louvre  par  les  ordres  du  roi  '>i'>ci  ''es  manu 
Charles  V  ;  et  ce  qui  manque ,  c  est  la  dernière  partie ,  l  tiistoire 
des  miracles,  ou,  pour  mieux  dire,  la  chronique  des  rois. 
Un  troisième  exemplaire,  moins  complet  encore,  est  dans 
le  numéro  i3836  du  fonds  latin,  à  la  même  bibliothèque 
(ancien  1082  des  manuscrits  latins  de  Saint-Germain). 
Nous  n'avons  dans  ce  volume,  exécuté  par  un  copiste  nommé 
Guillaume  l'Escot,  que  les  derniers  chapitres  de  l'ouvrage, 
à  partir  du  roi  Dagoberl,  et  les  enluminures  y  sont  rares. 
On  signale  enfin  cleux  autres  manuscrits  de  cette  compi- 
lation dans  les  numéros  53  de  Berlin  et  696  de  la  reine 
de  Suède,  au  Vatican.  Ce  dernier  exemplaire  contient  la 
troisième  partie  tout  entière,  mais  uniquement  cette  troi- 
sième partie. 

Ayant  rencontré,  dans  la  bibliothèque  d'Alexandre  Petau, 
l'exemplaire  que  possède  aujourd'hui  le  Vatican,  André 
Duchesne  avait  reconnu  l'intérêt  de  cette  troisième  partie, 
et  en  avait  tiré  quatre  fragments  qui  ont  été  insérés,  après 
sa  mort,  dans  le  tome  V  de  sa  grande  collection,  Histonœ 
Francorum  scriptorcs,  p.  267,  288,  Sgô,  549-  Le  troi- 
sième et  le  quatrième  de  ces  fragments  ont  été  de  nouveau 
publiés,  par  MM.  Daunou  et  Naudet,  dans  le  tome  XX  du 
Recueil  des  historiens  des  Gaules  et  de  la  France,  p.  45, 
54o.  Ils  concernent  la  vie  de  Louis  IX  et  celle  de  Philippe 
le  Hardi.  Un.  cinquième  fragment,  qui  se  rapporte  à  Phi- 
lippe le  Bel,  a  été  pour  la  première  fois  imprimé  par  M.  de 
Wailly,  dans  le  tome  XXI,  p.  201,  du  même  recueil.  On 
en  lit  enfin  deux  morceaux  de  quelque  étendue  dans  le 
tome  VIII  du  Neues  Archiv,ip.  184-187.  Ils  ont  été  tirés  par 
M.  Holder-Egger  du  n°  53  de  Berlin. 

Cette  compilation  avait  été  d'abord  attribuée  à  Gilles, 
abbé  de  Saint-Denys.  On  la  trouve  inscrite  à  son  nom  dans 
le  Catalogue  des  manuscrits  latins  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale, t.  IV,  p.  69,  et  dans  le  Catalogue  des  manuscrits 
français,  t.  I,  p.  356.  Elle  commence,  en  effet,  par  une 
lettre  de  cet  abbé  Gilles,  présentant  l'ouvrage  à  Philippe 

»9- 


]liS  YVES,  MOINE  DE  SAINT-DENYS. 

lo  Long,  et  la  première  enluminure  esl  la  mise  en  scène  de 
cette  présentation.  Un  abbé,  s'inclinant  devant  un  roi  ma- 
jestueusement immobile,  lui  fait  TonVe  d'un  volume,  elle 
roi  tend  la  main  pour  recevoir  le  présent  de  l'abbé.  L'attri- 
bution des  catalogues  semblait,  en  outre,  confirmée  par 
divers  passages  du  livre.  Racontant  quelques  incidents  de 
la  bataille  de  Mons-en-Pevèle,  l'auteur  dit  tenir  ces  détails 
de  la  bouche  du  roi  Philippe  le  Bel  :  Fuit  rex  Philippiis,  iil 
(ibeodeni  postniochiin  cognovimus ,  [per  inminuin  (emporis  spatiuin  '] 
ita  sohis  ut  cum  ipso  non  essent  de  suis  honnnibus  nisi  duo.  Ces! 
évidemment  à  un  personnage  que  Philippe  le  Bel  a  fait 
l'honneur  de  cet  entretien  familier.  Nous  apprenons  plus 
loin  que  ce  personnage  appartenait  à  l'Eglise.  Il  assiste  aux 
derniers  moments  de  Philippe  le  Bel,  lui  lisant,  pour  l'en- 
courager à  bien  mourir,  l'évangile  de  la  Passion  :  Illo  teni- 
pore  ^,  ipso  audienle  et  intelligente,  recitavimus  historiam  dominicw 
passionis,  circa  guani  inlcrdum,  ad  ejus  consolationem,  (dicjua 
notabilia  dicebantur.  Enfin,  à  la  page  suivante,  cet  ecclésias- 
tique joue  le  rôle  de  l'abbé  de  Saint-Denys,  faisant  une 
enquête  sur  un  miracle  qui  avait  eu  lieu,  disait-on,  dans 
son  abbaye  en  faveur  d'un  nommé  Laurent,  serviteur  d'un 
scolastique  suédois.  Ainsi  Ton  avait  eu  de  bonnes  raisons 
pour  attribuer  l'ouvrage  à  fabbé  Gilles,  signataire  de  l'épître 
dédicatoire,  contemporain  des  rois  Philippe  le  Bel  et  Phi- 
lippe le  Long.  Cependant  M.  L.  Delisle  a  facilement  dé- 
montré la  fausseté  de  cette  attribution.  En  effet,  vers  la  fin 
de  l'épître,  l'auteur  est  désigné  par  l'abbé  Gilles  lui-même. 
C'est  un  de  ses  moines,  qu'il  nomme  Yves  :  Ut  ercjo  majes- 
tatis  regiœ  piis  votis  justisguc  et  devolis  dcsidenis  gua  possuni 
soUicitudine  ejjicaciter  acguiescam,  libellum  prœsentem  de  hujns 
antigui  prœcellentissimigue  patris  machani  Areopagitœ  Dionysii 
ortu  et  dccnrsu,  libris,  documentis,  prœdicationibus  et  doctrinis, 
de  ejusgne  singulari  in  Galliis  aposlolatu,  inartyrio  et  agone, 

'  Ces  mots  sont  ajoutés  par  nous  au  de  M.  Elie  Berger,  ancien  membre  de 

texte  public  par  M.  de  Wailly  d'après  l'Ecole  française,  à  Rome, 
l'exemplaire  conservé  au  Vatican.  Nous  '   H.ins  le   texte  du  Vatican  :   Tune 

i\e\on*    cette    variante    à    l'obligc^mce  eliam. 


I 


^VES,  MOINE  DE  SAINT- DENYS.  149 

sùjnis  et  niiracuUs,  sed  cl  de  recjnm  Francorum  (jcslis  ah(juibiis , 
ex  antiauoriim  anthenticomin(jae  ciiris  scn/HoruiiKjue  diclis, 
brevi  auodam  compendio  per  dilectnin  fratrein  ac  venerabilem 
commonachnm  nostruiii  ^vonem,  an  et  hoc  ipsiim  conimisimns , 
tamnuim  perhumilem  et  devolum  obedientiœ  filiiim,  stiidiose  ac 
vcniciter  élaborât  uni,  tam  beatissimi  patiis  et  patroni  nostri  in- 
tmtu  et  honore,  quam  etiam  recfiœ  dominatumis  consideratione 
pariler  et  aiiwre,  vestrœ  rcqiœ  majestati  hnmihler  ojferre  decrein. 
Ainsi,  dans  les  derniers  chapitres  de  l'ouvrage,  c'est  bien 
l'abbé  Gilles  qui  parle,  racontant  ce  qu'il  a  vu,  ce  qu'il  a 
fait;  mais  c'est  le  moine  Yves  qui,  ])ar  ses  ordres,  a  rédigé 
ces  derniers  chapitres  comme  le  reste  de  l'ouvrage.  Dans  la 
miniature  que  nous  avons  décrite,  on  voit  ce  moine  derrière 
son  abbé.  H  est  probable  que  la  présentation  officielle  du 
volume  a  eu  lieu  comme  elle  est  ici  figurée. 

On  avait  fait  encore  une  autre  conjecture  sur  le  nom 
de  l'auteur.  A  la  fin  des  numéros  209'i  du  fonds  français  et 
i3836  du  fonds  latin,  qui  sont  de  la  même  main,  se  lisent 
ces  vers  assez  obscurs,  qui  manquent  aussi  bien  dans  le 
manuscrit  du  Vatican  que  dans  notre  numéro  52  86  ; 

O  genus  insigne,  rex,  qui  prœciara  bénigne 

Régna ,  Pliiiippe ,  régis  Francomm  tramite  legis , 

Regalis  voli  Guillermi  penniila  Scoti 

Librum  scripsit  ita  de  patroni  tibi  vita 

El  regum  gestis,  quibiis  est  historia  testis, 

Et  de  regali  successu;  nobile  quali 

Régnai  honore  Dei  niinc  usque  gentis  Clodovei, 

Et  Karoli  Magni  vesligia  penilus  agni 

In  te  praeclare  sequitur,  rex ,  percipe  gnare 

Hanc  per  scripturam ,  cui  debes  tradere  curam. 

Per  C  ter  I)  bis  X  septem  teinpus  habebis 

D'où  l'on  avait  été  conduit  à  supposer  que  l'auteur  se  nom- 
mait en  latin  Guillermus  Scotus,  en  français  Guillaume 
L'Escot  ou  Lescot.  C'est  la  conjecture  d'abord  émise  par 
M.Guérard,  qui  l'avait  fait  accepter  par  M.Letronne.  Elle  a 
depuis  été  reproduite  par  M.  de  Wailly,  ensuite  par  M.  Le 
Clerc.  Evidemment  elle  doit  être  rejetée.  L'attestation  de 


\l\     MECLK. 


\l»    .MFX:i.K. 


150  YVES,  MOINE  DE  SAINI-DENYS. 

l'abbé  Gilles  est  d'une  telle  précision  qu'elle  ne  laisse  sub- 
sister aucun  doute.  Comme  l'a  très  judicieusement  démontré 
M.  Delisle,  Guillaume  l'Escot  est  le  copiste  du  livre,  il  n'eu 
est  pas  l'auteur. 

Doublet,  Félibien,  Lebeuf,  Lelong  et  d'autres  avaient 
déjà  fait  mention  du  moine  Yves,  le  désignant  comme  ayant 
écrit  une  Vie  de  saint  Denys,  mais  paraissant  ignorer  que 
cette  Vie  nous  eût  été  conservée.  Jacques  du  Breul,  au 
contraire,  l'avait  citée,  mais  sans  en  connaître  l'auteur. 
C'est  à  M.  Delisle  que  nous  devons  l'indication  des  manu- 
scrits qui  la  contiennent  et  le  nom  du  religieux  qui  l'a 
composée  pour  obéir  aux  ordres  de  son  abbé. 

On  n'a  pas  d'autres  renseignements  sur  ce  religieux. 
Puisqu'il  s'appelait  Yves,  il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  était 
Breton.  Il  semble  d'ailleurs  certain  qu'il  vivait  encore  en 
l'année  iSiy,  quand  fut  présenté  l'exemplaire  royal,  puis- 
qu'il figure  dans  la  scène  peinte  au  frontispice.  Mais  il  ne 
devait  plus  être  à  cette  date  un  jeune  moine,  car  son  abbé 
l'appelle  «vénérable». 

L'ouvrage  fut  entrepris,  comme  nous  l'avons  dit,  à  la 
demande  de  Philippe  le  Bel.  Or,  ce  prince  étant  plus  instruit 
que  les  princes  ne  l'étaient  communément  en  ce  temps-là, 
Yves  put  le  rédiger  dans  la  langue  des  clercs,  en  latin. 
On  y  a  joint  une  traduction  française  pour  l'usage  de  Phi- 
lippe le  Long.  Celte  traduction,  qui  manque  dans  notre 
numéro  5286,  se  rencontre  dans  les  numéros  logo-'iog-i 
du  fonds  français  et  i3836  du  fonds  latin.  Suivant 
M.  DeUsle,  le  surnom  du  traducteur  est  contenu  dans  ces 
vers,  qu'il  cite  d'après  le  numéro  2092  : 

Ici  fenist  ce  second  livre. 

Si  deprions  que  nous  délivre 

Denis,  de  qui  non  il  est  fait. 

De  l'outrage  et  du  forfait 

De  l'anemi  et  de  ses  laz , 

Et  du  feu  d'enfer,  ou  les  laz 

Iront,  se  Diex  n'en  a  merci. 

Or  nous  gart  qu'il  ne  soit  ainci  '  ■ 

Celle  qui  lassus  0  lui  maint,  ♦ 


GIRARD  D'AMIENS.  151 

Mes  qu'an  son  paradiz  nous  maint 
Quant  nous  partirons  de  ce  monde. 
Et  que  de  nos  pecliiés  nous  monde. 
Si  que  Denis  en  sonjerarche 
Ovecques  lui  nous  tous  ensarche 
Et  qu'il  nous  départ  de  son  bien  ! 
Ici  fenit  ces  verz  Boitbicii. 

Ce  Boitbien   était  sans   floiile  un  laïque.  On   suppose 
qu'un  moine  n'aurait  pu  mériter  un  tel  surnom. 

R.  H. 


Xl\     5IKCI.E. 


GIRARD   D'AMIENS. 


Le  nom  de  GinARO  d'Amiens  nous  arrive  entouré  d'une 
réputation  peu  avantageuse.  Des  trois  ouvrages  auxquels 
ce  nom  est  attaché,  l'un  a  été  jugé  aussi  sévèrement  que 
|X)ssible  par  les  deux  seuls  critiques  qui  en  aient  pris  une 
connaissance  complète;  le  second  a  été  considéré  comme 
un  effronté  plagiat;  le  troisième  seul,  tout  récemment  im- 
primé, a  été  apprécié  avec  une  certaine  bienveillance  au 
moins  par  son  éditeur.  Nous  ne  réclamerons  pas,  et  pour  plus 
d'une  raison,  contre  le  verdict  rendu  à  propos  du  Cliarle- 
magne;  mais  nous  montrerons  que  l'imputation  de  mal- 
honnêteté adressée  à  Girard  au  sujet  de  Méliacin  n'est  pas 
fondée,  et  nous  nous  associerons  volontiers  à  l'indulgence  de 
l'éditeur  d'Escanor.  Girard  d'Amiens  a  tous  les  défauts  du 
temps  de  décadence  où  il  a  vécu;  il  ne  les  rachète  que  ra- 
rement par  des  qualités  personnelles;  ses  œuvres  ne  sont 
cependant  pas  dénuées  d'intérêt,  et  l'étendue  de  ces  œuvres, 
ainsi  que  les  sujets  qui  y  sont  traités,  leur  donne  une  cer- 
taine importance  pour  l'histoire  littéraire. 

Nous  parlons  du  temps  où  il  a  vécu.  Ce  temps  n'a  pas 
encore  été  fort  bien  déterminé.  Le  président  Fauchet,  le 


152  GIRARD  D'AMIENS. 

XtV  MECLK. 

lauchct    (Du     premier  qui  ait  imprimé,  en   i584,   le  liln;  et  (jucKjuts 
MTs.i.ii,  |>.  .")8;t.    vers  de  Mrliacin  (qu'il  appelle  par  erreur  «  Meliadius  »), 
Hiiii. fi'lnr.'^'i.'iv.    n'assigne  point  de  date  à  «Girardin  d'Amiens»,  non  plus 
i) .:..  —  i.a(.ron    q^i  Du  Vei'dier,  qui  a  copié  Faucliel.  La  Croix  du  Maine 
finr.r.,t.i.|i.  MjS.    place  notre  poète,  sans  donner  ses  raisons,  «  vers  1  an  i  :<()(), 
iW|upfoii,(;ios-    «  ou  environ  ».  Roquefort  fait  conq^oser  le  roman  de  Char- 
«MtMiriai.roni..    |(.niagne   par   «Girardin   d'Amiens»  peu   après    1261,  et 
iii.i.  lui.  de  II    l'Histoire   littéraire  de  la  France  a  recneilli  cette  notice; 
Kr.t.Mii.i). i.'.v    j^ilJ,.m.s^  cependant,  elle  attribue  Girard  au  xiv*  siècle,  et 
c'est  à  ce  siècle  qu'elle  a  renvoyé  la  notice  à  laquelle  il 
avait  droit.  11  est  possible  à  coup  sûr  que  Girard  ait  vécu 
jusqu'à  la  fin   du  règne  de  Pbilippe  b;  Bel,  et  meuje  qu'il 
ait  survécu  de  quelques  années  à  ce  prince.   Toutefois, 
comme  nous  allons  le  voir,  cola  n'esl  |)as  fort  probable,  et 
il  est,  en  tout  cas,  vraisend)lable  que  toutes  ses  œuvres  ont 
été  conq)osées  avant  la  fin  du  miT  siècle.  C'est  ce  qui  res- 
sort des  dates  cpi'elles  indiquent  elles-mêmes. 

La  plus  considérable  de  ces  œuvres,  le  Cbarlemagne,  est 
sans  doute  aussi  la  plus  récente.  Girard  nous  dit  qu'il  l'a 
écrite  par  le  commandement  du  comte  de  Valois,  frère  du 
roi  de  France,  ])ar  conséquent  de  i'i85  à  i3i4»  cai"  il 
s'agit  évidemment  de  Cbarles  de  Valois;  Charles  étant  né 
(«uiicr,  L<v  en  1270,  il  est  probable,  comme  on  l'a  remarqué,  qu'on 
t^i'i  '^'o^'"  *"  ne  peut  guère  lui  attribuer  avant  1  ^90  ou  1  296  le  désir  de 
lire  un  ouvrage  aussi  long  et,  ajouterons-nous,  aussi  en- 
nuyeux; mais  c'est  aller  trop  loin  que  de  descendre,  à  cause 
de  cela,  jusqu'aux  «premières  années  du  xiv"  siècle»;  les 
autres  ouvrages  de  Girard,  qui  avaient  dû  lui  valoir  sa 
réputation  et  lui  attirer  la  commande  du  comte  de  Valois, 
se  trouveraient  rejetés  trop  en  arrière.  Escanor,  que  nous 
regardons  comme  le  plus  ancien,  a  été  écrit  en  tout  cas 
avant  1290;  Méliacin  doit  l'avoir  été  entre  i285  et  1291. 
En  plaçant  respectivement  les  trois  poèmes  de  Girard  en 
1280,  1286  et  1290,  nous  avons  beaucoup  de  chances  de 
ne  pas  nous  écarter  sensiblement  de  la  vérité. 

L'auteur  se  donne  indifféremment  le  nom  de  «  Girart  » 
(ou  «  Gerart  »)  et  celui  de  «  Girardin  »  (ou  «  Gerardin  »),  qui 


» 


GIRARD  D'AMIENS.  153       ,„.„fcc,K. 

en  est  le  diminutif.  Il  était  natif  ou  au  moins  originaire 
d'Amiens.  11  fut,  comme  nous  le  verrons,  protégé  par  de 
très  hauts  personnages,  ce  qui  prouve  qu'on  lui  trouvait 
de  son  temps  plus  de  talent  que  nous  ne  sommes  disposés 
à  lui  en  reconnaître  aujourd'hui.  Trois  ouvrages  consi- 
dérables nous  sont  arrivés  avec  son  nom;  nous  allons  les 
examiner  successivement. 

Le  roman  d'Escanor,  par  une  singulière  mésaventure,  Kwavoi.. 
nous  a  échappé  quand  nous  avons  dressé,  pour  notre  pré- 
cédent volume,  la  liste  des  romans  en  vers  de  la  Table 
Ronde.  Il  aurait  cependant  eu  plus  que  tout  autre  le  droit 
de  figurer  dans  notre  notice  collective,  car  il  est  sans  doute 
le  dernier  en  date  des  poèmes  du  cycle  breton  :  il  est  pos- 
térieur d'une  quinzaine  d'années  à  celui  de  Claris  et  Laris, 
écrit  vers  1268,  auquel  nous  avions  cru  pouvoir  assigner 
ce  rang.  Girard  d'Amiens,  en  effet,  a  dédié  son  œuvre  à 
Aliénor  de  (lastille,  qui  épousa  tout  enfant,  en  1264,  le 
prince  Edouard ,  fils  de  Henri  III  d'Angleterre,  et  mourut  en 
1 290.  Comme  il  la  traite  de  reine,  il  n'a  pu  écrire  qu'après 
1272,  année  où  Edouard  I"  succéda  à  son  père.  Il  n'a  sans 
doute  pas  écrit  beaucoup  plus  lard,  car  on  doit  croire  que 
la  reine  Aliénor,  pour  s'intéresser  à  des  contes  de  ce  genre, 
devait  encore  être  relativement  jeune.  C'est  ce  qui  nous  en- 
gage à  placer  vers  1  280  la  composition  d'Escanor. 

Ce  poème  était  jusqu'à  ces  derniers  temps  inédit  et  à 
peu  près  inconnu '.Il  a  été  imprimé  en  1886,  à  Tubingue, 
par  M.  H.  Michelant  pour  le  Cercle  littéraire  de  Stuttgart, 
qui  avait  déjà,  peu  auparavant,  accueilli  Claris  et  Laris. 
L'édition,  faite  d'après  le  seul  manuscrit  connu,  n'est  pas 
irréprochable.  Le  texte  a  été  l'objet  d'un  jugement  auquel  Zeiisciirifi  (ûr 
il  suffit  de  renvoyer  de  la  part  d'un  critique  très  compétent,  J;°xi  .r*/,'!"''^'*' 
M.  A.  Tobler,  qui  a  joint  à  son  appréciation  un  grand 
nombre  de  corrections  excellentes.  L'introduction  et  les 

'  l/Histoire  littéraire  de  la  France  par  M.  Michelant  dans  sa  pnCace 
(t.XXIV,  p.  1G7J  a  mentionné  ce  poème  (p.  xxiv),  a  fait  imprimer  •  Kanori  au 
en  passant;  mais  une  distraction,  relevée         lieu   d'tEscanor». 

TOME  xx\i.  ao 


XIT*  «liCLI. 


154  GIRARD  D'AMIENS. 

notes  demanderaient  aussi  plus  d'une  rectification'.  L'ana- 
lyse contient  des  inexactitudes  qui  en  rendent  l'usage  plus 
gênant  qu'utile  :  ainsi  Giflet,  bien  connu  dans  les  romans 
comme  fils  de  Do,  est  donné  tout  le  temps,  par  suite  d'une 
méprise  sur  les  expressions  dont  se  sert  le  poète,  pour  frère 
de  Gauvain,  et  l'on  attribue  à  ce  même  Giflet  une  tentative 
de  meurtre  dont  il  n'est  pas  coupable.  Nous  donnerons  du 
long  roman  de  Girard  un  bref  résumé,  dans  lequel  nous 
nous  bornerons  à  mettre  en  relief  les  traits  essentiels. 

Le  récit,  comme  le  remarque  l'éditeur,  est  double,  et  l'on 
ne  sait  sur  quelle  partie  l'auteur  a  entendu  faire  porter 
l'intérêt  principal  ;  il  a  même  à  peine  relié  l'un  à  l'autre  les 
deux  sujets  qu'il  a  traités,  et  nous  pouvons  facilement  les 
séparer.  Le  premier  est  l'histoire  des  amours  du  sénéchal 
Keu  avec  la  princesse  Andrivette  (ou  Andriuete)  de  Nor- 
homberlande.  Le  roi  Cador,  père  d'Andrivette,  avait  fait 
annoncer  un  grand  tournoi,  avec  l'intention  de  donner  sa 
fille  à  celui  qui  emporterait  le  prix.  Les  chevaliers  de  la 
Table  Ronde  se  rendent  à  Baubourc  (Bamborough  en  Nor- 
thumberland,  d'après  l'éditeur)  pour  y  prendre  part;  Keu, 
le  sénéchal  d'Arthur,  ayant  eu  à  ce  sujet,  à  cause  de  ses 
mauvais  propos  ordinaires,  un  difi'érend  avec  ses  compa- 
gnons, y  va  seul  de  son  côté;  il  voit  Andrivette  et  en  de- 
vient amoureux;  aussi  prend-il  place  parmi  les  chevaliers 
qui  tiennent  le  côté  du  roi  Cador  et  contre  la  Table 
Ronde.  Il  se  couvre  d'une  armure  rouge  le  premier  jour, 
blanche  le  second,  sans  autre  marque  distinctive,  comme 
c'était  alors,  dit  le  poète,  l'usage  pour  les  nouveaux  cheva- 
liers; mais  il  est  reconnu,  pendant  le  tournoi  même,  par 
Andrivette,  qui  lui  donne  son  cœur  en  le  voyant  faire  tant  de 
prouesses,  et  aussi  par  Honerette,  l'amie  du  «  Beau  Mauvais  », 
qui,  ayant  surpris  le  secret  d'Andrivette,  s'amuse  à  la  railler 


'  Le»  note»   »urU>ut   sont    remplies  litl.  delà  France,  t.  XXX,  p.  36;  on 

d'assertions     vraiment      surprenantes.  confond  (p.  688)   Mélian  de  Lis  avec 

Ain»i  (p.  691) on  assure  que  le  •  fameux  Méléaganl;  on  commet  de»  erreurs  de 

•  Gringalet!  est  fie  cheval  de  Pcrceval  tout  genre   a  propos  de  Lanceiot,  de 

•  dans  les  autres  roman»  •;  vojei  Hist.  Merlin,  du  •  Laid  Hardi  •.  d'Ider,  etc. 


GIRARD  D'AMIENS.  155 


XIV*  siÈci.a. 


\.63j3. 


et  s'attire  de  vertes  reparties  ;  il  est  dénoncé  plus  lard  à  ses 
compagnons,  qui  cependant  ne  lui  en  veulent  pas  trop  de 
les  avoir  abandonnés.  Vers  la  fin  du  second  jour,  il  est  blessé 
assez  grièvement  par  Gaheriet,  frère  de  Gauvain,  et  obligé 
de  se  retirer  et  de  se  faire  soigner.  On  discute  pour  savoir  à 
qui  doit  appartenir  le  prix  du  tournoi  :  beaucoup  l'assi- 
gnent à  Keu,  mais  d'autres  le  donnent  à  son  ami  Briant 
des  îles,  à  Ivain  ou  à  Gaheriet;  si  bien  qu'on  ne  le  décerne 
pas  et  qu'on  remet  à  plus  tard  le  mariage  d'Andrivette  : 
elle  en  est  affligée,  mais  elle  se  garde  de  le  laisser  voir. 
Keu,  cependant,  reste  une  quinzaine  malade  de  sa  blessure; 
Andrivette,  accompagnée  de  ses  «puceles»,  vient  souvent 
le  visiter,  et  leur  amour  mutuel  croît  tous  les  jours;  mais 
Keu,  qui  est,  ce  qu'on  n'attendait  guère  de  son  caractère 
bien  connu,  «  vergondeus  et  lionteus  »,  n'ose  pas  avouer  ses  v.  ci5i. 
sentiments  à  Andrivette,  et  celle-ci,  de  son  côté,  est  trop 
bien  apprise  pour  lui  révéler  les  siens.  Le  roi  Cador  se 
doute  nien  de  la  vérité,  et  il  offrirait  volontiers  sa  fille  au 
sénéchal;  mais  il  en  est  dissuadé  par  son  frère  Aiglin,  qui 
a,  comme  on  le  verra,  de  mauvais  desseins  sur  son  héri- 
tage, en  sorte  que,  Briant  des  îles  n'étant  plus  là,  personne 
ne  parle  d'un  mariage  qui  n'aurait  pas  rencontré  d'obstacles 
si  on  l'avait  proposé.  Keu,  une  fois  guéri,  reste  encore 
un  peu  à  Baubourc;  mais  Arthur,  qui  s'apprête  à  tenir  une 
grande  cour  à  Cardeuil,  le  rappelle  auprès  de  lui  pour 
remplir  ses  devoirs  de  sénéchal.  Keu  prend  congé  d'Andri- 
vette sans  oser  lui  faire  l'aveu  qu'elle  attend;  et  elle  est  si 
troublée  de  ce  départ  qu'elle  le  laisse  partir  sans  lui  dire 
un  mot. 

Au  bout  de  quelque  temps,  Keu,  ne  pouvant  vivre  loin      v.  ««go. 
de  sa  belle,  prend  congë  d'Arthur  pour  quinze  jours  et 
se  dirige  vers  le  royaume  de  Norhomberlande.  Chemin 
faisant,  il  apprend'  que  le  roi  Cador  est  mort,  qu'Aiglin 
s'est  mis  en  possession  du  royaume  et  de  la  tutelle  de  sa 

Cest  ce  que  racontait  ie  roman  entre  les  ven^aoS  et  9106,  mau  qui  est 
dans  un  passage  qui  nous  manque  par  facile  i  suppléer,  grâce  aux  aUuaian» 
snite   d'une  lacune  de  deux   feuillets        que  l'on  rencontre  phu  loin. 


XIV'  MKCLE. 


156  GIRARD  DAMIENS. 


nièce,  et  qu'on  craint  qu'il  ne  veuille  la  dépouiller.  Keu 

V.  9373.  arrive  à  Baubourc,  et  descend  chez  lonet  Alain,  loyal  che- 

valier et  châtelain  de  Baubourc,  tout  dévoué  à  sa  dame,  et 
dont  il  avait  déjà  été  l'hôte,  lonet  lui  apprend  que  le  plan 
d'Aiglin  est  de  faire  épouser  à  Andrivettc  un  homme  de 
pauvre  lignage,  qui  n'ait  par  conséquent  aucune  puissance 
pour  lui  résister;  elle  s'y  refuse,  alléguant  d'abord  la  mort 
trop  récente  de  son  père.  Le  bon  châtelain,  avec  la  compli- 
cité de  sa  femme,  trouve  moyen  de  ménager  dans  son  jar- 
din à  Keu  et  à  Andrivette  une  entrevue,  dans  laquelle  ces 
deux  amants  timides  finissent  enfin  par  s'avouer  leurs  senti- 
ments réciproques  :  ils  se  promettent  de  s'épouser  dès  qu'ils 
le  pourront.  Keu  retourne  auprès  d'Arthur,  lui  expose  la 
félonie  d'Aif^lin,  qui  retient  sa  nièce  captive  et  l'empèchc 
de  venir  faire  au  roi  de  Bretagne  hommage  du  royaume 
dont  elle  est  l'héritière  légitime  ;  Arthur  et  tous  les  cheva- 
liers de  la  Table  Ronde  promettent  au  sénéchal  de  l'aider 
à  faire  triompher  le  bon  droit  d'Andrivetto.  Il  ne  leur  parle 
pas  d'ailleurs  de  son  engagement  avec  elle,  et  ne  se  montre 
animé  dans  cette  affaire  que  par  le  sentiment  de  la  jus- 
lice  et  par  la  reconnaissance  qu'il  doit  au  bon  accueil  qu'il 

V.  10673.         a  reçu  jadis  d'Andrivette  et  de  son  père. 

Cependant  Aiglin  poursuit  l'exécution  de  ses  mauvais 
desseins.  Il  persuade  aux  amis  d'Andrivette  qu'elle  a  pour 
Keu,  ennemi  juré  de  son  oncle,  un  caprice  pervers,  qui 

v.  10808.  l'a  ujême  amenée  à  se  livrer  à  lui;  toutefois,  il  est  disposé, 
dil-il,  à  lui  pardonner  et  à  la  marier  honorablement, 
comme  il  l'a  promis  à  son  père.  Il  l'emmène  dans  un  châ- 
teau voisin,  et  fait  avertir  l'époux  qu'il  lui  destine.  Mais 
la  jeune  fille  trouve  moyen  de  s'échapper  et  de  se  réfugiera 
Baubourc,  où  le  châtelain  lonet  refuse  de  la  rendre  à  Aiglin. 
Celui-ci  vient  assiéger  la  ville;  désespérant  de  s'en  rendre 
maître,  et  apprenant  qu'Arthur,  solUcité  par  Keu,  va  venir  la 
secourir,  il  a  recours  à  une  basse  ruse  :  il  fait  écrire  au  nom 
du  châtelain  une  lettre  qu'il  munit  d'un  sceau  contrefait 

v.  ii:)G6.  et  dans  laquelle  celui-ci  est  censé  annoncer  à  Keu  qu'An- 
drivette,  indigne  de  ce  qu'on  fait  pour  elle  et  infidèle  à 


XIV    SIKCI.E 


V.  I  lOoli. 


GIRARD  D- AMIENS.  157 

ses  promesses,  a  quitté  la  ville  pour  épouser  le  «  chetil  » 
dont  elle  s'est  amourachée,  qui  n'est  ni  preux,  ni  hon- 
nête, ni  noble,  et  qui  n'a  d'autre  mérite  qu'une  mine 
agréable  :  ce  n'est  qu'une  malheureuse,  à  laquelle  il  ne 
faut  plus  penser.  Keu  est  consterné;  il  maudit  toutes  les 
femmes,  et  cependant  il  ne  peut  ôter  son  cœur  de  celle  qui 
i'a  si  cruellement  trompé.  Pour  avoir  des  nouvelles  plus 
précises,  il  envoie  un  messager  sûr  à  Baubourc.  Mais  pen- 
dant ce  temps  Andrivette  s'était  réellement  enfuie  de  la  ville 
assiégée  et  était  partie  pour  la  Bretagne,  pensant  trouver 
le  sénéchal  à  la  cour  d'Arthur.  Elle  assiste  avec  étonne- 
ment  et  indignation  à  un  entretien  entre  Espinogre  et  Di- 
nadan,  où  celui-ci,  chevalier  d'un  caractère  badin,  qui 
s'amusait  à  parler  et  à  agir  au  rebours  des  autres,  déclare 
nettement  qu'il  ne  tient  pas  du  tout  à  se  battre  avec  tout 
venant  pour  le  plaisir  de  recevoir  des  coups,  et  que  les 
femmes,  pour  lesquelles  on  court  d'ordinaire  ces  aventures 
périlleuses,  n'en  valent  pas,  toutes  tant  qu'elles  sont,  la 
peine.  «  Vous  parlez,  s'écrie-t-elle,  comme  un  vilain  et  non  v.  iig'iO. 
«  comme  un  chevalier;  on  devrait  vous  couper  sur  un  fu- 
«  mier  les  éperons  que  vous  portez  à  tort.  —  Ma  foi  !  répond 
«  Dinadan,  vous  avez  la  langue  trop  mordante,  demoiselle; 
M  vous  feriez  bien  la  paire  avec  le  sénéchal  Keu,  le  médi- 
«  sant.  Justement  il  vient  de  perdre  son  amie,  et  il  a  eu  un 
«bel  échantillon  de  la  loyauté  des  femmes.»  Andrivette 
surprise  se  fait  raconter  toute  l'histoire,  à  laquelle  elle  ne 
comprend  rien,  de  sa  prétendue  inconstance.  Pendant 
qu'elle  dément  ces  calomnies,  en  se  donnant  pour  la  cou- 
sine d'Andrivette ,  survient  Hector  des  Mares,  qui  provoque 
et  renverse  d'abord  Espinogre,  puis  Dinadan.  La  jeune  fille  v.  i-!«35. 
raille  ce  dernier;  mais  elle  est  si  troublée  par  ce  qu'elle 
vient  d'apprendre  qu'elle  en  tombe  malade  et  reste  pen- 
dant quinze  jours  chez  un  forestier  qui  l'a  courtoisement 
accueillie. 

Cependant  le  messager  de  Keu,  qui  s'était  informé  secrè- 
tement de  tout  à  Baubourc,  était  revenu,  et  avait  raconté 
à  son  maître  comment  on  l'avait  odieusement  trompé.  Le 

1   3 


11V    SIECLE. 


158  GIRARD  D'AMIENS. 


sénéchal  en  avait  reçu  une  grande  consolation;  mais  d'autre 
part  il  était  fort  inquiet  de  n'avoir  aucune  nouvelle  d'An- 

V.  lîSor..  drivette,  partie  de  Baubourc  depuis  environ  trois  semaines. 
Celle-ci,  une  fois  guérie,  s'était  mise  à  errer,  n'osant  plus 
se  présenter  à  Keu ,  de  peur  que  ce  qu'on  avait  dit  d'elle  ne 
lui  eût  aliéné  son  cœur.  Le  hasard  voulut  qu'elle  rencontrât 
Giflet,  que  l'on  conduisait  prisonnier  chez  la  reine  des 

V.  iM59  Traverses  :  c'est  ici  le  seul  point  de  contact  entre  les  deux 

récits  dont  se  compose  le  roman.  Andrivette,  pensant  par 
là  gagner  la  bienveillance  de  Gauvain,  qui  pourra  plus  tard 
lui  être  utile,  vient  le  trouver  sans  se  faire  connaître,  lui 
dit  que  Giflet  son  ami  est  en  vie,  et  s'engage  à  lui  en 
donner  bientôt  des  nouvelles  plus  complètes  :    en  effet, 

V.  i456i.  elle  se  rend  chez  la  reine  des  Traverses,  qui  est  sa  cousine 
germaine,  et  elle  constate  que  le  prisonnier  est  parfaitement 

V.  i65irt.  traité.  Elle  revient  l'annoncer  à  Gauvain,  et  retourne  ensuite 
chez  sa  cousine.  Le  châtelain,  qui  est  toujours  assiégé  dans 
Baubourc,  et  Keu  s'envoient  et  se  renvoient  des  messages  à 

V.  18680  son  sujet,  sans  deviner  ce  qu'elle  peut  être  devenue.  Ce  n'est 

qu'après  la  terminaison,  étrangère  au  sujet  présent,  de  la 
guerre  entre  Arthur  et  la  reine  des  Traverses,  qu'Andrivette 
se  découvre  enfin  à  Gauvain  ;  elle  se  cache  toujours  de  Keu, 
ne  sachant  quels  sont  ses  sentiments  envers  elle.  Gauvain 
lui  promet  d'arranger  tout  pour  le  mieux.  En  effet,  il  ap- 
prend à  Arthur  qui  est  la  belle  inconnue  à  laquelle  on  a 
eu  l'obligation  de  la  délivrance  de  Giflet,  et  lui  raconte 

V.  naSo.  toute  SOU  histoire.  Le  roi,  tout  heureux  de  ces  nouvelles, 
s'amuse  d'abord  à  exaspérer  Keu  en  lui  reprochant  la  mau- 
vaise garde  qu'il  a  faite  de  sa  belle  (ce  à  quoi  le  sénéchal 

V.  «537.  répond  fort  ])eu  courtoisement) ,  et  finit  par  lui  apprendre 
({u'Andrivette  est  retrouvée,  qu'elle  n'est  pas  loin,  qu'il  va 
la  voir,  et  que  bientôt  il  possédera  et  sa  personne  et  son 
royaume.  En  effet,  le  lendemain,  Gauvain  amène  au  sé- 
néchal 

V.  aiSSi.  •  •  •  pv  I3  tn<iin  blanche  et  polie 

La  douce  sadete  jolie , 
Qui  un  potit  se  vergonda 


GIRARD  D'AMIENS.  159 

Quant  vers  son  ami  regîirda , 

Et  jeta  vers  terre  ses  ieus, 

Et  nonpourquant,  quant  il  ert  lieus, 

L'esgardoit  un  poi  d'en  travers 

D'uns  ieus  moût  sadement  overs. 

Elle  fait  hommage  à  Arthur,  qui  lui  promet  d'avoir  bien- 
tôt mis  Aiglin  à  la  raison,  et  quinze  jours  après  elle  épouse 
le  sénéchal,  qui  devient  ainsi  roi  de  Norhomberlande. 
Bientôt  on  se  met  en  marche  pour  Baubourc,  et  Andri- 
vette  fait  prévenir  le  châtelain  du  secours  qui  lui  arrive. 
Il  était  temps  :  les  habitants  étaient  découragés  par  l'igno- 
rance où  l'on  était  du  sort  de  la  reine,  et  lonet  allait  se  voir 
abandonné  de  tous  ses  partisans.  Contre  Arthur,  Aiglin 
sent  que  toute  résistance  est  impossible  :  il  se  rend  au  roi 
de  Bretagne,  qui,  sur  l'intervention  du  généreux  lonet,  lui 
fait  grâce  du  châtiment  mérité  et  se  borne  à  lui  faire  large- 
ment réparer  tous  les  dommages  qu'il  a  causés  à  sa  nièce. 
Après  de  grandes  fêtes  que  Keu  et  sa  femme  donnent  à 
leur  suzerain  dans  leur  ville  de  Baubourc,  ils  laissent  le 
royaume  à  la  garde  d'Ionet,  et  ils  suivent  Arthur,  dont  la 
cour  ne  peut  se  passer  de  son  sénéchal.  Keu  montre  tant 
de  courtoisie  et  de  libéralité  que  tout  le  monde  s'accorde  à 
dire  qu'il  n'aurait  pas  son  pareil  au  monde  sans  sa  mauvaise 
langue,  qu'il  ne  sut  jamais  refréner. 

Telle  est,  moins  quelques  épisodes  sans  intérêt,  la  fable 
qui  remplit  un  tiers  environ  du  long  poème  de  Girard.  On 
voit  qu'elle  est  pauvre  et  vide.  L'idée  de  rendre  le  séné- 
chal Keu  amoureux,  tout  en  lui  conservant  son  humeur 
brusque  et  sa  langue  mordante,  pouvait  être  heureuse  : 
notre  rimeur  n'en  a  tiré  aucun  parti  ;  il  n'a  su  ni  opposer  ni 
concilier  les  deux  faces  du  caractère  de  son  héros;  il  nous 
le  montre  à  quelques  pages  de  distance  comme  un  sénéchal 
accompli  dans  toutes  les  matières  de  «courtoisie»,  comme 
un  personnage  grossier  en  paroles  et  brutal  en  actions 
(il  noie  à  moitié  dans  une  fontaine  un  nain  qui  lui  re- 
proche de  n'avoir  pas  salué  la  demoiselle  qu'il  accompagne) , 
et  comme  un  amoureux  ridiculement  transi.  Du    moins 


IIV*  SlàCLR. 


V.  î351î. 


V,  ii^^. 


V.  845  it. 


M\    SIKCI.K. 


1790. 


100  GIRARD  D'AMIENS. 

Girard  n'a-t-il  pas  suivi  dans  leurs  exag<^ratioiis  les  auteurs 
(le  plusieurs  romans  antérieurs,  qui  font  de  Keu  un  lâche  et 
un  scélérat;  il  ne  lui  attribue  même  pas  les  vanteries  dont  il 
est  ailleurs  coutumier;  il  le  présente  comme  courageux, 
bon  combattant  et  large  donneur.  11  paraît  avoir  pris  sur- 
tout le  type  du  sénéchal  dans  les  romans  de  Chrétien,  où, 
comme  ici,  sa  mauvaise  langue  est  le  ])lus  grave  de  ses  dé- 
lauts.  D'Andrivette,  d'Aiglin,  d'ionot,  il  n'y  a  rien  à  dire:  ce 
sontles  figures  banales  de  la  jeune  fille  amoureuse,  du  traître 
et  du  loyal  vassal,  qu'on  retrouve  dans  vingt  autres  romans; 
nous  noterons  seulement  que  la  princesse  de  Norhomber- 
lande  s'exprime  en  maint  endroit  avec  une  liberté  de  lan- 
gage qui  ne  semble  pas  précisément  «courtoise»,  et  qui 
reparaît  souvent  dans  ce  roman,  écrit  pourtant  pour  une 
reine  et  destiné  à  la  plus  haute  société  du  temps.  Le  seul 
personnage  qui  se  détache  un  peu  vivement  est  tout  à  fait 
épisodique  :  c'est  Dinadan,  qui  apparaît  un  instant  au  début, 
puis,  comme  nous  favons  vu,  vers  la  fin  du  récit.  Ce  joyeux 
compagnon,  qui  se  plaît  à  railler  le  double  idéal  du  monde 
factice  où  il  vit,  le  combat  aventureux  et  l'amour  courtois, 
repose  un  peu  de  la  convention  continuelle  qui  l'entoure. 
Voici  comment  notre  poète  parle  de  ce  chevalier,  qui,  au 
rebours  de  ses  pareils,  affecte  de  n'être  ni  héroïque  ni  galant, 
et  comment  il  le  fait  parler,  quand  Espinogre  l'a  défié  à 
une  joute  : 

«  Biaus  douz  sire,  ne  sui  engranz, 
«  Dist  li  autres,  d'estre  si  preuz ,  .  . 
«  Mais  entre  vous ,  vassal  de  pris , 
1  De  ces  bêles  dames  espris, 
0  Devez  maintenir  si  faiz  geuz  ; 
«  Mais  je,  qui  ne  sui  corageuz 
«  Ne  tez  qu'il  me  seroit  mestiers , 
«  Ne  me  combat  pas  volontiers; 

•  Et  ce  n'est  mie  de  merveille , 

•  Car  se  la  terre  estoit  vermeille 

«  De  mon  sanc ,  il  me  desplairoit ... 

«  Je  ne  quier  qu'Amors  s'entremete  '  '  '  " 

«  De  moi,  ne  de  rienz  c'a  moi  tiegne  :  '"' 


GIRARD  D' AMIENS.  161 

"  Amors  pri  qu'ele  '  vouz  mainfiengne , 

«  Si  aimerez  en  lieu  de  moy, 

«  Car,  par  la  foi  qiie  je  vouz  doi , 

«  Pour  dame  ne  pour  damoisele , 

«  Tant  soit  savereuse  ni  bêle , 

«  Ne  me  quier  mètre  en  aventure.  .  . 

«  Je  sui  de  les  amer  si  las 

•  Que  quite  lor  claim  lor  solas, 

«  Lor  déduit  et  lor  cortoisie  ; 

«  Car  en  vie  mesaaisie  ^ 

«  Et  en  dolor  vit  qui  les  croit  ; 

«  Et  ril  qui  de  ce  me  mescroit 

«  Puist  estre  pris  en  lor  dangier  ! 

«  Mius  ne  m'en  savroie  vengier ...» 

Cil  chevaliers  estoit  sanz  faille 

Bien  connoissanz  et  preuz  et  sages, 

Et  moût  estoit  ses  vasselages 

Plus  granz  que  souvent  ne  contoit; 

Mais  a  nul  homme  n'acontoit 

Qui  se  vantast  de  son  hien  fait, 

Ainz  le  tenoit  a  grant  meffait, 

A  genglerie  et  a  viufance. 

Et  lor  en  disoit  en  oiance 

Tel  chose  dont  les  faisoit  taire .  .  . 

Dynadan  par  non  l'apeloient, 

Qui  tant  ert  de  granz  esbanois. 

Ce  personnage  de  Dinadan  paraît  emprunté  au  roman 
de  Tristan  en  prose  ^,  où  son  caractère  plaisant  et  ses  opi- 
nions paradoxales  sont,  en  maint  endroit,  présentés  avec 
plus  d'agrément  qu'ici;  aussi  l'Arioste  a-t-il  pris  là  plus 
d'un  des  traits  dont  il  a  composé  la  figure  de  son  Astolfe 
Comme  le  prince  d'Angleterre,  Dinadan  est  prédestiné  à 
subir  des  mésaventures  dont  le  ridicule  n'est  pas  absent. 
C'est  ce  qui  lui  arrive  dans  notre  poème  aussitôt  après  cette 
belle  déclaration  de  principes,  et  Andrivette  ne  manque  pas 
de  s'égayer  à  ses  dépens. 

'  Ed.  qae  le.  [Histoire  littéraire  de  la  France,  t.  XXX, 

'  Ed.  Car  enuie ,  mesaaisie.  p.  1 3 1  ],  quoiqu'il  soit  en  même  temps 

'  On  peut  aussi  rapprocher  de  notre  plus  gaiement  et  plus   réellement   en- 

Dinidan  le  Dodinel  de  Claris  et  Laris  nemi  des  coups. 


MV'  SikcLK. 


'<   3  * 


TOMF.   IX.XI.  2  1 

IVPBIMF.RIE     NATIOnALe. 


XIV'  Slfcci.K. 


162  GIRARD  D'AMIENS. 


~  L'autre  histoire  racontée  dans  Escanor  est  celle  à  laquelle 

l'éditeur  a  emprunté  le  titre  qu'il  a  donné  au  roman;  avec 
raison,  car  elle  en  occupe  la  plus  grande  partie  et  elle  en 
remplit  seule  le  dénouement.  Elle  est  assez  bizarre,  mais 
en  somme  peu  compliquée.  En  l'absence  de  Gauvain  ',  un 
chevalier  inconnu  se  présente  à  la  cour  d'Arthur  et  accuse 
V.  r.g^G.  Gauvain  d'avoir  tué  son  cousin  germain  en  trahison.  Les 

compagnons  de  la  Table  Ronde  prennent  la  défense  de  leur 
ami;  enfin  on  convient  que,  dans  quarante  jours,  l'étranger 
se  présentera  pour  soutenir  son  accusation  dans  un  combat 
en  champ  clos  contre  le  neveu  d'Arthur.  Gauvain  revient; 
on  lui  raconte  ce  qui  s'est  passé  et  le  terme  qu'on  a  fixé 
pour  la  bataille.  Seulement  tout  le  monde  a  oublié  de  de- 
mander le  nom  du  provocateur.  Cette  ignorance  met  Gau- 
vain dans  une  grande  irritation  contre  eux  et  le  jette  dans 
un  trouble  inexplicable  et  puéril  :  lui,  le  preux  par  ex- 
cellence, il  s'effraye  d'un  combat  singulier,  et  désespère 
presque  d'avance;  il  ne  rit  plus,  il  ne  parle  plus  : 

Tiestouz  deschauz  par  les  mostiers 
Aloit  et  souvent  et  menu. 

Cependant,  quand  son  compagnon  le  plus  intime,  Giflet, 
hii  offre  de  se  battre  à  .sa  place,  il  refuse,  et  se  déclare  prêt  à 
recevoir  vaillamment  un  accusateur  qui  est  sûrement  dans 
son  tort;  mais  Giflet  craint  tout  d'un  combat  que  Gauvain 
.soutiendrait  dans  d'aussi  mauvaises  dispositions.  H  fait  part 
de  son  anxiété  à  son  frère,  Galantinet,  jeune  écuyer  élevé 
par  Gauvain,  qui,  par  un  dévouement  mal  inspiré,  se  résout 
à  éviter  cette  épreuve  à  son  maître  au  moyen  d'une  tra- 
hison. Le  jour  même  fixé  pour  le  combat,  tandis  que  Gau- 
vain s'y  prépare,  Galantinet  s'embusque  sur  le  chemin  par 
où  doit  venir  l'adversaire  de  Gauvain  :  il  voit  en  effet  ar- 
river des  troupes  successives  de  demoiselles  et  de  cheva- 
liers richement  vêtus  et  chantant  tout  le  long  de  leur  che- 
vauchée; enfin  arrive  celui  à  qui  tous  font  cortège,  le  bel 

'  Cette  absence  est  motivée  par  une  expédition  en  Petite-Bretagne  ,  dont  le  récit , 
dénué  d'intérêt  i>l  étranger  au  reste  du  poème,  remplit  les  vers  i6.'i5-3oi7. 


GIRARD  D'AMIENS.  163 


\lï    SIKC.Mi. 


Escanor  de  la  Blanche  Montagne,  avec  son  amie  :  ils  s'avan- 
çaient  en  chantant,  aussi  merveilleusement  beaux  l'un  que 
l'autre,  protégés  contre  le  soleil  par  un  drap  d'or  que  quatre 
jeunes  fdles  soutenaient  avec  des  lances  au-dessus  de  leurs 
têtes.  Ici  une  lacune  de  960  vers  (entre  les  vers  8485  et 
8486)  nous  prive  de  connaître  exactement  comment  Ga- 
lantinet  mit  son  criminel  projet  à  exécution  :  il  ressort  de 
la  suite  qu'il  frappa  Escanor  de  sa  lance  et  le  laissa  pour 
mort.  Comme  Arthur  et  Gauvain  sortaient  de  la  messe,  ar- 
rivent les  deux  «  puceles  »  envoyées  à  la  cour  pour  se  plaindre 
de  cette  odieuse  trahison.  Arthur  est  indigné  et  promet  de 
tirer  du  coupable  une  vengeance  éclatante;  mais  il  est  im- 
possible de  le  trouver.  Giflet  seul  avait  deviné  que  c'était 
son  frère,  et  naturellement  il  ne  le  dénonça  pas.  Quant  à 
Gauvain,  on  juge  de  son  désespoir  :  tout  le  monde,  pense- 
t-il,  croira  maintenant  qu'il  est  coupable  de  cette  trahison 
et  de  celle  que  lui  iuiputait  Escanor.  La  cour  tout  entière  v.  ««70. 
prend  le  deuil  à  la  suite  de  ce  triste  incident. 

Cependant,  à  la  Pentecôte,  le  roi,  ayant  appris  la  guéri-  v.  issgi. 
son  du  bel  Escanor,  tient  sa  cour  avec  l'éclat  accoutumé.  v.  1390,}. 
Gauvain  et  Giflet  s'en  vont  chercher  aventure  à  la  fon- 
taine du  Perron  de  Merlin.  A  peine  y  sont-ils  arrivés  que 
six  chevaliers  se  jettent  sur  eux.  Ils  s'en  débarrassent,  mais 
il  en  arrive  quinze  autres,  qui  font  enfin  Giflet  prisonnier 
et  l'emmènent.  Gauvain,  désolé,  se  met  à  la  poursuite  des 
inconnus,  mais  il  est  arrêté  par  une  rivière  qu'il  ne  peut 
passer.  Ceux  qui  emmenaient  Giflet  n'avaient  exécuté  qu'à 
demi  les  ordres  que  leur  avait  donnés  leur  maître,  car  ils  de- 
vaient s'emparer  aussi  de  Gauvain.  Ce  maître  était  Escanor  v.  i3<8o. 
le  Grand,  roi  de  la  Grande  Montagne,  et  oncle  d'Escanor 
le  Beau  (cette  identité  de  noms  n'ajoute  pas  à  la  clarté  de 
l'exposition).  Il  était  fils  d'un  géant  appelé  Nabon  et  d'une 
enchanteresse,  et  était  né  au  même  moment  que  Gauvain: 
sa  mère  avait  vu  «  par  astronomie  »  que  Gauvain  serait  le 
plus  preux  des  deux.  Devenu  homme,  Escanor  avait  traité  de 
«  fanlosmerie  »  ce  pronostic,  et  avait  résolu  de  se  mesurer 
avec  le  neveu  d'Arthur.   Il  le  combattit  en  effet,  mais  il 


31 


XIV  s:GCLr.. 


16  4  GIRARD  D  AMIENS. 


V.  i.lfiî.î. 


fut  vaincu  et  ne  dut  la  vie  qu'à  la  «  franchise  »  de  Gauvain  ; 
il  en  fut  un  an  malade  de  dépit,  et  aurait  bien  voulu  se 
venger;  mais  la  générosité  dont  Gauvain  avait  usé  envers 
lui  le  réduisait  à  l'impuissance.  Cependant  son  neveu, 
Escanor  «  le  Prophès  »  ou  le  Beau,  fds  de  sa  sœur  Aliénor  et 
de  Brun  le  «  Prophès  » ,  était  devenu  le  chevalier  le  plus 
accompli  du  monde;  il  avait  épousé  une  femme  qui  lui 
avait  apporté  en  dot  le  royaume  de  la  Blanche  Montagne. 
Il  résolut  d'aller  en  Bretagne  provoquer  le  meilleur  cheva- 
lier de  la  Table  Ronde  ;  son  oncle  voulut  lui  faire  promettre 
de  ne  pas  s'attaquer  au  moins  à  (îauvain;  mais  cela  ne  fit 
que  l'eKciler  davantage,  et,  pour  être  sûr  de  se  mesurer 
avec  Gauvain,  il  vint  lancer  contre  lui,  comme  on  l'a  vu, 
une  accusation  qui  n'avait  pas  le  moindre  fondement. 
L'aventure  avail  eu  une  suite  qu'on  ne  pouvait  guère  pré- 
voir; mais  le  bel  Escanor  avait  guéri  de  la  blessure  faite  par 
Galantinet.  Escanor  le  Grand,  ayant  maintenant  une  bonne 
raison  de  satisfaire  sa  haine  contre  Gauvain,  l'avait  fait 
épier  et  n'avait  réussi,  comme  nous  l'avons  vu ,  qu'à  prendre 
Giflet.  On  envoya  celui-ci  tenir  prison  chez  la  reine  des 
Traverses,  non  qu'on  eût  de  la  malveillance  contre  lui, 
mais  parce  qu'on  espérait  que  sa  disparition  donnerait  lieu 

V.  ,;„-,;.  à  une  «  queste»,  et  que  par  là  on  aurait  l'occasion  de  re- 
mettre la  main  sur  Gauvain. 

En  effet,  à  peine  guéri  des  blessures  qu'il  avait  reçues, 
celui-ci  déclare  qu'il  va  se  mettre  à  la  recherche  de  son  ami  : 

V  x!,i7i.  Gaheriet,  Keu,  Agravain,  Hector,  Lancelot,  le  Laid  Hardi, 
Méraugis,  enfin  le  roi  lui-même  se  joignent  à  lui.  On  a 
vu  plus  haut  comment,  à  peine  en  route,  ils  avaient  eu 
par  Andrivette  des  nouvelles  rassurantes  de  Giflet.  Les 
compagnons  n'en  continuent  pas  moins  leur  marche  : 
Brianl  des  îles  (ou  des  Aiguës),  qui  les  reçoit  dans  son 
château,  accuse  à  son  tour  Gauvain  de  lui  avoir  tué  un 
parent  en  trahison;  mais  cette  fois  le  combat  qui  doit  en 
décider  a  lieu,  et  Briant  est  vaincu,  blessé,  content  d'ail- 
leurs de  savoir  que  ses  soupçons  étaient  injustes. 

Arthur  s'avance  avec   une  armée  vers  le  royaume  des 


GIRARD  D'AMIENS.  165 


\1\*  SIÈCLE. 


Traverses  pour  délivrer  Giflel;  les  ('eux  Escanor  marchenl 
à  sa  rencontre.  Ivain,  envoyé  par  le  roi  en  ambassade, 
arrange  un  combat  singulier  entre  Gauvain  et  le  bel  Escanor; 
mais  les  hommes  de  celui-ci  ne  lui  permettent  pas  de  s'ex- 
poser ainsi.  Le  roi  de  Bretagne  se  prépare  donc  à  assiéger 
la  ville  des  Traverses,  où  Giflet  avait  trouvé  une  captivité 
Tort  douce.  En  effet  la  reine,  sœur'  du  bel  Escanor,  qui 
jusque-là  s'était  obstinément  refusée  à  prendre  un  mari,  s'est 
éprise  pour  lui  d'un  amour  qu'elle  n'ose  avouer,  mais  qu'elle 
espère  pouvoir  déclarer  après  la  paix  faite;  Giflet  l'aime 
de  son  côté  el  n'ose  pas  davantage  le  lui  dire  :  partagé  entre 
les  discours  contradictoires  (jue  lui  tiennent  Désir  et  Peur, 
il  languit  d'amour,  et  non  du  désir  de  quitter  sa  prison, 
comme  le  croient  ceux  qui  voient  sa  pâleur  et  entendent  ses 
soupirs.  Andrivette  seule  a  tout  deviné,  et  elle  commu- 
nique à  Gauvain  ces  nouvelles  fort  tranquillisantes.  v.  i85ic. 

Dans  la  grande  bataille  qui  a  lieu  entre  les  deux  armées, 
Escanor  le  Grand  combat  de  nouveau  Gauvain;  de  nou- 
veau il  est  désarçonné,  et  il  perd  le  merveilleux  cheval  de 
son  neveu ,  le  Gringalet.  Gauvain  est  dans  l'admiration  de 
sa  capture,  mais,  à  son  grand  regret,  le  cheval  refuse  toute 
nourriture  pendant  quatre  jours;  Gauvain  se  désole,  quand 
une  «  pucele  »  lui  propose  de  défaire  le  charme  qui  empêche 
le  (Jringalet  de  se  nourrir,  s'il  lui  promet  de  la  suivre  i 
quelque  moment  qu'elle  l'y  invite.  Il  s'y  engage,  et  ellf 
retire  de  l'oreille  du  cheval  un  sachet  dont  la  vertu  l'eni- 
pèchait  de  manger;  c'était  Escanor  qui  avait  arrangé  ce  soi  - 
tilège  pour  que  son  cheval  n'appartînt  pas  à  un  autre  qu  ii 
lui.  Cette  «pucele»  était  la  belle  Félinette,  nièce  d'Escaiior 
de  la  Blanche  Montagne  et  de  la  reine  des  Traverses.  \  -oigh. 
Elle  n'avait  pas  sans  motifexigé  de  Gauvain  la  promesse  de 
tout  quitter  pour  la  suivre  quand  elle  le  lui  demanderait. 
En  effet  le  lendemain  a  enfin  lieu  le  combat  si  longtemps 
remis  entre  Gauvain  et  le  bel  Escanor;  celui-ci  semble  d'a- 
bord triompher,  mais  l'heure  de  midi  étant  passée,  Gauvain,       v.  1H87. 

'   Voyez  les  vers  18076,  18176  [Wsezfreres  pour  pères),  18237,  'Saâo,  elc. 


^1»'  Mkl.l.K. 


166  GIRARD  D  AMIENS. 

suivant  le  don  que  lui  avait  fait  une  fée,  sentait  ses  forces 
se  doubler  :  il  presse  tant  son  adversaire  qu'il  va  le  mettre 
à  mort,  quand  Félinette  s'élance  entre  les  deux,  réclame 
son  «  don  »,  et  fait  si  bien  ])ar  ses  prières  et  ses  raisons  que 
les  deux  ennemis  se  réconcilient  et  qu'on  jure  une  paix  défi- 
nitive, Escanor  rétracte  son  injuste  imputation  à  l'iionneur 
de  Gauvain  et  fait  hommage  à  Arthur  du  royaume  de  la 
Blanche  Montagne.  Giflel,  mis  en  liberté,  ne  cache  plus  son 
amour  pour  sa  belle  geôlière,  et,  au  bout  de  quelques  jours, 
leurs  noces  se  célèbrent  en  même  temps  que  celles  de  keu 
et  de  la  reine  de  Norhomberlande. 

A  celte  histoire  banale  et  toute  mondaine  et  qui  semble 
bien  finie  d'après  les  règles  du  genre,  Girard  s'est  avisé  de 
joindre  une  conclusion  pieuse.  Le  bel  Escanor  avait  suivi 
Arthur  dans  l'expédition  contre  Aiglin,  laissant  sa  femme 
malade;  la  paix  faite  aussi  de  ce  côté,  il  se  hâte  de  revenir; 
mais  quand  il  revient  dans  son  royaume,  il  apprend  que  sa 
femme  est  morte  depuis  dix  jours.  Il  tombe  sans  connais- 
sance. Quand  il  est  revenu  à  lui,  il  ne  pense  qu'à  ce  qu'il  peut 
faire  pour  son  àme  et  pour  celle  de  la  défunte.  Il  se  retire  dans 
une  forêt  et  y  trouve  un  saint  ermite  dont  il  partage  les  austé- 
rités; bientôt  il  meurt,  et  l'ermite  reçoit  miraculeusement  un 
cercueil  tout  neuf  pour  y  enfermer  le  corps  de  celui  qu'il  ne 
connaît  pas.  On  croit  dans  son  royaume  qu'il  s'est  tué  de 
désespoir;  Escanor  le  Grand  cherche  partout  ses  traces.  Un 
jour  il  arrive  dans  l'abbaye  où  était  enterrée  la  reiae;  l'abbé 
apprend  par  révélation  la  sainte  mort  du  roi  de  la  Blanche 
Montagne  etl'endroitoù  se  trouve  son  corps.  Le  vieil  Escanor 
s'y  rend,  non  sans  peine,  car  la  forêt  est  immense  et  n'est 
peuplée  que  de  bêtes  féroces,  qu'il  détruit  toutes;  il  trouve 
enfin  la  tombe  de  son  neveu,  dont  le  nom  et  l'histoire  ont 
été  gravés  sur  la  pierre  par  une  main  céleste,  et  lui  sont 
lus  par  l'abbé  qui  l'accompagne,  et  qui  s'installe  dans  l'er- 
mitage. 

Giflet  et  sa  femme  vont  prendre  le  corps  de  la  reine  et 
le  réunissent  à  celui  de  son  époux  dans  la  chapelle  de  la 
forêt  : 


GIRARD  D'AMIENS.  167 

La  feme  Giflet  remanoir 

Vaut  laieus  toute  la  saison , 

Et  i  fit  moût  noble  maison 

Ou  ele  puis  son  tans  fina. 

Escanors  puis  redemena, 

Tant  qu'il  vesqui,  meut  bone  vie. 

Girardins  d'Amiens,  qui  envie 

N'a  d'ajouster  el  conte  fables 

Ne  mot  qui  ne  soit  véritables, 

Ne  vous  en  set  avant  retraire , 

Fors  que  Gilles  se  prist  a  traire, 

Si  tost  qu'il  perdi  sa  compaingne, 

En  la  corl  au  roi  de  Bretaigne, 

Ou  il  fu  puis  tout  son  nage; 

Mais  lonc  tans  ot  au  cuer  grant  rage 

De  la  mort  de  sa  douce  amie. 

Mais  je,  Girars,  qui  n'apris  mie 

Sa  mort,  ne  la  quier  mètre  en  conte; 

Ainz  pri  Dieu  qu'il  gart  ceus  de  honte 

Qui  ce  roman  escouteront 

Et  qui  escrire  le  feront. 

Et  gart  la  roïne  d'anui 

D'Engletere;  car  s'ainz  connui 

Tresnoble  dame  bone  et  sage , 

Large  ne  de  gentil  corage , 

On  le  puet  bien  tele  nomer, 

Por  coi  chascuns  le  doit  amer. 

Et  prier  Dieu  qu'il  le  maintiegne , 

Et  le  roi  et  ses  enfans  tiegne 

En  bone  vie  et  en  seûre .  .  . 

Cette  partie  du  roman  de  Girard,  si  on  ia  prend  en 
elle-même  et  si  on  fait  abstraction  de  ce  dénouement 
postiche,  peut  être  considérée  comme  un  de  ces  poèmes 
épisodiques  dont  Gauvain  est  le  héros  el  que  nous  avons 
étudiés  dans  notre  précédent  volume.  Elle  se  rattache  même 
directement  à  l'un  d'entre  eux,  le  Cimetière  périlleux,  et  en 
est  en  quelque  sorte  la  continuation.  C'est  là  en  elïel  qu'on 
voit  Escanor  de  la  Montagne  provoquer  insolemment  Gau- 
vain et  lui  livrer  un  combat  dans  lequel  il  a  le  dessous. 
Mais  si  Girard  a  voulu  relier  son  récit  à  celui  de  l'«  Atre 
«  perilleiis  »,  ii  faut  reconnaître  qu'il  n'avait  de  ce  poème 


XIV*  MÈCLi:. 


V.  îSSgi. 


Histoire  lil(.  ilr 
la  Kraiirc  I.  \\\. 
p.  80. 


Xlï     .«ilECLK. 


168  GIRARD  DAMIENS. 


qu'un  souvenir  assez  vague  :  en  effet,  dans  ce  roman,  c'est 
Escanor  dont  la  force  est  liée  par  une  association  merveil- 
leuse au  cours  du  soleil,  tandis  que  Girard,  d'accord  avec 
plusieurs  autres  romanciers,  attribue  à  Gauvain  lui-même 
ce  trait  d'origine  évidemment  mythologique;  en  outre, 
dans  r«  Atre  perilleus  »,  Escanor  est  non  seulement  vaincu-, 
mais  tué.  En  général,  l'érudition  de  Girard,  en  ce  qui  con- 
cerne le  cycle  breton,  auquel  il  a  ajouté  son  dernier  épisode, 
lie  paraît  pas  avoir  été  fort  étendue.  Il  ne  mentionne  qu'un 
nombre  restreint  de  héros,  dont  la  plupart  sont  empruntés 
aux  poèmes  de  Chrétien  de  Troies  :  Briant  des  Iles  semble 
provenir  du  Chevalier  aux  deux  épées;  Brun  «sans  pitié» 
et  Dinadan  sont  des  personnages  du  Tristan  on  prose;  Per- 
ceval  et  Perlesvaus,  qui  ne  sont  que  les  noms  différents 
d'un  même  héros,  sont  donnés  (p.  879,  497)  comme  deux 
chevaliers  différents  ;  il  en  est  de  même  d'Hector  (ou 
1'i.iis  [(,.]  cl  de  Tor)  fils  d'Ares,  et  d'Hector  des  Mares,  dont  le  nom 
|,i'''j'V/,,  uiv,,',;  paraît  n'avoir  élé  à  l'origine  qu'une  altération  du  premier. 
11  est  à  remarquer  que  Girard  ne  semble  pas  avoir  connu 
les  divers  romans  en  vers  et  en  prose  de  Lancelot;  du  moins, 
en  parlant  de  ce  personnage,  il  ne  le  présente  nullement 
comme  épris  de  la  reine,  et  il  dit  expressément  (v.  7344)  que 
Gauvain  était  l'homme  que  Guenièvre,  modèle  de  toutes  les 
vertus,  aimait  le  plus  au  monde  après  le  roi.  Malgré  le  peu 
d'étendue  que  semblent  avoir  eu  ses  lectures  romanesques, 
on  ne  saurait  douter  que  Girard  n'ait  inventé  son  double  récit 
d'après  les  formules  que  ces  lectures  lui  avaient  fournies  : 
il  leur  a  emprunté,  outre  le  motif  de  la  plupart  des  incidents, 
les  caractères  traditionnels  des  personnages  qu'il  met  en 
scène;  il  s'est  seulement  amusé  à  marquer  son  invention 
en  imaginant,  assez  peu  heureusement  comme  on  l'a  vu,  de 
présenter  Keu  comme  amoureux,  et  de  nous  montrer  Gau- 
vain en  proie,  devant  un  adversaire  inconnu,  à  une  défail- 
lance passagère.  11  a  donné  en  outre  à  son  roman  les  orne- 
ments accessoires  qui  lui  avaient  plu  dans  ceux  qu'il  imitait  : 
on  y  rencontre  les  peintures  habituelles  de  personnages,  de 
vêtements,  de  chevaux,  d'armures,  de  fêtes,  de  tournois,  de 


GIRARD  D'AMIENS.  169 

batailles,  de  villes  (notez  la  longue  description  de  la  ville 
des  Traverses).  Toutefois  nous  ne  ])Ouvons  trouver  avec 
l'éditeur  (p.  xxiii)  que  l'œuvre  de  Girard  nous  transporte 
au  milieu  d'une  société  reproduite  fidèlement  avec  ses 
mœurs  et  ses  usages  :  la  reproduction  est  vague,  sans  détail 
et  sans  couleur.  On  hors-d'œuvre  curieux ,  dont  on  trouve- 
rait la  source  moins  dans  les  romans  delà  Table  Ronde  ([ue 
dans  certains  romans  d'aventure  d'origine  byzantine,  est  la 
description  du  lit  merveilleux  que  la  fée  Esclarmonde  avait 
fait  pour  Brianl  des  Iles,  son  ami  (v.  i5834).  Ce  lit  était  posé 
sur  quatre  lions  jetant  feu  et  flamme  ])ar  la  gueule,  qui 
semblaient  menacer  ceux  qui  entraient  dans  la  ciiambre  et 
ne  s'apaisaient  qu'au  son  d'une  «  vielle  »  pendue  à  la  porte.  Le 
bord  de  devant  était  d'ébène  incrusté  d'or,  et  encadrait  une 
peinture  représentant  les  amours  de  Junon  et  d'Acbille'.  Le 
bord  de  derrière,  qui  couvrait  le  mur,  était  d'or  et  semé  de 
pierres  précieuses  qui  faisaient  dans  la  nuit  la  lumière  du 
plein  jour;  mais  il  présentait  de  bien  autres  merveilles,  qui 
égalaient  celles  que  fit  jadis  Virgile  (v.  1691 3).  Sur  un 
arbre  qui  semblait  prêt  à  fleurir  on  voyait  des  oiseaux 
qui  cbantaient  délicieusement,  alternant  avec  un  ange  qui 
sonnait  de  la  trompe.  La  couche  était  de  plumes  d'«  alphaïs  » , 
oiseaux  d'Arménie;  ces  plumes  ont  la  v(Mtu  de  rendre 
joyeux  et  de  guérir  de  toute  maladie.  Les  draps,  les  cou- 
vertures, les  oreillers  n'étaient  pas  moins  dignes  d'admira- 
tion et  sont  décrits  par  Girard  avec  sa  prolixité  ordinaire.  A 
d'autres  romans  qu'aux  romans  bretons  il  a  aussi  emprunté 
un  genre  d'ornement  dont  il  n'a  fait  ici  que  peu  d'usage, 
mais  qu'il  a  plus  largement  employé  dans  Méliacin  :  l'in- 
tercalation  de  fragments  de  chansons  à  la  mode,  mis  dans  la 
bouche  de  ses  personnages;  c'est  ici  le  cortège  du  bel  Es- 
canor,  quand  il  vient  pour  combattre  Gauvain ,  qui  charme 
la  route  par  des  refrains  dont  quelques-uns  nous  sont  com- 
muniqués. Mais  c'est  bien  aux  romans  de  la  Table  Ronde, 
et  surtout  à  ceux  de  Chrétien,  que  Girard  a  pris  l'usage  des 

'  Dans  une  autre  chambre  de  Briant  (p.  4i3)  était    repri-sentée  toute  l'iiisloire 
de  Troie. 

TOME  XXXI.  22 


\lï*  HKCI.E. 


larKivEBii   aiTiomii 


iiv*  sikci.E. 


170  GIRARD  D'AMIENS. 

longs  monologues  dans  lesquels  ses  héros  expriment  leurs 
sentiments;  ils  sont  chez  lui  interminables,  et  si  l'on  y  ajoute 
les  entretiens  encore  plus  prolixes  que  tous  les  personnages 
ont  les  uns  avec  les  autres,  ils  remplissent  certainement 
beaucoup  plus  de  la  moitié  du  poème.  Ces  monologues  et 
ces  entretiens  sont  d'ailleurs  marqués  à  peu  près  constam- 
ment au  coin  de  la  simplicité,  mais  aussi  de  la  banalité;  les 
pensées  en  sont  peu  recherchées,  quoique  parfois  un  peu 
pédantes,  et  elles  sont  délayées  dans  un  verbiage  intaris- 
sable. Avec  tout  cela,  sans 'qu'on  puisse  bien  dire  pourquoi, 
l'éditeur  du  roman  d'Escanor  a  raison  de  dire  que  cette  œuvre, 
malgré  sa  longueur,  n'est  pas  ennuyeuse,  et  même  qu'elle 
«  se  lit  avec  plaisir  ».  Cela  tient  sans  doute  en  grande  partie 
à  la  facilité  du  style,  où  rien  ne  retient,  mais  où  rien  n'ar- 
rête, et  qui  est  aussi  exempt  de  bizarrerie  que  d'originalité. 
Dans  son  prologue,  Girard  semble  dire  que  la  reine 
Aliénor  lui  avait  elle-même  raconté  l'histoire  qu'il  a  rimée  ; 

i 
Dieu  gart  ceuz  et  celé  de  honte 
C'uimais  entenderont  le  conte 
Que  la  gentieus  dame  m'a  dit. 

Mais  il  allègue  lui-même  une  autre  source,  quelques  vers 
plus  Ibin  : 

En  escrit  truis  ci  en  ceste  oevre,  ^ 

Si  con  li  contes  le  descuevre, 
Qu'en  Norhomberlande  ot  un  roi .  .  . 

Il  ne  faut  attacher  d'importance  ni  à  l'une  ni  à  l'autre  de 
ces  données.  Assurément  la  reine  Aliénor  de  Castille  n'a 
pas  inventé  un  conte  d'une  factifre  aussi  pauvre  et  aussi 
visiblement  littéraire  que  le  double  récit  qui  forme  le  sujet 
d'Escanor  :  il  faut  entendre  simplement  qu'elle  a  demandé 
à  Girard  d'Amiens,  venu  sans  doute  à  la  cour  de  son  mari, 
de  lui  faire  un  nouveau  roman  dans  le  goût  des  romans 
bretons  qu'elle  avait  dû  lire,  en  sa  qualité  de  reine  d'An- 
gleterre, avec  un  intérêt  particulier.  Quant  à  une  source 
écrite  pour  ce  roman,  qui  porte  d'une  manière  si  évidente 


XIV    .1IF.CLE. 


GIRARD  D'AMIENS.  171 

le  caractère  de  l'époque  où  ii  a  été  composé,  il  ne  faut  pas 
l'admettre  davantage.  C'est  à  Girard  d'Amiens  que  revient 
en  entier  le  mince  honneur  de  l'invention  comme  de  la  ré- 
daction d'Escanor. 

Il  n'en  est  pas  de  même  pour  son  second  poème,  le  roman  méimci!». 
de  Méliacin.  Girard  n'en  a  sûrement  pas  inventé  la  fable, 
et  on  l'a  même  accusé  d'avoir  tout  simplement  copié,  en  se 
l'attribuant,  l'œuvre  d'un  autre.  Avant  d'examiner  la  ques- 
tion d'histoire  littéraire  assez  curieuse  que  soulève  cette  ac- 
cusation, il  est  nécessaire  de  donner  une  analyse  du  roman 
de  Girard,  qui  est  encore  inédit.  Ce  roman  est  contenu,  à 
notre  connaissance,  dans  quatre  manuscrits,  les  n°'  iA55, 
1 58g  et  1 633  du  fonds  français  de  la  Bibliothèque  nationale 
et  le  n°  2767  de  la  bibliothèque  Riccardienne  à  Florence  '. 
Nous  parlerons  plus  tard  de  la  singulière  condition  du  ma- 
nuscrit i455.  Nous  nous  servons,  pour  le  résumé  qui  suit, 
du  manuscrit  i633,  en  comblant,  à  l'aide  du  manuscrit 
1689,  une  lacune  qu'il  présente^. 

Nubien,  roi  de  la  «  Grande  Ermenie  » ,  du  temps  où  l'uni- 
vers était  encore  païen,  a  trois  fdles  d'une  rare  beauté, 
Mélide,  Ide  et  Gloriande,  et  un  fils  également  accompli, 
Méliacin.  Dans  une  fête  que  le  roi  donne  à  l'occasion  du 
jour  de  sa  naissance,  se  présente  un  «clerc»  qui,  comme 
beaucoup  d'autres  alors,  était  en  même  temps  un  peu 
sorcier,  car 

En  icel  Uns  en  augoriez  Mf.  i633.  fol.  3  c. 

Creoit  on  et  en  sorcheriez , 

En  avisions  et  en  songes. 

Et  en  I  ruiez  et  on  menroiiges; 

Et  Ii  rierr  haut  home  lestoient, 

Ki  (te  cez  ars  s'entnineloient  ; 

'  D'après  ce  manusciii.  Ad.  KoUer  '  Le  premier  feuillet  du   manatcrit 

{Romvari,  p.  99)  a   impriiué  le  com-  1 689 ,  comme  le  fait  remarquer  le  Cata- 

mencement  du  roman  et  M.  Stengel  les  logue  des  manuscrits  français,  avait  été 

3 16  derniers  vers   [Zeiisehrijï  Jar  iv-  arraclié  fort  anciennement,  il  a  été  rem- 

manitche  Philologie ,  i.  X  ,  p.  460-476),  placé  au  xiv*  siècle  d'après  un  manu- 

aiiLsi  que  toutes  les  cliansOiis  insérées  scrit  qui  parait  avoir  été  autre  que  ceux 

dans  le  récit.  que  nflus  possédons. 

23. 


XI  \     MECLE. 


172  GIRARD  D AMIENS. 


Et  quant  il  cstoieiil  trouvé  ,{ 

Bon  clerc  et  sage  et  esproiiv»'- ,  j 

Pliiiosoft'z  les  apeloicnt 

Cil  qui  leur  granz  oevrcs  looicnt ,  •     , 

Dont  ii>oicnt  auctorité  '' 

Et  par  tout  si  grant  pocsté 

K'on  creoit  plus  en  ans  deiis  tans 

K'es  autres  diex  a  celui  tans.  ji 


il.M 


Malgré  cet  apparent  scepticisme,  Girard  nous  décrit  de 
vraies  merveilles  qne  faisaient  ces  «  philosophes  ».  Le  pre- 
mier qu'il  introduit  présente  au  roi  une  poule  d'or  accon)- 
pagnée  de  ses  six  poussins,  qui  tous,  à  un  signal ,  marchent, 
crient  et  même  chantent  mélodieusement.  Un  second  clerc 
arrivf*  presque  aussitôt  et  offre  à  Nubien  une  «  iaiagete  »  de 
cuivre,  ayant  à  la  bouche  une  trompe  d'argent.  Si  l'on  place 
celte  figurine  sur  la  porte  d'une  ville  ou  (fun  château,  nul 
n'y  entrera  sans  (pi'immédiatement  elle  sonne  sa  trompe. 
Enfin  survient  un  troisième  philosophe;  mais  si  les  deux  pre- 
miers étaient  bicMi  faits  et  courtois  autant  ({ue  .sages,  celui- 
là  est  laid  et  puant  comme  Lucifer  lui-même  :  le  poète  en 
fait  une  de  ces  peintures  hideuses  et  répugnantes  oii  se  com- 
plaisait l'art  du  moyen  âge.  H  dit  être  Clamazart  de  Nulles, 
marquis  de  Lorente,  le  plus  savant  de  tous  les  clercs  du 
monde,  et  la  merveille  dont  il  fait  hommage  au  roi  laisse  les 
deux  autres  loin  derrière  elle;  c'est  un  cheval  de  «  benus  » 
(ébène)  :  il  s'y  j)lace,  et  aussitôt  le  cheval  s'élève  dans  les 
airs,  où  Clamazart  le  dirige  avec  la  plus  grande  facilité  au 
moyen  de  quatre  chevilles  qui  le  font  aller,  suivant  qu'on 
les  tourne,  en  haut,  en  bas,  à  droite  et  à  gauche.  Le  roi  est 
charmé  de  si  beaux  présents  et  promet  de  donner  à  ceux 
qui  les  lui  ont  faits  tout  ce  qu'ils  lui  demanderont;  sur  quoi 
le  premier  sage,  Cléomalan,  fils  du  soudan  de  Damas, 
demande  la  main  de  Mélide,  et  le  second.  Flore  le  beau, 
prince  de  Salenique,  celle  d'Ide.  Nubien  et  sa  famille 
accueillent  très  volontiers  ces  demandes;  mais  il  n'en  est 
pas  de  même  quand  l'horrible  Clamazart  déclare  qu'il  veut 
avoir  Gloriande.  Le  roi  essaye  en  vain  de  le  dissuader  :  lié 


GIRARD  D'AMIENS.  173 


\IV*  SIÈCLE. 


par  sa  promesse,  il  est  obligé  de  lui  accorder  sa  fdle.  Glo- 
riande,  qui  a  entendu  ce  pacte  odieux,  se  livre  au  désespoir; 
son  frère  Méliacin  la  console  et  lui  promet  de  la  secourir. 
Il  parle  vivement  à  son  père,  et  révoque  en  doute  la  réa- 
lité de  l'art  de  Clamazart;  son  cheval  n'est  peut-être  qu'une 
vaine  apparence  :  un  autre  que  lui  pourrait-il  s'en  servir? 
Pour  l'éprouver,  il  se  met  en  selle,  et  le  cheval  no  bouge  pas, 
parce  que  Méliacin  ne  connaît  pas  le  secret  des  chevilles, 
il  traite  alors  Clamazart  de  trompeur;  celui-ci  survient,  et, 
furieux  contre  le  jeune  homme,  tourne  secrètement  la  che- 
ville qui  fait  enlever  le  cheval  :  Méliacin  est  emporté  en 
un  clin  d'oeil  hors  de  la  vue  de  tous  les  siens.  Nubien,  au  ^"ul  iSo. 
désespoir,  jette  Clamazart  en  prison. 

Méliacin,  qui  monte  comme  une  flèche  vers  les  hauteurs 
du  ciel,  se  croit  perdu;  mais  sa  bonne  fortune  place  sous  sa 
main  la  cheville  qui  fait  descendre  le  cheval;  bientôt  il 
cherche  et  trouve  les  autres  et  apprend  à  diriger  la  merveil- 
leuse monture.  La  nuit  est  venue  :  il  veut  prendre  pied,  et, 
voyant  au-dessous  de  lui  la  plate-forme  d'une  haute  tour, 
qui  domine  un  château  dans  une  grande  ville,  il  y  arrête  son 
cheval  et  par  les  degrés  de  la  tour  descend  dans  une  cour 
intérieure.  Là,  une  lumière  qui  le  frappe  par  une  porte  Foi.  i4<(. 
entrouverte  l'attire  dans  une  chambre,  où  il  voit  étendu 
sur  un  lit  un  géant,  qui  était  tout  noir  et  en  outre  châtré.  Il 
passe  dans  une  chambre  voisine,  qui  est  jonchée  de  fleurs  et 
dont  les  murs  sont  ornés  de  peintures  d'amour.  Trois  lits  y  Foi.  iW. 
sont  dressés,  où  sont  endormies  trois  jeunes  filles;  dans  le 
plus  magnifique,  éclairé  comme  en  plein  jour  par  la  lumière  ' 
de  huit  cierges,  dort  celle  qui  est  évidemment  la  maîtresse 
des  autres.  Méliacin  admire  son  incomparable  beauté,  que 
le  poète  décrit  ici,  ainsi  que  celle  du  jeune  homme,  avec  la 
minutie  et  les  formules  invariables  de  ces  portraits  en  pied 
dans  les  romans  des  xii*  et  xiii""  siècles  :  il  s'éprend  d'elle 
indiciblement,  et  ne  peut  s'empêcher  de  la  baiser  sur  sa  KoI.  lOc. 
bouche  vermeille.  Elle  s'éveille,  et  est  saisie  à  la  fois  de 
peur  en  apercevant  un  homme  devant  son  lit  et  d'admira- 
tion en  le  voyant  si  beau.  «Il  faut,  lui  dit-elle,  pour  que 


1  « 


\IV    !ilKCl.K 


174  GIRARD  D  AMIENS. 


<i  vous  ayez  pénétré  jusqu'ici  sans  être  tué  par  le  géant  Mau- 
«  cuidart,  que  vous  soyez  Sabei,  ie  fils  du  roi  de  Serre,  qui 
«  doit  m'épouser.  —  Oui,  répond  Méliacin  pour  se  laconci- 
«  lier,  rester  près  d'elle  et  sauver  sa  vie,  je  suis  Sabel,  et  je 

Hoi.i;./  «  me  suis  introduit  près  de  vous  pour  vous  voir  plus  tôt.  » 

Or  la  jeune  fdle  était  Célinde,  fdle  du  roi  de  Perse  Alsimus, 
qui  la  tenait  cachée  à  tous  les  yeux  pour  la  garder  à  l'époux 
qu'il  lui  destinait.  Elle  éveille  ses  deux  «puceles»,  Saville 
et  Oriande,  et  leur  montre  son  fiancé  qui  est  venu  la  sur- 
prendre. Le  géant  chargé  de  la  garde  du  gynécée  entre  au 
bruit  des  voix,  et  Célinde  lui  répète  son  récit;  malheureu- 
sement Maucuidart  connaissait  le  vrai  Sabel,  et  il  veut  tuer 
celui  qu'il  dénonce  comme  un  imposteur;  sur  l'ordre  de 
Célinde,  toutefois,  il  se  contente  de  le  lier,  et,  quand  le  jour 

Fol  19.;.  est  venu,  il  le  livre  au  roi  Alsimus.  Méliacin  montre  encore 

ici  de  la  présence  d'esprit:  il  propose  de  se  justifier  en  com- 
battant seul  contre  cinq  chevaliers;  seulement  il  lui  faut 
avoir  son  cheval  qui  est  resté  sur  la  plate-forme  de  la  tour. 
On  le  croit  doublement  fou  de  vouloir  soutenir  un  combat 
dans  de  telles  conditions  et  sur  un  cheval  de  bois;  on  lui 
descend  pourtant  son  cheval  :  il  y  monte,  et,  tournant  aus- 
sitôt la  cheville,  il  s'élance  en  fair,  fait  au  roi  des  adieux 
moqueurs  et  retourne  dans  son  pays  en  laissant  au  cœur 

Fol.  îot.  de  Célinde  un  souvenir  ineffaçable. 

Son  retour  en  Ermenie  y  cause  une  grande  joie.  Méliacin 
fait  délivrer  Clamazartde  prison,  mais  il  n'est  plus  naturel- 
lement question  de  lui  donner  Gloriande.  Ici  se  place  un 
long  épisode  qui  allonge  inutilement  le  récit  :  deux  rois 
voisins  de  Nubien ,  Sy macus  et  Antiocus ,  lui  font  la  guerre ,  et 
s'empareraient,  sans  favertissement  de  f image  à  la  trompe, 
de  Savarnon,  sa  capitale.  Naturellement  Méliacin  se  couvre 
de  gloire  dans  cette  guerre,  qui  se  termine  par  la  mort  de 

Fol.  580.  Symacus  et  ia  capture  d'Anliocus.  Cependant  il  pense  tou- 

jours à  Célinde,  qui,  de  son  côté,  se  consume  pour  lui.  H 
annonce  à  son  père  qu'il  veut  retourner  en  Perse,  la  revoir 
et  la  ramener  s'il  peut.  Nubien  essaye  en  vain  de  le  détour- 
ner de  ce  dangereux  projet.  Il  part  sur  son  cheval  magique. 


GIRAKD  D'AMIENS.  175 


\lï*  SICCLK. 


et  s'abat,  un  matin,  sur  la  tour  où  il  était  déjà  descendu.  Il 
entend  Célinde  qui  chante,  dans  le  jardin,  au-dessous,  une 
chanson  d'amour,  et  il  en  conçoit  de  la  jalousie;  mais  c'esl  Foi.  ;ii-. 
bien  à  tort  :  c'est  à  lui  qu'elle  songeait  en  chantant  avec 
tristesse  :  son  fiancé  doit  venir  le  lendemain  l'épouser 
et  elle  ne  veut  pas  être  à  lui.  Méliacin  descend  avec  son 
cheval  dans  le  jardin;  il  chante  à  son  tour,  elle  l'entend  et 
le  reconnaît.  11  s'approche  d'elle  pendant  qu'elle  fait  un 
«  chapel  »  de  fleurs  : 

El  la  pucele  fisl  samblant  ••"<>l-  30  i>. 

Ke  point  ne  le  veist  venir, 

E  k'ele  son  csgart  tenir 

Vousist  (lesus  son  chapelet , 

Car  ronput  avoit  le  lilet, 

Dont  moût  sambloit  que  l'en  pesoit , 

Mais  samblant  du  noer  fai-oit. 

Ils  se  retrouvent  enfin,  se  parlent,  et  conviennent  de  par- 
tir ensemble  par  les  airs.  Elle  rentre  dans  sa  chambre,  se  met 
sur  son  lit  en  feignant  d'être  lasse,  et  revient  bientôt  avec 
des  «  guimples  »  et  des  «  cuevrechiés  » ,  dont  il  se  sert  pour 
la  lier  solidement,  sur  la  croupe  du  cheval  d'ébène,  à  l'arçon 
de  la  selle;  après  quoi  il  monte,  et  ils  s'enlèvent  tous  deux. 
Ils  s'arrêtent  un  instant  pour  dire  du  haut  des  airs  adieu  h'oI.  38</. 
au  roi  Alsimus,  qui  venait  voir  sa  fille  :  «Je  suis  fils  du 
«roi  d'Ermenie,  dit  Méliacin,  et  j'emmène  Célinde  pour 
»  l'épouser;  dites  à  Sabel  de  Serre  qu'il  l'a  perdue.  Pour 
«vous,  quand  vous  viendrez  la  visiter,  vous  serez  reçu  de 
«bon  cœur.»  Ils  arrivent  à  Savarnon  en  grande  joie;  ils 
descendent  non  loin  du  palais  dans  un  grand  verger  :  Mé- 
liacin y  laisse  Célinde  pour  aller  l'annoncer  aux.  siens  et 
venir  ensuite  la  reprendre  avec  les  honneurs  qui  lui  sont 
dus.  Mais  c'est  là  que  le  malheur  les  attendait.  Clamazart, 
qui  gardait  toujours  rancune  au  frère  de  Gloriande,  vient 
par  hasard  dans  le  verger  :  il  voit  d'abord  le  cheval  de 
bois,  puis  Célinde,  et  conçoit  une  perfide  vengeance.  Il  per- 
suade à  la  jeune  fille  qu'il  est  envoyé  par  Méliacin  pour  la 


\IV    1>IECLE. 


70  GIRARD  D'AMIENS. 


conduire  au  palais;  il  la  fait  monter  sur  la  croupe  du  cheval, 
l'y  attache,  se  place  lui-même  en  selle  et  l'enlève  dans  les 
airs  :  là  il  lui  déclare  la  vérité  et  lui  offre  son  amour  et  sa 

Fol. 'i3</  terre.  Célinde  se  livre  au  désespoir  et  le  supplie  en  vain 

de  la  ramener  à  Savarnon  :  il  déclare  qu'il  ne  lâchera  pas  la 
proie  dont  il  s'est  emparé.  Cependant  la  fatigue  l'oblige  à 
toucher  terre;  ils  descendent  dans  une  vallée  (qui,  comme 
on  l'apprend  plus  tard,  se  trouve  être  en  Syrie)  ;  là  Célinde, 
à  bout  de  forces  et  de  larmes,  s'endort  sur  le  gazon,  et  Cla- 
mazart  n'a  pas  honte,  pour  en  faire  autant,  de  mettre  sa  tête 
hideuse  dans  le  giron  de  la  princesse  de  Perse.  Le  duc  de 

Fol.  '|5''  Galice,  neveu  du  roi  d'Acre  Linorois',  les  trouve  dans  cette 

attitude  en  revenant  de  la  chasse  :  lui  et  ses  hommes  ne 
peuvent  as.sez  s'étonner  de  voir  ce  monstre  aussi  familière- 
ment voisin  de  ce  miracle  de  beauté,  et  soupçonnent  qu'il  a 
dû  l'enlever  par  un  crime.  On  les  réveille,  on  les  interroge, 
mais  on  n'entend  pas  leur  langage  :  toutefois  le  duc  con- 
duit Célinde  dans  son  palais  en  grand  honneur  et,  sans  plus 

Fol. '16  A.  ample  informé,  fait  mettre  Clamazart  en  prison.  Bientôt  il 

trouve  des  interprètes  et  fait  à  Célinde  les  déclarations  à  la 
fois  les  plus  pressantes  et  les  plus  respectueuses  :  il  lui  offre 
de  l'épouser.  Elle  ne  voit  qu'un  moyen  d'échapper  au  dan- 
ger qui  la  menace  :  elle  contrefait  la  folle,  «  l'esragie  »,  bat, 
mord  el  déchire  tous  ceux  qui  l'approchent  :  on  est  obligé 

Fol.  '17  (f  de  la  lier. 

Cependant  Méliacin  était  revenu  avec  un  cortège  con- 
venable à  fendroit  où  il  avait  laissé  son  amie  :  on  juge  de 
sa  stupeur,  puis  de  son  désespoir,  quand  il  ne  trouve  ni 
elle  ni  le  cheval  merveilleux;  la  disparition  de  Clamazart  lui 
fait  bientôt  comprendre  ce  qui  s'est  passé.  Il  la  fait  en  vain 
chercher  partout;  au  bout  de  quelque  temps  il  part  lui- 
même  avec  vingt  chevaliers  el  vingt  «meschins»,  résolu 
à  parcourir  le  monde  jusqu'à  ce  qu'il  fait  retrouvée.  Les 
voyages  dans  ce  temps-là,  remarque  le  poète,  n'étaient  pas 

'  Ces  (lélails  sur  te  duc  ne  sont  don-  fût  étalili  en  Syrie,  c'est  bien  de  Ga- 
nés  que  iieaucoup  plus  lard,  au  fol.  122.  lice  en  Espagne  que  ce  personnage  était 
On  voit  au  même  endroit  que ,  bien  qu'il        duc. 


GIRARD  D'AMIENS. 


177 


XIV    SIKCLK. 


toujours  commodes,  et  ce  qu'il  dit  sur  la  sauvagerie  de 
l'ancien  temps  prouve  que  du  sien  on  trouvait  plus  de 
commodité  et  de  sécurité  : 

.  .  .  Adont  n'esloit  nus  hom  (luis 
De  manoir  hors  de  fermeté; 
Hors  de  chaste!  et  de  chifé 
Ne  voloit  nus  ki  fust  manoir, 
Ne  faire  recct  ne  manoir, 
Si  ke  dcus  jors  bien  aiissiés 
Avant  ke  vile  trovissiés 
Ou  vos  pcûssiés  herbegier 
Ne  trouver  viande  a  mengier, 
Se  vos  on  fussiës  desgarnis .  ,  . 
Tant  du  siècle  n'ert  pas  adonques 
Ne  de  gent  si  grande  conmune  : 
Por  ce  ert  coustumc  k'en  chascune 
Bone  vile  se  herhegoient 
Les  gens  adonques  et  lojoient, 
Kar  defors  demeurer  n'osassent, 
Ke  \\  larron  nés  desrobassent  ; 
Car  n'i  avoit  terre  ni  plain 
Ki  de  larrons  ne  fussent  plain  ; 
Et  les  guerres  adonc  estoient, 
Ki  tout  le  pais  degastoient  : 
N'i  osoit  nus  hom  demorer. 
Ne  en  son  gaaing  labourer. 

Méliacin  rencontre  naturellement,  en  traversant  une 
lorêt,  une  aventure  dont  11  sort  avec  éclat  :  il  combat  et 
(init  par  pendre  le  géant  Roberon  avec  ses  trente  compa- 
gnons. Il  est  reçu  comme  un  libérateur  dans  la  ville  voisine; 
il  apprend  là  qu'on  va  brûler,  dans  la  capitale  de  la  Perse, 
où  il  se  trouve,  deux  «  puceles  »  qui  sont  accusées  de  com- 
plicité dans  l'enlèvement  de  la  fille  du  roi.  Sabel  de  Serre, 
qui  devait  épouser  cette  princesse,  a  envahi  les  Etats  d'Al- 
simus',  et  n'a  fait  de  trêve  qu'à  condition  qu'on  punirait  les 
deux  jeunes  fdles  qui  auraient  dû  garder  Célinde.  On  va 
donc  les  brûler,  à  moins  qu'elles  ne  rencontrent  un  cham- 

'  Le  manuscrit  i633  présente  ici,  entre  les  folios  56  et  67,  une  lacune  de  deux 
cahiers  que  nous  comblons  à  l'aide  du  manuscrit  ibSg.  '  ' 


Vol.  5i  J 


Fol.  55  h. 


TOME  XXXI. 


a3 


1  4  * 


mr-r-tiituiE   siTi-ï- 


\|V    MKCI.E. 


178  GIRARD  D'AMIENS. 


pion  qui  ose  combatiro  le  terrible  géant  Maucuidart.  On 
devine  que  Méliacin,  sans  se  faire  connaître,  se  proposa 
pour  être  ce  champion,  II  se  rend  à  la  cour,  escorté  de 
son  hôte  Henri  et  du  comte  Hardouin  de  Montesclaire, 

Fol.  57  /.  qui  aime  Oriande,  une  des  «  puceles  »,  et  il  tue  Maucuidart. 

Il  rentre  dans  la  ville  accompagné  des  deux  jeunes  filles 
qu'il  a  délivrées  et  qui  lui  ont  voué  un  entier  dévouement, 
et  il  leur  confie  toute  son  histoire.  Cependant  Sabel,  irrité 
du  succès  de  l'inconnu  qui  avait  triomphé  du  géant,  avait 
disposé  une  embuscade  sur  le  chemin  du  château  de  Mon- 
tesclaire, où  se  rendaient  Méliacin,  les  jeunes  filles,  Har- 
douin et  Henri;  mais  il  est  vaincu  et  fait  prisonnier.  Son 

Fol. 68 a.  père  Natalus,  roi  de  Serre,  vient  assiéger  le  château  de 

Montesclaire,  aidé  du  roi  de  Perse,  qu'il  a  sommé  de  ne  pas 
laisser  en  prison  son  fils,  qui  était  à  sa  cour  avec  un  sauf- 
conduit.  Nous  passons  rapidement  sur  le  fastidieux  récit  de 
cette  guerre,  épisode  étranger  au  sujet  principal  et  qui  oc- 
cupe plusieurs  milliers  de  vers.  Bornons-nous  à  dire  que  Mé- 
liacin trouve  un  adversaire  digne  de  lui  dans  Pirabel,  neveu 
du  roi  de  Serre  :  ils  se  blessent  grièvement  l'un  l'autre  dans 
une  première  rencontre;  enfin  on  convient  qu'un  combat 
singulier  entre  eux'  décidera  le  sort  de  la  guerre  :  Méliacin  a 
le  dessus,  mais  Natalus,  à  l'insu  de  son  neveu,  a  aposté  toute 
une  armée  qui  s'empare  de  Méliacin  et  le  conduit  comme 

Fol.  I II  o.  prisonnier  au  châtelain  de  Clautre.  Natalus  veut  absolument 
le  faire  périr  pour  venger  la  mort  de  Sabel ,  bien  que 
celui-ci  se  soit  tué  dans  sa  prison  par  un  simple  accident, 
et  que  le  roi  de  Serre  et  le  roi  de  Perse  aient  fait  solennel- 
lement la  paix  avec  Hardouin  et  les  siens,  sauf  l'issue  du 
combat  entre  Pirabel  et  Méliacin.  Le  généreux  Pirabel 
dissimule  l'indignation  que  lui  cause  la  conduite  de  son 
oncle,  et  réussit  à  faire  surseoir  à  l'exécution.  Mais  enfin 
le  jour  en  est  fixé  au  lendemain  :  il  faut  délivrer  Méliacin. 

Notons  (foi.  ç)b  a)  la  description  type  idéal  du  cheval  «u  moyen   âge, 

li*t)|>    lonj^'ue,  mais  assez  curieuse,  du  type  aussi   constant   et    aussi  conven- 

clicvul  que  munto  Mcliacia  :  nous  avons  (ionnei  que  ceux  de  l'houuue  et  de  la 

I»  une   expression  fort  complète    du  femme. 


I 
I 


GIRARD  D'AMIENS.  l79  ,    . 

Le  châtelain  de  Claulre  traite  fort  bien  son  prisonnier, 
mais,  loyal  serviteur  du  roi  son  seigneur,  il  ne  se  prê- 
terait pas  à  une  évasion.  Heureusement  sa  femme,  cou- 
sine de  Pirahel,  a  moins  de  scrupules.  Elle  procure  à  Mé- 
liacin  les  moyens  de  descendre  la  nuit  de  la  tour  où  U  est 
enfermé  :  en  bas  il  trouve  un  cheval  et  un  «  vallet  »  qui  lui 
fait  passer  le  bois;  mais  il  ne  saurait  aller  plus  loin  :  pour 
sortir  du  royaume  de  Serre,  il  faut  traverser  des  gorges 
occupées  par  de  redoutables  brigands;  Méliacin,  s'il  veuf 
leur  échapper,  doit  se  déguiser  en  vilain  : 

.  .  .  Bien  s'atourna  l-ol.  1 1 1 , . 

Meliacins  d'une  manicn* 

D'iino  grosse  robe  pleniere 

Ke  il  don  chastci  aporla .  .  . 

Et  fu  suscliains  d'une  cordele, 

Chau'iés  d'uns  niaii\ais  eslivaus. 

Malgré  ce  costume,  un  vilain  qu'il  rencontre  n'a  pas  de 
peine  à  reconnaître  que  ce  n'est  pas  un  homme  de  même 
race  que  lui  : 

.  .  .Li  vilains  s'arestut  '''°  "^<^- 

Une  pièce,  et  o  lui  estut, 
Et  le  regarda  de  travers  : 
Il  vit  ses  biaus  iex  vairs  ouvers, 
Clers  et  rians  et  bien  assis. 
Adont  fu  li  vilains  pensais, 
Kant  si  bel  cors  vit  en  tel  point, 
Et  dist  croire  ne  porroit  point 
K'il  ne  fust  haus  bons  et  gentieus , 
Si  dist  comme  vilains  soutieus  : 
«  Ki  estes  vous,  sire  vassaus?  » 

Méliacin  lui  dît  qu'il  a  perdu  ses  compagnons  et  lui  pro- 
met de  le  récompenser  s'il  le  guide  à  travers  les  défilés.  Le 
vilain,  qui  connaît  tous  les  chemins,  y  consent,  mais  à  con- 
dition qu'une  fois  en  sûreté  finconnu  lui  dira  qui  il  est  et 
pourquoi  il  s'est  ainsi  déguisé;  car,  dit-il, 

..."  Pour  la  robe  vostre  estre  Fol.  1 1 0  A. 

«Ne  cbangerés  ne  vo  nature.  .  . 

33. 


„,,„,,,,         180  GUUllD  D'AMIENS. 

n  El  fait  trop  mauves  maintenir 

'  Le  mcslicr  con  ne  puct  aprendre; 

'<  Pour  quoi  nul  bien  ne  vous  puel  prendra 

«  En  vilain  quidicr  ressamhlf  r. 

«  Kar  vous  ne  ponùés  emhler 

«  Vostre  nature  ne  changier ...  ( 

"  Aprenés  autre  chose  a  faire , 

«  Kar  vous  ne  porriés  contrefaire 

«  Le  vilain  pour  chose  du  monde  ; 

11  Kar  vos  cors  en  biaulé  hahonde , 

11  Et  vos  icx  espris  de  plaisance 

11  Ne  porroient  sivir  l'usance.  » 

Méliacin,  arrivé  en  lieu  sûr,  ])aye  bien  son  guide  et  l'en- 
voie annoncer  à  Pirabel  Tlieureuse  issue  de  son  aventure. 
Celui-ci  devient  peu  après  roi  de  Serre,  Natalus  ayant  été 
tué  eu  guerroyant  contre  le  roi  de  Perse  qui  avait  envahi 
son  l'oyaume  pour  venger  la  trahison  commise  sur  Méliacin. 
Pirah(îl,  bien  (entendu,  fait  la  paix  avec  Alsimus  et  Har- 
douin,  el  tous  rentrent  chez  eux,  ignorants  du  sort  de 
Célinde  et  de  celui  du  chevalier  qu'ils  ne  savent  pas  être 
Méliacin. 

Celui-ci,  ce])eudanl,  va  longtemps  de  pays  en  pays.  Bien- 
tôt il  n'a  plus  ni  cheval  ni  argent,  et  il  erre  misérable- 
ment par  des  contrées  inconnues  dont  il  ne  sait  même  pas 
la  langue.  Enfin,  au  moment  même  où  la  fortune  semble 
le  plus  l'accabler,  elle  s'apprête  à  mettre  fin  à  ses  malheurs. 
Il  arrive  dans  la  ville  de  Beaurepaire,  séjour  du  duc  de 
Galice,  qui,  depuis  quatre  ans,  y  retient  Célinde,  toujours 
folle  en  apparence.  On  traite  Méliacin  en  vagabond  et  on 
le  met  en  prison.  Le  hasard  veut  qu'il  se  trouve  juste 
au-dessous  du  cachot  où  était  enfermé  Clamazart,  et  il 
entend  celui-ci,  dans  ses  lamentations,  raconter  en  mono- 
logue toute  son  histoire  et  celle  de  Célinde  jusqu'au  mo- 
Foi.  i!3r.  ment  de  leur  séparation.  Méliacin  lie,  sous  un  faux  nom, 
conversation  avec  lui,  et  apprend  en  outre  que  Célinde 
est  folle,  que  le  duc  l'aime,  qu'il  a  en  vain  appelé  tous 
les  médecins  auprès  d'elle,  et  qu'on  a  transporté  le  cheval 
merveilleux  dans  le  château  du  duc;  Clamazart,  par  haine 


GIRARD  D'AMIENS.  181 


xiv'  MKr.l.E. 


h 


ix)ur  celui  qui  l'a  emprisonné,  s'est  gardé  d'en  révéler 
ie  secret  :  il  faut  avouer  que,  pour  un  si  profond  «  philo- 
«  soplie  »,  il  avait  peu  d'invention.  Méliacin,  plus  avisé,  voit 
tout  de  suite  le  parti  qu'il  peut  tirer  de  ces  révélations  inat- 
tendues. Quand  on  vient  l'interroger  dans  sa  prison ,  il  se 
donne  pour  le  plus  savant  médecin  de  Salerne,  dépouillé  et 
abandonné  par  ses  gens,  et  demande  qu'on  mette  sa  science 
à  l'épreuve.  Le  duc,  auquel  on  ra])porte  ces  paroles,  le  lait  k.>i  137./ 
aussitôt  venir  et  le  conduit  chez  Célinde.  Du  premier  regard 
elle  le  reconnaît  et  le  lui  fait  voir,  mais,  pour  ne  pas  être 
découverte,  elle  feint  une  folie  plus  furieuse  que  jamais. 
11  promet  cependant  de  la  guérir,  et  lui  prépare  un  «  ongne- 
•  ment  »>  qui  semble  en  effet  peu  à  peu  la  calmer.  De  longs 
jours  se  passent  ainsi,  pendant  lesquels  les  amants  ont  sou- 
vent l'occasion  de  s'entretenir  sans  témoins.  Un  jour  Mé- 
liacin, quia  gagné  toute  la  confiance  du  duc,  lui  demande 
ce  que  c'est  que   ce  cheval  de  bois  qu'il  a  remarqué  en 

i passant  dans  une  cour.  Le  duc  lui  dit  qu'on  l'a  trouvé  avec 
a  belle  inconnue  et  son  affreux  compagnon,  et  qu'on  ne 
sait  à  quoi  il  peut  servir.  Méliacin  suggère  l'idée  que  la 
vue  de  ce  cheval  pourrait  réveiller  des  souvenirs  dans 
l'âme  de  la  malade  et  peut-être  faire  un  bon  eflét  :  on  l'ap- 
pox'te  dans  le  jardin  sur  lequel  donne  sa  chambre.  Célinde, 
qui  s'est  concertée  avec  Méliacin,  montre  en  effet  grand 
plaisir  à  voir  le  cheval  :  elle  monte  souvent  dessus  en  faisant 
mille  folies,  et,  feignant  d'être  prête  à  tomber,  se  fait  atta- 
cher avec  les  «  guimples  et  cuevrechiés  »  qu'elle  a  encore. 
Enfin,  un  jour  qu'elle  est  dans  le  jardin,  ainsi  solidement 
liée  sur  la  croupe  du  cheval,  pendant  que  le  duc  et  ses  amis 
sont  un  peu  à  l'écart,  MéHacin,  resté  seul  près  d'elle,  monte 
en  selle,  tourne  la  cheville  et  s'élève  rapidement  en  l'air.  k.i  ,M,d. 
Avant  de  disparaître,  il  révèle  toute  la  vérité  au  duc  de 
Galice,  qui  reste  plein  d'étonnement  et  de  douleur.  H  est  f,i.  1.^70 
tiré  de  ses  réflexions  par  un  message  du  roi  de  Perse.  Celui- 
ci  eu  effet  avait  reçu  la  visite  des  deux  philosophes, Cléoma- 
tan  et  Flore,  qui  lui  avaient  appris  l'arrivée  de  sa  fille  en 
Ermenie  et  son  rapt  par  Glamazart,  et  qui  avaient  vu  dans 


XIV*  SIÈCLE. 


182  GIRARD  D'AMIENS. 


les  étoiles  qu  elle  et  Méliacin  étaient  en  Syrie  au  château  de 

Koi.  1 1  <  rf.  Beaurcpaire.  Alsimus  y  arrive  après  le  départ  des  amants,  et 
le  récit  qu'il  fait  au  duc  a  pour  conséquence  de  faire  ex- 

Koi.  ii3<..  traire  de  sa  prison  et  «trainer»  Clamazart.  Puis  le  roi  de 
Perse,  Hardouin  avccSaville  et  Oriande,  Cléomatan,  Flore, 
et  le  duc  de  Galice  lui-même  partent  pour  Savarnon. 

Méliacin  y  était  arrivé  depuis  quelque  temps.  Il  était  des- 
cendu avec  Célinde  dans  le  même  verger  où  il  l'avait  laissée 

Fol.  i;i8n.  jadis;  mais  cette  fois  il  ne  s'éloigne  pas  d'elle.  11  rencontre 
un  «  vallet  »  et  l'envoie  annoncer  .son  retour  à  ses  trois  .sœurs. 
Elles  accourent,  lui  font  fête  ainsi  qu'à  Célinde,  et  emmè- 

Foi.  i.ig".  nent  celle-ci  dans  leur  appartement.  Pour  lui,  il  va  trouver 
son  père,  malade  de  chagrin  depuis  (ju'on  était  .sans  nou- 
velles de  lui,  et  .s'agenouille  auprès  de  .son  lit.  Le  vieux  roi 
recouvre  la  .sanlé  avec  le  bonheur;  mais  c'est  son  (Ils  qui 
rétablit  l'ordre  et  la  paix  dans  le  royaume,  tombé,  dej)uis  la 
maladie;  de  Nubien,  dans  la  plus  désastreuse  anarchie,  e( 

Fol.  1^5 i.  c[ui  bientôt  retrouve  une  prospérité  .sans  pareille.  Pirabel, 
(|ui  est  venu  visiter  son  ami,  s'éprend  de  Gloriande,  qui, 
de  .son  côte,  lui  donne  en  secret  son  cœur.  Bientôt  arrivent 
le  roi  de  Perse  et  ceux  qui  l'accompagnent,  et  tout  finit  par 
des  fêtes  comme  on  n'en  vit  jamais  et  par  un  sextuple  ma- 
riage: Méliacin  épouse  Célinde;  Cléomatan,  Mélide;  Flore, 
Ide;  Pirabel,  Gloriande;  le  duc  de  Galice,  Oriande,  et  Har- 
douin, Saville.  Les  pères  de  tous  ceux  des  nouveaux  époux 
qui  n'étaient  qu'héritiers  présomptifs  meurent  peu  après 
ou  abdiquent  en  leur  faveur,  et  le  poème  se  termine  par 

Fol.  i56(i.        quelques  mots  sur  l'heureux  et  long  règne  de  Méliacin. 

Tous  ceux  qui  ont  lu  Cléomadès  ont  reconnu  dans  cette 
analyse  la  fable  du  roman  d'Adenet  le  Roi.  Les  ressem- 
blances s'étendent  parfois  à  des  détails  minimes  :  ainsi  dans 
les  deux  romans  il  s'agit  d'un  roi  qui  a  un  fils  et  trois  filles; 
dans  les  deux,  le  premier  sage  offre  une  poule  et  ses  poussins, 
le  second,  une  statue  qui  sonne  de  la  trompe  en  certaines 
occasions;  dans  les  deux,  le  géant  qui  garde  l'héroïne  est 
eunuque;  dans  les  deux,  elle  est  attachée  avec  des  linges  à 
l'arçon  dé  la  selle  du  cheval  magique  ;  dans  les  deux,  le  ravis- 


GIRARD  D'AMIENS.  183 

seur  de  la  princesse,  qui  est  un  monstre  hideux  et  contre- 
lait,  s'endort  en  mettant  sa  tête  dans  ie  giron  de  sa  com- 
pagne; dans  les  deux,  l'héroïne  fait  la  folle  pour  échapper 
aux  sollicitations  du  prince  au  pouvoir  de  qui  elle  se  trouve; 
dans  les  deux,  le  héros  déliv|"e  les  suivantes  de  son  amie  en 
tuant  le  géant  qui  soutient  l'accusation  dont  elles  sont  l'ob- 
iel;  dans  les  deux,  le  héros,  arrivé  par  hasard  dans  l'endroit 
où  sa  belle  est  retenue,  se  donne  pour  médecin  et  l'enlève 
au  moyen  du  cheval  merveilleux  qu'il  a  fait  porter  près 
d'elle  et  avec  lequel  elle  feint  de  jouer;  dans  les  deux  enhn, 
le  mariage  des  deux  personnages  principaux  est  accompagné 
de  celui  des  trois  sœurs  du  héros  et  des  suivantes  de  l'hé- 
roïne. Ce  sont  là  des  similitudes  qui  vont  jusqu'à  l'identité 
en  plusieurs  points,  et  telles  ([u  il  n'en  existe  pas  de  pareilles, 
à  notre  connaissance,  entre  deux  romans  du  moyen  âge  trai- 
tant une  même  donnée  fondamentale.  Avant  de  voir  com- 
ment on  peut  les  expliquer  de  la  façon  la  plus  vraisemblable, 
il  est  bon  de  signaler  aussi  les  différences  qui  existent 
entre  le  roman  d'Adenet  et  celui  de  Girard. 

D'abord  tous  les  noms  sont  différents.  Pour  ne  citer  que 
les  principaux,  voici  sur  une  double  colonne  les  person- 
nages qui  se  correspondent  dans  les  deux  poèmes  : 

Cléoraadès.  Méli.icin. 

Clannondine.  Céliiide. 

Marcadigas.  Nul)ioii. 

Éliador.  Mclidc. 

Féniadisse.  Id(>. 

Marine.  (îloriande. 

Méiocandis.  Cit-oinatan. 

Raldigan.  Flore. 

Croinparl.  Clainazart. 

Carmant.  AImiiuis. 

Blëopatris.  Sabef. 

Méniadus.  Le  duc  de  Galice. 

Les  divers  lieux  où  se  passent  les  épisodes  successifs  ne 
.sont  pas  moins  différents  :  disons  seulement  qu'à  l'Espagne 
et  à  la  Toscane,  patries  de  Cléomadès  et  de  Clarmondine, 


MV'  S1^.CLE. 


Xl\    SIRCI.K. 


184  GIRMD  D'AMIENS. 

correspondent  rEimcnie  et  la  Perse,  patries  de  Méliacin  ef 
de  Célinde;  f|iie  Bléopatris  est  roi  d'Arcage  et  Sal)el  roi  de 
Serre',  et  que  la  feinte  folie  de  l'héroïne  et  sa  délivrance 
sont  placées  par  Adenet  en  Fouille,  par  Girard  en  Syrie.  En 
somme,  le  roman  d'Adenet  a  pour  théâtre  l'Europe  (sauf  que 
les  trois  «sages»  sont  des  rois  d'Afrique),  celui  de  Girard 
l'Asie.  Mais,  dans  l'un  comme  dans  l'autre,  les  personnages 
sont  païens,  les  deux  poètes  ont  soin  de  leur  faire  sou- 
vent invoquer  «  les  dieux  »,  et  on  doit  remarquer  qu'aucun 
des  deux  ne  fait,  contrairement  à  l'habitude  trop  fréquente 
de  leur  temps,  figurer  Mahomet  parmi  les  divinités  de  l'an- 
cien paganisme. 

Dans  le  récit  lui-même,  les  divergences  secondaires  sont 
nombreuses.  La  manière  dont  Cléomadès,  lors  de  sa  pre- 
mière visite  chez  celle  qu'il  doit  aimçr,  arrive  à  rentrer  en 
possession  de  son  cheval  et  à  s'échapper  n'est  pas  la  même 

?[ue  celle  qu'emploie  Méliacin  dans  la  même  occurrence  ;  sa 
uite  avec  Clarmondine  présente  des  circonstances  autres 
que  la  fuite  de  Méliacin  avec  Célinde;  Crompart,  l'inventeur 
(lu  cheval  merveilleux,  meurt  dans  sa  prison  avant  l'arrivée 
de  Cléomadès  dans  le  pays  où  Clarmondine  passe  pour  folle, 
et  Cléomadès  apprend  par  des  conversations  tenues  chez  son 
hôte  la  présence  et  la  maladie  de  sa  belle,  tandis  que  Mélia- 
cin en  est  informé  par  Clamazart,  qui  est  mis  à  mort  plus 
tard;  les  suivantes  de  Clarmondine  sont  au  nombre  de  trois, 
au  lieu  que  Célinde  n'en  a  que  deux ,  et  les  circonstances 
du  combat  judiciaire  que  Cléomadès  livre  pour  les  arracher 
au  supplice  sont  assez  différentes  de  celles  où  Méliacin  ac- 
complit le  même  exploit;  la  mère  de  Cléomadès  et  celle  de 
Clarmondine  sont  en  vie  dans  le  roman  d'Adenet,  celles  de 
Méliacin  et  de  Célinde  sont  mortes  quand  s'ouvre  le  roman 
de  Girard;  le  personnage  de  Pirabel  est  inconnu  à  Adenet, 
chez  qui  la  troisième  sœur  du  héros  épouse  le  prince  qui 
avait  recueilli  l'héroïne  et  avait  voulu  en  faire  sa  femme; 
en  revanche,  la  figure  du  ménestrel  Pinchonnet,  dans  lequel 

'  Ce  rovàume  de  Serre,  qui  paraît  tout  fantastique  (il  est  donné  ici  comme  limi- 
trophe de  la  Perse),  se  retrouve  dans  Escanor.  ' 


GIRARD  DAMIENS. 


ISS 


XIV    SIECLC. 


on  a  pensé  non  sans  vraisemblance  que  le  ménestrel  Adenet 
avait  voulu  se  peindre  lui-même,  est  absente  du  poème  de 
Girard.  Nous  neparlonspasdes  récits  épisodiques,  étrangers 
au  thème  essentiel,  par  lesquels  les  deux  auteurs  ont  déme- 
surément et  bien  inutilement  allongé  leur  narration  (Adenet 
a  ainsi  rimé  près  de  19000  vers,  Girard  près  de  20000), 
qui  sont  complètement  difiTérents  dans  chacun  des  poèmes 
et  y  occupent  d'autres  places.  Une  comparaison  exacte  et 
suivie  des  deux  poèmes,  qui  permettrait  de  déterminer 
avec  précision  ce  qu'ils  ont  de  commun  et  ce  qui  est  propre 
à  chacun  d'eux,  pourrait  faire  l'objet  d'une  monographie; 
nous  ne  pouvons  songer  à  la  donner  ici;  nous  nous  bor- 
nons à  en  indiquer  les  traits  essentiels. 

11  résulte  avec  évidence  de  ce  rapprochement,  même 
sommaire,  que  les  deux  romans  ou  dérivent  l'un  de  l'autre 
ou  ont  une  même  source.  Le  roman  d' Adenet  paraissant 
plus  ancien  que  celui  de  Girard,  on  a  pensé,  au  premier 
examen ,  que  celui-ci  avait  copié  son  devancier,  d'autant  plus 
qu'on  savait  que,  dans  son  Charlemagne,  il  avait  continué  et 
imité  la  Berte  d'Adenet.  L'éditeur  d'Escanor,  qu'on  aurait  pu 
croire  disposé  à  plus  de  bienveillance  pour  l'auteur  dont  il 
imprimait  l'ouvrage,  n'a  pas  hésité  à  l'accuser  de  plagiat  : 
«  Dans  Charlemagne,  dit-il,  l'auteur  se  nomme  Gyrards  et  Gy- 
«  rardins,  qui  en  est  le  diminutif;  mais  ce  qui  est  plus  curieux, 
«  c'est  qu'il  les  répète  dans  une  troisième  œuvre  qu'il  intitule 
«  Méliacin  et  Célinde ,  qui  n'est  autre  que  le  roman  de  Cléo- 
«  madès,  d'Adenet  le  Roi,  et  qu'il  s'attribue  sans  la  moindre 
I  vergogne  dans  les  vers  suivants  qui  terminent  le  poème  : 

•  Gerardins  d'Amiens ,  qui  plus  n'a 
«  Oï  de  cest  conte  retraire , 

«  N'i  veult  pas  mençonges  atraire 
«  Ne  chose  dont  il  fust  repris  : 
<;   .  «  Ainsi  qu'il  a  le  conte  apris 

«  L'a  rimé ,  au  mieus  qu'il  savoit , 
«  Et  s'amender  riens  i  avoit , 

•  Il  n'i  faut  que  le  commander, 

«  Que  peu  est  chose  ou  amender 
«  Ne  puist  on. 


Esranor,  p.  xiit. 


TOME  XIXI. 


24 


UV*  MKCI.t. 


186 


GIRARD  DAMIENS. 


XeiUrlii'in  fur 
rom.  Philol,  t.\I. 
p.  \ii. 


«  H  faut  convenir  que  Girard  ou  Girardin  était  doué  d'une 
■  dose  d'effronterie  peu  commune;  il  ne  se  gênait  pas  pour 
<•  meaçonges  atraire,  et  il  y  a  où  amender  pour  rétablir  la  vé- 
«  rite.  »  Ce  jugement  sévère  n'a  pas  été  porté  en  pleine  con- 
naissance de  cause,  et  déjà  M.  Tobler,  sans  avoir  à  sa  dispo- 
sition toutes  les  pièces  du  procès,  l'a  réformé  d'après  un 
uste  sentiment  de  vraisemblance  :  «Ce  reproche,  dit-il, 
parait  tout  à  fait  mal  fondé;  car  ce  qu'on  connaît  jusqu'à 
présent  du  «  Conte  du  cheval  de  fust  »  montre  que  cet 
ouvrage  n'est  nullement  identique  au   Gléomadès,  mais 
est    une  mise  en  œuvre  particulière,  sinon  tout  à  fait 
du  même  sujet,  au  moins  d'un  sujet  très  voisin,  en  tout 
cas  assez  différent  pour  qu'on  ne  puisse  imputer  à  Girar- 
din de  s'être  approprié  le  bien  d'autrui.  Il  est  certaine- 
ment singulier  que  le  poète  qui,  dans  son  Charlemagne, 
a  accepté  les  innovations  qu'Adenet  avait  introduites  dans 
Berte  et  qui  distinguent  cette  chanson  de  geste  de  toutes 
lefl  autres;  qui,  dans  cet  ouvrage  considérable,  est  aussi, 
pour  ie  sujet,  le  continuateur  d'Adenet;  qui,  comme  lui, 
mêle,  dans  Kscanor et  Méliacin,  des  morceaux  lyriques  à  la 
na/'ration,  se  rencontre  encore  de  si  près  avec  Adenet  dans 
le  sujet  de  ce  dernier  poème.  »  Cette  rencontre,  comme  on 
a  vu,  ne  peut  avoir  été  purement  fortuite;  elle  ne  s'ex- 
plique pas  par  un  plagiat,  ni  d'Adenet  (on  ne  l'a  jamais 
soupçonné),  ni  de  Girard.  Ce  qui  a  donné  lieu  d'en  accuser 
ce  dernier,  c'est  très  probablement  la  curieuse  composition 
de  l'un  des  manuscrits  qui  contiennent  Méliacin,  le  n'  1 455 
du  fonds  français  de  la  Bibliothèque  nationale.  Ce  manuscrit 
en  effetcontient  le  poème  de  Girard  d'Amiens,  dansia  rédac- 
tion authentique,  à  partir  du  vers  1 5o  i  environ,  maisjusque- 
là  il  donne  le  texte  de  Cléomadès,  en  substituant  seulement 
aux  noms  des  personnages  d'Adenet  ceux  des  personnages 
de  Girard.  Arrivé  au  vers  291  :)  de  Cléomadès,  le  copiste  a 

fasse  au  texte  de  Méliacin,  en  ajoutant,  pour  rajuster  l'un  à 
autre,  quelques  vers  de  sa  composition.  La  soudure  a  lieu 
dans  le  récit  de  la  merveilleuse  arrivée  du  héros  chez  son 
amie,  qu'il  ne  connaît  pas  encore.  Cléomadès  trouve  d'abord, 


GIRARD  D'AMIENS. 


W 


dans  une  première  chambre,  une  table  richement  servie ,  où 
il  mange  à  sa  faim  : 

Assez  rnenja  tant  com  lui  plot. 
Et,  quant  mengië  et  beû  ot, 
Sî  s'est  de  ia  table  levez  : 
Vers  l'uis  d'une  chambre  est  alei 
Qu'il  vit  un  petit  entrouvert.  .  . 

Dans  cette  chambre  dçrt  le  géant  qui  garde  Clarmondine; 
Cléomadès  se  garde  de  l'éveiller  et  passe  sans  faire  de 
bruit.  Chez  Girard  le  récit  n'est  pas  tout  à  fait  pareil.  Mé- 
liacin  ne  trouve  pas  de  table  et  ne  mange  pas.  11  est  des- 
cendu dans  une  cour  sombre  :  une  lumière  l'attire  dans  une 
chambre;  il  y  trouve  un  lit  magnifique,  dans  lequel  dort  le 
géant;  il  s'arrête  un  instant  à  le  considérer.  C'est  à  ce  moment 
que  le  copiste  du  manuscrit  1 455  prend  le  texte  de  Méliacin  ; 
mais,  comme  le  lit  du  géant  n'est  pas  décrit  dans  Cléoma- 
dès, il  a  dû  faire  quelques  vers  de  raccord  pour  amener  les 
premiers  vers  de  Méliacin  qu'il  insérait,  et  il  s'est  assez 
plaisamment  trompé,  en  croyant  que  ces  vers  devaient  se 
rapporter  à  des  léopards,  tandis  qu'il  ne  s'y  agissait  que 
de  cierges.  Nous  mettons  en  regard  les  deux  textes,  en  mar- 
quant par  des  italiques  ce  qui  est  de  la  fabrique  du  co- 
piste du  manuscrit  i455  : 


Mss.  iS8g  (fol.  l^  i).  i633  (M.  li  b). 

Mais  n'i  eut  gaires  demouré 
Qu'il  i  vit  un  beau  lit  paré 
Et  aourné  de  grant  richece. 
Comment  qa'il  en  eûst  leece , 
Il  vit  deus  ciei^c.^  qui  ardoienl , 
Et  au  veoir  laiens  aidoimt  : 
L'uns  Tu  as  piex ,  et  l'autre  au  chief. 
Meliacins  fu  a  meschief 
De  ce  qu'il  n'osoit  mot  parler. 
Ne  home  ne  femme  apeler  : 
C'est  ce  qui  plus  li  anuia  ; 
Et  d'autre  part  roout  l'esmaia 
Uns  jaians  qui  ei  lit  gesoit ,  etc. 


Ml.  il55  (fol.  lid). 

[Dont  s'est  de  la  table  levet] 
El  «*(  en  «ne  alee  entrez , 
La  ou  il  aperçut  un  lit. 
Ou  il  ne  voit  pas  son  délit  : 
Dtus  liepars  vit  d'or  et  d'argent 
Défaut  le  lit  en  traversant; 
L'un  fuau  piex  et  l'autre  au  chef. 
Meliachin  fii  a  meschef 
De  cbou  qu'il  n'osoit  mot  parler. 
Ne  homme  ne  femme  apeler  : 
Cli'est  chou  qui  {dus  U  anuia  : 
Et  d'antre  part  moût  l'esmaia 
Uns  gaians  qui  ou  lit  gesoit,  etc. 


A  partir  de  là,  le  manuscrit  1 455  présente  sans  variante 
remarquable  le  roman  de  Girard,  dans  un  texte  qui  se  râp- 
ai. 


Xl%'  SlicLK. 


Cléomadès . 


\.  1911. 


xiv*  SliCLB. 


188  GIRARD  D" AMIENS. 

proche  surtout  de  celui  du  manuscrit  i633.  H  paraît  évi- 
dent que  le  copiste  de  ce  manuscrit  (ou  celui  du  manuscrit 
qu'il  suivait)  avait  à  sa  disposition  un  manuscrit  de  Mélia- 
cin  auquel  manquaient  environ  les  treize  premiers  feuillets. 
11  avait  remarqué  l'étroite  ressemblance  de  ce  roman  avec  le 
Cléomadès,  et  il  a  eu  l'idée,  pour  combler  cette  lacune,  de 
prendre  le  commencement  du  poème  d'Adenet,  en  l'abré- 
geant (car  il  ne  donne  que  2  4oo  vers  au  lieu  de  291  2),  et 
en  remplaçant  tous  les  noms  par  ceux  qui  paraissent  plus 
tard  dans  le  récit  de  Girard  d'Amiens.  La  façon  dont  il  a 
procédé  à  ce  travail  serait  assez  curieuse  à  étudier  de  près; 
malgré  la  similitude  fondamentale  des  deux  romans,  il  y  a 
dès  le  début  quelques  données  contradictoires  qu'il  n'était 
pas  toujours  très  aisé  de  concilier;  d'autre  part,  la  mesure 
ou  les  rimes  opposaient  souvent  des  difficultés  à  l'échange 
des  noms  propres.  Nous  nous  bornons  à  signaler  cette  petite 
curiosité  littéraire,  et  à  constater  que,  s'il  y  a  ici  quelque 
chose  qui  ressemble  à  un  plagiat,  le  plagiaire,  qui  a  d'ail- 
leurs approprié  le  bien  d'autrui  non  à  lui-même,  mais  à  un 
tiers,  ne  saurait  évidemment  être  Girard. 

Nous  voilà  donc  ramenés  à  la  question  du  rapport  du 
roman  de  celui-ci  avec  le  roman  d'Adenet.  Certaines  données 
externes  viennent  à  la  fois  compliquer  et  peut-être  éclaircir 
cette  question.  Dans  les  premiers  vers  de  son  poème,  Girard 
nous  dit  :  •" 

.  .  .Li  contes  est  deduisans, 
Et  a  oïr  biaus  et  plaisans , 
Et  s'en  avons  la  ramenbrance 
Par  bêle  dame  d'ounourance, 
Pour  coi  li  contes  doit  miex  plaire , 
Car  chose  ne  poroit  desplaire 
Ke  si  bêle  dame  fesist 
Ne  dont  ele  s'entremesist  ; 
Car  ele  est  franche  et  debonaire 
M  Et  atraite  de  si  bon  aire 

Ke  ce  qu'ele  fait  plaist  a  tous; 

Kar  ses  gens  cors  est  d'oneur  tous , 

Tant  est  et  bêle  et  bone  et  sage, 

Et  si  est  de  si  fait  lignage  ">'   '  "^"^ 


GIRARD  DAMIENS.  189        ,.^.  „,^^, 

Come  fille  de  poissant  roi .  .  . 
Et  pour  ce  voel  je  garde  prendre 
Ke  je  ne  faille  a  mon  emprise, 
Et  pour  la  dame  bien  aprise 
Et  pour  ce  qu'il  m'est  commandé 
D'un  chevalier  qui  amendé 
A  de  son  cors  tout  son  lignage .  .  . 
De  son  estre  plus  ne  vous  di. 
Car  de  bouche  me  desfendi 
Que  j'a  tant  de  lui  me  souffrisse 
Et  plus  menlion  n'en  feïsse. 

Ainsi  le  poète  déclare  rimer,  par  l'ordre  d'un  chevalier 
de  haut  rang,  un  conte  qui  vient  d'une  noble  dame  fille  de 
roi.  Qui  étaient  cette  dame  et  ce  chevalier,  il  ne  nous  le  dit 
pas,  mais  on  peut  avec  une  grande  vraisemblance  identifier 
au  moins  la  première.  Le  manuscrit  1 633  présente  à  sa  pre- 
mière page  une  miniature  intéressante ,  non  par  l'exécution, 
mais  par  le  sujet;  elle  se  trouve  à  peu  près  exactement  repro- 
duite en  tête  du  manuscrit  1689,  dont  la  première  page, 
arrachée  anciennement,  a  été  refaite  au  xiv*  siècle.  Nous 
empruntons  à  des  notes  manuscrites  de  M.  Paulin  Paris  la 
description  et  l'explication  de  cette  peinture  historique  :  «  Un 
«  personnage  couronné  et  couvert  d'une  robe  d'azur  fleur- 
11  delisée  repose  sa  tête  sur  les  genoux  d'une  femme  dont  la 
«  robe  est  partie  de  France  et  de  Flandre.  A  droite  sont  quatre 
«et  à  gauche  trois  femmes.  La  première  de  droite  a  la  robe 
«  de  France  partie  de  Châtillon,  la  seconde  de  France-Cler- 
«  mont  (depuis  Bourbon),  la  troisième  de  France-Artois, 
«  la  quatrième  de  Bar;  la  première  de  gauche,  qui  est  cou- 
ci  ronnée,  de  France  et  de  Hainaut;  la  seconde,  également 
«  couronnée,  de  France  et  de  Navarre;  la  troisième  de  Châ- 
M  tillon  (au  chef  d'or  chargé  à  droite  d'une  merlette).  Voici 
«  comment  on  peut  expliquer  cette  miniature.  Nous  sommes 
«en  1285,  époque  de  l'avènement  de  Philippe  le  Bel,  ou 
«peu  après.  Marguerite  de  France,  fille  aînée  de  Marie  de 
Il  Brabant,  reçoit  affectueusement  sur  ses  genoux  la  tête 
<i  de  son  jeune  frère  consanguin,  le  roi  Philippe.  Le  lion  de 
<i  Flandre  dont  la  robe  de  Marguerite  est  partie  indique  que 
1  s 


\lt'    SIECtB. 


190  GIRARD  D' AMIENS. 

«  la  princesse  n'est  pas  du  même  lit  que  le  roi  son  frère .  .  . 
«  A  gauche,  les  assistantes  sont  d'abord  la  reine  mère,  Marie 
«deBrabant,  puis  la  reine  régnante,  Jeanne  de  Navarre, 
«  mariée  le  16  août  1  284,  à  l'âge  de  treize  ans,  et  morte  en 
«  i3o4;puis,  assise  ou  plutôt  agenouillée,  la  connétable, 
«  Isabel  de  Dreux,  femme  de  Gaucher  de  Châtiilon,  conné- 
«  table  de  France,  mariée  en  1  281,  morte  le  29  avril  i^oo. 
«  A  droite  :  1°  la  comtesse  d'Alençon,  Jeanne  de  Châtiilon, 
«mariée  en  1272  à  Pierre  d'Alençon,  fds  de  saint  Louis, 
»  veuve  en  1  284,  morte  le  19  janvier  1291  à  trente-huit  ans; 
«  2°  la  comtesse  de  Clermont,  Béalrix  de  Bourgogne,  mariée 
«en  1272  à  Robert  de  France,  comte  de  Clermont,  morte 
«le  1"  octobre  iSio;  3°  Blanche  d'Artois,  belle-mère  de 
«  Philippe  le  Bel,  veuve  depuis  1274  de  Henri  1",  roi  de  Na- 
«varre  et  comte  de  Champagne,  remariée  l'année  suivante 
«  à  Edmond  d'Angleterre,  duc  de  Lancastre,  dont  elle  était 
«veuve  avant  1288;  4°  enfin  Jeanne  de  Tori,  seconde 
«femme  de  Thibaud  II,  comte  de  Bar.  Ainsi,  la  comtesse 
«  d'Alençon  étant  morte  en  1291,  c'est  entre  1286  et  1291 
«  que  cette  miniature  et  probablement  le  poème  furent  exé- 
«  cutés.  Girard  d'Amiens  l'écrivit  à  la  demande  ou  pour 
«  le  plaisir  de  ces  princesses.  Ce  qui  est  fort  singulier, 
«  c'est  que  le  même  sujet  avait  été  donné  à  Adenet  le  Roi, 
«  qui  l'avait  traité  à  sa  manière,  par  Marie  de  Brabant, 
«  jdors  reine  régnante,  et  Blanche  de  France,  fille  de  saint 
•  Louis,  veuve  en  1276  de  l'infant  deCastille,  Ferdinand 
«de  la  Cerda.  »  Voici  donc  les  faits  assurés  :  avant  i2  85 
(Marie  de  Brabant  étant  reine),  Adenet  le  Roi  écrit  le 
Cléomadès,  dont  il  dit  tenir  le  sujet  de  Marie  de  Brabant  et 
de  Blanche  de  France;  entre  i285  et  1291,  Girard  rime 
dansMéliacin  la  même  histoire,  qu'il  dit  tenir  d'une  haute 
dame,  fille  de  roi;  cette  princesse  doit  être  cherchée  parmi 
les  dames  figurées  sur  la  miniature  des  manuscrits  iSSg 
et  i633  :  ce  ne  peut  être  que  Marguerite  de  France,  car 
en  parlant  de  Jeanne  de  Navarre,  reine  de  France,  Girard 
ne  se  serait  pas  borné  à  dire  qu'elle  était  «  fille  de  roi  ».  Le 
poète  ne  dit  pas  d'ailleurs  que  Marguerite  lui  eût  donné  le 


GIRARD  D'AMIENS.  101 

sujet  de  son  poème  avec  l'ordre  de  le  mettre  en  vers;  il  dit 
seulement  que  c'est  par  elle  que  «  nous  en  avons  la  re- 
«  membrance  ».  On  peut  croire  dès  lors  que  Marguerite, 
ayant  entendu  raconter  la  merveilleuse  histoire  du  cheval 
magifjue  à  sa  tante  Blanche  de  Fiance  ou  à  sa  belle-mère 
Marie  de  Brabant,  l'axait  à  son  lour  racontée  au  chevalier 
qui,  trouvant  le  sujet  de  som  goût,  invita  Girard  d'Amiens 
à  le  versifier.  Ce  chevalier,  comme  l'a  conjecturé  M.  Paulin 
Paris,  pourrait  bien  être  le  connétable  Gaucher  de  Châ- 
tillon,  dont  la  femme  figure  parmi  les  dames  groupées, 
dans  la  miniature,  autour  de  Marguerite.  Gaucher,  ou  le  pro- 
tecteur de  Girard,  quel  qu'il  soit,  fit  sans  doute  exécuter  du 
roman  qu'il  avait  demandé  à  celui-ci  un  exemplaire  de  luxe 
avec  une  peinture  semblable  à  celle  de  nos  deux  manu- 
scrits, mais  qui  devait  être  plus  grande  et  remplir  entière- 
ment la  première  page.  Il  l'envoya  à  Marguerite  de  France, 
en  souvenir  de  l'histoire  qu'elle  lui  avait  racontée  ou 
donnée  par  écrit  et  qu'il  avait  transmise  à  Girard.  Ce  qui 
reste  bien  étrange,  c'est  que  ni  Marguerite  ni  Girard  n'aient 
su  que  le  «  conte  du  cheva!  de  fust  »  avait  déjà  été  traité  par 
le  célèbre  Adenet  le  Roi.  Aussi  peut-on  faire  encore  sur  ce 
point  d'histoire  littéraire  bien  des  conjectures,  dont  l'une  ou 
l'autre  semblera  peut-être  plus  plausible  que  celle  que  nous 
émettons.  En  tout  cas,  personne  ne  supposera  que  Girard, 
s'il  avait  connu  le  poème  d'Adenet  et  voulu  le  plagier,  eût 
précisément  adressé  sa  contrefaçon  au  cercle  royal  dans  le- 
quel l'œuvre  d'Adenet  était  née  et  sous  le  patronage  duquel 
celui-ci  l'avait  expressément  placée. 

Les  ressemblances  étroites  qui  se  trouvent,  jusque  dans 
des  détails  secondaires,  entre  les  deux  romans  paraissent 
prouver  que  les  auteurs  ont  eu  sous  les  yeux  un  même  thème 
rédigé  par  écrit,  que  chacun  d'eux  a  amplifié  à  sa  guise. 
L'essentiel  dans  ce  thème  commun  (qu'on  pourrait,  nous 
l'avons  indiqué,  restituer  assez  exactement),  c'était  le  cheval 
magique  et  les  péripéties  dont  il  est  l'instrument.  Un  prince 
se  trouve,  par  le  mauvais  vouloir  de  l'inventeur  de  cette 
merveille,  transporté  dans  les  airs  sur  cette  monture  ex- 


ïl»*  HÈO.LG. 


x.VMt,x..        »92  GIRARD  DAMIENS. 

traordinaire,  sans  avoir  appris  l'art  de  la  diriger;  il  le  dé- 
couvre heureusement,  descend  par  hasard  dans  l'asile,  fermé 
à  tous,  d'une  jeune  et  belle  fdle  de  roi;  surpris  par  le  père, 
il  échappe  grâce  à  son  cheval,  revient  près  de  celle  dont  il 
s'est  épris  et  dont  il  s'est  fait  aimer,  l'enlève  par  les  airs,  et 
la  transporte  dans  son  pays.  Mais  il  a  l'imprudence  d'aban- 
donner un  instant  son  cheval  et  sa  belle  :  le  constructeur, 
son  ennemi,  en  profite  pour  enlever  l'une  au  moyen  de 
l'autre.  Le  scélérat  ne  jouit  pas  de  son  crime  :  il  tombe  avec 
sa  compagne  au  pouvoir  d'un  roi  étranger,  qui  le  met  en 
prison,  et  qui  à  son  tour  veut  posséder  la  princesse.  Celle- 
ci,  pour  se  conserver  à  son  ami,  feint  la  folie  pendant  un 
temps  plus  ou  n^oins  long.  Enfin  un  jour  le  hasard  amène 
dans  le  pays  où  elle  est  retenue  le  héros  qui  la  cherche  par 
le  monde  :  il  se  donne  pour  médecin  afin  de  pénétrer  auprès 
d'elle,  retrouve  le  merveilleux  cheval  dont  nul  ne  soup- 
çonnait les  vertus,  et  s'en  sert  pour  enlever  une  seconde  fois 
sa  belle  et  la  ramener  enfin  heureusement  dans  son  pays, 
où  il  l'épouse.  11  y  a  longtemps  qu'on  a  conjecturé  que  le 
fond  de  ce  récit  était  un  conte  oriental,  et  il  est  facile  de 
se  représenter  ce  qu'il  a  dû  être  :  c'est  bien  dans  un  harem , 
impénétrable  à  tout  autre,  que  le  héros  s'introduit  par  la 
voie  du  ciel;  le  gardien  de  ce  harem  (nos  deux  romans 
ont  gardé  ce  trait  originaire)  est  un  eunuque  noir,  et  le 
méchant  «  philosophe  »  des  romans  français  devait  être  un 
magicien  tout  semblable  à  celui  qui  fait  la  fortune  et  le 
malheur  d'Aladin.  Toutefois  on  n'a  retrouvé  jusqu'à  présent, 
dans  la  masse  des  fictions  orientales,  aucun  récit  qui  con- 
Beiifey(Th.).  tienne  les  traits  essentiels  du  nôtre.  Le  cheval  magique  lui- 
même  a  certainement  pour  ancêtre  le  garouda  de  bois,  mû 
également  par  quatre  chevilles,  au  moyen  duquel,  dans  le 
plus  ancien  recueil  de  contes  indiens  que  nous  connaissions, 
un  jeune  homme  reprend  sa  femme  légitime  à  un  roi  qui  la 
lui  avait  ravie.  Cette  donnée  fondamentale  a  probablement 
reçu  dans  une  version  arabe  la  forme  particulière  qu'elle  offre 
dans  nos  deux  romans,  et  ce  n'est  pas  sans  vraisemblance 
qu'on  a  conjecturé  que  Blanche  de  France,  épouse  pendant 


Paiiisrhatantra 
I.  1,  p.  i58 


GIRARD  D'AMIENS. 


193 


làci.K. 


quelques  années  de  l'infant  de  Castille,  avait  rapporté  d'Es- 
pagne, où  les  Arabes  l'auraient  introduit,  le  conte  qui  a 
servi  de  thème  aussi  bien  à  Girard  qu'à  Adenet.  Le  cheval 
merveilleux  se  retrouve,  mais  employé  à  des  aventures 
différentes,  dans  d'autres  romans  du  moyen  âge  :  c'est,  par 
exemple ,  le  fameux  cheval  de  Pacolet  dans  Valentin  et  Orson  ; 
c'est  le  cheval  de  bronze  qui  figure  au  début  du  conte  in- 
achevé de  l'écuyer  dans  les  Canterbary  Taies.  Dans  ce  dernier 
récit,  il  peut  bien  y  avoir  une  imitation  lointaine  de  (^léo- 
madès;  c'est  beaucoup  plus  douteux  pour  Valentin  et  Orson , 
et  rien  n'est  plus  inexact,  en  tout  cas,  que  de  dire,  comme 
on  l'a  fait,  que  ce  roman  est  «  une  contrefaçon  grossière  »  de 
celui  d'Adenet,  avec  lequel,  sauf  la  fiction  du  cheval  ma- 
gique, il  n'a  aucune  ressemblance.  On  sait  que  Cervantes  a 
tiré  parti  du  fameux  cheval  de  bois  dirigé  en  l'air  à  l'aide  de 
chevilles  pour  une  des  plus  gaies  des  mystifications  faites  au 
pauvre  Don  Quichotte.  Il  est  singulier  qu'à  deux  reprises  il 
présente  ce  cheval  magique  comme  ayant  été  la  monture  de 
Pierre  de  Provence  et  de  son  amie  la  oelle  Maguelone;  c'est 
une  de  ces  confusions  de  mémoire  qui  ne  sont  pas  très  rares 
dans  son  incomparable  livre  :  le  roman  français  de  Pierre  de 
Provence  ne  contient  rien  de  pareil,  non  plus  que  la  tra- 
duction espagnole  maintes  fois  imprimée. 

L'œuvre  de  Girard  d'Amiens  est,  comme  on  peut  s'y 
attendre,  bien  inférieure  à  celle  d'Adenet.  La  prolixité,  la 
banalité  des  détails,  la  recherche  puérile  ou  la  platitude  de 
l'expression,  toutes  faiblesses  dont  le  roman  du  ménestrel 
brabançon  n'est  pas  exempt,  sont  constantes  dans  celui  du 
rimeur  picard.  H  pourrait  y  avoir  quelque  intérêt  à  mettre 
en  regard  la  façon  dont  les  deux  poètes  ont  traité  les  mêmes 
situations,  raconté  les  mêmes  incidents,  décrit  les  mêmes 
sentiments;  mais  cette  comparaison  ,  comme  celle  des  faits 
eux-mêmes,  ne  serait  à  sa  place  que  dans  une  étude  spé- 
ciale. Bornons-nous  à  dire  qu'ici  comme  dans  Escanor 
Girard  allonge  surtout  son  récit  au  moyen  d'interminables 
discours.  Les  monologues,  notamment,  devenus  depuis  Be- 
noit de  Sainte-More  et  Chrétien  de  Troies  un  ingrédient 


TOME  XX\I. 


■2  b 


\anllasselt  (A.), 
C.léoniadès,    t.    I, 


Don  QiiichoUc, 
pari.  I ,  rhiip.  XLix  ; 
pnrt.  Il ,  rhap.  xi,. 


1   5  * 


\ll'  SIÈCLE. 


/citsi'linll     lûr 


194  GIRARD  D'AMIENS. 

indispensable  des  romans  «  courtois  »,  prennent  chez  notre 
auteur  des  dimensions  hors  de  toute  proportion  avec  l'im- 
portance dû  thème  et  l'intérêt  du  contenu.  Ni  dans  les  dis- 
cours, ni  dans  le  récit  proprement  dit,  Girard  ne  trouve  l'ex- 
pression juste  et  vive,  la  note  par  moment  émue,  la  tournure 
gracieuse,  qui  ne  font  pas  défaut  à  son  rival.  La  vie  manque 
complètement  à  sa  froide  et  monotone  composition,  qui  ne  se 
laisse  lire  sans  trop  d'ennui,  nous  l'avons  déjà  indiqué,  que 
grâce  à  une  rédaction  généralement  claire,  facile  et  coulante. 
Pour  orner  sa  narration,  Girard  d'Amiens  y  a  inséré  un 
assez  grand  nombre  de  morceaux  lyriques,  suivant  en  cela 
l'exemple  de  plusieurs  poètes  antérieurs  (Adenet,  dans  son 
Cléomadès,  n'a  employé  ce  procédé  que  très  sobrement).  Il 
n'en  a  pas  inséré  moins  de  vingt-quatre,  qui  ont  été  publiés 
à  part,  d'après  le  manuscrit  de  Florence,  par  M.  Stengel. 
t.  \,  |).  i(io  i75.  ^6  ces  morceaux,  les  uns  sont  les  premiers  couplets  de  chan- 
sons connues  de  Gace  Brûlé,  de  Thibaud  de  Champagne  et 
d'autres  célèbres  trouveurs;  les  autres  paraissent  être  em- 
pruntés à  des  chansons  alors  populaires;  d'autres  encore  sont 
sans  doute  l'œuvre  de  Girard  et  semblent  être  donnés  par 
lui  comme  composés  par  les  personnages  qui  les  chantent, 
notamment  par  Méliacin.  On  ne  peut  dire  que  ces  inter- 
mèdes lyriques  soient  toujours  introduits  dans  le  roman 
avec  beaucoup  d'à-propos. 

Outre  ces  couplets,  M.  Stengel  a  imprimé,  d'après  le  ma- 
nuscrit de  Florence,  divers  morceaux  et  les  216  derniers 
k.ii.,  (,v,i.  ,  vers  de  Méliacin.  M.  Keller,  il  y  a  cinquante  ans,  avait 
imprime,  a  après  le  même  manuscrit,  environ  600  vers 
du  début.  M.  Tobler  a  exprimé  le  vœu  qu'il  fût  donné  du 
poème  une  édition  complète;  nous  n'y  contredisons  pas, 
surtout  à  cause  de  l'intérêt  que  peut  offrir  une  comparaison 
détaillée  entre  ce  poème  et  celui  d'Adenet. 

«iMAniEMAONE.         Eu  tcrmiuaut  l'histoire  de  Méliacin ,  Girard  annonce  qu'un 
autre  travail  réclame  son  temps  : 

kar  pensser  a  un  autre  afairo 
M'estuet,  que  je  ne  puis  desdire. 


GIRARD  D'AMIENS.  195 

Il  s'agit  probablement  du  Charlemagne,  qu'il  avait  entre- 
pris à  la  demande  de  Charles  de  Valois,  et  qui  en  elFet  était 
de  taille  à  l'absorber  pendant  des  mois,  si  ce  n'est  pendant 
des  années.  Cette  œuvre  considérable  est  celle  qui  jusqu'à 
présent  a  surtout  fait  connaître  le  nom  de  Girard  d'Amiens; 
elle  est  cependant,  au  point  de  vue  poétique,  encore  infé- 
rieure aux  deux  précédentes;  mais  elle  offre  un  autre  genre 
d'intérêt,  qui  s'attache,  sinon  à  la  forme,  du  moins  à  la 
matière.  Girard  a  prétendu  donner  une  histoire  complète 
de  Charlemagne,  empruntée  tant  aux  chroniques  qu'aux 
chansons  de  geste.  Il  n'y  a  aucun  profit  à  rapprocher  son 
exposition  prolixe  et  vague  des  sources  historiques  qu'il  a 
consultées,  et  qui  ne  sont  autres  que  les  chroniques  fran- 
çaises de  Saint-Denys;  mais  il  est  intéressant,  pour  l'étude 
critique  de  notre  épopée,  de  rechercher  quels  poèmes  sur 
Charlemagne  il  a  connus  et  utilisés,  d'autant  plus  ([ue, 
comme  nous  le  verrons,  il  s'en  trouve  dans  le  nombre  {|ui 
ne  nous  sont  pas  parvenus.  Le  Charlemagne  de  Girard 
d'Amiens  ne  nous  est  pas  lui-même  arrivé  entier.  Nous  en 
possédons  trois  manuscrits,  dont  le  plus  complet  est  le 
manuscrit  fr.  778  de  la  Bibliothèque  nationale.  Le  roman 
de  Girard,  divisé  en  trois  livres,  s'y  lit  tlepuis  le  commen- 
cement jusqu'à  la  fin;  seulement  le  livre  II  est  tronqué  au 
folio  124  r°,  vers  la  fin  du  récit,  fait  d'après  une  légende 
latine  bien  connue,  du  fabuleux  voyage  de  Charlemagne  en 
Orient;  le  scribe  s'arrête  au  milieu  de  la  seconde  colonne 
après  ces  deux  vers  : 

Par  Je  consseil  Naimon ,  qui  en  tel  fel  ert  sages , 
Fu  grant  merriens  copez  et  trel  hors  des  bosquages. 

Le  reste  de  la  colonne  est  en  blanc,  ainsi  que  le  verso  du 
feuillet,  et  le  livre  III  commence  en  tête  du  folio  1  25  par 
ces  vers  : 

Quant  Charlemaine  fu  en  France  repériez 
D'Aspremont ,  ou  il  ot  inout  esté  travelliez , 
Estre  s'i  cuida  bien  un  grant  temps  aiesjiez  ; 

d'où  il  résulte  que  l'expédition  d'Aspremont,  bien  connue 

25. 


\IV'  SlàcLK. 


x.v-s.kc...        '^6  (iïRARD  D AMIENS. 

par  la  chanson  qui  porte  ce  nom,  était  racontée  dans  la 
partie  manquante,  et  que  le  copiste  s'est  aperçu  qu'il  y  avait 
une  lacune  dans  son  original.  La  Bibliothèque  nationale  a 
récemment  acquis  à  la  vente  des  livres  et  manuscrits  prove- 
nant du  comte  de  Hopetoun  un  manuscrit  qui  aurait  pu 
combler  la  lacune  de  celui  qu'elle  possédait  déjà.  Malheu- 
reusement il  n'en  est  rien.  Ce  manuscrit,  qui  porte  aujour- 
d'hui le  n"  6234  des  Nouvelles  acquisitions,  contient, 
comme  le  précédent,  la  Berte  d'Adenet  le  Roi  avant  le 
Charlemagne  de  Girard',  et  termine  également  le  livre  II 
par  ce  vers  (fol.  i  i5  v")  : 

Fu  granz  mairiens  coupés  et  trais  hors  des  boscages. 

Seulement  le  scribe  ne  paraît  pas  avoir  remarqué  la  lacune, 
car  il  a  bravement  écrit  au  bas  ce  vers  latin  défigur."  : 

Iste  liber  est  scriptus;  qui  scripsit  sit  beiiedictus, 

et  a  ensuite  entamé  le  livre  III;  le  premier  feuillet  de  ce 
livre  a  été  arraché  du  volume  à  cause  de  la  miniature  qui 
l'ornait:  le  livre  III  ne  commence,  avec  le  folio  116,  qu'au 
vers  i45.  Un  lecteur  du  xv"  siècle,  plus  attentif  et  mieux 
informé,  a  écrit  au-dessous  du  vers  latin  ^  :  «  Cy  aprez  doit 
«  commencier  le  tiers  livre  de  ce  volume  en  ung  quoyer 
«  qui  contient  l'istoire  du  voyage  que  fist  ledit  empereur 
'«  en  Aspremont,  qui  est  en  Calabre  lez  le  far  de  Mecine, 
«ou  il  desconfist  Angoulant,  empereur  d'Auffrique,  et 
«  Eaumont  son  fdz  avec  pluseurs  roys  paiens  et  vin'  milliers 
«de  Sarrasins,  comme  dit  l'istoire;  mais  ledit  quoyer  est 
«perdu.»  Cet  annotateur  se  trompe  en  supposant  que  la 
guerre  d' Aspremont  était  racontée  au  commencement  du 
troisième  livre;  elle  terminait  le  deuxième,  comme  nous 

Mais  les  feuillets  i,  2,  4,  5  sont  poème  était  placée,  comme  dans  le  ina- 

gravement  mutilés;   après  le   folio  17,  nuscrit  778  du  fonds  français,  une  mi- 

terminé    par   le    vers    3456  de    Berte  niature. 

(éd.  Schefer),  un  feuillet,  qui  contenait  '  Ou  plutôt  au  dessous  de  cette  note, 

les   laC  derniers  ver»  de  Berte  et  les  également  du  xv*    siècle,    mais  d'une 

1 5  premiers  de  Charlemagne ,  a  été  arra-  autre  écriture  :  Ce  livre  cy  est  a  Andrieu 

ché ,  Miu  doute  parce  qu  au  début  de  ce  de  Henaut.  ' 


GIRARD  DAMIENS. 
du 


1«7 


tIV*  SliCLE. 


le  montrent  les  premiers  vers  du  troisième  livre  con- 
servés dans  le  manuscrit  778;  il  résulte  de  là  qu'au 
XV'  siècle  le  feuillet  qui  manque  dans  le  manuscrit  Nouv. 
acq.  6234  y  manquait  déjà;  il  en  résulte  également  que 
l'annotateur  avait  vu,  sans  en  conserver  un  souvenir  tout  à 
fait  précis,  un  manuscrit  du  Charlemagne  complet,  car  sans 
cela,  le  début  du  livre  111  manquant  dans  le  manuscrit  qu'il 
annotait,  il  n'aurait  ])u  savoir  que  la  guerre  d'Aspremont 
devait  se  trouver  dans  la  lacune.  Mais  C2  manuscrit  com- 
plet n'a  pas  jusqu'à  présent  été  retrouvé.  Nos  deux  manu- 
scrits proviennent  d'un  même  original,  auquel  il  manquait 
un  ou  sans  doute  plusieurs  cahiers,  racontant  la  fin  du 
voyage  à  Jérusalem  et  toute  la  guerre  contre  Agolant. 

Un  troisième  manuscrit  de  l'œuvre  de  Girard  d'Amiens 
a  été  récemment  signalé  par  l'éditeur  d'Escanor  :  il  se  trouve, 
sous  le  n"  676,  à  Leide,  dans  la  bibliothèque  de  la  Société  de 
littérature  néerlandaise,  qui,  sur  notre  demande,  a  bien  voulu 
l'envoyerà  la  Bibliothèque  nationale,  où  nous  avons  pu  l'étu- 
dier. Ce  manuscrit  ne  permet  pas  non  plus  de  combler  la 
lacune  des  deux  autres  :  il  ne  contient,  et  encore  incomplète- 
ment, que  le  troisième  livre  du  Charlemagne,  et  il  est  copié, 
sinon  sur  le  manuscrit  778 ,  au  moins  sur  le  même  original 
que  ce  manuscrit  et  le  manuscrit  6284  des  Nouvelles  acqui- 
sitions :  il  présente,  en  effet,  au  même  endroit  du  livre  III 
une  coupure,  marquée  dans  tous  trois  par  une  grande  ini- 
tiale peinte  et  dorée'.  Mais  l'histoire  de  ce  manuscrit  mérite 
que  nous  en  disions  quelques  mots,  d'autant  plus  qu'elle 
présente  un  épisode  qui  intéresse  l'histoire  littéraire.  Le 
manuscrit  de  Leide  appartenait,  au  xv'  siècle,  à  un  grand 
seigneur  de  la  cour  de  Bourgogne,  comme  l'atteste  cette 
note  du  dernier  feuillet  :  «  Chiz  romans  est  monsingneur 
«Jehan  de  Flandrez,  singneur  de  Crievecœur,  que  Dieuz 
«  garde.  »  A  la  fin  du  xvii'  siècle,  il  passa  dans  la  riche  col- 
lection de  l'intendant  Nicolas  Foucault,  et  il  fut  l'un  des 
manuscrits  de  cette  collection  dont  parla  Galland  dans  son 

'  Ms.  778,  fol.  i43;  ins.  N.  acq.  6a34.  fol.  i3a  (l'initiale  a  été  coupée);  ms.  &7G 
de  Leide,  fol.  47. 


Deli9le(L.),  Le 
Cabinet  des  niaii., 
t.  I,p.  .•57.^. 


MV'flÉCLI. 


198  GIRARD  D  AMIENS. 

M  Discours  sur  quelques  anciens  poètes  et  sur  quelques 
M  romans  gaulois  peu  connus»,  inséré  au  tome  II  des  Mé- 
moires de  l'Académie  des  inscriptions.  Mais  il  l'a  examiné 
fort  légèrement,  comme  tous  ceux  dont  il  a  parlé,  et  il  a 
commis  une  erreur  qu'un  peu  d'attenlicm  lui  aurait  fait 
éviter.  Le  manuscrit  de  Leide,  nous  l'avons  dit,  n'est  pas 
complet  :  il  s'arrête  un  peu  moins  de  600  vers  avant  la  lin, 
omettant  toute  la  dernière  partie,  qui  raconte  la  mort  de 
Charlemagne  d'après  Turpin.  Comme  celte  lin  du  manu- 
scrit de  Leide  suit  de  près  le  récit  complet  de  l'expédition 
de  Roncevaux,  le  copiste  a  mis  au-dessous  du  dernier  vers, 
après  un  blanc  (fol.  107  r°)  :  «  (]i  fine  la  bataille  de  Rences- 
«  vaus  ou  Rollans  et  Olivier  et  leurs  compaignons  morurent, 
«  et  Guenelon  les  vendi  au  roi  Marsile  et  en  lu  pendus  et  de- 
«  trais  acbevaus.  »  Cependant,  après  le  récit  de  Roncevaux, 
ce  copiste  avait  encore  écrit  80  vers  qui  se  rapportent  à  autre 
chose  :  Girard  y  fait  une  mention  rapide  de  la  révolte  des 
Saxons  contre  Charlemagne  sous  Guitequin  le  jeune,  lils  du 
premier  Guitequin,  et  déclare  ne  pas  vouloir  écrire  l'his- 
toire de  cette  guerre,  parce  qu'il  ne  pourrait  qu'abréger  et 
«enlaidir»  (il  se  rend  justice)  celle  qu'en  a  composée  Jean 
Bodel,  «a  la  langue  polie'  ».  Ces  vers,  qui  sont  donc  les 
derniers  du  manuscrit  que  Galland  avait  sous  les  yeux, 
mal  compris  par  lui  à  cause  de  ['expluit,  lui  ont  inspiré 
ces  remarques  :  «  Fauchet  attribue  seulement  à  Jean  Bodel 
«  d'Arras  une  petite  œuvre,  en  forme  d'adieu.  Mais  M.  Fou- 
«  cault  a  un  roman  de  la  bataille  de  Roncevaux  en  vers 
«  alexandrins  d'un  auteur  inconnu^,  qui  marque  que  Jean 
"Bodiaux,  c'est  le  mesme  que  Jean  Bodel,  a  traité  aussi 
«la  mesme  bataille  en  roman.»  Et  après  avoir  imprimé, 
avec  des  fautes  sans  nombre"*,  les  vers  relatifs  à  Jean  Bo- 

siij.      lin 

'  Ce   passogc   intéressant  a    été  im-  p/ici(  et  de  i'rx /(&m.  Le  second  des  vers 

prioié  d'après  le  ms.  778  dans  l'Histoire  cités  par  Galland  se  termine  par  le  mot 

fioétique  de  Cliarleinagne ,  p. -i^o.  incomplet   ast...;    en   effel  le   copiste 

'  S'il  avait  iu  le  manuscrit ,  il  aurait  du  manuscrit  de  Leide  n'a  écrit  que  les 

trouvé  le  nom  de  l'auteur  au  fui.  46  v".  trois  premières  lettres  du  mot  ««siei'ie  ou 

'  On  n'en  trouve  guère  moins  dans  astevie  t|ue  donnent  les  deux  autres  ma- 

la  reproduction,  donnée  ensuite,  dcl'ex-  nuscrits. 


ll<- 


GIRARD  DAMIENS.  199  .    . 

\IV     SIECLE. 

del,  Galland  conclut  :  «  Voilà  en  mesme  temps  une  éloge 
«  (le  Jean  Bodiaux  et  un  témoignage  qui  asseûre  qu'il 
«  avoit  traité  auparavant  le  mesme  sujet.  »  11  est  bon  de 
signaler  celte  double  erreur,  qui  pourrait  encore  tromper 
quelque  lecteur  du  mémoire  de  Galland  et  faire  croire 
que  nous  av(ms  perdu  deux  poèmes  consacrés  à  l'hé- 
roïque épisode  célébré  dans  la  Chanson  de  Roland.  On  sait  ix-isicii, .).!,( 
que  les  collections  de  Foucault  furent  dispersées,  sans  ['"['""'V-q '"'" 
doute  de  son  vivant,  vers  1719,  et  que  plusieurs  de  ses 
manuscrits  ont  passé  à  l'étranger,  notamment  en  Hollande. 
Celui  qui  nous  occupe  a  été  légué  à  la  Société  qui  le  pos- 
sède par  un  Hollandais,  qui  le  tenait  d'un  Hollandais  : 
une  note  inscrite  à  la  lin  prouve  qu'il  était  à  La  Haie 
en  1761 . 

Le  Charlemagne  de  Girard  d'Amiens  a  été  analysé  deux      l'aisii;.  ,His- 
fois  très  complètement,  avec  plus  ou  moins  de  détail,  dans   ("haHe*!!!"')  4-I 
deux  ouvrages  publiés  en  i865.  11  nous  parait  donc  inutile    —  <iauiifi  (l.) 

eretaire  ici  une  analyse  qui  ne  pourrait  se  composer  que  va'»»»^!.  1 
de  redites.  D'ailleurs,  l'intérêt  de  cette  immense  composi- 
tion n'est  pas  en  elle-même;  il  est  tout  entier  dans  la  com- 
paraison à  laquelle  elle  peut  donner  lieu  avec  les  sources  que 
l'auteur  a  utilisées,  et  cette  comparaison  nous  entraînerait 
beaucoup  ])lus  loin  que  ne  le  comporte  le  plan  de  IHistoire 
littéraire  de  la  France.  Bornons-nous  à  rappeler  quelques 
points  essentiels. 

Le  premier  livre  est  composé  avec  la  chanson  de  Mai- 
net  :  c'est  le  nom  qu'aurait  pris,  d'après  les  romans,  le 
jeune  Charles  pour  se  dérob(îr  en  Espagne  à  la  haine  de 
ses  frères  bâtards;  de  cette  chanson,  qui  existait  dès  la 
première  moitié  du  xii'  siècle,  nous  ne  pos^t'dons  que 
quelques  Iragments  d'une  rédaction  remaniée  (sans  parler 
de  diverses  imitations  en  langues  étrangères;.  Cette  cir- 
constance donne  une  certaine  importance  à  l'insipide  et 
interminable  récit  dans  lequel  Girard  a  délayé  la  matière 
de  l'ancien  poème,  qu'il  connaissait  sans  doute  dans  la  ver- 
sion même  dont  quelques  fragments  nous  sont  parvenus. 
On  lit  dans  un  de  ces  fragments,  par  un  de  ces  appels 


xiv'  SI^I.C. 


Romaiiia,  t.  IV, 
p.  3i'i. 


200 


GIRARD  D'AMIENS. 


Uomaiiii.  l.\l\ , 


historiques ,   si   fré- 


plus  ou    moins  sincères  aux  sources 
quents  chez  nos  vieux  rapsodes  : 

FI  est  pscrit  es  livres  de  l'ancieno  geste 
Et  el  grciiit  apolice  a  Ais  a  le  Capele .  .  . 

Girard  a  fait  son  profil  de  cette  allégation  et  d'autres 
semblables,  etaprétendu  puiser  dans  lesu  chroniquesd'Aix  » 
la  matière  de  son  fabuleux  premier  livre.  11  dit  en  le  ter- 
minant que,  pour  connaître  la  vie  de  Charlemagiie,  il  faut 
lire  lesChroniquesdeSainl-Denys,  mais  qu'il  a  pris  ailleurs, 
à  Aix,  l'histoire  de  son  enfance  : 

Mes  l'enfance  Clialloti  fuen  autre  lieu  quise, 
A  \is  tout  droilemenl  dedanz  la  mesire  eglyse. 

Pendant  environ  7000  vers,  dans  le  second  livre,  Girard 
se  borne  en  effet  à  peu  près  à  rimer  fastidieusement  les  récils 
des  Chroniques  de  Saint-Denys,  en  y  ajoutant  des  orne- 
ments de  son  goût,  et  en  faisant  çà  et  là  quelque  brève  allu- 
sion aux  chansons  de  geste.  Enlin  il  introduit  un  épisode 
qu'il  leur  emprunte  tout  entier  et  qui  n'est  pas  sans  inté- 
rêt, car  la  source  en  est  perdue.  Il  s'agit  des  prouesses  de 
Roland  enfant,  qui,  couvert  de  vêtements  grossiers,  pénètre 
au  milieu  d'une  fête  que  donne  fempereur  son  oncle,  et  le 
brave  sans  être  connu  de  lui.  D'après  Girard,  qui  tâche 
toujours  d'accommoder  les  contes  qu'il  délaye  aux  vraisem- 
blances et  aux  convenances,  ce  n'est  là  qu'une  espièglerie  : 
Roland  s'est  déguisé  pour  la  circonstance,  et  si  Charles  ne 
connaissait  pas  encore  le  fds  de  sa  sœur,  c'est  que  l'enfant, 
longtemps  malade,  n'avait  pu  être  envoyé  à  la  cour  de  son 
oncle.  Mais  la  gaucherie  et  l'incohérence  du  récit  trahissent 
ici  l'arrangeur,  et  tout  s'explique  si  l'on  admet  que  dans  la 
chanson  française  perdue,  comme  dans  un  poème  franco-ita- 
lien récemment  publié  et  dans  un  poème  italien  bien  connu , 
Roland,  né  des  amours  furtives  de  la  sœur  de  Charlemagne 
avec  Milon  d'Anglant,  avait  grandi  dans  l'exil  et  la  rusticité, 
et  arrivait,  par  sa  hardiesse  brutale  et  déjà  héroïque,  à 
réconcilier  son  oncle  avec  les  amants  qu'il  avait  jadis  chassés. 


\l\     SIKCI.K. 


GIRARD  D  AMIENS.  201 

Cette  chanson,  si  elle  a  existé,  n'a  laissé  d'ailleurs  dans  notn* 
ancienne  liltéralure  aucune  trace  qu'on  ait  jusqu'à  préseni 
relevée,  mais  on  en  a  peut-être  une  imitation  dans  ce  que       Koinaïu.  i 

I  1  1  •  1  >      I  . ,  ',  |>.  .>0i. 

les  canlaresae  fjesla  espagnols  racontaient,  des  le  xin'siecJe, 
sur  l'enfance  de  Bernard  de!  Carpio,  émule  de  Roland,  dont 
on  fit  plus  tard  son  vainqueur,  et  qu'on  donnait,  comnu' 
lui,  pour  neveu  à  Charlemagne,  avant  de  le  faire  naître,  pai- 
une  tendance  de  plus  en  plus  nationale,  de  la  sœur  du  roi 
espagnol  Alphonse  le  Chaste. 

Une  fois  entré  dans  le  domaine  des  chansons  de  geste, 
(îirard  n'en  sort  plus  pendant  environ  trois  mille  vers;  il  es- 
saye assez  maladroiteuuMit  de  comhiner  les  récits  contradic- 
toires qu'elles  lui  présentaient  sur  les  «  enfances  »  de  Naimon 
de  Bavière,  et  se  tire  d'affaire  en  traitant  de  «  hourde  »  tout 
ce  qui  contredit  la  chronologie  qu'il  s'efforce  d'introduire 
dans  une  matière  (jui  n'en  est  pas  susceptible.  Là  comme 
pour  Mainet  il  préfend  s'appuyer  sur  «l'histoire  d'Aix», 
qui  devient  pour  lui  synonyme  de  récits  épiques,  en  oppo- 
sition aux  récits  historiques  de  Saint-Denys.  Il  analyse  ainsi 
brièvement  la  guerre  contre  le  premier  Guitequin  et  l'expé- 
dition de  Rome  qui  fait  le  sujet  des  «  Enfances  Ogier  ».  Vient 
ensuite,  d'après  la  légende  latine,  le  voyage  de  Charlemagne 
en  Orient.  Le  livre  11  se  terminait,  comme  nous  l'avons  vu, 
par  un  résumé  de  la  chanson  d'Aspremont  qui  ne  nous  a 
pas  été  conservé. 

Le  livre  III,  sauf  la  courte  allusion,  relevée  plus  haut,  à 
la  chanson  des  Saxons  de  Jean  Bodel,  n'est  qu'une  version 
rimée  de  la  chronique  de  Turpin.  En  terminant,  Girard 
s'en  réfère  encore  aux  chroniques  d'Aix;  mais  ici  il  faut  sans 
doute  entendre  la  Vie  de  Charlemagne  rédigée  à  Aix  en  1 1 65 , 
dans  laquelle  ont  été  intercalées  la  légende  du  voyage  en 
Orient  et  la  fabuleuse  relation  de  Turpin.  Voici  les  derniers 
vers,  où  l'auteur  se  nomme  et  nomme  son  patron  (il  l'a  déjà 
fait  plus  haut),  et  donne  un  échantillon,  qui  suffira  cer- 
tainement, de  son  style  épique  : 

Et  moi  Gyrart  d'Amiens ,  qui  toute  l'ordenance 
Ai  es  croniques  pris  qui  en  font  ramembrance, 

TOME  \s.xi.  76 


iiv*  nàci.c. 


202  GIRARD  D'AMIENS 

Par  le  commandement  le  frère  au  roy  de  France , 

Le  conte  de  Valois,  ai  pris  ciier  et  plesance 

De  recorder  les  fez  Challoii,  que  coniioissance 

Donnent  as  nobles  ciiers  qui  en  Dieu  ont  fiance 

Dp  .venir  a  lionor  et  d'avoir  avisance 

Comment  on  conquiert  Dieu  par  noble  pourveance  :  "* 

C'est  d'avoir  cuer  en  lui  et  .si  jurant  abondance 

De  foy  en  Jesu  Crist  qu'il  ni  truist  défaillance 

En  nul  qui  face  ja  de  lui  amer  st-niblanco. 

Par  quoi  je  pri  cilui  que  Longis  de  la  lance 

Feri  sus  en  la  croiz  par  sa  niesconnoissanco, 

Et  qui  mort  volt  soulrir  pour  nostre  délivrance, 

Qu'autressi  vraiemenl  que  sa  digne  puissance 

Cueurt  en  terre  et  en  ciel  et  sa  grant  benignance, 

Veulle  garder  touz  ceus  qui  en  lui  ont  créance 

Des  mains  as  anemis  et  de  leur  acointance, 

Si  que  fere  ne  puist  a  nului  destourbance 

De  ceuls  qui  ont  en  lui  créance  et  espérance. 

Le  Charlemagne  de  Girard,  tel  que  nous  l'avons,  com- 
prend environ  28000  vers  de  ia  même  force  que  ceux 
qu'on  vient  de  lire;  il  peut  en  manquer,  à  la  fin  du  second 
livre,  environ  2000.  Nous  avons  peine  à  comprendre  le  goût 
qui  a  fait  préférer  par  Charles  de  Valois  la  lecture  de  cette 
fastidieuse  compilation  à  celle  des  chansons  de  geste  plus 
anciennes  ou  des  chroniques  en  prose  qu'il  avait  à  sa  dis- 
position; au  reste,  nous  ne  savons  s'il  fut  content  de  l'oeuvre 
qu'il  avait  commandée.  Ce  qui  est  certain ,  c'est  que  Girard 
d'Amiens  y  avait  mis  tous  ses  soins,  et  qu'il  ne  faut  pas  attri- 
buer à  sa  négligence  l'incomparable  faiblesse  de  l'exécution. 
C'est  ce  que  prouve  la  peine  qu'il  s'est  donnée  pour  en  mettre 
la  forme  extérieure  à  la  dernière  mode  de  son  temps.  Son 
Charlemagne,  il  le  dit  expressément  au  début,  est  une  suite 
de  la  Berte  d'Adenet  le  I\oi,  et  l'on  peut  croire  que  c'est  pré- 
cisément une  continuation  de  cet  agréable  poème  que  le 
comte  de  Valois  avait  demandée  à  Girard.  Or  Adenet,  dans 
Berte  d'abord,  puis  dans  Bovon  de  Comarcis,  avait  inventé 
(il  semble  bien  du  moins  que  ce  soit  lui)  un  raffinement 
assez  puéril  de  la  forme  épique.  Ce  raffinement  consiste 
exactement  en  ceci  :  quand  à  une  désineoce  masculine  ré- 


GIRARD  D'AMIENS.  203 

pond  une  désinence  féminine  qui  n'en  diffère  que  par  l'ad- 
dition de  Ve  féminin,  une  laisse  monorime  terminée  par  la 
première  de  ces  désinences  appelle  nécessairement  après 
elle  une  laisse  terminée  par  la  seconde  :  ainsi  après  j  vient 
ie,  après  er  ère,  après  is  ise,  après  ai  aie,  après  eut  ente,  après 
œr  iere,  après  ir  ire,  etc.  Toutefois  ce  n'est  pas,  comme  on  l'a 
pensé,  l'extension  d'un  principe  d'après  lequel  les  laisses 
masculines  et  féminines  devraient  en  général  alterner  :  ce 

f)rincipe,  ainsi  que  celui  du  nombre  égal  de  vers  dans  chaque 
aisse,  avait  été  introduit  par  Adam  de  la  Halle  dans  son 
poème,  resté  incomplet,  sur  Charles  d'Anjou;  mais  Adenet, 
en  dehors  de  la  règle  ci-dessus  formulée,  ne  s'y  astreint  pas. 
Quand  une  rime  masculine  n'a  pas  de  rime  féminine  cor- 
respondante, quand  elle  est  par  exemple  en  a,  en  ons,  en 
i«,  etc.,  il  fait  suivre  la  laisse  où  elle  figure,  non  d'une  laisse 
féminine  quelconque,  mais  d'une  autre  rime  masculine; 
généralement  il  groupe  par  deux,  trois  ou  quatre  ces  laisses 
isolées';  il  fait  de  même,  mais  beaucoup  plus  rarement, 
pour  les  rimes  féminines  auxquelles  il  ne  trouverait  pas  de 
correspondants  masculins  assez  nombreux  pour  fournir  à 
des  laisses  entières,  comme  âge  et  aine^.  Une  conséquence 
bizarre  du  système  d'Adenet,  c'est  qu'il  n'admet  comme 
rimes  féminines  que  celles  qui  se  terminent  en  e  nu;  les 
terminaisons  es  et  ent  ne  figurent  jamais  au  bout  de  ses  vers. 
Girard  d'Amiens  a  voulu  suivre  l'exemple  de  celui  dont 
il  se  faisait  le  continuateur,  après  en  avoir  été,  sans  doute 
inconsciemment,  le  concurrent  dans  Méliacin ;  mais  d'une 
part  il  a  élargi  les  règles  posées  par  Adenet,  d'autre  part  il 
s'est  bientôt  lassé  de  s'y  soumettre.  Dès  le  début,  il  renonce 
à  exiger  pour  la  rime  féminine  qui  suit  une  masculine 
qu'elle  n'en  diffère  que  par  l'addition  de  Ye  final  :  il  se  con- 
tente de  l'identité  ou  même  de  l'analogie  de  la  voyelle,  ce 

'  Telles  sont  dans  Berte  les  laisses  a  i  •  suivie  d'une  autre  de  même  ordre  :8a, 

a5,  66-67, 106-107,  iao-ia3,i3i-i3a  ;  109. 

dans  Dovon  les  laissFS  aS-ag,  4ad5,  5a  ,  '  Ce»  deux  rime»  »c  suivent  une  fois 

53,68-71  ,85-8q,  io4-io6,  lai ,  ia4;  dans  chacun  de»  deux  poème*  :  Berte, 

dans  Bovon  seulement  on  trouve  deux  68-69;    Bovon ,    iiq-iao;    ici  âge  pI 

fois  une  laisse  masculine  dépareillée  non  aire  sont  en  outre  précédés  de  unie. 

a6. 


\IV'  SlèU-K. 


v.,.Mi..c..K.        204  (ÎIRARD  DXmENS. 

qui  lui  permet  de  donner  des  correspondances  à  plus  d'une 
laisse  masculine  qu'Adenel  aurait  laissée  isolée  ;  ainsi  il  fait 
suivre  us  de  usse,  a  de  âge,  ans  de  ance  ou  de  afje,  et  même 
int  de  endre.  Bientôt  il  va  plus  loin,  et,  quand  la  recherche 
d'une  rime  féminine  répondant  à  la  masculine  lui  donne- 
rait trop  de  peine,  il  se  borne  à  faire  alterner,  comme  Adam 
de  la  Halle,  les  rimes  masculines  et  féminines  [âge  ou  aire, 
])ar  exemple,  succède  à  icz  ou  à  ez).  En  outre,  il  ne  s'interdit 
pas  les  rimes  en  es.  Tel  est  le  système  suivi  dans  le  premier 
livre.  Dans  le  second,  notre  rimeur  s'affranchit  de  toutes  ces 
•Mitraves,etlait  en  général  se  succédera  l'aventure  ses  longues 
laisses  masculines  ou  plus  rarement  féminines  ;  çà  et  là  ce- 
pendant, quand  la  chose  est  facile,  il  se  donne  le  plaisir  de 
laire  de  nouveau  succéder  une  laisse  en  ise  ou  en  iere  à  une 
laisse  en  is  ou  en  ier.  Dans  le  troisième,  il  revient  à  peu  près 
à  l'observance  du  premier  :  peut-être  son  patron  lui  avait-il 
reproché  sa  négligence.  Ces  détails,  que  nous  abordons  aussi 
sommairement  que  possible,  ne  sont  pas  sans  offrir  quelque 
intérêt  pour  l'histoire  de  la  versification. 

On  a  déjà  remarqué  avec  raison  que  le  Girard  d'Amiens 

qui  échange  ses  idées  sur  l'amour  avec  Thibaud  de  Cham- 

riajiMud  ,i;.i,    pagne  dans  un  jeu  parti  que  nous  a  conservé  un  seul  ma- 

v.'iuiTcr's,  n'.'.qo"    ""scrit  uc  peut  être  notre  auteur,  qui  aurait  été  beaucoup 

trop  jeune,  si  même  il  était  né,  à  l'époque  où  chantait  le  roi 

de  Navarre.  Nous  avons  là  un  des  cas,  si  fréquents  au  moyen 

âge,  d'identité  de  nom  et  d'origine  où  il  faut  se  garder  de 

voir  trop  facilement  la  preuve  d'une  identité  de  personne. 

A  plus  forte  raison  le  nom  tout  seul  n'y  suffit-il  pas,  et  l'on 

n'est  pas  autorisé  à  attribuer  à  Girard  d'Amiens  un  petit 

ornania,  t.  vil,    poème  assez  curieux,  dont  l'auteur  se  nomme  simplement 

'**  Girard,  et  qui,  sous  le  titre  peu  exact  de  «lai  d'amours», 

nous  fait  assister  aux  péripéties,  encore  non  achevées  an 

moment  où  l'auteur  pose  la  plume,  de  l'intrigue  amoureuse 

d'un  «  haut  homme  »  de  France  avec  une  dame  étrangère. 

Le  style  de  cette  pièce  est  meilleur  que  celui  de  Girard 

d'Amiens  et  paraît  plus  ancien;  le  nom  de  Girard  que  se 


^ 


Ko 
V 


ARNAUD  NOVFXLI.  205 

donne  l'auteur  nous  fournit  seulement  l'occasion  de  la  men- 
tionner et  de  réparer  ainsi  l'omission  qui  en  a  été  laite  dans 
les  volumes  de  cette  histoire  consacrés  au  xm"  siècle. 

G.  P. 


\IT*  SIÈCLE. 


ARNAUD   NOYELLI, 

CARDINAL. 


On  n'a  jamais  douté  que  ce  cardinal  fiit  Français;  mais 
on  l'a  fait  naître,  par  conjecture,  en  diverses  provinces  de 
France.  Les  Annales  de  Cîteaux,  Frizon  et  les  frères  de 
Sainte-Marthe,  dans  la  première  édition  de  la  Gaule  chré- 
lienne,  l'avaient  dit  A(|uitain.  D'où  l'on  pouvait  conclure, 
observe  Baluze,  qu'un  certain  Arnaud  Novelli,  mentionné 
par  Pierre  de  Marca,  dans  son  Histoire  de  Béarn,  comme 
professeur  à  Toulouse  en  i  -^86,  et  probablement  parent  du 
cardinal,  était  Aquitain  comme  lui.  Cependant  Baluze  n'a 
pas  facilement  admis  que  l'Aquitaine  fût  la  véritable  patrie 
de  l'un  et  de  l'autre,  une  donation  du  cardinal,  datée  de 
l'année  i^QÔ,  l'ayant  conduit  à  supposer  qu'il  était  né  dans 
le  comté  de  Foix.  Dom  Valssète  est  ensuite  venu  savamment 
démontrer,  non  seulement  que  le  cardinal  était,  en  effet, 
né  dans  ce  comté,  mais  que  le  professeur  et  le  cardinal  ne 
devaient  pas  être  distingués  l'un  de  l'autre. 

Oncle  de  Jacques  Novelli,  qui  fut  plus  tard  pape  sous 
le  nom  de  Benoît  Xll,  Arnaud  Novelli  figure  pour  la  pre- 
mière fois,  dans  un  acte  authentique,  le  7  janvier  1286, 
comme  ayant  été,  mais  n'étant  plus  officiai  de  Toulouse. 
Bertrand  de  Ferrières  l'avait  alors  remplacé  dans  cet  em- 
ploi. La  pièce  où  cela  se  lit  est  un  mandement  d'Hono- 
rius  IV  à  l'abbé  de  Moissac.  Nous  voyons  ensuite  Arnaud 
désigné  comme  témoin,  avec  le  titre  de  proj'essor  legum,  la 
même  année  1286,  dans  une  charte  de  Gaston,  vicomte  de 

1   6 


Mort  le  I  i  aoi  1 1 


Kaluze,  Vila- 
pap.  Aven.,  t.  I . 
|>.  660. 


Vaissète,  Hist. 
(le  Laiig.,  I.  IV, 
p.  56o. 


Registre  d'Hono- 
rius  IV,  col.  21/1. 


xn'MMOM. 


206 


ARNAUD  NOVELLI. 


Beg-  Clement.V, 
anno  iT.  p.  i3. 


Vaissète,  Hist. 
lie  Lang. ,  I.  IV , 
pr. ,  p.  I  lo. 


IbiJ. 


iifii. 


Reg.  Clement.V, 
anno  i,  p.  }3i, 
i45,  i46. 


Friion ,  Gall. 
purp..  p.  3  79  — 
Caavet(£.),  Etude 
butor,  iur  Fonl- 
froida.  p.  ^70. 


Béarn,  émancipant  sa  fille  Marguerite.  H  devait  être  né  de 
parents  riches  ou  s'être  enrichi.  Nous  le  voyons,  en  eflFet, 
vers  ce  temps,  érigeant  de  ses  deniers,  de  bonis  propriis,  dans 
l'abbaye  cistercienne  de  Boulbonne,  une  chapelle  en  l'hon- 
neur de  saint  Nicolas  et  de  sainte  Catherine.  C'est  ce  que 
nous  apprend  une  bulle  de  Clément  V,  accordant  une  in- 
dulgence d'un  an  et  de  quarante  jours  aux  personnes  qui 
viendront  visiter  cette  chapelle  dans  un  dessein  pieux. 
Quand  Arnaud  fit  les  frais  de  cette  fondation,  il  avait  sans 
doute  déjà  résolu  de  quitter  le  siècle  et  de  solliciter  son 
admission  dans  l'abbaye  de  Boulbonne.  Peut-être  même  y 
était-il  entré  déjà  comme  frère  novice.  Mais,  quelle  qu'ait 
été  la  date  de  sa  profession,  il  nous  est,  du  moins,  prouvé 
qu'elle  précéda  fannée  1^97,  puisque  en  cette  année,  au 
mois  de  septembre,  signant  comme  témoin  une  déclaration 
de  l'inquisiteur  Bertrand  de  Clermont,  il  est  ainsi  qualifié 
dans  cet  acte,  publié  par  Vaissète  :  Arnaldns  Novelti,  cister- 
ciensis  ordinis,  ulriusque  juris  professor.  Il  était  donc  alors 
simple  moine  dans  fabbaye  de  Boulbonne.  Mais  très  peu 
de  temps  après,  son  mérite  reconnu  l'avait  fait  élire  abbé 
de  Fontfroide,  au  diocèse  de  Narbonne.  Ce  titre  d'abbé  de 
Fontfroide  lui  est  donné,  le  7  novembre  i  297,  à  la  fin  d'une 
sentence  arbitrale  de  Gui  de  Levis.  C'est  aussi  sous  ce  titre 
que  Boger  Bernard,  comte  de  Foix,  le  désigna,  deux  ans 
après,  comme  devant  être  un  de  ses  exécuteurs  testa- 
mentaires. .4 
Arnaud  fut  en  grande  faveur  auprès  du  pape  Clément  V. 
Deux  lettres  de  ce  pape,  du  20  avril  i3o6,  lui  donnent  le 
droit  de  promouvoir  ses  moines  à  tous  les  ordres  mineurs 
et  de  les  absoudre  s'ils  ont  été  par  hasard  excommuniés  pour 
avoir  battu  des  clercs  séculiers.  Une  troisième  fautorise  à 
nommer  un  tabeUion.  Mais  Frizon,  Baluze  et  M.  Cauvet 
se  trompent  lorsqu'ils  disent  que  le  pape  le  nomma  vice- 
chancelier  de  l'Eglise  romaine  en  cette  année  i3o6.  Voici 
la  preuve  de  cette  erreur.  Clément  avait  fait,  depuis  son 
avènement,  un  nombre  vraiment  incommensurable  de  libé- 
ralités, ne  s'informant  pas  toujours  avec  assez  de  précaution 


ARNAUD  NOVELLI. 


207 


XIV*  SitCLB. 


si  tous  les  bénéfices  qu'il  conférait  étaient  disponibles,  ou  s'il 
n'en  avait  pas  déjà  disposé  lui-même,  sous  la  forme  d'une 
grâce  expectative,  en  cas  de  future  vacance.  H  était,  d'autre 
part,  souvent  arrivé  que  les  pasteurs  diocésains,  ignorant  ou 
feignant  d'ignorer  ces  réserves ,  ces  expectatives ,  s'étaient  em- 
pressés d'attribuer  à  leurs  propres  familiers  telles  ou  telles 
prébendes  vacantes  dans  leurs  chapitres,  mais  dont  un  bref 
papal  avait  déjà  fait  largesse.  De  là  des  débats,  des  procès 
devant  des  juges  différents  et  conséquemment  des  sentences 
contradictoires.  Pour  mettre  lin  à  ce  désordre.  Clément 
ordonne,  le  18  janvier  1807,  que  toutes  les  causes  pen- 
dantes seront  désormais  portées  d'abord  devant  un  seul  juge, 
et  que  telle  sera  la  procédure  des  appels  :  en  première  in- 
stance, devant  le  savant,  le  circonspect  abbé  de  Fontfroide; 
en  seconde  instance,  devant  le  vice-chancelier  de  fEglise 
romaine,  ainsi  désigné  :  Pierre,  élu  de  Palencia.  Il  est  donc 
bien  clair  qu'Arnaud  n'était  pas  vice-chancelier  dès  l'année 
i3o6. 

Ce  Pierre,  élu  de  Palencia,  était  encore  vice-chancelier, 
Arnaud  était  encore  abbé  de  Fontfroide,  quand  ils  furent 
associés  par  Clément  V  à  d'autres  abbés,  d'autres  prélats 
séculiers,  pour  opérer  la  réforme,  devenue  nécessaire,  de 
l'ordre  de  Grandmont.  La  grande  bulle  de  Clément,  qui 
vint  plus  tard  sanctionner  leurs  propositions  de  réforme, 
est  du  io  avril  i3io.  Elle  ne  nous  apprend  pas  quand  la 
commission  leur  fut  donnée  et  quand  ils  la  remplirent. 

Le  20  novembre  de  la  même  année  iSoy,  Clément  V 
charge  Arnaud  d'aller  instruire,  dans  la  ville  d'Albi,  le 
procès  de  l'évêque  Bernard  de  Castanet,  accusé  par  deux 
de  ses  chanoines  et  suspendu  de  ses  fonctions  épiscopales 
par  le  cardinal  Bérenger  P^rédol.  Il  appellera  tous  les 
témoins  des  faits  dénoncés,  recueillera  leurs  dépositions  et 
les  enverra  toutes  au  pape,  qui  se  réserve  le  jugement  de 
fafTaire.  11  est  encore  simplement  abbé  de  Fontfroide.  Le 
titre  de  vice-chancelier  est,  pour  la  première  fois,  joint  à 
son  nom,  dans  le  registre  de  Clément  V,  le  1 3  janvier  i3o8. 

Il  lui  fut  plus  facile  et  sans  doute  plus  agréable  de  rem- 


Reg.  Clément.  V 
anno  ii,  p.  161. 


Ibid. ,  anno  t. 
p.  81. 


Ibitt. ,  anno  m . 

p.  2. 


Uid. 


18. 


lliiH 


x,v-s.to,r..        208  ARNAUD  NOVKFJJ. 

plir  cet  autre  mandat,  dat(^  du  3o  octobre  i3o8.  Le  pape 
Kes ci.mPMi.v,   exposait  qu'étant  venu  visiter,  lorsqu'il  était  encore  arche- 
''  "  vêque  de  Bordeaux,  le  prieuré  de  Senac,  au  diocèse  de 

Périgueux,  ii  avait  été  brutalement  empêché  de  faire  sa 
visite  par  une  bande  de  clercs  et  de  laïques  armés,  et  les 
avait  tous  excommuniés.  Mais  comme  ces  mutins  s'étaient 
ensuite,  disait  le  pape,  montrés  soumis  et  pénitents,  il  char- 
geait son  vice-chancelier  de  les  absoudre. 

Arnaud  était  un  des  plus  occupés  parmi  les  officiers  de 
la  cour  romaine.  Il  l'était  à  ce  point  qu'on  ne  s'étonne  pas 
ani.ov.  de  le  voir  un  jour  déclarer  au  pape  qu'il  ne  peut  suffire  à 
tant  de  besogne,  et  le  prier  de  confier  à  quelque  autre  le 
jugement  en  appel  d'un  procès  pendant  entre  un  curé  de 
village  et  ses  paroissiens.  A  la  vérité,  le  point  en  litige  n'était 
pas  une  question  de  droit;  c'était  un  cas  particulier  qui  de- 
mandait une  enquête  sur  place.  Le  curé  réclamait  les  vête- 
ments de  tous  ses  paroissiens  après  leur  décès,  s'en  disant 
fhéritier  suivant  la  coutume  de  sa  paroisse;  mais  on  lui 
contestait  cela.  Voilà  le  procès.  Combien  de  semblables  con- 
testations étaient  chaque  jour  portées  devant  Arnaud! 
Jamais  on  n'a  tant  plaidé  qu'en  ce  temps-là;  jamais,  dit-on, 
tant  de  plaideurs  n'ont  assiégé  la  cour  romaine  que  sous 
le  pontificat  des  papes  français.  De  là  ce  dicton  poétique 
«aiiiciiiioi.     que  cite  Catherinot  : 

\\i<)ni(s    lin 

Il    fr.ii.rois.  Le  sj^,gg  d'Avignon  nous  apprit  la  cliicane. 

Pour  expédier  toutes  les  pièces  de  ces  innombrables 
affaires,  Arnaud  avait  eu  besoin  d'appeler  à  son  aide  toute 
une  légion  d'écrivains.  On  en  comptait  cent  dix  environ, 
quand,  le  27  octobre  1 3 1  o,  le  pape  lui  prescrivit  d'abord  de 
n'en  plus  nommer  d'autres  et  d'aviser  ensuite  à  réduire  ce 
nombre.  La  bulle  nous  apprend  que  ces  écrivains  n'avaient 
pas  un  salaire  fixe,  mais  qu'ils  étaient  rétribués  suivant 
leur  travail  quotidien.  La  surabondance  de  la  besogne  ayant 
rendu  le  métier  très  lucratif,  il  n'y  eut  presque  pas  un  clerc 
qui  ne  s'offrît  pour  l'exercer,  et,  les  admissions  faciles  de 
nouveaux  scribes  ayant  diminué  les  profits  des  ancjens, 


iîi'::.(^l<>iiient.\ , 
.timo  \.  II.  StS. 


ARNAUD  NOVELLI.  209         ...   .    , 

XIT   SIECLE. 

ceux-ci  s'étaient  plaints  au  pape,  qui  avait  jugé  leur  plainte 
bien  fondée. 

Arnaud,  disent  les  auteurs  de  la  Nouvelle  Gaule  chré-  Gaii. < hr.  nova , 
tienne,  fut  nommé  chancelier  de  l'Eglise  romaine  le  1 6  mars  '  *^°  '  ^°^' 
i3io.  Nous  pouvons  assurer  que  cette  nomination  n'eut  pas 
lieu.  Arnaud  était  encore  vice-chancelier  de  l'Eglise  ro- 
maine quand,  le  19  décembre  de  cette  année,  le  pape  le  fit 
cardinal-prêtre  de  Sainle-Prisque,  et  il  conserva  longtemps 
encore,  étant  cardinal,  peut-être  jusqu'à  la  fin  de  sa  vie, 
<-ette  fonction  de  vice-chancelier.  Sa  nouvelle  dignité  ne  lui 
lit  abandonner  qu'un  seul  titre,  celui  d'abbé  de  Fontfroide. 
Mais  le  pape  l'autorisa,  i)ar  une  faveur  spéciale,  à  choisir      "•=8-  t^'»;™- ^'• 

I     •  «  1      f    .  Il    '      I  ..  1  r  «nnoTi.p.  396. 

lui-même  le  tutur  abbe  de  cette  maison;  ce  qui  donne  lieu 
de  croire  qu'il  continua  de  l'administrer,  sinon  de  sa  per- 
sonne, du  moins  par  procureur. 

On  doit  penser  qu'Arnaud,  si  bien  vu  du  pape,  n'était  pas 
moins  en  faveur  auprès  du  roi  rhilipi)e  le  Bel.  Celui-ci  lui       b^J"",  Vit* 

,   1    .  .   '  ,       .     .  1        I       •        11  •  •  p«p.  Ayen. ,  t.  I , 

concédait,  au  mois  de  juin  i3i  1,  le  droit  d'acquérir  cin-  p.  661. 
quanfe  livres  tournois  de  rente  annuelle  sur  les  fiefs,  cen- 
sives,  alleux  royaux  et  de  les  transférer  ensuite  à  qui  bon 
lui  semblerait.  Mais,  comme  étant  un  des  principaux  digni- 
taires de  l'Eglise,  Arnaud  ne  pouvait  disposer  cfe  rien  sans 
l'aveu  du  pape.  C'est  pourquoi,  le  37  août,  le  pape  l'autori-      ««g-  t**"".  v, 

•»A     I  «    1'  4  K-  J  1  »  annovi,  p.3o8. 

sait  a  donner,  a  léguer  tous  ses  biens,  de  quelque  nature 
qu'ils  fussent,  ecclésiastiques  ou  civils,  à  telles  ou  telles 
personnes,  à  telles  ou  telles  communautés,  en  lui  recom- 
mandant de  se  montrer  libéral  envers  les  religieux  de 
Cîteaux,  ses  anciens  confrères.  C'est  avec  cette  double  au-  Baïuie.  loc.  cit. 
torisation  que,  le  3  juin  de  l'année  suivante,  il  donnait  à 
l'abbaye  de  Fontfroide  quelques  possessions  situées  près  de 
Narbonne,  dont  il  s'était  rendu  récemment  acquéreur. 

Arnaud  était  à  Montreuil-sur-Mer,  au  mois  d'août  i3i  2, 
intervenant,  avec  le  titre  d'envoyé  du  pape,  entre  l'évêque 
et  le  chapitre  de  Beauvais,  que  personne  n'avait  pu  réussir 
à  mettre  d'accord.  Les  chanoines,  dont  quelques  maisons 
avaient  été  dévastées,  incendiées,  durant  un  tumulte  civile 
par  les  gens  de  l'évêque,  lui  demandaient  quinze  cents  livres 

TOMB   XXXI.  27 


xit'mAcu. 


Loavet,  Hist.  et 
ant.  de  Beaavai», 
I.  U.p.  5ii. 


210 


ARNAUD  NOVELLI. 


Reg.  Oeni.  V, 
«nno  Tlii,  p.  389, 
397,  398,399. 


Biovius ,  Anii. 
ecd.,  I.  XIV. 
roi.  160. 


Ciaconius,  Vite 
et  res  gestae  pont , 
1. 1.  coi.  842. 


parisis  d'indemnité,  plus  treize  livres  de  cens  annuel. 
L'évêque  refusait  tout.  Arnaud  le  fit  consentir  à  donner 
six  cents  livres,  non  per  modam  condemnationis ,  sed  pro  bono 
pacis.  Ainsi  la  dignité  de  l'évêque  demeura  sauve.  ) 

Il  fut  envoyé  la  même  année,  dit  Baluze,  en  Angleterre, 
avec  le  titre  de  légat.  Les  registres  du  pape  Clément  nous 
offrent  un  grand  nombre  de  petites  pièces  qui  sont  relatives 
à  sa  mission;  mais  elles  sont  toutes  datées  des  mois  de  jan- 
vier, février  et  mars  i3i3.  Ces  pièces  n'ont,  d'ailleurs,  au- 
cun rapport  avec  l'objet  même  de  la  mission;  mais  elles  lui 
donnent  toutes  sortes  de  facilités  pour  la  remplir.  Il  s'agis- 
sait de  faire  la  paix  entre  Edouard  II  et  ses  barons.  Arnaud 
eut  un  incontestable  succès  dans  cette  entreprise  difficile. 
Nous  ne  savons  quand  il  revint  en  France.  Au  mois  de  juillet 
de  l'année  i3i5  il  est  dans  la  ville  d'Orange,  habitant  le 
palais  de  l'évêque.  C'est  là  ce  que  nous  apprend  le  texte 
d'une  autre  donation  à  l'abbaye  de  Fontfroide.  Rentré  plus 
tard  dans  la  ville  d'Avignon,  il  y  mourut  le  i4  août  1817. 

Arnaud  est  ici  l'objet  d'une  notice  comme  auteur  supposé 
d'un  discours  ou  mémoire  où  sont  traitées  en  bon  ordre, 
avec  une  sincérité  très  digne  de  remarque,  toutes  les  ques- 
tions soumises  au  concile  de  Vienne.  Cette  pièce,  intitulée 
Libellas  de  rébus  in  concilio  definiendis,  a  été  conjecturale- 
ment  publiée  par  Bzovius  sous  le  nom  de  Guillaume  Duranti , 
évêque  de  Mende,  le  neveu  du  Spéculateur.  Il  l'avait  tirée, 
disait-il,  d'un  manuscrit  anonyme,  le  n°  4177  du  Vatican; 
niais  il  estimait  qu'on  pouvait  l'attribuer  à  Guillaume  Du- 
ranti. Bzovius  exprimait  cette  opinion  en  l'année  1618; 
Chacon  l'admettait  sans  hésitation  en  l'année  i63o;  Henri 
de  Sponde  la  confirmait  en  1689  par  un  argument  nouveau, 
ayant,  disait-il,  rencontré  dans  un  manuscrit  du  collège  de 
Poix,  sous  ce  nom  de  Guillaume  Duranti,  l'opuscule  édité 
par  Bzovius  d'après  le  manuscrit  du  Vatican.  Elle  devati 
être  contredite  en  1710  par  l'auteur  de  la  Purpura  docta, 
George  Eggs.  Selon  cet  historien,  la  pièce  dont  il  va,  dit-il, 
donner  des  extraits  est  un  mémoire  rédigé,  sur  l'ordre  du 
pape,  par  le  cardinal  de  Sainte- P risque.  En  a-t-il  la  preuve? 


ARNAUD  NOVELLI.  211 


inr  siRCLE. 


Il  ne  l'a  pas.  Il  reconnaît  même,  après  avoir  donné  ses  ex- 
traits,  que  l'auteur  rie  ce  mémoire  pourrait  être  un  autre 
évêque  :  Quisquis  dcmnm  is  patrnm  nul  episcoporum  fuit.  Eggs,  Pui|.. 
Rinaldi  avait  reproduit  la  pièce  presque  entière,  en  ignorant  »<^*  'p-  '9'' 
l'auteur  et  disant  l'ignorer.  Mais  plus  tard,  en  17491  son 
annotateur,  Jean-Dominique  Mansi,  croit  en  savoir  da- 
vantage. Il  existe,  dit-il,  un  écrit  de  Guillaume  Duranti  sur 
la  même  matière,  intitulé  De  modo  celebrandi  generalis  con- 
cilii.  Or  il  y  a  d'évidentes  ressemblances  entre  cet  écrit  et 
l'œuvre  anonyme;  les  textes  des  Pères  cités  dans  l'un  et  dans 
l'autre  sont  les  mêmes.  C'est  pourquoi  l'annotateur  propose 
de  voir  dans  l'opuscule  de  l'évêque  de  Mende  un  mémoire 
par  lui  fait  avant  le  concile,  et  dans  l'opuscule  anonyme 
un  discours  par  lui  prononcé  dans  le  concile.  Mansi  ne 
sera-t-il  pas  à  son  tour  réfuté?  Il  le  .sera  très  vivement. 
Et  par  qui.^  Par  lui-même.  Nous  sommes  maintenant  en 
l'année  1764  et  Jean-Dominique  Mansi  corrige  Fabricius 
après  avoir  annoté  Rinaldi.  Fabricius  ayant  donc  attribué  Fabricius,  Biw. 
les  deux  ouvrages  à  Guillaume  Duranti,  sur  la  foi  de  Bzovius  t.ii.  p.  69. 
et  de  Sponde,  Mansi  le  redresse  en  ces  termes  :  «Je  ne 
«  puis  me  persuader  que  l'écrit  De  rébus  in  concilio  Viennensi 
«  dejiniendis  soit  du  môme  auteur  que  celui  dont  le  titre 
«  est  De  modo  celebrandi  generalis  concilii;  car,  bien  que  la 
«même  matière  soit  traitée  dans  l'un  et  dansTautre,  ils 
«  ne  se  ressemblent  pourtant  en  rien  ...  En  ce  qui  regarde 
«le  relâchement  de  la  discipline,  sur  toute  chose  l'un  al- 
«  lègue  des  exemples  différents  de  ceux  qu'on  trouve  dans 
«  l'autre.  Et  je  crois  que  les  mêmes  exemples  auraient  tou- 
«  jours  été  présents  à  l'esprit  d'un  seul  et  même  auteur,  s'il 
«n'y  en  avait  qu'un.  Pourquoi,  d'ailleurs,  Durand  aurait- 
«  il  entrepris  de  faire  un  second  écrit  sur  des  questions 
«par  lui  déjà  discutées?.  .  .  »  Quant  au  manuscrit  ducol- 
lège  de  Foix,  il  contient,  à  n'en  pas  douter,  ajoute  Mansi, 
le  traité  vraiment  composé  par  l'évêque  de  Mende,  que 
Sponde,  l'ayant  mal  vu,  n'aura  pas  distingué  de  l'écrit 
publié  par  Bzovius.  Nous  avons  donc  le  niéme  cntïoue 
soutenant  deux  opinions  contraires  à  cinq  ans  d'ifntervaile. 

27. 


„v's.*c«        212  ARNAUD  NOVELLI. 

Evidemment  ce  critique,  d'ailleurs  très  recommandable, 
avait  la  mémoire  courte.  Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  la  dernière 
de  ces  deux  opinions  qui  nous  semble  la  mieux  motivée.  Si 
pourtant  nous  ne  croyons  pas  volontiers  que  Guillaume 
Duranti  soit  l'auteur  du  mémoire  ou  discours  De  rebas  in 
concilio  definiendis ,  nous  avouons  n'avoir  aucun  droit  de  le 
revendiquer  pour  Arnaud.  Fleury  l'analyse,  d'après  les  ex- 
traits de  liinaldi,  comme  étant  d'un  évêque  inconnu.  Les 
chapitres  que  Bzovius  a  seul  publiés  ne  le  lui  auraient  pas 
fait  mieux  connaître. 

Il  est  du  moins  très  probable  que  l'auteur  de  ce  véhé- 
ment réquisitoire  était  un  prélat  français.  Quand  il  dénonce 
les  mœurs  profanes  des  laïques,  qui,  le  dimanche,  passent 
leur  temps  sur  les  places  ou  dans  les  tavernes,  dédaigneux 
d'assister  aux  saints  offices,  c'est  en  France  qu'il  a,  dit-il, 
eu  le  spectacle  de  ces  dérèglements.  Quand  il  représente  les 
archidiacres,  les  archiprêtres ,  les  doyens  ruraux  faisant 
exercer  par  de  viles  personnes  les  offices  dont  ils  perçoi- 
vent les  revenus,  il  parle  d'archidiacres,  d'archiprêtres,  de 
doyens  français.  Ce  mémoire  ou  discours,  à  bon  droit  jugé 
si  digne  d'intérêt,  appartient  donc  à  notre  histoire  littéraire, 
et,  quel  qu'en  soit  l'auteur,  nous  avions  à  le  mentionner. 

L'évêque  traite  d'abord  la  question  des  templiers.  Les 
mœurs  des  templiers  et  le  cynisme  de  leur  irréligion  les 
ont,  depuis  longtemps,  rendus  odieux  au  monde  chrétien. 
Il  faut  sans  délai  supprimer  cet  ordre  infâme  :  ordinem  dijfa- 
matissimum,  qui,  ut  itaJicam,  odorem  nominis  christiani ,  quan- 
tum in  se  fuit,  apud  incrédules  el  infidèles  fœtere  jam  fecit .  .  . 
Sur  ce  point  il  n'y  a  plus  à  délibérer;  il  faut  agir.  Mais  il  ne 
suffira  pas  d'extirper  cette  lèpre;  la  réformation  de  l'Église, 
reconnue  partout  nécessaire,  réclame  beaucoup  d'autres 
mesures.  Ici  l'auteur  s'élève  avec  force  contre  les  élections 
des  chapitres ,  contre  la  distribution  quotidienne  des  béné- 
fices par  la  cour  de  Rome,  contre  les  dispenses  de  toute 
sorte,  les  cumuls,  les  exemptions,  et  finalement  contre  la 
vie  déréglée  des  clercs. 

Il  ne  nous  est  permis  d'attribuer  sûrement  au  cardinal 


LIVRES  D  IMAGES.  213 

Arnaud  Novell!  que  six  pièces  sans  importance  littéraire. 
Deux  (le  ces  pièces  ont  été  publiées.  L'une  est  une  lettre 
à  Gautier,  évêcpie  d'Exeter,  dont  l'objet  est  d'inviter  cet 
évêque  à  traiter  favorablement  une  abbaye  cistercienne  de 
son  diocèse.  Elle  est  datée  du  xv  des  calendes  de  décembre, 
mais  sans  indication  d'année.  François  Du  Chesne  l'a  donnée 
dans  son  Histoire  des  cardinaux  français,  t.  Il,  p.  269. 
L'autre  est  la  sentence  qu'Arnaud  a  rendue,  comme  légat 
et  comme  arbitre,  entre  l'évêque  et  les  clianoines  de  Beau- 
vais.  On  la  peut  lire  dans  l'Histoire  de  Beauvais  de  Louvet, 
t,  II,  p.  52  1.  Les  quatre  pièces  inédites  sont  quatre  dona- 
tions à  l'abbaye  de  Fontiroide,  des  ilx  septembre  i3io, 
a  juin  i3i2,  17  et  18  juillet  i3i5.  Le  texte  de  ces  dona- 
tions est  à  la  Bibliotlièque  nationale,  au  tome  LIX  de  la 
collection  Doat,  fol.  867,  871,  876,  879.  B.  H. 


LIVRES    D'IMAGES 

DESTINÉS 

À  L'INSTRUCTION  RELIGIEUSE  ET  AUX  EXERCICES  DE  PIETÉ  DES  LAÏQUES. 


XIV    SIECLE. 


Les  livres  à  peintures  du  xiii*  et  du  commencement  du 
XIV*  siècle  forment  un  groupe  considérable  qui  devra  être 
un  jour  l'objet  d'un  examen  approfondi,  ne  fût-ce  que  pour 
apprécier  comparativement  l'origine,  le  caractère  et  la  va- 
leur de  ces  œuvres  d'art,  d'un  style  jusqu'alors  inconnu, 
que  la  France  produisit  en  si  grand  nombre  sous  le  règne 
et  l'influence  des  rois  et  des  princes  de  la  branche  des  Va- 
lois, et  dont  l'apparition  fut,  à  vrai  dire,  l'aurore  de  la  Re- 
naissance. 

Ce  n'est  pas  l'ensemble  de  ces  ouvrages  que  nous  nous 

f)roposons  d'étudier,  et  nous  laisserons  à  peu  près  de  côté 
es  questions  se  rattachant  à  l'histoire  des  arts.  Nous  voulons 
simplement  faire  connaître  des  livres  dont  les  peintures 
forment  une  partie  essentielle  et  qui  ont  servi  à  l'instruction 


\t\     SIKl'LE. 


214  LIVRES  D  IMAGES. 


religieuse,  à  l'édification  et  aux  exercices  de  dévotion  de  la 
société  laïque  du  moyen  âge. 

Il  ne  s'agira  à  peu  près  que  de  livres  d'images  qui  ont  eu 

plus  ou  moins  de  vogue  au  xiii'  siècle  et  au  commencement 

du  XIV",  et  qui  rentrent  tous  dans  la  catégorie  des  peintures 

jourii.  des  .sav..    sï  justement  définies  par  Albert  le  Grand  :  Picturœ  quœ  sunt 

•^«''•P-7o3.         lihri  laicorwn. 

La  même  expression  picturœ  tanquani  libri  laicorum  se  re- 
trouve dans  un  opuscule  composé,  selon  toute  apparence, 
au  xiii°  siècle,  pour  servir  d'instruction  aux  peintres  chargés 
de  décorer  les  murs  des  églises.  Le  programme  tracé  dans 
cet  opuscule  est  exactement  celui  qu'ont  suivi  les  auteurs 
de  plusieurs  des  livres  dont  nous  allons  nous  occuper.  A  ce 
titre  il  mérite  d'être  connu  : 

Dclisle,  Mël.  de         Désolé,  dit  lauteur,  de  voir  faire  dans  le  sanctuaire  de  Dieu  des  pein- 

l>a .    p.  no6,da-    ju^es  ineptcs,  qui  sont  des  monstruosités  plutôt  gue  des  ornements, 
près  le  ms.  I  ioSq      .,   .  ,  ^  ^  i-  •  i  i        />i,i  . 

de  (.lioltenliam.  j  «n  voulu  montrer  comment  1  esprit  et  les  yeux  des  lidèles  pourraient 
être  utilement  fixés  sur  des  objets  plus  convenables.  Notre  époque  aime 
trop  les  peintures  pour  qu'on  puisse  les  bannir  des  églises  cathédrales  ou 
paroissiales,  et  personne  ne  saurait  trouver  mauvais  qu'on  les  fit  servir 
de  livres  pour  les  laïques;  les  simples  gens  y  puiseraient  la  notion  des 
mystères  divins,  et  les  lettrés  le  goût  des  saintes  Ecritures.  Au  lieu  de 
voir  près  des  saints  autels  des  aigles  à  deux  têtes ,  des  lions  à  quatre  corps , 
des  centaures  richement  harnachés ,  des  monstres  acéphales ,  des  chi- 
mères ,  des  scènes  de  la  vie  de  Renard  et  des  concerts  de  singes ,  ne  vaut- 
il  pas  mieux  contempler  les  gestes  des  Patriarches ,  les  cérémonies  de  la 
Loi,  les  exploits  des  Juges  et  des  Rois,  les  combats  des  Prophètes,  les 
triomphes  des  Macchabées ,  et  les  miracles  du  Sauveur  ?  Le  champ  de 
l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  est-il  si  resserré  qu'il  soit  nécessaire 
d'inventer  de  honteuses  bouffonneries?  L'imagination  désordonnée  des 
peintres  a  peu  à  peu  introduit  ces  ornements  capricieux  que  l'auto- 
rité ecclésiastique  n'aurait  pas  dû  accepter,  car  elle  semble  accepter  ce 
qu'elle  supporte  par  un  excès  de  tolérance.  C'est  pour  mettre  un  frein 
à  la  licence  des  peintres  et  pour  les  guider  dans  la  décoration  des  églises  où 
la  peinture  est  admise ,  qu'on  a  composé  une  série  de  distiques  indiquant 
brièvement  le  sujet  des  scènes  de  l'Ancien  Testament  et  la  concordance 
allégorique  de  ces  sujets  avec  différents  détails  du  Nouveau  Testament. 
De  telles  inscriptions  ne  seront  pas  nécessaires  pour  les  scènes  évangé- 
liques,  qui  sont  familières  à  tous  les  fidèles;  sur  les  tableaux  de  ce  dernier 
genre  il  suiBra  d'inscrire  les  noms  des  personnages.  ^  lij.ui. 


I.rVRES  DIMAGES,  215 

\IV    NeCLK; 

Ces  prescriptions  ont  été  soigneusement  observées  dans 
plusieurs  des  compilations  bibliques  par  l'examen  desquelles 
nous  devons  commencer  cette  étude. 

L'usage  d'orner  de  peintures  certains  exemplaires  de  la 
Bible  a  été  pratiqué  dans  tous  les  temps;  il  est  attesté  par 
beaucoup  de  témoignages  contemporains,  et  nos  biblio- 
thèques renferment  de  nombreux  volumes  qui  prouvent 
avec  quel  luxe  on  fit  servir  la  peinture  à  la  décoration  des 
copies  de  l'Écriture  sainte.  S'il  fallait  en  donner  des  exem- 
ples pour  la  période  antérieure  au  xi*  siècle,  il  suffirait  de 
rappeler  la  bible  dont  a  fait  partie  le  célèbre  Pentateuque 
de  Saint-Gatien  de  Tours  (Bibl.  nat.,  nouv.  acq.  lat.  2  33/j); 
la  bible  que  le  comte  Vivien  offrit  à  Charles  le  Chauve 
(Bibl.  nat.,  lat.  i)  et  qui  est  bien  connue,  grâce  aux  repro- 
ductions de  M.  le  comte  de  Bastard;  les  deux  imitations 
de  cette  dernière  bible,  conservées  l'une  au  Musée  britan- 
nique (ms.  add.  io546),  l'autre  à  Bamberg;  la  bible  de 
Saint-Paul-hors-les-Murs,  et  la  bible,  aujourd'hui  coupée 
en  quatre  volumes  (Bibl.  nat.,  lat.  6),  que  le  maréchal  de 
Noailles  avait  tirée  du  nord  de  l'Espagne,  A  partir  du 
XI'  siècle,  les  exemples  sont  trop  nombreux  pour  qu'il  y  ait 
lieu  d'en  citer  un  seul. 

Mais  il  ne  doit  s'agir  ici  ni  des  bibles  latines,  qui  ne  sor- 
taient guère  des  mains  du  clergé,  ni  même  des  bibles  fran- 
çaises, dont  l'usage  fut  toujours  assez  restreint  pendant  la 
durée  du  moyen  âge.  Nous  n'avons  à  nous  occuper  que 
d'abrégés  ou  d'arrangements  dont  les  peintures  servaient  à 
graver  dans  la  mémoire  les  principaux  faits  de  l'histoire 
sainte,  les  points  essentiels  du  dogme,  les  règles  de  la  mo- 
rale chrétienne  et  les  exemples  des  saints  personnages  de 
l'ancienne  et  de  la  nouvelle  loi. 

Un  des  plus  anciens  recueils  entrepris  pour  représenter         Rbcueh 
en  images  l'Ancien  et  le  Nouveau  Testament  et  fhistoire 
des  premiers  siècles  du  christianisme  est  un  livre  achevé 
en  1 197,  que  Sanche  le  Fort,  roi  de  Navarre,  lit  composer 
par  un  certain  Ferrandus  Pétri  de  Fanes,  comme  on  l'apprend 


FAIT  POUR  SaNCHK 
HOI  DE  NaVAHRK 


216  LIVRES  D'IMAGES. 

Tlï    5IKCLE. 

par  la  souscription  de  l'exemplaire  conservé  à  la  biblio- 
thèque d'Amiens  (ms.  n"  108)  : 

Explicit  hic  liber  (Doo  gratias),  qiicm  [iljliistris.simiis  Sancius,  rex  Na- 
varrae,  filins  Sancii  nohiiissiini  régis  Navarrorum,  fi-cit  fieri  a  Ferrando 
Pétri  de  Futios;  et  F'errandiis  Pétri  composiiit  hiinc  librum  ad  honorem 
domini  régis  et  ad  preces  ipsiiis,  prout  melius  potuit,  pr.xcipue  ut  om- 
nipotentis  l)ei  ainurcin  acquirat  et  cjiisdeni  régis  Suncii  pussit  gratiani 
invenire.  Fuit  aiitem  coiisiimntus  hune  librum  [sic]  cra  mcc  wxv,  anno 
ab  incarnations  Dumini  mclwxxvh. 

Le  recueil  de  Ferrand  Pierre  de  Prunes  ne  se  compose  à 
peu  près  que  de  petits  tableaux,  grossièrement  exécutés,  au 
Mcm.  (le  la  Sof.  HOinbre  d'en virou  ■jooo,  suivant  le  docteur  Rigollot, qui  en  a 
aie'. Tm'p' 36^0-  ^^'^  connaître  plusieurs  dans  son  Essai  sur  les  arts  du  des- 
:i(i3,  |)i.  i3  01 1.">.  sin.  Chaque  tableau  es!  accompagné  d'une  courte  légende 
dont  le  texte  est  tiré  de  l'Écriture  sainte.  Dans  le  manuscrit 
d'Amiens,  dont  les  premiers  feuillets  ont  disparu  depuis 
longtemps,  la  série  commence  à  la  fin  de  la  vie  de  Noé;  elle 
embrasse  tout  l'Ancien  Testament,  qui  forme  une  première 
partie  bien  distincte  de  la  seconde.  La  transition  est  nette- 
ment indiquée  par  cette  phrase  :  Hue  us(iiie  Iractavimus  de  Ve- 
teri  Testamentn.  Nunc  dicamus  de  miraculis  Domini  nostri  Jhesu 
Christi,  et  de  miraculis  sanctorum  patrum  Novi  Testamenti,  et  de 
vita  et  passioinbus  eoruindem  (fol.  166  v°).  La  seconde  partie 
comprend  la  vie  de  Jésus-Christ,  celle  de  la  sainte  Vierge  et 
un  catalogue  illustré  des  apôtres,  des  martyrs,  des  confes- 
seurs et  des  vierges.  La  vie  de  Notre-Dame  se  termine  par 
une  mention  du  tombeau  que  la  tradition  lui  attribuait  et 
que  les  pèlerins  allaient  visiter  dans  la  vallée  de  Josaphat  : 
Monstralur  autem  sepulcrum  beatœ  Mariœ  cementibus  nobis  us- 
(jue  ad prœsens  in  valle  Josaphat,  média,  quia  vallis  inter  mon- 
tcm  Syon  et  montem  Oliveti  posita  est  (fol.  201  v°).  La  liste 
des  martyrs  trahit  l'origine  espagnole  du  livre;  nous  y  de- 
vons relever  les  noms  suivants  :  Zoilus  Cordubensis ,  Cucujas 
Barchinonensis,  Fructuosus  episcopi  Terrachonœ  (fol.  216  v°). 
Ferrand  Pierre  de  Funes  a  consacré  les  dernières  pages  de 
son  recueil  à  l'Antéchrist  et  à  la  fin  du  monde. 

Nous  avons  dit  que  les  légendes  des  tableaux  de  l'Ancien 


i 


UVRES  D'IM-^GES.  217 

xiï  siF.r.i.i 

Testament  se  réduisent  à  quelques  mots  copiés  dans  la  Bible. 
H  y  a  cependant  çà  et  là  de  courtes  explications  allégoriques, 
analogues  à  celles  que  nous  signalerons  bientôt  comme  te- 
nant une  si  grande  place  dans  les  Bibles  moralisées.  Ainsi, 
à  propos  des  deux  ours  de  l'épisode  d'Elisée  (IV  Reg.,  ii, 
•j4),  il  est  dit  que  ces  deux  bêtes  féroces  sont  la  figure  de 
Vespasien  et  de  Titus  :  Figura  csl  adveniens  (juod  fuit  Vespa- 
sianus  et  Titus  (fol.  132  v").  Nous  trouvons  le  même  rap- 
prochement dans  la  Bible  moralisée  (ms.fr.  167  de  la  Bi- 
bliothèque nationale,  fol.  88)  :  Ursi dévorantes  parvulos  Heliseo 
illudentes  significanl  Tilumet  Vespasianum ,  (jui  Judeos  ,derisores 
Donnai  Salvatons,  post  ejus  passionem  destruxeruiU. 

Un  autre  résumé  de  l'histoire  sainte  et  de  l'histoire  ecclé-      Kïcuïh.  fait 
siastique  se  présente  aussi  sous  la  lorme  d  images  dans  le      p^,^  l"abb\ïk 
ms.  69  de  la  Bibliothèque  royale  de  La  Haie.  11  paraît  dater    "e  Smmt  Bkrtiv 
de  la  première  moitié  du  xiii*  siècle,  et  doit  avoir  été  fait 
dans  le  nord  de  la  France,  peut-être  à  l'abbaye  de  Saint- 
Bertin.  On  y  remarque,  en  effet,  des  peintures  consacrées  à 
saint  Omer,  à  saint  Josse,  à  saint  Winnoc  et  à  saint  Bertin, 
aux  pieds  duquel  est  représenté  un  moine  à  genoux  et  les 
mains  jointes.  La  collection  se  compose  d'environ  170  ta- 
bleaux, relatifs  les  uns  à  diverses  scènes  de  l'Ancien  et  du 
Nouveau  Testament,  les  autres  à  la  vie  des  saints  ou  des 
saintes  les  plus  célèbres.  A  la  plupart  des  tableaux  corres-      Uiiisie.iviéi. .1 
pondent  des  inscriptions  explicatives  en  vers  léonins.  Nous   ''''■'  ''  '"' 
prendrons  pour  exemples  celles  qui  se  rapportent  à  l'his- 
toire de  Joseph  : 

Hic  narrât  patri  Joseph ,  hic  sua  sompnia  matri. 
Joseph  iegatur  ut  fratribus  esca  feratur. 
Escam  partitur  qua  fratrum  turba  potitur. 
Fratres  accitis  vendunt  Joseph  Hismaelitis. 
Ecce  necis  testis  deplangitur  a  pâtre  vestis. 
Deceptus  lacrimis  Putiphar  Joseph  abdit  in  imis. 
Somnia  monstrantur  que  tempora  cara  minantur. 
Spem  Putiphar  vite  capto  reddit  Jacobite. 
Hic  cyphus  extrahitur,  fraus  fratribus  hic  aperitur. 
Hic  patris  more  blanditur  Benjamin  ore. 

TOME  XXXI.  a8 


I«»fl1llllll     ll4tt*l4U. 


mohài.iske 


218  LIVRES  D'IMAGES. 

XI T    SIECLE. 

On  avait  laissé  en  blanc  le  revers  des  feuillets  qui  avaient 
reçu  des  peintures;  mais,  de  bonne  heure,  on  a  utilisé  la 
plupart  des  pages  blanches  pour  y  copier  diverses  prières 
en  latin  ou  en  français. 

Bible  La  Compilation  qui  mérite  d'occuper  la  place  d'honneur 

dans  le  groupe  d'ouvrages  que  nous  passons  en  revue  est  un 
abrégé  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  qui  servit  de 
cadre  à  une  suite  de  plusieurs  milliers  de  petits  tableaux, 
en  même  temps  que  de  thème  à  des  développements  allégo- 
riques et  à  des  enseignements  moraux.  On  l'a  désignée  par- 
fois sous  le  titre  de  Emblèmes  hibli(fncs,  parfois  sous  celui 
de  Bible  historiée,  de  Bible  (tllègorisée  ou  de  Bible  mnralisée. 
Cette  dernière  dénomination  nous  a  paru  devoir  être  re- 
tenue; elle  convient  parfaitement  à  un  ouvrage  dans  lequel 
l'auteur  s'est  avant  tout  proposé  de  faire  servir  l'histoire 
sainte,  à  un  enseignement  moral.  Nous  allons  l'étudier 
d'après  le  ms.  français  167  de  la  Bibliothèque  nationale, 
qui  nous  l'a  transmis  en  entier  sous  la  double  forme  du  texte 
latin  original  et  d'une  ancienne  traduction  française.  Les 
livres  .s'y  succèdent  dans  l'ordre  suivant  : 

■  ! 

]ja  Genèse,  fol.  1.  —  L'Exode,  18.  — LeLévitique,  28  v°.  — Les 
Nombres,  33.  —  Le  Deutéronome ,  /ja.  —  Josué,  46  v*.  —  Les  Juges, 
5a.  —  Ruth,  6a.  —  Les  Rois,  63  v°.  —  Tobie,  9 4.  —  Judith,  98  v°. 
—  Estlier,  100  v°.  —  Job,  10a  v°.  —  Le  Psautier,  1  1  4.  —  Les  Para- 
boles, i32  v°.  —  l^'Ecclésiaste ,  itii  v°.  —  Le  Cantique  des  cantiques, 
i45  v°.  —  La  Sagesse,  1.^9  v°.  —  L'Ecclésiastique,  160  v*.  —  Isaïe, 
161  v°.  —  Jérémie,  i-j-j  \°.  —  Ezéchiel,  ao4-  —  Daniel,  2i4  v°.  — 
Les  petits  Prophètes,  2  1  9  v°.  —  Les  Machabées,  a 24  v".  —  Les  Évan- 
giles, 24  I .  —  Les  Actes  des  Apôtres,  273.  —  Les  Epitres  de  saint  Paul, 
291.  —  L'Apocalypse,  3o2. 

Le  fond  de  la  Bible  moralisée  ne  se  compose  guère  que 
de  versets  littéralement  empruntés  à  l'Ancien  et  au  Nouveau 
Testament.  L'auteur  s'est  rarement  donné  la  peine  de  les 
relier  les  uns  aux  autres. 

Voici   comment  il   présente    l'histoire   de   Samson    en 


LIVRES  D'IMAGES.  219 

vingt  et  un  versets,  tirés  à  peu  près  mot  pour  mot  des  cha- 
pitres xiii-xvi  des  Juges  : 

Apparuit  aiigelus  Domini  uxori  Maiiue ,  qui  erat  de  stirpe  Dan ,  et 
(iùjt  ad  eam  :  «  Steriiis  es  et  absque  iiberis,  sed  concipies  et  paries 
«  fiiium,  et  ipse  liberabit  Israël  de  mami  Phiiistinorum.  »  (Jud. ,  xiii,  3 
et  5.) 

Tulit  igitur  Manue  cum  uxore  sua  hedum  de  capris,  et  obtulit  super 
allare  holocaustum  Domino;  cumque  ascenderet  fumus  et  flamma  holo- 
causti  in  ceiuoi,  angélus  Domini  pariter  in  flamma  ascendit.  (xiii,  19 
et  20.) 

Uxor  igitur  Manue  peperit  fdium  et  imposuit  ei  nomen  Samson, 
crcvitque  puer  et  benedixit  ei  Doniinus  et  fuit  spiritus  Domini  cum  eo. 
(xiii,  'ih  et  j5.) 

Descendit  Samson  precepto  Domini  in  terram  Phiiistinorum  ut  ibi 
uxorem  acciperet,  et  dum  iret  occurrit  ei  leo,  el  venit  spiritus  Dei  in 
Samsunem  et  dilaceravil  leonem.  (xiv,   1 ,  5  et  6.) 

El  post  aliquot  dies  reversus  Samsun  declinavit  ut  viderel  cadaver 
ieonis,  et  ecce  i-xanien  apum  erat  in  ore  Iconis  ac  favus  meliis,  queni 
assumens  comedebat   in  via,  deditque  biis  qui  cum  eo  erant.  (xiv,  8 

Samson  proposuit  sociis  suis  problema  et  dixil  :  «  De  comedente  exiit 
«cibus.et  de  forti  ejjrcssa  est  diilc<'du.  •  (xiv,  12  et  ili.) 

Post  aliquantum  vero  tempoiis  vonit  Samson  visitare  uxorem  suam, 
cui  prius  iratus  fuit,  et  attutit  ei  bedum  de  rapris.  (xv,  1.) 

Cimique  cidiiculuin  cjus  soiito  vellet  intrare,  prohibuit  pater  uxoris 
sue  ne  intraret.  (xv,  1.) 

Samson,  iratus  pro  uxore  sua,  cepit  %ulpes  plurimas,  et  iigavit  per 
caudas,  et  apposuit  ignem  caudis,  et  dimisit  eas  currere  per  segeles 
Phiiistinorum,  et  cremate  sunt.  (xv,  4  et  5.) 

Samson  iigari  se  permittit  ab  inimicis  pecies  et  manus.  (xv,   i3.) 

Samson ,  inter  inimicos  iigatus ,  vincuia  rupit ,  et  inventa  maxiUa  asini 
liostes  suos  prpstravit.  (  xv,  1  4  et  1 5.  ) 

Sitiensque  Samson  vaide  ciamavit  ad  Dominum  et  respexit ,  et  vidit 
aquas  de  mandibuia  asini  quam  projecerat  mananles  ;  quibus  haustis  re- 
cepit  vires,  (xv,  18  et  19.) 

Samson  abiit  in  Gazam  civitatem,  et  inveniens  ibi  muiierem  mere- 
Iricem,  adamavit  eam,  et  usque  «d  médium  noctis  dormivit  cum  ea. 
(xvi,  1  et  3.) 

Quod  cum  audissent  Phiiistei,  firmaverunt  portas  civitatis  et  posue- 
nint  custodes  tota  nocte,  Samsonem  expectantes  ut  eum  occiderent. 
(xvi,  a.) 

Consurgens  SaioMin  tulit  ambas  porte  fores  cum  postibus  suis  et  sera , 
impositasque  humeris  portavit  ad  verticem  montis.  (xvi,  3.) 

28. 


.IIV'  SliCLI. 


m-  «to...       220  LIVRES  D'IMAGES. 

Postea  adamavit  Dalidam ,  et  ilia  ad  petitionem  Philistinonim  decepit 
eum.  (xvi,  U.) 

Ter  ligavit  Dalida  Samsonem ,  primo  septem  funibus ,  secundo  novem , 
tertio  davo  et  licio  per  capiilos,  et  semper  evasit.  (\vi,  7-1  3.) 

Ultimo  rasit  Dalida  caput  Samsonis,  et  abscidit  septem  crines,  et  tra- 
didit  inimicis  suis,  (xvi,  19.) 

Samson,  tonsis  crinibus,  cxcecatur  et  ad  moiam  ponitur.  (xvi,  ai.) 

Convenerunt  Pbilistini  in  unum ,  gaudentes  quia  adversarius  eorum 
Samson  traditus  est  in  manibus  eorum,  letantesque  et  convivium  cele- 
bi-antes  vocaverunt  Samsonem,  quem  excecaverant,  ut  ante  eos  luderet, 
et  iudebat  coram  eis,  et  lusum  aspicientes  illudebant  ei.  (xvi,  aS-aô.) 

Et  Samson,  ductusapuero  interduas  principales  columnas,  concussit 
eas,  et  cecidit  domus,  et  interfecit  omnes  qui  ibi  erant  circiter  tria 
milia;  sic  quod  plures  interfecit  moriens  quam  vivens  fecerat.  (xvi, 
26-31.) 

Pour  le  psautier,  le  compilateur  s'est  borné  à  prendre  le 
premier  verset  de  chacun  des  psaumes. 

Arrivé  aux  Evangiles,  il  a  combiné  des  phrases  détachées 
des  quatre  évangélistes  pour  en  former  un  récit  dont  les 
parties  ne  sont  pas  toujours  bien  soudées  les  unes  aux 
autres.  Prenons  pour  exemple  la  prédication  de  saint  Jean- 
Bapliste  : 

In  diebus  illis  venit  Johannes  Baptista  in  déserte  Judée  predicans  et 
dicens  :  «  Penitentiam  agite.  »  (Matth.,  m,  i.) 

Tune  exibat  ad  eum  Jerosolima  et  omnis  Judée  regio  circa  Jorda- 
nem ,  et  baptisabantur  ab  eo  in  Jordane ,  confitentes  peccata  sua.  (Matth. , 
III,  5  et  6.) 

Videns  autem  multos  Phariseorum  et  Saduceorum  venientes  ad  se, 
dixit  eis  :  «  Progenies  viperarum,  quis  vos  docebit  f'ugere  a  ventura  iraP 
«  Facite  ergo  dignos  fructus  penitentie ,  et  ne  velitis  dicere  intra  vos  : 
«  Patrem  habemus  Abraham.  Potens  est  enim  Deus  de  iapidibus  istis 
«  suscitare  filios  Abrahae.  »  (Matth. ,  m,  7-9.) 

«  Jam  securis  ad  radicem  arboris  posita  est.  Omnis  arbor  que  non  facit 
-  fructumbonum  succidçtur  et  in  ignem  mittetur.  »  (Matth.,  m.  10.) 

Et  interrogabant  eum  turbe  dicenles  :  «  Quid  ergo  faciemus  ?  •  Res- 
pondit  :  «  Qui  habet  duas  tunicas  det  unam  non  habenti ,  et  qui  habet 
«  escas  similiter  faciat.  »  (Luc,  m,  10  et  11.) 

Venerunt  autem  publicani  dicentes  :  «  Quid  faciemus  P  »  At  ille  dixit  : 
•  Nichil  amplius  quam  constitutum  est  vobis  faciatis.  »  (Luc,  m,  la 
eti3.) 


IJVRKS  D IMAGES.  221        ^.^.,.^,. 

Interrogabant  eiim  et  milites  dicentes  :  «  Quid  iaciemus  et  nos  ?  »  Et 
ait  illis  :  «  Neminem  concutiatis,  neque  calumniam  faciatis,  et  content! 
«  estote  stipendiis  vestris.  »  (Luc,  m,  i^.) 

Tune  Hiiserunt  Jiidei  ab  Jerosolimis  sacerdotes  et  levitas  ad  Johanneni 
ut  interrogarent  eum  :  «Tu  quis  es?»  (Jo.,i,  19.)  Existimabant  enim 
euni  esse  Christum. 

Et  interrogaverunt  euni  Pliarisei  :  «  Quid  ergo  baptizas ,  si  tu  non  es 
•  Cbristus,  neque  Helyas,  necpie  proplieta?  »  Qui  respondit  :  «  Ego  bap- 
«  tizo  vos  in  aqua.  »  (Jo.,  i,  26.)  «  Venit  fortior  me  post  me  cujus  non 
«sumdignus  solvere  c<ilciamenta;  ipse  baptizabit  vos  igné  et  Spiritu 
«  sancto.  »  (Matth. ,  m  ,  1  1  ;  Marc. ,  i ,  7  et  8.  ) 

«  Cujus  ventilabrum  in  manuejus,  et  purgabit  aream  suam,  et  congre- 
"  gabit  trificum  in  horreum  suum  ;  paleas  autem  comburet  igné  inextin- 
>  guibili.  »  ( Mattb. ,  in ,  12.) 

Tune  erat  Jésus  incipiens  quasi  annorum  triginta  (Luc,  ni,  -iH),  et 
venit  a  Galilea  in  Jordanem  ad  Johannem  ut  baptizaretur  ab  eo.  Et  pro- 
liibebat  eum  Joliannes  dicens  :  «  Ego  a  te  debeo  baptizari ,  et  tu  venis  ad 
«  me.  »  Et  respondit  Jliesus  :  «  Sine  modo  ;  sic  enim  decet  nos  implere 
"  omnem  justitiam.  x  (Matth.,  m,  i3-i5.) 

Tune  dimisit  eum,  et  baptizavit  Jliesum,  et  apertum  est  celum,  et 
descendit  Spiritus  sanctus  corporali  specie  sicut  columba  in  ipsum,  et 
vox  de  celo  facta  est  :  «  Hic  est  (ilius  meus  dilectus  in  quo  complacui 
«  michi.  »  (Matth.,  ni,  1  5-i  7.) 

Il  serait  superflu  de  faire  remarquer  le  décousu  d'un 
récit  dans  lequel  des  parties  essentielles  sont  supprimées. 
Par  exemple,  les  Pharisiens  ont  demandé  à  saint  Jean  qui 
il  est.  Sans  avoir  fait  la  moindre  allusion  à  la  réponse  de 
saint  Jean,  sans  avoir  parlé  ni  d'Élie  ni  des  prophètes,  le 
rédacteur  met  brusquement  cette  nouvelle  question  dans  la 
bouche  des  Pharisiens  :  «  Pourquoi  donc  baptises-tu ,  si 
«  tu  n'es  ni  le  Christ,  ni  Elie,  ni  un  prophète?  » 

L'absence  de  coordination  est  surtout  frappante  dans 
les  quatre-vingt-six  petits  paragraphes  consacrés  aux  épîtres 
de  saint  Paul.  Le  compilateur  a  découpé  comme  au  hasard  ms  r,.  .67. 
les  versets  dont  il  a  fait  choix,  et  les  a  disposés  pêle-mêle,  '"'  jgi-So». 
sans  même  respecter  l'ordre  des  épîtres,  comme  le  montre 
le  tableau  suivant  qui  indique  de  quelle  façon  se  succèdent 
.  les  découpures  : 

II  Cor.,  VI,  ii-i6;  y,  ao,  21  ;  ix,  6,  8,  9;  1,  1,  2,  20,  22;  iv,  3, 
Zi,  10.  i3,  là.  — Gai., 1,  6,  7.  — Éph.,  i,  i3;  11, 4,  5.  — IIThess., 

1  7 


XIV*  SIBCLI. 


222  UVRES  D'IMAGES. 

Il,  I,  3,  4,  8;  III,  6.  — Gai.,  i,  i8,  aa;  ii,  i  ;  i,  i3;  iii,  i,  3;  iv,  aa; 
V,  7,  10.  —  Eph.,  T,  5,  6,  a5,  a6.  —  Philipp. ,  i,  1,8,9,  28;  11,  1, 
5-7,  19.  —  I  Tljess.,  IV,  i3,  i5;  1,  1,  3.  —  Gai.,  i,   i-3,  6,  7,  9, 

II,  la.  —  I  Cor.,  XVI,   10.  —  II  Cor.,  viii,  9;  xii,  a.  —  Gai., 

III,  a6,  37.  —  Eph.,  II,  ii-i3,  8,  9;  m,  8,  10;  11,  17,  18;  iv,  i, 
a,  7,8,  II,  i4,  i5,  16,  aa-3  4;  v,  3,  4.  —  I  Tim.,  i,  1 ,  a,  i5, 
18;  II,  8-10;  III,  I  ;  IV,  8;  V,  ao,  3,  11,  17,  a3;  vi,  17.  —  II  Tim., 
(,  I,  a,  8,  la;  11,  3,  6,  16;  m,  8,  la  ;  iv,  6.  —  Tit. ,  i,  i-5,  7;  11. 
7  ;  III ,  10,  11.  —  Philem. ,  1  -3.  —  Tit.  ,1,  io,i6;u,i. 

Chacun  des  passages  empruntés  à  l'Ecriture  est  suivi 
d'une  courte  réflexion  qui  a  pour  objet  soit  d'en  rapprocher 
un  autre  détail  de  l'histoire  sainte  ou  de  l'histoire  évangé- 
lique,  soit  d'en  tirer  une  règle  de  la  morale  chrétienne.  Les 
rapprochements,  parfois  très  subtils,  ont  été  inspirés  par  la 
vogue  dont  les  explications  allégoriques  jouirent  pendant 
tout  le  moyen  âge  et  par  la  prétention  de  voir  à  chaque 
ligne  de  l'Ancien  Testament  une  figure  applicable  à  tel  ou 
tel  verset  du  Nouveau.  En  voici  quelques  exemples.  La  lu- 
mière dégagée  des  ténèbres,  c'est  la  séparation  des  bons 
anges  et  des  mauvais  (fol.  1).  Au  soleil  et  à  la  lune  corres-, 
pondent  les  prélats;  aux  étoiles,  le  clergé;  aux  oiseaux,  les 
gens  de  religion  voués  à  la  vie  contemplative;  aux  difl'é- 
lentes  espèces  d'animaux,  les  fidèles  de  toutes  les  condi- 
tions (foi.  2).  Dans  les  quatre  fleuves  du  paradis,  il  faut  voir 
les  quatre  vertus  cardinales  (fol.  j  v°);  dans  le  sommeil 
d'Adam,  la  mort  du  Christ  (fol.  3);  dans  la  prédilection 
d'Adam  pour  Abei,  la  préférence  accordée  aux  chrétiens 
par  le  Seigneur  (fol.  3  v");  dans  le  crime  de  Caïn,  la  tra- 
hison de  Judas  (fol.  4);  Noé,  sa  femme  et  sa  famille  ne  sau- 
raient être  que  Jésus-Christ,  la  vierge  Marie  et  les  apôtres 
(fol.  4  v°).  L'épisode  des  anges  reçus  et  nourris  par  Abra- 
ham rappelle  le  bonheur  des  fidèles  à  qui  Jésus-Christ 
donne  le  fruit  de  la  grâce  et  qu'il  conduit  à  la  gloire  des 
anges  (fol.  7).  Dans  Abraham  envoyant  son  serviteur  avec 
de  riches  présents  pour  chercher  la  femme  destinée  à  son 
fils,  comment  ne  pas  reconnaître  le  Père  éternel  livrant  , 
l'Evangile  aux  apôtres,  pour  préparer  l'union  de  son  fils  avec 
l'Éghse  (fol.  8)?  La  substitution  du  nom  d'Israël  à  celui  de 


LIVRES  D'IMAGES,  223 

Jacob  symbolise  le  changement  qui  s'opère  au  moment  du 
passage  de  la  vie  active  à  la  vie  contemplative,  distinction 
bien  accusée  par  l'usage  de  changer  le  nom  du  pape  quand 
il  prend  en  mains  le  gouvernement  de  l'Eglise  (fol.  lo). 
Il  n'est  point  ici  question  des  noms  des  religieux;  ce  qui 
permet  de  supposer  que  l'habitude  de  prendre  des  noms 
nouveaux  lors  de  l'entrée  dans  certains  ordres  n'était  pas 
encore  répandue. 

Nous  terminerons  cette  énumération  par  deux  exemples 
empruntés  aux  livres  des  Rois.  L'étonnement  des  émissaires 
de  Saùl,  lorsqu'ils  voient  un  mannequin  dans  le  lit  de  Da- 
vid, figure  la  surprise  des  soldats  de  Pilate  ne  trouvant  que 
la  pierre  du  sépulcre  de  Jésus-Christ  ffol.  69).  Quant  aux 
cent  hommes  qui  furent  rassasiés  avec  les  pains  d'Elisée,  ce 
sont  évidemment  les  foules  que  Jésus-Christ  nourrit  avec 
cinq  pains  d'orge  (fol.  90). 

Ces  rapprochements  allégoriques  n'ont  guère  d'origina- 
lité; le  principal  mérite  qu'on  peut  y  signaler,  c'est  que  les 
peintures  dont  les  textes  sont  accompagnés  peuvent  aider  les 
archéologues  à  interpréter  beaucoup  de  monuments  figurés 
du  moyen  âge;  elles  sont  d'ailleurs  fort  utiles  pour  étudier 
l'histoire  des  mœurs  et  pour  connaître  les  costumes,  les 
armes,  les  ustensiles  et  le  mobilier  du  xiii'  et  du  xiv'  siècle. 

Les  applications  morales  des  versets  de  la  Bible  sont  un 
peu  plus  instructives  que  les  développements  allégoriques; 
mais  le  compilateur  qui  les  a  rassemblées  s'est  presque 
toujours  tenu  à  des  généralités  un  peu  vagues  et  à  des 
lieux  communs;  il  n'est  jamais  entré  dans  ces  détails  fa- 
miliers qui  donnent  tant  d'intérêt  à  certains  sermons  du 
XIII*  siècle.  Le  cadre  dans  lequel  il  s'est  renfermé  montre 
que  le  livre  était  surtout  destiné  aux  hautes  classes  de  la 
société  civile  et  religieuse.  Il  y  est  souvent  question  des  de- 
voirs des  prélats  : 

Hoc  significat  quod  preiatus ,  quanto  prefertur  aiiis  in  dignitate ,  tanto 
alios débet  excellere  vite  sanctitate.  (Fol.  a5ov°.) 

Hoc  significat  quod  prelati  ecdesie  semper  debent  esse  parati  sati»- 
facere  cuilibet  poscenti  de  hiis  que  pertinent  ad  salutem  animarum  ;  et 


XIT*  SliCLB. 


Ml     9IFXIJ:. 


224  LIVRES  D'IMAGES. 

si  infirmus  mittat  pro  sacerdote,  omnem  contemplationem  et  omne  stu- 
dium  dimittat  et  vadat  ad  eum.  (Fol.  .iyô  v°.) 

Per  hoc  significantiir  boni  prelati  qui  inanus  suas  excutierunt  ab 
omni  munere.  ne,  habito  respecta  ad  niunera,  contra  legem  divinam 
cogantur  aliquid  judicare  inter  iHos  quibns  tenentur  justitiam  exhibere. 
(Fol.  286.) 

Hoc  significat  quod  prelatus  débet  se  talem  exhibere  coram  subditis 
suis  ut  nichil  sit  in  eo  quod  de  jure  valeat  reprehendi.  Tune  enim  fa- 
cilins  crédent  ei  cum  viderint  eum  docenteni  verbo  pariter  et  exeniplo. 
(Fol.  290  v°.) 

La  chaire  chrétienne  doit  être  interdite  aux  faux  prédi- 
cateurs, surtout  à  ceux  qui  prêchent  en  vue  d'un  gain  : 

Hoc  significat  quod  prelati  ecciesie  debent  prohibere  falsos  predica- 
tores,  et  maxime  eos  qui  pro  questu  predicant,  quia  potius  corrum- 
punt  alios  pravo  exemple  quam  edificent  per  doctrinam.  (Fol.  280  v°.) 

Les  conseils  relatifs  à  la  prédication  sont  très  nombreux, 
et  nous  avons  remarqué  sur  un  assez  grand  nombre  de 
peintures  des  évêques  ou  des  religieux  occupés  à  prêcher 
(fol.  278  v°,  279,  280,  282,  283,  287,  291,  296,  299V'', 
3 00,  etc.).  —  Sur  le  folio  284,  nous  voyons  un  évêque  pré- 
sider un  synode  et  donner  des  instructions  à  son  clergé. 

L'exemple  de  saint  Paul  est  proposé  aux  professeurs  de 
théologie,  pour  leur  rappeler  qu'ils  doivent  enseigner  sans 
aucune  préoccupation  de  gloire  ou  de  gain  : 

Hoc  significat  quod  magistri  théologie  debent  cum  sollicitudine  et 
diligentia  docere  fidem  catliolicam ,  non  causa  lucri  vel  inanis  glorie ,  di- 
cente  Domino  :  «  Gratis  accepistis,  gratis  date  » ,  sed  ea  intentione  ut  sint 
plures  qui  .sciant  in  vinea  Domini  operari,  et  ut  habeat  ecclesia  quibus 
possit  resistere  ascendentibus  ex  adverso.  (Fol.  291.) 

Le  compilateur  condamne  sévèrement  le  mauvais  emploi 
des  revenus  ecclésiastiques  et  la  corruption  des  chanoines 
qui  vendaient  leurs  votes  quand  il  s'agissait  de  pourvoir  à 
certaines  dignités  : 

Mense  nummulariorum  eos  significant  qui  bona  ecciesie  pauperibus 
eroganda  per  avaritiam  retinent.  Per  cathedras  vendentium  columbas 
prelati  symoniaci  signantur.  (Fol.  260.) 

Hoc  significat  quod  pravi  canonici  seculares  eligunt  ad  dignitates 


LIVRES  D  IMAGES.  225 

ecclesiasticas   clericos  carnaies  per  symoniam,  et  sunt  homicide  ani- 
marum.  .  .  (Fol.  269.) 

Il  reproche  même  au  pape  d'écouter  de  mauvais  conseils 
et  de  confirmer  souvent  de  déplorables  élections  d'évêques: 
Hoc  si(jnijicat  quod  dominus  papa  multoties  militas  iinifiios  clec- 
tos,  de  consilio  malonim,  in  episcopos  promovet ; jiistos  vcro  rcjutat 
et  condemnat  (fol.  289  v"). 

Des  allusions  à  des  conflits  de  juridiction  méritent  d'être 
signalées  : 

Hoc  significat  judices  seculaies,  qui  volunt  cognoscere  de  factis  cle- 
ricorum,  iicet  ipsi  de  jure  de  hoc  non  debeant  judicare.  (Foi.  285  v°.  ) 

Hoc  significat  quod ,  si  ahquis  judex  secularis  vult  cognoscere  de 
causa  clerici,  clericus  non  débet  corann  eo  respondere,  sed  ad  suuin  ju- 
dicem  appeiiare.  (Fol.  287.) 

A  plusieurs  reprises,  on  se  plaint  de  f entente  qui  s'éta- 
blit entre  les  princes  et  le  clergé  pour  opprimer  le  menu 
peuple  : 

Hoc  significat  quod  iniqui  principes  et  falsi  prelati  veniunt  ad  coii- 
stituendas  novas  leges  et  consuetudines  iniquas,  ut  opprimant  in  judicio 
minores  et  bona  eorum  diripiant ,  et  sic  Jhesum  occidunt ,  incmbra  sua 
scandalizantes.  (Fol.  2 64  v°. ) 

Hoc  significat  quod  prelati  et  principes  quandoque  in  malum  sub- 
ditonim  et  spoliationem  et  destructionem  per  mala  opéra  confederantur, 
et,  ut  eorum  opéra  minus  mala  appareant,  unus  in  malum  sustentât 
alium  et  confortât.  (Fol.  267  v°.) 

Amicilia  inter  Herodem  et  Pilatum  significat  fedus  quod  est  inter 
malos  prelatos  et  principes,  quo  Christus  illuditur  et  morti  adjudicatur  in 
membris  suis.  (Fol.  269.) 

En  parcourant  fouvrage  on  est  frappé  de  l'insistance  avec 
laquelle  fauteur  revient  sur  le  fait  des  hérétiques  et  sur  les 
dangers  qu'ils  font  courir  à  fEglise. 

Le  verset  des  Proverbes  :  Expedit  macjis  urse  occurrere 
raptis  fetibus  quanifatuo  confidenti  in  stultitia  sua  (xvii,  12) 
lui  suggère  cette  réflexion  que  le  diable  est  moins  dange- 
reux que  fhérétique  :  Hoc  significat  quod  melius  est  trium- 
phare  de  diabolo  et  eum  evadere  cum  aujeruntur  ab  eo  sui  per 
baptismum  vel  aliud,  sacramentum ,  quam  de  heretico  confidente 

TOME  XUI.  29 


XIV'  5IKCI.B. 


xu-  ,.tc.E.       226  LIVRES  D'IMAGES. 

• 

in  malitia  et  in  suis  erroribus  indurato  (fol.  187  v").  H  trouve 
encore  une  figure  de  l'hérétique  dans  la  femme  adultère 
qui ,  après  avoir  mangé ,  s'essuie  la  bouche  en  disant  :  «  Je  n'ai 
«point  fait  le  mal»  (Prov.,  xxx,  ao)  :  Per  mulierem  aduhe- 
rain  desujnaturhcreticus ,  qui,  (juando  arguitiir pivjaha  doctrina, 
dicit  (juod  lion  peccat  et  assuinit  teslimoniiim  Scripturarum  ad  de- 
fendendum  pravitatem  siiam  (fol.  i4ov'').  Les  petits  renards 
qu'il  faut  détruire  pour  sauver  les  vignes  en  fleur  (Canl., 
II,  i5),  sont  les  hérétiques  dont  les  ruses  peuvent  tromper 
les  fidèles  :  Recte  precepit  Dominas  quod  protegamus  infirmos 
qui  sunt  in  Ecclesia  ah  heredcorum  insidiis,  qui  valant  separarc 
Ecclesiam  a  Deo,  qui  bene  dicuntur  vulpes  propter  latentem  versu- 
tiam  (fol.  1 5o  v").  Les  hérétiques  doivent  être  châtiés  comme 
les  habitants  de  Jaffa  le  furent  par  Judas  Macchabée  :  Hoc 
significat  quod  secreto  explorandum  est  qui  sunt  infidèles  heretici 
quialios  perverterunt ,  et  ad  jidem  per  predicationem  sunt  revo- 
candi.  Qui  vero  perversi  sunt ,  excommunicandi  et  laice  potestati 
tradendi  et  igné  comburendi  [(o\.  2  4o  v°).  \ 

Tous  les  passages  qui  viennent  d'être  rapportés  ou  ana- 
lysés conviennent  parfaitement  au  xiii*  siècle,  et  nous 
sommes  convaincus  que  l'ouvrage  a  été  composé  à  cette 
époque,  et  qu'il  a  pour  auteur  un  religieux  appartenant  à 
l'im  des  ordres  nouveaux. 

Le  texte  de  la  Bible  moralisée  a  subi  d'assez  notables 
nïodifications.  L'examen  des  manuscrits  que  nous  avons  pu 
comparer  nous  a  conduits  à  en  distinguer  deux  rédactions 
qu'il  est  impossible  de  confondre. 

Les  deux  rédactions  paraissent  être  identiques  quant  au 
choix  des  passages  de  l'Lcriture  sainte  et  quant  à  l'arran- 
geinenl  des  textes;  mais  elles  diffèrent  souvent  beaucoup 
pour  les  comnjcnlaires.  Ainsi  toute*  les  deux  s'accordent 
pour  présenter  sous  cette  forme  les  versets  7  et  8  du  cha- 
pitre XLii  de  Job  : 

Dixit  auleiii  Duminus  ad  Job  amicos  :  «  Suinite  vobis  scjitom  tauros 
«  et  septem  arietes,  et  ite  ad  ser>um  mciim  Job  et  oflerte  pro  vobis  holo- 
"  caustum.  Ipsf  autem  onibit  pro  vobis,  ut  non  imputetur  vobis  quod 
•  contra  euin  iocuti  eslia.  •  (Lat.  1  i56o,  fol.  1  \';  fr.  167.  fol.  i  13  v*.) 


LIVRES  D'IMAGES.  227 

Mais  la  moralité  à  tirer  de  ce  texte  est  absolument  diffé- 
rente dans  les  deux  rédactions.  Pour  l'auteur  de  la  pre- 
mière, les  amis  de  Job  sont  les  hérétiques,  qui  sont  invités 
à  se  convertir  à  l'Eglise,  sans  quoi  leurs  sacrifices  ne  seraient 
pas  agréés;  leurs  fautes  .sont  bien  expiées  par  sept  offrandes, 
parce  qu'en  revenant  à  l'Église  ils  reçoivent  les  sept  dons  du 
Saint-Esprit;  l'offrande  consiste  en  taureaux  et  en  béliers  : 
le  taureau  symbolise  l'orgueil,  et  le  bélier  la  conduite  du 
troupeau;  ils  en  font  le  sacrifice  en  se  réconciliant  avec 
l'Eglise.  (Lat.  ii56o,  fol.  i  v".)  Dans  l'autre  rédaction  il 
n'est  question  ni  des  hérétiques,  ni  des  sept  dons  du  Saint- 
Esprit,  mais  tout  simplement  des  fidèles  qui  ont  péché  par 
faiblesse  ou  par  ignorance  et  des  sept  jours  et  des  sept  nuits 
qui  représentent  toute  la  vie  des  mêmes  fidèles.  C'est  ce 
que  la  version  française  exprime  en  ces  termes  :  «  Par  ces 
«  amis  Job  sont  segnefiez  ceus  qui  pèchent  contre  Jhesu 
«  Crist  par  enfermeté  ou  par  ignorance,  et  doivent  offrir 
«  VII  toriaus  [et  vu  moutons],  c'est  a  dire  toute  leur  vie  qui 
«  est  comprise  par  vu  jours  et  vu  nuis,  a  ce  que  Jhesu  Crist 
«  leur  soit  advocat  vers  Dieu  le  père,  que  les  péchez  ne  leur 
•  soient  emputez.  »  (Fr.  167,  fol.  1 1 1  v°.) 

Souvent  la  seconde  rédaction  est  moins  développée  que 
la  première. 

Entre  beaucoup  d'exemples,  nous  en  citerons  trois,  dont 
le  premier  se  rapporte  au  verset  4  du  chapitre  i  de  la  Ge- 
nèse. Dans  la  rédaction  la  plus  développée,  la  séparation  de 
la  lumière  et  des  ténèbres  est  présentée  comme  une  figure 
de  la  séparation  des  bons  anges  et  des  mauvais,  ou  bien  en- 
core comme  une  figure  de  la  séparation  du  vice  et  de  la 
vertu  :  Divisio  lucis  a  tenebris  divisionem  angelorum  bonorum 
a  malis  signijicat,  vel  divisionem  virtatis  a  vicio  per  discretio- 
nem  et  declinationem  (ms.  de  la  Bodléienne,  Auct.  B.  4  i, 
fol.  2).  Dans  la  seconde  rédaction,  il  n'est  nullement  ques- 
tion de  la  séparation  du  vice  et  de  la  vertu  (ms.  fr.  167, 
fol.  i). 

Le  Cantique  des  cantiques  nous  fournira  les  deux  autres 
exemples.  L'un  porte  sur  les  mots  Vox  (urturis  audita  est  in 

29- 


SIV'  MKC.I.Ii. 


XIV'SIÈCI.K. 


228  LIVRES  D'IMAGES. 

lerranostra  (Gant.,  ii,  12),  qui  sont  ainsi  commentés  dans 
la  première  rédaction  : 

Vox  turtiiris  est  vox  apostolorum  et  predicatorum ,  que  auditur  in 
terra  quando  incipil  esse  in  cordibus  nosfris.  [\'el  aliter  vox  turturis, 
que  significat  recessum  liyemis  et  advenlum  veris,  désignât  eos  qui 
sciunt  docere,  quia  nox,  id  est  umbra  legis,  recessit,  et  dies,  id  est  Ve- 
ritas Evangelii,  accessit.]  Vox  turturis,  que  pro  cantu  promit  gemitus, 
pcilinet  ad  iilos  qui  gemunt  pro  desiderio  celestis  patrie  vel  pro  peccatis 
suis.  (Lai.  1  iSGo,  fol.  7^.) 

De  ces  trois  phrases,  la  deuxième,  celle  que  nous  avons 
enfermée  entre  crochets,  a  complètement  disparu  de  la  se- 
conde rédaction  (ms.  fr.  167,  fol.  i5o). 

Le  dernier  exemple  n'est  pas  moins  significatif.  Nous 
l'empruntons  au  commentaire  du  verset  :  Capile  nobis  viilpes 
parvulas  que  dcmoliunlur  vineas  (Gant,  11,  i5).  Ge  verset  in- 
.spire  au  commentateur  la  réflexion  suivante  : 

,  [Vox  sponsi  sodalibus  suis  :  Quia  non  sufTicit  proponere  aiiis  vitani 
nostram  in  exemplum  et  predicare  nisi  etiani  corrigamus  errantes,  ideo] 
recte  precipit  Dominus  quod  protegamus  infirmos  qui  sunt  in  Ecclesia 
ab  bereticorum  insidiis  qui  volunt  separare  Ecclesiani  a  Deo,  qui  bene 
dicuntur  vulpes  propter  latentem  versutiam.  (Lat.  1  i56o,  fol.  76  v'.) 

L'auteur  de  la  seconde  rédaction  a  supprimé  le  com- 
mencement de  la  phrase;  il  n'en  a  conservé  que  la  fin,  à 
partir  des  mots  Recte  precipit  (fr.  167,  fol.  i5o  v"). 

La  première  rédaction  de  la  Bible  moralisée  nous  a  été 
conservée  par  un  des  plus  splendides  manuscrits  que  l'art 
du  xiii'  siècle  ait  produits.  Malheureusement  les  trois  par- 
ties dont  il  se  compose  sont  depuis  longtemps  dispersées, 
circonstance  qui  en  a  rendu  l'étude  assez  difficile  et  qui  n'a 
pas  permis  jusqu'ici  de  s'en  donner  un  compte  exact. 

La  première  partie,  contenant  le  commencement  de  la 
Bible,  depuis  la  Genèse  jusqu'au  livre  de  Job  inclusivement, 
forme  à  l'université  d'Oxford  le  ms.  3706  du  fonds  bodléien 
(n»  2987  du  catalogue  de  Bernard;  Arch.  bodl.  A.  i54; 
Auct.  B.  4  b).  Ge  manuscrit,  dont  nous  devons  des  extraits 


IJVRES  DIMAGES. 


229 


à  la  complaisance  de  M.  F.  Madan,  vient  d'une  libéralité 
faite  en  i6o4  à  la  bibliothèque  Bodléienne  par  sir  Christo- 
pher  Heydon.  11  consiste  en  224  feuillets,  écrits  seulement 
d'un  côté.  Le  frontispice  placé  en  tête  du  volume  repré- 
sente le  Seigneur  tenant  un  globe  dans  la  main  gauche,  et 
un  compas  dans  la  droite.  Les  feuillets  sont  disposés  de  telle 
façon  qu'à  deux  pages  couvertes  de  texte  et  de  peintures 
succèdent  toujours  deux  pages  entièrement  blanches.  Sur 
chaque  page  employée  sont  copiés  quatre  petits  articles  ex- 
traits de  la  Bible  et  dont  chacun  est  suivi  d'un  commentaire; 
souvent  le  conimentaire  n'est  guère  plus  long  que  le  pas- 
sage commenté.  En  regard  de  tous  les  articles  du  texte  et  du 
commentaire  sont  peintes,  dans  des  médaillons  circulaires, 
des  scènes  répondant  plus  ou  moins  exactement  au  texte  ou 
au  commentaire.  I^es  petits  tableaux,  au  nombre  d'envi- 
ron 1780,  dont  les  personnages  se  détachent  sur  un  fond 
d'or,  ont  conservé  toute  leur  fraîcheur  et  tout  leur  éclat.  Ils 
méritent  d'être  comptés  parmi  les  meilleurs  morceaux  de  la 
peinture  française  du  xiii'  siècle. 

Le  manuscrit  de  la  Bodléienne  se  termine  par  une  note  sur 
le  Behemoth  du  livTe  de  Job  (xl,  1 0-28)  :  Pcr  Beheinot  signi- 

Jicatur  Antichristus,  (jui  in  fine  temponim  venturas  est 

Le  ms.  français  1 67  de  la  Bibliothèque  nationale  (fol.  1 1  2  v°) 
nous  apprend  que,  dans  la  Bible  moralisée,  cette  note  sur 
le  Behemoth  doit  être  suivie  de  six  articles  de  texte  et  de 
six  articles  d'explication,  qui  forment  la  fin  du  livre  de  Job. 
Le  premier  de  ces  articles  commence  par  les  mots  Corpus 
Beheinot  (juasi  scutafusilia. ..  Or  dans  le  ms.  latin  1  i56o  de 
la  Bibliothèque  nationale,  qui  a  appartenu  au  chancelier 
Séguier,  puis  à  l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Prés,  nous 
avons  un  morceau  de  la  Bible  moralisée  qui  commence  par 
les  mots  Corpus  Bekemot  (juasi  scutafusilia,  et  par  les  sixder- 
niers  articles  de  texte  et  d'explication  dont  nous  venons  de 
parler,  et,  comme  ce  ms.  1  i56o  présente  la  même  justifica- 
tion que  le  manuscrit  de  la  Bodléienne,  qu'il  est  exactement 
de  la  même  taille  et  qu'il  paraît  avoir  été  exécuté  par  les 
mêmes  copistes  et  les  mêmes  enlumineurs,  il  nous  semble 


XIV'  SIÎXLK- 


Macray,  \niial~ 
ortlir  BodI.  liltra- 
ry,  p.  3  2  '1 . 


\l('  MKCI.E. 


230  UVRES  D'IMAGES. 

certain  que  les  deux  volumes,  celui  de  la  Bodléienne  et  celui 
de  Saint-Germain,  formaient  à  l'origine  les  deux  premières 
parties  d'un  même  exemplaire  de  la  Bible  moralisée. 

Le  manuscrit  de  Saint-Germain,  aujourd'hui  n"  ii56o 
du  fonds  latin ,  qu'on  a  souvent  désigné  sous  le  titre  de  Kin- 
hlemata  biblica,  se  compose  de  -î  2  2  feuillets  et  contient  la  fin 
du  livre  de  Job,  le  psautier  (fol.  2),  les  Proverbes  (fol.  4o), 
l'Ecclésiaste  (fol.  62),  le  Cantique  des  cantiques  (fol.  66), 
la  Sagesse  (fol.  93  v°),  l'Ecclésiastique  (foi.  96),  Isaïe 
(fol.  97  v"),  Jérémie  (fol.  i3o),  Ézéchiel  (fol.  i83  v"),  Da- 
niel (fol.  2o4)  et  les  Petits  Prophètes  (fol.  2i4)i  à  la  fin 
desquels  parait  manquer  une  page  de  texte.  Ce  volume  est 
orné  d'environ  1800  petits  tableaux  à  fond  d'or  comme 
ceux  du  manuscrit  de  la  Bodléienne.  Une  page  (fol.  4)  en 
a  été  reproduite  en  héliogravure  dans  l'Album  paléogra- 
phique de  la  Société  de  l'Ecole  des  chartes  (pi.  37). 

Pour  montrer  de  quelle  façon  l'enlumineur  a  compris  sa 
tâche,  nous  essayerons  de  définir  le  sujet  des  peintures  qui 
se  rapportent  aux  dix  premiers  psaumes.  Le  texte  corres- 
pondant se  réduit  aux  premières  lignes  de  chaque  psaume 
et  à  un  commentaire  abrégé  qui  indique  comment  le  sens 
mystique  du  psaume  trouve  son  application  soit  dans  le 
Nouveau  Testament,  soit  dans  la  morale  chrétienne.  L'ana- 
lyse de  ce  commentaire  est  indispensable  pour  faire  com- 
])rendre  le  sujet  de  la  plupart  des  tableaux, 

I.  Beatus  vir  qui  non  abiit  in  consilio  impiorum  et  in  via 
peccatorum  non  stetit,  et  in  cathedra  pestilentie  non  sedil.  — 
Ce  psaume,  qui  n'a  point  de  titre,  est,  pour  ainsi  dire,  la 
préiace  du  psautier  tout  entier.  La  matière  en  est  le  Christ 
complet,  c'est-à-dire  l'époux  et  l'épouse.  11  a  pour  but  de 
relever  les  hommes,  dégradés  dans  la  personne  d'Adam, 
et  de  les  faire  ressembler  au  nouvel  homme,  au  Christ,  et 
cela  par  la  prédication  de  la  parole  de  Dieu.  —  Les  deux 
peintures  correspondantes  nous  montrent  Adam  et  Eve 
chassés  du  paradis  terrestre  et  Jésus-Christ  enseignant  le 
peuple. 


f 


LIVRES  D'IMAGES.  231 

II.  Quare  J remue  nuit  (jentes,  et  popnli  nieditali  sunt  inania? 
Astiterunt  reges  terre  et  principes  conveneriint  in  unum  advenus 
Dominum, etc.  —  David,  figurant  le  Christ,  adresse  des  re- 
proches aux  rois  et  aux  princes,  c'est-à-dire  à  Hérode  et  à 
Pilate,  aux  gentils,  c'est-à-dire  aux  soldats  romains,  aux 
peuples,  c'est-à-dire  aux  Juifs,  qui  ont  formé  de  vains  pro- 
jets, c'est-à-dire  qui  s'imaginaient  se  débarrasser  du  Christ 
par  la  mort;  vaine  tentative,  puisqu'ils  n'ont  pas  réussi  à 
anéantir  le  Christ.  —  Dans  le  premier  médaillon  on  voit 
un  complot  de  rois;  dans  le  second,  le  Christ  est  attaché  à 
la  croix. 

III.  Domine,  quid  mnlliplicati  sunt  qui  tribulant  me,  etc.  — 
Il  est  ici  question  de  la  fuite  de  David  lors  de  la  révolte 
d'Absalon.  Il  y  faut  voir  une  allusion  à  la  passion  et  à  la  ré- 
surrection du  Christ.  —  Le  peintre  a  représenté  la  fuite 
de  David  et  la  résurrection  du  Christ. 

IV.  Cum  invocarem,  cxaadivit  me  Deusjmlitie  mee ,  etc.  — 
l^e  prophète  reproche  aux  infidèles  leur  idolâtrie;  il  nous 
avorlit  de  nous  sacrifier  nous-mêmes  à  Dieu,  comme  saint 
Laurent  nous  en  a  donné  l'exemple. —  Dans  un  premier  mé- 
daillon, deux  groupes  de  fidèles  adressent  leurs  adorations 
au  Seigneur,  dont  le  husle  apparaît  au  milieu  des  nuages. 
Dans  le  second  médaillon,  le  prophète  montre  les  païens 
adorant  une  idole,  et  saint  Laurent  étendu  sur  son  gril. 

V.  Verha  inca  auribiis  pcrripe ,  Domine;  intellifje  clamorem 
menm ,  elc.  —  I  )ans  ce  psaume  le  prophète  demande  d'abord 
larestilnliondc  son  héritag»*,  c'est-à-dire  la  liberté  de  TEglise, 
et  l'exclusion  de  f  envieux,  c'est-à-dire  de  la  Synagogue;  il  ré- 
clame ensuite  des  secoui-s  contre  les  maux  que  la  Synagogue 
fait  à  la  sainte  Lglise;  en  deinier  lieu,  il  fait  luire  à  nos 
yeux  le  sort  des  élus  céle.stes.  —  Sujet  des  deux  peintures  : 
d'une  part,  David  agenouillé  prie  le  Seigneur;  d'autre  part, 
le  Christ  et  les  saints,  sup|>ortés  par  un  nuage  au-dessous 
duquel  fÉglise  et  la  Synagogue  se  tiennent  debout,  pendant 
que  deux  rois  et  un  pontil'e  lèvent  les  mains  au  ciel. 


XIV°  SIKCI.E. 


fl>    SIKCI.E, 


232  LIVRES  D'IMAGES. 

VI.  Domine,  ne  infurore  tuo  arguas  me,  etc.  —  Dans  ce 
psaume  David  nous  exhorte  à  la  pénitence;  il  décrit  ensuite 
les  lournients  des  pénitents;  puis  il  expose  comment  les 
bons  sont  séparés  des  mauvais;  il  finit  par  prier  le  Seigneur 
de  le  faire  triompher  de  ses  ennemis.  —  Dans  le  premier 
médaillon,  David,  sur  son  lit  de  souffrance,  invoque  le 
Seigneur;  dans  le  second,  l'absolution  est  donnée  à  un 
pénitent,  et  un  roi  reçoit  la  soumission  d'un  ennemi. 

VII.  Domine,  Dciis  meus,  in  le  speravi;  salvum  me  fac  ex 
omnibns  pcrseauentibus  me  et  libéra  me.  —  Achitophel  est  la 
figure  de  Judas,  et  Absalon  celle  du  peuple  juif;  de  même 
que  David  a  souffert  du  fait  de  son  fils,  ainsi  le  Christ  a 
enduré  les  derniers  tourments  pour  le  peuple  qu'il  avait 
nourri.  — Sujet  du  premier  médaillon:  la  prière  de  David 
et  le  supplice  d' Achitophel;  sujet  du  second  :  la  pendaison 
de  Judas  et  la  comparution  de  Jésus  devant  Ponce  Pilate. 

VIII.  Domine,  Dominus  nosler,  (juam  admirabile  est  nomen 
tuum,  etc.  —  Ce  psaume,  composé  à  l'occasion  des  ven- 
danges [pro  torcnlaribus) ,  se  rapporte  à  l'institution  de  l'Eglise , 
qu'on  a  pu  comparer  à  un  pressoir,  parce  que,  si  le  pressoir 
sépare  le  vin  du  marc,  les  bons  sont  écartés  des  mauvais 
par  fexcommunication.  — Le  sujet  de  la  première  peinture 
est  un  pressoir  fonctionnant  sous  les  yeux  de  David  et  la 
protection  de  Dieu;  dans  la  seconde,  un  évêque  chasse  les 
excommuniés  de  l'Eglise. 

IX.  Confitebor  tiki,  Domine,  in  loto  corde  meo;  narrabo  omnia 
mirabilia  tua.  —  Ce  psaume  parle  du  premier  avènement 
du  Christ,  que  la  Synagogue  a  méconnu  et  dont  l'Eglise  a 
profité.  —  Dans  le  premier  médaillon,  la  Nativité  de  Notre- 
Séignéur;  dans  le  second,  la  sainte  Vierge  tenant  l'enfant 
Jésus,  entre  deux  femmes  qui  symbolisent  l'Eglise  et  la 
Synagogue. 

X.  In  Domino  conjido.  Qaomodo  dicitis  anime  mee  :  Trans- 


LIVRES  D'IMAGES.  233 


\IV     MKCI.F.. 


migra  in  montem  sicut  passer?  —  Dans  ce  psaume,  David 
nous  met  en  garde  contre  les  mécréants,  qui  tentent  de 
pervertir  les  fidèles  en  se  vantant  d'avoir  Jésus-Christ  avec 
eux.  —  Sujet  du  premier  médaillon  ;  David  montrant  au 
j)euple  un  passereau  qui  vole  sur  une  montagne;  sujet  du 
second  :  les  mécréants  essayant  d'endoctriner  les  fidèles. 

l'armi  les  innombrables  miniatures  de  la  Bible  mora- 
lisée  du  xiii'  siècle,  nous  avons  choisi  celles  qui  décorent  les 
premières  pages  du  psautier  pour  qu'on  puisse  les  rap- 
procher des  tableaux  similaires  qui  se  rencontrent  dans 
plusieurs  autres  psautiers  du  moyen  âge. 

Examinons  maintenant  la  dernière  partie  de  l'exemplaire 
de  la  Bible  moralisée  que  nous  avons  entrepris  de  faire 
connaître.  Nous  avons  retrouvé  les  deux  premières  dans  le 
nis.  270  i  de  la  Bodiéienne  et  dans  le  ms.  latin  1  i56o  de  la 
Bibliothèque  nationale  venu  de  Saint-Germain-des-Prés.  La 
troisième  et  dernière  partie,  comme  le  montre  le  ms.  fran- 
çais 167  de  la  Bibliothèque  nationale,  doit  renfermer  le  livre 
des  Macchabées,  les  Pjvangiles,  les  Epîtres  de  saint  Paul  et 
fApocalypse.  Tel  est  exactement  le  contenu  d'un  manu- 
scrit du  fonds  harléien,  dont  l'âge,  le  style  et  la  disposition 
matérielle  sont  identiques  à  fâge,  au  style  et  à  la  dispo- 
sition des  deux  manuscrits  de  la  Bodiéienne  et  de  Saint-^îer- 
main-de.s-Prés.  Le  rapport  du  volume  de  Harley  avec  celui 
d'Oxford  a  d'ailleurs  été  reconnu  depuis  longtemps,  comme 
l'atteste  le  catalogue  des  manuscrits  du  fonds  harléien  pu-      a  Caui.  oi  ihe 

W.  /  O      o  llarl.  niss. .   l.   Il, 

leen  1000. 

La  troisième  partie  de  la  Bible  moralisée,  dont  il  nous 

reste  à  parler,  formait  jadis  un  volume  de  1 84  feuillets,  que 

Robert  Harley,  comte  d'Oxford,  acquit  en  1711,  et  qui  est 

aujourd'hui  coupé  en  deux  tomes,  classés  sous  les  n"  i526 

et    i52  7    dans  le   fonds  harléien  au  Musée  Britannique. 

Les  3 1  feuillets  du  n"  1626  sont  consacrés  au  livre  des 

Macchabées;  le  n°  1627  renferme  les  Evangiles,  les  Actes 

des  apôtres  (fol.  60  v"),  les  Épîtres  de  saint  Paul  (fol.  96  v") 

et  l'Apocalypse  (fol.  116  v°).  Trois  pages  des  Évangiles  et 

de  l'Apocalypse  ont  disparu  à  la  suite  des  feuillets  qui  sont 

TOME  XX.\I.  .3o 


p.  117. 


tMrBlltERII    W«TIO<l«tl. 


.   .  234  LIVRES  D'IMAGES. 

maintenant  numérotés  44,  49  et  i47'-  Le  manuscrit,  tel 
qu'il  existe  aujourd'hui,  nous  offre  178  pages  peintes,  c'est- 
à-dire  i4'^4  petits  tableaux  traités  dans  le  même  goût  que 
ceux  des  deux  premières  parties  de  l'ouvrage. 

L'origine  française  de  ce  magnifique  manuscrit,  dont  les 
différentes  parties  réunies  ne  contiennent  pas  moins  de 
r)ooo  peintures,  est  indiscutable.  L'aspect  général  des  trois 
volumes  le  démontrerait  suffisamment,  lors  même  que  le 
dernier  ne  renfermerait  pas  des  notules  en  français  se  rap- 
portant au  travail  des  artistes.  Dans  un  endroit  nous  lisons  : 
«  Des  besles  faites  deniers,  et  la  femme  doit  offrir  dons 
«poucins»  (ms.  harléien  iSay,  fol.  Sg),  et  dans  un  autre  : 
«  Fêtes  a  Jhesu  robe  blanche  ici  »  [ibid.,  fol.  56). 

11  a  été  exécuté  un  second  exemplaire  de  la  Bible  mora- 
lisée,  tout  à  fait  semblable  à  celui  qui  vient  d'être  décrit; 
mais  il  n'en  subsiste  plus,  du  moins  à  notre  connaissance, 
(jue  les  huit  derniers  feuillets,  renfermés,  avec  des  inter- 
versions', dans  une  reliure  de  cuir  estampé  du  xv'  ou  du 
commencement  du  xvi*  siècle;  ce  qui  prouve  que  le  dé- 
pècement de  cet  exemplaire  remonte  à  une  époque  déjà  fort 
ancienne.  Tel  qu'il  est  aujourd'hui,  il  appartenait,  dans  le 
cours  du  XVI"  siècle,  à  un  «sieur  Des  Granges  et  de  La 
-iMaiorie».  11  fut  envoyé  en  i88:î  par  M.  le  vicomte  de 
Hillerin  à  une  exposition  rétrospective  organisée  au  Palais  de 
l'Industrie  '.  C'est  là  que  nous  pûmes  l'étudier  et  constater 
combien  il  ressemble  à  l'exemplaire  dont  la  seconde  partie, 
jadis  conservée  à  Saiiit-Cermain-des-Prés,  forme  le  ms.  la- 
tin I  iSGo  de  la  Bibliothèque  nationale.  On  peut  du  resl*' 
\i.h..(ici,is<)c.  apprécier  cette  ressemblance  en  examinant  le  fac-similé  de 
'.'«8'.',>",?7"Ios  q'ialre  médaillons  qui  est  joint  à  une  notice  de  M.  l'abbé 
'*  r'^"  Auber  intitulée:  Notice  sur  un  manuscrit  latin  du  xiii*  siècle 

'   I.'iquivalent    des   deux   prcinii-rcs  pages  dans  l'iirdre  suivant  :  i,  3,  1 1,  i^i. 

pages  se  trouve  dans  l'exenipluire  d<^la  i3,  i4i  7,  8.  9,  10,  3,  ù.  5.  6,   i5 

liible  moraliséc  qui  est  au  Musée  Bri-  et  16. 

taniiique,  n*  18719  du  fonds  addition-  '   Le    même   manuscrit  a  figuré    en 

nel,  fol.  a6a  et  363  pour  la  première,  1889  à  l'Exposition  universelle:  il  est 

et  fol.  37a  y"  pour  la  seconde.  indiqué  <lan»  le  Catalogue  général  offi- 

'  Pour   rétablir  le   rallier  dans  son  ciel  :  Exposition  rétrospective  du  travail, 

état  primitir,  il  faudrait  en  prendre  los  section  II,  Arts  libéraux,  p.  4o. 


LIVRES  DIMAGES.  235 

et  insérée  en  i838  dans  les  Mémoires  de  la  Société  des  anti- 
quaires de  l'Ouest. 

Le  volume  de  M.  le  vicomte  de  Hillerin  renferme,  en 
sept  pages,  les  extraits  des  quatre  derniers  chapitres  de 
l'Apocalypse,  à  partir  du  verset  17  du  chapitre  xix,  avec 
les  commentaires  et  les  peintures  se  rapportant  à  ces  quatre 
chapitres.  Nous  n'avons  là  qu'un  fragment  fort  peu  étendu; 
on  en  peut  cependant  tirer  de  très  utiles  renseignements. 

Ainsi,  le  feuillet  a  du  manuscrit  de  M.  le  vicomte  de  Hil- 
lerin, commençant  par  les  mots:  Et  viJi  amjelum  stantem  in 
imbe. .  .,et  finissant  par  la  phrase  :  Angélus  desceiulens  de  cela  et 
habeiis  clavein  abyssi  significat  Jtiesuin  Christuin,  (fiii  in  virtute 
crucis  etpassionis  sue  diabolum  destniet  et  suos  lihembit,  contient 
le  morceau  de  la  Bible  moralisée  relatif  aux  cinq  derniers  ver- 
sets du  chapitre  xix  de  l'Apocalypse.  Le  feuillet  qui  contenait 
ce  morceau  a  disp>aru  du  manuscrit  harléien,  et  les  vérilica- 
tions  que  nous  avons  faites  pour  constater  cette  lacune  nous 
ont  amené  à  reconnaître  que  l'ordre  de  plusieurs  feuillets  du 
même  manuscrit  consacrés  au  texte  de  l'Apocalypse  a  été 
interverti.  Les  feuillets  du  manuscrit  harléien  aujourd'hui 
numérotés  1 4o-i  48  nous  présentent  le  texte  de  l'Apocalyse 
dans  un  désordre  dont  le  tableau  suivant  donnera  une  idée  : 

Foi.  i4ov°.  Apoc. ,xiv,  19 -XV,  a.  Fol.  1  ko  r".  Apoc. ,  \vi,  1  2  - 1  7. 

Fol.  i4  1  r°.Apo(!.,  XVII,  i3-xviii,  l\.  Fol.  1  46  v°.  Apoc,  xvi,  4- 10. 

Fol.  1  4a  V*.  Apoc, XVII,  1-7.  Fol.  1471"".  Apoc. ,  XIX,  7- 1 5. 

Fol.  i43r'.  Apoc,  xv,  8-xvi,  3.  Ijacune. 

Fol.  1 44  v*.  Apoc, XVIII,  9 -XIX,  1.  Fol.  i48r".  Apoc,  xx,  4- 11. 

Mais  le  texte  se  suit  très  régulièrement  si  l'on  prend  les 
feuillets  dans  l'ordre  suivant  :  i4o,  i43,  i46,  i45,  i42, 
i4i,  i44,  147,  feuillet  perdu,  i48. 

Cette  lacune  et  ce  désordre  méritaient  d'être  signalés;  car 
ils  nous  donneront  bientôt  l'explication  de  la  singulière  ano- 
malie que  présente  le  seul  exemplaire  connu  qui  nous  ait 
conservé  le  texte  complet  de  la  Bible  moralisée  en  français. 

Le  fragment  de  M.  le  vicomte  de  Hillerin  ne  nous  a  pas 
seulement  servi  à  rétablir  l'état  primitif  de  l'Apocalypse 

3o. 


MV'  .SIKr.l.B. 


.   ,  236  F.IVRES  D'IMAGES. 

X!V    SIÈCLE. 

flans  la  Bible  inoralisée;  il  nous  a  mis  sur  la  voie  des  cir- 
constances flans  lesquelles  l'ouvrage  a  flû  être  entrepris. 
Le  flernier  feuillet  fie  ce  fragment,  (jui  est  aussi  le  flernier 
fie  l'ouvrage,  est  occupé  au  recto  par  ime  grande  peinture 
à  fond  d'or,  divisf*e  en  quatre  compartiments.  Dans  la  partie 
supérieure,  à  gauche,  est  représentée  une  reine,  et  à  droite 
un  roi;  en  bas,  à  gauche,  un  religieu.x,  assis  flevant  un  pu- 
j)itre,  dicte  le  texte  fl'un  livre  placé  sur  le  pupitre;  à  droite, 
au-flessous  du  roi,  un  autre  religieux  écrit  ou  peint  la 
Mcm.dc  la  Soc.    Bible  moraliséc.  l'ne  reproduction  fie  cette  grande  peinture 

fçVs'.'ill'n""''    accompagne  la  notice  de  M.  l'abbé  Auber  qui  a  été  indi- 
fjuée  un  peu  plus  haut. 

Comme  l'écriture  et  l'enluminure  des  quatre  manuscrits 
ou  fragments  de  manuscrits  que  nous  venons  fie  passer  en 
revue  conviennent  parfaitement  au  temps  fie  saint  Louis,  il 
est  tout  naturel  de  penser  que  la  composition  fl'un  ouvrage 
aussi  considérable  que  la  Bible  moralisée  a  flû  être  exécutée 
sous  les  auspices  fin  roi  saint  Louis  et  peut-être  de  la  reine 
Blanche  de  Casiille  ou  de  la  reine  Marguerite  fie  Provence. 
Dans  tous  les  cas,  l'origine  royale  flu  livre  est  mise  hors  de 
toute  contestation. 

Une  obligeante  communication  de  M.  Madan,  l'un  des 
sous-bibliothécaires  de  la  Bodiéienne,  nous  a  révélé  l'exis- 
tence au  xvii*  siècle  d'un  exemplaire  de  la  Bible  moralisée, 
analogue  selon  toute  apparence  à  ceux  qui  viennent  d'être 
ikamc.ncinaris   éuumérés.  Le  célèbre  antiquaire  Thomas  Hearne  s'exprime 

o,,d.oii.ciions.i.    ^^  j.gg  tpr„,es  à  la  date  du  i5  septembre  1705  :  «On  m'a 

<i  dit  hier  que  le  granfl  incendie  de  Londres,  en  1 666 ,  a  flé- 
«  truit  une  Bible  manuscrite,  ornée  de  curieuses  peintures 
«  [curiously  illuminated)  comme  la  partie  historique  de  la 
«  Bible  conservée  à  la  Bibliothèque  bodiéienne.  On  l'esti- 
«  mait  i,5oo  livres.  » 

Arrivons  maintenant  aux  exemplaires  du  xiv*  siècle. 

Une  copie  à  peu  près  complète  de  la  Bible  moralisée  se 
trouve  dans  un  manuscrit  qui  est  entré  en  i85i  au  Musée 
britannique  et  qui  porte  le  n°  18719  dans  le  fonds  addi- 
tionnel. Ce  beau  volume,  du  commencement  du  xiv'  siècle, 


LIVRES  D'IMAGES.  237 


XIV*  SIÈCLE. 


est  orné  d'environ  4976  dessins  au  trait.  Le  texte  s'arrête 
vers  le  milieu  de  l'Apocalypse,  à  l'antépénultième  verset  du 
chapitre  xii;  il  y  manque  une  dizaine  de  feuillets,  corres- 
pondant aux  folios  1 35-1 53  du  ms.  harléien  1527,  et  aux 
folios  3i2-3ii  du  ms.  français  167  de  la  Bibliothèque 
nationale. 

Le  ms.  additionnel  1 87 1 9  est  celui  qui  a  jadis  appartenu 
au  docteur  Démons  et  que  M.  le  comte  de  Bastard  appelle    ,  Basu«i;A.cic;. 
«Bible  allégorisée  en  figures»  dans  ses  Etudes  de  symbo-   boî!! "  160,  i^s, 
lique  chrétienne;  il  lui  a  consacré  deux  planches  de  son        iSo.e'r- 
grand  ouvrage  sur  les  Peintures  et  ornements  des  manu- 
scrits :  la  première  nous  offre  le  fac-similé  de  deux  pages, 
répondant  aux  folios  q5o  v°  et  2  43  v"  de  notre  ms.  fran- 
çais 167;  sur  la  seconde  sont  reproduits  ving^  petits  sujets 
tirés  des  Evangiles. 

Du  commencement  du  xiv*  siècle,  date  du  ms.  addi- 
tionnel 18719,  nous  devons  passer  à  la  fin  du  même  siècle, 
ou  aux  premières  années  du  suivant,  époque  à  laquelle 
il  convient  de  rapporter  l'exécution  de  la  Bible  moralisée 
qui  est  conservée  à  la  Bibliothèque  nationale  sous  le  n°  167 
du  fonds  français.  C'est  ce  manuscrit  qui  nous  a  paru  re- 
présenter une  seconde  rédaction,  dans  laquelle  certains 
passages  sont  moins  développés  que  dans  la  première.  Mais 
ce  qui  distingue  surtout  le  ms.  167,  c'est  que  le  texte  latin 
des  extraits  de  l'Ecriture  sainte  et  des  commentaires  y  est 
accompagné  d'une  version  française,  dont  le  style  semble 
dénoter  la  seconde  moitié  du  xiv*  siècle.  On  en  jugera  par 
la  parabole  de  l'Enfant  prodigue,  que  nous  avons  choisie 
pour  qu'on  puisse  la  rapprocher  des  anciennes  versions  de  Berger (s),  u 
la  même  parabole  rapportées  par  M.  Samuel  Berger  :  p.'"'. 38  Ii'"^^'."^ 

Un  homme  ot  n  fils,  et  le  plusjosne  dist  a  son  père  :  «  Donne  moi  ma 
«  part  des  biens  que  je  doi  avoir.  »  Et  lors  le  père  leur  fist  les  parties  et 
bailla  au  joesne  la  sienne,  et  s'en  ala  ce  foui  par  le  pais  en  estrange 
contrée. 

Et  illec  dissipa  ses  biens  en  vivant  luxurieusement  et  folement. 

Et  puis  qu'il  ot  tout  despendu,  fu  grant  famine  en  la  contrée,  et 
commença  a  estre  en  povreté,  et  se  joint  a  i  bourgois  de  celle  contrée, 
1  8 


XIV    SIICLE. 


238  UVRES  D'IMAGES. 

qui  l'envoia  garder  ses  pourceaus,  et  vousist  bien  luenger  et  se  saouler 
de  la  viande  aus  pourceaus ,  mes  nul  ne  li  en  donnoit. 

Et  ce  jouvencel  se  retourne  a  soi  et  dist  :  •  Ha  !  que  grant  foison  de 
«  sergens  habundent  de  vivres  chiés  mon  père,  et  je  muir  ici  de  fain  !  » 
Et  lors  il  se  leva  et  revint  a  son  père  et  li  dist  :  «  Père,  j'ai  pechié  devant 
«  Dieu  et  devant  toi.  »  Et  lors  le  père  le  baisa  et  le  reçut  a  miséricorde. 

Le  père  dist  lors  a  ses  sergens  :  «  Or  tost  aportez  une  cote  neuve  et 
«  le  vestez  et  li  donnés  i  anel  en  son  doit  et  chaussement  en  ses  pies. 

«  Or  amenés  un  cras  veel  et  l'occiés. 

«  Si  mangon  et  soion  tout  aise;  quar  mon  fil  qui  estoit  mort  est  re- 
«  suscité,  et  qui  estoit  péri  il  est  trouve.  »  Et  lors  il  commencèrent  a 
disner  et  esjouir  et  jouer  de  la  cyfonie  et  del  chevrete. 

Presque  toujours  le  traducteur  suit  d'assez  près  le  texte 
latin.  Il  s'en  écarte  cependant  de  temps  en  temps  pour  l'am- 
plifier et  le  développer.  Ainsi,  à  propos  d'un  des  premiers 
versets  de  la  Sagesse  (i,  2),  l'auteur  de  la  Bible  moralisée 
fait  observer  que  le  Seigneur  donne  sa  grâce  aux  fidèles , 
mais  non  aux  usuriers  ni  aux  hérétiques  :  Dominus  non  dal 
(fratiam  snam  feneratoribus  neque  hereticis,  sed  fidelibus.  Cette 
observation  est  ainsi  amplifiée  par  le  traducteur  :  «  Dieu  ne 
«  se  monstre  mie  par  grâce  aus  usuriers,  qui  se  fient  en 
M»  fiaiiî  167.  «  leur  argent,  non  mie  en  Dieu,  n'es  hérétiques,  qui  se  ex- 
foi  ■'"»  '  „  pousent  au  feu  pour  Dieu  tempter  en  leur  erreur.  » 

La  même  tendance  à  l'amplification  se  fait  remarquer 
dans  les  pa.ssages  suivants  :  • 

Jadei  qui  contra  Christum  el  discipulos  ejus  insanierant  mente  fariosa. 
—  Les  Juïs,  qui  furent  plain  d'ire  contre  Jhesu  Crist,  et  sont  encore 
contre  les  crcstiens  forcenez  s'il  ousoient  et  pooient.  (Fol.  i38  v°.) 

Senlentia  ista  est  contra  illos  qui  putant  cognoscere  sacras  scripturas  sine 
labore  et  sine  studio  discendi.  —  Geste  sentence  est  contre  ceus  qui  cui- 
dent  entendre  la  sainte  escripture  a  plein  et  sans  grant  labeur;  car  tant 
plus  i  regarde  leuil  de  l'entendement ,  et  plus  i  treuve  a  expouser,  et  on 
ne  fait  que  le  désir  aviver.  (Fol.  i44.) 

Dans  un  article  relatif  aux  princes  de  fEglise  qui  s'aban- 
donnent aux  excès  de  table,  le  traducteur  ajoute  cette  phrase: 
«  Comme  les  lechierres  et  gloutons  qui  ne  pensent  que  du 
«  ventre  dès  qu'il  sont  levez.  »  (Fol.  1 45.) 


LIVRES  D'IMAGES. 


239 


Le  traducteur  avait  sous  les  yeux  un  texte  qui  n'était  pas 
toujours  correct.  11  rend  par  les  mots  :  «  Je  donrai  a  l'escri- 
«  vain  pour  nient  de  la  fontaine  de  l'eau  vive  »  le  verset  de 
l'Apocalypse  :  Ego  sitienti  dabo  de  fonte  a(jiie  vite  gratis 
(xx,  6);  il  se  servait  évidemment  d'une  copie  dans  laquelle 
le  mot  scribenti  avait  été  substitué  à  sitienti.  L'un  des  der- 
niers versets  de  l'Apocalypse  (xxii,  i6),  Ego  Jésus  niisi  an- 
gelum  meuin  lestificari  vobis  hec  in  ecclesiis,  est  ainsi  traduit  : 
«  Je  Jehan  envoie  mon  angre  tesmoingner  ceci  es  églises. . .  » 
A  coup  sûr,  l'exemplaire  sur  lequel  la  traduction  était  prépa- 
rée portait  :  Ego  Joliannes  inisi,  et  non  pas  Ego  Jésus.  Or,  à  cet 
endroit,  le  ms.harléien  i52  7  (fol.  1 53  v°)  nous  offre  la  mau- 
vaise leçon  l'^qo  Joliannes  misi. . .  Ce  n'est  pas  la  seule  erreur 
du  manuscrit  harléien  qui  soit  passée  dans  la  Bible  mora- 
lisée  en  français.  La  lacune  et  les  interversions  que  nous 
avons  signalées  au  cours  de  l'Apocalypse  dans  le  manuscrit 
harléien  se  retrouvent  exactement  dans  le  ms.  français  167 
de  la  Bibliothèque  nationale,  sans  qu'il  soit  possible  cette 
fois  de  les  expliquer  par  l'enlèvement  ou  le  déplacement 
d'un  ou  de  plusieurs  feuillets.  Il  est  donc  certain  que  la  tra- 
duction française  de  l'Apocalypse,  et  probablement  de  plu- 
sieurs autres  livres  de  la  Bible  moralisée,  dérive  plus  ou 
moins  directement  du  manuscrit  harléien. 

Nous  n'osons  proposer  aucune  conjecture  ni  sur  l'auteur 
de  cette  traduction,  ni  sur  le  prince  qui  dut  accorder  son 
patronage  à  l'entreprise.  Les  anciens  inventaires  des  librai- 
ries royales  et  princières  ne  nous  fournissent  à  cet  égard 
aucun  renseignement. 

Quant  à  l'origine  de  l'exemplaire  coté  j  67  dans  le  fonds 
français,  nous  savons,  par  une  note  mise  à  la  fin  du  volume, 
que  «  ce  livre  de  la  Bible  en  latin  et  en  francoys  historiée  » 
appartint  successivement  à  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bour- 
gogne, et  à  Pierre  II,  duc  de  Bourbon. 

Il  est  très  exactement  décrit  dans  un  inventaire  qui  fut 
dressé  à  Dijon  au  mois  de  juillet  i420  :  «  Item  ung  autre 
«  livre  nommé  la  Bible  historiée ,  escripte  en  parchemin ,  de 
«  lettre  de  forme,  en  françois  et  en  latin,  a  quatre  colonnes. 


XI»'  SIÈCI-R. 


Ms.  franc.  16^, 
fol.  .319. 


\ls.  I  ï  -J  des  Cinq 
cents  (le  Colberl, 
fol.  i,")o,  art.  10. 


XIV     SIECLK. 


240 


LIVRES  DIMAGES. 


Barrou,    liibl. 
prolyp. ,  p.   12^, 


Le  Kout  <Ic 
Lincy,  Bibl.  des 
ducs  de  Bourbon, 
p.  36.  n*  35. 


Pcignol .  Bibl. 
des  durs  de  Bour- 
gogne, p.  3o,  3i 
et  33. 


Notices  et  extr. 
des  man.,  VI,  log. 
—  Paris  (P.),  Les 
mai),  fi-anrnis,  II, 
33. 


Il  historiée  de  blanc  et  de  noir  et  enluminée  d'or  et  d'asur, 
«  en  chascun  fueillelxvi  histoires,  commençant  au  ii*  fueillet 
u  Et  protnht ,  et  ou  derrenier  Foris  canes,  couverte  de  cuir 
«rouge,  marqueté,  a  quatre  fermouers  d'argent  dorez  lia- 
«  chiez.  »  Il  est  pareillement  désigné  par  les  mots  «  La  belle 
«  Bible  historiée  »  sur  l'inventaire  des  livres  conservés  dans 
le  château  de  Bruges  lors  de  l'avènement  de  Charles  le  Té- 
méraire. Il  ligure  sous  le  litre  de  «  La  belle  Bible  du  duc  de 
«Bourgogne»  dans  l'inventaire  de  la  librairie  du  château 
de  Moulins  qui  fut  dressé  au  commencement  du  xvi'  siècle. 
Il*y  a  tout  lieu  de  supposer  que  c'est  la  Bible  en  latin  et 
en  français  que  Philippe  le  îfardi,  duc  de  Bourgogne, 
avait  fait  commencer  vers  l'année  i4oi,  et  dont  il  avait 
confié  la  décoration  aux  deux  enlumineurs  Polequin  et  Ja- 
uequin  Manuel,  Bible  à  laquelle  Jean  .sans  Peur  faisait  en- 
core travailler  en  i4o6,  avec  l'intention  de  l'offrir  à  Jean, 
duc  de  Berri.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  petits  tableaux  en  gri- 
saille qui  ornent  le  ms.  167,  au  nombre  d'environ  5 100, 
en  font  une  œuvre  d'art  infiniment  précieuse,  dont  le  mé- 
rite a  été  signalé  par  Camus  en  1 800  et  par  M.  Paulin  Paris 
en  i838.  Une  page,  le  folio  ii4  v°,  en  a  été  reproduite 
dans  l'Album  paléographique  de  la  Société  de  l'École  des 
chartes. 

Il  a  peut-être  existé  dans  la  librairie  des  ducs  de  Bour- 
gogne un  exemplaire  de  la  Bible  moralisée  qui  renfermait 
seulement  la  version  française  de  l'ouvrage.  On  lit  en  effet 
dans  un  ancien  inventaire  : 

Ung  autre  livre  en  parchemin,  couvert  dais  noirs  a  grans  cloutz,  inti- 
tulé au  dehors  :  «  Cy  comance  le  premier  livre  de  la  Bible  moraliset , 
«  translatée  de  latin  en  François ,  »  comançant  au  second  feuillet  naturiens 
et  au  dernier  le  temps  si  est.  —  Ung  autre  grant  livre  en  parchemin , 
couvert  de  satin  figuré  noir,  a  grans  clous ,  intitulé  au  dehors  :  «  C'est 
«  le  second  volume  de  la  Bible  » ,  comançant  au  second  feuillet  après  la 
table  nous  trouverons,  et  au  dernier  qui  est  en  soulleares. 

Ce  qui  nous  fait  douter  que  l'ouvrage  ainsi  désigné  soit 
la  Bible  moralisée  dont  nous  avons  le  texte  complet  dans  le 
ms.  français  167  de  la  Bibliothèque  nationale,  c'est  que  les 


I 


ï 


LIVRES  D'IMAGES.  241 

premières  pages  de  ce  texte  ne  renferment  pas  le  mot  natii- 
riens  par  lequel  commençait  le  second  feuillet  du  manuscrit 
mentionné  dans  le  précédent  article  d'inventaire. 

Nous  avons  à  la  Bibliothèque  nationale,  sous  le  n°  1 66  du 
fonds  français,  un  second  exemplaire  de  la  Bible  moralisée, 
dont  la  copie,  comme  celle  du  précédent,  doit  remonter  aux 
premières  années  du  xv*  siècle.  La  même  disposition  a  été 
adoptée  pour  le  texte  et  pour  les  peintures  dans  les  deux 
exemplaires,  et  chaque  page  du  ms.  166  nous  offre  exacte- 
mentles  mêmes  versets  et  les  mêmes  explications  que  la  page 
correspondante  du  ms.  167.  Malheureusement  le  ms.  166 
s'arrête  au  folio  169,  au  milieu  du  livre  d'isaïe,  aux  mots 
(juia  excidisti  seimicrain  (Is. ,  xxii,  16);  il  ne  renferme  donc 
que  la  portion  de  l'ouvrage'  contenue  dans  les  1 69  premiers 
feuillets  du  ms.  167,  c'est-à-dire  un  peu  plus  de  la  moitié. 
Il  nous  offre  en  outre  un  superbe  frontispice,  représentant 
saint  Jérôme,  inspiré  par  l'Esprit  Saint,  travaillant  devant 
un  lutrin,  à  côté  d'un  lion  accroupi ,  dans  un  somptueux  édi- 
fice gothique,  où  des  livres  sont  rangés  sur  un  pupitre  et 
sur  une  tablette.  Ce  dessin,  haut  de  3o  centimètres  et  large 
de  23,  dans  la  partie  supérieure  duquel  on  remarque  des 
statues  de  prophètes,  d'évangélistes  et  de  musiciens  célestes, 
est  assurément  un  des  plus  beaux  qui  nous  soient  parvenus 
des  artistes  français  du  temps  de  Charles  VI;  il  a  été  gravé 
par  Saint-Aubin ,  dans  le  tome  VI  des  Notices  et  extraits  des 
manuscrits  (en  regard  de  la  page  124)- 

L'état  dans  lequel  nous  est  parvenu  le  ms.  166  prouve 
que  les  artistes  chargés  de  le  décorer  ne  poussèrent  pas  très 
loin  leur  travail.  C'est  au  folio  48  que  s'arrête  une  pre- 
mière série  de  tableaux,  exécutés  avec  une  rare  habileté  et  un 
goût  exquis,  dans  un  style  qui  rappelle  plusieurs  des  meil- 
leures compositions  dues  aux  artistes  de  Jean ,  duc  de  Berri  ; 


^  Un  examen  superficiel  pourrait  faire  sition  de  feuillets  dans  le  caliier  cor- 

croire  que  le  ms.  français  1 66  présente  respondant  aux  folios  57-64.  Le  texte  se 

des  lacunes  au  cours  du  livre  des  Juges  suit  sans  interruption  si  on  lit  ces  feuil- 

et  au  commencement  du  livre  de  Ruth;  lets  dans  l'ordre  suivant  :  67,  69,  58, 

mais  il  n'y  a  en  réalité  qu'une  transpo-  60,  61,  63,  6a  et  64. 

TOME  xxxi.  3i 

1  8  * 


XIV*  SIÈCLB. 


vf.ng    <ivTint.\iic. 


«ifecl.K. 


242  LIVRES  D'IMAGES. 


malgré  le  silence  des  inventaires,  nous  inclinerions  même 
à  penser  que  la  Bible  moralisée  n"  166  était  destinée  au 
duc  de  Berri  et  que  l'exécution  en  fut  interrompue,  comme 
celle  des  Heures  de  Chantilli,  par  la  mort  du  prince  sur- 
venue en  i4i6. 

Les  peintures  de  la  seconde  partie  du  volume,  beau- 
coup moins  belles  que  les  premières,  ne  sont  pas  antérieures 
au  milieu  du  xv"  siècle;  elles  sont  l'œuvre  d'enlumineurs 
assez  médiocres,  parmi  lesquels  il  convient  de  distinguer 
celui  qui  a  peint,  ébauché  ou  esquissé  les  tableaux  des  fo- 
lios 1 14-'69.  Il  travaillait  pour  un  membre  de  la  famille 
de  Poitiers,  dont  les  armes  (d'azur  à  six  besants  d'argent, 
au  chef  d'or)  sont  semées  à  profusion  sur  les  marges  du 
folio  1 1 4  et  dans  le  cadre  même  des  miniatures  des  cent 
dernières  pages  du  manuscrit.  C'est  à  cette  famille  que  doit 
appartenir  la  devise  sans  nombre  répétée  une  dizaine  de  fois 
sur  les  folios  99  v°,  100,  ii4i  m 5,  ii5v%  117,  120  et 
1  20  v".  Les  mêmes  armes  et  la  même  devise  se  voient  sur  le 
beau  livre  d'heures,  fait  primitivement  pour  le  maréchal 
Boucicaut,  qui  appartient  aujourdhui  à  M.  de  Villeneuve,  et 
Berger  (S.).  La  sur  un  manuscrit  français  de  lApocalypse,  qui  est  passé  de 
pît^o/™"'"''*  *   la  bibliothèque  de  Gaignat  dans  le  musée  Hunter  à  Glasgow. 

La  plupart  des  sujets  représentés  dans  le  ms.  16G,  aussi 
bien  par  les  peintres  des  premiers  cahiers  que  par  les  conti- 
nuateurs, présentent  de  notables  différences  avec  les  ta- 
bleaux correspondants  du  ms.  167.  Une  grande  liberté 
d'interprétation  était  laissée  aux  artistes,  qui  ne  devaient 
pas  travailler  d'après  les  mêmes  modèles. 

11  est  évident  que  la  décoration  du  ms.  1 66  n'a  pas  été 
terminée;  mais  nous  pouvons  affirmer  que  le  texte  en  avait 
été  copié  tout  entier  :  en  effet  nous  avons  retrouvé  cinq 
feuillets',  plus  ou  moins  mutilés,  qui  ont  fait  partie  de  la 
seconde  moitié  du  volume  et  qui  correspondent  exactement 

'  Ces  cinq  feuillets  sont  reliés  avec  Lat.  17177.  fol.34;fr.  167, fol.  177; 

différents   fragments    d'unciens   manu-  Lat.  17 177,  fol.  35;  fr.  167,  fol.  30a  ; 

scrits  dans  les  volumes  17177  et  1039g  ^''''  io3g9,fol.  19:  fr.  1G7,  fol. 367; 

du  fonds  latin.  En  voici  la  concordance  Lat.  loSgg,  fol.  17;  fr.  167,  fol.  3oi  : 

avec  If  ms.  fran^uL*  167  :  Lat.  10399, fol.  '^'  '*''  '^7>  foi-^oa. 


LIVRES  D'IMAGES.  •         243       ,.,.„^„, 

aux  folios  177,  202,  267,  3oi  et  3o2  du  n"  167;  ils  con- 
tiennent (les  morceaux  d'Isaïe,  de  Jérémie,  des  Evangiles, 
des  Épîtres  de  saint  Paul  et  de  l'Apocalypse;  d'où  l'on  peut 
conclure  que  le  copiste  ne  s'était  pas  arrêté  avant  d'avoir 
atteint  la  lin  de  la  Bible.  L'écriture  est  identique  à  celle  du 
ms.  166;  mais  la  place  des  grandes  initiales  et  des  tableaux 
est  absolument  l'estée  en  blanc. 

La  plus  ancienne  mention  que  nous  ayons  rencontrée  de 
la  Bible  moralisée  n°  1 66  nous  a  été  fournie  par  le  Catalogue 
des  livres  du  roi  François  I",  dressé  à  Blois  en  1 5 1 8  et  con- 
servé en  original  à  la  bibliothèque  impériale  de  Vienne. 
Nous  y  lisons  : 

Une  Bible  en  parchemin,  en  latin  et  françoys,  bien  et  richement 
historié  des  figures  du  Vieil  Testament  avec  le  Nouveau,  et  est  couverte 
a  bendes  de  veloux  cramoisi  et  de  drap  d'or,  avec  camaieulx  de  pource- 
linnes.  —  Item  le  résidu  de  la  Bible  dessus  dict,  en  parchemin,  lequel 
n'est  point  historié,  avec  deux  cayés  de  papier  ou  sont  contenus  la  forme 
de  faire  les  dictz  histoires. 

Ainsi  la  Bible  moralisée  que  François  I*'  possédait  au 
commencement  de  son  règne  était  coupée  en  deux  volumes: 
le  premier,  orné  de  peintures,  est  le  volume  qui  porte  au- 
jourd'hui le  n"  1 66  dans  le  fonds  français;  le  second  se  com- 
posait de  cahiers  non  enluminés,  dont  il  nous  est  parvenu 
quelques  feuillets  recueillis  dans  de  vieilles  reliures.  A  ce 
second  volume  étaient  joints  deux  cahiers  de  papier  rem- 

f)lis  d'instructions  pour  les  peintres  chargés  du  travail  d'en- 
uminure,  cahiers  dont  la  perte  est  infiniment  regrettable. 
Un  arrangement  de  la  Bible  moralisée  nous  a  été  con- 
servé dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  impériale  de  Tab.  cod.  Vin- 
Vienne,  aujourd'hui  coté  1 1  79 ,  jadis  n°  2  du  fonds  du  prince 
Eugène,  remontant  au  xiii"  siècle  et  dont  l'exécution  maté- 
rielle offre  beaucoup  d'analogie  avec  l'exemplaire  dont  les 
trois  volumes  sont  partagés  entre  la  bibliothèque  Bodléienne, 
la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  et  le  Musée  britannique. 
Ce  manuscrit,  que  nous  connaissons  par  une  notice  de 
Michel  Denis  et  surtout  par  des  extraits  dus  à  l'obligeance  de 
M.  le  docteur  Nagl,  se  compose  de  246  feuillets,  écrits  d'un 

3i. 


dob. ,  I,  aoi. 


Denis,  (io<l.  ms. 
leol.' 
1 .  336 


244  LIVRES  D'IMAGES. 

seul  côté,  avec  huit  médaillons  à  fond  d'or  sur  chacune  des 
nieofTinàX.T   pages,  sauf  la  première,  ce  qui  donne  un  total  de  1,964  pe- 
^^'^  tits  tableaux  ou   environ.  L'ouvrage  est  incomplet  :  il  ne 

contient  que  le  Pentateuque,  Josué,  les  Juges,  Rutli,  les 
Rois,  Job,  Daniel,  Tobie,  Judith,  Esther,  les  Macchabées 
et  l'Apocalypse. 

Il  existe  de  très  notables  différences  entre  le  texte  du  ma- 
nuscrit de  Vienne  et  celui  des  manuscrits  qui  ont  été  jus- 
qu'ici passés  en  revue.  On  en  jugera  par  la  comparaison 
de  la  première  page  du  volume  de  Vienne  avec  les  passages 
correspondants  du  manuscrit  d'Oxford  et  du  manuscrit 
français  1G7  de  Paris,  qui  représentent  la  première  et  la 
seconde  rédaction  de  la  Bible  moralisée. 


Manuscrit  de  Vienne. 
[Le  premier  article  du  manu- 
scrit (l'Oxford  manque  dans  le  ma- 
nuscrit de  Viemie.] 


Hic  dividit  Dominus  dicm  a 
nocte,  id  est  lucem  a  tenebris. 

Ciaritas  diei  significat  claritatem 
angelorum  et  sanctœ  Ecclesi;e.  Nox 
significat  tenel)ras  mundi,  cupidi- 
tatem ,  luxuriam ,  invidiam ,  super- 
biam  et  alia  peccata. 


Hic  facit  Deus  firmamentum, 
terram  in  medio  et  mare  circumvol- 
vens  terram. 

Terra  in  medio  firma  significat 
sanctam  Ecclesiam  firmam.  Mare 
circumvolvens  terram  significat 
amaritudinem  mundi,  id  est  falsos 
fratres  qui  flagellant  eam. 


Manuscrit  d'Oxford. 

I.  In  principio  creavit  Deus  ce- 
lum  et  terrain.  Dixitque  Deus  : 
«  Fiat  lux ,  et  facta  est  lux.  » 

Creatio  lucis  angelorum  creatio- 
nem  significat. 

II.  Et  vidit  Deus  lucem  quod 
esset  bona ,  et  divisit  lucem  a  te- 
nebris, et  appellavit  lucem  diem  et 
tenebras  noclem ,  factumque  est 
vespere  et  mane  dies  unus. 

Divisio  lucis  a  tenebris  divisio- 
nem  angelorum  bonorum  a  malis 
significat,  vel  divisionem  virtutisa 
vitio  per  discretionem  et  declina- 
tionem'. 

III.  Dixit  quoque  Deus  :  •  Fiat  fir- 
mamentum in  medio  aquarura.  * 

Firmamentum  in  medio  aqua- 
rum ,  et  terra  in  medio  maris ,  signi- 
ficat sanctam  Ecclesiam  firmam. 
Mare  circumdans ,  amaritudines 
mundi,  quibus  firma  Eccle.sia  as- 
sidue flagellatur. 


'  La  seconde  partie  de  cette  plirase ,  depuis  le»  mots  vel  divisionem ,  n'est  pas  dans 
U  rédaction  représentée  par  le  ms.  français  167  de  la  Bibliothèque  nationale. 


I 


LIVRES  D'IMA(;ES.  245 

Hic  dividit  Dominus  terram  a  IV-IX.  [Articles  se  rapportant 

mari  et  ornât  terram  arboribus.  aux  versets  9-12  du  cli.ipitre  1  de 

Terra  significat  sanctam  Fxcle-  la  (Jenèse.  Il  serait  trop  long  de 

siani.   Arbores    significant    bonos  reproduire  ces  articles,  auxquels 

predicatores,  qui  ornant  sanctam  correspond  seulement  dans  le  ma- 

Ecclesiam  bonis  operibus  et  pi"aedi-  nuscrit  de  Vienne  l'article  transcrit 

cationibus.  ci-contre.] 

Ilic  facit  Deus  solem  et  lunam  X.   Hic  facit  Deus  solem  et  lu- 

cl  stellas.  Sol  illuminât  lunam  et  nam  et  stellas.  Sol  illuminai  lunam 
stellas.  et  stellas. 

Sol  significat  divinitatem;  luna  Luminare  majus,  sicutsol,  ma- 

significat  sanctam  Ecclesiam  ;  stelle  jores  in  Ecclesia  significat.  Lumi- 
significant  clerum  et  omnes  bonos  nare  minus,  sive  luna,  minores, 
quos  divinitas  illuminât.  Stelle  significant  totum  clerum  et 

omnes  illos  qui ,  sicut  luna  recipit 
a  sole  siuun  lumen,  sic  a  doctrina 
sacre  Scripture  animarum  reci- 
piunt  claritatem. 

Entre  lès  deux  textes  il  y  a  de  telles  diflerences  qu'on  est 
autorisé  à  considérer  le  manuscrit  de  Vienne  comme  ren- 
fermant une  rédaction  parfaitement  distincte,  mais  qui,  au 
moins  dans  certaines  parties,  semble  se  rapprocher  de  la 
version  contenue  dans  le  manuscrit  du  xm*  siècle  dont  les 
trois  volumes  sont  conservés  à  Oxford,  à  Paris  et  à  Londres. 
Ainsi,  dans  le  manuscrit  de  Vienne,  la  moralisation  des  ver- 
sets 7  et  8  du  chapitre  xlii  de  Job  s'applique,  non  pas  aux 
fidèles  qui  ont  péché  par  faiblesse  ou  par  ignorance,  comme 
dans  les  mss.  1 66  et  1 67  de  notre  fonds  français  (seconde  ré- 
daction de  la  Bible  moralisée) ,  mais  bien  aux  hérétiques,  qui 
doivent  se  convertir  pour  voir  agréer  leurs  sacrifices,  absolu- 
ment comme  dans  le  ms.  latin  1 1 5 60.  Il  serait  difficile  de  citer 
un  exemple  plus  probant  du  rapport  qui  existe  entre  le  ma- 
nuscrit de  Vienne  et  la  première  rédaction  de  la  Bible  mora- 
lisée. Nous  mettons  en  regard  le  texte  des  deux  rédactions  : 

Manuscrit  1 179  de  Vienne  (fol.  161  v*)         Manuscrits  français  166  et  167  de  Paris 
et  manuscrit  iatin  1  i56o  de  Paris  (fol.  lia  v*). 

(fol.  1   V'). 

Per  amicos  Job  beretici  signî-  PerhosamicosJobsignificantur 

ficantur,  qui  ad  Job  ire  jubentur,       illi  qui  peccaverunt  non  ex  certa 


XIV    SIECi.K. 


246  LIVRES  D'IMAGES. 

Sl«'  SICCIP.- 

id  est  ad  fidem  Ecclesie  converti  ;       malitia,   sed  fragiiitate  vel   igno- 
alilcr  non  sunt  accepta  eorum  sa-        rantia contra  Ghristum,  qui  debent 
crificia.  Et  bene  septcni  oblalio-        septem  dies,   id  est  totam  vitam 
nibus    expiantur,    quia,    cum   ad        oifeiTc  Deo  et  conFiteri  in  merito 
Kcclesiam  redeunt,  spiritum  septi-        Christi,    qui  est  advocatus   apud 
loiniem  accipiunt.  Tauii  etaricles        patrem  pio  peccatis  nostris. 
pro  eis  ubiali  sunt  :  ])ei'  taurum 
suporbia,  pei'arielem  ducalusgre- 
gis,  qiiod  in  eis  occiditur  duni  ad 
Ecclosiain  redeiuit. 

BiBi  E  iiisToiiiKF.  A  côté  fie  la  Bible  moralisée  doit  se  placer  un  autre  abrégé 
ToiTK  nnunKK.  ^j^  j^^  Bible  (laus  lequel  les  versets  empruntés  à  l'Écriture 
sont  également  accompagnés  (re\|)licalions  allégori(pu's  et 
morales.  Nous  croyons  pouvoir  l'intituler  Bible  bisloriée 
toute  figurée  en  adoptant  les  expressions  des  anciens  inven- 
taires de  la  librairie  du  Louvre.  C'est  une  compilation 
dont  les  peinltires  forment  la  partie  principale  et  dont  les 
légendes  sont  toutes  en  français.  La  rédaction  doit  en  être 
rapportée  au  commencement  du  xw*"  siècle,  ou  peut-être  à 
la  lin  du  xlIl^  Nous  n'(;n  connaissons  aucun  manuscrit 
complet. 

'  Charles  V  en  possédait  un  exemplaire  qui  avait  appartenu 
à  la  reine  Jeanne  d'Evreux,  veuve  de  Charles  le  Bel.  H  est 
Van  Prait,  In-  alnsl  désigné  dans  l'inventaire  de  Gilles  Malet  :  «  La  Bible 
iL"l<Iuïi(''  |!*'5  «historiée  toute  en  y  mages,  qui  fu  de  la  royne  Jehanne 
«d'Evreux,  historiée  toute  a  ymages  et  toute  figurée;»  et 
dans  les  inventaires  plus  récents  :  «Item,  une  bible  histo- 
«  riee  et  toute  figurée  a  images,  qui  fut  de  la  royne  Jehanne 
«d'Evreux,  commançant  ou  ii"  foeillet  Cy  départ  Dieux,  et 
«ou  derrenier  Cy  vient  Booz,  couvert  de  soye,  a  deux  fer- 
«  mouers  d'argent.  »  Le  volume  auquel  répond  cette  descrip- 
tion ne  devait  contenir  que  les  premiers  livres  de  la  Bible, 
depuis  la  Genèse  jusqu'au  livre  de  Ruth,  puisque  le  der- 
nier feuillet  était  occupé  par  l'histoire  de  Booz. 

Nous  avons  pu  étudier  la  Bible  historiée  toute  figurée 
dans  le  ms.  français  9661  de  la  Bibliothèque  nationale,  qui 
contient  le  commencement  et  la  fin  de  l'ouvrage,  c'est-à- 
dire,  en  premier  lieu,  les  extraits  de  la  Genèse  (fol.  i),  de 


I 

11"  1  '1. 


LIVRES  D'IMAGES.  247 

l'Exode  (fol.  l\k  v°),  du  Lévitlque  (fol.  77),  des  Nombres 
(fol.  87),  du  Deutéronome  (fol.  99),  de  Josué  (fol.  101), 
et  des  Juges  (fol.  1 1 1),  et  en  second  lieu  la  Vie  de  Jésus- 
Christ  (fol.  11 3). 

Les  premiers  articles  de  la  Genèse  donneront  une  idée  du 
mode  de  rédaction  : 

Ici  crie  Dc\  ciel  et  terre  et  soleil  et  toc'  les  clcmens  ensemble.  (Ge- 
nesis  primo  caj)itulo.) 

Ici  dej)art  l)ex  le  jor  de  \a  nuit.  (Genesis  primo  capitulo.)  —  La 
clarté  dil  jor  scnefie  la  clarté  des  angcles  et  de  sainte  église. 

Ici  fct  Dex  le  firmamanl,  la  terre  en  mi  et  la  mer  entor.  (Genesis 
primo  capitido.) —  La  terre  en  mi  ferme  senelie  sainte  église  ferme;  la 
mer  qui  corl  entor  senefie  la  mer  del  monde  (jni  llaele  sainte  église. 

Ici  départ  Dex  la  terre  de  la  mer,  et  garnisl  la  terre  d'arbres  et  d'oi- 
siaus,  et  la  mer  de  poisons,  de  gros  el  de  menus.  (Genesis  primo  capi- 
tulo.) —  La  terre  senefie  sainte  Eglise;  les  oiseus  senelient  les  diverses 
genz  del  munde  qui  acroclient  sjiinte  Kglise;  les  granz  poissons  senefient 
les  granz  usuriers  qui  manjuent  les  petit,  ce  sunt  la  povre  gent. 

Le  plan  adopté  pour  l'Ancien  Testament  est  à  peu  près 
celui  de  la  Bible  nioralisée;  mais  il  y  a  de  grandes  diffé- 
rences dans  le  choix  des  textes  et  encore  plus  dans  les  ex- 
plications. 

On  jugera  des  ressemblances  et  des  divergences  par  un 
petit  nombre  d'exemples,  sur  lesquels  la  comparaison  est 
facile  à  établir. 

D'après  la  Bible  moralisée,  le  corbeau  et  les  colombes 
de  l'arche  représentent  l'âme  toute  noire  de  péchés  et  les 

Pécheurs  qui  ne  rentrent  dans  le  sein  de  l'Église  qu'après 
accomplissement  de  la  pénitence  (ms.  fr.  167,  fol.  4  v" 
el  5).  —  Suivant  la  Bible  historiée  toute  figurée,  ces  mêmes 
oiseaux  rappellent  les  moines  chargés  de  prêcher  la  parole 
divine  et  dont  plusieurs  manquent  à  leur  mission  :  u  Le 
«  corbias  qui  [sic)  envoia  fors  et  s'aresta  sor  la  charoigne 
«  senefie  le  mauves  moine  qui  s'arreste  sor  la  charoigne  del 
«  monde  et  manjue  les  mauves  morsiaus  et  guerpist  la  parole 
«Deu  dire»  (ms.  fr.  9661,  fol.  i3). 

'  Ce  mot  est  ainsi  écrit  avec  un  p  très  bien  foriné,  comme  on  en  trouve  souvent 
dans  tes  manuscrits  d'origine  italienne. 


XIV*  SI^.CLE. 


fiv*  «làcuE. 


248  LIVRES  D'IMAGES. 

Dans  la  Bible  moralisée,  les  trois  corbeilles  que  le  pane- 
tier  de  Pharaon  vit  en  songe  (Gen.,  xl)  signifient  trois  pé- 
chés, comme  l'auteur  l'explique  par  une  très  courte  phrase: 
u  Ce  panetier  segnefie  cens  qui  pecchent  par  ces  trois  pe- 
«  chiez  ci,  avarice,  orgueil,  luxure,  qui  sont  figuré  par 
.<  paste,  par  farine,  par  chars  »  (ms.  fr.  167,  fol.  i3). —  La 
Bible  historiée  toute  figurée  donne  la  même  explication, 
mais  avec  des  détails  plus  circonstanciés  : 

Ce  que  H  panctiers  sonja  qu'il  portoit  trois  corbeilles  de  paste  et  de 
farine  et  de  char  :  pasic ,  qui  est  glueuse ,  senefie  convoitise  ;  la  farine ,  qui 
est  chose  vaine,  senefie  orguoil;  la  char,  luxure.  Cil  qui  [portent]  les  trois 
corbeilles  et  les  oisiauz  qui  bêchent  la  char  senefient  cels  qui  donnent  en 
ce/,  trois  péchiez  que  nos  avons  devant  dit,  et  deables  les  enchaoinent  et 
traient  en  enfer.  (Ms.  fr.  gôGi,  fol.  a8  v".  ) 

La  huppe  dont  il  est  question  au  chapitre  xi  du  Lévitique 
représente  le  luxurieux  dans  la  Bible  moralisée,  le  mau- 
vais prélat  dans  la  Bible  toute  figurée  en  images  : 

La  huppe,  les  luxurieus,  qui  es  ordures  font  leur  lit  conmie  la  huppe 
son  ni.  (Ms.  fr.  167,  fol.  3o.) 

La  hupe,  qui  fet  sun  ni  en  sa  merde,  senefie  li  mauves  evesques 
qui  douent  les  provendes  a  leur  neveuz,  as  garçons  qui  rien  ne  seivenl. 
(Ms.  fr.  9561,  fol.  83.)      ,     , 

Les  auteurs  fies  deux  compilations  sont  d'accord  pour 
avertir  les  princes  que  la  punition  infligée  par  Moïse  aux 
blasphémateurs  (Lévit.,  xxiv,  16)  indique  aux  princes  la 
conduite  à  tenir  vis-à-vis  des  hérétiques  : 

Ceci  segnefie  que  tel  heretige  qui  la  foy  Nostre  Seigneur  blasme  doit 
premièrement  estre  mis  hors  de  sainte  église  et  baillé  a  la  justice  laie  et 
puis  estre  condempné  a  mort.  (Ms.  fr.  167,  fol.  3a  v°.) 

Ce  que  Moyses  comende  que  cil  soit  lapidés  qui  se  gaba  de  Dieu , 
senefie  les  bons  princes  qui  font  découper  toz  celz  qui  se  gabent 
de  Jhesu  et  de  sainte  Eglise,  ausi  come  li  aubijois  et  li  mescreant. 
(Ms.fr.  9561,  fol.  86  v°.) 

La  Vie  de  Jésus-Christ  se  réduit  à  une  série  de  courtes 
légendes  qui  indiquent  le  sujet  de  chaque  tableau,  sans  au- 
cune explication  allégorique  ou  morale,  par  exemple  : 

C'est  l'histoire  coment  la  vierge  Marie  enfanta  Nostre  Seignour  Jhesu 


r 


LIVRES  D'IMAGES.  249 

Crist,  et  puis  l'envoloupa  en  dras  et  le  posa  en  la  mangeoire,  ensl  que 
saint  Luc  le  dist  en  son  évangile,  u  secunt  capitle.  (Fol.  1 33  v°.) 

C'est  l'ystoire  cornent  Nostre  Seigneur  Jhesu  Crist  fu  portei  au 
tample  pur  circumcirre ,  ensi  que  saint  Luc  le  dist  en  son  évangile, 
u  secunt  capitle.  (Fol.  i  34.) 

C'est  l'ystoire  cornent  les  trois  rois  vindrent  en  Jérusalem  et  deman- 
dèrent :  «  Ou  est  cil  qui  est  ney  roy  des  Juis  ?  »  Et  quant  Herodes  out  ce 
oy,  fut  moût  troublé ,  et  pueple  de  Jérusalem  avec  lui.  Lors  assembla 
Herodes  tous  les  princes  des  prestres  des  Juis  et  les  scribas  du  pueple , 
e  demandoit  ou  Nostre  Seignour  Jhesu  Crist  devoit  naistre,  ensi  que 
saint  Mathieu  le  dist  en  son  évangile,  u  secunt  capitle.  (Fol.  i  35  v°.) 

Les  premières  pages  de  la  Vie  de  Notre-Seigneur  sont 
des  tableaux  de  l'histoire  de  la  sainte  Vierge,  dont  le  sujet 
a  été  inspiré  par  les  écrits  apocryphes.  Voici  les  légendes 
de  ces  tableaux  : 

C'est  l'ystoire  cornent  Joachim  ala  au  temple  pur  faire  son  offerte,  et 
le  prestres  dou  temple  ne  vout  recevoir  son  oflerte ,  ains  le  chassa  hors  du 
tample  pour  ce  que  il  n'avoit  eu  onques  enfans  de  sa  famé.  (Fol.  i  i3.) 

C'est  l'ystoire  coment  Joachim  se  parti  de  sainte  Anne  sa  moulhier 
et  ala  veoir  ses  pastours.  (Fol.  i  i  ^  v°.) 

C'est  l'ystoyre  coment  sainte  Anne  se  mist  en  orisons  depuis  que  Joa- 
chim son  mari  fu  parti  de  li ,  et  lors  li  apparut  li  angles  qui  li  annuncia 
qu'ele  devoit  concevoir  la  viei^e  Marie.  (Fol.  i  i5.) 

C'est  l'ystoire  coment  li  angles  aparut  a  Joachim,  et  li  annuncia  que 
sainte  Anne  sa  moulhier  devoit  concevoir,  et  li  comanda  que  il  deust 
retourner  a  li  a  tiel  seignal  qu'il  la  trouvera  a  la  porte  de  la  cité. 
(Fol.  iiev*.) 

C'est  l'ystoire  coment  Joachim  revint  de  ses  pastours  et  ala  a  sainte 
Anne  sa  moulhier  et  l'a  embracie,  et  lors  fii  conceue  Nostre  Dame. 
(Fol.  117.) 

C'est  l'ystoire  coment  sainte  Anne  enfanta  Nostre  Dame,  selonc  que  li 
angles  li  avoit  anuncié  quant  il  la  trouva  faisant  ses  orisons.  (Fol.  1  1 8  v°.) 

C'est  l'ystoire  coment  la  vierge  Marie  fu  amenée  au  temple  et  monta 
les  degrés  du  temple.  (Fol.  119.) 

C'est  l'ystoire  coment  Nostre  Dame ,  en  orant ,  les  angles  la  soustenoient. 
(FoL  lao  V.) 

C'est  l'ystoire  coment  la  vierge  Marie  demouroit  u  temple  avec  les 
vierges,  et  li  angles  li  apparissoit.  (Fol.  1  a  1 .) 

C'est  l'istoyre  (iic)  coment  li  angles  portoit  le  pain  et  le  vin  a  la  vierge 
Marie.  (Fol.  i  aa  v".) 

C'est  l'ystoire  coment  Nostre  Dame  donnoit  pour  Dieu  le  pain  as 
povres.  (FoL  ia3.) 

TOME  SXII.  33 


XIV' SIÈCLE. 


tBFIIMIBtt    ««Tl«l«fl. 


xn*  siàci.K. 


250  LIVRES  D'IMAGES. 

C'est  i'ystoire  cornent  le  grant  prestre  des  Juis  pfSirioit  au  pueple  du 
mariage  de  la  vierge  Marie.  (Fol.  ia4  v'.) 

C'est  I'ystoire  cornent  le  grant  prestre  des  Juis  niisl  sur  l'autel  les 
verges  pour  veoir  qui  devoit  espouser  la  vierge  Marie.  (Fol.  i  a5.) 

C'est  I'ystoire  cornent  le  grant  prestre  de[s]  Juis  dona  la  verge  a 
Joseph,  et  lors  la  columbe  descendi  sus  la  verge  de  Joseph.  (Fol.  i  a 6  v*.) 

Le  ms.  9661  doit  avoir  été  exécuté  vers  le  commence- 
ment du  XIV*  siècle,  soit  en  Italie,  soit  dans  le  midi  de  la 
France.  Les  caractères  de  l'écriture  dénotent  cette  origine, 
attestée  d'ailleurs  par  le  style  des  peintures  dont  il  nous 
reste  à  parler. 

Les  peintures  ont  été  exécutées  sur  des  feuilles  de  par- 
chemin dont  un  seul  côté  a  été  employé.  Elles  sont  disposées 
de  telle  façon  que  deux  pages  blanches  alternent  avec  deux 
pages  peintes. 

Des  206  pages  peintes  qui  sont  aujourd'hui  dans  le  vo- 
lume ,  les  1 3o  premières  se  rapportent  à  l'histoire  de  l'Ancien 
Testament.  La  première  est  entièrement  remplie  par  une 
grande  figure  en  pied  du  Créateur.  Les  129  autres  pages 
(fol.  2  \°-H2  v")  sont  toutes  partagées  horizontalement 
par  le  milieu,  de  manière  à  présenter  dans  la  moitié  supé- 
rieure une  scène  empruntée  à  l'Ancien  Testament,  et,  dans 
l'autre  moitié,  tantôt  une  scène  correspondante  du  Nouveau 
Testament,  tantôt  une  allégorie  mystique  ou  morale.  Du 
folio  2  v"  au  folio  26  v°  il  n'y  a  qu'une  paire  de  sujets  sur 
chaque  page;  mais  à  partir  du  folio  27  on  trouve  à  peu  près 
sans  exception  trois  paires  de  sujets  par  page,  soit  six  ta- 
bleaux, dont  chacun  est  renfermé  sous  une  arcade  gothique. 

Les  76  dernières  pages  peintes  dums.  9661  représentent 
des  scènes  de  la  vie  de  la  sainte  Vierge  et  de  la  vie  de  Jésus- 
Christ.  Chacun  des  tableaux,  au  nombre  de  76,  occupe  un 
cadre  haut  de  17  ou  18  centimètres  et  large  de  21  ou  22. 

Ces  tableaux,  à  fond  d'or,  sont  très  incorrectement  des- 
sinés; mais  beaucoup  de  figures  ne  manquent  pas  d'expres- 
sion ;  parfois  les  personnages  sont  assez  haoilement  groupés, 
et  la  distribution  des  couleurs  produit  presque  partout  un 
ensemble  très  harmonieux.  M.  le  comte  de  Bastard,  qui 


LIVRES  D'IMAGES. 


251 


XIV'  UÈULK. 


Deliile,  Les  Col- 
lections de  Bastard 
d'Estang,  p.  263. 


Tab.  Cod.  Vin- 
dob. ,    II,    1)7.  — 
ms«. 


croyait  pouvoir  rattacher  cette  œuvre  d'art  à  l'école  de 
Sienne,  avait  fait  reproduire  les  tableaux  des  folios  i64  et 
i65  v°,  représentant  l'institution  de  l'Eucharistie  et  le  lave- 
ment des  pieds;  mais  il  n'en  a  été  tiré  d'épreuves  que  pour 
un  petit  nombre  d'exemplaires  du  grand  ouvrage  sur  les 
Peintures  et  ornements  des  manuscrits. 

Le  ms.  français  9661  de  la  Bibliothèque  nationale  nous 
a  conservé,  comme  on  l'a  vu,  deux  parties  de  la  Bible  his- 
toriée toute  figurée  :  les  premiers  livres,  de  la  Genèse  au 
commencement  des  Juges,  et  la  vie  de  Jésus-Christ.  Un  autre 
manuscrit  du  même  ouvrage  doit  contenir  toute  l'histoire 
de  l'Ancien  Testament.  C'est  le  volume  qui  porte,  à  la  biblio- 
thèque impériale  de  Vienne,  le  n°  2554  et  dont  Michel  Denis 
a  donné  la  description  sous  le  n°  ccxxvi.  H  paraît  dater  du  "i>^i.s,  ôxi! 
XIV*  siècle,  peut-être  même  du  xiii%  et  contient  66  doubles  |i'«o'^Vindob..ii. 
pages  couvertes  en  grande  partie  de  peintures  à  fond  d'or. 
11  y  a  sur  chaque  page  huit  grands  médaillons,  entre  les- 

3uels  on  a  peint,  sur  des  cartouches  carrés,  des  bustes 
'anges.  Dans  les  grands  médaillons  on  voit  les  scènes  bi- 
bliques mises  en  rapport  soit  avec  des  épisodes  du  Nouveau 
Testament,  soit  avec  les  dogmes  ou  la  morale  du  christia- 
nisme. Une  bande  étroite,  ménagée  à  droite  et  à  gauche  des 
peintures,  contient  le  texte  explicatif.  C'est  une  tout  autre 
disposition  que  celle  du  manuscrit  de  Paris. 

Michel  Denis  a  cité  deux  passages  du  texte  du  manuscrit 
devienne.  L'un,  relatif  à  la  Création,  est  conforme  à  ce  que 
nous  lisons  sur  les  folios  a  v°  et  4  V  de  celui  de  Paris.  La  se- 
conde citation  de  Denis  porte  sur  le  chapitre  xix  des  Juges, 
c'est-à-dire  sur  une  parue  de  la  Bible  qui  manque  dans  le 
ms.  9561  de  la  Bibliothèque  nationale.  Nous  la  reprodui- 
sons, en  regrettant  de  ne  pouvoir  mettre  sous  les  yeux  du 
lecteur  un  plus  long  exemple  du  manuscrit  de  Vienne  : 

Ici  vient  li  dyakenes,  et  fet  de  sa  famé  xii  parties,  et  les  envoe  per 
XII  messages  as  xii  lignies.  —  Ce  que  li  dyakenes  depieça  sa  famé  en 
XII  parties  et  les  envoa  par  xii  messages  a  xii  lignies,  ce  senefie  Jereume 
et  Augustin  qui  baillèrent  a  xn  patriarches  les  xii  volumes  por  porter  les 
as  XII  apostres. 

3a. 


XIV*  SliCLI. 


252  LIVRES  D'IMAGES. 

Cette  dernière  figure  est  un  peu  autrement  expliquée 
dans  la  Bible  moralisée,  ms.  français  167  de  la  Bibliothèque 
nationale,  où  nous  lisons  (fol.  60  v°)  que  la  femme  du  lé- 
vite, dont  les  morceaux  furent  envoyés  aux  douze  tribus, 
représente  la  sainte  Ecriture,  dont  les  morceaux  furent  par- 
tagés entre  les  apôtres  quand  ils  allèrent  prêcher  la  foi 
nouvelle  aux  nations. 

Le  ms.  2  054  de  la  bibliothèque  de  Vienne  est  indiqué, 
suivant  la  notice  de  Michel  Denis,  dans  les  catalogues  de 
ce  grand  dépôt  sous  le  titre  de  Biblia  hislorico-allegorico- 
iconologica  Veteris  Testamcnti.  Au  milieu  du  dernier  feuillet, 
on  a  ajouté  les  armes  de  Mercy  et  de  Luxembourg,  et,  dans 
les  angles,  celles  de  Beaupart,  Beauvau-Craon,  Lenoncourt 
et  La  Mark. 

Nous  avons  trwivé  dans  un  troisième  manuscrit  la  partie 
de  la  Bible  historiée  toute  figurée  qui  correspond  au  Pen- 
tateuque.  C'est  le  ms.  latin  9471  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale (jadis  de  la  maison  professe  des  Jésuites  de  Paris), 
admirable  livre  d'heures  de  la  première  moitié  du  xv' siècle, 
qui  a  été  exécuté  pour  un  membre  de  la  famille  de  Rohan. 
Sur  les  marges  des  289  feuillets  dont  il  se  compose,  le 
peintre  a  figuré  les  scènes  de  l'histoire  sainte  depuis  la  Créa- 
tion jusqu'à  la  mort  de  Moïse.  Les  sujets  et  les  légendes  sont 
les  mêmes  que  les  sujets  et  les  légendes  des  cent  premiers 
feuillets  du  ms.  français  966 1,  et  la  comparaison  des  deux 
exemplaires  permet  de  constater  les  lacunes  ou  les  interver- 
sions qui  sont  dans  l'un  et  dans  l'autre.  Citons-en  seulement 
deux  exemples.  Les  tableaux  des  folios  49,  02,  58,  61,  6a, 
64,  66,  67  et  69  du  livre  d'heures  de  la  famille  de  Rohan 
n'ont  point  leur  équivalent  dans  le  ms.  français  9661,  et 
l'examen  des  folios  73  et  suiv.  de  ce  même  ms.  français  966 1 
prouve  que  la  série  de  peintures  qui  orne  les  folios  2  7*44  de 
l'autre  manuscrit  aurait  dû  prendre  place  entre  les  folios  209 
et  210,  de  façon  que  la  légende  du  folio  27  V''  vînt  immé- 
diatement après  celle  du  folio  209  v°,  et  la  légende  du 
folio  44  v°  immédiatement  avant  celle  du  folio  210,  comme 
le  fait  voir  la  simple  lecture  des  textes  : 


LIVRES  D'IM.\GES.  253  .   . 

XIÏ   SIECLE. 

Fol.  a 09  v°.  Icy  parle  Moyse  a  Dieu  en  la  niontaigne  dedens  la  de- 
meure  que  Moyse  y  fit.  Sy  vint  li  peuples  et  prindrent  leurs  aniaux  et 
leurs  aficlies.  et  le  fondirent  ensemble.  Icelle  fondure  devint  ung  torel. 
—  F'ol.  2 y  v".  Ce  que  Moyse  parle  a  Dieu  en  la  niontaigne,  senefie  que 
saint  Pierre  parle  a  Dieu  des  secrés  du  ciel.  Ce  que  ly  peuples  formèrent 
le  torel ,  senefie  ceuLx  qui  par  leurs  amassemens  de  leurs  avoirs  forment 
le  dyable. 

Fol.  !i  4  v°.  Ici  vient  le  peuple ,  sy  oflrent  le  vcel  que  nous  avons  devant 
dit.  —  Fol.  210.  Ce  que  ilz  offrent  le  veel,  senefie  ceulx  qui  sont  lavez 
de  tous  péchés  et  font  offrande  a  Jhesu  Crist  et  il  les  reçoit. 

L'ordre  que  nous  venons  d'indiquer  est  celui  qui  est  ob- 
servé dans  le  nis.  français  9561,  aux  folios  yS  et  suiv. 

Les  peintures  du  livre  d'heures  de  la  maison  de  Rohan 
dérivent  de  celles  du  nis.  français  9661,  ou  d'un  type  ana- 
logue. Pour  s'en  convaincre,  il  suffît  de  comparer  le  folio  6 
du  premier  de  ces  livres  avec  le  folio  5  v°  du  second.  Le 
peintre  avait  à  représenter  les  diverses  conditions  de  la  so- 
ciété, symbolisées  par  les  différentes  espèces  de  poissons 
dont  le  Créateur  a  peuplé  les  mers  :  «  Ce  que  Dieux  garnist 
«  la  mer  de  diverses  manières  de  poyssons,  senefie  Jhesu 
«  Crist  qui  garnist  le  monde  de  diverses  manières  de  gens.  » 
Le  tableau  qui  correspond  à  ce  texte  dans  les  deux  manu- 
scrits est  partagé  en  trois  registres.  En  haut,  à  gauche,  deux 
cavaliers;  à  droite,  un  entretien  dans  une  salle  de  château. 
Le  compartiment  du  milieu  est  rempli  par  un  morceau  de 
mer  sur  lequel  voguent  trois  bateaux.  Dans  le  comparti- 
ment inférieur,  en  allant  de  gauche  à  droite,  nous  voyons 
un  homme  et  une  femme  s'embrassant  à  l'entrée  d'une  mai- 
son, puis  deux  joueurs  d'échecs,  et  enfin  deux  marchands 
occupés  à  peser  de  l'or.  11  est  évident  que  les  deux  peintres, 
livrés  à  leurs  propres  inspirations,  n'auraient  pas,  chacun 
de  leur  côté,  trouvé  ces  six  scènes,  pour  caractériser  les  di- 
verses conditions  de  la  vie  humaine. 

Nous  ignorons  dans  quelles  circonstances  et  pour  quel  '"*«s* 

1  "  *      .      ,  .  ,      ,  *  .      1     1  DE  Ll  BiBI.E. 

grand  personnage  on  a  peint,  au  xiii*  siècle,  une  suite  de 
tableaux  bibliques  dont  quatre  pages  ont  été  recueillies  par 
1  9 


x.*'..icL..       254  LIVRES  IXIMAGES. 

la  Bibliothèque  nationale  (Nouv.  acq,  lat.  2294).  Ce  recueil 
devait  former  un  livre  de  très  grand  luxe.  Chaque  tableau, 
divisé  en  plusieurs  compartiments,  ne  mesure  pas  moins 
de  265  millimètres  de  hauteur  sur  260  de  largeur,  ou  en- 
viron. La  composition,  le  dessin  et  le  coloris  sont  très  remar- 
quables. Des  légendes  explicatives  en  latin  sont  disposées 
sur  la  marge  supérieure  et  la  marge  inférieure  de  chaque 
page.  Le  fragment  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale 
nous  offre  différentes  scènes  de  la  vie  d'Absalon.  Voici, 
à  titre  d'exemple,  les  inscriptions  qui  accompagnent  les 
derniers  tableaux  : 

Qualiter,  cum  Absalon  duobus  annis  patris  faciem  non  vidisset ,  et  bis 
misisset  pro  Joab  ut  eum  ad  patrem  suum  mitteret,  Hlo  non  veniente, 
ad  se  misit  servos  suos  qui  messem  ejus  incenderent.  Quo  damno  motus , 
Joab  venitad  Absalon,  et  ille  eum  mittit  ad  regem. 

Qualiter.  interveniente  Joab,  Davit  rex  Absalon  filium  suum  recon- 
ciliatum  osculatur. 

Qualiter  Absalon,  animum  ad  regnandum  habens,  stabat  in  porta 
domus  régie,  et  omnes  venientes  ad  judicium  blandis  sibi  sermonibus 
copulabat,  quasi  eis  compateretur  quia  justitiam  non  invenirent  in  au* 
ditorio  régis  ;  omnes  quoque  ad  se  venientes  osculabatur,  et  cum  boc 
quadriennio  fecisset ,  tandem  petiit  a  rege  iicentiam  eundi  in  Hebron  ad 
solvendum  votum. 

Qualiter  rex  dat Iicentiam  Absalon,  et  ille,  cum  curru  et  cum  ducentis 
viris  de  Jérusalem  ab  eo  vocatis  et  ad  quid  ducerentur  ignorantibus , 
vadit  in  Ebron ,  proposito  rebellandi. 

Les  marges  de  chaque  page  portent  aussi  des  légendes 
explicatives  en  persan,  relativement  modernes,  dont 
M.  Schefer  a  donné  la  traduction  sur  un  feuillet  de  garde, 
et  dont  l'origine  ne  saurait  prêter  au  moindre  doute. 
BiU.  de  l'Kcoie  En  effet,  M.  Paul  Durrieu  a  remarqué  dans  la  biblio- 
P*'386''  '**''  thèque  de  sir  Thomas  Phillipps,  à  Cheltenham,  sous  le 
n°  8026  [bis],  un  volume  de  43  feuillets,  lesquels  sont  cou- 
verts, au  recto  et  au  verso,  de  tableaux  bibliques,  du  même 
style  et  des  mêmes  dimensions  que  ceux  du  fragment  de  la 
Bibliothèque  nationale,  et,  comme  ces  derniers,  accompa- 
gnés d'une  ancienne  explication  latine  et  de  légendes  en 


LIVRES  D'IMAGES. 


255 


xit*  sikcti. 


persan.  Une  note  jointe  au  manuscrit  de  Cheltenham  nous 
apprend  que  ces  tableaux  furent  ofTerts  à  Schah  Abbas  le 
Grand,  roi  de  Perse,  par  le  cardinal  Bernard  Maciejowski, 
évêque  de  Cracovie,  mort  en  1608. 

Les  feuillets  possédés  par  sir  Thomas  Phillipps  devaient 
former  le  commencement  du  volume  ;  ils  conduisent  l'his- 
toire sainte  jusqu'au  milieu  du  règne  de  David. 

Au  groupe  des  compositions  que  nous  étudions  doivent 
se  rattacher  des  rouleaux,  ornés  de  peintures  sur  lesquels 
on  a  disposé  synoptiquement  la  succession  des  événe- 
ments de  l'histoire  sainte  et  parfois  aussi  ceux  de  l'his- 
toire profane.  L'usage  en  devint  très  général  à  la  fin  du 
xiv'  siècle  et  surtout  au  xv°.  Il  y  en  avait  un  exemplaire 
dans  la  librairie  de  Charles  V,  au  Louvre  :  «  Les  ans  de  la  na- 
«  tivité  Nostre  Seigneur  Jésus  Crist  puis  Adam,  de  l'aage  du 
«  monde,  et  aussi  des  papes,  empereurs  et  rois  de  France, 
«paint,  historié  et  escript  selon  un  arbre,  en  parchemin 
«ployé  par  manière  d'unes  tables,  et  c'est  pour  mettre  en 
«  roole.  »  La  vogue  de  ces  rouleaux  subsista  même  après 
l'invention  de  l'imprimerie,  comme  l'atteste  le  succès  de 
plusieurs  éditions  que  des  libraires  parisiens  en  firent  im- 
primer, sur  vélin  et  sur  papier,  du  temps  de  François  I", 
avec  le  titre  de  «  Cronica  cronicorum  abbregé  et  mis  par 
«  figures,  descentes  et  rondeaux».  L'origine  en  remonte  as- 
surément au  xiii*  siècle.  L'un  des  plus  anciens  exemples  que 
nous  en  puissions  citer  a  figuré  dans  les  galeries  de  l'His- 
toire du  travail  à  l'Exposition  de  1889,  où  M.  Gélis-Didot 
avait  bien  voulu  l'envoyer.  L'exemplaire  dont  nous  parlons 
parait  dater  de  la  seconde  moitié  du  xiii*  siècle.  11  consiste 
en  bandes  de  parchemin  assez  étroites,  sur  lesquelles  un 
texte  plus  ou  moins  développé  encadre  les  médaillons  ou 
«  rondeaux  » ,  dont  le  champ  est  occupé  par  la  représentation 
des  scènes  les  plus  remarquables  de  fAncien  et  du  Nouveau 
Testament.  En  tête,  le  peintre  a  figuré  ii  Majesté  divine, 
dans  un  nimbe  que  soutiennent  deux  anges  et  sous  lequel 
se  dresse  un  grand  chandelier  à  sept  branches. 


RisVMK 

DE 

l'HiSIOIHK    S*lSTt 

EN  ROULEAUX. 


Delisle,  Le  Ca- 
bine! des  man. . 
III,  i55,n'888. 


Brunet,    Man., 
I,  1861  et  186a. 


XIV*  SIÈCLE. 


256  LIVRES  D'IMAGES. 

L'auteur  explique  ainsi  cette  double  figure,  et  donne 
ensuite  les  raisons  qui  l'ont  déterminé  à  entreprendre  un 
travail  ^  dont  il  vante  les  nombreux  avantages  : 

In  principio  hujus  intellectus  figura  Majostatis  candclabro  siiperpo- 
nitur,  ut  per  hoc  designetur  septiformis  Spiritus  sancti  gratis ,  veï  intel- 
ligaiitur  sepleni  spiritus  quos  Johannes  in  Apocalipsi  antc  tlironum  Dei 
assistentes  se  vidisse  describit;  in  quo  etiam  sepfiformi  candélabre  si- 
mileni  filio  hominis  ambulanteni,  liabcntein  septem  stellas  in  dextera, 
vidit,  in  quibus  stcllis  desigiiantur  angeli  septi-ni  niissi  septem  ecclesiis 
Asie,  que  significantur  per  candelabra.  Est  autem  ipse  similis  filio  ho- 
minis, alpha  et  oméga,  primus  et  novissimus,  initium  et  finis,  qui  erat 
et  qui  venturus  est. 

Gansa  hujus  compilationis.  Facta  est  ut  illi  qui  ad  plenamTestamenti 
doctrinam  non  possunt  perlingere  noticiam  saltem  rerum  gestariim  per 
hystoricam  successionem  habeant. 

Considerans  hystorie  sacre  prolixitatem ,  necnon  et  difficultatem  sco- 
larium  circa  studium  sacre  lectionis,  et  maxime  illius  que  in  hystorie 
fundamento  \ersatur,  negligenciam  quoque  quorumdam  ex  libroruni 
inopia  impcritie  sue  solatia  querentium  volentiumque  quasi  in  quodam 
sacculo  memoriter  tenere  narraciones  hystoriarum,  temptavi  seriem 
sanctorum  patrum,  a  quibus  per  leviticam  et  regaicm  tribum  Ghristus 
originem  duxit,  cum  eorum  operibus,  in  unum  opuscuium  redigere, 
quod  et  fastidientibus  prolixitatem  propter  subjectam  oculis  formam 
animi  sit  oblectatio,  et  a  studiosis  possit  pre  oculis  habita  facile  me- 
morie  commendari,  et  legentibus  utilitas  conferri;  in  quo  quidem  labo- 
rem  non  facilem,  immo  negocium  plénum  vigiliarum,  assumpsi,  cum 
brevitati  secundum  datam  formam  ila  studui  ut  nichil  de  veritate  hys- 
torie detruncarem,  sed,  ab  Adam  inchoans,  per  Patriarchas,  Judices, 
Reges,  Prophetas,  et  Sacerdotes  eis  conteniporaneos,  per  reges  quo- 
que aliarum  nationum  qui  infestaverunt  terram  israeliticam ,  usque  ad 
Christum,  finem  scilicet  nostrum,  ordinem,  nomina  singulorum  et  ge- 
nerationes  describens,  compendiose  perduxi. 

Volentes  igitur  in  intellectu  hujus  compilacionis  doceri  qui  nondum 
in  plena  librorum  série  studuerunt ,  qui  vero  etiam  de  hiis  que  de  Ve- 
teri  Testamento  in  ecclesia  Dei  fréquenter  leguntur  noticiam  habent  au- 
diant  saltem  narrationem  hystoriarum ,  vel  breviler  que  in  bac  forma 
subiciuntur,  ac  per  hoc  poterunt  patres  Veteris  Testamenti  et  eorum 
generationes  et  tempora  scire,  et  multa  dubitacionis  scrupula  minus  in- 
telligentibus ,  in  predictis  occurrentia,  amputari. 

'  Ce  travail  offre  beaucoup  d'anale-  (t.  XVI,  p.  /I87),  qui,  dans  le  va».  !•- 
gie  avec  l'opuscule  de  Pierre  de  Poitiers  lin  lii^b ,  fol.  1 36,  est  intitulé  :  Com- 
mentionné     dans   l'Histoire     littéraire        pendium  historié  in  genealogia  Chmti. 


LIVRES  D'IMAGES.  257  .   , 

\IV'  SIÈCLE. 

Après  avoir  passé  en  revue  une  assez  longue  séries  de  ma-  ~^ 

nuscrits  à  peintures  qui  embrassent  toutes  les  parties  de  la 
Bil)le,il  convient  de  parler  de  compositions  moins  étendues, 
qui  se  rapportent  à  certains  livres  de  la  Bible  en  particu- 
lier. Tels  sont,  pour  l'Ancien  Testament,  le  livre  de  Job  el 
le  p.saiitier. 

L'histoire  de  Job  était  facile  à  représenter  en  images.  Au  iiisTomEDKJoi.. 
xn'  siècle,  un  artiste  du  nord  de  la  France  l'a  traitée  dans 
une  suite  de  vingt-huit  tableaux,  les  uns  simplement  l racés 
à  la  plume,  les  autres  plus  ou  moins  grossièrement  enlu- 
minés. Ces  tableaux  servent  d'introduction  à  une  copie  des 
huit  derniers  livres  des  Morales  de  saint  Grégoire,  (pii  vient 
d'une  église  du  Cand)résis  et  qui,  reliée  aux  armes  du  car- 
dinal de  Richelieu,  est  arrivée  à  la  Bibliothèque  nationale 
(fonds  latin,  u°  16675)  avec  les  manuscrits  de  la  Sor- 
bonne.  Chaque  sujet  est  expliqué  par  une  inscription  en 
vers  latins;  en  outre,  beaucoup  de  personnages  tiennent  de 
petits  rouleaux  de  parchemin  sur  lesquels  sont  écrites  les 
paroles  (pi'ils  sont  censés  prononcer.  Quelques  mots  sur  les 
premiers  tableaux  feront  comprendre  le  plan  du  travail. 

Premier  tableau.  Job  et  sa  femme  sont  assis  au  miliiMi  d«' 
leurs  .sept  fils  et  de  leurs  trois  filles  : 

Iriter  lionoratos  Dominus  Job  magnificavit, 
Qui  seplem  natos  et  très  natas  generavit. 

Le  saint  homme  recommande  à  ses  enfants  de  .servir 
fidèlement  le  Seigneur  : 

IHi  servite  qui  dat  spiracuia  vite, 

Qui  vos  plasmavit,  animavit,  sensificavit. 

Deuxième  tableau.  Job  bénit  ses  filles  et  leur  permet  de 
prendre  part  aux  festins  de  leurs  frères: 

Prandia  fraterna  benedictio  fada  paterna 
Cum  natis  natas  concessit  adiré  vocatas. 

TOME   \X\l.  '33 

t  9  ♦ 


ivfaivtnic    ?iATio^tt.r . 


x.v'MicLs.        25^  LIVRES  DIMAfiES. 

Les  filles  s'adressent  à  leur  père  en  ces  termes  : 
Ad  fratrum  mensas  sine  nos,  paler,  ire  rogalas. 

Job  accède  à  leur  prière  : 

Felices  ite,  felicius  inde  redite. 
Troisième  tableau.  Festin  des  enfants  de  Job  :• 

Hos  coadunatos  pax  et  pietas  sociavit , 
Qiios  convivatos  patris  hostia  sanctificavit. 

Quatrième  tableau.  Dialogue  entre  le  Seigneur  et  Salaii 
au  sujet  de  Job.  Le  Seigneur  interpelle  Satan  : 

Tu,  Satan, undevenis?  An  Job  tibi  subderequeris;^ 

Satan  répond  : 

Non  queo  temptare  quem  te  cogiiosco  jiivare. 

La  cour  céleste  chante  les  louanges  du  Seigneur  : 

Ter  resonat  sanctum  te  vox  pia  vociferantum. 
Gloria,  piasmator,  tibi  sit;  tibi  iaus,  reparator. 

L'inscription  mise  en  tète  du  tableau  rappelle  un  autre 
détail  de  cette  scène  : 

Admixtus  sanctis  ex  pcrmissu  Dominantis, 
Que  Job  possedit  Satan  hec  sil)i  cuncta  subegit. 

CiiKjuième  tableau.  Les  Sabéens  massacrent  les  serviteurs 
de  Job  et  emmènent  ses  troupeaux  : 

(jcns  inimica  Dei  simui  advencre  Sabçi, 
Servos  straverunt  asinosquc  bovesque  tulerunt. 

Sixième  tableau.  Un  serviteur  vient  annoncer  à  Job  les 
malheurs  qui  l'ont  frappé  : 

Rébus  sublatis  fugio  puerisquc  nccatis. 

A  cette  nouvelle,  Job  bénit  le  Seigneur  : 

Qui  (ledit  ablata,  sit  ei  benedictio  grata. 


LIVRES  D'IMAGES.  259       ^,^.^,,^^, 

L'inscription  du  tableau  mentionne  simplement  rarrivéo 
du  serviteur  qui  avait  échappé  au  désastre  : 

Unus  servoium,  mortcm  fugiens  sociorum, 
Accurrit  llcndo ,  quod  conligerat  referendo. 

D'après  ces  exemples,  qu'il  serait  inutile  de  multiplier, 
il  est  évident  que  les  vers  ont  été  composés  pour  expliquer 
le  sujet  des  tableaux  et  que,  s'ils  en  élaienl  séparés,  ils  de- 
viendraient inintelligibles. 

M.  Louandre  a  fait  quelques  emprunts  au  ms.  latin  1 5675 
pour  orner  l'ouvragc!  intitulé  Les  Arts  somptuaires,  et  M.  le 
comte  de  Bastard  en  a  fait  lilhographier  deux  pages  (fol.  !\ 
et  7  v°)  sur  une  planche  dont  une;  épreuve  est  insérée  dans 
plusieurs  exemplaires  des  Peintures  et  ornements  des  ma- 
nuscrits (n"  2  48  ter). 

De  toutes  les  parties  de  l'Écriture  sainte,  le  psautier  est  le  Ps^utikks. 
livre  dont  les  clercs  et  les  lais  firent  le  plus  fréquent  usage 
au  moyen  âge.  Dans  la  plupart  des  monastères,  la  récitation 
des  psaumes  était  le  principal  exercice  de  piété  imposé  aux 
religieux  non  engagés  dans  les  ordres.  C'était  aussi  la  pra- 
tique de  presque  tous  les  couvents  de  femmes.  Le  psautier 
était  à  peu  près  le  seul  livre  de  prières  qui  fût  mis  entre  les 
mains  des  fidèles  jusqu'au  xiv*  siècle,  époque  à  laquelle 
commença  la  vogue  des  livres  d'heures  proprement  dits. 
L'emploi  du  psautier  comme  l'un  des  premiers  livres  de 
lecture  dans  les  écoles'  dura  plus  longtemps  encore,  et  des 
vestiges  de  cet  emploi  se  sont  perpétués  jusqu'au  xix*  siècle. 
Aussi  rien  n'est  plus  varié  que  les  formes  sous  lesquelles  nous 
sont  parvenus  les  psautiers  du  moyen  âge.  En  dehors  des 
textes  destinés  à  l'enseignement  des  professeurs  et  aux  études 
des  théologiens,  il  faut  distinguer,  d'une  part,  ceux  qui  ser- 

'   A  l'époque  carlovingienne  on    se  la  récitation  sur  des  exemplaires  écrits 

servait  du  psautier  pour  rendre  l'usage  en  notes.  Telle  est ,  selon  toute  appa- 

des  notes  tironiennes  familier  aux  reli-  rence,  l'origine  des  psautiers  tironiens 

gieux.  Comme  ceux-ci  savaient  par  cœur  du  ix*  et  du  x*  siècle,  qui  sont  assez  nom- 

le  texte  des  psaumes ,  ils  en  suivaient  breux  dans  les  bibliotnëques. 

33. 


ilV'  SitCtK. 


260  LIVRES  D'IMAGES. 


valent  au  clergé  pour  la  célébration  des  offices  et  qui  ont  un 
caractèn;  essentiellement  liturgique;  d'autre  part,  ceux  qui 
étaient  jirincipalement  destinés  aux  fidèles,  soit  pour  leur 
ap])ren(lre  à  lire,  soit  pour  leur  expliquer  les  mystères  de 
la  religion,  soit  pour  leur  tenir  lieu  de  livres  d'heures. 
Nous  n'avons  à  nous  occuper  ici  que  des  psautiers  do  cette 
(hîrnière  catégorie,  qui  comprend,  à  la  fois,  des  volumes 
de  la  |)lus  modeste  condition,  et  des  volumesdu  plus  grand 
luxe,  qu'on  trouvait  seulement  dans  les  monastères  les  plus 
o|)u lents  et  dans  les  châteaux  les  plus  fastueux. 

H  serait  hors  de  propos  de  remontera  l'époque  carlovin- 
giennc  pour  examiner  ces  admirables  psautiers  qui  font 
tant  d'bonneur  aux  calligraphes  et  aux  peintres  du  ix'^et  du 
\'  siècle;  il  suffit  d'en  rappeler  d'un  mot  les  types  les  plus 
célèbres  :  le  psautier  de  l'empereur  Lothaire,  jadis  conservé 
à  l'abbave  de  Saint-Hubert,  celui  de  Charles  le  Chauve, 
longlcMups  gardé  au  trésor  de  la  cathédrale  de  Metz,  et  les 
deu\  psautiers  du  monastère  de  Saint-Gall.  Mais  nous  ne 
pouvons  |)as  nous  dispenser  de  parler  d'un  grouj)e  de  psau- 
tiers dont  l'origine  doit  être  incontestablement  rap])ortée  au 
ix*^  siècle  et  dont  les  peintures  servaient  encore,  au  xui*  et 
au  XI v'  siècle,  à  l'instruction  religieuse  des  classes  les  plus 
élevées  de  la  société.  Ce  sont  de  grands  livres,  dans  lesquels 
chaque  psaume  est  accompagné  d'un  tableau  inspiré  par 
le  sens  lilléral  ou  figuré  d'un  ou  de  plusieurs  versets. 

Le  j)lus  ancien  manuscrit  de  ce  groupe  est  le  célèbre 
psautier  de  l'université  d'Utrecht,  qui  paraît  avoir  été  fait 
au  IX'  siècle  et  dont  l'élude  est  devenue  singulièrement  facile 
depuis  que  la  Société  paléographique  de  Londres  en  a  pu- 
blié une  reproduction  autolypique,  et  que  M.  le  docteur  An- 
S|.n.i^cr  (  Aiii.>,  toi  ne  Springer  en  a  expliqué  les  sujets,  en  les  rapprochant  des 
tableaux  correspondants  d'un  manuscrit  grec  du  x"  siècle, 
cons(;rvé  à  Moscou.  Deux  autres  psautiers,  dont  les  peintures 
se  rattachent  évidemment  au  même  type  que  celles  du  ma- 
nuscrit d'Utrecht,  sont  conservés  en  Angleterre,  l'un  au 
Musée  britannique,  n"  6o3  du  fonds  Harléien,  l'autre  au 
collège  d«î  la  Trinité  de  Cambridge.  Le  premier,  datant  du 


DiePsalter-llliistr. 
p.  107 


LIVRES  D'IMAGES.  261        ,.^. ,,,,, 


XI*  siècle,  ne  contient,  comme  le  manuscrit  d'Ulroclit,  que 
la  version  du  psautier  désignée  sous  le  titre  de  lioinana;  le 
second  nous  offre,  en  regard  les  unes  des  autres,  les  trois 
versions  latines  appelées  Hebrœa,  lioinana  et  Gallicana;  il 
contient,  en  outre,  deux  colonnes  de  gloses,  et  le  copiste 
a  inséré  une  traduction  française  et  une  traduction  anglo- 
saxonne  dans  les  interlignes  des  deux  premières  versions  la- 
tines. Ce  psautier  polyglotte,  dont  la  partie  française  a  été 
publiée  en  1876  par  M.  Francisque  Michel,  dans  la  Collec- 
tion de  documents  inédits  sur  riiistoire  de  France,  est 
l'œuvre  d'un  moine  anglais  nommé  lùidwina.'i ,  qui  a  fait 
connaître  son  nom  par  six  vers  placés  à  la  fin  du  livre.  Le 
manuscrit  du  collège  de  la  Trinité  de  (>aml)ridgo  nous  ])a- 
raît  devoir  être  rapporté  à  la  fin  du  xii''  siècle.  Il  offre  une 
grande  analogie  avec  le  Psautier  (pii  porte,  à  la  I^ihliollièque 
nationale,  le  n"  884()  du  fonds  latin,  et  (jui  renferme  les 
trois  anciennes  versions  latines,  deux  colonnes  de  gloses  et, 
dans  les  interlignes  de  la  première  version  latine,  la  même 
traduction  française  que  le  manuscrit  de  Cambridge.  Ce 
n°  8846  semble  avoir  été  exécuté  vers  le  commencement  du 
xiii"  siècle;  c'est  assurément  un  travail  anglais  :  au  début  des 
psaumes  lix,  lxiv,  lxxvii  et  lxxxvii  (fol.  io3  v",  109  v°, 
i35  et  i54  v°),  le  copiste  a  tracé  quelques  mots  de  la  tra- 
duction anglo-saxonne  au-dessus  des  mots  correspondants 
de  la  version  romaine.  Dans  ce  manuscrit,  dont  une  page 
a  été  reproduite  en  fac-similé  dans  la  PabJographie  univer- 
selle (pi.  184),  le  texte  s'arrête  au  verset  7  du  psaume  xcviii, 
par  suite  de  la  perte  des  derniers  cahiers  du  volume. 

Que  les  manuscrits  d'Utrecht,  de  Londres,  de  Cambridge 
et  de  Paris  qui  viennent  d'être  indiqués  forment  une  seule 
et  même  famille,  comme  l'ont  déjà  annoncé  M.  Westwood,     .  \Veawuo<i, i a< 
M.  Walter  de  Gray  Birch,  M.  le  docteur  A.  Springer  et   Lrii  (wde  (;.), 
M.  Samuel  Berger,  c'est  ce  nue  prouve  surabondamment   J^^  Uireci.t  psai 

O       ■  _      l  r  ter,  p.  1 1]  et  sniv. 

l'examen  comparatif  des  peintures  dont  ils  sont  ornés.  Pre-   —  springer,  Dit 

11,  \l  •  i*ii  1        Psalter -Illustrât., 

nons  pour  exemple  le  tableau  mis  en  tête  du  psaume  xi  .    p.  „,.  _  Berge. 

(S.),  La  Bible  Ir., 
'  Le  tableau   du    psaume   xi   a  été        tableau  tel  qu'il  existe  dans  les  ma^-     p.  i-g. 
clioisi  parce  que  la  reproduction  de  ce         nuscrits   d'Utreclit,  de  Londres  et  de 


>t\'  siici.E. 


262 


IJVRES  DIMAGES. 


L'arlisle  chargé  flexprimpr  par  le  dessin  ou  ia  peinture 
quelques-unes  des  idées  du  psalmisle  a  représenté  dans  un 
même  cadre  sept  groupes  de  personnages  :  1°  des  malheu- 
reux qui  invoquent  le  Seigneur  :  Salvum  me  fac,  Domine 
(verset  i);  1°  des  hommes  conversant  entre  eux  :  Vana  lo- 
ciili  suiit  iinus(jms(jue  ad  proximnm  suum  (verset  3);  3"  le  Sei- 
gnour  chargeant  un  ange  de  défendre  It's  malheureux  (jui 
l'ont  invoqué  :  Proptcr  miseriam  inopnm  cl  (fcmilum  panperum 
mute  e.rutfiam,  dicit  Dominas  (verset  G);  4°  deux  ouvriers 
traitant  de  l'argent  dans  une  forg*'  :  Anjcntwn  ifjnc  cxaminalam 
(versol  7);  5°  et  fi" des  Jiommes  faisant  pénihlement  tourner 
les  uns'  une  meule  gigantesque,  les  autres  un  énorme  ca- 
heslan  :In  circtiila  impii (inibnlant  (verset  9);  7"  la  multitude 
des  fds  des  hommes  :  Mulliplicasti  films  lionnnum  (verset  9). 
On  reirouve  ces  sept  groupes  disposés  d'une  façon  iden- 
tique dans  les  quatre  manuscrits  d  IJfrechl,  de  Londres,  de 
Cand)ridge  et  de  Paris  :  preuve  évidente  que  ces  quatre 
])sautiers  ont  tous  une  origine  commune. 

Il  importe  de  distinguer  deux  suites  de  peintures  dans  le 
ms.  latin  8846.  La  première  se  compose  de  tableaux  repré- 
sentant les  mêmes  scènes  que  les  tableaux  correspondants 
des  trois  autres  psautiers;  mais,  à  partir  du  psaume  lui, 
les  sujets  traités  dans  les  peintures  du  ms.  8846  sont  tout 
à  fait  indépendants.  Cette  seconde  suite  de  tableaux  a  été 
ajoutée  après  coup;  elle  ne  date,  selon  toute  apparence,  que 
de  la  fin  du  xiii'^  siècle  ou  du  commencement  du  xiv*, 
époque  à  laquelle  le  volume  avait  déjà  été  apporté  en 
France'.  L'artiste  qui  l'a  exécutée  appartenait  peut-être  à 


(^mhridgc  se  trouve  au  commencement 
du  volume  intitulé  The  historj',  art  and 
paJœo'jiapliy  oj  the  manuscript  styled  ihe 
Utreclit  /).«n/(er,  l)y  WallcrdeCîrav  Birch  ; 
London,  1876,  in-S". 

'  On  ignore  al>solument  par  quelles 
moins  a  |)assp  le  Psautier  n'  88iG. 
M.  le  comte  de  Bnstard,  qui  en  a  foit 
entrer  une  pape,  le  fol.  à  r°,  dans  plu- 
sieuis  exemplaires  des  Peintures  et  orne- 
ments des  manuscrits  fn"  a/i8  his),  pré- 


tend, à  divers  endroits  de  ses  Etudes 
de  symbolique  chrétienne  (p.  ag,  3o  et 
190],  que  ce  magnifique  volume  a  ap- 
partenu à  Jean ,  duc  de  Berri.  Non» 
avons  vainement  cherché  les  preuves 
de  cette  attribution.  Nous  ignorons  de 
m6mc  quelle  raison  a  pu  faire  supposer 
au  même  auteur  que  les  peintures  du 
psautier  ont  été  exécutées  dans  l'ab- 
baye de  Saint -Vaast  d'Arras  [ihid., 
p.  i63). 


LIVRES  D'IMAGES.  263 

une  école  d'Italie;  il  n'avait  certainement  pas  sous  les  yeux 
les  modèles  ([u'avait  servilement  copiés  le  peintre  à  qui 
nous  devons  les  premiers  tableaux  du  volume. 

Il  reste  une  remarque  à  faire  sur  le  ms.  88/(6.  C'est 
((u'on  y  a  représenté,  sur  quatre  feuillets  préliminaires, 
les  principales  scènes  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament. 
Une  page  entière  (fol.  4)  est  remplie  par  dix-huit  médail- 
lons renfermant  les  bustes  des  prophètes.  Septaulnvs  pages, 
divisées  chacune  en  douze  compartiments,  nous  offrent 
qualre-vingl-quatre  petits  tableaux  de  l'histoire  sainte,  depuis 
la  Création  jusqu'à  la  Passion  de  Notre-Seigneur.  Il  manque 
peut-être  une  ou  deux  pages  consacrées  à  la  dernière  pé- 
riode de  la  vie  de  Jésus-Christ  et  aux  Actes  des  apôtres.  Le 
sujet  de  chaque  tableau  est  expliqué  par  une  inscription 
tracée  au-dessus  de  chaque  cadre;  par  exemple  pour  l'his- 
toire de  Joseph  :  Ubi  Joseph  positus  fuit  in  cisternain  a  fratiibus 
suis;  —  Ubi  vcndiderunt  eumfrativs  sui  Ysniaelitis;  —  Joseph; 
Horrea  Pharaonis  ;  —  Ubi  venit  Jacobus,  clfilii  sui,  in  lùjypluni 
ad  Joseph  filiuni  suum;  —  Ubi  Joseph  adduxit  patrem  suuni  unie 
Pharaonem. 

Dans  le  manuscrit  de  Cambridge  et  dans  celui  de  la  Bi- 
bliothèque nationale  dont  il  vient  d'être  question,  la  tra- 
duction française  du  psautier  est  juxtaposée  au  texte  latin 
connu  sous  la  dénomination  d'hébraïque.  Une  autre  tra- 
duction française  accompagne  le  texte  gallican  dans  un 
assez  grand  nombre  d'exemplaires  du  psautier,  dont  les  plus 
importants  sont  :  le  manuscrit  de  l'abbaye  de  Montebourg, 
aujourd'hui  n"  3 Qo  du  fonds  Douce  à  la  Bodléienne,  d'après 
lequel  M.  Fr.  Michel  en  a  publié  une  édition  en  1 86o  ;  le  ms. 
latin  768  de  la  Bibliothèque  nationale,  qu'on  a  sans  motif 
bien  plausible  attribué  à  l'abbaye  de  Corbie;  trois  manuscrits 
du  Musée  Britannique,  le  n"  5io3  du  fonds  Harléien,  le 
n"  2  3o  du  fonds  Arundel  et  Nero.  C.  iv  du  fonds  Cottonien; 
enfin  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  royale  de  Munich 
(franc.  16),  qu'on  suppose  avoir  été  fait  pour  Isabelle  de 
France,  fille  de  Philippe  le  Bel  et  femme  d'Edouard  II,  roi 
d'Angleterre.  Tous  ces  manuscrits,  sauf  peut-être  le  premier. 


XIV    SIECLE. 


\IV    MECLÏ. 


26'i  LIVRES  DIM\C]ES. 

sont  (rorigine  anglaise,  à  on  juger  par  les  noms  des  saints 
qui  figurent  dans  les  calendriers  et  dans  les  litanies. 

La  provenance  du  ms.  768  de  la  Bibliothèque  nationale 
pouvait  au  premier  abord  inspirer  quelques  doutes;  mais 
toute  incertitude  se  dissipe,  quand  un  examen  minutieux 
du  calendrier  permet  de  constater  qu'on  en  a  fait  dispa- 
raître par  d'habiles  grattages  les  noms  de  saint  Culhbert,  au 
•20  mars;  de  saint  Dunstan,  au  ig  mai;  de  saint  Augustin, 
archevêque  de  Cantorbéry,  au  >.G  mai;  de  saint  Alban,  au 
22  juin;  de  sainte  Mildrède,  au  i3  juillet,  etc. 

L'usage  de  mettre  au  commencement  du  psautier  un  ré- 
sunu'  de  l'histoire  sainte  en  images  devint  assez  général  à  la 
fin  (In  xii'^el  pendant  le  xiii" siècle.  Userait  fastidieux d'énu- 
mérer  tous  les  jrsautiers  portatifs  qu'on  fit  alors  précéder 
d'une  introduction  de  ce  genre.  Il  suffira  d'en  indiquer 
plusieurs,  qui  se  recommandent  à  la  fois  comme  œuvres 
d'art  et  plus  souvent  encore  par  les  souvenirs  historiques 
qui  y  sont  restés  attachés.  Tels  sont  ceux  qui  passent,  avec 
plus  ou  moins  de  raison,  pour  avoir  servi  à  des  membres 
de  la  famille  royale  pendant  le  xiii*  siècle  et  au  commence- 
ment du  xiv",  jusqu'à  l'avènement  des  princes  de  la  maison 
de  Valois. 

11  faut  attribuer  à  la  reine  Ingeburge,  femme  de  Philippe 
Auguste,  un  très  beau  psautier  du  commencement  du 
xiii"  siècle,  qui  appartient  aujourd'hui  à  la  famille  de  Puy- 
Ségur,  après  avoir  été  possédé  pendant  les  deux  derniers 
siècles  par  la  famille  de  Mesmes.  Il  s'ouvre  par  un  calen- 
drier, dans  lequel  on  a  marqué,  d'abord,  au  5  et  au  1  3  mai, 
la  mort  de  Solie,  reine  de  Danemark,  et  celle  de  Waldemar, 
roi  des  Danois;  puis,  au  27  juillet,  la  victoire  de  Bouvines  : 
«Sexto  halendas  Augusti,  anno  Domini  M  ce  quarto  decimo, 
«  vainqui  Phelippe,  li  rois  de  France,  en  bataille,  le  roi 
«  Othon  et  le  conte  de  Flandres  et  le  conte  de  Boloigne  et 
M  plusors  autres  barons.  » 

Après  le  calendrier  vient  une  série  de  tableaux  consacrés 
à  différentes  scènes  de  l'Ancien  Testament,  des  Évangiles, 
de  la  vie  et  des  miracles  de  la  sainte  Vierge,  série  que  l'en- 


\i\   sir.fir.. 


Mcin. 

lii>   à    la 

Soiboiiiic 

.     Alrl,.. 

.S6.->,    p. 

1721-1 

i7i.     n 

ii'li'llii  (II' 

la  So<  i  II- 

■iitIk'oI. 

lie  TiMii . , 

V.  liô. 

I 


l-l\RES  D'IMAGES.  265 

levemeiil  (1*1111  on  de  |)liisieur.s  feuillets  a  rendue  inconiplèlc 
et  (lui  comporte  aujourd'hui  une  cinc|uantaine  de  sujets 
(lispos('\s  sur  ■>.-;  pages.  Dans  l'f'tat  actuel,  la  suite  des 
tableaux  dehute  par  l'Iiisloire  d'Ai)raliain  et  se  termine  par 
la  h^gende  de  Tliéopliih;.  \oici,  d'après  l'édition  (pieu  a 
donn('>e  M.  Cli.  de  Sourdeval,  les  inscriptions  qui  accom- 
pagnent les  premiers  et  les  derniers  tableaux  : 

.Si  coino  Abraiiam  vit  trois  angelcs,  et  un  on  aora.  —  Si  conu-  il  loin- 
(lona  a  maingior.  —  Si  conio  At>raliain  enmainc  son  fill  pur  sacn-licr.  . 
—  Si  corne  Teophiius  fait  omniaigc  au  deabte.  —  Si  conie  Too- 
pliilus  se  repenl,  et  il  prie  merci,  et  madame  sainte  Marie  s'aparul  a 
lui.  —  Si  conie  madame  sainte  Marie  tout  le  deahie  la  riiarte.  —  Si 
rome  madame  sainte  Marie  raporte  la  cliarte. 

Suivant  une  tradition  fort  ancienne,  ce  psautier  aurait 
ai)partenu  au  roi  .saint  Louis  :  une  note  ("critc  à  la  (in  du 
calendrier,  en  caractères  du  xiv"  .siècle,  porte  :  «  Cepsaullier 
«  lu  saint  Loys  »,  et  c'est  incontestablement  à  ce  livre  que  se 
rapporte  l'article  suivant  de  l'inventaire  du  mobilier  de  M'-' 
Charles  v  dre.ssé  en  i3oo  :  «Item  ung  gros  psauilier, 
«  nommé  le  psauilier  .saint  Loys,  très  richement  enlumvné 
«  d'or  et  yslorié  d'anciens  ymages,  et  se  commance  le  se- 
«  cond  fueillet  cnm  cxarscril.  » 

Autant  il  faut  respecter  la  tradition  qui  attribue  à  .saint 
Louis  la  possession  du  psautier  fait  pour  la  reine  Inge- 
burge,  autant  nous  devons  rejeter  l'emploi  qui  a  été  fait 
de  ce  manuscrit,  au  xvii'  sit>cle,  pour  appuyer  les  préten- 
tions généalogiques  de  la  famille  de  Mesmes. 

Une  note,  datée  du  \lx  juillet  i38i,  qu'on  lit  en  tète  du 
volume  et  qui  commence  par  les  mots  :  «  Ce  livre  fu  au  roy 
«  sanct  Loys,  qui,  en  la  nn  de  ses  jours,  le  donna  a  mes- 
«  sireGuillammede  Mesme,  son  premier chappellain,  lequel 
«  messire  Guillamme  le  donna  au  jour  de  son  trespas  a 
«  messire  Regnaut  de  Mesme,  son  nepveu.  .  .,»  ne  mé- 
rite pas  la  moindre  confiance;  c'est  une  des  pièces  justifica-  .BiWioihèque  <i 
tives  qui  furent  fabriquées  pour  étayer  une  généalogie  dont  ,86°,^  509.  ^ 
la  fausseté  n'a  échappé  ni  à  d'Hozier  ni  au  duc  de  Saint- 
Simon. 

TOME  xxti.  34 


i.i  (,:i 

b.iielili'siii.iii.  III . 

n    C|t'i. 


nirlilICklK    ««TIOIALK. 


MV'  SIKCLC. 


266  LIVUES  D'IMAGES. 


Vue  tradition  (jue  le  clergé  de  la  Sainte-Chapelle  s'est 
transmise  pendant  plusieurs  siècles,  et  qui  est  déjà  con- 
statée par  un  inventaire  de  l'année  1377,  attribue  au  roi 
Deiisie,  i.r  Ca    saiut  Louis  le  psautier  n°  1 186  des  manuscrits  de  la  biblio- 
"^ôT-Ma  lii'i'iil'!    dièquede  l'Arsenal,  mais  elle  ne  semble  pas  reposer  sur  une 

Vlan,  (le  rvrsciiai,   basB  bicH  soHde.  En  efi'el,  le  livre  a  été  certainement  coijié 
11,33-..  f.  .       .  ,  .,  ••       .  I 

pour  une  lemme,  puisqu  une  des  prières  qui  suivent  les 

litanies  des  saints  (fol.  1 90)  renferme  ces  mots  :  Domine  Jesii 
Christe,  Creator  et  redemplor  inuiuli ,  (jm  me  miserrimam  peccatri- 
ccm  permittis  liuic  consecrutioni  corporis  et  san(juinis  tiii  prêter 
mérita  mca  interesse.  .  .  On  n'y  avait  sans  doute  pas  fait  atten- 
tion (juand  on  traça,  au  xiv''  siècle,  sur  le  folio  191,  la  note  : 
«C'est  le  psaiillier  monseigneur  saint  Loys  de  France»; 
mais  on  ne  tarda  pas  à  .s'apercevoir  que  le  livre  avait  primi- 
tivement ap|)artenu  à  une  dame,  et,  en  même  temps  qu'on 
ellaçail  dans  la  note  les  mots  «de  France»,  on  y  ajoutait 
les  mots  II  lequcd  fu  a  sa  mère  ».  La  richesse  de  la  décoration 
du  volume  et  la  présence  des  Heurs  de  lis  sur  le  frontisjiice 
du  psautier  (fol.  3ov")  justifiaient  jusqu'à  un  certain  point 
l'origine  royale  qu'on  assignait  au  volume,  et  il  ne  fut  pas 
difficile  de  la  faire  accepter  par  le  roi  Charles  VI,  aux  frais 
duquel  le  [).sauli(îr  fut  enveloy)pé  d'un  drap  d'or  fleurdelisé 
et  garni  de  fermaux  d'or,  également  fleurdelisés.  La  signa- 
ture CiLARLES,  qui  a  été  tracée  sur  lavant-dernier  feuillet,  et 
qui  est  identique  à  une  signature  apposée  à  la  fin  d'un  exem- 
plaire des  Grandes  chroniques  (ms.  français  ioi35  de  la 
Barbet  de  Jouy.  Bibliolbèquc  uatiouale) ,  doit  être  de  la  main  de  Charles  VI, 
viusee  des  souv..  gj  ^^j  pgg  (J^y  jg  maiu  dc  Cliarlcs  V,  comme  l'annonçait  le 
catalogue  des  objets  exposés  au  Musée  des  souverains. 

Quelle  que  soit  la  valeur  de  la  tradition,  le  psautier 
n*  1186  de  l'Arsenal  est  un  remarquable  volume,  dont 
l'exécution  doit  être  rapportée  à  la  première  moitié  du 
xiii*^  siècle,  H  pourrait  bien  être  venu  de  l'Angleterre;  car 
le  calendrier  mentionne  plusieurs  saints  anglais  :  saint 
Edouard,  au  18  mars;  saint  Cuthbert,  au  20  mars;  saint 
Alban,  au  22  juin;  saint  Oswald,  au  5  août,  et  saint  Ed- 
mond, au  20  novembre.  Aucun  de  ces  noms  ne  figure  dans 


LIVRES  D'IMAGES.  267  .   . 

\1V    SIKIXE. 

le  calendrier  du  psautier  que  nous  savons  de  source  certaine 
avoir  été  copié  pour  saint  Louis  (ms.  latin  1063  5  de  la  Bi- 
bliothèque nationale),  et  dont  nous  aurons  bientôt  à  parler. 

Le  volume  est  de  moyen  format  ('j8o  millimètres  sur 
Qoo),  et  2  5  pages  sont  toutes  couvertes  de  grandes  pein- 
tures, à  fond  d'or,  la  plupart  divisées  en  deux  comparti- 
ments circulaires,  qui  font  successivement  passer  sous  nos 
yeux  les  principaux  événements  de  l'Ancien  et  du  Nouveau 
Testament,  depuis  la  chute  des  mauvais  anges  jusqu'aux 
scènes  du  jugement  dernier  (fol.  9  v'-2()  v°et  168-171  v'). 

Outre  ces  grands  tableaux,  il  faut  encore  remarquer,  dans 
le  volume  qui  nous  occupe,  une  dizaine  de  peintures  dont 
les  sujets  se  rapportent,  soit  à  l'histoire  de  David,  soit  au 
texte  de  différents  psaumes  (fol.  3o  v°,  5i  v",  65,  77,  77  v", 
89,  io5  v",  lao  v°,  122  v°  et  i36  v").  De  ])lus,  le  peintre 
a  représenté,  en  regard  de  la  première  page  du  calendrier 
(fol.  1  v"),  un  astronome  tenant  un  astrolabe,  un  compu- 
tiste  et  un  scribe.  M.  Barbet  de  Jouy  a  reconnu  là  Sosigène      BaïUt  d.  jony. 

d'il  !•  1  *II/^'  PI  If  I  I  MlISPI'     (ll'S     SO(H., 

Alexandrie,  a  qui  Jules  Lesar  conlia  la  relorme  du  caien-    p  /,<, 

drier,  et  Dcnys  le  Petit. 

C'est  avec  beaucouj)  de  vraisemblance  qu'on  cite  comme 
ayant  été  à  l'usage  de  saint  Louis  un  psautier  conservé  h 
l'université  de  Leide  sous  le  n°3i8  de  la  série  supplémen- 
tairedesmanuscrits.  L'attribution  repose  sur  une  tradition  re- 
montant au  commencement  du  xiv"  siècle.  On  peut,  en  ellel . 
rap])orter  à  cette  date  l'écriture  d'une  inscription  qui  a  été  tra- 
cée deux  fois  dans  le  volume,  au  folio  3o  v"  et  au  folio  1  85  : 
«  Cist  psaultiers  fu  monseigneur  saint  Loovs,  (pii  fu  roys 
«de  France,  auquel  il  apri.st  en  s'enfance.  »  Dans  la  suite,  r  si  <ic  ci.nriie 
comme  nous  l'apprend  le  testament  de  la  reine  Blanche  de  î'i'fie^oo''  °' 
Navarre,  le  livre  appartint  à  Agnès,  fille  de  saint  Louis,  et 
à  la  reine  Jeanne  de  Bourgogne,  sa  petite-fille,  puis  à  la  reine 
Blanche  de  Navarre,  qui  le  légua,  le  30  mars  1396,  à  son 
petit-fils  le  duc  de  Bourgogne,  Philippe  le  Hardi.  11  fut  con- 
servé pendant  tout  le  xv'  siècle  dans  la  librairie  des  ducs  de 
Bourgogne,  et  il  figure  sous  le  titre  de  Psautier  de  saint  £^1;,,^  Méi. .i.- 
Louis  dans  un  inventaire  qui  fut  dressé  à  Dijon  au  mois  de   p»iéogr..r.  171 

34. 


208  LIVRES  DIMAGES. 

juillcl  i4-^o,  fl  dans  un  autre  inventaire  (|iii  lut  rédigé  à 
Jiriiges  peu  a|)rès  ravènement  de  Charles  le  Téméraire. 

Line  circonstance  vient  à  l'appui  de  la  tradition  cpii  ral- 
laclie  le  souvenir  de  saint  Louis  au  psautier  de  Leide  : 
c'est  (ju'on  y  a  ajouté,  dans  le  calendrier,  en  regnrd  du 
(1  octobre,  la  mention  de  la  mort  du  grand-père  nialernel 
de  saint  Louis  :  Obiil  Alilefonsus,  rcv  Caslellc  et  Toictt.  Nous 
aNouons  (|ue  l'absence  de  toute  autre  ujenlion  néci'ologiqn»' 
relative  à  la  maison  de  France  peut  laisser  (pK'Kpie  doute 
sur  le  bien  fondé  de  la  tradition. 

(^e(|ui  est  certain,  c'est  que  ItMnanuscrit  date  de  la  lin  du 
\il'  siècle  et  (pi'il  est  d'origine  anglaise  :  siu-  ce  point,  beaii- 
couj)  d'articles  du  calendrier  ne  peruKîttent  pas  de  cou^cr- 
\er  le  moindre  doute,  et  les  in\ocations  sui\niites  des  lita- 
nies des  saints  sont  encore  plus  signilicatives  :  AïKjiisliin', 
(iiillilacc ,  IfiljiiJe,  Sicillnine,  Duiistane,  .lolianitcs,  BnlulpliP. 
Auldiic  .  .  .,  lùhcidrula,  Ethi-lhiirqu ,  Svxbunin,  H' civhnnjd  .  .  . 
Il  est  assez  probable  (pie  ce  |)sautier  a  été  fait,  sinon 
pour  (ieolfroi,  Ills  de  Henri  II,  archevè(pie  d'York  de  i  kji 
à  1 -i  I  i ,  au  nioins  j)our  un  ami  de  ce  prélat.  Car  on  lit 
dans  le  calendrier,  en  regard  du  7  juillet  :  Ohiliis  lleniici, 
rcr/js  AïKflormn  ,  palrif^  doniini  (].,  Eboiacensis  nichiepiscopi.     ■■; 

Les  2  3  feuillets  ([ui  suivent  le  calendrier  sont   couverts 

k.riMi  .1.  1.     d'uiH;  (piaranlaine  de  tableaux  dont  les  sujets  sont  pris  dans 

-ami  L<ui! '.  |..  c'    l'Ancien  et  surtout  dans  le  Nouveau  Testament.  La  liste  v.w 

a  été  publiée  par  \L  le  baron  Kervyn  de  Lettenlio\e.  1 

Le  psautier  n°  loô^f)  du  fonds  latin  est  connu  de  temps 
ihiivif.  !.<•  (...     immémorial  sous  le  titre  de  Psautier  de  saint  Louis.  C'est 

liinrt  •l<'->  iiiiiii  ,111  •       •  '"Il  I  '        I  1"  i    ■  I  I  "l*  I 

,,g  „  ,.  au)si   (juii  est  appelé   dans  Innentaire  du    mol)dier    de 

Charles  V,  dans  une  note  ajoutée  en  tète  du  volunie  du 
temps  de  Charles  VI  et  dans  un  inventaire  (|ui  fut  dressé 
••n  i4H4,  lors  du  décès  de  Charlotte  de  Savoie,  femme  de 
11.1(1.1  .,1  Louis  Xi.  La  royale  origine  du  livre  est  encore  attestée 
dune  façon  plus  authentique  par  le  soin  que  le  copiste  a 
pris  d'inscrire  dans  le  calendrier  l'anniversaire  de  la  mort 
du  grand-père,  du  père,  de  la  mère  et  du  frère  de  saint 
Louis  : 


269 


2  0 


LIVRES  D'IMAGES. 

vu  idus  fehruarii.  Obitus  Roberti,  coinitis  Attreubateiisis. 
Il  idus  julii.  Obittis  Pbilippi,  régis  Francorum. 
M  idus  novembris.  Obitus  Ludowici,  régis  Francorum. 
V  kal.  docembris.  Obitus  Blachie,  regine  Francorum. 

Ce  sont  les  seules  mentions  nécrologiques  que  renferme 
le  calendrier.  Elles  nous  autorisent  à  placer  l'exécution  du 
livre  après  l'année  i25a,  date  de  la  mort  de  la  reine 
Blanche,  et  avant  l'année  1^70,  date  de  la  mort  de  saint 
Louis. 

Ce  psautier  s'ouvre  par  une  suite  de  78  tableaux  |)eints 
avec  beaucoup  d'élégance ,  de  finesse  et  d'éclat,  sur  des  fonds 
d'or.  Chacun  d'eux  affecte  la  forme  d'une  double  arcade 
gothique  et  est  enfermé  dans  un  riche  encadrement.  On  y  a 
représenté  des  scènes  de  l'histoire  sainte,  qui  se  déroulent 
chronologiquement  depuis  l'offrande  de  Caïn  et  d'Abel 
jusqu'au  couronnement  de  Saûl  et  au  sacrifice  de  Samuel. 
Il  doit  manquer  en  tète  un  cahier  consacré  à  la  création  et  à 
la  vie  des  premiers  parents.  Les  revers  des  feuillets  occupés 
par  les  peintures  n'ont  servi  qu'à  recevoir  de  courtes  lé- 
gendes en  français,  qui  expliquent  le  sujet  des  tableaux. 
Voici  les  légendes  des  premiers  tableaux  qui  nous  ont  été 
conservés  : 

En  ceste  page  est  coniuent  Caym  et  Abel  offrent  leur  disme  a  Dieu. 

En  ceste  page  est  conment  Caym  ocit  son  frère,  et  conment  Dieiis  li 
dimande  qu'il  a  fait  de  son  frère  Abel. 

En  ceste  page  est  conment  Noei  est  en  l'arche  au  duluge. 

En  ceste  page  est  conment  Noei  fu  yvres  et  s'endormi  descovers,  et 
cuiunent  si  enfant  le  covrirent. 

En  ceste  page  est  conment  Abrahan>  C3  conbati  encontre  ses  enemis, 
et  conment  il  ocist  les  trois  rois  et  gaaingnai  leur  despuelles. 

En  ceste  page  l'st  conment  Abraham  offre  et  présente  ses  prisons  et 
sa  proie  et  son  gaaing  a  Melchicedech  le  roi  et  esveque,  et  conment 
Melchicedech  li  présente  le  pain  et  le  vin. 

Le  texte  complet  des  78  légendes  a  été  imprimé  en  1 866 
par  les  soins  de  M.  Barbet  de  Jouy.  Les  tableaux  qui  repré- 
sentent l'entrevue  d'Abraham  et  de  Melchisédech  (fol.  7), 
le  sacrifice  des  parents  de  Sainson  (fol.  55  v")  et  l'accueil 


Xlï    SIECI.K 


Bai'bc't  Je  Joiiv, 
Musée  de»    souv. 
p.  V^-5o. 


XIV'  SIÈCLE. 


270  LIVRES  D'IMAGES. 

lait  à  Saûl  par  le  peuple  d'Israël  (fol.  74)  ont  été  gravés 
pour  servir  de  frontispice  au  tome  XX  du  Recueil  des  his- 
toriens de  la  France.  Un  fac-similé  des  deux  premières 
pages  du  psautier  proprement  dit  (fol.  85  v°  et  86)  a  été 
publié  dans  l'Album  paléographique  de  la  Société  de  l'École 
des  chartes. 

Nous  ne  sommes  pas  en  mesure  de  contrôler  l'attribution 
faite  au  roi  saint  Louis  d'un  beau  psautier  conservé  en  An- 
gleterre. M.  Westwood,  qui  a  bien  voulu  nous  en  signaler 
l'existence  en  i884  dans  la  bibliothèque  de  M.  Ruskin, 
a  remarqué  sur  le  calendrier  de  ce  volume  la  mention 
de  beaucoup  d'obifs  de  membres  de  la  maison  royale  de 
F'rance. 

Les  fleurs  de  lis  inscrites  dans  des  losanges  sur  les  tranches 
du  psautier  qui  porte  à  la  Bibliothèque  nationale  le  n"  1  o434 
du  fonds  latin  peuvent  faire  supposer  que  ce  livre  apparte- 
nait, au  xiii'^  ou  au  xiv*  siècle,  à  un  membre  de  la  maison 
royale  de  France.  Nous  ne  présentons  cependant  cette  hypo- 
thèse que  sous  toutes  réserves.  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que  le  psautier  1  o434  a  été  exécuté  au  xiii'  siècle  avec  beau- 
coup de  luxe. 

Les  huit  tableaux  qui  sont  en  tête  et  qui  représentent 
seize  sujets  tirés  de  l'histoire  sainte,  depuis  la  séparation 
des  bons  et  des  mauvais  anges  jusqu'à  la  descente  de  Jésus- 
Christ  aux  enfers,  ont  conservé  un  merveilleux  éclat. 

L'origine  du  volume  est  d'ailleurs  assez  diflîcile  à  détermi- 
ner. Si  les  litanies  ont  un  caractère  anglais  bien  accusé  (elles 
mentionnent  saint  Alban ,  saint  Edmond,  saint  Oswald ,  saint 
Kenelme,  saint  Dunstan,  saint  Cuthbert,  saint  Guthlac, 
saint  Néot,  saint  Botulfe  et  sainte  Etheldrède),  le  calendrier 
ne  renferme  aucun  nom  de  saint  propre  à  la  liturgie  an- 
glaise ,  tandis  qu'on  y  a  soigneusement  enregistré  des  saints 
dont  le  culte  ne  s'est  guère  étendu  hors  de  l'Ile-de-France 
et  de  la  Picardie  :  au  1"  septembre,  saint  Firmin,  évêque; 
au  :2  5  du  même  mois,  saint  Firmin,  évêque  et  martyr;  au 
1 1  octobre,  saint  Saintin,  évêque.  D'autre  part,  il  est  établi 
que  le  psautier  était  en  Angleterre  au  xv*  siècle;  une  note 


LIVRES  DliMAGES.  271 

ajoutée  sur  le  dernier  feuillet  nous  apprend  qu'il  fut  em- 
prunté le  1 8  juillet  1 436  par  un  religieux  de  la  chartreuse  de 
Londres,  nommé  William  Bernham.  Mais  il  n'y  a  pas  lieu 
de  s'étonner  que  les  hasards  des  guerres  ou  du  commerce 
aient  porté  en  Angleterre  un  livre  qui  avait  servi  à  des 
princes  français  au  cours  du  xiii'^  ou  du  xiv"  siècle. 

Nous  comprendrons  aussi  parmi  les  anciens  psautiers 
royaux  ou  princiers  celui  qui  a  reçu  à  la  bibliothèque  de 
Sainte-Geneviève  la  cote  BB.  /.  2  3.  Tel  qu'il  est  aujourd'hui 
constitué,  il  ne  présente  pas  un  tout  parfaitement  homo- 
gène. Il  y  faut  distinguer  le  calendrier  (fol.  1-7),  puis 
(fol.  8-1 83)  le  psautier,  précédé  de  douze  grandes  peintures 
et  suivi  des  cantiques  et  des  litanies,  enfin  (fol.  i84-20o) 
un  appendice  comprenant  l'ofTice  des  morts  et  divers  mor- 
ceaux relatifs  aux  sentiments  de  haute  piété  dans  lesquels 
saint  Louis  et  son  fils,  Pierre,  comte  d'Àlençon,  rendirent 
leurs  âmes  à  Dieu.  Chacune  de  ces  trois  parties  mérite 
d'être  examinée  séparément. 

Le  calendrier,  qui  paraît  dater  du  milieu  du  xiii'  siècle, 
ne  peut  guère  avoir  été  fait  qu'à  Saint-Omer,  et  très  pro- 
bablement dans  l'abbaye  de  Saint-Bertin.  Pour  s'en  con- 
vaincre, il  suffît  de  remarquer  les  mentions  suivantes  :  au 
12  avril,  Arcliembodenis  episcopi;  au  18  avril,  Ursmari  epi- 
scopi;  au  19  avril,  Bemardi  penitentis ;  au  1"  mai,  Dedicalio 
ecclesie  sancli  Bertini;  au  7  juin,  Translatio  sancd  Folquini; 
au  8  juin,  Translatio  sancti  Amlomari;  au  i3  juin,  Octave 
sancti  Folc^mni;  au  8  juillet,  Grimbaldi  confessons  ;  an  16  juil- 
let, Translatio  sancti  Bertini;  au  5  septembre,  Bertini  abbatis; 
au  9  septembre,  Audomari  episcopi;  au  12  septembre.  Oc- 
tave sancti  Bertini;  au  i6  septembre.  Octave  sancti  Audo- 
mari; au  6  novembre,  Sancti  Winnoci;  au  1 2  novembre,  Oc- 
tave sancti  Winnoci;  au  i3  novembre,  Translatio  sancti 
Folqaini  prima  ;  au  1  4  décembre,  Volcjnini  episcopi. 

Le  corps  du  volume,  du  folio  8  au  folio  1  83,  nous  semble 
remonter  à  la  première  moitié  du  xiii'  siècle  et  dénote  une 
origine  anglaise.  Les  litanies  (fol.  179)  mentionnent  saint 
Elphège,  saint  Alban  et  saint  Edmond  parmi  les  martyrs; 


XIT   SIE(:l.E. 


\IV   SIECI.F. 


272  LIVRES  D'IMAGES. 

saint  Augustin  [de  Cantorbéry],  saint  Paulin  [d'York], 
saint  Emar,  saint  Dunstan,  saint  Swithin,  saint  Culhhert, 
parmi  les  confesseurs,  sainte  Etheldrède  et  sainte  Mil- 
drède,  parmi  les  vierges.  Nous  croyons  qu'on  peut  aussi  re- 
connaître comme  un  ouvrage  anglais  les  douze  tableaux  qui 
sont  en  tête  du  psautier,  et  sur  lesquels  le  peintre  a  figuré 
l'Adoration  des  mages,  la  Présentation  de  Jésus  au  Temple, 
le  Haptême  de  Jésus,  l'Entrée  à  Jérusalem,  la  Cène,  la  Fla- 
gellation, le  Crucifiement,  la  Descente  aux  enfers,  la  Résur- 
rection, l'Ascension,  la  Pentecôte  et  le  Jugement  dernier. 
Les  dix-liuit  derniers  feuillets  du  volume  sont  une  addi- 
tion de  la  fin  du  xiii'^  siècle  ou  des  premières  années  du  xiv'. 
Après  l'office  des  morts,  nous  y  lisons  (fol.  198  v°)  une  re- 
lation très  édifiante  des  derniers  moments  de  Pierre,  comte 
d'Alençon,  fils  de  saint  Louis,  qui  mourut  à  Salerne  le 
6  avril  i'.!84  (n.  st.).  L'auteur  de  cette  relation,  écrite  en 
français,  est  probablement  frère  Gilles,  confesseur  du 
prince,  dont  le  nom  se  voit  aux  premières  lignes  du  do- 
cument : 

C  est  ci  la  forme  et  ia  manière  comment  monseigneur  le  conte  de 
Ijt'nçon  reçut  le  corps  Jhcsu  Crist  la  dercniero  foiz.  Quant  frère  Gilles, 
son  confessor,  entra  en  la  chambre  atout  le  cors  Jliesu  Crist,  monsei- 
gneur le  conte  cstoit  ja  lové  de  son  lit  sus  ses  piez,  et  avoit  demandé 
une  corde  que  il  mist  a  son  coi,  et  la  tenoit  a  une  de  ses  mains    .  . 

Vient  ensuite  (fol.  19^  v°)  un  texte  abrégé  des  Enseigne- 
ments de  saint  Louis  à  son  fils,  et  enfin  (fol.  1 98)  «  la  lettre 
«  que  li  rois  Thiebaut  de  Navarre  envoia  a  l'esvesque   de 
«Thunes»,  c'est-à-dire  la  lettre  par  laquelle  Thibaud,  roi 
de  Navarre,  donne  à  Eudes,  évêque  deTusculum,  des  détails 
très  circonstanciés  sur  les  derniers  moments  et  sur  la  mort 
BiuiioiiiJ-que  cl.'    de  saint  Louis.  M.  Letronne,  quand  il  a  disserté  sur  ce  mor- 
i^ionJ^^ininTs'.   ^cau ,  a  luontré  que  c'était  l'extrait  d'une  lettre  beaucoup  plus 
p-  'o"  développée,  dont  il  avait  trouvé  une  copie  dans  les  papiers 

de  Lenain  de  Tillemont;  nous  pouvons  faire  observer,  en 
passant,  que  le  manuscrit  consulté  par  Lenain  de  Tillemont, 
dont  M.  Letronne  regrettait  la  perte,  est  celui  qui  porte  au- 


LIVRES  D'IMAGES.  273 

jourd'hui  le  n°  9376  dans  le  fonds  latin  de  la  Bibliothèque 
nationale  et  qui  nous  offre,  au  folio  64,  la  lettre  du  roi  de 
Navarre. 

Le  psautier  de  Sainte-Geneviève  se  termine  par  un  long 
cantique,  moitié  latin,  moitié  français,  dont  il  suffit  de 
transcrire  ici  les  deux  premiers  couplets  : 

De  chanter  m'est  pris  envie 

De  regina  celorum, 

Qui  porta  le  fruit  de  vie, 

Cibaria  justoram  ; 

Panis ,  laus  angelorum , 

Qui  sur  touz  a  seignorie 

In  aula  bealorum. 

Seinte  virge,  nete  et  pure. 
Sine  viri  macula  {vel  copala), 
Flor  de  toute  créature , 
Popaloram  gloria, 
Domini  puerpera , 
Porta  le  Dieu  de  nature 
Abscfue  violencia. 

L'élégance  du  psautier  dont  la  composition  vient  d'être 
analysée  nous  autorise  à  supposer  qu'il  a  dû  servir  à  des 
personnages  d'un  rang  élevé.  Une  main  très  ancienne  a 
ajouté  dans  le  calendrier,  en  regard  du  5  septembre,  une 
mention  ainsi  conçue  :  Obiit  hone  memorie  domina  Marguareta, 
Jherusalem  et  Sicilie  regina,  comitissa  Tornodori,  anno  Domini 
M'ccCvm".  Cette  note  n'avait-elle  pas  été  tracée  dans  un 
établissement  religieux  qui  aurait  recueilli  le  psautier  de 
Marguerite  de  Bourgogne,  veuve  de  Charles  I*',  roi  de 
Naples,  morte  dans  l'hôpital  de  Tonnerre  le  5  septembre 
i3o8?  Cette  princesse,  dont  les  contemporains  admirèrent 
la  piété  et  la  charité,  était  la  belle-sœur  de  saint  Louis  et  la 
tante  de  Pierre,  comte  d'Alençon.  On  s'explique  aisément 
l'intérêt  qu'elle  aurait  attaché  à  faire  consigner  à  la  fin  de 
son  psautier  le  souvenir  des  morts  édifiantes  de  son  beau- 
frère  et  de  son  neveu. 

Nous  terminerons  cette  revue  rapide  des  psautiers  royaux 

TOME    \\\l.  35 

2  0  * 


\I\     SIECLE. 


wrr.rucnir.    ^irio^iLB. 


XIV    «lECI.K. 


274  UVRES  D'IMAGES. 

ou  princiers  par  quelques  mots  sur  un  volume  du  xiii'  siècle 
qui  faisait  partie  du  mobilier  de  la  couronne  au  temps  de 
Charles  V  et  qui  est  aujourd'hui  conservé  à  la  bibliothèque 
royale  de  Bruxelles  sous  le  n"  9961.  Outre  les  psaumes, 
il  contient  beaucoup  d'oraisons,  dont  plusieurs  en  vers 
rythmiques.  L'écriture  et  l'enluminure  en  sont  également 
soignées.  Tout  le  texte  est  en  lettres  d'or,  d'azur  ou  de  ver- 
millon, et  une  trentaine  de  pages  sont  couvertes  de  petits 
tableaux,  au  nombre  de  109,  représentant  diverses  scènes 
de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament.  Ces  tableaux,  géné- 
ralement au  nombre  de  quatre  par  page,  sont  entourés  de 
légendes  en  vers.  Ils  se  rattachent  aux  mêmes  inspirations 
que  les  peintures  des  Bibles  moralisées  et  sont  une  preuve 
nouvelle  de  la  vogue  dont  les  allégories  religieuses  jouis- 
saient au  moyen  âge.  Bornons-nous  à  appeler  l'attention 
sur  la  première  page  peinte  (fol.  10),  où  l'on  voit  quatre 
sujets  :  l'Annonciation,  en  regard  du  Buisson  ardent,  et  la 
Visite  de  la  sainte  Vierge  à  sainte  Elisabeth,  en  regard  des 
ligures  de  la  Loi  ancienne  et  de  la  Loi  nouvelle,  avec  la 
Paix  embrassant  la  Justice. 

Voici,  à  titre  d'exemple,  les  légendes  qui  accompagnent 
les  tableaux  de  celte  page  : 

F'emina  sancta  virum  circuni<lat,  ait  Jereinias. 

Circumdal  Dominuni  virgo  Maria  siium. 
Vm  pariet  et  concipiot,  sic  fert  Isaias, 

Virgo  Deum ,  seruper  inviolata  nianens. 
Non  ardens  ardere  ruhus,  non  tacta  \idetur 

Virginitas  tangi,  dum  parit  absque  pari. 
Virginitas  vellus,  verbum  ros,  arida  tellus 

Est  caro  virginea.  Conca  qiiidPEccIesia. 
Plaude  puerperio,  virgo,  vetulae,  quia  vero 
Obviât  hic  pietas,  veteri  dat  lex  nova  nietas. 
Oscula  Justitie  dat  Pax ,  cognata  Marie  ; 
Applaudet  régi  precursor,  gratia  legi. 

L'origine  anglaise  de  ce  beau  volume  est  attestée  par  les 
invocations  des  litanies  et  par  différents  articles  du  calendrier, 
notamment  par  la  mention  Dedicatio  ecclesie  Burgi ,  qui  est 


\ 


LIVRES  D'IMAGES.  275        ^^.^^^^^ 

inscrite  au  q8  septembre  et  qui  se  rapporte  à  la  dédicace  de 

l'abbaye  de  Peterborough ,  célébrée,  selon  Mathieu  de  Paris, 

le  38  septembre  1  '2  38.  Tout  porte  à  croire  que  le  livre  a  été 

exécuté  dans  le  monastère  de  Peterborough  vers  le  milieu 

du  XIII*  siècle.  C'est  de  la  même  maison  qu'est  sorti  un  autre 

beau  psautier,  orné  de  dix-neuf  tableaux  de  la  Vie  de  Notre-      Ma.iay.  Amuis 

Seigneur  et  de  la  Vie  de  la  sainte  Vierge,  qui  est  expose    ,,.3,8. 

dans  une  vitrine  de  la  bibliothèque  Bodléienne  à  Oxford. 

Après  avoir  signalé  des  psautiers  d'un  luxe  exceptionnel, 
qui  ont  dû  servir  plus  ou  moins  longtemps  à  la  cour  de 
France,  il  faut  consacrer  (juelques  lignes  à  des  psautiers 
dont  l'histoire  est  plus  modeste,  mais  qui  doivent  être  cités 
comme  exemples  des  livres  destinés  pendant  le  moyen  âge 
à  l'instruction  et  aux  prati(|ues  religieuses  de  différentes 
classes  de  la  société.  Nous  en  indiquerons  seulement  une 
douzaine,  sans  jamais  sortir  des  limites  chronologiques  que 
nous  nous  sommes  imposées. 

Psautier  n"  770  du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale.—  Certainsdétails  du  frontispice  (fol.  1  1  v")  permet- 
tent de  le  rattacher  à  la  même  école  d'enluminure  que  le 
ms.  8846  dont  il  a  été  question  plus  haut.  Il  renferme  un 
calendrier  et  différentes  prières  qui  en  font  un  véritable 
livre  d'offices.  L'écriture  dénote  la  fin  du  xii*  ou  le  com- 
mencement du  XIII*  siècle.  Le  calendrier  et  les  litanies 
des  saints  sont  remplis  de  noms  anglais,  et  c'est  une  main 
anglaise  du  xiv*  siècle  qui  a  marqué  sur  le  folio  6  v°,  au 
1 1  octobre,  l'anniversaire  d'Edmond  d'Estouteville. 

Que  ce  livre  ait  été  à  l'usage  des  laïques,  c'est  ce  qu'on 
doit  supposer  d'après  plusieurs  indices  et  surtout  d'après 
l'avertissement  en  français  que  le  copiste  a  mis  sur  la  pre- 
mière page  pour  signaler  les  jours  périlleux  et  que  M.  Paul  Ebtn.iafirbnrh, 
Meyer  a  publié  en  1 886  : 

Les  mestres  ky  cest  art  cumtrouverent  i  anumbrerent  les  mauves 
jours  et  les  perilous  qui  sunt  en  l'an  ;  et  qui  unkes  en  nul  de  ces  jours 
en  enfermeté  cherra  ja  ne  resourdra ,  et  qui  veage  emprendra  ja  ne  re- 
tournera, et  qui  besogne  emprendra  ja  bien  ne  chevira,  et  qui  femme 
espousera,  hastivement  departinint  et  ensemble  en   doulour   vivrunt; 

35. 


VII,  dg. 


Xl«     SIECLE. 


276  LIVRES  D'IMAGES. 

c'est  a  savoir  xliiii jours  par  an,  c'est  a  savoir  en  genvier  sunt  vu,  le  pre- 
mier, le  secund,  le  quart,  le  quint,  le  dime,  lesesime,  le  disenouvisme; 
en  février,  le  tiers,  le  sesime,  le  dis  e  utime;  en  mars  le  tiers,  le  quin- 
sime,  le  sesime,  le  dis  e  utinie,  etc. ...  De  ces  jours  se  gart  chacun  sage 
homme,  si  fera  que  sage. 

Chacun  des  jours  ainsi  désignés  est  marqué  d'une  croix 
dans  le  calendrier. 

Psautier  ms.  latin  17961  de  la  Bibliothèque  nationale, 
copié  à  la  fin  du  xii*  siècle.  —  Il  renferme  six  grands  tableaux 
de  la  Vie  de  Notre-Seigneur,  intercalés  dans  le  courant  du 
psautier  (fol.  82  v°,  47  v",  61  v°,  97,  1  i3  v"  et  i3i),  et  une 
imago  du  prophète  Isaïe  placée  en  tête  du  cantique  Confi- 
U'bor  lihi  Domine  (fol.  1 68).  Le  calendrier  contient  beaucoup 
de  noms  propres  à  la  liturgie  allemande,  et  le  livre  était 
en  i53o  entre  les  mains  d'un  religieux  de  Thionville. 

Psautier  n°  io433  du  fonds  latin  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale.—  Des  grandes  peintures  dont  ce  beau  volume,  de  la 
fin  du  XII'  ou  du  commencement  du  xiii*  siècle,  était  pri- 
mitivement orné,  il  ne  reste  plus  qu'un  tableau  du  Juge- 
ment dernier,  dont  le  style  dénote  une  origine  anglaise;  ce 
qui  est  parfaitement  d'accord  avec  la  composition  du  calen- 
drier el  avec  celle  des  litanies,  où  nous  voyons  invoquer 
.saint  Edmond,  saint  Alban,  saint  Kenelme,  saint  Oswald, 
saint  Dunstan,  saint  Cuthberl,  sainte  Mildrède,  sainte 
Etheldrède,  sainte  Frideswide.  Mais,  à  une  époque  an- 
cienne, le  volume  fut  porté  en  France,  et  le  calendrier  en  fut 
approprié  à  l'usage  de  l'église  de  Sens.  Les  psaumes  y  sont 
suivis  de  différentes  oraisons  et  des  heures  de  Notre-Dame; 
au  milieu  des  oraisons  se  trouve  une  pièce  de  quatorze  vers 
dont  le  premier  est  ainsi  conçu  : 

Te,  Chrisli  pretiosa  caro,  reverenter  adoro. 

Psautier  ms.  latin  1 3 1 5  de  la  Bibliothèque  nationale.  — 
Ce  psautier,  qu'on  peut  rapporter  au  commencement  du 
xiii^  siècle,  a  été  écrit  en  Angleterre,  comme  l'indiquent 
surabondamment,  au  folio  124,  les  invocations  de  plusieurs 


LIVRES  DIMAGES.  277 


AIV*  Sltci.B. 


I 


saints  ou  saintes,  à  peu  près  inconnus  en  France  :  Sancte 
Albanc,  s.  Oswalde,  s.  Eadmunde,  s.  Cutberte,  s.  Dunstane , 
s  Swithune ,  s.  Anselme,  sancta  Etheldrida,  s.  Sexburga.  .  . 
Dans  l'étal  actuel,  il  est  dépourvu  de  peintures,  et  nous  l'au- 
rions passé  sous  silence  s'il  ne  nous  offrait  pas,  au  folio  i  aS, 
le  texte  latin  du  symbole  des  apôtres  et  de  l'oraison  domi- 
nicale, accompagnés  d'une  version  interlinéaire  française, 
morceaux  dont  M.  Paul  iVIeyer  a  donné  une  édition  en  1 866. 
Ces  traductions  interlinéaires,  dont  les  grands  psautiers  Ebert.Jaiirbmii 
nous  ont  fourni  des  exemples,  devaient  servir  à  familia- 
riser les  laïques  avec  l'usage  du  latin.  Voici  comment  le 
symbole  est  rendu  dans  le  ms.  1 3 1 5  : 

Je  crei  en  Deu  le  père  tut  puissant,  crîere  de  ciel  e  de  tere,  e  en 
Jesu  Criste  sun  fiz  uniel  Nostre  Seignur,  qui  est  conceu  del  Saint  Espirit, 
ned  de  Marie  la  virgine,  penez  desuz  Ponce  Pilate,  crucifiez,  morz  e 
enseveliz,  descendit  a  enferne,  tierz  jur  resuscitat  de  mort;  muntolt  ad 
ciels,  siel  a  la  destre  Deu  sun  père  tut  puissant.  D'ilec  vendra  jugier 
vis  e  morz.  Jo  crei  en  Saint  Espirit  e  en  sainte  Eglise  fetliele,  as  saintz 
coniunion,  pardun  de  péchiez,  de  la  car  resuscitement ,  vie  pardurable. 
Fetlieilment. 

Ce  psautier  était  à  l'usage  d'une  femme;  car  une  des  der- 
nières prières  renferme  la  formule  :  Deprecorut  me,famulain 
tuam  peccatricem,  tibi  fideliler  servire  concédas ...  —  Il  se 
terminait  par  une  exposition  de  l'oraison  dominicale  en 
français,  dont  il  ne  subsiste  plus  que  les  premiers  articles. 

Psautier  ms.  latin  1892  du  fonds  des  Nouvelles  acquisi- 
tions à  la  Bibliothèque  nationale.  —  Ce  volume,  copié  en 
France  dans  la  première  moitié  du  xiii'  siècle,  s'ouvre  par 
une  suite  de  peintures,  à  fond  d'or,  représentant  la  Vie  de 
Jésus-Christ.  H  y  a  sur  chaque  page  deux  grands  médaillons, 
reliés  l'un  à  l'autre  dans  un  cadre  haut  de  182  millimètres 
et  large  de  1  1 8.  Un  seul  côté  du  parchemin  a  été  employé  : 
particularité  qui  caractérise  ordinairement  les  manuscrits 
dont  l'exécution  a  été  particulièrement  soignée. 

Psautier  n°  1078  A  du  fonds  latin  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale.—  Ce  volume, écrit  au  xiii''  siècle,  en  gros  caractères 
d'une  régularité  parfaite,  s'ouvre  par  une  Vie  de  Notre- 


xn-MÈ...        278  LIVRES  D'IMAGES. 

Seigneur  en  seize  grands  tableaux  à  fond  d'or;  il  se  ter- 
mine, sans  compter  les  morceaux  ajoutés  après  coup,  par 
les  heures  du  Saint-Flsprit  et  par  celles  de  la  sainte  Vierge. 
Les  rubriques  sont  en  français,  et  l'une  d'elles  (fol.  i65) 
semble  indiquer  que  le  livre  a  été  écrit  pour  une  religieuse: 
«  Es  matines  nos  doit  il  sovenir  que  a  celé  bore  baisa  Judas 
«  Jhesu  Crist  fausement  et  en  traïson .  .  .  Adunc  li  devés 
«vous  prier  que  il  le  pais  que  vous  li  eûstes  en  covent, 
M  quant  vous  feïstes  le  veu  et  vous  preistes  l'abit  de  religion, 
«  que  il  le  vous  doinst  si  saintement  et  si  vraiement  garder  et 
M  tenir  qu'il  ne  vous  puist  agrever  de  fauserie  ne  de  trai- 
«  son  .  .  .  »  Plus  tard,  le  même  psautier  servit  à  une  dame 
du  monde,  comme  on  le  voit  par  la  miniature  placée  en 
tête  de  la  partie  additionnelle,  au  folio  2  2  3. 

Psautier  ms.  latin  1075  de  la  Bibliothèque  nationale. — 
Ce  volume,  copié  en  gros  caractères  du  xiii"  siècle  et  orné 
de  plusieurs  tableaux  de  la  Vie  de  Jésus-Christ,  a  dû  être 
fait  dans  le  Poitou,  ou  du  moins  il  était  destiné  à  servir  dans 
ce  pays.  Les  litanies  qui  sont  à  la  fin  placent  saint  Hilaire 
au  premier  rang  sur  la  liste  des  confesseurs;  elles  men- 
tionnent saint  Savin,  saint  Eutrope,  saint  Fortunat,  saint 
Maixent,  saint  Géraud  et  saint  Révèrent. 

Psautier  ms.  latin  1627  1  de  la  Bibliothèque  nationale. — 
Ce  modeste  volume,  dans  lequel  les  psaumes  sont  suivis  de 
l'ofTice  des  morts,  a  été  écrit  au  xiii*  siècle  en  Angleterre, 
comme  l'atteste  la  rédaction  du  calendrier.  11  fut  apporté 
en  France,  au  plus  tard,  dans  la  première  moitié  du  siècle 
suivant,  époque  à  laquelle  Lflric  Keller  de  Constance  le 
donna  au  collège  de  Sorbonne. 

Psautier  ms.  n"  280  de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal.  —  Ce 
petit  volume,  écrit  en  gros  caractères  de  la  seconde  moitié 
du  XIII*  siècle,  contient,  à  la  suite  du  calendrier,  une  série 
de  miniatures  à  fond  d'or,  représentant  l'Adoration  des 
mages,  la  Trahison  de  Judas,  Jésus  crucifié,  Jésus  ressuscité, 
l'Ascension  et  trois  scènes  de  la  Vie  de  saint  François.  On 
y  trouve,  après  les  p.saumes,  l'ofFice  des  morts  et  celui  du 
Saint-Esprit;  ce  qui  est  un  acheminement  bien  marqué  vers 


MV    MKCLK. 


LIVRES  DIMAGES.  279 

la  constitution  du  livre  d'heures  tel  qu'il  fut  généralement 
adopté  dans  la  seconde  moitié  du  xiv*  siècle. 

Psautier  ms.  latin  1077  de  la  Bibliothèque  nationale.  —  Ce 
livre,  copié  au  xiii*  siècle,  vient  du  pays  de  Liège,  comme 
on  le  voit  par  le  nom  de  plusieurs  des  saints  inscrits  au 
calendrier.  Il  débute  par  une  table  de  comput,  dont  les  in- 
dications sont  en  rapport  avec  les  syllabes  tracées  dans  le 
calendrier  en  regard  des  différents  jours  où  Pâques  peut 
tondier,  syllabes  dont  l'assemblage  forme  les  vers  : 

Lambertum ,  lalem  <|ui  nol)i;>  ingerit  arlem . 
Ad  pnradisiaci  perducat  lumiria  regni 
Magniis  celonim  factor. 

Le  scribe  a  joint  au  ])sautier  les  heures  de  Notre-Dame  et 
les  offices  des  Morts,  de  la  Purification,  de  l'Annonciation 
et  de  l'Assomption.  A  la  suite  du  calendrier  sont  des  tableaux 
de  la  Vie  de  Notre-Seigneur,  en  regard  desquels  se  lisent 
huit  petites  pièces  de  vers  français,  dont  la  première  com- 
mence par  les  mots  :  «  0  verge  de  droiture  ki  de  Jessé 
«  eissis.  »  Notre  savant  confrère  M.  Paul  Meyer  en  a  signalé  Uevuc  .les  sor. 
deux  autres  copies  anciennes,  conservées  dans  des  collections  p^'^ij  '*'"  '"  ' 
particulières,  et  il  en  a  publié  le  texte  en  1874- 

Psautier  n"  i  o435  des  manuscrits  latins  de  la  Bibliothèque 
nationale.  —  Ce  livre,  qui  doit  avoir  étéfait  en  Artois  dans  la 
seconde  moitié  du  xiii*  siècle,  nous  offre  un  type  tout  à  fait 
particulier.  On  y  trouve  un  grand  nombre  de  petites  minia- 
tures, dont  le  sujet  est  indiqué,  en  bas  ou  en  haut  des  pages, 
par  de  petites  rubriques  françaises  .Voici  quelques  exemples 
«le  ces  rubriques  : 

David  tue  (îolie.  —  Fdates  et  Herodes  sont  fait  ami  en  le  prise  Jhesu 
Crisl.  —  Absalon  pent  a  un  abre  par  les  caveus  ;  deus  lanclies  en  son 
cors.  — :  Uns  rois  se  dort  en  un  lit.  —  Abrahans  déboute  l'anchele  et  son 
fil.  —  David  est  malade  et  prie  Diu.  —  Uns  bons  Vi  giete  le  piere  du 
mont  et  val.  —  Uns  prestres  est  revestus  et  se  confesse  devant  l'autel. 
—  Uns  bons  regarde  un  corbel.  —  Uns  angles  buisine  et  li  mort  re- 
lievent.  .  . 


siàci.K 


280  LIVRES  D'IMAGES. 

Outre  ces  petits  tableaux,  qui  se  rapportent  presque  tous 
assez  directement  au  texte  des  psaumes,  l'enlumineur  s'est 
amusé  à  peindre  sur  les  marges  et  à  rextrémité  des  lignes 
un  grand  nombre  de  blasons,  beaucoup  d'animaux,  de 
grotesques  et  surtout  de  personnages,  dont  il  a  donné  les 
noms  en  toutes  lettres.  Ce  sont  généralement  des  noms  de 
femmes.  Nous  avons  relevé  les  suivants  sur  les  premières 
pages  du  volume,  à  partir  du  folio  i  2  v"  : 

Madeniiscle  de  Hiencourt. — Marote  Kaspete.  —  La  dfinisele  dAties. 

—  Mademisele  de  Ijongeval.  —  Madeinisele  de  Fouencamp.  —  Agnès 
de  Ilaiiin.  —  Dame  Maroie  le  Bêle.  —  Medaine  de  Moruel.  —  Mede- 
miseie  de  Chuingiiole.s  et  Agnès  se  suer.  —  Medame  de  Franchinecourt. 

—  Medemisele  de  Maigrement.  —  Marote  de  Ilaniel.  —  Medemisele 
de  Biaumès.  —  Agnès  de  Monteigni.  —  Medame  de  Basincourt .  .  . 

Psautier  ms.  latin  1 3  28  de  la  Bibliothèque  nationale. — Ce 
petit  volume,  qui  ne  renferme  plus  que  trois  des  peintures 
consacrées  à  des  scènes  de  la  Vie  de  Notre-Seigneur,  paraît 
avoir  été  fait  pour  une  dame  du  nord  de  la  France,  au  com- 
mencement du  XIV*  siècle.  Cette  dame  est  représentée  à  ge- 
noux aux  pieds  de  la  Vierge,  dans  l'initiale  de  la  prière 
0  intemerata  (fol.  222),  et  nous  supposons  qu'elle  apparte- 
nait au  nord  de  la  France,  parce  que  le  calendrier,  rédigé 
en  français,  contient  les  noms  de  plusieurs  saints  particuliè- 
rement honorés  dans  cette  région.  Outre  le  psautier,  le  vo- 
lume contient  les  heures  de  Notre-Dame  et  celles  de  la 
Passion,  dont  les  rubriques  sont  en  français,  et  plusieurs 
prières,  dont  une  «  Orison  pour  le  tonnoile  »  (fol.  280). 

Psautier  ms.  latin  765  de  la  Bibliothèque  nationale.  —  A 
la  suite  du  calendrier,  qui  renferme  beaucoup  de  noms  de 
saints  anglo-saxons,  viennent  seize  grandes  peintures,  dont 
la  première  paraît  représenter  la  dame  à  laquelle  le  volume 
était  destiné,  et  dont  les  quinze  autres  sont  consacrées  à  di- 
verses scènes  de  la  Vie  de  Notre-Seigneur.  Au  bas  de  la  pre- 
mière page  du  psautier  proprement  dit,  sont  peintes  les 
armes  des  Fitz  Warine,  du  comté  de  Devon,  et  celles  des 
Clivedoh.  On  a  ajouté  dans  le  calendrier,  en  regard  du 


LIVRES  D  IMAGES.  281 


\iv*  siloiA. 


2  2  juin,  la  mention  de  la  mort  de  Jean  Cokayn,  justicier 
du  roi,  décédé  en  1429.  L'exécution  de  ce  beau  volume 
ne  doit  pas  être  antérieure  au  commencement  du  xiv'  siècle. 

Le  lecteur  a  dû  remarquer  que  beaucoup  des  psautiers 
qui  viennent  d'être  énumérés,  et  notamment  plusieurs  de 
ceux  dont  les  princes  français  se  servaient  au  xiii*  siècle ,  sont 
d'origine  anglaise.  11  est  donc  démontré  que,  sous  le  règne 
des  premiers  Plantagenets,  il  existait  en  Grande-Bretagne 
des  ateliers  de  copistes  et  d'enlumineurs,  d'où  sortaient  des 
psautiers  qui  se  plaçaient  avantageusement  en  France.  Nous 
.savons  d'ailleurs,  par  un  texte  du  xn*  siècle,  qu'il  y  avait 
des  monastères  anglais  dont  les  religieux  travaillaient  à  co- 
pier des  livres  qu'on  expédiait  en  France.  L'auteur  d'une 
chronique  encore  inédite,  rédigée  au  xii*  siècle  dans  le  Mao. de s»inie- 
prieuré  de  Sainle-Barbe-en-Auge,  nous  apprend  que,  de  m*"*^!. 61.  '^ 
.son  temps,  cette  maison  avait  en  Angleterre  une  succursale 
où  se  copiaient  des  livres  destinés  aux  églises  normandes  : 
Quia  autem  apud  Bequefort  victualium  copia  erat,  scriptores 
etium  ibi  habebantur,  quorum  opéra  ad  nos  in  Normanniam  mitte- 
bantur. 

Mais  la  concurrence  anglaise  n'empêchait  pas  les  artistes 
français  de  s'adonner  avec  un  entier  succès  à  l'exécution  de 
livres  à  peintures.  Rien  ne  saurait  être  comparé,  comme 
régularité,  comme  finesse  de  touche  et  comme  harmonie  de 
couleurs,  au  psautier  que  saint  Louis  se  fit  faire,  très  cer- 
tainement par  des  mains  françaises,  après  son  retour  de  la 
croisade,  et  qui  est  légitimement  placé,  avec  les  évangé- 
liaires  de  la  Sainte-Chapelle,  parmi  les  chefs-d'œuvre  de 
l'art'français  au  xiii*  siècle. 

On  s'imagine  difficilement  le  nombre  de  psautiers  que 
l'industrie  des  librairies  devait  alors  fournir  au  public.  Sans 
parler  de  ceux  que  réclamait  le  service  des  églises,  des 
monastères  et  des  couvents,  il  en  fallait  des  quantités  consi- 
dérables pour  répondre  aux  demandes  de  la  cour,  de  la  no- 
blesse et  de  la  bourgeoisie.  Dans  un  .seul  quartier  d'année, 
un  compte  de  l'hôtel  de  la  reine  Blanche  de  Castille,  rendu 
au  terme  de  la  Chandeleur  124^  (n.  st.),  mentionne  des 

TOME  XXXI.  3(i 


IVrillliEIIII     KATIO^^ILr, 


11V    SIEOI.I. 


282  UVRES  D'IMAGES. 


Deiis^i^ cab.    sommcs  payées  au  fils  de  Gui  le  Queux,  d'Orléans,  auquel 
(les  man..  tome  I.   qd  avait  fait  copier  trois  psautiers. 

**  '■  "°    '  Des  psautiers  latins  ou  français  se  trouvaient  dans  le  mo- 

bilier de  très  humbles  ménages.  Il  n'y  en  avait  pas  seule- 
ment chez  les  bourgeois  des  villes,  comme  on  le  voit  à 
Original  à  la   Toumai  par  le  testament  de  Marie  Payenne,  veuve  de  Ber- 

Bibliothèqiienatio-  li/^l  •!•  ■■■!  r> 

iiaie.  pièce  cotée   uard  de  Laionne,  qui  dispose  amsi,  au  mois  de  mars  1287 
vo7?83'd.'ucoi-    ("•  st.),  de  sa  petito  bibliothèque  :  «  A  Jakemin,  men  fil,  unes 
irciioMdeKianJie    «  Decretalcs  cu  roumaus;  Katherine,  me  fille,  le  livre  de 
M  Nostre  Dame;  Hanekin,  le  sautier  en  roumans  et  le  livre 
«  des  estoiles;  Gontelet,  le  livre  des  Pères;  Biernart,  le  rou- 
«  mant  dou  Chevalier  au  cisne.  »  11  devait  parfois  s'en  ren- 
Thonias  de  Can    coutrer  chez  de  très  pauvres  gens.  Thomas  de  Cantimpré 
bus*?  xxni  élii    •"^^oute  qu'uue  petite  paysanne  mourait  d'envie  d'apprendre 
deiôa;,  p.  93.      à  lire;  malheureusement,  ses  parents  étaient  trop  pauvres 
pour  lui  acheter  un  psautier.  La  sainte  Vierge  vint  à  son  se- 
cours; elle  lui  apparut  en  songe  et  lui  conseilla  d'aller,  les 
dimanches  et  les  fêtes,  près  de  la  maîtresse  qui  montrait  à 
lire  auv  demoiselles  de  la  paroisse.  La  pauvre  enfant  suivit 
ce  conseil,  et  son  zèle  frappa  les  riches  écolières,  qui  se  co- 
tisèrent et  lui  achetèrent  le  livre  objet  de  ses  vœux.  Evidem- 
ment ce  ne  devait  pas  être  un  de  ces  riches  psautiers  dont 
tant  d'exemples  ont  été  indiqués  dans  les  pages  qui  pré- 
cèdent. 

Les  livres  du  Nouveau  Testament  qui  se  prêtaient  le  plus 
naturellement  à  des  explications  en  images  étaient  les  Evan- 
giles et  l'Apocalypse. 
Kvxwii.Es.  A  toutes  les  époques  du  moyen  âge  et  dans  tous  les  pays 

de  la  chrétienté,  on  déploya  le  plus  grand  luxe  pour  doter 
les  églises  de  somptueux  textes  des  Evangiles.  Quand  il 
s'agissait  de  les  faire  exécuter,  on  s'adressait  aux  plus  habiles 
calligraphes,  on  choisissait  les  peaux  de  meilleure  qualité, 
on  semait  à  profusion,  dans  les  encadrements  et  dans  les 
initiales,  l'or,  l'argent  et  les  couleurs  les  plus  fines  et  les 
plus  brillantes;  on  décorait  les  couvertures  de  plaques 
d'ivoire  et  d'ornements  d'orfèvrerie  ou  d'émaillerie;  mais 


3 


LIVRES  D  IMAGES.  283       ,„.,,.^,^ 

l'usage  ne  s'établit  guère  de  joindre  au  texte  la  représenta- 
tion des  principales  scènes  évangéliques.  Les  seuls  tableaux 
u'on  demandait  aux  peintres  d'y  ajouter  se  réduisaient 
'ordinaire  à  l'image  du  Roi  de  gloire  et  aux  figures  ou 
aux  emblèmes  des  quatre  évangélistes.  La  justesse  de  cette 
observation  peut  se  vérifier  sur  les  innombrables  livres 
d'Évangiles,  du  ix'  au  xii"  siècle,  qui  sont  disséminés  dans 
toutes  les  bibliothèques  de  l'Europe. 

Un  autre  système  prévalut  pour  l'exécution  des  évangé- 
liaires,  c'e.st-à-dire  des  volumes  dans  lesquels  nous  trouvons, 
disposés  suivant  l'ordre  de  l'année  liturgique,  les  évangiles 
des  différentes  messes  du  propre  du  temps,  du  propre  des 
saints  et  du  commun. 

Dans  les  livres  de  ce  genre,  les  évangiles  des  fêles  prin- 
cipales sont  souvent  accompagnés  de  tableaux  représentant 
la  Nativité  de  Notre-Seigneur,  fAdoration  des  mages,  la 
Cène,  la  Résurrection,  l'Ascension,  la  Descente  du  Saint- 
Ksprit,  l'Assomption  de  la  sainte  Vierge,  etc.  Parfois  même 
on  est  allé  beaucoup  plus  loin.  Plusieurs  évangéliaires  de 
la  Sainte-Chapelle  de  Paris,  dus,  selon  toute  apparence,  à 
la  munificence  de  saint  Louis,  sont  ornés  à  chaque  page  de 
très  élégantes  miniatures,  qui  font  suivre,  jusque  dans  les 
moindres  détails,  toutes  les  scènes  des  récits  évangéliques. 
Les  manuscrits  latins  8892  et  178 2 6  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale, qui  ont  cette  origine,  sont  les  plus  beaux  exemples 
qu'on  puisse  citer  de  tableaux  du  xiii*  siècle  consacrés  à  la 
vie  de  Notre-Seigneur. 

Les  évangéliaires  ne  furent  pas,  au  xiii*  siècle,  les  seuls 
livres  qui  fournirent  aux  peintres  foccasion  de  traiter  les 
scènes  évangéliques.  Dès  cette  époque  on  exécuta  des  Vies  du 
Christ  qui  ne  consistaient  qu'en  suites  de  tableaux  dépourvus 
de  texte.  Tel  est  un  volume  qui,  sans  motif  bien  plausible, 
a  été  attribué  à  l'église  de  Saint-Martial  de  Limoges  et  qui  a 
fait  partie  du  cabinet  de  M.  Firmin  Didot.  L'étude  en  est 
très  facile  aujourd'hui  :  les  trente  tableaux  dont  il  se  com- 
pose ont  été  reproduits  par  M.  le  comte  de  Bastard  dans 
un  fascicule  intitulé  :  «  Histoire  de  Jésus-Christ  en  figures, 

36. 


\IV*  SIÈCI.K. 


284 


LIVRES  DIMAGES. 


ApOCAI.tPSK. 


«  gouaches  du  xii*  au  xiii*  siècle  conservées  jadis  à  la  col- 
«  légiale  de  Saint-Martial  de  Limoges  »  (Paris,  i879,in-fol.). 


De  tous  les  livres  de  l'Écriture  sainte,  l'Apocalypse  est  à 
coup  sûr  celui  qui  frappa  le  plus  l'imagination  des  popula- 
tions du  moyen  âge.  Si  les  théologiens  s'efforcèrent  à  l'envi 
d'en  expliquer  les  mystères,  les  artistes  se  complurent  à  re- 
présenter en  traits  saisissants  des  scènes  qui  inspiraient  le 
plus  vif  intérêt  aux  fidèles,  préoccupés  alors  de  la  venue  rie 
l'Antéchrist  et  de  la  fin  du  monde.  On  peut  distinguer  deux 
groupes  de  manuscrits  dans  lesquels  une  très  large  part  est 
réservée  à  la  représentation  des  scènes  apocalyptiques. 

Nous  avons,  d'un  côté,  les  copies  du  commentaire  de 
saint  Béat,  qui  se  multiplièrent  du  ix'  siècle  au  xiii*,  et  qui 
viennent  toutes  de  l'Espagne  ou  du  midi  de  la  France.  L'une 
des  plus  parfaites  est  celle  qui  porte  à  la  Bibliothèque  na- 
tionale le  n"  8878  du  fonds  latin;  comme  ce  volume  a  été 
peint  vers  le  milieu  du  xi"  siècle,  dans  l'abbaye  de  Saint- 
Sever  en  Gascogne,  il  a  pour  nous  une  importance  particu- 
lière; mais  il  suffit  d'en  rappeler  ici  l'existence.  ;  ! 

L'autre  groupe  de  manuscrits  de  l'Apocalypse  ornés  de 
peintures  appartient  à  l'Angleterre  et  au  nord  de  la  France. 
Les  plus  remarquables  de  ceux  que  nous  en  possédons  à 
Paris  sont  les  n°'  4o3 ,  9674  et  1 8096  du  fonds  français  de 
la  Bibliothèque  nationale,  et  le  n°  52i4  de  la  bibliothèque 
de  l'Arsenal.  Il  serait  inutile  de  s'y  arrêter  ici,  après  l'examen 
(ju'en  a  fait  M.  Samuel  Berger  et  après  la  reproduction  que 
M.  Coxe  a  publiée  en  1876,  pour  le  Roxburghe-Club,  d'un 
des  plus  anciens  exemplaires,  conservé  à  la  bibliothèque 
Bodléienne.  L'étude  de  ces  manuscrits,  qui  par  certains 
i)i<iot.Ue.iApo  côtés  se  rattachent  aux  Apocalypses  xylographiques,  a  été 
^l'^KnmmeT'D'c  3"»»»  abordée  par  M.  Didot,  et  plus  récemment  par  M.  le 
\|.ociiiyp«-.  docteur  Th.  Frimmel.  Celui-ci  a  donné  des  renseignements 

abondants  sur  les  dessins  des  Apocalypses  de  Trêves  et  de 
Bamberg,  qui  ne  paraissent  pas  rentrer  dans  les  familles 
des  manuscrits  ci-dessus  indiqués  et  dont  il  faudra  peut-être 
rapprocher  le  ins.  364  de  la  bibliothèque  de  Cambrai. 


'<*i 


LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES.  285 

Ici  nous  arrêtons  la  revue  des  livres  à  images  qui,  de- 
puis le  XII'  siècle  jusqu'au  commencement  du  xiv%  ont  été 
exécutés  soit  pour  initier  les  laïques  à  la  connaissance  de 
l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament,  soit  pour  leur  tenir  lieu 
des  livres  de  prières  dont  l'usage  devint  si  général  à  partir 
de  la  fin  du  xiv"  siècle.  A  la  rigueur,  nous  aurions  encore 
pu  faire  porter  notre  examen  sur  quelques  volumes  dans  les- 
quels on  a  représenté  des  Vies  de  saints  par  des  images  ac- 
compagnées de  courtes  légendes  en  prose  ou  en  vers,  en 
latin  ou  en  français;  mais  l'occasion  d'en  parler  se  présen- 
tera plus  naturellement  quand  nous  aurons  à  apprécier  des 
morceaux  plus  importants  de  la  littérature  hagiographique 
du  XIV*  siècle.  L.   D. 


\i\'  <n?ri.K. 


LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

\)V  PHILOSOPHE  SIDRACH. 


Les  bibliothèques  princlères  du  xiv*  et  du  xv*  siècle 
présentaient  souvent,  l'une  à  côté  de  l'autre,  deux  encyclo- 
pédies par  demandes  et  par  réponses,  en  prose  française, 
qui  offrent  quelque  ressemblance  entre  elles.  Nous  avons 
traité,  dans  le  volume  précédent,  du  Dialogue  philoso-  iiui.  '  ti.  ii«  lu 
phique  dont  les  deux  interlocuteurs  fictifs  sont  Placide  et  ,,.''"^)'. ;  ...iv/'^ 
Timeo.  Nous  devons  parler  maintenant  de  fespèce  de  caté- 
chisme de  omni  re  scibili  et  de  (^ud)asdnm  aliis,  attribué  à  un 
prétendu  Sidrach.  Ces  deux  ouvrages  étaient  destinés  à  satis- 
faire une  curiosité  bien  naïve.  Il  y  a  pourtant  entre  eux  une 
très  grande  différence.  Nous  avons  trouvé,  dans  Placide  et 
Timeo,  le  germe  d'un  véritable  esprit  scientifique.  Sidrach 
ne  témoigne  rien  de  semblable.  La  science  que  fauteur  y 
découpe  avec  minutie  n'est  que  routine,  tautologie,  confu- 
sion. On  voit  bien  ce  qui  pouvait  sortir  un  jour  de  Timeo; 
rien  assurément  ne  pouvait  sortir  de  Sidrach.  Un  tel  livre 
répondait  à  un  état  de  l'esprit  humain  tout  à  fait  inférieur; 

2  1 


XIV'  .HlKCLE. 


286 


I.A  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 


Delisie(L.).Le 
Cab.  des  manuscr., 
l.  III.p.  i36,  137, 
lio,  i83;  Van 
Pract,  Invent,  de 
G.MaHel,n°'347, 
488.  5og.  iii3; 
I)ouôt  d'Arcq,  In- 
vent, de  la  bibl.  de 
Charles  VI,  p.  i4g. 
189,  256,  3i6, 
364,  376.  694, 
710;  Ward,Catal. 
of  romances  in  tbe 
Rritisli  Muséum , 
t.  I,  p.  903  et 
.suiv.;  Bru  net,  Ma- 
nuel du  libraire, 
t.  V,  p.  6o5,  66G; 
Rartoli,  Il  librodi 
Sidrar,I.I,  p.  xvii; 
Arrh.  des  Miss, 
scient.,  j'  série, 
t.I(i873),p.264. 
î84.  286. 


Paris  (P.),  Les 
Manuscrits  franc. , 
I.  Vl,p.  34-3i. 


le  progrès  devait  consister  à  le  remplacer,  nous  dirions 
presque  à  le  supprimer,  au  moins  en  ce  qui  touche  la  lec- 
ture courante  et  l'enseignement. 

Le  succès  deSidrach,  pendant  plus  de  deux  cents  ans, 
fut  cependant  extraordinaire  dans  le  monde  laïque.  La 
bibliothèque  de  Charles  V,  vers  iSyS,  en  contenait  quatre 
exemplaires;  toutes  les  bibliothèques  princières  de  la  fin  du 
XIV*  siècle  le  possédaient.  Les  manuscrits  qui  nous  en  restent 
sont  nombreux.  La  Bibliothèque  nationale  en  a  plus  de 
dix  exemplaires;  le  Musée  britannique  n'en  a  pas  beau- 
coup moins.  Presque  toutes  les  langues  de  l'Europe  en 
eurent  des  traductions.  Vérard  donna  la  première  édition 
française  en  i486;  Paris,  dans  les  années  suivantes,  en  vit 
paraître  au  moins  six.  V  alence,  Rouen  en  eurent  également. 
Presque  ignoré  des  clercs,  l'auteur  est  cité  par  les  écri- 
vains vulgaires  sur  le  même  pied  qu'Aristote  et  les  docteurs 
les  plus  autorisés.  L'oubli  commença  pour  Sidrach,  comme 
pour  Timeo,  vers  i535.  Par  une  foule  de  raisons,  il  devait 
déplaire  aux  protestants.  La  Renaissance,, d'un  autre  côté, 
avait  remplacé  ces  fatras  du  moyen  âge  par  des  aspirations 
bien  plus  voisines  de  la  bonne  méthode  et  plus  suscep- 
tibles de  mener  à  la  vérité. 

Parmi  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale,  les 
n"'  fr.  24395,  que  nous  désignons  par  la  lettre  A,  et 
fr.  1160,  que  nous  désignons  par  B,  nous  ont  paru  les 
plus  anciens  et  les  plus  propres  à  nous  représenter  l'ori- 
ginal. Ils  sont  de  la  fin  du  xiii*  siècle  ou  du  commencement 
du  XIV^  M.  Paulin  Paris  a  décrit  avec  .soin  le  n"  763,  qui 
est  de  l'an  1 34o.  M.  Warda  donné  des  manuscrits  du  Musée 
britannique  une  notice  très  exacte.  Pour  le  nombre  des 
questions  traitées,  les  manuscrits  et  les  imprimés  s'éloignent 
beaucoup  les  uns  des  autres;  nous  en  expliquerons  plus 
loin  la  raison.  Le  plan  de  l'ouvrage,  au  contraire,  est  tou- 
jours à  peu  près  le  même;  les  prologues  et  les  épilogues  ne 
diffèrent  entre  eux  que  par  les  variantes  que  les  copistes 
et  les  premiers  imprimeurs  ont  introduites  dans  les  noms 
propres. 


I 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH.  287        ,„.  „i,^g. 

L'ouvrage  a,  en  quelque  sorte,  deux  prologues.  Le  pre- 
mier nous  expose  que  Sidrach,  un  des  descendants  de  Ja- 
phet  (847  ^^^  après  la  mort  de  Noé),  reçut  de  Dieu  le  don 
de  toute  science.  Dieu  lui  révéla  par  avance  le  mystère  de 
la  sainte  Trinité  ;  à  son  tour,  Sidrach  enseigna  ce  mystère 
à  un  roi  mécréant,  nommé  Boctus.  Boctus,  converti, adressa 
au  philosophe  une  série  de  questions,  auxquelles  celui-ci 
répondit  admirablement.  Le  roi  en  fit  faire  un  livre  qu'il 
appela  la  Fontaine  de  toutes  sciences.  Après  la  mort  de  Boc- 
tus, le  livre  tomba  entre  les  mains  d'un  «  grand  homme  des 
«  Caldees  »,  qui,  par  accord  avec  le  diable,  voulut  le  brûler; 
mais  Dieu  sauva  le  précieux  volume.  Longtemps  après,  il 
vint  au  pouvoir  d'un  roi  nommé  Madyan;  des  mains  de 
celui-ci,  il  tomba  entre  celles  d'un  «  meseau  »,  qui  eut  nom 
Naaman,  prince  des  chevaliers  du  roi  de  Syrie,  lequel 
guérit  sa  mésellerie  au  fleuve  Jourdain. 

De  là  aux  temps  postérieurs  à  Jésus-Christ,  il  n'en  fut 
plus  question.  Enfin  il  vint  au  pouvoir  d'un  «bon  homme 
«  griffon  »,  qui  était  archevêque  de  Sébaste,  nommée  en  l'an- 
cien temps  Samarie.  Ce  «  bon  homme  eut  nom  Ayos  Vasileo, 
«  et  si  eut  un  clerc  qui  eut  nom  Demetre,  qui  fu  cretien;  si 
«  l'envoia  en  Espaigne  prechier  la  foi  Jesu  Christ,  et  porta 
«ce  livre  avec  lui,  et  si  fu  a  Tolette  martirié».  Le  livre 
demeura  là  longtemps,  et,  quand  la  «  clergie  »  fut  venue  à 
Tolède,  «  si  trouvèrent  le  livre  et  le  translatèrent  de  grieu 
«  en  latin  ».  Le  roi  d'Espagne  entendit  parler  de  ce  livre; 
il  le  demanda  pour  lui  et  le  tint  en  grande  estime,  à  cause 
des  belles  demandes  qu'il  y  trouva.  Emir  el-Momenin,  qui 
en  ce  temps  était  seigneur  de  Tunis,  entend  parler  du  livre 
et  l'envoie  demander  au  roi  d'Espagne.  Celui-ci  le  fait  trans- 
later de  latin  en  sarrazinois  et  l'envoie  à  Emir  el-Momenin, 
«  qui  l'eut  moût  chier  ». 

Longtemps  après,  celui  qui,  au  temps  de  l'empereur 
Frédéric,  fut  seigneur  de  Tunis  le  posséda  et  se  fit  avec 
lui  une  grande  réputation,  car  il  adressait  des  questions  aux 
gens  et  y  répondait  avec  son  livre,  à  la  grande  admiration 
de  tous.  Les  messagers  de  l'empereur  s'émerveillaient  de 


\lt     SUXI.K. 


288  I.A  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

la  grande  science  du  seigneur  de  Tunis  et  se  demandaient 
d'où  elle  pouvait  venir.  On  leur  dit  qu'il  avait  en  son  trésor 
un  livre  que  le  roi  d'Espagne  avait  envoyé  à  ses  prédéces- 
seurs, et  d'où  il  tirait  toute  sa  science.  Les  messagers  con- 
tèrent cela  à  l'empereur,  qui  voulut  avoir  le  livre  et  pria 
qu'on  le  lui  envoyât,  lie  seigneur  de  Tunis  demanda  qu'on 
lui  adressât  un  clerc  qui  sût  le  latin  et  le  sarrazinois. 
L'empereur  lui  envoya  un  Irère  mineur  de  «  Palerne  »,  qui 
avait  nom  frère  Roger.  Celui-ci  le  translata;  il  apporta  sa 
translation  à  l'empereur,  et  l'empereur  en  eut  grande  joie. 
Or,  à  la  cour  de  l'empereur  vivait  un  honmie  d'Antioche, 
qui  avait  nom  Todre  le  philosophe.  Quand  il  entendit 
parler  du  livre,  il  n'eut  qu'une  idée,  ce  fut  de  le  voir,  et 
il  donna  et  promit  tant  aux  deux  chambellans  qu'il  eut 
l'exemplaire,  el  il  le  lisait  si  secrètement  que  nul  ne  le  sa- 
vait. Todre  le  j)hilosophe  envoya  privément  le  livre  en  pré- 
sent au  patriarche  Auberl  d'Antioche,  lequel  en  usa  toute 
sa  vie,  et  il  avait  avec  lui  un  clerc  nommé  Jehan  Pierre  de 
Lyons  : 

Cil  le  contre  escrist  et  l'aporta  a  l'cscole  a  Toulete.  Ensi  sont  trans- 
latez de  lui  |)luseurs  bons  livres  en  autrui  nom  ;  de  quoi  chascun  n'a 
pas  ce  livre  '.  Et  de  ci  en  avant  ne  savons  en  quel  pouoir  il  doit  venir. 
Mais  nous  prions  le  créateur  que  il  puisse  venir  el  pouoir  de  tele  gent 
qui  puissent  détenir  et  entendre  ce  que  il  dist  et  mettre  a  euvre  au 
sauvement  du  cors  et  de  i'ame. 

Bien  avez  oï  la  miséricorde  Dieu  nostre  seigneur,  pour  qucle  raison 
ele  fu  espandue  sus  son  serf  Sydrach  l'astronomien  et  le  grant  philo- 
sophe, el  entendu  comment  ce  livre  ala  de  l'un  a  l'autre.  Or  entendez 
des  choses  qui  sont  contenues  en  ce  livre  briefment  du  serf  Dieu  Sy- 
drach, de  la  terre  de  Tractabar,  de  la  génération  de  Japhet,  le  fils  de 
Noé. 

Suit  une  énuméralion  sommaire  des  matières  traitées 
dans  le  livre. 

'  B  :  •  De  quoy  cist  livres  chascuns  p.  906  :  «  Et  ala  a  l'escoile  de  Tolettes , 

«ne  le  pout  avoir.»  —   Ms.  Harléien,  «et  l'emporta  o  luy  ;  puis  revint  arier  el 

VVard ,  p.  906 ,  note  :  •  Eissisunt  translaté  •  fut  translater  de  plusors  bons  iiuvres  en 

•  plusur.s  bons  livcres  en  autre  noun  ;  de  •  autrui  nom ,  lesqués  nus  ne  puet  avoir.  > 

«  quel  liuvrc  chascun  ne  pout  aver  sa  vo-  —  Cette  dernière  leçon  nous  parait  être 

«  iunté.  •  —  Ms.  du  Musée  Brit. ,  Ward,  U  plus  rapprochée  de  celle  de  l'auteur. 


DU  PH[r>OSOPHE  SIDRXCH. 
L'auteur  du  prologue  reprend  ensuite  : 


289 


XIT*  SIÈCLE. 


En  l'an  nostre  seigneur  Jesu  Crist  m  et  ce.  et  xliii  furenl  fait  li  pro- 
logues et  li  argument  de  cest  livre  a  Touictc  par  pluseurs  ineslres  clers, 
dont  il  jiiierent  que  cil/.  Ii\re  est  et  sera  profitable  as  âmes  et  as  cors 
des  gens  cl  monde,  lequel  Diex  deigna  qu'il  fust  demonstré  par  le  sage 
Sydrach  de  prophelisier  de  la  venue  Jesu  Crist,  et  pour  ce  que  il  fu 
philosophe,  ne  lu  il  pas  mis  ci  renc  des  prophètes.  Donl  il  ne  porent 
acorder  de  mètre  en  ce  livre  les  chapitres  qui  touchent  a  une  raison 
les  uns  après  les  aullres,  mais  il  acorderent  de  lessier  les  uns  après  les 
autres,  ensi  com  il  sont  escrit  en  ce  livre,  tieus  com  li  roys  Boctus  les 
requist  au  sage  philosophe  Sidrach.  Et  si  ont  aucunes  choses  glosées 
de  ce  livre  par  hi  coniioissaiice  des  choses  qui  furent  avant  de  nous  et 
par  l'arl  de  philosophie.  Or  av(^s  oi  le  prologue  et  l'argument  de  ce  livre, 
comment  il  lu  fait  a  Toulete  et  en  quele  saison  et  en  quel  temps.  Or 
entendez  les  noms  des  questions  et  les  chapitres  et  leur  nombre  escript 
siu'  eulz. 

Au  milieu  de  toutes  ces  énigmes,  quelques  points  pa- 
raissent clairs.  Dabord  le  nom  do  Sifirach  est  sûrement 
pris  au  livre  de  Daniel  (i,  7).  Comme  son  homonyme  bi- 
blique, notre  Sidrach  refuse  d'adorer  les  idoles  et  maintient 
ferme  le  culte  du  vrai  Dieu  parmi  les  infidèles.  C'est  à  tort 
qu'on  a  voulu  rapprocher  le  nom  de  notre  auteur  prétendu 
du  nom  de  Jésus  fils  de  Sirach,  bien  que  la  confusion  soit 
ancienne.  L'histoire  de  Naaman  se  reconnaît  sans  peine  dans 
les  fables  qui  suivent.  Emir-el-Momcnin,  altéré  dans  l'édition 
de  Vérard  en  Emery  Clinomenu,  est  suffisamment  clair  et 
désigne  un  maître  arabe  de  l'Espagne.  Puis  éclatent,  mêlées 
à  d'étranges  chimères,  deux  vérités  historiques,  le  rôle  de 
l'école  arabo-chrétienne  de  Tolède  dans  les  échanges  fl'idées 
entre  latins  et  musulmans,  et  ce  trait  caractéristique  des 
correspondances  philosophiques  de  l'empereur  Frédéric  II 
avec  les  souverains  et  les  savants  musulmans.  Nous  possé- 
dons en  arabe  le  texte  même  de  quelques-unes  des  ques- 
tions que  l'empereur  adressait  aux  musulmans  éclairés  et 
des  réponses  de  ces  derniers.  Notre  confrère,  M.  Huillard- 
Bréholles,  en  réunissant  les  détails  de  ce  curieux  épisode 
de  l'histoire  littéraire  du  moyen  âge,  n'a  eu  garde  de  né- 
gliger le  passage  de  Sidrach  dont  nous  venons  de  parler,  et 

TOME  XXXI.  37 


Stcinsriinoidpi-, 
dans  II  RiKiiiai  rnti. 
1  87a,  p.  :!  '1 1  •  (A- 
Hisl.  lia.  (Il'  la 
France,  I.  XXVli, 

p.  5o5. 

Bartoli ,  op.  cit. . 
I  .  xïiil,  note. 

I[  Hoi.s,  (II.  V. 


Jourdain .  Irad. 
d'Aristotc,  p.  107 
il  suiv. 


Amari,  dans  le 
Journal  asiati(|ue, 
février-mars  i853, 
p.  2.4o  et  suiv.; 
Renan,  Avcrroès, 
p.    287    et   suiv.; 


2   1   ♦ 


DH-KinKiiit    >iArio:iiiLr. 


\IV'  SIÈCLS. 

liuiUard  -  Brcliol- 
]c!t,  IIi9t.di|d.  Fri- 
iler.  sec. ,  vol.  prc- 
litn.,  |>.  Dxxix  et 
Miiv.  ;  Reinaud, 
Eitr.  relatifs  aux 
rroisade-i ,  p.  435, 
'i36;  Vaiani.  VI. 
i;  WanI,  op.  cit., 
p.  9o5. 

Steinscbneider, 
loc.  cit.,  p.  34/1 , 
note  3. 


Quétil  et  KchanI , 
Script,  ord.  Pned., 
1. 1,  p.  126,  col.  3. 


Le  Quien.Oriens 
cliristiaiius ,  t.  III , 
col.  1 1 60,  1 1 6 1  ; 
Hainaldi ,  Annal, 
eccles. ,  aux  an- 
nées 123a,  1334  , 
1333, 1338,  ia43, 
ia45;Fleui7,IIi$t. 
ceci. ,  liv.  LXXX , 
n"  47  et  48. 


290 


LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 


a  jeté  sur  deux  ou  trois  do  ces  personnages,  qui  au  premier 
coup  (l'œil  paraissent  fabuleux,  un  jour  singulier.  Thodre 
ou  Todre  le  philosophe  est,  à  n'en  i)as  douter,  ce  Tlieo- 
dorns  philosophas,  qui  jouait  auprès  de  Frédéric  II  le  rôle 
d'une  sorte  d'astrologue  assermenté,  Theodorus  philosophus 
noster.  C'était  un  Sicilien,  ou  un  Oriental,  ou  peut-être  un 
de  ces  nombreux  juifs  d'Espagne  et  de  Provence  qui  por- 
taient le  nom  de  Todros.  Il  servait  au  roi  d'astrologue,  de 
secrétaire  arabe;  il  était  chargé  également  de  tout  ce  qui 
concernait  les  sirops  et  les  confitures,  et  paraît  avoir  traduit 
des  traités  arabes  de  fauconnerie.  Ailleurs  nous  le  voyons 
occupé  de  disputes  philosophiques  et  de  luttes  par  questions 
et  réponses  qui  rappellent  tout  à  fait  celles  de  Sidrach. 

Aubert  ou  Albert,  prélat  gibelin,  d'abord  évêque  de 
Brescia,  puis  patriarche  latin  d'Antioche  (1226-1246),  est 
aussi  un  personnage  considérable.  Il  assista  au  premier  con- 
cile de  Lyon,  en  1 2^5,  et  joua,  à  diverses  reprises,  un  rôle 
actif  dans  les  grandes  luttes  de  l'Empire  et  de  la  papauté. 
Nous  sommes  portés  à  croire  que  frère  Roger  de  Palerme 
et  le  clerc  Jean  Pierre  [Johanncs  Pétri)  de  Lyon  furent  aussi 
des  personnages  réels.  Comme  certains  indices  permettent 
de  supposer  que  le  livre  fut  fait  à  Lyon,  nous  admettrions 
volontiers  que  ce  Jean  Pierre  de  Lyon  a  bien  plus  de  droits 
que  Sidrach,  petit-fils  de  Japhet,  à  être  considéré  comme 
l'auteur  du  livre  entier.  La  phrase  «  ainsi  sont  translatés  de 
«  lui  plusieurs  bons  livres  en  autrui  nom  »  et  les  mots  qui 
suivent  ont  une  tournure  gauche  qui  porte  à  croire  qu'il  y  a 
là  quelque  sous-entendu. 

La  date  12^3,  que  l'auteur,  pour  garder  quelque  vrai- 
semblance, n'attribue  qu'au  prologue  et  aux  arguments, 
peut-elle  être  prise  pour  la  date  de  la  composition  même 
du  livre?  C'est  le  cas  d'appliquer  le  vieil  axiome,  que  souvent 
le  menteur  n'obtient  pas  créance  quand  il  dit  vrai.  Est-ce 
fictivement  ou  conformément  à  la  vérité  que  l'auteur  affirme 
avoir  écrit  son  ouvrage  en  «  estrange  terre  »,  à  Tolède?  Ce 
qui  est  bien  probable,  en  tout  cas,  c'est  que  l'ouvrage  en 
question  sortit  du  mouvement  philosophique  et  scientifique 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH. 


291 


XIV*  SIKCLI. 


dont  Frédéric  II  fut  le  centre  et  auquel  le  patriarclie  Albert 
put  avoir  sa  part.  Les  traités  d'histoire  naturelle,  de  source 
arabe  et  juive,  qu'on  voit  se  produire  en  si  grand  nombre 
autour  de  Frédéric,  se  retrouvent  quant  à  la  substance  dans 
Sidrach.  Plusieurs  des  questions  et  réponses  de  Sidrach  rap- 
pelleraient, d'après  M.  Ward,  celles  qu'on  trouve  dans  les 
Prophéties  de  Merlin,  ouvrage  qui  paraît  avoir  été  composé 
par  ordre  de  Frédéric.  Nous  avouons  ne  pas  être  frappés  de 
cette  similitude;  tout  au  plus  peut-on  faire  remarquer  que 
l'histoire  de  la  tour  qui  s'écroule  à  mesure  qu'on  l'édifie 
est  fondée  sur  le  récit  de  la  tour  de  Worligern,  reproduit 
d'après  Gaufrei  de  Monmouth  dans  le  roman  de  Merlin. 
M.  Steinschneider  a  signalé  d'autres  analogies  entre  le  cycle 
des  fables  de  Merlin  et  les  fables  du  faux  Sidrach.  Enfin 
M.  Ward  remarque  avec  justesse  que  les  questions  qui  for- 
ment le  fond  (hi  livre  sont  bien  ce  qu'on  attend  d'un  élève  de 
Todre.  Toutefois  il  faut  reconnaître  que  le  livre,  d'un  bout 
à  l'autre,  respire  non  seulement  la  plus  parfaite  orthodoxie, 
mais  la  plus  entière  soumission  à  l'Eglise.  Les  ordres  men- 
diants y  sont  présentés  comme  redoutables  par  leur  puis- 
sance, mais  seulement  pour  les  méchants.  Est-ce  de  l'hypo- 
crisie? On  a  peine  à  le  croire,  et  il  faut  plutôt  se  rappeler 
qu'il  est  dangereux,  quand  on  parle  de  l'état  des  esprits  au 
moyen  âge,  de  se  placer  au  point  de  vue  moderne  et  de  voir 
les  choses  d'une  manière  trop  tranchée.  Il  a  pu  y  avoir  dans 
l'entourage  de  Frédéric  des  gens  parfaitement  orthodoxes, 
tandis  qu'après  sa  mort  sa  réputation  devint  si  mauvaise 

3u'un  écrivain  docile  à  l'Eglise  établie  ne  se  serait  sans 
oute  point  placé  sous  le  patronage  de  son  nom. 

Il  semble  donc  probable  que  l'ouvrage  fut  écrit  vers 
i2  5o.  Ce  n'est  que  vers  i3oo  qu'on  en  trouve  des  manu- 
scrits. Ni  Raimond  Lulle,  ni  Pierre  du  Bois,  ni  Jean  de 
Meun  ne  le  connaissent.  Il  faudrait  ainsi  admettre  une  pé- 
riode d'une  cinquantaine  d'années  où  sa  vogue  fut  limitée. 
Cela  n'a  rien  d'invraisemblable.  Le  goût  qui  s'éveilla  vers 
i3oo  pour  les  livres  de  science  en  langue  vulgaire  put  faire 
remettre  en  lumière  un  livre  qui  allait  à  ce  but,  bien  que 

37. 


Ward,  p. goS. 


SleinKliuciilur, 
loc.  cit.  p.  i\-. 


\iv'  Sikc.LI. 


292  L  \  FONTAINE  DK  TOUTES  SCIENCES 


France,   I.  XXIIl 

p.   29'l. 


ao:?. 


la  faveur  des  lettrés  l'eût  un  peu  délaissé.  Nous  verrons 
d'ailleurs  plus  loin  qu'il  y  a  peut-êtni  au  peu  de  notoriété 
qu'eut  d'abord  le  livre  une  explication  particulière. 

Etait-ce  la  première  fois  qu'on  se  servait  du  nom  de 
Sidrach  pour  couvrir  des  compositions  apocryphes  d'un  ca- 
ractère scientifique  ou  prétendu  tel?  Non;  les  récits  qu'on 
vient  de  lire  supposent  d'autres  compositions,  surtout  astro- 

iiisi.  lia.  <ie  lu  logiques,  attribuées  à  ce  personnage.  Dans  des  écrivains 
bien  antérieurs  au  milieu  du  xiii*  siècle,  on  trouve,  dit-on, 
citée  l'autorité  de  Sidrach.  Des  compositions  astrologiques 
figurent  dans  les  manuscrits  grecs  sous  le  nom  de  "^ipày^, 

Coxe,  cataiogus   qui  paraît  être  ici  une  altération  pourS<^pàj(^'. 

•  udJ.  Bib).  Bodl., 

i"  pari.,  mss.  gr.,  _  i        !•  •  i      i< 

roi.  438;  sieiii         jl  est  teuips  maintenant  de  passera  la  di.scussion  de  lou- 

i>.  a4i;  Hisi.  lin.    vrage  même,  censé  écrit  par  bidracli. 

.ieiaFr.,t.xxvii,  j^y  j.q\  IJoctus,  qui  régnait  dans  une  grande  province 
entre  Inde  et  I^erse,  qui  est  a|)pelée  13eclorienne  ou  Boc- 
torie,  voulut  bâtir  une  ville  à  l'entrée  des  Indes,  pour  com- 
battre un  roi  qui  était  .son  ennemi  et  tenait  une  grande 
partie  des  Indes,  et  était  appelé  (iaraab  ou  (îaarab.  On 
commença  par  édifier  les  fondements  d'une  tour.  Mais, 
chaque  matin,  on  trouvait  abattu  le  travail  de  la  veille. 
Boctus  convoqua,  pour  sortir  de  peine,  les  devins  et  philo- 
sophes de  sa  terre.  Il  en  vint  quatre-vingt-neuf,  qui  deman- 

'    Dans    lin    autre   manuscrit    de    'n  tùv  [sic]b  &-eàf  yvùxrlbv  éalio  ffoi,  6rt 

liodléieiiiic,(ir.  Mise,  56,fol.93  (Coxc,  •arivra  eûSiiXaxTa  èirha^a  [sic]  airov, 

toi.  65 1),  on  trouve,  sous  le  nom  «le  èitoitjaoi  airùv  ^pàvtjfiov  xii  KXrjpôvofiov 

ïiîpii;^,  un  seruion  sur  la  cliariti-,  sur  la  oùpavov  xii  yrjs .  .  .    (Fol.  loo  v*.).  .  . 

pénitence,  la  seconde  parousie  du  Clirist.  xai   A^ei  6  'S,eipà)(_-    xipie,   xai    ifrit 

C'est,    à  ce   (]u'il  seniLile,   une    espèce  vioiyjaet  ^ttnayeo^lav  toC  loi/Xov   ao\t; 

(l"apocalvpse  dont  Sidratli  est  le  héros.  piant  nvcàv,  xùpie,  ànb  vivroi  xoxoû. 

En  voici  quelques  extraits  que  je  dois  h  Kai  "kéyti  à  iovXos  tov  &eoO  ïaSpàjj' 

la  complaisance  de  M.  F.  Madan  :  (Fol.  ipri  Xàêe  Tr/v  ^'^x/^v  fiov,  iétj-aora.  )La.i 

g.'i  v°.). . .  xai  eîitsv  Seîpà;^,  ri  xùpié  piov,  éXiëev  airàv  b  Q-ebs ,  xti  idrjxev  aùrùv 

xai  elitev  airoû  [sic]  r)  (^awr/-  éyù  àiteali-  èv  tû  vapalslao)  (lerà  tûv  iylciiv  iwi»- 

Xrjv  tupàs  as,  ïva  âvaXàSo)  oe  wSe  eis  rav.  M.  Umont  nous  siji;nale,  dans  ie 

ibv  oiipoLvàv.Ùiè  sÏTtev  r)deXov\akiiaaii  plus  ancien  catalogue  du  Vatican,  im- 

aTbp.a  iinb  </16(i3  toO  Q-eoii-  oOx  eifxi  ixa-  primé  en  traduction  abrégée  par  Mont- 

l'ôï,  xvpis,  ToO  àveXdeïv  eis  tous  oipa-  faucon  (liibliotheca  biblioth.  niss.,  1,5, 

vovs.  Kai  èxtsivas  raïs  ■alépti^iv  aOroO  col.  a ,  au  bas)  un  article  intitulé  :  Si- 

b  iyyeXos  éXaëev  axirbv  eut  rpitov  où-  ruch,  Enarralio  pia,  qui  peut    être  le 

pavoO.  .  .    (Fol.   q4  v*.).  .  .    Ai}'ei   ai-  sermon  de  la  Bodléienne. 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH.  *  293 

\I\    MKC.I.K. 

dèrent  quarante  jours  pour  bâtir  la  tour.  Leur  travail  fut 
détruit  couinie  celui  de  leurs  devanciers.  Le  roi  courrouce' 
les  lit  mettre  en  prison.  «  Et  ce  fut  la  première  prison  du 
«  monde  »,  ajoute  l'auteur. 

Après  divers  incidents  inutiles  à  raconter,  un  vieil  homme 
conseille  à  Boctus  de  faire  demander  au  roi  de  Tractabar 
de  lui  prêter  un  précieux  livre  qu'il  possède:  c'est  le  livre 
d'astronomie  que  Noé  écrivit  pour  Japhet,  sous  la  dictée  irmi.  itMi.imr, 
d'un  ange,  et  qui  est  venu  par  divers  intermédiaires  au  roi  "  "'"''"  ' 
de  Tractabar.  Boctus  prie  en  même  temps  ce  roi  de  lui  en- 
voyer, avec  le  livre,  son  philosophe  Sidrach,  versé  dans 
l'art  d'astronomie  et  savant  universel.  Le  roi  de  Tractabar 
consent  à  la  demande  de  Boctus.  Il  lui  envoie  le  livre  par 
les  mains  de  Sidrach.  Celui-ci  a  bientôt  enseigné  à  Boctus 
le  moyen  de  bâtir  sa  tour.  Le  secret  pour  rompre  le  charme 
qui  a  jusqu'ici  démoli  les  assises  des  travailleurs  est  dans 
une  montagne  «  de  la  j)arlbnde  Inde  »,  qu'on  appelle  la  mon- 
tagne du  corbeau.  C'est  la  montagne  où  s'arrêta  le  corbeau 
(le  l'arche.  Tout  y  est  miracle;  le  roi  s'en  empare  après  des  suiuscimeidoi, 
efforts  répétés,  dont  plusieurs  détails  ont  avec  le  roman    i; '**■''"'<: 'i^''- 

r  ■"  r  _  iiialiiir  inilialr,  du 

d'Alexandre  des  analogies  éloignées.  «i--  a. 

Boctus  était  mécréant;  Sidrach  adorait  le  vrai  Dieu.  Une 
série  de  manifestations  divines,  qui  rappellent  les  récits  bi- 
bliques sur  Elie  et  les  prêtres  de  Baal,  ou  mieux  encore  les 
apocryphes  qui  flottent  autour  du  livre  de  Daniel,  amènent 
la  conversion  de  Boctus.  Par  un  miracle  qui  n'est  pas 
beaucoup  plus  difficile  à  admettre  que  tant  d'autres,  c'est  le 
christianisme,  surtout  le  dogme  de  la  Trinité,  que  Sidrach 
enseigne  à  Boctus.  En  possession  d'un  tel  docteur,  Boctus 
donne  un  libre  cours  à  sa  curiosité.  Il  pose  à  Sidrach  une 
série  de  questions,  auxquelles  ce  dernier  répond  avec  une 
assurance  imperturbable.  Avant  d'entrer  dans  le  détail  de 
ces  questions,  revenons  sur  l'exposé  qui  précède,  pour  en 
examiner  quelques  points. 

Le  nom  de  Boctiis  demande  d'abord  à  être  discuté.  L'édi- 
tion de  Vérard  présente  la  forme  Boënis,  qui  n'est  qu'une 
faute  de  lecture  ou  d'impression;  quelques  manuscrits  sans 


XI»    SIECLE. 


294 


LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 


SleiiiM-hneider, 
lor.  cit.,  p.  2^1; 
llisl.  lilt.  de  la 
Kraiire,  I.  XXVll, 
l>.  5o>. 


Kenan,  Histoire 
des  oiig.  clu  Chris- 
tian.,  t.  I,  p.  336 
et  »u\\. 


autorité  ont  Bocciis  ou  Bothus  ;  i'italien  a  Botozo;  mais  la 
Ibrme  attestée  par  l'accord  de  tous  les  bons  manuscrits  est 
Boctus.  Le  nom  du  pays  dont  Boctus  est  roi  prête  à  quelques 
doutes.  Il  semble  bien  que,  derrière  toutes  les  variantes,  se 
cache  le  nom  de  la  Bactriane.  M.  Steinschneider,  égaré  par 
.son  idée  favorite  d'une  parenté  entre  la  fable  de  notre  livre 
et  celle  de  Ben-Sira,  dérive  Boctus  de  Bokt-nasar,  forme  arabe 
de  Nabuchodonosor.  Cette  hypothèse,  selon  nous,  doit  être 
écartée.  Sidrach  appartient  au  cycle  des  fables  groupées  au- 
tour de  Daniel;  or  le  roi  païen  auquel  se  rapporte  ce  cycle 
de  fables  n'est  jamais  Nabuchodonosor;  c'est  Balthasar  ou 
Cyrus. 

Si  la  forme  Boëlus  n'était  si  peu  recommandée,  ce  serait 
assurément  celle  qui  prêterait  à  l'explication  la  plus  com- 
mode, surtout  clans  l'hypothèse  où  l'on  admet  aux  origines 
du  livre  une  influence  juive.  Le  mot  cnr^a,  Boëlhuslm, 
est  dans  les  écrits  talraudiques  à  peu  près  synonyme  d'épi- 
curiens, mécréants;  D'.n-ia,  Boëthus,  est  le  créateur  censé  de  la 
secte  des  matérialistes  riches  et  mondains,  des  Sadducéens. 
H  serait  très  admissible  qu'un  auteur  juif  eût  pris  ce  nom , 
devenu  symbolique,  pour  désigner  le  roi  qu'il  s'agissait 
d'amener  à  la  bonne  doctrine.  Mais  l'absence  de  la  forme 
Bo'élus  clans  les  manuscrits  empêche  de  s'arrêter  à  cette  idée. 

Le  pays  de  Tiactabar  ou  Tratabar  ne  saurait  être  déter- 
miné; on  n'en  peut  dire  autre  chose,  sinon  que  ce  nom 
paraît  avoir  traversé  les  transcriptions  arabes  ou  hébraïques 
(comparez  Sendabar).  Nous  en  dirons  autant  du  nom  du  roi 
Garaub  ou  Garaad. 

Abordons  maintenant  le  détail  des  questions  que  Boctus 
pose  à  Sidrach,  et  que  celui-ci  est  censé  avoir  résolues.  Le 
nombre  de  ces  questions  parait  varier  beaucoup  selon  les 
manu.scrits  et  les  éditions.  Cela  tient  aux  additions  et  retran- 
chements auxquels  ces  sortes  d'ouvrages  se  prêtent  avec  une 
extrême  facilité;  cela  tient  surtout  à  ce  que,  dans  la  table 
des  questions  qui  est  à  la  fin  du  premier  prologue,  les  ques- 
tions sont  souvent  chiffrées  avec  beaucoup  d'inexactitude. 
La  coupe  des  questions  est,  en  outre,  très  différente,  plu- 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH.  295 


\iy   SIKI.I.E. 


sieurs  questions  étant  souvent  réunies  sous  une  seule  ru- 
brique,  pour  former  des  espèces  de  traités  à  part.  Dans  le 
manuscrit  A,  le  nombre  des  questions  est  de  iiSq.  H  est 
de  1208  dans  le  manuscrit  de  Rennes;  dans  d'autres  ma-       Maiiiei.  cami. 
nuscrits,  de  1122,  iio5.  Dans  les  éditions  imprimées,  il   Rcnms,  p    i5o 
flotte  entre  1 07  3  et  1  o84 .  Dans  l'édition  de  la  veuve  feu  Jehan    '  ^'•■ 
Trepperel  et  Jehan  Jehannot,  ce  nombre  va  jusqu'à  1904. 
La  première  édition  de  Vérard  étant  très  claire  et  très  com- 
mode, nous  en  adopterons  les  numéros,  sans  omettre  de 
mentionner  la  concordance  avec  les  numéros  des  manu- 
scrits A  et  B. 

L'ordre  des  questions  se  présente  d'abord  comme  assez 
satisfaisant,  selon  les  idées  du  temps;  c'est  l'ordre  de  toutes 
les  sommes  et  de  toutes  les  encyclopédies  renfermées  dans 
le  cadre  théologique  :  Dieu,  les  anges,  les  diables,  l'homme, 
le  paradis,  l'histoire  biblique.  Le  christianisme,  grâce  aux 
révélations  particulières  que  possédait  Sidrach,  est  pleine- 
ment exposé. Les  dogmes  delà  Trinité,  de  l'Incarnation,  de 
la  virginité  de  Marie  (n*"  27,  3 1),  les  signes  de  la  naissance 
<le  Jésus-Christ  (n*"  608,  609),  l'histoire  évangélique,  la  ré- 
surrection, l'Eucharistie  (n°'2  32,  619),  l'Assomption  de  la 
Vierge  (n"  417),  le  purgatoire  (n"  4 16,  417,  46 1),  sont 
enseignés  ex  professa.  Les  précautions  que  prend  l'auteur 
pour  éviter  ce  qui  ferait  de  trop  forts  anachronismes  (n"  833) 
sont  bien  faibles,  puisque  (n°  453)  l'Evangile  est  cité.  La 
légende  de  la  mort  de  saint  Jean,  confondue  avec  la  légende 
de  l'Assomption  de  la  Vierge,  implique  une  doctrine  parti- 
culière sur  le  purgatoire  qui  paraît  n'avoir  pas  été  celle  de 
tous  les  bons  docteurs  (n"  417).  Les  idées  sur  l'Antéchrist 
(n°'  ioi8  et  1019)  reproduisent  celles  qui  avaient  cours 
à  la  fin  du  xiii*  siècle. 

A  mesure  qu'on  avance,  le  désordre  et  les  redites  aug- 
mentent. Les  enfantillages,  les  devinettes,  comme  les  affec- 
tionne toute  littérature  populaire  (n"  349,  ^7*  ^^  suiv.),  se 
mêlent  aux  plus  importantes  questions  de  la  cosmographie  et 
de  la  physique  générale.  Aucune  curiosité  sérieuse  n'anime 
tout  cela.  A  cette  question  impertinente  du  roi  Boctus  :       *.  iShu.  190. 


xit  suxr.K. 


296  F. A  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

Il  Se  ainsi  estoit  que  mon  père  et  ma  mère  n'eussent  point 
«esté  nez,  comment  eusse  je  esté  né?»,  Siflrach  répond 
sans  hésiter  :  «  Posé  ores  que  ton  père  et  ta  mère  n'eussent 
«jamais  esté  nez,  si  eusses  tu  esté  né  d'aultre  père  et  de 
«  auitre  mère.  » 

Les  contradictions  de  Sidrach  sont  perpétxielles.  Il  con- 
naît la  rotondité  de  la  terre  (n"'  71^  et  suiv.);  mais  il  croit 
au  firmament,  à  une  voûte  solide  tournant  sans  cesse  et  en- 
globant la  terre  (n°'  215,216,217,  24o).  Les  problèmes  les 
plus  graves  du  système  du  monde  passent  devant  lui,  sans 
qu'il  donne  le  moindre  signe  d'intelligence.  Les  mystères  de 
la  génération  sont  ceu\  qui  le  préoccupent  le  plus  (n"'  Sg/i 
et  suiv.,  5i  1  et  suiv.).  Comme  Timeo,  il  est  sur  ce  sujet 
plein  de  discours;  il  va  souvent  jusqu'à  la  grossièreté 
(n"  5 10),  jamais  jusqu'à  des  notions  véritablement  scienti- 
fiques. Sa  doctrine  sur  les  tempéraments  et  leurs  rapports 
avec  les  constellations,  sur  les  vertus  des  pierres  précieuses 
et  des  herbes  (n"'  877  et  suiv.),  est  la  répétition  d'un  vieux 
fonds  d'idées  sans  valeur,  en  grande  partie  d'origine  arabe, 
(|ue  chacun  s'appropriait,  et  qui  se  comprend  parfaite- 
ment dans  le  milieu  particulier  où  il  semble  que  le  livre  fut 
composé. 

Le  moraliste,  chez  Sidrach,  n'est  pas  supérieur  au  phy- 
sicien. Ses  sentiments  sont,  en  général,  d'une  grande  bana- 
lité; quand  il  sort  de  la  tautologie,  il  évite  rarement  la  sot- 
tise. Son  portrait  du  galant  homme  a  pourtant  des  traits 
assez  justes  (n"  787  de  Vérard,  11°  822  du  ms.  A).  Le  roi 
demande  «de  quelle  manière  doit  estre  homme».  Sidrach 
répond  : 

L'ome  doit  estre  de  belle  manière  et  courtoys  et  amiable  a  chascun  et  de 
poi  de  paroHe  et  depoi  de  priz,  et  doit  parler  courtoisement  et  a  trait,  ne 
trop  bas  ne  trop  haut,  et  entendre  volenliers  la  raison  de  laultre  gent  quant 
il  parlent,  ne  blasmer  nului  ne  soi  déliter  quant  l'en  blasme  aultrui,  et  a 
jugier  avec  la  gent  courtoisement  et  debonairement ,  selonc  que  il  atiert 
a  chascun,  et  estre  debonaires  avec  sa  maisnie,  et  estre  courtois  et 
larges  en  son  mengier,  et  doner  de  sa  viande,  et  seoir  soi  courtoisement 
sans  trop  lever,  se  besoin  n'en  a,  et  tenir  son  cors  net  et  aoumé,  et  en 
pluseurs  autres  manières  assés.  ■);'?.'1'|j    viî*)*   /  '^i 


XIV    SIKCI.K. 


DU  PHILOSOPHE  vSIDRACH.  297 

Les  idées  générales  de  Sidrach  sur  l'organisation  de  la 
société  méritent  d'être  citées  (n°  32a,  Vér.;  217  selon  B). 
Le  roi  demande  «  lesquelles  gens  sont  ce  qui  maintiennent 
«  le  monde  ».  Sidrach  répond  : 

Quatre  manières  de  gens  sont  qui  le  monde  maintiennent.  Priniiers 
sont  cil  qui  les  sciences  mostrent,  et  enseignent  les  biens  as  gens  et  la 
créance  de  Dieu  le  père  omnipotent ,  en  tel  manière  comme  il  se  doivent 
maintenir  en  cest  siècle.  La  seconde  manière  sont  cil  qui  toute  la  gent  font 
vivre  par  lor  trevail;  ce  sont  cil  qui  erent  et  encultivent  et  painent  de 
gaignier  le  fruit  de  la  terre  por  eaus  et  por  les  autres.  La  tierce  si  est  la 
seignorie,  qui  maintienent  la  gent  d'armes  et  maintienent  la  terre  et  le 
peuple ,  et  govcrnent  les  povres  et  les  riches  et  les  font  seurement  aler. 
La  quarte  manière  sont  les  gens  de  mestier,  cil  qui  les  marcliiés  font  et 
qui  portent  les  choses  besoigneuses  de  l'un  pais  a  l'autre.  Et  se  ces  quatre 
manières  de  gens  ne  fuissent,  le  monde  ne  se  porroit  maintenir. 

Voici  comment  Sidrach  répond  à  la  question:  «  Pourquoi 
«  Dieu  fit  les  uns  pauvres  et  les  autres  riches  »  (n"  701,  Vér.; 
782  dans  A)  : 

Diex  fist  aussi  tout  le  monde  comme  il  doit  estre;car  se  Diex  eûst  fet 
toutes  les  gens  riches,  nul  ne  feïst  riens  pour  l'autre,  ains  fuissent  tuil 
communal,  et  nulle  loyauté  ne  justice  ne  fust  faite;  et  se  il  les  eûst  tous 
fais  povres,  enseuient  fust  conmie  des  riches,  et  le  monde  alast  en  ape- 
tirant,  pour  ce  que  il  ne  porroit  estre  maintenu.  Car  aussi  le  maintiennent 
les  povres  comme  les  riches  et  les  riches  comme  les  povres.  Car 
les  povres  travaillent  pour  les  choses  besoigneuses  au  monde,  et  les 
riches  les  achatent  de  eulz,  et  se  les  riches  nés  achatoient,  ne  vaudroit 
mie  tant  le  travail,  ne  il  ne  porroient  mie  vivre;  et  se  les  povres  ne 
fussent ,  les  riches  ne  porroient  avoir  par  leur  richesse  ce  que  mestier  leur 
seroit,  et  si  ne  porroient  vivre.  Et  pour  ce  convient  qu'il  soient  les  uns 
riches  et  les  autres  povres. 

L'auteur  est,  en  général,  un  conservateur  dogmatique  du  iiisi.  liu.  <ic  la 
pouvoir.  A  rencontre  de  Timéo,  qui  croit  que  le  gouverne-  '^"s'^^tsi.i^^" 
ment  vient  d'un  brigandage  très  ancien,  Sidrach  pense,  avec 
.sairit  Paul,  que  tonte  seigneurie  vient  de  Dieu  (n"  452),  et 
qu'il  faut  maintenir  le  pouvoir  existant;  il  veut  une  justice 
rigoureuse  allant  jusqu'à  la  cruauté  (n^So,  453,  454).  Le 
juge  doit  être  sans  pitié  (n"  699).  Si,  dans  le  nombre  des 
victimes  de  la  justice,  il  y  a  des  innocents,  le  mal  n'est  pas 

TOMB  XXXI.  38 


TIV*  NÉCLI. 


298 


LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 


Véraïa. 
A,  819 


78»; 


grand  :  les  tourments  qu'ils  ont  soufferts  leur  seront  comptés 
en  défalcation  du  purgatoire.  Le  roi  a  le  droit  de  tuer  un 
fiers  de  ses  sujets,  de  torturer  un  autre  tiers,  pour  que  le 
troisième  tiers  vive  tranquille  (n"  743,  Vér.;  776  dans  A): 

Le  roy  demande  :  Les  roys  ont  il  le  pouoir  de  Dieu  a  deflaire  tout 
home  qui  meffait?  Sydrach  respont  :  Les  loys  et  les  seigneurs  ont  le 
pouoir  de  Dieu  en  terre,  et  le  peuple  leur  est  doné  en  terre  a  garder 
et  a  maintenir  et  a  sauver,  et  l'un  tiers  leur  est  doné  a  deflaire  du  tout 
en  tout,  et  l'autre  tiers  a  desmembrer  loiaument  pour  chastier,  et  pour 
^avre  l'aultre  tiers  en  pais. 

L'auteur  est  extrêmement  préoccupé  des  rapports  des 
deux  sexes;  il  n'aime  pas  les  femmes.  La  femme  est  pour 
lui  un  être  voluptueux,  faible,  timide,  nerveux,  incapable 
de  se  maîtriser,  sans  courage,  tremblant  pour  rien  (n*"  893, 
488),  avec  cela  très  rusé.  Quoique  moins  instruite  que 
l'homme,  elle  le  déçut  au  paradis  terrestre  (n"  8i'i),  et 
elle  continue  à  le  tromper  dans  la  vie  commune  : 

Le  roi  demande  :  Doit  home  croire  la  plainte  de  sa  moillierP  Sydrach 
responl  :  Certes,  qui  croit  la  plainte  de  sa  moillier  il  est  aussi  comme 
cil  qui  a  chascun  veut  noisier.  Car  femme  est  de  legiere  complexion  et  de 
petit  fera  grant  mençonge,  et  despit  habite  plus  en  famé  que  en  home, 
pour  la  foible  complexioii  dont  elle  est,  et  pour  une  parolle  que  l'en  dira 
ou  fera,  elle  l'engreignera  par  le  despit  qui  est  en  li  en  moût  de  foies 
mençonges,  et  ne  li  chaut  que  de  ce  aviegne,  mes  que  elle  puisse 
revengier  son  despit;  et  pour  ce  est  cil  fol  qui  croit  la  plainte  de  sa 
moillier  ou  d'autre  famé,  s'il  ne  la  voit  ou  s'il  ne  l'ot  par  d'autres. 

La  question  suivante  (Vér.,  786;  A,  820)  est  empreinte 
du  même  sentiment  de  malveillance  : 

Le  roy  demande  :  Se  doit  home  fier  en  femme?  Sydrach  respont  : 
Certes  es  bones  l'en  se  doit  fier,  selonc  la  chaste  de  leurs  cors;  mes  au- 
cunefois  elles  se  corrompent  tost  par  convoitise,  ou  par  soufiraite  d'au- 
cunes choses,  ou  par  envie,  quant  elles  voient  que  autres  famés  ont  et 
veuUent  autresi  avoir;  si  se  corrompent  par  losangerie.  et  c'est  pour  la 
foible  coniplexion  que  elles  ont;  et  pour  ce  gart  home  que  il  ne  lait 
avoir  soufTraite  a  sa  femme  que  il  puist,  et  qu'il  ne  li  lait  avoir  acointance 
avec  foie  famé  ne  avec  plus  riche  de  li ,  car  l'envie  la  porra  corrompre 
pour  avoir  autretel;  et  de  leur  secré  elles  se  corrompent  de  legier,  car 
elles  sont  de  si  foible  complexion  que  a  paine  se  sevent  elles  garder,  ne 
ne  peuent  leur  secré.  t  / 


fjt. 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH. 


299 


XIV'  SIÈCLK. 


La  question  de  la  préférence  à  donner  aux  brunes  ou  aux 
blanches  est  tranchée  par  l'auteur  selon  les  saisons  :  les  brunes 
valent  mieux  en  hiver,  les  blanches  valent  mieux  en  été 
(n^SôS;  A,  n"  368).  Dans  la  question  :  «  Lequel  vautmieux, 
«  chez  la  belle  femme,  beau  visage  ou  beau  corps  »,  Sidrach 
a  des  idées  très  arrêtées  : 

Homes  et  famés  qui  sont  acompli  de  leur  membres  et  sont  en- 
tier, la  belle  chiere  leur  est  plus  belle  que  le  biau  cors  ;  car,  se  le  cors 
est  blanc  et  net,  si  est  il  couvert  de  sa  vesteure,  et  la  chiere  est  tous  jours 
Hescouverle  ;  et  le  délit  n'est  que  en  la  chiere ,  et  qui  regarde  aultre 
ciiose  que  la  chiere,  il  pèche  durement.  Et  pour  ce  disons  nous  que  la 
belle  chiere  est  plus  bel  séant  a  la  femme  entière  et  acompUe  que  le  biau 
cors. 

Sur  la  jalousie,  les  opinions  de  l'auteur  sont  singulières 
et,  on  peut  le  dire,  personnelles.  Son  indulgence  ressemble 
fort  au  mépris  (n"  i3g  et  i4o;  B,  n"'  89  et  90).  L'homme 
sage  se  garde  d'un  tel  sentiment.  Quand  il  trouve  sa  femme 
en  faute  très  grave,  il  se  contente  de  la  «  chastoyer  »  douce- 
ment, puis  il  oublie  ou  dissimule.  La  honte  du  scandale  re- 
tombe toujours  sur  l'homme.  «Se  tu  craches  vers  le  ciel, 
«  sur  toy  descendra  ton  crachat  »  (n"  397)  : 

Le  roy  demande  :  Fait  il  bon  estre  jalons  de  sa  femme  P  Sydrach  res- 
pont  :  Tu  ne  dois  pas  estre  jalons  de  ta  moillier  en  nulle  manière  du 
monde.  Car  se  ta  moillier  est  bonne  famé  et  loyale,  et  tu  la  jalouses, 
tu  la  fais  devenir  mauvaise  famé.  Et  se  elle  est  mauvaise  famé ,  et  tu  la 
jalouses,  tu  la  fais  devenir  plus  mauvaise  que  elle  n'est.  La  bonne  femme, 
nulle  chose  du  monde  ne  la  peut  comparer,  ne  or  ne  argent  ne  pierres 
précieuses,  et  plus  est  a  prisier  et  a  amer  et  a  honourer  la  bonne  famé 
que  le  bon  liome;  car  la  bonne  famé  n'a  pas  tant  de  sens  comme  l'ome, 
et  par  sa  grant  bonté  elle  est  botme,  et  pour  ce  elle  est  plus  a  prisier 
que  l'ome.  Deus  choses  pueent  venir  a  jalouser  la  bonne  famé.  Car  se 
tu  es  jalons ,  elle  s'en  porra  tost  courroucier,  si  que  elle  en  porra  avoir 
une  grant  eiifermeté,  ou  la  feras  par  ton  despit  estre  mauvaise  famé, 
ou  elle  fera  faire  choses  pour  toi  tuer,  ou  te  fera  tuer  a  un  autre  home; 
car  par  ta  jalousie  elle  perdni  son  sens  et  si  devenra  folle  et  fera  tous 
maulx.  Et  se  tu  es  jalous  de  la  mauvaise  femme,  elle  fera  pis,  et  pensera 
tousjours  de  toi  faire  mal,  et  tousjours  se  pensera  en  sa  folie,  et  pour  ce 
en  nulle  guise  du  monde  l'en  ne  doit  estre  jalous  de  sa  moillier,  soit 
bonne  soit  mauvaise. 

38. 


Véiard,  liio; 
,  4^9;  B,  ioi. 


Conf.  Ecili, 
i\,  I. 


Vérard.  398; 

A ,  4o8  et  4  09  ; 

B,  278. 


tIV*  SIÈCLE. 


300  LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 


Le  roy  demande  :  Se  doit  on  courroucier  ou  estre  jalons  quant  sa 
Vcrard.  3!)<(;    femme  paiolle  a  un  autre  homme?  Sydracli  respont  :  Se  ta  femme  pa- 
^-  '""•  roUe  a  ton  ami  ou  a  un  autre  homme,  ou  selle  jeue,  ou  se  elle  rit,  ou 

se  elle  trufe  et  se  elle  regarde  vers  la  porte  ou  vers  l'uis,  ja  pour  ce  ne  te 
dois  courroucier  ne  avoir  jalousie.  Telles  jeucrit  et  rient  et  moquent  de 
leur  bouches  qui  sont  pures  et  neles  sans  nul  malice  du  monde,  et  sont 
connue  le  fm  or.  Et  telles  sont  coies  et  débonnaires  et  paisibles  et  hon- 
teuses dehors  qui  en  leur  cuers  sont  plaines  de  fausetc  et  de  foUe,  et  ne 
sont  pas  dedens  comme  elles  samblent  dehors,  aussi  connue  la  belle 
pome,  qui  est  belle  et  oudourant  dehors,  et  dedens  est  pourrie  et  ver- 
meneu.se.  Et  pour  ceste  raison  l'en  ne  doit  mie  estre  jalons  de  sa  moillier, 
se  il  n'est  bien  certain.  Et  aussi  In  famé  de  l'ome. 

L'auteur  discute  un  cas  beaucoup  plus  grave  avec  une 
crudité  que  nous  sommes  obligés  d'atténuer  (n"  53  i,  Vér.; 
55o  dans  A;  4oi  dans  B).  Le  roi  demande  :  «  Si  un  homme 
«  surprend  sa  femme  en  délit  d'adultère,  que  doit-il  faire?  » 
Sidracb  répond  : 

Se  un  homme  treuve  un  autre  homme,  .  .  .  n'est  mie  merveille  se 
il  se  courrouce;  mes  il  s'en  doit  passer  paisiblement  et  debonnairement 
et  lessier  l'orne  aler;  car  se  elle  ne  voulsist,  il  ne  l'eiist  pas  fait;  et  se 
la  doit  chastier  courtoisement  et  amonester  la  humblement,  car  toute  la 
charche  et  le  blasme  n'est  que  en  la  femme ,  car  nul  homme  du  monde 
ne  la  porroit  efforcier  se  il  ne  la  voloit  tuer,  et  il  ne  li  doit  pas  ce  fait 
reprochier,  car  elle  en  feroit  pis;  mes  il  doit  oster  la  jalousie  et  le  cour- 
rons de  son  cuer,  et  se  il  pense  a  ce  fait,  il  fera  foUie;  car  se  il  a  trouvée 
sa  fenmie  avec  un  home,  il  n'est  mie  seul  el  monde.  Et  por  cel  péril  que 
semble  a  lui  de  sa  femme,  elle  n'est  pour  ce  morte  ne  apeticie,  ne  il 
meismes  mort,  ne  pour  ce  la  terre  ne  pert  mie  a  porter  son  fruit,  ne  les 
yaues  ne  sont  mie  pour  ce  sèches,  ne  ja  pour  ce  nostre  signeur  n'en 
deffera  le  monde.  Et  se  ce  fait  ii  samble  grief,  ans  autres  gens  sanible 
neent,  comme  chose  qui  onques  ne  fu.  Et  pour  ce  se  doit  l'en  passer 
legierement  et  ne  doit  pas  penser  en  ce,  ne  mètre  [soi]  en  consumma- 
tion  pour  celui  qui  estacostés  a  une  charoigne,  car  tout  home  du  monde 
qui  gist  a  autrui  famé  est  samblable  au  chien  et  pire  que  chien  qui 
runge  les  charoignes,  et  toute  famé  qui  se  donne  a  autre  home  que  a 
son  compaignon  est  samblable  a  la  charoigne  et  pire  que  charoigne 
pullente  que  li  chien  deveurent  et  menguent.  Et  pour  celle  orde  chose 
ne  doit  mie  faire  home  telle  chose  que  il  soit  destruit  du  tout  en  tout; 
car  après  ce  le  repentir  ni  vaut  nient;  mes  il  se  doit  passer  briemont 
et  celeement,  et  en  ce  fera  son  profit  et  son  honneur  a  lame  et  au 
cors,  et  fera  au  plaisir  Dieu  et  doleur  au  dyable. 


DU  PHILOSOPHE  SIDUAGH.  301 

La  question  33o  (335  dans  A,  2ii  dans  B)  nous  pré- 
sente un  tableau  plus  discret.  Le  roi  demande  :  «  Puet  estre 
•  que  Tome  voit  aucune  fois  la  fanie  et  l'aime  pour  ce  veoir 
«  sans  plus,  et  aussi  la  famé  l'omme?  »  Sidrach  répond  : 

Quant  Tome  voit  la  famé  et  la  famé  l'orne  et  l'aime,  ce  avient  de  la 
nature  de  leur  cuers,  et  sont  de  foible  cotnplexion,  et  par  la  vaineté 
de  leur  cucrs  si  retiennent  délit  de  celle  veue,  et  de  leur  biauté  ou  de 
l'un  ou  de  l'autre,  qui  rellnmbe  en  leur  cuers,  et  leur  remue  fole- 
ment,  et  rent  celle  folie  a  la  cervelle.  La  cervelle  respont  aus  ieus  de 
rechief,  cl  les  fait  folement  regarder  a  celle  créature,  et  le  cuer,  qui 
est  fol  et  vain,  pense  souvent  a  celle  créature,  et  par  ce  délit  convient 
que  il  l'aime,  et  tant  coin  plus  use  ce  plus  le  veut.  Mes  le  saige  cuer 
qui  est  fort  et  ferme,  quant  il  voit  une  belle  famé,  il  pense  en  soi 
meismes  et  rent  (grâces  a  Dieu  le  tout  puissant  et  dit  :  «  Benoit  soit  le. 
«  créateur  qui  si  belle  créature  a  fait  !  »  Ne  jamais  ne  li  souvenra  de  celle 
créature  ne  tant  ne  quant,  et  se  il  l'en  souvient,  n'i  fait  il  nulle  force, 
ne  pour  ce  point  ne  s'en  esmuet.  Et  ensement  est  de  la  famé  a  l'ome 
comme  de  l'ome  a  la  femme. 

Les  mêmes  sentiments  délicats  se  retrouvent  dans  le 
n°  832  (selon  A,  n"  87  1).  Le  roi  demande:  «  Se  doit  home 
«  tenir  d'esgarder  belle  famé  ?  »  Sidrach  répond  : 

Ijes  fols  se  doivent  bien  tenir  d'esgarder  belle  famé;  mes  les  sages  non; 
car  (|uant  les  sages  voient  une  belle  famé,  il  regracient  leur  créateur 
Dieu  et  dient  :  «  Sire  Diex ,  benoit  le  tien  non  et  le  tien  pouoir,  qui  dai- 
«gnas  liiire  si  belle  créature  1  »,  et  ne  pensent  nule  folie  en  leur  cuer. 
Mais  les  folz  si  tost  que  ilz  voient  une  belle  famé,  incontinent  ilz  pen- 
sent folie  en  leur  cuer,  et  se  esjouissent,  et  leur  cervelle  s'esmuet,  et 
adonc  de  leurs  jolis  ieus  rouillent  et  regardent  et  s'avivent  folement  en 
celle  belle  famé ,  et  ne  leur  souvient  de  Dieu  tant  ne  quant.  Et  ce  fol 
regardenient  et  celle  folle  pensée  s'asiet  en  leur  cuer,  et  souvent  sont 
temptés  en  la  biauté  de  celle  persone. 

L'auteur  se  présente  à  nous  comme  un  personnage  très 

Ï)ieux  (n  "  670,  8^7);  il  recommande  l'attitude  humble, 
es  yeux  baissés  (n"  678);  son  parfait  médecin  (n°'6o3, 
853)  n'est  pas  le  médecin  laïque,  émancipé  de  l'Église,  que 
créa  surtout  l'université  de  Padoue.  Les  raisons  qu'il  donne 
de  la  dévotion  plus  grande  qu'on  éprouve  en  hiver  qu'en 
été  (n"  704,  Vér.;  en  A,  n"  735)  sont  d'un  ascétisme  subtil. 
2  2 


XIV    SIECI.K. 


M>*  SIÈCLE. 


302  LA  FONTAINE  DE  TOUTES  iJCIENCES 

La  grossièreté  de  son  langage  en  certaines  matières  vient 
d'un  manque  de  goût,  non  d'un  esprit  libertin.  Une  sin- 
gulière solution  est  celle  du  n°  683  (en  A,  n"  714)  Le  roi 
demande  :  «  Lequel  vault  miex  que  l'ome  foloie  de  son 
«  cors  ou  la  famé?  »  Sidrach  répond  : 

Je  ameroie  miex  que  ma  famé  foloiast  et  feïst  son  pechié  que  je;  car 
se  je  fais  le  pechié,  je  serai  dampné,  non  pas  lui,  et  selle  fait  le  pechié, 
elle  sera  dampnee,  non  pas  moi.  Et  se  je  avoie  cent  mille  famés,  et  cent 
mille  filz ,  et  cent  mille  filles ,  et  cent  mille  pères ,  et  cent  mille  mères ,  je 
ameroie  miex  que  il  fussent  trestout  dampné  que  je;  carie  cors  donroie 
je  pour  euls,  mais  l'âme  non. 

Ce  qui  frappe,  en  général,  c'est  combien  l'auteur  est  peu 
patriote  (n°'  ôaô,  828)  et  peu  militaire.  Selon  lui,  nous 
sommes  tous  étrangers  en  ce  siècle;  nous  n'y  avons  ni  pays 
ni  demeure.  «  La  est  son  pais  ou  l'on  puet  vivre,  et  non  pas 
«  la  ou  l'on  est  natif.  .  .  Mieulx  vaut  le  bien  de  l'estrangier 
«  que  le  mal  du  frère,  et  ceulx  qui  bien  et  plaisir  te  font, 
«  ceulx  dois  tu  amer,  quels  qu'ils  soyent.  »  Son  antipathie 
pour  la  guerre  se  trahit  à  diverses  reprises.  Le  roi  ne  doit 
pas  se  battre;  le  seigneur  doit  toujours  rester  dans  l'arrière- 
bataille;  le  doute  sur  la  légitimité  de  la  guerre  et  sur  le  sa- 
lut de  ceux  qui  meurent  en  bataille  est  plusieurs  fois  ex- 
primé (n<»538,  687,874,  876). 

Le  règne  de  l'Église ,  dans  le  pays  où  vit  l'auteur,  est  très 
absolu.  En  tout  testament,  le  tiers  doit  être  légué  au  profit 
de  l'Eglise.  Le  roi  demande  (n°  298;  en  A,  n"  Soa)  :  «  Font 
«  mal  cil  qui  laissent  après  leur  mort  a  leur  enfans  ?  »  Si- 
drach répond  : 

Nenni  pas;  car  en  ta  vie  tu  dois  partir  le  tien  en  trois  parties  :  l'une 
partie  dois  tenir  pour  l'amour  de  toy,  pour  toi  vivre;  l'autre  donner  pour 
l'ame  de  toi  ;  l'autre  donner  a  tes  enfans.  Se  tes  enfans  sont  bonne  gent , 
ilz  gangneront  comme  tu  as  gangnié.  Car  tu  ne  dois  mie  dampner 
t'ame  pour  tes  enfans.  Qui  saroit  bien  en  cest  siècle  quel  chose  est  la 
perte  de  l'ame,  il  ne  la  perdroit  pas  pour  cent  mille  enfans,  se  il  les  avoit. 
L'en  puet  bien  perdre  le  cors  pour  ses  enfans  et  pour  ses  amis  et  pour 
sa  loiauté ,  et  ceus  qui  en  celle  manière  perdent  leur  cors  par  ioiauté,  il 
le  fait  bon  rachater;  car  il  n'est  nulle  plus  digne  chose  de  l'ame  fors  Dieu. 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH.  303 


\lï'  SIÈCLE. 


A,  816. 


.  .  .  Quant  le  déluge  vint"  sus  le  monde,  les  gens  si  s'en  fuioient 
de  ça  et  de  la,  et  quant  l'iaue  les  assailloit,  il  prenoient  leur  enfans,  les 
metoient  sur  leur  testes  que  l'yaue  ne  les  noiast,  et  quant  l'yaue  venoit 
et  acroissoit  a  leur  geules ,  de  la  poor  que  il  avoient ,  il  prenoient  leur 
enfans  et  les  metoient  sous  leur  pies  pour  eus  haucier  de  l'yaue.  Quant  l'en 
doute  de  la  perte  du  cors,  qui  neent  ne  vaut,  plus  devroit  on  douter  la 
perte  de  l'ame .  qui  est  la  plus  digne  chose  du  monde. 

Le  roy  demande  :  La  signourie  qui  prent  l'avoir  de  ceus  qui  muèrent  Véianl,  781 
en  leur  terre  et  n'ont  hoir,  ce!  avoir  est  il  quitement  leur?  Sidrach  res- 
pont  :  Non  pas.  Se  tu  es  seigneur  et  l'orne  muert  en  ta  terre  et  il  n'a  hoir, 
son  avoir  doyt  estre  tien,  mes  non  pas  tout,  car  tu  le  dois  partir  en 
deus  parties  :  la  première  dois  donner  pour  l'amour  de  Dieu  pour 
l'ame  de  luy,  et  l'autre  doit  estre  teue,  non  pas  que  tu  preignes  son  tra- 
vail tout  et  que  lame  de  lui  n'ait  part  de  cel  meismes  travail  que  le  cors 
qui  le  Soustient  a  gangnié  ;  mes  a  celle  meismes  ame  doit  aidier  de  cel 
meismes  avoir  que  son  corps  a  gangnié  en  cest  siècle. 

Les  idées  historiques  de  Sidrach ,  censées  le  résultat  d'une 
vue  prophétique,  sont  des  plus  incomplètes.  Les  premières 
grandes  nations  du  monde  seront  l'Inde  et  la  Perse  (n°'  ôa  o, 
5a  i).  Ensuite  viendront  les  Grecs,  qui,  dans  l'esprit  de 
l'auteur,  ne  sont  pas  distincts  des  Romains.  Le  roi  demande 
(Vér. ,68;  A,  68;  B,  48)  :  «  Après  ce  que  le  fds  Dieu  sera 
«  montés  el  ciel,  ara  il  nul  philozophe  el  monde  pour  en- 
«  seignier  la  gent  ?  »  Sidrach  répond  : 

Quant  le  fils  Dieu  montera  el  ciel,  il  lessera  son  pouoir  aus  douze 
menistres ,  et  ceuls  estabiiront  une  sainte  maison  qui  sera  apelee  la  mai- 
son Dieu.  Après  euls  venront  les  autres  greigneurs  qui  tout  leur  com- 
manderont, et  seront  les  premiers  qui  au  fds  Dieu  auront  creu ,  et  seront 
de  grant  pouoir  et  de  grant  richesce  et  de  grans  seignouries ,  et  par  leur 
grant  richesce  et  leur  grans  seignouries  s'afoiblira  la  créance  du  fds 
Dieu  et  de  ses  commandemens ,  les  quiex  auront  establi  ces  douze  me- 
nistres, et  ne  se  vodront  amender,  et  Diex,  pour  leur  orgueil  et  leur  pe- 
chié,  les  destruira  par  la  plus  orde  gent  [Sarrazins]'  du  monde.  Ceus 
Grégeois  saront  moult  d'astronomie,  car  il  seront  moult  sage  gent  et  de 
grant  sapience,  et  par  leurs  orgueil  perdront  tout  et  seront  vil  entre 
les  autres  peuples. 

Les  mots  explicatif!  que  nous  met-  Dan»  la  plupart  des  manuscrits  el  dans 
ton»  entre  crochet»  sont  écrit»  en  in-  le»  imprimé» ,  ces  mots  sont  fondus  dans 
tprligne  à  l'encre  rouge  dans  le  ms.  B.         le  texte.  Voir  B,  fol.  a/J,  87,  89,  91. 


MV    SIECLE. 


304  LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

Les  manuscrits  du  type  B  et  la  version  italienne  ont  ici 
une  question  qui  manque  dans  les  manuscrits  du  type  A  : 

15,  49;  Baiioli,         \À  rois  demande  :  La  maison  dou  fil  do  Dieu  a  cui  sera  elle  con- 
''■9^"^''  mandée,  et  qui  la  gardera   et  governera?  Sydrac  respont  :   Le  prince 

des  ministres  dou  fd  de  Dieu  la  commandera  a  un  bon  homme  qui 
sera  apellc's  i'ere  des  pères  '.  Et  de  l'un  a  l'autre  ensi  sera  jusqucs  a  la 
venue  dou  faus  propliete  qui  tout  le  monde  devourcra ,  et  ce  sera  le  fis 
du  deauble,  et  tousjours  sera  acroissement  de  bien  et  esliaucement 
d'onor.  Après  la  venue  dou  fil  de  Dieu,  de  .\i  ans,  croistra  pecliies  au 
monde  entre  son  piieplo;  encontre  la  foi  seront,  et  seront  muci<^  entre 
les  bons  connue  l'ivraie  entre  le  forment  [Patalins].  Après  un  temps  nais- 
seront  iigrans  colonnes  qui  la  foi  dou  fil  d(^  Deu  essauceront,  et  les  mes- 
creans  qui  entre  les  bons  seront  destruironl  et  consumeront.  Celles  u  co- 
lonnes, l'une  sera  apelli^e  les  maindres  [Menors]  et  l'autre  amonesteors 
[Prescheors].  Et  seront  moult  crains  par  le  monde,  et  povres  gens 
seront.  Les  bons  les  ameront  et  les  honourront  et  tenront  en  doutance 
pour  le  bien  que  il  feront,  les  mauvais  les  douteront  et  lionor  et  ré- 
vérence lor  porteront  por  la  paor  et  doute  que  d'au»  auront.  Car  les 
gens  par  ces  n  colones  lairont  moult  de  luaus  a  faire  por  la  paor  que 
les  mauvais  aront  d'iaus.  Car  il  seront  l'espee  et  li  champion  de  la  foi 
et  de  la  maison  dou  fils  de  Dieu,  et  anemis  et  advei-saires  au  diauble. 

Boctus  désire  savoir  quelles  seront,  dans  l'avenir,  les  na- 
tions les  plus  riches  et  les  plus  puissantes  : 

Véiaid.  5îo;  Les  plus  riclies  gens  du  monde  espirituelment  sont  cil  qui  a  Dieu 

A,  s.'i;;  n,  389.      s'apuicnt  et  Diex  est  apuiez  d'eulx  par  leur  bonnes  euvres,  et  corporel- 

ment  a  ce  temps  présent  si  sont  les  Yndeus;  mes  il  naistra  une  gent 

[Grigois]  qui  premier  se  convertiront  au  vrai  prophète  :  cil  seront  les 

plus  riches  gens  du  monde;  mes  par  leur  mauvaistié  et  par  leur  cuidier 

perdront  tout ,  et  seront  mesprisiés  entre  les  autres  gens.  Car  il  cuideront 

estre  milleur  d'euls,  et  il  ne  le  seront  pas.  Mais  après  eus  la  richesse 

sera  a  une  gent  [Franchois]  qui  seront  plus  humbles  a  Dieu  que  nulle 

gent  du  monde^. 

Vérard.  5?!  ;  Le  roy  demande  qui  sont  et  seront  les  plus  honourees  gens  du  monde. 

A,  538;B,,>9o.      Sidrach  respont  :  Les  plus  honourees  gens  du  monde  sont  a  i;e  tens 

ceus  de  Perse.  Mes  il  sera  un  tens  que  cil  de  ponent  [Frans]  seront 

les  plus  honourees  gens  du  monde  et  les  plus  sages  et  les  plus  vaillans 

et  les  plus  prisies  et  les  plus  puissans  et  les  plus  hardies  et  les  millcurs 

'   Les  manuscrits  ilaiiens  ont  Pielro  ou  Pielro  padre  de  padri. 
Ce  passage    se  lit  ainsi  dans  B  :  «  Après  eaus  la  richesse  dou  monde  sera 
•  d'autres  gens,  li  quel  seront  plus  franc  a  Dieu  que  nulle  autre  gent  dou  monde.  • 


DU  I>IIIL0S0I>IIE  SIDRACII.  305 

gens  a  Dieu  et  au  monde,  ot  seront  créant  en  la  foi  du  fils  Dieu,  el  sera 
nn  lens  que  il  justiceront  los  trois  parties  du  monde,  et  leur  honeur 
ira  par  tout  le  inonde,  et  si  seront  prisiés  entre  toute  la  j^ent  du  monde, 
et  leur  seigneurie  essauccra  tousjours  a  leur  pouoir;  mes  il  ara  souvent 
rnir'euls  gucire,  et  quant  Die\  voudra,  si  mettra  euircus  pais,  pour  lis 
nuircs  naliuns  du  monde  deslniire. 

Au  lieu  (le  «  cil  de  ponent  [Frans]  »,  le  manuscrit  A  porte  : 
«  cil  François  d'occident  ».  Les  éditions  imprimées  portent  : 
«  gens  François  et  gens  Angloys,  »  expressions  où  l'on  pour- 
rait trouver  une  allusion  aux  rivalités  des  Français  et  des 
Anglais.  On  voit  que  la  mention  des  Anglais  manque  dans 
l'ouvrage  original. 

Au  n"  762  (79G  de  A),  le  roi  demande  à  Sidracli  :  «  Qui 
M  est  plus  forte  bataille,  celle  de  terre  ou  celle  de  mer?  »  La 
réponse  de  Sidrach  est  trop  vague  pour  qu'il  soif  permis 
d'en  tirer  aucune  conséquence  historique. 

La  question  sur  la  fleur  de  lis  (n"  (S3i,  Vér.;  870,  A) 
semble  également  promettre  plus  qu'elle  ne  donne  : 

Le  roy  demande  :  Quelle  est  la  plus  gentil  fleur  qui  soit?  Sidrach  res- 
pont  :  La  fleur  de  lis  est  la  plus  gentil  fleur  qui  soit.  Il  y  a  fleurs 
assez  qui  sont  plus  belles  et  plus  profitables  et  plus  odourans;  mes  la 
fleur  de  lis  est  la  plus  gentil  et  la  plus  convenable  en  main  de  roy  plus 
que  nulle  autre  fleur;  et  tout  ensement  comme  le  roy  est  seur  le  peuple, 
la  fleur  de  lis  est  sur  autres  fleurs  de  gentilesse.  Fleur  de  lis  a  plus 
biau  non  que  nulle  autre  fleur  qui  soit,  car  la  (leur  de  lis  veuf  dire  : 
lleur  de  joie'. 

La  règle  de  succession  que  Sidrach  regarde  comme  la 
meilleure  pour  les  royautés  et  les  seigneuries  (n°  83g, 
Vér.;  880,  A)  n'est  pas  celle  qui,  sous  le  nom  de  «  loi  sa- 
«lique»,  fut  tenue  pour  loi  fondamentale  du  royaume  de 
France,  à  partir  de  Philippe  de  Valois  : 

Le  roy  demande  :  Se  un  roy  ou  un  seigneur  a  deus  enfans  ou  plus,  et  ses 
enfans  ont  enfans ,  et  l'aisné  des  enfans  muert  et  il muert  après ,  qui  doit  estre 
seigneur?  Sidrach  respont  :  Se  un  home  avoit  vint  enfans  ou  plus  ou 
moins,  et  tous  eussent  enfans,  et  tous  morussent  a  sa  vie,  et  de  tout 
ne  demourast  que  le  plus  petit,  et  le  père  morust  après,  cil  qui  est  en 

'  Preuve  d'une  complète  ignorance  du  latin.  Sidrach  tire  lis  de  liesse. 

TOME  x.\.\i.  3q 

0     y    ^  inri-miBir    <ATir\»fr. 


XlV'SIH.l.îî. 


XIV*  SIÈCLE. 


306  LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

vie  doit  estre  seigneur,  non  pas  l'enfant  (les  enfans  ainsnés;  car  pins  près 
est  de  lui  son  enfant  que  les  enfans  de  ses  enfans,  et  plus  vaut  le  vif  (pic 
le  mort.  Et  pour  ce  cil  (jui  est  en  vie  doit  estre  iniex  seigneur  que  les 
enfans  de  celui  qui  est  mort,  et  dont  son  père  ne  reçut  neent  en  son 
tens.  Et  se  les  enfans  du  père  ont  enfans,  et  il  muèrent  et  il  ne  demeure 
«infant  en  vie  et  le  père  mucrt  après,  l'enfant  de  l'aisné  fds  doit  estre 
soigneur.  Et  se  le  père  n'a  que  filles  et  il  muert ,  la  seigneurie  doit  estre 
partie  eu  elles  autant  comme  elles  sont,  et  doivent  prendre  barons,  et 
le  baron  de  l'aisnee  doit  avoir  le  cliief  de  la  seigneurie  et  l'enneur,  et  les 
barons  des  autres  filles  doivent  faire  homage  au  baron  de  l'aisnee. 

Un  long  passage  (Vér.,  loi 3-1017;  ^'  1086  et  suiv. ; 
B,  586  et  suiv.)  relatif  aux  croisades  .soulève  de  nombreux 
doutes,  que  nous  ne  nous  engageons  pas  à  résoudre  tous  : 

Le  roy  demande:  La  cité  du  lllz  Dieu,  laquelle  sera  el  nombril  du 
monde,  a  qui  sera  elle  après  sa  mort?  Sidrach  respont  :  La  cité  du  filz 
Dieu,  elle  sera  de  pluseurs  gens  et  de  divers  langaiges,  et  moult  de  roys 
la  convoiteront  d'avoir  pour  sa  digneté,  et  set  foiz  doit  estre  prise  et 
gastee,  el  moût  de  bonne  gent  seront  la  occis  et  lapidés.  La  première 
genl  qui  la  seignouricront  après  la  mort  du  filz  Dieu  seront  cil  qui 
l'ocirront,  et  la  tendront  un  temps.  Après  la  seignouricront  le  peuple 
du  filz  Dieu,  lesquiex  seront  premiers  convertis  a  lui  [Grigois],  les- 
quiex  seignouricront  la  gregneur  partie  du  siècle,  et  si  seront  en  leur 
tens  la  plus  puissant  gent  du  monde,  et  saront  presque  tout  l'art 
d'astronomie.  Geste  gent  par  leur  seignourie  s'enourguelliront ,  et  Diex 
destruira  leur  orgueil,  et  fera  un  homme  naistre  de  berie  [Mahom], 
de  la  plus  orde  gent  du  monde,  et  leur  toudra  la  terre  toute  et  les  bou- 
tera en  un  canton  du  monde  [Romanie],  et  n'aront  en  eulz  pooir  et 
perdront  leur  sens. 

Le  roy  demande  :  Quel  homme  sera  cil  qui  naistra  de  berie,  qui  a 
si  grant  genl  comme  sont  les  Grigois  toudra  la  terre?  Sydrach  respont  : 
Il  sera  un  homme  povre,  de  laide  façon,  paslour  de  chameuls,  et  sera 
amonnesté  du  dyable,  et  sera  creûs,  et  n'ara  que  xl  hommes  de  pooir, 
et  par  l'atrait  du  dyable  décevra  moul  de  gent  et  les  convertira  a  lui  et 
gaaigncra  une  grant  partie  du  monde  du  grant  peuple  du  filz  Dieti 
[Grigois],  et  establira  sa  gent  une  loi  moul  mauvaise  et  moût  large, 
par  l'amnnnestement  au  dyable,  et  establira  avant  sa  mort  un  chief 
[calif]  ',  et  par  l'espee  seront  essaucid  et  gaaigneront  la  terre ,  et  par  l'espee 
la  perdront  [Sarazinsl ,  et  n'aront  pooir  sur  terre  que  vu  cens  et  xi,  ans. 
Et  quant  les  xi,  chief  [calif]  seront  complis,  il  seront  près  de  leur  fin 

'  B  porte,  en  encre  rouge,  à  l'interligne  :  calif.  A  el  l'imprimé  ont  akppe.  Serait-ce 
VAIeppe  de  Dante  (/«/".,  c.  vu,  i  )  ?  Dan»  Vincent  de  Bcauvais ,  CtH^^a  devient  Adige. 


I 


DU  PHILOSOPHE  SIDR\CH.  307 

et  de  leur  sfignourie.  Et  au  cotn])lisseiiieiit  de  vu  ans,  a  ce  temps, 
aront  perdu  plus  de  troys  pars  de  leur  pooir  [les  Sarrasins],  et  seront 
en  servage  au  peuple  du  filz  Dieu  [Latins]  autres  nations  que  cil  a  qui 
il  toUirent  la  terre  et  autres  gens  plus  inescreans  d'eus  [Tartiirins]. 
Quant  il  seront  au  commencenient  de  leur  honeur,  seignourieront 
grant  partie  de  ponent  et  Kspagne  et  plusieurs  illes  de  mer,  et  toute  la 
terre  en  deçà  le  berquil  de  la  nier  de  Turquie,  Ernietiie,  Surie,  Troye 
la  grant,  Ynde  et  la  petite  Babiloine;  car  ce  seront  ydolatres  la  gri- 
gneur  partie  des  gens. 

liC  roy  demande  :  Geste  orde  gent  [Sarasins]  tendront  il  niout  de  tens 
la  terre  qu'il  scigneurieront  en  ponent!^  Sydrach  respont  :  Un  tens  sera 
qu  il  la  tendront.  iVIès  après  eulz  ara  un  roiaunie  en  France  d'une  bonne 
gent  fermement  créant  en  Dieu,  et  en  ce  roiaunte  ara  un  roy  [Charle- 
maine],  qui  destruira  ceste  orde  gent  et  leur  toudra  la  terre'  par  la 
volent»':  Dieu,  et  oeirra  et  convertira  moût  de  gent  et  moût  de  prou- 
viiices  et  de  roiaumes  a  la  foy  de  Dieu.  Adont  si  devendront  celle  orde 
;;ent  [Sarrazins]  el  servage  au  peuple  dou  (il  de  Dieu  de  ponent. 

I^e  roy  demande  :  Que  devendra  il  adonc?  Sidracli  respont  :  Après  la 
mort  de  ce  roy,  qui  se  nomera  Charlemaine,  vendront  cil  de  ponent 
du  berquil  de  la  mer  [Latins],  et  tondront  moût  de  terre  a  (^elle  orde 
gent  [Sarrazins],  et  gaaigneront  Rabata^  [Antbioche]  et  la  cité  du  fil/. 
Dieu  [Jherusalent],  et  pluseurs  d'euls  retourneront  en  ponent,  et  li 
autre  demorront  en  la  terre  et  la  tendront  un  grant  tens  après.  Et 
après  vendra  un  dou  levant  '  [Salahadins]*,  et  gaaignera  moût  de  terres 
au  peuple  du  filz  Dieu  [Latins]  et  la  digne  cité  [Jberusalem],  et  après 
un  temps  istra  une  orde  gent  d'entre  deus  montaignes^  [les  Tartarins], 
et  toudront  tout  le  levant.  Et  après  ce  temps  istra  un  roy  de  celle  orde 
gent  de  Trabas  [Babiloine],  qui  fera  moût  de  diversités  au  peuple  du 
fils  Dieu,  et  si  toudra  ans  crestiens  moût  de  terres,  et  confondera  Ra- 
bata  [Antbioche]  et  les  metra  en  grant  destrece. 

Jusqu'à  présent  Sidrach  a  annoncé  des  événements  réels, 
au  moins  en  gros,  et  dont  les  plus  récents  ne  dépassent  pas 
le  premier  tiers  du  xiii"  siècle.  Ce  qui  suit,  impliquant  le 
départ  du  pape  et  de  l'empereur  pour  la  croisade,  et  ne 
s'arrètant  qu'à  l'Antéchrist,  appartient  évidemment  à  l'ordre 

'  An  lieu  de  «  la  terre  » ,  B  :  «  Thunes  ».  '   B  :  f  un  roi  dou  levant  ». 

'  Dans  A ,  •  Habraca  >  ;  dans  B ,  i  l\a-  '  B  :  «  Salabadine  •. 

«  biata  •  ;  Vérard  :  «  Trabata  ».  Sans  doute  '  C'est  la  célèbre  légende  des  •  portes 

pour  Kiblata,  qui  désigne  parfois  An-  «  de  fer  »,  derrière  lesquelles  Alexandre 

tioclie  dans   la  géographie  pseudo-bi-  avait  enfermé,  entre  deux  montagnes, 

blique  des  croisés.  Voy.  Hist.  occid.  des  les  peuples  de  Gog  el  de  Magog,  et  que 

CVow.,  I,  169,  note.  les  Tarfares  auraient  réussi  à  briser. 

39. 


\IV    SIKCI.I. 


MV    bIRCI.E. 


308  I.A  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

(les  fables,  sauf,  au  début,  une  réminiscence  de  la  quatrième 
croisade,  et  indique  les  aspirations  du  temps,  non  des  événe- 
ments accomplis  : 

Le  roy  demande  :  Que  devendra  il  plus!'  Sidrach  respont  :  Cil  de 
ponenl  [François],  après  un  lens,  passeront  la  nier  a  grant  force,  pour 
gaaigner  la  cité  de  Jherusalem,  et  iront  autre  part',  et  riens  ne  feront, 
et  retourneront  arrière,  et  a  ceste  gent  [Sarrazins]  ne  sera  demeurée 
seignoiuie  franche  que  Trabas  [Babiloine],  et  ce  sera  lor  derreain  pooir, 
lor  fin;  et  après  un  poi,  cil  de  ponent  [Frans]  passeront  la  mer  et 
gaaigneront  la  terre  toute  pai'  force  et  par  grant  gent  et  toutes  les  for- 
tresces,  et  le  tendront  un  grant  tens,  et  un  d'eulz  tendra  la  terre  devers 
cens  qui  istront  d'entre  deus  montaignes;  car  entre  celui  et  ceulz  n'ara 
que  un  llun  [Aiguës  froides]^,  qui  vient  d'orient.  Cel  home  demandera 
une  gentil  dame  de  Trahas  [Babiloine]  ])our  famé;  cil  qui  sera  seigneur 
de  la  terre  ne  li  voudra  donner;  celui  ara  grant  despit  et  pensera  de  la 
terre  iraïr,  et  mandera  a  ceiilz  des  deus  montagnes  [Tartarins]  que  il 
leur  donra  passage  et  sera  en  leiuaide,  et  qu'il  ])assent  a  prendre  la  terre 
de  Ibrce  et  qu'il  chaceront  ceulz  qui  seront  croiant  en  Dieu.  Mes  cil  de 
Babiloine  istront  hors  contre  ceulz  des  deui  montaignes,  et,  par  la  force 
de  Dieu,  les  dcsconfuont  et  chaceront  outre  le  llun  [Aiguës  froides], 
et  prendront  celui  qui  les  ara  trais.  \près  im  temps,  cil  des  deus 
montaignes  s'acorderont  avec  autres  gens ,  peuple  du  fil  de  Dieu  [Crigois] , 
pour  gaaignier  la  cité  de  Trabas  [Babiloine],  et  venront  a  grant  force  et 
gaaigneiont  toute  la  terre  dedens  et  defors  Trabas  [Babiloine],  si  que 
il  ne  leur  remaindra  que  une  cité  sur  la  mer  [Alixandre]  et  une  forte- 
resse sur  la  terre  [Craf  de  Montroial]',  et  tueront  moût  du  peuple  du 
lilz  de  Dieu  [Latins],  et  leur  toudront  toute  la  terre,  et  la  tendront  im 
grant  tens ,  et  feront  moût  de  richesce  en  la  cité  du  fd  de  Dieu  [Jhe- 
rusalem]. Après  un  tens,  cil  de  ponent  [Latins]  par  grant  vigueur  et 
par  grant  jalousie  se  assembleront  mont  grant  gent,  car  la  guerre  sera 
finee  entr'euls,  et  de  celle  grant  gent  s'assambleront  en  deus  parties,  et 
se  partiront.  L'une  partie  ira  a  ceulz  [Crigoys]  qui  aideront  ceulz  des 

'   Allusion  à  la  quatrième  croisade.  depuis  longtemps  leur  place  dans  les  lé- 

'  Pi'ob.iblemeiit  l'Euplirate,  par  une  gendcs  que  l'imagination  populaire  avait 

sorte  di'  jeu  de  mois.   Hift.  ocrid.  des  groupées  autour  des  Tnrlares.  Le  fleuve 

Ovisudes,   t.  II,  p.  638  :  t  Li  Tartarin  des  .^iju«/roi(i;î  est  également  présenté 

«s'en  l'ouuent,  el  ne  sot  l'en  mie  qu'il  comme  faisan)  frontière  entre  les  Tar- 

•  devindrent.  Aucunes  gens  disoient  que  tares  et  les  Sarrasins  dans  plusieurs  pas- 

«  il  s'en  estoicnl  foui  jusques  a  un  leu  sages  des  Gestes  des  Ckiprots  (p.  aoy, 

«bien  loing  que  l'on  apcle  As  Froides  aïo,  296). 

o/aaef.  >Ils'agitlà  de  la  victoire  rempor-  '  Ver.  et  A:  •  de  l'Hospital  »  ;  plus  bas  : 

téeen  1360, en  Galilée,  sur  le»  Tarlares  «Morialt.  Il  faut  lire  Crac.  C'est  Schau- 

par  le  sultan  d'Egypte  Cotlioui;  mais  il  bak,  près  de  Pétra. 
est  clair  que  ces  •  Eaux  froides  >  avaient 


DU  PHILOSOPHE  SIDRÂCH.  309 

* 

deus  montagnes  [Tartarins],  et  leur  todront  une  granl  partie  de  leur  terre 
[Roinanie].  L'autre  partie  voudront  avoir  gens  qui  tenront  la  terre  sur 
mer  [Alixandre],  et  il  iront  contre  leur  anemis  et  les  desconfiront  niale- 
nient,  et  leur  tondront  la  terre,  et  iront  après  eulz  près  de  la  terre  des 
XL  ciliés  [Raudat]',  et  la  demorront  en  tout  deus  ans,  et  tousjours 
venra  aide  a  leur  anemis,  et  par  un  jour  de  merquedi  s'enconti*eront 
l'un  encontre  l'autre.  F^a  première  bataille  gaaigneront  le  peuple  du 
fdz  Dieu  [F^atins],  et  de  demi  jour  en  avant  leur  anemis  aront  vigueur 
sur  eulz  et  les  desconfiront  malemunt,  et  les  chaceront  dedens  leur 
terre,  et  en  tueront  moût,  et  moût  en  seront  noie  au  flun  passer 
[Aiguës  froides],  et  se  repaireront  en  leur  terre  en  ponant.  Cil  passeront 
outre  le  flun  et  leur  tondront  autre  fois  la  terre  au  fil/,  de  Dieu  [Jlieru- 
salem]  et  Trabas,  et  ne  leur  demorra  que  celle  cité  [Alixandre]  qui 
est  sur  la  mer  et  la  forlerece  qui  est  entre  les  deus  montaignes  [Craf 
de  Montroial].  Nouvelles  iront  autre  fois  en  ponent,  et  il  aroiit  grant 
duel  et  grant  trislesce  et  s'adoberonl  autre  fois  a  tourné  pour  passer  la  mer. 
Et,  a  l'acomplissement  de  m  ans  et  v  mois,  passeront  les  gens  o 
moût  grant  force,  et  passeront  avec  eulz  le  père  et  la  maison  au  fil  de 
Dieu  [|)ape]  et  moût  de  roys  et  moût  de  seigneurs  et  le  roy  de  lor  roys 
[empereur]-,  et  gaaigneront  toute  la  terre,  et  gèleront  leur  anemys  hors 
et  les  chaceront  jusquiï  a  celle  nieïsme  terre  [liaudat]  ou  il  Itncnt  pre- 
mier desconfit,  et  la  demorront  et  s'enforceront  tousjours  et  les  autres 
d'autre  partie  entour  xn  moys^.  Et,  par  un  jour  de  diemenche,  s'en- 
contreront,  et  le  père  [pape]  de  la  maison  du  filz  de  Dieu  istra  a  son 
peuple  et  le  commandera  a  ferir  el  non  Dieu,'  et  il  ferront  sur  eulz 
et  1<!S  desconfiront  malement,  et  celle  sera  la  plus  aspre journée  [bataille] 
du  monde,  et  en  tueront  moût,  et  les  iront  chaçant  xxxvn  jours", 
tant  que  il  venront  a  un  arbre  sec,  et  la  demorront  cinc  mois,  et  vi- 
taille  leur  vendra  de  toutes  pars,  car  toute  la  terre  seignourieront ,  et 
le  plus  de  la  gent  convertiront  a  la  foy  du  filz  Dieu,  et  cil  qui  convertir 
ne  se  voudront  a  l'espee  les  ocirront.  Et  se  les  pierres  et  les  herbe.s 
eussent  langues,  elles  deïssent  :  «  Tués  ces  me.screans,  qui  el  filz  Dieu  ne 
«  acroienl.  »  En  cinc  moys  leur  anemis  s'assembleront  et  vendront  contre 
eulz,  et  autre  fois  seront  desconfis,  et  en  tueront  tant  que  de  dis  n'en 
eschapera  que  un,  et  les  chaceront  jusques  au  grant  arbre  sec.  F.ies  uns 
prendront  autre  chemin,  et  se  metront  en  la  terre  de  leur  nations  [Got 
et  Magot]  '  ;  de  quoi  le  plus  d'eulz  seront.  Les  autres  iront  en  celle  terre 
dont  il  issirent,  et  les  autres  se  perdront  au  désert  [Tartars].  Quant  le 
peuple  du  fil  Dieu ,  cil  de  ponent  [  l^atins] ,  seront  a  l'arbre  sec ,  si  demor- 

'  Vér.:> Vindat>;B:iBnudrac>;plus  '  B:>xxvn». 

bas  :  «  Baudac  ».  C'est  Bagdad.  '  A  :  •  Gogaina  ou  Gogania  ■  ;  B  :  •  Jo- 

*  Vér.  et  A  :  •  li  roy  de  la  loy  •.  <  rianie  ou  Jorianie  •. 
'  B  :  •  XIII  •.  Vér.  :  i  vu  moys  ». 


XIV'  SIÈCLE. 


\IV    SIKrT.S. 


310  I-A  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

ront  la  entour  deus  mois,  et  toiisjours  la  vitaille  leur  vendra  de  toiilcs 
pars ,  et  le  salut  de  tout  le  peuple  communal ,  pour  la  grant  honte  et  la 
grant  doutance  que  eul/,  arunt,  si  diront  en  leur  langage  :  «  Dieus  vos 
«saul!  »  En  celui  jour  [pasque]  que  le  FilzDieu  ressuscitera  de  niorta  vie, 
le  pères  [pape]  et  lu  maison  du  fdz  de  Dieu  fera  sacreflce  de  Dieu  [messe] 
il  cel  arbre  sec,  et  a  celle  heure  que  il  fera  sacrefice,  li  arbres  rexerdir.i 
et  jetera  lueilles  et  lleurs.  Adonc  saront  que  la  grâce  Dieu  est  descen- 
due sur  euls.  El  c'est  la  seneliance  que  il  aront  revengié  la  honte 
et  l'injure  que  cil  fesoient  a  Dieu  de  ceulz  que  il  ocistrent.  Adonc  se 
metront  a  aler  après  Icsur  anemis,  et  iront  de  l'arbre  sec  \xv  journées, 
et  puis  s'en  repaireront  arrière.  Il  y  ara  deus  arbres  ses;  il  iront  au  plus 
loing,  lequel  sera  si  gros  que  .set  hommes  ne  le  porront  embracier,  et 
sera  par  dedcns  cave,  et  si  est  près  d'un  désert  ou  le  soleil  ne  demeure 
que  une  heure,  et  est  au  chief  du  levant.  Adonc  establiront  gent  par 
toute  la  terre  pour  elle  garder,  et  repaireront  arrière  en  la  terre  du  fd 
Dieu  [Jberusalem]  et  13id)iloine.  Après  istront  Yndiens,  et  tondront 
une  partie  de  la  terre  d'une  gent  créant. en  Dieu  [Nubiens];  cil  mande- 
ront querre  secours  au  seigneur  deTrabas  [liabiloine],  et  leur  mandera 
grant  secours,  pour  ce  (ju'il  seront  créant  el  fd  Dieu,  et  les  desconliront 
et  prendront  moût  des  leur,  et  moult  en  convertiront  en  la  l'oy  du  fdz 
Dieu,  et  d('\endront  sujès  au  seigneur  de  Trabas  [liabiloine],  pour  le 
secours  que  il  leur  fera.  Après  un  temps,  cil  des  deus  montaignes  [Tar- 
tariiis]  s'acoi deront  avec  ceulz  du  ponent  [Latins] ,  et  devendront  bons  amis 
ensand)lc.  Adonc  seront  les  seigneurs  de  tout  le  monde  en  bonne  pais, 
et  tuit  seront  subjès  »  ceulz  de  ponent  [Latins],  et  ce  durra  un  tens. 
Après  vendront  unt;s  gens  gratis,  muut  desconoissans,  et  seront  ydo- 
la très,  et  feront  moût  de  mal  au  peuple  du  fdz  de  Dieu  [crestiens],  et 
gaaigneront  la  terre  jusque  cel  meismes  llun  [.\igues  froides].  Sur  ce 
s'assambleront  trois  nations  du  peuple  du  filz  de  Dieu  [crestiens];  si 
iront  contre  eulz,  el  les  metront  a  neent,  et  ce  qui  demorra  d'eulz  il  se 
con\erliront  a  la  foy  du  (il  de  Dieu.  Adonc  partiront  la  terre  delà  cel 
meismes  llun  [Aiguës  froides],  et  repaireront  en  la  \ile  du  fils  Dieu  [Jbe- 
rusalem], et  aront  bonne  amour  et  bon  acorl  enlreuls,  et  par  leur 
grant  loiauté  cbascun  voudra  donner  la  .seignoiirie  a  l'autre,  el  nul 
d'eulz  ne  la  voudra  retenir  pour  faire  boneur  a  l'autie.  Et  sur  cela  ou  il 
seront,  a  un  jour,  a  une  grant  assamblee  pour  ce  fait,  si  lf;ur  vendra 
une  vois  et  leur  dira  :  «  Que  cbascun  face  sacrefice,  et  que  il  soit  mis  sur 
«son  siège  [auter].  Cel  sacrefice  qui  sera  pour  lui  sacrés,  il  sera  sei- 
«  gneur  et  régulier  '  des  autres.  »  Et  il  ainsi  le  feront.  Le  sacrefice  de 
ceuls  de  ponent  [[«Uins]  sera  pour  lui  sacrés,  et  il  seront  adonques  du 
premier  seigneur  en  la  seignourie,  et  les  autres  aront  joie,  et  .sera  drois 
et  raison  qu'il  seront  seigneurs  des  autres,  car  il  seront  devant  seigneurs 

'  B  :  •  regior  ». 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACII.  311        ..v-sifecE. 

et  puissans,  el  pour  leur  humilité  et  loiaulté  voudront  donner  leur  pooir 
aus  autres,  et  noslre  sire  regardera  que  il  seront  plus  dignes  des  autres, 
si  leur  confermera  leur  seigneurie.  Et  cel  tens  nos  créons  que  ce  sera 
après  la  naissance  dou  faus  prophète  [Antecrist]  111  au  diauble.  Après 
ce  tens,  moût  de  cités  s'ahismeront,  et  moût  de  montaignes  se  descoche- 
ront, et  mont  de  gens  naislront,  et  moût  de  desloiautés  et  de  fauselés 
se  feront,  et  moult  de  provinces  s'ardront,  et  ce  seront  les  entreseignes 
de  la  venue  du  faus  prophète. 

Une  autre  question  (n"  687;  A,  7 1 8)  suppose,  comme  les 
précédentes,  que  les  croisades  durent  encore  : 

Le  roy  demande  :  Qui  seroit  créant  en  Dieu  et  morroit  pour  lui  en  ba- 
taille, .seroit  il  sauf!*  Sidrach  respont  :  Cil  qui  Dieu  croient  et  meurent 
pour  lui,  il  sont  sauf,  et  se  il  muèrent  por  lui  en  bataille  ou  pour  sa  créance 
maintenir,  il  sont  sauf,  ja  soit  ce  que  il  eCissent  loier  d'autrui  ;  car  il  por- 
roit  estre  que  il  seroientpovres,  et  ne  se  porroient  maintenir  en  ceste  ba- 
taille, se  il  navoient  gaiges  d'autrui.  Mes  cil  qui  vont  en  bataille  por  Dieu 
et  vuelent  gaai^nicr  honeur  et  valeur  en  celle  bataille  a  leur  cors,  et  se 
metent  en  péril  de  leur  cors  pour  honeur  et  pour  avoir,  cil  ne  muèrent 
pas  pour  Dieu  seul,  ains  muèrent  pour  Dieu  et  pour  honeur  de  leur  cors; 
si  sont  sauf,  mes  il  n'ont  niie  si  grant  mérite  comme  cil  qui  muèrent 
pour  Dieu  tant  seulement,  et  avec  tout  ce,  il  doivent  bien  estre  repen- 
tant de  leur  pechiés. 

On  le  voit,  les  espérances  chrétiennes,  à  l'époque  où  écrit 
le  faux  Sidrach,  sont  encore  dans  toute  leur  force. On  espère 
que  la  concorde  va  se  faire  entre  les  princes  chrétiens,  que 
le  pape  et  l'empereur  vont  partir  pour  la  Terre  sainte. 
Les  grandes  disgrâces  des  Hohenstaufen  n'ont  pas  encore 
eu  lieu.  L'émotion  causée  par  les  inva.sions  des  Tartares  est 
dans  toute  sa  fraîcheur.  Il  paraît  bien  que  saint  Louis  n'a  pas 
fait  son  apparition  dans  le  monde  religieux  f  1 245).  Kncore 
moins  Bibars  semble-t-il  avoir  commencé  la  série  de  ses 
foudroyants  succès  (1260).  Tout  cela  cadre  bien  avec  la 
date  de  1  2^3 ,  donnée  comme  celle  de  la  rédaction  du  livre. 

L'histoire  naturelle  et  la  pharmacopée  de  Sidrach  mé- 
riteraient une  étude  particulière  (notez  la  réglisse,  Vér. , 
n»  342;  A,  n"  347).  Il  connaît  la  boussole  (n"  553;  A,    ,  '''"°'™  ""■  ^' 

' '.  ,     !•  •  la  France,  t. XXX, 

n'  57 1;  b,  n"  422)  .  Wons  avons  vu,  a  diverses  reprises,   p. 577. 

'  A  :  «  Pourquoi  va  le  fer  ver»  l'estoile  qui  guie  »  (Vér.  :  «  qui  gnïde  •  ).  B  :  «  Por- 
•  quoi  va  le  fer  a  l'estoille  guioire,  c'est  la  tramontiùne  •. 


\iv'  siici.r. 


312  LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

que  sa  géographie  a  traversé  les  transcriptions  hébraïques 
cl  arabes.  Aux  exemples  cités  ajoutons  :  «  l'île  Arbaf  en  la 
(I  j)arfon(le  Inde  »  (Vér.,  n"  702;  A,  733);  les  noms  des  quatre 
parties  du  monde  (Vér.,  n"  1 /4;  A,  n"  i4;  B,  n°  10),  Saans 
ou  Scniaaf,  Carboham,  Gramast  ou  G  rama/  on  Tnamaf,  Tro- 
Inssannj  on  Throcliissamcf' ;  la  circonstance  qu'Adam  lut 
créé,  mourut  et  lut  enterré  à  Hébron  (n"  16).  La  manière 
dont  lurent  faites  les  premières  tenailles  (n°  1  47;  A,  n°  i48) 
rappelle  un  |)assage  du  Talmud.  La  question  sur  les  langues 
(Vér.,  n"  76;);  A,  n°  799)  mérite  d'être  citée  : 

Le  roy  tloinaiidc  ;  En  qiu'l  hmjçaige  nomma  Adam  leschoso.s;'Sydracli 
ri'spont  :  Diox  (ist  tontes  choses ,  et  Adam  les  nomma  en  son  langaige, 
et  ce  fu  en  ebrieii;  mes,  après  Noé  v  cens  et  lv  ans,  ot  un  sage  liomc, 
qui  ot  non  Ranaliom^,  qui  trouva  par  son  sens  cest  langage  que  nous 
parlons,  en  uni'  contrée  entre  \nde  et  Perse  qui  est  apelee  Mogar,  et 
autre  langaigc  venront  après  nous  au  temps  qui  est  a  venir. 

Après  la  dernière  question,  l'auteur  abandonne  un  mo- 
ment sa  fiction  et  parle  en  son  nom  personnel  : 

Or  avons  nous  assés  seû  et  demandé  des  choses  que  nous  ne  savions 
pas,  les  quelles  sont  au  profit  du  cors  et  a  la  salvation  de  lame;  et 
si  poons  bien  huimès  penser  de  nostre  fet  lequel  nous  avons  entrepris 
de  faire,  et  pour  ce  nous  somes  a  ceste  estrange  terre.  Or  retournons  au 
fait  du  roy  Boctus.  *' 

Boctus,  avec  l'aide  de  Sidrach,  réussit  à  bâtir  la  tour, 
(îaraab  ou  Garaad  se  soumet.  Boctus  lui  pardonne,  à  con- 
dition qu'il  se  convertisse  au  vrai  Dieu.  Garaab,  avec  l'aide 
de  Sidrach,  devient  un  véritable  apôtre;  mais,  après  leur 
mort,  tout  le  monde  retourne  aux  idoles. 

On  a  siqiposé  que  le  livre  actuel  de  Sidrach  eut  un  proto- 
type hébreu  ou  arabe.  Certes,  pour  expliquer  certaines  par- 
ticularités, il  serait  commode  d'admettre  un  original  arabe 
ou  hébreu,  composé  en  Espagne,  dont  un  théologien  chré- 
tien aurait  ensuite  pris  le  cadre  pour  y  verser  toute  une  sé- 
rie de  questions  purement  chrétiennes.  Le  titre  p^l  y*« 

'  Ces/ (pour  s),  à  la  fin  des  mots,  sible  que  dans  CartoA/jm  se  cache  le  mot 

sont  une  constante  faute  du  manuscrit  D.  Vt^'  Jf't  «  l'ouest  «. 
Lesiettre8...wjam«répondentsûrement  '  L'édition  de  Vérard  porte:  iTana, 

à  /Mk<uJI ,  le  soleil.  Il  n'est  pas  impos-  «  lequel  homme •. 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH.  313 


XIV*  SIÈCLE. 


SleiiiscliriRidci 
lor.  cil.,  |).  a'i'). 


est  commun  dans  la  bibliographie  arabe.  L'expression  «  le 
«  serf  Dieu  Sidrach  »,  «  son  serf  Sidrach  »,  semble  traduite  de 
l'arabe  Jl;o^  »j>-(*.  Comparez  en  grec  à  SovXos  tov  B-eov 
IsSody^,  ou  Tov  Sovlov  aov  2e5paj(.  La  fable  de  livres  se- 
crets, exploités  ])ar  des  gens  qui  en  gardent  le  monopole, 
est  fréquente  en  Orient.  On  est  aussi  par  moments  tenté  di- 
se demander  si  les  deux  prologues  sont  de  la  même  main, 
si  le  christianisme  de  Sidrach,  miraculeux  à  sa  date,  n'est 

fias  la  conséquence  d'un  remaniement  postérieur.  Mais  la 
ittérature  hébraïque  du  moyen  âge,  maintenant  si  bien 
connue,  n'ofl're  aucun  cadre  de  ce  erenrc.  Les  fables  de    „  "■'*'  '''V^f  ,'■' 

.  ,,  I  T-w        •     T  r  •        Hnincr,  I.  XXMI, 

Ben-Sira  sont  d  un  tout  autre  ordre.  Des  juds  purent  iournir   ,,.  soi  ci  sui» 
des  matériaux  à  notre  compilation,  mais  il  n'y  a  jamais  eu, 
à  ce  qu'il  semble,  de  Sidrach  hébreu.  Le  cadre  et  les  ques- 
tions paraissent  avoir  été  composés  en  même  temps  par  un 
clerc  chrétien. 

Nous  avons  exprimé  plus  haut  l'idée  que  le  livre  de 
Sidrach  pourrait  bien  avoir  été  fait  à  Lyon.  L'absence  de 
toute  mention  du  roi  de  France,  la  conception  de  l'Empe- 
reur comme  chef  de  la  chrétienté,  fortifieraient  ce  soupçon. 
Lyon  n'appartint  à  la  France  qu'à  partir  de  ]  3o6;  jusque- 
là  elle  fut  terre  d'Empire.  Ce  Jean  Pierre  de  Lyon  qui,  vers 
la  fin  du  prologue,  apparaît  obliquement,  si  l'on  peut  s'ex- 
primer ainsi,  et  semble  nous  dire  avec  un  sourire  :  «  C'est 
«moi  qui  ai  tout  fait»,  peut  fort  bien,  nous  le  répétons, 
être  l'auteur  véritable  de  Sidrach.  La  précision  des  détails 
qu'il  nous  donne  sur  les  affaires  d'Orient  s'expliquerait  par 
la  situation  qu'il  occupait  auprès  du  patriarche  d'Antioche, 
lequel,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  fut  mêlé  aux  affaires  du 
concile  de  Lyon  de  i245.  La  conception  de  l'histoire  qui 
fait  la  base  du  livre,  ces  Grecs,  non  distincts  des  Romains, 
qui  sont  le  peuple  chrétien  antérieur  à  l'islam  et  dont  les 
débris  ne  se  voient  plus  qu'en  Romanie,  sont  bien  une 
idée  orientale,  fondée  en  bonne  partie  sur  l'équivoque  du 
nom  de  «  Romains  »,  porté  par  les  Grecs  du  Bas-Empire. 

Cette  origine  lyonnaise  de  Sidrach  se  concilierait  aussi 
fort  bien  avec  une  autre  conjecture,  que  nous  nous  bor- 

TOME  XZXI.  4o 


; 


IVMlIKtftlC     RATIO!fAL(. 


xiv'  siicu. 


314 


LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 


Bartsrli ,  Chrcs- 
loni.piov..col.3i)() 
h  3i  )  ;  le.  inéoif, 
firundr.  iiirGesrli. 
lier  pi-ov.  Litoral., 


Ms.  ii,")8. 
fol.  ini  I.. 


nons  à  proposer,  sans  prétendre  l'appuyer  sur  une  dé- 
monstration qui  demanderait  trop  de  place  et  des  recherches 
trop  spéciales.  La  Bibliothèque  nationale  possède,  sous  le 
n"  n58  des  manuscrits  français,  une  rédaction  provençale 
de  notre  livre,  dont  Raynouard  a  fait  usage  pour  son 
Lexique,  et  dont  M.  Bartsch  a  imprimé  quelques  chapitres. 
M.  Bartsch  dit,  à  cet  endroit,  que  le  livre  de  Sidrach  existe 
«  dans  de  nombreux  manuscrits  latins  et  français  ».  C'est  là 
une  assertion  faite  à  la  légère  :  nous  ne  connaissons  pas  de 
manuscrits  latins  de  Sidrach,  et  le  livre  appartient  visible- 
ment à  la  littérature  vulgaire,  bien  que  l'auteur  fût  peut- 
être  un  clerc.  La  rédaction  du  n"  1 1 58  a  jusqu'à  présent  été 
considérée  comme  une  traduction  du  français;  nous  serions 
|)ortés  à  croire  qu'elle  nous  représente  la  rédaction  origi- 
nale. Certains  passages  semblent  plus  clairs  et  plus  corrects 
dans  le  provençal  que  dans  aucun  des  manuscrits  français, 
et  l'obscurité  ou  l'incohérence  que  ceux-ci  s'accordent  à  pré- 
senter peut  fort  bien  remonter  à  un  contresens  du  traduc- 
teur. Donnons-en  un  exemple  : 

Lo  rey  demanda  per  que  femna  sy  dona  leu  joja  e  leu  doL  Sydrac 
respon  :  Femna  en  aquest  segle  si  dona  leu  joja  e  dol  per  bona  razo 
plus  que  hom  no  fa;  quar  femna  a  lo  sanc  e  la  cervela  plus  leugieiramen 
[mogutz?]  que  hom,  e  es  ayssi  coma  la  syma  en  l'arbre  que  s'enciina 
pel  ven  ad  aquela  partida  on  sy  vol  ;  e  femna  es  tais  que  de  petita  cauza 
que  veja  o  auja  ela  trembla  tota,  per  Jo  sen  '  que  a  [frevol];  quar  la 
frevoleza  de  so  sen  Ihi  fai  tost  aver  joja  e  tost  dol  ;  e  si  fos  savia  coma 
hom  feiria  ne  hom  baiiieus  e  senesquals  e  jutges  e  senhors;  e  per 
aquesta  razo  quar  non  an  gaire  de  sen  ni  fermetat  en  lor,  ans  so  volatgas 
de  coratge,  sy  demora  a  far"^,  quar  mantenen  descuebri  so  que  aura  vist 
e  auzit;  e  per  so  sy  dona  tost  joja  e  leu  dol,  et  enans  serion  desseubudas 
cen  femnas  que  us  savis  hom. 

Ce  morceau  n'a  rien  de  bien  remarquable,  mais  il  pré- 
sente un  sens  suivi  et  satisfaisant.  Dans  les  manuscrits 
français  (A  5o3,  B  Sôg,  Vér.  488),  la  question  est  posée 
beaucoup  moins  nettement  :  «  Le  roi  demande  pourquoi 


'  Le  niaimscrit  porte  sanc. 

'  Bnrtscli,  qui  donne  ce  passage,  imprime  à  tori  afur. 


À 


.\.'Kr  jy  •■! 


DU  PHILOSOPHE  SIDRACH.  315        ,„  „i,^, 

«  les  femmes  ont  la  joie  et  le  deuil  de  ce  siècle.  »  Plus  loin, 
le  provençal  dit  très  clairement  que  si  les  femmes  étaient 
aussi  sensées  que  les  hommes,  on  leur  confierait  des  magis- 
tratures comme  aux  hommes;  mais,  «parce  qu'elles  n'ont 
«  guère  en  elles  de  sens  ni  de  fermeté,  mais  sont  volages  de 
«  caractère,  cela  demeure  à  faire  »,  c'est-à-dire  «  cela  ne  se  faij 
«  pas  ».  Cette  phrase  paraît  n'avoir  pas  été  comprise  du  tra- 
ducteur français.  La  première  rédaction,  conservée  dans  le 
manuscrit  B,  veut  être  littérale,  mais  n'a  pas  de  sens  :  «  Et 
«  por  ce  qu'elles  n'ont  gaire  de  sens  et  sont  volaiges  de  cuer 
«  se  laissent  a  faire.  »  La  rédaction  du  manuscrit  A  et  de  l'édi- 
tion Vérard  a  supprimé  ce  dernier  membre  de  phrase  de- 
venu inintelligible,  et  porte  simplement  :  «Et  por  ce  que 
«  elles  n'ont  gaires  de  sens  sont  elles  volages  de  cuer.  » 

Une  comparaison  semblable  faite  sur  d'autres  passages 
donnerait  plus  d'une  fois,  croyons-nous,  les  mêmes  résul- 
tats. Malheureusement  le  manuscrit  1 158  est  unique  \  et, 
outre  qu'on  n'y  retrouve  pas  un  grand  nombre  des  ques- 
tions des  manuscrits  français,  le  texte  en  est  si  déplorable- 
ment  altéré  qu'il  est  souvent  impossible  d'en  rien  tirer 
d'utile.  A  titre  de  spécimen,  nous  reproduisons  ici  le  pro- 
logue, où  on  pourrait  espérer  trouver  quelques  renseigne- 
ments précieux,  et  qui  est  écourté  de  la  plus  étrange  façon. 
En  rapprochant  ce  morceau  du  prologue  donné  plus  haut, 
on  verra  que  le  copiste  du  manuscrit  1 1 58  avait  sans  doute 
sous  les  yeux  un  manuscrit  endommagé  du  commence- 
ment, et  qu'il  a  recousu  à  sa  manière  quelques  phrases 
qui,  telles  qu'il  les  donne,  font  à  peine  un  sens  quelconque. 

Auziretz  las  bêlas  resposlas  que  fazia  Sydracs  a  tôt  so  que  hom  Ihi 
demanda  va.  Don  las  gens  del  emperador  Frédéric  sy  meravilhavo  mol 
que  tan  gran  syencia  pogues  esser  en  Ihuy;  per  que  il  lor  fetz  entendre 
que  el  avia  en  son  thesaur  un  Ihibre  quel  rey  d'Espanha  avia  trames  a 
son  ansesor,  las  quais  gens  o  comtero  a  l'emperador.  Aladonx  l'empe- 
raires  fo  molt  euros  d'aver  lo  Ihibre,  e  mandet  un  messatge  al  senhor 
de  Tonis  en  pregan  que  Ih'evie  lo  dih  Ihybre,  e  mandet  un  messatge. 

'  Un  aatre  manuKrit,  cité  par  M.  Chabaiieau  {Le  Roman  ttArlet.  p.  3),  est 
traduit  du  {rançais. 

&0. 


\IT'  MF.CI.E. 


316  LA  FONTAINE  DE  TOUTES  SCIENCES 

liO  scnhor  de  Tonis  Ihy  mandel  [lacune]  que  saubes  escrieurc  siii-iMzi  e 
liily.  Adonx  l'ernpcniircs  Ihi  trames  un  fraire  niaior  (51c)  de  l'alerna  quel 
traslalct  en  lati  c  l'aportct  en  lati  el  portet  a  l'emperador.  E  la  cort  de 
rcnipcrador  avia  un  clore  d'Antiocha  que  avia  [nom]  Theudors  lo  fliilo- 
sofhe  que  fo  niolt  auitz  de  l'emperador,  que  fetz  tan  que  trasiatel  aquest 
libre  0  trames  lo  a  la  patriarcba  d'Antiocha. 

Le  prologue  ainsi  défiguré  ne  peut  nous  donner  aucun 
renseignement  utile;  d'autre  part,  le  morceau  sur  les  croi- 
sades, qui  aurait  été  l'objet  d'un  rapprochement  intéressant, 
manque  dans  le  manuscrit  provençal,  qui  est  gravement  in- 
complet de  la  fin.  Nous  ne  pouvons  donc  rien  affirmer  sur 
le  rapport  des  deux  versions;  mais  nous  sommes  portés  à 
croire  qu'une  comparaison  attentive  donnerait  l'antériorité, 
non  au  manuscrit  1  i58,  mais  à  la  rédaction  qu'il  représente 
tort  imparfaitement.  11  n'y  a  rien  d'étonnant  à  ce  qu'on 
écrivît  à  Lyon,  au  xiii''  siècle,  en  provençal  :  entre  les 
deux  langues  littéraires  du  nord  et  du  sud  de  la  France, 
les  écrivains  des  régions  intermédiaires  s'orientaient  di- 
versement. 

Une  première  rédaction  de  Sidrach  en  provençal  ex- 
pliquerait aussi,  si  le  livre  est  de  i243,  qu'il  n'apparaisse 
que  si  tard  dans  la  littérature  comme  dans  les  bibliothèques 
de  la  France  du  Nord.  Assurément  Jean  de  Meun,  qui  re- 
cherchait partout  avec  avidité,  vers  1276,  les  éléments  de 
son  encyclopédie  satirique,  n'aurait  ])as  négligé,  s'il  les  avait 
connues,  les  réponses  du  philosophe  omniscient  qui,  entre 
autres  choses,  débitait  de  si  belles  maximes  sur  les  femmes. 
Si  au  contraire  on  admet  que  le  livre  ne  fut  traduit  en  fran- 
çais que  vers  la  lin  du  xm''  siècle,  on  comprend  le  silence 
gardé  jusque-là,  et  qui  autrement  contrasterait  d'une  façon 
singulière  avec  le  grand  succès  attesté  aussitôt  après.  On 
comprend  aussi  que  de  l'original  écrit  en  provençal,  langue 
qui  sortait  de  l'usage  littéraire,  il  ne  se  soit  conservé  qu'un 
manuscrit,  tandis  que  tant  de  manuscrits  français  attestent 
la  vogue  du  livre  dans  sa  nouvelle  forme. 

Cette  vogue  ne  se  borna  pas  à  la  France.  Au  xiv*  et  au 
XV' siècle,  de  nombreuses  traductions  attestèrent  que  l'on- 


DU  PHILOSOPHE  SIDKACH. 


317 


XiV*  SIÈCLE. 

vrage  répondait  encore  parfaitement  à  l'état  d'esprit  du 
temps.  Les  versions  italiennes  furent  nombreuses.  Il  est 
remarquable  que  les  premiers  imprimeurs  italiens  ne  les 
reproduisirent  pas;  leur  attrait  exclusif  pour  l'antiquité  ne 
leur  laissait  aucun  goût  pour  ces  œuvres  gothiques  et  bar- 
bares. Une  de  ces  traductions,  en  dialecte  siennois ',  a  été 
publiée  à  Bologne  (1868)  par  M.  Adolfo  Bartoli,  dans  la 
collection  des  Opcre  inédite  n  rare  dei  prlmi  tre  secoli  délia  lin- 
ffiia.  M.  Bartoli  annonçait  un  second  volume  de  bibliogra- 
phie, de  dissertations,  de  glossaires,  qui  malheureusen)ent 
n'a  pas  vu  le  jour.  Une  version  flamande  ou  hollandaise.      Petit,  BiWiogi 
dont  il  existe  plusieurs  manuscrits,  a  été  imprimée  au  moins   u,|d"he'*Tra^u  « 
trois  fois  :  Leide  (i495),  Deventer  (1496),  Anvers  (iS/io).    LetterLim.ie,  nu 
Au  XV*  siècle,  il  fut  fait  de  Sidrach  une  version  anglaise  en    "" 
vers.  L'auteur  s'appelait  Hughe  de  Campedene.  Elle  a  été 
imprimée  en  i5io,  à  Londres,  par  Thomas  Godfrey.  H  en 
existe  un  abrégé,  également  en  vers. 

C'était  là  un  succès  disproportionné  avec  la  valeur  réelle 
du  livre.  Sidrach  touche  à  toutes  les  questions  des  sciences 
morales  et  des  sciences  naturelles;  il  n'en  est  pas  une  seule 
sur  laquelle  il  apporte  quelque  trace  d'esprit  ou  d'origina- 
lité. M.  Sleinschneider  remarque  avec  raison  combien  le 
questionnaire  du  faux  Sidrach  est  inférieur,  par  exemple, 
aux  questions  naturelles  d'Adélard  de  Bath,  qui  écrivait 
pourtant  cent  cinquante  ans  plus  tôt.  La  philosophie,  pour 
notre  auteur,  ne  s'élève  pas  au-dessus  d'un  grossier  cliar- 
latanisme;  il  n'a  pas  même  le  soupçon  de  la  science  véri- 
table, de  son  objet  et  de  ses  méthodes.  Sur  les  nombreuses 
questions  auxquelles  il  répond,  il  n'en  est  peut-être  pas  une 
que  nous  résoudrions  comme  lui  ou,  pour  mieux  dire,  que 
nous  poserions  comme  lui.  La  chaîne  des  idées  reçues  em- 
pêche chez  lui  toute  pensée  originale.  Un  manque  absolu 
de  talent  et  de  goût  fait  de  son  livre  un  des  plus  mal  com- 
posés d'une  époque  où  l'art  de  bien  faire  un  livre  était  assez 
peu  connu. 

Un  manuscrit  italien  appelle  Sidrachyîfojo/ô  eitrofojo  A' S(ena( Bartoli, p.  xxvi). 
C'esl  là  probablement  une  faute  pour  S/n'a.  ,  i.  .■     ' 

'  r  .«-.«II»!.'!   '  ;■       •  r   I  ';  "T 


Ward ,  p.  I)  1 5  l't 


Ward.  p.  (J19; 
Brunet ,  tomi-  V . 
p.  607. 


2  3 


flT*  SikCLK. 


318  JEHAN  MAILLART. 

Ces  défauts,  naturellement,  ne  détruisent  pas  l'intérêt 
historique  de  l'ouvrage.  Le  «  roumans  de  Sydrach  »,  par  ce 
qui  s'y  trouve  et  par  ce  qui  y  manque,  est  un  document 
important  pour  l'histoire  des  idées  et  de  la  science.  Une  édi- 
tion critique,  dans  laquelle  on  essayerait  de  le  rapprocher 
autant  que  possible  de  la  forme  oîi  l'auteur  l'écrivit,  serait 
un  travail  utile  à  plusieurs  égards. 

Ern.  R.  et  G.  P. 


JEHAN  MAILLART, 

AUTEUR  DU  ROMAN  DU  COMTE  D'ANJOU. 


Le  roman  du  Comte  d'Anjou  n'avait  été  connu  jusqu'à 
ces  derniers  temps  que  par  un  seul  manuscrit,  le  n"  766 
du  fonds  français  de  la  Bibliothèque  nationale  (ancien 
Colbert  Soyô  et  français  7182**),  manuscrit  postérieur 
de  plus  d'un  siècle  à  l'ouvrage,  présentant  des  formes  de 
langage  rajeunies  et  des  leçons  souvent  fautives  (on  en 
verra  tout  à  l'heure  un  exemple).  Tout  récemment,  la  Bi- 
bliothèque nationale  a  acquis  en  Angleterre  un  autre  manu- 
scrit, celui-là  du  xiv'  siècle,  plus  correct  de  toutes  façons 
et  ne  présentant  pas  diverses  lacunes  qui  se  remarquent 
dans  le  manuscrit  766,  entre  autres  une  lacune  de  trente- 
six  vers  au  folio  20  v°.  C'est  d'après  ce  manuscrit,  qui  porte 
le  n"  453 1  des  Nouvelles  acquisitions  du  fonds  français, 
que  nous  ferons  nos  citations,  sauf  à  le  corriger  çà  et  là  par 
quelque  leçon  préférable  du  manuscrit  765'.  C'est  d'ail- 
leurs au  manuscrit  Nouv.  acq.  453i  que  nous  devons  de 
connaître  le  véritable  nom  de  Jehan  Maillart. 

'  Les  deux  manuscrits  sont  Apparentés  de  très  près;  mais  il  ne  parait  pas  que  le 
pins  récent  dérive  du  plus  ancien.  Tons  deux  remontent  k  une  même  copie,  qui 
avait  déjà  des  fautes. 


JEHAN  MAILLART. 


319 


MV'  SIÈCLE. 


A  ce  nom  l'auteur  du  Comte  d'Anjou  a  joint  l'indication 
précise  de  l'année  où  il  a  terminé  son  œuvre  et  la  mention 
des  grands  seigneurs  auxquels  il  en  a  fait  hommage  et  pour 
lesquels  il  l'avait  entreprise.  Il  a  composé  le  roman  que 
nous  allons  essayer  d'apprécier  à  la  demande  d'un  baron 
du  Beauvoisis,  Pierre  de  Chambli,  seigneur  de  Wirmes, 
aujourd'hui  Viarmes  (Seine-et-Oise);  mais  l'ouvrage  ne  fut 
achevé  qu'après  la  mort  de  celui  qui  devait  en  récompenser 
l'auteur  : 

A  la  requestc  et  la  prière 
Du  preudon  a  la  liée  chiere, 
Le  seigneur  de  Wirmes  jadis, 
Dont  lame  soit  en  paradis. 
Qui  volentiers  ooit  retraire 
Tout  biau  dit  et  bon  exemplaire , 
Et  d'armes  ot  la  connoissance 
Autant  com  nul  qui  fust  en  France, 
Ce  dit  a  rimoier  empris. 
Se  je  n'en  suys  montez  en  pris. 
Ne  s'en  doit  ja  nul  merveiller, 
Coment  qu'assez  m'ait  fait  veiller  ; 
S'encor  fust  li  prodons  en  vie , 
IVTentente  estoit  que  quant  fornie 
Eusse  m'emprise  et  outrée 
Je  li  eusse  présentée. 

A  défaut  du  père,  c'est  au  fds  que  l'auteur  devait  oll'rir  ce 
poétique  hommage,  qui,  si  nous  en  croyons  son  assertion 
réitérée,  avait  exigé  de  longues  veilles  : 

Pour  ce  a  son  filz ,  qui  l'eritage 
De  Ghambly  tient  en  seigneurage, 
Qui  touz  biaus  diz  set  bien  entendre 
Et  connoist  qui  est  a  reprendre , 
Si  luy  pry  com  a  mon  seigneur 
Qu'aussi  come  se  un  greigneur 
Maistre  et  de  plu»  grant  renommée 
Que  je  ne  suy  l'eûst  ditee, 
n  la  veuille  en  gré  recevoir.  .  . 
Veillier  m'a  fait  et  labourer, 
Tant  qu'il  ot  sa  perfection 


Kol.  63  1 


.„-ukc...        "^20  JEHAN  MAILLART. 

En  l'an  de  l'incarnation 
.M.  CGC.  et  .un.  foiz  quatre, 
Sanz  rienz  adjouster  ne  rabatre. 

Douêi  d'Arai,        Le  protectcur  de  notre  poète  était  un  assez  haut  person- 

Inv.   de»    scraui,  xt  l  l  i    •         ;      l  •  o  i 

n°i69d;Boouric.    nage.  IMous  le  voyons  désigné  depuis  1^02  comme  cham- 
^^^":^^n"t"'"   bellan  du  roi;  en  i3b3,  il  prend  part  à  la  bataille  de  Cour- 

n°  7533;  p.  Pans,  .  .  '  \      r  i  ,         i 

Mail. franc.. I. VI,   Irai,  et  11  est  un  des  seigneurs  charges  de  poser  les  ba.ses 

!îés''''roy""li.,'n.!   ^l'""  traité  de  paix  entre  la  France  et  l'Angleterre;  en  i3o4, 

V.  20439.  il  combat  bravement  à  Mons-en-Pevèle,  et  Guillaume  (juiart, 

en  le  mentionnant,  remarque  qu'il  était  très  bien  en  cour. 

Les  vers  de  notre  auteur  nous  prouvent  que  Pierre  de 

Chambli  était  mort  avant  1 3 1 6 ,  et  que  c'est  par  conséquent 

Boutaric.  Acies   après  sa  mort  que   Philippe  V  réunit  à  la  couronne  des 

■      wj      t  e      tic  «  •■  ■"■■■■ 

"  '  "  "  '  ■  biens  que  ce  seigneur  s'était  fait  donner  par  Philippe  le  Bel. 
ibid.,  n"5935.   En  i32o,  uous  vovous  sa  veuve,  Jeanne  de  Machau,  qua- 

"  •  ^'  ■  lifiée  de  dame  deViarmes,  tandis  que  la  terre  patrimoniale 
de  Chambli  était  restée,  comme  l'a  dit  notre  poète,  à  Pierre, 
l'aîné  de  ses  nombreux  enfants.  C'est  à  lui,  en  1 3 1 6,  que  le 
roman  du  Comte  d'Anjou  fut  envoyé  par  Jehan  Maillart, 
qui  nous  a  donné  son  nom  à  deviner  dans  les  vers  suivants  : 

Pol.  6î  »".  Je  qui  a  ce  dit  rimoier 

Ai  voulu  mon  dit  emploier 
Et  lonc  temps  y  ay  mis  m'estudc, 
Conment  que  mon  enging  soit  i-ude, 
V  uoil  qu'en  puist  en  ce  meismes  dit 
Trouver  mon  non  sans  contredit. 
Qui  avoir  en  veult  connoissance , 
Et  mon  seurnon  sanz  decevance. 
Je  n'ai  pas  moût  hanté  tel  chose , 
Ainz  pesche  au  mail  l'art ,  qui  enclose 
N'est  pas  en  moi ,  ne  la  science 
Par  quoi  sache  sy  grant  sentence 
Si  a  droit  en  rime  conprendre 
Qu'il  n'i  ait  assez  a  reprendre. 
La  besongne  le  sens  descuevre  ; 
For  ce  pri  tous  ceulz  qui  cest  uevre 
Verront ,  quant  en  leur  mains  cherra , 
Qui  maie  fachon  y  verra , 


JEHAN  MAIIXART. 

Que  ii  ne  vuoiHn  ma  rudesce 
Roprendre  par  trop  jurant  aspresce, 
Ainz  nie  déport  courtoisement 
Se  j'ai  parlé  trop  rudement, 
Et  se  l'uiîuvrc  est  mal  acoutree; 
Car  ainz  (ju'ele  ait  esté  outrée 
Ne  que  la  puisse  avoir  parfaicte 
Mainte  reposée  y  ay  faicte, 
Trois  anz  foui  plainz,  tel  foiz  avint. 
Et  bien  des  autres  y  avint, 
li'iuic  grcij^neur  et  l'autre  mendrc. 
Car  ailleurs  avoie  a  entendre; 
Si  faulte  y  a,  n'est  pas  merveille. 
Car  a  la  Ibiz  home  sommeille .  .  . 


321 


\IV   SlhXI.E. 


Enfin,  pour  mieux  donner  les  moyens  de  retrouver  son 
nom,  il  ajoute  : 

Qui  voudra  son  senz  esprouver 

A  mon  non  en  ce  dit  trouver 

ht  mon  seurnon  prengnc  avisancc 

J'uis  le  vers  ou  est  decevance 

En  deus  versez  ([ui  après  vieruient 

Assez  tost  et  sy  s'entretiennent; 

Car  illec(|ues  les  trouvera 

Qui  soubtilment  i  j^ardera; 

Si  n'est  pas  la  sout)tilleté 

Moult  grant.  .  . 

Assurément  la  «  soubtilleté  »  n'est  pas  împénrtrable;  ce- 
pendant elle  n'avait  pas  été  devinée  jusqu'ici,  le  seul  manu- 
scrit que  l'on  connut  ayant  précisément  défiguré  le  se- 
cond vers  de  fénigme,  en  y  supprimant  le  mot  essentiel  liomanb.t  \i\. 
«  mail»;  aussi  avait-on  appelé  notre  auteur  Alart  Peschottc  ''  '"' 
ou  Peschanté,  Jean  ou  Jeanin  Alart.  Nous  lui  restituons 
son  vrai  nom,  qui  d'ailleurs,  isolé  de  toute  circonstance 
biographique,  n'olFre  pas  un  grand  intérêt. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  celui  de  ses  patrons.  On  est 
bien  aise  de  savoir  que  Pierre  de  Chambli,  ce  vaillant  guer- 
rier et  ce  serviteur  dévoué  de  Philippe  le  Bel,  avait,  ainsi 
que  son  fils,  du  goût  pour  les  romans  et  pour  la  poésie. 


TOME   X\Xl. 

2  3  * 


4i 


lumiiirHie    «iTi»\*ir. 


X.VS.ÈC,...        322  JEHAN  MAILLART. 

C'était  lui-même  qui  avait  raconté  à  Jean  Maillart  l'histoire 
dont  il  le  priait  de  faire  un  poème  : 

Poj  ,  ^>  Ceste  aventure,  c'est  la  somme, 

Oy  conter  a  un  preudomnte 
Digne  de  foy  et  de  créance , 
Granf  sires  en  la  court  de  F'rance, 
Sage ,  riche  et  de  grant  value , 
Qui  me  pria  que  tant  feisse 
Pour  li  qu'en  rime  la  meïsse; 
Et  je,  pour  sa  volenté  faire, 
Et  que  cil  qui  l'orront  retraire 
Pour  la  biauté  et  l'acordance 
De  la  rime  i  truissent  plesance , 
Me  sui  je  volus  entremetre 
De  l'aventure  en  rime  mètre. 

Jean  Maillart  s'est  efforcé  de  redire  fidèlement  ce  qu'on 
lui  avait  conté;  il  a  poussé  le  scrupule  jusqu'à  ne  pas 
donner  de  noms  à  ses  principaux  personnages,  sans  doute 
parce  qu'il  n'en  trouvait  pas  dans  sa  «  matière  ».  L'intérêt 
du  récit  en  a  souffert,  et  l'attention  du  lecteur  en  est  quelque 
j)eu  déroutée.  On  se  perd  dans  ces  répétitions  de  comte  et 
de  comtesse  d'Anjou,  de  Chartres  ou  de  Bourges.  Le  titre 
même  que  l'auteur  a  donné  à  son  œuvre  n'est  pas  heureu- 
sement choisi;  il  l'appelle  «  le  dit  du  comte  d'Anjou  »  : 

|.„l  fl^ ,..  Ci  faut  le  dit  du  noble  conte 

D'Anjou. 

Cependant,  comme  on  le  verra,  le  comte  d'Anjou  meurt 
presque  au  début  du  poème,  et  c'est  sa  fille,  appelée  tout  le 
temps  par  le  poète  «  comtesse  d'Anjou  »,  qui  en  est  la  véri- 
table héroïne.  Nous  avons  dû  respecter  la  désignation  choisie 
par  Jean  Maillart;  mais  déjà  le  copiste  du  manuscrit  766  en 
avait  reconnu  l'inexactitudie,  et,  tout  en  conservant  les  vers 
ci-dessus,  avait  terminé  par  cette  note  :  «Explicit  le  rom- 
*  mant  de  la  contesse  d'Anjo.  »  Quoi  qu'il  en  soit,  nous  allons 
donner  de  ce  roman,  qui  compte  environ  huit  mille  vers, 
une  analyse  que  nous  tâcherons  de  rendre  aussi  claire  que 
possible. 


t 


I 


JEHAN  MAII.LART.  323 

\IV    SIKCI.K. 

Voici  les  vers  par  lesquels  il  débute  : 

Maint  ont  mis  leur  temps  et  leur  cures 

En  fables  dire  et  aventures  : 

Li  uns  dit  bourdes,  l'autre  voir, 

Si  com  il  sevent  concevoir. 

lii  uns  de  Gauvain  nous  raconte. 

L'autre  de  Tristan  fet  son  conte, 

Li  uns  d'Yaumont  et  d'Agoulant, 

L'autre  d'Olivier,  de  Rollant, 

De  Perce  val,  de  Lancelot, 

De  Robichon  et  d'Emmelot  ; 

lÀ  auquant  chantent  pastourelles, 

Iji  autre  (lient  en  vielles 

Chançons  royaus  et  estampies, 

Dansses,  notes  et  baleries, 

En  leùt,  en  psalterion, 

Chascon  selonc  s'entencion , 

I^ais  d'amours,  descors  et  balades 

Pour  csbatre  ces  genz  malades; 

En  tels  trufes  leur  temps  despendenf , 

Qu'a  nule  autre  chose  n'entendent; 

Et  nonpourquant  sont  apelez 

Es  grans  liex  et  bien  ostelés, 

Conient  qu'a  l'ame  rienz  ne  facent, 

Fors  que  l'anui  des  cuers  enchacent 

Par  leur  contes  et  par  leur  fables. 

Mes  en  doit  choses  pourfitables 

Et  qui  les  cuers  des  genz  esmuevent 

A  bien  faire  quant  ilz  les  truevent 

Plus  deligenment  escouter 

Pour  soy  en  bonnes  meurs  monter  ; 

Car,  avec  le  bon  exemplaire 

G'on  i  ot,  doit  aussi  mieux  plaire 

Chose  qui  est  vraie  prouvée 

C'une  mençonge  controuvee. 

Pour  notre  poète,  il  entend  nous  raconter  une  histoire 
véritable,  qui,  tout  extraordinaire  qu'elle  doive  paraître, 
fortifiera  la  semence  des  bons  sentiments  dans  f  esprit  de 
ceux  qui  fécouteront.  Nous  allons  la  raconter  après  lui. 

H  y  eut  donc  une  fois  un  comte  d'Anjou  et  du  Maine, 
dont  la  terre  était  estimée  à  cent  mille  livres  tournois,  et 


\1V   siEi:i.ii. 


324  JEHAN  MAILLART. 

(loni  la  cour  rtait  le  centre  do  toutes  les  fêtes  clievale- 
i(>.sc|ue.s.  Ce  comte,  dont  le  Irènî  était  évêque  d'Orléans, 
avait  une  fdie,  merveille  de  beauté,  de  grâces  et  de  vertus. 
Privée  de  sa  mère  dès  ses  premières  années,  on  l'avait  con- 
liée  aux  soins  d'une  sage  et  discrète  demoiselle,  qui  l'avait 
éloignée  de  tous  mauvais  penchants  : 

Kol.  5  1  Kl  sachiez  que  pas  ne  gcngloionl 

tlnsaml)lo  quant  la  messe  ooienl. 
Quaiil  re\('uoieiil  en  nieson. 
Dont  s Vs))atoient  par  raison 
lloneslenient  et  sans  outrage. 
lin  pou  raloient  a  Toux  rage 
De  soie  dont  elles  ouvroienl  ; 
Autre  foiz  aux  tables  jouoient, 
Et  aux  esches  le  plus  souvent .  .  . 
Sovent  son  perc  a  li  jouoil , 
Quant  lesir  avoir  en  pooit, 
Mes  en  nulle  fin  n'ateinsist 
Au  mat,  s'elle  ne  se  fainsisl. 

Ce  jeu  d'échecs  devint  fatal  à  la  jeune  fdle  :  un  jour  qu'elle 
était  sur  le  point  de  prendre  les  dernières  pièces  de  la 
M  inaisnie  »  opposée,  elle  s'aperçut  que  son  père,  au  lieu  de 
les  défendre»,  élait  tombé  dans  une  profonde  rêverie.  Elle 
essaie  de  le  ramener  au  jeu  ;  mais  tout  à  coup  il  lui  déclare 
la  violent(î  et  criminelle  passion  qu'elle-même  vient  d'éveiller 
en  lui,  passion  qui  demande  à  être  promptement  satisfaite. 
Ell(î  est  sa  lille;  il  a  le  droit  d'être  obéi  sans  réserve.  A  cette 
déclaration  inattendue,  la  pauvre  llUe  se  signe,  et  sermonne 
son  coupable  père  du  mieux  qu'elle  ])eut,  mais  en  vain;  il  lui 
ordonne  de  regagner  sa  chambre,  où ,  dit-il,  il  ne  tardera  pas 
à  la  suivre  pour  obtenir,  exiger  ce  qu'elle  ne  peut  s'obstiner 
à  lui  refuser.  Alors,  d'après  les  conseils  de  sa  «  maistresse  » 
ou  gouvernante,  elle  se  décide  à  fuir  la  maison  paternelle 
par  le  jardin  qui  donne  d'un  côté  sur  ses  appartements, 
de  fautre  sur  une  grande  et  haute  forêt.  Pour  dérouter  les 
soupçons,  elle  feint  un  malaise  subit  et  fait  dresser  son  lit 
dans  une  chambrette  éloignée  de  celle  de  ses  dames  de 
compagnie  :  » 


MV    MK<:I.K. 


l'nl.   «  ' 


JEHAN  MAILLÂRT.  325 

«  En  celle  {»iiardc  robe  la, 

«  Fet  elle,  mon  lil  nio  ferez, 

CI  Et  crrannit'iit  ni'i  couclicrez; 

«  Car  une  trop  forant  frichon  sent , 

«  Et ,  se  noslre  sire  consent 

«  Que  je  puisse  un  petit  suer, 

«  Garie  serai  sjuiz  muer, 

"  Q'"'  j**  "'^"  serai  os  liiens 

«  Ne  es  mainz  des  fusiciens, 

>■  Qui  une  granl  clïosc  di  feroient , 

«  Se  ce  lantet  de  mal  savoient.  » 

Co  n'est  pas  d'aujourd'hui,  comme  on  le  voil,  que  les  mé- 
decins sont  accusés  de  multiplier  leurs  visites. 

Les  pucelles  pas  ne  séjournent. 
Que  l)ien  losl  la  chamhrc  n'atonicnt; 
Couvertures  y  ot  moût  Unes, 
De  vair  et  de  gris  et  d'ermines , 
Riches  orilliers,  coustes  pointes 
Enlaillies,  belles  et  cointes, 
(lustodes  et  coissins  et  sarges, 
El  lapis  ouvrez  granz  et  larges 
Si  com  il  alïiert  a  contesse ... 

(i'esl  là  qu'elle  se  retire  avec  sa  maîtresse;  j)our  n'êlre  pas 
dérangées,  elles  ferment  la  porte,  coulent  la  barre  et  les 
verrous,  emplissent  deux  «  escrins  »  de  diamants,  de  ])ierr(.'- 
ries,  de  bracelets,  de  cercles  et  couronnes  d'or,  jusque-là 
serrés  dans  une  huche  voisine.  Ainsi  ])Ourvues,  couvertes  de 
légers  vêlements  convenables  à  des  femmes  (jui  voidaient 
voyager  à  pied,  elles  descendent  dans  le  verger,  et  de  là  s'en- 
gagent dans  les  profondeurs  de  la  forêt  : 

Deus  cours  sercos  ont  endossez.  Kol. .,  i 

Le  pont  passent  et  les  fossez , 
A  luis  du  jardin  sont  venues. 

Puis  la  comtesse  (c'est  ainsi,  nous  l'avons  dit,  que  le  poète 
désigne  tout  le  temps  son  héroïne)  laisse  le  champ  libre  à 
ses  larmes  et  à  ses  plaintes. 


M,'suc.K        ^26  JEHAN  MAILLART. 

Elle  regrette  tous  ceux  qu'elle  a  dû  quitter,  et  même  le 
père  qui  l'y  contraint  : 

Kol.  1)  ï  "  Giant  duel  avi-és  et  grant  pitié.  .  . 

"  Car  je  sai  bien  certainement 
«  Conques  n'aina  plus  tendrement 
«  Pore  enfant  que  vous  moi  (eïstes 
«  Jusques  a  tant  que  vous  cheïstes 
«  En  cesto  pensée  maudite; 
«  Je  prie  a  Dieu  que  il  vous  quite 
«  Et  vous  pairdoint  cestui  melFait ...  « 

Les  deux  dames,  ayant  gagné  à  la  hâte  l'autre  extrémité 
(le  la  lorêt,  se  confient  à  la  pitié  d'une  pauvre  vieille  femme, 
qui  les  reçoit  dans  sa  chaumière  et  s'empresse  de  leur 
accorder  ce  qu'elles  demandent,  il  y  a  de  la  grâce  et  un 
certain  sentiment  poétique  dans  ces  vers  : 

'■"'•  ' •  i"  La  bonne  femme  ont  appelée 

Et  mouf  doucement  l'ont  priée 
Que  de  son  pain  leur  vende  ou  doigne; 
Car  de  mengier  ont  grant  besoigne. 
La  preude  femme  les  regarde. 
Et  dist  :  n  Certes,  folio  musarde 
«  Pleine  de  dureté  seroit 
«  Qui  son  pain  vous  reffiiseroil  ; 
«  Car,  bien  sray,  point  ne  truandés . 
«Combien  que  mon  pain  demandés: 

•  Bien  me  semble  a  voslre  viaire 

«  Qui  tant  est  douz  et  débonnaire; 
«  tll  vo  sim|)le  contenement 
«  Monstre  certain  enseignement 

•  Que  de  haut  lieu  estes  estraite .  .  .  » 

Le  poète,  qui  semble  avoir  en  grande  recommandation  les 
bons  festins,  prend  de  là  l'occasion  de  faire  rappeler  à  la 
comtesse  le  contraste  de  l'eau  claire  et  du  pain  noir  qu'on 
lui  donne  avec  les  mets  qu'on  lui  servait  auparavant.  Ces 
détails,  qu'on  a  droit  de  regarder  comme  un  hors-d'œuvre 
dans  la  composition,  nous  intéressent  par  les  lumières 
qu'ils  répandent  sur  la  grande  cuisine  du  xiv'  siècle.  Ce 
que  nous  appelons  aujourd'hui  viande  de  boucherie  ne  tient 


JEHAN  MAILLART. 


327 


\i»  siEcu:. 


aucune  place  dans  l'énumération  qu'on  va  lire,  dans  la- 
(juelle  en  revanche  les  poissons  forment  une  troupe  presque 
aussi  nombreuse  que  l'armée  de  Carême  dans  son  fameux 
combat  contre  Charnage  : 

«  Tel  vie  pas  apris  n  avoie 

«  Quant  je  chiei  mon  père  meiinoie; 

Mes  viandes  chieres  et  fines, 

Chapons  en  rost,  oisons,  gelines, 

Cinnes,  paons,  perdris,  faisanz, 

Hairons ,  butors  qui  sont  plaisan/. , 

Et  venoisons  de  maintes  guises 

A  chiens  courans  par  force  prises, 

Gers,  dains,  connins,  senglers  sjiuvages 

Qui  habitent  en  ces  boschages, 

Et  toute  bonne  venoison. 

Poissons  ravoie  j'a  foison. 

Des  meilleurs  de  tout  le  pais  : 

Esturjons,  saumons  et  plais. 

Congres,  gournars  et  grans  morues, 

Tumbes,  rouges  et  grans  barbues. 

Maqueriaux  gras  et  gros  mêlions, 

Kt  liarens  frès  et  espellens, 

Sartres  grasses,  mullès  et  solles, 

Brèmes  et  bcscues  et  molles  '  ; 

J'avoie  de  maintes  menieres 

Poissons  d'estans  et  de  rivières .  .  . 

A  poivre,  a  sausse  kameline; 

J'avoye  lus  en  galentine, 

Grosses  lamproies  a  ce  mesmes. 

Bars  et  carpes,  guardons  et  bresmes. 

Appareilliez  en  autres  guises; 

Turtes  ravoie  en  pastes  mises. 

Les  dars,  les  vendoises  rosties. 

En  veijus  de  grain  tooillies. 

Et  grosses  anguiHes  en  paste , 

Autre  foiz  rosties  en  haste , 

Et  les  gros  bequès  chaudumez. 

Si  com  il  sont  acoustumez 


K..I. 


'  Ms.  763  :  >  Bamues  et  becques  et 
•  inoDe*!.  Bantue  et  bticot  nous  sont 
('{j'alement inconnus,  oinsi  que  plusieurs 
autres  de  ces  noms  de  poissons,  que 


nos  copistes  ont  évideninienl  altérés. 
En  tout  cas  hremts,  dans  noire  manu- 
scrit,  doit  être  fautif,  puisqu'on  retrouve 
les  tretnut  un  peu  plus  loin. 


Vlï    MH:l  K. 


328  JEHAN  MAILLART. 

«  Dos  Vous  qui  sevent  les  entantes 

«  De  l'alourner;  j'avoye  tantes 

«  Qui!  en  appelle  reversées; 

n  J'avoie  ganlTres  et  niiblees, 

«  (îoiiieres,  taries,  llaonciaus, 

«  Pipefarses  a  grans  nionriatis, 

«Crespiries,  bingnès  et  riiissoles, 

Il  Pommes  d'espices,  darioles; 

Il  Et  hevoie  vins  precieus, 

«  Piment,  clan;  delicieus, 

Il  Citonandez,  rose/.,  lloroz, 

«Vins  de  Gascoingnc  colorez, 

«  De  Montpellier  et  de  Hoclu-lle, 

«  \  in  (le  (iarnaclie  et  de  Casielle, 

«  Vin  de  Bianne,  de  Saint  Poursain, 

«Que  ricli(.' gent  tienent  poursain, 

Il  D'Auenerre,  d'Anjo,  dOrlenois, 

«  De  (ïastinois,  de  Ix-onnois, 

«  De  Biauvoisin,  de  Saint  Joucn; 

Il  Touz  cenlz  narai  je  mais  ouen .  .  •  " 

Après  avoir  pris  congé  de  la  pauvre  femme,  elles  aper- 
çoivent les  tours  d'Orléans,  entrent  dans  la  ville  et 
s'adressent  à  une  prude  veuve  qui  consent  à  les  héberger, 
a  la  condition  qu'elles  se  contenteront  pour  leur  coucher  de 
gros  draps  de  chanvre,  d'une  seule  «  coule  »  et  d'un  seul  tapis; 
c'est  là  totit  ce  qu'elle  possède.  Leur  dîner  fut  d'œufs  et  de 
pois  récliaulTés,  Irisle  viande  pour  d'aussi  grandes  dames. 
Toutefois  elles  n(;  demandent  qu'à  rester  dans  cet  humble 
logis  :  elles  achètent  canevas,  fds  d'or  et  fie  soie,  et  se  dis- 
posent à  travailler  de  leurs  doigts  pour  éviter  les  ennuis  et 
les  dangers  de  l'oisiveté. 

Ici  le  poète  nous  ramène  au  comte  d'Anjou,  qui  se  laisse 
aller  au  plus  profond  désespoir  en  ne  retrouvant  plus  sa 
chère  fille,  en  songeant  que  c'est  à  lui  que  sa  fuite,  peut- 
être  sa  mort,  doit  être  attribuée.  Le  coupable  père  nous 
louche  par  son  repentir  et  par  son  désespoir.  Il  refuse,  à 
compter  de  ce  moment,  toute  nourriture,  et  se  laisse 
mourir  de  faim.  Après  sa  mort,  le  beau  comté  du  Maine 
et  d'Anjou  passe  par  droit  d'héritage  à  son  frère,  l'évêque 


JEHAN  MAILLART.  329 

XIV    MKCI.I 

(l'Orléans,  qui  partage  honnêtement  ses  regrets  entre  le 
comte,  (ju'il  a  vu  si  misérablement  finir,  et  sa  nièce,  dont 
la  triste!  destinée  lui  demeure  entièrement  cachée,  bien 
f[n'elle  séjourne  dans  sa  pro])re  ville. 

Cependant  les  deux  dames  vivent  dans  la  plus  profonde 
retraite,  ce  qui  explique  qu'elles  n'apprennent  rien  des 
événements  qui  se  passent  :  jamais  elles  ne  sortaient  qu'au 
point  du  jour,  pour  assister  à  l'olfice  du  matin;  elle  s'em- 
pressaient de  revenir  à  leur  logis,  qui  touchait  aux  murs 
de  l'église.  Un  jour  cependant  elles  ne  purent  éviter  les 
regards  de  quelques  jouvenceaux,  fils  de  bourgeois  : 

Un  jour  en  esté  troi  ou  quatre  F.«l.  if.  \-. 

Fiulz  (le  borjois,  pour  eulz  esbatre. 

Près  (le  losti'l  ou  elles  ierent, 

Le  gieu  (le  bonde  couniencierent  : 

L'un  fiert  resluef,  l'autre  rachacc, 

Cbascou,  pour  faire  bone  cliace'; 

Assez  jouèrent  longuement. 

Estes  vous  que  l'un  droitemenl 

En  la  maison  ou  elles  furent 

Feri  l'estuef  :  lors  i  coururent 

Pour  leur  estuef"  ravoir  arriéres; 

El  (juant  il  virent  cez  ouvrières, 

Dont  l'une  avoit  biautt^  si  grande , 

Li  uns  a  la  dame  demande 

Dont  elle  est  et  de  quel  gent  née .  .  . 

La  réponse  évasive  de  la  «  maîtresse  »  ne  satisfait  pas  nos 
jeunes  libertins,  qui  pensent,  en  offrant  une  bonne  somme 
de  deniers,  vaincre  des  scrupules  sans  doute  plus  apparents 
que  réels.  Pour  échapper  à  leurs  obsessions,  les  deux  dames 
se  résignent  à  fuir  Orléans  et  à  chercher  ailleurs  un  refuge 
plus  assuré,  non  sans  avoir  convenablement  remercié 
l'hôtesse  qui  les  avait  si  bien  accueillies.  Elles  prennent  le 
chemin  de  Lorris,  et  pénètrent  dans  la  grande  forêt  qui 
sépare  encore  aujourd'hui  cette  ville  d'Orléans.  Le  jour 
tombait,  la  frayeur  commençait  à  s'emparer  d'elles,  quand 

,  î  < 

'  Il  semble  ici  manquer  quelque  chose  dan»  les  deux  manuscrits.  Les  deux  vers 
suivants  manquent  dans  765. 

TOME  XXXI.  ^2 


IwrtiaiBIB    RaiioiAi.ii. 


x.v-s.F..;,.E.        330  JEHAN  MAILLART. 

nti  vieux  chevalier,  châtelain  de  Lorris,  les  aperçoit,  les 
ahorde  et  leur  demande 

Kol.  is  r'.  Dont  sont,  qiii  sont,  ou  vont,  que  quiercnt. 

La  maîtresse  se  contente  de  répondre  qu'elles  sont  fort  mal- 
heureuses, qu'elles  n'ont  pas  l'habituue  de  voyager  par  les 
champs  sans  compagnie,  et  qu'elles  prient  Dieu  de  leur 
enseigner  une  retraite  qui  puisse  les  cacher  à  tous  les  yeux. 
Le  bon  châtelain  les  fait  aussitôt  conduire  jusqu'à  son 
manoir  par  deux  des  sergents  qui  l'accompagnaient;  mais  la 
dame,  en  voyant  la  beauté  de  la  jeune  aventurière,  se  mé- 
prend sur  les  intentions  de  son  baron  : 

^"l•  >>•  y  ■      ■  La  (laine  la  jone  rcguarde. 

Pensa  que  fust  une  musarde 
Qui  pour  hommes  leïst  folie 
De  son  corps  ;  lors  mellencolie .  .  . 
«  Or,  dist  elle,  est  il  donc  ainsi? 
«  Bien  voi  mon  seigneur  que  j'ain  si 
«  M'a  pour  ceste  famé  enhaie. 
«  Bien  sui  morte ,  bien  sui  traie .  .  . 
»  Veez  quel  cors  et  quel  viaire  ! 
«  Jamais  de  moi  n'avroit  que  faire 
«  Mon  seigneur,  tant  com  la  seûst 
«  Près  de  li,  qu'avoir  la  peûst. 
«  Alez  vous  en ,  ma  douce  amie , 
«  Quar  ceenz  ne  demorre/,  mie .  .  . 
«  Je  n'ai  cure  de  telle  ostesse , 
•  Quar  vous  seriez  ma  mestresse , 
«  Et  je  corne  une  chamberiere ...» 

La  châtelaine  entend  pourtant  à  demi  raison  au  retour 
du  mari,  qui,  après  avoir  patiemment  écouté  ses  longues 
plaintes,  lui  proteste  qu'elles  ne  sont  pas  fondées.  Ces 
dames,  ajoute-t-il,  semblent  de  bon  lieu;  elles  m'ont  inspiré 
une  vive  compassion,  et,  puisque  vous  refusez  de  les  rece- 
voir dans  le  château,  au  moins  ne  trouvez  pas  mauvais  que 
je  les  recommande  à  une  pieuse  hôtesse  de  la  ville.  l)n 
varlet  conduit  donc  les  dames  dans  une  humble  maison. 


JEHAN  MAILLART.  331 

MV'SICCI.F.. 

OÙ  Ton  dresse  pour  elles  un  frugal  souper;  mais  le  poète  a 
soin  de  remarquer  que  le  châtelain,  au  lieu  du  pain  noir  et 
des  légumes  réchauflés  qu'on  leur  offrait,  leur  lit  porter  des 
viandes  savoureuses  et  de  l'excellent  vin;  ce  qui  leur  permit 
de  prendre  en  patience  le  petit  lit  de  paille  (|ui  fut  mis  à 
leur  disposition. 

Le  lendemain,  elles  ouvrent  leur  écriu ,  en  tirent  canevas 
et  lils  de  soie,  et  continuent  le  travail  délicat  qu'elles  avaient 
commencé  à  Orléans.  La  châtelaine  apprit  combien  leur 
vie  était  édifiante  et  pure,  et,  tout  à  fait  revenue  de  ses  pré- 
ventions, elle  proposa  à  son  époux  de  les  prendre  dans  le 
château  pour  enseigner  à  leurs  deux  filles  l'art  de  travailler 
la  soie  qu'elles  entendaient  si  bien.  Elles  ne  se  firent  pas 
prier.  «  Belles  dames,  leur  dit  le  châtelain, 

•  Nous  avons  ici  di-us  fiHetes  Pol,  20  \'. 
«  Qui  sont  encore  assez  jonetes, 

«  Si  voudriens  qu'elles  seûssent 
«  Mestier  ou  joer  se  peCissent 
«  A  la  ioh  el  esbanier  ; 
«  Pour  ce  si  vous  voulons  prier 

•  Que  ceenz  deniourer  veigniez 

»  Et  nos  deus  fiHcs  enseigniez .  .  . 

«  Et  tant  corne  cecnz  serez 

«  Vostre  gaaing  espargiierez 

«  Ne  riens  ne  vous  convient  despendre, 

«  Et  de  touz  vous  ferai  deflendre, 

«  Que  n'orrez  parole  vilaine ...» 

Elles  n'auraient  eu  qu'à  se  féliciter  de  leur  nouvelle  con- 
dition de  gouvernantes  des  fdles  du  châtelain  de  Lorris,  sans 
l'arrivée  du  comte  de  Bourges,  duquel  sans  doute  relevait 
le  château.  Il  venait  avec  une  suite  nombreuse,  et,  comme 
c'était  la  première  fois  qu'il  usait  de  son  droit  de  gîte, 
il  entendait  que  lui  et  sa  suite  fussent  bien  et  joyeusement 
accueillis  : 

•  Piech'a ,  dist  il ,  que  mes  n'entrâmes  K..1. 1 1  v ". 
«  En  ce  païs  n'en  ceste  terre  ; 

«  Une  foiz  avons  eu  guerre, 
«  Autre  foiz  chevauchié  avons 

«3. 


xi%'  %m:i.t:. 


332  JEHAN  MAILI.ART. 

«  l'oiir  les  tournoiz,  quant  les  savons; 
«  Pour  ce  tons  cl  tontes  vous  prie 
«  Cliascon  se  gent  et  csbanio 
■<  Conrioiscment  el  soit  en  joie, 
«  Car  pour  ce  vieing  je  cest(î  \oye.  » 

Le  châtelain,  justement  inquiet  de  l'effel  que  pourrait 
produire  sur  cette  brillante  jeunesse  la  vue  de  la  belle 
étrangère,  avait  eu  soin  de  disposer  pour  elle  un  ])etit 
appartement  à  l'écart,  où  personne  ne  s'aviserait  de  venir 
la  troubler  :  précaution  inutile!  La  châtelaine,  pendant  le 
banquet  solennel,  appelle  son  écuyer  et  le  charge  d'aller 
|)orter  sa  propre  écuelle,  reniplie  d'un  délicat  manger,  à  la 
jeune  ouvrière  dont  il  savait  la  retraite.  Le  varlet  qui  tran- 
chait devant  le  comte  de  Bourges  entend  cette  ])arole;  cu- 
rieux de  savoir  (pii  peut  être  l'objet  de  cette  attention  de  In 
châtelaine,  il  suit  les  pas  de  son  compagnon,  passe  après 
lui  la  porte,  et  reste  interdit  d'admiration  à  la  vue  de  la 
jeune  (ille;  c'est  au  point  qu'il  oublie  l'oifice  qu'il  renqjlis- 
sait  au  banquet.  Quand  on  y  sert  le  «  second  mes  »,  le  comte 
demande  pourquoi  l'on  tarde  à  trancher.  L'échanson  sort  et 
appelle  à  haute  voix  l'écuyer  tranchant,  qui,  revenu  à  lui- 
même,  descend,  et,  voyant  l'échanson  :  «  Ah  1  lui  dit-il, 
«comment  ne  pas  tout  oublier  en  présence  de  la  merveil- 
«  leuse  beauté  que  je  viens  de  découvrir.^  Venez  vous-même 
«  en  juger.  »  Ils  remontent  alors  tous  deux  vers  la  cham- 
brette  des  deux  dames,  et  l'échanson,  non  moins  Irappé 
d'admiration,  oublie  aussi  que  son  service  le  rappelle.  Le 
comte,  après  avoir  bien  pesté  contre  eux,  prend  le  parti 
de  charger  deux  autres  écuyers  de.  leur  office;  ])our  les 
premiers,  ils  crurent  que  le  meilleur  parti  qu'ils  avaient 
à  prendre  pour  s'excuser  était  de  parler  au  comte  de  la 
cause  de  leur  distraction,  et  de  l'engager  à  faire  la  même 
épretive.  Le  comte,  avant  de  leur  pardonner,  charge  son 
chambellan  d'aller  voir  s'ils  disent  la  vérité;  le  cham- 
bellan s'oublie  à  son  tour,  et  c'est  à  grand' peine  qu'enfin  il 
revient  à  son  seigneur  pour  justifier  l'écuyer  tranchant  et 
l'échanson.  'oo'w  ••lff^^I 


JEHAN  MAILLART.  338 

«  S'il  en  est  ainsi,  dit  le  comte, 

«Je  vueil  que  l'en  oste  les  tables, 

«  Et  si  n'ai  cure  d'oïr  fables 

«  Ne  chanron ,  ne  son  de  vielle  ; 

«  Je  vueil  veoir  celle  pucelle 

«  Et  que  touz  et  toutes  la  voient, 

«  Et  que  trestouz  tesmoins  en  soient 

«  Selle  est  si  belle  corne  il  dient.  » 

lii  dui  varlet  niout  l'en  mercient  ; 

Les  napes  lievent,  l'iaue  donnent, 

Et  les  fourriers  point  ne  sermonnent. 

Les  tables  ont  mises  par  terre.  .  . 

Ces  détails  nous  indiquent  que,  chez  les  plus  grands  sei- 
gneurs, au  XFV*  siècle,  l'usage  était  encore  de  dresser  les 
tables  au  moment  des  repas  et  de  les  enlever  ensuite,  et 
(|u'on  n'avait  d'autre  salle  de  réception  que  celle  dans  la- 
([uelle  on  mangeait. 

On  devine  que  la  belle  ouvrière,  amenée  devant  la  haute 
assemblée,  produisit  sur  le  comte  le  même  effet  ([ue  sin- 
.  tous  les  gens  de  la  compagnie.  Après  l'avoir  longtemps  con- 
templée et  avoir  appris  d'elle  que,  née  dans  une  humblr 
condition,  elle  avait  été  chassée  de  sa  terre  par  un  mauvais 
homme,  il  lui  accorde  la  permission  de  remonter  dans  sa 
chambrelte  avec  sa  compagne,* et  leur  retraite  est  le  signal 
des  danses  et  des  ca rôles  : 

Et  celles  congié  demandèrent 
De  râler  fere  leurs  labours. 
Estes  vous  qu'en  fiert  es  tabours  : 
Tous  eritrelessent  leur  paroUes , 
Et  conmencierent  les  caroUes  ; 
Geuent  et  dancent  a  plenté 
Ceulz  qui  en  orent  volenté. 
Tant  que  temps  fu  d'aler  gésir. 

Cependant  le  comte  de  Bourges  appelle  le  châtelain,  lui 
déclare  qu'il  veut  absolument  posséder  la  jeune  fdle,  et  le 
charge  d'aller  la  lui  chercher,  à  moins  qu'il  n'aime  mieux 
confier  cette  mission  à  la  châtelaine.  Si  nous  avons  droit  de 

2  4 


\IV    SIECI.K. 


l-ol. 


.I..I 


l-nl.  i.i  v" 


XIV    SIECI.K. 


Kol    iliy". 


334  JEHAN  MAILLART. 

lui  reprocher  la  brutalité  d'une  telle  proposition,  nous  i\v- 
vons  aussi  reconnaître  que,  dès  les  premières  renionlrances 
du  châtelain,  il  se  décide  à  demander  la  main  de  la  jeune 
lille.  Nouvelle  résistance  du  châtelain  : 

«  Or  ne  dites  vous  pas  savoir, 
«  Fait  Vi  preudons,  et  tort  avez; 
«  Car  qui  elle  est  vous  ne  savez , 
«  De  quel  lieu  ne  de  quel  lignage  : 
«  Mes  sanz  faille  tant  par  est  sage , 
«  Bonne ,  belle ,  courtoise  et  coie , 
«  Que  pour  rienz  croire  ne  pourroie 
«  Que  de  grant  lieu  ne  soit  estraite. 

•  Mrs  ja,  sire,  ne  sera  faite, 

«  Se  Dieu  plest,  par  vous  telle  enfance  : 
«  Cousins  estes  au  roi  de  France , 
«  Et  niés  au  bon  duc  de  Brctaigne; 
«  Ni  a  nul  de  ceus  qui  se  faigne 
«  De  vous  hautement  marier» 
«  Se  vous  les  en  voulez  prier.  .  .  » 

Conseils inutiles;lecomte persiste, etlafausse  «  meschine  » 
accueille  la  proposition  sans  avouer  que  sa  naissance  lui 
permet  d'aspirer  à  un  tel  honneur.  Les  préparatifs  des 
noces  et  l'achat  de  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  corbeille 
de  mariage  sont  à  noter  ici.  Le  comte,  s'adressant  à  .son 
sénéchal  : 

'  "'  ■'*  ■'•  «  Va  tost,  dist  il,  et  si  m'achate 

«  Drap  de  brunette  et  d'escarlate , 
«  D'or  et  de  soie  et  de  tartaire  '  ; 
«  Et  fourreûres  me  fai  faire 

•  De  menu  vair,  de  gris ,  d'ermines , 

•  Et  toutes  fourreûres  fines; 

•  Si  me  fai  faire  un  car  moût  noble , 
«  D*or  et  d'azur  et  de  sinobic , 

«  Garni  de  cinc  si  fors  chevaux 

«  Que  ne  les  tiengne  nions  ne  vaux; 

«  Et  si  n'oublie  pas  a  querre 

•  Biaux  pallefrois  gros  d'Engleterre , 

'  Les  deux  uianutcrits  portent  cartaire;  mais  voyez  plus  loin  les  châtions  cm- 
prunlrés  aux  folios  4  2  »"  et  .Si  r*.  Le  tartaire  est  visiblement  une  étoffe  de  fabrication 
lartare. 


JEHAN  MAILLART.  335        ^,,.^,,^,^ 

«  D'Alemaigne  et  de  Honguerie , 

«  Portant  souef  comme  galie  ; 

«  Si  fai  faire  sambues  cointes , 

«  Et  orillers  et  coûtes  pointes , 

«  Lorains  dorez  et  esmailliez .  .  . 

«  D'autre  part  renvoie  messages 

«  Bien  empariez,  courtois  et  sages, 

«  Prier  dames  et  damoiselles, 

«  Et  mariées  et  pucelles , 

«  Et  chevaliers  et  escuiers .  .  . 

«  Que  tous  viegnent  a  l'assemblée 

«  Qui  a  Lorriz  iert  assemblée .  .  .  • 

Or  sont  venues  les  richeces, 

Les  apparaux  et  les  nobleces  : 

Li  quens  fisl  les  robes  taillier. 

Et  puis  fist  les  joiaux  baiilier 

A  la  pucelle ,  biaus  et  riches  : 

Aumosnieres,  aniaus,  aficljes,  ' 

Chaintures ,  chapiaus  et  coronnes , 

A  vrais  pelles,  a  pierres  bonnes; 

Et  quant  fu  parce  et  vestue , 

Moût  par  fu  sa  biauté  creùe .  .  . 

Au  sortir  de  la  messe  où  leur  est  donnée  la  bénédiction 
nuptiale,  on  sert  le  festin,  et  la  nouvelle  comtesse  est  placée 
à  la  table  d'honneur;  on  dresse  une  autre  table,  où  se  place  le 
comte  pour  mieux  voir  celle  qu'il  vient  d'épouser.  Quand 
les  convives  ont  pris  des  mets  à  leur  volonté  el  bu  les  vins 
«  grans  et  fors»,  les  mélodies  commencent.  On  entend 
sonneries  trompes,  bruire  les  «  nacaires  »,  les  dames  chanter 
à  qui  mieux  mieux 

Par  turbes  et  par  compaignie.  Kol.  î5  r". 

Les  chevaliers  s'ébattent  de  leur  côté  avec  le  chapel  el  ie 
manteau  fourré  d'hermine  qu'on  avait  donné  le  soir  à 
chacun  d'eux.  Il  n'y  eut  pas  un  seul  des  nombreux  hérauts 
et  ménestrels  accourus  à  la  fête  qui  ne  reçût  un  beau  pré- 
sent. Puis  on  se  mit  à  danser  : 

Les  carolles  ont  commencîes  :  Fol.  iS  r°. 

Ces  dames  qui  ont  voit  séries 
f>  '  A  chanter  prennent  hautement; 


3.i(i  JEHAN  MAILF.ART. 

Kl»    SIM.IK. 

CIliiscon  les  respont  liciiKMit  ; 
Qui  bien  sot  chanter  si  chanta. 

Knfln  sonne  l'heure  de  la  retraite  :  le  comte  charge  la  châte- 
laine et  l'ancienne  maîtresse  du  soin  de  coucher  la  mariée 
cl  de  lui  apprendre  la  façon  dont  elle  devra  se  tenir,  (les 
anciens  usages  ont  été  longtemps  observés: 

l'il  •>■'>  '  Lors  en  menèrent  l'espousee 

Dcdens  la  chanihre  cncourlinee. 
La  truevent  un  lit  bel  (!t  noble; 
N'ot  jusqiies  en  Costentinoblo 
Si  bel ,  si  riche  ne  si  coinlu , 
De  couvertoirs,  de  coiistc  pointe, 
Et  dorillers  et  de  carpites, 
Toutes  pourtraites  et  escriples 
D armes,  doisiaux,  de  besteletes.  .  . 
Les  deux  dames,  ce  est  la  somme. 
Quant  l'espousee  ont  desvcstue 
Pour  la  concilier  trestoute  nue 
En  ce  biau  lit  njout  gcnlement, 
Si  l'enseignent  courtoisement 
Coment  se  devra  maintenir 
Quant  avuec  li  voudra  venir 
Li  quens  qui  espousee  l'a , 
Quel  ne  se  giete  ça  ne  la , 
Ainz  soit  envers  li  deborniaire 
Et  sueffre  quanqu'il  voudra  faire 
Hunblement  et  sanz  contredire. 

Enhn,  dans  le  récit  de  cette  première  nuit  conjugale,  le 
poêle  ne  s'arrête  que  devant  les  délails  qui  auraient  cessé 
d'être  naïvement  gracieux  pour  tomber  dans  l'obscénité. 

Mais  les  aventures  de  notre  belle  héroïne  ne  sont  pas 
Unies.  Le  comte  de  Bourges,  bientôt  contraint  d'aller  ré- 
primer les  entreprises  d'un  de  ses  vassaux,  prend  congé  de 
sa  nouvelle  épouse,  lui  recommandant  de  lui  envoyer  un 
courrier  dès  qu'elle  sera  délivrée  de  l'enfant  dont  il  la  laisse 
enceinte.  La  comtesse  met  au  monde  un  fds,  et  le  messager 
Galopin  est  chargé  des  lettres  qui  apprendront  au  père  cet 
événement.  Par  malheur  Galopin  était  ivrogne,  comme  le 
sont  en  général  dans  nos  romans  ceux  de  sa  profession.  La 


JEHAN  MAILLART. 


337 


\1V    SIKI'.I.K. 


ville  de  Chartres  se  trouvant  sur  son  chemin,  il  s'y  arrête 
pour  apprendre  à  la  comtesse  de  Chartres,  tante  du  comte 
de  Bourges,  l'heureuse  d«''livrance  de  sa  maîtresse.  Or  la 
comtesse  de  Chartres  avait  voué  une  haine  mortelle  à  la 
femme  inconnue  que  sou  neveu  avait  fait  entrer  dans  sa 
famille  :  il  lui  vient  donc  en  pensée  de  substituer  des  lettres 
mensongères  à  celles  dont  Calopin  était  porteur;  pour  ac- 
complir son  dessein,  elle  confie  le  messager  aux  soins  de 
son  sommelier  : 

«  Alons,  fct  il,  amis,  alons, 

•  Errant  en  la  roche  avalons. 
«  Tu  as  uioslior  do  tost  aler  : 

•  Je  te  ferai  jii  avaler 

•  Tiex  (Icus  licnappoos  de  vin 

«  Que,  si  com  je  croi  et  devin, 
«  Trois  lieues  },nandes  en  iras, 
«  Et  ja  travail  ne  sentiras ...» 
Li  varlet  s'en  vient  a  la  broche. 
Et  lui  traist  du  vin  largement, 
Et  Galopin  boit  lioment.  .  . 
Et  puis  prcnt  du  pain  un  petit, 
Pour  avoir  meilleur  appétit 
De  boivre  encor  et  derechief; 
n  boit  et  puis  crolle  le  chief  : 
«  Veez,  fait  il,  com  faint  ce  voirre 
«  Pour  la  froideur!  Il  est  d'Auçoirre, 
«  Si  com  je  croi ,  par  saint  Franchois.  » 
—  «  Non  est ,  dist  l'autre ,  il  est  franchois. 
Puis  lui  retrait  de  Clameci  : 
«Ostez,  deables!  qu'est  ce  ci? 
«  Fait  Galopin,  cestui  est  rouge; 
.«  Je  bevrai  ce  tantet,  ou  ge 
«  Ne  me  prise  pas  un  grain  d'orge.  » 
Plain  hennap  en  giete  en  sa  gorge. 
«  Je  m'en  vois,  »  fet  il.  «  Non  feras, 
«  Dit  l'autre ,  ançois  essaieras 
«  De  Saint  Pourçain  au  derreniw  : 
«  Quanques  bus  ne  vaut  un  denier, 
«  Ce  n'est  chose  qui  au  cuer  touche  : 
«  Vez  ci  pour  faire  bonne  bouche.  » 
Lors  trait  une  grant  henappee , 
Et  Galopin  la  gueule  bee. 

TOME  XXXI.  43 


S?. 


FoJ.  1»  r'. 


(VrKIHEIII    NATKI^ilC. 


..,-«Èc....       338  JEHAN  MAILLART. 

Quand  il  est  étendu  ivre-mort,  on  ouvre  sa  boîte,  on  lui 
prend  ses  lettres,  auxquelles  on  en  substitue  d'autres  qui 
annoncent  au  comte  de  Bourges  que  l'enfant  nouvellement 
né  est  un  monstre  velu,  difforme,  et  que  son  indigne  mère 
a  été  convaincue  d'avoir  longtemps  mené  la  vie  d'une  femme 
abandonnée.  Galopin,  quand  il  a  cuvé  son  vin,  se  remet 
en  marche,  non  sans  promettre  rie  s'arrêter  au  retour  comme 
il  avait  fait  à  l'aller  :  il  avait  été  trop  bien  traité  pour  ne 

{)as  tenir  sa  promesse.  Le  comte  reçoit  et  ouvre  les  fausses 
ettres,  écrites  au  nom  de  son  fidèle  châtelain.  Il  ne  doute 
pas  de  son  malheur,  et  sur-le-champ  écr  t  au  châtelain 
de  Lorris  d'avoir  à  s'assurer  de  la  coupable  mère  et  du 
monstrueux  enfant,  jusqu'au  moment  de  son  retour. 

Mais  Galopin,  chargé  de  porter  au  plus  vite  ces  nou- 
velles lettres,  s'arrête  encore  au  château  de  la  comtesse  de 
Chartres,  où  la  scène  de  l'enivrement  se  renouvelle  : 

Fol.  3o  ï".  [,ors  Je  mainent  en  la  despense  : 

Devant  M  nietent  un  pasté  ; 
Galopin  l'a  tantost  tasté  : 
C'est  connin  et  si  y  a  poivre , 
Pour  ce  n'en  devra  pas  moins  boivre. 
Fiert  i  les  denz  sans  atendue. 
Tantost  est  la  juste  venue, 
Pleine  de  vin  flairant  et  fort.  .  . 

Quand,  après  s'être  enivré,  Galopin  s'est  endormi,  on  lui 
prend  ses  nouvelles  lettres,  et  dans  celles  que  la  comtesse 
fait  glisser  à  leur  place  l'ordre  est  donné  au  châtelain  de 
Lorris  de  choisir  quatre  serfs  auxquels  il  donnera  la  liberté, 
en  y  mettant  pour  condition  qu'ils  entraîneront  la  comtesse 
et  son  enfant  dans  la  forêt  d'Orléans ,  et  qu'ils  la  précipiteront 
dans  un  puits  qui  est  creusé  au  milieu  de  cette  forêt.  On 
regrette  de  voir  ici  le  châtelain,  en  recevant  cet  ordre 
barbare,  étouffer  la  voix  de  la  pitié  qui  lui  crie  d'épargner 
l'innocente  mère,  et  se  résigner  à  une  obéissance  passive. 
11  est  vrai  qu'en  résistant  à  son  seigneur  il  pouvait  craindre 
de  se  parjurer;  mais  le  poète  aurait  au  moms  dû  fonder  sa 
docilité  sur  un  motif  de  ce  genre,  et  non  pas  sur  la  crainte 


JEHAN  MAILLART. 


339 


que  le  châtelain  aurait  eue  de  mettre  en  danger  sa  propre 
vie,  s'il  tentait  de  sauver  la  comtesse  : 

«  Et  de  deus  maux,  si  com  j'oi  dire, 
«  Doit  on  le  mains  mauves  eslire  ; 
«  Je  doi  mieux  moi  qu  autrui  amer, 
«  De  ce  ne  me  tloit  nus  blâmer. 
«  Faire  me  convient  ceste  chose, 
«  Car  au  péril  mètre  ne  m'ose 
«  De  son  mandement  refuser.  » 

On  ne  pouvait  prêter  des  sentiments  moins  généreux  à 
un  personnage  que  l'intention  du  poète  est  de  nous  présenter 
comme  un  modèle  d'honneur  et  de  loyauté.  Les  quatre  serfs 
ont  le  cœur  plus  haut  que  le  châtelain  de  Lorris.  L'espoir 
d'être  affranchis  leur  fait  d'abord  promettre  d'exécuter  ce 
qu'on  attend  d'eux;  ils  emmènent  la  comtesse  dans  la  forêt; 
mais  bientôt  ils  hésitent,  ils  se  consultent.  Deux  d'entre 
eux  déclarent  ne  vouloir  prendre  aucune  part  au  meurtre 
qu'on  leur  demande;  les  deux  autres,  moins  faciles  à 
attendrir,  arrachent  d'abord  l'enfant  des  bras  de  la  mère; 
mais,  en  le  voyant  gracieusement  leur  sourire,  le  troisième 
se  sent  ému  au  point  de  ne  vouloir  plus  se  charger  de 
l'exécution.  «  Taisez-vous,  dit  alors  le  quatrième  à  son 
compagnon  : 

«  Taisiez ,  dist  il ,  n'estes  pas  sages  ; 
«  Nous  serons  hors  de  nos  servages 
«  Pour  fere  si  petit  service. 
«  Je  me  tendroie  moût  a  nice 
«  Se  pour  si  pou  fere  perdoie 
«  La  riens  que  mieux  avoir  voudroie.  » 
L'enfant  prent,  vers  le  puis  s'adrece: 
L'enfant  aussi  com  par  leesce 
Gazouille  et  rit  et  s'esjoist. 
Bien  cuidoit  cils ,  ainz  qu'il  l'oïst , 
Que  pour  rire  ne  por  plorer 
n  ne  peùst  vis  demorer; 
Mais  quant  ainsi  l'ot  gazouillier 
Et  rire,  tout  li  fet  mouillier 
Par  pitié  de  termes  la  face; 
51  Touz  cois  s'aresta  en  la  place ... 

43. 


Fol.  3?  v'. 


Fol.  35  V*. 


\IV    SIECLE. 


340  JEHAN  MAILLART. 

H  revient  donc  à  son  compagnon,  avec  la  résolution  de  ne 
pas  acheter  non  plus  la  liberté  au  prix  d'une  si  grande 
cruauté.  La  comtesse,  qu'ils  vont  rejoindre  et  qu'ils  mettent 
au  courant  de  tout,  s'engage  par  serment  à  quitter  le  pays, 
à  changer  de  nom  et  de  costume,  et  à  leur  permettre 
ainsi  de  dire  qu'ils  ont  exécuté  les  ordres  qu'ils  avaient 
reçus  : 

toi.  30  r".  I,  Dame ,  font  il ,  or  ent(>n(U'z  : 

«  Sor  le  livre  la  main  leiidoz  : 
«  Vous  jurez,  se  I)o\  vous  scqueure, 
«  Sor  touz  les  sainz  que  on  aeure 
«  Kt  dont  prestrcs  foui  le  servisc 
«  Par  tout  le  mont  en  sainte  église, 
«  Si  tost  com  d'ici  partirez , 
«  Que  hors  de  ceste  terre  ir(!z  ...» 

Ils  l'engagent  à  prendre  le  chemin  d'Etampes,  où  elle 
pourra  séjourner  dans  l'hôtel-Dieu,  pour  y  achever  le  temps 
de  ses  couches  et  attendre  celui  des  relevailles.  Bien  plus, 
ces  honnêtes  serfs  lui  donnent  ce  qu'ils  avaient  de  deniers, 
et  prennent  congé  d'elle  en  la  recommandant  à  Dieu. 

Nous  ne  devons  pas  omettre  de  signaler  les  habitudes  de 
charité  compatissante  qui,  dans  notre  roman  du  moins,  sem- 
blent généralement  établies  et  pour  ainsi  dire  de  droit  com- 
mun. A  peine  arrivée  à  Etampes,  la  comtesse  d'Anjou^  qui 
précédemment  avait  obtenu  les  secours  d'une  pauvre  vieille 
femme,  est  abordée  sur  le  seuil  de  l'église  par  la  mairesse 
de  la  ville,  qui,  la  voyant  si  déconfortée,  lui  offre  un  lit, 
une  chambre  et  la  table  chez  elle  :  il  est  vrai  que  le  mari, 
riche  marchand,  se  montre  moins  généreux  et  moins  facile  : 
«  Est-ce,  dit-il,  pour  le  prodiguer  aux  autres  que  j'épargne 
«chaque  jour  l'argent  que  je  gagne  avec  tant  de  peine?» 
La  bonne  bourgeoise  prie  donc  la  comtesse  de  presser  son 
départ;  et,  pour  adoucir  la  rigueur  de  ce  renvoi,  elle  lui 
apprend  que  l'évêque  d'Orléans,  nouvellement  mis  en  pos- 
session de  grandes  terres  qui  provenaient  de  son  frère,  le 
dernier  comte  d'Anjou,  consacrait  une  partie  de  ses  revenus 
à  faire,  trois  jours  la  semaine,  de  grandes  «  donnoisons  »  aux 


JEHAN  MAILL ART. 


341 


XIV    SIECLE. 


familles  pauvres,  et  qu'elle  aurait  sa  part  de  cette  aumône, 
si  elle  allait  séjourner  à  Orléans.  En  songeant  que  ce  prélat 
est  son  oncle,  la  comtesse  ne  manque  pas  l'occasion  de 
gémir  sur  les  torts  de  la  fortune  :  la  voilà  obligée  de  solli- 
citer à  titre  de  charité  ce  qui  devait  réellement  lui  appar- 
tenir. «Ecoutez-moi,  lui  avait  dit  la  mairesse  : 

«  A  Oriiens  ircï  tlomourcr, 

•  Car  li  evcsqucs  fct  oiirer 

•  Pour  lame  du  conto  son  frère, 
«  Dont  ii  escheï  trop  graiit  terre, 
«  Et  ici  trop  belle  doiinoison  ; 

«  \  ous  i  arez  a  grant  foison 

•  Pain  et  lart  trois  foiz  la  semaine  : 
«  C'est  assez  pour  famé  qui  maine 

«  Petiz  tlcspens  etpovre  vie; 

«  Mais  sanz  du  mien  n'irez  vous  mie  : 

«  Ce  pelichon  emporterez 

«  Et  vint  souz,  dont  achaterez 

•  Du  lait  pour  voslre  enfant  repestre ...» 
La  borgoise  au  départir  pleure. 

Car  moût  miex  amast  la  demeure  ; 
Celle  se  plaint  et  se  démente  : 
«  Ha  ! ,  fet  elle,  lasse  dolente  ! 
«  Bien  va  cilz  gieus  arriereniain. 
t  Cil  me  donront  du  pain  demain 
«  A  qui  le  deûssc  donner, 
«  Si  n'en  oserai  mot  sonner.  .  .  » 

On  pourrait  s'étonner  du  secret  que  la  comtesse  persiste 
à  garder  sur  son  nom,  quand  elle  sait  la  mort  de  son  père, 
si  l'on  oubliait  qu'elle  ne  peut  le  déclarer  sans  exposer  en 
même  temps  les  raisons  trop  légitimes  qui  l'avaient  forcée 
à  quitter  la  maison  paternelle.  Elle  trouve  encore  à  Orléans 
une  pauvre  ouvrière  en  laine  qui  lui  offre  de  partager  sa 
couche  et  son  humble  chambrette;  enfin,  grâce  à  l'aumô- 
nier de  l'église,  elle  est  admise  à  l'hôtel-Dieu,  et  elle  obtient 
de  la  supérieure  de  cette  maison  tout  ce  qu'elle  pouvait 
souhaiter. 

Cependant  le  comte  de  Bourges,  victorieux  de  son 
ennemi,   revenait  dans  son  palais.  Il  demande  ce  que  sont 


Fol.  37  v". 


342  JEHAN  MAILLART. 

\IV    SIFCI.R. 

devenus  son  épouse  criminelle  et  son  hideux  enfant.  Quelle 
n'est  pas  sa  douleur  en  reconnaissant,  d'après  les  récits 
du  bon  châtelain  de  Lorris,  du  pauvre  Galopin  et  des 
quatre  serfs,  qu'il  a  été  victime  de  la  méchanceté  de  la 
comtesse  de  Chartres!  L'espoir  de  retrouver  sa  belle  et 
innocente  femme  le  soutient  encore;  pour  suivre  plus 
sûrement  ses  traces,  il  quitte  ses  riches  vêtements  et  se  met 
seul  en  chemin  déguisé  en  mendiant;  car,  pense-l-il,  la 
comtesse  a  dû  cacher  sous  les  plus  humbles  habits  sa  véri- 
table condition  : 

Fol.  ^?  \".  «  Entre  riches  genz  pas  n'abite, 

«  Mes  entre  gcnt  povre  et  petite; 
«  N'est  pas  vestiie  «le  tartaire  ', 
«  Ne  fourrée  «le  penne  vaire; 
«  Aincoiz  a  robe  deschirce, 
«  Povre  et  en  mains  lieus  renoee  ; 
«  N'a  pas  coronne  sus  le  chief , 
«  Mes  «l'un  ort  mauves  cuevrechief 
«  Est ,  ce  croi  bien ,  envolepee ...» 
Lors  a  sa  bonne  robe  ostee , 
Celle  a  un  serf  a  endossée; 
D'uns  soulers  a  liens  se  chance , 
Si  ne  mist  dessoui  nulle  chance  ; 
Un  chaperon  ot  deschiré, 
Com  povres  s'est  bien  atiré.  .  . 
Sa  gent  l'esguardent  en  plouranl; 
Par  les  faces  leur  vont  courant 
De  grant  pitié  les  grosses  termes  : 
«  Seigneurs,  dist  il,  huimès  est  termes 
«  Que  je  doie  entrer  en  ma  queste  ; 
«  A  Dieu  vous  renl ,  ma  voie  est  preste .  .  . 
«  Ja  mes  d'aler  ne  finerai 
«  Tant  qu'où  que  soit  l'aie  trouvée. 
«  Tout  mon  pais  et  ma  contrée 
«  Lesse  en  vostre  gouvernement 
«  Jusques  a  mon  retournement. 
«Tenez  justice  et  loiauté, 
«  Et  vous  tenez  en  igauttî 

'  Le  manuscrit  le  plus  ancien  donne  encore  ici  cartaire;  mai»  la  bonne  forme  e»t 
dans  l'autre.         )j.  m  i 


JEHAN  MMLLART.  343        ^.,.  ^^^^^ 

«  Tout  aussi  bien  a  un  povre  homme 

«  Gome  a  ccli  qui  a  grant  somme 

«  D'or  et  d'argent  cl  de  nobleces ...» 

Le  comte  de  Bourges  mendie  son  pain  jusqu'à  Elampes, 
où  les  chiens  l'accueillent  comme  ils  ont  toujours  fait  les 
gens  mal  vêtus,  qui  semblent  venir  leur  disputer  les  reliefs 
du  manger  de  leurs  maîtres  : 

Mordre  le  vont  et  envaïr,  Fol.  44  r'. 

Car  povre  gent  suelent  haïr. 

Mais  si  quelques  vilains  lui  refusent  l'aumône  et  lui  repro- 
chent de  préférer  le  métier  de  truand  à  celui  d'ouvrier, 
il  rencontre  aussi  la  mairesse,  celle  qui  avait  déjà  si  bien 
accueilli  la  comtesse  : 

■  Amis,  dist  elle,  qui  es  tu?  fol-  44  v. 

«Dont  es?  que  quiers?  et  pour  quoi  pleures? 

«  Que  penses  tu  que  ne  labeures 

«  Pour  quoi  n'eusses  tel  poverte , 

«  Et  que  ta  char  fust  mieux  coverle?  » 

Aux  demi-confidences  du  comte  la  bourgeoise  devine  qu'il 
est  à  la  recherche  de  la  dame  qu'elle  a  conduite  sur  le  chemin 
d'Orléans;  elle  lui  offre  donc  un  repas,  dont  il  avait  le  plus 
grand  besoin,  et  lui  donne  des  indications  d'après  lesquelles 
le  comte,  plein  d'espoir,  se  hâte  de  gagner  Orléans.  Le 
chemin  est  rude  à  travers  la  Beauce  : 

'    La  li  Fist  le  vent  maie  sausse,  Fd.  45  v*. 

Car  il  le  fiert  a  descouvert. 
Et  si  drap  sont  tuit  aouvert, 
Forment  esrés  et  atenvi. 
Tant  a  de  mal  que  tant  n'en  vî; 
Car  la  Biausse  est  large  et  onnie, 
Et  si  n'i  a  rienz  qui  abrie, 
Forest,  ne  haie,  ne  buisson, 
N'a  quoi  esconser  se  puisse  on. 

Enfin  il  arrive  à  la  ville,  et  vient  se  placer  au  milieu  des 


344  JEHAN  MAH.LART. 

XIT    SlEClï. 

pauvres  qui,  on  attendant  la  donnée,  se  tenaient  rangés 
te  long  des  rues,  sous  la  surveillance  roguc  et  sévère  des 
gardes  de  la  ville  ou  des  sergents  de  l'évêque,  précurseurs 
de  nos  gendarmes  et  sergents  municipaux  : 

l-oi.  i5  v"  Plus  en  y  ot  do  soi/.e  mile; 

Car  entoiir  Orii<'n.s  n'iiNoil  vile 

Ne  haiiuil  ([lie  Ions  ni  apliuncnt 

lÀ  j)o\n'  qui  amnosiic  riicvcnl. 

La  (lonni'c  fii  hcllt!  rt  fiente; 

De  i^ardes  y  ol  pins  de  lienle, 

Qui  portent  verges  et  houlaies. 

Dont  il  fièrent  san/  fore  plaies, 

Et  font  les  po\rcs  coiz  tenir; 

Et  quant  aucon  voient  \enir 

Qui  n'est  pas  cois,  ainz  se  remue,  ' 

Si  li  paient  sa  bieinenue. 

De  ce/,  verges  a  niout  grnnl  leste. 

Et  comme  le  comte  ne  cessait  de  se  lever,  changeant  de 
place  et  dérangeant  les  autres  pour  regarder  de  tous  côtés 
s'il  n'apercevrait  pas  celle  ([u'il  cherchait,  il  fut  un  de  ceux 
que  les  gardes  épargnèrent  le  moins.  Cependant  l'un  d'eux, 
surpris  de  la  douceur  avec  laquelle  il  le  priait  de  se  montrer 
moins  rigoureux,  s'en  va  prévenir  l'aumônier  que  dans 
celte  foule  de  pauvres  gens  s'en  trouve  un  qui  semble  de 
naissance  et  d'éducation  plus  relevée.  L'aumônier  fait  ap- 
procher le  mendiant,  et  reconnaît  bientôt  en  lui  le  mari 
de  la  jeune  mère  qu'il  a  fait  recevoir  à  l'hôtel-Dieu.  «  Mais, 
«  ajoute-t-il,  les  soins  donnés  à  cette  femme  ont  rétabli  sa 
«santé,  que  de  précédentes  épreuves  avaient  ébranlée,  et, 
•  sans  doute,  une  fois  guérie,  ou  lui  aura  donné  congé  : 

Koi.  ffj  v.  «  Dit  me  fu  qu'iert  bien  respassee, 

«  Si  dont  que  ne  s'en  soit  alee; 
«  Car  li  usages  est  itez 
«Es  mesons  Dieu,  par  veritez. 
«  Soit  a  Orlicns  soit  a  l^nris. 
«  Quant  uns  malades  est  garis 
«  Et  ressours  de  sa  maladie, 
«  Qu'ailleurs  l'estuet  querre  .sa  vie.  »  le  li   Uuùii 


MV    SIERLK. 


JEHAN  MAILLART.  345 

Mais,  heureusement,  elle  avait  été  retenue  par  la  clame 
hospitalière  au  delà  du  temps  ordinairement  accordé;  le 
comte  la  retrouve  donc,  lui  ouvre  ses  bras  cl  lui  demande, 
en  pleurant,  pardon  de  tout  ce  qu  elle  a  souffert. 

C'était  là  le  prélude  d'une  autre  reconnaissance.  L'évêque 
d'Orléans,  averti  par  l'aumônier  de  ce  qui  se  passait  à 
l'hùtel-Dieu,  veut  à  son  tour  entretenir  les  deux  époux.  Il 
insiste  longtemps  sans  succès  pour  connaître  1<;  pays  d'où 
ils  viennent,  le  nom  qu'ils  portent  et  la  famille  à  laquelle 
ils  appartiennent.  Le  comte  essaie  de  lui  donner  le  change  : 
ils  avaient  (juitlé  Paris  pour  accomplir  un  pèlerinage;  ils 
avaient  été  détroussés  dans  une  forêt  par  une  bande  de  lar- 
rons. Mais  il  finit  par  céder  aux  instances  du  prélat,  et  le 
poète  s'abstient  cette  fois  de  répéter  ce  que  nous  savions 
dj'ijà;  il  eût  bien  fait  d'user  toujours  de  la  même  réserve  : 

Devant  lui  dit,  bien  m'en  souvient.  fo'  ^9  ' 

Si  ne  le  viieil  ci  reciter. 

Vous  m'en  poez  bien  respiter; 

Car  qui  dit  chose  autre  fois  dite 

Je  di  qu'en  son  dit  a  redite, 

Fit  sanz  raison  son  dit  aloigne. . . 

Mais  à  quelle  famille  appartient  la  comtesse?  Le  mari  ne 
saurait  le  dire,  attendu  que  lui-même  il  l'ignore  encore  : 

Dit  li  quens  :  «  Or  i  essaiez;  toi.  '19  1 

•  Se  tant  fêtes  que  vous  traiez 

«  De  sa  bouclie  ce  que  vous  dites , 

•  Vous  serez  de  plus  grans  mérites 

•  Que  moi  qu'ele  tient  a  droit  sire , 

•  Car  onques  ne  le  me  volt  dire. 
«  Je  me  traire  un  pou  iirriere , 

•  Si  verrez  en  quele  meunière 

«  Vous  la  porrez  a  ce  atraire. . .  » 

Les  gens  de  religion  ont  des  moyens  persuasifs  dont  les 
maris  n'ont  pas  toujours  le  secret.  La  comtesse  a  donc 
beau  faire  la  plus  vive  résistance,  et  remontrer  au  prélat 
qu'elle  est  libre  de  taire  son  nom,  et  que  ce  nom  n'est 

TOME  IXXI,  ki 


•«pRivtmt    «Aiioitir. 


.   .  346  JEHAN  MAILLART. 

VIV    SIECLE. 

pas  un  péché,  elle  cède  enfin  à  la  pressante  invitation  de 
1  évoque  et  lui  apprend  de  qui  elle  est  fille  et  les  justes  rai- 
sons qu'elle  a  eues,  en  quittant  la  maison  paternelle,  de 
cacher  sa  véritable  condition  pour  ménager  l'honneur  du 
comte  d'Anjou.  L'évêquc  d'Orléans  reconnaît  alors  sa  nièce 
dans  la  comtesse  de  Bourges;  il  lui  tend  les  bras  et  la  presse 
sur  son  cœur  en  fondant  en  larmes.  Ces  démonstrations  ne 
laissent  pas  que  d'inquiéter  le  mari,  demeuré  assez  à  l'écart 
pour  ne  pas  entendre  les  deux  interlocuteurs,  mais  assez 
près  pour  ne  rien  perdre  de  leurs  gestes  : 

Kol.  ôor".  r.ii  quens  les  voit,  a  soi  dit  :  «  Qu'est  ce!* 

«  Biaus  sire  Deu5,  quel  contenance! 
«  Cilz  evesques  fet  grant  enfance 
«  Qui,  volant  moy,  ma  lemme  baise! 
«  Ne  cuidc  ii  qu'il  me  desplaise? 
«  Ne  set  il  que  je  sui  tel  homme , 
"  Que  se  l'empereres  de  Romme 
«  iVravoit  fct  outrage  ou  despit, 
«  Je  n'en  querroie  ja  respit 
«  Se  petit  non  de  li  refaire 
«  Autant  d'ennui  et  de  contraire?  » 

Enfin  tout  s'explique  et  s'éclaircit;  le  comte  n'est  pas 
moins  enchanté  que  l'évêque  de  reconnaître  dans  la  pauvre 
femme  qu'il  avait  élevée  jusqu'à  lui  la  fille  et  l'héritière  du 
comte  d'Anjou  et  du  Maine.  Le  prélat,  justifiant  son  renom 
de  libéralité,  veut  célébrer  dans  la  ville  d'Orléans  cette  réu- 
nion du  comte  et  de  la  comtesse  de  Bourges.  Les  nobles 
époux  changent  leurs  vêtements  déchirés  contre  un  costume 
plus  digne  de  leur  rang,  puis  l'évêque  distribue  joyaux, 
robes  et  deniers  à  tous  ceux  qu'il  invite  à  prendre  part  à  la 
fête  : 

'"'''■■"'  Et  li  evesques  fet  mander 

Escarlates,  martres,  tartaires'. 

Pennes  dermines,  pennes  vaires,  • 

Et  veluiaus  et  camelos, 

Car  d'estre  larges  ot  le  los. . . 

'  Ici  les  deux  manuscrits  ont  la  bonne  leçon. 


» 


JEHAN  MAILI.ART.  347       „ .    -, 

XIV     SIECLE. 

Li  parmentiers  a  chnscun  lîjiHe 
Robes  et  ni;intiaus  a  plonté 
Tiex  corne  fu  leur  volenté. . . 
L'assemblée  fu  grant  et  belle. . . 
Moût  y  ot  et  vins  et  viandes; 
Les  pavillons,  les  loges  grandes 
Furent  par  les  jardins  levées, 
Et  les  tables  bien  ordenees  : 
Du  mengier  ne  feiai  lonc  conte  : 
Grant  fu  et  biaus,  mes  rienz  ne  monte 
Aus  riclies  joiaus  qu'il  donna; 
Tout  le  sien  y  abandonna  : 
Chevaus,  coronnes  et  afiches, 
Dras,  cheintures  et  aniaus  riches, 
Hennas,  coupes  d'or  et  d'argent. 
Si  les  fesoit  donner  par  gent 
Qui  les  vaillans  bien  connoissoient, 
Selonc  leur  estât  leur  donnoient. 


Mais  le  comte  était  impatient  de  rentrer  dans  sa  ville  de 
Bourges,  et  l'évêque  a  soin  de  lui  fournir  un  riche  équi- 
j)age  : 

Li  gentis  evesques  lui  baille  Kol.  5i  i' 

Chevaus,  bernois,  et  genz  sanz  faille 
Tiex  comme-afliert  a  si  riche  home; 
Et  la  contesse,  c'est  la  son)mc, 
Ot  et  dames  et  damoiselles. 
Tant  com  lui  plot,  génies  et  belles. 
Et  char»  richement  eslelez. 
Et  biaus  palefroi/  enselez, 
.    Et  loreinz  et  belles  sambues; 
Toutes  en  sont  plaines  les  rues. . . 

Nous  n'avons  pas  besoin  de  dire  qu'ils  furent  accueillis 
à  Bourges  par  les  acclamations  populaires.  Leur  premier 
soin  fut  de  remercier  coDYenai)lemenl  la  bonne  maircsse 
d'Etampes  et  la  pieuse  hospitalière  d'Orléans.  A  la  femme 
du  maire  la  comtesse  donna  une  coupe  d'or  Fichement 
émaillée  et  l'une  de  ses  meilleures  robes;  à  l'hospitalière, 
une  brunette  noire  et  un  simple  camelin  de  Douai;  mais 

44. 


IIV  SIECU. 


348  JEHAN  MAJLLART. 

elle  constitua  une  rente  de  quarante  livres  en  faveur  de 
l'hôtel-Dieu  : 

'  "'  13  v'  a  Dès  ores  en  avant  tendra 

•  Vostre  meson  en  héritage , 
«  Pour  faire  aus  povn's  avantage 
»  Et  pitance,  telle  est  m'entente, 
«  Quarante  livrées  de  rente 
«  Qu'en  auniosne  pour  c«  vous  donne; 
«  Si  prierez  pour  ma  personne 
«  Et  pour  nnon  pcre. . .  » 

Il  ne  restait  plus  qu'à  tirer  vengeance  de  la  comtesse  de 
Chartres.  Le  comte  de  Bourges  assemble  ses  vassaux,  et  le 
progrès  de  l'autorité  royale  se  reconnaît  dans  les  conseils 
qu'il  en  reçoit.  «  Vous  nous  demandez,  lui  disent-ils,  notre 
«concours  contre  la  comlesso  d(î  Chartres  :  votre  ressenti- 
«  ment  est  juste;  nous  sommes  prêts  à  vous  seconder;  mais, 
<i  avant  tout,  nous  vous  invitons  à  déférer  la  cause  au  juge- 
«  ment  du  roi  : 

•■<>'•  J'  *'•  «  Nous  qui  ici  assemblez  sommes 

«  Sonmics  tretouz  voz  liges  hommes,  "'"1 

«  Si  i  met rons  cors  et  chatiex  ; 

«  Mais  iioblre  conseil  sera  tiex 

«  Que  a  ce  que  vous  en  ferez 

«  La  court  du  roy  pourchacerez , 

«  Qui  moût  tobt  si  assenlira. 

«  \insi  la  chose  miex  ira 

«  Par  raison  et  selonc  droiture, 

«  Sanz  péril  et  sanz  forfeture.  » 

Assurément  un  trouvère  du  siècle  précédent  n'aurait  pas 

eu  l'idée  d'introduire  une  telle  recommandation. 

Le  roi  fait  citer  la  comtesse  de  Chartres  à  comparaître 

devant  sa  cour.  Après  un  premier  défaut,  elle  reçoit  quatre 

autres  sommations,  auxquelles  elle  reste  également  sourde. 

Alors  la  cour  du  roi  autorise  le  comte  de  Bourges  à  ])0ur- 

suivre  sa  querelle  en  son  propre  nont  :  .-h 

Fol  ssr*  r»     1         .  »•  'Innvf  rI  ih 

""•  ^*  "^  •  Que  Je  conte  j)ar  son  lignage, 

''^'  «  Par  ses  hommes  et  par  sa  force, 

'•là(v>   j.ijj.ol.  «  La  preigne  et  puis  vive  l'escorce ,  '"J 

■  li 


JEHAN  MAILLART.  349        ,„.„^^, 

«  Les  donz  li  traie  ou  iarde  vive; 
•  Et  que  la  chose  soit  hasiive, 
«  Car  plus  vivra  plus  ert  dommage, 
«  Et  plus  porra  ferc  hontage.  » 

On  attendit  cependant  la  fin  de  l'hiver  :  alors  les  harons 
et  vavasseurs  du  lierri  entrèrent  dans  le  pays  cliartrain.  La 
comtesse  s'était  pré|)arée  à  la  plus  belle  défense,  elle  avait 
réuni  plusieurs  milliers  de  soudoyers  richement  appointés; 
mais,  dès  que  le  hruit  se  fut  répandu  des  véritables  motifs 
de  la  guerre,  elle  se  vit  abandonnée  de  tous  ses  défenseurs. 
Prisonnière  dans  sa  dernière  forteresse,  elle  lut  livrée  aux 
gens  du  roi  et  condamnée  au  supplice  du  feu,  à  la  grande 
satisfaction  de  son  neveu,  et  sans  cpie  la  comtesse  d'Anjou, 
d\i  Maine  et  de  Berri  essayât  d'adoucir  les  rigueurs  de  la 
justice. 

Telle  est  l'œuvre  de  Jean  Mai  lia  rt,  cpii  n'est  assurément 
pas  de  tout  point  méprisable.  Les  deux  mérites  auxquels 
l'auteur  tenait  le  plus,  l'un  de  fond,  l'autre  de  forme,  sont, 
il  est  vrai,  aujourd'hui,  appréciés  tout  autrement  qu'ils  ne 
pouvaient  l'être  par  lui  et  par  ses  contemporains.  11  préten- 
dait relater  une  histoire  vraie,  et  nous  savons  qu'il  ne  fai- 
sait que  redire  un  conte  bien  rebattu.  La  série  d'aventures 
qui  fait  le  sujet  de  son  poème  se  retrouve  dans  beaucoup 
d'autres  romans  du  moyen  âge  et  forme  encore  aujourd'hui 
le  thème  de  récits  populaires  dans  la  plupart  des  nations 
de  l'Europe.  M.Hermann  Suchier,  dans  sa  très  savante  intro- 
duction au  roman  de  la  Manekine,  de  Philippe  de  Beau-  iJeanmanoir , Ph. 
manoir,  a  comparé  entre  elles  toutes  ces  versions,  v  compris  i^J'.^"Vui  ^Ti 
la  nôtre,  et  il  ressort  de  cet  examen  que  le  poème  de  J(!an  n.suchicr.iomei 
Maillart  offre  une  des  formes  les  plus  altérées  de  la  légende  ; 
il  y  manque  notamment  le  trait,  certainement  primitif,  de 
la  mutilation  infligée  à  l'héroïne  par  son  père  ou  par  elle- 
même.  D'autre  part,  ce  que  le  poète  de  Pierre  de  Chambli 
regardait  comme  le  principal  attrait  de  son  œuvre,  c'était, 
comme  il  nous  le  dit  lui-même,  la  beauté  et  «  l'acordance  » 
de  la  rime.  Il  n'emploie  en  effet,  comme  Guillaume  Guiart, 
que  des  rimes  léonines,  c'est-à-dire  portant  sur  deux  syl- 

2  5 


().  XXIV'I.XXXIV. 


XIV*  SIÈCLE. 


350  JEHAN  MAILLART. 

labes,  desquelles,  d'ailleurs,  la  dernière  peut  renfermer  une 
voyelle  accentuée  ou  un  e  féminin;  il  en  résulte  qu'on  doit 
appliquer  à  son  poème,  au  moins  en  partie,  ce  qui  a  été  dit 
ci-dessus  de  celui  de  Guillaume  Guiart  :  les  rimes  féminines, 
naturellement  beaucoup  plus  faciles  à  trouver,  y  ont  une 
prédominance  qui  n'est  nullement  d'accord  avec  le  nombre 
proportionnel,  dans  la  langue,  des  mots  qui  les  four- 
nissent; mais  on  doit  reconnaître  que  Jean  Maillart,  pour 
se  procurer  des  rimes  léonines  masculines,  ne  recourt  pas 
aux  mots  singuliers,  aux  tournures  bizarres  et  aux  in- 
croyables chevilles  où  se  complaît  l'arbalétrier  d'Orléans. 
Son  style,  médiocre  comme  celui  de  tous  les  rimeurs  de 
son  temps,  est  du  moins  aisé,  naturel,  malgré  les  entraves 
de  la  versification,  et  souvent  même  assez  agréable,  comriie 
on  a  pu  en  juger  par  les  citations  données  dans  cette  no- 
tice. H  a  su  mettre  de  l'intérêt  dans  le  détail  des  aventures 
qu'il  redisait,  et  dans  leur  disposition  une  certaine  pro- 
gression qui  fait  qu'on  les  suit  avec  plaisir.  Les  sentiments 
qui  dominent  dans  son  roman  sont  honnêtes  et  vrais,  mais 
ils  manquent  trop  souvent  d'élévation  et  de  poésie,  notam- 
ment, comme  nous  l'avons  vu,  ceux  du  sénéchal  du  comte 
de  Bourges,  que  l'auteur  a  l'air  de  trouver  tout  naturels.  Si 
nous  sommes  .peu  touchés  des  mérites  que  Jean  iMaillart  re- 
vendiquait surtout  pour  son  œuvre,  nous  ne  pouvons  nous 
empêcher,  au  contraire,  de  lui  savoir  quelque  gré  d'un 
des  défauts  les  plus  choquants  qu'elle  présente  :  nous  vou- 
lons parler  des  énumérations  et  descriptions  de  meubles, 
de  vêtements,  de  bijoux,  de  repas,  de  fêtes,  énumérations 
et  descriptions  toujours  longues,  mal  amenées,  et  qui 
font  perdre  de  vue  le  fond  de  la  narration,  mais  qui  nous 
apprennent  au  moins  quelque  chose  de  la  façon  de  vivre  de 
nos  pères.  Jean  Maillart  avait  la  prétention  d'être  un  habile 
versificateur,  et  son  genre  d'habileté  nous  intéresse  peu;  il 
se  figurait,  de  bonne  foi  sans  doute,  être  un  historien,  et  il 
l'était  par  où  il  ne  croyait  pas  l'être  :  son  poème  n'est  qu'un 
conte,  mais  les  détails  qu'il  a  ajoutés  au  récit  donnent  à  ce 
conte  la  valeur  d'un  document.  P.  P.  et  G.  P. 


LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS.  351        ,„.„èctK 

LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

DU  XIV  SIÈCLE. 


Nous  aiions  reprendre  les  notices  sur  les  rabbins  fran- 
çais du  xiv*  siècle  dont  nous  avons  commencé  la  série  au 
tome  XXVll  de  cet  ouvrage.  Pour  cette  partie  de  notre  tra- 
vail, il  doit  nous  être  permis  d'embrasser  de  longues  pé- 
riodes et  de  devancer  l'ordre  des  temps.  11  y  aurait  de  graves 
inconvénients  à  égrener,  en  quelque  sorte,  année  par  année, 
les  auteurs  juifs  du  moyen  âge  et  à  les  mêler  indistincte- 
ment aux  littérateurs  chrétiens.  C'est  une  faute  que  nos 
devanciers  évitèrent.  On  a,  de  la  sorte,  été  entraîné  à  com- 
prendre en  ce  volume  tout  le  reste  des  écrivains  juifs  du 
XIV*  siècle. 

Le  XIV*  siècle  est,  pour  la  littérature  juive  en  France, 
une  époque  presque  aussi  brillante  que  le  xiii*.  Les  me- 
sures terribles  de  Philippe  le  Bel  anéantirent  à  peu  près 
le  judaïsme  dans  les  provinces  qui  relevaient  directement 
de  la  couronne;  mais  les  juiveries  se  conservèrent  dans  le 
Midi,  surtout  dans  les  parties  qui  ne  dépendaient  pas  du 
roi  de  France.  Là  les  études  étaient  florissantes.  Ceux 
mêmes  des  israélites  qui  avaient  dû  s'expatrier  en  i3o6 
n'abandonnèrent  pas  leurs  goûts  littéraires. 

On  aurait  dû  croire  que  les  exilés,  privés  de  leurs  écoles, 
mis  à  l'interdit  par  les  savants  chrétiens,  ne  pourraient  se 
relever  sous  le  rapport  scientifique.  Nous  verrons  que  ce 
fut  le  contraire  qui  arriva;  ces  malheureux  cherchèrent 
leur  consolation  dans  l'étude.  Ils  avaient  trouvé  un  asile 
dans  les  terres  qui  allaient  devenir  papales,  dans  le  comté 
d'Orange,  en  Provence,  en  Catalogne.  Vers  le  milieu  du 
xiv*  siècle,  nous  rencontrerons  des  étudiants  juifs  à  Mont- 
pellier. Pour  les  traductions  de  l'arabe,  le  xiv*  siècle  a  con- 


XIT      SntCLE. 


352  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

tinué  la  Irarlition  des  Tibbon  par  les  Calonyme,par  Samuel 
de  Marseille,  ])ar  Juda  Nathan.  L'arabe  était  encore  cultivé 
à  Arles,  à  Tarascon,  à  Perpignan.  Le  roi  Robert  d'Anjou 
était  l'instigaleuf  de  tout  ce  travail.  Nous  trouverons  un 
grand  nombre  d'auteurs  hébreux  qui  lui  dédient  leurs  ou- 
vrages (par  exemple  Schemariah  de  Négrepont)  ;  c'est 
pour  lui  cpie  Calonyme  fit  des  traductions  en  latin.  Le 
rôle  d'inlerniédiaire  enlre  la  science  arabe  et  l'Occident 
resta  encore,  durant  tout  le  xiv*  siècle,  entre  les  mains  des 

L'interprétation  allégorique  de  la  Bible,  qui  avait  amené 
la  condamnation  des  livres  philosophico-tliéologiques  de 
Mannonide,  surtout  à  la  suite  des  exagérations  de  Lévi  fils 
(lAbrahani,  fut  continuée  par  Joseph  Caspi.  Le  Guide  des 
égarés  était  étudié  avec  une  avidité  dont  nous  avons  la  preuve 
dans  les  commentaires  de  Moïse  de  Narbonne  et  de  Profet 
Douran.  La  controverse  était  ardente.  Léon  de  Bagnols  et 
Vidal  de  Narbonne  réfutaient  Maïmonlde  et  essayaient  de 
renverser  ses  théories  sur  la  création  du  monde  ex  nihilu, 
sur  la  prophétie  et  le  libre  arbitre.  On  s'appliquait  à  com- 
pléter Averroès  par  de  nombreux  commentaires;  on  tra- 
duisait Gazzali  et  Avicenne,  et  on  les  interprétait.  Les 
ouvrages  écrits  en  latin  par  les  maîtres  de  Montpellier 
étaient  rendus  sur-le-champ  accessibles  aux  juifs  par  des 
traductions  hébraïques.  En  astronomie,  l'importance  des 
juifs  n'était  pas  moins  considérable.  Les  plus  grands  ser- 
vices rendus  à  l'astronomie  au  xiv*  siècle  l'ont  été  par  deux 
savants  juifs,  Léon  de  Bagnols  et  Bonfils  de  Tarascon.  Le 
grand  ouvrage  du  premier  fut  traduit  en  latin,  à  la  demande 
de  Clément  VL 

En  ce  qui  concerne  les  études  talmudlques,  on  observe 
une  certaine  stagnation.  On  se  tenait  pour  satisfait  des 
commentaires  faits  au  xiii'  siècle,  et  on  se  contentait  de  les 
résumer  dans  des  conipendia.  On  avait  aussi  peu  d'ardeur 
pour  les  commentaires  sur  la  Bible.  Si  l'on  excepte  ceux 
de  Caspi,  avec  sa  méthode  allégorique  à  outrance,  et  ceux 
de  Léon  de  Bagnols,  avec  ses  applications  philosophiques 


DU  XIV°  SIECLE.  353 


MV    SIKC.I.K. 


Kia.icct.  XXVII, 
p.  5(ii. 


et  éthiques,  nous  ne  trouvons  que  des  commentaires  sur 
des  livres  isolés. 

On  croyait  généralement  à  l'astrologie;  cependant  la 
Cabale  ne  jouissait  pas  d'une  grande  faveur  dans  le  midi 
de  la  France,  au  xiv'  siècle.  Nous  avons  vu  que  le  livre 
Daliir  fut  excommunié  comme  œuvre  frauduleuse  par  un 
synode  tenu  à  Narbonne  en  i2  4o.  Le  fameux  Zohar,  uisi.  im.  ,io  i» 
composé  à  la  fm  du  xiii"  siècle,  est  inconnu  dans  la 
Provence;  du  moins  on  ne  le  trouve  pas  mentionné  par  les 
auteurs  juifs  de  ce  pays,  bien  que  l'occasion  n'en  manquât 
pas.  Même  le  commentaire  à  demi  cabalistique  de  Moïse 
de  Girone  sur  le  Pentateuque  est  passé  sous  silence  au 
XIV"  siècle. 

La  grammaire  et  la  lexicographie  hébraïques  sont  peu 
cultivées.  Il  en  est  de  même  pour  la  poésie;  on  n'avait 
jamais  acquis,  dans  le  midi  de  la  France  et  en  Catalogne, 
la  fmesse  de  l'école  espagnole,  d'Ibn-Gebirol  par  exemple, 
de  Juda  Halévi,  d'Ibn-Ezra  et  d'autres.  Les  œuvres  des  Be- 
dersi,  de  Bonfed,  quoique  du  plus  haut  intérêt,  sont  infé- 
rieures au  point  de  vue  littéraire.  L'objet  des  études  de  la 
plupart  des  savants  juifs  du  Midi  était  la  philosophie,  les  ma- 
thématiques, l'astronomie  et  la  médecine.  Là  nous  trouve- 
rons des  résultats  considérables.  L'esprit  scientilique  était 
évidemment  en  progrès.  Et  quand  on  pense  que  cette  somme 
extraordinaire  de  travail  se  produisit  à  travers  les  proscrip- 
tions de  Philippe  le  Bel,  les  terreurs  des  Pastoureaux  (i  3 20), 
des  lépreux  (  1 3  2  1  ) ,  la  conversion  forcée  de  Catalogne 
(1391)  et  le  dernier  exil  de  i3gb,  on  se  prend  d'admira- 
tion pour  une  activité  intellectuelle  si  ardente,  si  noblement 
obstinée. 

DE  QUELQUES  OUVRAGES  DE  DATE  INCERTAINE, 
COMPOSÉS  VERS  1300. 

Commençons  par  quelques  ouvrages  dont  la  date  n'est 
pas  connue  avec  précision,  mais  qui  paraissent  appartenir 
aux  dernières  années  du  xiii"  siècle  ou  aux  premières  du  xiv". 

TOMS  XX  .\I.  ^5 

fc     J    '^  iwrniHEniE   ii*rion«Ls, 


XIV*  SIÈCLS. 

Livre  de  Vie, 
avant  i3oo. 


354 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


YeschurUD,  VI 
p.  i83. 


Oisarhassefariin, 
lettre  n.n'S.lg. 

Oisar  Neliniad , 
III.  p.  .jG. 


Plaçons  d'abord  le  o^nn  ido  «  Livre  de  Vie  »,  traité  de 
théologie  mystique,  composé  avant  l'année  i3oo,  et  cer- 
tainement par  un  juif  français.  Nous  y  trouvons,  en  effet, 
des  gloses  françaises.  Par  exemple,  en  parlant  des  arbres, 
dont  l'un  est  plus  fort  que  l'autre,  et  dont  le  cèdre  est 
le  plus  fort,  puisqu'il  dure  éternellement,  l'auteur  em- 
ploie les  mots  cn^B,  lanis  mbn  et  oiid  nnu  «  fort,  plus  fort,  trop 
fort». 

Ce  traité  est  divisé  en  quinze  chapitres,  relatifs  :  i°  au 
tétragramme;  a"  aux  attributs  de  Dieu;  3°  aux  expressions 
«  Dieu  vivant  et  Dieu  suprême  »  ;  4°  aux  expressions  •  roi  du 
«  monde,  dont  la  gloire  remplit  toute  la  terre  »;  5°  au  monde 
futur;  6°  à  la  réunion  de  l'âme  (nce?j)  avec  les  êtres  supé- 
rieurs; 7°  aux  visions  prophétiques;  8°  à  la  relation  de  l'âme 
avec  l'esprit  et  le  souffle  (c^dj);  9»  à  la  question  de  savoir 
comment  la  sagesse,  l'intelligence,  la  science,  la  crainte 
[de  Dieu],  la  pensée  et  la  prudence  sont  innées  dans 
f homme;  10°  aux  quatre  lettres  du  tétragramme  et  à  leur 
précellence  sur  toutes  les  autres  lettres;  n°  aux  statuts, 
commandements  et  jugements  donnés  par  Dieu;  la"  au 
mauvais  génie  (ir)  qui  domine  l'homme;  1 3°  au  bon  génie; 
i4°  à  l'air;  i5°  aux  orage»  et  aux  éclairs.  A  la  fin,  l'auteur 
dit  qu'il  y  a  trois  sortes  de  vie,  savoir:  la  vie  de  l'homme, 
celle  des  animaux  et  celle  des  arbres.  Les  pierres  et  les  mé- 
taux dérivent  des  quatre  éléments;  mais  il  n'y  a  pas  de  vie 
en  eux,  car  la  vie  se  manifeste  par  la  croissance. 

On  possède  plusieurs  manuscrits  du  Sèpher  ha-hayim  :  à 
Parme,  de  Rossi  n"  iSgo  et  i4a8;  à  la  bibliothèque  du 
Vatican,  Assémani  n""'43i,  i\  à  Munich,  n"  307,  et  des 
extraits  dans  les  n"  58  et  358.  M.  Steinschneider  en  men* 
tionne  deux  autres  dans  des  bibliothèques  privées. 

Un  traité  ayant  pour  titre  o^nn  ied  est  attribué  par  Moïse 
fils  de  Hasdai  Taco  (ip.-i,  de  Tachau  en  Bohême?)  à  Abraham 
ben-Ezra,  sans  raisons  articulées.  Si  le  D"nn  nco  cité  par 
Moïse  était  notre  traité,  cela  le  placerait  au  xin*  siècle;  ce 
qui  n'est  pas  impossible.  De  fait,  parmi  les  auteurs  men- 
ticmnés  dans  notre  livre,  nous  n'avons  trouvé  que  les  noms 


DU  XIV  SIECLE. 


355 


d'Éléazar  Calir  (qui  vivait  avant  le  ix'  siècle),  et  Saadiah 
Gaon  (qui  florissait  au  x*).  M.  Steinschneider  semble 
vouloir  identifier  le  traité  dont  nous  parlons  avec  le  traité 
mentionné  par  Moïse  Taco,  et  il  le  met,  dans  son  cata- 
logue de  Munich,  au  xii*  siècle,  avec  un  point  d'interroga- 
tion. Nous  ne  pouvons  pas  décider  pour  le  moment  cette 
question.  Ce  qu'il  y  a  de  siir,  c'est  que  le  livre  a  été  composé 
par  un  Français. 

Plaçons  également  parmi  les  ouvrages  de  date  incertaine 
le  Commentaire  anonyme  sur  le  traité  intitulé  o^j'jcn  -inao, 
«Choix  de  perles»,  attribué  à  Salomon  ibn-Gebirol  (Avi- 
cébron),  traité  qui  fut  traduit  d'arabe  en  hébreu  par  Juda 
ibn-Tibbon.  Dans  les  manuscrits  dudit  traité  provenant  de 
la  France,  le  titre  hébreu  est  ordinairement  n-'rjDmnaiD, 
et  le  texte  est  accompagné  d'un  commentaire  qui,  à  en  juger 
par  nombre  de  mots,  de  sentences  et  de  proverbes  français, 
est  l'ouvrage  d'un  rabbin  français.  Ce  commentaire  fut  im- 
primé en  1 484-  Le  texte  imprimé  présente  les  passages  fran- 
çais souvent  corrompus, et  quelquefois  en  moindre  nombre 
que  les  manuscrits.  Par  exemple,  dans  le  i8*  paragraphe, 
intitulé  ^D1D^  ly^  (éd.  princeps ,  quat.  iv,  6"),  après  le  passage 
ymw  'j<3j<p  «i^îj»,  «  rjSoy  signifie  chavasuriz  (chauve-souris)  »,le 
manuscrit  d'Oxford  n"  1 4  2 1  ajoute  une  fable  pour  appuyer  le 
dicton,  et  donne  son  autorité  :  yxi'jrDomsK  in-'DD  [•>nsDt  p)  tf'3 
(rwia"?  pns  isi).  «  Ainsi  l'ai-je  entendu  de  la  bouche  (ou  de  la 
«  tradition)  d'Abraham  de  Joigni,  que  la  mémoire  du  juste 
«  soit  bénie  !  »  Au  paragraphe  6  a ,  intitulé  ph^^  "«iKin  n»w,  le 
commentaire,  dans  l'édition,  s'arrête  (quat.  viii,  i")  avec 
les  mots  yn"?  ^Dtn,  tandis  que  le  manuscrit  précité  continue 
avec  des  sentences  morales  de  R.  Samson  de  Joigni  (uvo). 

L»  date  de  la  composition  de  ce  commentaire  n'est  pas 
connue.  Tout  ce  qu'on  peut  dire ,  c'est  qu'il  doit  avoir  été 
composé  avant  j338,  puisque  le  manuscrit  de  Parme,  de 
Rossi  n"  671,  qui  contient  entre  autres  pièces  ce  commen- 


'  Ain^  porte  ie  manuscrit  de  Parme  ;  celui  d'Oxford  a  Na^Kp . 


XJT*  SIÈCLE. 

J.  Derenbourj;, 
dans  les  Mélanges 
Renier,  p.  i34. 

Yeschurun,  VI, 
p.  i83. 


COMMENTAIRK 

ANO:<TME 

SUR  LE  MlRIUn 

happeninim 
d'Avicébron 
vers  i.'ioo.  , 


Catal.  BodI.. 
col.  i3ii  et  ]638. 


Ibid. ,  col.  5o6. 


45. 


xiv'strcr.E. 


356 


LES  ÉCRIVAINS  JLIFS  FRANÇAIS 


Uor  Oriniil,  V 
{|>ilt^),  p.  703  61 
704. 


SlCillMllllI'l- 

(Icr,  Catal.  Rodl. , 

Kll.      2322,      2'|{)3 

(I  2638. 

Voir    ci-dessus, 
|>.  355. 


llcvucdcsLludes 
juives,  XII,  p.  82 
et  suiv. 

Ziir  (!escli.  und 
Lileratur,  )>.  i65. 


Jo^l      \iinalcn , 
l,p.  188. 


taire,  fut  copié  en  6098  =  i338  do  J.-C,  le  1"  tammouz 
=  18 juillet,  par  Aliron  fils  d'Ahron,  pour  Salomon,  fils  de 
Yom-ToL  Cohen.  Lin  document  cité  dans  le  second  traité 
de  ce  manuscrit  est  daté  de  Bruxelles  (x'^^cna).  Ici  le 
titre  est  écrit  maiD,  et  le  commentaire  est  presque  le 
même  que  celui  que  présente  le  manuscrit  d'Oxford. 
Dans  un  autre  manuscrit,  copié  en  1392,  on  lit  le  post- 
scriptum  suivant:  nobe;  '1  ip'nyni  DiDici'?''En  ^z"JV  o-'DDnn  nco  nî  dVd; 
•  N'7"a-iDD  1ED  ]3N  n»t3  ''3T  [?]  hv  1J3  Dcv  ciipn  pcb'j  'aiï  ]whv  ".ca  px 
CTTi-'En  nî  bz  la"?  roanc  ne?yi  ic  Ni^Biip  nj"'iDD  n^nc?  ":iD  pccc? 'nianni 
D'':'':En  -inac  itDoc?  iedh  nt  hv.  «  Le  livre  des  sages,  composé  par 
«les  philosophes,  est  fini;  il  a  été  traduit  de  l'aralie  en  hé- 
«  brou  par  Salomon  ibn-Tapo  (ou  Tapho).  Le  nom  de  son  (?) 
«  fils  est  R.  Moïse  ibn-Tapo  (ou  Tajiho)  de  Marseille.  Le 
«  savant  R.  Samson  Mounaï,  qui  est  originaire  du  pays  de 
«Conpeina,  a  fait  par  la  sagesse  de  son  cœur  tout  le  com- 
"  mentairo  de  ce  livre,  dont  le  titre  est  Choix  de  perles.  »  Il 
est  évident  que  ce  post-scriptum  est  plein  d'erreurs.  Salo- 
mon ibn-Tapo  n'est  autre  que  Samuel  ibn-Tibbon,  qu'on 
a  confondu  avec  son  père  Juda,  qui  est  le  traducteur  du 
«Choix  de  perles».  Peut-être  y  avait-il  dans  le  manuscrit 
sur  lequel  lut  copié  celui  de  l'année  1392  le  nom  abrégé 
de  J'i,  que  le  copiste  aura  lu  no'je?  i.  Le  fils  de  ce  Salomon 
(Samuel)  est  Moïse  ibn-Tibbon  de  Marseille;  Moïse  se  trouva 
en  effet  à  une  certaine  époque  de  sa  vie  à  Marseille.  De 
Samson  de  Joigni  (■':vd)  le  copiste  a  fait  "iiD,  que  M.  Zunz 
rend  par  Munay  et  Munai;  on  ne  trouve  pas  de  localité 
de  ce  nom.  Enfin  Conpeina  doit  être  rendu  par  Cham- 
pagne, pays  de  Samson.  Nous  avons  vu  que  Samson 
de  Joigni  est  seulement  cité  dans  ce  commentaire  et  qu'il 
n'en  est  pas  l'auteur,  comme  M.  Zunz  le  croyait. 

M.  Carmoly  s'est  mépris  singulièrement  sur  l'auteur  de 
notre  commentaire.  11  dit  ce  qui  suit  :  «  Quant  au  Choix  de 
«perles,  je  fais  observer  que  je  possède  une  édition  de  Son- 
«  cino,  1^88,  pourvue  d'un  commentaire  de  Josué  fils  d'Is- 
«  raol  Nathan,  et  corrigée  par  un  Français  du  nom  de  Salomon 
«  fils  de  PereçBonnefoi  (^iBJia),  qui  y  ajouta  des  vers  tirés  des 


DU  XIV"  SIECLE.  ^5' 


.X.V*.SIFX!.IÎ. 


«  sources  françaises.  Je  regarde  même  celui-ci  comme  le  \é- 
«  ritable  auteur  du  conunentaiie.  »Josué  de  Soncino  n'a  fait 
que  la  copie  de  cet  ouvrage  pour  l'envoyer  à  l'imprimerie  où 
Salomon  travaillait;  c'est  ce  qui  est  dit  à  la  fin  de  l'édition  de 
i484  (M.  Carmoly  dit  i488).  Nous  avons  vu  que  le  manu-       Voir  cidessus. 
scrit  de  Parme  qui  renferme  ce  commentaire  fut  copié  en   '" 
j 338, de  sorte  que  Josué  pas  plus  que  Salomon  ne  peut  en 
être  l'auteur.  11   est  probable  qu'il  fut  composé  au  com- 
mencement du  XIV''  siècle  par  un  écrivain  jusqu'à  présent 
inconnu.  Les  manuscrits  n"  3  243  d'Oxford  et  n°  49  du      Caui.  Uodi. 
Jewish  Collège  de  Londres  contiennent  un  abrégé  de  ce    "cJtai.  j.  coH.. 
commentaire.  Les  passages  français  sont  pourvus  de  points-   i>  *« 
voyelles  dans  le  manuscrit  de  Parme. 

Les  mahzorim  ou   livres  liturgiques  étaient  souvent  ac-      comme^itaihes 
compagnes  de  commentaires.  Dans  cette  vaste  littérature,      ,.ks  Muizouim , 
il  est   souvent  dilTicile   de   reconnaître  le  pays  du  com-       iJog  i33o. 
pilateur  des  notes.  On  y  cite  des  autorités  françaises  ainsi 
que   des  autorités  des  provinces  rhénanes,  et  môme  de 
l'Allemagne.  Nous  avons  parlé  dans  un  autre  volume  d'Éléa-      iiist.  liu.  de  la 
zar  de  Worms,  qui  a  fait  un  commentaire  sur  le  livre  de   p.""c9. 
prières.  Nous  mentionnerons  ici  Ahron,  fils  de  Hayyim  Hac- 
cohen,  dont  la  compilation  se  trouve  dans  le  manuscrit 
d'Oxford  n°  1 206,  et  peut-être  aussi,  en  une  autre  rédaction,      Caui.coi.'iai. 
dans  le  n"  1209  de  la  même  bibliothèque;  ici  on  donne 
seulement  le  nom  d'Ahron  Cohen.  Des  compilations  ano- 
nymes se  trouvent  dans  les  n*"  i2o5  et  1207  de  la  même      ibid.,coi.  419. 
bibliothèque.  H  y  a  aussi  de  grandes  difficultés  à  préciser      ibid,  co1.4j3. 
les  dates  de  ces  compilations.  Il  est  probable  que  la  plupart 
furent  faites  avant  l'expulsion  des  juifs  de  France,  ou  peu 
après,  dans  un  autre  pays,  probablement  en  Italie,  où  le 
français  était  encore  parlé  par  les  exilés  de  la  premiè.re  géné- 
ration. Nous  citerons,  par  exemple,  le  commentaire  sur  les 
prières,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  M.  Gùnzburg, 
n"  728,  où  il  est  dit  que,  d'après  le  rite  de  Bourgogne,  on 
lit  le  traité  à'Aboth  en  hiver,  tandis  que,  d'après  le  rite  de 
Sarfath  (France),  on  lit  ce  traité  en  été,  les  Français  n'ayant 


XIT*  SlicLK. 


358 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


pas  le  temps  en  hiver  de  prolonger  la  fêle  du  sabbat  plus 
que  la  prescription  légale  ne  le  veut.  On  y  mentionne  égale- 
ment le  rite  de  Lothair  (Lorraine) ,  de  Worms  et  de  Mayence, 
de  sorte  qu'on  ne  peut  savoir  au  juste  dans  quel  pays  la  com- 
pilation a  été  faite. 


Netiia^iel 
DE  Cuno:), 

LITURGISTE, 

vers  1,'ioo. 


Liter.  dc.r  svnag 
Poésie,  p.  363. 


Nethanel  de  Chinon  ,  fds  de  Joseph  fils  de  Nethanel  (en 
abrégé  :  p'pn  =  hmni  -i  »npn,  le  saintou  le  martyr,  comme  son 
frère  Eliézer,  maître  d'Estori  Parhi),  est  l'auteur  de  pièces 
liturgiques  dont  trois  sont  connues,  et  qui  sont  énumérées 
par  M.  Zunz.  Les  deux  premières  ont  en  acrostiche  le  nom 
complet;  la  troisième  n'a  que  le  nom  de  Nethanel,  mais  le 
manuscrit  dit  qu'il  s'agit  •  du  pieux  R.  Nethanel  de  Chinon  ». 
Cet  auteur  est  souvent  cité  dans  des  ouvrages  de  casuistique, 
Hist.  M.  de  la  tels  que  celui  de  Samson  de  Chinon  et  d'Ahron  Cohen. 
pTof.  '  Il  ^**  difficile  cependant  de  discerner  si  c'est  le  grand-père, 

contemporain  de  Moïse  d'Évreux,  ou  le  petit-fils  qui  est 
cité,  quand  l'épithète  de  martyr  ne  précède  pas  le  nom.  Voir 
S.  D.  Luzzatto,  dans  le  périodique  hébreu  Meged  ierahim, 

P-7»- 


Salomok  Simhah, 

THÉOU)CIE!l , 

Ter»  i3oo. 
Zuni,    Ritus, 


Catal .  Ham- 
bourg, 11'  189,  I. 
—  Ms.  de  Nîmes, 
n*  li-ji^t ,  1.  — 
Hevue  des  Etudes 
juives,  III  ,p.  ]33. 


Salomon  Simhah  ,  fils  d'Éliézer  de  Troyes,  qui  se  dit  descen- 
dant de  Raschi,  composa  un  ouvrage  de  casuistique,  entre- 
mêlé de  règles  de  morale,  et  intitulé  '?''3»Dn  noo,  «livre  qui 
«  rend  intelligent  »,  titre  analogue  à  celui  du  livre  o^sno,  «  qui 
M  rend  sage  » ,  dont  l'auteur,  Nathan  fils  de  Juda ,  est  peut-être 
également  un  Français.  La  préface  commence  par  une  dis- 
sertation sur  les  sept  planètes.  On  y  trouve  l'acrostiche  du 
nom  de  l'auteur,  suivi  des  mots  vo»*""  P'"  1"n3",  «Force  et 
«  courage  au  persécuté  !»  Il  se  dit  de  la  quatrième  génération 
à  partir  des  deux  gendres  de  Raschi,  savoir  :  R.  Samson 
de  Falaise  (k-i^^bd,  lisez  Kfi*»)  et  Yom-Tob  de  'fjjba  (Beau- 
genci).  Dans  le  paragraphe  i6a,  la  date  de  5o54  (1394)  est 
mentionnée.  Ce  traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  la  bi- 
bliothèque de  M.  Gûnzburg,  n°  5o8  (défectueux).  La  copie 
en  fut  achevée  le  mardi,  a 4  tammouz  5 100  o^cma  (i34o).' 


DU  XIV  SIECLE. 


359 


XIT*  SlikCLB. 


lEDAÏAH  PENINI, 

POÈTE. 

ledaïah  fils  d'Abraham,  de  Béziers  ('©nnan),  est  le  plus 
célèbre  poète  juif  de  la  Provence.  Son  style,  il  est  vrai, 
n'atteignit  jamais  la  pureté,  l'élégance  et  surtout  la  clarté  de 
celui  des  poètes  d'Espagne;  mais  ledaïah  fut  supérieur  à  son 
père,  dont  les  poésies  sont  gâtées  par  un  langage  extrême- 
ment forcé. 

Ses  compositions  en  prose  cadencée  sont,  selon  son 
âge,  d'inégale  valeur.  Très  jeune,  il  affectionne  un  style 
tendu  et  difficile  à  comprendre;  plus  tard,  dans  son  cé- 
lèbre ouvrage  de  morale  intitulé  l'Examen  du  monde,  il 
écrit,  comme  M.  Munk  le  dit  fort  bien,  «  en  un  style  hébreu 
«  très  élevé  et  très  élégant,  qui  lui  a  mérité  le  titre  de  TÉIo-  "  *^  ' 
«qaent  (^"700)».  M.  Graetz,  cependant,  est  plus  sévère: 
«ledaïah,  dit-il,  avait  de  meilleures  dispositions  pour  la 
«  poésie  que  son  père.  Il  possédait  une  vive  imagination  et 
«une  grande  abondance  d'élocution;  mais  il  n'avait  ni  tact 
«  ni  mesure,  et  il  manquait  le  but  essentiel  de  la  poésie,  qui 
■  est  de  saisir  les  cœurs.  Ces  défauts  font  de  ses  poésies  un 
«amas  de  mots  mis  artificiellement  ensemble,  et  qui  ne 
«  signifient  rien.  Il  portait  la  faute  héréditaire  de  son  père, 
«  qui  était  de  ne  pas  savoir  dominer  la  prolixité  de  son  lan- 
«  gage  par  les  règles  de  la  beauté.  Il  faisait  trop  d'art  et  mo- 
«  ralisait  trop,  au  lieu  d'élever  les  âmes  et  de  les  entraîner.  » 
De  ces  deux  jugements,  celui  de  M.  Munk  est  le  plus  équi- 
table. 

Comme  tous  les  savants  juifs  du  moyen  âge,  ledaïah 
était  universel.  Nous  aurons  bientôt  à  apprécier  le  philo- 
sophe et  le  moraliste.  Il  s'occupa  également  des  études  tal- 
mudiques,  notamment  de  la  partie  agadique,  sur  laquelle  il 
fit  des  commentaires.  Ajoutons  qu'il  était  médecin,  puisqu'il 
a  fait  des  gloses  sur  le  Canon  d'Avicenne. 


Ilist.  lit),  de  la 
France,  l.  XXVU, 
p.  707,  etc. 


Voir  ci-dessous , 
.  37a. 


Mélanges,  p.AgS 


fiesch-derJudea, 
(a*  édil.),  vu, 
p.  a6o. 


XIV' SIÈCLE. 


360 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


SA  VIE. 


Olii'b  Nasrhim , 

r-  '• 

Ibid..  p.  i38. 
Voir  ci -dessous, 
p.  ,'!7i. 


Sleinsrli:,ei- 
rler.  Catai.   Dodl. 
roi.  iSsi. 

Sailli- Pétersb. 


(".alal.Jcw.Coll. 

.  49- 


ledaïah  était  de  Béziers,  comme  le  prouve  l'épithète 
de  Bedersi  qu'il  se  donne.  Il  est  probable  rpi'il  séjourna  à 
Montpellier,  qui  était  la  véritable  école  des  juifs  pour  l'élude 
des  sciences.  Son  nom  provençal  était  En  Bonet',  qu'il 
traduit  par  Tobiah  (niaio).  Il  se  donne  lui-même  l'épithète 
de  Penini  ('rjs)  «  de  perle  »,  peut-être  par  la  raison  que  les 
vers  sont  quelquefois  appelés  du^jd  «  perles  ».  M.  Neubauer, 
cependant,  explique  cette  épitliéte  par  la  supposition  que 
ledaïah  avait  peut-être  composé  un  recueil  de  sentences  mo- 
rales, sous  le  titre  de  D'ij^ûsn  inno,  «  Choix  de  perles  »,  ou  mv'jDn 
'•i-'it,  M  Perles  d'éloquence  ».  Le  premier  titre  est  porté  par  la 
traduction  hébraïque  que  Juda  ibn-Tibbon  a  faite  de  lou- 
vrage  de  morale  attribué  généralement  à  Salomon  ibn- 
Gebirol,  composé  en  arabe  sous  le  titre  de  y>|j4  ;^*^-  Le  se- 
cond est  celui  d'un  ouvrage  anonyme  qui  a  également  pour 
sujet  l'éthique,  publié  par  feu  M.  Gurland.  Il  est  difficile 
d'attribuer  ce  dernier  à  notre  ledaïah,  bien  qu'on  puisse 
alléguer  l'autorité  de  quelques  manuscrits  et  de  quelques 
anciens  bibliographes.  Comme  notre  auteur  se  donne  lui- 
même  le  surnom  de  Penini,  dans  l'ouvrage  qu'il  avait  écrit 
à  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  devrait  avoir  composé,  si  M.  Neu- 
bauer a  raison,  son  «  livre  de  Perles  »  avant  cette  époque.  Or, 
comme  on  le  verra  plus  loin,  nous  ne  connaissons  aucun 
ouvrage  que  ledaïah  ait  écrit  dans  sa  première  jeunesse  sous 
ce  titre,  à  moins  de  supposer  que  son  traité  de  morale,  inti- 
tulé «livre  de  Pardès  (paradis,  jardin)  »,  ait  été  également 
appelé  par  lui  «  livre  de  Perles  »,  hypothèse  qui  n'est  appuyée 
d  aucune  preuve. 

Ni  l'année  de  la  naissance  ni  celle  de  la  mort  de  notre 
poète  ne  sont  connues.  On  serait  tenté  de  supposer  que 
ledaïah  naquit  entre  1276  et  1280,  par  la  raison  suivante. 


'  Lortliograplie  de   ce   nom   diffère 
dans  les  manuscrit?.  On  trouve  D^J133'N, 

(  r  K  se  prononçant  e,  comme  dans  Lattps , 


WND'?  et  cJ^oV)-  0"  appelle  aussi  notre 
poète  Don /?on«tPro/«((ci-après. p. 377) 
et  n'313  JK,  (ms.  de  Nimes,  n"  i37a3; 
Revue  des  Etudes  juives,  III,  p.  a35). 


DU  XIV  SIECLK.  361        ^,^.  ,.,^_..^_ 


Voir  <i(l''ssous. 


Dans   sa    îettre    apologétique,   adressée   à    Salomon  ben- 
Addéretli  (Adrel)  vers  i3o5,  ledaïah  se  dit  encore  jeune   11.377. 
(tsis).  Pour  oser  s'attaquer  à  i'autorité  du  célèbre  rabbin      iiisi.  lin.  .i.>  u 

s      n'  1  I      I    ■•    I       I  -1  •  •  •         .      •  l'ianrc,  l.  XXMI. 

de  Barcelone,  ledaïah  devait  avoir  au  moins  vingt-cinq  ans,    j,  ,jj^  ^,^,,1, 
sinon  trente.  M.  Grœtz,  pour  cette  raison,  place  sa  naissance      cwii.  dci  j»- 
vers  1280.  .tcn.vii.j..  .Go. 

M.  Steinschneider,  dans  son  ouvrage  sur  les  traductions      p.  ho. 
hébraïcjues  des   livres   de  sciences,   couronné  par  l'Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres,  ne   se    prononce 
pas  sur  la  date  de  notre  auteur.  H  n'admet  pas  la  date 
de  1280  pour  la  naissance  de  ledaïah  j)ar  les  raisons  sui- 
vantes :  i°Gersom,  fils  de  Salomon,  dans  son  encyclopédie,      iiisi.  im.  .le  la 
composée,  d'après  M.  Steinschneider,  vers  1290,  cite  l'ou-   !/"5"s„ v'  M,i^v^"' 
vrage  philosophique  d'Alfarabi  intitulé  en  hébreu  nym  an: 
et  traduit  par  ledaïah;  si  notre  auteur  était  né  en  1280, 
cette  traduction  aurait  été  faite  par  lui  à  l'âge  de  dix  ans, 
ce  qui  est  impossible.  (Nous  verrons  plus  loin  (pie  ledaïah 
n'a  fait  qu'améliorer  une  ancienne  traduction  de  ce  traité 
philosophique;  Gersom  avait  pu  par  conséquent  citer  l'an- 
cienne traduction.)  2°  M.  Steinschneider  soutient  que  ledaïah 
ne  connaissait  que  la  paraphrase  d'Averroès  sur  la  Méta- 
physique d'Aristote.  Si  ledaïah  était  né  entre  1 2  76  et  1  280, 
il  aurait  dû  connaître,  vers  i3oo,  le  commentaire  moyen 
d'Averroès,  qui  fut  traduit  en  Italie  vers  1  284.  Mais  ledaïah 
ne  dit  pas,  dans  ses  ouvrages  philosophic[ues,   qu'il   ne 
connaît  pas  de  traduction  du  commentaire  moyen;  c'est 
Abraham  Bibago  qui  le  conclut  du  fait  que  ledaïah  ne  le  cite        Monais-^chi.. 
jamais.  Ne  pas  mentionner  un  ouvrage  ne  veut  pas  toujours    '      '  ''  ' 
dire  qu'on  ne  le  connaît  pas. 

Cependant    un    document    publié    dernièrement    par      Re».  des  Études 
M.   Neubauer  semble  donner  raison  à  la  conclusion   de  J""'".xx,p. làA 

et  suiv. 

M.  Steinschneider  quant  à  la  date  de  la  naissance  de  ledaïah. 

Dans  son  commentaire  sur  les  passages  agadiques  du  Tal-  voir  ci  dewous, 

mud,  ledaïah  dit  être  entré  à  l'école  du  fameux  Meschul-  p  ^'^ 

lara,  fils  de  Moïse  de  Béziers,  à  l'âge  de  quinze  ans.  Or  France,  t.  xxvu! 

Meschullam  doit  être  né  de   1190  à  1195,  puisqu'il  est  P- ^iS- 

plus  âgé  que  son   contemporain   Moïse  fils   de  Nahman 

TOME  MU.  46 


iurBilKMC    UTI*X«U. 


^    .  362  LES  ÉCMVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

xrr  siRcui. 

(Nahmanide)  de  Girone,  qui  naquit  entre  1196  et  1200. 
Si  ledaïah  était  né  en  1276,  ce  serait  en  1290  qu'il  serait 
entré  à  l'école  de  MeschuUani,  qui  aurait  été  centenaire 
alors;  ce  fait,  ledaïah  l'aurait  certainement  mentionné. 
De  plus,  il  semble  résulter  d'un  passage  du  susdit  commen- 
Hev. (les  Kiude^   taire  que  ledaïah  fut  gendre  de  MeschuUam.  Il  serait  donc 

juive»,  XX,  p.  j48.  pi^g  raisonnable  de  placer  l'année  de  naissance  de  ledaïah 
entre  1 2  55  et  1 260,  et  de  le  faire  entrer  à  l'école  de  Meschul- 
lam  deiayoàiayô,  quand  son  maître  était  âgé  de  quatre- 
vingts  à  quatre-vingt-cinq  ans.  Reste  la  difficulté  du  motT»x 
«jeune»,  que  ledaïah  s'appliquerait  en  i3o5,  à  l'âge  de 
quarante-cinq  ou  cinquante  ans,  difficidté  qu'on  atténuerait 
en  disant  que,  eu  égard  au  grand  âge  de  Salomon  ben-Adret, 
à  qui  ledaïah  adresse  la  lettre,  celui-ci  a  pu  se  donner  l'épi- 
thète  de  l'yx  «jeune  »,  même  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans; 
ou  bien,  on  peut  dire  que  l'épithète  t-ss  «jeune»  serait, 
comme  M.  Steinschnelder  le  suggère,  un  terme  général  de 
modestie  et  d'humilité,  conforme  aux  usages  de  Provence  et 
d'Italie,  analogue  enfin  au  mot  jop  «  petit  »  dans  les  correspon- 
dances rabbiniques  d'Allemagne  et  du  nord  de  la  France. 
Il  y  a  cependant  une  objection  à  faire  sur  la  date  de  1 2  55 
à  1260  pour  la  naissance  de  ledaïah;  c'est,  comme  nous  le 
p.  367.  verrons  plus  loin,  qu'il  a  composé  à  l'âge  de  dix-sept  ans, 

c'est-à-dire  alors  en  1 2  7  2- 1 2  7 7 ,  un  traité  d'éthique,  et,  une 
année  plus  tard,  son  traité  en  faveur  des  femmes,  compo- 
sition qui  lui  donna  le  droit  d'être  compté  parmi  les  poètes 
de  l'époque,  de  sorte  que  son  père  n'aurait  pas  manqué  de 
Hisi.  M.  Je  la   lui  cousacrer  une  ligne  dans  son  poème,  qui  est  une  espèce 

P-Tel.'  *"  ^^^"  '   d'histoire  de  la  poésie  hébraïque.   Cette  pièce  fut  écrite 

i    1    '     ,1      après  1 290,  et  ledaïah  se  serait  montré  poète  remarquable 

de  1272  à  1277.  Abraham  de  Béziers,  qui,  comme  nous  le 

p.  36',  verrons,  a  fait  grand  cas  de  la  liturgie  des  mem  de  ledaïah, 

et  a  témoigné  son  approbation  par  deux  lignes  en  vers, 

aurait-il  négligé   de  mentionner  son  fils  dans  une  revue 

poétique?  Nous  ne  le  croyons  pas.   Abraham  s'étant  vanté 

iii^i.  lin.  (le  la   d'être  un  des  premiers  poètes  de  l'époque,  il  aurait  certaine- 

Francfii.xxvii,    ^^J^^  mentionné  l'hérédité  de  ce  talent  dans  sa  famille 


p.  710. 


XIV'  SIÈCI.C. 


DU  XIV  SIÈCLE.  363 

Si  l'on  admet,  au  contraire,  la  date  de  la  naissance  de  ledaïah 
vers  1276,  il  aurait  composé  sa  liturgie  des  mem  en  1  289, 
à  l'âge  de  quatorze  ans,  il  serait  entré  à  l'école  de  Meschul- 
lam  en  1 290,  à  l'âge  de  quinze  ans,  il  aurait  fait  son  traité 
d'éthique  à  l'âge  de  dix-sept  ans,  en  1292,  et  l'éloge  des 
femmes  à  l'âge  de  dix-huit  ans,  en  1298,  quand  Abraham 
avait  déjà  expédié  sa  revue  poétique  à  Todros;  en  i3o5, 
ledaïah  avait  trente  ans,  âge  où  il  pouvait  encore  se  donner 
l'épithète  de  «jeune  ».  Quant  au  grand  âge  de  MeschuUam, 
ledaïah  ne  crut  peut-être  pas  devoir  le  mentionner,  le  fait 
étant  connu  dans  toute  la  communauté,  et  le  centenaire 
pouvait  bien  avoir  une  jeune  fiUe  à  marier,  si  tel  est  le  sens 
du  document  tiré  du  manuscrit  de  l'Escurial. 

L'année  de  la  mort  de  ledaïah  n'est  pas  moins  incertaine 
que  celle  de  sa  naissance.  M.  Graetz  la  met  vers  i34o  par  Gesrii.  der  Ju 
la  raison  suivante.  L'ouvrage  de  ledaïah,  l'Examen  du  ^«ij' v"- f^^o. 
monde,  semble  avoir  été  composé  (nous  discuterons  ce  fait 
plus  loin)  après  l'expulsion  des  juifs  du  midi  de  la  France 
en  i3o6.  Or  M.  Graetz  trouve  que  le  traité  sur  les  Échecs 
qu'on  attribue  à  notre  poète  fut  composé  trente  ans  après 
l'Examen  du  monde;  ce  qui  donnerait  pour  la  date  de  la 
dernière  mention  de  ledaïah  l'année  i336  à  peu  près. 
Mais  nous  verrons  dans  la  suite  que  le  traité  des  Echecs  ne 
peut  pas  être  de  ledaïah. 

Nous  n'avons  aucun  détail  sur  la  vie  de  notre  auteur, 
excepté  le  fait  de  son  entrée  à  l'école  de  MeschuUam  de 
Béziers.  Il  fut  probablement  un  poète  précoce,  comme  le 
fameux  Ibn-Gebirol,  si  l'on  admet  que  la  liturgie  hautement 
approuvée  par  son  père  fut  composée  par  lui-  à  l'âge  de 
quatorze  à  seite  ans.  La  biographie  de  ledaïah  serait  donc 
très  courte,  si,  avant  de  nous  occuper  de  ses  ouvrages,  nous 
n'avions  à  donner  un  aperçu  des  erreurs  que  les  biblio- 
graphes ont  répandues  à  son  sujet. 

Bartolocci  dit  que  ledaïah  ben-Abraham  Hapenini,  sur-      BiWiotiicca  mh 
nommé  ausei  Habbedarsci,  ou  Habbredrasci,  était  Espa-   Wmca.iii.p.  c. 
,gnol  et  floriasait  à  Barcelone  l'an  5o58  de  la  création  du 
monde -=  1298  de  notre  ère.  Il  donne  cette  date  d'après 

/16. 


MV'  Slkr.LE. 


364  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANC \IS 


s  mail    DuuJ  , 

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..67. 

.lair.i,  111,-1 


David  dans,  qui  fait  une  confusion  entre  notre  auteur  et 
Jacob  (le  Bézicrs,  qui  a  demeuré  à  Huesca.  Wolf,  qui  repro- 
duit les  mêmes  renseignements,  dit  cependant,  dans  une 
note,  que  v^-2  semble  signifier  Béziers.  Dans  son  troisième 
volume,  il  donne,  d'après  Le  Long,  le  nom  de  la  ville  natale 
de  ledaïali  Bitcrrcnsis,  forte  a  Biterris,  Galliœ  Narhnncnsis 
oppido. 

De  Rossi  dit  que  ledaïah  (on  le  trouve  dans  l'index  de 
son  catalogue  des  manuscrits  hébreux  au  mot  Appenini)  flo- 
rissait  à  Barcelone  en  1  ^98,  et  que  quelques-uns  alTirment 
qu'on  l'a  surnommé  Badrosci,  parce  qu'il  était  natif  de  Bé- 
ziers en  Languedoc,  ville  qu'on  dit  en  latin  Biteirœ. 
nii.iioiii.n  |ii  M.  Fùrst  dit  que  notre  auteur  était  de  Béziers,  sans 
s'occuper  de  la  date  de  sa  naissance;  il  ajoute,  d'après 
MM.  Zunz,  Mnnk  et  Dukes,  que  ledaïah  composa  son  Panles 
i\  l'âge  de  dix-sept  ans,  et  son  livre  sur  les  Echecs  trente  ans 
après  l'Examen  du  monde.  Tel  est  également  le  raisonne- 
ment de  M.  Grœtz,  comme  nous  l'avons  vu.  M.  Stein- 
schneider,  qui  ne  donne  jamais  que  les  renseignements 
fondés  sur  ses  recherches  personnelles,  ne  propose  rien 
sur  les  dates  de  la  naissance  et  de  la  mort  de  notre  auteur. 

La  biographie  en  hébreu  que  M.  Joseph  Weisse  a  donnée 
de  ledaïah,  dans  sa  préface  à  l'édition  de  l'Examen  du 
Mîonde,  n'est  pas  plus  riche.  On  y  dit,  sans  apporter  de 
raisons,  que  l'Examen  du  monde  fut  composé  en  l'année 
rjoJS  (1  iyS),  dans  la  même  année  où  Jacob  ^kdoï  ("CKay)  de 
Béziers  fit  paraître  sa  traduction  hébraïque  du  commentaire 
arabe  de  Maimonide  sur  la  section  Nascliim  de  la  Mischna. 
Les  deux  auteurs  n'ont  cependant  rien  de  commun,  sauf 
que  tous  les  deux  s'appelaient  Bedersi.  Jacob  fit  en  réalité 
•«a  Iraduclion  à  Huesca,  en  Espagne,  en  1298. 

SES  OUVRAGES. 

I.  Nous  croyons  que  la  première  production  de  ledaïah 
lut  son  hymne  en  mille  mots,  dont  chacun  commence  par 
Ja  lettre  n,  comme  le  titre  poon  rwpa,  «  Prière  des  m  »,  l'in- 


DU  XIV  SIECF.E. 


365 


xiï*  siK(  i.r. 


UerOri,  m,  XI. 
71;  XII,  369. 


liibliotli.  rahli. , 
III,  p.  7,  n""6. 


(lif[uc.  Son  père  Abialiain,  très  satisfait  de  cette  production 
de  jeune  homme,  en  fil  un  éloge  en  quatre  lignes,  qu'on 
trouve  dans  des  nianuscrils,  et  c[ui  a  été  publié  par  MM.  (iar- 
moly  et  Dukes.  Le  sens  du  poème  de  ledaïah  n'est  pas  très 
clair;  c'est  une  série  de  jeux  de  mots  sur  des  passages  bi- 
bliques. En  tout  cas,  aucune  autre  production  de  ledaïah 
n'y  est  mentionnée,  omission  qui  serait  surprenante,  si  ce 
n'était  pas  ici  la  première  œuvre  du  jeune  auteur,  il  serait 
p(Mit-être  trop  hasardé  de  supposer  que  le  mot  anî,  qu'on 
Iroiive,  à  la  première  ligne,  dans  ant'C  ■•iica,  «  dans  les  séries 
«des  eaux  (des  t:)  d'or»  (conip.  (ien.,  xxxvi,  Sq),  fait  allu- 
sion à  l'àgf  de  ([uatorze  ans  (t=  7,  n  =  5, 3  =  3 )  que  ledaïah 
avait  quand  il  fit  cette  liturgie,  lîartolocci  donne  comme  titre 
de  cette  pièce  oc?"?  nSnn,  «  Louange  à  Dieu  »,  formule  très  or- 
dinaire, mise  sans  doute  au  commencement  ou  à  la  fin  par 
un  copiste. 

Cet  hymne  a  été  imprimé  souvent  à  la  suite  de  l'Examen 
du  monde  :  1°  en  i55i,  avec  le  commentaire  de  Joseph 
Francès;  2°  en  1  698,  avec  un  commentaire  anonyme  (sans 
doute  de  Yom-Tob  Lipman  Heller)  ;  3"  avec  une  traduction 
latine  par  Hil.  Prache,  Leipzig,  1662  ';  l\°  en  17^3,  avec 
une  traduction  allemande  (en  caractères  hébreux)  par  Lsaac 
Auerbach,  sous  le  titre  nyjt  p:22;  5° en  1768,  avec  un  com- 
mentaire de  Nethanel  fils  d'Alexandre hal-Lévi;  6" en  1 770.!^; 
7"en  1786  (deux  fois);  8° en  1791;  9° en  1792;  10° en  1795; 
1  ravec  un  commentaire  portant  le  titre  de  31a  ic?3D,  Brùnn,     Ouarhasscfarim, 

11-  •        11  »  1        I  1      r>  -    •  lettre  y,  p.  43 1. 

1799;  12°  avec  la  liturgie  d  Abraham  delieziers,  commen- 
çant par  la  lettre  V,  sous  le  titre  commun  de  iman  m'?'?!»,       iiist.  litt.  de  la 
Fûrth,  1808,  édition  accompagnée  d'une  traduction  aile-    J^'-l^'-^^. '■  xxvii, 
mande  [de  Hayyim  Hirsch  Schwabacher]  et  d'un  commen- 
taire [de  David  Ostensosser] ;   1  3°  en  i838,  avec  une  tra- 


'  M.  Steinschneider  mentionne  une 
édition,  date  et  lieu  d'impression  dou- 
teux, dunt  il  y  a  un  fragment  à  la  biblio- 
thèque Bodiéienne,  Oppen.,  392.  De 
Rossi  mentionne  encore  une  édition  de 
Mantoue,  i556;  elle  ne  se  trouve  pas 
dans  la  liste  des  éditions  de  l'Examen 

2  6 


du  monde  de  cette  année;  il  est  pro-  Steinschneider, 

bablc  que  de  Rossi  n'a  jamais  vu  cetle  Catal.   Bodl. ,  ci!. 

édition.  M.  Benjacob  cilc  une  préface  à  1287. 

l'Examen  du  monde  et  à  la  liturgie  des  Otsar  hassefarim, 

mem  sous  le  titre  de  ^2;N^DK^^p,  sans  lettre  3.  p-  83. 
indication  d'auteur  ni  de  lieu  d'impres- 
sion. 


.   ,  366  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

duction  de  Joseph  Hirschfeld;  i4°  en  1847;  15°  en  18 56, 
avec  le  commentaire  de  Lipman  Heller  et  un  autre  inti- 
tulé ant  *jrx. 

Dans  quelques  manuscrits,  une  pièce  de  ledaïah  suit  les 
lignes  approbatives  de  son  père.  Cette  pièce  (noim)  com- 
mence par  le  mot  tiidn,  et  l'acrostiche  donne  na  'û'jdh  h'^t»  'jk 
pjn  Dmax.  En  tête,  ledaïah  dit  que,  n'ayant  pu,  faute  de 
temps,  mettre  son  nom  à  la  fin  de  sa  liturgie,  il  y  supplée 
par  cette  pièce.  On  la  trouvera  imprimée  dans  ÏOrient 
(IV,  p.  489)  et  dans  le  Hakkarmel  (I,  p.  SSy). 

Tout  cela  nous  paraît  de  bien  mauvais  goût;  mais  de 

pauvres  proscrits  étaient  excusables  de  chercher  dans  des 

jeux  de  patience  un  soulagement  à  leur  vie  de  reclus. 

ledaïah  arriva  promptement  à  une  grande  réputation,  et 

cette  réputation ,  il  la  dut  probablement  à  la  liturgie  vantée 

)ar  son  père.  Les  juifs  de  toutes  les  époques  ont  eu  la  fai- 

)lesse  de  croire  un  peu  trop  aux  enfants  prodiges.  ledaïah, 

nous  l'avons  dit,  ne  pouvait  avoir  moins  de  vingt-cinq  ans 

en  1 3o5,  quand  il  adressa  son  épîlre  à  Salomon  ben-Adret; 

il  doit  avoir  composé  la  Uturgie  à  l'âge  de  quatorze  ans, 

en  1  294  au  plus  tard;  mais  il  est  possible  qui!  l'ait  écrite 

beaucoup  plus  tôt,  si  nous  mettons  sa  naissance  vers  1  a 60. 

Hisi.  litt.  de  la        Cetfce  liturgic  est  attribuée  à  tort,  dans  quelques  manu- 

Fraiifc,  t.  xxvii,   scrits,  à  Joseph  EKobi,  entre  autres  dans  deux  manuscrits 

de  la  Bibliothèque  nationale,  n°*  661,  1,  et  970,  4,  du 

nouveau  catalogue. 


G 


p.  7o5. 


II.  Le  DTiBn  noD,  «  Livre  du  Paradis  »,  traité  de  morale,  en 

3uatre  chapitres,  précédé  d'une  courte  préface.  En  voici  la 
escription  d'après  le  manuscrit  de  la  Bodléienne.  Nous  tra- 
duisons le  commencement  de  la  préface  :  «  ledaïah  Happe- 
«  nini  dit  :  Tandis  que  je  m'entretenais  avec  mes  camarades 
«  sur  l'éthique,  étant  encore  jeune,  ils  me  demandèrent  de 
«  composer  pour  eux  un  traité  qui  pût  leur  servir  de  guide 
«  dans  la  vie.  Je  consentis  alors  à  écrire  ce  traité,  et  je  l'in- 
«  titulai  «  Livre  du  Paradis  »,  pour  la  raison  suivante  :  comme 
«  le  parties  est  plus  petit  qu'un  jardin  et  fait  seulement  pour 


DU  XIV  SIÈCLE.  367 


.IIV'  SlÈCUt. 


«  s'y  promener,  non  pas  pour  qu'on  tire  profit  de  ses  arbres 

•  et  de  ses  fruits,  ainsi  ce  traité  ne  contient  qu'un  petit 
«  nombre  de  sentences  morales.  » 

Les  quatre  chapitres  portent  les  titres  suivants  :  nnva  ^ï© 

•  niTonni  «nian»,  m  chapitre  sur  le  culte  du  Créateur  et  sur  la 
«dévotion»;  2°  a-iiNm  amxnnyw,  «chapitre  concernant  l'ami 
«  et  l'ennemi  »;  3°  rniKian  ■<bvis  |n3ii  oVi^nnaMya  i»v,  «  chapitre 
«sur  le  détachement  du  monde  et  sur  son  inconstance»; 
4°  miavi  niTcnn  inx  on^"?»  dikh  tioï''  ivk  moann  phm^  nioba  ^»c; 
Q"'p'?«n ,  «  chapitre  sur  l'instruction  et  la  division  des  sciences 
«  que  l'homme  a  besoin  de  connaître  après  s'être  occupé  de 
«la  dévotion  et  du  culte  divin»;  ce  dernier  chapitre  a  les 
subdivisions  suivantes  :  a.  iio^n  nioi  noann  n'jïDa -lanon ,  «sur 

•  la  valeur  de  la  science  et  la  méthode  de  l'enseignement»; 
b.  HKicnn  poana  naicn,  «  sur  la  science  de  la  médecine  »;  c.  naion 
D'jna,  «  sur  la  jurisprudence  »;  d.  lann  nsM'jDa  laion,  «  sur  l'art 
«  de  la  parole  »,  c  e8l-»à-dire  la  logique  et  la  grammaire; 
e.  nMVDna  naion,  «sur  les  démonstrations  erronées  (sophis- 
«  tique)  »  ;  y.  mcann  ]o  nNWJa  noKDn ,  «sur  les  sciences  autres 
M  que  la  logique»;  g.  ^)'>v^  nr'TOa  naion ,  «sur  la  prose  rimée 
«  et  la  poésie  ». 

Il  existe  une  ancienne  édition  de  ce  traité  ^  qui  diffère 
beaucoup  du  manuscrit  d'Oxford.  Dans  l'édition ,  les  subdi- 
visions sont  marquées  par  le  mot  "i»w,  comme  les  quatre 
chapitres  dans  le  manuscrit;  le  traité  devrait  par  conséquent 
avoir,  dans  l'édition,  dix  chapitres;  mais,  comme  nous 
verrons  plus  tard,  il  n'en  a  que  huit.  A  la  fin,  ledaïah  dit  : 
«  C'est  assez  pour  notre  âge  tendre  et  presque  enfantin;  car 
«tu  sais«  mon  frère,  que  je  suis  maintenant  âgé  de  dix- 
«sept  anSi  »  Le  texte  original  de  ce  passage  a  été  publié 
par  M.  Dukes.  Le  manuscrit  d'Oxlbrd  est  probablement  Naii.Qed.p  m. 
unique,  car  celui  sur  lequel  l'édition  fut  faite,  et  où  l'on 
trouve  huit  chapitres  4  n'existe  plus  à  notre  connaissance. 
C'est  M.  Luzzatbo  qui  a  découvert,  dans  la  bibliothèque 
Ghirondi',   celle  édition  rare,  qu'il  croit  avoir  été  im- 

'  A  présent  dans  Id  bibliothèque  de  M.  HtilbersiMii ,  &  Blelitz  (  Siiésie  autrichienne). 


XIV   8IK0LB. 


368  LES  ECWVAINS  JUI(-S  FRANÇAIS 


C.utal.    (le  ri'llc 
l>ilili»lli.,  Il"  ()8'i. 

DciOrionl.  XI, 


primée  à  Constantinople  en  1 5 1 7  ;  il  en  a  donné  la  descrip- 
tion dans  Y  Orient.  Il  y  dit  qu'elle  coninience  par  les  mois 
suivants  :  nii:in  mcm  nzmn  nan^nm  icicm  Tw  n  ri3'''7D3  dt.eh  idd 
V't ''cnnan  n'VT'Tnnn"?,  «  Livre  du  Paradis,  traitant  de  la])oésie, 
«  de  la  morale,  de  la  bonne  conduite  et  de  la  droiture,  par 
«ledaïali  Habbedersi.  »  C'est  sans  doute  un  litre  que  le  co- 
piste ou  l'imjjrimeur  aura  fa])ri(|ué,  comme  l'indique  la 
formule  d'éloge  V't  (nsi:'?  uns»),  «  que  sa  uiémoire  soit  bénie  ». 

Une  réimpression  de  l'ancienne  édition,  basée  sur  un 
exemplaire  de  la  bibliothèque  de  Tui-in,  vient  de  paraître 
dans  le  Mcnjcizin  fur  licbraïsche  Lilcralnr  iind  JVtssenschaJÏ, 
Pocsic  uiul  Bcllcirislik,  publié  par  Eisig  Griiber,  année  111 
(1890),  pages  1  à  1 3  de  la  partie  intitulée  "jaixo  ptiin  (tout 
le  volume  est  en  hébreu).  L'édition  a  été  faite  par  M.  le 
D'  Joseph  Luzzalto  (fils  du  célèbre  S.  D.  Luzzatto);  il  y  a 
des  notes  bil^liographiques  à  la  fin.  Le  texte  de  l'édition  esl 
plus  court  que  celui  du  manuscrit  d'Oxford;  les  variantes 
sont  nombreuses.  La  concordance  entre  les  deux  textes  est 
la  suivante  :  manuscrit  1  =  Ed.  2;2=o;3  =  i;4  =  3; 
4  rt  ==  o;  /ib  se  trouve  en  partie  dans  7  de  l'édition;  4  c  =  4  ; 
4^/=  5;  4  <'  qui  Iraile  aussi  de  l'astronomie  (astrologie)  =6 
et  7  (le  dernier  paragraphe  avec  le  litre  n:i3nn  -lyc);  4  /== 
fin  du  7;  4,7=  8.  Le  texte  imprimé  est-il  une  première 
recension,  et  le  manuscrit  une  révision.^  Nous  ne  saurions 
fafiirmer;  car  ledaïah  ne  parle  jamais  de  deux  recensions 
de  ses  ouvrages. 

M.  Luzzatto  fait  observer  que  l'ancienne  édition  était 
connue  d'Amédée  Pe y ron,  l'auteur  de  la  grammaire  et  du 
dictionnaire  copte,  qui  en  parlait  avec  éloge  en  1820,  dans 
le  livre  intitulé  :  jSolitia  libroruin  manu  typisve  descriptorum 
qui,  dunante  abb.  Thoma  Valpcnja-Calasio ,  V.  CL,  illati  sunt  in 
re(j.  Tuannensis  Athenœi  bibUothccam,  p.  44,  et  qu'il  donne  la 
traduction  de  plusieurs  passages.  M.  Luzzatto  a  peut-être 
Voir  (1  dessus,  ralson  de  supposer  que  l'épithète  de  Penini  que  ledaïah 
''■  ■"'"■  s'attribue  et  l'analogie  du  contenu  du  d^:ud  ^^^D  avec  celui 

du  Pardc'S  ont  fait  donner  tout  d'abord  au  Pardcs  le  titre 
de    D^i'jEn  inaD .  En  effet  ce  dernier  ouvrage  est  mis  sur  le 


DU  XIV  SIECLE. 


3G9 


compte  (le  notre  auteur  par  quelques  bibliographes  anté- 
rieurs à  Buxtorf.  Wolf  protesta  contre  cette  attribution;  il 
a  été  suivi  par  MM.  Dukes  et  Zunz,  puis  par  tout  le  monde. 

III.  Un  traité  pour  la  défense  des  femmes,  intitulé  bs"?» 
dtj:,  «  Le  bruit  des  ailes  »,  par  allusion  à  Isaïe,  xviii,  i  .Tel  est 
le  litre  que  l'auteur  donne  à  son  traité,  tandis  que  le  titre 
D'crj  amn,  «  L'ami  des  femmes  »,  que  M.  Neubauer  a  mis  en 
tête  de  son  édition,  a  probablement  été  donné  au  livre  par 
le  copiste  du  manuscrit  unique,  parce  que  le  traité  est  dirigé 
contre  celui  de  Juda  ben-Schabbetai,  qui  était  surnommé 
D^c'j  Xjic?,  «  L'ennemi  des  femmes  ».  L'ouvrage  de  ledaïab  est 
écrit  en  prose  cadencée,  entremêlée  de  vers.  L'auteur  le 
composa  à  l'âge  de  dix-huit  ans  et  le  dédia  à  ses  deux  amis 
Meïr  et  Juda,  fils  de  Don  Salomon  Del  Infanz,  d'Arles. 
Le  manuscrit  orthographie  ce  nom  de  famille  v;xd'kc?'7t; 
mais  la  vraie  leçon  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford 
n°  2  356,  qui  renferme  la  seconde  partie  du  traité  Ittiir 
d'Isaac  ben-Abba-Mari  de  Marseille.  Là  il  est  dit  qu'un 
certain  Vidal  a  vendu  ce  manuscrit  en  i343  à  Jacob  Bon- 
(lodas  (ce  nom  est  ordinairement  l'équivalent  de  Juda) 
V;ej\vc''7t,  c'est-à-dire,  selon  l'habitude  provençale,  Jacob 
(ils  de  Juda  Dels  Infanz  (ou  Dels  Infants).  D'après  M.  Neu- 
bauer, ce  Jacob  est  probablement  identique  au  fds  de 
Juda  auquel  ledaïab  dédia  son  traité,  et  M.  Neubauer 
ajoute  que  le  nom  de  Delsinfanz,  qu'on  peut  comparer  au 
nom  de  Delsfils  (c?'7''Dr'7n),  représente  le  nom  de  famille 
hébreu  a^^van  p,  que  portait  l'Italien  Moïse  fils  de  Juda,  en 
ila\ien, DeiFanciuUi.  M.  Steinschneidertraduitce nom  hébreu 
par  Je  Racjazzonibus ,  nom  qu'un  imprimeur  italien  et  chrétien 
portait  en  1 496.  M.  Neubauer  propose  encore  l'identification 
de  Juda  fils  de  Don  Salomon  Del  Infanz,  avec  Juda  fils  de 
Salomon  fils  de  Meïr  Del  Infantes  (  vd^e^x'?!  d'après  le  ma- 
nuscrit de  Turin,  et  dans  d'autres  e?i'?DKT,Des  Plans?),  qui 
avait  adressé  une  lettre  à  Abba-Mari  de  Lunel.  Toutefois  il 
faut  noter  que  ledaïab  et  ce  Juda  émirent  des  opinions 
opposées  dans  la  dispute  entre  les  orthodoxes  et  les  philo- 


\tï*  SIÈCLE. 

BikI.  Iiebruira , 
I,  <0'|. 

Aiiiialen.  i^.'mi. 
|).  68. 

Ziir  Gesrliirlitp 
unil  I,it.,  p.  'ifig- 


Catal.,  col.  822. 

Ilist.  lin.  (le  la 
I-'ranre,  t.  WVII . 
p.    5 30. 


Zunz.ZurGesrli. 
uikI  Lit.,  p.  461. 

Catalogue  Bodl. , 
n"  239,  col.  à?.. 

Mazkir,  XVIll, 
p.   119. 


Hist.  litt.  (le  la 
France,  t.  XWII, 
p.  689(n°xcviii). 


TOME  XWI. 


4: 


2  6* 


XIV*  SlicLB. 
P.  378. 


Voir    ci-dessus, 
p.   363. 


370  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

sophes,  comme  nous  le  verrons  dans  la  suite.  Si  l'on  ne 
veut  pas  admettre  que  les  deux  amis  aient  pu  rester 
unis  malgré  cette  dififérence  d'opinions  (ce  qui  peut  bien 
avoir  été  le  cas,  d'autant  plus  que  ledaïah,  à  en  juger  d'après 
sa  lettre  apologétique,  semble  avoir  eu  un  caractère  calme 
et  nullement  passionné) ,  on  se  rappellera  que  la  dispute  en 
Hist.  lia.  de  la  Provence  ne  prit  guère  un  caractère  aigu  avant  le  com- 
p.T/g.'  '^'^^"'  raencement  (lu  xiv'  siècle;  or  le  traité  de  ledaïah,  dédié 
aux  deux  frères  Dels  Infants ,  fut  composé  au  plus  tard 
en  1 3  98 ,  quand  notre  auteur  avait  dix-huit  ans,  si  l'on  admet 
qu'il  était  âgé  de  v|ngl-cinq  ans  lorsqu'il  composa  sa  lettre 
apologétique.  D'ailleurs,  nous  avons  dit  que  ledaïah,  à  cette 
époque,  pouvait  avoir  plus  de  vingt-cinq  ans,  tout  en  étant 
encore  jeune.  Il  est  donc  possible  que  notre  traité  ait  été 
composé  même  avant  1298. 

Pour  faire  mieux  comprendre  pourquoi  ledaïah  s'est  oc- 
cupé d'un  sujet  si  étranger  à  l'esprit  juif,  nous  donnerons 
un  court  aperçu  de  la  littérature  des  écrivains  juifs  con- 
cernant les  femmes. 

Le  médecin  Juda,fils  de  Schabbetai  Lévi  de  Barcelone, 
avait  composé,  en  1208',  à  l'âge  de  vingt  ans,  dans  un 
style  agréable  et  attrayant,  un  traité  contre  les  femmes,  inti- 
Maiariiie,  m,  h.  tulé  mm"»  nnjD,  «  Offrande  de  Juda,  »  ou  wvin  kjw,  «  L'ennemi 
«  des  femmes  ».  Il  imagine  un  personnage  non)n)é  Zerah 
fds  de  Tahkemoni,  qui  est  cruellement  puni  de  sa  haine 
contre  les  femmes  par  un  mariage  d'amour  avec  une  belle 
jeune  fille,  laquelle  se  montre,  après  le  mariage,  une  véri- 
table Xanthippe. 

Juda  fit  une  revision  de  son  traité  à  l'âge  de  quarante 
ans,  pour  la  raison  suivante.  Un  certain  Hayyim  ibn- 
Samhoun  accusait  Juda,  par  jalousie,  d'avoir  plagié  des 


'  L'édition  ainsi  que  les  ioa()u»crits 
de  ce  traité  dont  nous  disposons  donnent 
la  date  en  toutes  lettres  :  A968  A-  M-  = 
I  a  08.  La  revision  porte  la  date  en  toutes 
lettres  également:  ^988  A.  M.—  iaa8. 
Cest  la  date  juste,  pubque  le  traité 
d'Isaac   contre  Joda   fut   composé   en 


l'année  ^970.  On  peut  voir  plus  de 
détails  si^r  ces  dafes  dans  l'article  de 
M.  Ilatberslam  [Yeichurun ,  VII  [partie 
hébraïque] ,  p.  33  et  suiv.)  et  dans  cdui 
de  M.  Kaufmann  (Gôtling.  g^Uhrte  An- 
zeigen,  i8o5,  p.  44*  et  stiiv.) 


DU  XIV  SIÈCLE. 


371 


Xlv'illÈcl.E. 


vers  qu'il  aurait  vus  à  Alep  chei  Joseph  ben-Juda,  le  fameux 
disciple  de  Maimonide. Dans  sa  revision,  Juda  montre  que 
sa  pièce  date  de  vingt  ans,  qu'elle  était  faite  bien  avant 
qu'il  eût  connu  le  disciple  de  Maimonide. 

En  13  10,  un  certain  Isaac  composa,  en  réponse  à  Juda, 
un  traité  en  faveur  des  femmes  sous  le  titre  de  wv:  mîv  (jeu 
de  mois  avec  «  la  galerie  des  femmes  »  dans  le  temple  de  Jéru- 
salem) ,  «  L'aide  des  femmes  »,  dans  lequel  un  personnage  fic- 
tif, Absalom ,  conjure  Hobab  de  se  marier.  On  lui  trouve,  en 
eflFet,  une  femme  possédant  toutes  les  vertus  et  qui  rend 
son  mari  heureux.  Juda  ne  fait  aucune  allusion,  dans  sa 
revision,  à  la  composition  d'Isaac.  11  ne  connaissait  peut- 
être  pas  le  travail  de  son  antagoniste,  ou,  ce  qui  est  plus  pro- 
bable, le  travail  du  jeune  Juda  fut  une  fantaisie  qu'il  ne 
prit  pas  lui-même  au  sérieux  (Juda,  en  effet,  semble  s'être 
marié  et  avoir  été  très  heureux).  11  ne  crut  donc  pas  nécessaire 
de  répondre  à  Isaac.  11  resterait  une  autre  question,  à  savoir 
si  Juda  fut  poussé  à  faire  son  étrange  production  par  la 
lecture  de  poésies  semblables  en  espagnol,  ou  s'il  a  été  ori- 
ginal dans  son  inspiration  poétique.  Mais  Juda  n'étant 
pas  Français,  et  ayant  dû  être  mentionné  seulement  à  l'oc- 
casion de  notre  ledaïah,  nous  pouvons  ne  pas  nous  occu- 
per ici  de  répondre  à  cette  question. 

ledaïah  est  le  troisièine  auteur  juif  qui  se  soit  occupé 
des  femmes.  11  dit  qu'il  a  lu  le  traité  de  Juda  et  qu'il  s'est 
proposé  d'y  répondre.  ledaïah  parle  de  Juda  avec  beaucoup 
de  respect;  il  ne  l'attaque  pas,  mais  il  invite  son  ombre 
à  descendre  du  ciel  pour  être  présente  quand  on  jugera 
entre  eux  deux. 

M.  Kaufmann  fait  observer  que  ledaïah  commence  et 
finit  son  traité  à  la  manière  des  troubadours,  c'est-à-dire 
par  des  poèmes  de  dédicace  et  d'envoi.  Nous  avons  vu  que 
son  père  Abraham  connaissait  les  troubadours  Folquet  (de 
Marseille  et  non  pas  de  Lunel)  et  Pierre  Cardinal.  M.  Kauf- 
mann mentionne  encore  Marcabrun  et  le  moine  de  Montau- 
don,  auteurs  de  poèmes  concernant  les  femmes.  Mais  nous 
ne  croyons  pas  que  le  poète  hébreu,  dont  le  style   ne 

47. 


Kaufmaiiti ,  dans 
(!ôlt.  gel.  Km. , 
i885,  p.\H. 


Gôtl.  gel.  Ani. 
i885,  p.  ai. 


Hist.  litt.  Je  la 
France,!.  XX VU. 
p.   714. 

Ibid. ,  p.  714. 


VIV*  SIÈCLE. 


372  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


montre    pas    trace    de    l'influence    des   troubadours,  ait 
justement  adopté  leurs  usages  au  commencement  et  à  la 

v..ii   (i dessus,   fin.  ledaïah  s'appelle  ici  Tobiali,  mol  qui  est  sans  doute 

•'**'"  la    traduction   hébraïque   de  son    nom   provençal  Bonet, 

non  pas  une  imitation  d'une   maqama,  comme  M.  Neu- 

oiiei) Naschini ,   bauer    le  proposait.  L'Asmodée  du  poème  d'Isaac  est  re- 
i)ieare,  p.  1.9.     présenté,  chez  ledaïah,  par  Cusciian  Rischataim,  dont  le 

Jus.'es,iii,8.  nom  est  biblique,  et  qui  joue  le  rôle  d'ennemi  acharné 
des  femmes.  Il  tombe  dans  la  bataille,  et  les  femmes  bon- 
dissent de  joie.  Zerachiah,  le  général  de  la  raison,  devient 
roi  ;  sous  son  règne  on  se  marie  et  on  est  heureux.  Ce  que 
Juda  concède  à  ledaïah,  c'est  qu'on  doit  se  marier  une 
fois  ;  mais  convoler  en  secondes  noces ,  c'est  folie. 

L'édition  de  M.  Neubaueraétéfaite  d'après  un  manuscrit 

Calai. col. 8 n.  uuique  d'Oxford  (n°  2898),  qui  est  d'une  écriture  ita- 
lienne assez  récente  et  peu  correcte.  En  outre,  la  copie  du 
manuscrit  qui  a  servi  à  l'éditeur  n'était  pas  pourvue  des 
points  de  séparation  entre  les  phrases  qui  riment,  de  sorte 

3ue  l'édition  ne  les  a  pas  non  plus.  De  la  sorte  ce  traité, 
éjà  assez  diflicile  à  lire  à  cause  du  style  forcé  de  l'auteur, 
le  devient  encore  davantage.  Ajoutons   que  beaucoup  de 
passages  restent  obscurs,  comme  c'est  ordinairement  le  cas 
quand  on  fait  une  édition  sur  un  seul  manuscrit,  qui  n'est 
Hôti.  gel.  Anz..   pas  l'original.  M.  Kaufmann  ainsi  que  M.  Steinschneider 
i«  0,  p.  'liG.        ^^j  proposé  quelques  heureuses  corrections;  mais  la  tâche 

Isr.  Leuerhode,  j  l    ■       ^-,j        achevée. 

XII,  p.  oy.  _   _ 

L'édition  de  M.  Neubauer  a  paru  dans  le  volume  publié 
en  l'honneur  de  feu  M.  Zunz,  à  foccasion  de  sa  quatre- 
vingt-dixième  année,  sous  le  titre  suivant  :  Jubehclirift  :um 
nevnzigsten  G eburtslag  des  ly  L.  Zunz,  BerWn^  i884,  in-8°. 
L'avant-propos  en  anglais  se  trouve  dans  la  première  partie 
(p.  i38  à  i4o),  et  le  texte  dans  la  seconde  (p.  1  à  19). 
Une  nouvelle  édition  d'après  le  même  manuscrit  est  en 
préparation. 

La  littérature  pour  et  contre  les  femmes  fut  reprise,  chez 
les  juifs,  en  Italie,  vers  la  fin  du  xv*  siècle,  par  les  auteurs 
suivants,  dont  M.  Steinschneider  a  dressé  la  liste  alphabé- 


DU  XIV  SIÈCLE.  373 


KIV'  SIÈCLE. 


tique  dans  son  excellent  mémoire  sur  le  sujet,  qui  a  paru  dans 
la  Jsraëlitische  Leltcrbodc ,  XII,  p.  49  à  94-  Ce  sont  :  Abigdor 
de  Fano,  avant  i49'^;  Abraham  de  Sarteano;  Daniel,  fdsde 
Samuel  de  Rossana;  David,  fils  de  Juda,  messer  Léon,  dont 
nous  donnerons  un  extrait  relatif  au  séjour  de  Pétrarque  à 
Avignon;  hjliede  Gennazzano;Gedaliah  ibn-Yahya,  le  chro- 
niqueur; Israël  Cortona,  vers  i53o;  Jacob  (fils  de  Joab 
Elie)  Fano;  Jacob  Francès;  Juda  Leone  Sommo.  H  y  a 
également  sur  le  même  sujet  plusieurs  traités  anonymes, 
dont  quatre  entremêlés  de  strophes  italiennes.  La  plupart 
de  ces  textes  ont  été  publiés  par  M.  Neubauer  dans  divers 
volumes  de  Ylsraëlitische  LellcrboJe;  les  renvois  bibliogra- 
phiques se  trouvent  dans  le  mémoire  de  M.  Steinschneider. 

Un  grand  nombre  de  ces  pièces  sont  écrites  en  vers 
et  difficiles  à  comprendre;  les  auteurs  ne  citent  guère  à 
l'appui  de  leur  thèse  que  des  femmes  de  la  Bible.  L'ouvrage 
de  David  messer  Léon  (fin  du  xv*  siècle)  est  en  prose;  il  a 
été  fait  à  l'occasion  d'un  commentaire  sur  le  chapitre  xxxi 
des  Proverbes.  Dans  .son  éloge  des  femmes,  l'auteur  men- 
tionne, entre  autres  noms,  celui  de  Laure.  Voici  ce  passage 
intéressant  : 

«Pour  continuer  notre  sujet,  nous  dirons  que  la  femme      Uev. dei Ktudt- 
«dont  nous  avons  parlé  était   une  femme  d'Avignon,  en  iï's,"'.    '  ''  ■^ 
«  Provence,  du  nom  de  Laura.  Si  tu  veux  en  être  mieux 
«convaincu,  sache  que  François  Pétrarque  était  un  Fio- 
«rentin,  bien  qu'il  fût  né  le  i"  août  de  l'année  i3o3  à      Ms.  .ic  Parme 
«Arezzo,  où  son  père  se  trouvait  après  avoir  été  exilé  de    '^°'' 
«  Florence.  Sa  naissance  eut  lieu  avant  la  fin  de  la  première 
»  année  de  l'exil.  Sa  mère  demeura  ensuite  à  Incisa,  non 
«  loin  de  Florence,  jusqu'à  ce  que  l'enfant  commençât  à 
«  grandir.  A  l'âge  de  huit  ans,  lorsque  l'enfant  vit  que  ses  pa- 
«  rents  étaient  obligés  de  changer  sans  cesse  de  lieu  de  sé- 
•  jour,  il  leur  persuada  de  quitter  l'Italie  et  de  s'installer 
«  à  Pise.  Ils  y  restèrent  deux  ans.  Sur  la  prière  du  jeune   m»,  de  Parme.  /i 
«Pétrarque,  ses  parents  vinrent  s'établir  à  Avignon,  ville 
«  célèbre  alors  en  Provence,  comme  Naples  l'est  aujourd'hui, 
«Là  et  à  Carpentras,  le  jeune  homme  apprit  la  gram- 


\iv  sieccE. 


374  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


«maire,  la  logique  et  la  rhétorique.  Il  se  rendit  ensuite  à 
«  Montpellier  pour  y  étudier  le  droit  et  y  resta  quatre  ans. 
«  Ayant  entendu  parler  des  bonnes  études  qu'on  faisait  à 
Ms.  lie  Parme,  i.  «  Bolognc,  il  sc  rendit  dans  cette  ville  et  y  resta  trois  ans. 
«  Puis  il  revint  à  Avignon  pour  voit*  ses  amis.  Le  vendredi 
«saint  (qui  tomba,  cette  année,  le  6  avril,  au  témoignage 
M  même  de  Pétrarque,  qui  dit,  dans  la  dernière  partie 
«  du  Triomphe  de  la  Mort,  que  son  amour  commença  et 
«  finit  le  6  avril),  en  allant  à  l'église,  il  vit  une  jeune  fille, 
«  native  de  Graveson,  village  près  d'Avignon.  Elle  s'appelait 
«  Lauretta,  nom  qu'on  rencontre  souvent  dans  le  pays.  Cette 
Il  femme  alluma  dans  son  cœur  un  amour  ardent,  qu'il  garda 
«  pendant  trente  et  un  ans,  vingt  et  un  ans  du  vivant  deLaura 
Il  et  dix  ans  après  sa  mort.  Il  lui  donna  le  nom  plus  coulant 
«  de  Laure,  et  il  écrivit  à  son  insu  de  beaux  morceaux  qui 
Il  resteront  célèbres  à  jamais.  Que  cette  Laure  ait  été  un  per- 
II  sonnage  réel,  cela  est  suffisamment  prouvé  par  les  nombreux 
Il  vers  qui  commencent  par  son  nom  et  par  ceux  qui  font  allu- 
«  sion  au  laurier.  Que  son  amour  ait  commencé  le  vendredi 
Il  saint,  cela  résulte  de  la  seconde  strophe  où  il  dit  :  »  Ton 
Il  soleil  a  commencé,  celui  du  Christ  s'obscurcit.  »  Que  Laure 
Il  soit  née  dans  un  village,  cela  ressort  de  la  troisième 
Il  strophe,  où  il  est  dit  «  qu'il  ne  faut  pas  s'étonner  qu'une 
«femme  illustre  ait  vu  le  jour  dans  un  village,  quand  on 
M  sait  que  Jésus  n'est  pas  né  dans  la  grande  ville  de  Rome, 
«  mais  à  Bethléem,  et  tout  cela  pour  prouver  l'humilité  (des 
«deux)  I).  Enfin,  que  Laure  soit  née  à  Graveson,  c'est  ce 
M  que  Pétrarque  nous  apprend,  dans  la  première  partie  du 
«  Triomphe  de  la  Mort,  par  les  mots  suivants  :  «  Car  ma 
Il  bien-aimée  est  née  dans  un  endroit  qui  se  trouve  entre 
«  deux  rivières  nommées  Sorgue  et  Durance.  »  Ce  village  se 
«  trouve,  en  eflPet,  au  milieu  de  deux  rivières.  Ce  fut  là  que 
«  Pétrarque  et  Laure  restèrent  longtemps,  l'amour  qu'il 
Il  avait  pour  elle  continuant  à  durer. 

«  Il  y  composa  un  grand  nombre  d'ouvrages,  par  exemple 
«  l'Académie,  nom  de  l'école  de  Platon,  et  le  Parnasse,  mon- 
H  tagne  consacrée  aux  poètes.  Ainsi  il  dit  dans  la  même 


DU  XIV  SIECLE. 


375 
Son  amour 


XIV'  SIÈCLE. 


«  pièce  :  •  Quel  endroit  est  plus  nouveau?  .  . 
«ayant  commencé  dans  le  pays  d'Avignon,  il  mentionne, 
«à  la  fin  de  son  poème,  le  fleuve  Gebenna',  qui  traverse 
«  Avignon  et  a  sa  source  près  d'une  montagne  des  Alpes  ? 
«  (ptdV -jidd),  qui  sépare  l'Italie  de  la  Provence,  nommée 
«Gebenna;  c'est  le  nom  du  fleuve  près  de  la  ville  de 
«Genève.  Ce  fleuve  continue  son  cours  en  France,  en  pas- 
«  sant  par  Avignon  ;  c'est  pourquoi  Pétrarque  dit  qu'il  se 
«rappelle  encore  le  fleuve  qui  a  sa  source  à  Genève,  et 
«c'est  le  fleuve  qui  traverse  Avignon,  comme  nous  l'avons 
«  déjà  dit.  Ma  thèse  est  donc  prouvée  par  les  paroles  mêmes 
«de  Pétrarque,  pour  celui  qui  le  lira,  et  l'opinion  que  j'ai 
«  avancée  dans  ma  pièce  en  prose  cadencée  (sur  le  beau 
«  sexe,  pièce  à  présent  perdue),  à  savoir  que  Laure  était  un 
«personnage  réel,  est  solidement  confirmée.  » 

Revenons  à  ledaïah.  Nous  avons  énuméré  les  ouvrages 
de  sa  première  jeunesse.  Bientôt  nous  le  verrons  passer  à 
des  sujets  plus  sérieux  et  s'occuper  de  commentaires  sur 
l'Agada,  de  philosophie,  de  morale  et  de  médecine.  Il  ne 
revint  qu'une  fois  à  ses  goûts  de  jeunesse,  quand  il  com- 

rsa  la  liturgie  de  milje  mots  dont  chacun  commence  par 
lettre  m  ,  si  toutefois  cet  ouvrage  est  de  lui. 

IV.  Commentaires  philosophiques  sur  l'Agada  et  sur  di- 
verses parties  des  Midraschim ,  savoir  :  le  Midrascli  rabboth^, 
le  Midrasch  Tanhuma,  le  Siphré  (ou  Spharé) ,  les  chapitres 
attribués  à  Eliézer  le  Grand  (tirSK -n^pic) ,  le  Midrasch  Ne- 
hamoth  (mcnj,  extraits  des  Prophètes  qu'on  lit  les  sabbats 
après  le  g  ab,  jour  de  la  destruction  du  temple) ,  et  le  Midrasch 
Tehillim  (sur  les  Psaumes).  Tous  ces  commentaires  ont  été 
composés  probablement  avant  la  lettre  apologétique.  Le 


'  A  ia  fia  da  TVioo/b  delU  Divinité, 
on  lit  en  çffet  :  •  A  r>va  un  fiume  cite 
t  nasce  in  Gebenna.  •  Messcr  Léon  con- 
fond le  nom  de  Genève  avec  celui  des 
Cévenafs.  L«  mè^c  erreur  se  trouve 
dans  les  commentateurs  de  Pétrarque. 
Comparez  Suétone ,  Jul.,  a5. 


llisl.  lilt.  de  la 
France,  l.  XXVII, 
|).  717;  \(»r  ci- 
après. 


'  Cest.à  tort  que  M.  Krûger  dit, 
sur  le  titre  de  l'édition  (|u'il  a  donnée 
de  ce  midrasch  (Gen.,  i  4  xii) ,  Franc- 
fort-sur-Mein ,  1 854 .  que  lé  commea» 
taire  en  questioq  est  ordinairevMOt 
attribué  à  Abrahaiq  de  Béziers. 


M\'  5IECI.E. 


376  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

dernier  seul  est  imprimé  jusqu'au  chapitre  cxrx,  sous  le  titre 
(leanin  puV,"  Langue  d'or  »  (Venise,  1699,  in-Zj").  Les  manu- 
scrits qui  renferment  ces  commentaires  ne  sont  pas  rares. 
On  en  trouve  à  Paris,  n°  788,  3;  à  Oxford,  n"  iSy  et  i58, 
1  à  3;  à  Parme,  n'"  217  et  352  du  catalogue  de  Rossi; 
à  Hambourg,  n"  69  b,  et  à  l'Escuriai,  G,  m,  8.  Dans  le 
dernier  manuscrit,  on  lit  que  c'est  la  première  partie  du 
commentaire  sur  les  Agadoth. 

V.  Commentaire  sur  Ahoth  (Aphorismes  des  pères,  traité 
qui  appartient  à  la  Mischna)  et  sur  les  passages  agadiques 
du  Taimud  de  Bahylone  relatifs  aux  traités  de  la  j)ar- 
tie  rpnj,  «section  des  alfaires  civiles  et  criminelles»,  savoir 
les  traités  intitulés  Sanhédrin,  Ahoda  zara,  Schebouoth, 
Makkolli  et  Ilorayolh.  Ce  commentaire  lui  est  attribué  dans 
le  manuscrit  déjà  cité  de  l'Escuriai  ((t,  iv,  3).  Nous  en  don- 
nerons le  commenc<Muent  d'après  une  communication  bien- 
veillante de  Don  Franc.  Fernandez  y  Gonzalez,  mend)rc  de 
l'Académie  de  l'histoire  à  Madrid.  Le  manuscrit  est  sur 
papier,  et  renferme  i63  folios.  La  copie  en  fut  achevée  le 
17  tammouz  (juin-juillet)  5i46=i486.  Voici  l'en-tête  qu'a 
mis  le  copiste  :  la-nan  iT-yT"  '^.nh  imhn  niix  cnui  nztt  nscD  v\it 
tTsiûiV-E  niii'  -j-n  b-j  c':n:N  ni'iïcn  '»  «  Commentaire  sur  le  traité 
«  d'Aboth  et  commentaire  sur  des  passages  agadiques  qui  se 
«trouvent  dans  le  Taimud,  d'après  la  méthode  philoso- 
«phique,  par  ledaïah  hab-Bedersi,  surnommé  En  Bonet». 
Voici  le  début  :  icw  nin  (pjmai-n  iscn  rn\iB3  .  .  .  min  "jap  nwD 
nK2c:n  rr-DiDn  nnjcnn  hv  nninS  bt  Mti  nvcMtt  nnino  nisD  i'?d 
p:DD  vhn  n''3e?Di  amn  pca  yen  r\'>  ni.t  ''3  (?)  nn3j<  -)ttv  n'an  it\'<  ^s  q-kh 
pD3  cn^bs  innjanDi  non  "n  vna  ncbcn  att  vinx  m-'KC'nV  icrci  isD  i.nac? 
DDinj'?  ncorn  imin  nx  can"?  jn:  djii'3  ipo'»  m"?!  ^^^  naK"'  kHv  inbonci 
TanVi  dcTj  Q''7C?n'7i  ciTra  n-'non  n3n:nn  n-iDC  Kbi  ic/"'  nii  ^2h•'  pin 
•  ■-ipn3  yocno  riD  on.T'  Hb^  3n3  jvy  ti'js  irwnSi  nK-113  rtt 

M.  Neubauer,  ayant  eu  dernièrement  l'occasion  d'exa- 
miner ce  manuscrit,  en  a  tiré  un  document  curieux  con- 
cernant la  marche  des  études  talmudiques  de  ledaïah  et 
la  méthode  qu'on  suivait  à  l'école  de  MeschuUam,  à  Béziers. 


\IV     ill.i.l.F. 


DU  XIV  SIECLE.  377 

Nous  y  apprenons  que  ledaïah  entra  à  l'école  de  Meschullani 
à  l'âge  de  quinze  ans.  Ce  document  se  trouve  imprimé  dans 
la  Revue  des  Etudes  juives,  t.  XX,  p.  2  45. 

ledaïah  renvoie,  dans  cet  ouvrage,  à  son  commentaire 
sur  les  traités  Beraclioth,  Yebamolh,  Kethouboth,  Yoma, 
Meguillah  et  Thaanith;  il  est  donc  probable  qu'il  a  com- 
UKînté  tous  les  passages  agadiques  qui  se  trouvent  dans 
les  différents  traités  du  Talmud  de  Babylone.  H  cite  aussi 
le  Guide  des  égarés  de  Maimonide,  auquel  il  adhérait  com- 
plèlentent,  comme  on  le  verra  dans  la  suite. 

II  n'y  a  aucune  indication  sur  la  date  de  la  composition 
de  ces  commentaires;  mais  le  travail  semble  être  d'un 
homme  qui  n'a  pas  encore  atteint  sa  maturité.  C'est  ce 
travail  (pii  probablement  donna  à  ledaïah  le  droit  de  se 
mêler  à  la  dispute  des  orthodoxes  et  des  philosophes,  dont 
nous  allons  maintenant  nous  occuper. 

VI.  niSsimn  rijx,  •  Lettre  apologétique  »,  ou  nVsjnnn  an: 
(dans  le  manuscrit  de  Paris  719,  6,  une  main  moderne 
a  écrit  comme  titre  ^cimn  hbd,  livre  de  Bedersi).  Le  texte 
imprimé  dans  les  Réponses  de  Salomon  ben-Adret,  ainsi 
que  la  plupart  des  manuscrits,  a  le  litre  suivant  :  ans 
-acva  «ispnn  ick  hs  h"i  'ss'a'z?-!"?  oiax  D'':iaiK  aznn  n'^v  le'x  m'jsjnnn 
m'':is''nn  rnosnn  iio'ja  '  o-pcyncn  narani;  y^K,  «  Lettre  apologéti- 
«  que,  envoyée  par  le  savant  En  Bonet  Abram  à  R.  Salomon 
«  ben-Adret,  à  l'occasion  de  ce  qu'il  s'est  irrité  contre  leshabi- 
«  tants  de  Provence,  qui  s'occupaient  de  sciences  profanes  ». 
Dans  d'autres  manuscrits,  le  titre  est  conçu  comme  il  suit  :  ovfoi,i,n  p 
D'ciiD  (ms.  2182  B3n)  D'jia  jn  QDPn  n*?»  ni  3nan«ni'723nnn  ans 
••i''Ji'  hy  ■?»  miK  p  QmaK  na  no'je?  '1  bnan  ann  "îk  (ms.  2182  n"DnD) 
■''71K  a'«nc;n  rm  nsj'«aniD  ms-)Na  ainDiV  ^•>^v  nriis-'nn  nioann  iiv^ 
ne?npn  irmin  mn^DK  ipo  nKs"?!  nu-'D  ix"?  |nn  nioann  (ms.  2182  mkii) 
jDK  "jKne?'  ^D1e;  moe?^  av  i^k  ni'7npn  ni'jsjnnb  nti .    «  Lettre  apolo- 

'  Le    manuscrit   de    Paris  69a,   3,  l'illustre   rabbin    susmentionné   se   fut 

porte,  au  lieu  de  Cposnon  ...'iVH  "??,  irrité  contre  les  habitants  des  districts 

ce    qui   suit   :  ■"ic'jD  «jSpn  DKS  nnx  de  la  Provence  et  du  Languedoc,  parce 

NSi'«nD  TinD  •<2VV  Sy   12Un  ]1K3n  qu'ils  s'étaient  occupés  de.  .  .  • 
□pDSnn  Vy  piTiJINbl,  «  . .  .après  que 

TOME   XXM.  ^8 


cl  ■>.  \H-3. 


I«rl!ilicttc   «ATlttlIAir. 


HT*  (licLI. 


378  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


«  (1 


Kraiire.  I.  XXVII. 
p.  655 


gétique.  Cette  lettre  fut  envoyée  par  le  savant  Don  Bonet 
Profet  au  grand  rabbin  R.  Saiomon  ben-Adret,  à  propos 
le  l'enseignement  des  sciences  profanes  qui  avait  lait  des 
«  progrès  dans  les  pays  de  Provence.  Quelques  personnes 
«  craignirent  que  ces  études  n'eussent  pour  effet  de  mener 
■<  à  l'hérésie  et  de  faire  dévier  leurs  disciples  de  la  ligne  de 
«  la  vérité  de  notre  sainte  loi.  Cette  lettre  a  pour  objet 
«  l'apologie  des  communautés  en  question.  Que  le  gardien 
«d'Isracîl  les  ait  en  sa  garde!  Amen.  »  Bien  entendu,  l'une 
et  l'autre  suscription  proviennent  des  copistes.  * 

La  lettre  de  ledaïah  a  eu  l'honneur  d'être  insérée  parmi 
les  réponses  d'Adret;  elle  se  trouve  dans  l'édition  de  lôSg, 
n"  4i8.  On  n'en  a  |>as  fait,  à  notre  connaissance,  d'édition 

oisar  sefarini.    Spéciale  avaut  celle  de  Lemberg  [1809).  En  voici  une  ana- 

'*'"*'"  ^'^      lyse  succincte. 

Après  un  préambule  de  plusieurs  pages,  composé  dans 

Hist.  1.11.  <ie  la  le  style  fleuri  en  usage  chez  les  rabbins  de  Provence  et 
intraduisible  dans  notre  langue,  ledaïah  se  plaint  de  la  di- 
vision que  l'excommunication  avait  introduite  dans  les  com- 
munautés de  la  Provence.  «Ne  sommes-nous  pas,  dit-il, 
«  enfants  d'un  même  père,  nous  tous  qui  croyons  au  même 
«Créateur,  et  n'acceptons-nous  pas  tousda  loi  écrite  et  la 
«loi  orale .^  Demandez  si  nos  ancêtres  n'étaient  pas  d'ac- 
«cord  avec  vous'  et  les  rabbins  français.  Quelle  nouveauté 
«  dangereuse  pour  la  religion  s'est  donc  produite  aujour- 
«  d'hui  chez  les  rabbins  deNarbonne,  de  Béziers,  de  Lunel, 
«  de  Montpellier  et  des  autres  communautés  de  Provence 
«  et  du  Comtat  Venaissin  jusqu'à  Marseille,  jwur  que  vous 
«  ayez  cru  devoir  les  flétrir?  Nous  ne  nous  plaignons  pas  des 
«lettres  pleines  de  reproches  qui  nous  sont  adressées;  car 
«  nous  les  considérons  comme  une  admonition  d'un  père  à 
«  son  fds.  Nous  avons  supporté  avec  résignation  l'excommu- 
«nication,  et  nous  n'avons  pas  récriminé;  car  c'est  Dieu 
«  qui  jugera.  Mais  ce  que  nous  trouvons  dur  et  effrayant, 
«  c'est  que  vous  envoyiez  en  Espagne  des  lettres,  que  nous 

*  Le  •  vous  •  s'adresse  aux  rabbins  catalans. 


Ibid.,  p.  66 '1. 


DU  XIV  SIECLE.  379 


XIV    MECLI. 


«avons  vues  de  nos  propres  yeux,  clans  lesquelles  nous 
«  sommes  affichés  devant  nos  frères  comme  un  objet  de 
«  mépris;  et  on  noua  dit  que  des  lettres  semblables  ont  été 
«  expédiées  en  Allefflagne  et  en  France.  » 

ledaïah  continue  en  examinant  les  points  que  Salomon 
et  ses  amis  ont  relevés  comme  hérétiques  chez  les  Pi'oven- 
çaux  :  «  On  t'a  dit  que  quelqu'un  a  expliqué  Abraham 
«comme  représentant  la  matière,  Sara  coiAme  représen-  i- cic.p  657. 
«  tant  la  forme,  et  les  tribus  comme  représentant  les  pla- 
«  nètes;  mais  je  peux  assurer  qu'il  n'en  est  rien.  Tout  ce 
«qu'on  a  fait  dans  les  écoles,  c'est  d'expliquer  conàme  aHé- 
«  gories  des  passages  agadiques  du  Talmud,  qui  ne  peuvent 
«  pas  être  pwis  à  la  lettre,  et  en  ceU'  nous  suivons  les  traces 
«de  notre  grand  maître  (Moïse  Maimooide).  »  ledaïah  ré- 
fute aussi  l'accusallion  portée  contre  les  Provençaux  d'avoir 
expliqué  Ourim  et  Toamrni/n  par  l'astrolabe,  et  la  guerre  des 
quatre  rois  contre  les  cinq  autres,  dans  l'épisode  belliqueux 
d'Abraham,  par  la  lutte  des  quatre  éléments  contre  les  cinq 
sens.  «Quant  au  crime  qu'on  nous  reproche,  dit  ledaïah,  ibiJ.p.  057. 
«  à  savoir  que  nous  étudions  les  sciences  étrangères  au 
«  Talmud,  c'est-à-dire  les  livres  d'Aristote  et  de  ses  com- 
<f  mentateurs,  nous  déclarons  que  l'étude  de  la  logique, 
«  de  la  physique  et  de  la  métaphysique  est  utile  pour  fortifier 
«la  religion;  ainsi  ces  études  aous  fournissent  les  preuves 
«pour  l'existence  d'un  dieu,  de  la  prophétie,  du  libre  ar- 
«  bitre,  de  la  création  ex  nihilo,  etc.  Les  rabbins  en  Espagne, 
«en  Babylonie  et  en  Andalousie,  par  leur  connaissance  de 
«  l'arabe,  ont  pu  se  servir  des  livres  de  philosophie  et  de 
«  science  traduits  dans  cette  langue;  et,  en  s'appuyant  sur 
«ces livres,  ils  sont  arrivés  à  démontrer  l'unité  de  Dieu  et 
«  à  écarter  les  anthropomorphismes.  Parmi  ces  rabbins  se 
•  ti^ouve  le  cétèbre  Saadiah  Gaon  de  Fayyoum ,  qui  a  fait  un 
«  commentaire  philosophique  sur  le  Livre  de  la  création , 
«  et  un  ouvrage  philosophico-théologique  sous  ce  titre ,  Les 
«dogmes  et  les  opinions ^  En  Espagne,  je  mentionnerai 

'  H.  Harkavy  prépare  une  bibliographie  des  ouvrages  de  Saadiah,  d'apcèf  les 
données  les  plus  récentes. 

à». 


XI^    .SIIXI.K 


380 


I-ES  KCIU VAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


<i  Isaac  ibn-Gayyafh,  qui  a  fait  un  commentaire  pliiloso- 
«  phiquo  sur  rKcclésiaste',  sans  parler  de  .s(>s  nombreuses 
«  liturgies.  On  possède  également  des  livres  de  ])lnlosophie 
'  par  Moïse  ben-Ezra^,  Salomon  ibn-Gebirol  ',  Juda  Ilalévi'' 
«et  Abraham  bar-Hivya^'.  » 

ledaïab  mentionne  encore  David  le  Babylonien,  sur- 
nommé al-Muqamass,  (>t  Joseph,  l'auteur  du  traité  sur  le 
Microcosme.  ledaïah  dit  qu'il  ne  connaissait  pas  l'époque 
à  laquell*;  vécurent  ces  deux  auteurs.  David  al-Muqamass 
est  un  caraïle  du  ix"  ou  x"  siècle  "",  que  ledaïah  n'aurait  pas 
cité  s'il  l'avait  connu  pour  tel.  Jose|)h  est  le  rabbin  Joseph 
ibn-Saddiq,  dont  le  livre  a  été  publié  par  M.  Jellinek'. 
Pour  la  médecine,  ledaïah  parle  du  célèbre  Isaac  Israéli '^ 
et  d'Isaac  ibn-MuqateP.  Pour  la  philologie,  il  mentionne 
le  fameux  Abu-l-Walid  ibn-Djanah.  «Abraham  ibn-Ezra '" 
«aussi,  dit-il,  cultiva  toutes  ces  branches  de  la  science. 
"  Mais  le  point  culminant  a  été  atteint  par  notre  grand 
■maître  Moïse  Maimonide,  qui  connaissait  la  philosophie 
«par  Aristote  et  ses  commentateurs,  les  mathématiques 
"  par   Euclide  et  ses  successeurs,    l'astronomie  par   Plo- 


'  \'oir  l'iiilicic  do  M.  J.  Dorciihourf,' 
sur  col  aulciir  dans  la  W/.w.  Zril- 
schrijl,  V  (i>>4'l),  p.  397  cl  suiv.  Le 
('iiiiiinciitairc  sur  l'EcclOsiasle  a  été 
découvoit  deniièremcnt  par  M.  Jacob 
Lœwy  dan»  le  nis.  d'Oxford  a333.  3. 
Voir  sa  dissertation  intitulée  :  Lihri 
Kohelet  versio  arabica  quain  composait 
IhnGhiyalh,  Gôltingen,  1881. 

'  Voir,  dans  Catal.  libr.  Iiebr.  in 
Bibl.  Hodi,  par  M.  Steinsclineider, 
coi.  181  I,  3,  ce  qui  concerne  le  livre  de 
illiéologic  intitulé  Dw'an  rjny.  Fedaïah 
ne  suit  pas  l'ordre  chronologique ,  Moïse 
ben-Ezra  étant  postérieur  à  Ibn-Gebirol. 

'  Voir  M.  Munk,  Mélanges  de  philoso- 
jiliie  juive  et  arabe ,  p.  1  et  suiv.  ledaïah 
fait  ici  allusion  au  Fons  Vitie. 

'  L'auteur  du  livre  Khozari,  publié 
en  arabe  avec  une  traduction  hébraïque 
et  des  notes,  par  M.  Ilirsclifcld,  1886 

»  Voir  Hisl.  ht.  de  la  France,  t.  XXVH , 
p.  523.  On  ne  ronnait  aucun  ouvrage 
philosophique  de  ctt  auteur,  à  moins 


que  ledaïah  ne  pense  à  son  livre  de  mo- 
rale intitulé  CDjn  p'jn,  publié  à  Leip- 
lig,  i8()o. 

"  Voir  Gneti,  Gesch.  dcrJuden.l.  V, 
p.  307,  et  les  corrections  de  M.  Harkavy. 
dans  la  Revue  des  Etudes  juitcs ,  t.  \'II , 
p.  300.  Le  livre  de  David  s'appelait  du 
nom  de  son  auteur  yDpDn  HED- 

'  IBp  oSiy  -!BD,  Leipiig,  i854. 

"  Voir  Catal.  Iibr.  hebr.  in  Btbl.  BodI. . 
col.  1  1  i3  et  suiv. 

'  C'est  un  auteurinconnu.  Nous  avons 
trouvé  ce  nom  dans  le  manuscrit  du  Va- 
tican Assémani  337,  a ,  qui  renferme  un 
commentaire  sur  VOrganon  par  Moïse  fils 
de  Samuel  fdsd'Ascherfds  de  Joseph  fils 
de  Moïse  fils  de  Juda,  disciple  de  Sar 
Schalom.  On  y  dit  fol.  1 6  :  nD33  "ICNDH 

pyi'jNin  mern  ion  ispn  ntjni  •)DK 
'7xnpD  pns;  )3  «)dv  't  ••'jKnwNT  D3nn 

(coriigé  en  bottpD  et  '?inNpD). 

'*  Ibn-Djanab  et  Abraham  ibn-Ezra 
sont  tr^s  connus. 


DU  XIV  SIECLE.  381 

«1  lôinéc  et  son  école,  la  médecine  par  Ilippocrale  cl  (ia- 
u  lien.  Il  se  base,  dans  sa  théologie,  snr  la  Iradilion,  en  la 
«sonniellanl  à  l'examen  de  la  ])hilosopliie.  C/esl  lui  rpii  a 
«donné  la  meillenre  e\plicalion  de  la  prophétie,  el  c'esl 
«  lui  qui  a  condwtlu  avec  succès  les  idées  (ranlhiopo- 
«  morphisme  en  vogue  ;'i  son  époque.  Notis  avons  vu  des 
«  l(>llres  de  tous  les  points  de  la  terre,  dans  lesquelles  on 
«  l'attaquait,  lors  de  laprcîmière  dispute,  surtout  parce  qu'il 
«niait  l'idée  qui  attribue  à  Dieu  mesure  et  ligure'.  Le 
«poète  Kn  Vidas"'*  dit  en  elhît  d(*  ses  contiMuporains  en 
«  Kspagne  qu'ils  connaissent  la  mesure  (hi  Créateur,  mais 
«  (pi'ils  ne  la  ])roclament  pas,  de  peur  d'être  considérés 
M  comme  nu'créants.  Moïse  JNahmanide'  dit  également,  dans 
«sa  lettre  apologétique,  que  Maimonide  est  celui  qui  a  le 
•  plus  contribué  à  renverser  les  idées  anthroponu)rphi([ues. 
«  De  fait,  dit  ledaïah,  si  cette  idée  n'existe  plus  parmi 
<'  nous,  c'est  .à  l'étude  de  la  philosophie  que  nous  le  devons. 
«Nous  voyons  par  la  lettre  à  nous  adressée,  continue-t-il, 
«que  vous  ne  défendez  que  l'étude  de  la  philosophie  na- 
«  turelle  et  des  sujets  qui  s'y  rattachent,  tandis  que  vous 
«  permettez  la  médecine,  parce  que  la  Loi  n'y  est  pas  con- 
«  traire.  Les  mathématiques  ne  sont  pas  mentionnées  non 
«  plus  parmi  les  études  défeudu(îs,  sans  doute  parce  qu'elles 
«ne  sont  pas  nuisibles  à  la  loi;  en  outre,  les  docteurs  tal- 
«  mudiques  ont  recommandé  ces  études  pour  le  calcul  de 
«la  nouvelle  lune.  Maître,  s'écrie  ledaïah,  c'est  la  Thora 
«(l'étude  en  général)  que  nous  avons  besoin  d'apprendre. 
«  Donnez  une  solution  claire  aux  doutes  que  voire  inter- 
«  diction  a  fait  naître;  car,  dans  les  branches  des  études 
«permises,  il  y  a  aulant  de  dangers  pour  la  foi  que  dans 
«les  autres.  L'astronomie,  par  exemple,  entraîne  à  l'astro- 
«logie,  qui  peut  conduire  à  l'idolâtrie,  et,  quant  à  la  mé- 

'  ledaïaii  fnit  allusion  au  traité  cabba-  Voir /fut.  litt.  de  la  France ,  t.  XWll , 

listlquc  intitulé  DDlp  Tl^C,  et  proba-  p.  728  et  suiv. 

blcment  à  une  réponse  de  Maimonide.  '  C'est  Moïse,   fils  de  Nahinan,  qui 

Voir  Steinsclineider,   Catal.   libr.   hebr.  disputa  contre  PaulusCbiistianus.  (fyls^ 

Bodl,  col.  1909,  n"  a4.  lilt.  de   la  France,  t.  XXVII,  p.  536  et 

'  C'est    MeschuUam    ben-Salomon.  65o.) 
2  7 


\:\    Mi.iii.K. 


XI»    MECLE. 


II  Chr 


382 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Eiode,  X  ,  }3. 


Hist.  litt.  de  1* 
France,  t.  XXVU, 
p.  691. 


«decine,  si  l'on  s'adresse  à  un  homme,  c'est  qu'on  n'a 
«pas  une  pleine  confiance  en  Dieu.  Ainsi  le  roi  [Asa]  fui 
«  blâmé  par  le  piropliète  de  ce  qu'il  n'avait  pas  interrogé 
«  lahvé  quand  il  était  malade,  au  lieu  de  consulter  les 
«  médecins;  c'est  pourquoi  les  rabbins  ont  approuvé  le 
«roi  Ezécliias  pour  avoir  caché  les  livres  de  médecine.» 

ledaïah  explique  ensuite  la  méthode  que  l'on  emploie 
dans  l'école  à  laqu<ille  il  appartient  pour  expliquer  les  pas- 
sages agadiques.  Bref,  ledaiali  prie  Salomon  ben-Adrét  de 
se  désister  de  l'excommunication  :  1°  pouir  l'honneur  de 
Maimonide,  dont  on  continuera,  malgré  toutes  les  défenses, 
d'étudier  les  ouvrages  soit  de  philosopliie  soit  de  tliéologie 
dogmatique;  2°  pour  l'honcieuT  de  ben-Adret  même,  puis- 
qu'on transgressera  sa  défense,  en  faveur  de  Maimonide; 
3°  pour  l'honneur  de  la  Provence,  où  était  et  est  encore 
le  siège  de  la  Loi  et  où  le  peuple  est  croyant,  —  surtout 
pour  l'honneur  de  Montpellier,  la  grande  ville  savante. 
«Il  est  sûr,  dit  ledaïah,  que  si  Joeué  fds  de  Nun  venait 
«  dire  aux  Provençaux  de  la  génération  actuelle  <le  ne  pas 
«  étudier  les  livres  de  Maimonide,  il  ne  réussirait  guère;  car 
«  ils  ont  la  ferme  intention  de  sacrifier  leur  fortune  et  même 
«  leur  vie  pour  défendre  les  livres  de  Mainaonide.  Les  pères 
«  recommanderont  aux  fils  de  faire  de  même.  Pourquoi 
«  alors  continuer  la  lutte ^  puisque  vous  n'avez  réussi  jusqu'à 
«  présent  par  aucun  moyen?  Vous  avet  accompli  votre  de- 
«  voir  sans  avantage;  il  faut  donc  abandonner  la  position  et 
«  faire  plutôt  la  paix  avec  les  savants  de  la  Provence.  Alors 
«  il  y  aura  lumière  pour  tous  les  enfants  d'Israël  dans  leurs 
«  demeures.  » 

Il  est  probable  que  Salomon  ben-Adret  n'a  jamais  ré- 
pondu à  cette  belle  lettre,  qui  fut  écrite  probablement  peu 
de  temps  avant  le  décret  d'expulsion  d«  1 3  06.  La  lettre  faisait 
partie,  à  en  juger  par  quelques  manuscrits,  de  la  collection 
des  lettres  d'Abba-Mari. 

VJI.  o"7iy  nrna,  «Examen  du  monde»,  livre  de  sentences 
morales,  en  37    chapitres,   composé  probablement  après 


DU  XIV  SIÈCLE. 


383 


XIV*  SiècLE. 


l'expulsion  des  juifs  en  i3o6,  comme  l'indique  le  onzième 
chapitre ,  dans  lequel  ledaïah  exprime  ses  sentiments  sur  les 
malheurs  de  l'exil. 

Nous  ne  savons  sur  quelle  autorité  M.  Joseph  Weisse  se 
fonde  quand  il  dit,  dans  sa  préface  à  l'édition  de  ce  livre  par 
M.  Stern,  que  notre  traité  fut  composé  en  1298,  à  moins 
qu'il  n'ait  été  trompé  par  la  confusion  que  David  Gans  a  com- 
mise. Ce  chroniqueur  dit  :  «Jacob  de  Béziers  était  un  grand 
«  savant  pour. ce  qui  concemeda  Thora,'et  il  a  formébeau- 
«  coup  d'élèves.  Il  était  le  plus  grand païtan  (auteur d'hymnes) 
«de  son  temps,  et  il  acomposé  le  livre  ha-Bedersi,  appelé 
«  l'Examen  du  monde.  Il  vivait  à  Barcelone  en  6o58=  1398.  » 
M.  Weisse  observe  avec  justesse  que  Gans  a  confondu  ici 
deux  écrivains  de  Béziers,  savoir  noire  auteur  et  Jacob,  fds 
de  Moïse  ibn-Aksai  ('ncjï,  'Dxay?),  le  traducteur  du  com- 
mentaire arabe  de  Maimonide  sur  la  section  Naschim  (pré- 
ceptes concernantdes  femmes)  de  la  Mischna,  traduction 
achevée  en  1298  à  Huesca.  Salomon  ben- Adret  tenait  les 
deux  auteurs  en  grande  estime,  comme  on  peut  le  voir 
par  la  lettre  adressée  à  Jacob  sur  sa  traduction,  et  par 
l'insertion  de  la  lettre  apologétique  de  ledaïah  dans  le  vo- 
lume de  ses  réponses.  M.  Weisse  a  pris  la  date  de  1298, 
qui  se  rapporte  à  la  traduction  de  Jacob,  pour  la  composi- 
tion de  l'Examen  du  monde  par  ledaïah. 

Voici  d'ailleurs  le  passageitiré  de  l'Examen  du  monde  qui 
se  rapporte  aux  misères  de  l'exil  :  «  Maudits  ceux  qui  t'ont 
«  chassé,  pour  que  tu  n'eusses  pas  de  part  dans  l'héritage  des 
«saints,  des  rochers  d'où  tu  as  été  taillé;  qui  t'empêchent 
«  de  jouir  de  l'assemblée  des  vivants  qui  t'ont  nourri,  si  bien 
«  que  les  cavernes  des  lions  sont  devenues'ta  demeure  M  » 

Et  plus  loin,  apostrophant  un  renégat,  ledaïah  dit  : 
«  Sûrement  la  gloire  que  tu  tires  de  ton  argent  ne  sera 
«pas  durable;  encore  un  peu,  et  le  mauvais  esprit  envoyé 
«par  Dieu  viendra  dissiper  tes  richesses,  de  sorte  que  les 
«  5o,ooo  pièces  d'or  pour  lesquelles  tu  as  vendu  ton  àme 


Grsetz, 
der  Juden , 


Gesch. 
p.  168. 


Voir  ci-dessu:>, 
,  363-364. 


Scmuli 
,58'. 


Da\Kl. 


Voir  ci -dessus, 
p.  38a. 

Voir  ci-dessus, 
p.  36 'i. 


[saie ,  M ,  I . 


'  Allusion  à  la  demeure  de  tedaïali  [Hist.  Ult.  de  la  France,  t.  XXVIi,  p.  708). 


\U     SIKCI.E. 


384  I.ES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  (lisparaîironl.  Les  vicissitudes  du  temps  t'enlèveront  la 
«  grâce  (;1  l'honneur  de  ta  tête.  Le  feu  de  Dieu  descendra  et  te 
«  consumera  loi  avec  tes  cinquante.  »  (Jeu  de  mots  siu*  Tccn; 
comp.  11  Jîois,  II,  10-12.) 

L'I'Aamcn  du  monde  obtint  parmi  les  juifs  un  grand 
succès,  à  en  juger  d'après  le  nond)re  de  manuscrits  qu'on 
en  troiue  dans  les  bibliothèques  el  d'ajjrès  les  éditions, 
traduclions  et  commentaires  qu'il  a  provoqués.  M.  de  Sacy 
a  donné  de  ce  livre  une  analyse  étendue  dans  le  Magasin 
encyclopédi(|ue,  tome  III  de  i8o8,  |).  3i5  à  357.  ''  ''s' 
impossible  de  mentionner  tous  les  manuscrits  que  pos- 
sèdent l(!S  bibliolhè([ues,  ainsi  que  toutes  les  éditions  qu'on 
en  a  faites  dans  les  différents  pays;  nous  en  donnerons 
une  liste  apj)ro.\imative  d'après  les  ouvrages  bibliogra- 
plii(pies. 

Parlons  d'abord  des  manuscrits.  Le  titre  le  plus  fréquent 
est  c'7'ii*  Prn2,  «  Examen  du  monde  »;  on  trouve  aussi  nrna  njN 
D*?!»,  ou  ohrj  nrna  nOND,  ou  on"?  CDC?  niix  el  en'?  cdd,  mots  par 
lesquels  le  traité  commence.  Ce  dernier  titre  est  mentionné 
dans  le  commentaire  d'Emmanuel  de  Lattes,  dont  nous 
parlerons  plus  loin.  Le  manuscrit  de  Paris  'i  i6,  6,  ])orle  la 
suscriplion  suivante  :  max  tD"i:i3:N  icmsn  iiicon  bMin  n:nn  msN 
nh^y  ni^'na  nxipjn,  «  Lettre  du  grand  savant  le  poète  de  Béziers 
«nommé  En  Bonet  Abram,  intitulée  l'Examen  du  monde  n. 
Ce  manuscrit  contient  le  commentaire  anonyme  de  l'édi- 
tion de  i484  (le  même  commentaire  se  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Hambourg  296,  2,  et  dans  le  manuscrit  de 
la  Casanalcnsis  à  Rome,  l,  vu,  16,  3).  Le  texte  est  intitulé 
"le^nna  pc?"?,  «texte  de  Bedersi»,  et  le  commentaire  'wma'r, 
»  commentaire  sur  Bedersi  ».  Le  manuscrit  de  Paris  692 ,  2 , 
porte  la  suscription  suivante  :  îinr:3  c?-naD  n^yn^  -i"?  ahix  nrna 
^c^s  nabo  '7'7aa  'ivh  pM-'iib^  «  Examen  du  monde  par  R.  ledaïah 
Cl  de  Béziers,  endroit  situé  dans  la  province  de  Languedoc, 
«  qui  se  trouve  dans  le  royaume  de  France  ». 

Le  manuscrit  de  Paris  n"  661,  4,  porte  le  titre  suivant  : 
c^Jia:»  TJic'Dn  hinn  oann  id^  "ic?n  vzi  :i:yp  Kini  can'?  D'oe?  NipJ  n» 
o'îiy  rjina  xipj  Nini  maN,  «  Ce  traité  s'appelle  5c/trtniajim  laroiim; 


I'.  08  <l  sulv. 


DU  XIV  SIECLE 385        „,.„è„,,. 

«  on  pourrait  l'appeler  les  délices  de  l'àiTie;  composé  par  le 
«  grand  savant  et  poète  En  Bonet  Abrani;  on  le  nomme  Exa- 
«  men  du  monde.  »  Enfin  le  manuscrit  de  Turin  n°  1 1 9  porte 
comme  suscription  les  mots  suivants  :  ip""  1233  ncxo  oh^y  nrna 
cïmaK  13  U'jsn  n^si^  'i  nonn  nan  rV'jsi  nix'SDn  njian  in3D  nj^Von 
ri  Dn-i3NDN:i3  îK  ■'0-113,  «  Exauien  du  monde,  traité  excellent, 
«  en  belle  prose  cadencée,  qui  explique  la  nature  de  l'exis- 
«tence  et  ses  règles,  composé  par  le  savant  ledaïali  Happe- 
»  nini  fils  d'Abraham  Bedersi,  En  Bonet  Abraham;  que  sa 
«  mémoire  soit  bénie!  » 

Nous  énumérerons  maintenant  les  principales  éditions  de 
l'Examen  du  monde.  H  en  est  que  nous  avons  pu  voir  nous- 
mêmes;  nous  avons  trouvé  les  autres  mentionnées  dans  le  ca- 
talogue des  livres  imprimés  de  la  Bodléienne  par  M.  Stein-      ^°'  ''*■' 
Schneider,  dans  celui  du  musée  Britannique  par  M.  Zedner,       ''  ■'"*• 
dans  celui  de  la  bibliothèque  Rosenthal  à  Amsterdam  par  feu       ''  •''^* 
M.  Rœst,  et  dans  l'ouvrage  bibliographique  de  M.  Benjacob. 

1°  La  première  édition  du  traité  a  paru  sous  le  titre 
de  c'jlyn  ryn3  nNip:n  cm^^e  cjn:»  ...  oinn  m3n  mjN,  «  Lettn; 
«composée  par  le  savant  .  .  En  Bonet  Abraham,  intitulée 
«  Examen  du  monde  »,  sans  indication  de  lieu  ni  de  date 
d'impression;  les  bibliographes  disent  qu'elle  a  été  impri- 
mée à  Mantoue  entre  1476  et  i/i8o.  L'imprimeur  fut  une   ,.  ^',T?r!"'*'''*'- 

r  i-        11-  '  I' A  1        I  /^  1  1)    .  1        I        tatal.  Bihl.  B<)di. , 

lemme,  Estelhna  épouse  cl  Abraham  Lonath,  avec  laide  de    roi.  1263  eisuiv. 
Jacob  Lévi,  Provençal, de  Tarascon.  —  2°  La  deuxième  édi- 
tion a  été  publiée  à  Soncino ,  1 48  4 ,  sous  le  même  titre  et  avec 
un  commentaire  anonyme,  qui  se  trouve  également  dans 
le  manuscrit  de  Paris   n"  261,  6.  Le  manuscrit  de  Paris 
n"  1  20 1 ,  6,  qui  renferme  cette  édition,  porte  en  marge  des 
notes  manuscrites,  signées  d"'  (Isaïe  de  Messine)  et  ]'k'u  (?). 
Les  autres  éditions  ont  paru: —  3°  en  i546,  sans  indication 
du  lieu  de  l'impre-ssion;  —  4°en  1 55 1 ,  à  Ferrare,  sous  le  titre 
de  ch^y  nmaiso,  avec  les  commentaires  de  Moïse  ibn-Habib 
et  Jacob  Francès; —  5°  en  i556,  à  Mantoue,  sous  le  même      j^œ*'.  <^a'a'- 1. 
titre  et  avec  le  même  commentaire;  —  6°  en  iSgi,  à  Cra-   d'impres'Jioù ).""'' 
covie,  sous  le  titre  de  ob^y  rrna  nNip:n  ...  on"?  cnv  mjN;  cette 
édition  est  accompagnée  du  commentaire  anonyme  qui  se 

TOME  X.IXI.  \r^ 

2.     1    -fr  tvpKttfiaii    :tATioiALt. 


ITT*8liCLB. 


386 


LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Steiiischoeidcr 


].c. 


Ibid. 


CaUl. 
cher. 


Rtest,  p.  S43. 


Zedner,  CaUl. 
M119,  Br.  ,p.  3 14. 


Otsar 
rim,    8*. 


trouve  dans  la  deuxième  édition;  —  7°  en  1698,  à  Prague, 
sous  le  titre  de  o'îiy  rirna  ")dkd,  «Traité  des  Examens  du 
monde»,  avec  des  commentaires  de  Yom-Tob  [Lipman 
Heller,  né  en  1679];  —  8°  en  161.  ?  à  Prague?  in-8°  avec 
le  titre  du  n°  6;  —  9°  en  1 6 1 4 ,  à  Lublin  in-8°,  sous  le  titre 
du  n"  4;  —  10"  en  1629,  à  Paris,  avec  d'autres  traités  de 
morale;  l'édition  porte  le  titre  français  suivant  :  «  L'Examen 
«  du  monde,  sentences  morales  des  anciens  Hébreux,  et  les 
«  treize  modes  desquelles  ils  se  servoient  pour  interpréter 
«  la  Bible,  traduicts  en  françois  par  Ph.  d'Aquin  »  [dédié  à 
Richelieu];  —  1 1"  en  i65o,  à  Leyde,  avec  une  traduction 
latine  par  A.  Uchtmann;  le  titre  latin  est  le  suivant  :  Exa- 
Menba-  iiien  iHundi ,  R.  J.  Badreshitœ  :  latina  interpretadone ,  etc.;  — 
12°  en  1704,  à  Venise,  avec  un  commentaire  de  S.  Mor- 
purgo;  —  1 3°  en  1789,  à  Berlin,  avec  un  commentaire  de 
Joseph  de  Lissa;  —  1 4°  en  1741,  à  Zolkiew,  avec  un  com- 
mentaire de  David  ben-Zebi  Hirsch  et  des  extraits  de  celui  de 
Ibn-Habib;  —  i5°  en  1743,  à  Sulzbach,  avec  une  traduc- 
tion allemande  (en  caractères  hébreux)  par  Isaac  Auerbach; 

—  16°  en  1768,  à  Dyhrenfurt,  avec  le  commentaire  de 
Joseph  de  Lissa;  —  i7°eni770?  réimpression  de  l'édition 
précédente  à  Fûrth,  in-i  2  ;  —  18°  en  1 786,  à  Prague,  avec 
le  commentaire  d'Elie  D'3»n  (Hechingen);  —  19°  en  1791, 
à  Vienne  (Autriche),  avec  un  commentaire  de  Moïse,  fils 
de  Mardochée  Galante,  le  jeune;  —  20°  en  1792,  à  Franc- 
fort-sur-f  Oder,  avec  un  commentaire  d'Éléazar  fds  de  Salo- 
mon;  —  21°  en  1792,  in-12,  à  Sklov  (Pologne),  avec  un 

hassefa-  commentaire  de  Jacob  Balschewitsch;  —  22°  en  1795,  à 
Grodno  (Pologne),  avec  le  commentaire  de  Jacob  fils  de 
Nahum  ;  —  23°  en  1 796 ,  à  Prague,  les  1 1*  et  1 2*  chapitres 
seulement,  avec  une  traduction  allemande  (en  caractères 
hébreux)  de  Mendelssohn  et  le  commentaire  de  Moïse  Kunitz; 

—  24°  en  1 796,  à  Vienne  (Autriche),  avec  le  commentaire 
du  même  Moïse;  —  25°  en  1797,  à  Brûnn  (Moravie),  avec 
le  commentaire  de  Joseph  de  Li^a;  —  26°  en  i8o3,  à 
Francfort-sur-l'Oder,  avec  une  traduction  allemande  et  un 
commentaire  par  Hirsch,  fils  de  Meïr;  —  27°  en  i8o4,  à 


DU  XIV  SIECLE. 


387 


\n'  sticLt. 


Vienne,  avec  le  commentaire  de  Moïse  Galante  le  jeune; 
—  28°  en  1806,  avec  traduction  anglaise  de  T.  Goodman, 
Londres,  in-8";  —  29°  en  1807,  à  Dessau,  in-8°,  avec  tra- 
duction allemande  de  Joël  fds  de  Joseph  Faust  ou  Wust 
(  DwiKn)  ;  —  3 0°  en  1 807,  à  Fûrth,  avec  traduction  allemande 
[de  S.  Hamburger  et  C.  Schwabacher]  et  un  commentaire 
en  hébreu  [de  D.  Ostensosser] ;  —  3i°  en  1808,  à  Metz, 
in-8'',  avec  le  titre  «  L'Appréciation  du  monde,  ouvrage  tra- 
«duit  de  l'hébreu,  par  Michel  Béer»;  —  32°  en  i8i4,  à 
Vienne  (Autriche);  —  33°  en  181 5,  avec  le  commentaire 
du  n°  7  ;  —  34°  en  182 1,  à  Fùrth,  in-8°  réimpression  du 
n°  29; —  35°  en  1824,  à  Sonderhausen ,  in-8°,  avec  tra- 
duction allemande  de  J.-J.  Levy;  c'est  une  réimpression  du 
n°  23;  —  36°  en  i838,  à  Berlin,  avec  la  traduction  alle- 
mande de  J.  Hirschfeld;  —  37°  en  i846,  à  Varsovie,  in-8°, 
avec  une  traduction  polonaise  de  J.  Tugendhold;  —  38°  en 
1862,  à  Vienne,  in-8°,  avec  une  traduction  allemande 
rimée  de  M.  S.  Stem,  précédée  d'une  introduction  biogra- 
phique en  hébreu  par  M.  J.  Weisse;  —  39°  en  1862,  à 
Wilna;  —  4o°  en  i855,  à  Lemberg,  in-8°,  avec  un  com- 
mentaire en  hébreu;  —  4i°  en  i856,  à  Lemberg,  avec  le 
commentaire  de  L.  Heller  et  d'un  anonyme;  —  43°  à  Lyck, 
1 864  ;  —  43°  dans  le  premier  tome  de  la  collection  rosn  noo 
hHiv\  «  Livres  de  la  sagesse  d'Israël  »,  publiée  par  M.  David 
Slucki.  Enfin  un  fragment  d'une  édition  inconnue  parait 
se  trouver  en  possession  de  M.  Harkavy.      î.  ,;  1 

Telles  sont  les  éditions  dont  nous  avons  pu  recueillir  la 
mention  dans  les  livres  de  bibliographie  et  les  catalogues 
modernes;  mais,  sans  doute,  nous  n'avons  pas  épuisé  la  ma- 
tière. M.  Benjacob  compte  quarante-deux  éditions  avec  ou 
sans  commentaires,  outre  celles  qui  figurent  sous  des  titres 
créés  par  les  commentateurs. 

Quant  aux  commentaires  inédits  de  l'Examen  du  monde, 
nous  devons  mentionner  en  premier  lieu  celui  d'Isaac  Mon- 
çon  ou  Monzon,  cité  déjà  par  Ibn-Habib ,  découvert  et  acquis 
dernièrement  par  M.  A.  Harkavy,  bibliothécaire  à  Saint- 
Pétersbourg.  M.  Harkavy  a  bien  voulu  nous  communiquer 

À9. 


Voir  ci -dessus, 
p.  364. 

Voir  ci -dessus, 
p.  3«6,  n"  7. 


Page  suivante. 


XI**  siicM. 


388  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

quelques  passages  de  ce  précieux  ouvrage.  En  voici  le 
commencement  :  ns  ae?vn  ■•tidd  pcsDaïc  naiocn  aniax  p  pns'»  -)Cn 
Q'yire?  iy  it  ns'rna  D''jjynDn  omnan  TKie/  no"?  K^Vpo'N  'k  ^D1p^D  m'sn 
msD  d'72N  nny^T»  nnim  njoo  pm  Dabi  nnas  Dn^rirDG73i  Dn-iBa  hd  hs  nniK 
"?»  a"?  icw  hoh  mrnn  -iddh  naia  (ms.  oa"?)  nan"?'  nn  moi'jD  oTiN 
nsn  pNE?  no  mis  ■''ra  noina  niNDii  nni^an  «-"n  ne?x  nm»  'jxi  rT'nro'JD 
DBinn  DHC?  on"?  ^N^3  d-iji:»  nann  ns^'jcn  nma  nvna  nt"?  »iii2t5  nan"?  nVi:"" 
natna  nta  lac/n  a"3  pjy"?  ixa  o'^ia  Sax  p  li^Ki  nnx  ]'':y  D'>3^^^  i*?»»  ]wh 
Ti'jDn  "«aK  rfaa  Tiyxn  ^it(^  nnoxon  '7SK  mpoa  Ve:»  idi*?  mxt  pxi  Q■'^DKO 
■"DND  noxD  n:iN3Ki  mano  njiia  x^n  -ic;x  nmis  nixin*?!  mcan  'rSaV  rriSy 
na  nin:n  Di'7c;n  ny.  «  Isaac  fils  d'Abraham,  surnommé  Monte- 
ison,  l'Espagnol,  demeurant  à  Syracuse  en  Sicile,  dit  que, 
«  ayant  vu  que  la  jeunesse  éprouve  un  vif  plaisir  à  lire  ce 
«  traité ,  à  tel  point  qu'elle  le  sait  ])ar  cœur,  mais  qu'elle 
«ne  le  comprend  pas  toujours  à  fond,  si  bien  que,  dans 
«beaucoup  de  ])assages,  c'est  un  livre  scellé  pour  elle,  il 
«s'est  décidé  à  faire  lui  commentaire  sur  chaque  chapitre, 
«pour  que  tout  devienne  intelligible,  et  qu'on  ne  considère 
«  pas  ce  traité  comme  un  simple  jeu  d'esprit.  »  Nous  ne  savons 
pas  si  Isaac  a  été  le  premier  commentateur  du  livre  de  le- 
daïah,  ou  s'il  cite  des  devanciers;  il  faut  attendre  la  descrip 
tion  détaillée  de  ce  manuscrit  que  M.  Harkavy  ne  tardera 
pas  sans  doute  à  donner.  A  la  fin  on  lit  ce  qui  suit  :  d^dji  on 
|')Mf<  ay  nxra  dju  x''nax'7p  c;xn  i'yi  no  rSoa  c/in*?  fc^  "i  mi  oViy  'jx'j'îx 
ni'>Tfh  cnpn ,  «  Achevé  le  mercredi  1 1  kislev  à  Reggio  de  Ca- 
«  labre,  en  l'année  5269  (24  novembre  i5o8)  ».  Le  texte  se 
trouve  en  marge  et  est  d'une  autre  main  que  le  commen- 
taire. Ce  commentaiire  est  relié  avec  un  fragment  d'une  édi- 
tion qui  contient  le  commentaire  d'Ibn- Habib,  et  que 
M.  Harkavy  croit  avoir  été  imprimée  à  Gonstantinople  (ou 
à  Salonique);  cette  édition  est  d'ailleurs  inconnue  de  tous 
les  bibliographes. 

Les  autres  commentaires  que  l'on  possède  ont  pour  au- 
teurs :  r Jacob  (de  Fano?),  à  Oxford  ms.  n°5o2,  4;  2°  Léon 
(de  Mantoue) ,  à  Oxford  ms.  n°  i4o4,  2;  à  Paris,  n"  i85,  4, 
ctai.  vindob..   et  à  Vienne,  n°  85  (dans  les  catalogues  on  attribue  à  tort 
I.  p-  '01.  çg^  ouvrage  à  Léon  de  Bagnols);  3°  Isaac  fils  d'Emmanuel 


XIV*    SIÈCLE. 


DU  XIV  SIECLE.  389 

(le  Lattes  le  jeune  (xvi"  siècle);  nous  lisons  dans  la  préface 

les  mots  suivants  :  Ssni  . . .  ruiarn  d'»  msf'jDa  rm"?  Sin  ^"72x1  ^2itt  T-ys 

pnxjj'"'?  njnD3  ma  T'y  «••ni  y'jon  mViD  ynx  do  H>y  "«cnna  Ntipi  ponn 

pnKJj'"?  yiKD  îiTTie;!  "'nnDe;t3  acri  "«maN  m'jio  yiK  c;NaN'7  -l'y"?  nnocn 

3n3D3  lEcn  p'rnnn  'D3  an"?  0"'De>  1mK^po  v•'^  KS3''inD  niaVoD  rnx  nr-o 

iicVnn  naoD  ce?  PNnpa  :  «  Je  suis  trop  jeune  pour  descendre 

«dans  les  profondeurs  de  la  mer  de  l'intelligence.  .  .  Ce 

«  poète  est  appelé  ordinairement  Bedersi  d'après  sa  ville 

«natale,  qui  est  Béziers  dans  la  province  de  Languedoc, 

«près  de  la  ville  de  Lattes,  ville  natale  de  ma  famille.  Les 

«  deux  villes  sont  en  Languedoc,  dans  le  pays  de  Provence. 

M  II  y  a  des  personnes  qui  donnent  pour  titre  à  ce  livre  les 

«mots  Dn'jD'Dc*,  d'après  le  commencement  de  l'ouvrage; 

«  telle    est  l'habitude  pour  les  titres  dans  les  traités   du 

•  Talmud.  »  Le  commentaire  lui-même  débute  par  les  mots 

suivants  :  ns  ■•'jcca  n  y  noVc?  -itHV  piccn  ]:  vi^i  nno  'i3i  on"?  d'^dc; 

4°  Matathias  ben-Abraham  Alatrino  de  Castelli,  en  Italie;  ce 

commentaire,  composé  en  l'année  3:i4  (i564),  se  trouve 

dans  les  manuscrits  de  Rossi,  n°  88,  et  Schônblum,  n"  9 

(maintenant  à  la  Bodléienne,  hcbrew,  e.  i5).  Il  existe  enfin 

un  commentaire  anonyme  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit      Catai.,  i885. 

de  Munich  3i5,  6.  L'auteur  explique  les  expressions  de 

ledaïah  à  f  aide  du  dictionnaire  de  David  Qimhi;  il  cite  aussi 

plusieurs  fois  le  commentaire  sur  Job  par  Lévi  ben-Gerson; 

il  ajoute  des  gloses  en  arabe  et  en  une  langue  vulgaire  {^^^^) , 

qui  nous  paraît  être  l'italien. 

Nous  avons  mentionné  les  traductions  latines,  françaises 
et  allemandes.  Une  traduction  italienne  a  paru  dans  le  pé- 
riodique Mose,  Antolo(jia  israelitica,  Corfou,  4*  année  (1 880) , 
p.  334  et  suiv. 

On  voit  l'immense  faveur  dont  a  constamment  joui  dans 
le  monde  Israélite  l'œuvre  du  poète  de  Béziers.  C'est  en  vain 
qu'on  chercherait  dans  une  traduction  les  qualités  et  les  dé- 
fauts d'une  pareille  œuvre.  M.  de  Sacy  a  montré  combien  Magasin  ency- 
une  traduction  est  impuissante  à  donner  le  caractère  de  ce  ['"ui'*"'""' 3,^°  el 
style  bizarre,  plein  de  boursouflure  et  d'amphigouri  systé- 
matique :  «  Cette  obscurité  que  l'on  remarque  dans  le  Bechi- 


SUIV. 


x,»'MÈc.,E.       390  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  nat  Olam,  et  que  l'on  observe  dans  la  plupart  des  composi- 
«  tions  élégantes  des  écrivains  juifs,  vient  principalement  de 
«  l'usage  où  ils  sont  d'employer  une  multitude  d'expressions 
«empruntées  à  la  Bible,  expressions  dont  la  valeur,  même 
«dans  les  passages  du  texte  sacré  où  elles  se  trouvent,  est 
«  incertaine.  Pour  entendre  les  auteurs  modernes  qui  en  font 
«  usage,  et  qui  affectent  souvent  de  mêler  de  préférence  dans 
«leur  style  celles  qui  sont  les  moins  usitées  et  que  leur 
«  fournissent  le  Cantique  des  Cantiques,  les  Proverbes, 
«  l'Ecclésiaste  et  le  livre  de  Job,  il  faut  se  rappeler  de  quel  en- 
«  droit  de  l'Ecriture  sont  empruntées  ces  locutions  obscures, 
«  elliptiques,  contraires  à  l'analogie  grammaticale  ou  d'une 
«  significalion  incertaine.  Mais  ce  n'est  pas  assez;  il  faut 
«  encore  connaître  les  diverses  interprétations  que  leur 
M  donnent,  dans  cet  endroit  des  Livres  saints,  les  lexico- 
«  graphes  et  les  commentateurs  juifs.  »  M.  de  Sacy  fait  ob- 
server avec  justesse  que  les  écrivains  arabes  jouent  de  même 
avec  lé  Coran  et  que  les  Pères  de  l'Eglise  latine  se  donnent 
avec  le  texte  de  la  Bible  les  mômes  libertés.  Du  moyen  âge,  il 
ne  cite  que  l'auteur  de  l'Imitation,  qui  est  peut-être,  à  cette 
époque,  l'écrivain  chez  lequel  le  défaut  en  question  est  le 
plus  atténué. 

La  peine  que  l'on  serait  obligé  de  se  donner  pour  ne  pas 
faire  disparaître  dans  une  traduction  ce  genre  d'ornements 
de  faux  goût,  que  sûrement  l'auteur  regardait  comme  des 
beautés,  ne  serait  pas  suffisamment  justifiée  par  l'intérêt 
du  fond.  Les  idées  de  ledaïah,  assez  vraies  si  l'on  veut,  ont 
quelque  chose  de  banal.  Ses  chapitres  sont  des  Essais  de 
morale,  qui  apprennent  peu  de  chose,  et  qui  n'ont  pas, 
comme  les  écrits  du  même  genre  composés  en  français  au 
XVII*  siècle,  l'excellence  du  style  pour  les  relever.  Les  traits 
de  circonstance  y  sont  rares;  nous  ne  pouvons  prendre 
comme  un  trait  de  ce  genre  l'assertion  banale  chez  un 
israélite  que  les  malheurs  d'Israël  sont  la  suite  de  ses  pré- 
varications. Ce  à  quoi  ressemblent  le  plus  ces  compositions 
des  moralistes  juifs  du  xiii'  et  du  xiv*  siècle,  ce  sont  les  trai- 
tés des  taoralistes  arabes  du  xi"  et  du  xii*  siècle,  les  Colliers 


f^Uj        DU  XIV  SIÈCLE. 


391 


XIV*  SIÈCLE. 


d'or  de  Zamakhschari  par  exemple.  Le  style  arabe  est  as- 
surément bien  supérieur  à  l'imitation  mal  entendue  qu'en 
firent  les  rabbins;  mais  le  principe  littéraire  est  bien  le  même 
de  part  et  d'autre.  Le  monde  sémitique  n'a  connu  que  dans 
la  haute  antiquité  hébraïque  un  style  sobre,  ferme,  brillant 
sans  enflure.  La  qualité  exprimée  par  le  mot  y'jo,  «  élo- 
«  quent  » ,  au  sens  où  l'entendirent  les  écrivains  arabes  et  juifs 
du  moyen  âge,  est  pour  nous  le  pire  des  défauts.  La  nr'jD 
consiste  tout  entière  en  ornements  d'applique,  en  vaines 
recherches,  en  efforts  pour  être  obscur,  qui  ne  réussissent 
que  trop  bien.  Elle  exclut  tout  naturel;  elle  fait  de  l'expres- 
sion de  la  pensée  une  perpétuelle  contorsion,  et  transforme 
la  lecture  en  un  stérile  exercice  de  patience,  comme  celui 
qui  consiste  à  deviner  des  énigmes. 

Vin.  Nous  avons  déjà  parlé  de  la  liturgie  dont  tous  les  Voir  ci-dessus, 
mots  commencent  par  la  lettre  d.  M.  Graelz,  peut-être  avec  ''  cesdiirhic  dcr 
quelque  raison,  attribue  à  notre  auteur  celle  dont  tous  les   Ju^en, vii, p  269. 

1         T  ,       ,  ,  .      .  ,.    .         Hisl.  Iilt.  de  la 

mots  commencent  par  la  lettre  n,  quon  croyait  jusquici    ivancc.  t.  xxvii, 
être  de  son  père.  Ln  effet,  les  manuscrits  diffèrent  sur  ce   p  "'' 
point.  Voici  un  passage  de  cette  liturgie,  qui,  selon  M.Grfetz, 
se  rapporte  aux  souffrances  de  l'exilé  :  «  Mon  ennemi  me 
«  disait  hier  :  Je  détruirai  le  pays  de  ta  demeure,  j'empor- 
«terai  tout  ce  que  tes  ancêtres  ont  amassé;  je  poursuivrai, 
•  j'atteindrai,  je    partagerai,  je   distribuerai    la  promesse 
«de  Dieu.  .  .  O  Dieu,  comment  pourrai-je  voir  la  ruine 
M  de  mes  coreligionnaires?»  M.  Grœtz  pense  que  la  liturgie      Gischioinc  dcr 
dont  chaque  mot  commence  par  h  est  également  de  ledaïah;   ^"^'^"'  ^"^i'- 'fa- 
cette poésie  artificielle,    selon   M.   Graetz,   était  plutôt  la      Hist.  liu.  de  la 
spécialité  de  ledaïah  que  celle    de  son    père.   La   seule 
objection  à  l'hypothèse  de  M.  Grœtz  est  qu'on  est  surpris 
de  voir  ledaïah,  à  un  âge  avancé,  alors  qu'il  avait  passé  par 
de  rudes  épreuves,  se  livrer  à  des  jeux  d'espritaussi  frivoles, 
ledaïah  serait-il  revenu,  dans  un  moment  de  gaieté,  à  ses 
goûts  dejeunesse?  Y  aurait-il  été  stimulé  par  des  amis?  Tout 
cela  est  bien  possible.  De  fait,  il  est  difficile  de  sortir  de  la 
confusion  qui  fait  attribuer  ces  liturgies  tantôt  au  père,  tan- 


|).  717. 


\IV'  MÈCI.I. 

Ili>l.  Iil(.  de  la 
France,  t.  \\\\\, 
p.  717. 


392  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

tôt  au  fils.  Pour  la  liturgie  intitulée  Beth  Kl,  la  même  in- 
certitude règne  dans  les  manuscrits.  Celui  de  Turin, n"  119, 
qui  l'attribue  à  ledaïali,  donne  l'indication  suivante  :  •  Prière 
(I  pour  le  jour  du  grand  jeûne.  »  '• 

IX.  Nous  savons  que  ledaïah  s'est  occupé  de  méde- 
cine, comme  presque  tous  les  savants  juifs  de  son  temps. 
Nous  possédons  de  lui  des  notes  sur  une  partie  du  Canon 
d'Avicenne.  Ces  notes  se  lisent  à  la  marge  de  trois  ma- 
nuscrits de  la  Bodléienne,  qui  sont  les  n"  2100,  2107  et 
2121,  6 ,  du  nouveau  catalogue.  Dans  le  n"  2107,  on  trouve 
le  nom  com|)lel  avec  les  mots  -cf^ian  n'in^  -Dx;  dans  les  deux 
autres  on  donne  seulement  'c-na.  Dans  un  autre  manuscrit 
provenant  du  Yéinen,  qui  appartient  à  M.  Maurocordato, 
et  f(uc  nous  avons  eu  l'occasion  de  parcourir,  on  trouve  des 
morceaux  entiers  formant  une  sorte  de  commentaire  sur 
une  partie  du  Canon,  I,  v,  2,  commençant  par  les  phrases 
suivantes  :  pca  cip'^  n:n  D"  'd  lama  Dmax  '-i3  .t'ïT'  '1  c:nn  idk,  «  Le 
«  savant  ledaïali  fils  d'Abraham,  de  Béziers,  dit  qu'il  y  a  ici 
«  un  doute  » ,  et  Vt  cmaK  la  ^oma  .tït"?  oan"?  n'jxr ,  «  cjuestion 
«traitée  par  le  savant  ledaïah».  L'ouvrage  entier  se  trouve 
dans  le  manuscrit  de  Parme,  de  Rossi,  53 1  (manuscrit 
imparfait),  et  dans  celui  de  l'Escurial,  G.  III,  9,  fol.  92. 
11  consiste  en  questions  et  réponses.  Voici  le  commencement 
du  manuscrit  de  l'Escurial  :  naya  >©-n3  K-ip:n  u'ion  n^yr  icn 
TiDyBC?  OïD  '•j-y  mN"»;  Ki'o  p  »iiDi'7''Bn  can"?  yiT'n  hkist  S'Jian  hMin  ^DDl^  hs 
piDTa  V^nnKi  ■■•  nx'jEion  vrmon  iiaiD  "bx  JWicn  lïTOa  ""Dej  nD2;m  iwaiD 
npiVn  pVnm  on'?  ivtt  vied  rcnno  pcxin  'oa  ■''7  nxc:  ne?x  ri'jNrn 
miD  bs  rncD  iNoa  cr'?iT  pian  nnxi  pjpn  'b^  xnpjn  xinn  bVian  'on  n:icx-i 
n'ya.  «  ledaïah,  fds  d'Abraham,  de  Béziers,  a  dit  :  En  par- 
«  courant  le  grand  livre  de  médecine  du  savant  philo- 
«sophe  Ibn-Sina,  mes  yeux  s'éclairèrent  du  peu  que  j'ai 
«  goûté  de  son  miel  et  mon  àme  se  réjouit  du  peu  qu'elle 
«a  pu  saisir  de  ses  merveilleuses  paroles.  .  .  Je  commen- 
«  cerai  par  les  questions  qui  se  sont  présentées  à  moi  dans 
«  le  premier  des  cinq  livres  du  Canon;  puis  je  continuerai 
1'  par  les  autres  traités ...»  > 


Di;  XIV  SIECLE.  393 


XIV    SIKCI.K 


X.    ledaïah    écrivit    aussi   des  ouvrages  de   philosophie. 
Quelques-uns  de  ces  ouvrages  sont  cités  dans  la  préface  de       DttiOmni.vii. 
Moïse  ibn-Hahih.  On  en  retrouve  la  mention  à  la  fin  de  la    ''  ^"r  Gps.îiîriiu 
préface  du  comineutaire  de  Yom-Tob  '  Heller,  rabbin  de    <in<i  i.itrr,  |..  .ko. 
IVague  et  de  Cracovic,  né  (;n  1679,  mort  en  1681,  et  ([ui       Voir  ridcssu'., 
coni]K)sa  ledit  commentaire  dans  sa  jeunesse.  Voici  le  texte    '\;a,ai' is„,^,  ,.„,.. 
de  Moïse  :  ninn  srsa  inaiD  nxsnnc:  ne  t:  b-m  D3n  n\T  lanon  n?  ';    '''"  '"''"■••  ""  "  ''■ 
nnn  nrcsi  -nvron  nmsn  -lEcaT  -niKH  'rcn  ans  icoai  •»-iiDsypnn  ara  iDDai 
m*?sjnnn  ara  nccai  (psKpn)  îKopn  Vy  vrijcnai  •)r3n'7  mxoai  «ruiCK-in 
a-!  nive?  ns'7nn  osai  -!nnni  ■•Evn  }d  nV'ja  ^c?N.  «  Cet  auteur  était  un 
«  grand  savant  d'après  ce  qu'il  dit  dans  ses  six  ouvrages  phi- 
«  losophiques,  dans  ses  explications  sur  le  Canon  et  surtout       Voir  mirs^ir. 
«dans  sa  lettre  apologétique,  qui  est  du  plus  beau  style.»    ''  ''' 
Les  six  ouvrages  de  philosophie  de  ledaïah  ont  été,  de  la       Ani..  i>r..  vin 
part  de  M.  Munk ,  l'objet  d'une  étude  approfondie.  Les  quatre    il,i'v''jM„!,'L  '"Vipi" 
premiers  se  trouvent  dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque    r  '"j*» 
nationale  n"  984  (Oratoire  119).  C'est  un  volume  in-4°  de 
94  feuillets,  d'une;  très  belle  écriture  rabbinique  espagnole 
ou  plutôt  provençale.  Il  ne  porte  pas  de  date;  à  en  juger 
par  l'aspect  extérieur  et  par  l'écriture,  il  ne  remonte  pas 
au  delà  de  la  seconde  moitié  du  xv*  siècle.  Ce  volume  ren- 
ferme cinq  écrits  de  ledaïah,  tous  relatifs  aux  sujets  ordi- 
naires de  la  scolastique  juive. 

Le  premier  est  intitulé  nmn  ana.  Livre  de  la  connaissance, 
ou  Traité  de  l'intellect.  Ce  traité  n'est  autre  chose  que  la 
paraphrase  d'un  petit  ouvrage  d'Al-Farabi,  dont  il  existe  à 
la  Bibliothèque  nationale  (ms.  hébreu  de  l'ancien  fonds  110, 
dans  le  nouveau  catalogue  n"  1 85,9)  '  une  version  hébraïque 
.sous  le  titre  nibejxm  '?ac?n  ^Do  (en  arabe  v:aiiyUllj  JJUJI  tJjS'),  et 
dont  la  version  latine,  intitulée  De  intellectu  el  intelleclo,  a 
été  imprimée  dans  les  œuvres  philosophiques  d'Avicenne 
(Venise,  1396,  in-fol.),  et  dans  un  petit  volume  intitulé 

On    attribue    ce    commentaire    à  '  Pour  d'autres   manuscrits   renfer- 

Yora-Tob  en  se  fondant  sur  l'acrostidie  mant  ce   traité ,    voir   le   mémoire   de 

des  premiers  mots  de  la  préface  :  •]^^n'  M.  Steinsclineider  sur  Al-Farabi,  dans 

e?Bi7  Vip'7aïÔ1i''a'7DDDnn'îM.Zunz  tes   Mémoires   de  l'Académie    de  Scùnt- 

dil  inexactement  que  la  préface  est  signée  Pétersbourg ,    septième    série,    t.  XIII, 

du  nom  de  Yom-Tob.  n'  4 .  p.  qo  et  suiv. 

TOME  XXXI.  5o 

INriUttRIC     ■«IIU^ALE. 


M*'  .MKCI.K. 


394  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Alpharabii,  vctustissiini  Arislotelis  interprctis ,  opéra  uinnia  quœ 
laùna  lingua  conscripla  reperii i  potnerunt  (l*aris,  i638,  in-S"). 
Dans  la  courte  préface  que  nous  allons  donner  en  original, 
ledaïah  dit  qu'en  parcourant  divers  traités  sur  l'àme,  il  en 
a  rencontré  un,  intitulé  r»nn  ara,  qui  lui  a  paru  renfermer 
tout  ce  qu'il  est  utile  de  savoir  sur  la  nature  de  l'intellect; 
mais  qu'ayant  trouvé  ce  traité  fort  obscur  et  la  traduction 
hébraïque  fort  mauvaise,  il  a  entrepris  d'en  corriger  le  style 
et  d'y  ajouter  les  développements  necessair.es.  Nous  pouvons 
donc  considérer  l'ouvrage  de  ledaïab  comme  un  commen- 
taire sur  le  traité  d'Al-Farabi,  bien  que  celui-ci  n'y  soit  pas 
nommé.  H  paraît  que,  du  temps  de  ledaiah,  le  traité  d'Al- 
Farabi  était  connu  sous  le  titre  de  nynn  an:;  en  tète  de  l'ou- 
vrage de  ledaïah,  après  la  préface,  on  lit  cette  suscrlption  : 
nvin  ana  virn  aman  D0a  n3i:n  'jaan  ^D^,  «  le  Livre  de  l'intellect, 
«désigné  par  le  nom  usité  et  connu  de  Ketab  liad-daatli ^  ». 
Les  acceptions  du  mot  intellect  (yovs),  selon  Al-Farabi 
et  ledaïah,  sont  au  nombre  de  six:  i"  le  sens  qu'y  attache 
le  vulgaire  en  disant:  «Tel  homme  est  intelligoni»;  2°  le 
sens  que  lui  attribuent  ceux  qui  raisonnent  et  discutent 
certaines  opinions,  en  disant:  «L'intellect  le  veut  ainsi»; 
3°  l'intellect  dont  parle  Aristote  dans  le  traité  de  la  Dé- 
monstration (les  seconds  Analytiques),  qui  fait  distinguer  le 
vrai  du  faux;  4"  celui  dont  il  parle  dans  le  troisième  livre  de 
l'Ethique,  qui  fait  connaître  le  bien  et  le  mal;  5°  celui  dont 
il  parle  dans  le  traité  de  l'Âme,  ou  l'intellect  divisé  en  actif 
et  passif;  6"  celui  dont  il  est  question  dans  la  Métaphysique, 
c'est-à-dire  l'intelligence  première,  cause  de  tout  ce  qui 
est.  ledaïah  expose  successivement,  d'après  Al-Farabi, 
la  nature  de  ces  six  espèces  d'intellect.  Voici  la  préface 
hébraïque  de  ledaïah  :  d^ksdjh  anoon  o-yDV  nmax  -la  n^sT  idn 
BïDn  nnx  vnn")  arnn  p  u'*?»  pint»  ik  13*7  pn'»  yaon  noana  nvn  uSsk 
•invoe;  'ns  iiive;  no  H»3a  r lamni  dicid  r*?»  niaina  '?nne?nVi  N!sc:n 

'  Ce  titre    existait  donc   bien  ovant  nous  avons  assignée  à  Gerson  fil»  de  Salo 

l'époque  de  ledaiah;  ce  qui  fait  tomber  mon  (Uist.  litt.,  t.  XXVII,  p.  589).Celui- 

undesargnmentsdeMM.Sleinschneider  ci,  en  elTet,  cite  sons  le  titre  de  kilab 

(  Hebr.  Uebertetz. ,  sous  presse  )  et  (iross  had-duath  ;  non  pas  louvrage  de  ledaiah , 

[Monatsschrifl,  1879)  contre  in  date  que  mais  l'ancien  ouvrageconnusouscenom. 


DU  XIV  SIECLE.  395 

\i\    sit:<:i.i:. 

c^cnD  Dïp  nnK  "itno  Tivm  e?D:n  •>-izv  ha  "'■laya  •<i  piin  naon  nNi*?! 
i''P''Kii  n»"rn  ans  snpjn  ano  nnx  h:i  TiTiyrne?  Ninn  pjva  o'-NSDi  anncD 
n:iDDi  mnn  Kinn  ^DXD^  nvn  cy  "jicn  •'J'jïd  ipyT  prnc  no  ■)iN''aa  b^vi^ 
nt  ■'JED  q^j^vd'?  pxc?  oyoai  «□■'DiaD  rsis"':!  m:iES  rnaioi  npnvnn  s^-lh 
ppra  inn  «d^jd  'jca  u^:»  ppr  S»  riT  "'c'?  'pSirc?ni  oniTan  ir'îyina  wjin 
noa  niK'3i  njan  nanina  n'je?i  •mxiaD  p^jc?  nppvn  bu  oPKSim  vpiiie?'? 
13p:i3  aie  pj'<na3  srcm  ityn  p'jpp  bitn  p  cpa:!  «ni  ^n  i^asD  ono  hntt 

:nja 

XI.  •'iDnn  "jaca  pi»in.  «Les  Opinions  sur  l'inlellect  niaté- 
riol.  »  Ce  qui,  dans  la  j^sychologie  d'Arislole,  es!  appelé 
l'intellect  passif,  les  philosophes  arahcs  et  juifs  <\u  moyen 
âge  l'appellent  l'intellect  inafériel  (^ii^I  JajJI),  cà  cause  de 
ses  rapports  avec  les  autres  facultés  de  l'ànie  inhérentes  à  la 
matière.  L'ohscurité  de  la  théorie  d'Aristole  a  flonué  lieu 
à  différentes  interprétations,  ledaiah  distingue  cinq  opi- 
nions difl'érenfes  sur  la  nature  de  l'intellect  j)assif  :  celle 
d'Alexandre  d'Aphrodise,  celle  des  commentateurs  d'Arislote 
en  général,  celle  de  quelques  commentateurs,  celle  d'Aver- 
roèset  celle  d'Al-Farabi,  et  il  caractérise  succinctement  ces 
diverses  opinions.  Ce  traité  n'est  pas  mentionné  par  Ibn- 
Habib.  H  n'y  a  pas  de  préface  hébraïque  pour  ce  traité. 

XII.  ^'?^D^  ^acna -loxon.  «Traité  .sur  les  opposés  en  fait  de 
mouvement  ou  de  direction.  »  Ce  traité  est  sans  aucun  doute 

celui  qui,  dans  la  préface  de  Ibn-Habib,  citée  plus  haut,    ci-.iessui.p.agi. 

est  indiqué  sous  le  titre  de  mttn  "ztn  ap:.  Il  se  rattache  à  un 

passage  des  commentaires  grand  et  moxcn  d'Averroès  sur 

le  traité  Du  ciel,  d'Aristote  (liv.  1,  chap.  iv).  Selon  Anstote, 

les  mouvements  opposés  ou  contraires  ne  ])Huvent  avoir  lieu 

(pie  sur  la  ligne  droite,  qui  seule  marque  la  vraie  distance 

entre  deux  points  opposés;  car,  si  la  distance  est   marquée 

par  une    courbe,   on  peut   toujours   décrire    une  infinité 

d'autres  courbes  entre  les  deux  points  opposes.  On  pourrait 

objecter,  dit  Averroès,  que,  si  la  courbe  est  un  demi-cercle, 

il  n'est  pas  possible  non  plus  de  décrire  entre  les  deux 

points  extrêmes  une  autre  courbe  de  même  nature;  mais, 

répond-il,  il  n'y  a  aucun  rapport   commensurable   entre 


\U     >IKi:iE. 


306  LES  KCRI\  VINS  JLIFS  FRANÇAIS 

le  demi-ccrcio  et  les  autres  courbes  qu'on  pourrait  décrire 
entre  les  deux  extrémités  du  diamètre,  et,  par  conséfpient, 
la  ligne  droite  est  seule  pr()])re  à  mesurer  les  dislances 
plus  ou  moins  grandes  et  à  servir  de  définition  aux  mou- 
vements opposés.  Cette  réponse  est  l'objet  d'une  expli- 
cation détaillée  de  la  part  de  ledaïah.  L'auteur  s'adresse  à  un 
de  ses  amis,  qui  avait  entendu  autrement  que  lui  la  réponse 
d' Averroès.  Il  entre  dans  des  détails  sur  la  définition  des 
mouvements  opposés  et,  en  général,  sur  l'idée  de  l'opposé 
et  du  contraire.  M.  Steinsclineider,  n'ayant  pas  vu  notre  ma- 
nuscrit et  écrivant  avant  .M.  Munk,  avait  supposé  que  le  mot 
n:x,  dans  le  texte  d'Ibn-llabib,  veut  dire  la  catégorie  -croO, 
analogue  à  l'arabe  (jjMI  vX  au  syriacpie  JL:^!.  Voici  le  texte  de 
la  préface  :  laT  1313  iscn  kibd"?  'jinccn  icn  ''e?^^^  omsK  'ta  ■T'^r  noN 
nx^cn  Sy  'P^nao  irKi  "J'y  nnyï  oipnnoi  pcjd  tikt»  -^sw  ipyoc?  px  yvvh 
"yiO"  nb  pmCD  dj  «imxia  v^hn  "nsp  S'snc  inix  n\n3nD  cano  nrcxi  Snan 
î:i3nnD  Tmcsy  ■•x'je  ■)pnD3  13t  no  inc^p'  ;ry-i  SayD  lacrno  Ti'j'inD  "s  »ix 
i3a'?3  Tisno  n3c?D  D"-.nx  u''nTiE;y3  fi^pon  lOi  n3©D  omx  Dni333  ■':id: 
Ti-  13  ni2;y  ttSmud  x^sono  "s  «ix  ncraM  mspo  ;jx  mon  innon  cjixc?  '71?'? 
nicinp  m-  oiuiar  -ipn  xisd  nnt3"  D^ce;  l'jv  l'jy^  yivhi  "bi  rba  (s/c)  smi 
x'?  x'or  p\iy  QDDC*  cpTy  onsn  pTiyc  one/D  p^ry  "-jnj  annrD  iBwn' 
nSnj  Dn3  '';'7''n:n'?  -msri  t-jd  nxi  ov  ny  nox  le/x  r\-icxn  n3it23  "'^y  ixt 
72  '7y  ccpa  "i'?".n  3'icn  '?y3  ••3r3C?n  •!-m33  vtd  ajynx  n''3nx3  D'7ypx  rD"p 
..  .ICI  px  3P3D  DD  hv  conn  ppDPDH  -JDD  inyjDP  x'?  Le  livre  finit 
par  :  erpncn  «p'-^zp  hs  nzir^  imvnv  me;>n  jvyn  pi3''p:3  Sxn  ut"»" 

:n3ic?nn  ^P3^^D!:  3np  •':'Q•<^'•'^  13pix''SDD 

XIII.  piDsypnn  :p3,  »  Livre  de  consolidation  »  (ms.de  Paris, 
fol.  32).  Dans  cet  écrit,  ledaïah  répond  aux  objections  que 
.son  ami  avait  faites  contre  l'écrit  précédent  et  cherche  à 
corroborer  ses  opinions  par  de  nouveaux  arguments.  C'est  le 
deuxième  traité  mentionné  par  Ibn-Habib.  En  voici  la  pré- 
face hébraïque  :  p3in  nxn  -33in  smxn  •'cma  Qm3X  -la  n^yT  itsx 
icx  mpEcn  jn;t3  D-cyjn  inai  •>l^y■>3^  «pvy.'yn  PiDisyn  PC7ni3  n^^pson 
cmxis  yDypaxi  l'rnDn  •'ddh  3P33  cj'iyno  T''7x  vpapse?  no  Sy  niT'yn 
oiw  1133  v'i  lin  ]v\2  Jjypna  Dmcn3  Jjyrxi  8?'e?iP3  cx'jidd  3nt  nio  mxis 
■|nn3  ^h  nyippn  p»nn  np'  Sy  ]VV3  on'Vy  3'K?n'7  '•xjp  npy  ns  "h  pntn  kV 


\IV'  SIÈCLK. 


DU  XIV  SIECLE.  397 

3'C?NnryDTDn333nT'n3iS''i3nD  yn^no  '7U.nnD3  liiwnn  Kh  TiyT'  njDwn 

:-iDiKi  on-''?» 
Le  traité  finit  ainsi  : 
np'7nc?  IN  nrcrcnz?  Nin  -nan  ni  moK  by  pmos  xsdj  niscnn  nrn  d'71N1 
"jx  nji3:n  nt3  hns''  ■''71x1  D''3n:n  ■':0  j-'s  ^'73^^  "'ED  ihupoki  inijnxs  1331  vS» 
mT>ync;  no  •73'?  ri3i2;Dn  iic'72?n  1330  niywn  ni3  3ie;nj  njni  •«i'7:m  »)i3Dn 
Dn3  ntyj  T'n''NT  nc/N  nrKim  □■'j'jynD  n3in  rrn  cy  onipn  i33r3  by  mpcono 
-irx  C3''i32jn  cjvyn  itiZ'D  \\*:e  Dyi  nrpn  sni  jry  poy  '•'73  ari3n3e;  nv 
DH-'jy  n3y3  cnsp  "jy  s-ie/nD  nj  ■•d'?  y:Di  ^r^n  n3D  tk  •«Vi'?  ''C?ej  'm  «npon 
c?B33  nT''3p  iVH  ^^^^K  nsT"!  onsns  iNcro  ':}<  ie?K  pissi  ■jn'jytî'?  nnK 
ypï)V  XS1DD  inKSDxe?  no  '?:  "jnjSi  inyn"?  >jc;n  y3t3n  nyjn  ^Jiyi:n  onc  33Vi 
■juj"?  n''jc?i  -nTinro  nsi  pVn  icej  nuN  n^jn  ■|n3c;nD  imi'7inu7  no  |30  "73 
ï>{SDjn  iisp  oy  ^nr^  D'':ryn  cn3i3  ^nrl  ncmm  m-'pnnD  rc;Dn  n'?yinn 
nt  "'d''7  s^npîi  aiay  m'7inG;m  dst  nT'pï?'7 13  "iiosJKr  iy  nosnno  u'*?!» 
□'Din  an'ib»  miy^e?3  pc?  "731  rie?i"7n  vn-i  ont  0*73  ripDon  myn  '7y  nDe;:e; 
'7'7nJi  npy  -\mr\  mnnj  niye?n  nm  «n'a-iB  '"73 j  D.-in''e;'7  c^in'?  u?ic?  d'j-'sdi 

nxD  n'7yn''  ijnty  -lotc  '7Kn 

XIV.  (Fol.  66.)  Disserlation  sans  titre  sur  la  question  de 
savoir  si  les  individus  (d''!:?''k)  de  la  même  espèce,  divers 
en  accidents,  dififèrent  aussi  dans  leur  forme  essentielle, 
ou  bien  si  la  forme  est  inhérente  à  fespèce  et  l'embrasse 
tout  entière,  en  sorte  que  les  individus  ne  diffèrent  que 
par  les  accidents.  L'auteur  distingue  une  forme  générale, 

3ui  embrasse  toute  l'espèce,  et  une  forme  spéciale  ou  indivi- 
uelle,  qui  est  essentielle  et  ne  saurait  être  traitée  d'accident. 
Cet  ouvrage  est  évidemment  celui  qui,  dans  la  préface  de 
Ibn-Habib,  est  mentionné  sous  le  titre  de  rvj''Dn  nmsn  ^DD. 

XV.  Nous  apprenons  par  un  passage  de  cette  dissertation      KoI.  74. 
que  ledaïah  avait  aussi  composé,  sous  le  litre  assez  singu- 
lier de  moip  ^^^D  0  Désert  de  Qedémoth  »  [Deutér.,  11,  26), 

un  commentaire  sur  les  vingt-cinq  propositions  (moipn)  pla- 
cées par  Maimonide  en  tête  de  la.  deuxième  partie  de  sou 
Guide  des  Lgarés. 

XVI  et  XVII.  Le  cinquième  et  le  sixième  ouvrage  men- 

2  8 


^n'  siicLK. 


398  LES  KCRIVAINS  JIJIFS  FRANÇAIS 


tiennes  par  Ibn-Habib,  savoir  le  traité  Des  êtres  premiers 

et  les  Explications  sur  la  logique,  sont  à  présent  ])er(lus. 

Voir  ri-dessus.    Le  Septième  contenait  probablement  les  gloses  de  Icdaïah 

''  '  '•'^'  sur  le  Canon  d'Avicenne;  le  huitième  est  la  fameuse  lettre 

Voir   ri-dessH.s,  i         i  .  •  i         .  1  <  •  >  i  > 

i,.  .Î--  apologétique  dont  nous  avons  déjà  parie. 

On  ignore  les  dates  auxquelles  ont  été  composés  ces 
traités  ])liiloso])hiques;  mais  nous  croyons  qu'ils  ont  été 
écrits  après  la  lettre  apologétique. 

XVIII.  Avant  de  nous  occuper  des  ouvrages  faussement 
attribués  à  notre  poète,  nous  devons  mentionner  un  écrit 
qui  lui  appartient  probablement.  C'est  un  poème  qui  a  pour 
sujet  les  treize  articles  de  foi,  d'après  Maimonide.  Comme 
Molli.  ToUi.,  ledaïab  était  un  adhérent  zélé  de  Maimonide,  M.  Luzzatlo 
a  cru  devoir  lui  attribuer  ce  poème.  Ce  qui  est  plus  signi- 
ficatif, c'est  que  la  pièce  se  trouve  au  commencement  du 
iiisi.  liii.  «le  la  manuscrit  du  Musée  Britannicjue  qui  renferme  le  Divan 
d'Abraham  de  Béziers,  père  de  ledaïah. 


p- 


Kraiir.-,  t.  XXVIl 
P 


saiv 


XIX.   La  compilation  de  ce  Divan ,  dont  nous  avons  donné 

Hiid.,  |i.  711  ei  une  analyse  dans  un  autre  volume,  est  probablement  fœuvre 
de  ledaïah.  Ce  qui  milite  pour  cette  hypothèse,  c'est  que  le 
compilateur  mentionne  une  chose  intime,  qui  ne  pouvait 

iimi..  i>.7îi.  être  connue  que  de  lui  seul.  Dans  la  suscription  d'une  pièce, 
il  dit:  «Avant  de  se  coucher,  mon  seigneur  lui  (à  Gorni) 
u  a  fait  un  cadeau  d'argent.  »  Le  mot  ■'Jinx,  «  mon  seigneur  », 
est  souvent  employé  par  le  compilateur;  c'est  peut-être  le 
titre  qu'on  donnait  en  Provence  au  père,  ou  bien,  comme 

Uoth.  Tokh. ,      M.  Luzzatto  le  suppose,  ledaïah  avait  volontairement  omis 

''■  *■  le  mot  "«aN,  «mon  pèr-e»,  pour  pouvoir  rester  anonyme. 

M.  Luzzatto  ajoute  encore  un  autre  argument  :  c'est  que, 

Hisi.  litt.  de  la  daus  l'élégie  concernant  la  guerre  de  i  2  85,  le  compilateur 
i>.  7n-  parle  du  «  malheur  qui  a  atteint  notre  famille  par  la  mort 

«  de  David  de  Capestang  et  de  ses  deux  fils  »;  le  compilateur 
était  donc  de  la  famille  d'Abraham  de  Béziers.  M.  Luzzatto 
a  omis  un  des  arguments  les  plus  forts  pour  sa  thèse  :  c'est 
que  le  compilateur  appelle  la  mère  d'Abraham   «  ma   re- 


DU  XIV  SIECLE. 


399 


>i  doutée  dame  sa  mère  »  (idn  miaon  ^n:^1K  rTtJc  ruera  m  n-im).  El 
en  oflet  il  n'y  a  rien  que  de  naturel  à  ce  que  le  lils,  poète 
lui-même,  ait  entrepris  d'arranger  la  collection  des  poésies 
de  son  père. 

OUVRAGES  QLl  LLI  SONT  ATTnrilLÉS. 

1°  n"7D  "'jii'D,  «  Délices  de  roi  »,  traité  sur  le  jeu  d'échecs, 
imprimé  plusieurs  fois,  et  attribué  à  ledaïah  pour  la  seule 
i-aison  que  les  mots  oSiyrj-'na,  «Examen  du  monde»,  s'y 
trouvent.  Or  ces  mots  n'y  figurent  pas  comme  titre  d'un 
ouvrage;  ils  se  lisent  au  milieu  de  la  phrase  que  voici  : 
•1133  D"p:n3i  «)iD  -iT,  c'xic  jDîn  niacD  va  cmbi  un'?  \-n-nn3  ''D''3  'jx  \-n3Di 
;m3  J3N3  dSiv  rj'ns  nrnan.  Traduction  de  Hyde  :  Mente  pcrvolvi 
m  (liebiis  juvcntiilis  meœ,  ad  explorandiun  et  UKHiirendam  ercnlus 
temporis  ab  initia  ad  jinem,  et  c.vaminaii  tllos  m  catino  cxami- 
nationis,  examine  œtcrno  (o'jiy  peut  se  traduire  «du  monde» 
(;l  «  éternel  ») ,  lapide probationis.  Hyde  ajoute  :  Examine  œlerno 
i.  e.  profundo  :  alladituradalinm  aulhoris  libruni  Examen  mnndi. 
Parlant  de  là,  VVoif  attribue  notre  traité  à  ledaïah,  el  llodri- 
guez  de  Castro  lient  |X)ur  certain  que  ledaïah  en  est  l'auteur. 
M.  Zunz  exprime  la  même  opinion.  M.  Graetz,  se  fondant 
sur  ce  fait  considéré  comme  acquis,  établit  une  date  pour 
l'époque  de  ledaïah.  M.  Neubauer,  dans  son  catalogue  des 
manuscrits  d'Oxford,  donne  également  ledaïah  comme  au- 
teur des  Délices  de  roi,  ce  qu'il  rectifie  cependant  dans  les 
Addenda  et  corrufenda.  M.  Zedner  a  déjà  fait  observer  que 
le  style  hébreu  de  ce  traité  et  la  mention  qui  y  est  faite 
du  jeu  de  cartes  empêchent  de  l'attribuer  à  notre  auteur. 
MM.  Dukes  et  Steinschneider,  de  leur  côté,  disent  avec  raison 
que  si  l'on  prenait  ledaïah  comme  auteur  en  se  basant  sur  les 
mots  ch^s  nrna,  on  pourrait  également  l'attribuer  à  Calony- 
mos  ben-Calonymos  par  la  raison  qu'on  y  trouve  les  mots 
îm3]3N,  (|ui  sont  le  litre  d'un  de  ses  ouvrages.  En  1874, 
M.  Steinschneider,  dans  son  article  sur  le  jeu  d'échecs  chez 
les  juifs,  a  repiis  loute  la  question,  et  il  ajoute  cette  obser- 
vation de  M.  D.  Forbes  que,  à  la  lin  des  Délices  de  roi,  on 
trouve  mentionnée  la  faculté  de  roquer.  Or,  d'après  les  re- 


XIV*  SIÈCLE. 
P.  71J. 
Ms.,  fol.  «1'. 


Uelirix  le^'is, 
p.  19. 


De    ludis     ur. , 
Em.  et  adil. 

lilbllnlliera  i'>|i.i 
iiola,  t.  I,  p.  I  -fj'. 

Zur  Gescliiilil 
ui>(l  Liter.,  p  4')H. 


Calai.,  11°  11  Sj.  ■;.. 


Catal.,rol.  I  16.!. 
Van  (l'r  l.inilc, 
(Icsrhirhtf  iiiiil  Li- 
ler.  (les .Srliaihsp. , 
I,  p.  172. 

Ben     Chaii. , 
iSGi,    p.    636. 
Catal.     Hmll.. 
roi.  6()i. 


Vaii  (Ipr  l.imlr, 
(lisrhiclite  undl.i- 
Icr.  des  Schaclisp., 
I,p.  171. 

Illstory  ofcbess, 
p.  I  i3. 


MV*  SIÈCI.K. 

Oeschlchlc   der 
Rocliade,  p.  38. 


Voir  ci-dessus, 
p.  363. 


400 


LES  ECRIVAINS  JLIFS  FRANÇAIS 


llebr.  Ucbcrseti., 
p.  1 10,  note  I  2. 

Van  der  Linde , 
op.  rit. ,  I,  p.  168, 

Bil)liolhec8   lic- 
braïca,  1,  ]>.  ^o3; 
p.  287. 


m 


DprOrieiil,t.lX, 
p.  -ibtj. 


(ieiger,  Jûdische 
Zeitschrift,  l.  VI, 
p.  ii3. 


('4ital.     Ashcr, 
1868. 


cherches  de  M.  Van  (1er  Linde,  la  façon  de  roquer  à  l'ita- 
lienne n'était  pas  inventée  avant  le  xvi*  siècle.  Par  consé- 
quent il  est  hors  de  doute  que  le  traité  intitulé  Délices  de 
roi  n'appartient  pas  à  notre  ledaïah,  et  la  date  donnée  par 
M.  Grœtx  comme  celle  du  dernier  ouvrage  de  ledaïah  n'est 
aucunement  solide.  Nous  ne  croyons  pas  nécessaire  de 
donner  ici  l'analvse  ni  la  hihliographie  du  traité  des  Délices 
de  roi,  puisque  ledaïah  n'a  rien  de  commun  avec  ce  livre. 
Il  est  bon  toutefois  de  remarquer  que  les  juifs  se  sont  occu- 
pés avant  ledaïah  du  jeu  d'échecs,  comme  on  le  voit  par  le 
poème  que  le  fameux  Abraham  ibn-Ezra  composa,  dit-on', 
en  1167,  sur  ce  sujet.  Ajoutons  enfin  que  M.  Steinschneider 
attribue  maintenant  les  Délices  de  roi  à  Juda  (Léon)  de 
Modène. 

2°  Wolf  prête  à  notre  ledaïah  un  commentaire  sur  une 
partie  du  commentaire  qu'Abraham  ibn-Ezra  a  fait  sur  la 
Genèse.  Cet  ouvrage  se  trouve,  dit  Wolf,  dans  un  manu- 
scrit à  Paris.  A  notre  connaissance,  aucun  manuscrit  à  Paris 
ne  renferme  un  tel  commentaire  sous  le  nom  de  ledaïah. 
M.  Dukes  croit  que  Wolf  avait  en  vue  le  second  traité  du 
manuscrit  n"  i84  (autrefois  Oratoire,  n"  28),  et  il  ajoute 
que,  si  le  commentaire  en  question  n'est  pas  de  ledaïah 
(le  manuscrit  ne  porte  pas  son  nom),  il  serait  digne  de 
lui.  Quant  à  nous,  il  nous  semble,  à  en  juger  par  les  ex- 
traits que  M.  Dukes  en  donne,  que  ni  le  style  ni  les 
idées  mystiques  qu'on  y  trouve  ne  rappellent  les  écrits  de 
ledaïah.  Dans  ce  commentaire  anonyme,  on  cite  une  ex- 
plication au  nom  de  «  mon  maître  1\.  Meïr  ben-David  ». 
M.  Steinschneider  a  trouvé  le  même  ouvrage  dans  un  ma- 
nuscrit qui  appartenait  au  libraire  Aslier;  c'est  le  n*  17 
du  catalogue  lxxxvi  de  cette  librairie  [fait  par  M.  Stein- 
schneider]. Ce  même  manuscrit  renferme  également  le  com- 
mentaire de  Nethanel  Caspi  (dont  nous  parlerons  plus  loin), 
sur  le  Khozari  du  célèbre  Juda  Halévi,  et  le  los  ^b^bi  de  Jo- 
seph Caspi.  Le  commentaire  dont  parle  M.  Steinschneider 

'  M.  Steinschneider  doute  que  le  poème  en  question  soit  d'Abraham  ibn-Ezra 
(Van  der  Linde,  I,  p.  168).  Le  style,  en  effet,  n'est  pas  celui  d'Ibn-Ezra. 


DU  XIV  SIECLE. 


401 


XIV'  SIÈCLK. 


s'accorde  parfaitement  avec  les  extraits  donnés  par  M.  Dukes 
du  manuscrit  de  Paris;  il  s'accorde  encore  en  grande  partie, 
d'après  M.  Steinschneider,  avec  un  autre  commentaire,  at- 
tribué à  Isaac  Israéli  ben-Joseph,  le  cadet.  Il  se  trouve  égale- 
ment dans  la  bibliothèque  du  Vatican,  n"  287,  fol.  i-44, 
où  il  est  attribué  à  «  Joseph  ibn-Caspi  »,  et  à  Oxford,  où  il  est 
attribué  à  «  Caspi  ».  Le  manuscrit  Asher  susmentionné  porte 
comme  posl-scriptum  les  mots  suivants,  d'une  écriture  plus 
récente  :  cDinn  ■?»  icity  puD  •'sn'-'ïi  'Dc:n  n3N'?D  o'^e/n,  «  Ici  finit  le 
«  travail  de  Caspi,  commentaire  sur  le  commentaire  d'Ibn- 
«  Ezra  sur  le  Pentateuque.  »  En  effet,  le  style  et  les  ten- 
dances de  ce  court  commentaire  rappellent  plutôt  Joseph 
Caspi  que  ledaïah.  M.  Steinschneider  avait  donc  eu  raison 
d'attribuer  ce  commentaire  à  Joseph  Caspi  comme  une  troi- 
sième rédaction  de  son  ouvrage.  Nous  verrons  que  cet  écri- 
vain aimait  à  donner  plusieurs  rédactions  de  ses  essais. 
Plus  tard,  en  1868,  M.  Steinschneider  a  proposé  comme 
auteur  un  contemporain  de  Josej)h  Caspi,  peut-être  un  de 
.ses  disciples  directs  ou  indirects;  car  sûrement  l'auteur 
imite  Joseph  Caspi,  s'il  n'est  pas  Joseph  Caspi  lui-même. 
Nous  savons  que  l'auteur,  quel  qu'il  soit,  rapporte  plu- 
sieurs explications  aux  noms  de  R.  Meir  ben-David  et  de 
Lcvi  hak-Kohen;  ce  dernier,  d'après  M.  Steinschneider, 
était  probablement  le  grand-père  (maternel.^)  de  Lévi  ben- 
Gerson,  et  le  premier  est  identique  avec  le  personnage  du 
même  nom  cité  par  Profet  Duran.  Ces  citations  sont  pro- 
bablement tirées  du  commentaire  de  Salomon  ben-Yaisch 
le  Jeune  sur  le  commentaire  d'Abraham  ibn-Ezra;  l'auteur 
serait  alors  un  disciple  de  Caspi,  qui  aurait  fait  une  compi- 
lation des  autres  commentaires.  Il  est,  en  effet,  très  difficile 
de  se  reconnaître  dans  le  grand  nombre  de  commentateurs 
sur  Abraham  ibn-Ezra,  qui  se  copient  quelquefois  textuelle- 
ment les  uns  les  autres.  Nethanel  Caspi,  dans  son  commen- 
taire sur  le  Khozari,  cite  un  passage  tiré  d'un  commentaire 
sur  Ibn-Ezra  par  Sen  Bonet  de  Lunel.  Ce  passage,  d'après 
M.  Steinschneider,  ne  se  trouve  pas  dans  le  commentaire 
dont  nous  nous  occupons;  de  sorte  que  celui  ci,  dans  tous 


Geiger,  Jùil. 
Zeilschrift,  IV, 
p.  297  et  suiv. 

Assémani,  11*  287. 

Catal. ,  II"  ii(>. 


Liicyci.  l'ii'scli  pi 
(îruber,  3*  série, 
t.  XXXl,  !>.  68  r. 


Geiger,  Jûdisclir 
Zeitschrift ,      VI , 

p.    134. 


Catal.  Canibr. . 
11°  i3i. 

Calai.  Oxfoi.1, 
n"  13-2,1. 


TOMF,   XXXl. 


5i 


2  8  * 


iMi>KiMr.aig    HAitonkt^. 


XIV    SIECLE. 


Ii02 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


itibl.rabbinica, 
III,  |>.  (). 

Diz.,  p.  167  a. 

.Sammelbaiid . 
I ,  p.  46  et  suiv. 

Zuiiz,  Zur  Ge- 
irhichte,  p.  ^69. 


CaUl. ,  p.  11. 

Mazlir,  XII. 
p. 35;  Der  Orient, 
1S45,  p.  2î8. 

Catal. ,  p.  1 1 . 


Mazk'r 
p.  36. 


XII, 


les  cas,  n'est  pas  l'œuvre  de  notre  ledaïah.  Mais  il  reste  à 
se  demander  si  ledaïah  a  écrit  un  commentaire  sur  Ibn- 
Ezra.  Nous  le  croirions,  bien  qu'aucun  manuscrit  ne  le 
prouve,  si  nous  étions  sûrs  que  le  Sen  Bonet  cité  par  Ne- 
thanel  Caspi  soit  identique  avec  En  Bonet  Abraham;  mais, 
comme  M.  Stein Schneider  le  dit  avec  raison,  le  nom  de  Sen 
Bonet  était  sans  doute  porté  par  plusieurs  personnes  à 
Lunel,  et  l'une  d'elles  peut  avoir  écrit  le  commentaire  cité 
par  Nethanel  Caspi.  En  outre,  ledaïah  est  presque  toujours 
appelé  En  Bonet  Abram  de  Béziers,  et  jamais  il  n'est  dit  de 
Lunel. 

3°  Bartolocci  et  de  Rossi  attribuent  à  ledaïah  l'ouvrage 
intitulé  naierrn  mjK  «  Lettre  de  Réponse  »,  qu'on  trouve  dans 
beaucoup  de  manuscrits,  et  qui  a  été  publié  par  M.  A.  Ber- 
liner,  en  i888.  Isaac  Latif  avait  adressé  une  réfutation  philo- 
sophique en  89  paragraphes  à  un  ledaïah  ben-Nahschon , 
à  propos  de  questions  posées  par  celui-ci.  C'est  à  cet  écrit 
([ue  ledaïah  ben-Nahschon  répond  à  son  tour.  Cette  ré- 
])lique  suit  l'ouvrage  d'Isaac  Latif  dans  deux  manuscrits. 
Le  manuscrit  du  Vatican  335,  6,  porte  le  titre  suivant  : 
pwnj  ]3  n-^3i'>  10  vhtt  naie?r,  «  Réponse  à  lui  adressée  par  ledaïah 
«  fils  de  Nahschon  ».  Le  manuscrit  de  Munich  n"  33  porte  : 
...■•loman  •>yitn  n'yT  'i  nbrsv  inx  ans  pcro  knt  n  (pièce  que 
M.  Steinschneider  a  omise  dans  son  catalogue] ,  «  Lettre  de 
«ledaïah  Penini,  de  Béziers».  M.  Steinschneider,  dans  son 
catalogue  de  Munich ,  écrit  naicrn  mjK  an  ledaïah  ben  Nah- 
schon {^Penini?).  Identifie-t-il  ledaïah  ben- Abraham  avec 
ledaïah  ben-Nahschon  ?  Nous  ne  savons.  Ailleurs  il  dit  :  «  Le 
«  nom  de  Ben-Nahschon  serait-il  un  jeu  de  mots?  »  C'est  peu 
probable,  vu  la  notoriété  dont  jouissait  ledaïah.  L'édition 
porte  :  -n^ïT  'to  ■''jk  niVefn  nnan  \mns  k\t  n 


DU  XIV  SIECLE. 


403 


VI»    SIKCI.E. 


ESTORI   PARHI  OU  FARHl. 
SA  VIE. 

Pour  la  biographie  de  cet  auteur,  nous  n'avons  qu'à  re- 
produire avec  quelques  modifications  l'excellent  article  que 
M.  Zunz  a  publié  dans  le  tome  II,  p.  260  et  suiv.,  de  l'ou- 
vrage intitulé  :  «  The  Itinerary  oj  Rabin  Benjamin  0/  Tudela, 
«  translated  andeditedby  A.  Asher»;  Londres  et  Berlin,  i84i- 
EsTOivi,  FILS  DE  MoïsE  hap-Parhi,  est  le  premier  et  le  plus 
important  auteur  juif  qui  ait  écrit  sur  la  topographie  de  la 
Palestine.  On  ne  sait  pas  bien  le  nom  hébreu  qui  corres- 
pond à  celui  d'Estori'.  Dans  le  titre  du  grand  ouvrage 
mDi  ninD3  (Exode,  xxv,  33;  xxxvii,  19),  le  mot  -iiros,  jouant 
avec  nin  ex,  qui  se  trouve  au  commencement  de  la  préface, 
paraît  faire  allusion  au  nom  d'Estori.  Le  second  mot  pie, 
«I  fleur  »,  est  une  allusion  à  Florenza  en  Andalousie,  d'où  ses 
parents  étaient  originaires,  et  d'où  vient  le  nom  de  famille 
Parhi  ou  Farhi. 

Estori,  cependant,  naquit  en  Provence,  où  il  reçut  sa 
première  éducation.  Son  père.  Moïse,  doit  avoir  été  un 
rabbin  d'une  certaine  importance;  Estori  le  cite  souvent 
dans  son  ouvrage,  sans  désigner  expressément  ses  écrits. 
M.  Edelmann,  dans  sa  préface  hébraïque  à  la  seconde  édi- 
tion du  Kajtor  wa-Férah,  veut  conclure  de  deux  passages 
d'Estori  que  Moïse,  son  père,  était  l'auteur  d'un  commen- 
taire sur  le  Midrasch  Hazith  et  de  décisions  de  casuistique 
sur  le  Talmud.  A  notre  avis,  ces  deux  passages  ne  sont 
point  assez  concluants  pour  faire  de  Moïse  un  auteur.  Dans 
l'un,  Estori  dit  avoir  entendu  de  la  bouche  de  son  père  une 
décision  de  casuistique;  dans  l'autre,  il  est  dit  :  «  Mon  père 
«  a  expliqué  ce  passage  du  Midrasch.  »  L'une  et  l'autre  men- 


Kaflor  wa-terali , 
fol.  I  I  <)  i. 


Ibid. 
Ibid. 


loi.  Ô]. 
foi.  55  a. 


'  On  rencontre  le  nom  de  ^^^BWX 
dans  le  nis.  i4o  de  Rossi  de  Parme 
comme  le  nom  du  père  de  Josiphyali , 
qui  termina  la  copie  de  l'Arukh  de 
R.  Nathan  en  m;ii  5056=1296  pour 
Meir,  fils  <le  R.  Moïse,  demeurant  à 
l'l.«le  (le  Sorgue.  Wolf  (Bibl.  hebr.,  I, 


n*  iai8)  l'appelle  à  tort  R.  haac  Cohen 
(Sacerdos)  filias  R.  Mosis  TnED.  Wolf 
avait  pris  par  erreur  le  nom  d'Isaac 
Cohen  'j'jic?,  propriétaire  du  manu- 
scrit sur  lequel  la  première  édition 
fut  faite,  pour  le  nom  hébreu  de  l'au- 
teur. 

Ôl. 


XIV    5IECI,E. 


Op.  cil.,  p.  X. 

Ilisl.  iitt.  (le  la 
l'iance,  t.  XXVII. 
II.  5i5. 


Kaftor  wa-férali. 
p.  ,\ 


Voir  ci-dessous, 
article  sur  Abron 
kohen. 


Voir  ci-<lessus. 
p.  358. 

Uist.  lia.  de  la 
France,  t.  XXVII, 
p.  Sgg  et  suiv. 

Ibid. ,  p.  5 1 1 . 


404  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FR.\NÇ.\IS 

tion  pourraient  se  rapporter  à  une  instruction  orale,  ou,  à 
la  rigueur,  à  un  ouvrage  traitant  de  beaucoup  de  sujets, 
selon  l'habitude  des  rabbins  de  Provence.  Estori,  d'ailleurs, 
appartenait  à  une  famille  célèbre.  Son  grand-père  du  côté 
maternel  (nous  ne  savons  pas  d'après  quelle  autorité  M.  Edel- 
mann  dit  du  côté  paternel,  puisque  Moïse  venait  de  l'An- 
dalousie) était  Nathan  de  Trinquclailles  fds  de  Meïr  de 
Carcassonne.  Ni  l'année  de  la  naissance  d'Estori  ni  celle  de 
sa  mort  ne  peuvent  être  fixées. 

Estori  dit,  dans  la  préface  de  son  grand  ouvrage,  qu'il 
est  parti  pour  l'exil,  étant  encore  jeune  ("""j,  en  i3o6;  il 
serait  donc  né  vers  la  fin  du  xiir  siècle.  Comme  presque 
tous  les  exilés,  il  alla  d'abord  à  Perpignan,  puis  à  Barce- 
lone, où  nous  le  voyons  fixé  pour  quelque  temps  au  moins. 
Peut-être  Estori  alla-t-il  aussi,  comme  beaucoup  d'autres, 
à  Majorque;  car  nous  y  trouvons  des  membres  de  sa  famille 
établis.  Le  manuscrit  du  Kaftor  wa-fcrah  qui  figure  à  la 
Bibliothèque  nationale  de  Paris  sous  le  n"  684  a  été  exécuté 
à  Majorque  par  Salomon,  fils  d'isaac,  fils  de  Moïse,  fils  de 
Meïr  "mcn  et  achevé  le  lo  nisan  5i  i  2  de  la  création  (=avril 
i352).  Estori  se  rendit  plus  tard  en  Egypte,  et  nous  le 
trouvons  au  Caire,  en  i3i3.  De  là  il  alla  en  Palestine,  et 
s'établit  à  Beisan  [Beth-Schcan  de  la  Bible,  en  grec  Scytho- 
polis).  Poussé  par  un  vif  désir  de  connaître  à  fond  la  Terre 
Sainte,  il  se  mit  à  faire  des  recherches  qui  ne  durèrent  pas 
moins  de  sept  ans;  pendant  deux  ans,  il  s'occupa  de  la 
Galilée,  et  pendant  cinq  ans  des  autres  districts  de  la  Pa- 
lestine. C'est  en  i32  2  qu'il  acheva  l'ouvrage  où  il  donne  les 
résultats  de  ses  recherches,  sous  le  titre  de  Kaftor  wa-Férah 
(Chapiteau  et  corolle). 

Estori  cite  quelques-uns  de  ses  maîtres  :  i°  le  martyr 
Eliézer  de  Chinon;  2°  son  parent,  le  fameux  Jacob  ben- 
Machir  ibn-Tibbon,  de  Montpellier;  3°  R.  Ascher,  peut- 
être  Ascher,  fils  de  lehiel  de  Tolède,  ou  plutôt  Ascher  de 
Lunel. 

Estori  était  très  versé  dans  la  littérature  talmudique, 
comme  on  peut  le  voir  par  les  auteurs  et  les  ouvrages  de 


I 

i 


DU  XIV  SIÈCLE. 


405 


casuistique  qu'il  cite  et  que  M.  Edelmann  énumère.  On 
trouve  parmi  eux  les  rabbins  français  suivants  :  Abrabani 
ben-David  de  Posquières;  Eléazar  de  Worms;  Eliézer  de 
Ghinon,  son  maître;  Zcrahya  Halévi;  Josepb  Bonfds  (Tob 
Elem);  lehiel,  de  Paris;  Jacob  (probablement  de  Rame- 
rupt);  Isaac  ben  Abba-Mari,  de  Marseille;  Isaac  fds  d'Abra- 
bam,  de  Sens;  Isaac  fils  de  Josepb,  de  Corbeil;  Isaac 
llls  de  Mardochée,  Isaac  fds  de  Meïr,  et  Isaac  fds  de  Sa- 
muel, tous  les  trois  tosalistes;  Meïr  de  Trinquetailles; 
Meïr  de  Narbonne;  Meïr  de  Rothenbourg;  Moïse  fds  de 
Juda,  maître  d' Abraham  fds  de  David;  Moïse  de  Couci; 
MeschuUam  fds  de  Moïse;  Nathan  de  Trinquetailles;  Péreç 
(le  vieux,  ou  le  fils  d'Élie);  Salomon  fds  d'Isaac,de  Troyes 
(Raschi);  Samuel  de  Ramerupt;  Samson  fils  d'Abraham, 
de  Sens.  Estori,  comme  tous  ses  parents,  les  Tibbonides, 
s'occupait  des  diverses  sciences.  Parmi  les  grammairiens 
il  cite  Ibn  Djannab,  qu'il  a  lu  en  arabe,  Juda  ben-Balain 
et  David  Kimhi.  Parmi  les  commentaires  sur  la  Bible,  il 
nomme  Saadiah  Gaon,  qu'il  possédait  en  arabe.  Il  n'y  a  pas 
trace  de  Kabbale  chez  lui.  Il  mentionne  Abraham  fils  de 
Hiyya,  et  son  parent,  Jacob  ben-Machir,  pour  l'astronomie. 
Lui-même,  comme  nous  le  verrons,  traduisit  un  ouvrage 
de  médecine.  Il  cite,  en  outre,  Aristote,  Hippocrate,  Avi- 
cenne,  Ptolémée,  Galien. 


.XIV*  SIÈCLE. 

Kaftoi'wa  lérali  . 

XIVIII-XXXI. 


SES  0UVR.\GES. 


I.  Le  principal  ouvrage  d'Estori  Parhi  est,  comme  nous 
l'avons  dit,  mcniriED,  Kaftor  wa-férah.  Ce  titre  renferme 
sans  doute  une  allusion  au  nom  de  l'auteur  et  à  celui  de  la 
ville  natale  de  sa  famille.  La  pensée  du  livre  est  bien  tou- 
chante. Ce  pauvre  exilé  n'a  qu'une  idée  :  quels  seraient  les 
rites  à  pratiquer,  si  le  peuple  d'Israël  était  remis  en  posses- 
sion de  sa  terre?  Quelles  sont  les  limites  de  cette  terre?  Le 
livre  est  divisé  en  soixante  chapitres,  traitant  des  comman- 
dements à  observer  dans  la  Terre  Sainte,  tels  que  les  dîmes 
et  autres  offrandes  dues  au  temple  et  aux  prêtres.  C'est  un 
document  de  grand  prix  pour  la  géographie  et  la  botanique 


406 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


XV. 


\i»'  .MÈr.i.e. 

de  la  Palestine.  H  y  en  a  deui  éditions  :  l'une  imprimée 
à  Venise  en  i549;  loutre  à  Berlin  en  1862,  sous  le  titre 
suivant  :  Cajior  wa-pherach  anctore  Phaichi  [Pnrchi) ,  liber  in 
(fuo  de  ritibas  Terrain  Sanctam  spectantibus  nec  non  de  (jea- 
ffraphia,  anliqaitatibus ,  nummis  etc.  codent  pertinentibus  a</itur. 
Deniio  edidit,  textum  ex  codicibus  manuscr.  Bibl.  Bodl.  emen- 
davit,  introduclionem  vanï^ae  gencris  annotationes  adjccil  Ilinc/i 
vvoii,  Bihiioih.  Edelmann.  L'ouvrage  de  Parhi  a  été  confondu  par  Planta- 
vilius  avec  le  livre  du  même  nom  compose  par  Jacob 
Luzzatto,  qui  contient  des  expositions  mystiques  sur  des 
passages  agadiques. 

Le  Kaftor  wa-Jvrah  n'a  pas  rendu  à  la  science  géogra- 
phique tous  les  services  (ju'il  aurait  pu,  parce  que  les  deux 
éditions  qui  en  ont  paru  ont  été  uniquement  publiées 
|K)ur  les  lecteurs  israélites.  Voilà  pourquoi  Karl  Ritter  ex- 
primait le  désir  qu'il  en  fût  fait  une  traduction  en  une 
langue  européenne.  L'ouvrage  d'Kstori  Parhi  prendrait 
place  ainsi  à  côté  de  celui  de  Benjamin  de  Tudèle,  auquel 
il  est  bien  supérieur  par  l'intérêt  des  observations  et  par  le 
jugement. 


Iiihr. ,  I,  11°  io58 

Slpiiisclincidri-, 

Cal.il.  Ilibl.  Ro<ll. 

ml.   1  -1 'mi. 


Krilkiiiide, 

:  r)S;  XVI, 


Fo 


II,  III,  IV.  Dans  son  grand  ouvrage,  Kajtor  wa-Jêrah, 
Estori  Parhi  cite  trois  écrits  qu'il  avait  composés  et  dont 
le  texte  n'a  pas  été  retrouvé  : 

1  °  cEjn  \n3  D,  «  Boîte  de  parfums  »  (Isaïe,  m,  io) ,  cité  dans 
•Kii»'.    Kajtor  wa-férah;  c'était  probablement  un  traité  de  morale. 

'2°  nVonnjn»  D,  «Lis  du  roi»,  cité  également  dans  le 
Fol.  1 7'  et  98^  Kajtor  wajérah;  le  sujet  en  est  inconnu.  Voici  le  passage  dans 
lequel  cet  ouvrage  est  cité  (fol.  98  i) .  Il  y  est  question  des  doc- 
teurs du  Talmud  qui  sont  censés  s'être  occupés  des  sciences. 
Estori  dit  :  nVi  nst  idi'js  o-osn  'j'yV  oanj-'ai  asnDsn  Nt'n  ^3  3in3»  inn 
ni03n  yiz'i  i^sic)  iiKSO^o  no  '73c?  roxm  riKSDi  p  dj  osr'^iia  nn*?!!»  nnVit 
n"y  ono  udd  snv  pVn  iicSnn  nosns  Di'DD  nxd'  arxo  nsp  orn  li^a  NSDjn 
nivw  1503  ntD  nain  i3n3Tn  "1321  •  Vt  onnana  "-?i'73  Ssm  0*733  Q'K'-ps  vn 
nVon.  «  Il  est  écrit  [Deutér.,  iv,  6)  :  Car  c'est  là  votre  sagesse 
«  et  votre  intelligence  aux  yeux  des  nations,  c'est-à-dire  cette 
«  sagesse  seule  vous  appartient  en  propre.  En  effet,  tout  ce 


DU  XIV  SIECLE. 


407 


\IÏ*  SICCI.I.. 


«  qu'on  trouve  dans  les  sept  sciences  que  nous  possédons 
«se  trouve  en  partie  dans  le  Talmud,  ce  qui  prouve  que 
«  les  docteurs  du  Talmud  les  connaissaient.  Nous  en  avons 
«  mentionné  plusieurs  exemples  dans  le  livre  intitulé  Lis 

•  du  roi.  » 

3°  D'Don  nvt? ,  «  Porte  du  ciel  » ,  également  cité  dans  Kajhn 
wa-férak,  et  qui  renfermait  probablement  des  sujets  de  ca- 
suistique. 

V.  Un  manuscrit  de  Parme  nous  a  conservé  la  traduc- 
tion d'un  ouvrage  de  médecine  d'Armengaud Biaise,  célèbre 
médecin  de  Montpellier.  De  Rossi  donne  comme  nom  du 
traducteur  Astodi  fil.  R.  Mosis  Parchi.  La  confusion  du  - 
et  du  1  est  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  ordinaire.  11  n'y  a  pas 
de  doute  qu'il  ne  s'agisse  là  de  notre  Eslori. 

Dans  la  préface,  qui  nous  a  été  obligeamment  communi- 
quée par  le  bibliotliécaire  de  Parme,  M.  le  cbevalier  Pietro 
Perreau,  Eslori  dit  qu'il  a  écrit  sa  traduction  à  Barcelone, 
«  dans  l'année  de  son  esclavage  et  au  commencement  du 
«nouvel  exil»  (ne/nnnTi'jj  n'jnn  mai*©  rie?),  c'est-à-dire  vers 
i3o6.  Après  avoir  parlé  des  calamités  de  l'exil,  comme  le 
font  tous  ses  compagnons  d'infortune,  il  raconte  qu'un 
petit  traité  en  langue  étrangère  est  venu  entre  ses  mains, 
traité  très  précieux  pour  la  médecine,  et  attribué  au  savant 
chrétien  '  nommé  Armengaud  Biaise  (nSa  ajionK  nsj  Don"?,  le  t 
et  le  t  se  confondant  fréquemment  dans  les  manuscrits)  de 
Montpellier;  on  le  lui  avait  donné  à  Barcelone,  dans  l'an- 
née de  son  esclavage  et  du  nouvel  exil.  «Je  l'ai  traduit, 
«dit-il,  de  sa  langue  dans  la  nôtre,  selon  les  facultés  que 
«  Dieu  m'a  données.  J'en  ai  gardé  la  traduction  pendant 

•  quelques  jours,  ne  voulant  pas  la  publier.  Lorsque  le 


Kol.  iS'. 


Ilisl.  lit),  (le  la 
Kraiir.-.I.WVlll, 
|).  I  ■>7  et  siiiv. 

.SteiiuclineidiT, 
Hebr.  Uebersclz.. 
,..  778. 


Calai..  ;i'i- 


'  Aax  preuves  apportées  dans  notre 
tome  XXVIII,  p.  i3o  et  suiv. ,  ajoutons 
Regestam  Clem.  V,  anno  iv,  p.  ii5, 
huile  du  ig  mai  1309.  A  la  considé- 
ration d'Armengaud  Biaise,  son  mé- 
decin. Clément  V  accorde  à  son  fils 
Thoma.»,  clerc  «le  Maguelone,  un  béné- 


fice ecclésiastique  vacant  oq  devant  va- 
quer dans  le  diocèse  de  Béziers,  quoi- 
qu'iin'ait  pas  encore  l'âge  requis.  — Airf., 
bulle  du  3 1  mai  1  Sog  :  le  pape  accorde 
une  dispense  d'âge  &  Bernard,  antre  fils 
d'Armengaud  Biaise ,  pour  un  canonicat 
i  Lérida. 


1IT*  SIF.CI.e. 


408  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«prince  (n-'DJ?)  est  venu  à  Barcelone,  je  la  lui  ai  soumise. 
«  Le  contenu  de  l'ouvrage  est  clair  et  n'a  pas  besoin  d'une 
«  préface.  » 

L'ouvrage  traduit  par  Estori  est  divisé  en  six  parties  : 
I"  les  noms  des  remèdes;  2°  leur  importance;  3°  de  quelles 
substances  ils  se  composent;  4°  pour  quelles  maladies  on 
doit  les  employer  et  quelles  propriétés  ils  ont;  5°  combien 
il  faut  en  prenrlre;  6°  à  quel  moment  on  doit  les  prendre. 
iii.i  liit.  ,\,-  i,  On  ne  connaissait  jusqu'ici  d'Armengaud  Biaise  que  des 
>•  rail. ...t.  XXVIII,    traductions  de  l'hébreu.  Le  traité  remplit  six  pages  et  demie, 

p.  i>7  et  Sun.  .i-,.^.'-',,.         ^ 

en  petit  in-quarto,  dans  le  manuscrit.  L  original  était  sûre- 
ment latin,  et  le  titre  était  probablement  De  remediis. 

Selon  M.  Steinschneider,  l'opuscule  médical  dont  nous 
venons  de  parler  serait  identique  à  celui  que  cite  Eslori  en 
le  désignant  simplement  par  le  mot  idnd,  «  traité  ».  Ce  qui 
est  sûr,  c'est  qu'Estori  renvoie  là  à  une  composition  ori- 
ginale, et  non  pas  à  la  traduction  du  commentaire  sur 
l'Ardjuza,  comme  l'avait  d'abord  pensé  M.  Steinschneider. 
Nous  croyons  savoir  que  cet  habile  critique  est  maintenant 
de  notre  avis. 


Kattnr  wa  Irrali 
p.  X,  iiolf. 

Ibi<l.,  p.  18  a. 


VL  Estori  traduisit  encore,  sans  doute  du  latin,  le 
D'Di32n  0  «Livre  des  purgatifs»,  dont  le  commencement  se 
trouve  dans  le  manuscrit  de  la  Casanatcnsis ,  à  Rome,  n"  I, 
IV,  5.  Ce  manuscrit  renferme  une  collection  de  traités  et  de 
notes  médicales,  compilée,  comme  il  semble  résulter  d'un 
passage  (fol.  87),  par  un  médecin  (italien?)  du  nom  d'Elie 
fils  de  Juda.  Le  manuscrit  est  dans  un  état  de  confusion 
extrême ,  beaucoup  de  feuilles  sont  transposées,  et  sans  doute 
plusieurs  manquent.  Notre  traité  se  trouve  au  folio  182, 
avec  la  suscription  suivante  :  ''n'^.tn  nco  la  moe?K  ■)  pinson  -^ck 
'j-fsn  p"?  iND  3itD  Ninc*  D>ci33n  'c  Nnpjn  nscn  nt  nSsir  \-i'N-i  tVH  j»'  ^> 
cnpn  ]wbh  [?■'^3^]  pcVo  ip-'nyn'?  'nn,  «  Le  traducteur  Estori 
«  fils  de  Moïse  hap-Parhi  a  dit  :  Ayant  vu  l'importance  du 
«livre  appelé  Des  purgatifs,  j'ai  été  poussé  à  le  traduire 
«  en  hébreu.  »  Le  traité  est  divisé  en  sept  chapitres  (onye;), 
dont  le  premier  porte  pour  titre:  mnjn  ^W'jerDi  mn '-inona, 


DU  XIV  SIECLE. 


/|09 


XIV'  SIÈCLE. 


le  dernier  intt  n»t33  ni3-)n'Di  oncD  ncbcn  mnibn  •«•j^'jwa.  A  la  suite 
de  ces  sept  chapitres,  d'autres  notes  commencent.  En  par- 
courant le  manuscrit,  nous  n'avons  pu  découvrir  où  l'ou- 
vrage se  continue.  Ce  traité  Des  purgatifs  n'est  pas  identique 
à  celui  de  Gérard  de  Solo,  ni  à  celui  de  Dontis  (manuscrits 
de  Paris  n°'  1 120,  1  ;  1  128,  8),  ni  à  celui  de  Gérard  Butu- 
tus,  que  nous  connaissons  par  M.  Steinschneider.  La  traduc- 
tion hébraïque  de  ces  derniers  traités  a  été  faite  sur  le  latin; 
la  division  y  est  tout  autre. 

ANONYME, 

AUTEUR  DU  LIVRE  DE  PAPIER. 

Le  i"DKD  iDD  ou  n"jn'D,  «Livre  de  papier»,  est  un  ou- 
vrage de  casuistique  anonyme,  composé  par  un  rabbin 
du  Languedoc,  si  la  lettre  de  divorce,  datée  du  jeudi  le 
8  d'adar  5079  (^9  janvier  iSig),  a  vraiment  été  écrite 
à  Condom.  L'original  porte:  Sn  Krxxa  ^^i  Vv  xarn  kdd  nnjipa 
K*?"  -inj,  «  Condom,  situé  sur  la  Baise  et  la  Gelée  ».  On  trouve 
ce  nom  écrit  piaip  «Condon».  M.  Rabbinowitz  a  lu  Dli^p', 
M.  Neubauer,  de  son  côté,  a  écrit  oniip;  il  croyait  y  trouver 
la  localité  de  Condé-en-Brie,  et  corrigeait  en  conséquence 
les  noms  des  rivières  en  kjpnk  et  n'?''!,  «Aisne»  et  «Vesle». 
M.  Gross  trouve  avec  raison  ces  corrections  forcées.  M.  Neu- 
bauer avait  cru  pouvoir  conclure  de  citations  d'auteurs 
français  et  de  mots  français  que  notre  auteur  devait  avoir 
écrit  dans  l'est  de  la  France;  mais  il  renonce  à  ce  sentiment. 

Nous  donnerons  la  description  de  l'ouvrage  d'après  le 
manuscrit  de  M.  Halbcrstam  (maintenant  à  la  bibliothèque 
Bodléienne,  hebrew ,  e.  17).  Le  volume  se  compose  de 
178  feuillets  in- 8°,  sur  parchemin,  en  caractères  carrés  du 
type  germanico-français  pour  le  texte,  tandis  que  les  pas- 
sages en  marge,  qui  sont  nombreux,  inclinent  vers  l'écriture 
rabbi nique  du  même  type.  L'auteur  commence  par  les  céré- 
monies du  sabbat  et  finit  par  les  prescriptions  concernant 
la  nourriture;  il  se  fonde  principalement  sur  les  ouvrages 
de  Maimonide  et  de  Moïse  de  Couci.  Il  emploie  largement 
les  mots  français  pour  expliquer  les  termes  talmudiques,  et 


Mazkii',  fol.  1  '.\  n 
el  C9  (.. 


Ms.  fol.  1 10'. 

ScliébetJehudali. 
p.  5. 

Varia  Lcctiones, 
II.  fin. 

Arch.  des  mis><. 
scient.,  3'  sér.,  I , 
p.  572. 

Rev.  des  Études 
juives,  VII,  p.  73. 
n"  I. 


Zunz,    Die    \\i- 
tus,  p.  3i. 


Hist.  iitt.  de  la 
France,  t.  XXI, 
p.  5 1 1  et  sniv. 


TOME  XIU. 


Sa 


urfttvcui   iriti*ffll.i. 


St<!CI,B. 


410  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


marge. 


Itev.  lies 

Kliicl<-s 

juj\cs,  VII 

.  P-  -^ 

n>i<i.. 

XVI. 

|>.  iHo. 

Ihid.. 

Vil. 

!'•  77- 

cite  souvent  les  rabbins  de  France  (Çarfathim),  surtout  un 
R.  Hayyinï  Baruch,  très  peu  connu  dans  la  littérature  de 

Ms.  loi.  8,^  /-,   la  casuistique,  et  qui  a  vécu  sans  doute  au  xm*  siècle.  11  dit 
que  celui-ci  avait  reçu  une  règle  de  casuistique  de  son 

Mu.  f..i.  19  6.      père  Menahem,  qui  était  disciple  de  Sa  ni  son  de  Sens,  et 
originaire  de  ©•'i-iik^j,  que  M.  Gross  identifie  avec  Niort  ou 

Koi.  /,àh.  Nevers.  11  rapporte  qu'un  rabbin  (d'après  M.  Gross,  Hayyim 

liaruch)  a  invoqué  une  règle  qu'on  observe  à  vhid,  qui 
n'est  autre  que  la  ville  do  Thouars,  non  loin  de  Niort;  le 
manuscrit  n'a  que  1;  mais  il  est  possible  que  ce  titre  vise 
en  effet  Hayyim  Baruch,  qui  est  nommé  dans  le  passage. 
M.  Gross  croit  que  Hayyim  Baruch  était  un  élève  d'isaac 
de  Corbeil,  qu'il  cite  assez  souvent.  Il  cite  aussi  R.  Juda  de 
Paris  et  Hayyim  Cohen;  il  mentionne  une  fois  Menahem 
Sire  Léon  I'^didict  (?)  et  sous  le  titre  de  teu  un  ouvrage  de 
casuistique  inconnu. 

L'auteur  du  Livre  de  papier  allègue  encore  Berekhiah 
[de  Nicole]  et  Ahron  fils  de  Joseph,  postérieurs  à  Jacob  de 
Ramerupt,  et  R.  Joseph  de  "kjid  (il  s'agit  là  sans  doute 
d'une  localité  de  Mounaie  ou  Monnaie') ,  outre  les  anciennes 
autorités,  telles  que  Gerschom  de  Metz,  dont  il  cite  des 
réponses  (maic?n),  Raschi  et  d'autres.  Dans  le  chapitre  qui 
traite  des  cérémonies  du  divorce,  comme  nous  l'avons  vu, 
il  donne  la  date  et  la  localité,  et  cette  localité  esi  probable- 
ment celle  où  il  demeurait.  On  trouve  aussi  chez  lui  les 
noms  français  qu'on  a  l'habitude  de  mettre  dans  les  actes  de 
divorce  avec  les  noms  hébreux,  tels  que  Juda,  Léon;  Isaac, 
^^3^1p  (Cornet.^)  et  pvtt;  Meschiillam,  Donnet  (o'^n);  lehiel, 
VK'jia,  Bonias  Hayyim,  Vivant;  tout  cela  sur  l'autorité 
d'isaac  de  Corbeil.  La  prière  appelée  onp,  qu'on  récite 
sur  les  morts,  est  semblable  à  celle  qu'on  lit  dans  le  rite 
du  Yémen  et  de  la  Provence  ;  la  voici  :  «ai  k">dw  ©ipn^i  "jup^ 

n'ni3'?D  yVo'»!  n'»injc'7  R»>np  in'jiD  kj3pk'71  K3»v<d  ninsia  jnVio  Tpyo'ji 

. .  .pa^'na  Kjpmc  non  tmwv  yy\ 

'  Le  manuscrit  a  très  distinctement  'K^'JIDD  et  non  pas  '«"JtOO.  .Sur  "310  en 
Champagne,  voir  ci^dessus,  p.  356. 


DU  XIV  SIECLE. 


411 


\IV'  SIÈCLE. 


Le  copiste  du  manuscrit  Halberstam,  Juda  fils  de  R.  Ja- 
cob de  Vermenton  (Yonne,  ]ir:DniB''D),  dit  avoir  écrit  pour 
R.  Joseph  fils  de  Mathithyah,  et  avoir  achevé  son  travail  le 
mercredi  de  la  semaine  dans  laquelle  on  lit  la  section  nt-i 
(Genèse  xviii  à  xxni),  en  l'an  5i42  (novembre-décembre 
iSy-i).  Ce  Mathithyah  est  probablement  le  rabbin  de  Paris, 
Mathithyah  fds  de  Joseph  de  Provins  ('cranc^),  un  des  an- 
ciens propriétaires  du  manuscrit  du  Talmud  qui  se  trouve 
à  Munich  et  qui  a  été  achevé  le  12  kislev  5io3  (1"  dé- 
cembre 1342).  D'après  Azulaï,  le  manuscrit  en  question 
aurait  été  écrit  à  Paris.  M.  Graetz  fait  observer  que  la  date 
i342  est  alors  impossible,  puisque  le  retour  des  juifs  en 
France  n'eut  lieu  qu'en  i36o;  il  propose  la  date  de  5i23 
(i363);  le  mot  c-iw  aurait  été  omis  dans  le  manuscrit. 
Cependant  il  est  difficile  d'admettre  que  le  copiste  ait  omis 
un  mot  aussi  important  dans  ses  post-scriptum,  où  la  datt! 
se  trouve  deux  fois.  D'ailleurs,  M.  Graetz  contestait  la  date  de 
1 342  avant  fapparition  du  second  volume  des  Variœ  lectiones 
de  M.  Rabbinowitz,  qui  le  premier  a  soutenu  que  le  manu- 
scrit de  Munich  n'a  pas  été  écrit  pour  le  rabbin  Mathithyah, 
par  le  copiste  Salomon  fils  de  Sanison.  Il  faut  abandonner 
en  tout  cas  la  donnée  d'Azulaï  d'après  laquelle  ce  manuscrit 
aurait  été  écrit  à  Paris;  Azulaï  le  dit  uniquement  parce  qu'il 
avait  vu  dans  le  manuscrit  une  formule  de  lettre  de  divorce 
avec  la  date  de  Paris. 

Le  copiste  de  notre  ouvrage  anonyme  ajoute  qu'il  ne  sait 
pas  le  titre  de  l'ouvrage,  mais  qu'il  a  appris  de  seconde 
main  qu'on  l'appelait  T'''SKDnDD,  «Livre  de  papier^». 

Le  ^"in  d  est  cité  dans  les  gloses  sur  le  livre  de  Mordecaï 
ben-Hillel,  par  Joseph  Colon,  rabbin  du  xv*  siècle  (réponses 


'  M.  GrsBtz  (Gesch.  d.  Judin.  t.  VIII , 
|).  8)  traduit  ce  mot  par  «  Provençal  ». 

'  Un  autre  inanuscrit  que  nous  avont 
vu  dans  th  bibliothèque  de  M.  le  baron 
Gùnzburg ,  luarqué  n*  6 1 ,  présentiiit 
une  lacune  au  coinmenceaient.  Le  co- 
piste lehiel  Simhah  y  disait  ce  qui  suit  : 

•  Nous  ne  connaissons  pas  le  nom  de  cet 

•  ouvrage  ;  mais  on  le  trouve  copié  sur 


•  du  papier  et  très  souvent  en  F'rancc 

•  (PDIS).  Ne  sachant  pas  le  litre  de  l'ou- 

•  vrage,  le»  gens  l'appellent  Livre  df 
«  papier  (  I^^DC)  •.  Le  contrat  de  mariage , 
dans  ce  manuscrit ,  est  daté  de  Condom 
(onjlp),  le  i4  scliebal  3077  (a8  jan- 
vier i3i7).  Isaac  y  est  exprimé  par 
j3ip,  Mescliullam  par  '31",  et  lehiel 
par  1N"|J3. 

5a. 


Gescliiclitr    der 
Juden.  VIII, p.  10. 


Vari»  lecli'ine». 
I,  p.  3i. 


XIV'  SièCLS. 


412 


LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


peut-être  de  celui  de  Parme  qui  porte  le  n"  4oo  dans 
le  catalogue  de  Rossi.  Ce  manuscrit,  qui  est  en  mauvais 
état,  commence  sans  titre  par  les  règles  du  sabbat  et  finit 
par  celles  qui  concernent  le  mariage;  étant  mutilé  de  la 
fin,  il  ne  contient  pas  la  formule  de  facte  de  divorce.  La 
formule  du  contrat  de  mariage  (indice  de  Tannée  où  le 
manuscrit  fut  copié)  porte  la  date  du  mercredi  i4  tam- 
mouz  5 160  (7  juillet  i4oo)  selon  le  comput  de  Cham- 
béri  («no  ^-laDNpa);  elle  ne  contient  pas  de  noms  pour  les 
parties  contractantes;  on  y  lit  p  iSd  et  ra'jD;  la  dot  est 
comptée  en  ducats  (woNpn).  Nous  devons  les  informations 
relatives  à  ce  manuscrit  à  M.  le  docteur  L.  Modona,  sa- 
vant hébraisant,  sous-bibliothécaire  de  la  bibliothèque  de 
Parme. 

Le  manuscrit  hébreu  de  Paris  n"  446  renferme  beaucoup 
d'extraits  de  notre  traité,  accompagnés  du  compendium  de 
casuistique  de  Mardochée  fds  de  Hillel;  ce  sont  probable- 
ment les  gloses  de  Joseph  Colon,  déjà  mentionnées. 


Voir  ci-dessous, 
ait.  de  Sen  As- 
liuc  et  de  Jos. 
Caspi. 


Monatssclirifll , 

1879.  p.  47i. 

Catal. ,  p.  5 1 . 


Catal.. 


1367. 


moïse  de  beaugaire, 

TRADDCTEliR. 

Moïse  de  Beaucaire  (n"p'73i)  était  contemporain  de  Sen 
Astruc  de  Noves  et  de  Joseph  Caspi.  Il  habitait  Salon  comme 
Sen  Astruc  et,  comme  celui-ci,  il  a  composé  une  réfutation 
du  Livre  du  mystère  de  Caspi;  nous  en  possédons  quel- 
ques extraits  conservés  dans  la  lettre  que  Calonymos  adressa 
à  Caspi.  Notre  Moïse  est  sans  doute  identique,  comme 
M.  Gross  Ta  fait  observer,  à  Moïse  fils  de  Salomon,  l'un 
des  savants  de  Salon,  qui  a  traduit  le  grand  commentaire 
d'Averroès  sur  la  Métaphysique  d'Aristote.  Les  livres  VII  à  X 
de  cette  traduction  se  trouvent  dans  les  bibliothèques  de 
Leide  (ms.  Wam.  18,  2)  et  d'Oxford  (n°  1867  du  nouveau 
catalogue);  les  livres  XI  à  XII  (d'après  la  version  latine)  dans 


DU  XIV  SIECLE. 


413 


le  manuscrit  de  Munich  (n°  65,  8,  sous  le  titre  de  nnon  d 
1BD^N'7,  «  Livre  d'éthique  d'Aristote  »,  avec  des  transpositions). 
Les  manuscrits  les  plus  complets  se  trouvent  à  Paris'.  Men- 
tionnons d'abord  le  n°  886,  où  le  nom  du  traducteur 
n'est  pas  donné,  et  qui  contient  les  livres  I  à  X  et  le  livre  XII 
incomplet;  la  traduction  est  faite  sur  l'arabe.  L'ouvrage  est 
intitulé  :  yaon  intce?  no  -ed,  «  La  Métaphysique  »  d'Aristote,  et 
accompagné  du  grand  commentaire  d'Averroès.  Cette  ver- 
sion présente  la  particularité  que  les  deux  premiers  livres 
sont  transposés,  le  livre  a  formant  le  premier  et  le  livre  A 
le  second.  Le  n°  887  présente  le  même  contenu;  mais  le 
livre  XII  est  complet,  et,  à  la  suite  du  livre  II  (I),  se 
trouve  une  note,  probablement  d'Averroès,  qui  donne 
quelques  indications  sur  l'ordre  à  suivre  dans  l'étude  de 
la  métaphysique.  D'après  la  description  du  catalogue,  cette 
traduction  «diffère  souvent  de  celle  du  n"  886;  elle  s'at- 
•  tache  moins  à  la  lettre  et,  dans  plusieurs  passages,  elle 
M  est  plus  claire  ».  C'est  peut-être  une  revision  de  la  pre- 
mière traduction  par  l'auteur  même  de  la  traduction.  Il  est 
peu  probable  que  Moïse,  comme  le  dit  le  catalogue  de 
Paris,  ait  pris  pour  base  de  son  travail  le  texte  du  n"  886, 
en  le  corrigeant  en  quelques  endroits.  Ce  manuscrit,  il  est 
vrai,  n'a  pas  le  nom  du  traducteur,  tandis  que  le  n"  887 
donne  le  nom  de  Moïse,  fds  de  Salomon,  avec  l'addition 
pS'c?  'CDno,  «  des  savants  de  Salon  ».  Notons  que,  dans  l'index 
du  catalogue  de  Paris,  on  attribue  cette  traduction  à  Moïse, 
fils  fie  Salomon  de  Salerne. 

Les  n°'  888,  889  et  890  de  Paris  sont  identiques  au 
n°  887,  et  le  nom  du  traducteur  se  trouve  dans  les  deux 
premiers.  Le  n°  8go,  qui  a  pour  titre  lubn  nxa  ov-im  iDxcn  'c 
yaon  inttv  noD,  «  Livre  Lambda  (A) ,  ou  le  1  2'  livre  de  la  Méta- 
»  physique  d'Aristote  »,  est  incomplet  à  la  fin,  de  sorte  que  le 
nom  du  traducteur  manque.  Cette  version  a  une  grande  im- 
portance, car  elle  peut  servir  à  rectifier  les  erreurs  biblio- 
graphiques qui  ont  été  commises  à  propos  du  commentaire 


\1V'  SIÈCI.K. 


Catal. ,  p.  3u. 


CaLil. 

!.•  887. 


Paris 


Freudentlial, 
Averroes,  p.  117. 


2  3 


Il  y  m  a  nussi  un  manuscrit  à  Berlin.  (Sleinschneider,  Hebi:  Uebersetz. ,  p.  1 73. 


f IT   SIECLE. 

Munk ,  Mi>langes 
dp  |>liilosopliie 
juive  el  ai-abc, 
|).  h'M  et  suit. 


Voir  ci  dessous , 
p.    'l'|5. 


Uibliolh.  rabb. , 
I,  p.  33U;  III, 
p.  aSg. 

Biblioth.  bebr. , 
1,  p.  187  el  897. 

(^al*i.,  p.  il. 


414  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

d'Averroès  sur  la  Métaphysique,  comme  l'a  montré  fort 
bien  M.  Munk. 

Dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  d'Esté  à  Modène 
marqué  I.  C  17,  qui  renferme  notre  traduction,  on  appelle 
le  traducteur 'nVxn  bM:n  osnn,  «  le  grand  et  divin  philosophe  », 
Moïse  fds  de  Salomon ,  des  savants  de  Salon  (îi*?^,  mot  formé 
par  allusion  à  la  localité  biblique  rù^v,  Schilo;  on  trouve 
cette  dernière  forme  dans  la  lettre  de  Calonymos).  A  la  fin 
du  livre  X,  on  lit  ce  qui  suit  :  n"?  a)i  irr'?  yjn  n"?  is"n"i  lOKOn 
liDD  t?n^D  13  N2C3  n"?  pi  D-DDfi  IV)  '\  D3nn  1'*?,  «le  onzième  livre 
«  ne  nous  est  parvenu,  ni  à  nous,  ni  à  Ibn-Roschd  le  com- 
M  inentateur;  c'est  pourquoi  on  ne  trouve  pas  chez  lui  de 
«  commentaire  sur  ce  livre  ».  Le  i  2*  livre  a  la  suscription  sui- 
vante :n:ie;NinK''Dioi'7'CnD  3'^  noKDnSyiDTîreipn,  «  Préface  d'ibn- 
«  Roschd  sur  le  12'  livre  de  la  philosophie  première».  A  la 
fin,  on  lit  ce  qui  suit  :  ivi  px  i^*?  ik3  k"?  jb  D-iomin tm r"' iokd 
ij:i»'73  «id3  m*?!,  «  Ics  livrcs  Xlll  et  XIV,  marqués  in,n,  ne  sont 
«pas  venus  entre  les  mains  d'Ibn  iluschd,  et  ils  ne  se 
«  trouvent  pas  dans  notre  langue  ». 

Nous  mentionnerons  encore  deux  manuscrits  de  cette  tra- 
duction. Ce  sont:  1°  le  manuscrit  d'Oxford,  n°  i367,  2, 
qui  est  identique  au  manuscrit  de  Paris  887;  il  renferme 
les  livres  VII  à  X  et  XII;  2°  le  manuscrit  du  Vatican  Urb., 
46,  qui  contient  les  mêmes  livres.  Assémani  donne  le  titre 
suivant  :  '''?K»Dï£?'n  nijoD'jKD  yao.i  *inH»  no  d  •?»  '<»,  Alexandri  Ismae- 
litœ,  tel  podus  Aphrodiscei ,  insignis  ArislotêUs  interpretis.  Ce 
titre  ne  se  trouve  pas  dans  le  manuscrit,  et  Assémani  y  a 
mêlé  le  nom  d'Alexandre,  parce  que  ce  nom  est  mentionné 
dans  le  commentaire  d'Averroès.  Le  manuscrit  en  question 
a  été  écrit  à  Bologne,  en  l'année  5 1 5o  de  la  création  (iSgo). 
Moïse  de  Beaucaire  A  ici  également  l'épithète  de  "?n3n  asnn 
^fi'jxn .  Ce  manuscrit  est  mentionné  par  Bartolocci  et  Wolf , 
aux  noms  Alexander  Arabs  et  Moses  jiliai  Salomonis;  l'auteur 
est  qualifié  ex  sapientibas  Salonii.  Enfin  le  manuscrit  de 
Turin  n"  XIV,  fol.  667,  contient  le  commentaire  traduit  par 
Moïse  de  Beaucaire.  M.  Bernardino  Peyron  se  trompe  en 
le  croyant  composé  d'après  Thémistius.  Ce  manuscrit  a  été 


DU  XIV  SIECLE.  415 


\1V*  Sl^OlK. 


(JJ. 


I 


copié  par  Crescas  Vidal  S"»*?  (?)  pour  Maestro  Mordecai  To- 
dros  Nathan,  et  achevé  le  i3  marheschwan  628 1  (M.  Pey- 
ron  met  6q3i)  =  8  octobre  1470.  Mordecai  vendit  ce 
manuscrit  avec  d'autres  livres  à  Maestro  Davin  de  Lattes 
(etkok'ît),  à  Avignon,  le  i8  kislev  52  46  (26  novembre 
i485). 

Notre  Moïse,  comme  M.  Steinschneider  l'a  bien  deviné,  Matkir.  \vi. 
est  également  l'auteur  de  l'abrégé  du  grand  commentaire 
d'Averroès  mr  U  Physique  d'Aristole,  qui  existe  en  ma- 
nuscrit à  Turin  (A.  vi.  43),  et  dont  la  description  dilFère 
chez  les  différents  auteurs,  le  post-seriptum  étant  difficile  à 
lire.  Prenons  d'abord  Pasini.  11  dit:  Cod.  CXXX  a.  V.  Il,  «aiai.,  m  .s- 
chartaceus,  foliis  constans  23â,  charactere  cxaratus  Ilebrœo- 
Hispano,  lectu  penUfficili,  quatuor  priorcs  continet  libros  Ansto- 
telis  yaçn  "w  Al  Hatteva  de  Physica  Auscultationc ,  cum  sclioliis 
in  utroque  mar(jine  R.  Mosis  de  Palkera,  quemadmodum  scrip- 
tum  est  fol.  233  :  nT»*?  pe^jfna  rawa  •'pws  D^w^  nKOi  d''d'?n  rc?Dn  n:c?3 
yvvn  1DDD  a^-iDtcD  nvaiNn  n^  ino  taniax  p  ]nz  iVK  ijk  'nD"m  irons  sk 
Ki>'p'7BT  nerc  "1  *iiM'?'«n  nxp  ^»pon  loj*  ae?ni&ni  d^'jbidd-ik'?  ^yaon 
liTwn  ivi  p»iT50,  Anno  creationis  5102,  id  est  œrm  valçjaris 
1342,  die  sexto  hebdomadœ ,  primo  mensis  ah,  id  est  lunœjalii, 
ego  Ascer  Cohen,  Jilius  Abrahami  Cohen,  scripsi  el  absolvi  hos 
qaatuor  tractatus  de  Physica  cmscaltatione  Arisloielis,  et  ex- 
positionein  eoruni,  quani  in  cotnpendimn  rc(le(iil  philosophas 
R.  Moses  de  Palkera,  ex  magna  expositione  Ahen  liasciad,  sive 
Averrois.  De  philosopho  Mose  de  Palkera  ne  verbiim  quidem  in 
vulgatis  Hehrœorum  Ribliothecis.  M.  B.  Peyroii  donne  du  caïai.  p.  ins. 
même  volume  la  description  suivante  :  Arislolcles,  de  Phy- 
iiQ9  audJM  libri  IV  priores  ex  anonyma  versione,  ciini  commentis 
in  nargine  R.  Mosis  [vp'j-'ai]  De-Belker,  seu  forte  Falkera.  Sa 
traduction  du  post-scriptum  est  la  suivante  :  Anno  5102 
[A.  D.  1342)  die  sexto  hebdomadœ,  primo  mensis  adar,  scripsi 
et  absolvi  ego  Ascer  Cohen  ben  Abraham  Cohen  hos  quatuor 
libros  ex  Aristotelis  opère  de  Physico  auditu;  el  commenta  quœ 
sunt  in  margine  in  compendium  redacta fuerunt  ah  eximio  phi- 
losopho Mose  De-Belcher  (^Falkera?) ,  cui  locus  habitat ionis  fuit 
pS''»  {^Scilak?),  ex  priori  commento  Aben  Roscd,  ut  commodiora 


XIV    SIECI.F. 


Mazlir,  XX, 
p.  i33. 


Resp.  Laites, 
p.  98.  99,  101. 


Calai.     Taur. , 
p.  218. 

Wolf,  BiWioJh. 
hebr. ,  IV,  p.  927. 


Maïkir,       XX , 
p.  i3î;XXI,p.  83. 


Ibid.,       XVI. 
p.  93. 

Voir  ci-dessous , 
p.  433. 


416  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

évadant  leclori.  M.  Peyron  lit,  après  le  mot  oennicm,  ce  qui 
suit  :  in:''nn  Dipo  i'j  "i"p'?''3T  ne?D  'i  «iiDi'?''Bn  nbvjn  ivn  iisp  Kin  vSja  -i»k 
na  Knipn  yTi"  ivo''  in«n  ne?T  p  e?n"iED  pb-ier  wn.  M.  Neubauer  croyait 
lire  la  date  D>3»iD^nK0i,  6272  A.  M.  =  i442  A.  D.;  mais 
M.  Steinschneider  fait  cette  observation  juste  que  la  nou- 
velle lune  d'adar  i342  tombe  un  vendredi,  tandis  qu'en 
1442  c'est  un  lundi;  et  en  effet,  après  un  nouvel  examen, 
M.  Neubauer  a  trouvé  hndi  au  lieu  de  dtkdi.  M.  Stein- 
schneider ajoute  que  notre  copiste  Asclier  Cohen  est  peut- 
être  le  père  d'Abraham  fils  d'Ascher  Cohen  de  Lunel, 
mentionné  dans  les  Réponses  d'isaac  de  Lattes  entre  les 
années  iSyô  et  i385.  M.  Neubauer  lit,  après  Abraham 
Cohen  (p.  4i  1,  ligne  8  du  bas)  le  mot  Vr"?,  de  Lunel,  ou 
une  formule  abrégée.  Il  lit  encore  (p.  4 12,  1.  i5)  :  n^pV^aT 
]i"?^w  nTi  inunn  mpo  y"j,  «  sa  résidence  fut  Salon,  »  au  lieu  du 
mot  énigmatique  Scilak.  M.  Peyron  donne  la  notice  bibho- 
graphique  suivante  :  Bencinius  [apiul  Wolfinm,  t.  IV,  p.  927) 
pro  Ascer  Cohen  lecjit  Meschullam,  (juem  Libros  IV  Aristotelis 
de  Rébus  naturalibus  cum  scholiis  R.  Mosis  Belchiez  hebraice 
convertisse  ait.  Sed  est  librarius.  Ex  Pasino  Stcinschneiderius , 
Cat.  p.  2265,  legens  Mosen  xi^bsT  suspicatur  esse  patrem  Tan- 
chumi.  Sed  in  codice  nomen  est  n"p'7"'an  {^potius  n^pV'ai).  Ncscio 
an  idem  sit  nomen  varie  scriptum.  M.  Steinschneider  a  depuis 
restitué  le  nom  de  Beaucaire  pour  Palakera  et  a  reconnu 
en  notre  Moïse  le  contemporain  de  Calonymos  ben-Calo- 
nymos.  Le  commencement  du  texte  que  donne  M.  Peyron 
est  identique  à  la  traduction  du  grand  commentaire  d'Aver- 
roès  qu'on  trouve  dans  le  manuscrit  de  la  Bodléienne, 
n"  i388  du  nouveau  catalogue,  et,  d'après  M.  Steinschnei- 
der, c'est  Calonymos  qui  serait  le  traducteur.  Notre  Moïse 
aurait  en  ce  cas  écrit  un  abrégé  de  la  traduction  de  Ca- 
lonymos. Nous  reprendrons  la  question  à  propos  de  ce 
dernier. 


DU  XIV  SIECLE.  /il-       ^,^.„,^^,. 


CVLONYMOS  BE^-C\LONYMOS, 

TRADCCTEUB. 
SA  VIE. 

Calonymos,  fils  (le  Calonymos,  fils  de  Meïr,  le  traducteur 
le  plus  actif  de  la  Provence,  naquit  à  Arles  en  l'année  1287. 
Celle  date  nous  est  fournie  par  les  manuscrits  où  Calo- 
nymos dit  qu'il  a  achevé  certaine    Iraduclion  à  l'âge  de 

vini^t-deux  ans,  en  iSog.  .M.  Zunz,  dans  son  savant  article  Voir  ci-dessous, 

sur  noire  rabbin,  niellait  la  date  de  sa  naissance  enlre  1 284  *''  ]'  ' 

f'I  l 'iH'].  Le  nom  provençal  dejiolre  Calonymos  élait  \Iaes-  iii,'j,.2  5o'eisu'ii' 

tro  (>alo  C??  ou  iWi  abrégé  de  ciciiSp);  son  père,  (lui  por-  Voir  h  dessoui. , 

,    -,     I        ,•,           1       M      •                •                                       «  I).  '1 '10,  11°  XXX. 

lail    le   litre  de  JNasi,   M|)ruice»,   nous  est  connu  comme 

poète  par  Abraham  de  Béziers.  Calonymos  lui-même  portait  iiisi.  lin.  de  1. 

-  Kranrc,  I.  XXVII. 


!'■  7"- 


également  le  titre  de  Nasi,  d'après  quelques  épigra])hes  de 
.ses  ouvrages.  On  omet  parfois  le  nom  de  son  père  en  l'aj)- 
peianl  Calonymos  ben-Meïr;  de  là  proviennent  ([uelques 
confusions    chez   les  anciens   bibliograjihes.  Ainsi   Barto- 
locci  fait  de  notre  auteur  au  moins  trois  différents  person- 
nages :    1"  Calonymos  fils  de  Meïr,  auteur  du  Livre  des      iiiWioiii.  iai)i>.. 
liois;  2"  Calonymos  de  la  famille  Calonymos,  auteur  de  la    'V"°'''6'i. 
Pierre  de  louche,  et  ([ui  a  traduit  du  grec  en  arabe  (!)  le 
traité   intitulé  La   lettre  sur  les  animaux;  3"  Calonymos      ibid.,  n"  iGoo; 
(ils  de  Calonymos,  traducteur  des  commentaires  d'Averroès   "'  ''"""'•P  ''3'' 
sui-  la   Physique    (i3i6)   et  la   Métaphysique.   Bartolocci 
continue  en  disant:  «  Il  traduisit  aussi  les  traités  d'Averroès 
«  De  animœ  beadtudine  et  Epistola  de  Intellcclu,  qui  ont  été 
M  imprimés  à  Venise  avec  les  autres  ouvrages  d'Averroès  en 
M  i552.  »  Ailleurs  Bartolocci  dit  que  Calonymos  fils  de  Da-      ibid.,  u"  iGUo, 
vid  Calonymos  fut  surnommé  Calo.  Nous  verrons  que  c'est   "  essous,i>.46i. 
notre  auteur  qui  porta  ce  nom  abrégé. 

Wolf  fait  de  notre  traducteur  deux  auteurs,  à  savoir  :      Bibi.  hebi.,  i, 
1  "  Calonymos  fils  de  Meïr,  auteur  du  Livre  des  Rois;  2°  Ca-   p  '°®^ 
lonymos  de  la  famille  Calonymos  (didiji'??  n-iao) ,  auteur  de  la      km.  bébr.,  i, 
Pierre  de  touche,  de  Y  Epistola  animalium,  de  Y  Epistola  ino-   •'■  '"''^ 

TOME    XWI.  53 

^      J     m  tVpfilVKIllE    llTIOXALe. 


\IV*  siici.K. 


auteur. 


Bil)l.  hebi..  III 


/ii8  I.ES  KCRIVAINS  JUIFS  FR\NÇ\LS 

ralis,  (les  traductions  d'Avcrroès  mentionnées  par  Barto- 
locci,  et  de  plus,  de  la  traduction  de  la  Destruciio  destruc- 
tionis,   qu'on    attribue    ordinairement   à   Calonymos   ben 

Voiriariidcsu.  Todfos,  mais,  d'après  Wolf,  sans  aucune  raison.  Nous 
verrons  qu'en  réalité  l'un  et  l'autre  de  ces  Calonymos 
avaient  fait  une  traduction  de  la  Dcstructio.  En  outre,  U  oU 
mentionne  la  traduction  par  Calonymos  des  traités  De  clys- 

Voir  ci  dessous,  teiiis  t't  coUcd ,  attribués  à  Galien.  Dans  son  troisième  vo- 
lume, il  reconnaît  les  deux  Calonymos  comme  étant  un 
seul  et  même  auteur,  et,  en  ajoutant  d'autres  traductions 
faites  par  notre  Calonymos,  il  fait  observer  que  Calony- 
mos, dans  sa  Pierre  de  louche,  dit  qu'il  était  âgé  de  quatre- 
vingt-trois  ans,  lors  de  la  composition  de  ce  traité,  faite  en 
5ooo  A.  M.  =  1  Q^o  A,  D.  Par  conséquent,  dit  Wolf,  la  date 
de  1 3  I  6 ,  donnée  pour  sa  traduction  du  commentaire  d'Aver- 
roès  sur  la  Physique,  doit  se  rapporter  à  la  copie  et  non 

v„ii<i(i.sso.is    pas  à  la  composition  de  ce  traité.  Nous  verrons  qu'au  con- 

^'^  traire  la  date  de  i3]6  est  exacte  pour  la  traduction  et  que 

la  date  de  la^o,  dans  la  Pierre  de  touche,  est  due  à  un 
malentendu.  Dans  le  quatrième  volume,  Wolf  met,  après 
Calonymos,  de  la  famille  Calonymos,  le  nom  de  Clemens 
Jil.  démentis,  filii  Meir  (d3"'C''7P  p  crr:'"??),  qui  aurait  traduit 
le  commentaire  d'Averroès  sur  la  Logique  et  les  Topiques 
en  i3i4,  et  celui  sur  le  traité  du  Ciel  en  i3i7,  alors  qu'il 
était  âgé  de  trente  ans.  Wolf  se  fût  épargné  cette  confusion, 
s'il  se  fût  souvenu  que,  dans  le  troisième  volume,  il  avait 
(lit  (|ue  Calonymos  fds  de  Calonymos  était  pctit-fds  de  Meïr. 

i)iii.,ii.  sior ,  Do  Rossi  dit  (jue  Calonymos  fds  de  Calonymos  était  do 

'**"  Mantoue,  qu'il  vivait  vers  le  milieu  du  xiii*  siècle  et  qu'il 

atteignit  un  âge  avancé;  car  il  acheva  la  composition  de  sa 

Voir  ci  dessous,    PiciTe  de  touche  en  i34o,  âgé  de  quatre-vingt-trois  ans. 

^^■^  Quant  aux  travaux  de  Calonymos,  De  Rossi  renvoie  à  son 

Catalogue  des  manuscrits  hébreux,  ainsi  qu'^  un  manuscrit 
du  Vatican.  Nous  utiliserons  ces  manuscrits  dans  la  suite. 

Bibi.  jud..  II.  M.  Fûrst^  d'après  Zunz,  place  la  naissance  de  Calonymos 
en  1 287;  iJ  ajoute  que  Calonymos  travaillait  sous  les  ordres 
de  Robert  d'Anjou,  qui  lui  donna  des  lettres  de  reconi- 


05. 


DU  XIV'  SIECf.E. 


M^ù 


mandatioii  pour  Rome,  entre  1 3 18  et  1 822  ,  qu'il  retourna 
de  là  par  la  Catalogne  en  Provence,  et  qu'il  se  fixa  à  Arles. 
M.  Gross  donne  également  l'année  1287  comme  date  de  la 
naissance  de  notre  auteur;  M.  Steinschneider  parle  de  la  fin 
de  1286,  en  se  fondant  sur  la  date  à  laquelle  Calonymos 
fit  sa  traduction  de  la  Physique. 

Les  détails  sur  la  vie  de  Calonymos  ne  sont  pas  nom- 
breux. H  fit  ses  études  à  Salon,  où  vivaient  ses  deux  maîtres. 
Moïse  de  Beaucaire  et  Sen  Astruc  de  Noves.  Des  contempo- 
rains l'appellent  un  «  très  grand  savant  ».  Ainsi  Immanuel  de 
Rome,  Manoello,  que  l'on  suppose  avoir  été  l'ami  de  Dante, 
ne  tarit  pas  en  éloges  sur  lui  comme  traducteur  et  comme 
poète.  «  H  connaît,  dit  Manoello,  Ptolémée  par  cœur,  ainsi 
«  que  les  Livres  des  Chaldéens  (ouvrages  astrologiques?),  et 
«  il  est  le  plus  habile  pour  traduire  de  l'arabe  en  hébrew.  H 
»  est  grand  philosophe,  et  il  réjouit  le  lecteur  avec  sa  prose 
«  cadencée  (ns"'?©).  »  Cependant  Manoello  n'a  jamais  vu  de 
compositions  métriques  (  l'c  )  de  lui.  Nous  montrerons  plus 
loin  que  la  distinction  entre  la  ])rose  cadencée  et  la  poésie 
a  quelque  importance  pour  certains  détails  de  la  vie  de 
Cahmymos.  Un  autre  traducteur  provençal,  Calonymos  fils 
de  David,  dit  de  notre  Calonymos  qu'il  savait  le  chaldéen, 
le  grec  et  l'égyptien  [?),  qu'il  fit  même  des  traductions  en 
latin  et  qu'il  a  éclairé  les  savants  provençaux  par  ses  tra- 
ductions élégantes.  Enfin  Isaac  de  Lattes  s'exprime  sur  Calo- 
nymos en  ces  termes  :  «  Le  savant,  le  prince  R.  Calonymos, 
«  fils  [de  Calonymos,  fils]  de  Meïr,  a  con^posé  des  livres 
«  sur  les  sciences,  et  parmi  eux  il  y  en  a  un  intitulé  Livre 
«des  rois  [de  la  gloire,  d'après  le  manuscrit  Gûnzburg]; 
«  c'est  un  livre  précieux,  qui  traite  de  l'arithmétique,  de  la 
«  géométrie  et  de  l'astrologie.  »  MM.  Gross  et  Steinschneider 
croient  ([ue  le  passage  dans  lequel  Lattes  attribue  à  Moïse 
ibn-Tibbon  [dans  le  manuscrit  Gûnzburg,  à  Samuel 
(Salomon.î^)  de  Melgueil]  les  quatre  livres  intitulés  :  But 
final  de  l'astronomie.  Livre  Colliget,  Livre  des  Rois  et 
Livre  des  dix  matières,  est  transposé  et  devrait  être  rap- 
porté à  Calonymos.  On  a  peine  à  l'admettre,  tout  en  re- 

53. 


XIV*  SIÈCLE. 

Monalsschril'i . 
ifijçt,  p.  1^70. 


Kiirycl.Ersrl)  i 
(inilier,  p.  i6()  ''. 


Tli.  Paur,  (liin- 
Jnlirh.  (I.  (I.  Dante 
Gcsplischafi,  t.  III 
(1871),  p.  '133  n 
siii\ . 

Voirri-fles<oin. 
p.  'i5o. 


Voirci-dessoii- 
p.  ^  J  1 . 


Voirci-<lcssotis 
p.  /i(ii. 


Kiriath  5iépljer, 
p.  75;  voir  l'ar- 
licle  sur  rpi  au- 
leur. 


Monatssriirirt, 
187g,  p.  555. 

Encyclopaedie, 
p.  177,  noie  .Si. 


\IV'  SIÈCLE. 


420  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

connaissant  le  mauvais  étal  où  se  trouve  le  texte  du  traite 
fie  Laltos. 

La  première  traduction,  qui  est  on  même  temps  U'.  j)re- 
mier  ouvrage  que  nous  connaissions  de  notre  auteur,  esl 
Voir  ci-dessous,   la  traductiou  d'Ali  ibn-Ridhwan,  qui  fut  faite  en  i3o6  et 
'■'"''''  "  '■  se  perdit  dans  les  troubles  de  l'exil.  Ses  autres  traductions, 

conjine  nous  le  verrons,  datent  de  iSoy  à  iSiy,  et  il  les 
(it  toutes  à  Arles,  sauf  une  qu'il  lit  à  Avignon.  En  i3i8, 
nous  le  trouvons  à  Salon,  plus  tard  à  Rome,  et  finalement  en 
Catalogne,  vers  1 3  3  2 .  Ensuite  nous  le  perdons  de  vue  jusqu'à 
l'année  )3:«8,  époque  où  il  était  âgé  de  quarante  et  un  ans. 
Voirci-dessoiis  La  date  de  sa  mort  est  inconnue.  Nous  verrons  plus  loin  (jue 
'  •  *^^-  le  post-scriptum  dans  lequel  Calonymos  dirait  avoir  composé 

un  ouvrage  en  is^o,  à  l'âge  de  quatre-vingt-trois  ans,  re- 
pose sur  une  erreur  de  copiste.  Nous  ne  savons  pas  sur  quel 
(lesrhiciii.  <iei    documeut  M.  G raetz  s'appuie  pour  dire  que  notre  auteur 
''-K'».vii,p-68.    mourut  avant  i337. 

Il  esl  hors  de  doute  que  Calonymos  étudia  la  méde- 
cine; autrement  comment  aurait-il  pu  traduire  tant  d'ou- 
vrages médicaux.^  Mais  M.  Steinschneider  a  sûrement  raison 

Kiicyciopœiiir .     de  soulcuir,  contre  l'assertion  de  M.  Gross,  qu'il  n'y  a  pas 
'   '''"  de  preuve  que  Calonymos  ail  pratiqué  la  médecine.  Par 

b-'r.TTe"''      moments,  el  surtout  en  i3i8,  notre  auteur  laisse  paraître 
dans  ses  écrits  une  grande  tristesse,  sans  que  nous  en  con- 

Voir ri-dcssous ,   naissi(ms  la  raison.  Calonymos  mentionne  en  i322  les  cala- 
''  ''^°'  mités  que  causèrent  chez  les  juifs  de  Provence  la  rage  des 

Pastoureaux  et  l'horrible  épisode  des  lépreux. 

Le  fait  le  plus  important  de  la  carrière  extérieure  de 
Calonymos,  ce  furent  ses  relations  avec  le  roi  Robert  de 
Naples.  Il  esl  difficile  de  fixer  l'époque  à  laquelle  le  roi 

Mai.b(irct.  33.  le  fit  veuir  à  Rome  pour  travailler  selon  ses  vues,  plus 
difficile  encore  d'expliquer  les  circonstances  qui  accompa- 
gnèrent son  départ  de  Rome.  C'est  Manoello  qui  rapporte  le 
fait.  Un  certain  R.  Samuel,  portant  le  titre  de  Nasi,  demeu- 
rant probablement  à  Arles,  réclama  le  retour  de  Calonymos 
pour  des  raisons  de  famille.  Manoello  répondit  que  celui-ci 
ne  pouvait  quitter  immédiatement  Rome,  étant  employé  à 


DU  XIV  SIÈCLE.  421        ^,^,^,^.„ 

faire  (les  Iraductions  pour  le  roi.  Toute  la  communauté  de 
Home  prolesta  contre  le  départ  de  Calonymos.  Notre  au- 
teur avait  fait  toutes  ses  traductions  liébraïcpies  avant  1 3 1  7  ; 
les  travaux  que  le  roi  Robert  lui  demandait  se  rap])ortaient, 
non  à  (les  traductions  hé])raïques,  mais  à  des  traductions 
lalines.  Robert  se  trouvait  à  Avignon  en  iSig,  et  c'est 
probablement  dans  sa  ])ibliothéque  que  Maestro  Caln  (Calo- 
nvmos)  avait  trouvé  le  traité  arabe  sur  les  Poisons  de  Djabir 
ibn-Hayvan,  dont  il  traduisit  un  passage.  Car  il  n'est  guère  Voirci  apro  . 
probable,  (juoi  qu'en  dise  M.  Steinschneider,  que  Calo  ait  ''  '^^ 
tiré  le  passage  de  Djabir  d'une  traduction  hébraiVpie  ou    „°2ii2,  M;"ca- 

latine  lalo^'m;,  coi.  7;1<i; 

,,    ,"  ,       .      .,  .  ,,  ,,  .      fiei^n-,     \ierlpl- 

(>aionymos  etait-iI  parti  pour  Itoine  avant  1.I21,  mum   jaiM-.ciinfi.i.iii. 
d'une  recommandation  du  roi,  et  serait-ce  lui  qui  revint    •'•"■ 
vers  la  même  éjwque  pour  sujijilier  le  pape  à  Avignon  de 
révoquer  un  (U'xrel  de  per.sécution  contre  les  juifs  dont  il 
est  ([uestion  dans  l'ouvrage  de  Manoello.^  Kn  ellct,  Manoello      MaiiWici.  ■:>-. 
parle  d'iui  poète  auquel  il  donne  les  mêmes  louanges  que 
celles  qu'il  avait  données  précédemment  à  Calonymos,  et 
qui  aurait   risqué  sa  vie  en  Provence  pour  aller  se  pré- 
.senter  cbez  le  pape  à  Avignon,  afin  d'arrêter  la  persécution 
qu'on  y  prépaiait  contre  les  juifs.  MM.  Steinschneider  et       Lucycioi adi. . 
Gross  sont  d'avis  que  Calonymos,  s'étant  arrêté  à  Rome  plus    ''■  '^°' 
longtemps  que  ne  le  voulait  sa  famille,  partit  subitement    ,,  s'is"""''"' 
comme  délégué  auprès  du  pape.  Le  poète  anonyme  ne 
serait  donc  autre  que  notre  Calonymos.  Cependant  cette 
hypothèse  provoque  une  objection  :  Manoello  dit  du  poète 
anonyme  qu'il  savait  faire  (les  vers  en  hébreu,  en  arabe  et 
dans  la  langue  des  chrétiens  (latin  ou  provençal) ,  tandis  que 
Calonymos,  comme  nous  l'avons  vu,  n'a  montré  à  Manoello      Voir  ci-dcssu  . 
que  de  la  prose  cadencée;  le  poète  ne  serait  donc  pas  Calo-   ''    '^ 
nymos.  Et  d'ailleurs  pourquoi  Manoello  ne  nommerait-il 
pas  Calonymos,    s'il  s'agissait  de  lui?   D'un  autre  côté, 
M.  Graetz  fait  observer  avec  raison  que,  si  Calonymos  avait      Gesthichtp  cier 
empêché  la  persécution  a  Rome,  il  en  aurait  parlé  dans  son   J"<ien,vii,p.388. 
ouvrage  intitulé  Pierre  de  touche,  puisqu'il  y  mentionne 
les  calamités  amenées  par  les  Pastoureaux  (1820)  et  par  les 


\:\   s:kci.k. 


nalssrlii 


622  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

lépreux  (i32  i).  M.  Gross  répond  à  celte  objection  en  disanl 
I'.  ViO.  que  Calonymos  devait  plutôt  se  lamenter  des  calamités  qui 

avaient  atteint  les  juifs  d<;  France  que  se  vanter  d'avoir  dé- 
livré ses  frères  de  Rome.  Cette  réponse  nous  paraît  faible; 
car,  l'auteur  énuniérant  les  malheurs  qui  ont  fondu  sur  les 
juifs,  y  compris  la  destruction  du  Talniud  en  Provence  en 
vertu  du  décret  du  |)ape,  daté  probablement  du  1 1  sep- 
tembre i3i9,  pourquoi  aurait-il  omis  l'afTaire  de  Rome? 
M  Samuel  Philipp  de  Lemberg  a  repris  cette  question 
dans  une  feuille  de  prospectus  pour  une  édition  des  clas- 
siques rabbiniques,  sous  le  titre  de  m'nan  rra,  Maison  de 
choix,  à  l'occasion  d'un  poéine  anonyme  qui  se  trouve 
dans  le  manuscrit  du  Vatican,  Assémani,  n"  437,  et  qui  a 
été  imprimé  dans  le  Sainmclband  de  la  société  Mcqilzè  Nir- 
(laiiiim  (Berlin),  l,  p.  1/I9  et  suiv.  C'est  un  poème  élogieux, 
adressé  à  un  anonyme,  f(ue  M.  S.  Sachs  croit  être  le  fameux 

■.•tiii.«i...p  ,  Abraham  ibn-Ezra,  et  que  M.  D.  Kohn  d'Odessa  croit  être 
le  poète  Moïse  ibn-Kzra.  M.  Philipp  veut  prouver,  par  l'ana- 
logie des  expressions  ([u'on  rencontre  dans  l'ouvrag*;  poétique 
de  Mauoello  avec  celles  du  poème  en  question,  que  l'auteur 
f»n  est  Manoello,  et  qu'il  a  fait  ce  poème  en  l'honneur  de 
notre  Calonymos.  Nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  de  ce 
point,  Manoello  n'étant  pas  Français.  Nous  nous  bornerons 
à  une  observation.  M.  Philipp  croit  que  l'expression  ?ipe?  -fv 
ne  veut  pas  dire  poème  métrique;  il  pense,  par  conséquent, 
que  rien  n'empêche  l'identification  de  Calonymos  avec  le 
|)oète  anonyme  qui  intervint  en  faveur  des  juifs  à  Rome. 
Quand  même  nous  accepterions  l'interprétation  de  M.  Phi- 
lipp, il  resterait  toujours  à  se  demander  pourquoi  Manoello 

voir.iiie»  OMS,  n'a  pas  donné  le  nom  de  Calonymos.  Nous  verrons,  de  plus, 
I'  ''*"  cfue  M.  Philipp  ne  connaît  pas  exactement  les  dates  concer- 

Voirr, ,ie«M.M'  nant  notre  auteur.  Enfin  c'est  en  Catalogne  que  Calonymos 
a  terminé  sa  Pierre  de  touche  et,  à  ce  qu'il  semble,  il  l'avait 
montrée  à  Manoello,  car  Manoello  paraît  faire  allusion  au 

Mihi.érfi.  j.v  titre  de  cet  écrit,  dans  les  mots  np- md  ^na  pK  (cf.  Isaïe, 
XXV! II,  16).  S'il  en  est  ainsi,  Calonymos  n'aurait  pas  manqué 
de  parler  de  son  voyage  à  Rome  dans  son  ouvrage.  Nous 


|..  'I 


DL  XIV   SIECLE.  423 


\1V'  SIECLI  . 
Cil'ScIl.    (kl    Ji 


■  ^^I)US  . 


b 


crovons  donc  que  c'est  M.  Grœtz  qui  est  dans  le  vrai  quand 

•  11-  /-^    ^  r  1         '  r>     1         .       I' A      •  >  ucscii.    (H.r    jii- 

li  dit  que  Lalonymos  tut  employé  par  liobert  d  Anjou  a    ,i.mi  i.vii,|..ï5i!r 

Rome  après  son  retour  de  Catalogne,  c'est-.î-dire  après  1 32  i , 

quand  Robert  était  revenu  à  Rome.  Cela  expliquerait  pour- 

(luoi  Calonymos  ne  produisit  plus  rien  en  hébreu  après 

i'Si'2,  tandis  qu'on  connaît  une  traduction  latine  faite  par 

lui  à  Arles  en  iS'iS.  Voinid 

Calonyinos  se  sert  rarement  des  traductions  de  ses  pré-   !',  .."'"^o'  '^""  ' 
décesseurs.  Cependant  il  l'a  fait  sûrement  dans  l'ouvrage 
n"  IV,  et  peutH'Ire  dans  le  n"  xx!i  de  notre  énuniération.  On 
verra  par  plusieurs  indices  que  Calonymos  exécutait  ses 
traductions  en  très  peu  de  tenijîs. 

Mentionnons  parmi  les  articles  consacrés  à  Calonymos  : 
1"  celui  fie  M.  Zunz  intitulé  Kalonymos  ben-Kalonymos,  publié 
dans  la  It  issciischajlliche  Zeitschri/t  fîirjudische  TItcolofjic  de 
M.  (îeiger,  vol.  Il  (i836),  p.  3  1 3-3 20,  réimprimé  dans  les 
Gesaiiiincllc  Scliriften  du  IV  Zunz,  vol  III  (187G),  ]).  i5<)- 
i55;  1"  Lehen  Kalonymos  hen-KaJonymos  de  M.  Kayserling, 
en  tête  de  la  traduction  de  la  Pierre  de  louche  de  M.  \lei- 
sel,  Buda-l'est,  >«78,  in-8";  3"  le  travail  de  M.  H.  Cr(»ss 
intitulé  Z(ir  (lescliichle  der  Juden  in  Arles,  qui  a  paru  dans 
la  Monatsscliriji  fur  (tcscliichle  und  fVissenschaJÏ  des  Juden- 
thums,  publiée  par  M.  Frankel  et  continuée  par  M.  fira-iz, 
vol.  XXVIII  (1879),  V-  470-474,  541-563;  4;  !<•  Ira\ail 
de  M.  iSteinschneider,  quia  paru  dans  Y  Allfiemeine  Encyclo- 
pœdie  d'Krsch  et  Gruber,  vol.  XXXII  (188'i),  p.  169-1  7;").  Soir  aussi  t., 
Tous  ces  auteurs  ont  suivi,  dans  leur  énumération  des  ou-  '"''•'»'"  ™''''/'' 
vrages  de  Calonymos,  la  division  en  ouvrages  originaux  et 
en  traductions.  Pour  les  traductions,  MM.  Cross  et  Stein- 
schneider  le»  rangnint  par  ordre  de  matières;  M.  Zunz  les 
range  chronologiquement.  Nous  avons  adopté  cette  méthode. 
Quant  aux  ouvrages  attribués  à  tort  à  Calonymos,  M.  Zuna 
ne  parle  (pie  d'un  seul  (notre  n^i).  M.  Gross  mêle  les  ou-  Voir  ci  amou*, 
vrage.s.  apocryphes  aux  traductions  authentiques.  M.  Stein-  ''  *^'' 
.Schneider  les  place  à  la  fin  do  son  article,  mais  sans  les 
numéroter.  Nous  suivrons  ici  la  méthode  de  ce  dernier 
bibliograpbe,  toutefois  en  numérotant  les  traités.  Par  couse- 


\n'slÉCT,t. 


424 


LES  KCRI VAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


rnAnicTioNs. 


Cnial 
S.al.  j , 


•|,0V(1 


quent,  nous  commencerons  par  les  traductions  de  Calony- 
mos  dans  l'ordre  chronologique,  puis  viendront  celles  dont 
la  date  n'est  pas  donnée;  nous  énumérerons  ensuite  les 
ouvrages  originaux  de  notre  auteur,  et  nous  finirons  par 
ceux  qui  lui  sont  attribués. 

SES  OUVRAGES. 

I.  nNisnn^c'-îDaiiCin,  «Colonne  des  racines  de  la  médr- 
«  cine  »,  traduction  hébraïque  de  l'ouvrage  arabe  intitulé 
wJaJl  Jyol  i  iUJI  t_>^i  par  Ali  ibn-Ridhwan.  L'ouvrage  est 
composé  de  quatre  traités.  La  première  traduction  lai  le  par 
Calonymos  fut  perdue  en  i3o(),  ])endanl  l'exil;  la  seconde 
fut  achevée  à  Arles,  le  i3  marheschwân  5o68  (lo  octobre 
i3o7).  On  en  trouve  des  manuscrits  à  Leide  et  à  Munich. 
(le  traité  porte  le  n"  i  dans  la  liste  de  M.  Zunz,  le  n"  26  dans 
la  liste  de  JNL  Steinschneider,  et  figure  sous  la  lettre  .:  dans 
ct'lie  de  M.  Gross. 

II.  3'7ip2i  N:pn3  cui'7X3 -IDC,  traductiou  hébraïque  du  traité 
de  Galien  De  clyslcnis  et  colica,  d'après  la  version  arabe  de 
Honeïn  ibn-lshaq.  Calonymos  acheva  son  travail  le  10  nisan 
5o68  [-2  avril  i3o8),  à  fàge  de  vingt-deux  ans.  M.  Gross 
croit  pouvoir  traduire  les  mots  \-nN  mVin  dv*?  oncvi  DTirs,  qui 
se  trouvent  à  la  fui  de  fouvrage,  par  «  à  vingt-deux  ans  ac- 
complis ».  M.  Steinschneider  est  plutôt  dans  le  vrai,  en 
traduisant,  «dans  sa  vingt-deuxième  année».  Cet  ouvrage 
fie  Calonymos  ne  se  trouve,  à  notre  connaissance,  que 
dans  le  manuscrit  de  Leide,  Seal.  a"*.  C'est  probablement 
sur  ce  manuscrit  que  Raphelengius  fit  la  traduction  latine 
imprimée  à  Leide  en  1 391 .  Ce  traité  est  le  n°  2  de  M.  Zunz 
(la  notice  n'y  est  pas  tout  à  fait  exacte);  il  porte  le  n°  20 
dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  et  figure  sous  la  lettre  z 
dans  celle  de  M.  Gross. 

III.  n}i>n2  Dir'jNJ  ito.  Traité  de  Galien  sur  la  Phlébotomie, 
divisé  en  trois  parties,  traduit   de  f arabe,  probablement 

Winrifii.p.j'iG.  d'après  Honeïn.  Le  manuscrit  qui  a  servi  à  laire  cette  tra- 
duction était  en  mauvais  état;  mais  Calonymos,  n'en  ayant 
pas  trouvé  de  meilleur  et  jugeant  le  traité  assez  important 


Wc'nnclï,  Dr 
■iirl.  ^r,Tr.  vor-.. . 
[•.    ><)■.. 


i'.Ma\.  de  Leult' 
p.  .■.■(7. 


J 


DU  XÏV  SIÈCLE.  425 


X1V'.S|M,|,E 


pour  devoir  le  rendre  accessible  aux  juifs,  en  fil  la  tra- 
duction hébraïque,  qui  fut  achevée  à  Arles,  le  4i'  jour 
de  l'orner,  ou  4o  jours  après  Pâques  (26  iyyar  5o68, 
lô  mai  i3o8).  Le  manuscrit  se  trouve  à  Leide  (Seal.  2,17). 
Ce  traité  est  le  n°  2  dans  la  liste  de  M.  Zunz,  le  n°  2  1 
dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  et  z  dans  celle  de 
M.  Gross. 

IV.  Traduction  d'un  traité  sur  les  cinq  corps  géomé- 
triques dont  s'occupe  le  i4'  livre  d'Euclide  (Hypsiclès), 
en  relation  avec  la  théorie  d'Apollonius  (de  Perge)  et  le 
commentaire  de  Simplicius'.  Ce  commentaire  d'Euclide 
par  Simplicius,  ^jmy.ii,ùjm ,  est  mentionné  dans  le  Fihrist  de 
Nadim,  p.  268  (édition  Fluegel).  Le  Simplicius  en  question 
doit  être  identifié  avec  Saubelichius  (lire  Sanbelichius)  du 
manuscrit  latin  d'Oxford,  Digby  n"  169,  fol.  124,  conte- 
nant le  commentaire  sur  Euclide  d'Avarizus  (lire  Anarhus),  siriii,.ii..i,iri, 
qui  n'est  autre  que  ^yjti,  dont  le  commentaire  fut  traduit  i^'l.rA'.imK 
par  Gérard  de  Crémone  et  se  trouve  en  partie  dans  le  ma-   ^"l'p'  '•'^  '«  ^'■'' 

^  .  iit'ln/'r  schrifl  fiir  Malti.. 

nuscrit  arabe  de  Leide  n"  90D.  1.  xxxi,  |>.  ««. 

M.  Leclerc  dit  que  le  commentaire  de  Simplicius  (qu'il      ciini..iri.cidc. 
ne  faut  pas  confondre  avec  le  commentateur  d'Aristole)  est   ricii,'|..  isii. 
mentionné  dans  le  manuscrit  arabe  de  la   Bibliothèque      iii^i..i.  lan^d. 
nationale,  suppl.  955,  contenant  des  traités  scientifiques   «'^a'»' •  " •  p  " 0 
(n°  2^68  du  nouveau  catalogue);  mais  il  n'indique  pas  l'en- 
droit précis.  Il  reste  douteux  si  le  commentaire  est  adressé 
à  Nérizi,  ou  si  Nérizi  en  est  l'auteur^. 

Notre  traduction  ne  porte  aucun  titre;  mais,  dans  la  table 
des  matières  du  manuscrit,  qui  se  trouve  au  commence- 
ment, on  lit  le  titre  suivant,  qui  nous  semble  arbitraire  :  noo 
cvjibiaK  naiD  opiVo  niiacro,  «  Livre  d'algèbre  et  de  mathéma- 
«  tiques,  compilé  des  paroles  d'Apollonius».  La  traduction 
fut  achevée  à  Arles,  le  21  du  mois  de  schebat  (2  février) 
5069  (1809),  le  traducteur  ayant  vingt-deux  ans.  Voici  le 
commencement    de   l'introduction   d'après   le    manuscrit 

'  Dan»  le  manuscrit,  D13l'?p3D,  fonne  vicieuse,  produit  d'une  fausse  manière  de 
mettre  les  points  diacritiques ,  j«yi»ILiU«M  au  lieu  de  ji^aJUjum. 
'  Communication  de  M.  Steinschneider. 

TOME  xixi.  bU 


UirCIHSKIB 


.    .  426  I.ES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

unique  d'Oxford  [Hebr.  ,d.  Ix^  fol.  1 8 1 )  :  nim'jyn  yr-'  non  i^  -uo' 
[iic)  Tnyzn  aie  ^^1  "733  "i3'''7ri  ni^Dono  iniK  npj'-i  rî:Nn  •'-nn'?  -ii^wm  onain 
îpron  ouiSpiDD  [iic]  Tisjc?  no  iriiDK"?  laS  inoM  inanx*?  n'"  «nan  ■iit''7S'' 
njion  h'i  ma^ip  nn»y  OTW  nSya  naicn  (»ic)  onTria  nsinoi  orji'jaK  ■'dd'? 
iDVDn  i"\T  itSKOn  Kini  inK  -tnaa  (ms.  Qiipj)  cipi  mac/ip  DnB;y  r'?»a 
nsjc;  ne  Tsapi  ipiWi  la  "niKai  -iDJCon  nn  T'Vk  Tians  .|DN.  .  .dt'jpk'? 
'73  ■'nDn''i  pjyn  nta  imy  iDKDn  ht  nvnb  nuiorn  Ta  on^na  crn'jaK 
vvn  n»  'd'  iivK  "îKai  nDw"?  noKO  p  pnan"?  rV»  DvaùaK  mate?  njion 

La  première  proposition  qui  suit  immédiatement  com- 
mence par  ces  mots  :  noSe?  r^yh^n  mw  o'jwD'ja  moy  yanco  iKa"?  nx-« j 
ly*?»  yano 'ya-i.  Le  traité  finit  ainsi  (fol.  iqS''):  nta  u^3tc;  no  "731 
-in3a  nipj  îvtw  no  ia  ■•awi  ojdk  nconn  nuiDri  i'7KD  nOKOn  inxo  loxon 
myVsn  ni»n  e;DinDn  hme?  nona  li^ST  ojdk  »DinD  1J^3^^;  nn  "73  j3  1D31  ihk 
uyjn  taac?  nntti  .  rnx  nViya  o^pj  onw  oy  tenyoni  nwicon  ja  1D31  nnim 
.  aion  bx  myn  yr''  '7j<'7  nSinni  ia  u^st  ic?k  piaon  oVoi  133  oipon  ht  '7k 
nwcnn  nuionn  t}«  rh-n  nnaa  ^710'  h^v  ia  ■iNa'7  ^D^«D  my  nwyKc;  awin  'jki 
'T''?  ■'jn'''?»''!  whvrh  ••jap»  yn''  awV  '''?'7Brn  nnx  nOKOn  nt  [oVrj]  -laar  inj< 

:  fDK  n'7yn''i  nanc  noM  ry 

Il  serait  diflicile  de  dire  si  Calonymos  s'est  servi,  pour 
iii^i.  lin.  delà  exécuter  son  travail,  de  la  traduction  de  Moïse  ibn-Tibbon 
ou  de  celle  de  Jacob  ben-Machir.  Ces  deux  traductions 
sont  si  peu  différentes  pour  la  partie  d'Euclide  qui  nous 
occupe  que  M.  Steinschneider  croit  devoir  douter  de  l'exis- 
tence de  deux  traductions.  Il  semble  que,  dans  le  texte  arabe 
sur  lequel  Calonymos  fit  sa  traduction,  les  figures  3o  et  3 1 
manquaient;  c'est  Miles  de  Marseille  qui  combla  cette  la- 
cune à  Aix,  le  3  du  mois  d'éloul  (23  août)  5093=  i335. 
Cette  information  est  due  à  Calonymos  Todrosi,  d'après 
le  passage  de  notre  traité  que  nous  allons  reproduire  tex- 
tuellement. 

Fol.  193,  Calonymos  Todrosi  dit:  j^yon  -omiD  mo^Ji'??  idk 
la  DiCJiVp  'i  D3nn  «"'oan  rpnyno  iVbj  «'"71  h  nuion  ;ni  i'7N  naion  'ne 
pTiynw  ''a^y^  nocD  n-i^y  htiv  '0*7  riDWJion  wonn  naiDna  nDKt3'7  y"j  did''ji'7P 
•(•7'>e?")D  d'7''D  nî  ara  :  vnpryni  Ninn  n'7yn  "tksd  nt  ^nK  iddd  nBe?'7i  udd  nt 
'ysDKHD  UDnn  moojn  ^wpna  lown  jD  ion  m  n>ni  or-'Na  ni  '?i"^k  j 
nona  un"''?  i'7k  niion  tc?  nyjn  inK  xim  raob  ntn  yaipa  aina  «inn  loxom 


Kraiire, 

..XXVII, 

I-  -ÎO'' 

ci  O0.3. 

t  |■lK'r^. ,  |).  5o4 

«^t  suiv. 

Voir 

y\ai  loin 

larlirli 

sur     cet 

autrur. 

Voir 

1  idessous, 

p.  '.(il. 

DU  XIV'  SIECLE. 


427 


XIV'  Sitct.E. 


. . .  n2Efin  mcy  D''DE?n  'jva  CDinon  ti^n  idk  n'jjyn 

I^e  manuscrit  d'Oxford,  Hcbr.,  d.  4,  acquis  récemment 

est  en  général  peu  correct;  le  copiste   qui,   à   en  juger 

d'après  l'écriture,  était  un  juif  italien,  ne  comprenait  rien 

au  sujet. 

V.  ^KiyDiaK"?  u'jiETDn  imn,  traduction  du  Traité  sur  le 
triangle  d'Abou-Saadân,  achevée  le  quarante-cinquième  jour 
de  la  sephira  (des  cinquante  jours  qu'on  compte  entre  le 
deuxième  jour  de  Pâques  et  la  Pentecôte)  =  le  3  du  mois 
de  siwan  [-y.o  mai)  6071  (i3i  1).  Le  traité,  dont  l'original 
est  inconnu  pour  le  moment,  commence  par  les  mots  sui- 
vants :  ©ViicD  nyiT'  nVava  rwsi  -y»  -ixa"?  nsi:.  Il  finit  par  les  mots 
suivants  :  na"?  hvh  nbnrni  rSe^on  hy  umana  piaon  bVwj  nci.  La  place 
pour  les  figures  géométriques  est  laissée  en  blanc.  Abou- 
Saadân  n'a  aucune  célébrité  comme  auteur  d'ouvrages  de 
mathématiques.  La  traduction  dont  nous  parlons  se  trouve 
dans  le  manuscrit  d'OxIbrd,  Hebr.,  d.  4i  fol.  lôî''. 

VI.  niacna  (sic)  o^'jKWDntD,  traduction  d'un  livre  dé  pro- 
positions mathématiques,  achevée  le  i4  du  mois  de  siwan 
(1"  juin)  6071  (i3i  1),  le  traducteur  ayant  vingt-cinq  ans. 
Cette  date  se  rapporte  peut-être  également  à  la  traduction 

du  n"  XXV  ci-après.  Voici  le  commencement  :  ytt  *n(ih  nxij  voir  cidessous. 
p'jnn  yanc  Vu  rp'jno  inKa  -à^  nion  cm  n>iT«e?  iv  o^phn  'jca  ïn""  ip  pbni  p-  438.' 
n:iD  on-'a  -iKCjn;  la  dernière  proposition  commence  par  les 
mots  suivants  :  yanc  cm  mnie?  ny  D''p'?n  "ijwa  ip  j>hm  yn  iKaS  nsij 
Qip'jn  >i0a.  Les  propositions  sont  au  nombre  de  douze,  com- 
mençant parle  mot  ns-i:.  Les  figures  géométriques  manquent. 
Cette  traduction  est  dans  le  manuscrit  d'Oxford,  Hebn,d.  4, 
fol.  1 42.  L'auteur  de  ce  traité  est  inconnu;  loriginàl  semble 
perdu. 

Vil.  roinnn  naionn  •)vd.  De  Figura  sécante  [càta  ou  catha^      steinschncider. 
sector  chez  Gérard   de  Crémone);  c'est  la  traduction  du   Eiicydop..p.  171. 
traité  de  Thabet  ben-Qorrah,  intitulé  flLiOl  JiaJJ  i,  achevée  le 
9  kislew  (20  novembre)  [5o]72  =  i3i  1.  Elle  se  trouve  dans 
le  manuscrit  n"  2008,  4 ,  de  la  Bodléienne.  Ce  travail  porte 
le  n°  28  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  qui  lit  à  tort  le 

54, 


\\\    MF.CIE. 


428 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


I  i.f  .ri     (1,  1  7^. 


(I.il.il.  (le  Paris, 


Ciial.  (leTiiii 


Viiiiiiario, 
1  j  et  iC. 


Catal. 

3o-.  ' 


l.ips. 
6. 


Ciital.  I>ip'i., 
ji.  3 3 5. 

Aiiiiuario,  (. 
p.  ig. 


millésime  74  =  1 3 1 3.  Il  manque  dans  les  listes  de  MM.  Zunz 
et  Gross. 

VIII.  Dminom  rioiiDSN3-iDKD,  c'est  le  traité  d'ibn  al-Sam- 
mah  sur  les  cylindres  et  les  cônes.  La  traduction  fut 
achevée  le  26  tebet  6072  (5  janvier  i3i2).  D'après  M.  Stein- 
schneider,  ce  traité  ferait  partie  d'un  grand  ouvrage;  le 
commencement  de  la  traduction  hébraïque  paraît  favoriser 
celte  opinion.  La  traduction  en  question  se  trouve  dans  le 
manuscrit  n°  2 008, 5  de  la  bibliothèque  Bodléienne.  Cet 
ouvrage  porte  le  n"  27  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider; 
il  ne  ligure  pas  dans  les  énuméralions  de  M.  Zunz  et  de 
M.  Gross. 

IX.  nisjn  ^DD  Kini  ■«p-'aitî  idd  -nîo,  traduction  du  commentaire 
moyen  d'Averroès  sur  les  Topiques,  achevée  le  2  3  éloul 
(5  septembre)  6073  =  i3i3.  Quelques  manuscrits  portent 
la  date  du  9  éloul,  et,  dans  le  catalogue  de  Pasini,  on  trouve 
même  5  lischri  i3i4,  qui  est  la  date  du  traité  indiqué  an 
numéro  suivant.  On  trouve  cette  traduction  dans  de  nom- 
breux manuscrits,  à  Breslau,  à  Leipzig,  à  Munich,  à  Paris, 
à  Parme,  à  Turin.  M.  Lasinio  en  a  donné  un  spécimen 
dans  ses  études  sur  Averroès.  Les  traductions  latines  impri- 
mées d'Abraham  de  Balmes  et  de  Jacob  Mantino  (1-IV)  ont 
pour  base  le  texte  de  Calonymos.  Ce  traité  est  le  n°  5  de  la 
liste  de  M.  Zunz,  le  n°  6  de  celle  de  M.  Steinschneider;  il 
porte  la  lettre  b  dans  celle  de  M.  Gross. 

X.  nxyiann  -idd  nihi  'P"'DD'did  iiNa,  traduction  du  commentaire 
moyen  d'Averroès  sur  les  Sophismes,  achevée  le  5  tischri 
(12  septembre)  i3i3.  C'est  la  date  que  portent  la  plu- 
part des  manuscrits,  qui  sont  à  peu  près  les  mêmes  que 
ceux  de  l'article  précédent.  Seul  le  manuscrit  de  Leipzig  a 
le  'J.2  éloul  (12  septembre)  5o84=i32  3,  date  déjà  mise  en 
doute  par  M.  Zunz  dans  les  additions  au  catalogue  de  Leipzig. 
M.  Steinschneider  croit  que  cette  date  appartient  au  traité 
de  Lévi  ben-Gerson  qui  se  trouve  à  la  suite  dans  le  manu- 
scrit. M.  Lasinio  a  également  donné  un  spécimen  de  cette 
traduction,  et  M.  Munk  en  a  publié  un  passage,  dans  le- 
quel Averroès  dit  qu'il  se  propose  d'écrire  un  commentaire 


DU  XIV  SIECLE. 


^29 


» 


plus  développé  sur  ce  livre.  La  traduction  latine  imprimée 
d'Abraham  de  Balmes  est  basée  sur  la  traduction  de  Calo- 
nymos.  Ce  traité  est  le  n"  1 5  dans  la  liste  de  M.  Zunx,  le 
n°  7  dans  celle  de  M.  Steinschneider,  et  c  dans  celle  de 
M.  Gross. 

XI.  PDion  idd"?  11K3,  traduction  du  grand  commentaire 
d'Averroès  sur  les  seconds  Analytiques,  achevée  à  Avignon 
le  i4  tébet  (a3  décembre)  6076  =  i3i4- Cette  traduction 
a  été  faite  sur  un  manuscrit  mal  ordonné.  Elle  se  trouve 
à  Oxford,  dans  le  n°  i365  (oîi  le  nom  du  traducteur  n'est 
pas  donné),  à  Munich  32,2,  à  Vienne  1 1 4»  et  à  Parme  295 
(les  deux  derniers  manuscrits  sans  nom  de  traducteur). 
Le  manuscrit  22  de  Breslau,  Saraval  76,  contient,  d'après 
M.  Zuckermann,  la  traduction  du  commentaire  moyen  sur 
les  seconds  Analytiques  de  Jacob  Anatolio,  et  ne  renferme 
pas  le  commentaire  dont  il  s'agit  en  ce  moment,  comme 
M.  Gross  l'avait  indiqué.  Cet  article  est  désigné  dans  la  liste 
de  M.  Steinschneider  par  le  n"  5,  et  par  la  lettre  a  dans 
celle  de  M.  Gross.  11  manque  dans  celle  de  M.  Zunz. 

XII.  D'noxn  -)Eo,  traduction  du  livre  des  Plantes,  traité 
attribué  à  Aristote,  avec  le  commentaire  d'Averroès,  achevée 
le  8  nisan  607 4  (26  avril  i3i4)-  On  en  trouve  des  manu- 
scrits à  Paris  ioo5, 10  (sans  date),  à  Oxford  i3i6  et  i324,9, 
à  Parme  216  et  776,  à  Turin  4o,  chez  M.  Pinsker  i5,  et 
un  fragment  dans  la  bibliothèque  du  Vatican  290,18.  L'his- 
toire du  texte  de  notre  livre  est  assez  obscure.  Il  fut  mis  en 
arabe  par  Ishaq  ben-Honein,  et  cette  première  traduction 
fut  retouchée  par  Thabet  ben-Qorrah.  On  n'a  pas  retrouvé 
le  texte  arabe.  Notre  traité  occupe  le  n°  6  dans  la  liste  de 
M.  Zunz,  le  n"  i3  dans  celle  de  M.  Steinschneider  et  la 
lettre  i  dans  celle  de  M.  Gross. 

XIII.  '73e?iDm  bzvzi  noND  (dans  les  manuscrits  de  M.  Pinsker 
et  d'Oxford  "^dcidi  'y'swDi  '7D2;a  nDNo) ,  traduction  du  traité  d'Al- 
Farabi  intitulé  Jyull^  JJUJ!  i ,  De  intellectii  et  intelligibili , 
achevée  le  9  nisan  6074  (27  avril  i3i4)-  On  en  trouve 
des  manuscrits  à  Oxford,  1649,10;  à  Florence,  plut.  88 
cod.  26;  à  Munich  125,5  et  3o8,2;  Pinsker  i5. 

3  0 


XIV*  SIÈCLE. 


Mélanges . 
p.  43i. 


Liicyclo(XEdii', 
p.  171,  note  33. 

ilist.  litt.  de  la 
France,  I.XXVII, 
p.  586. 


W'eiirich ,  De 
auct.  grxc.  vers.. 
p.  iSo;  Jourdain , 
Traducl.  d'Aris(. , 
p.  io5 ,  173. 

Encyrlopœdi" . 
p.  17'!. 

Leclerc,  Hist. 
de  la  mëd.  arabe. 
I,  riog  ,  313. 


Bise  p. 


.\IV    SIECLE. 

V  oir  cinlessus , 
p.  393. 


Revue  orientale, 
11,  ••10. 


Calai.  BodI.. 
p.  a484. 


Voir   ri'dessus, 
394. 


iliid.,  p.  3g/j 


Monatssrhi'in, 

1S79,   p.  10. 


Voir   cikIcssus, 
p.  377  pl  suiv. 


430  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

On  connaît  deux  autres  traductions  hébraïques  de  ce 
traité  (celle  de  ledaïah  n'étant  qu'une  revision)  ;  les  voici  : 

(fl)  Par  un  auteur  anonyme  sous  le  litre  de  niSseriiîm  bzvmn  ; 
cette  traduction  a  été  publiée  par  M.  Rosenstein  en  i858, 
et  attribuée  gratuitement  par  M.  Carmoly  à  Samuel  ibn- 
Tibbon  (vers  1200). 

[b)  Avec  le  titre  de  rvin  ans,  «  Traité  sur  le  vovs»;  celte 
traduction  a  été  revisée  par  ledaïah  de  Béziers. 

M.  Steinschneider  dit,  sans  apporter  de  preuves,  que  c'est 
probablement  la  première  traduction  (a)  que  ledaïah  trouva 
insulfisante;  ce  qui  le  porta  à  en  faire  une  autre  [b)  sous  le 
titre  de  ninn  ano.  Nous  avons  vu  que  l'ancienne  traduction 
que  ledaïah  avait  soumise  à  une  revision  s'appelait  égale- 
ment nvnn  ara.  M.  Steinschneider  dit  aussi  que  la  traduc- 
tion de  ledaïah,  citée  par  Gersom  fds  de  Salomon,  a  pu 
difficilement  rester  inconnue  à  Calonymos.  Le  savant  cri- 
tique suppose  la  revision  de  ledaïah  antérieure  à  i3oo, 
et  la  seule  raison  qu'il  en  donne,  c'est  qu'elle  est  citée  par 
Gersom,  auquel  il  assigne  la  date  de  i3oo.  M.  Gross  fait  le 
même  raisonnement.  ledaïah  cependant  était  encore  troj) 
jeune  à  cette  époque  pour  s'occuper  de  philosophie;  aussi 
avons-nous  mis  ses  traductions  peu  après  la  lettre  apologé- 
tique (i3o5).  Gersom  cite,  selon  notre  opinion,  l'ancienne 
traduction  («)  et  non  pas  celle  de  ledaïah  (6).  Notre  article  xiii 
forme  le  n°  8  dans  la  liste  de  M.  Zunz,  le  n°  1 7  dans  celle  de 
M.  Steinschneider;  il  porte  la  lettre  m  dans  celle  de  M.  Gross. 

XIV.  p-D3nn  iDDDa  -idkd,  traduction  du  traité  sur  le  nombre 
des  sciences,  d'Al-Farabi,  dont  l'original  arabe  se  trouve  à 
rEscurial,n*' 643,  sous  le  titre  de  |.^l  »L>aa.l ,  achevée  le  1 7  (ou 
27, ou  37)  del'omer  (6oui6ou  3  6  jours  après  Pâques)  607^ 
(mai  i3i4)-  On  lit  chez  M.  Gross  «le  22  iyyar  »;  mais  c'est 
probablement  une  faute  d'impression  pour  le  2  iyyar.  On 
trouve  des  manuscrits  de  cette  traduction  à  Parme  485  et 
776,  à  Munich  3o8,  et  dans  une  bibliothèque  privée. 
M.  Steinschneider  mentionne  un  titre  plus  étendu  qui  est  : 
DiTicw  mm  moann  mm'  noam  noan  h^  v''n  nwDi  nioann  iDoca  idko 
Dn'm'?sini.  On  a  des  versions  latines  de  ce  traité  faites  par 


DU  XIV  SIÈCLE. 


431 


Gérard  de  Crémone,  par  Gundisalvi,  et  dans  l'édition  des 
ouvrages  d'Al-Farabi  publiée  à  Paris,  i638,  sous  le  titre 
de  De  scientiis  sive  compendiam  omnium  scientiamm.  Notre 
présent  article  forme  le  n°  7  de  la  liste  de  M.  Zunz,  le 
n"  18  de  celle  de  M.  Steinschneider,  et  il  occupe  la  lettre  n 
dans  celle  de  M.  Gross. 

XV.oniai  nxD  N^pi.^  ^icn  nEo,«  Le  livre  du  Fruit,  appelé  Ct^nfj- 
locjuium  «.  C'est  une  traduction  du  commentaire  sur  le 
Kapirès  de  Ptolémée ,  (en  arabe  ij£) ,  par  Abou-Djafar  Ahmed 
ben-Yousouf  ben-lbrahini;  la  traduction  a  été  achevée  le 
■jo  éloul  6074  (3  septembre  i3i4).  On  en  trouve  des  ma- 
nuscrits à  Paris  iciS,  io55;  à  Oxford  ia3o,2,  2009,1;  à 
Leide  Seal.  i4,  au  Vatican  882  et  dans  des  bibliothèques 
privées.  Le  texte  hébreu  pourrait  servir  à  rectifier  un  grand 
nombre  d'erreurs  qu'on  trouve  dans  le  texte  latin  imprimé 
en  1 493, sous  le  nom  d'Ali  Heben  Rodan  (Ali  ibn-Ridhwan). 
Cet  ouvrage  porte  le  n"  9  dans  la  liste  de  M.  Zunz,  le  n"  i5 
dans  celle  de  M.  Steinschneider  et  la  lettre  s  dans  celle  de 
M.  Gross. 

XVL  nn'?iD3  noxcn  nis^pa  mjK,  «  Traité  abrégé  des  nativités  »; 
traduction  de  l'ouvrage  arabe  d'Abou-Yousouf  Yaqoub  ibn- 
Ishâq  al-Kindi,  achevée  le  21  éloul  6074  (3  septembre 
i3  i4)-  D'après  Assémani,  le  manuscrit  Urbinas  47  contien- 
drait onze  traités  au  lieu  de  dix-huit  et  porterait  comme 
date  de  la  traduction  i326.  Nous  verrons  plus  loin  que  la 
notice  sur  ce. manuscrit  est  entièrement  erronée.  Des  copies 
de  ce  traité  se  trouvent  à  Paris  1028,7,  io5^t8  et  io56,3; 
à  Munich  3o4,  au  Vatican  47,2,  et  entre  les  mains  de 
M.  Steinschneider.  Notre  article  XVI  forme  le  n°  10  de  la 
liste  de  M.  Zunz,  qui  a  décrit  inexactement  l'ouvrage,  le 
n"  22  dans  celle  de  M.  Steinschneider;  il  porte  la  lettre  u 
dans  celle  de  M.  Gross.  L'original  arabe  semble  perdu. 

XVII.  DE?3n  n-Tn  bs  omcn  civ'jsn  o'O'itn  ■?«  monron  mVya  mjN, 
traduction  du  traité  d' Al-Kindi  relatif  à  l'influence  des  corps 
célestes  sur  la  pluie,  achevée  le  2 1  éloul  6074  (3  septembre 
1 3 1 4).  Dans  le  manuscrit  du  Vatican,  Urb.  ,47,  où  il  n'y  a  pas 
de  titre  hébreu,  Assémani  donne  le  titre  suivant  en  latin:  De 


Xiv'  SIÈCLE. 

.Vlunk .       Mél. . 
p.  343. 

Steiiischiieidcr, 
Alfarabi ,  p.  83. 


Sli'iiischiieidei. 
(;al;il.  Lugcl.  Bat. . 
!>•  369. 

Steinschneider, 
Eiicyclop.,  p.  i-j.S. 


VIV    SIECLE. 


Kiicyclopaeclip . 


Kiicyrlopacdie. 
1>.  17Î. 


432  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

iiilelliçjcnlus  sphœras  movenlibus.  M.  Gross  admet  sous  ce  litre 
un  traité  séparé,  qu'il  place  sous  la  lettre  t.  M.  Steinschnei- 
der  a  rectifié  cette  erreur.  On  trouve  des  manuscrits  de 
notre  n°  XVII  à  Paris,  1028,8,  io55,9;  à  Munich,  3o4  et 
356  (qui  ne  contient  qu'un  fragment);  au  Vatican,  Urb.  ^7, 
et  dans  des  bibliothèques  privées.  Il  porte  le  n°  34  dans  la 
liste  de  M.  Steinschneider  et  les  lettres  t  et  v  dans  celle  de 
M.  Gross.  II  manque  dans  celle  de  M.  Zunz. 

XVIII.  La  traduction  du  commentaire  moyen  d'Averroès 
sur  la  Physique  d'Arislote,  que  Calonymos  acheva  à  Arles 
le  19  éloul  6076  (7  septembre  1  3 16),  lorsqu'il  était  âgé  de 
trente  ans.  Il  existe  une  autre  traduction  de  cet  ouvrage 
par  Zerahiah  ben-Isaac  ben-Schealtiel,  qui  fit  son  travail  en 
Itahe  en  1284.  Peut-être  Calonymos  a-t-il  connu  cette  tra- 
duction; mais  il  n'est  nullement  sûr  qu'il  s'en  soit  servi. 
La  traduction  de  Calonymos  fut  très  populaire;  on  en 
trouve  des  manuscrits  dans  presque  toutes  les  bibliothèques. 
Lévi  ben-Gerson,  dans  son  commentaire  sur  le  commen- 
taire d'Averroès,  prend  pour  texte  la  traduction  de  Calo- 
nymos, et  la  version  latine  imprimée  de  Jacob  Mantino  est 
également  faite  d'après  Calonymos.  Il  serait  trop  long  d'énu- 
mérer  tous  les  manuscrits  de  cette  traduction;  on  en  trouve 
la  liste  dans  fexcellent  article  de  M.  Steinschneider.  Nous 
mentionnerons  seulement  ceux  de  Paris  937,  938,  939,1, 
940,1,  941,1,  942,  auxquels  on  peut  joindre  943,1  et  944 
qui  diffèrent  un  peu  des  autres.  M.  Steinschneider  a  émis 
l'opinion  que  ces  derniers  manuscrits  renferment  peut-être 
la  traduction  de  Zerahiah  ben-lsaac  ben-Schealtiel,  men- 
tionnée plus  haut. 

Certains  manuscrits  contiennent  des  gloses  sur  la  traduc- 
tion de  Calonymos;  ce  sont  les  manuscrits  de  Leipzig,  26, 1 
(M.  Franz  Delitzsch  a  cru  que  les  gloses  contenues  dans  ce 
manuscrit  étaient  de  Moïse  ibn-Tibbon;  mais  celte  opinion 
a  été  rejetée  avec  raison  par  M.  Steinschneider)  ;  de  Munich, 
34 1,  avec  des  notes  par  Bonsenior;  du  Vatican,  343,  qui 
renferme  des  corrections  de  Saiil  Aschkenas.  Plus  tard  Ca- 
lonymos put  se  procurer  un  texte  arabe  qui  différait  de 


1)1'  XIV  SIÈCLE.  433 


XIV'  SIÈCLE. 


1*     (  l-tICSSUS, 

1 16. 


celui  dont  il  s'était  d'al^ord  servi  pour  h;  livre  VUl,  ii,  1-2, 
et  il  en  fit  une  traduction  spéciale;  elle  se  trouve  dans  les 
manuscrits  de  Paris  y.ly  et  9^0,  et  d'Oxford  i38o  et  i38i. 

Dans  quelques  manuscrits,  par  exemple  celui  de  Turin 
i.'ig,  on  nomme  Calonvmos  comme  étant  le  traducteur  du 
grand  commentaire  d'\v<Mroès  sur  la  Physique.  lln(»  telle 
traduction  se  trouve,  pour  les  quatre  premiers  livres,  dans 
plusieurs  manuscrits,  par  exenqile  à  Paris  883  et  88/4,  à 
Munich  91,4  et  307,7,  sans  nom  de  traducteur.  Pour  les 
derniers  livres,  M.  Gro.ss  accepte  comme  traducteur  Calo- 
nymos,  sans  aucune  réserve.  Nous  croyons  que  c'est  la  Ira-  Voir  .i.ic 
duction  de  Moïse  de  Px-aucaire  qu'on  trouve  dans  les  ma- 
nuscrits de  Paris  883  el  88/|,  dans  celui  d'Oxford  n"  i388 
(.sans  nom)  el  dans  celui  de  Turin,  n"  206  du  catalogue  M.iAir,  xx, 
de  M.  Peyron,  en  marge  d'inte  version  anonyme.  '''  '"' 

La  traduction  du  commentaire  moyen  figure  dans  la 
liste  de  .M.  Zunz.sous  le  n"  1  i,  danscelledeM.Stein.schneider 
sous  le  n"  9  et  dans  celle  de  M.  Gross  .sous  la  lettre  c 

XIX.  icînm  iTinn  nrc,  traduction  du  commentaire  moyen 
d'Averroès  sur  le  livre  de  la  (îénération  el  de  la  Corru|)tion  , 
achevée  à  Arles,  le 9  marheschwan  ^07 7  (26  octobre  i3iG), 
Calonymos  étant  âgé  de  trente  ans.  Les  manuscrits  dans  les- 
(juels  cette  traduction  est  conservée  ne  sont  pas  rares;  nous 
mentionnerons  ceux  de  Paris  939,  943,  94^1  947  et  954; 
les  n"' Vatican  343  et  Urhinas  4i,  sans  nom  de  traducteur. 
Dans  le  catalogue  de  Vienne,  on  attribue  à  Calonymos  la 
traduction  qui  se  trouve  dans  les  manuscrits  Vatican  345  et 
Urbinas  39,  tandis  que  ces  manuscrits  renferment,  non  le 
commentaire  moyen,  mais  la  paraphrase  d'Averroès,  tra- 
duite par  Moïse  ben-Tibbon.  M.  Lasinio  a  donné  un  sj)éci-  studj.p.  3o. 
men  de  la  traduction  de  Calonymos.  Cette  traduction  est 

placée  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider  sous  le  n"  10, 
dans  celle  de  M.  Gross  sous  la  lettre  (j,  dans  la  liste  de 
M.  Zunz  au  n"  i4. 

XX.  mjvVyn  rinix  xnpjn  n'ocn  mniN  -idd,  traduction  du  com- 
mentaire moyen  d'Averroès  sur  les  Météores  d'Aristote, 
terminée  à  Arles,  le  28  marheschwan  6077  (i5  novembre 

TOME  XXXI.  55 

3     0^  iu(-kiHi.aic    t«TtnSALC. 


IIV*  SIÈCLE. 


Notices  et  extr. , 
t.  IX,  p.  ào6  et 
suLv.;  Munk.  Mél., 
p.  359. 


Kncyciopadie, 
p.  i-jà  .  note  8. 


Voir    ci-dessous 
p.  'i55,  n°i. 


434  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

i3i6).  M.  Steinschneider  fait  observer  que  la  traduction 
fut  achevée  en  dix-neuf  jours,  admettant  que  Calonymos 
ne  l'avait  commencée  qu'après  avoir  achevé  le  traité  précé- 
dent. Les  manuscrits  de  cette  traduction  sont  assez  nom- 
breux; nous  mentionnerons  ceux  de  Paris,  qui  sont  947,8, 
960,5!  et  951,3.  Le  manuscrit  Urbinas  4'  na  pas  le  nom 
du  traducteur;  il  fut  copié  en  i33i,  le  traducteur  étant 
peut-être  encore  vivant.  La  version  latine  imprimée  est 
incomplèle.  Cette  traduction  ligure  dans  la  liste  de  M.  Zunz 
au  n°  i3,  dans  celle  de  1\L  Steinschneider  sous  le  n"  1 1,  et 
dans  celle  de  M.  Gross  à  la  lettre  k. 

XXL  n^n  '•bya  njN,  «  Traité  des  animaux  » ,  traduction  du 
21*  traité  de  l'Encyclopédie  des  Frères  de  la  pureté,  J5L,; 
«buailyl^l,  que  Calonymos  fil  dans  l'espace  d'une  semaine 
en  l'année  1 3  1 6 ,  sur  le  désir  de  quehjues  amis.  Cet  ouvrage 
renferme  des  plaidoyers  tenus,  en  présence  d'un  roi  des 
génies,  entre  les  avocats  des  animaux  de  diverses  espèces  et 
les  représentants  des  hommes  de  différentes  nations,  qui 
font  reconnaître  la  supériorité  de  l'homme.  Dans  la  préface, 
Calonymos  dit  qu'il  ne  faut  pas  mettre  cette  composition  au 
rang  des  livres,  tels  que  le  Kalilah  et  Dimnah,  le  Syntipas 
[Mischlé  Sendibad) ,  ou  celui  de  Hariri,  qui  ont  pour  objet 
d'amuser,  tandis  que  le  présent  traité  renferme  des  sujets  de 
consolation  v\  de  morale;  le  lecteur  attentif  y  trouvera  même 
parfois  «  des  mystères  profonds  ».  M.  Steinschneider  fait  ob- 
sei'ver  avec  justesse  que  c'est  peut-être  l'expression  onoio 
«  sujets  de  morale  »,  employée  ici  par  Calonymos,  qui  lui  a 
fait  attribuer  un  traité  de  morale  intitulé  loicn  max,  «  Epître 
«  de  morale  »;  il  est  possible  aussi  que  notre  traité  portât  le 
titre  d'il  Epître  de  morale  »  dans  quelques  manuscrits.  Nous 
croyons  intéressant  de  rapporter  le  passage  où  l'orateur  des 
Grecs,  ayant  vanté  la  haute  sagesse  et  les  sciences  que  possé- 
dait sa  nation,  reçoit  d'un  des  ministres  du  roi  des  génies  la 
réponse  suivante  (III,  7)  :  «  Et  d'où  auriez-vous  ces  sciences 
«  et  ces  connaissances  que  tu  as  mentionnées  et  dont  tu  t'es 
«  vanté,  si  vous  ne  les  aviez  pas  prises  aux  Israélites,  dans  les 
•  temps  de  Ptolémée,  et  en  partie  aux  sages  de  l'Egypte?  Vous 


DU  XIV  SIECLE.  435  .    , 

\rv    SIECLE. 

«les  avez  alors  transportées  dans  votre  pays,  et  vous  vous 

«  les  êtes  attribuées  à  vous-mêmes.  »  M.  Munk  en  donnant      Arrh.  isracUtes, 

ce  passage  ajoute  ce  qui  suit  :  «  Ce  passage  se  retrouve  mot   langes,  p.'iia. 

M  pour  mot  dans  l'original  arabe,  si  ce  n'est  qu'après  les 

«  mots  </es  sa(jes  de  l'Egypte,  on  ajoute  aitv  jours  de  Théinis- 

«  tius.  »   On  voit  que  les  fables  juives  et  chrétiennes  sur      Comp.  édition 

l'origine  Israélite  de  la  science  grecque  avaient  pénétré  chez    J^âd^p'.o    ''^' 

les  musulmans.  Tlu'inistius  est  peut-être  une  confusion  avec 

Touthmusis. 

M.  Dieterici  a  publié  le  texte  arabe  de  l'Apologue  des  Der  streit  iw. 
animaux  en  1880,  après  en  avoir  donné  une  traduction  ^X.''""''^'""' ' 
allemande  en  i858.  La  traduction  de  Calonymos  n'eut  pas, 
chez  les  israélites,  tout  le  succès  qu'on  aurait  pu  supposer. 
Les  manuscrits  qu'on  en  trouve  ne  sont  pas  nombreux. 
Nous  mentionnerons,  à  Paris,  les  n""  899,1  et  900;  au  Vati- 
can, 296,13;  à  Turin,  42.  On  en  connaît  deux  éditions: 
celle  de  Mantoue,  lôoy,  in-8",  et  celle  de  Francfort-sur-le- 
Mein,  1704,  in-8".  L'ne  traduction  allemande  en  caractères 
hébreux  [judisch-deutscli)  fut  faite  par  Hanokh  ben-Zebi, 
Hanovre,  1718.  M.  Steinschneider  a  donné  des  spécimens 
d'une  imitation  allemande  dans  son  livre  intitulé  Munna, 
1857,  p.  65.  Rnfin  une  traduction  allemande  du  livre  en- 
tier, en  prose  en  partie  cadencée,  a  été  faite  par  feu  M.  Ju- 
lius  Landsberger  sous  le  titre  suivant  :  Abhandlançj  ûber  die 
Thiere  von  Kalonymos  ben  Kulonymos,  odcr  Rechtstreil  civischen 
Mensch  und  Tlner  vor  dem  (lenchlshof  des  Kônigs  der  Genien, 
ein  arabischcs  Màhrchen ,  3i\ec  des  notes  et  une  introduction, 
Darmstadt,  1882,  in-8°. 

La  traduction  du  traité  des  Ikhwâii  es-sa/a  se  trouve  sous 
le  n"  1  (des  ouvrages  originaux)  dans  la  liste  de  M.  Zunz, 
sous  le  n°  3i  dans  celle  de  M.  Steinschneider,  et  avec  la 
lettre  0  dans  celle  de  M.  Gross. 

XXII.  won  nnxïT  nv  idd,  traduction  du  commentaire  moyen 
d'Averroès  sur  la  Métaphysique  d'Aristote ,  traduction  faite 
sur  un  texte  incomplet  et  incorrect  et  achevée  le  1 3  siwaiii 
(26  mai)  5o77  ou  6078  (i3i7  ou  1 3 18).  Le  manuscrit  de 
Munich  226  donne  la  date  de  i3i8,  tandis  que  les  manu- 

55. 


.    .  /i30  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Xr>    .StECI.K. 

scrils  da  Paris  916,  964  et  989  flonnent  celle  de  i3ii'; 

celle;  (lornière  dalo  n'est   guère  ])os.sible,  car   Calonymos 

n'aurait  pas   commencé  sa  carrière  de  Iraducleur  par  le 

Sieinschiieider,    livrc  Ic  plus  difficile.  La  traduction  renferme  treize  livres 

hncyciop..  p.  175,    numérolès  d'après  l'alnhabel  hébreu ,  comme  ils  le  sont  dans 

note  1.17.  ^  J  i 

le  grec  par  l'alphabet  grec;  par  conséquent  le  dernier  est 
leD,  puisque  a  manque.  On  connaît  une  autre  traduction 
hébraïque  du  même  livre  faite  à  lUiine  en  1284  par  Ze- 
rahiah  bcu-lsaac;  mais  il  n'est  pas  ])rouvé  que  Calonymos 
s'en  soit  servi;  cela  est  même  peu  probable,  puisque  sa 
traduction  présente  des  lacunes. 

Les  manuscrits  qu'on  possède  de  la  traduction  de  Calo- 
nymos sont  les  suivants  :  à  Paris,  910,  954,  9''>5  (ce  n'est 
iiisi.  (les  mo.i.    pas  un  «  abrégé  »,  comme  le  dit  M.  Carmoly),  989,8;  à  Ox- 
iniis,  |..  ,,.5.         f^^^    ,  3(-_^  j3gg.  >^  Leide,  9;  à  Munich,  3o,  22G,  'j44;  à 

Parme,  i3o8;  à  Turin,  40,89;  au  Vatican,  288  (donné  par 
Assémani  comme  le  commentaire  de  Joseph  Caspi  sur  les 
dix  catégories),  336  et  Urbinas  45.  La  traduction  latine 
imprimée  jusqu'au  livre  \1I,  dont  l'auteur  est  Elie  del  Me- 
digo,  a  pour  base  la  traduction  de  Calonymos.  Abraham 
Bibago,  dans  son  commentaire  sur  le  commentaire  d'Aver- 
roès,  s'est  servi  de  la  même  traduction  de  Calonymos.  ISotre 
ouvrage  a  le  n"  4  dans  la  liste  de  M.  Zunz,  le  n"  12  dans 
celle  de  M.  Steinschneider,  et  porte  la  lettre  d  dans  celle 
de  M.  Gross. 

XXII I.  N'p-'û'cmNn  -IDC,  traduction  de  l'abrégé  du  Traité 
d'arithmétique  (Àp«9fi77TtKJ7  Elaa'ywyv),  en  deux  livres,  de 
Niconiaque  de  Gerasa,  accompagné  d'un  commentaire  par 
Abou-Soleïman  Rabia  ben-Yahya,  évêque  d'Elvire  (en  Es- 
pagne). La  traduction  a  été  achevée  en  l'année  6077  (  1 3 1 6- 
i3i7).  Il  en  existe  des  manuscrits  à  Paris,  1028,  1029 
(ce  manuscrit  a  appartenu  à  Abraliam  Macif,  ^'od),  1098,2 

'  Le  n'  989  donne  encore  une  autre  .T^HD    m^VO    nK^n1     nbj.T   m^S^n. 

date;on  V  lil  cequi  suit  :  •Tix''3  obc;:!  Cette  date  du  7  nisan    5o56  =    1396 

ICJ  C/'lli'?  yac*  D''D''3  yatsn  inXC?  ne  ne  peut  provenir  de  l'exemplaire  arabe 

JDlV''p   ITIPIEI  îSDn  IjDV  13  PiayDC?  sur  lequel  le  traducteur  a  fait  sa  tra- 

niNtDI  Wthtt  riK^DJI  Q''D3  nCïC?  '•d'?  duction,  comme  on  le  suppose  dans  le 

DnD*'  cm  D''e?Dnn  njc?  tfîl  V  n3»1  Catalogue  de  Paris. 


Dl!  XIV'  SIECLE.  437 


\l\'  SIECI.K. 


et  iO()5,  6;  à  Munich,  n"  36  (sans  nom  de  traducteur); 
à  Oxford,  acquisition  récente,  Ilehr.,  d.  5.  C<î  traité  se 
trouve  au  n"  *i5  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  et  à  la 
lettre  y  dans  celle  de  M.  (iross;  il  manque  dans  celle  de 
M.  Zunz. 

XXIV.  a-iDiain  casizn  •'a'':y3  iirca,  traduction  du  traité  de 
Ptolémée  intitulé  «  Sur  tout  ce  qui  est  relatif  aux  planètes  % 
en  deux  livres  [ Dn»:^fD ] .  C'est  le  traité  intitulé  en  grec  Tuo- 

Qé(7£i?  1WV  zs'ka.vwyiéï^wv.  La  traduction  fut  aclnnée  le  8  du       Mm.vi i,u-i, 

mois  de  nisan;  mais  Tannée  n'est  pas  indiquée  d'une  façon     "  "' '  ''" 
certaine.   Ce  traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris 
ioj8,2.  I^'auleur  du  catalogue  de  Paris  dit  que  cet  ouvrage 
est  «  prohablement  de  la  même  année  »  que  le  premier  ou- 
vrage contenu  dans  ce  manuscrit,  lequel  est  notre  article 
précédent.  Il  serait  alors  de  l'année  iSiy.  M.  Cross  est  du       \Iui.k  ci„iii, 
même  avis.  M.  Steinschneider  dit  avec  raison  (|ue,  pour    '^''-^ •  \'- ^*" ■ 
affirmer  que  les  deux  traités  qui  se  suivent  dans  le  manu-    ,,.  ..l",;'  "''""■ 
scrit  de  Paris  ont  été  traduits  dans  la  n>ême  armée,  il  fau- 
drait apporter  des  preuves,  les  sujets  n'étant  pas  les  mêmes. 
Calonymos  regrette  d'avoir  entrepris  sa  traduction  sur  un 
texte  défectueux,  à  la  demande  de  ses  amis,  et  il  prie  ses 
lecteurs  de  l'excuser.  Cette  traduction  porte  le  n"  3o  dans 
la  liste  de  M.  Steinschneider,  et  la  lettre  r  dans  celle  de 
M.  Gross;  elle  manque  chez  M.  Zunz. 

XXV.  Npi"?  p  KQDip  npryn  KJ10SK31  nn33 nxTir:c?nN  ^2D ,  traduc- 
tion du  «Livre  d'Archimède  sur  la  sphère  et  le  cylindre, 
«d'après  la  traduction  [arabe]  de  Costa  ben-Luqa».  Se 
trouve  à  Oxford,  sans  date,  dans  le  manuscrit  n"  2007,  1, 
et  dans  le  manuscrit  Hebr.,  d.  4,  fol.,  sans  date  et  sans 

nom  de  traducteur;  les  figures  géométriques  y  sont  omises.     Caiai..n"îoo7.2 
Le  traité  est  divisé  en   deux  parties,  comme  dans  i'ori-       sieiusriniei.iei 

1  f\  J'»  •  1  .  .  Ucbcrsclï.,  p.  lo'! 

gmat  grec.  Un  a  dit  par  inadvertance  que  notre  ouvrage 
est  divisé  en  neuf  parties;  c'est  la  deuxième  partie  qui  a 
neuf  propositions  dans  le  texte  hébreu.  Les  bibliographes 
arabes  ne  mentionnent  pas  Costa  ben-Luqa  comme  traduc- 
teur; le  traité  en  question  fut  traduit  en  arabe  par  Honein  Wenriri.,  u 
ibn-Ishaq    et   Thabet    ben-Qorrah.    M.    Leclerc    attribue   " ~ 


auct.   graL'c.  vors. 
p.  190. 


\r 


ndo^Mis, 


«.y'.iÈctE.        ^^^  ''ES  KCRIVAINS  JUIFS  FR  \NÇ AIS 

iiisi.iciauini.    1®  traité   à    Costa,   sans   nous  dire  où   il    a    puisé    cette 
,  I,  i>.  i.>9.        donnée. 

D'après  le  pnst-scriplum  du  n"  d'Oxford  2007,1,1a  traduc- 
tion de  Calonymos  fut  faite  à  deux  reprises.  On  y  lit,  en 
effet,  ce(juisiiit:  ip'rvn  xinc?  n;nnxn  cicai'jp  p  oio-ii'jp  npnvn  xini 
n'«c:;r,  «  c'est  la  dcrtnère  traduction  de  Calonvmos  fils  de  Ca- 
"  lonynios;  car  il  traduisit  ce  traité  deux  lois  ».  La  première 
traduction  est  à  présent  inconnue.  Dans  la  table  des  matières 
''  "'  qui  se  trouve  au  commencemcsnt  du  manuscrit  d'OxIord 

Hebr.,  cl.  /(,  le  traité  dont  nous  parlons  est  représenté  par 
le  litre  suivant  :  d-.',2Z':\2  'ct'cz'-h,  «  Archimède,  sur  les  ma- 
11  thémalifpies  »,  (Je  titre  est  probablement  dérivé  du  titre  de 
l'ouvrage  qui  suit  immédiatement. 

]\otre  traduction  fut  probablement  achevée  en  j3ii. 
Elle  forme  le  n"  3  dans  la  liste  de  M.  Zunz  et  le  n"  16  dans 
celle  do  M.  Steinschneider;  elle  porte  la  lettre  p  dans  la 
liste  de  M.  (Iross. 

\oii  n  i,-.s„„..         XXVI.   (Considérant  (|ue  Calonymos  mentionne  parmi  les 
'    '^  auteurs  qu'il  a  lus  Apollonius  de  Perge,  inconnu  aux  autres 

traducteurs  juifs',  nous  pourrions  peut-être  également  lui 
attribuer  la  traduction  de  la  neuvième  pièce  du  manuscrit 
fl'Oxford,  Ilehr.,  d.  l\  (fol.  177''),  qui  renferme  une  explica- 
tion sur  un  doule  qui  a  surgi  concernant  la  dernière  propo- 
sition du  livre  des  Sections  coniques  (nDipriapEcnbcic?  noa -11x3 
D'OTinn  lEcr:  n^nnxn).  Ce  livre  n'est  autre  que  celui  d'Apollo- 
nius, rappelé  à  la  fin  de  la  onzième  pièce  de  notre  manu- 

\u..  fni. -oiio.  scrit  par  les  mots  suivants  :  r''C?"''?cn  n:it:nn  ■yon'O  -warsrw  id3 
D''i:rn3  crûi'jax  n2DD  ■'jon  ncNCnn.  La  neuvième  pièce,  qui  nous 
occupe  pour  le  moment,  est  la  traduction  hébraïque,  faite 

uenricii,  !)<•  sur  l'arabe,  du  commentaire  d'Eutocius  d'Ascalon  sur  le 
livre  d'Archimède  Ilepi  tyi?  (T<^a,ipas  xa'i  xvXivSpov,  traduc- 
tion faite  par  Calonymos.  Le  livre  d'Apollonius  y  est  appelé, 
comme  nous  l'avons  vu,  Dionnn  idd.  Cela  suffirait  peut-être 
pour  faire  attribuer  la  traduction  d'Eutocius  à  notre  Calo- 
nymos, qui  avait  traduit  aussi  le  texte  d'Archimède.  Cette 

'  Maimonide  le  mentionne  dans  le  Guide  des  Égarés,  I,  chap.  LUiii  (page  4io 
la  traduction  de  M.  Munk). 


nurt.   grtcc.   vers 
||.  I  r)f)  et  siiiv. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  439 


VIV'  SItCl.E. 


I 


Iraduction  commence  ainsi  qu'il  suit  :  tthv  no*?  'orpo-ix  ^Dx 
'c:  '?jnv  133  n3Vj'iX3i  -nra  cnD''a^x  icca  n':n  i:t:ipa  noD  ton  tinsc 
iDcn  nt  -.vj-'Z.  On  y  trouve  la  suscription  suivante  :  cvpn-iN  -11x^2 
i:d'?n  ■':d'7  ix-ipu;  noo  nîicsNm  -m:3  cTDcnx  iDcr:  pE/xnn  -rrxDV  'ii'jpcNn 
noVci  ccSNn  'C':xD,  «1  Commentaire  d'Eutocius  d'Ascalon  . . .  ,  lu 

«  devant  la  réunion  des  habitants  de et ».  Le 

style  est  dur  comuK!  celui  des  autres  traductions  de  (jalo- 
nymos,  où  le  sens  est  trop  souvent  sacrifié  au  besoin  de 
la  littéralilé. 

Ce  qui  confirme  ces  inductions  et  leur  donne  le  caractère 
de  la  certitude,  c'est  que  le  traité  qui  précède,  dans  le 
manuscrit  d'Oxford,  celui  dont  nous  venons  de  parler,  elqui 
est  l'article  iv  de  notre  énunu'îration,  contient  (loi.  188), 
outre  les  proposilions  d'Apollonius,  d(!ux  propositions  d'Ar- 
chimède  avec  le  conimentaire  (fl^utocius,  traduit  |)ar  Calo- 
nymos.  Ayant  ainsi  traduit  une  ])artie  d'I'lutocius  et  tout  le 
texte  de  l'ouvrage  d'Vrcbimède,  probablement  avant  i3i  1, 
il  est  naturel  que  Calonymos  ait  entrepris  la  traduction 
entière  du  commentaire  d'Eutocius.  Et  peut-être  cette 
nouvelle  traduction  l'aura-l-elle  décidé  à  faire  une  revision 
de  la  première,  ayant  pu  com])ren(lre  les  tbéorèmcîs  d'Ai-- 
chimède  mieux  qu'avant  d'avoir  lait  la  traduction  d'Euto- 
cius. 

Les  traductions  suivantes  n'ont  pas  de  date  déterminée. 
Elles  ont  été  faites  probablement  avant  1 3 1 7. 

XXVIL  npDDD  pijxn  rxip:n  -looai  -vrr'Sa  diîk,  traduction  du 
traité  d'Al-Kindi  «Sur  les  humidités  et  la  pluie»,  appelé 
«  traité  suffisant  ».  La  date  de  la  traduction  n'est  pas  donnée 
dans  le  manuscrit;  on  peut  adopter  celle  des  autres  traités 
d'Al-kindi  qui  font  partie  du  même  manuscrit,  c'est-à-dire  voir  .ide*Mi< 
1 3 1 4.  L'article  dont  il  s'agit  se  trouve  dans  le  manuscrit  de 
Paris  io55,  10.  Ce  manuscrit,  qui  renferme  aussi  les  ar- 
ticles XVI  et  XVII  de  notre  énumération,  est  d'une  fort 
belle  écriture,  et  semble  avoir  été  exécuté  du  vivant  de  Calo- 
nymos, dont  le  nom,  à  la  fin  de  l'article  7,  est  suivi  de  la 

'  Eutocius  est  souvent  appelé  par  les  Arabes  ^f.ya^■|^.  Comparez  artuki  =euty- 
chien ,  pour  désigner  les  Arméniens  schismatiques. 


'i.'.i. 


\iï  siKCi.r. 


lil\{)  LES  KCUI\  AINS  JLIFS  KIUNCMS 


fonrmlc  Vs-'  (c-,!D':'!'7p -ij  ^  in^n^'i  ms  imoc,  «  ([ue  Dieu  le  garde 
i<  et  le  lasse  vivn;  ». 

Noire  article  xxvii  forme  le  n"  :<3  dans  la  liste  de 
M.  Steiiischneider;  il  est  marqué  de  la  leltre  )  dans  celle  de 
M.  (îross;  il  maïujue  chez  M.  Zunz. 

X\\  III.  Ti'aduclion  des  dissertations  d'Averroès  sur  une 
dilliculté  ((ue  |)n''seiile  le  chapitre  \vi  <lu  li\re  I  des  pre- 
miers AnalYti([ues.  Mlle  se  trouve  dans  les  manuscrits  rie 
Paris,  n'"*  qGo,  3,  et  977,  5  (dans  riiuh'X  on  donne  par 
erreur  le  n"  97/t).  La  traduction  latine  de  ce  traité  a 
été  puhliée  dans  les  OFaivics  d'Arislote,  i^G'i,  t.  I,  m, 
loi.  9,  (juasilnin  viii.  (!e  traité  (!st  le  n"  9  de  la  liste  de 
M.  Sleinschneider;  il  manque  dans  celles  de  MM.  Zunz 
et  Ciross. 

XXIX.  mornn  riiVip  -;nc:  pijx,  traduction  du  traité  d'Al- 
Farahi  sur  la  méthode  ])Our  étudier  la  philosoj)hie;  extrait 
du  traité  intitulé  xiMJJô\  Jjù  Ja*  -jOù  yl  ^^li*^  L**,  puhlié  par 
M.  Schmôlders.  On  en  trouve  des  manuscrits  à  Parme, 
458,7,  et  à  Munich,  n"  3o8,5.  Cet  article  est  le  n"  9  dans 
la  liste  de  M.  Zunz,  le  n°  19  dans  celle  de  M.  Slein- 
schneider; confondu  avec  l'article  xiv,  il  occupe  la  lettre  n 
chez  M.  Gross. 

XXX.  Knfln  il  (,'xisl(>  un(!  traduction  latine  faite  par  notre 
Calonymos.  C'est  la  traduction  en  latin  du  traité  d'Averroès 

Un-    contre    Cazzali,   intitulé    ool^l  00I43   Dcslrnctio  destructio- 
pos  |.  loonM.    i^-g    achevée  le  18  avril  i328.  Elle  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit latin   2434  de   la    bibliothèque   du   Vatican.    En 
r.n.ii.iiioii.  se    voici  la  description  d'après  M.  Ignazio  Guidi  :  «C'est  un 
'"  "  '^  ''  ''      Il  manuscrit  in-4°,  sur  une  seule  colonne,  62   feuilles  de 
«parchemin,  d'une  écriture  assez  difficile  à  lire.  Le  titre, 
«qui  est  sur  papier  et  d'une  main  récente,  est  le  suivant  : 
«  Auerrois  ||  Destrucdoncs   destructionum  ||  pliilosophorum  Al- 
«  fjazelis  ||  Calonynor  hebrœo  inter.  ||  vcl  ||  duœ  impugnationes  in 
«  librû  Alfjazelis  ||  (jui  Destrnctio  phdosophorum  ||  dicitur.  »  La 
sipiinrhiieidei,    traductiou  elle-même  commence  ainsi  :  Ait  Averroes  :  Cum 
iTsrchreibcn'*''*ie    '"  ciiiictis  rcbiis  (ib  intellecUiuli  virilité  desiderandis  naturali- 
Geiîirr,  ii.p.  7.3.    (er,  elc.  A  la  fin,  on  lit   ce  qui  suit:  Explicit  translatio 


lirll.i. 


DU  XIV  SIECLE. 


441 


XI»*  SIÈCLE. 


huius  libri  in  civitate  Arclatis,  xviii  aprilis  anno  ah  advcntu 
Christi  M  ccc  XXVIII,  ad  obedientiam  alnii  reffis  rcgum  fidelium 
columnc,  (jui  licite  et  vere  sccnndus  Salomon  dicitar.  Facta  manu 
Calli  cbrei,  scrvali  suonim  parvulorum  sei'vorumyfamiliaris  dicti, 
incliti  dumini  et  translatons  ipsius,  et  bcnedictus  sit  Deus.  Amen. 
C'est  sans  doute  le  roi  Robert  de  Naples  qui  est  ici  dé- 
signé par  le  nom  de  «  nouveau  Salomon  ».  Cette  appellation 
élogieiise  était  d'usage  dans  la  clientèle  savante  du  roi. 

Nous  verrons  plus  loin  que  Calonymos  ben-David  men- 
tionne cette  traduction  latine  faite  par  son  homonyme. 
D'après  Barlolocci,  celte  traduction  n'est  pas  complète;  elle 
n'a  que  quatorze  chapitres.  Voici  le  titre  barbare  que  Bar- 
lolocci donne  à  noire  traité:  nav  po-ii'jp  Vij'jn  i,  /{.  Algazil 
Kaloninion  Hehrœns,  (jui  D''DiD''^''En  mn,  Ileres  happilosophim 
destruclionem  philosophorum  scripsit. 

I.  «  Réponse  de  Calonymos  (Vnp  'v^kd  Maestro  Cal[o])  au 
philosophe  et  métaphysicien  En  Bonafoux  ibn-Caspi,  en 
opposition  aux  cahiers  (ponijip  quinterniones)  que  Caspi  avait 
écrits.  »  Cette  réponse,  comme  M.  Perles  l'a  bien  vu,  se  rap- 
porte au  Livre  du  mystère  de  Caspi;  en  effet,  Calonymos, 
dans  le  préambule,  qu'il  a  écrit  en  une  prose  cadencée  qui 
est  intraduisible,  fait  plusieurs  fois  allusion  à  l'auteur  du 
Commentaire  sur  les  mystères  et  les  choses  cachées.  Il  ré- 
sulte également  de  certains  passages  que  le  livre  fut  envoyé 
à  des  amis  avant  d'être  livré  au  public  et  qu'il  se  compose 
de  trente  chapitres,  comme  l'ouvrage  de  Caspi. 

La  Réponse  de  Calonymos  a  été  publiée  par  M.  Perles,  à 
Munich  (1879),  ^^^^  ^6  ^^^^^  suivant  :  Kalonymos  ben-Kalo- 
nymos  Sendschreiben  an  Joseph  Kaspi.  Il  n'existe  de  cet  ouvrage 
qu'un  seul  manuscrit,  à  Munich,  et  ce  manuscrit  a  été 
exécuté  au  xiv*  siècle,  du  vivant  même  de  l'auteur  ou  peu  de 
temps  après  sa  mort.  M.  Steinschneider,  qui  avait  fait  une 
copie  de  ce  traité  dans  l'intention  de  le  publier,  a  apporté 
quelques  corrections  au  texte  de  M.  Perles. 

Après  le  préambule,  Calonymos  s'exprime  ainsi  :  «  Main- 
«  tenant,  ô  grand  prince,  toi  qui  écris  des  choses  mer- 

TOHE  XXXI.  56 


Ilist.  lia.  (le  la 
Franco,  I.  XX  VIII, 
p.  45. 

Voir  ci-dtssou*, 
page  4Ci. 

Bibliolh.  ial)b  . 
I,p.  i.Si. 


OuvnAGES   om- 

GINALX. 


Seiulsclireilwn, 
p.  M. 

Voirddcssoii». 
l'arlirir  sur  (/aspi. 


Maïkir,   XXI, 
p.  I  i5-i  18. 


lus    UTIOBALI. 


.   .  442  LES  IXRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

iiv  nrcis.  ' 

«veilleuses,  il  y  a  déjà  quelque  temps  que  je  me  suis 
«proposé  d'éhulier  ton  admiraole  livre;  mais  d'autres  oc- 
«  cupations  mondaines  m'en  ont  empêché.  Passant  par 
«Salon  [nb-ie;  pc?D,  cf.  Ps.  Lxxviii,  60],  vers  la  moitié  d'ah 
«[i3i8;  nous  verrons  ([ue  Caspi  avait  composé  son  livre 
Voir  I.;  n*  12  «  sur  les  Mystèrcs  du  Pentateuque  en  iSiy  et  que  la  ré- 
ce'au°uur^^"  **"  « ponsc  a  suivi  de  près],  mes  maîtres  [Moïse  de  Beaucaire 
«  et  Sen  Aslruc  de  Noves]  me  montrèrent  les  lettres  pré- 
«cieuses  qu'ils  t'avaient  adressées,  ainsi  que  tes  réponses, 
M  et  ils  me  demandèrent  de  leur  donner  mon  opinion. 
«  Mais  comment  oser  exprimer  une  opinion  après  que 
«  mes  maîtres  ont  donné  la  leur,  d'autant  plus  que  je  n'ai 
«pas  lu  ton  livre?  Quand  je  viendrai  dans  mon  pays,  où 
«j'emporte  ma  correspondance,  je  lirai  ton  livre  d'abord, 
«  et  puis  j'étudierai  les  objections  et  les  réponses.  »  Tout  en 
donnant  des  éloges  à  Caspi,  soit  pour  son  style  ((|ui,  à  notre 
avis,  est  très  obscur),  soit  pour  le  fond  même  du  livre, 
Calonymos  déclare  qu'il  dira  toute  la  vérité.  «  Comme  tu 
«  es  l'homme  que  j'estime  le  plus  après  mes  maîtres  de 
«  Salon,  je  te  dirai  Iranchement  qu'il  y  a  beaucoup  d'erreurs 
«  dans  ton  livre,  et  même  que,  si  ton  œuvre  avait  atteint  la 
«plus  haute  perfection,  elle  n'aurait  pas  dû  être  publiée.  » 
Nous  ne  pouvons  entrer  dans  le  détail  des  objections  de 
Calonymos,  les  lettres  des  deux  maîtres  étant  d'ailleurs 
perdues.  Nous  ne  mentionnerons  qu'un  seul  passage,  qui 
intéresse  la  critique  biblique.  Caspi  s'occupe  des  différents 
noms  de  Dieu  employés  dans  les  premiers  chapitres  de  la 
Genèse,  et  surtout  de  Yalivch  et  aPJlohiin.  Caspi  n'en  tire 
pas  la  distinction  qu'Astruc,  également  un  Provençal,  a  si 
ingénieusement  trouvée  et  par  laquelle  il  a  établi  le  fonde- 
ment de  la  critique  biblique,  au  xviii*  siècle;  mais  il  est 
curieux  qu'en  i3i8,  plus  de  quatre  siècles  avant  Astruc, 
on  ait  soulevé  la  même  question  en  Provence.  Caspi  dit  que, 
dans  les  cinq  meilleurs  commentaires  qui  existent  sur  les 
chapitres  de  la  création,  il  n'a  pas  vu  l'observation  suivante, 
qui  l'embarrasse,  à  savoir  que,  dans  le  chapitre  i,  on  n'em- 
ploie que  le  nom  dLÉlohim;  dans  les  chapitres  ii  et  îïi,  on 


DU  XIV  SIECLE. 


443 


XIV    SIECLt. 


dit  Yahveh  Klohiin;  (hns  iv  et  v,  Yalwcli  seul;  dans  la  narra- 
lion  du  déluge'"',  Èlohim,  et,  dans  celle  de  la  tour  de  Babel, 
Yahveh  seul.  «  Il  y  a  dos  mystères  là  dedans,  dit  Calonymos, 
«  que  je  ne  peux  saisir.  »  En  général,  Calonymos  n'aime  pas 
qu'on  publie  de  tels  livres  :  «11  serait  meilleur,  dit-il,  de 
«  laisser  au  peuple  (non)  les  idées  dans  lesquelles  il  a  été 
•  élevé.  <)  C'est  ce  qu'on  dit  de  notre  temps  à  ceux  qui 
répandent  la  critique  biblique  moderne.  Nous  verrons 
comment  Caspi  se  justifie  de  ce  reproche. 

11  est,  du  reste,  à  remarquer  que  Calonymos,  qui, 
en  i3i8,  blâmait  Caspi  d'avoir  employé  un  langage  cho- 
quant à  l'égard  de  personnages  bibliques  et  de  contem- 
porains, fit  de  même,  peu  apiès,  dans  son  traité  de  la 
Pierre  de  touche,  et  surtout  dans  la  parodie  de  Pourim. 
Voici  quelques  exemples  des  irrévérences  de  Caspi.  Il  disait 
que  Rébecca  écouta  avec  la  modestie  du  loup  et  l'humi- 
lité du  renard  les  paroles  de  Labau  et  d'Ellézer;  «car  les 
«jeunes  filles  s'enveloppent  souvent  dans  fhabit  de  la  mo- 
«  destie,  qui  est  bordé  par  la  ruse.  »  Dans  un  autre  endroit, 
il  citait  ce  proverbe  :  «  Si  on  donne  à  un  pauvre  juif  un 
«  œuf,  il  demandera  encore  du  sel.  »  Ailleurs  il  poussait  le 
scepticisme  jusqu'à  prétendre  que  quelques  hommes  pieux 

I'ettent  des  pièces  fausses  dans  les  caisses  d'aumônes,  ou 
es  mettent  dans  les  mains  des  barbiers,  qui  doivent  accep- 
ter l'argent  sans  le  regarder. 

Calonymos  avait  à  cette  époque  achevé  presque  toutes 
ses  traductions  et  était,  par  conséquent,  versé  dans  la  litté- 
rature des  Arabes.  Il  vante  Aristote,  dont  il  dit  qu'il  possède 
tous  les  ouvjages  avec  des  commentaires;  il  cite  Alexandre 
d'Aphrodise,  Thémislius,  Al-Farabi,  Ibn  al-Çayyeg  (Ibn- 
Baaja);  il  rappelle  d'Averroès  les  traités  De  Cœlo  et  la  Des- 
truction de  la  destruction,  un  compendium  de  logique,  le 
Kallidth  ou  Colliget,  les  traités  De  animœ  beatitudine  et  Sur 
l'accord  de  la  religion  et  de  la  philosophie  (le  texte  arabe 
de  ces  deux  opuscules  a  été  publié  par  M.  Marcus-Joseph 

'*)  Cette  observation  n'est  pas  exacte,  le  récit  du  déluge  étant  combiné  de  jéhoviste 
et  d'élohiste. 


Voir  ci-dessous, 
453. 

Voir  ci-drssous, 
452. 

.SendsrIircibeD . 
i5. 


Keiiaii ,  Averr. 
[>.  (J8,  n*  lo. 


56. 


MV    StECI.B. 


Ikfik 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


J.  Ucrenhourg, 
Ucvuc  des  Ktudi's 
juives,  l.  XV'Il, 
p.  173  cl  suiv. 


.S«iiilsrlircil)Cn , 
|).  27. 


>ij»l.  litt.  (le  la 
Fiance,  t.  XXVll, 
f».  Oi'i 

Voir  ri-dessous, 
;irl.  Ca'pi. 


Seiidschreibcn , 
p.  ^i. 


Millier,  de  Vienne).  Un  traité  sur  l'argumentation  concer- 
nant les  articles  de  foi  est  décrit  par  Calonymos  comme 
ressemblant  au  Guide  des  Egarés  de  Maimonide.  Calony- 
mos connaît  encore  le  «  Livre  du  fruit»  par  Abou-Aflah  et 
l'ouvrage  de  médecine  d'Ali  ibn-Ridhwan,  qu'il  avait  traduit; 
le  Traité  sur  la  politique  par  Ibn-al-Tayyeb  (a^a  p)  al-l3agh- 
dadi.  Quant  aux  auteurs  juifs,  outre  Abraham  ibn-Ezra  et 
Maimonide,  Calonymos  cite  le  commentaire  arabe  sur  le 
Pentateuque  par  Judah  ben-Balam. 

A  la  fin  de  la  Réponse  de  Calonymos,  on  trouve,  dans  le 
même  manuscrit,  une  épître  (D^^i1p)  anonyme  adressée  à 
Caspi,  que  M.  Perles  a  également  publiée.  Après  le  préam- 
bule, qui  est  intraduisible,  l'auteur  dit  :  «  Pauvre  homme 
«  que  je  suis,  j'ai  été  frappé  par  la  verge  de  ma  stupidité .  .  . 
«  Autrefois  j'ai  pensé  pouvoir  changer  la  création.  A  présent, 
"je  n'en  ai  plus  le  goût;  car  je  suis  tout  occupé  à  soutenir 
«  ma  maison,  et  je  n'ai  pas  le  temps  d'étudier  ton  livre.  Mais, 
«  pour  te  montrer  que  ce  n'est  pas  par  mauvaise  volonté,  je 
«  t'envoie  cette  missive,  que  je  te  prie  de  livrer  aux  flammes 
«  après  l'avoir  lue;  elle  n'est  destinée  qu'à  toi,  car  tu  m'asde- 
«  mandé  de  te  répondre.  »  Cette  épître  fut  peut-être  écrite 
par  le  fameux  Lévi  ben-Abraham,  qui  se  retira  probable- 
ment de  la  lutte  après  la  seconde  édition  de  son  Livyatli 
Hen.  Il  est  possible  que  Caspi  fasse  allusion  à  lui  dans  son 
ouvrage  intitulé  «Le  Chandelier  d'argent»,  en  se  servant 
d'expressions  peu  courtoises.  Nous  en  parlerons  plus  loin. 

Par  la  lettre  de  Calonymos,  nous  apprenons  que  Caspi 
occupait  un  rang  distingué  parmi  ses  contemporains.  H  était 
sans  doute  riche  et  indépendant,  tandis  que  Calonymos  se 
trouvait  dans  une  position  précaire.  Il  dit  en  effet  :  «  Tu  cites 
«quelqu'un  qui  t'a  fourni  un  passage  arabe;  ce  n'est  pas 
«  moi  en  tout  cas,  car  il  y  en  a  plusieurs  dans  notre  pays 
«  qui  savent  l'arabe  mieux  que  moi.  Et  si  tu  dis  que  je  suis 
«  des  plus  considérés  de  mon  pays,  il  est  vrai  que  je  suis 
M  considéré  (jeu  de  mots  suraicn)  comme  mort,  étant  tout 
«à  fait  pauvre  (d'après  un  aphorisme  des  rabbins  qui 
«  disent  qu'un  pauvre  est  considéré  comme  un  mort).  »  Ce 


DU  XIV  SIÈCLE.  445  .   . 

HV*  SIECLP.. 

passade,  dit  M.  Perles  avec  raison,  prouverait  que  Calo-      „ 

I  "       ,         .  I  •    i>    1  Scndsrlireiunii , 

nyiiios  n  était  pas  encore  en  rapport  avec  le  roi  liol)crt  en    p.  ,x. 
1 3 1 8;  sans  cela  il  ne  se  serait  pas  trouvé  dénué  à  ce  point. 
Notre  traité  figure  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider 
au  n°  3 ,  dans  celle  de  M.  Gross  à  la  lettre  a;  il  manque  dans 
celle  de  M.  Zunz. 

II,  DiDSoncD,  M  Livre  des  rois».  D'après  Isaac  de  Lattes,       voir  .mIcssun 
c'était  un  traité  d'arithmétique,  de  géométrie  et  d'astrolo-   p*'9 
gie.  Les  sources  secondaires,  telles  que  Ihn-Yaliya  et  David 
Conforte,  donnent  les  titres  suivants:  le  premier,  ^D^J^^  "jy, 
traité  sur  la  géométrie,  et  le  second,  n-n^cni  nonann  nDsnS», 
sur  la  géométrie  et  falgèbre.  Nous  avons  vu  que  Manoello 
dit  de  Calonymos  qu'il  connaît  les  livres  des  Chaldéens,      Voir  rid.ssus, 
c'est-à-dire  fastrologie;  ï3dc?d  signifie  chez  les  traducteurs   i*'^"*" 
fastrologie.  Wolf  (qui  tient  pour  deux  différents  auteurs  Ca-      Voir  ci  dessH-^, 
lonymos,  fds  de  Meïr,  et  Calonymos,  ex  familia  Kalonymi,    P"'"'- 
ne:!??  r'3CJ,  dit  que  le  lAber  lic<jnm,  cjui  est  gcomclricns  et   i,,,.  ,oo3. 
arithmeticiis,  se  trouve  dans  la  bibliothèque  Oppenheimer. 
Cette  bibliothèque  appartient  maintenant  à  la  Bodiéienne; 
mais  ce  manuscrit  ne  se  trouve  pas  à  la  Bodiéienne,  et  il 
n'y  a  jamais  été.  (Wolf  n'attribue  pas  à  la  collection  Oppen- 
heimer moins  de  deux   cents  manuscrits  qui   n'en   font 
plus  partie.)  M.  Steinschneider  a  eu  la  bonne  fortune  de  dé-       zeitsciuifi  de 
couvrir  un  fragment  qui  paraît  avoir  appartenu  à  notre  ou-   ^^"fyg.,^^^^"' 
vrage  dans  le  manuscrit  de  Munich  n"  290,  feuillets  ^9  à  62. 
Ces  feuillets  contiennent  la  première  partie  d'un  ouvrage 
qui  traitait  d'abord  des  qualités  naturelles  des  nombres,  de 
1  à  10.  L'auteur  y  donne  ses  propres  résultats,  ainsi  que  les 
opinions  des  savants  qui  font  précédé,  sans  mentionner 
leurs  noms.  M.  Steinschneider  y  trouve  beaucoup  d'ana- 
logies avec  le  traité  d'Abraham  ibn  Ezra,  intitulé  nnxmsD, 
«  Livre  de  l'Unité  ».  Il  est  question  ensuite  des  qualités  spé- 
cifiques des  nombres.  L'auteur  ne  suit  pas  la  méthode  des 
livres  VII  à  IX  d'Euclide.  Nous  nous  contenterons  de  donner 
le  titre  hébreu  de  cette  division  :  ibddh  yaoD  rrtnî)  n'^uo  rsp 
niBoi  mjn  pna.    Puis  vient    la  théorie    des    nombres  qui 
3  1 


IIV   SIKCLB. 

Steinschneidcr, 
Han5  la  Zeitscbrilt 
der  d.  m.  G. , 
XXIV,  p.  369. 

MonaUschrif) , 
1879,  p.  556. 


Voir  ci-dessus , 
'119 


Voir  ri  drssiis , 
p.  ^ii. 


Voir   ridcssas, 
p.  Mo-i/ii. 


446  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

s'aiment  (D'anKjn  onDDo),  c'est-à-dire  des  nombres  corres- 
pondants. 

Le  traité  est  anonyme;  mais  il  résulte  de  deux  passages 
que  l'ouvrage  fut  composé  sur  le  désir  d'un  «grand  roi», 
qui  serait,  d'après  M.  Sleinschneider,  Robert  d'Anjou. 
M.  Gross  croit  même  que  le  titre  de  «  Livre  des  rois  »  est 
une  allusion  à  l'intervention  du  roi  de  Naples.  Mais  alors  on 
comprend  difficilement  le  pluriel  «  des  rois  ».  H  est  pos- 
sible toutefois  que  M.  Gross  ait  raison  et  que  le  titre  de 
l'écrit  dont  il  s'agit  soit  l'jon  d,  «  Livre  du  roi  »,  comme  c'est 
le  cas  pour  l'ouvrage  qu'Isaac  de  Lattes  attribue  à  Moïse 
ibn-Tibbon.  M.  Steinschneider  prouve  bien  que  notre  traité 
est  original  et  n'est  pas  une  traduction.  L'auteur  fait  usage 
du  livre  mystique  appelé  Yecirah ,  «  De  la  création  » ,  de  deux 
ouvrages  d'Abraham  ibn-Ezra  et  du  Guide  de  Maimonide; 
il  cite  aussi  une  règle  de  grammaire  de  Moïse  Qimhi. 
Enfin  il  était  très  versé  dans  la  littérature  arabe,  écrits  ori- 
ginaux et  traductions.  Il  cite  Platon,  Aristole  (Averroès) ,  Eu- 
clide,  Apollonius,  Hippocrate,  Al-Farabi,  Avicenne,  l'auteur 
du  livre  icnn  (Ibn-Aflah),  le  livre  des  Frères  de  la  pureté 
(avec  le  titre  arabe  xdsVx  jkox  c),  et  finalement  pin  la  naj 
nSuDa  nDD3  hn^D'oh  id'td,  «  Djabir  ibn-Hayyan  (selon  l'heureuse 
«  correction  de  M.  Steinschneider,  qui  remplace  jain  par 
«  îN''n  ) ,  le  maître  de  l'alchimie,  dans  son  ouvrage  sur  les  pro- 
« priétés  des  choses».  Or  nous  avons  vu  que  maestro  Calo, 
qui  n'est  autre  que  Calonymos  bcn-Calonymos,  trouva  dans 
la  bibliothèque  du  roi  Robert  l'ouvrage  de  Géber,  et  c'est 
aussi  Calonymos  qui  a  fait  la  traduction  d'une  partie  de  l'en- 
cyclopédie des  Frères  de  la  pureté.  Il  est  donc  bien  pro- 
bable que  les  feuillets  découverts  par  M.  Steinschneider 
appartiennent  au  d-'s'td  ied  de  Calonymos  ben-Calonymos  et 
que  cet  ouvrage  fut  un  de  ceux  que  le  savant  israélite  exé- 
cuta pour  le  roi  Robert.  11  est  sûr  que  le  roi  Robert  a  em- 
ployé Calonymos  pour  des  traductions  latines;  nous  con- 
naissons une  traduction  de  ce  genre  datée  de  i328.  Mais 
comment  concevoir  que  Robert  ait  fait  écrire  pour  son  usage 
des  traités  en  hébreu?  M.  Steinschneider  est  d'avis  que 


DU  XIV  SIÈCLE, 


lihl 


XIT    flECLB. 


EncjtlopiEilie , 
p.  171. 

Lebea  des'Kalo- 


«  peut-être  une  traduction  latine  devait  suivre  ».  Le  roi  aurait 
accepté  les  services  de  Calonymos  pour  la  composition  d'un 
tel  ouvrage,  avec  l'espoir  de  le  voir  traduit  plus  tard  en  latin  '. 

La  supposition    de   M.  Kayserling  d'après  laquelle   le 
Livre  des  rois  aurait  été  composé  à  Rome  ne  repose  sur    "y"""-  p-  •'• 
aucun  document. 

Notre  traité  se  trouve  dans  la  liste  (B.  ouvrages  originaux) 
de  M.  Zunz  au  n°  4,  dans  celle  de  M.  Sleinschneider  au 
n"  4;  il  manque  clans  celle  de  M.  Gross;  mais  il  est  men- 
tionné par  lui  à  la  page  556,  note. 

m.  ina  piV,  «  Pierre  de  touche  »,  traité  de  morale  composé 

{)robablcmenl  en  l'année  1 3  2  2  et  achevé  la  même  année  dans 
e  dixième  mois,  c'est-à-dire  tébet,  quatre-vingt-trois  ans 
après  le  cinquième  millier  d'années  du  monde,  c'est-à- 
dire  5o83  =  i3j2.  On  trouve  en   effet  dans  les  manu- 
scrits :  ••'CDnn  «l'rNn  mtt  nSism  «naiD  e?in  Kin  nie?yn  s^ina  mjxn  tid^d 
niv  D^:Dm  vbv  p.  L'omission,  dans  les  éditions,  du  mot  D'?iïm, 
«  le  monde  »,  a  induit  Wolf  à  rapporter  le  nombre  83  à  l'âge      voir  ci  dessus 
de  Calonymos,  qui  aurait  composé  son  traité  à  l'âge  de   p  *'* 
quatre-vingt-trois  ans.   Cette   erreur  a  été  rectifiée  par 
M.  Zunz,  et  après  lui  par  MM.  Sleinschneider  et  Gross. 
M.  Philipp  a  eu  la  singulière  idée  de  corriger  niioe?!  vhv  en 
njoen  a^viv,  83  en  38,  si  bien  que  Calonymos  aurait  eu      Voir  ci-dcius 
trente-huit  ans  lors  de  la  composition  dudit  traité.  Nous   •*  *" 
avons  prouvé  que  Calonymos  naquit  en  1287,  de  sorte 
qu'il  était  âgé  de  trente-quatre  ans  en  i32i.  Nous  verrons 
bientôt  que  Calonymos  dit  qu'il  était  encore  jeune  quand  il 
écrivit  son  traité  de  morale. 


'  Beancoop  de  précaution»  doivent 
être  apportées  dans  la  question  des  rap- 
ports de  Robert  de  Napies  avec  Amauld 
de  Villeneuve  et  Raimond  LuUe  et  les 
autres  savants  de  son  temps.  Presque 
tous  les  raisonnements  à  cet  égard  re- 
posent sur  des  traités  d'alcliimie  fausse- 
ment attribués ,  faussement  dédiés.  Des 
erreurs  aussi  sont  venues  de  la  confusion 
de  Robert  de  Napies  avec  nn  prétendu 


Robeit  d'Angleterre,  supposé  contem- 
porain de  Raimond  Lnllc.  Voir  Hist.  litt. 
delaFr.,  t.  XXVIII,  45,  56,  84,  i la , 
1  i6-i  i7;t. XXIX,  a6o, 372, 371, 873 , 
SyS,  379;  Sleinschneider,  Uebersetz., 
p.  8a3  et  suiv.;  £ncjcî. ,  p.  i7i,n°3i; 
ms.  de  Munich,  a 88,  a  (Catalogue  de 
Munich,  p.  118);  ms.  ktin  d'Oxford, 
Corpus  Christi,  n*  a44. 


xiv'  siici.K. 


448  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Avant  de  discuter  la  question  de  savoir  si  Calonymos  a  été 
employé  à  Rome  par  le  roi  Robert  antérieurement  à  la  com- 
position de  notre  traité,  ou  depuis,  nous  allons  décrire  l'ou- 
vrage lui-même.  C'est  une  imitation  à  la  fois  de  l'Ecclésiasle 
et  de  l'Examen  du  monde  de  ledaïah  de  Bëziers,  Le  style  est 
celui  qui  était  en  vogue  à  cotte  époque  en  Provence,  c'est- 
à-dire  la  prose  cadencée,  jouant  avec  des  phrases  bibliques 
et  talmudiqucs.  Si  le  style  de  Calonymos  est  moins  rude 
que  celui  d'Abraham  de  Béziers,  il  n'atteint  certainement 
pas  à  l'élégance  de  ledaïah  dans  son  Examen  du  monde. 
Calonymos  n'intercale  pas  de  vers  dans  sa  prose,  comme 
nous  l'avons  vu  faire  par  ledaïah  dans  son  traité  pour  la 
défense  des  femmes.  Il  est  probable  que  Calonymos  n'a 
Voir  ridcssns,  jamais  fait  de  vers;  du  moins  Manoello  dit  que  Calonymos 
''    ^^  ne  lui  en  a  jamais  communiqué. 

Le  but  que  fauteur  se  propose  est  de  montrer  les  fo- 
lies et  les  perversités  du  temps  où  il  vit.  Pour  être  im- 
partial, il  ne  se  ménage  pas  lui-même.  Nous  donnerons 
quelques  extraits  traduits  librement  d'après  fédition  de 
Sulzbach,  qui  est  arbitrairement  divisée  en  paragraphes; 
les  manuscrits  n'ont  aucune  division  en  chapitres  ou  en 
paragraphes. 

Les  paragraphes  i  à  3  forment  une  sorte  d'introduction 
dans  laquelle  fauteur  dit  qu'effrayé  des  péchés  qui  se  com- 
mettent, il  a  cru  nécessaire  de  composer  son  œuvre.  11 
parle  de  sa  jeunesse  (S  3)  :  «Je  sais  que  si  je  fais  du  mal 
«par  mon  écrit,  ma  jeunesse  ne  sera  pas  une  excuse  pour 
«  moi  »  (myj  'jipnsiK'?!  nnnwi  m'y'  '•rDJi  ah  vvitt  ck  TiyT',  d'après 
les  manuscrits  et  fédition  princeps).  Dans  les  paragraphes  3 
à  7,  fauteur  dit  qu'il  n'a  en  vue  que  lui-même  et  ses  sem- 
blables. Au  paragraphe  3,  nous  apprenons  que  Calonymos 
n'était  pas  en  aussi  bonne  situation  de  fortune  que  Caspi 
{^'730  hiK  ^3  ^hbt(  "b  "hhn  om^  ^anpa  ^aaV  ann  «id3  ^jdd  nV).  Dans  les 
paragraphes  7322,  fauteur  s'adresse  à  son  cœur,  qui  l'a 
très  souvent  mal  conseillé.  Ici  Calonymos  parle  encore  de 
sa  jeunesse.  Voici  le  commencement  du  paragraphe  i3  : 
«  Mon  cœur,  si  ce  n'est  à  présent,  quand  chercherai-je  le 


DU  XIV  SIÈCLE.  449 

«  repos?  Sera-ce  dans  la  vieillesse,  quand  mes  forces  dis- 
«  paraîtront?  »  Il  ajoute  encore  qu'il  a  vieilli  dès  sa  jeunesse. 
A  en  juger  d'après  le  commencement  du  paragraphe  17, 
on  dirait  que  Calonymos  n'était  pas  marié  à  l'époque  où  il 
composa  son  traité.  «Mon  cœur,  dit-il,  tu  m'as  dominé 
«  dans  l'amour  des  femmes,  car  j'ai  été  pris  à  leur  piège.  » 

Les  paragraphes  22  à  33  ont  pour  sujet  la  piété  des  gé- 
nérations passées  et  la  n)auvaise  conduite  de  la  génération 
présente.  Par  un  raisonnement  analogue  à  celui  de  saint 
Paid,  dans  l'épître  aux  Romains,  il  dit  :  «Malheur  à  celui 
«qui  a  des  garçons;  car  ils  ont  à  porter  le  fardeau  de  la 
M  loi  orale,  c'est-à-dire  l'observance  de  six  cent  treize  com- 
«  mandements,  tandis  qu'une  fille  est  libre  de  toutes  ces 
«  obligations.  »  Les  paragraphes  33  à  42  roulent  sur  les  fêtes 
et  les  demi-fèlcs,  qu'on  n'observait  pas  de  son  temps  avec 
toute  rigueur. 

Dans  les  paragraphes  42  a  56,  l'auteur  parcourt  les  dif- 
férentes positions  sociales  et  montre  la  vanité  de  toutes  les 
choses  dont  l'homme  se  glorifie.  Il  attaque  d'abord  ceux, 
qui  se  fient  en  leurs  richesses;  2"  ceux  qui  sont  Hors  de 
leurs  ancêtres;  3°  ceux  qui  ont  une  haute  idée  de  leur  in- 
telligence; 4°  ceux  qui  se  vantent  de  leur  probité  et  de 
leur  piété;  5°  ceux  qui  se  croient  de  grands  savants,  c'est- 
à-dire  ceux  qui  savent  un  peu  de  mathématiques,  d'histoire 
naturelle  et  de  botanique,  et  qui, finalement,  tombent  dans 
le  mysticisme,  s'occupant  de  la  mesure  de  Dieu  (ncip  ^^s'c•) , 
du  Livre  de  la  création  (nTriDc),  du  livre  de  Ben-Sira  et 
du  Char  de  Dieu  (n3^^t3);  6°  ceux  qui  se  vantent  de  con- 
naître la  médecine,  disant  :  «  Nous  possédons  l'ouvrage  caché 
«  d'Ezéchias,  les  ouvrages  d'Hippocrate  et  de  Galien  » ,  taudis 
qu'ils  font  des  ordonnances  seulement  pour  gagner  de  l'ar- 
gent, sans  se  soucier  du  malade;  7°  ceux  qui  croient  con- 
naître fastrologie,  science  aussi  vaine  que  la  sorcellerie; 
8°  ceux  qui  se  vantent  parce  qu'ils  ont  quelque  connais- 
sance de  la  grammaire  et  de  la  Massore,  qui  ne  sont  que 
des  corollaires  de  la  Loi;  9°  ceux  qui  se  glorifient  de  leur 
talent  pour  la  poésie  et  la  prose  cadencée;   10"  ceux  qui 

TOME  XXXI.  5^ 

3  1  ♦ 


\IT*  SIÈCLI. 


lui  :  IVLml    \4riOYALC. 


XIT   SIECLE. 


450  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


s'enorgueillissent  de  ce  qu'ils  savent  le  Talmud  et  les  com- 
mentaires; enlin  1 1°  ceux  qui  se  fient  à  la  force  matérielle 
et  à  fart  de  parler.  Tout  ce  monde  disparaîtra  dans  les 
temps  messianiques;  il  n'y  aura  pas  place  alors  pour  de 
telles  vanités. 

Dans  les  paragraphes  56-6o,  Galonymos  adresse  une 
prière  à  Dieu,  en  prose  cadencée,  la  versification  ne  lui 
étant  pas  facile.  Dans  les  paragraphes  suivants,  il  retombe 
dans  son  pessimisme.  Il  ne  sert  de  rien  d'avoir  confiance 
dans  les  hommes;  il  ne  faut  pas  compter  sur  fargent;  on 
ne  doit  pas  se  fier  à  ses  propres  enfants,  à  plus  forte  raison 
aux  amis  et  aux  étrangers.  Galonymos  examine  ensuite  la 
question  de  savoir  pourquoi  fhomme  juste  souffre,  tandis 
que  le  méchant  est  heureux;  il  en  conclut  que  le  monde 
à  venir  apportera  une  récompense  aux  justes.  Puis  il  con- 
seille le  repentir,  la  piété  qui  a  toujours  devant  les  yeux 
le  jour  du  jugement.  Les  paragraphes  90-99  conliennenl 
un  dialogue  entre  fâme  et  le  corps,  qui  se  reprochent  mu- 
tuellement d'avoir  commis  des  péchés. 

L'auteur  termine  en  racontant  les  souffrances  d'Israël  ; 
il  exprime  le  souhait  que  Dieu  ait  pitié  de  son  peuple  et 
le  délivre  par  fintermédiaire  du  Messie.  C'est  pour  nous 
la  plus  Intéressante  partie  du  livre.  Une  grande  tristesse 
pèse  sur  tous  les  auteurs  juifs  qui  ont  écrit  vers  ce  temps 
en  prose,  en  prose  cadencée  et  en  vers.  On  comprendra 
facilement  famertume  de  Galonymos  en  1 3  2  2 ,  si  on  se  rap- 
pelle les  trois  événements  qu'il  mentionne,  la  persécution 
des  Pastoureaux  en  iSao,  celle  des  lépreux  en  182 1  et 
fautodafé  des  exemplaires  du  Talmud,  exécuté  à  Toulouse 
Don.  Vai-seu,  par  Bcmard  Gui  le  29  décembre  i3i9'. 
1"' xxix^ch  "  es!  ^^^  y  *^^'^  ^^®*  motifs  de  tristesse  dans  les  souffrances 
Uaynaidi,  Coiiiin..  d'Israël,  OU  se  demande  qui  sont  ceux  qui  avaient  assez 
offensé  Galonymos  pour  qu'il  crût  devoir  les  châtier  avec 
tant  de  sarcasmes.  Nous  ne  croyons  pas  que  cet  homme, 
qui  était  surtout  traducteur,  ait  fait  une  telle  œuvre  simple- 

'   M.  Gross  l Monatsichrift ,  1879,  p.  547)  commet  à  ce  sujet  de  graves  inexac- 
titudes ,  que  nous  ne  croyons  pas  opportun  de  relever  en  déttQ. 


i.  V,  p.  i38. 


DU  XIV  SIECLE.  451 

\1V    SIECLE.' 

inenl  par  goût  el  encore  moins  par  inspiration  poétique. 
Dans  l'épilogue  où  l'on  trouve  les  mots  np' n:c  jma  px, 
cités  par  Manoello,  Galonymos  dit  qu'il  a  écrit  ce  livre 
pour  deux  raisons  :  d'abord,  pour  honorer  Dieu,  en  s'at- 
tachant  de  plus  en  plus  à  le  servir  avant  que  vienne  la  Voir  ci-dessus, 
mort;  puis,  pour  honorer  dix  hommes  considérables  «;n  Ca-  ''"  ^*' 
talogne,  pays  que  Galonymos  avait  choisi  pour  s'y  lixer, 
ou,  du  moins,  auquel  il  pensait  toujours.  En  effet,  nous 
avons  vu  que  les  exilés  de  Provence  se  rendirent  à  Per- 
pignan pour  entrer  en  Catalogne,  où  ils  étaient  protégés 
par  le  roi  de  Majorque.  uist.  lin.  de  u 

Ces  dix  hommes,  dont  Calonymos  avait  fait  la  connais-   !,' e".,!;  ei^2dé!- 
sance  dans  ses  pérégrinations,  sont  :  i°  le  médecin  Abraham    »"'i'-  ^"''• 
Caslari,  dont  nous  parlerons  plus  loin;   2°  Maestro  Ben- 
dig  (nia  dans  les  manuscrits,  Bendit  dans  les  éditions), 
qui  est  peut-être  identique  à  Maestro  (Meir)  Bendig  d'Arles, 
auteur  d'un  index  des  passages  bibliques  cités  dans  le  Tal- 
mud  de  Babylone,  dont  il  existe  des  manuscrits  à  Oxford 
et  à  Vérone  (ce  Bendit  ne  saurait  être  identique,  comme 
M.  Kayserling  le  suppose,  à  Bendich-Ahin,  médecin  de  la 
reine  Jeanne  en  1369;  en  iSj'j,   il  aurait  du  avoir  au      caïai,  m'iCJ;. 
moins  trente  ans,  pour  être  cité  parmi  les  amis  de  Calo-   "  "'•''•■  i»- " ^^^ 
nymos,  et,  à  quatre-vingts  ans,  la  reine  ne  faurait  pas  pris   ,Hm'ft!'i'879"T!i'3! 
pour  médecin);  3°  don  Jonah  Cavalier,  -i^'jap  dans  le  manu-      Leijen  Kidony- 
scrit,  dans  fédition  mi'jap,  nom  de  famille  qui  se  retrouve   '■""•  p  ■'• 
encore  plus  tard  chez  les  juifs  (les  trois  personnages  pré-   .^fl^XVs T"  "3 
cités  demeuraient  à  Besaldun,  à  présent  Besalu  près  de 
Girone);  l\°  don  Todros  Isaac,  qui  demeurait  à  Girone,  où      (iioss,  Monais- 
Galonymos  se  rendit;  5°  don  Juda  des  Gortel  (ms.  d'Ox-   ^'"f^;    '^^g. 
ford  'j'tDHipsi)  ;  6°  don  Bonafoux  Schealtiel;  7°  don  Bonsenor 
Gracian;  8°  don  Hasdaï  Crescas  (tous  les  cinq  à  Barcelone      Cross,  ib-dem, 
et  à  Tarragone);  9°  don  Samuel  Benvenist;  10°  don  As-   p-^^°-^^'^- 
truc  Crespin.  Dans  la  dédicace  à  ses  dix  amis,  Calonymos 
dit  qu'il  n'a  pas  composé  ce  traité  pour  montrer  une  sa- 
gesse qu'il  ne  possède  pas,  ni  pour  se  donner  un  plaisir, 
au  moment  où  ses  coreligionnaires  sont  chassés  d'un  endroit 
à  f autre  et  se  trouvent  dans  la  plus  grande  misère;  encore 

57. 


.   ,  /452  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

■  XIV    SIECLE. 

moins  a-t-il  été  poussé  par  une  inspiration  poétique,  car, 
dans  l'état  malheureux  où  Israël  se  trouve,  ia  poésie,  qui 
n'existe  pas  pour  les  opprimés,  a  comme  disparu  du 
monde;  il  a  écrit  son  œuvre  exclusivement  en  l'IionncMir  de 
Dieu  et  de  ses  dix  amis.  ' 

Revenons  maintenant  à  la  question  de  savoir  si  Calony- 
mos  était  allé  à  Rome  avant  i3-2:>.  ou  s'il  s'y  est  rendu  plus 
tard.  Nous  croyons  que,  si  la  Pierre  de  touche  avait  été 
composée  après  sa  visite  à  Rome,  Calonymos  n'aurait  pas 
manqué  de  glorifier  son  ami  et  protecteur  Manoello;  car 
celui-ci  aurait  été  blessé  dans  son  amour-propre  par  ce  si- 
Voir  cidessus,  Icncc,  ot  n'aurait  certes  pas  exalté  Calonymos  comme  nous 
f-  *'9-  l'avons  vu  faire.  En  outre,  Calonymos  aurait  parlé  du  mal- 

heur qui  était  survenu  dans  la  communauté  de  Rome  en 
i32i.  Surtout  Calonymos  n'aurait  pas  oublié  de  louer  le 
roi  Robert,  s'il  avait  travaillé  pour  lui  avant  i32}.  D'où  il 
suit  que  l'anonyme  qui  est  allé  en  Provence  pour  implorer 
le  pape  en  faveur  de  la  communauté  de  Rome  n'était  pas 
notre  Calonymos.  Celui-ci  fit  son  voyage  de  Rome  après 
1822.  Après  1822  aussi,  il  se  lia  avec  Manoello,  à  qui 
probablement  la  Pierre  de  touche  avait  plu,  et  qui  l'aurait 
vantée  dans  son  ouvrage  poétique. 

La  première  édition  de  la  Pierre  de  touche  a  été  faite  à 

Naples,  à  la  fin  d'août  1^89;  la  seconde  à  Venise,  i546;  la 

Zediifi,  cafai.   troisième  à  Crémone,  i558;  la  quatrième  à  Sulzbach,  avec 

M.  B.    p.  ^08;  traduction  allemande  en  caractères  hébreux,  de  Moses 

hasscfarim,  p.  3,   Eiscnstadt  (Katzenellenbogcn ,  selon  Zcdner),  1706;  la  cm- 

Caïai   M  B     quièmc  cst  uuc  réimprcssiou  qui  fut  faite  à  Fûrth  sans  date; 

p-  455.  une  sixième  édition,  avec  un  index,  a  paru  à  Lemberg, 

1860.  La  traduction  allemande  de  fédition  de  Sulzbach  a 

été  publiée  à  part,  Hombourg,  1746.  Des  spécimens  de 

Manna.p.  47.     traductiou  ont  été  donnés  par  M.  Stcinschneider.  Enfin  il 

Voir  cidessus.   cxistc   uuc  traduction  allemande  en  prose  cadencée  par 

p.  4>3.  M.  Meisel,  Buda-Pest,  1878. 

IV.  DniD  roDD,  traité  de  Pouriman  fête  d'Esther,  parodie 
du  traité  Megilla  du  Talmud,  composé  à  Rome.  Cette  der- 


(lei 


DU  XI V  SIKCLE.  Û53 

IIV    SIKCI.R. 

nicre  donnée  résulte  de  plusieurs  allusions  qui  ne  laissent 
place  à  aucun  doute.  M.  Zunz  dit  que  le  traité  fut  composé 

à  Ancône,  sans  en  donner  de  raison.  Bartolocci  attribue  l'ou-  Zur  r.psciuditr 

vrage  dont  il  s'agit  à  R.  Lcn  de  Valenlibas  (c'a;x*?3  n  jik'"?  ^=i)  pl'4.0'''"""" 

d'après  un  manuscrit  du  Vatican;  ce  manuscrit  n'est  autre  nibiioii..  ii.i)i. 

que  le  n°  CVII  du  catalogue  d'Assémani,  où  on  trouve  le  '^'i'  '"■ 

nom  de  Léon  de  Bagiiols  (©""jrjai  IunS  "d).  En  elTet,  nous  ^1.  "g*"'"" 
verrons  que  Léon  est  l'auteur  d'une  parodie  analogue.  La 

plupart  des  auteurs  modernes,  tels  que  MM.  Zunz,  Slein-  Voir  ridcsson- 

sciineider  cl  Gross,  mettent  la  date  de  la  composition  de  celsom 
notre  traité  entre  iSiy  et  i32  2.  M.  Graelz,  qui  fait  arriver 

Calonymos  à  Rome  après   1822,  ne  donne  aucune  date.  c.esri.iiiiii 

Nous  garderons  la  même  réserve.  J..den.vii,,,..8ii. 

Autant,  dans  la  Pierre  de  touche,  nous  avons  trouvé  Ca- 
lonymos pessimiste,  autant  nous  le  voyons  humoristique 
dans  cette  parodie,  qui  rappelle  à  beaucoup  d'égards  les 
fantaisies  de  Manoello.  Il  attaque  tout  le  monde,  à  com-      i'aui,.irii  iid-j, 
mencer  par  lui-même.  Il  n'entre  pas  dans  notre  cadre  d'énu- 
mérer  les  rabbins  italiens  qu'il  traite  avec  un  persiflage 
sans  ménagements;  M.  Gross  en  a  donné  la  liste.  En  outre,       Monaissriiiin. 
une  traduction  française  de  passages  de  cette  parodie  se-   \llf;    ''    '■''' 
fait  incompréhensible.  L'auteur  mentionne  des  mets  ita- 
liens, entre  autres  macaroni  et  crescione.  Parmi  les  jeux,  il 
parle  d'un  schachierc,  que  M.  Graetz  explique  par  échiquier,      Ge-riiiria,-  ii., 
tandis  que  le  contexte  montre  que  ce  mot  désigne  une  place,    JuJen.viip.  i^sti. 
peut-être  une  place  publique  avec  un  échiquier  mis  à  la 
disposition  de  tous.  Un  passage  énigmatique  est  celui  où       steinscinuiKier, 
il  est  question  de  la  femme  de  Schabbetai  Parnas  qui  pré-   J^rlSSli! 
parait  les  mets  pour  la    fêle  de  Pourim    deux   semaines   i"  ?'•   ^"'  ''" 

s,  ,     „^,      11      .    •     1-.  Linde,  p.  189. 

a  avance,  et  ou  ochabbetai  dit  :  ri"ipi  rinn  nNic?:'»3T  rrma  ]ti  nn 
n'j'jmp  nniN.  M.  Graelz  lit  n^'jjmp.  On  traduirait  alors  :  «La 
«  nôtre  était  une  fdleprincière  qu'on  appelait  Cardinalcsse.  » 
C'est  très  plausible,  quoi  qu'en  dise  M.  Steinschneider,  qui      Maïkir,  xii, 
ne  donne  pas  de  solution  à  cette  difliculté^  ^'  ' 

Nous  avons  dit  que  la  Masséket  Pourim  de  Calonymos  fut 

'  Ailleurs  (Isr.  LetUrbode,  IX,  p.  46),  M.  Steinschneider  trouve  en  effet,  dans  un 
manuscrit,  la  leçon  n^'jJTlp. 


xit'sif.ci.c. 

l'nck  ïili,  1. 

IVrik  IV, 

.  1  l>. 

(icsrliirli 

le  (In- 

Jii<l.ii.\!|, 

p.  288. 

MoiiaU^f 

i.iin. 

1^70,  |p.  :> 

'1  '|. 

l'.MVt.  VI  , 

1A. 

454  LKS  KCftlV MiNS  JlilFS  FRANC \LS 

composée  à  Home;  l'auteur  parle  très  souvent  de  celte  \ille; 
il  mentionne  une  fois  un  Daniel  de  in"'tdi'?  -.tz  (omis  par 
MM.  Zunz  elGross),  et  une  autre  fois  leliiel  htcn^  (le  fçras) 
d'Ancône.  C'est  à  cause  de  ce  dernier  personnage  que  M.  Zunz 
a  supposé  que  ])eul-èlre  la  Massékcl  Pouriin  fut  composée  à 
Ancôncî.M.  Grœlz  croit  que  le  nom  de  bxaa,  qu'on  trouve  dans 
notre  traité,  désigne  Manoello.  M.  Gross  n'est  pas  de  la 
même  opinion  :  Vxaa  est  une  fois  représenté  comme  un  jeune 
homme;  or  Manoello  devait  être,  lors  de  la  composition  de 
notre  traité,  aux  environs  de  la  cinquantaine.  11  est  cepen- 
dant étrange  que  Manoello  ne  soit  pas  nommé  dans  la  Mas- 
sclicl  Pouiim.  Ktait-il  déjà  mort  à  l'époque  de  la  composition 
de  cette  parodie,  ou  (laionymos,  pour  ne  pas  l'ollénser  en 
le  mêlant  à  une  com[)Osition  satirique,  ne  voulut-il  pas  l'y 
mentionner?  En  tout  cas,  on  pourrait  conclure  de  la  bonne 
humeur  que  montre  ici  Calonymos,  si  on  la  compare  à 
l'abaltenient  qu'il  laisse  voir  dans  la  Pierre  de  touche,  ([ue 
sa  situation  fui  plus  heureuse  à  Rome,  où  il  était  soutenu 
par  le  roi  llobert,  et,  par  suite,  honoré  de  toute  la  commu- 
nauté. 

La  rareté  des  anciens  manuscrits  de  cet  ouvrage  porte- 
rail  à  croire  qu'il  n'eut  pas  beaucoup  de  succès  parmi  les 
siti.i  ciineidci.  juifs.  De  la  première  édition  (l'esaro,  lôoy-iSao),  il  reste 
Kiirvcio]..,  p.  .70.    |-^|.^  i^g^  d'exemplaires.  On  n'en  connaît  qu'à  Florence  et  à 
Parme.  La  plus  grande  partie  de  cette  édition  fut  détruite 
par  les  juifs  eux-mêmes.  La  seconde  édition  fut  imprimée 
Perles.    Se.id-   à  Vcuisc  eu  i552,  SOUS  le  titre  de  o^iron'jjD;  ce  n'est  pas  le 
1,  p.  xet    j-jj,g  jg  notre  traité,  comme  IVL  Graetz  le  pense;  c'est  celui 
Gesci.irhte  .1. i    d'uue  pafodic  semblable,  qui  est  anonyme.  L'édition  de 
jndin,  VII,  288.    Vienne  de  1 871  serait  basée,  d'après  l'éditeur,  sur  un  vieux 
Maïkii,    \ii,     manuscrit;  d'après  M.    Steinschneider,  ce   manuscrit  est 
•'■  '  du  xviii*  siècle.  La  publication   de  Halle  (1720)   ne  ren- 

i«79°'p.'554!''     ferme  pas  notre  ouvrage,  comme  M.  Gross  le  veut.  C'est 
Calai.  Bo<ii..     l'ouvrage  anonyme,  ainsi  que  M.  Steinschneider  le  dit  avec 
P  '^^''-  raison  dans  son  Catalogue  et  bien  que  M.  Gross  ait  essayé 

de  réfuter  cette  opinion. 

La  parodie  de  Calonymos  trouva  des  imitateurs  long- 


schreibe 
\v.  note 


VIV'SIÈCI.E. 


DU  XIV"  sm'AK  455 

temps  après  lui.  Pour  ceux  qui  s'intéressent  à  cette  litté- 
rature, nous  renvoyons  à  l'exceHenl  article  de  M.  Stein- 
schneider  intitulé  Punm  ont/ Pfl;-Of/ie,  liibliagrapliische  JSotiz, 
fjui  a  paru  dans  le  hraelilische  Lcllerbodc,  VII ,  i  à  1 3  ;  IX,  4 5 
à  58.  Nous  verrons  que  le  sérieux  Levi  hen-Gerson  adopta 
la  mode  du  temps  et  composa  une  autre  parodie,  en  imitant 
beaucoup  Calonymos. 

Notre  traité  se  trouve  au  n"'<  (IJ.  Compositions  originales) 
dans  la  liste  de  M.  Zunz,  au  n°  i  dans  celle  de  M.  Stein- 
schneider  et  à  la  lettre  h  dans  celle  de  M.  Gross. 

On  attribue  à  tort  à  Calonymos  les  ouvrages  suivants:         OuvnuiKSFAussi; 

1"  ^D1D^  njK,  «  Lpitre  de  morait^  »,  dont  nous  avons  dcja 
parlé;  chez  M.  Gross  à  la  lettrée,  sans  numéro  dans  la  liste    ,,.  /("l"^,  "'"""'• 
de  M.  Steinschneider.  Bii.i.  judaïai, 

2"  D'sSc  r3n:n  d,  «Livre  de  conduite  des  rois»,   men-   "p  ■'''^ 
tionné  par  M.  Fiirst,  qui  dit  que  c'est  une  traduction  de  la    y^^Xa.    liio^ 
version  arabe  de  la  Politique  d'Aristote.  Cette  erreur  provient   •'  '7^ 
de  ce  que  M.  Steinschneider  avait  supposé  que  le  Livre      ^"''  "''"""" 
des  rois  de    Calonymos,  mentionne   plus  haut,  pourrait      zciis.iiriu  de 
avoir  été  confondu  avec  une  traduction  de  la  Politicjue.    FrauLei.   is^o. 
M.  Steinschneider  a  bientôt  abandonné  cette  supposition,    ''  ""' 
que  M.  Fùrst  a  reproduite  encore  en   i85i.  Ce  traité  se 
trouve  dans  la  liste  de  M.  Gross  à  la  lettre  k. 

3°  CjId'jx  -^vh  njiDnn  niniV,    Tables    astronomiques    dites 
d'Alphonse  le   Sage,  faites  par  Isaac  ibn-Cid   en    isSa. 
Elles  auraient  été  traduites  en  hébreu,  d'après   Elie  de!      Mrio  i.oiniNim. 
Medigo,  par  notre  Calonymos.  Cette  traduction  n'est  men-    •*;,"'  '™'''"=""" 
lionnée  par  aucun  autre  auteur.  Dans  la  liste  de  M.  Gross 
elle  se  trouve  à  la  lettre  y. 

4°  Saban  csva  ickd,  traduction  du  «  Traité  de  la  substance 
«  des  sphères  »,  d'Averroès,  laquelle,  d'après  M.  Gross,  serait      H.M.aii,  A»r,i., 
peut-être   de  notre    Calonymos.  Nous  en   parlerons  dans   p^''  ' 
l'article  que  nous  consacrerons  à  Moïse  de  Narbonne.  Cette 
traduction  n'est  pas  comprise  dans  la  liste  de  M.  Gross. 

5°  mr'7K3  nDD  "isiap,  «  Résumé  des  livres  de  Galien  »,  qu'on 
trouve  dans  les  manuscrits  884,  •  i  »  7  et  i  1 18  de  Paris. 


r- 


MVMicr..       '*50  '•'^S  KCniNAlNS  JUIFS  FRANÇAIS 

M. i.is. iimi.icr,  ^^^^^  cGs  manuscrïts,  \v.  traducteur  est  nommé.  C'est  un 
I  ii.or<ot/..,|>.63'i.    Samson  fils  do  Saloinon,  contem|)orain  et  peut-être  compa- 

l'.iw.  lui)!-., m ,  irJote  de  Calonymos,  ((ui  acheva  son  travail  en  i322.  VVblf 
donne  comme  traducteur  notre  Calonymos;  cette  erreur 
vient  probablement  de  ce  que  le  n"  884  renferme  la  tra- 

v..ir  <i.i;ssus,    ductioii  des  quatre  j)remiers  livres  de  la  Physi([ue  ])ar  Calo- 

'"'"  nymos;  Woll  ou  les  auteurs  de  l'ancien  catalogue  auront 

pris  Calotiymos  comme  traducteur  de  tout  le  manuscrit. 
De  Rossi  a  commis  la  même  erreur  dans  son  catalogue, 
n°  i:î76.  De  même  dans  le  catalogue  de  Vienne,  où  l'on 

(.jiaioï.  Vin-     prétend  encore  que  Calonymos  est  originaire  de  Mantoue. 

'■'  ■''■  '  ''■       M.  Fr.  Delitzscli,  dans  son  catalogue  de  Leipzig  (mss.  arabes 

CiiiA.  Lips.,  et  hébreux,  XLI,  B),  dit  incidemment  (jue  Calonymos  est 
le  traducteur  de  onze  des  traités  de  Galien  qui,  dans  les 


.i07. 


iii7!'i'i'i8;  Le-    mauusfrils    hébreux,    portent  la   désignation    «selon    les 
.lerc,  Mtd.  ar.,    Alexandrius  «  :  M.  Zuiiz  émet  la  même  assertion.  M.  Gross 

I ,  |).  .).S  cl  suiv. 
(icsiimmelle 


fait  observer  avec  raison  que  les  résumés  des  livres  de  Ga- 
sci.iifi.u,  II,  lien, dans  le  manuscrit  53  de  la  bibliothèc(ue  de  Leide,  sont 
'■  '■'■■  différents  de  ciîux  de  Vienne  et  i)ar  conséquent  de  ceux  de 

\fonatssclirifl ,      tt      •        ut     c      •  i         *i         n  '«i  i  i 

1879.  p.  503.        l'ans.  M.  bteinschncider  la  constate  également  dans  le  ca- 

('.aiai.p.  i38.    laloguc  des  manuscrits  hébreux  de  Hambourg.  En  général, 

Calonymos  n'est  pas  le  traducteur  des  résumés  alexandrins. 

KnrjciopaMiic,    M.  Steinscliueider,  se  fondant  sur  ce  que  le  traité  de  l'Urine, 

'"  '"'■  dans  le  manuscrit  de  Leide,  Warn.  53,   4,  appartient  à 

la  collection  alexandrine,   n'admet  plus  pour  traducteur 

notre    Calonymos.    Cette    traduction    se   trouve    dans   la 

liste  de   M.  Zunz  au  n"  2  et  dans  celle  de  M.  Gross  à  la 

lettre  z. 

6°  nxiDi'î  'jnjn  ni3d.  Grande  introduction  à  la  médecine, 
traduction  de  celle  de  Ilonein  ibn-Ishaq.  Dans  un  manuscrit 
qui  appartenait  jadis  à  Moïse  Raphaël  d'Aguilar,  à  Amster- 
dam, cette  traduction  est  donnée  à  Calonymos  han-Nasi, 
qui  est  bien  notre  Calonymos,  non  son  père;  celui-ci  n'était 
Hibi.  iicbr.,111,  pas  traducteur.  Wolf  attribue  la  traduction  à  R.  Calonymos 
''  '•**'9'  Kolien  exfamilia  flacanim,  mort  en  1571.  C'est  une  conjec- 

p.  ?578,  fôgs.'      •^"''6  gratuite.  Nous  avons  déjà  vu  les  confusions  que  Wolf 
fait  entre  les  différents  Calonymos. 


DU  XIV  SIECLE.  457  .   , 

XIV   SIECI.t. 

7°  nxiDi  ncD,  livre  de  médecine,  décrit  de  la  manière  sui-         .  ~~ 

-,_-,  j.  II-  1  "Il  '!•  Bil)l.  jiid.iKj, 

vante  par  M.  r  urst  :  «  Une  collcxtion  de  traites  de  médecine,    n,  p.  (so. 
«probablement  de  Galien,  traduits  du  grec  en  arabe  par 
«  Honein  ben-Ishak ,  et  de  l'arabe  en  hébreu  par  Calonymos. 
«  Ce  livre  renferme  d'abord  une  introduction  à  la  médecine 
«  eu  forme  de  questions  et  réponses  (i/t  katechedscher  Form) , 
«divisée  en  sept  chapitres;  puis  viennent  d'autres  traités,  et 
«  ceux-ci  sont  suivis  de  notes  et  d'additions  faites  par  une 
«  main  postérieure,  telles  que  des  explications  des  passages 
«  médicaux  du  Talmud  et  d'autres  livres.  L'éditeur  inconnu 
«  (lit,  dans  la  préface,  queRaschi  (Saiomon  de  Troyes,  mort 
«  en  1  loô),  a  écrit  cent  cahiers  sur  celte  matière.  L'ouvrage 
«  fut  imprimé  à  Amsterdam,  i6io,  in-4".  »  M.  Fûrst  n'a  pas 
dû  voir  ce  livre;  car  il  n'existe,  à  notre  connaissance,  dans 
aucune  bibliothèque  publique.   M.  .Steinschneider  ne  le 
connaît  pas  davantage.  La  description  de  M.  Fûrst  est  em-      UeiOii™i,\i, 
pruntée  à  M.  Wunderbar,  qui  a  vu  im  exemplaire  d'un    p  •''7*' 
ouvrage  semblable  à  Riga.  M.  V^  underbar,  cependant,  ne 
mentionne  pas  Calonymos  comme  traducteur;  en  effet,  il 
dit  que  le  traducteur  inconnu  cite,  à  la  page  i6,  comme 
.son  contemporain  le  médecin  Abraham  JNahmias  de  Por- 
tugal, qui  est  probablement  identique  avec  le  personnage 
du  niême  nom  qui  vivait  vers  la  iln  du  xvi*^  siècle.  M.  Fùrst       Neubauci.  cai 
a  sans  doute  pensé  aux  ouvrages  de  Galien  dont  les  traduc-   ''"'"■'  "'  ''''''' 
lions  sont  attribuées  à  notre  Calonymos,  et  a  cru  pouvoir      y^,^  ,id.ss„s. 
y  ajouter  celui-ci.  Un  autre  livre  de  médecine  est  attribué   p-  *  '' 
à  Calonymos;  nous  allons  en  parler. 

8"  niNiEi  -iBc,  livre  de  médecine,  ms.  n°  6  de  la  biblio- 
thèque de  Leeuwarden  en  Frise,  attribué,  dans  le  catalogue 
manuscrit,  à  Calonymos  ben-Calonymos.  M.  Steinschneider 
y  renvoie,  dans  son  Catalogue  de  Leide,  p.  829.  D'après      ur. Lcuerbodc, 
M.  Neubauer,  ce  renvoi  a  trait  au  second  article  dudit  ma-   "'  ''  ^' 
nuscrit,  qui  est  la  grande  introduction,  censée  de  Galien, 
dont  nous  avons  déjà  rendu  compte.  Le  nom  de  Calonymos      Voir  ri  dessus, 
n'y  paraît  pas;  mais  il  est  donné  à  la  hn  d'un  article  de  ce   ^'  *^^" 
manuscrit  et  dans  le  catalogue  de  la  bibliothèque  de  Ra- 
phaël Moïse  d'Aguilar,  d'où  le  manuscrit  provient  proba- 

TOME  IXXI.  ,Ô8 


ïaMIlHCKIS    NATIO^AIL. 


MT*  SlicLI. 

Calai.  Krane<|. 
i,.  Kl. 

Woir,  llililiolh. 
Iicbr. ,  p  ')6(j. 

(ioiiiples  nii- 
(liis  il"  rAc.ulémiv 
<|pN  hisrriplioiis, 
,x-\.  p.  i8i 

(^lUil.  ilv  llani- 
boiiri;,  p.  i.'iC. 


Hi'iiaii,  A\oi- 
roô-,  p.  lyo. 

\\<.  <lo  Turin, 
p.  'idO. 

Li>tc<.<l(  M.Zuiiz, 
u"  lî;  liste  «le 
M.  Cio-^  /. 

Ilniuii,  Amt- 
iiii's,  p.  i()o;  lisle 
ili'  ^^.  (ituss,  /. 

Ilibtioili.  grxca, 
III,  p.  J.);. 

(",ros<.  Monats- 
srliriri.».S79,ii"3, 
p.  509. 

Rrnaii ,  op.  cil,, 
I  c)o;  (iross,  à  la 
loltrc  /. 

KnryrI.,  p.  ■  ■yâ. 

Voir  ci-dessous, 
p.  iGi. 


Bibl.  hcbraîca, 
I,p.  i3. 


'i58  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

blenient.  Dans  ce  même  manuscrit,  à  l'article  7,  se  trouve  un 
petit  traité  signé  «ton  ami  Calonymos,  filsdeCalonymos  », 
avec  la  formule  d'eulogie,  usitée  dans  la  famille  de  Calo- 
nymos, ""c?"  D»  (Isaie,  i.vii,  2).  M.  Neubauer  croyait  que 
cette  signature  se  rapportait  au  traité  attribué  à  Constantin 
l'Africain  (manuscrit  de  Paris,  1171,  2;  cf.  1190,  4), 
tandis  que  M.  Steinschneider  pense  que  le  traité  de  Con- 
stantin a  été  traduit  par  le  traducteur  anonyme  dans  le 
manuscrit  de  Paris  1190,  et  que  la  signature  de  Calo- 
nymos se  rapporte  à  un  autre  traité.  Le  mot  «ton  ami» 
vient  à  l'appui  de  l'opinion  de  M.  Steinschneider;  car  il 
semble  se  rapporter  à  une  lettre  de  Calonymos.  Il  serait 
désirable  qu'on  examinât  encore  une  fois  cet  intéressant 
manuscrit. 

9"  La  liste,  déjà  longue,  des  traductions  averroïstiques 
de  Calonymos  a  été  indûment  enrichie  d'ouvrages  qui  ne 
sont  pas  de  lui.  —  a.  La  traduction  des  commentaires 
d'Averroès  sur  le  Traité  du  ciel  et  du  monde,  qu'on  lit 
dans  un  manuscrit  de  Turin,  n'est  pas  de  Calonymos;  elle 
est  de  Salomon  ibn-Ayoub;  la  date  de  i3i6  se  rapporte  à 
l'ouvrage  qui  suit  dans  le  manuscrit,  et  qui  est  le  Traité 
de  la  génération  et  de  la  corruption.  —  ^.  Il  en  faut  dire 
autant  du  commentaire  sur  le  Traité  de  l'àme.  On  a  eu 
tort  d'alléguer  à  cet  égard  l'autorité  de  Fabricius.  Celui-ci 
s'exprime  d'une  manière  confuse;  mais  nulle  part  il  ne 
parle  expressément  d'un  commentaire  sur  le  livre  en  ques- 
tion traduit  par  Calonymos  ben-Calonymos.  —  y.  Quant  à 
la  lettre  sur  l'Union  de  l'intellect  séparé  avec  l'homme,  la 
traduction  hébraïque  en  a  été  faite  par  Samuel  ben-Tibbon, 
et  la  traduction  latine  par  Calonymos  ben-David  IL  — 
S.  Pour  les  Questions  physiques,  aucun  manuscrit  ne  donne 
le  nom  du  traducteur;  nous  en  parlerons  plus  amplement 
dans  l'article  que  nous  consacrerons  à  Moïse  de  Narbonne. 
M. Gross  cite  le  catalogue  de  Pasini,  Catal.  Taurin.,  I,  p.  54 
(ms.  147);  mais  le  nom  de  Calonymos  ne  s'y  trouve  pas. 
Seul  Bartolocci  donne  Calonymos  comme  traducteur  de 
cet  ouvrage,  en    ajoutant  la  date  de  i3i6,  sans  preuve 


DU  XIV  SIECLE. 


459 


Xn'  SIECLE. 


Calai,   lie    Mii 
iiicli,  36,  iS. 

(jross,  Mouali- 
sclirill .  1879 ,m'.'!, 


quelconque.  Le  traducteur  des  Questions  physiques  reste 
inconnu;  ce  n'est  pas  Moïse  de  JNarbonne,  bien  qu'on  le 
désigne  comme  tel  dans  le  manuscrit  Pinsker  1  5,  10. 

10°  M.  Steinschneider  croit  (n"  29)  que  le  traité  qui  se 
trouve  dans  le  manuscrit  du  Vatican  384  (non  385) 
loi.  385  (non  4i  »  ),etqui  est  traduit  de  l'arabe  en  hébreu,  r-'^^- 
pourrait  être  la  traduction  du  traité  d'Archimède  inlitulé  :  i-ncvcir»-*'" 
KûxXou  jn^TprjcTK,  en  arabe  *».L.-»i  jjStjJi,  probablement 
traduit  du  grec  en  arabe  par  Thabet  ben-Qorrah,  (  l  dont 
le  titre  hébreu  était  sans  doute  n'?ijyn  rnicos  di'D'3-ix  irc.  Dans 
la  traduction  latine  de  Gérard  de  Crémone,  ce  Iralté  est 
intitulé  Arsemenides  De  diinensione  [de  quadralura)  ciiculi.  La 
version  hébraïque  étant  incomplète  au  commencement  et 
à  la  hn,  il  serait  difficile,  même  si  l'identification  avrc  le 
traité  d'Archimède  était  juste,  de  prouver  que  la  traduction 
soit  de  notre  Calonymos.  Les  titres  Elementa  mathematica, 
Dic'p">*<  ''ip'»,  inventés  tous  les  deux  par  Assémani,  n'ont  au- 
cune valeur  critique. 

1 1°  On  serait  tenté  d  attribuer  à  notre  Calonymos  la  tra- 
duction hébraïque  d'une  lettre  circulaire  de  Robert  d'An- 
jou, qui  existe  dans  le  manuscrit  de  Hambourg  n°  'jf)3,  5, 
et  qui  est  reproduite  dans  le  catalogue  lait  par  M.  Stein- 
schneider, p.  180.  La  date  de  cette  lettre  est  i3:<8,  et  le 
roi  l'a  adressée  à  la  commune  ('?'?:'?  -=  universitati)  d'Aix  à 
l'occasion  de  la  mort  de  son  fils.  Nous  avons  vu  que  Calo- 
nymos travaillait  en  i328  pour  le  roi  llobert  et  qu'il  se 
qualifie  translateur  attitré  de  ce  souverain  '  ;  il  est  natu- 
rel de  supposer  que  c'est  lui  qui  a  fait  la  traduction  de 
cette  circulaire  sur  foriginal  latin.  Cependant  le  style  dur 
de  ce  morceau  ne  rappelle  guère  la  plume  d'un  des  plus 
habiles  traducteurs  du  moyen  âge.  Comme  il  est  probable 
que  la  traduction  fut  faite  en  Provence,  nous  croyons  devoir 
lui  donner  une  place  ici.  M.  Steinschneider  a  pu  se  pro- 
curer par  M.  Ignazio  Guidi,  professeur  do  langues  sémi- 
tiques à  l'Université  de  Kome,  le  texte  original  latin  de  celle 


Kiic)clo|'X(lie, 
!'•  170.""  7 

(^atiil.  (le  Haiii- 
hoiirg.  [>.  ib. 


\oir  ci-difssus. 
'l'to'M  1. 


Familiaris  dicti  domini  et  traiulatoris  ipsiits ,  ci-dessus,  p.  /|'i  i 


.^8. 


„VMKa.B.        ^^^  f^ES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

lettre  circulaire,  qu'il  a  publié  dans  la  Vierteljahrsclirifi  fur 
Kultiir  and  JÀteratur  der  Renaissance  de  M.  L.  (leigcr,  t.  I 
(i886),  p.  i38-i4o.  La  pièce  fut  adressée  sous  des  formes 
diverses  à  diflerentes  villes,  telles  (pie  Marseille,  Aix, 
Arles,  etc.  La  circulaire,  dans  l'exemplaire  transmis  à 
M.  Steinschneider  par  M.  (luidi,  commence  par  les  mots 
suivants  :  Huhcrtas,  de, jiistiliaiio  Terre  Labons  et  comttatns 
Molisii  Jideli  siio,  etc.  Tibi  aliisqiiefidelibus  quos  sincerajides  et 
fervens  majcslalis  noslre  dtleclio  individae  copnlavit .  .  .  Dans 
le  courant  de  la  lettre  on  lit  les  mots  suivants  :  Respiramiis 
eliam  in  co  fjuod  vobis  annnncianiiis  ad  gaiidium  (juod  jam  de 
ipso  proies  remansit  et  e  pregnanle  conitiije  filinni  expectamus. 
A  la  lin,  après  les  mots  hébreux  o'-jiD-iNni  (51c)  o"DDDn ni'rsNns 
jjyn'»  ns:"?  nw^  o^jv'jyn ,  ad  celestia  palacia  cl  (jaiidia  trans/eran- 
tnr,  on  lit  la  date  Neapoli,  A.  D.  1328,  die  il  novemhris.  La 
suscription  hébraïque  est  la  suivante  :  aran  •\bvn  ujnN  2dd  pnyn 
(py  mr)  y"'  1:3  Disnn  no  Vy  vy«  h^:ih  (mn  dit)  n"\  «  Traduction 
«de  la  lettre  de  notre  maître,  le  roi  Robert  (que  sa  gloire 
«  s'élève!),  à  la  communauté  d'Aix,  relative  à  la  mort  du  duc 
«son  llls  (qu'il  repose  dans  le  paradis!)». 

Il  y  a  dans  la  traduction  hébraïque  de  cette  lettre  beau- 
coup de  mots  qui  sont  inintelligibles  ou  du  moins  étranges, 
comme  M.  Steinschneider  le  dit  lui-même.  Le  savant 
éditeur  a  été  obligé  d'y  mettre  plusieurs  fois  des  points 
d'interrogation  et  des  sic.  Nous  ])roposerons  ici  quelques 
corrections,  d'après  le  manuscrit,  que  nous  avons  eu  l'oc- 
casion de  consulter.  Page  180,  ligne  4  de  la  lettre,  le 
manuscrit  a  imvn,  au  lieu  de  je?iDn.  Page  181 ,  ligne  1 1,  le 
manuscrit  a  dujd  et  non  pas  d^jud;  ligne  1 4,  le  manuscrit  a 
•>ràt(,  au  lieu  de'o'?;  ligne  i5,  DKnnV,  après  lequel  M.  Stein- 
schneider met  un  point  d'interrogation ,  le  manuscrit  semble 
avoir  oKirà. 


\IV      SIECLE. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  461 

CALO.WMOS   BKN-DWID,  L'ANCIEN, 

rHADlCTEUR. 

Calonymos,  Fils  (le  Dav  id,  fils  de  Todros  ('omo  ou  cmtj  p) 
d'Arles,  continua  la  tradition  de  son  homonyme  Calonymos      Catai. dOiior.i . 
(ils  de  Calonymos.  Après  l'année  1^28  il  traduisit  de  l'arabe    '''^^ 
le  traité  d'Averroès  contre  Gazzali,  intitulé  Ail^l  Ail^i  «  Des- 
M  truction  de  la  destruction  »,  en  hébreu  nhtnn  ohtsn,  dont  on 
trouve  des  manuscrits  nombreux,  savoir:  à  Paris,  910,  3; 
966,3;  à  Parme,  de  lîossi  i/i3,  6,  et  catalogue  Perreau  55; 
à  Oxford  n"  i344;  à  J^eide,  Warn.  i8,  1  et  36,  1;  à  Ber-      Caïai. Lugd.. 
lin,  1 1 1,  3.  M.Steinsclineider  ena  j)ublié  la  préface,qui  est    ' 
en  prose  cadencée.  Calonymos  dit  que,  trouvant  les  opinions   p.  133. 
d'Averroès  très  répandues  et  ayant,  d'autre  part,  des  amis 
qui  estiment  beaucoup  le  traité  de  la  Destruction  des  philo- 
sophes de  Gazzali,  il  s'est  décidé  à  traduire  de  l'arabe  le 
traité  d'Averroès,  bien  (ju'il  eût  d'abord  refusé  de  le  faire  à 
cause  d'autres  traductions  qui  existent  déjà.  Il  avait  entendu 
dire  qu'il  y  en  avait  une  du  célèbre  Isaac  ou  Bonisaac  ou      Carmoiy, Krancr 
Bonisac  de  Nahna  (njn3T;ce  nom  est  énigmatique,  M.  Neu-   Kevucdirh^uciT 
bauer  croit  que  c'est  la  traduction  de  Gourtezon).   «D'un    i"'»»». 'x.  p  â». 
«autre  côté,  ajoute-t-il,  le  prince  (lalonymos,  (jui  est  versé    ^  iT'tTf"^''" 
"dans  les  langues  arabe,  hébraïque,  chahléenne  et  égyp- 
•  tienne,  a  commencé  à  traduire  ce  traité  en  latin.  » 

Cette  dernière  traduction ,  comme  nous  l'avons  vu ,  fut  faite  Caui.  Beioi 
en  1328.  M.  Steinschneider  se  demande  si  la  traduction  ''  *' 
anonyme  contenue  dans  les  manuscrits  de  Leide,  Warner6, 
7  et  1 5,  1,  ne  serait  pas  celle  d'Isaac  de  Nahna,  et  il  se  pose 
à  lui-même  l'objection  suivante  :  le  traité  dans  les  manuscrits 
de  Leide  est  complet,  tandis  qu'Isaac,  allant  en  exil(i3o6?), 
a  laissé  sa  traduction  inachevée.  Nous  ne  lisons  rien  de  cela 
dans  la  préface  de  Calonymos. 

On  a  confondu  notre  Calonymos  avec  Calo  Calonyme  ou 

Calonynie  ben-David,  médecin  de  Naples,  vivant  à  Venise 

(1623),  qui,  au  xvi*  siècle,  traduisit  de  l'hébreu  en  latin 

la  Destruction  et  la  lettre  sur  l'Union  de  l'intellect  séparé 

avec  l'homme.  La  ressemblance  de  nom  des  trois  Calony-    ^en^n.  Averroès , 

j     p.  191. 


3  2 


XIV*  UÈCU. 

Kibl.  judaica, 
il ,  p.  207. 


ilisl.  lilt.  de  la 
IV,mrp,  t.  XXVll, 

IVaiiro  i<rarlilo. 

Calai.    HodI.. 

Moiiatsschrifl , 
1880.  p.  61. 

OtSProlh    Ha\- 
vim,  p.  i7,n.  îij. 


462 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Voir  ri-des9us. 


mos  a  donné  lieu  à  beaucoup  d'erreurs,  M.  Fûrst  con- 
fond même  Calonymos  fils  de  Todros  de  iNarbonne,  qui, 
dit-il,  a  traduit  plusieurs  ouvrages  de  l'arabe  en  hébreu, 
avec  notre  Calonymos. 

M.  Carmoly  dit  que  notre  Calonymos  avait  traduit,  avant 
la  Destruction  de  la  destruction,  l;i  Destruction  des  philo- 
sophes de  Gazzali.  Nous  ne  savons  pas  sur  (pu-l  document 
s'appuie  M.  Carmoly,  puisque  notre  auteur  dit  explicite- 
ment ([u'il  ne  ])osséaail  pas  la  Destruction  des  philosophes. 
M.  Gross  cite  la  suscriplion  du  manuscrit  Michaël  tii  (à 
présent  igS),  qui  pourrait  avoir  induit  en  erreur  M.  Car- 
moly On  lit  dans  le  catalogue  hébreu  de  cette  collection 
m  'Ta cicii'^p  in  '•y  pm*:  n"?i:nn  r'?cm  D''EiDi'7En  n'?En,  «  Destruction 
«des  philosophes  et  Destruction  de  la  destruction,  traduites 
Il  par  Calonymos  fils  de  David.  »  Cette  désignation  n'existe 
pas  dans  le  manuscrit  Michaël.  Dans  les  manuscrits  de  Paris 
910,  1,  et  913,  2,  c'est  Zerahyah  hal-Lévi  Saladin  qui  est 
donné  comme  traducteur  de  la  Destruction. 

Nous  avons  mentionné  ci-dessus  une  note  de  Calonymos 
Todrosi,  concernant  une  lacune  dans  une  traduction  de 
(îalonyinos  ben-Calonynios. 


iia>l.   rM,..    I 

;>.  ly  /■ . 

Itihl     iK'l.r..    I 

Kil>l.   judaira 
I  .  I'.  î'i. 

Mt'jjlicd     \<'ra 
liim,  fusr.  I ,  p.  ti. 

Grsfliirlilo  dor 
Jndrri,  VII.    1G8 

Moital'srlirifl  , 
1869.  ]>.  M6  Pi 
<uiv. 


AI1U0.\  kOllE.N. 

LITlIiGISTF.. 

AuuoiN  fils  de  Jacob,  lilsde  David,  lilsd'Isaac  hak-Kolien, 
un  de  ceux  qui  lurent  exilés  j)ai'  le  décn.'l  de  i.^o6,  était 
originaiie  de  Narbonne.  Les  anciens  bibliographes,  tels 
(pie  liartolocci  et  VVolf  et  même  Fursl,  disent  qu'il  était  de 
Lunel.  M.  Sleinschneider  ne  lui  consacre  pas  de  notice 
dans  son  catalogue  des  livres  imprimés  de  la  bibliothèque 
Bodiéieune.  M.  Luzzatto  le  croit  né  à  Majorque.  M.  Graetz, 
s'appuyant  sur  l'excellent  article  de  M.  Gross,  lui  donne  pour 
patri(ï  Narbonne;  cependant,  dans  l'index,  il  est  nommé 
Ahron  de  Lunel.  D'après  M.  Luzzatlo,  c'est  par  confusion 
avec  Ahron  hak-Kohen  de  Lunel,  qui  vivait  au  moins  un 
siècle  avant  notre  rabbin,  qu'on  a  fait  de  notre  Ahron  un 
enfant  de  celte  ville.  Mais  on  ne  connaît  pas  de  R.  Ahron 


DU  XIV  SIÈCLE.  463  .   , 

MV    S1ËCLF 

Kohen  de  Lunol,  à  moins  qu'Aliron,  fils  de  Meschiillam  de 
Lunel,  qui,  d'après  M.  Steinschneider,  a  été  pris  pour  notre 
rabbin,  n'ait  réellement  porté  le  litre  de  Koben.  M.  Gross       Caui.,  «o<ii.. 
montre  avec  évidence  que  notre  Ahron  est  originaire  de 
Narbonne,  et  non  pas  de  Lunel,  quoique  le  titre  de  la  pre- 
mière   ])artie  imprimée    de   son    ouvrage  porte  cette  in- 
flicalion,  fondée  sur  l'autorité  de   David  Conforte,  com- 
pilateur relativement  moderne,  qui  ne  mérite  pas  grande 
conliance.  D'ailleurs  M.  Steinschneidrr  a  bien  prouvé  que,       Caïai.  BwII.. 
dans  le  passage  où  Conforte  paraît  mentionner  notre  rabbin ,    ™   '  "  '•* 
on  doit  lire  Jonatban  Koben  d(>  Lunel,  personnage  qui  a     Qoré  luiUiorotii  ' 
joué  un  rôle  dans  la  première  dispute  entre  les  orthodoxes    p- "  *■ 
et  les  pbilosopbes. 

Bartolocci  commet   un  anachronisme  quand  il  affirme      Biu.  ribb .  i 
qu' Ahron  hak-Kohen  était  en  correspondance  avec  Meïr   ^''^^ 
Halévy  de  Tolède  (mort  en   i^/J/l),  et  qu'il  était  disciple 
d'Ascher  bis  de  lehiel  (mort  en  l^ît).  Le  même  compila-      Voir  ci lle^^uus . 
teur,  si  souvent  inexact,  lui  attribue  les  trois  ouvrages  sui-    ■'  ^^^ 
vants  :   Orlioth   Ifayyim  ha-amkh ,    Yoreli  Deah  ha-arukh  et 
Toldoth  Ahron,  qui  seraient  tous  trois  des  traités   de  mo- 
rale, et  le  fait  vivre  vers  5094  =  i33/|.  Wolf  accepte  cette      Biw.  i.rbr    1. 
date,  attribue  à  Ahron  les  deux  premiers  ouvrages,  mais   "*'**'' 
reconnaît  que  le  troisième  est  d' Ahron  de  Pesaro.  Ailleurs, 
Wolf  dit  que  le  second  ouvrage  se  trouve  en  manuscrit  à      Biw.M;.   m. 
Paris  (bibliothèque  de  la  Sorbonne,  n"  56);  c'est  le  n"  4'^5    p  '®'*" 
du  nouveau  catalogue,  qui  renferme  l'ouvrage  Tour  Orah 
flayjim  de  Jacob  fils  d'Ascher.  M  Fùrst  mentionne  les  deux       BiW.  jud    i, 
premiers  ouvrages,  le  premier  imprimé  à  Florence  en  1760,    ^''^' 
et  le  second  encore  en  manuscrit.  Nous  verrons  que  ni  fun 
ni  l'autre  ne  portent  l'épilhète  -jnxn. 

Ahron  aj)partenait  à  une  famille  savante.  Son  père  Jacob 
est  inconnu;  mais  son  grand-père  et  son  bisaïeul  sont  sou- 
vent rappelés  par  lui,  et  le  premier  est  aussi  cité  par 
leroham,  qui  donne  en  son  nom  une  réponse  de  casuistique. 
Ahron  cite  encore  Azriel  son  grand-père  (fol.  ô*"  et  43"),  Voir  «dessous 
probablement  du  côté  de  sa  mère.  |articU,urcet  a., 

Nous  ne  connaissons  ni  l'année  de  la  naissance  de  notre 


\IV    SIKr.l.K. 


464  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FR  WC  \IS 


rabbin  ni  celle  de  sa  mort.  Nous  savons  seulement  qu'il 
composa  son  ouvrage  de  casuisticjue  peu  de  temps  aj)rès 
rexpulsion  de  i3o6,  quand  il  lut  allé  se  fixer  à  Majorque. 
En  eflet,  dans  son  introduction,  remj)lie  de  plaintes  sur  la 
dispersion  des  grandes  écoles  de  Provence,  et  commençant 
par  une  allusion  aux  Lamentations,  m,  i  :  «C'est  moi 
«  l'homme  qui  a  connu  l'exil,  quand  les  fils  de  Jacob  quit- 
«tèrent,  comme  des  brebis  disp(;rsées,  leur  demeure  de 
«  gloire  »,  Aliron  dit  que,  craignant  ([uc  1<;  manque  d'anciens 
livres  empêche  de  donner  des  réponses  satisfaisantes  sur  des 
questions  de  casuistique,  il  s'est  décidé  à  composer  son  ou- 
vrage rituel,  basé  sur  les  écrits  de  ses  prédécesseurs.  Il  l'a 
intitulé  Sentiers  de  vie  (Q"nnn-x),  parce  qu'il  le  considère 
comme  un  compagnon  de  route  lidèle  et  sûr. 

Nous  ignorons  la  voie  que  prit   notre  rabbin  pour  se 
iiisi.  iiii.  de  lu    rendre  à  \iajorque.  Comme  la  plupart  des  exilés,  il  alla  sans 

?T"i    '  ''^^"     doute  jiar  Perpignan  et  Barcelone.  Majorque  possédait  alors 

une  grande  communauté  juive,  et  sans  doute  des  écoles  lal- 

MoMiiissciiiiii,    mudiques.  Aliron  nomme  comme  son  maître  un  I».  Schem- 

1  SI,,,,  |,. ',.,,,.  y^^j^  Falcon,  qui  serait,  suivant  M.  Gross,  le  rabbin  de  ce 
iiisi.  lin.  <ii'  la  nom  qui  fut  en  correspondance  avec  Salomon  ben-Adret. 
On  prend  d'ordinaire  notre  Ahroii  pour  l'élève  d'Asclier 
fils  de  lehiel  de  Tolède,  mort  en  1327,  qu'il  parait  citer 
dans  son  ouvrage.  Mais  il  n'en  est  rien  Le  rabbin  d<!  ce  nom 
cité  par  notre  rabbin  n'est  autre  que  l\.  Ascher  fils  de  Me- 
schullam  de  Lunel.  Ahron  ne  semble  même  pas  connaître 
les  travaux  d'Asclier  fils  de  lehiel;  car  il  rapporte  qu'une  dé- 
cision de  casuistique  de  cet  Ascher  lui  fut  «  communiquée  » 
par  Jacob  fils  de  Schealliel  de  Barcelone,  un  autre  ami  de 
Mon:,l^    Salomon  ben-Adret.  On  trouve  la  formule  d'eulogie  V»  (unst 

srimfi.      iK()(),    f,,^3L,j   après  le  nom  d'Ascher,  dans  cette  communication. 

On  Y  lit,  en  effet,  ce  qui  suit  :  Vt  hn^D^ttv  la  zpv  in  >'?  zwn  ^3^ 

Vi  nzcH  -\vn  -in  DW3  :  «  Ainsi  a  répondu  Jacob  fils  de  Scheal- 

«  tiel  au  nom  de  B.  Ascher  Aschkenazi  (que  sa  mémoire 

Mtfjiiea  Ycr..     «soit  béuie!)».  M.  Luzzatto  veut  en   conclure  que  notre 

f««.  i,|.. (i.  Ahron  a  vécu  une  génération  après  Ascher  fils  de  lehiel. 

Nous  serions  portés  à  tirer  une  autre  conclusion  :  c'est  que 


Ki-ancc,  I.  XWIl, 


vire)-.'. 


DI!  XIV  SIÈCLE. 


465 


\IV*  UÈCI.K. 


R.  Ascher  de  Tolède  était  contemporain  de  notre  Ahron,  à 
une  époque  où  les  travaux  du  premier  n'avaient  pas  en- 
core acquis  assez  de  réputation  pour  être  cités  ou  même 
connus  de  notre  Ahron.  En  effet,  d'après  le  calendrier 
(ju'on  trouve  dans  la  seconde  partie  de  sou  ouvrage,  et  qui 
s'arrête  à  i3i3  ou  1315,  Ahron  aurait  achevé  son  travail 
vers  ce  moment,  alors  que  R.  Ascher  était  seulement  au 
commencement  ou  tout  au  plus  au  milieu  de  sa  carrière 
rabbinique.  Quant  à  la  formule  Vi,  elle  a  été,  si  notre  con- 
clusion est  juste,  ajoutée  par  un  copiste,  ou  peut-être  par 
l'auteur  lui-même,  lors  de  la  revision  qu'il  fit  de  son  ou- 
vrage, comme  nous  le  verrons  plus  bas.  M.  Gross  dit  que 
notre  Ahron  vivait  encore  en  1 3:>.7,  date  de  la  mort  d'Ascher, 
et  il  appuie  cette  opinion  sur  un  raisonnement  analogue 
au  nôtre.  Le  manuscrit  Gùnzburg  porte  pour  date  de  la 
copie  le  jour  de  la  nouvelle  lune  d'éloul  SoSq  =  li'iç),  et 
l'eulogie  Vj  s'y  retrouve. 

Notre  Ahron  n'était  pas  le  seul  Provençal  qui  se  fût  fixé 
à  Majorque.  M.  Gross  croit  reconnaître  dans  Sire  Dou- 
ran  (îKin  ki^v)  et  dans  Moïse  Schekili  (^b^pc?) ,  mentionnés  par 
notre  Ahron,  des  émigrants  de  Provence,  expulsés  peut- 
être  par  le  décret  de  i3o6.  Ahron  ne  le  dit  pas,  mais  cela 
est  probable,  car  une  famille  Douran  est,  en  effet,  origi- 
naire de  la  Provence,  et  nous  verrons  qu'un  de  ses  membres 
était  parent  de  Lévi  ben-Gersom.  Quant  au  nom  de  Schekili, 
nous  l'avons  rencontré  en  Provence  comme  épilhète  d'un 
Samuel  que  nous  avons  cru  pouvoir  identifier  avec  Samuel 
Sullami,  en  supposant  que  Sullami  [Sullam,  Echelle)  repré- 
sente Schakil  ou  Schakail,  Scala.  M.  Kaufmann  conteste 
cette  identification,  en  s'appuyant  sur  le  fait  suivant  :  c'est 
qu'une  certaine  règle  rituelle  est  citée  par  David  Lévi  et 
Manoah  au  nom  de  Samuel  ben-Salomon,  et  est  donnée  par 
notre  Ahron,  dans  son  ouvrage,  puis  figure  dans  l'abrégé 
intitulé  le  Kol-bo,  au  nom  de  Samuel  Schekili.  Ce  serait 
donc  Samuel  ben-Salomon  qui  ne  faisait  qu'un  avec  Samuel 
Schekili,  et  notre  identification  avec  Samuel  Sullami  serait  à 
rejeter.  Mais  est-on  toujours  sûr  que  les  citations  rapportées 


Gross,  Monats- 
sclirill,  i86g, 
p.   A3g,   noie  i. 


Voir  ci-dessous, 
p.  'i(i(). 

Moiiatssdirifl , 
i86(j ,  p.  ^3g. 


Monalsschrift , 
1869.  p.  ',h6. 


Ziiiiz 

,  Zur  fie- 

schichtc 

und   Li- 

teratur. 

p.  5j3. 

Hist. 

litt.  de  la 

France, 

l.XXVU, 

p.  701. 

Jubclschrifl(voir 

ci^lessus,  p. 372) . 

p-  l'tg. 

note    39. 

Hist. 

lilt.  de  la 

France , 

t.XXVIl. 

p.  5/, 3. 

Voir  ci-dessous . 

p.  470. 

TOME   XXXI. 

3  2  • 


■>a 


HrKIMCCIS     XITIOIALK. 


.    ,  460  LES  KCRIVMNS  JUIFS  FRANÇAIS 

XI>    SIECLE.  ^ 

dans  les  éditions  soient  exactes?  IVaiileurs  M.  Katifmanu  est 

obligé  d'accepter  deux  Samuel  Schckili,  l'un  fils  de  Salo- 

mon,  l'aulre  fils  d'Abraham,  auquel  Abraham  de  Béziers 

uui.  lia.  (le  la   adressa  une  élégie.  Mcnahem  Meïri  n'aurait  certainement 

Hanrc,!.  XXVII,    ^^^  njan([ué  i\o  donner  l'épithéte  de  'S^e?  à  Samuel  ben- 

Salonion  s'il  l'avait  portée;  en  outre,  ce  Samuel  semble  être 

le  même  que  celui  de  Lunel,  le  signataire  d'une  des  lettres 

iii.i.  liti.  .le  la   de  la  collection  réunie  par  Abba  Mari,  et  on  ne  trouve  pas 

Kinnco.t  \x\ii,    jjyii     i^g  jgjj^j.  j.p,|g  collection  le  noui  de  Schekili. 

p.  Oy:!.  l 

Parlons  maintenant  de  fouvrage  de  notre  Abron.  Nous 

avons  déjà  dit  qu'il  porte  le  titre  de  Orhollt  Hayyiin  (nniK 

D"n),  Sentiers  de  vie,  et  qu'il  traite  des  règles  concernant  le 

Article  (le  Jaroi)   rituel.  Nous  verrons  dans  la  suite  que,  surtout  en  Provence, 

.1.  Bagiiois.  Qj^  aimait  à  composer  de  tels  ouvrages  ])Our  chacune  des 

communautés.  Ktait-ce  que  les  livres  se  perdaient  facile- 
ment \  c(îtte  époque  où  les  juifs  étaient  exposés  à  tous  les 
caprices,  et  où  les  volumes  relatifs  au  culte  Israélite  se  brû- 
Voir  (i-apris,    laicut  par  charretées?  Ou  était-ce  l'ambition  dêtre  auteur? 

•'  ''"'*'■  Peut-être  les  deux  raisons  agissaient-elles  à  la  fois.  L'ou- 

vrage de  notre  rabbin  se  compose  de  deux  parties,  fune 
qui  est  publiée  et  faulre  qui  est  encore  en  manuscrit.  La 
première  fut  imprimée  à  Flonmce,  in-lolio,  en  1760, 
avec  Itî  titre  de  D"n  mniN,  d'après  un  manuscrit  trouvé  par 
Isaac  di  Paz.  ici  le  nom  d'auteur  est  Abron  hak-Kohen  de 
Lunel  (ce  nom  se  trouvait  probablement  dans  le  manuscrit)  ; 
suivent  les  approbations  de  plusieurs  rabbins  d  Italie.  Dans 
la  préface,  l'auteur  dit  qu'il  a  divisé  son  ouvrage  (!n  deux 
parties.  La  première  (celle  qui  est  iuq)rimée)  traite  des 
réghs  rituelles  relatives  à  la  prière,  à  l'observance  du  sabbat, 
des  fêles,  des  demi-fêtes  et  des  jours  de  jeinie. 

La  seconde  partie  de  YOrhoili  llmyim  e.'i  connue  par 
deux  maiiuscrits',  l'un  appartenant  à  la  bibliothèque  de 
S.  I).  Luzzatlo,  qui  l'avait  reçu  en  cadeau  d'un  de  ses  élèves. 
Ce  manuscrit  se  trouve  à  présent  dans  f  injporlante  biblio- 
thèque de  .\L  Halberslam  à  Bielilz  (Silésie  autrichienne). 

'  Ou  Iroiiv  •  une  faille  il°iinprfs»ion  dans  l'aiiicli:  ili-  M.  Gn»»  l  Monatsfchrip , 
1861).  |>.  Ml .  noie  1).  où  on  lit  5  an  lieu  liu  a  nianincriis.  ^'  ' 


XIV"  SIÈCLE. 


DU  XIV  SIÈCLE.  467 

M.  Luzzatto  a  consacré  une  savante  notice  à  ce  manuscrit 
dans  le  périoclique  liéhreu  Mégitcd  Yerahim,  I,  p.  5  à  lo  et 
69  à  7.3.  Le  second  manuscrit  est  )a  propriété  de  M.  le  ba- 
ron Horace  de  Gûnzburg,  dont  la  riche  bibliothèque  nous  a 
beaucoup  servi  pour  les  rabbins  français  du  xiii*  siècle 
ainsi  que  pour  ceux  du  xiv".  M.  Gross  Ta  fort  bien  décrit 
dans  le  périodique  Monatsschrift,  etc.,  i86(),  p.  4>^i  à  45o 
et  53 1  à  54 1.  Le  manuscrit  de  W.  Luzzatlo  est  défectueux 
au  commencement  et  à  la  (In  :  il  fut  nîconnu  comme  étant  la 
seconde  partie  de  l'ouvrage  de  notre  Ahron  par  la  com|)a- 
raison  avec  des  citations  ((ue  M.  Luzzatto  avait  trouvées  chez 
d'autres  rabbins.  Le  manuscrit  se  compose  de  3o6  feuillets, 
dont  (piehpit's-uns  sur  \élin.  H  a  pour  objet  les  règles  ri- 
tuelles autres  que  celles  qui  sont  traitées  dans  la  première 
partie.  Ces  règles  sont  relatives  à  la  nourriture,  aux  obser- 
vances des  femmes,  à  la  loi  civile,  aux  règles  de  la  morale, 
au  deuil,  à  l'excommunication,  etc.  A  la  suite  on  trouve 
des  extraits  d'autres  ouvrages  de  casuistique,  et  parmi  eux 
les  institutions  de  Gersom  de  Metz  et  de  Jacob  de  Ramerupt,  upv.  .Ios  kiuH.s 
des  traités  sur  le  Messie,  sur  le  paratlis,  sur  l'enfer,  des  sen-  ^""^,1'^^  «uiv'^^" 
tences  des  philosophes  et  d'autres  petits  articles;  le  manu- 
scrit fmit  par  des  formules  d'actes  civils. 

Le  manuscrit  de  M.Gûnzburg  est  sur  parchemin,  in-4", 
et  contient  296  feuillets.  La  collection  des  traités  qui  suivent 
l'ouvrage  n'est  pas  la  même  que  dans  le  manuscrit  de 
M.  Luzzatto.  Entre  l'ouvrage  et  les  traités  se  trouve  un  ca- 
lendrier juif  et  chrétien,  avec  des  observations  astrolo- 
giques. Il  y  a  également  une  chronique  sur  les  docteurs  de 
la  Mischna  et  du  Talmud,  qui,  d'après  M.  Gross, diffère  de 
celle  qu'a  publiée  M.  Luzzatto;  M,  Gross  en  avait  promis 
la  publication.  Depuis,  plusieurs  autres  rédactions  de  cette  Kérem  Hémed, 
petite  chronique  ont  été  publiées.  '^'  p  '^^  "  '"'" 

Ahron,  comme  il  le  dit  dans  sa  courte  préface,  a  fait  une 
collection  de  règles  rituelles  en  s'inspirant  de  ses  prédé- 
cesseurs, qu'il  cite  assez  souvent.  M.  Luzzatto  a  donné  la 
liste  alphabétique  des  noms  qu'on  trouve  dans  la  seconde 
partie.  M.  Gross  a  dressé  sa  liste  en  examinant  les  deux 

59. 


\IV     SIBCLB. 


468  LES  KCIll\  AINS  JUIFS  VW  \NCAIS 


parties,  et  l'a  disposée  selon  le  pays  des  auteurs  cités.  Nous 
donnerons  seulement  les  noms  (jui  concernent  la  France. 

Voici  les  noms  qui  appaiticnnenl  à  la  Provence'  :  Juda 
ben-Barzilaï,  David  de  Villofortc-i-.:'?'!-,  Juda  hen-Ahba  Mari. 

A  Narbonne,  Abraham  bcii-lsaac  Ab-beth-Din;  Isaac 
Kohen,  probablenKMit  l'aïeul  de  noire  Ahron,  auteur  d'un 
commentaire  sur  trois  parties  du  'i'almud  de  Jérusalem; 
les  grands-pères  d'Abron,  David  <'l  Azriel;  un  autre  David, 
le  maître  de  R.  Eliézer  de  Tarascon;  Keuben  ben-Hayyim; 
R.  Meïr  Kohen  (Meïr  bcn-Simon,  chez  Luzzatto);  Samuel 
ben-Mordecaï,  Joseph  ben-PIal,  Isaac  ben-Moïse,  identique 
probablement  avec  celui  (pii  élail  en  relations  avec  Abba 
Mari;  David  ben-Lévi. 

De  Lunel,  Ahron  cite  Jonathan  Kohen,  Ascher  ben-Me- 
schuUam,  et  MeschuUam  ben  R.  Jacob  Manoah. 

DeBéziers,nous  trouvons  les  noms  suivants:  Moïse  ben- 
Juda;  MeschuUam  ben-Moïse;  Gerschom  ben-Salomon; 
Juda  ben-Jacob  ben-Éliah  ben-lsaac  de  Carcassonne  et 
Joseph  Ezobi. 

Montpellier  figure  en  l'ouvrage  d'Ahron  par  une  déci- 
sion dans  laquelle  Saûl  Kohen  est  mentionné,  et  qui  est 
signée  par  le  iameux  Salomon  ben-Abraham  ben-Samuel  et 
ses  quatre  collègues,  Hayvim  ben-_Mathithyah,  Joseph  ben- 
Salomon,  Saul  ben-Jacob  et  Ahron  hal-Lévi. 

De  Perpignan,  Ahron  mentionne  Samuel  Schekili,  Me- 
nahem  ben-Salomon  (Meïri),  Piidias hal-Lévi. 

Pour  le  reste  de  la  France  et  les  régions  du  Rhin,  nous 
trouvons  Juda  ben-Meïr  hak-Kohen  et  Eliézer  ben-Juda, 
auxquels  les  habitants  de  Troyes  avaient  adressé  une  ques- 
Moiiaissriirift.  tiou.  M.  Gross  croit  devoir  conclure  du  silence  que  ces  deux 
iscg.  p.  538.  rabbins  gardent  à  l'égard  de  Gersom  de  Metz,  dont  la  répu- 
tation était  si  grande,  qu'ils  vivaient  avant  Gersom.  En  effet, 
M.  Luzzatto  pense  que  Juda  est  identique  à  Sire  Léontin, 
le  maître  de  Gersom.  Notre  auteur  nomme  encore  d'autres 
rabbins  du  nom  de  Juda  Kohen,  mais  dont  la  date  n'est 

'  Ils  sont  pour  la  plupart  mentionnés  dans  l'Histoire  Uuéralre,  t.  XXVIF,  index. 


DU  XIV  SIECLK.  469 


\IV     SIEtl.F 


pas  connue.  R.  Jacol)  (l<;  Kamerupt  el  son  frère  Samuel; 
Abraham  de  Ponloise;  Aliron,  qui  était  en  correspondance 
avec  lui;  les  frères  Isaac  (le  jeune)  et  Samson  ben-AJ)raham 
de  Sens;  Moïse  de  Sens;  Isaac  de  Corl)eil;  Péreç  de  Corbell; 
Isaac  d'Orbcil,  disciple  de  Hayyim  de  lîlois;  Eliézer  de 
Bourgogne,  auteur  du  D'-jon  ■'lycr 'c,  dont  il  allègue  l'auto- 
rité, étaient  certainement  des  Fran<,;ais,  ainsi  (jue  Joseph 
Tob-Elem  (Bonhls  de  Limoges),  Jacob  et  Nclhanel  de 
Chinou,  Moïse  d'Évreux,  lehiel  de  Paris,  Juda  ben-Jacob 
(  peut-être  identique  avec  Juda  tie-is  fol.  41"  de  l'imprimé), 
Elie  de  Paris  et  Scheniaiah.  Mentionnons  encon;  l'auteur 
du  maTD  '773  (fol.  54  de  rinq)rimé).  Pour  la  région  du 
Rhin,  nous  trouvons  seulement  Pi.  Meïr  de  Rothenbourg  et 
Eliézer  ben-Natlian  de  Mayence. 

Ahron  cite  enlin  les  rabbins  suivants  dont  la  patrie  est 
douteuse;  ce  sont  :  Joseph  cna;  Isaac  de  Saintes  (ccjc),  Jo- 
seph de  p'Nir;  «n  nSiNn'jD  3t  (de  la  Réole?),  ([ue  M.  Gross 
croit  identique  à  Samuel  (Morel)  de  Falaise;  Jacob  Lévi  de 
Marvejols  (M.  Gross  ne  donne  pas  l'orlhographe  hébraïque)  ;  i.oc.cii  p  j  ,i. 
R.  Juda  CNT'Di  (seulement  dans  le  ms.  Luzzatto;  peut-être  i5uU.  So..  ardi 
CKvcT,  nom  de  localité  trouvé  sur  une  épitaphe  hébraïque  ','  ,35 
d'Orléans). 


SUIV. 


(le   rOrl.      I.    IX, 

11"    i35,    1"   liiin. 

de     i88><;     Kf.iH- 

^-.  I  ,  1  ,  .  ,  (les  Kliidt  >  juiMs. 

Un  observe  dans  les  deuv  manuscrits,  non  seulement  que   1.  xvi,  p  .79  fi 
les  sujets  traités  varient,  mais  aussi  que  les  noms  qui  se 
lisent  dans  le  manuscrit  Luzzatto  ne  se  lisent  pas    dans 
celui   de  M.   Gûnzburg.   Ainsi,  par  exemple,  le  nom  de 
Schem-Tob  Falcon  de  Majorque,  qu'on  trouve  quinze  fois 
dans  le  manuscrit  Luzzatto,  ne  se  trouve  pas  du  tout  dans 
le  manuscrit  Gûnzburg;  c'est,  dit  M.  Gross  avec  raison ,  que      Monaisïtiinrt, 
ce  manuscrit  est  une  première  version,  faite  peut-être  avant   .'^f/g  ^'  ''^^ 
l'arrivée  de  l'auteur  à  Majorque,  tandis  que  le  manuscrit 
Luzzatto  serait  une  revision  faite  à  Majorque,  où  l'auteur 
aurait  ajouté  des  observations  dues  à  son  maître  Schem- 
Tob  Falcon. 

Nous  possédons  un  abrégé  de  l'ouvrage  de  notre  Ahron, 
sous  le  titre  de  laVa.  Cet  abrégé  a  été  imprimé  plusieurs      caïai.   KoJi., 
fois:  1°  à  Naples  vers  1491,  édition  assez  rare;  dans  son    p- '■'"'"^ 


\iy  5IECI.F.. 


/rdnor.  |).  igi. 


\<)ir  ri-dossiis , 
|i.  '109  ri  suiv. 


Kérpm  lloinod , 
Mil,  p.  ir,7. 


470 


F.ES  ECRIVAINS  JUIFS  FIWNCMS 


Voir   ri-(lpssiis, 
|>.    Wi'l. 


M(';;l.r.lY.Tah., 
I.IM-.  il .  j .  73. 


.Sdi»Nchélc>l 
ll.i(|q<ibliiila,  |>.  '|K. 


\)«h.    AllM|im., 

II,,..  9. 

/iiiiz,       Kiliis, 
1..  .1.. 


(ii'oss,  Vloiiats- 
srliril't .  I  'S69 . 
p.  U'i. 


calaloguc  des  livres  imprimés  de  la  Bodiéienne,  p.  555, 
n°  358y,  M.  Sloinschneider  avait  supposé  que  cotte  édition 
avait  été  faite  à  Salon ique,  au  xvi"  siècle,  et  que  l'ouvrage 
n'était  autre  que  le  Livre  de  papier  (-i"3n  'c) ,  erreur  corrigée 
par  lui  plus  tard;  i^à  Constanlinople,  i5ig;  3"  à  Riinini, 
i5'i5-i526;  /|"  à  Venise  deux  fois,  i547  et  15G7  (d'après 
Schabbethai  Bass  en  ib"]'}.,  in-4");  5°  à  Fiirth,  lyH*;  G"  à 
Lemberg,  1860,  in -4".  M.  Isaac  Benjacob,  précédé  en 
celte  fausse  opinion  par  M.  Luzzallo,a  pris  ce  compendium 
pour  une  première  rédaction  de  l'ouvrage.  Nous  crovons 
inutile  de  donner  ici  les  arguments  sur  lesquels  M.  Hen- 
jacob  a  appuyé  son  opinion,  car,  dans  la  préface  des  Sentiers 
dévie,  Ahron  dit  clairement  (juil  en  entreprit  la  composition 
en  exil,  et  il  m;  fait  aucune  allusion  à  un  premier  essai.  Par  la 
même  raison  tombe  l'opinion  (h;  M.  I.iizzatlo,  qui  dit  (pie 
le  ÂV;//»o  lut  composé  en  Languedoc  et  était  répandu  ])artout, 
tandis  que  les  Sf.mtiers  de  vie,  écrits  à  Majorque,  restaient 
inconnus.  Da])rès  Il)n-Yahya,  Jose|)h  (ils  de  Tobie  de  Pro- 
vence aurait  fait  l'abrégé  connu  sous  le  nom  de  Kolho; 
d'après  un  petit-Hls  de  Samuel  de  Schclestadt,  dont  nous 
nous  occuperons  plus  loin,  l'abréviateur  serait  un  H.  Sche- 
maria,  fds  de  II.  Simhali,  qui  aurait  fait  l'abrégé  pour 
l'usage  des  juifs  allemands.  Le  kolbo  est  encore  cité  sous  le 
nom  de  c'aipSn  0,  «  Livre  des  collections  »;  toutes  les  éditions 
cej^endant  portent  le  nom  de  la  hz  «  tout  en  lui  ».  Que  le  Kolbo 
soit  un  abrégé  de  l'ouvrage  d'Ahron-Kohen,  rédigé  dans  un 
autre  ordre  fies  matières  et  avec  beaucoup  de  suppressions, 
ce  n'est  plus  douteux,  maintenant  que  nous  connaissons  les 
Sentiers  de  vie  au  complet;  mais  l'abrégé  n'est  pas  de  la 
main  d'Ahron. 


DU  XIV  SIECLE.  471 


DAVID  D'ESTELLA. 


XIV    SIECLE. 


l'ailicii'  sui  «l'i  ai: 
Iniir. 


David,  fils  de  Samuel  Kokahi,  était  originaire  d'une  lo- 
calité appelée  Estclla  [iz^^Kokab  en  hébreu  signifie  étoile). 
La  localité  de  ce  nom  la  plus  connue  est  Estelln  en  Navarre, 
près  de  Pampelunc.  Mais  noire  David  écril  (în  Provence,  il  Voir.i  dessous 
a  de  la  famille  à  Bagnols.  Des  localités  nomnié(>s  Estelle,  ''  ''' 
Les  Eslelies,  Etoile,  L'Etoile,  se  trouvent  dans  toute  la 
France. 

Le  père  de  notre  auteur  est  peut-être  le  Samuel  qui  est 
mentionné  dans  le  manuscrit  hébreu  n"  119  de  Vienne.       (.lUii.  vindui, 
Nous  n'avons  aucun  détail  sur  la  vie  de  David.  11  llorissait    ^'in  ^,,  o'j 
probablement  vere  l'an  i3io.  David  n'a  pas  pris  part  à  la 
dispute  de  i3oo  à  i3o5,  et  d'un  autre  côté  son  petit-fils 
Jacob  de  Bagnols  a  écrit  entre  l'Sb-j   et  i36i.  Voici    ce      Von  .ide   lu 
qu'I.saac  de  Lattes  dit  de  lui  :  «Le  grand  savant  R.  David 
«d'Estella  a  composé  des  ouvrages  imjwrtants,  parmi  les- 
«  quels  un  conunentaire  sur  la  Bible  et  un  autre  sur  le  Tal- 
«  mud;  dans  ce  dernier  il  a  rassendilé  les   opinions    des 
«autres,  et  il  y  ajoute  les  siennes.  Il  a  intitulé  son   ou- 

•  vrage  Qiriath  S('jer,  «  Ville  de  livre  »  (Josué,  xv,  1 5,  etc.) , 
«et  l'a  divisé  en  quartiers,  en  maisons  et  en  rues;  au  mi- 

•  lieu  il  a  construit  la  «Tour  de  David»  [Mujdid  David, 
«Gant.,  IV,  4)-  »  La  Tour  de  David  est  le  premier  ouvrage 
que  notre  rabbin  composa;  nous  allons  en  donner  une  courte 
analyse. 

1"  f\i  hiit,  «  Toui'  de  David».  Cet  ouvrage  se  trouve  en      Caïui.  v, 
manuscrit  à  Parme  (séi'ie  11,  n"  4^)),  et  le  savant  conserva-    '''  ^' 
leur  de  la  bibliothèque  de  cette  ville,  M.  Pietro  Perreau,        \»Aii    \iii 
en   a   donné   une   description   détaillée,  que  nous  allons   p- '^■**' '"'^^ 
compléter  à  l'aide  d'un  manuscrit  fie  la  bibliothèque  de 
M.  (iûnzburg. 

L'auleur  commence,  selon  l'habitude  des  auteurs  juifs 
proven(:;au\ ,  par  une  ])ièce  de  vers,  suivie  de  la  préface.  L'ou- 
vrage est  divisé  en  deux  parties,  l'une  relative  à  la  croyance 
et  l'autre  aux  préceptes.  La    première  partie  contient  la 


rrircAU. 


\I»    SIECI.I. 


/i72  MvS  KCRIVAINS  JlilFS  PU  \NÇAIS 


théologie  sprculalivc  ot  morale;  elle  traite  de  la  création  du 
inonde  c.r  iiilnlo,i\u  libre  arbitre  de  l'homme,  de  la  croyance 
en  la  Providence,  de  la  révélation,  de  la  récompense  et 
de  la  punition,  de  l'arrivée  du  Messie  et  de  la  résurrection. 
Voir  ri ,i.K.o.i.    f''est  à  peu  j)rès  la   méthode  que   suit  Léon  de  Bagnols 

I  iiiiri>-.Mro(iau  j^jj^  Ips  Guerrcs  du  Seigneur.  David  suit  docilement 
Maimonide.  La  seconde  partie  a  pour  sujet  la  théologie 
pratique,  c'est-à-dire  les  préceptes.  A  la  (in  de  la  ])rélace, 
on  trouve  dans  le  manuscrit  Gùnzburg  la  raison  du  nom 
qui'  David  a  donné  à  son  livre  :  «  (l'est  pourquoi  nous 
«  avons  voulu  composer  un  ouviage  qui  renfermât  l'expli- 
«  cation  des  bases  de  la  Loi,  ainsi  que  le  sons  et  le  but  des 
«préceptes.  Kt  comme  la  même  intention  est  exprimée,  à 
Piov..  xMii.io.  «notre  avis,  dans  lo  verset  biblique  «Le  nom  de  Dieu  est 
«  une  tour  forte  >>,  nous  avons  appelé  notre  ouvrage  «  Tour  •«, 
«et,  pour  y  rappider  notre  nom,  nous  l'avons  intitulé 
«Tour  de  David.  »  Dans  cette  partie  de  l'ouvrage,  comme 
dans  la  première,  David  ne  cite  guère  d'autre  autorité  que 
Maimonide.  Ajoutons  que  le  manuscrit  Gùnzburg  fut  copié 
r,.>.  ,ios  Éhicics    par  Bonafous  Crescas  à  Avignon,  en  l'année  1897,  deux 

jniMs.  X,  p.  .'.17.    3jj^  après  l'expulsion  des  juifs  de  France. 

David  donne  dans  son  ouvrage  une  interprétation  du  cé- 
lèbre passage  contenu  dans  les  chapitres  d'isaïe  lu,  i3,  et 
LUI,  qui  doit  s'ajouter  à  la  collection  des  commentaires  juifs 
sur  ce  passage,  publiés  par  M.  Neubauer  sous  le  titre  de 
The  fijly-tlnrd  chapler  of  Isaïali  accordinçj  to  the  jewish  inter- 
preters  (Oxford,  1876,  -i  vol.). 

\>."  ^Ecn'^F,  «Ville  de  livre».  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
trois  parties  :  1"  les  préceptes  concernant  l'amour  de  Dieu, 
en  cinq  chapitres  (o^na),  dont  le  premier  est  appelé  b»  n^a, 
«Maison  de  Dieu»;  nous  en  reparlerons  plus  loin;  '3°  les 
préceptes  utiles  pour  la  conservation  de  notre  corps  et 
pour  le  salut  de  notre  âme,  en  cinq  chapitres;  3"  les  pré- 
ceptes concernant  les  relations  sociales,  en  deux  chapitres. 
Chaque  chapitre  (ro,  «  maison  »)  est  divisé  en  porte? 
(d'iïo).  La  préface  commence  et  finit  par  un  poème  offrant 
l'acrostiche   David   Kokabi.   Notre   auteur  suit  ici   égale- 


DU  XIV'  SIECLE. 


473 


\I\     SIECI.R. 


Kev.  (les  Kludei 
uives,  I\,  p.  218. 


ment  Maimonide.et,  comme  iUe  dit  lui-même,  il  ne  cite  que 
peu  d'autorités.  Parmi  ces  autorités  on  trouve  Abraham 
fils  de  David  (de  Posquières)  et  Moïse  fds  de  Jacob  (trois 
fois  avec  l'épithète  de  -)n  =  ain),  qui  est,  croyons-nous. 
Moïse  de  Couci,  malgré  le  titre  inférieur  qui  lui  est  donné 
(on  attendrait  le  titre '■)  ain,  «  le  rabbin  notre  maître  »).M.Neu- 
bauer  avait  cru  que  ce  Moïse  pouvait  être  Moïse  de  Bagnols, 
père  d'un  auteur  nommé  Jacob,  dont  nous  nous  occupe- 
rons plus  loin.  Mais  celui-ci  se  dit  le  petit-fds  de  notre 
David;  par  conséquent  Moïse  aurait  été  le  gendre  de  notre 
David,  qui,  en  ce  cas,  n'eût  pas  oublié  de  l'appeler  «  mon 
«  gendre  »,  à  moins  que  l'ouvrage  de  David  n'eût  été  com- 
posé avant  le  mariage  de  Moïse. 

Le  manuscrit  unique  du  Qiriatli  Srplier  esl  à  Londres,  dans 
la  bibliothèque  du  Jewish  Collecje,  n"  1 13,  écriture  proven- 
çale. Le  manuscrit  ne  contient  que  la  première  «  porte  »  de  la 
première  «  maison  »  de  la  première  partie;  l'ouvrage  en  entier 
doit  donc  avoir  formé  plusieurs  volumes.  Un  auteur  mo- 
derne cite  le  traité  de  David  sous  le  titre  suivant  :  nnp  hdd 
nj<''7Kt3''NT  iM  '10  D'pcD,  «  Qiriat  Sépher,  décisions  de  casuistique 
«  de  David  d'Italia  ».  Italia  estpourEstella;la  même  erreur  se 
rencontre  dans  la  chronique  d'Ibn-Yahya,  qui  écrit  «"'jncki. 
David  explique  dans  sa  préface  pourquoi  il  cite  peu  d'au- 
torités, et  il  en  donne  trois  raisons  :  1°  Une  même  décision  de 
casuistique  est  rapportée  dans  tel  ouvrage  à  tel  auteur  et 
dansunautreouvrageàtel  autre;  2° très  souvent  les  décisions 
sont  anonymes;  3°  pour  certaines  règles  courantes  les  noms 
des  auteurs  ne  viennent  pas  toujours  à  la  mémoire.  Da- 
vid promet  de  faire  un  ouvrage  détaillé  sur  ce  sujet,  d'après 
les  indications  des  bibliographes  et  d'après  ses  propres 
recherches.  On  ne  connaît  pas,  cependant,  d'autres  ouvrages 
de  lui  que  les  deux  que  nous  avons  mentionnés.  A  la  fin 
de  sa  préface,  David  indique  encore  une  fois  le  but  de  son 
premier  écrit,  La  Tour  de  David.  Nous  ne  croyons  pas  néces- 
saire d'y  revenir  ici  ;  d'ailleurs  Isaac  Lattes  reproduit  textuelle- 
ment les  mots  de  David.  Comme  son  prédécesseur  Menahern 
Meïri,  David  donne  dans  la  préface  une  espèce  d'aperçu   France,  t.  xwii 

P'  5<s  et  suiv. 
60 


Scliaiscliéli'l 
liaq'jabhala ,  |>.  5<,. 


Voir    ci-dessus . 
p.  i-jx. 

Hisl.  iitt.  de  lu 


TOME  XXXI. 


tVrliaEmn    RATlOSALi. 


\l\'  SIÈCLI. 


474  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

général  de  la  tradition  orale;  nous  reproduirons  seulement 
Hpv.  dos  Kiudes   la  traduction  de  la  partie  concernant  la  France.  On  y  verra 
i"'suiv.'^'''  "^    quels  ouvrages  de  casuistique  possédaient  à  cette  époque 
les  israélites  de  notre  pays  : 

«  C'est  de  la  France  (du  Nord  et  de  l'Est)  que  Dieu  nous  a 
«envoyé  une  grande  lumière,  lumière  pour  tout  Israël,  en 
'  la  personne  de  R.  Salomon  fds  d'Isaac  (de  Troyes),  auteur 
'<  d'un  commentaire  sur  quatre  sections  du  Talmud  de  I3aby- 
«  loue,  travail  qui  fut  suivi  du  commentaire  sur  la  Bible. 
«  Dans  ce  pays  et  dans  les  environs,  de  grands  savants  tal- 
<i  mudistes  surgirent.  Les  plus  célèbres  sont  les  petits-fds  de 
«Salomon  de  Troyes,  R.  Isaac,  R.  Jacob  (de  Rameru)  et 
«  R.  Samuel,  qui  étudièrent  les  commentaires  de  leur  grand- 
«  père  ainsi  que  ceux  de  ses  prédécesseurs,  pour  connaître 
«  à  fond  le  Talmud  et  les  prescriptions  de  la  Loi.  Ils  com- 
«  posèrent  les  Tosafotli  (gloses).  R.  Jacob  est  l'auteur  du 
«  Svphev  hayyaschar,  dans  lequel  il  s'occupe  surtout  de  don- 
«  ner  des  leçons  correctes  des  textes  du  Talmud.  R.  Samuel 
«  continua  le  commentaire  de  son  grand-père  sur  une  partie 
"  de  Pesaliim  et  de  Baba  Batra.  R.  Samson  (de  Sens)  fil  un 
«commentaire  sur  la  Mischna  de  Zrraïm,  de  Tchoroth  et 
■  de  quelques  autres  traités;  les  deux  premiers  seuls  se 
«  trouvent  chez  nous.  R.  Baruch  de  France  (de  Worms) 
«  est  l'auteur  du  Sèpher  hatterouma;  R,  Éliézer  (de  Metz)  est 
«  l'auteur  du  Scpher  hayjeréim. 

«  A  Narbonne,  à  Lunel  et  dans  les  environs  se  trouvèrent 
«  des  hommes  célèbres  qui  avaient  fait  des  études  talmu- 
«  diques  en  France  et  en  Espagne,  et  qui  s'occupèrent  du 
.<  Talmud  pour  y  éclaircir  des  points  douteux  ou  des  con- 
«  tradictions  apparentes.  Plusieurs  d'entre  eux  composèrent 
«  des  commentaires  étendus  sur  les  traités  du  Talmud;  par 
«exemple  Abraham  Ab-Beth-Din,  l'auteur  du  Sépher  ha- 
»  Eschkol.  A  cette  époque  deux  grandes  lumières  brillèrent  à 
«  L\inel  :  i°  Abraham  fils  de  David  de  Posquières,  grand  sa- 
«  vant,  très  versé  dans  les  deuxTalmuds,  la  Tosifta,  le  Siphrâ 
«  et  le  Siphré.  Il  fil  des  commentaires  sur  une  grande  partie 
«  du  Talmud  et  surle  Siphrâ;  il  écrivit,  en  outre,  des  notes 


DU  XIV  SIÈCLE.  475 

«  sur  les  commentaires  de  ses  prédécesseurs  pour  donner 
«des  explications  sur  les  passages  obscurs;  2°  R.  Zerahyah 
«Hallévi,  l'auteur  du  Scphcr  Itam-Maor.  Marseille  fut  à 
«  cette  époque  un  grand  centre  d'études  talmudiques.  Le 
«plus  distingué  de  ses  rabbins  fut  Isaac  fils  d'Abba-Mari, 
«  auteur  du  Sèpher  Im-Itour,  qui  roule  sur  une  grande 
«partie  de  Nasckini,  Nc:i<jin  et  sur  les  questions  d'Issour 
«  ve-Hcter.  11  composa  en  outre  un  compendium  selon  la 
«  méthode  d'Alfasi,  intitulé  Méah  Schearim,  et  un  autre  ou- 
»  vrage  sur  les  cérémonies  des  fêtes,  intitulé  Asscrel  had- 
nDibroth.  :\<i-'>. 

«  En  Provence,  il  y  avait  aussi  vers  ce  temps  des  hommes 
«  célèbres;  nous  mentionnerons  les  savants  d'Avignon  et 
«  de  Trinquetailles,  dont  les  notes  anonymes  sont  incor- 
«  porées  dans  les  ouvrages  postérieurs.  R.  Meïr  de  Trin- 
«  quetailles  est  l'auteur  du  Sépher  ha-E:er. 

M  Vers  cette  époque  il  y  a  eu  des  hommes  très  instruits 
«  en  Espagne,  dans  le  territoire  de  Narbonne  et  à  Barcelone; 
«  ils  ont  étudié  les  ouvrages  de  leurs  prédécesseurs,  et  quel- 
"  ques-uns  d'entre  eux  ont  composé  des  livres.  Tel  fut 
«R.  Juda,  fds  de  Barzilai,  de  Barcelone;  un  seul  de  ses 
«  nombreux  ouvrages  nous  est  parvenu  sous  le  titre  de 
«  Sèpher  ha-Itlim. 

«  R.  Gerschom,  fds  de  Salomon,  de  Béziers,  composa  le 
»  Sépher  hasch-Schalmon,  (|ui  traite  des  Halakhot,  d'après 
«  la  méthode  de  Maimonide.  Comme  il  n'avait  pu  finir 
«  l'ouvrage,  son  fils  Samuel  le  continua,  sur  le  désir  de  son 
«  père.  R.  Jonathan  Kolien  de  Lunel  fit  des  commentaires  sur 
«des  Halakhot  selon  la  méthode  d'Alfasi;  il  écrivit  des 
«  Réponses  aux  attaqu«^s  qu'Abraham  fils  de  David  avait  diri- 
«  gées  contre  Maimonide.  R.  Meschullam  de  Béziers  est 
i  fauteur  du  Sépher  ha-llaschlama,  sur  trois  sections  du  Tal- 
«mud.  .  .  R.  Moïse,  fils  de  Jacob  de  France  (de  Couci), 
M  écrivitun  ouvragesurh's préceptes;  il  adopte  f  en umération 
«  de  Maimonide,  et  très  souvent  il  le  cite  textuellement;  il 
«  s'appuie  souvent  sur  les  paroles  desGueonim  et  sur  fensei- 
«  gnement  des  rabbins  français.  R.  Isaac  (de  Gorbeil)  suivit 

60. 


XI»*   SIÈCLB. 


xiv'  it&Xz. 


476  LES  KCRIV.MNS  JUIFS  FHANCVIS 


«  sa  méthode  et  fit  un  abrégé  de  son  grand  ouvrage,  toutefois 
M  en  y  ajoutant  quelques  commentaires.  R.  Péreç  (de  Cor- 
«beil),  son  contemporain,  forma  beaucoup  d'élèves;  il  fil 
«  un  abrégé  des  Tosafoth,  en  y  ajoutant  quelques  observa- 
«  lions;  il  fit  de  même  pour  l'abrégé  du  livre  sur  les  pré- 
«  ceptes  dû  à  Isaac  de  Corbeil.  R.  Meïr  de  Rothenburg, 
«  d'Allemagne,  forma  également  beaucoup  d'élèves;  il  com- 
«  posa  une  autre  rédaction  des  Tosafoth,  dont  nous  possé- 
«  dons  quelques  traités. 

«  Paulin,  de  nos  jours,  des  savants  surgirent  dans  notre 
«pays,  en  Provence  et  dans  le  comtat  Venaissin;  ils  étu- 
«  dièrent  avec  soin  les  paroles  des  anciens  et  surtout  les 
«ouvrages  de  Maimonide,  en  discutant  la  matière  pour  v 
«ajouter  leur  commentaire;  moi,  je  fus  parmi  ceux  qui 
«  cherchèrent  à  donner  des  éclaircissements  sur  les  paroles  de 
«  Maimonide.  Un  grand  nombre  de  ces  rabbins  ont  consigné 
«leurs  opinions  par  écrit,  sans  tenir  compte  des  opinions 
«  émises  par  leurs  prédécesseurs;  celui  qui  désirerait  les  con- 
«  naître  serait  donc  obligé  de  se  procurer  un  grand  nombre 
«  d'ouvrages  pour  pouvoir  se  rendre  compte  de  l'exacte 
«  vérité.  Malheureusement  cela  est  impossible  dans  nos  temps 
«  de  calamités;  les  livres  ainsi  que  les  savants  sont  dispersés; 
«  plusieurs  n'ont  plus  le  temps  nécessaire  pour  étudier 
«  à  fond  le  Talmud  et  le  connaître  à  la  manière  des  an- 
«  ciens,  La  nécessité  s'est  fait  sentir  de  posséder  un  ouvrage 
«général  en  forme  d'abrégé,  dans  lequel  chacun  puisse 
«trouver  avec  facilité,  dans  un  certain  ordre,  les  pré- 
«  ceptes  selon  leur  importance,  afin  de  pouvoir  se  rendre 
M  compte  aisément  des  Halakot  et  des  règles  prescrites 
«  pour  l'observance  des  préceptes.  » 

On  cite  encore  de  notre  David  un  ouvrage  intitulé  Beth- 
oisai  i.aswfa-  ^^/^  i.  MaisoH  dc  Dieu  »  ;  c'est  un  des  neveux  de  David  qui 
"  '''^"•P  7'     mentionne  ce  traité  dans  la  liste  qu'il  possédait.  Cependant 

Kov.  (les  Ktudes     ,„,^i  p  '»'  l'J 

v«s,ix.|..2,5.   le  Beth-El,  comme  nous  lavons  vu,  nest  quune  partie  du 

Voir  ri-des$u$.    Qirioth  Sépher,  dont  on  faisait  des  copies  à  part  pour  l'usage 

de  ceux  qui  ne  pouvaient  acquérir  le  grand  ouvrage.  On 

trouve  également  des  fragments  du  Qiriath  Sépher  dans  un 

.00 


|I1IϫS 


DU  XIV  SIÈCLE. 


477 


livre  anonyme  de  casuistique  dont  il  existe  à  Oxford  un 
manuscrit  copié  en  Provence. 

Notre  David  signa  des  réponses  de  casuistique  avec 
d'autres  rabbins  provençaux,  et  si  celui  qui  a  signé  à  côté 
de  David,  Meïr  fds  d'isaïe,  est  identique  au  personnage  de  ce 
nom  que  nous  connaissons  à  Lunel  comme  signataire  d'une 
lettre  à  Salomon  ben-Adret,  nous  serions  autorisés  à  croire 
que  notre  David  florissait  vers  i320-i33o. 


\1V*  SlÈCLr. 

Voir  ci-<lessous, 
art.  sur  le  livre  <le 
casuistique  ano- 
nyme de  Salon. 

Rép.     d'Imm. 
Lattes, p. /ii  et  /l'i. 


Ilist.  litl.  de  la 
France,  I.  XXVII, 

p.  678. 


JOSEPH  CASPl, 

l'HlLOSOl'HE   ET   EXÉGÈTE. 
SA   VIE. 

Joseph  ben-Abba-Mari  ben-Joseph  ben-Jacob  Caspi,  con- 
temporain de  Calonymos,  est  un  des  plus  remarquables 
auteurs  du  midi  de  la  France.  H  était  né  à  Largenlière  en 
Languedoc  (Ardèche) ,  et  il  donne  lui-même  «■'d^dd  comme  le 
nom  hébreu  de  sa  ville  natale;  d'où  son  nom  de  Ibn-Caspi, 
hak-Kaspi  et  mik-Kaspi,  «  de  Caspi  ».  Son  nom  provençal 
était  Don  Bonafous  de  Largentera;  on  trouve  également 
En  Bonafoux  ibn-Caspi.  Wolf  traduit  '5dd  par  Arcjcntarii , 
ex  voce  idd  argenlum.  Le  catalogue  de  Vienne  traduit  aussi 
Ibn-Caspi  par  Sohn  des  Silberarbeiters.  M.  Zunz  croyait  que 
Caspi  est  la  localité  de  Caspe  en  Aragon.  M.  Kirchheim  nie 
avec  raison  qu'on  ait  songé,  en  formant  le  nom  artificiel 
de  Caspi,  au  nom  biblique K"'BD3(Esd ras,  vin,  17). 

Les  doutes  sur  l'identification  de  Caspi  et  de  Largentière 
ont  aujourd'hui  disparu.  M.  Steinschneider  avait  fait  des 
objections,  en  i855,  à  l'exactitude  du  nom  N-i't:'?3K'jT  G?i2:n3N, 
que  M.  Carmoly  avait  trouvé  dans  le  manuscrit  de  la  Biblio- 
thèque nationale  n°  986  (Oratoire  io5),  et  que  M.  Munk, 
abandonnant  l'hypothèse  de  Caspe  en  Aragon,  avait  repro- 
duit. M.  Steinschneider  ne  croyait  pas  pouvoir  se  fier  à 
la  lecture  du  savant  éminent,  dont  la  vue  était  très  affai- 
blie. Mais,  en  1876,  M.  Schiller- Szinessy  confirma  à 
M.  Steinschneider  la  leçon  m'^^hinh,  ayant  consulté  lui-même 
le  manuscrit  de  Paris.  D'ailleurs  Munk,  en  1869,  avait  de 
nouveau  indiqué  cette  leçon,  en  ajoutant  avec  justesse  que 
33 


Ms.    de    Paris, 
n"  i8à,  fol.  1   v". 


Sendsclneilx'ii, 
p.  I. 

Bibl.  Iiebraicï, 
IV,  p.  835. 

Catal.  Vindob. . 
I.p.  84. 

Zeilschrift,  VI. 
p.  i5o. 

Komm. ,  p.  II. 

Encyclop. ,  Il , 
3 1 ,  p.  5o ,  11*  1 2 . 


Béer,  Phit.. 
p.    109;    Dct.  se. 
phil..  m  (1847), 
p.  363. 


Catal.  de  Cam- 
bridge, p.  501. 

Mélanges,  p.496. 
Comp.  Catal.  de 
Paris,  n''98G,  i. 


.\1\*  SIÈCLE. 

Hist.  lilt.  <le  la 
France,  t.  XXVII, 
p.  675. 

Calai,  (le  Mu- 
nich, 307,  J. 

Voir  ci-ilessus , 
p.  Ui- 


Arcli.  des  Mis- 
sions, 3' série,  t.  1, 
p.  574. 


Bibl.  rahbinica . 
m.  p.  811. 

Bibl.  hcbraica, 
I,  p.  542;  II, 
p.  âo6;IV,p.855. 

Dizioiiario  slo- 
nco,  p.  77. 

Bibl.judaica.I, 
p.  i47;Il,p.3o6; 
III.  p.  5o4. 


Voir  ci-dessous, 
p.  5o6. 


(jncli,  Ge- 
«chichte  der  Ju- 
den.VlI.p.  34o. 


Voir  ci^lessous, 
p.  5i8. 


478  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

nt'd'jjk  ou  m'o'73jK  est  une  orthographe  vicieuse  pour 
l^^1tû:J^x;  la  mêiue  faute  se  trouve  dans  le  riic:p  rn:D  d'Abba 
Mari  à  côté  de  l'ortliographe  correcte.  En  1874,  M-  Stein- 
schneider  donna,  d'ailleurs,  la  bonne  leçon  (xT'DrjiN'jn), 
d'après  le  manuscrit  de  Munich  qui  contient  la  lettre  adres- 
sée par  Calonymos  à  notre  Joseph.  La  transcription  cor- 
recte de  Largentière  se  trouve  également  dans  un  manu- 
scrit de  Hambourg,  copié  par  Nethanel  Caspi,  surnommé 
Bonsenor  Macif  de  Largentière  (m'D3"j-i'?T),  et  a  été  indi- 
quée par  M.  Neubauer  en  1872,  ainsi  que  par  M.  Stein- 
schneider,  dans  le  catalogue  des  manuscrits  hébreux  de 
Hambourg. 

Avant  que  ce  point  essentiel  de  la  géographie  rabbinique 
de  la  France  fût  établi,  il  n'y  avait  pas  d'inexactitude 
qui  ne  se  répétât  sur  le  lieu  d'origine  de  notre  écrivain. 
L'hypothèse  qui  le  faisait  naître  à  Caspe  avait  encore 
quelque  apparence;  mais  on  ne  sait  sur  quoi  se  fondaient 
Barlolocci,  Wolf,  De  Rossi,  Fûrst  pour  faire  de  Caspi  un 
Catalan  et  pour  lui  assigner  Barcelone  comme  lieu  de 
naissance. 

Les  anciens  critiques  se  trompaient  moins  en  ce  qui 
touche  l'époque  où  vécut  le  philosophe  de  Largentière.  Ils 
le  placent  en  général  à  la  fin  du  xiii'  siècle.  Ici  il  est  égale- 
ment permis  de  porter  une  plus  grande  précision.  Nous 
connaissons,  en  effet,  d'une  façon  certaine  l'année  de  la 
naissance  de  Joseph,  grâce  au  fait  suivant.  Dans  le  post- 
scriplum  de  son  livre  du  Mystère  sur  le  Pentateuque,  com- 
posé en  1 3 1 6,  il  se  dit  âgé  de  trente-sept  ans.  Il  naquit  donc 
en  1279.  Quant  à  l'année  de  sa  mort,  on  la  met  ordinaire- 
ment vers  i34o;  tout  ce  que  nous  savons,  c'est  que  son 
activité  littéraire  finit,  d'après  les  documents  qui  nous  sont 
parvenus,  en  i33i. 

Caspi  aimait  évidemment  les  voyages.  Né  à  Largentière, 
nous  le  rencontrerons  à  Arles,  à  Tarascon,  en  Aragon,  en 
Catalogne,  à  Majorque,  en  Egypte.  Il  s'était  proposé  d'al- 
ler à  Fez;  mais  il  semble  qu'il  se  fixa  à  Tarascon.  Caspi 
était  marié,  paraît-il,  à  une  femme  sans  grande  beauté  et 


DU  XIV  SIÈCLE.  479  .   . 

\IV    9IECLI. 

qui  ne  fit  pas  son  bonheur;  il  eut  une  fille  et  deux  fils, 

Jont  faîne    s'appelait  Abba-Mari  (dans  le  manuscrit  de 

Munich,  par  erreur,  David).  Nous  trouverons  ce  dernier 

marié  à  Barcelone;  Joseph  lui  dédia  plusieurs  de  ses  ou-      Voir  ci  dessous. 

vraffes  dans  lesquels  il  fappelle  niD3  'ia,  «mon  fils  aîné  ».    **  .,'^  .  , 

Voir  ci~clPBsous 

Son   fils   cadet,    que  nous  verrons  en    i33i   à  Tarascon   p.  490. 
âgé  de  douze  ans,  s'appelait  Salomon;  son  père  lui  dédia 
aussi  plusieurs  traités,  comme  nous  le  dirons  plus  loin, 
en  particulier  la  lettre  de  morale  qu'il  lui  envoya  de  Va- 
lence, et  dans  laquelle  il  l'appelle  n^ys  ■'ja,  «  mon  fils  cadet  ».      Mss.  de  Parme. 
Le   mot  n^ys  a   été   corrompu   par  des   copistes  en  n^va,    '^"  - 

«dans  ma  ville»,  de  sorte  que  quelques  savants,  notam- 
ment M.  Kirchheim,  dans  sa  biographie  de  notre  Joseph,      Komm..  p.  m. 
en  ont  conclu  que   Joseph   n'avait  qu'un  fils,    Salomon. 
M.   Kirchheim,  par  suite,   explique   le   mot  d':3,    qui  se      Voir  ci  dessous, 
trouve  dans  un  passage  de  la  lettre  de  morale  :  nhv  f\Dvb^   ^'     ^' 
D"|J3  ^00,  «  et  à  Joseph  naquirent  doux   fils  »,  par  «  enfants  », 
Joseph  ayant  eu  aussi  une  fille.  L'explication  du  mot  0^:2      Voir  le  posi 
par  «enfants»  est  déjà  forcée  en  elle-même;  en  outre,  des  c"^^",! 
données  certaines  prouvent  que  Joseph  devait  avoir  deux  Job.p.  Sn 
fils.  A  la  fin  de  son  commentaire  sur  fEcclésiaste,  composé      VoirBrûii.jai.i- 
en  1 33 1 ,  Joseph  dit  qu'il  se  rend  à  Perpignan  pour  y  voir    '"'^  '    '  "^  ^" 
sa  fille  mariée',  et  que  de  là  il  se  rendra  à  Barcelone  pour 
rendre  visite  à  son  fils  également  marié,  tandis  qu'en  la 
même  année  il  adressa  de  Valence  à  son  fils  Salomon, 
alors  âgé  de  douze  ans  et  se  trouvant  à  Tarascon,  fépître 
de   morale,  dans  laquelle  il  lui  conseille  de  choisir  une 
femme  à  l'âge  de  vingt  ans.  M.  Schiller-Szinessy  arrive  à  la      t^atai.  de  Cam- 
même  conclusion  en  se  fondant  sur  les  mots  "".isa,  «mon     "'^^p    " 
«  aîné  »  et  nn'ï,  «  mon  cadet  ».  Par  contre  il  nie  que  Joseph 
ait  eu  une  fille,  et  il  explique  le  mot  "ria  comme  étant  syno- 
nyme de  'n'ja,  «ma  bru»,  en  s'appuyant  sur  le  Talmud, 
où  fon  appelle  quelquefois  la  bru  «  fille  ».  Mais  on  voit 
par  le  post-scriptum  du  commentaire  sur  fEcclésiaste  que 
cette  interprétation  est  fausse,  puisqu'il  y  dit  expressément 

'  Lire  irabi  pour  in'aVi  du  manuscrit. 


(le    sou 
taire   sur 


201. 


xit*  siàci.e. 


Voir  ci<lessous. 
p.  5i8. 

Voir  ci-dessoui, 
p.  519. 

Voir  ci-dessous, 
p.  '190. 


480 


LES  IXRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Voir  ci-(ies»ous, 
p.  536. 


GrjTli,  Gcscliichle 
flcrJuHrii,  V,  34 1. 

Voir  ci-dessous, 
p.  536. 

Voir  ci-dessous, 
p.  5 16. 

Voir  ci-dessous, 
p.  483. 


que  sa  fille  a  une  maison  à  Perpignan,  tandis  que  son  fils 
était  marié  à  Barcelone. 

Nous  verrons  que  notre  Joseph  demeurait  à  Tarascon; 
en  effet,  il  dit  en  s'adressant  de  cette  ville  à  son  fds  aîné: 
«  Et  de  ce  pays  maudit  je  t'ai  tiré  pour  le  mettre  parmi  les 
M  nobles  de  Barcelone»;  plus  tard  nous  verrons  aussi  que 
son  fds  cadet  restait  à  Tarascon,  pendant  que  lui-même 
voyageait  à  Perpignan,  à  Barcelone,  à  Valence,  à  Majorque, 
où  il  s'arrêta  pendant  six  mois.  De  Majorque  il  se  rendit 
probablen)enl  en  Aragon,  car  c'est  de  Valence  qu'il  en- 
voya son  épître  de  morale  à  son  fils.  Caspi  avait  eu  l'in- 
tention de  retourner  encore  une  fois  en  Aragon  et  eu 
Scpharad  (Espagne,  probablement  l'Andalousie)  pour  se 
rendre  à  Fez;  car,  dit-il,  «j'ai  entendu  raconter  que  là-bas 
«  il  y  a  de  grandes  écoles  ».  Nous  ne  savons  s'il  y  est  allé , 
Caspi  ne  désignant  clairement  ni  la  date  de  ses  déplacements 
ni  celle  de  la  composition  de  ses  ouvrages,  comme  nous 
le  verrons  dans  la  suite.  Il  appelle,  au  moins,  nettement  la 
Provence  son  pays  en  disant  :  «  Quand  je  viendrai  dans  la 
M  tente  de  ma  maison  en  Provence  ». 

Caspi  parle  quelquefois  des  souffrances  et  des  persécu- 
tions qu'il  avait  à  subir,  sans  donner  de  détails.  Il  fait  peut- 
êlre  allusion  aux  persécutions  des  Pastoureaux  en  1820.  Il 
fut  menacé  à  ce  moment  d'une  conversion  forcée,  dont 
Dieu,  dit-il,  le  préserva.  Caspi  jouissait  d'une  certaine  ai- 
sance, et  il  était  par  conséquent  libre  d'entreprendre  des 
voyages.  Comme  nous  le  verrons,  il  commença  sa  carrière 
littéraire  à  l'âge  précoce  de  dix-sept  ans.  A  l'âge  de  trente 
ans  il  s'adonna  aux  études  de  logique  et  de  philosophie, 
et  son  enthousiasme  pour  ces  sciences  ne  le  quitta  plus. 
Il  aimait  surtout  les  explications  mystiques  et  allégoriques; 
c'est  pourquoi  il  se  nomme  quelquefois  nio  p,  «  fils  de  mys- 
«tères»,  et  mciTiDD,  «qui  cache  des  mystères».  Pour  lui 
les  écrits  de  Maimonide  étaient  le  dernier  mot  de  la  philo- 
sophie. Aussi  déplore-t-il  de  n'avoir  pas  vécu  à  l'époque  de 
Maimonide,  ou  que  Maimonide  ne  soit  pas  né  plus  tard. 
Croyant  que  la  science  de  Maimonide  s'était  conservée  dans 


DU  XIV  SIECLE.  481 


XIV    SlEOLh. 


sa  famille,  Caspi  s'embarqua  en  i3i4  pour  l'Égyple,  afin      voircWiess.,..s. 

de  puiser  la  philosophie  à  la  source  même.  Hélas!  il  fut    p  ^06. 

bien  vite  détrompé.  Abraham  II,  l'arricre-petit-fils  de  Mai- 

monide,  et  les  autres  membres  de  la  famille  du  maître 

étaient  des  rabbins  pieux,  mais  nullement  des  philosophes. 

Caspi,  danssa  tristesse,  s'écrie  (avec  Isaïc,  xxxi,  1)  :  «Mal-      Grau,   (;rs<i. 

f        '  '  111  VIII 

«heur  à  ceux  qui  vont  en  Egypte  pour  être  secourus!»    '"^^"^^j," 
Après  quelques  mois  de  séjour  en  Orient,  il  revint  en  Pro- 
vence, et  commença  de  composer  les  ouvrages  que  nous 
allons  énumérer  plus  loin.  Mais,  afin  d'être  mieux  préparé  à 
cette  tâche,  il  entreprit  encore  des  voyages  dont  nous  ne 
savons  guère  qu'une  chose,  c'est  qu'il  fit  vœu  de  ne  pas      Voirridossons. 
retourner  dans  son  pays  avant  d'avoir  fini  ses  grands  tra-   ''  ^''^' 
vaux,  qu'il  voulait  laisser  comme  guide  et  héritage  à  ses  fils. 

Voici  l'énumération  des  savants  israéfites  qui  ont  traité 
d'une  manière  plus  ou  moins  complète  de  la  vie  et  des  ou- 
vrages de  Caspi  : 

1°  Le  rabbin  J.  S.  Reggio,  dans  ses  lettres  (nnjN)  à  un 
ami,  en  hébreu,  fasc.  i,  16*  lettre  (p.  42),  Vienne,  i836, 
in-8°; 

2°  M.  Franz  Delitzsch,  dans  le  Catalogus  librornm  manu- 
scriptoriim  qui  in  Bibliotheca  senatoria  civitatis  Lipsiensis  asser- 
vantar,  Grimmœ  i838,  in-4°,  p.  3o3,  avec  des  additions 
de  M.  Zunz,  ibidem,  p.  323; 

3"  M.  [R.]  K[irchheim],  en  tête  de  l'édition  du  commen- 
taire de  Caspi  sur  le  Guide  des  égarés  de  Maimonide, 
donnée  par  Salomon  Werbluner,  Francfort-sur-le-Mein, 
i848,in-8''; 

^°  M.  Steinschneider,  dans  l'Encyclopédie  d'Ersch  et 
Gruber,  seconde  section,  H-N,  3i*  partie,  Leipzig,  i855, 
in-4*,  pages  58  à  73.  La  table  alphabétique  des  titres  hé- 
breux se  trouve  page  61,  note  2.  Cet  article  très  étendu 
est  basé  sur  les  dernières  recherches  de  la  science  histo- 
rique, et  nous  nous  en  sommes  servis  avec  grand  avan- 
tage, en  y  ajoutant  quelques  données  tirées  des  manu- 
scrits que  M.  Steinschneider  n'a  pas  eu  l'occasion  de  voir. 
M.  Steinschneider  a  encore  donné  des  additions  à  son  tra- 

TOME  ZXXI.  61 

3      3*^  (VrmiMKILIK    KÀTIOSALI. 


tiv-MfccLB.        ^82  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

vail  ôans  les  Jahrbdcher  fiir  jûdische  Geschichte  und  Lileralui 
de  M.  N.  Brûll,  IX'  année,  Francfort-sur-le-Mein,  1889, 
pages  75  à  79; 

5°  Le  rabbin  Wolf  Hayes  (nvn),  dans  le  périodique 
hébreu  intitulé  ham-Macjid  (rjon),  Lyck  (Prusse),  1867, 
pages  269,  277,  285,  298  et  3oi. Cet  article  est  à  peu  près 
une  reproduction  de  celui  de  Kirchheim. 


SKS  OUVRAGES. 


|..  5.(/l. 


11  est  assez  difficile  de  donner  une  classification  satisfai- 
sante des  ouvrages  de  notre  auteur.  Un  manuscrit  de  Parme, 
dont  il  sera  longuement  question  plus  tard,  donne  à  cet 
Von  ri  dessous,  égard  Une  énumération  qui  paraît  de  la  plus  haute  au- 
torité. MM.  Reggio  et  Delitzsch  l'ont  adopté.  Mais,  comme 
on  le  verra,  il  existe  de  cette  liste  deux  rédactions,  dans 
lesquelles  l'ordre  des  ouvrages  est  différent,  et  on  ne  sau- 
rait sans  arbitraire  choisir  l'une  de  préférence  à  l'autre. 
M.  Kirchheim  classe  les  œuvres  deCaspi  d'après  les  sujets, 
savoir:  grammaire,  lexicographie,  exégèse,  philosophie  et 
mystique;  il  omet  deux  ouvrages.  M.  Steinschneider  suit 
l'éiiumération  de  la  liste  de  Parme,  en  y  ajoutant  onzf 
autres  articles.  Nous  tâcherons  autant  (pie  pos.siblc  do  suivre 
lordn'  chronologique.  Caspi  donnant  rarement  les  dates, 
nous  serons  obligés  de  nous  guid(ir  d'après  les  renvois  qu'il 
lait  d'un  ouvrage  à  l'autre.  Nous  indiquerons  pour  chaque 
ouvrage  le  numéro  de  la  Hste  de  M.  Steinschneider.  IJar- 
lolocci,  Wolf,  De  Rossi,  Kiirst  sont  si  incomplets  en  ce  fpii 
louche  notre  auteur,  que  nous  ne  nous  imposerons  jjas 
l'obligation  de  relever  toutes  leurs  lacunes,  toutes  leurs 
erreurs. 

I.  ncns  ou  crnc,  commentaire  ou  notes  sur  la  gram- 
njairc  d'Abou-1-Walid  ibn-Djannâh.  Nous  commençons  par 
cet  ouvrage,  pour  nous  conformer  au  préambule  de  la  liste 
de  Parme.  Caspi  s'est  servi  d'une  traduction  hébraïque, 
probablement  de  celle  de  Juda  ibn-Tibbon,  qui  a  été  pu- 
bliée (le  nos  jours  par  feu  M.  B.  Goldberg  et  corrigée,  dans 


DU  XIV^  SIECLE. 


483 


1  édition  arabe,  par  MM.  J.  Derenbourg  et  Bâcher.  Cet  ou- 
vrage de  Gas|)i  n'a  pas  encore  été  découvert.  C'est  le  n"  21 
dans  la  liste  de  M.  Sleinschneider. 


«T    SIECLï 


II.  Des  commentaires  sur  le  commentaire  d'Abraham 
Ibn-Ezra  sur  le  Pentateuque. 

A.  Un  des  commentaires  est  grammatical  et  intitidé 
Hd:  td-îd,  1  Somme  d'argent»,  nom  que  l'auteur  lui  donna 
bien  après  l'avoir  composé,  quand  il  se  décida  à  mettre  le 
mot  133  dans  les  titres  de  ses  ouvrages;  car  nous  verrons 
(luc  la  plupart  des  œuvres  de  Caspi  portent  deux  noms. 
En  fait,  d'après  M.  Sleinschneider,  aucun  manuscrit  ne 
donne  ce  titre.  Les  seuls  qui  aient  une  introduction  sont 
ceux  de  Paris  n"  18 4,  de  Munich  n"  61  et  celui  de  M.  Car- 
moly.  L'auteur  y  dil  (jue  son  penchant  pour  la  science 
l'amena,  à  l'âge  de  dix-sept  ans,  à  étudier  Ibn-Ezra,  et 
qu'à  l'âge  de  vingt  ans  il  hésitait  à  publier  son  travail  par 
crainte  de  tlonncr  prise  sur  lui  à  ses  ennemis.  L'influence 
de  ses  amis,  qui  désiraient  que  cette  œuvre  vît  le  jour, 
l'emporta.  Il  exclut  de  ce  commentaire  l'explication  des 
passages  mvstiqucs  qu'il  ne  comprenait  pas.  Il  semble,  à  en 
juger  quelques  manuscrits,  que  son  commentaire  contenait 
cependant  des  interprétations  mystiques.  Il  fut  aidé  par  un 
de  ses  amis,  nommé  Isaïe'  fils  de  Meïr  de  Mey ranges  (©jj-i^dt; 
cette  localité  ne  peut  pas  représenter  Orange,  comme 
M.  Perles  le  croit;  c'est  la  localité  de  Meyrannes,  dans  le 
Gard,  en  latin  de  Mayranicis'^).  Cet  Isaïe  aurait  été  une  cé- 
Icbrilé  du  temps  (si  on  lit  avec  M.  Steinschneider  mn  aïonsi, 
au  lieu  des  leçons  fautives  i:m  cionsai'  dans  les  manuscrits 
Carmoly  et  de  Paris,  njnn  dans  le  manuscrit  de  Munich). 
Caspi  dit  qu'un  tel  commentaire  aurait  dû  être  entrepris 
par  un  homme  plus  distingué  que  lui;  il  se  sent  inférieur 


'  M.  Steinsciincider  (/.  c.)  croit  que 
cet  Isaïe  pourrait  être  l'auteur  du  com- 
mentaire sur  le  traité  intitulé  Inten- 
tions des  pliilusophes,  qui  se  trouve 
dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  907. 

'  Ou  plutôt  Meyrargne?  près  d'Aix, 


dont  le  nom  est  porté  par  beaucoup 
d'israélites.  On  sait  que  la  terminaison 
argues  répond  à  anges ,  en  latin  anicam. 
^  S' attachant  à  cette  leçon,  M.  Kirch- 
heim  pense  qu'il  serait  question  de  deux 
amis  ae  Caspi. 

6i. 


Geiger,  Jûdisrbe 
Zeitschrift ,  VI , 
p.  125. 


Catal.  Carm., 
p.  5a  ,  n°  45. 

KirchlKum,  Mo- 
natsschrirt ,  IV, 
p.  109. 


Geiger,  Jûdische 
/eitschrift ,  VI . 
p.  I  38. 

Sendschreibeit  . 
p.  XIV,  1 1. 

VoirGross,  Mo- 
Halsschrift,  1882  , 
p.  /199. 


Siv'  iflÈCLE. 


(.leigcr,     Zcit- 
•«liiifl,  VI,  n5. 


484 


LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


l,iicyclopa;die , 

j-    08. 


ibi.l..  p.  G8. 

r.ol*'  58  il. 


Voir  i:i-(Iessous, 


lifi^tr,  Jùdisclifi 
/.■iisrillin,      VI, 


Voir   ci-dessus, 
p    'ico 


Voir  ci<lessous , 
p.  5o5. 

Assomaiii.Cat. , 
p.  ■<^  ol  38. 

Fliiryriopaîdie, 
p.  G8. 


à  la  tâche  qu'il  a  entreprise  et  incapable  de  lutter  contre 
divers  obstacles,  bien  qu'il  soit  exempt  des  soucis  que 
donnent  une  femme  et  des  enfants.  Caspi  espère  pouvoir 
dans  l'âge  mûr  corriger  plusieurs  choses;  mais  il  s'attend  à 
être  critiqué  pour  plusieurs  motifs.  H  entreprend  son  com- 
mentaire pour  justifier  Ibn-Ezra  contre  les  attaques  de 
ceux  qui  le  considèrent  comme  un  hérétique  parce  qu'ils 
ne  le  comprennent  pas.  Il  semble  que  lui-même  ne  s'attend 
pas  à  un  meilleur  sort. 

Le  texte  de  cet  ouvrage,  dont  le  commencement  et  la  fin 
sont  donnés  par  M.  Steinschneider,  varie  selon  les  manu- 
scrits. Une  autre  recension,  peut-être  la  première,  qui  est 
plus  courte,  existe  dans  deux  manuscrits  :  à  la  Bodléienne, 
n°  20  (du  nouveau  catalogue)  à  la  marge,  et  dans  le  n"  287 
du  Vatican.  M.  Steinschneider  croit  que  ce  livre  pourrait 
être  un  extrait  d'un  autre  ouvrage  de  Caspi;  mais  il  est  plus 
probable  que  c'est  une  rédaction  abrégée  ou  une  esquisse. 
Nous  verrons  par  son  commentaire  sur  Le  guide  des  Ega- 
rés que  Caspi  a  fait  de  telles  esquisses. 

Un  autre  commentaire,  dont  un  fragment  existe  à  Paris 
n°  184,  2,  est  attribué,  dans  un  autre  manuscrit,  à  Caspi 
par  une  main  plus  récente.  Est-il  réellement  de  notre 
Caspi?  Après  M.  Steinschneider,  qui  le  regarde  pour  une 
compilation,  nous  en  doutons.  Peut-être  cet  écrit  est-il 
dû  à  un  contemporain  de  notre  Caspi.  Le  commencement 
s'accorde  avec  la  rédaction  abrégée.  Nous  avons  vu  que 
Wolf  attribue  sans  raison  quelconque  ce  traité  à  ledaïah 
de  Béziers. 

B.  Le  commentaire  sur  les  passages  mystiques  d'ibn- 
Ezra  commence  par  les  mêmes  mots  que  le  livre  original 
de  Caspi  sur  les  Mystères:  aussi  y  a-t-il  quelques  confu- 
sions à  cet  égard.  Les  n°'  36  et  49  du  Vatican  ne  sont 
pas  des  commentaires  sur  Ibn-Ezra.  Certains  manuscrits, 
par  exemple  ceux  d'Oxford  n°'  2  27,  282 ,  et  d'autres  encore, 
commencent  par  les  mots  c^n  mrn  >:ed  nh.  La  plupart  ont 
le  titre  de  y"N  hv  rmon  "•e,  «Explication  des  passages  mys- 
«  tiques    du    commentaire   d'Abraham   Ibn-Ezra».   Caspi 


DU  XIV  SIECLE. 


485 


uv*  siia.F.. 


dit,  avec  une  modestie  peut-être  apparente,  qu'il  ne  se 
met  pas  à  l'œuvre  parce  qu'il  se  croit  savant,  qu'au  con- 
traire il  ne  possède  aucune  tradition.  Il  avoue  qu'on  ne 
devrait  pas  découvrir  ce  qui  doit  rester  caché;  mais  son 
amour  de  la  science  l'a  poussé  à  travailler.  11  se  défend 
contre  le  reproche  d'avoir  transgressé  l'interdiction  que 
les  rabbins  ont  faite  de  publier  de  telles  choses.  Caspi 
dit  qu'il  n'était  pas  présent  lorsque  cette  interdiction  a  été 
prononcée;  c'est  pourquoi  il  ne  se  croit  pas  lié  par  elle. 
«  D'ailleurs,  dit-il,  je  ne  publierai  pas  tout;  au  moins  deux 
«  tiers  de  ces  mystères  lesteront  voilés.  »  C'est  une  phrase 
habituelle  à  Caspi. 

Les  traités  dont  nous  venons  de  parler  ne  sont  pas  com- 
pris dans  l'énumération  des  deux  listes  de  l'auteur;  ils  sotit 
seulement  mentionnés  dans  la  préface;  ils  forment  le  n"  ju 
de  la  liste  de  M.  Steinschneider. 


III.  «iDon  ronn,  «Oblation  d'argent»,  résumé  des  com- 
mentaires d'Averroès  sur  l'Éthique  d'Aristote  et  la  Répu- 
blique de  Platon,  d'après  les  traductions  de  Samuel  de 
Marseille.  Ces  deux  ouvrages  se  trouvent  sans  titre  dans 
les  manuscrits  du  Vatican  (le  titre  qu'Assémani  leur  donne 
n'est  pas  dans  le  manuscrit),  d'Oxford  n°  1427,  et  de 
Parme  n°  424  (De  Rossi  désigne  à  tort  comme  auteur 
Joseph  ben-Schem-Tob).  Seul  le  manuscrit  de  Vienne, 
qui  renferme  le  résumé  de  l'Éthique  suivi  de  la  traduction 
du  commentaire  sur  la  République  faite  par  Samuel  de 
Marseille,  porte  le  titre  que  nous  avons  écrit  en  tête  de  cet 
article,  avec  cette  observation  qu'Atios  (En  Vidas?)  Salamo 
[mbv  cvdk)  de  Majorque,  un  des  bons  auteurs  (onanono),  ou, 
selon  la  correction  de  M.  Steinschneider,  un  des  bons  amis 
(ananno)  que  Caspi  connut  lors  de  son  séjour  à  Perpignan, 
avait  donné  ce  titre  à  l'ouvrage.  Ce  manuscrit,  ainsi  que 
celui  de  Parme,  fournit  la  date  à  laquelle  Averroès  composa 
son  commentaire  sur  l'Éthique,  qui  est  la  quatrième  se- 
maine du  mois  Dhoulcada  de  l'année  677  de  rhégire=  1 1 84. 
Dans  le  manuscrit  de  Vienne,  Caspi  ajoute  :  «  J'ai  fini  ce  ré- 


Rciiaii,  Aver- 
roès, p.  G]  ,  i50, 
160-162. 

Voir  l'article  sur 
cet  auteur. 

Calai.  Vatican, 
ccxcvi,  I. 

Catai.,  col.  5oJ>. 

Eiicvclopxdie. 
II ,  3i ,  p.  bij. 

Catal.  devienne. 
CXIX;VVerl.luner, 
p.  i5. 

Brûll,  Jalirbii- 
cher,  IX;  p.  78. 

Encyclopxdir , 
p.  69. 

Voir  ci-dessous 
p.  534  et  l'article 
de  Moïsi!  de  Nar- 
bonne. 


«irSIECI.B. 


486  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  sumé  à  Tarascon  au  mois  de  kislew  6090  =  décembre  1 3  •<  9 , 
«  et  j'ai  ajouté  le  livre  de  la  Politique  de  Platon,  qui  suivra.  » 
Ce  post-scriptum,  avec  la  date  d'Averroès,  prouve,  selon 
M.  Auerbach,  que  Caspi  a  travaillé  sur  la  traduction  de 
Samuel  de  Marseille.  Le  passage  que  nous  allons  repro- 
duire d'après  M.  Kirchheim,  et  qui  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit de  Vienne  à  la  suite  de  la  date  relative  à  la  com- 
position de  l'ouvrage  d'Averroès,  émane  certainement  de 
la  version  de  Samuel.  Le  voici  :  pinn  ni2  -nain  ahvi  ]K33i 
nnc  nvT'  nu-no  n^jncn  ncinn  rxic  ipj-no  idn  Kini  nosnn  pktc 
inxîD  n:Tn  ic?x  p'7nn  xin  locnN  ijiy  1VH^  •nxiDin  dîk'jcd  •'"jinm  nx'ian 
i-îv-cw  lîca  Kini  •'«'7inn  ricm  nxisin  nix'jcc  niKnan  bsD  ramo  nornn 
1J72N  ;"ii«  i"3n  t^b^  'h  njninn  icca.  «  Ici  finit  la  partie  de  cette 
«science,  c'est-à-dire  de  la  politique,  qui  correspond  à  la 
«  science  de  la  préservation  de  la  santé  dans  la  médecine.  Ce 
«  cpie  fournil  Aristote,  c'est  la  partie  de  cette  science  qui  cor- 
«  res])ond  aux  médicaments  et  à  la  guérison.  Ces  traités  de 
«  la  P()liti([ue  d'Arislote  ne  sont  pas  encore  entre  nos  mains.  » 

voiriariiri.  sur  Ce  passage  est  tiré  de  la  traduction  de  Samuel  de  Marseille. 
D'ailleurs  la  date  de  la  composition  fournie  par  le  ma- 
nuscrit de  Vienne  ne  saurait  être  correcte;  6090  =  1329 
flonnerait  à  notre  auteur  l'âge  de  cinquante  ans;  or  nous 
-saxons  par  ses  propres  paroles  qu'il  a  fait  cette  compi- 
^i.ssou..  lation  avant  son  voyage  en  Egypte,  qui  eut  lieu  en  i3i 4; 
|)eul-ètre  le  manuscrit  sur  lequel  celui  de  Vienne  est  copié 
avait-il  5070  (y  et  2  se  confondent  facilement)  =  i3o9. 
Mais  il  naîtrait  alors  une  autre  difficulté,  c'est  que,  Sa- 
muel de  Marseille  ayant  achevé  sa  traduction  de  l'Ethique 

Voiirartiriesni    en  135  1,  Caspi  n'aurait  pas  pu  l'utiliser. 

Ce  manuscrit  de  Vienne  fut  copié  par  Crescas  Calony- 
mos  pour  un  grand  savant  •  également  versé  dans  d'autres 
«  sciences  (([ue  le  Talmud)  »,  un  des  nobles  ('c?-!dd)  du  roi, 
Messer  David,  fils  de  Maestro  (médecin)  Jacob  Calonymos; 
la  copie  fut  achevée  le  4  tammouz  (juillet)  de  l'année 
5232  =  1472-  Le  traité  qui  se  trouve  à  la  suite  est  le  com- 
mentaire d'Averroès  sur  la  République  de  Platon,  traduit 
par  Samuel  de  Marseille,  dont  nous  parlerons  plus  loin. 


cet  autour. 


I  II  auteur 


DU  XIV  SIECLE. 


487 


\IV*  SlàcLE. 


Voir    p. 
11°  xxu. 


4  se. 


Bibl.  Iicbiaica, 


p.    71,    II.    70  «; 
CJcberseli.,  p.  jîO. 

Catalogue .  iiii- 
nirro  CCXCN I ,  i . 


Catal.  (le  Turin 
p    20g. 


Cette  partie  fut  copiée  par  Salomon ,  fils  de  Moïse  Scha- 
lom,  pour  le  même  Messer  David,  et  achevée  le  mardi, 
2  du  second  adar  5233  =  i473. 

Nous  avons  parlé  ci-dessus  du  manuscrit    du    Vatican 
n°  283,  qui  a  donné  lieu  à  une  étrange  erreur.  Le  traité  est 
divisé  en  dix  chapitres;  ce  qui  a  induit  Barlolocéi  à  y  voir 
un  commentaire  sur  les  dix  catégories.  M.  Stcinschneider,    '"p  8" 
avant  d'avoir  eu  l'occasion  d'examiner  le  manuscrit  du  Va-      Kncyciopwiie, 
tican,  en  avait  deviné  le  contenu  véritable. 

Assémani  vit  bien  que  le  manuscrit  de  Turin  cjui  porte 
le  n"  97  dans  le  catalogue  de  Pasini  est  identique  à  l'ouvrage 
dont  nous  parlons.  Voici  ce  qu'il  dit  :  Forte  idem  est  ciim 
Ubro  morali  cjusdem  Abeii  Caspi,  (fui  exslal  m  Bibliotheca  Tau- 
rinensi,  et  quem  icj  110 tuin  fuisse  Duxtorfio,  Hotlinçfcro ,  Planlavt- 
tio,  Barloloccio,  JFolfio,  ceteriscjue  omnibus  qui  de  Josepho  Ben- 
(laspi  verbajccerunt,  Pasmms  adfirmat.  Ce  manuscrit,  qui  est 
le  n"  197  de  M.  Peyron,  contient  la  lettre  d'envoi  que  Caspi 
écrivit  à  son  lils  en  lui  adressant  les  deux  résumés.  L'au- 
teur dit  qu'il  a  extrait  des  deux  traités  qui  lui  ont  servi  de 
base  des  sentences  auxquelles  il  en  a  ajouté  d'autres;  il  les 
ex])édie  à  son  fds  et  lui  conseille  d'en  profiter.  Nous  allons 
re])roduire  lavant-propos  du  cincjuième  chapitre,  qui  ex- 
pliquera le  caractère  du  livre  :  (ms.  d'Oxford  ;n)  )3  ■>dd3  »icr  -icx 
ntD  ""E  -p  ncy'?  Tins  kH  '•3  Dtoiipn  ni  n'7nn3  '•ja  -p  TDipn  133  "csk  mo 
S'yioi  310  i"?3  nDX3  •>2  iDon  ru3  KSDjn  3ion  hz  oïDJipa  Y3p'7  «'71  izon 
'^t^z^b''zr\  ^D1D^  ■'Jd'?  •'inbv  *?»  Ton  man"?  "Vv  irvna  ^:3  T'r'jjnne?  hde;  d:dni 
•]2^V'>n  a-iT-JJ  P31  n'7nn  i^y  ni1'7S^^  ^NC3  'n  nni  ann  ^p^  miïD  h^  inx 
p'?no  1*7  pVnr  -»  ipn3  inj  nKnD3  ;'?33  n3iBm  •\yû->h  sTin  a''3''7D  ni33Di 
oj  nbx  vbv  n3  ixaip''  mc3  px  vsin  3"'di  •\:in^  owm  niD'7c;3  nVu-on  Qicjn 
mji3nm  nncn  mSyo  moVo  iddj"?  V3pn  is?»:  xipinm  ^^^y^n  ':3  nnx 
noann -tn''ai  minVrai  limna  my>T'n  nin'DMD  lerDJ  D'''?wro  no  asmaion 
1C3  a''e;jK3»  sion  nvnh  irj3ni  ■pSa''  "733  Sirwro  i»  mim  nn»  on  ^c•x 
•y^v  ^'n1n  N^m  -\dvh  d»  Ti2npn3  ■':3  e7i3n  k"?  ym  'CVi^v  n3iBn  incNr 
ni3  ^'7  Tissp  la*?  •^J•'C3  3-iQ  nnv  n'nn  iwKO  ^J'>D^  nain  nnr  kti  .T'nna3 
ni3iî3n  nnD3  icdj  a'''7e;n'7  noiD  ^S  nn'?  a-iNSDi  imm  anoNcn  onojipn 
□"•WiDi  cnisj  n'ja  nain  a>i3n  ©'»  •«er'onn  noKDn  nt3  taisai  lacn  ntaw  d'v'ki 
nie  Taty  jaSi  ^asj  mena  ■•man  nnrn  pi  -fr  mbob  roiipn  'pjiae  y» 


Ms.  .rOxIord. 
n°  1  ^  s  7 ,  J 


XIV   siF.r.i.ï. 


Arisl.-Averrois 
Opp..  t.  in,  ëdil. 

'le    iTifio. 


KnryrlnpaBdic, 

1'   7"- 


Kncvclopaxlic 
|).  70,  n.  66  c. 

Bibl.  Iichr. , 
p.  984. 

Bih!.    hobr., 
p.  5'i.-i 


Bisrioni, 
p.  i5o. 


Cm. 


488  ■  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

■mSc  npNi  l'j-iio'?  nur  |1'dV  cvr^  nncxo  nta  i'?  "riarsi  lan  'a^onn  -iCKCn 
«Voici  ce  que  dit  Joseph  Caspi,  l'homme  des  mystères, 
«  ton  père  :  Je  t'ai  fait  savoir,  mon  fils,  au  commencement 
«  de  ce  contros,  qu'il  n'est  pas  dans  mon  intention  d'écrire 
«un  commentaire,  ni  d'épuiser  toutes  les  bonnes  choses 
«qu'on  trouve  dans  ce  livre.  Mais,  comme  je  t'ai  donné 
«l'habitude,  quand  tu  étais  encore  avec  moi,  de  méditer 
«  les  sentences  des  philosophes,  à  table  devant  moi,  après 
«  chaque  repas,  le  matin  et  le  soir,  et  puisque  la  volonté  de 
M  Dieu  t'a  amené  à  Barcelone,  la  ville  célèbre,  où  il  t'a  placé 
«  parmi  les  nobles,  ...  et  t'a  donné  une  femme  douée  des 
«  meilleures  qualités,  tu  es  obligé,  mon  fils,  d'être  un  homme 
"  accompli  dans  les  sciences  morales  et  dans  la  connaissance 
«  de  la  Loi,  afin  de  ne  pas  rester  au-dessous  de  la  perfection 
«  de  ta  femme.  C'est  pourquoi  j'ai  formé  cette  collection 
«  de  sentences  et  j'en  ai  fait  un  livre  qui  puisse  te  guider.  Je 
«t'envoie  ce  qui  est  le  plus  nécessaire,  me  bornant  à  l'uti- 
«  lité.  Pour  ce  motif,  j'ai  omis  une  grande  partie  du  cin- 
«  quième  livre,  et  l'ai  remplacée  par  d'autres  maximes.  » 

Comme  nous  l'avons  dit,  la  République  de  Platon, 
pcbEK"?  njnann  -no,  abrégée  et  passablement  transformée  par 
Averroès,  est  la  base  de  la  seconde  partie  du  Teroumath  hak- 
kêsef.  Le  manuscrit  1^27  d'Oxford  renferme  la  première 
partie  et  un  morceau  de  la  deuxième;  le  commencement 
en  a  été  publié  par  M.  Steinschneider.  Le  manuscrit  de 
Parme,  De  Rossi  ^2^4,  2,  est  ainsi  désigné  :  Platonis  liber 
de  recjimine  vel  de  republica.  De  Rossi,  dans  sa  notice,  ajoute: 
Platonis  libri  Reipublicœ  hebraice  extant  etiam  in  Vaticana  ac 
Medicea.  M.  Steinschneider  observe  que  De  Rossi  se  fonde 
sur  les  données  de  Wolf,  qui  mentionne  dix  livres  de  la 
République  dans  le  manuscrit  du  Vatican  (Àss.  296), 
d'après  Bartolocci,  tandis  que  Wolf  parle  ailleurs  de  trois 
livres  seulement  (trois  chapitres  d'Averroès);  ce  qui  est 
juste.  M.  Steinschneider  se  demande  ce  que  contient  le 
manuscrit  de  De  Rossi.  Ce  manuscrit  est  identique  à  celui 
de  Florence,  qui  renferme  la  traduction  de  Samuel  de 
Marseille.  v-orr.  t.^^  ta^  x.;-;  ^tr. 


DU  XIV  SIECLE.  489         ,^.  ^,.,,^ 

Ces  traités  ne  sont  pas  compris  dans  les  deux  listes  de 
l'auteur;  sur  la  liste  de  M.  Steinschncider,  on  les  trouvera 
au  n"  2  3. 

IV.   'SC3  rxns,   «Dispositions  ou  Testament  de  Caspi», 
d'après  le  manuscrit  de  Parme  (de  Rossi  102  et  i424); 
-iDiD.Tc  «Livre  de  morale»  d'après  les  manuscrits  de  Mu-       Caïai.  ivyron . 
nich  265,  Turin  197,  et,  selon  la  j)réface,  n»T  ^|^r  «Traité    "^  '"^ 
«qui  enseigne  la  science»,  litre  ([ue  porte  aussi  l'ouvrage 
contenu  sous  le  n°  2a  de  M.  Steinschneider.  ISous  croyons 
que  le  véritable  titre  donné  par  l'auteur  à  ce  traité  était 
"Livre  de  morale»;  celui  de  hït  mv  a  été  ajouté  par  un 
copiste  qui  l'a  tiré  des  derniers  mois  du  traité,  car  le  ma-       Jewisii  roii.-<;e 
nuscrit  de  Londres,  qui  ne  porte  aucun  titre,  n'a  pas  non    *'"'  "  ^"  ' 
plus  celui-là  à  la  fin  de  la  préface.  Le  titre  de  «  Testament  de 
«  Caspi  à  son  fils  »  ne  vient  certainement  pas  de  l'auteur.  Il      Voirri  (i«,v,us, 
est  probable  que  Caspi  ne  mettait  pas  cette  lettre  au  nombre    ■'  ^'''' 
de  ses  ouvrages  proprement  dits;  de  ceux-ci  il  ne  compte 
que  vingt.  C'est  pour  la  même  raison  qu'il  ne  lui  a  pas  donné 
un  titre  contenant  le  mot  «idd.  M.  Steinschneider  croit  que       Em)cio|;eiio. 
ni'T  n-\v  est  un  second  titre  de  l'épître  dont  nous  parlons.    •'  '^ 
On  verra  plus  loin  que  cette  épître  fut  composée  avant  le   p Jg" "' '^"  ""' 
compendium  de  logique,  et  nous  la  plaçons  ici,  bien  que, 
dans  certains  manuscrits,  on  trotive  à  la  fin  de  la  lettre 
!nême  la   date  de    i332,   qui   est  inadmissible,    et   qui,    ''  ''"^ 
fl'ailleurs,  ne  se  trouve  pas  dans  tous  les  manuscrits. 

Le  traité  en  question  a  été  imprimé  en  1 854  dans  l'ou- 
vrage intitulé  D-'iptDyD,  compilation  faite  par  feu  Éliézer 
Aschkenazi.  Il  s'y  trouve  aux  pages  49*'-54,  et  l'édition  est 
basée  sur  les  manuscrits  de  Munich  et  de  Londres. 

Dans  une  courte  préface,  Caspi  dit  ce  qui  suit  :  «Je  me 
«  suis  chaque  jour  efforcé  de  me  trouver  au  milieu  des  sa- 
«vants,  et  cependant  le  repos  n'est  pas  venu.  Il  y  a  une 
«vingtaine  d'années,  je  me  suis  exilé  pour  aller  dans  un 
•  endroit  renommé  pour  la  connaissance  de  la  Thora.  Je 
«me  suis  rendu  en  Egypte,  où  se  trouve  l'école  de  Mai- 
«  monide;  je  n'ai  trouvé,  parmi  ses  descendants  de  la  qua- 

TOME  XXXI.  f>2 


oir  rirl("s-ou-. 


■  «rniv^mtc    HATlOlALI 


XIV    SIKl  IK. 


/l90  [.ES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«trième  et  cinquième  génération,  que  des  gens  qui  son! 
«pieux,  mais  qui  ne  s'occupent  pas  d'études.  En  général  il 
'  n'y  a  pas  de  savants  dans  ce  pays,  et  je  me  suis  écrié  avec 
'  Isaïe  (xxxi,  i  )  :  «  Malheur  à  ceux  qui  vont  en  Egypte  pour 
"  être  secourus  !  » 

«Je  retournai  conlus  dans  mon  pays,  après  avoir  été  en 
«  route  pendant  cinq  mois.  Je  m'occupai  alors  pendant  long- 
«  temps,  dans  mon  pays  et  dans  ma  maison  même,  de  phi- 
"  losophie  et  de  commentaires  sur  la  Bible.  Un  jour,  l'idée 
"  me  vint  de  me  diriger  vers  lo  Maghreb.  Je  retournai  alors 
-en  Catalogne  et  en  Aragon;  je  me  trouve  à  présent  dans 
«  la  grande  ville  de  Valence.  Si  Dieu  me  laisse  la  vie ,  je  tra- 
«  verserai  encore  une  fois  l' Aragon  et  l'Andalousie  (ticd) 
«  pour  passer  à  Fez;  car  j'ai  entendu  dire  qu'il  y  a  là-bas 
•  beaucoup  de  savants.  Partout  où  je  me  rends,  richesses 
'  et  honneurs  sont  avec  moi,  grâce  à  Dieu.  Peut-être  trouve- 
'  rai-je  un  jour  un  maître  ou  un  compagnon,  ou  simple- 
"  ment  un  élève,  à  qui  je  laisserai  l'héritage  de  mes  mystères 
«  et  de  mes  faibles  connaissances.  Cependant,  avant  de 
"  m'embarquer,  j'ai  cru  devoir  faire  cette  épître  de  morale 
«et  l'envoyer  à  mon  fds  cadet',  Salomon,  qui  demeure 
«  à  Tarascon ,  afin  qu'elle  lui  serve  de  mémento  et  de 
'  guide.  Car,  si  je  suis  emporté  dans  un  pays  lointain  ou  si 
«  la  mort  me  surprend,  moi  et  mon  fils  nous  serons  tous 
"  les  deux  comme  des  pécheurs  (I  Rois,  i,  2  1).  Cette  épître 
'  pourra  peut-être  servir  également  à  guider  et  à  instruire 
"  d'autres  personnes  demeurant  dans  ce  même  pays  ;  c'est 
«  pourquoi  j'ai  donné  à  cette  épître  le  titre  de  Yoré  Dca^.  » 

L'épître  est  divisée  en  vingt  et  un  chapitres.  Après  avoir 
donné  des  instructions  concernant  la  croyance  en  Dieu  et 
l'observance  des  lois,  d'après  la  méthode  de  Maimonide, 
Gaspi  recommande  à  son  fils  de  ne  pas  s'occuper  trop 
tôt  du  Guide  des  Egarés  et  de  la  Métaphysique  d'Aristote. 
Voici  ce  qu'il  lui  conseille  dans  le  dixième  chapitre  :  «  Mon 
«  fils,  fais  attention  à  mes  paroles;  tu  as  maintenant  l'âge 

'  Les  manuscrits  de  Munich  et  de  '  Cette  dernière  plirase  ne  se  trouve 

Parme  portent  '1'S3  au  lieu  de  'T'yX.        pas  dans  le  manuscrit  de  Londres. 


DU  XIV  SIÈCLE.  491 


\IV     SIECLE. 


KiaïKo,  I.  WMl, 

i;5. 


!■   t:i-iu!ssiis 
85    11   III. 


•■  (le  douze  ans.  Occupe-toi  encore  pendant  deux  ans  de  la 

«  Bible   et  du  Talmud.  Quand  tu   auras  atteint  l'âge  de 

«  quatorze  ans,  tu  diviseras  ton  temps,  en  donnant  moins 

«aux  sujets  déjà  mentionnés,  et  plus  aux  mathématiques. 

M  Tu  commenceras  par  le  Livre  des  nombres  d'Abraham  Ibn- 

«  Ezra;  puis  tu  étudieras  Eiiclide,  puis  Fergani  et  l'ouvrage 

«  intitulé  msVnon  pacn  (Calcul  du  cours  des  étoiles  d'Abra- 

«  ham  bar-Hiyya).  Consacre  quelque  temps  aux  livres  de      iii>t  im.  <i.  i 

«morale,  qui  sont  :  le  livre  des  Proverbes,  l'Ecclésiaste  ol 

«le  traité  des  Pères  [Pirké  Abotli) ,  ce  (hrnier  avec  la  pré- 

«  lace  et  le  commentaire  de  Maimonide;  il  faut  y  joindre  le 

«  livre  Madda  de  ce  dernier.  Ensuite  tu  prendras  l'Elhique 

«fl'Aristote,  dont  j'ai  fait  un  résumé,  puis  un  autre  livre      Voii  ci.i 

«  qui  se  trouve  chez  nous,  c'est  le  recueil  des  Sentences  de 

«philosophie  [de  Honein,  traduit  par  Harizi].  Pour   tout 

«cela  tu  emploieras  deux  ans.  A  l'âge  de  seize  ans,  tu  te 

«  fixeras  certaines  heures  pour  t'occuper  de  la  Bible,  du  livre 

«  d'isaac  Alfasi,  de  celui  de  Moïse  de  Couci,  et  de  la  Répé- 

«  tition  de  la  loi  de  Maimonide.  Consacre  aussi  quelque 

«  temps  à  la  logique,  dont  je  ferai  pour  toi,  si  Dieu  le  pei- 

«  met,  un  compendium,  comme  je  l'ai  fait  pour  l'Éthique;      \..i..i dessous 

«tout  cela  t'occupera  deux  autres  années.  Alors,  quand  tu    ''  '^^  "  '^ 

«  auras  dix-huit  ans,  tu  consacreras  ton  temps  aux  sciences 

«  que  j'ai  déjà  mentionnées,  et  tu  y  ajouteras  la  science  de 

«  la  nature;  avec  cela  tu  passeras  deux  autres  années,  et 

«  puis  tu  construiras  ta  maison  (c^est-à-dire  tu  le  marieras) 

«  à  l'âge  de  vingt  ans. 

«Ne  retire  pas  ta  main  des  livres  de  philosophie;  com- 
«  mence  par  la  métaphysique,  savoir  celle  d'Aristole  ou  de 
«  ses  disciples  et  le  Guide  des  Egarés  de  Maimonide.  En  te 

•  mariant,  prends  une  femme  agréable  de  figure  et  bonne 
«dans  ses  œuvres.  Ne  fais  pas  attention  à  l'argent;  la  ri- 
«  chesse  ne  peut  te  donner  que  ce  qui  est  nécessaire  à  la 
«  vie,  c'est-à-dire  la  nourriture  et  le  vêtement.  Pourquoi 
«se  tourmenter  pour  gagner  beaucoup  d'argent?  Ni  toi  ni 
«  un  autre  n'arriverez  jamais  à  avoir  autant  d'argent  que  la 

•  montagne  près  de  Largentière,  notre  ville  natale,  mon- 

6a. 


tIV   »IKU.II. 


492  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  tagne  qui  n'est  qn'un  minerai  sans  àme  quelconque.  C'est 
«  pourquoi  je  t'ai  recommandé  de  méditer  toujours  la  mo- 
«  raie,  que  je  ne  veux  pas  spécifier  ici,  car  tu  en  trouveras 
«les  détails  successivement  en  lisant.  Observe  tout  ce  que 
«  tu  y  trouveras,  et  surtout  reste  fidèle  à  ta  femme  comme 
"  ton  père  l'a  été  à  la  sienne,  el  soucie-toi  de  l'éducation  de 
«  tes  enfants,  quand  Dieu  t'en  donnera.  En  général  occupe-toi 
«  des  sciences  métaphysiques,  que  lu  comprendras  grâce  au 
<«  Guide  des  Egarés  et  à  mes  livres  intitulés  Vaisselle  d'argent 
«  (t]D3  -«bs),  ([ue  je  me  |)ropose  de  composer.  Cola  te  donnera 
«  le  plus  grand  bonheur.  « 

Dans  le  chnpitre  xi,  Caspi  parle  de  deux  classes  d'hommes 
(ju'il  trouve  parmi  ses  contemporains,  et  qu'il  conseille  à  son 
(ils  d'éviter.  Les  premiers  sont  ceux  qui  se  croient  philo- 
sophes, qui  détruisent  tout,  se  moquent  des  prescriptions 
des  rabbins,  interprètent  les  narrations  de  la  Bible  d'une  façon 
allégorique;  ceux-là  prouvent  qu'ils  ne  connaissent  point 
les  ouvrages  d'Aristote  et  de  ses  disciples.  «Je  ne  suis  pas 
«le  moindre  des  savants  contemporains,  ajoute  l'auteur; 
«  pourtant  je  recommande  d'observer  la  Loi  et  les  paroles 
«  des  prophètes,  surtout  d'être  correct  dans  ses  actions.  » 
Caspi  donne  ici  des  passages  tirés  de  Platon  et  d'Aristote 
pour  appuyer  sa  thèse,  conformément  à  ce  principe  des 
rabbins  que  les  hommes  pieux  des  nations  ont  une  part 
dans  le  monde  à  venir. 

La  seconde  classe  d'hommes  qu'il  faut  fuir,  ce  sont  ceux 
qui  méprisent  la  philoso[)hie,  les  ouvrages  d'Aristote  et  de 
ses  disciples,  «sans  savoir  (jue  celte  science  nous  appar- 
«  tient.  On  l'emploie  pour  les  arguments  concernant  les 
«commandements  de  la  Loi,  et  en  grande  partie  elle  se 
«  trouve  dispersée  dans  les  passages  agadiques  du  Talmud, 
«  dans  les  livres  de  nos  savants,  et  surtout  chez  Maimonide. 
«  Je  ne  blâme  j)as  cette  classe  parce  qu'elle  s'occupe  exclu- 
«sivement  du  Talmud,  mais  parce  qu'elle  méprise  les 
«sciences.»  Caspi  continue  de  la  sorte:  «Mon  fils,  quand 
«tu  verras  des  hommes  de  cette  seconde  classe,  tu  leur 
«  demanderas  ce  qui  suit  :  Qu'est-ce  que  vous  avez  contre  la 


DU  XIV  SIÈCLE.  493 

«logique  et  la  pliilosophie,  qui  sont  si  utiles  pour  l'argu- 
«  mentation  sur  les  commandements  ?  » 

Dans  le  chapitre  xiv,  Caspi  dit  qu'il  avait  appris  dans 
sa  jeunesse  beaucoup  du  Talmud,  mais  que  jamais  il  ne 
s'est  occupé  de  casuistique.  H  se  demande  pourquoi  les 
arguments  concernant  Tunité  de  Dieu  ne  seraient  pas  aussi 
importants  que  des  questions  de  casuistique.  Dans  les 
chapitres,  suivants,  Caspi  dit  que  les  chrétiens  possèdent 
des  traductions  du  Guide  des  Égarés,  que  les  Arabes,  à 
Fez,  le  lisent  dans  l'original,  et  qu'en  Egypte  on  estime 
beaucoup  ce  livre,  tandis  que  chez  les  juifs  d'Occident  on 
le  méprise,  ou  du  moins  on  y  tient  peu.  Selon  Caspi,  on 
doit  donner  aux  passages  agadiques  du  Talmud  un  sens 
allégorique,  el  il  en  est  de  même  pour  les  passages  an- 
lhropomorphi(jues  de  la  Bible.  «  Seulement,  dit-il  à  son  fds, 
«  à  l'âge  de  douze  ans,  tu  ne  peux  pas  comprendre  ces 
«explications;  lu  les  comprendras  quand  tu  étudieras  le 
«  Guide.  »  Caspi  recommande  à  son  fds  de  croire  à  la  vie 
éternelle,  dans  laquelle  il  n'existe  rien  de  corporel;  on  de- 
vient un  ange,  ami  d'autres  anges.  «  Cela,  tu  ne  pourras  pas 
«  le  saisir  avant  l'âge  de  vingt  ans;  quand  tu  liras  le  Guide, 
«alors  toutes  ces  questions  deviendront  claires  pour  toi. 
«  Pour  le  moment,  je  te  garantis  la  vérité  de  ces  opinions; 
«  que  peux-tu  demander  de  plus?  Comme  l'Ecclésiaste  (xii, 
•  i3)  le  dit:  «  En  résumé,  et  tout  bien  entendu,  crains  Dieu 
«et  observe  ses  commandements,  et  rappelle-toi  la  parole 
«defEcriture  (Deut.,  vi,  4)  :  «Ecoute,  Israël,  l'Eternel, 
«  notre  Dieu,  f Eternel  est  un,  «parole  que  tout  enfant  doit 
«  réciter  en  hébreu.  En  un  mot,  tu  devras  posséder  l'in- 
«  telligence  nécessaire  ])Our  comprendre  à  l'âge  de  vingt  ans 
«ce  que  tu  ne  pourrais  peut-être  plus  comprendre  à  l'âge 
«  de  quarante  ou  cinquante  ans.  »  Le  post-scriptum  dit  :  «  Ici 
«  est  lini  le  livre  de  morale,  intitulé  Yoré  Déa\  Ecrit  par  ton 
«  père  Aben-Caspi,  à  Valence,  le  mois  d'éloul  (aoiit-sep- 
«  lembre)  6092  de  la  création  =  i332^.  » 

'  Cette  phrase  manque  dans  le  manu-  *  La  dernière  phrase  manque  dans  le 

scril  de  Londres.  manuscrit  de  Munich. 

3  4 


\I\    MECl.r 


\r\    SIKCI.E. 


494 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Ce  traité  forme  le  n°  2  5  dans  l'énumération  de  M.  Stein- 
schneider. 


Voir  ri-Hossou>i, 
p.  5.'^7. 


Voir  ci-dessous , 
|).  537,  noie  H. 
Voir  ri-Hcssous, 

Voirri-dossous, 
•  |>.  5i4  .  n"  Wili. 

Kiny-lliirdcliap- 
lor,  I,  p.  i«3;  11, 
p.  10^. 


Mis.  d'OxIoid , 
Opp.add.,n°2  488, 
fol.  63.  Voir  Mai- 
kir,  XX,  p.  1 1. 


Voir  ci  dessous , 
p.  5o8. 


V.  »)D3nBD,  «Bâtons  d'argent».  Ce  titre  semble  être, 
d'après  la  liste  A,  n"  5,  le  nom  général  des  commentaires 
sur  les  livres  bibliques,  le  Pentateuque  peut-être  excepté. 
D'après  la  liste  B,  n°  1 1,  il  ne  s'appliquerait  qu'à  des  pas- 
sages tirés  de  huit  prophètes.  Cet  ouvrage,  cité  dans  le 
commentaire  sur  le  Guide,  est  perdu  pour  nous.  Caspi  ren- 
voie, dans  son  commentaire  sur  les  Lamentations  (iv,  16), 
à  une  explication. qu'il  avait  donnée  de  I  Samuel,  i,  18,  et 
Saadyah  ibn-Danân  (qui  écrivait  en  Algérie  de  1470  à  i48o) 
rapporte  dans  son  commentaire  sur  Isaïe,  lii-liii,  les  mots 
suivants  de  Caspi  :  «  Ceux  qui  appliquent  ce  chapitre  au 
«  Messie  ressemblent  à  ceux  qui  s'égarent  en  l'appliquant  à 
«  Jésus.  » 

Enfin,  quelques  passages  du  commentaire  de  Caspi  sur 
les  premiers  prophètes  nous  sont  conservés  dans  le  com- 
mentaire d'Abraham  fils  de  Salomon.  Il  est  curieux  de  con- 
stater que  les  manuscrits  qui  nous  ont  rendu  ces  passages 
proviennent  du  Yémen  ou  de  Bagdad,  et  on  pourrait 
conclure  de  là  qu'en  Orient  on  a  conservé  les  manuscrits 
de  notre  auteur. 

Fol.  2  b,  sur  Josué,  vu,  1 8-2/1  :  ]zx  o-in  q'îik  "ddd  p  »icr  ncKi 
WN  ''dVk  roSc  jmNV  c/nt  n-in  xim  min''  q3C?d  rrin  -«s  tas  -\v  ]Zi>  ^^^  ^nsic 
inrna  iriK  la'?  nsn  oim  nav  iDsva  n>  '3  Kini  >y  ^c?jN3  anSn*?  isVno* 
pNi  "sn  'G?:»  ^:b'7  15«i  injnc  ^i3  icj  idij3i  c:i  mnn  ]i»n  h^V2DD  inui  nDn^D3 
nBD3  bn  [sic)  3n>3e?  Mxnn  p  nb  m  msn.  «  Joseph  ben-Caspi  dit 
«  relativement  à  l'interdit  d'Acan  :  «  11  me  semble  que  c'était 
a  un  général  de  la  tribu  de  Juda  et  le  chef  des  trois  mille 
«  guerriers  qui  marchèrent  contre  la  ville  d'Aï.  Conscient  de 
«la  faute  qu'il  avait  commise,  son  cœur  devint  faible;  re- 
«  doutant  les  funestes  conséquences  de  son  action,  il  s'en- 
«fuit,  et  sa  fuite  entraîna  celle  de  ses  gens,  qui  furent 
«  défaits  par  les  hommes  d'Aï.  Et  il  n'était  pas  absolument 
«  nécessaire  que  tout  cela  fût  écrit  dans  le  Livre  de  Josué.  » 

Ce  passage  pourrait  aussi  être  tiré  du  traité  n"  xiii. 


DU  XIV  SIÈCLE.  495 

Fol.  6 ,  sur  Josué,  x,  i  2  :  ^sns  nr'n  nr3n''7Dn  nxT  Vt  ibdd  riov  idni 
n:m  ncnn  nyipc;  nnx  n'7''''n  p-'UKia  "jinnp  nja'jn  -)c;k  ]rD  in  t^'^xd  ]ic;K-in 
p  "jiaja  p'?''Ki  pija  '713»  ]mn  n'ai  ^lyasi  pd©  103  pi*333  n'jinrn  non'jDn  rw 
«h  riDipon  i"?»©  ntn  nccno  a^ino  d-ijc  "73  Sy  Sax  •  min-'  'jiaaa  mpw  npîïi 
15321  pyaaa  orn  inix  ipiaa  nrn''7Cn  n'j-'nnn  icxa  'a  nv  niD  ni  ikd  D''pim  vn 
nxii  Dvn  inx  a-iy  i'?'?x  ibû»  n»  mpoi  npiy  iv  ptin  n'>a  im  ima  cmoKH 
nacn  xinz;  "jxno  nc?pa  t^t  'aiiT»  '?"'2:n  p'?"'»  pDv  -jin  nna'?  D^iiD  onix  ycrin^ 
«im'j  DC?D  ipryc?  ny  pyaa  ■''Jiaj  "]ip  mt:y  jot  "ja  pBixn  hs  iioy  c?De?n  ■•a  '7:'? 
\oi  Va  pDixn  bï  m\T  iicyi  nb-'in  nbnna  ]i''?"'K  pcy  '''?i33  pn  Dn''a''ix  nn»y 
pEixn  hs  anh  np'Dcn  WDG?n»  cpa  ^^Na  p  n\nw  air:n  ibdi  .  ]i'7'>x  posa  moi* 
pi  "ja  Dn"?  p-iDcm  m\T  Dp  CDon  nv^v  ^CK3^  pyaj  ri'?iaja  oaavrn  pî  ■?: 
rnaaj  niSia^n  te;  vn  ^bt(^  ]^h^i(  pDy  ni'71333  D33yrn 

«  Joseph  Caspi  dit  :  Cette  bataille  eut  lieu  dans  le  pre- 
«  mier  quart  du  mois  d'iyyar  (avril),  quand  la  lune  luit 
«après  le  coucher  du  soleil;  elle  commença  à  Gibéon, 
«  comme  le  dit  le  texte.  Or  Gibéon  et  Beth-Horon  sont 
«situés  en  Benjamin,  Elon  en  Dan,  Azéca  et  Maqéda  dans 
«  Juda.  Ces  endroits  n'étaient  pas  éloignés  les  uns  des 
«autres,  de  sorte  que  la  bataille  s'étant  engagée  le  matin 
«à  Gibéon,  les  Amorrhécns  battus  s'enfuirent  vers  Beth- 
«  Horon  jusqu'à  Azéca  et  Maqéda,  et  leur  poursuite  dura 
«jusqu'au  soir  du  même  jour.  Josué,  les  voyant  tourner 
«vers  la  vallée  d'Ayalon,  s'adressa  à  Dieu,  qui  est  le  prin- 
•  cipe  de  toute  chose,  et  lui  demanda  de  laisser  le  soleil  sur 
«  l'horizon  tout  le  temps  qu'on  resterait  dans  le  pays  de 
«Gibéon,  pour  pouvoir  poursuivre  les  ennemis  vers  la 
«  vallée  d'Ayalon  au  commencement  de  la  nuit;  il  demanda 
«  aussi  que  la  lune  se  maintînt  à  l'horizon  tout  le  temps 
«  qu'il  se  tiendrait  dans  cette  vallée.  Et  la  Bible  dit  qu'il 
«  fut  fait  comme  il  l'avait  demandé.  » 

Fol.  7 1  '',  sur  I  Samuel  ,111,11,  12  :  ht<mvh  D»n  dn  V't  "«BDa  idni 
no  xini  nsa  ni  uit'b  riiMTie/  n^-'Vsn  lyoïw  bo  -nrx  '?xiE;''a  -lai  nE;iy  -isjxnjn 
uvn  cya  n'jai  "jnn  in-ia  Vx  ir")3T  -iwx  Sa  nx  ■'V»  '7X  D-ipx  xinn  ora  m'?  ^DD0 
1*7X1:?  DiTjc?  iPTC  mx  Dva  •'a  nr^hs  -itjj  "j-ixi  D''n'7xn  e?''X  t»  "7»  cnjDi  '•jBn  '7y 
DiVnjn  D^jnan  rn  on  ■'a  cxtDna  biov  ibj3  "ie?K  nDn'?Da  xssn  ■>e;x"i  vn 
iDa  na-iyon  nnnwj  0B3:ni  001331  wxin  ryn  xini  n3nD3  "jVinn  ]^1ttn  D''3\i3Dn 
in-ipis  lym  oyn  ix  naiynn  wxt  n\T»»a  '?'?a  aie?^  Tri^n  >a  jaya  ]''ii>n 


XIV     SIËCIL 


X-\     SIECLE. 


496  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  Caspi  dit  : Dieu  s'irrila  contre  Hofni  et  Pliinées 

«  et  exprima  sa  colère  par  la  bouclu;  de  l'homme  de  Dieu; 
«  il  fut  décidé  que  tous  les  deux  mourraient  le  même  jour,  car 
«  tous  les  deux  étaient  des  chefs  de  l'armée  à  titre  de  grands 
<•  prêtres;  et  c'est  par  suite  de  leur  péché  que  l'armée  fut 
«  ])attue,  comme  ce  fut  le  cas  pour  Acan;  car  le  particulier 
«équivaut  au  général,  quand  il  s'agit  d'un  chef  d'armée, 
"  comme  nous  le  voyons  par  l'exemple  de  Sédécias.  » 

Fol.  1 14\  sur  I  Sam.,  xxi  :  d»  nma  nn  djdk  Vt  "•Dcs^Dr  ick 
-r>h->v  "'JN  nox  mm  dn  noixc  st  hit  v^k  'bit  -!DN''1  nan  '•Jix  iVon  ncxi  iVotiK 
'''?:  '■'r^'^  pi  yinj  ibon  nan  n^n  15  pi  ijic'jx  ''jiSd  DipD  "jk  •'Psiv  onïjn  pki 
ne;!  nni*  n'-n  m  "îdc  ^!:x  n*?  ttm  ■'3  ato  nta  n'iT»©  man  px  njn  oip  ciy^n 
niyi  yni  mpoa  mv:  n'jn  d-'D»!)  noai  -mN  bixc;  ni'?c?a  n»  ma  iV  mp  D'Dvr 
pVnn  imx  ■'a  bba  '«Kiaj  pVn  (ms.  ik)  tn  ia  n^n  k"?  njn  ata  nt  n^nw  d'v'k 
ncxa  apy  dViNi  •  vc  r]iD  ny  ^•«ly  r'jN  rjn  x"?  D'bnn  ia  -lanz?  i"?  n-'ne;  ■'Kiajn 
pn  Tna  invn  -y  nxiajn  nj-no'?  vin  x*?  ;ny  'jax  e^na  mn  1^3a  ie?y  'a^x 
^^DmD3©  rx3py''"'jaiJi"«iain3D:cf  l'^y  y^xiDumaïc?  nnxîa*?!  •d'îich  nxn 
lyox'?  n'jnjnx  •':xi  le;»*?  noxc/  ne  d:dx  •bhzn  jd  apy  xn  nan-ii  nmoa  rax 
ynx  nspi  ^yD  "jia;  nsp  "'a  T'y»  Viaa  Vx  xac  -icdx  m^yw  ""jux  bx  xiax  icx 
:  -ixiao  nn  T'yc  xai  xinc?  a"no  pcVn  nt  pxc/  pe?  ^2  D>anp  pja 

«  Caspi  dit  que  David  n'avait  pas  absolument  menti  à 
«  Ahimeiek,  car  il  n'avait  pas  dit  que  ce  dont  il  parlait  était 
«  arrivé  en  ce  moment  même.  En  effet,  Saûl  l'a  souvent  en- 
«  voyé  avec  ses  jeunes  gens  à  tel  ou  tel  endroit.  Et,  même 
«s'il  y  a  eu  mensonge,  il  faudrait  considérer  que  David 
«  n'avait  pas  encore  le  don  de  prophétie,  qui  ne  lui  fut  ac- 
«  cordé  qu'à  la  fin  de  ses  jours  quand  il  composa  les 
«  Psaumes.  11  y  eut  certainement  mensonge  quand  Jacob 
«  dit  :  Je  suis  Esaii  ton  premier-né;  mais  Jacob  non  plus  ne 
«fut  doué  de  la  prophétie  que  lorsqu'il  vit  l'échelle,  en 
«  allant  à  Haran.  Pour  l'affaire  de  Sicheni  et  Hamor,  Jacob 
«  n'y  est  pas  mêlé  du  tout,  et  ses  fds  seuls  ont  menti. 
«Après  son  retour  d'Aram,  quand  il  dit  à  son  frère  Esaù 
«qu'il  le  suivra  lentement  à  Seïr,  il  est  possible  qu'il  y 
«  soit  allé,  car  ce  pays  n'est  pas  loin  de  Chanaan;  d'ailleurs 
«  il  ne  résulte  pas  nécessairement  du  passage  hébreu  que 
«  Jacob  devait  aller  à  Seïr.  » 


DU  XIV  SIECLE. 


/i9' 


Ce  traité  forme  le  n°  5  de  la  liste  A,  le  n°  lo  de  la  liste  B 
et  le  n°  1 1  de  celle  de  M.  Steinschneider. 


M\     SIECr.E. 


VI.  «103'?  iisD,  M  Fourneau  pour  l'argent  ».  C'était  un  com- 
mentaire analogue  à  ceux  de  Raschi  et  d'Ibn-Ezra,  sans 
explications  mystiques.  Au  commencement,  Caspi  expliquait 
le  but  de  la  Thora  et  des  dilTérentes  parties  de  ce  livre. 
C'est  ce  commentaire,  et  non  le  commentaire  mystique, 
qui  est  cité  par  don  Isaac  Abravanel.  Samuel  Zarzah  le  men- 
tionne également.  Caspi  parle  de  cet  ouvrage  dans  son  com- 
mentaire sur  le  Guide  de  Maimonide  et  dans  son  commen- 
taire sur  Job;  il  en  parle  aussi  dans  son  dictionnaire,  mais 
comme  n'étant  pas  encore  composé.  Ce  commentaire  est 
perdu;  il  se  trouve  dans  la  liste  A  sous  len°  1 5,  dans  la  liste  B 
sous  le  n"  8,  et  dans  celle  de  M.  Steinschneider  sous  le  n"  5. 
Tout  ce  que  dit  Wolf  à  propos  de  cet  ouvrage  est  inexact. 


Prov.,  xTii,  .<. 


Liicyclopaedif, 
art.  Steiii.,  p.  6'! . 
notes  3i  cl  '^■i  ». 


VVoir.  Rililiolli 
liebr. ,  ^>.  .S'|,'{. 


Vil.  »)CD  niBo  ',  «  Tasses  d'argent  ».  La  forme  miD3,  donnée 
par  M.  Kirchheim,  n'est  pas  employée  dans  les  listes.  Dans 
ce  traité  Caspi  expose  pourquoi  il  explique  certains  pas- 
sages du  Pentateuque  autrement  qu'lbn-Ezra  et  Maimonide. 
Ce  traité  est  également  perdu;  on  le  trouve  dans  la  liste  A 
et  dans  la  liste  B  sous  le  n°  i4,  dans  celle  de  M.  Stein- 
schneider sous  le  n"  6. 


Kii'clilielm , 
Komm.,    |i.     Ml: 
Zuiu,     Zur     Cif- 
srliirlitc.  p.  ."igo. 


VllI.  D>3D  »iD3,  «  Argentdescories». Ce  traité  est  mentionné, 
dans  le  commentaire  sur  les  Lamentations  (v,  6),  comme 
contenant  des  questions  et  des  réponses  relatives  aux  con- 
tradictions apparentes  qu'on  rencontre  en  lisant  le  Penta- 
teuque et  les  Prophètes.  Dans  la  préface  de  la  liste  imprimée, 
Caspi  dit  que  ces  questions  sont  au  nombre  de  cent  dix.  Ce 
traité  ne  .se  trouve  dans  aucune  des  rédactions  de  la  liste  de 
l'auteur.  Il  forme  le  n°  27  de  celle  de  M.  Steinschneider. 


Prov 
Voir 
5. G. 


..xiiv,  23. 
ci^dessous, 


Voir 
535 


ci-dessou'i . 
,  note  3. 


IX.  HD3n  nns,  «  Faisceau  d'argent  ».  C'est  un  abrégé  de  lo- 


'  il  faut  prononcer  Keforé,  comme  dans  Esdras.  i,  lo. 
lOMK  ixxi. 
3  ;  * 


6:i 


IVPRIMEKIK     :iAT101tLe. 


XIV'  SIÈCLE. 


Voir    rwlpssus, 
p.  i78. 

!)i;r      Orienl , 
1847,  fol.  .'î'îS. 


/i98  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

gi(|ue.  Ce  traité  est  mentionné  dans  le.s  listes  de  l'auteur, 
sous  le  titre  de  jvjn  iirp;  dans  l'introduction  que  nous  tra- 
duisons plus  loin,  il  porte  le  titre  de  ivann  nrx'jDa  ]^p  msp.  Caspi 
le  composa  pour  son  fils  cadet  Salomon.  Les  manuscrits  de 
cet  ouvrage  ne  sont  pas  rares;  on  en  trouve  unà  Paris,  n°  98G , 
avec  la  suscription  suivante  :  oiciiax  nsn"?  iispa  ]v:nr\  -icr 
Vî  ^e^D•«'7JK'7^ ,  «  Livre  de  logique  en  abrégé  du  savant  Bonafous 
"  de  La  Glitera  (Largentière)  ».  C'est  d'après  ce  manuscrit  (pic 
M.  Dukes  a  publié  la  préface;  en  voici  la  traduction  : 

«  Ibn-Caspi  dit  :  Ayant  vu  combien  on  connaît  peu  les 
;  intelligibles  (ri'?3c?io),  par  la  raison  que  la  vie  est  courte  el 
"  que  les  occupations  ordinaires  empêchent  d'y  consacrer 
"  beaucoup  de  temps,  je  me  suis  décidé  à  rédiger  pour  mon 
1  fds  Salomon  un  compendium  de  logique.  Il  est  vrai  que  de 
.semblables  traités  ont  été  composés  par  Abou-Naçr  (  Âl-Fa- 
'  rabi)  et  par  Ibn-Roschd  (Averroës);  mais  mon  livre  sera 
'■  plus  complet  et  plus  simple  pour  l'usage  do  notre  généra- 
«  tion,  car  je  n'y  ai  mis  que  les  notions  les  plus  indispen- 

•  sables.  Puisque  la  connaissance  de  la  Bible  est  le  but  de 
'  tout  homme,  et  que  sans  la  logique  on  ne  peut  acquérir 
-'  cette  connaissance,  je  dis  que  cette  science  est  absolument 
'  nécessaire.  C'est  pourquoi  j'ai  rédigé  ce  compendium,  où 
'  l'on  trouvera  les  règles  de  logique  utiles  pour  étudier  la 
■■'  Bible.  Avec  ce  traité,  joint  au  traité  de  grammaire  intitulé 

Chaînes  d'argent  et  au  traité  lexicographique  intitulé  Chaî- 

•  nettes  d'argent,  que  je  me  propose  de  composer,  chacun 
«  pourra  se  guider  dans  les  études  bibliques.  Dans  mon  traité 
'  de  logique,  j'ai  inséré  l'essentiel  de  ce  que  contiennent  les 
"  traités  d'Al-Farabi  et  d' Averroës;  il  serait  donc  inutile  de 
'  les  étudier.  Je  ne  dis  pas  cela  par  vanité,  mais  pour  expri- 
«  mer  la  vérité.  C'est  pourquoi  j'ai  donné  le  titre  de  Faisceau 
«  d'argent  à  mon  ouvrage.  J'y  ai  omis  les  Topiques,  la  Rhé- 
"  torique  et  la  Poétique,  qui  n'ont  aucune  utilité  pour  mieux 
<  comprendre  la  Bible.  » 

Caspi  explique  ensuite,  en  son  style  un  peu  prolixe,  la 
défense  qu'on  trouve  dans  la  Mischna  et  à  cause  de  laquelle 
onvoudrait  empêcher  la  jeunesse  d'étudier  la  logique.  Il  dit 


DU  XIV^  SIECLE. 


499 


\IV    MECLE 


f|ue  le  mot  fran,  dans  ce  passage,  est  synonyme  de  nme?, 
«  bavardage  »,  et  qu'il  s'applique  à  l'étude  de  choses  fausses, 
aux  histoires  sur  les  démons  elles  mascas  (wxpco)  «  sorcières  ». 
Platon,  dans  sa  République,  défend  également  d'occuper 
les  enfants  des  bavardages,  de  logique  (sic)  et  de  contes. 
La  même  opinion  est  exprimée  par  Maimonide,  dans  son 
commentaire  sur  Aboth.  C'est  pourquoi  Caspi  recommande 
à  .son  lils  d'étudier  la  logique  dans  le  livre  de  Maimonide 
d'abord  et  ensuite  dans  son  compendium.  Caspi  commence 
donc  son  ouvrage  par  l'Isagoge  de  Porphyre  et  finit  par  la 
Sophistique;  ce  qui  suffit,  d'après  lui,  pour  l'explication  de 
la  Bible.  Caspi  s'est  probablement  servi  de  la  traduction 
de  Jacob  Anatoli;  à  notre  connai.ssance,  il  n'a  rien  traduit  de 
l'arabe,  quoiqu'il  eût  quelques  notions  de  cette  langue.  Le 
chapitre  de  notre  auteur  sur  les  définitions ,  qu'on  trouve  dans 
le  manuscrit  1268,  3,  d'Oxford,  n'est  autre,  comme  Caspi 
le  dit  lui-même,  qu'un  extrait  de  la  paraphrase  d'Averroës. 
Le  traité  dont  nous  parions  ne  figure  pas  dans  les  listes 
fie  Ca.spi;  mais  il  est  mentionné  dans  la  préface.  Il  figure  au 
n°tî6  de  M.  Steinschneider,  chez  qui  se  trouve  également  la 
liste  des  manuscrits  de  différentes  bibliothèques  qui  renfer- 
ment l'ouvrage  en  question. 

X.  »)03npim,  «Chaînettes  d'argent»,  ou  »ior  "pic,  «  Cha- 
«  pitres  de  Joseph  ».  Ce  traité  de  grammaire  existe  seulement 
dans  la  bibliothèque  Angélique  à  Rome;  il  y  est  suivi  du 
dictionnaire.  Le  manuscrit  fut  copié  en  caractères  rabbi- 
niques  espagnols  et  pourvu  de  points-voyelles  par  Alonso 
de  Zamora,  à  Alcala  de  Hénarès;  il  fut  achevé  le  2 3  juillet 
1 5 1 9.  Dans  une  courte  préface,  Caspi  dit  que  son  intention 
est  de  donner  des  généralités  qui  serviront  de  base  à  l'étude 
de  la  langue  sainte.  Ce  traité  se  rattache  à  son  compendium 
de  logique.  Avec  ce  traité  et  le  dictionnaire  qu'il  se  pro- 
pose d'écrire,  chacun  pourra  se  perfectionner  dans  la  con- 
naissance de  l'hébreu,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  cha- 
pitres de  la  création  et  du  char  céleste,  qui  ibrment  la  partie 
principale  de  l'Ecriture  sainte.  (]e  traité  est  une  espèce 

63. 


iiist.  litt.  (le  hir 
France,  t.  XXVII, 
p.  586. 

Stcinsclmculi  I . 
Kiicyci. ,  p.  7  I  : 
Ueberseli. ,  p.  gi. 


Catal.     Angcl. 


X.V5IÈCLE.        500  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

d'introduction  au  dictionnaire.  Ici  les  particularil«''s  seront 
expliquées,  comme  dans  le  dictionnaire  les  généralités, 
méthode  que  le  philosophe  (Averroës)  expose  au  commen- 
cement du  traité  sur  la  Physique.  Caspi  renverra  toujours 
pour  les  racines  au  dictionnaire.  Il  donnera  d'abord  une 
espèce  d'index  pour  les  soixante-treize  chapitres  du  livre, 
et  l'explication  suivra  pour  chacun  d'eux;  car  il  vaut  mieux, 
dit  Caspi,  que  je  fasse  le  commentaire  moi-même  que  si  un 
autre  le  faisait,  comme  il  est  arrivé  pour  les  chapitres  d'Hip- 
pocrale,  dont  le  commentaire  a  été  fait  par  Galien.  Caspi 
renvoie ,  dans  le  courant  de  ce  travail ,  à  son  traité  de  logique , 
pour  ce  qui  concerne  les  dix  catégories. 

Nous  ne  pouvons  reproduire  même  en  résumé  les  soi- 
xante-treize chapitres;  nous  nous  bornerons  à  mentionner 
les  plus  intéressants.  Dans  le  premier  chapitre,  Caspi  s'oc- 
cupe des  vingt-deux  lettres,  qui  sont  classées  d'après  les 
organes  par  lesquels  on  les  prononce;  il  cite  ici  la  gram- 
maire d'Ibn-Djanâh.  Les  lettres  sont  appelées  mx  «signe», 
en  provençal  senhal  [hn-'iv),  parce  que  chaque  lettre  repré- 
sente un  objet.  Les  chrétiens  n'ont  pas  ces  noms,  ils  disent 
a  h  c.  Ainsi  alef  \enl  dire  «  apprendre»  pour  faire  un  beth, 
«une  maison».  Guimel  veut  dire  «fruit  mûr»  (Isaïe,  xvin, 
5);  car,  quand  on  a  une  maison,  on  prend  une  femme, 
qui  est  impliquée  dans  le  mot  he  =  elle  (xn  =  K^n).  La  femme 
a  besoin  d'être  gardée  par  un  dalcth,  «  une  porte  »;  c'est  sur- 
tout, dit  Caspi,  nécessaire  dans  notre  pays,  où,  en  effet,  on 
observe  rigoureusement  cette  habitude.  Viennent  ensuite 
des  objets  pour  la  maison,  savoir  :  vaw,  «  un  crochet  »,  zain, 
M  des  outils  »,  heth,  «  une  casserole  »,  teth,  «  un  balai  »,  yod, 
«  des  manches  » ,  kaf,  «  des  cuillers  »,  etc. 

Dans  le  commentaire  sur  le  troisième  chapitre,  Caspi  est 
on  opposition  avec  Ibn-Djanâh  et  Ibn-Ezra;  il  ajoute  que, 
s'il  avait  le  temps,  il  composerait  un  dictionnaire  des  mots 
hébreux  qu'on  trouve  dans  la  Mischna  et  le  Talmud;  en 
lout  cas,  il  donnera  dans  le  dictionnaire  les  .sept  conjugai- 
sons des  verbes  et  toutes  les  formes  des  substantifs,  même 
celles  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  textes.  Par  là,  dit  Caspi,  la 


DU  XI V  SIECLE.  501 


\i\   bii:';i T.. 


langue  sacrée  gagnera  beaucoup.  Il  fait  des  vœux  pour  qu'on 

puisse  la  restituer  entièrement.  Dans  le  quarante  et  unième 

chapitre ,  Caspi  renvoie  à  son  article  sur  la  racine  32k;  on  voit 

donc  qu'il  commença  le  dictionnaire  avant  d'avoir  achevé      Voil•(i(k•^sous. 

l'introduction.    Dans  les  chapitres  xlh-xliv,  Caspi  sou-   **  "  ° 

tient  que  les  maires  Icctionis,  ainsi  que  les  accents  toniques, 

proviennent  de  Moïse,  et  que  ces  derniers  doivent  être  pris 

en  considération ,  si  l'on  veut  comprendre  avec  certitude  les 

versets.   Caspi  donne   comme  exemple  le  premier  verset 

du  Pentateuque,  qu'Ihn-Ezra  et  Saadiah  (ponctué  dans  ce 

manuscrit  nnsc)  traduisent  «  au  commencement  de  ce  que 

«  créa  ...  ».  «  Dieu  nous  garde  de  celte  traduction  !  dit-il;  dans 

«  l'intention  de  Moïse,  les  deux  mots  xia  r^Kis  sont  séparés 

«  par  l'accent  disjonctif  tijclui,  et  les  hommes  de  la  grande 

«  synagogue,  qui  savaient  ce  que  Moïse  avait  voulu  dire,  s'y 

«sont  conformés,  ainsi  qu'Onkelos,  qui  avait  compris  le 

«  passage  comme  eux.  »  Nous  laisserons  de  côté  les  autres 

exemples  que  donne  Caspi.  Dans  le  chapitre  xlviii,  il  renvoie 

pour  l'explication  de  rà^v  (Gen.,  xLix,  lo)  «à  l'endroit  où 

«  cette  explication  est  à  sa  place  ».  Est-ce  dans  le  commentaire 

[littéral]  du  Pentateuque?  Dans  le  livre  du  Mystère  il  n'en 

est  pas  fait  mention. 

Notre  traité  porte  le  n°  17  dans  la  liste  A,  le  n°  3  dans 
la  liste  B  de  l'auteur,  et  le  n°  17  dans  celle  de  M.  Stein- 
schneider. 

XI.  «1C3  ]nhv,  «Table  d'argent».  On  en  trouve  un  manu- 
scrit à  la  bibliothèque  de  l'Université  de  Turin,  n"  197  du  Pesioii,|..  09 
nouveau  catalogue.  B.  de  Rossi  en  a  donné  quelques  extraits 
dans  son  livre  intitulé:  De  prœcipiiis  causis  et  momentis  ne- 
cjlectœ  a  nonnuUis  hebraicarum  litteranim  disciplinœ  dis<juisitio 
elenchtica.  Turin,  1769,  in-4°.  Nous  ferons  la  description 
de  la  Table  d'argent  d'après  le  manuscrit  même  de  l'Uni- 
versité de  Turin. 

Caspi  dit  qu'il  a  l'intention  de  prouver,  dans  sa  disser- 
tation, combien  il  vaut  mieux  lire  l'Ecriture  sainte  en  hé- 
breu, dans  la  langue  originale,  que  de   la  hre  dans  une 


XI\     SIECI.R. 


502  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

traduction,  soit  latine  (onsj),  soit  arabe  (o^Wcc?').  Je  men- 
tionnerai (l'abord,  (lit  Caspi,  quatorze  cas  d'accents  disjonc- 
tifs,  employés  dans  le  texte  hébreu  contrairement  à  l'usage 
pour  certaines  raisons;    les  traducteurs  les  ont  négligés, 

iv-iiossi.np.nt,   et  leur  traduction  devient  par  conséquent  fautive.  Caspi 
ajoute  :  «  Une  fois  un  évêque  (pDjn)  honoré  de  notre  pays, 
«  qui  était  versé  dans  l'Écriture  sainte,  me  demanda  :  Pour- 
«  quoi  voulez-vous  que  les  rois,  les  papes  et  les  évoques 
«  rendent  hommage  à  vos  rouleaux  du  Pentateurjiie,  à  leur 
«  rentrée  dans  une  ville,  comme  nous  faisons  avec  la  croix?  Il 
«  est  vrai  que  nous  avons  en  vénération  le  Pentateuque  et  les 
«autres  écrits  bibliques;  mais  nous  les  possédons  en  notre 
«  langue,  et,  si  nos  rois  et  nos  grands  désirent  qu'on  aille  à 
«  leur  rencontre  avec  ces  livres,  nous  pouvons  le  faire  avec 
«  les  volumes  que  nous  possédons.  Quelle  supériorité  le  texlt 
«  hébreu  a-t-il  sur  la  version  latine,  puisque  le  sens  reste 
«  le  méme.^  —  Je  lui  répondis  :  Il  y  a  certainement  une  su- 
"  périorité  du  côté  du  texte  hébreu  de  la  Bible,  surtout  en  ce 
«  qui  est  du  Pentateuque.  D'abord  l'écriture  et  la  langue  ori- 
«  ginales  sont  celles  de  Dieu.  Il  est  connu  que,  si  un  roi  nous 
«donnait  une  lettre  de  privilège  appelée  cran^i  [vidimus), 
«  l'original  aurait  plus  de  valeur  qu'une  traduction;  en  effet, 
«  l'original  seul  compterait,  car  la  signature  du  roi  s'y  trouve 
«  Puis  une  traduction  ne  peut  jamais  reproduire  complète- 
«  ment  l'original.  Toutes  les  nations  reconnaissent  que  l'Ecri- 
«fure  sainte  a  été  écrite  en  hébreu,  et  par  conséquent  la 
«  beauté  et  la  sainteté  que  les  livres  possèdent  en  hébreu 
«  n'ont  pas  leur  équivalent  dans  une  traduction.  » 

«A  présent,  dit  encore  Caspi,  je  donnerai  quelques 
«  exemples  de  l'imperfection  d'une  traduction  de  l'Ecriture 
«  sainte.  Le  traducteur  des  chrétiens  rend  le  premier  verset 
«  de  la  Genèse  par  les  mots  suivants  :  In  principio  creavil  Deus 

iviio<.si.op.rit.,    «celos  et  terram  (oxio  n^K  d'!'7''S  mici  (1.  DMxnp)  c/iN''ip  rD''D-iD3K). 

*"  «  Ces  cinq  mots  semblent  correspondre  exactement  aux  cinq 

«  mots  hébreux,  qui  sont  ;  pxn  riKi  o^oe/n  rx  o^nSK  to2  n-'axna 
«  (Caspi  ne  considère  pas  les  mots  rx  et  rxi  comme  des  mots 
«séparés);  mais  il  n'en  est  pas  ainsi.  Le  mot  n-'OK-ia  signifie 


DU  XIV  SIÈCLE.  503 


\in'  sie  i.k 


I"  ci-(kssous, 
|i.  Sog,  II'  x\. 
Ms.     d  Oslonl . 


«en  hébreu  l'éternité  du  temps'et  de  la  cause,  et  ce  mot 
-<  générique  a  été  choisi  expressément  par  Dieu  pour  que 
^le  peuple  le  comprît  dans  un  sens  et  que  les  individus 
a  intelligents  le  comprissent  dans  un  autre;  mais  tous  doivent 
«  y  reconnaître  une  création  ex  nihilo.  In  principio  n'a  pas 
•  ce  double  sens  dans  la  langue  des  chrétiens;  ce  mot  im- 
«  plique  le  sens  d'éternité  relativement  au  temps  ou  à  la 
«  création,  mais  non  les  deux  sens  à  la  fois.  Deus  est  un  nom 
1  général  pour  Dieu ,  tandis  qu'en  hébreu  on  se  sert  de  dilîé- 
•>  rents  noms.  » 

Nous  verrons  que  le  titre  de  Table  d'argent  est  donné 
danslalisteBau  commentaire  de  Caspi  sur  Job.  Par  le  pas-  Voii  cid 
sage  suivant  qu'on  trouve  dans  le  commentaire  d'Abraham, 
fils  de  Salomon,  sur  Zacharie,  on  verra  que  la  liste  A  est  n'iimej.ioii 
sur  ce  point  plus  correcte  :  v  »iD3n  inV»  '•d  V'i  ••dds  |3  rpv  i  "'7Np 
DD'n'îK  '"  h^p2  ]iyce?n  ncw  dm  htii  iidk  Kini  nmao  npcrn  nnst  iDca 
'"  Vipa  ]iïDc;n  v^^cv  dk  n\-n  ]'3  p-'ODO  r\:n  -i'70n  wv-n"?  ï31K  rjcra  \T'i 
rxn  .  rmipaa  pio-'O  f\^c^  nr-i  nn  novi  vvfih  mwy  szik  T\ivz  pai  Ds-inSK 
nSïD'?  'S  nta  ]''3yni  vjsSe?  no  dv  paii  aoiD  n'«m  la  ain  Sa"?  njaiD  npcrnn 
DK .  n»  D"pn'i  nt  n-n'»  dViki  idk  jaVi  ]nan  D^hv^  n'am  baant  mabo  p:n  lat 
i'a-iK  r:e?a  ^T'^  nt  inx  pSi  .n^n-"  n"?  ]■»«  dki  Da\-i'?j<  '"  "jipS  lyowr  vice 
:  -iKiac  103  DnnN  D^yiv  -iidd  n'7nrn  Kin  cnm"?  «  Ibn  Caspi  dit  :  H  y 
«a  en  Zacharie  une  division  établie  par  l'accent  (pioD  r\iD) 
«  entre  les  versets  vi,  i5  et  vii,i.  Cette  division  montre  que 
«  le  chapitre  vi  se  rapporte  à  Zorobabel  et  à  la  construction 
u  du  temple ,  qui  s'accompliront  si  on  obéit  à  Dieu ,  tandis  (jue 
«vu,  1,  commence  une  autre  histoire.  »  Ce  passage  se  re- 
trouve en  efFet  dans  le  manuscrit  de  Turin.  Au  contraire, 
dans  le  commentaire  sur  Job,  il  n'est  pas  question  de  l'impor- 
tance des  accents  pour  l'intelligence  de  la  Bible.  Nous  trou- 
verons plus  loin  d'autres  exemples  qui  démontrent  que  la 
liste  du  manuscrit  de  Parme,  que  nous  donnerons,  est  plus 
authentique  que  celle  du  manuscrit  de  Munich. 

Examinons  maintenant  le  contenu  de  la  Table  d'argent. 
Le  livre  est  divisé  en  chapitres  appelés  ^n.Le  premier  cha- 
pitre expose  comment  on  peut  distinguer  le  faux  prophète 
du  vrai.  Caspi,  en  ce  chapitre,  suit  complètement  Maimo- 


Uoll.  liiMiulL. 
iM-br.,  IV,  |)   XSfi. 


\H     ilECI.R. 


504  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

nide.  Le  deuxième  chapitre  traite  la  question  de  savoir  si  on 
peut  croire  au  faux  prophète,  quand  il  dit  des  choses  con- 
traires à  la  Loi.  Ici,  comme  souvent  ailleurs,  Caspi  insiste 
sur  ce  point  que  ses  prédécesseurs  ne  connaissaient  pas  la 
logique.  Il  renvoie  à  un  commentaire  sur  le  Pentateuque, 
qui  n'est  pas  le  livre  du  Mystère.  Ce  commentaire  semble 
perdu  ;  mais  no\is  en  trouvons  un  passage  cité  dans  le  commen- 
taire arabe  sur  les  Prophètes  par  Abraham  fds  de  Salomon, 
(manuscrit  d'Oxford  2488",  fol.  36'')  :  h"i  ■'ecs  p  «icr  S  •)C^t^ 
•ma  'D  3ir:n  Vsinn  omax  nx  ne:  o^n'jxni  n'jxn  Dnann  inx  mm  cii'ca 
nî3  n;i:ni  o'^p'?  rJD  hs  ni  mrc?  n'7'''7m  izh  irc:  pT  ni  'd  m  n^^sh  ii:.-.' 
|t:  p-imnon  •'d  on"?  n\nc;  ;DK:n  ■'Vinn  xinn  oyn  mabo  pindiVi  ipi-bi  anc?"? 
mirn  ;pij  pS  Tnn  oaïKn  na  "jyD  D'y'xc?  iii*i  Dn^'iao  n^b^v  wv  jmnQn 
x"?  f)Xi  lanon  ■•nn  i''CD  p  ie?y>c?  nV'jn  n^m  nona  nxcD  liNn"?»  '••'•'7  p  nvjy'? 
:nT  nois  n'^n  "jna  ]na  dxi  ex  net?  i;t  x"?©  nta  ji^cn  x"?  pVi  Cfxa  maynn 
"Joseph  ibn-Caspi  dit  dans  le  commentaire  sur  Genèse, 
«XXII,  1  :  «Le  texte  justifie  Dieu  d'avoir  commandé  ;i 
«  Abraham  de  sacrifier  son  fils,  car  ce  n'était  qu'une  tenla- 
«  tion,  cela  ne  signifie  nullement  que  Dieu  ait  voulu  l'exécu- 
«  tion.  C'était  dit  surtout  pour  déraciner  la  vraie  maladie 
«  des  païens,  qui  était  de  sacrifier  un  de  leurs  enfants.  Cette 
«  ])arbarie  a  été  remplacée  par  les  sacrifices  d'animaux,  mais 
"jamais  Dieu  n'aurait  permis  de  faire  un  sacrifice  humain, 
«  ni  de  faire  passer  un  enfant  par  les  flammes;  c'est  pourquoi 
«  le  feu  n'est  même  pas  mentionné  en  ce  passage,  quoique 
«  le  grand  prêtre  se  servît  de  feu.  » 

Le  troisième  chapitre  traite  des  miracles  et  des  signes 
donnés  par  les  prophètes.  Caspi  les  divise  en  deux  classes, 
savoir:  1°  les  signes  tirés  du  passé  pour  l'avenir  ou  pour  le 
présent,  comme  ceux  donnés  par  Moïse  et  Josué  à  Israël  et 
par  Isaïe  à  Ezéchias;  2°  des  signes  tirés  de  l'avenir  et  se 
rapportant  à  des  événements  passés,  comme  ceux  d'Isaïe 
relatifs  à  Sennachérib.  Caspi  ajoute  que  les  prophètes  n'em- 
ploient ni  la  méthode  du  vulgaire,  ni  celle  des  philosophes; 
en  effet  la  prophétie  est  supérieure  à  la  philosophie,  et  il 
a  des  qualités  chez  les  prophètes  qu'on  ne  trouve  pas  chez 
es  philosophes,  .    , 


l 


DU  XIV'  SIECLE. 


505 


Le  quatrième  chapitre  expose  quels  sont  les  miracles 
surnaturels  et  quels  sont  ceux  qu'on  peut  mettre  dans  la 
catégorie  du  possible.  «Je  n'expliquerai  pas  tout  ici,  dit 
«Caspi,  car  je  laisse  cette  tâche  à  des  gens  plus  forts  que 
«moi;  mais  je  donnerai  un  court  aperçu  de  l'ensemble. 
M  Loin  de  moi  de  soutenir  que  je  sache  quelque  chose  de 
«  plus  que  d'autres  en  cette  matière;  c'est  pourquoi  je  me 
«  bornerai  à  reproduire  les  paroles  de  Maimonide.  »  M.  Stein- 
.schneider  s'étonne  de  ce  que  De  Hossi,  qui  a  fait  avec  tant 
de  soin  la  bibliographie  des  controverses  religieuses  chez 
les  juifs,  ait  omis  notre  traité.  La  raison  en  est  simple: 
c'est  que  ce  traité  n'a  aucun  caractère  de  controverse  anti- 
chrétienne,  comme  on  a  pu  s'en  convaincre  par  notre  ana- 
lyse succincte. 

Notre  traité  est  le  n"  6  dans  la  liste  A,  i3  dans  la  liste  B; 
il  est  noté  ilx  B  dans  celle  de  M.  Sleinschneider. 

Xn.  »)D3  PTB,  «Palais  d'argent»,  ou  iioniDc,  «Livre  du 
«  mystère  ».  Cet  ouvrage  commence  par  les  mots'"  me  «lov  ick 
rKn^'?,  comme  le  commentaire  B  sur  le  commentaire  d'Abra- 
ham Ibn-Ezra  relatif  au  Pentateuque;  c'est  pourquoi  les 
deux  ouvrages  ont  été  confondus  dans  quelques  cata- 
logues de  manuscrits  hébreux.  Ainsi,  c'est  bien  notre  ou- 
vrage que  renferment  les  deux  manuscrits  36  et  46  du 
Vatican ,  tandis  qu'Assemani  a  cru  y  voir  le  commentaire  sur 
Ibn-Ezra.  Trois  autres  manuscrits  du  »id3  nitj  sont  connus  à 
présent:  i"  dans  la  bibliothèque  Casanate  à  Rome,  n°H,iv,  7; 
2°  à  l'Ambrosienne  de  Milan,  n"  i34,  F,  in-fol.;  3"  dans  la 
bibliothèque  de  M.  Halberstam,  à  présent  à  la  Bodléienne, 
marqué  Hehr.  e.  i6. 

Caspi  dit,  dans  une  courte  préface,  qu'il  va  expliquer  les 
mystères  du  Pentateuque,  ce  que  les  rabbins  ont  appelé 
n-nr  '^nD,  «les  mystères  de  la  Loi».  Il  ajoute  que  peut-être 
il  sera  également  question  des  mystères  que  renferment 
les  Prophètes;  mais  ce  ne  sera  qu'accidentellement,  car  il  se 
propose  de  faire  là-dessus  un  ouvrage  spécial.  Le  livre  se 
compose  de  deux  parties  :  1°  les  généralités,  2°  les  spécialités. 


\l\'  Sll.Cl.h. 

Eiicvcl.,  |).  fiîi. 


Voir    ri^li'ssa", 
48V 


Asséuijiii 
38. 


,1).J7 


Catul.  Uabbiiio 
»it/,i88'i,n''nï. 
rt  Stcinsr.hnol- 
.ler.  Calai.  lîodl., 
col.  \'^^^. 


TOME  XWl. 


64 


IBfKIWCIIIC     HAflOVALr, 


XIT*  Jlici  E. 


Perles,  Seiid- 
schrcibeii,  p.  xiv; 
Jahrl).  de  Br.,  IX , 
p.  73,  noie. 


Voir   ci-des<U'i. 
p.  â  i  1  .  11°  I. 


506  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

La  première  partie  est  divisée  en  trente  chapitres;  dans  le 

auatorzième,  nous  apprenons  que  notre  auteur,  se  rendant 
e  Largenlière  en  Egypte,  à  l'âge  de  trente-cinq'  ans,  s'ar- 
rêta au  Caire  pour  visiter  la  Médrésé  du  fameux  Maimonide 
(lisez  miDn  pour  mjon),  dans  l'espoir  d'apprendre  de  la 
bouche  de  ses  arrière-petits-enfants,  réputés  savants,  les 
explications  mystiques  que  donnait  Maimonide.  Son  at- 
tente fut  déçue,  car  la  famille  de  Maimonide  n'était  pas  ce 
qu'il  avait  cru.  Cependant,  grâce  à  un  séjour  prolongé  dans 
le  pays,  il  parvint  à  comprendre  certaines  expressions  bi- 
bliques qui  se  rattachent  aux  coutumes  de  l'Orient.  Deux 
ans  après,  à  l'âge  de  trente-sept  ans,  il  acheva  la  première 
partie  de  son  ouvrage,  le  jour  de  la  veille  de  la  Pentecôte 
de  l'année  [5o]77  =  7  mai  1317.  Il  était  alors  dans  son 
pays  natal,  à  Arles,  la  grande  ville  de  l'époque  aux  yeux 
des  juifs. 

Nous  avons  vu  que  le  Livre  du  mystère  fut  critiqué 
dès  i3i8,  un  an  à  peine  après  qu'il  avait  paru,  par  divers 
savants  et  notamment  par  le  fameux  Calonymos  ben-Calo- 
nymos.  Cet  ouvrage  méritait-il  le  bruit  qu'il  excita  ?  Nous 
en  doutons;  Caspi  était  plus  bavard  que  profond;  de  plus, 
il  se  montre  très  vaniteux,  quand  il  dit  à  plusieurs  reprises 
qu'il  veut  être  original  et  qu'il  n'est  pas  né  pour  répéter  ce 
que  les  autres  ont  dit.  Au  commencement  du  premier  cha- 
pitre, il  s'exprime  ainsi  :  «Sache  que  les  questions  que 
«  notre  ouvrage  renfermera  ne  se  rapporteront  pas  aux 
«sujets  faciles  traités  par  Ibn-Djannah,  Ibn-Qamhi  et  très 
«  souvent  par  Ibn-Ezra,  mais  que  tout  ce  qu'on  y  trouvera 
«sera  matière  profonde  et  grave,  dont  la  base  se  trouve 
«  dans  les  livres  de  philosophie.  Il  est  vrai  que  de  plus  sa- 
«vants  que  moi  auraient  dû  s'en  occuper;  mais  puisqu'ils 
«  ne  l'ont  pas  fait,  ce  n'est  pas  une  raison  pour  ne  pas  publier 
«  ce  qui  me  semble  important.  Quiconque  lira  cet  ouvrage 
«et  le  comprendra  en  reconnaîtra  la  profondeur  et  verra 
M  si  j'ai  réussi.  »  Nous  ne  trouverons  pas  un  tel  langage  chez 


'  Le  nombre  3i  (Ârcliives  des  missions,  3'  série,  t.  I,  p.  bbg)  est  une  faute. 


DU  XIV  SIECLE  507 

maître  Léon  de  Bagnols,  et  nous  n'avons  rencontré  rien  de 
semblable  chez  En  Bonet  de  Béziers,  qui  auraient  eu  plutôt 
que  Caspi  le  droit  de  se  vanter. 

La  doctrine  de  Caspi,  en  effet,  n'a  rien  de  bien  neuf. 
La  Loi  se  compose  de  deux  matières  (jid),  la  narration  et  les 
préceptes.  Moïse  ayant  atteint  le  degré  de  la  perfection, 
Dieu  lui  a  donné  la  Loi,  qui  est  essentiellement  parfaite, 
et  il  faut  croire  que  cette  loi  nous  vient  de  Dieu.  Dans  le 
deuxième  chapitre,  l'auteur  explique  pourquoi  il  sera 
bref  dans  ses  éclaircissements.  Du  troisième  chapitre  au 
septième,  Caspi  parle  des  préceptes  que  Maimonide  n'a 
pas  expliqués.  Du  huitième  au  dixième,  il  insiste  sur  ce 
point  que  la  loi  ne  peut  être  comprise  sans  la  connais- 
sance de  la  grammaire  et  de  la  logique.  Le  onzième  cha- 
pitre montre  qu'on  ne  doit  pas  prendre  pour  un  miracle 
toute  chose  qui  n'est  pas  reconnue  au  premier  moment 
comme  naturelle.  Le  douzième  chapitre  dit  que  la  Loi  est 
la  perfection  intellectuelle.  Dans  le  treizième,  Caspi  veut 
prouver  qu'il  n'était  pas  nécessaire  de  mentionner  spé- 
cialement dans  la  Loi  la  promesse  de  rétribution  dans  le 
monde  à  venir,  cette  promesse  étant  le  postulat  même  de 
la  prophétie.  Les  chapitres  xiv  à  xvi  ont  pour  but  d'expli- 
quer certains  passages  bibliques  par  les  différentes  cou- 
tumes des  pays.  Les  chapitres  xvii  à  xxi  se  rapportent  à 
la  prophétie;  Caspi  y  corrige  souvent  Maimonide.  Les  cha- 
pitres XXII  à  xxv  font  voir  comment  la  richesse  est  diverse- 
ment employée  par  le  sage  et  par  le  fou.  Le  vingt-sixième 
chapitre  montre  que  la  Bible  contient  d'excellentes  le- 
çons, nonobstant  quelques  passages  qui,  en  apparence, 
semblent  contraires  à  nos  idées.  Le  vingt-septième  chapitre 
dit  que  Moïse  raconte  également  les  événements  heureux 
et  malheureux  auxquels  il  a  pris  part.  Le  vingt-huitième 
chapitre  a  pour  sujet  les  bénédictions  et  les  malédictions. 
Le  vingt-neuvième  parle  des  miracles,  et  le  trentième  des 
épreuves. 

Dans  la  seconde  moitié  du  livre,  après  avoir  donné  sept 
règles  générales,  qu'il  appelle  les  sept  préceptes  de  Noé, 

6à. 


XIV'  SIÉCI.K. 


MV    SIECIE. 


508  LKS  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Caspi  conlinue  ses  explications  sur  le  Pentateucjue,  en  s'a|)- 
puyant  sur  la  troisième  partie  du  Guide  de  Maimonide. 
Cette  partie  contient  huit  chapitres  :  le  premier  va  de  la 
création  à  Noé;  le  second,  de  Noé  à  Abraham.  Ici  nous 
hsons  ce  qui  suit  :  «  L'auteur,  qui  cache  son  mystère 
«  (mo  Troon),  se  gardera  bien  de  répéter  ce  qu'il  a  dit 
«une  fois;  ce  serait  une  folie  sans  égale;  je  t'ai  déjà  dit 
«  que  je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  se  lèvent  de  bonne  heure 
«  pour  prier  comme  des  fous,  car  il  est  assez  temps  pour  cela 
«  à  midi.  »  Nous  avouons  ne  pas  comprendre  l'allusion. 
Disons  seulement  que  Caspi  se  répète  trop  souvent  dans  ses 
ouvrages;  il  se  cite  continuellement.  Le  troisième  chapitre 
va  d'Abraham  à  Isaac;  le  quatrième,  d'Isaac  à  la  mort  de 
Jacob  et  de  ses  fds;  le  cinquième,  du  commencement  de  la 
servitude  en  Egypte  à  l'achèvement  du  tabernacle;  le 
sixième  traite  du  Lévitique,  en  quelques  lignes  seulement; 
le  septième,  du  livre  des  Nombres  et  le  huitième  du  Deu- 
téronome.  Ces  deux  derniers  chapitres  sont  très  courts. 

Calonymos,  dans  sa  lettre  à  Caspi,  répond  presque  cha- 
iirciboii,  pitre  par  chapitre  au  Livre  du  mystère  ;  M.  Perles  a  indiqué , 
dans  sa  préface  à  l'édition  de  la  lettre  de  Calonymos,  la  corres- 
pondance des  deux  textes.  Calonymos,  comme  nous  l'avons 
v.n  n-dcssu»,  VU ,  u'cst  nullcmentconteut  dcs  travaux  de  Caspi.  Le  Guidede 
Maimonide,  sur  lequel  il  s'appuie  beaucoup,  devient  mécon- 
naissable chez  lui.  Caspi,  s'il  fallait  en  croire  son  critique,  te- 
nait surtout  à  briller  ;  poussé  par  cette  manie,  il  lançait  autant 
de  livres  qu'il  pouvaitdanslemonde,  sans  prendre 'garde  aux 
obscurités  et  aux  contresens  qu'ils  renfermaient.  Avec  son 
impatience  d'écrire,  il  lui  arrivait  parfois  de  déraisonner. 

Le  chapitre  intitulé  D"'3-iyn  no,  «  Mystère  des  estimations  » , 
qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Cambridge,  n°  47, 
à  en  juger  par  le  style  et  le  contenu,  n'est  pas  de  notre 
auteur,  bien  que  le  copiste  le  lui  attribue.  (Ca/a/.,p.  i33.) 

Notre  traité  se  trouve,  dans  les  deux  listes  et  dans  celle 
de  M.  Steinschneider,  sous  le  n°  i. 

XllI.  «)C3 ':nt<,  «  Soubassements  d'argent  ».  Ce  traité  for- 


.S.u.l 
\  I. 


it    SUIV. 


DU  XIV'  SIECLE. 


509 


mail  la  seconde  partie  du  Livre  du  mystère;  il  comprenait 

l'explication  des  livres  autres  que  le  Pentateuque.  L'anteur 

l'appelle  aussi  hvvn  o,  «  livre  de  similitude  »,  parce  qu'il  doit 

servir  de  guide  pour  l'application  de  la  méthode  logique  à 

d'autres  passages.  Il  fut  composé  vingt  ans  avant  la  liste, 

c'est-à-dire   en    i3ii    (d'après  B).  Ce   traité,  maintenant       Voir  ci-dessous 

perdu,  n'est  mentionné  par  Caspi  que  dans  l'épilogue  du    l'^^o.noie;. 

commentaire  sur  l'Ecclésiaste ,  à  moins  de  croire  que  quel-      Voir  d-cicssous 

ques  passages  cités  plus  haut  sont  tirés  de  ce  traité  plutôt 

que  des  commentaires  sur  les  livres  bibliques  auxquels  ils  se 

rapportent. 

Ce  traité  se  trouve  au  n"  -3  dans  les  deux  listes  de  l'au- 
teur et  dans  celle  de  M.  Steinschneider. 


p.  5 18. 

Voir    ci-<lessus , 
|>.  .^ç)^  vt  suiv. 


XIV.  »)C3  •'piîD,  «  Bassins  d'argent  »  (tel  est  le  vrai  titre,  et 
non  pnto,  comme  porte  B),par  allusion  au  passage  biblique, 
Nombres,  vu,  84-  Cet  ouvrage  a  pour  but  d'expliquer  les 
pages  relatives  à  la  création  et  d'en  montrer  la  tendance. 
Dans  A,  Caspi  se  vante  encore  d'avoir  trouvé  de  nouvelles 
explications.  Aucune  bibliothèque,  à  notre  connaissance,  ne 
possède  cet  ouvrage. 

Ce  traité  est  le  n°  7  dans  les  deux  listes  et  dans  la  liste 
de  M.  Steinschneider. 


XV.  »iDD  nnotç,»  Faucilles  d'argent  »,  commentaire  sur  Job, 
intitulé,  dans  B,  i4,  »id3  jn'je;,  «Table  d'argent».  Le  pre- 
mier titre  indique,  dans  B,  12,  un  commentaire  sur  les 
Psaumes  (Usez  n^"'t?lP).  D'après  B,  1 4,  Caspi  dit  ce  qui  suit  : 
•  Dans  ce  traité,  j'ai  expliqué  le  livre  de  Job  d'une  manière 
«  merveilleuse,  quoique  parfois  autrement  que  Maimonide.  » 
Voici  la  traduction  libre  de  la  préface,  d'après  le  manuscrit 
unique  de  Munich,  n"  2  65. 

«  Joseph  ibn-Caspi  dit  :  Après  avoir  loué  Dieu ,  je  m'excuse 
«detre  obHgé  de  critiquerles  commentateurs  qui  m'ontpré- 
«  cédé,  comme  je  l'ai  toujours  fait  en  tête  de  mes  autres 
«  livres,  savoir  le  Sépher  has-Sod  et  le  Sépher  ham-Maçreph. 
«  Le  seul  reproche  qu'on  pourrait  me  faire,  c'est  de  n'avoir 
3  s 


Voirci-dosous, 
537. 


Voir   ci-dessus , 
5o5. 

Voir  ci-dessus. 


X.»- SIÈCLE.        5*0  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  pas  compris  leurs  explications.  Après  cela  je  dirai  que  le 
«  savant  accompli  R.  Moïse  [Maimonide]  a  établi ,  dans  le  dix- 
M  septième  chapitre  de  la  troisième  partie  de  son  Guide,  les 
«différentes  opinions  qui  partagent  les  hommes;  il  a  men- 
«  tionné  celles  d'Aristote,  des  sectes  ascharites  et  niotazélites , 
M  plus  l'opinion  de  notre  Thora.  » 

Caspi  donne  ces  opinions  en  abrégé,  puis  expose  ses 
propres  explications,  qui  sont  tantôt  en  accord,  tantôt  en 
désaccord  avec  Maimonide.  Voici  ce  que  notre  auteur  pense 
du  livre  de  Job.  Job  a  certainement  existé,  et  il  était,  comme 
le  texte  le  dit,  intègre,  juste,  craignant  Dieu.  Ses  trois  amis 
se  fâchèrent  contre  lui,  parce  qu'il  prétendait  que  Dieu 
avait  commis  une  injustice  en  lui  imposant  de  telles  souf- 
frances. Tous  les  trois  croyaient  à  la  justice  qui  punit;  Eli- 
hou  est  plus  indulgent;  car  il  sait  qu'on  ne  peut  pré- 
tendre à  la  vertu  suprême  comme  celle  de  Moïse  que  par 
l'observation  des  6 1 3  commandements.  On  voit  que  Caspi 
s'attache  à  la  lettre  du  texte  et  toujours  dans  le  sens  ortho- 
doxe. Après  une  longue  introduction,  dans  laquelle  il  cite 
et  discuté  les  opinions  mentionnées,  il  donne  un  court 
commentaire  du  texte  (fol.  53  à  58). 
Fol.  58*.  Ce  commentaire  est  suivi  d'un  abrégé,  intitulé  ern^D  ii^p 

arK,  «  Commentaire  abrégé  sur  Job».  Caspi  commence  par 
faire  douze  objections  à  l'opinion  de  Maimonide  et  ajoute  la 
sienne,  qu'il  a  déjà  développée  dans  son  grand  commentaire. 
Nous  mentionnons,  à  titre  de  curiosité,  le  passage  suivant 
qui  se  trouve  vers  la  fm.  A  propos  du  passage  «  et  on  ne  trou- 
«  valt  pas  d'aussi  belles  femmes  que  les  filles  de  Job  »  (xlii, 
1 5),  Caspi  dit  que  «  c'est  le  plus  grand  éloge  que  nous  puis- 
«  sions  donner  en  général  à  une  femme,  et  c'est  en  cela  que 
«  consiste  son  bonheur.  Tout  homme  distingué  devrait  porter 
«  là-dessus  son  attention  et  se  marier  avec  une  femme  dis- 
«  tinguée,  puisque  Dieu  a  voulu  qu'on  se  marie,  et  quoique 
«  moi-mêmeje  n'aie  pas  observé  cette  règle  »:n'7iyDn  ttnn  naon  nn 
Jinin"?  uiST  ma  v^s  irr"  nna:  dik  "731  nnn"7sn  K\ni  ana  nvttn  'rSn'?  Sauw 

De  l'épilogue  qui  suit  (si  toutefois  Caspi  l'a  écrite  ce  à 


DU  XrV'  SIÈCLE.  511 

quoi  rien  ne  s'oppose),  il  est  permis  de  conclure  que 
notre  auteur  avait  plusieurs  enfants  et  qu'il  était  riche. 
Nous  en  donnerons  un  morceau  :  o'jiyn  mairoo  mK-)"?  iiDr  a-^nhnn 
u^ja"?!  u'7  p''Dd:w  hd  □•'Jisjn  onann  in-'i  D''J"Jpni  loyn  ]Dt  »)ijn  mWo  ntn 
•«'jnj  nn-'ij  |>3  u'nuai  «•'33  a""»!!!"?!  li-'oy'?  nwy'?  U"na  irrana  n"''?e?n'7 
lï  a-'p^p»  Dnani  o^pm  m  noiw  n"?sD3i  n^porDO  d-'T'W»  pooa  nn'm  Dn''n 
pK  D-'pns  W  ^nmoa  djdji  «an  ah^v^  riaiQ"?  utid  nnK  ijy-in  uniN  naw» 
nn  iDx  •  Que  Dieu  nous  accorde  de  jouir  des  biens  terrestres  et 
«  d'autres  bonnes  choses,  afin  que  nous  puissions  placer  nos 
«  fils  et  filles  parmi  les  nobles  et  les  riches,  ainsi  que  parmi 
«les  savants  1  etc.  » 

Ce  traité  se  trouve  sous  le  n'  1 4  A  dans  Ténuméralion  de 
M.  Steinschneider. 

XVI.  »iD3rm:D,  «Flambeau  d'argent».  Ce  traité  com- 
mence, dans  le  manuscrit  de  Munich,  par  les  quatre  hémi- 
stiches suivants,  contenant  le  titre  de  l'ouvrage,  le  nom  de 
l'auteur  et  le  mot  »)Da  qu'on  trouve,  mutatis  mutandis,  en  tête 
de  plusieurs  autres  traités  de  Caspi  : 

*\ov  jj^sa  jnu  mt»3     «]D3  miao  noo  airaV  Shki 
*)oa3  là^  D3n3  "jwi     *|dv  n^w  n"»  mno  vVjV 

Le  livre  est  divisé  en  quatre  parties,  renfermant  un  com- 
mentaire sur  le  Char  de  Dieu.  Le  nombre  quatre,  dit 
Caspi,  répond  aux  quatre  chevaux  par  lesquels  un  attelage 
devient  complet.  Les  quatre  parties  traitent:  i°  des  passages 
u'on  trouve  dans  le  Pentateuque,  Jivre  révélé  et  digne  de 
m,  concernant  soit  la  création  du  monde,  soit  l'ordre  du 
monde;  peu  importe  que  le  saint  livre  contredise  Platon 
et  Aristote  ;  Dieu  n'a  rien  de  commun  avec  ces  deux  philo- 
sophes; 2°  des  passages  qu'on  trouve  sur  le  même  sujet  dans 
Isaïe;  3°  dans  Ézéchiel;  4°  dans  Zacharie.  Caspi  écrivit  ce 
traité  à  l'intention  de  son  fils.  Salomon,  afin  de  l'initier  à 
la  théologie,  qu'il  devra  étudier  une  fois  arrivé  à  l'âge 
prescrit  par  le  Talmud  pour  witrer  dans  le  paradis  (choses 
mystérieuses,  enseignements  réservés).  Dans  le  prologue, 


XIV     MËCLK. 


l 


XIV    SIECLE. 


r 


512  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

intitulé  nntiBD,  «  les  clefs  »,  Caspi  dit:  «  Je  sais  que  beaucoup 
«  de  juifs  d'une  éducation  inférieure  me  blâmeront  pour 
«  avoir  transgressé  la  recommandation  que  les  sages  ont 
«  faite  de  ne  pas  s'occuper  de  ces  mystères.  Ils  me  re- 
«  procheront  même  d'avoir  violé  l'engagement  [pris  dans  le 

Voir  n-rio^siis,  ,,  Livre  du  mystère],  en  écrivant  des  commentaires  sur  le 
«  Guide  des  Egarés.  Hélas!  ces  gens  d'un  esprit  pauvre  s'oc- 
«  ciipent  de  ma  vie  et  ne  pensent  pas  à  la  leur,  qui  est  vide 
«  de  la  science  appelée  la  connaissance  des  fondements  de 
«  h  Thora.  Ne  sont-ils  pas  eux-mêmes  des  incrédules,  s'ils 
«  no  s'occupent  pas  des  cinq  premiers  préceptes  mentionnés 
M  par  Maimonide  et  que  les  sages  appellent  Pardès?  Ils  me 
M  font  ces  reproches  parce  qu'ils  m'aiment,  disent-ils,  et 
Il  qu'ils  craignent  que  je  ne  transgresse  les  obligations  et 
<i  mon  serment.  Mais  s'ils  savaient  que  j'ai  gagné  dix  pièces 
«  d'or  et  que  je  veux  les  leur  donner,  ils  diraient  qu'il  n'y  a 
«  pas  d'homme  sur  la  terre  plus  juste  que  moi.  Je  déclare 
Il  publiquement  devant  Dieu  que  je  ne  commets  aucun  pé- 
«  ché  par  la  publication  de  cet  écrit,  et  cela  pour  plusieurs 
«  raisons  :  i°  je  n'écris  ce  traité  que  pour  mon  fils,  afin  qu'il 
«l'étudié  à  l'âge  prescrit  par  les  sages;  2°  je  ne  révèle  rien 
«que  la  vérité,  n'ayant  jamais  reçu  la  tradition  d'aucun 
«  mystère,  ni  oralement,  ni  par  des  livres;  je  jure  que  je 
«  n'ai  jamais  demandé  à  personne  de  m'en  communiquer 
«un  seul;  3"  celui  qui  a  permis  à  Maimonide  d'expliquer 
(1  certains  mystères,  comme  il  le  dit  dans  la  préface  de  son 
«  troisième  volume  du  Guide,  me  permet  également  d'en 
«  expliquer  d'autres;  4°  je  ne  fais  que  m'occuper  des  paroles 
«  des  philosophes  (Aristote  et  ses  collègues)  relatives  aux 
«  trois  mondes  ;  c'est  ce  que  nous  appelons  l'histoire  du 
«Char.  Leurs  livres  cependant  sont  répandus  partout, 
«  quoique  malheureusement  ils  soient  peu  connus  de  notre 
«nation.» 

Avant  d'attaquer  la  question  du  monde  supérieur  (il  a 

Voir  fi-dessus,   été  parlé  des  deux  autres  mondes  dans  le  livre  intitulé 
''  ^'*'  »ic3  piio),  Caspi  traitera  des  différents  noms  de  Dieu  qu'on 

trouve  dans  la  Genèse,  à  savoir  de  Jahvé,  d'Éloliim  et  des 


Voir  (-i-de'su'i 
n.  /, 


DU  XIV'  SIECLE. 


513 


.\U     MtCl.K. 


deux  réunis.  Pour  entrer  dans  cette  question,  Caspi  écrit 
une  préface,  intitulée  a^nhn  ii,  «  lampe  de  Dieu»,  dans  la- 
quelle il  expose  les  théories  sur  l'être  d'après  Arislote  et  les 
commentateurs  Averroës,  Alexandre  [d'Aphrodisc],  Avi- 
cenne,  Plolémée  {cvmc'73)  et  d'autres  qui  ont  pillé  Arislote. 
Dans  le  courant  de  ces  e.xplications,  oîi  il  est  dit  qu'Élohini, 
d'après  Moïse,  a  créé  le  ciel,  la  terre,  le  monde  des  intel- 
ligences, et  qu'en  général  Dieu  est  l'auteur  et  le  créateur 
des  intelligences  des  planètes,  des  éléments  et  de  tout  ce 
qui  en  est  composé,  on  lit  le  passage  suivant,  reproduit 
par  M.  Kirchlieim,  d'après  un  manuscrit  incorrect.  Voici  le 
texte  d'après  le  manuscrit  d'Oxford  n°  i63i  du  nouveau 
catalogue  ',  fol.  1  2'  :  o^:d  inoi  jpn  ^»c;  byi  «dvd  jp»*?  d''3d  ttvtt  t(b^ 
hit  "iVioh  njsinm  yiKn  "jk  ntaanm  wysn  rosy  dv  m'onn  Vvca  »iByrDi 
.  ]^Vl\>  ON  s?T!nD  oWjn  nx  rpiae?nD  Vsi  lors  m  «  Je  n'épargnerai  pas 
«  un  vieillard  de  notre  nation ,  qui  s'enveloppe  du  manteau  de 
«  la  piété,  clignant  des  yeux,  regardant  à  terre,  penchant  la 
M  tête  sur  son  épaule ,  et  dont  toutes  les  pensées  se  réduisent  à 
«  se  demander  si  le  monde  est  créé  exnihilo  ou  s'il  est  éternel.  » 
Cette  tirade  vise  très  probablement  Lévi  ben-Abraham ,  qui , 
semble-t-il,  avait  offensé  Caspi  par  une  réponse  à  son  Livre  du 
mystère.  Plus  loin,  Caspi  s'exprime  ainsi  :  'dn  ■'jn'?''  tvit  av 
nry  i:Dt  is  lioi  mit  -m  Vt  n-non  loja  Ti^ni  cana  'oimp  n"?  13  ^n3  iiT»  "jn 
D'-iCi*  •'h  ni  'jKi  VT«  ■?»  D''D  "rps'i  non  Ti^n  an  •'3  «^^f  nixa  1^«  "'r''NT 
nn33  naai  nyoïi  ja"?  axD  nSvD  nri>n  [••a]  Tawn  "«a  rja  Vk  ncnso  rm"?  Tiuin 
irnjiya  nj.  «  Que  le  jour  où  ma  mère  m'a  enfanté  ne  soit  pas 
«béni!  Car  si  j'étais  né  à  l'époque  de  Maimonide  ou  peu 
«  après,  j'aurais  été  éclairé  par  sa  lumière.  Il  y  a  vingt  ans 
«je  me  suis  empressé  d'aller  en  Egypte  chez  ses  enfants,  car 
«j'avais  cru  que  la  supériorité  descend  du  père  au  fils  ;  mais 
«  par  malheur  la  lumière  de  Maimonide  est  éteinte.  » 


VVcurirh , 


Konini. 
iiotr  3. 


p.   n. 


(iatal..    ol.  56i). 


M-.,  fol    19. 


Le  manuscrit  d'Oxford  n°  j  63 1 ,  vers  la  fin,  contient  en- 
core une  note  sur  l'Exode,  qui  nous  semble  être  de  Caspi; 
elle  finit  par  les  mots  "jnj  iio  inn,  «  c'est  un  grand  mystère  ». 

L'ouvrage  est  noté  à  tort ,  d'après  un  titre  moderne ,  comme  étant  le  HHD 
min,  tandis  que  c'est  le  fjoa  mUD;  le  commencement  manque. 

TOME  .YXXI.  65 

3  5  1^  ..,.,...,.  .......... 


XIT'  SIICI.K 


514  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Ce  traité  est  désigné  par  le  n"  8  dans  les  trois  listes  des 
œuvres  de  Caspi. 

XVII.  «103  mjn  ',  «  Ceinture  d'argent»,  commentaire  sur 
Esdras  et  les  Chroniques. 

A.  Le  commentaire  sur  Esdras  se  trouve  dans  le  manu- 
scrit n°  3G2  de  la  Bodléienne  (nouveau  catalogue).  L'au- 
teur dit  qu'il  sera  court,  le  livre  d'Esdras  n'ayant  pas  besoin 
de  commentaire.  Il  cite  le  Josippon  et  renvoie,  pour  les  qua- 
lités de  Dieu  mentionnées  par  Esdras,  à  son  ouvrage  non  en- 
core composé ,  intitulé  n  ixik. 

B.  Caspi  use  de  la  même  brièveté  pour  les  Chroniques, 
disant  qu'il  ne  veut  rien  voler  aux  autres,  et  que  son  in- 
tention est  de  ne  donner  que  des  nouveautés.  Il  adopte  l'opi- 
nion de  Maimonide  pour  ce  qui  concerne  la  généalogie  com- 
mençant par  les  noms  d'Adam,  Seth,  Enosch,  en  omettant 
Gain  et  Abel.  Il  joue  sur  le  mot  b^n  (  Abel) ,  disant  que  tout  est 
vain  (San)  dans  l'histoire  qui  commence  par  Abel,  et  que  cette 
généalogie  est  un  mythe.  Il  cite  Galien,  l'Éthique  d'Aristote, 
il  renvoie  à  son  livre  n  ijtk  pour  plusieurs  passages  qui  ont 
besoin  d'être  exphqués,  par  exemple  pour  celui  qui  rap- 
porte que  David  aurait  tué  les  prêtres  de  Nob  et  pour  plu- 
sieurs autres  qui  renferment  des  mystères.  Sur  le  ])âssage 
I  Chron.  XIII,  lo,  Caspi  dit  ce  qui  suit:  inxn  'jy  n^  nhv  -!»«  bs 
^\^van  irai*  ■'3  av  udi^d  "i331  bvn  Sï  "îkidc?  3ni3  an3«f  no  niion  nt  njn 
DJomK  "'iKin  \D  irv  aV  rrnaj  M^ivv  «;kb"'T'0''B  onsijV  p^nvon  loann  ]:i 
»T  nhz.  «  Le  mot  rhv  est  synonyme  de  hvn  que  donne  Samuel 
«  (II,  VI,  7),  et  que  nous  avons  expliqué  dans  le  sensd'«  er- 
M  reur».  Le  traducteur  des  chrétiens  le  rend  par  temeritas, 
•  c'est-à-dire  courage  exagéré,  comme  en  langue  vulgaire  le 
«  mot  ardiment  se  prend  en  mauvaise  part  « 

Ce  titre  d'ouvrage  se  trouve  dans  la  liste  A ,  n"  1 6,  comme 
appartenant  à  un  commentaire  sur  les  Proverbes;  dans  B  et 
dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  ce  traité  porte  le  n"  1 8. 

Voir  ri  dessous,       XVIII.  »jD3  nB3,  •  Coupcs  d'argent».  Dans  la  liste  A,  10, 

p.  S.io. 

'  Ce  titre  *e  trouve  dam  ie  pott-fcriplum  da  manuscrit  oaiqne  d'Oxford. 


DU  XIV  SIÈCLE. 


515 


XIV    SIKCLR. 


ce  titre  se  rapporte  à  deux  dissertations  d'exégèse.  D'après 
la  liste  B,  c'est  un  commentaire  sur  les  livres  deRuth  et  des 
Lamentations.  (Voirn"  lo,  p.  54o.) 

A.  Ruth.  Caspi  dit  dans  la  préface  :  «  J'ai  vu  la  terre  dé- 
«  vastée  et  ses  habitants  en  train  de  mourir  (Isaïe,  li,  6),  et 
«  il  ne  reste  dans  ce  bas  monde  que  des  gens  de  peu  d'intel- 
«  ligence.  Je  me  suis  donc  proposé  d'étudier  les  livres  saints, 
«  en  commençant  par  le  Pentateuque,  qui  est  la  base,  et  en 
«continuant  par  ces  deux  Megiiilloth,  qui  renferment  des 
«  faits  et  des  narrations.  Nous  avons  achevé  d'abord  le  com- 
a  mentaire  sur  le  Pentateuque  (il  est  difficile  de  savoir  si 

•  Caspi  fait  allusion  au  commentaire  simple  ou  au  Livre 
«  du  mystère)  ;  puis  j'ai  passé  aux  deux  autres  livres,  quand 
«j'ai  vu  que  la  communauté  récite  le  livre  de  Rulh  le  jour 
«de  la  Pentecôte,  comme  elle  récite  à  haute  voix  le  livre 
«  des  Lamentations   la  veille  du  9  ab  (jour  de  la  destruc- 

•  tion  du  Temple),  et  le  livre  d'Esther  la  veille  de  Pourim. 
«  Ces  lectures  sont,  sans  aucun  doute,  une  bonne  chose 
«  et  s'adaptent  à  la  solennité.  Mais  il  serait  nécessaire  d'en 
«  comprendre  d'abord  le  sens  avant  d'en  faire  la  récitation. 
«C'est  pourquoi  je  compose  ce  commentaire,  comme  j'ai 
«  fait  pour  les  autres  livres  de  l'Ecriture  sainte.  Je  serai 
«  très  court  cette  fois  ;  car  ce  que  mes  prédécesseurs  ont  écrit 
«suffit  jusqu'à  un  certain  point;  il  n'y  a  que  peu  de  pas- 
«  sages  sur  lesquels  j'aurai  quelque  chose  de  nouveau  à 
«  dire.  » 

Le  but  du  livre  de  Rulh  est,  selon  Caspi,  la  généalogie  de 
David;  mais  il  y  a  toujours,  comme  dit  Maimonide,  un  côté 
moral  dans  toutes  ces  narrations.  Caspi  renvoie  ici  à  son 
ouvrage  intitulé  »)D3  ptb.  Comme  dans  ses  autres  livres,  il 
donne  des  explications  de  grammaire  et  de  lexicographie, 
disant  souvent  «et  c'est  la  même  chose  dans  l'usage 
«du  ""Dn,  roiimi  (latin  ou  provençal)  ».  11  se  sert  aussi  de 
la  logique.  Il  renvoie  pour  les  trois  verbes  rfbn,  Swj,  »)'?w,  qui 
s'appliquent  à  la  chaussure,  à  ses  explications  sur  Ezéchiel 
(peut-être  dans  le  nos  nuo);  à  la  fin,  il  renvoie  à  son  n  ^x^K, 
non  encore  composé. 

65. 


Mj.  dOxford. 
fol.  8i  '. 


Voir  ci-dessus 
5ii ,  art.  XVI. 


XIV     SIECLE. 


Calai.  (I),'  (^aiii- 
liriilgp,  |).  207. 


nnJK,  II. 


Kiiclilicini 
KoDim..  |>.  IV. 


r,ii(yclo|>a'<iic 
05,  noir  '10' 


Voiiii-desious, 
]t.  533. 

Voir    ci-dessiis , 
\>.   I97.   irviii. 


516  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

On  trouve  des  manuscrits  de  ce  commentaire  à  .Munich 
n°  265,  et  à  Cambridge  n°  64- 

Ce  traité  e.st  le  n°  i5  de  la  liste  A,  le  n°  16  de  la  liste  B 
et  le  n°  i5  A  dans  la  liste  de  M.  Steinschneidcr.  Le  n°  10 
de  la  liste  A  n'a  que  le  titre  de  commun  avec  l'ouvrage  dont 
nous  venons  de  parler. 

B.  Lamentations.  Le  commentaire  sur  les  Lamentations 
a  été  imprimé  dans  la  lettre  28  de  feu  M.  Reggio,  d'après 
un  manuscrit  de  .sa  bibliothèque.  Il  a  été  réimprimé  à  Vienne, 
dans  le  livre  intitulé  n^:a  pVx  (i853).  Quelques  passages 
douteux  pourraient  être  corrigés  à  l'aide  d'autres  ma- 
nuscrils.  Ainsi,  v,  G,  il  faudrait,  avec  les  manuscrits*  de 
Munich  et  d'Oxford,  lire  «m  ]Di  'jic  au  lieu  de  f\vj.  Les  Lamen- 
tations, selon  Caspi,  ont  été  écrites  par  Jérémie  et  forment 
un  supplément  de  son  livre;  le  troisième  chapitre  se  rap- 
porterait à  .sa  propre  personne.  En  cet  ouvrage  plus  qu'ail- 
leurs, Caspi  allègue  des  rai.sons  tirées  de  l'arabe  (il  men- 
tionne le  Targum  et  la  traduction  arabe  du  Pentateu([ue 
par  Saadiah;  il  cite  Ibn-Djannah,  fait  des  renvois  à  Platon 
et  à  Aristote.  Parmi  ses  propres  écrits,  il  mentionne  le  'n  isin, 
non  encore  composé,  et  le  a^ycn  ntc,  déjà  écrit. 

Les  manuscrits  de  ce  commentaire  se  trouvent  à  Munich, 
2654;  à  Oxford,  35 1 ,  3;  362,  i*";  à  Cambridge,  64- 

Ce  commentaire  est  le  n°  i5  de  la  liste  B  de  l'auteur 
el  1 5  B  de  celle  de  M.  Stein.schneider. 


n    1 09 1 , 


l'aris, 


XIX.  r\c3  ^h^hi^  «  Rouleaux  d'argent»,  commentaire  sur  le 
livre  d'Esther.  Caspi  dit,  dans  une  courte  préface,  que  la  vo- 
lonté de  Dieu  l'a  amené,  en  l'année  6091  (i33i),  dans  la 
grande  ville  de  Majorque,  où  il  s'est  arrêté  pendant  six 
mois.  «J'y  ai  joui,  dit-il,  de  l'amitié  du  médecin  le  cohen 
M  don  Eléazar  ben-Adrut  (omN),  et  d'autres  notabilités  de  la 
«  ville.  Pendant  le  temps  de  mon  séjour  avec  eux,  j'ai  tiré 
«  de  mon  trésor  de  la  «  vaisselle  d'argent  »  (jeu  de  mots  :  '<r\-<vy 
«»1D3"''73"'dd3d;  ces  deux  mots  représentent  le  titre  de  l'en- 
«  semble  de  ses  ouvrages,  «mon  argenterie»),  en  trouvant 
«des  nouveautés;  car  grâce  à  Dieu  j'en  ai  en  abondance 


DU  XIV  SIECLE.  517 

«  (irK»)03  3i).  Ainsi  j'ai  composé  lo  commentaire  sur  Esther, 
M  parce  que  ce  livre  renferme  des  mystères  que  mes  pré- 
<(  (lécesseurs  ont  en  vain  essayé  de  pénétrer.  J'ai  laissé  ce 
u  commentaire  comme  souvenir  à  mes  amis  de  Majorque,  et 
«  de  cette  ville  je  me  suis  rendu  à  Barcelone  au  mois  do. 
«schebat  6092  =  janvier  i332.^)  Càspi  dit  ensuite  que 
beaucoup  d'écrivains  avant  lui  ont  commenté  ce  livre,  mais 
que,  selon  son  habitude,  il  ne  prendra  rien  aux  autres;  car  il 
a  toujours  l'intention, dans  ses  écrits,  ou  de  réfuter  ce  qui  a 
été  dit,  ou  de  donner  des  explications  nouvelles,  auxquelles 
ses  prédécesseurs  n'ont  pas  pensé. 

Caspi  s'efforce  surtout  de  prouver  par  la  logique  que  les 
lettres  et  décrets  mentionnés  dans  Esther  ne  se  contredisent 
pas  les  uns  les  autres,  comme  Abraham  ibn-Ezra  a  voulu  le 
soutenir.  Dans  un  supplément  à  ce  commentaire,  (jui  se 
trouve  dans  le  manuscrit  36i  de  la  Bodléienne  (le  com-  (.^.tai 
mentaire  lui-même  manque),  Caspi  fait  une  dissertation 
étendue  sur  le  vav  conversif,  et  explique  pourquoi  les  juifs 
ont  eu  finalement  le  dessus  sur  les  païens,  tels  que  les  Egyp- 
tiens, les  Chananéens.  H  cite  ici  l'Ethique  d'Aristote  (mcn  o) , 
et  il  renvoie  pour  de  plus  amples  détails  à  son  commen- 
taire sur  le  Pentateuque.  A  la  fin,  dans  le  manuscrit  de 
Munich,  Caspi  énonce  sur  le  livre  d'Esther  un  jugement  qui 
n'est  pas  celui  de  la  critique  moderne  :  «  Dans  ce  livre  il  y 
«a  d'excellentes  choses;  car  le  grand  sage  Mardochée  l'a 
«composé,  et  le  livre  appartient  à  la  classe  des  livres  pro- 
«  phétiques,  inspirés  par  le  souffle  divin  (Caspi  renvoie  pour 
«  les  différents  degrés  de  la  prophétie  au  Guide  des  égarés). 
«  Tous  les  prophètes  ont  suivi  la  trace  de  la  loi  sainte,  c'est- 
«  à-dire  qu'ils  ont  donné,  dans  toutes  leurs  narrations,  l'en- 
«seignement  des  sciences  et  de  l'éthique,  comme  je  l'ai  ex- 
«  pliqué  ailleurs.  Car  il  est  impossible  à  la  raison  saine  de 
«concevoir  que  les  prophètes  aient  composé  des  livres  avec 
«  des  contes  de  femmes,  et  de  penser  que  Mardochée  aurait 
«  écrit  l'histoire  d'Assuérus ,  d'Esther,  dé  la  ville  de  Suse  et 
«d'Aman  comme  une  simple  fable.  Non,  il  y  a  dans  tout 
«cela  une  intention  supérieure,  comme  R.   Isaac  l'a  dit 


\l>     SIECI.t.. 


Xlï'  MÈCl.t.. 


518 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


«  (nous  ne  savons  pas  quel  est  cet  Isaac).  Parmi  les  mystères 
«que  le  livre  d'Esther  renferme,  il  en  est  un  qui  n'est  pas 
«  aouleux  :  c'est  celui  de  la  providence  de  Dieu  et  de  sa 
«  bienveillance  pour  nous,  si  nous  nous  adressons  à  lui  en 
«  priant  et  en  jeûnant.  » 

On  trouve  des  manuscrits  de  ce  commentaire  à  Paris, 
n°  1092,  5,  età  Munich,  n°  265,  3. 

Ce  commentaire  est  le  n°  19  de  la  liste  A,  le  n°  16  de  la 
liste  B  et  de  celle  de  M.  Steinschneider. 


XX.  «1C3  mxisn,  «Trompettes  d'argent».  Dans  la  liste  A, 
n"  12,  ce  titre  se  rapporte  seulement  au  commentaire  sur 
l'Ecclésiaste ,  tandis  que  le  commentaire  sur  les  Proverbes 
est  intitulé  »iC3  nun. 

A.  Commentaire  sur  le  livre  des  Proverbes,  achevé  à  Ta- 
rascon,  ville  où  demeurait  Caspi  (d'après  le  manuscrit  de 
Munich,  n°  266,  1),  dans  le  mois  de  schebat  6090  =  jan- 
Komm.  p.  Mt.  vier  1829  ou  i33o.  C'est,  comme  le  dit  M.  Kirchheim,  le 
meilleur  des  commentaires  de  notre  auteur,  si  toutefois  on 
peut  accorder  aux  commentaires  de  Caspi  une  valeur  exégé- 
tique,  La  préface  est  très  courte  :  «  Caspi  (dans  le  ma- 
«  nuscrit  de  Munich  ben  Sodi)  dit  :  Ce  livre  est  analogue 
M  aux.  livres  des  sentences  des  philosophes;  il  ne  contient 
«  selon  moi  aucun  mystère;  tout  peut  s'y  expliquer  littérale- 
«  ment.»  Quant  à  la  composition  du  livre  biblique,  Caspi 
dit  (chap.  x)  avoir  déjà  exprimé  l'avis  que  Salomon  n'est 
pas  l'auteur  du  livre  des  Proverbes  d'un  bout  à  l'autre, 
mais  qu'il  a  dit  ces  proverbes  à  ses  serviteurs  et  à  ses 
princes,  d'après  le  verset  :  «Heureux  tes  serviteurs  et  les 
«  hommes  qui  se  tiennent  devant  toi  et  qui  écoutent  tes  pa- 
«  rôles  (II  Chron.,  ix,  7).  »  Ce  sont  donc  les  princes  qui  les 
ont  mis  par  écrit;  c'est  pourquoi  on  a  employé  le  pluriel  »  Pro- 
«  verbes  ».  A  propos  du  chapitre  xxiv,  Caspi  dit  qu'on  trouve 
en  cet  endroit  la  preuve  que  Salomon  n'a  pas  composé  tout  le 
livre  et  ne  l'a  pas  ordonné  comme  nous  l'avons,  mais  qu'il  a 
dicté  ou  écrit  ses  sentences  isolément,  les  unes  un  jour  et 
les  autres  un  ou  deux  ans  plus  tard.  Pendant  sa  vie  ou  après 


DU  XIV*  SIECLE.  519 

lui,  les  gens  de  Jérusalem  ont  copié  successivemenl  ses  pa- 
roles, de  sorte  que  les  dernières  ne  furent  publiées  qu'au 
temps  d'Ezéchias,  roi  de  Juda;  car  ce  roi  était  un  grand 
sage.  En  cherchant  dans  ses  trésors,  les  «  gens  d'Ezéchias  » 
(Prov.,  XXV,  i)  auront  trouvé  un  nouveau  recueil  salo- 
monien,  l'auront  copié  et  ajouté  au  précédent. 

Ici,  Caspi,  répétant  sa  pensée  favorite,  dit  qu'il  n'est 
pas  fait  pour  copier  des  livres  et  des  commentaires,  qu'il 
veut  toujours  être  original.  Dans  ce  commentaire  encore 
Caspi  parle  amèrement  des  critiques  qui  lui  reprochent  de 
s'être  adressé,  dans  son  livre  Sod,  «  à  ses  fds  » ,  comme  si  tous 
les  hommes  étaient  ses  enfants.  Caspi  affirme  que  ses  com- 
mentaires sont  bien  réellement  destinés  à  son  fds  aîné,  qui 
est  à  Barcelone.  Salomon  a  fait  de  même,  quand  il  a  écrit 
ses  Proverbes  pour  son  fds  Roboam,  et,  comme  disent  les 
sages,  chaque  père  fait  des  recommandations  à  son  Gis.  Caspi 
cite,  dans  les  Trompettes  d'argent,  son  commentaire  sur 
le  Pentateuque,  qui,  à  en  juger  d'après  les  passages  cités, 
devait  être  plutôt  grammatical  que  mystique;  il  dit  souvent 
qu'il  faut  suivre  aveuglément  les  massorètes. 

Dans  un  épilogue  que  présentent  presque  lous  les  ma- 
nuscrits, Caspi  a  un  moment  de  modestie  :  il  reconnaît 
que  ce  serait  une  grande  prétention  de  sa  part  de  se 
croire  destiné  à  dire  des  choses  que  ses  prédécesseurs  ne 
savaient  pas.  Non,  il  n'a  voulu  composer  ses  commentaires 
que  pour  f  usage  de  son  fds,  qu'il  a  fait  sortir  de  ce  «  pays 
«  maudit  »  pour  le  placer  à  Barcelone  parmi  les  nobles.  En 
l'éloignant  de  lui,  Caspi  a  voidu,  du  moins,  lui  apprendre  la 
morale,  parce  qu'il  l'aimait  (Prov.,  m,  i  a).  Le  roi  Salomon 
a  fait  de  même  pour  son  fds  Roboam;  il  le  choisit  d'entre 
toute  la  nation  pour  être  son  successeur,  et  il  composa  pour 
lui  ce  livre  des  Proverbes,  afin  de  le  guider  dans  la  vie  et  de 
le  maintenir  dans  la  sagesse.  Mais  Dieu  ne  favorisa  pas  les 
desseins  de  Salomon.  Roboam  fut  brisé  parce  qu'il  ne  mar- 
chait pas  selon  les  recommandations  de  son  père.  Caspi,  en 
conséquence,  exhorte  son  fils  à  toujours  suivre  les  conseils 
paternels. 


\IV'  SIÈCLK. 


\IV    SIECl.F. 


520  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


hiioar 


Les  manuscrits  de  noire  commenlairo  sont  assez  rares; 
on  en  trouve  à  Paris,  n"  i84,  3,  et  à  Munich,  n"  365,  i. 

13.  Deuxième  partie  des  Trompettes  d'argent,  com- 
mentaire sur  l'Ecclésiaste.  «L'EccIésiasle,  dit  Caspi,  est 
"  l'œuvre  de  Salomon.  nhnp  (assemblée)  veut  dire  que  toute 
«  la  sagesse  est  assemblée  en  lui.  C'est  l'analogue  du  mot  iijk 
«  (Prov.,  XXX,  i)  qui  dérive  de  yT3  i-x  (Prov,,  x,  5).  Après  le 
M  nom  de  l'auleur,  on  nous  indique,  selon  la  manière  des 
"  philosojîhes,  le  but  du  livre,  qui  est  de  montrer  que  tout 
«dans  ce  monde  est  vanité.  .  .  «  (laspi  ajoute  que  l'auteur 
n'a  pas  voulu  dire  que  le  monde  liii-nunne  fût  vanité;  car, 
dans  ce  monde  intermédiaire  et  plus  encore  dans  le  monde 
supérieur,  il  n'y  a  pas  de  vanité;  mais  vanilé  est  tout  ce  que 
l'homme  fait  dans  ce  monde,  et  même  ses  efforts  pour  at- 
teindreà  la  philosophie,  puisqu'il  ne  devient  parfait  que  par 
l'àme  raisonnable  s'unissant  à  l'intellect  actif.  Là  les  efforts 
sont  réels;  car  il  n'y  a  pas  de  doute  qu'avant  Salomon  on 
avait  essayé  d'arriver  à  une  telle  perfection.  Salomon  parle 
seulement  des  choses  qui  se  passent  sous  le  soleil;  celles-là, 
en  effet,  sont  vanité,  tandis  que  les  efforts  philosophiques 
sont  au-dessus  du  soleil  et  même  au-dessus  de  la  planète 
qui  préside  à  chaque  jour.  Salomon  prouve  sa  thèse  à 
l'aide  de  vingt  et  une  démonstrations.  , 

A  la  fm  de  son  ouvrage,  Caspi  répète  pour  la  vingtième 
fois  qu'il  n'aime  pas  à  redire  ce  qui  a  déjà  été  dit,  qu'il  ne 
lai.  .i<  cam  veul  donncr  que  du  nouveau.  A  1  occasion  du  verset  6  du 
chapitre  i,  Caspi  fait  la  réflexion  suivante  :  «  Ainsi  font  ceux 
«  qui  ont  planté  des  vignes  pour  un  certain  temps  et  en- 
«  suite  arrachent  les  plants,  détruisent  leur  ouvrage.  C'est 
«  ce  que  nous  voyons  aujourd'hui  dans  notre  pays,  où  l'on  a 
«planté  beaucoup  de  vignes  partout,  parce  que  le  pape  est 
«  venu  y  habiter,  en  sorte  que  le  vin  est  tombé  à  bon  marché 
«et  que  les  céréales  (nKiar)  ont  renchéri.  A  présent  on  dé- 
«  truit  les  vignes  et  on  en  arrache  les  plants  pour  refaire  des 
«  terrains  propres  aux  semailles.  Et,  à  plus  forte  raison,  si  le 
«  pape  se  décidait  à  retournera  Rome,  il  y  aurait  des  champs 
«et  des  vignes  sans  nombre  qui  resteraient  déserts.»        ^ 


ciso,  p.   zoO. 


DU  XIV'  SIECLE.  521        „.„„, 


Scndsrliroiboii, 
p.  xi\. 


Caspi    donne,  dans   un  épilogue,  la  date  do  la  com- 
position  de  ce  commentaire.  Voici  la  traduction  de  cet      Voir  iviies. 
épilogue  d'après  le  manuscrit   le  plus  complet,   Oxford, 
n"  2849  du  nouveau  catalogue  :  «  Joseph  ibn-Caspi  dit  :  J'ai 
«été  jeune  et  je  suis  devenu  vieux  (Ps.  xxxvii,  iô),  et  j'ai 
0  déjà  fait  plusieurs  commentaires.  ['  Dans  ma  première  jeu- 
«nesse,  j'ai  écrit  des  explications  sur  le  commentaire  du      voir  .i-dcssus, 
«  Pentateucpie  par  Abraham  ben-Ezra  et  sur  la  grammaire   •'  ^^'-'«83 
«  d'Ibn-Djannah.  Plus  tard,  dans  ma  vieillesse,  j'ai  fait  les 
«livres  intitulés  has-Snd,  ham-Maçrepli  et  liani-Maschal.  Puis      •'»"'••  p-  5o5. 
«j'ai  composé  des  commentaires  sur  les  livres  de  Josué,      ibi,i.,  ,>.  ig-^. 
«  d'Isaïe,  de  Piulh,  de  Job  et  des  Proverbes,  guidé  par  mes   ""  *' 
«pensées  et  ma  volonté.]  A  présent  que  je  suis  âgé  de  cin-   n' un.   ^ 
«quante  ans,  que  la  vieillesse  s'est  jetée  sur  moi  et  que  je      iwa.,  i>.  5i4, 
«  m'en  ressens,  j'ai  fait  un  commentaire  sur  l'Ecclésiaste      j^j,,  '      ^^ 
«[pendant  mon  séjour  à  Perpignan,  où  Dieu  a  préparé  la   ""nv,  sis,  n-xx. 
«  demeure  pour  ma  hlle^,  comme  il  l'a  fait  pour  mon  fils  à    „.y"''  '  ''  ''^''' 
«  Barcelone]  ».  Les  lignes  suivantes  contiennent  un  sommaire      ihid.,  p.  /190. 
des  remarques  qu'il  a  faites  sur  l'Ecclésiaste.  Caspi  a  com-      "'■'' 
posé  encore  d'autres  ouvrages  avant  l'âge  de  cinquante  ans, 
comme  nous  l'avons  vu;  mais  il  semble  parler  ici  unique- 
ment des  commentaires.  C'est  ce  qui  explique  qu'il  désigne 
le  commentaire  sur  l'Ecclésiaste  comme  le  sceau  de  sa  vie 
(o"n'?  nOTn  ntn  'isn  n^rv>v  TiiD  pb). 

On  trouve  des  manuscrits  de  ce  commentaire  à  Oxford, 
n"  362,  1349;  ^  Parme,  n"  46i. 

C.  Troisième  partie  des  Trompettes  d'argent,  commen- 
taire sur  le  Cantique  des  cantiques.  Ce  n'est  pas  un  com- 
mentaire à  proprement  parler.  Caspi  reconnaît  que  d'autres 
avant  lui  ont  expliqué  les  mots  du  livre.  Il  se  contente  de 
donner  une  introduction,  et  encore  d'après  Maimonide. 
11  applique  au  Cantique  une  exégèse  symbolique  et  croit 
que  ce  dialogue  d'amour  représente  la  relation  de  l'intel- 
lect actif  avec  l'intellect  humain.  Celui-ci  est  divisé  en 
quatre  catégories,  parmi  lesquelles  l'intellect  émané  occupe 

Les  mots  entre  crochets  manquent  dans  les  autres  manuscrits. 
*  M.  :  'n'3  au  lieu  de  <n3. 

TOME  x\xi.  66 


xn'  aiici.i. 


522  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


la  première  place  et  est  représenté  par  «  la  plus  belle  des 
«femmes».  Gomme  il  y  a  trois  espèces  de  prophéties,  sa- 
voir celle  qui  est  claire,  celle  qui  est  mystique,  et  celle 
qui  réunit  ces  deux  formes,  ainsi  Salomon  a  composé  trois 
espèces  de  livres  :  l'Ecclésiaste,  qui  appartient  à  la  première 
espèce;  le  Cantique  des  cantiques,  qui  appartient  à  la  se- 
conde, et  les  Proverbes,  qui  ont  à  la  fois  un  sens  simple 
et  un  sens  symbolique.  Nous  apprenons,  par  le  commence- 
ment de  cette  introduction,  que  cet  ouvrage  a  été  fait 
après  les  commentaires  sur  les  Proverbes  et  sur  l'Ecclé- 
siaste. Cette  introduction  a  été  imprimée  (mais  les  exem- 
plaires de  l'édition  sont  plus  rares  que  les  manuscrits),  en 
tête  de  deux  commentaires  sur  les  Cantiques,  par  Isaac 
Akrisch  à  Constantinople,  en   1577.    D'après  M.   Stein- 

Caïai.  camiii.,  schneider  et  d'après  M.  Schiller-Szinessy,  qui  a  travaillé  sur 
'*  '*"'  un  manuscrit  de  celte  introduction ,  l'édition  laisse  à  désirer. 

Akrisch  donne  notre  introduction  pour  préface  aux  deux 
autres  commentaires  qu'il  imprime,  celui  de  Jacob  Provençal 
et  celui  de  Saadiah  Gaon ,  traduit  de  l'arabe  en  hébreu.  Nous 
ne  pouvons  pas  discuter  ici  la  question  de  savoir  si  ce 
dernier  commentaire  appartient  réellement  à  Saadiah.  Nous 

Ham  -  Maggid,  notcrons  seulement  qu'à  la  suite  de  l'article  écrit  sur  notre 
'^'^  '  auteur  par  Hayes,  M.  S.  Deutschlânder  considère  le  com- 
mentaire de  J.  Provençal  comme  émanant  de  notre  auteur. 
Ces  commentaires  figurent  sous  le  n"  i3  dans  la  liste  D 
de  l'auteur  et  dans  celle  de  M.  Steinschneider. 

XXI.  HD3  nnyp  (chez  M.  Steinschneider  msp),  «  Plats  d'ar- 
«  gent  » ,  traité  qui ,  d'après  la  liste  A ,  9 ,  a  pour  objet  :  1  °  de 
prouver  que  la  Loi  renferme  l'idée  du  bonheur  spirituel  et 
celle  de  l'immortalité,  supposant  le  séjour  dans  le  paradis,  à 
rencontre  des  nations  (les  chrétiens) ,  qui  disent  que  la  Loi  ne 
promet  que  des  biens  matériels;  2"  d'expliquer  l'idée  en 
Kiode,  XX,  5.  apparence  étrange  que  Dieu  punisse  l'iniquité  des  pères  sur 
les  enfants,  et  en  général  de  résoudre  la  contradiction  de  la 
justice  divine,  qui  laisse  le  méchant  heureux  et  l'homme 
pieux  dans  le  malheur.  Cet  ouvrage  de  Caspi  est  perdu,  du 

-tu 


r»«      «<(«»•««•: 


DU  XIV'  SIECLE. 


523 


XIV*  SIÈCLE. 


moins  jusqu'à  présent.  D'après  la  liste  B,  1 7,  ce  traité  serait 
un  commentaire  sur  Daniel.  Dans  son  commentaire  sur 
les  Lamentations,  iv,  22,  Caspi  renvoie,  en  effet,  à  un 
commentaire  sur  Daniel,  sans  lui  donner  de  titre  contenant 
le  mot  «1C3.  Par  la  citation  de  notre  ouvrage  avec  le  titre 
»)d:  r-iyp  que  Caspi  donne,  dans  le  commentaire  sur  le  Guide 
(article  suivant),  à  propos  du  jwssagc  Exode,  xx,  5,  on 
voit  encore  que  la  liste  B  est  la  plus  correcte.  Ce  titre  se 
trouve  dans  l'énumération  de  M.  Steinschneider  sous  le 
numéro  1  7. 


Komm. ,  p.  8. 


XXII  et  XXIII.  «103  niDï,  «Colonnes  d'argent»,  et  nvsco 
«)D3,  «  Images  d'argent,  »  titres  sous  lesquels  sont  imprimés 
les  commentaires  de  Caspi  sur  le  Guide  des  Egarés.  D'après 
la  liste  B,  9,  le  titre  »)C3  me»  doit  expliquer  les  narrations 
et  les  légendes  dont  Maimonide  parle  dans  son  Guide, 
troisième  partie,  au  nombre  de  quatre  ou  cinq.  «J'ai  com- 

•  mencé,  dit  Caspi,  cette  explication  dans  mon  livre  »)d3  n-'o, 
«  et  je  l'achève  ici.  »  C'est  donc  un  appendice  au  Livre  du 
mystère.  D'après  la  liste  A,  3,  Caspi  explique,  en  cet  ou- 
vrage, les  passages  de  Maimonide  qui  sont  relatifs  à  des  faits 
admettant  une  exégèse  littérale;  en  effet  le  texte  s'accorde 

avec  cette  donnée.  Quelques  bibliographes  disent  simple-      Em)ciopa;die, 
ment  que  ce  traité  contient  des  explications  sur  des  passages   •'  ^^-  ""^  " 
du  Pentatcuque.  Plus  tard,  Caspi  appliqua  le  titre  en  ques- 
tion à  son  commentaire  du  Guide  des  Egarés,  envisagé 
dans  sa  totalité. 

Ce  commentaire  sur  le  Guide  des  Egarés  de  Maimonide 
nous  est  connu  par  deux  ou  trois  rédactions  différentes. 

Il  y  a  d'abord  la  rédaction  qui  a  pour  titre  mion  mx^a,  «  Ex- 

•  plication  du  Guide  ».  Cette  rédaction  se  trouve  dans  le  manu- 
scrit de  Munich  n°  a 63,  sans  préface.  L'auteur  n'y  cite  expres- 
sément aucun  de  ses  ouvrages,  et  il  ne  divise  pas  le  traité  en 

deux  parties,  comme  dans  les  autres  rédactions.  M.  Stein-      Caui.  Munich. 
Schneider  dit  cependant  que  l'ouvrage  »)03  piio  y  est  cité   ^  ^*: 
deux  fois  de  la  manière  suivante  :  nwyoa   "mn^c    -rn-rp   idd   p.  509 .  n*  «w. 
n^cKia ,  «  livre  de  mon  unique  prédilection,  que  j'ai  consacré 

6&. 


XIV     SIECLE. 


Brùll,  Jalii 


524 


I.ES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


IX,  p.  73. 

Komm., 


Voir    cidrssu». 
p.  5i  I.  n"  ^^!. 


Ms.  u'  1268, 
fol.  6  b. 

Eiicyclopaedie, 
l>.  G6,  note  A  5. 

Voir  l'article  sur 
Moïse  (le  Nar- 
honne. 


«au  chapitre  de  la  Création  »,  et  qu'on  y  trouve  de  meil- 
leures leçons  pour  le  texte  que  dans  les  autres  rédactions. 
M.  Steinschneider  promet  de  plus  amples  détails  sur  cet 
ouvrage.  M.  Kirchheim,  d'après  certains  renseignements, 
dit  que  ce  commentaire  n'est  qu'une  compilation  d'autres 
commentaires  faite  par  un  auteur  anonyme. 

Une  autre  rédaction  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Ox- 
ford n"  12  58,  qui  s'arrête  au  cinquantième  chapitre  de 
la  première  partie,  et  à  Paris,  n"  696  et  700,  7.  Il  est  pro- 
bahle  ([uc  lo  fragment  de  commentaire  qui  suit  dans  le 
manuscrit  d'Oxford  est  également  de  Caspi,  en  sorte  que 
le  manuscrit  renfermerait  des  retouches,  des  lacunes,  et 
ne  contiendrait  pas  l'œuvre  entière  de  Caspi.  M.  Stein- 
schneider  a  raison  de  considérer  ce  texte  comme  une 
.seconde  rédaction.  Dt^à,  dans  la  préface  qu'on  y  trouve, 
aussi  bien  f[ue  dans  celle  de  la  troisième  rédaction,  on 
voit  l'auteur  faire  des  renvois  à  ses  ouvrages,  en  particulier 
au  »icD  muD.  Dans  la  première  rédaction,  Caspi  dit  qu'il  n'a 
pas  l'intention  de  publier  de  commentaire  sur  les  pa.ssages 
mystiques,  et  ici  il  donne  l'explication  du  titre  «  Tré.sor  de 
M  Dieu».  M.  Steinsclmeider  fait  observer  que  les  chapitres, 
dans  le  commentaire  manuscrit,  sont  beaucoup  plus  courts 
(plusieurs  n'ont  que  deux  ou  trois  lignes)  quedans  celui  qui 
est  imprimé.  En  outre,  dansle  commentaire  manuscrit,  Caspi 
cite  ses  ouvrages  avec  les  titres  symboliques  renfermant  le 
mot  «iDD,  «argent»  (très  fréquemment  dans  la  première 
partie,  un  peu  moins  souvent  dans  la  suite) ,  tandis  que  dans 
le  commentaire  imprimé  il  ne  cite  aucun  de  ses  ouvrages. 
Dans  la  deuxième  rédaction,  il  ne  dédie  pas  son  livre  à  son 
fds,  comme  cela  a  lieu  dans  le  texte  imprimé.  Une  autre 
particularité  de  la  rédaction  du  manuscrit  d'Oxford,  c'est 

3ue  Caspi  y  rapporte  (i,  4)  une  opinion  qu'il  avait  apprise 
e  ses  maîtres,  «  les  sages  de  l'époque  à  Perpignan  »  (Tyo» 
îK"'jiôT'D  rjnoa  i::dt  •'osn  'maT  'lan).  Nous  verrons  que  Moïse  de 
Narbonne  mentionne  en  i349  ^"^  société  savante  à  Perpi- 
gnan. D'ailleurs,  nous  avons  vu  qu'il  existe  trois  rédactions 
du  commentaire  de  notre  aviteur  sur  Ibn-Ezra;  pourquoi 


DU  XIV  SIECLE. 


525 


n'en  aurait-il  pas  été  do  même  pour  le  commentaire  sur  le 
Guide  ? 

Voici  la  préface  d'après  le  manuscrit  d'Oxford  :  onson  idk  '' 
nvsv  i-n:i  Nity  px  ODnn  nian"?  m^vvv  t-ns  mion  'ob  ncis  nwh  1:02113 
Dribs"?  ]i;i  px  anaii  Drii'73'?  ]i::  onai  '?'71d  i332n  'en  m  nrn  ir  '?3N  .'-ix  'cS  -ià 
moy  xnpx  nn  (sjc)  nùjnn  D-iiisj  '''^^^^tD  xn  D''p'7n  3  ncncs  "^n*  d:  ncvx 
[oiD]3i  Dinn  iTHM  nnp3  nn  nan  iKaM  DniVa"?  }i33  pxc?  'nsina  "jcrn  .  t)D3 
n»iy  ':«  ■'3  »n  .  «ic3  rr3C?D  '•do  "jyi  '"  isin  pbnn  m  xnpj  pVi  Tin^ixa 
Vt  ain  ne?»»  1033  mn  'oa  D"'"nN''3  nsp  in  d^witid  "'3"'n"in3  ^12-ivh  ^N^1^ 
'""131  n''73ipDn  nintxn  'jy  Vt  '•'n3T  PKnin  nnx  nin  iddh  nsns  iDSi*"?  nxiin 
"*?  nicv"?  ny  nox  Vy  V't  D2y©n  njni  3r33  iiDxV  "inct  nnx  ^x  hd  '7y3C* 
Dn3T  ""jy  pi  nn"'n  x*?  njn  3-in  iny^3an  lox  nyi3c;n  Vy  dxi  :  "|niin  nrn 
133  'rD  ino  iDiyi  y3cnD  n\T  03  myi  noy  o'dids  rn'«  onixi  □''niD  □n'iT' 
'Dxe?  nD3  n'  VyiB  "jyi  '33  Vy  p^no  '•jk  ht"?  »]-nso  •  mrnn  cm  nnoin  mnrxn 
pns  nVnj  nx:ix  i:"'y3  hm  ]13X3  ^3X  ninw  ncD  i3i  n3ncn  yjcn  -3  V'i  xin 
b'j  ©■ir3  oniDn  DXip  tx  iV  "'ixnn  ;d  rDxn  pe?y  n^n  i'7X3i  o-'Jijnn  aiTo'?nn 
x'?!  ]ir:n"7  poo  nvj  iàv  'cxc;  nD3  Vt  mnx  "i»D3  'jx  •'3  niy  yni  .inuiT" 
rity'7'7  'pyT  px  nDD  >n©y3  '3X  p  pco  '73  mm"?  inyï  i^xe;  d3  ]ry3  n-'V^nno'? 
IX  oiT'D  ^^s^^e?  "j'ya  nxi^o  no  "1X3X1  ©iBX  '73X  npii^n"?  hz  pco  oib'ji 

:  ntym  me^Tin  Vxerx  D'nVxnoi  .  no  ■iix''3 

Nous  avons  dit  que  les  commentaires  de  Caspi  sur  le 
Guide  des  Egarés  ont  été  imprimés  sous  le  titre  de  »i03  mcy, 
«Colonnes  d'argent»,  et  de  «)D3nr3e;D,  «Images  d'argent». 
Le  premier  de  ces  commentaires  a  pour  titre  >id3  nnp:  dans 
la  liste  B.  Le  titre  «id3  rr3e;D  est  cité  au  fol.  1 7  du  manu-  '' 
scrit  d'Oxford. 

Pour  expliquer  le  but  de  ces  commentaires  multiples,  il 
suffit  de  traduire  la  courte  préface  de  l'ouvrage.  Nous  allons 
le  faire  d'après  l'édition  de  M.  Salomon  Werbluner,  ayant 
pour  titre  Die  Kommcntare  von  Joseph  Kaspi,  einem  Gramma- 
tiker  und  Philosophen  aus  dem  13.  Jahrhnndert ,  zu  Dalalat 
al  Haïrin  von  Moses  Maimuni.  Nach  den  Handschriften  der 
kônigl.  Hofbibliothek  zii  Muncken  und-  der  Stadtbibliothck 
zn  Leipzig,  nebst  verschiedenen  Verbesserungen  und  Zusdtzen 
von  [R.  Kirchheim];  Francfort-sur-le-Mein ,  i848.  «  Le  dé- 
«  sir  de  mon  âme  a  toujours  été  de  comprendre  la  Bible  par 
«  la  méthode  de  la  logique  et  de  la  philosophie.  Nos  livres 

3  B 


MV     SIECr.K. 


Voir 
183. 


Voir 
5:53 


ci-di  ssous , 
11"  XXVIII. 


XI\'  StKCLF.. 


Voir  ri-dessus , 
p.  5ii.  n"  vvi. 


CaUl.  Viiulob. 
I, p.  84, et  II,  p.  70. 

CaUl.  Taurin, 
p.  208. 


BrùU.  Jahrb. 
IV.  p.  79. 


526  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«ont  été  pillés  par  des  étrangers,  et  le  seul  ouvrage  de 
«  métaphysique  qui  nous  soit  resté  est  le  Guide  des  Égarés. 
«  Je  me  suis  donc  décidé  à  composer  un  commentaire  sur 
«ce  livre,  qui  comprend  177  chapitres,  nombre  équivalant 
•là  la  valeur  des  lettres  jiir  jj,  «  Paradis  ».  Nous  expliquerons 
«  d'abord  les  passages  qui  ne  contiennent  pas  de  choses 
«mystérieuses,  et  nous  intitulerons  cet  ouvrage  «id3  moy, 
«Colonnes  d'argent»;  pour  les  mystères  nous  composerons 
M  un  commentaire  à  part  sous  le  titre  de  n  nsiK,  «  Trésor  de 
«  Dieu  »,  et  pour  qu'il  renferme  notre  nom,  il  portera  aussi 
(I  le  titre  de  »icd  nr:»D.  Pourquoi  j'ai  osé  soulever  le  voile  de 
«tels  mystères,  après  que  Maimonide  avait  adjuré  chacun 
«  de  ne  pas  le  faire,  c'est  ce  que  j'ai  expliqué  dans  mon  ou- 
«  vrage  appelé  Chandelier  d'argent.  De  fait,  j'ai  risqué  mon 
«  âme  pour  être  utile  à  celui  qui  a  envie  de  s'instruire.  Que 
«  m'importe  la  paix  de  mon  âme,  ô  lecteur,  si  j'ai  fait  avan- 
«  cer  la  connaissance  du  Guide,  que  tu  n'aurais  peut-être  pas 
«  compris  sans  moi?  Que  la  malédiction  vienne  sur  moi,  et  toi 
«  tu  prendras  la  bénédiction  (Gen.  xxvii,  1 3).  En  tout  cas,  je 
«fais  ce  travail  pour  mon  fils  aîné  Abba  Mari',  à  Barce- 
«  lone;  que  Dieu  lui  soit  toujours  favorable!  » 

Outre  les  manuscrits  de  Munich  et  de  Leipzig,  sur  lesquels 
l'édition  a  été  faite  (M.  Steinschneider  dit  que  le  manuscrit 
de  Vienne  a  été  mis  à  contribution,  mais  le  titre  de  l'édi- 
tion ne  mentionne  rien  de  pareil),  on  trouve  encore  pour 
la  première  partie  des  manuscrits,  à  Paris,  696,  700,  7; à 
Vienne,  I,  lxx;  au  Vatican  (Urb.  a4),  à  Turin,  197  a. 
M.  B.  Peyron  n'a  pas  reconnu  que  les  folios  q3  à  45  de  ce 
dernier  manuscrit  sont  la  continuation  du  même  commen- 
taire; ils  se  rapportent  aux  parties  II  et  III  du  Guide. 
M.  Peyron  donne  dudit  manuscrit  la  description  suivante  : 
Fragmentum  operis  metaphysici  in  II  partes  distincti,  ignoto 
auctore.  M.  Steinschneider  a  deviné  l'auteur  sans  avoir  vu 
le  manuscrit.  Pour  la  deuxième  partie,  on  trouve  des  ma- 


'  Dans  le  manuscrit  de  Munich,  il  y  a  David  Mari;  M.  Kirchheim  propose  de 
lire  Salomon;  voir  ci-dessus,  p.  479-  Dans  le  manuscrit  de  Paris,  n'  696,  les  mots 
KJl'7X')33  serrn  aumquent. 


DU  XIV  SIÈCLE. 


527 


nuscrits  à  Paris  (n^ôgS,  694  et  700,  8)  età  Turin  (197  c), 
avec  les  titres  susmentionnés.  Les  mots  lonj  lïix,  «trésor 
«  aimé  « ,  par  lesquels  ce  traité  commence  ne  représentent  pas 
un  titre,  comme  le  veut  M.  Kirchheim.  Le  manuscrit  de  la 
Bodléienne  Mich.  280  (nouveau  catalogue  n"  346)  ne  ren- 
ferme pas  notre  ouvrage,  comme  on  l'a  supposé  dans  le 
catalogue  Michaël;  ce  qu'il  renferme,  c'est  un  fragment  du 
l'jcn  'tjj  d'Isaac  Latif;  c'est  pourquoi  les  mots  suivants  qu'on 
trouve  à  la  fin  du  chapitre  xxviii  :  'j'jsa  vn^n  myna  vniH2  -i33i 
rnsD  'Dyo,  «Je  l'ai  déjà  expliqué  dans  mon  ouvrage  nommé 
«  Sommaire  des  raisons  des  commandements»,  ne  peuvent 
pas  se  rapporter  à  un  ouvrage  de  Caspi. 

Caspi  n'est  pas  le  premier  commentateur  du  Guide;  il 
utilise  souvent  son  prédécesseur  Schem-Tob  Falaquéra 
(qui  florissait  vers  1280),  pour  les  passages  tirés  des  au- 
teurs arabes.  Tous  les  deux  ont  pour  objet  de  montrer 
qu'Aristote  et  les  philosophes  arabes  s'accordent  avec  la  tra- 
dition juive.  Caspi,  cependant,  reste  souvent  indépendant 
de  Falaquéra,  soit  pour  l'explication  du  Guide,  soit  pour 
les  citations  des  auteurs  arabes.  H  en  donne  là  où  Fala- 
quéra n'en  a  pas,  et,  d'après  M.  Steinschneider,  il  est 
sûr  que  Caspi  s'est  servi  directement  de  la  traduction 
hébraïque,  à  présent  imprimée,  du  traité  sur  les  Six  prin- 
cipes par  Al-Farabi  et  de  la  traduction  hébraïque  du  traité 
de  Batalyoussi  sur  les  Sphères  intellectuelles,  maintenant 
imprimé.  Caspi  croit  que  Maimonide  n'a  rien  emprunté  à  ce 
dernier  et  qu'il  n'a  même  pas  connu  les  ouvrages  d'Averroès. 
H  est  curieux  que  Caspi  ait  cru  devoir  imiter  Falaquéra 
en  donnant  un  appendice  à  la  seconde  partie  du  Guide; 
ici,  Caspi  s'inspire  tout  à  fait  de  Falaquéra. 

Caspi  se  sert  de  la  traduction  hébraïque  du  Guide  faite 
par  Samuel  ibn-Tibbon;  néanmoins  dans  un  grand  nombre 
de  passages,  étant  mécontent  de  cette  traduction,  il  en 
donne  une  autre  d'après  l'original  arabe.  Caspi,  comme 
plus  tard  Moïse  de  Narbonne,  saisit  les  occasions  que  lui 
offrent  des  passages  douteux  ou  contradictoires  dans  le  Guide 
pour  prêter  à  Maimonide  ses  propres  opinions;  aussi  fut-il 


MV'  SIÈCLE. 


koUlDI..  (I.  I\. 

Encyclopaptlie . 
,  GG,  note  43. 


Oisar  liayyim . 
n°G7G,  ■>. ,  p.  5:>. 


Kncyclo|)a'dit' 
G6,  noit;  'i'.<. 


kirchiieiui . 
Komm..  p.  \iii. 

Voir,  ci-dessous 
l'article  de  Moise. 


\l\     SIECI.K. 


528  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Kirdiiicim,        lorlenienl  attaqué  à  ce  sujet  par  les  rabbins  postérieurs. 

"•  Simon  Douran  (qui  florissait  en  Algérie  au  commencement 

du  XV'  siècle)  l'appelle  un  hérétique,  parce  qu'il  met  dans  la 
bouchedeMaimonide  (Guide,],  9;  II,  26)  sa  propre  opinion 
sur  l'éternité  du  monde.  Don  Isaac  Abravanel  (mort  en 
i5o8)  l'attaque  à  cause  de  l'idée  qu'il  émet  (I,  ^2)  qu'Élie 
et  Elisée  ressuscitèrent  l'enfant  de  la  femme  de  Sarepla  et 
celui  de  la  Sunamite  (1  Rois,  xvii,  22,  et  II  Rois,  iv,  35) 
d'un  évanouissement  mortel,  si  bien  que  la  résurrection 
mentionnée  dans  la  Bible  et  le  Talmud  n'est  autre  chose 
que  la  continuation  et  l'accomplissement  de  la  connaissance 
spirituelle,  car  ce  n'est  qu'après  la  séparation  de  l'enve- 
loppe terrestre  quel'intellect  actif  peut  se  réunir  avec  l'intel- 
ligence. On  pourra  trouver  d'autres   exemples  du  même 

Komm.,  p.  \ii.  genre  dans  la  préface  de  M.  Kirchheim.  Les  successeurs  de 
Caspi,  tels  que  Moïse  de  Narbonne,  Profet  Douran  de 
Perpignan,  et  d'autres  commentateurs  juifs  d'Espagne,  le 
citent  souvent. 

La  date  de  la  composition  de  ces  commentaires  n'est  don- 
née dans  aucun  manuscrit  connu.  Le  manuscrit  de  Munich, 
copié  par  Lévi  fds  d'Abraham  Lunel,  surnommé  Léon 
Abraham  de  Capestang,  fut  achevé,  le  premier  volume,  le 
i5  tammouz  5 128  =  27  juin  i363;  le  second  volume,  le 
26  marheswan  5i24  =  4  novembre  i363.  Ce  commen- 
taire, dit  avec  raison  M.  Kirchheim,  doit  être  un  des  der- 
niers ouvrages  de  notre  auteur;  car  il  y  cite  la  plus  grande 
partie  de  ses  ouvrages  comme  déjà  composés;  il  excepte  lui- 

Komm.p.ixot  même  le  Gobelet  d'argent,  qu'il  se  propose  de  faire,  et 
dont  nous  ne  connaissons  pas  la  date  exacte.  Si  donc  nous 
supposons  que  le  Gobelet  d'argent  fut  fait  dans  la  même 
année,  on  pourrait  placer  la  rédaction  finale  ou  troisième 
de  notre  commentaire  en  i33i,  époque  vers  laquelle  nous 
perdons  de  vue  notre  auteur.  Toutefois  il  est  très  difficile  de 
se  fier  à  ces  citations  chez  un  écrivain  qui  a  autant  d'ima- 
gination que  Caspi. 

Ces  traités  se  trouvent  dans  l'énumération  de  M.  Stein- 
schneider  sous  les  n°'  9  et  1 9. 


37 


DU  XIV  SIÈCLE.  529 

XXIV.  «id:  r33,  «Gobelet  d'argent»,  ou  nsn  mr,  «Traité 
«  qui  enseigne  la  science  ».  C'est  un  supplément  à  ce  qui  a 
été  (lit  sur  les  mystères  du  Penlateuque,  dans  les  livres 
ilDs"?  «insD  (n"  vi),hd:  m-'O  (n"  xii),«id3  p-ito  (n°  xiv),«i03  muo 
(n"  xvi).  Cet  ouvrage  a  pour  but  d'élucider  vingt-huit  ques- 
tions, telles  que  l'antériorité  de  Dieu,  les  différents  noms 
de  Dieu  qu'on  trouve  dans  la  Bible,  le  tétragramme.  Dans 
la  cinquième  question,  Caspi  cherche  à  prouver  que  l'idée 
de  la  trinité  était  commune  à  toutes  les  anciennes  nations. 
Après  avoir  développé  son  opinion,  il  continue  ainsi  :  «  De 
"  ce  que  nous  avons  dit  ici  il  résulte  clairement  que  nous 
«  nous  sommes  mis  d'accord  avec  les  chrétiens  quant  aux 
«  mots  relatifs  à  la  Trinité.  Ceux-ci  disent  que  le  Père,  le  Fils 
"  et  le  Saint-Esprit  sont  trois  qui  font  un  ;  cela  est  écrit  égale- 
«  ment  dans  notre  Thora;  car  Dieu  y  est  appelé  père,  et 
«mieux  encore  ^'7'?^nD,  «celui  qui  t'a  mis  au  monde» 
«  (Deutér.,  xxxii,  18); or  un  père  doit  nécessairement  avoir 
«  desenfants,etrintellectactifest  l'esprit  de  Dieu  (Gen.,  i,  2). 
«  Mais  nous  différons  beaucoup  sur  le  sens  de  la  Trinité ...» 
Dans  le  sixième  paragraphe,  Caspi  dit  :  «  Nous  avons  donné 
«  les  solutions  des  seize  premières  questions  dans  notre  livre 
M  Q''rD«iD3  (n°vin).  »  Il  renvoie  également  à  ses  autres  ouvrages, 
le  »)C3  piiD  et  le  »id3  mon.  Il  expose  ensuite  la  dix-septième 
question,  qui  a  pour  objet  les  contradictions  dans  l'histoire 
du  déluge.  Le  septième  paragraphe  s'occupe  des  mystères 
de  la  première  vision  d'Abraham;  le  huitième  a  pour  objet 
d'expliquer  la  contradiction  du  Talmud,  qui  dit  une  fois  que 
Moïse  a  écrit  le  Pentateuque.et  le  livre  de  Job,  et  une  autre 
fois  que  Job  n'a  jamais  existé;  le  neuvième  s'occupe  encore 
de  la  première  vision  d'Abraham;  le  dixième  a  pour  objet 
la  seconde  vision  d'Abraham.  Dans  le  onzième  paragraphe, 
Caspi  combat  les  philosophes  qui  prétendent  que  la  Loi, 
qui  a  été  transmise  par  Moïse  à  Josué,  par  celui-ci  aux 
anciens,  par  ceux-ci  aux  prophètes,  et  par  ces  derniers  aux 
hommes  de  la  grande  Synagogue  (Mischna,  Aboth,  i,  1), 
ne  commence  qu'avec  Lévitique,  xxiii,  42;  les  parties  nar- 
ratives sont  également  révélées  et  ont  toutes  un  sens  philo- 

TOME  XXXI.  67 

■1     r    ^  iiirBiHi-i'is    ^AlIOK*u^. 


\iv'  sièaf. 


(Ulal.  Peyroii, 
p.  2o8. 

r,atal.   Munirli , 
p.  lOI. 


Voir  ci-<lessus. 
|).  526. 


530  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

sophique.  Le  douzième  paragraphe  explique  qu'il  n'y  a  pas 
d'expressions  ambiguës  dans  le  Pentateuque;  le  treizième 
s'occupe  (le  la  troisième  vision  d'Abraham  avec  les  anges; 
le  quatorzième  traite  de  la  quatrième  vision  d'Abraham, 
relative  au  sacrifice  d'Isaac.  Les  paragraphes  seize  à  dix-huil 
contiennent  des  explications  sur  les  obscurités  mentionnées 
dans  le  livre  intitulé  d>id  »)D3;  les  autres  questions  sont  trai- 
tées dans  les  livres  intitulés  »)D3  ]Thv,  «iDaV  »)nxD  et  »)C3  n'c. 

Caspi,  d'après  le  manuscrit  de  Turin  n°  197,  s'arrête 
dans  ses  questions  vers  la  fin  de  la  Genèse.  F^e  manuscrit  de 
Munich  n"  267,  6,  renferme  encore  quelques  prétendus 
éclaircissements  sur  fExode,  de  i,  1,  à  xix,  17.  Les  deux 
manuscrits  diffèrent,  du  reste,  beaucoup  pour  la  distri- 
bution. Dans  le  manuscrit  de  Munich,  ainsi  que  dans  la  liste 
B,  10,  ce  traité  a  encore  un  troisième  nom,  qui  est  n  i3ik, 
«Trésor  de  Dieu»;  c'est  sans  doute  une  erreur,  car  nous 
ne  trouvons  trois  titres  à  aucun  ouvrage  de  Caspi,  et  ce  titre 
même  est  donné  au  commentaire  sur  les  passages  difficiles 
du  Guide. 

Ce  traité  forme  le  n"  1  de  la  liste  A ,  le  n"  1  o  de  la  liste  ii 
et  de  fénumération  de  M.  Steinschneider. 


XXV.  »iD3ne?nc;',  «Chaînettes  d'argent»,  ou  cernwn  nro, 

•  Livre  des  racines  ».  Voici  la  traduction  de  la  préface 
de  cet  ouvrage  d'après  le  manuscrit  de  ÏAngelica,  qui  est 
le  plus  complet  de  tous  :  «  Joseph  Aben-Caspi  dit  :  Nous 

•  avons  vu  que  Dieu  était  avec  nous  pour  nous  donner  une 
«  connaissance  étendue  du  sens  de  l'Écriture  sainte,  parce 
«  que  nous  avons  accordé  une  attention  spéciale  à  notre 
«langue,  qui  est  la  langue  sainte;  nous  avons,  en  effet, 

•  examiné  minutieusement  la  racine  de  tous  les  mots  qui 
«nous  restent  de  cette  langue,  afin  d'en  apprendre  autant 
«  que  possible  la  véritable  signification.  C'est  ce  qui  a 
«  échappé  à  beaucoup  des  commentateurs  qui  nous  ont  pré- 
«  cédés.  C'est  pourquoi  nous  nous  sommes  relevés  et  affer- 


'  On  trouve  aussi  mone? ,  mais  rarement. 


DU  XIV  SIECLE. 


&31 


XrV*  SIÈCLE. 


«mis  (Ps.  XX,  9)  pour  composer  ce  livre  intitulé  Livre 
«  des  racines,  et,  selon  la  marque  de  notre  famille,  il  porte 
»  le  nom  de  Chaînettes  d'argent.  Nous  verrons,  à  propos  de 
«  la  plupart  des  racines,  que  les  grammairiens  qui  nous  ont 
«  précédés,  et  surtout  Ibn-Djannah  et  Ibn-Qamhi  (^nop) ,  qui 
«  ont  tous  deux  fait  des  dictionnaires,  ont  dévié  de  la  bonne 
«  voie;  c'est  aussi  ce  qui  est  arrivé  à  Ibn-Ezra  pour  les  pas- 

*  sages  disséminés  [dans  nos  commentaires]  que  nous  avons 
«  examinés.  La  cause  de  leurs  erreurs  est  le  manque  de  con- 
«  naissance  de  la  logique,  dont  le  principal  objet  est  de  bien 
«  diriger  le  langage  intérieur  et  extérieur.  En  effet  comment 
«  suivre  la  bonne  voie  et  comment  comprendre  les  justes 
«commandements  de  Dieu  sans  avoir  appris  d'abord  l'art 
«de  la  logique  qui  «aplanit  la  montagne»  (Isaïe,  xv,  4)»* 
«  C'est  pourquoi  je  dis  à  celui  qui  veut  avoir  une  connais- 
«sance  approfondie  des  fondements  de  la  langue  sainte 
«qu'il  doit  s'occuper  d'abord  de  nos  trois  ouvrages  déjà 
«  mentionnés,  savoir  :  1°  le  compendium  de  la  logique,  inti- 
«  tulé  Faisceau  d'argent;  a"  les  chapitres  sur  la  langue  sainte, 
«  intitulés  Chaînes  d'argent;  3°  le  dictionnaire  intitulé  Chaî- 
«  nettes  d'argent.  Après  avoir  étudié  avec  soin  ces  ouvrages, 

•  on  n'aura  qu'à  s'appliquer  à  nos  commentaires  sur  les 
«  livres  de  l'Ecriture  sainte,  dont  le  principal  est  le  Pen- 
«tateuque,  appelé  le  livre  de  Dieu,  la  parole  de  Dieu  et 
«  la  Thora  de  Moïse.  Ici,  le  point  le  plus  important  est  l'his- 
«  toire  de  la  Création  et  celle  du  Char  de  Dieu.  » 

On  trouve  des  manuscrits  de  ce  livre  à  Paris,  Bibl.  Nat, 
n"  1244,  volume  qui  a  servi  aux  recherches  de  Richard 
Simon;  à  Rome  (autrefois  àl'Escurial),  dans  VAngelica,  avec 
la  grammaire.  Il  existait  dans  la  bibliothèque  d'Edzard  un 
manuscrit  défectueux,  à  présent  perdu,  dont  Wolf  a  donné 
un  extrait;  Wolf  mentionne  encore  un  second  manuscrit  à 
Paris  et  un  autre  dans  la  bibliothèque  d'Oppenheimer  (à 
présent  à  Oxford) ,  que  nous  ne  connaissons  pas.  Enfin  on 
trouve  une  traduction  latine  de  l'ouvrage  jusqu'à  la  lettre  d 
inclusivement  dans  le  manuscrit  Vat.  n"  4i  2.  M.  Dukes  et 
M.  Neubauer  en  ont  donné  quelques  extraits. 

67. 


Calai.    Paris, 
p.  327;  R.  Simon, 
Hi5t.crit.duV,T., 
p.  177,  54o. 

De  Castro.  Bibl. 
esp.,  I,  p.  I03. 

Voir  ci-dessus, 
p.  499,  n°x. 

Biblioth.  hebr., 
I.  p.  5i3. 

Assémani.Cat., 
fol.  38i. 

Der      Orient, 
i848,  p.  670  et 
soiv. 

Jonnud  asiat., 
1861,  n,  p.  254. 


MV     SIKCI.K. 


532  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

D'après  M.  Neubauer,  le  système  sur  lequel  Gaspi  base 
son  (liclionnaire  est  que  chaque  racine  n'a  qu'une  signifi- 
cation principale,  dont  les  autres  acceptions  ne  sont  que 
des  parties  ou  des  dérivations.  Cette  méthode  n'est  pas  com- 
mode, et  l'auteur  est  très  souvent  forcé  d'avoir  recours  à 
des  explications  subtiles.  Un  des  exemples  cités  par  M.  Neu- 
bauer suffira  pour  le  prouver.  Gaspi  dit  que  la  racine  nu 
signifie  «  lier  des  choses  les  unes  aux  autres  »;  de  là  la  signi- 
fication de  frère  :  les  bêtes  qu'on  est  habitué  à  voir  toujours 
réunies  en  société  sont  appelées  D^nx  (Is.,  xiii,  21);  on 
nomme  l'endroit  où  les  bétes  mangent  en  commun  inx  (Gen. , 
XLi,  18),  prairie;  l'endroit  près  du  feu,  où  les  hommes  se 
réunissent,  porte  le  nom  de  nK  (Jér.,  xxxvi,  2a),  foyer; 
le  nombre  un  se  dit  inx,  parce  que  tous  les  autres  nom- 
bres ne  sont  que  faddition  du  nombre  un;  on  emploie 
comme  exclamation  nxn  (Ps.  XL,  16),  parce  que  les  hommes 
ont  l'habitude  de  s'inviter  les  uns  les  autres  et  de  se  ré- 
jouir en  société;  on  dit  aussi  de  celui  qui  s'attache  à  un 
péché  quelconque  nx  (Ez.,  xviii,  10).  Gaspi,  on  le  voit, 
est  loin  encore  de  la  sévère  méthode  d'un  Gesenius  ou  d'un 
Rœdiger. 

Gaspi  composa  son  ouvrage  après  être  revenu  d'Egypte, 
c'est-à-dire  après  i3i4;  car  il  explique  quelquefois  des 
termes  se  rapportant  aux  sciences  naturelles  ou  à  l'ar- 
chéologie à  l'aide  de  ce  qu'il  a  vu  lors  de  son  voyage  en 
Egypte.  11  est  naturel  que  Gaspi  donne  des  mots  proven- 
çaux pour  expliquer  l'hébreu.  Il  cite  son  ouvrage  ^os  y-aa 
(par  conséquent  il  écrit  après  i33o)  et  son  commen- 
taire sur  les  Psaumes.  H  est  probable  que  la  composition 
du  dictionnaire  lui  prit  plusieurs  années,  puisqu'il  le  cite 
déjà  dans  sa  grammaire.  D'après  le  petit  nombre  de  ma- 
nuscrits qu'on  en  possède,  on  dirait  que  l'ouvrage  de 
Gaspi  n'eut  pas  beaucoup  de  succès.  On  le  voit  cilè  par 
Don  Isaac  Abravanel  et  Elisée  ben-Abraham;  mais  il  est 
loin  d'être  universellement  connu  comme  le  dictionnaire 

Uer  Orient,     de  Qamhi. 

49,  p.  4  ï.  Q^^  ouvrage  n'est  pas  mentionné  dans  la  liste  A.  H  se 


Der 

Orient, 

'849. 

p.  483. 

Enc 

yclopsdie. 

p.  62. 

Der 

Orient. 

18',  8, 

p.  679. 

Ibiil 

.,    i8^. 

p.  75. 

\1V     lIl.l.l.L. 


DU  XIV'  SIECLE.  533 

trouve  sous  le  n"  4  dans  la  liste  B'  et  dans  celle  de  M.  Stein- 
schneider. 

Avant  de  donner  le  texte  de  la  liste  que  l'auteur  a  faite 
de  ses  écrits,  nous  allons  énumérer  quatre  ouvrages  qui  y 
sont  mentionnés,  mais  qui  semblent  perdus;  nous  n'avons 
pu  les  placer  chronologiquement,  puisque  Caspi  ne  les 
cite  nulle  part  ailleurs  que  dans  son  catalogue.  Les  voici  : 

XXVI.  t)D3  niE3,  «Tasses  d'argent»  (liste  A,  lo),  traité 
qui  a  pour  but  d'expliquer  les  difficultés  apparentes  que 

font  naître  les  textes,  en  disant  que  les  enfants  d'Abraham      tjenèse.w,  1.5. 
devaient  être  esclaves  pendant  quatre  cents  ans,  sans  qu'on 
en  voie  la  cause;  que  Pharaon  doit  être  puni  à  cause  de      Kxwie,  >»,  ,. 
son  endurcissement,  amené  par  Dieu  lui-même,  et  qu'une 
vengeance  atteindra  Nabuchodonosor  pour  avoir  détruit 
Jérusalem,  alors  que  Jérémie  dit  expressément  que  Dieu 
l'avait  envoyé  pour  accomplir  cette  mission.  Caspi  dit  que 
Maimonide  n'a  pas  expliqué  ce  problème  d'une  manière 
satisfaisante.  D'après  B,    i5,  le  titre  de  Tasses  d'argent 
appartiendrait  aux  courts  commentaires  sur  les  livres  de 
Ruth  et  des  Lamentations.  Voir  le  n°  1 5  de  l'énuméralion  de      \oir  ci  «lessus, 
M.  Steinschneider.  ^  ^•''-  "'  "'"• 

XXVII.  «)D3  n-iDtD,  commentaire  sur  Job,  dans  la  liste      voir  ddcssus, 
A,  i3.  Dans  B,  la,  c'est  le  titre  du  commentaire  sur  les    p  •'°9"^^^ 
Psaumes,  cité  dans  notre  article  xxv.  Voir  le  n°  12  dans  la      voir  ci-d.ssus. 
liste  de  M.  Steinschneider,  i»  53o. 

XXVIII.  HD2  nnp:,  «  Boutons  d'argent».  Ce  traité,  d'après 
A,  18,  avait  pour  objet  d'expliquer  l'importance  des  béné- 
dictions, par  exemple  de  celle  d'isaac,  et  des  malédictions, 
par  exemple  de  celle  de  Balaam,  ou  de  l'excommunication 
d'Achan.  Caspi  y  traitait  aussi  de  l'importance  attachée  au 
recensement  d'Israël,  ainsi   que  des  calamités  survenues 

quand  David  fit  compter  le  nombre  des  enfants  d'Israël.      nsam.wn. 

Ony  litceqnisuit:.»|D3  ri»1»         Va"?  myn  nDW  TIKSOni  •OnTUIW'J 

'7"73D  wv-iv  ^z  ne"?  '«njiia  'm  iddh  mvsvi  ne?N^^  ncyoa  iioe?  01*70.1 
ne?yw  noo  ^^x  pna  :e?ipn  ]wh  '?'7^3QK^|^3efnK1SD"7^^^<^^nK^^3^o 
onmo  anal  inop  jaKi  nmi  pK         •n"'Ds»n  DPina  "'B3  vnpn  nsD  hzh 


tiv* 

MKCI.f. 

\oii- 

ci-<les<uA 

|>.  5î3, 

57  5. 

Zuiiz 

.   (.atal. 

Leipiiî: , 

,  p.  ji.i. 

534  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

D'après  la  liste  B,  19,  ce  serait  un  commentaire  sur  la 
partie  non  mystique  du  Guide  des  Egarés.  Voir  le  n"  19 
dp  l'énumération  de  M.  Steinschneider. 

XXIX.  »|D3n  DP,  «Fini  [est]  l'argent».  Voir  A,  20;  B  n'a 
pas  ce  titre  ;  c'est  le  n°  2  8  de  l'énumération  de  M.  Steinschnei- 
der. Ce  traité  s'occupait:  i^dela  destruction  des  deux  tem- 
ples, et  surtout  des  prophéties  de  Jérémie  relatives  au  pre- 
mier temple;  2°  de  l'arrivée  du  Messie.  Ce  traité  est  cité 
par  Don  Isaac  Abravanel,  dans  son  commentaire  sur  Isaïe, 
chap.  XXXIX,  où  il  dit  en  alléguant  l'autorité  de  Caspi,  que 
le  roi  Ezéchias  causa  en  partie  la  destruction  du  temple  par 
le  péché  qu'il  commit  lorsqu'il  montra  ses  trésors  aux  mes- 
sagers du  roi  de  Babylone.  Selon  Abravanel,  ce  passage  se 
trouvait  dans  la  septième  dissertation  du  traité.  Comme  la 
liste  A  dit  qu'il  n'y  en  avait  que  deux,  il  faut  peut-être  lire 
K=  1,  au  lieu  de  t  =  7. 

XXX.  »)DD  nnap,  «  Collection  d'argent  »,  petit  traité  qui  ren- 
ferme la  liste  que  Caspi  a  faite  lui-même  de  ses  ouvrages. 
Voir  le  n"  29  de  l'énumération  de  M.  Steinschneider.  Pour 
tout  autre  écrivain,  les  bibliographes  et  les  biographes 
trouveraient  très  utile  un  tel  travail  dû  à  l'auteur  lui-même. 
Pour<]aspi,  ce  n'est  pas  précisément  le  cas.  L'incertitude 
qui  plane  sur  ses  différents  ouvrages,  en  ce  qui  concerne 
la  date  à  laquelle  ils  ont  été  écrits  et  la  nature  du  contenu, 
existe  également  pour  la  liste.  Nous  en  possédons  deux  ré- 
dactions, l'une,  qui  est  la  plus  courte,  imprimée,  d'après 
le  manuscrit  de  Munich,  n"  266,  4,  dans  l'ouvrage  intitulé 

Catai.  Munich,    J)ebarim  attikim,  Leipzig,  i844,  p-  11-1 4-  Il  y  a  un  ma- 
ibid..p.  300.     nuscrit  de  cette  rédaction  à  Cambridge,  n"  64,  d'une  écri- 
ture italienne  moderne,  qui  donne  néanmoins  quelques 
bonnes  leçons. 

L'autre  rédaction  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Parme, 
de  Rossi  n°  755,  et  nous  la  reproduisons  d'après  la  copie 
faite  pour  nous  par  le  savant  Cav.  Pietro  Perreau,  l'ancien 
bibliothécaire  de  cette  bibliothèque,  et  coUationnée  par 
M.  L.  Modona,  sous-bibliothécaire.  Ce  manuscrit  n'est  pas 


DU  XIV  SIECLE. 


535 


MV     SIECLE. 


ancien  non  plus;  il  dale  de  i474;  l'écriture  est  plutôt  alle- 
mande. Le  manuscrit  n'est  pas  toujours  correct,  comme  on 
le  verra  par  les  notes.  Ici,  les  indications  sur  le  contenu 
des  ouvrages  sont  très  longues.  Les  deux  rédactions  énumè- 
rent  vingt  ouvrages;  mais,  tandis  que,  dans  la  rédaction  im- 
primée, le  dernier  numéro  de  notre  édition  manque,  celle 
de  Parme  n'a  pas  le  quatrième  numéro  de  l'imprimé,  c'est- 
à-dire  le  dictionnaire,  qui  en  elTet  ne  forme  qu'une  seconde 
partie  de  la  grammaire.  Il  est  difficile  de  dire  laquelle  des 
deux  rédactions  est  la  plus  ancienne;  il  semble  cependant 
que  celle  de  Parme  porte  des  traces  de  revisions  et  d'addi- 
tions. Nous  avons  vu  que  la  description  des  ouvrages  de 
notre  auteur  qui  se  trouve  dans  la  seconde  liste  s'accorde 
mieux  que  la  première  avec  le  contenu  des  ouvrages  qui 
existent  encore  en  manuscrit. 

Nous  avons  désigné  la  liste  de  Parme  par  A  et  la  liste 
imprimée  par  B.  En  reproduisant  la  liste  A,  nous  avons 
donné  dans  les  notes  le  moyen  de  se  représenter  le  texte  B, 
puisque  nous  fournissons  les  variantes  tirées  du  texte  im- 
primé et  du  manuscrit  de  Cambridge'. 

Voici  le  texte  du  manuscrit  de  Parme  n°  765  : 
Y2rh  -iDiDi  nvzn  r\yib  la"?  bx  jnj  □■•cjKa  «)dv  k3  ivho  .""Dca  jaK  «jdv  ^t3K 
.nvjvyn  ncann  rxpi  pijnn  n^nhu  "?»  nosa  njD  d'»"?©  }a  «)Dn.  nj'a  noK 
K*?  D''c;nn  Qu'alla  K"'BiDi'7->Bm  jr^nn  Ys  nVa  Kipoai  mina  pan"?  »idv  Sri 
1BD1  iddinS  mon  ^DD  iiKa  as  tisp  nw»"?  «)dv  "idkm  s  o''3iwinn  oa  lann 
HDon  -inx  njiaon  irann  iisp  d3i  .  «joan  ncnr  njiaon  pvStnb  n^mnn 
naiaon  mira  «nr»  px  ^DD1  ncpin  ttvh  '^  wno  ne?»  vnmna  ^D^a  ivh  inn 
onsDa  tiv  v  »a  sdv  "«a  o'-'?  -lavo  wn  nino*?  na'j'?  t\ov  v^T^  .^»)Dan  ne?^D 
n^a  nhnnn  iKia  1»  nonsD  ^^1^  «ion  .  ï'j  mion  oann  e?ip  vit  Ta»D  erKi"? 
aD'i  nor  TK  '"  'HM  .*  oann  tm  wkt  *?»<  'y^an  -m  aman  '1  n^jjn  iiaa  en'?»* 


'  Dans  les  notes  qui  suivent,  Ms., 
sans  autre  indication ,  désigne  le  manu- 
scrit de  Parme.  Les  mots  entre  paren- 
thèses se  trouvent  seulement  dans  le 
manuscrit  de  Parme  ;  les  mots  entre 
crochets  se  trouvent  seulement  dans 
l'édition. 

'  Éd.  HD^B. 
L'édition  a  ici  le  passage  suivant  : 


'D  MWV  nny  Q3  (ms.  Cambr.  HDI)  HD 

MN^c?  mpipy  n^xe?  •)vs^  nno  yapD 
Q">j'>D  nDa  njiaon  D''K''ajai  mina  i^y^ 
a'je;  ivsi  ntm  r\DV  ''n>i  en"?  id'«d. 

L'emploi  de  la  première  personne  dans 
U^Cy,  tandis  que  le  reste  est  dit  à  la 
troisième  personne,  semble  indiquer 
une  addition. 

'  Éd.  Dnîann. 


Voir  ci-ilt'S:>us. 
|).  5oi,  11"  XI  el 
ailleurs. 


\l>     sn.r.i.t.. 


536  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

N''i2?n'7  piK'DPi  niDi;n  mai  nns  p  triK  lor'?  '  mp'i  .in-a  "^ki  '  itv  'jk 
o'psm  Q'jnnxni  o'':ie;inn  v•)z•^^  .irwp  jn^ixa  auni  '"  l'j'xn  oSaoi  mi  pjDi 
nSr  HDv'?!  :  jDKj  pnwa  nvi  cova  ym:  a"inDa  '"  [pk]  mp  yxi  rS»  na»  iok 
Pic?y  mnK  via^Ji  iS  ait:  -"a  «icr  kim  .o'-Jiaj  ■*  ncan*?  insv"?  nminn  D'ja  ■•:» 
m-iyc  kV  D'Oinn  '-j'jyn  'pik  nixat:  dp'71t['7]i  anS  naia  vinx  TxcnS  cidc 
uaV  naian  pk  '"  mx  dc?  ■•a  *  Xji'jsia  jk^j^did  rnavi  »)dv  ksm  .Qionipn 
.onn  onDon  D^'jern'î  mapn"?!  T'-ion'?  ]i3iK  la  iriKi  .Kp^rD•lay  oroi.^ipa'ji 
npiN  noM  .|''iD'?  "'Wcn  f]^ttn  taiD*?  k"3  p:u  pxin  n:K''7»:n  bit  naipV  nOK  »idvi 
xa-i  .pxtn  naN^Dn  pk  "p^'îa  on  ly  *  KSJanc  'P'a  brixa  xaN  dx  -nj  -iti  pn"? 
:  D'jie?  D'^jaD  d'''73i  e;ipa  pie?"?  «loa  'Sa  idd3D  ^b  c?yi  '"  P''a  »iD3n  pk  r|or 
ip'ai  mipa  ]''an'7  TK  ^oan  am  '"  ■•jaia  n:  ly  -irx  -hk  ■'coa  pKi^ov  idk 
tth  onn  D''3-na  |Dki  ""aa*?  pk  •'pksdi  •'jvjnni  'jryn  ^ryn  n'y  «ipcn  i-ibc 
D'Onipn  '>e?n''D  bs  'Pn  'bS  onpio  D'Orly  noa  ipksd  oji  ciicxin  onyc? 
n3Di  pn"!  '  nc?y  loa  pn  o'ja  iV'a'  k"?  ikd  D'isp  nnso  oncy  nia  nanS  ■'P'«k") 
npa  pno*?  Dnc?y  «^oa  '•'73  pi^y"?!  PKtn  nax'Toa  [ns:D]  nay*?  'jvy-i  'Piie 
a'y  »iK  .»iD3  Dnoya  [^uv]  -laoj  nay"?*  "i»K  |iWKnn  irax  or  T'atn  -naya 
PK  icon  ma  ^pxapi  .'"  puay  px  niay"?  i:''wyc?  »)D3n  ■'Sa  Sa  icoDa  «•'su 
psiap  "îBon  m  '«PKip  a'y  .'ipniay  bs  vk  qp213  pan  loc?  Sy  ex  0*73  piat 
oix"'a'  iBDDa  miayp  '•'7a  hs  aipatr  'ca  nnoS  jxaa  dpik  iiboV  '«p^xii  «^oa 

:dpidc;  '"nSxi  :dix"'sv  isDOai 
•"pi'O  :r|D3  inbw  :»ic3  pibd  :«)D3  pv32?d  :«id3  moy  :«)D3  'jix  :»)D3  pt-c 
;«1D3  pnoto  :»)D3  pnsisn  :»]D3  yaj  :»)Da  piBa  :tiD3  pnyp  :i)D3  piud  :»)D3 
DP  :»ioa  ^b^bi  :»)03  pmpj  :*|Da  pipipi  :«)Da  piun  rrioa"?  »insD  :«)D3  ""iibs 

.•WTiB  ^'7  xm  :»ic3n 
pjia  yiuw uS '1X1  DP1X mBDi  onson  "i3"nDiwxinx.(''BDapx»)Dr)  nox 
iBon  oen  "lanon  de;  ijymn(a)  m  ijidx  (nt  uymn)  ie?x3i  ono  nnx  Va 
'03  nBD  wxia  ynrw  ibd  lano  "ja"?  D"mann  onann  an  iVxi  [nBon  pjiai] 
'7'?3ai  3»ion  p^yipn  xim  oVa"?  '<bbD  mx  xin  n:m  Dp'7yip  nim .  □"■oann  noxe? 
.on'pniDi'^'jawn  '•sa  o'ja  œx'ajn  nsD  Pin  -ixab'^irjy  ni  'bS  pinbxn  poan 
pinSxm  yaon  nBOO  niynn  oy  mion  ido  l'y  D'^aSin  d'73  i"7X  u'ibo»  "inxi 

'  L'édition  donne    ici    lOy.  ie   m*.  *  Ed.  IVtt;  la  leçon  IDM  du  manu- 

Canibr.  porte  n^y.  scril  est  meilleure. 

'  M»,  x-ip'!.  •  Ms.  Dpiiay. 

'  Éd.  rn  pioan"?  onsv'?.  "  M»,  «ni- 

*  Ms.  •'Jl'jna.,  "   M».  OUnSDI  DilBD  unBD. 

'  Ms.  IP'a'jl.Éd.  et  ms.  Cambr.ipa'7  "  Éd.  IBDI  pinVxn  PDana  wtcn 

uaSv  nero  irai  loxe?  lOa  xin  djc?  miei 

*  Ms.  Cambr.  xsjinB.  U'jytf  'e"?  pin'jxn  poan  np^'yo. 
'  Éd.  D'-!©y.  "  Éd.  'jaenon. 


DU  XIV  SIÈCLE.  537 

•!:n:N  Vax  .hb^'a  on'jyiri  d:''^^  nNiao  i'?3  '  mion  ibd  iioj  u^dd  'j'jDa  dji 

:  ityj  '"31  ^  mn  -iec"?  nnrcn  naisn  ixa"?  '?''nr: 
n-nnn  inno  an  o'D-'pc  D-bVia  d-'Jic  ymn"?  la  n:i:n  :  »ic3  m'^o  ]ic?iX-in  -iDcn 
.n-iDiN  cc?a  nmicn  nnjn  iciNn  ]"iD  nnr  cnc?  mira  iKac?  nniEcn  "-cyo  ^N3'7 
crc  mina  icn"»  ion  D-'ai  ma  i»o»  no  ^Dn  .^ND  imON  ncns  'dx  p"?! 
nc;'?c'i  D''jD  "jy  no  UT'yni  ,  ^vbv  pbno  '3  pis  mion  'rso  'ca  miniDi 
m  lic'pon  liniKi  .•■nyn'?  ne©  ]"'''u*">  mirn  hh:>h  VoD  dhd  npj  j'-jd'?  D'-jt'Dt 

■'-ion  -lEca  yiT«n  poxin  nson 
r"?!!  N-ipDD  nccD  D"''7C*ci  D^'a")  D''jroi  -nat"?  ia  nji:n  '.f\c2  •'HK  •'jon  -iddh 
a^nin'?  (5/t)  niV  t'-oi-i  .;^w•x^n  ncca  Tnaio  ''  n:n:n  "jn  D"'aDD3  om  minn 
no  "jab  VoD  npr  nt'iBCD  ■•a  xipon  nco  "jaD  onncm  D'»BC?En  ijavo  iiNa 
53*?!  .'jaon  "pi  S'jaai  'iVïni  •«arann  ^nn  x-ipca  ^m'?  hït-c?  ^d  ""jsn  ■|nBX''e7 
h^22^  nro'?  D''aicc  D-'crnpn  idcd  do  i*?  TiNip  nrvi  SoD  Doa  nson  nt  T'-ja 
T'Bscn  VS  iVaa  xino  lan"?  ix  Nipca  "inoscn  "ja"?  p'Dii  VoD  nsD'-  ht  iDca  "«a 

:  ^  ^"jaon  TDiDn  iryn  ■'d'? 
nato  noD  mion  nscD  a"'3T  c:'':»  ixaV  la  njian  :  «loa  mo»  **  '©■''jon  -iddh 

:  D^'jao  cpT  D'>i''3y  "7an  ont  mcn  rj'jDn  la  |''no 
mien  iBCD  D"'a-i  D"':"'^»  ton  Tin  -ixaV  ia  njian  :  *)ca  nraoD  '  'vain  ^Bc^ 
»)"i3'?  xn  "TcaD  DO  1*?  "Txip  nn»i  '"  isix  njia  ph^  ^^D^  raVcn  Da  mxio 

.-"ja 

onpn  noD  Sao  ibc  nJia  rsn'ji  -ixa"?  13  njian  :  »iDa  noD  ^  '0''Dnn  iccn 
niia  no  nio  na  rnp^yn  n''7'7ian  n:ian  Vt  .d^dnt  nan  ly  'oxiao  xini  13*70 
'oa  D^airani  D-ix^ain  nDCD  nnxi  mtt  Sa  |ai  .'î'raa  ijdd  nViyn  noi  'oin^  -idd 
nn  .i-)DD  0X13  mion  3-in  3ra  pi  .onnco  "7a  oxnaD'cann  Sa  un:  po  ^riato 
SaSann  is  Sy  dxi  nniay  Sy  o''x  o'x  DnnDnDDnnysnnynVnxo  S"'yiDpyn 
«"•■•yno  'oa  nnp-'yn  rSSian  njiano  d:''X  D'':''iy  nxp  idd  Saa  ixa'  D"'n3in 

'  Ms.  minn.  mins  iX30  im  iDx  ono  rnjnm 

'  Ed.  1DD1.  (manuscr.  de  Cambr.  D^X'33n  >1DD  Sai 

'Ed.  ■«S  nt  pi  pox-in  ntn  -idd3  naxn  Sx  mina  ixao  nixiDmix"'3i) 

'DiSTin  cnsoD  ■•aïo  inx  njo  onoy  p")B  mion  t'y  i3T«yn  -îox  inxS  nnx 

vrxipi  -ispn  nt  >nioyi  naxSon  nxta  linaxi  «'ni  "1  K"a  nto  nat  xSt  ':d  '3 

non-'  eao  hv  vrxip  myi  iicn  ibd  caSia  uoSom  r|Da  m'oa  nt  uiSnn 

»)ba  p-i'O.  Dno  nisDn  >Dyi3  S"t  xin  o-iSono  ica 

•Ed.  mrnan;   ms.  riaian,   nous  nson  nta -1113  tiSs  nox. 

adoptons   la    leçon    du    manuscrit   de  '  N°  ao  dans  l'édition,  où  on  lit  ce 

Cambridge.  qui  suit  :  miDn  IBoS  niX3  13  ">P31"ia 

'  Ed.  ''r^33  nao  Dnoy  ••S  nt  pSi       nio  i3  vv  nvz. 

nnyï  Son  dos  IDOn  nt  ■'S  (PT^Ja)  '  N°  n  dans  l'édition,  où  on  lit  ce 

»)Da  ''iitt  'Dn>  DO  Sy  rnxnp.  qui  suit  :  d"'X^33  njiao  nita  w  ^njiia 

'  N"  9  dans  l'édition,  où  on  lit  ce         DJIia  ^pyiin  DHD  1BD  Sa  ''•S  OK131 
qui  suit  :  oniBCn  'DyiD  11X3  13  'Wia         3"inD3  IBDH. 

TOHE  XXXI.  68 


xiv"  su  ci.E. 


niPtlHElIt    XITIMlIft. 


MV'   9IKCI,R. 


538  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

'DK1  Kipon  nsD  ctsyD  nos  "lin^  u^viit  nos  mm  .noipo  'ai  'sa  ncoa  mion 
:  1»!^  kV  in'îin  iTdt'  ik  n-'ïW'  rais  ^^^^  no  o'i'y  nnS  "îkwj 

mik"?  ]rhvT\  non  onas:  D^trm  'n  -Mch  la  njian  :  »)C3  ]rhv  '  'e7'«e?n  iDon 
pe?N-in  pSnn  .D'woin  'nV  '7'?i3  minn  aw  '03  |n'7e?n  do  ob  obbT  p'"?!  v'jjt 
nsts  no'jB?  p^ïDi  nwnp  n*?  »'  n:n  wvvn  \o  K'nœ?  umin  -"a  iirpa  ia  nioj 
nsD  'jDa  ]3i  nwiuSn  ikwo  nioo  pnyioV  'z'v'd  an3n  mo  isoi  nayn  pe?*?!! 
mpnyna  K3Dj  navn  poS  ■•b'?  mina  piDOn  b^  ]\y  ■•s  rOKa  Tiajo  ly  nipon 
ijnDD  nn''ai  mira  c  rin'?Nni  yaon  noano  pix^dio  nVna  ^1K^1^  noa  San 
■jav  k"?  -lixa  uv  njoi»  'D3  nuiwbn  "în  pnyios  ij'ki  D^oyn  ii»""?  iso  niDwa 
a'Ki  lanon  nJia  ppyioa  p«  '3  'r''  '"b  'nnvon  niDcn  □'713  "jyi  .vby  iiay*?  vk 
n"e?{<"t3  Dno  nuian  "73  npnyioa  pxe?  inx  '"n  p  n3in:n  rppyion  minn  pK 
iDcn  ma  bMJ  nispa  ni  mat  d:cki  nD"'DP  '"  pnin  ik  nco  pnip  pppyicn  pu  3'» 
'C3  irna^pa  inoa  p:yn  pi  .t\z2  mpipi  n3i30n  iDca  nsnita  nt  i3-ixa  niy  'a 
oh^v  d'n'jdj  ont  D''3"'jy3  K^pDa  ce?  □■'picD  !"•<  DO  Tsti  onDai  do  itaiv 
pVnn  :  o'^ppyiDa  D'^piDcn  iVx  pKi  nmo  pi'jnj  Piao*?  Dam  P13133  piao"?  rn 
niioin  ^po  N^aj  ik  pdn  «■'a:  Nin  dx  X''a:n  p:inaD  nVnsn  njcn  ia  txaj  'jon 
niocn  ''«B  pn-'PBa  nco  't  ]nn  (sic)  picBi  Dntîioi  d'Ocio  nonsa  mipa 
mina  'aonon  p'jnna  nxi:n  ^bS  nta  ni'jnj  piTipD  i:xxD  '«a  piai  iroy  unaxi 
niT'3J  i;D'7Dn  -icx3i  .Dn'?in  ^xpin^i  n'»DT>a  D^x^aannBoai  0^:10  niDipoa  'oxy 
Van  lînjx  uinn  u^n'yn  Da  noyo  D''SiT'nni  Dnn-'nn  'jioa  u^x-ini  nroipn 
"yax  :  noD  't  poD  inixi  O'^x^ain  nan  pis  oy  minn  '121  nncx  ir xini 
pcxn  f\^n"io  iy  Diyi>  lox  o^'ai  Di:'a''0  omsn  pVii  a^oVya  omsi  o'ania 
MKT  px  '"3  ia  1X33  ■'Oi'jon  p'^nn  :  PiSaoïcn  ■'j^ao  ["73]  '7X  Vi  0D03  '73'?  ina 
p3:o  ncxo  ''Oiipn  psp  pyn  niatii  ■''7"'Da  '"'Bxi  D^iB  Dioa  3T3''0  x'<aiS 
nxi^o  no  Vy  piVnj  Pip'BD  maîi  inxi  .piptn  pvxia  iVioa  i:"'Nnni  aia-'O  x^aj"? 
••siv  b^tt  ">K13D  ip'  "ran  i^ni  into  .\vii-\r\  ^b"?  ona  x^sino  D^aT  niDipca 
1XSD30  prxnm  D''PBiDn  '<j"'DD  xmi  xVbj  nnx  pjy  ia  -ixaa  '«y^ann  p'rnn  s  yion 
pxi  nmxon  "?y  ;Dta  Diipn  ;d  r^tf)  loy©  Dno  ■'3  d'-jid  ijo  D''Xi3jai  mipa 
nn  Diipn  hs  ]Dta  nnixon  p  r\-H-i  noyo  Dnoi  .x"7B3  nn  bbz  on^:^2  nao  oni 
pns  P3''7Bn  ixaji  D^a  dt-pj  inxi  .pibnj  pipBo  nt  Vy  iiati  i:n:Ki  .x'?B3  ipv 
inx  ]''3yn  ixaa  'O'onn  p'jnn  :  pBD  Dnnnx  iKV  xVo  pnna  prxia  D'3''j»n 
D''D333  Dno  D''X'ajai  mipa  ixsd:o  D'PBion  Dn  no  pyn*?  xim  n'jnj  njr  xino 
i^na  nnxi  pipson  ia  x'^ajo  ny  lOBxn  po  ppp  D'«DJ3jn  on  noi  yjDjn  po  nnp 

'   M».  'K»1.  nD3  DO  'PanaO  (ms.  Cambr.  nO)  Dï 

*  N*  i4  dan»  l'édition,  où  on  lit  ce        anO  nOU  ■'JXO  miDn  "l3tO  D''J'<3y 

qui  suit  :  xVbj  pia  avK  ""B  13  'PJiia       'pyT  'b"?  nvixi  puyo"?. 


DU  XIV  SIÈCLE.  539 

:  ''«Dnipn  'nancn  p  inx"?  ouvoe?  K*?!  013''Kt  kS  D"'73e? 
Mjnn  "iiKan  iit  Vt  n'WKna  ne?yD  ito'?  njisn  :  i)D3  '•pito  '  ^raern  -iddh 
mn  TKi  l'ajjsca  ycinn  os  a^^^D  rann»  'oa  (sic)  D'?ynn  d»  aamm  jitd  Kint? 
3"3  airiDKi  .•''?  HNiin  '«c'?  Vt  mion  a^onw  no  "?»  -iiKa  namn  nta  ^nn^i  «nNiCT 
n'e?K"ian0»D  "iir©  ^la«1  ."Tin^e?  T^jn  kVi  V'i  «in  nan  «"je?  nia'JK  'puinw  no 

:  in^'?an  V't 
^^Ka  a"'mj  «nixi  .ctona  naaiD  nryo  iKa''?  n:i3n  :  «]D3  muD  *  'j-iown  loon 
D'aï  a^y:v  ma  uk  liwin»  no  ainaii  .pDo  "«Sa  roNn  Kinw  mion  nsie?  no  •?» 
k"*?  ]^vnh  DK1  naajn  mn  novD  VVsD  o^K-'ajai  mira  »'»  ciic?  ncipo  nso 
.Dnn  ninion  nKia:n  '^d  nxaji  nioipon  -ixa:  unjKi  .bxptn"'  iDoa  p-»  onv^ 
'nD3i  n'a'pn  hn  onnvDn  mi:e?n  ]^iy  xini  c?npDi  cnp  p:y  iNaa  nt"?  «)"iixm 
nou  en  no  nta  u"?  ntn'e;  no  naîJi  mnK  ne?K  n\nK  dot  n>  owi  uiiddh  ne? 
D»  *?»  mina  wa  pio»  inK  i^jj?  nt?  iKaj  iiyi  .an>Sy  »|di3  ik  a^Dnipn  nyio 
Sa  naV  m  rnim  D"'n'7N  r'OKia  ne?a  '"  ittn  r^erKia  nVnna  '«a  Kini  'n"'  hnn 
nn'jir  h'jk'cid  '7"«nrn  inxi  .mcry'?  en'?»  îna  iwx  iDi"?  d"dc?  n»  «'•nn  nwiDn 
tr'DW  ly  K\nn  nmon  "ja  m  rnini  ONn'jK  '"  oDa  bttn  iKn*?  njci  D''De?n 
inifi  .na"?  d'h^k  nat©  ncnen  pkt  S^aa  niDipD  'aa  ri'7it  Q"nn  yy  ini  'ci*? 
Sa  m  rnjni  .laS  '"  ora  '"  -iKn"?  njwi  incK  mn  nu  yn^  diki  nwiB  S^nnn 
nrirn  nm  SSaa  ncipo  'ja  nVit  '"  'i^ya  ]n  km  nji  noK  ny  K\in  n©^Bn 
^SsN  pcD  i-iK  ma  d-'îVbid  d"'13W  w  minn  »)id  ly  nt  -inx  njni  .naS  o^n"?»  nat» 
O'j'jyn  p  (stc)  '"n  nw  ]'k  '«a  ]Dntnni  mpon  ia  bwv  pjyn  m  yis  pK» 
yao  -inK  nawDJ  niasw:  niK^Di  nuSon"?  cuern  Sa  Vax  .nS^Sm  npa  ncK'» 
;pBD  (ms.  m)  nKW  «St?  iiKa  'n""  msn  mtya  nioj  m  Sai  '73Wion  pyn 
"•3  -iK3:e?  Kin  mxn  .'"•rm  'a  iKaS  ia  nji3n  •  «psliîïyp  ^  ••y^wnn  iBon 
B?Bin  Dvpi  "ijnn  aiD  "jy  wV  Ty  min  ]nD  np'ya  u^^BD  ^wn  nwnpn  ij^mina 
nwD  mma  niy  uS  pKC  niDixn  irSy  uyo'»  no  -|Dn  py  ]i  nwna  nnnuwni 
^:»n  c?mni  .i^y  piSnS  e?"«K  Sav  kSb?  am  iiita  iKaa  mi  .nrBU  maio  pn 
■jjyn  -laT  Sy  |3i  .nnann  merya  iziw  a^i^  Sy  niax  py  npw  nnj  ttoiv 
'a  "jy  ^^u^  .«ik  jnni  nom  ne?p  -jnT  nnaia  muj  K>nc;  "•SxN  psD  pxi  D'Sroni 
D"JBn  Q131T  a  Sy  m  pn'  yn  nKaJi  .*)k  nwnxi  nuorni  ni'jn  •^^^  o^yniKon 
jnn  pT  mpo  Saa  k\t  mtjn  nxt  '«3  ]ie?Kno  n'a  p^B  'n3t;  mion  nyio  noji 
naia  onsai  D^K"'3ja  dj  mina  awao  non  niSna  mpso  m  hv  na»  VSaai  .»)»< 

'  N*  7  de  l'édition  (pnttS),   où  on  nCyD"?  yJUn  Sa  -11K3  IKaS  13  >n3113 

lit  :  noyoS  yjun  S3  iwa  ia  'pjna  o'K'ajn  Saoi  minn  |D  nasiD. 
D'K>a3n  Saoi  minn  p  n'0K^a.  •  N*  17  dan»  l'édition,  où  on  Ut  ce 

'  N*  8  dans  l'édition,  où  on  lit  :  qui  tuit  :  7K'>3T  '^D  «  ^nJ113. 

68. 


viV  siEct.r. 


Mv-  s-fc.:.  K.        5^j0  les  KCRIVAINS  JUIFS  FR  \NÇ AIS 

1UVV  D"yK  nt3  V'tt  -in\T  Tism  pn  bv  ax  ]iy  nipc  yiNn  Vs  tJDie;  yK  .'jKptn' 
ntn  ip-'i-n  Vd  ik33  Vbsai  .d^cc;  ''t«3  'nc;  D''33  "jy  nax  mov  k*?  ncxt:  N'«c;ipn 
'<ria''c;ni  mn  dWj2  n-\2Msn  ]^:s  ir-nxao  icci  nn  oy  d-D'dcd  o^c^nn  D'ina 
tV'js  pcc  ia  -ixcf  H^v  1*7  aiDi  yen  nuiSn  'P'  wn^K  Vïd 
'•'■''7  en'':  -yn  ixaj  pcxnn  .ccm  'a  ixaV  ia  n:i:n  :  r|c:  nca  '  n^cyn  iscn 
omx  ijyi  nnayi  Vy  o'Oiipn  uyjc?  ]C?'n  pccn  nt  tdiji  naionn  '•a-n  yjiD  xinc? 
ncD  unjx  ncNJi  '■'cnipn  riyiD  no:  i:njxi  .D-'ai  pi  ny-iD  a"?  nx  Tptm  pi  '131 
Vy  D>:'7in  onnx  D':-na  pDcn  ni  Trji  pnpncn  ^^^  "jy  nox  x"?  miDn  ncxc? 
'1X1  yx  nio  '3:x  p  may  icx  •«un  nx  dji  'ex  i-'X  m  -jc^ji  •'Sacn  jryn  ^n 
■ix3i:ia3  pjy  ni  ic:ai  .mion  'cxc?  yiin  nbiia  -ixax  nn  on-i^y  itu  "?xnc?  inx 
"jxn  iKipc*  ny  c*ipr:n  r^ai  d'jci-)''  annnV  in"'7C?  hanv  -idc'j  n'oi'  ytxnc 
n'?x:i  mt  '"  bx  ■'d  x\n  '"  rop:  lyit  nnncna  vhv  'ex  iidd  ^ica  inxi  nay 
1XD''  xVc  ny  poxin  onnn  m  "jbaa  ixaj  m  Vai  .n-OT  ied  »iica  ce?  pm 
D-'CP  iisn  'p'  rSy  mip  mcxc;  ne  pcx  inc^v  ly  'p''  bxn  "?y  nji'jpi  pcc  nta 
mien  -h  in-ny  ]vc:n  yiv  in^iv  xin  ■':c?n  cmni  :  'i3i  cdwc  ra-n  "?:  "la  i'7yD 
.nin  pson  -ipn  pxi  mipn  ipEiccaa  Vnjn  xinc*  'cxi  ^v^bv  p'?nD  i"3  pio 
t'?:'?  B":y  inx'i  p-pncn  iiia  n-'Pn'j  p:  x'?  mien  -3  nxs:  unjxi 
Nipeni  n-iipn  pnic  hhzr:  d''3t  D^r^y  nxsb  la  njian  :  «)c:n  y33  ^  x'^n  iccn 
mien  ■'jd  la  iX3  pcc  •''73  dxi  'j'ja  quoi  in"?!?!  miena  (sic)  pernn  xVc? 

:  11 X  'P''KT 

p3  xV  ''pyie  '3  laic'ca  pVnp  pDO  ixs"?  13  njisn  :  r\c2  prsisn  ^  a'^n  iDcn 
'a  iS  c;'»  nin  oWn  ■«j-':ya  picDPWnn  [x]ini  inx  cm  irnc*?"?  pi  nis  ne*?» 
pc?p33  pieVïPnm  pioanpnn  31  inxn  nspn  n'^ni  pnen  ^7:3  paya  yscxi  pisp 
'■iDj'?  m  ^733  'l'jipcnn  iP3''jy  -inxn  nspni  n'3"':pm  puieen  Yi3p3  d'3i  'iji3e?n 
Vrx'D  3iBn  "«yscxn  n-im  o^yi  Pispn  nVxi  pi'?'?in3i  "jrcai  pinça  nTipcn  xim 
tara  -cy"?!  "'•'n-onn  Va  """y  ■'3i2''3n  pi'jnpcn  mi  i'7cy3  icb:  px  nxim  npci 
mipn  P1SD  Q"pjc  ly  pravyn  piosnn  pjcn  mb  *)n3''C  zhn  siei  pic  o^iti 
PX1  XT»  D\nVxn  PX  yccj  bzin  i"o  'ex  pVi  Pi''3'?n  pisen  ob  Vyi  ipaSna 
'?iD3n  xim  -loncn  nxpn  yn  '73  Vy  'a  dc  "1x33  p'71  mxn  hz  nt  'a  iidd  vpisd 
orne  Van  dji  icsy3  -ixi3C  xin  -«a  pvxii  d^pbid'?  yix  px  nca"?  pihnpunn  p 

'  N°   i5  dans  l'cdition,  où  on  lit  :         JD  C^H    D'^^yj  11X31  D'Xnj'?  Cipn 

18P  pi3  na^xi  pn  citd  13  'P3113       pnJiia  ms'?  ^ixn  px  a>x>33ni  mipn 


1XD. 


•jaV. 


'  N°    10  clans  l'édition,  où  on  lit  :  '  N'  l3  dans  l'édition,  où  on  lit  ce 

13'  'jnx   npC    ICX   Xin   »1C3    y''33  qui  suit  :  noVc  'IDD  DVhv  13  'PJIia 

11X3  13  ■'PJ1131  'n  -isix  a"3  njiaM  i^c    n'jnp  "•'jod    on    n'y   ^'7Dn 

■jx  miP3  1X32?  pixScani  o"'PBiDn  on^cn. 

'iBD  ip^ai  Q''X'33n  nDD  in^ai  Piaxn  ,^  .w  *-%■  .•~...^-^';  *r.i^  -  'W 


DU  XIV'  SIECLE.  541 

"•3  »)"'DH:n  nspn  si  iKaV  «m  dtdid'?  i-i::2''c;  nx)  DJDx.nb'jimriVDD  Ninc?  nia 
mioj  nos?  HT  Qj»  n"y  nobr  ixa  n:ni  .mNisc  ncin  icnv  'noiN  d*?!!*.!  "73 
mSai  jrann  (Prjisr)  mon  by  onja  ''C'pn  oTDitîa  nt  ^cx-ii  .mVaci  n'?*7ini 

:  iDipC3  u-)K3e;  'C3  nccs  n3T  '<ddc?d  «•'Xv 
minn  ■'3-nD  hbj  ^c?^<  D''3-n3  3VN  idc  iw'?  13  n:i:n  :  t]Z2  nnctr:  '  3"'n  -lecn 
m  nnx  p"?!  ioipt:3  njit:  m33  Vi  vbs  i:pDD  icx  nuïo  3"''  qo'  uirt  -13:1 
]v>î\  pEcn  Dc?  -im"?  ir'''7:n  n:n  i'?3  iDon  htc?  xm  i:Tiyi  ■'3  co  itrx:!  -'X3i 
c?p3D  lïnn  3ty3  pns  T'-kt  ttb  im  "fCitz'  no  -)cx:c  is  1*7  yii  pnx  rji'jr  XTti 
nt3  INC"-  xVc?  ly  '^bzvn  ]vsrt  -j-n  nn  dï  ccscd  D'-tcid  D''3ii3  n?'?:.Dn'7 

:  n2^b^\^  pcc 
Kipom  minnD  d''3i  cb-ib  hs  mjvo  -nst"?  13  njisn  :  f|D3  mes  ^T"''n  tccn 
O'JD  ^73  "jy  n\T'C?  "T-xi  DCipC3  n:iD  01133  ''CiipH  '-s  -isi:i  nnn  d3  i:n  ic?n 
:Dr:i3  ""ico  'o'jyai  'cit-di  t'-d:  '-)i3y3  ne/N  m3cn  nirtN 
[1.  '^N?]  1WK  'iDipc3  nic3  n-nnn  'ib"?  la  naisn  t^îÊsTtpsD  "'l'on  -iscn 
ri-isî  3îyKi  D'onipH  '7'73  03  n3T  nV  D"'3"'jy  G7inD  'ixc  IX  '■'DTipn  '•'sr:  03  nou 
"1^X1  DnnDD3  piy  '3  Dn'>c*iT'53  on  nionc?  "•'j  nxT'C?  o'^onpn  ntrxc?  no  *?: 

:a"'V:  ix  t^os  'nx  n'sr:  31:33 
mion  1133  Tyi'?  13  ibiwes  '"îc??:  noo  ixs"?  13  njiin  :  *  t)D3  n-n3n  i"\t  -iedh 
HT  '?3e?''  rr3nr:  ni3n3ni  pi3ia  mo  i:!^'?'?  pi  nvhv  jis  «"ji  n3iD  ir:ipc3 
nt  n'7i?i  ni3x  ddcd  V't  i3''pi3-)  """jn:  n?  '33  nanc?  'D3  r^cyon  XTiciycntj 
m3x  rsoD"?  '''D3  nt3  Tiixn  n-ncnc?  ©"3  Dn"'"iDD3  omiDD  o-'S-'t::  o'ir;x»2  Dn"? 
mnx"  nbnn  rtMisn  n'jyo  i33pn  "'3  vn-^r\  rr-n  n'y'n'on  pco  l'Xi  yT:n  ^rc3i 
mon  m'jyD  mir3  uS  -idd  n'y'-i'cc?  iD3i  .mien  onnnxi  'Vit  on^-nxi  n^obv 
nani  r-ryon  x''siDi'7''DnD  on  ^3  is"?  nnca  once  nan  coinn  p  .la"? 
noVac?  ■'"jsx  poo  px  ^3'71  r''3ryn  x''DiDi'?''BnD  o.n  ■'3  ns"?  nr'73c?3  onDO 
p"?!  iJDD  113X3  0X1  nt  n'7in  Dn''c?n  t«u  '03  12b  n"'3rya  nann  d^ed  nan 
10X3  orn  riDixn  ir^  ^D3n  icy  pi  .la"?  n^uyca  ini3  "i'7ix  ix  r'7npi  ^bvD  -i3n 
0"«'7c;t3  n'H-iw  is  'ijry  psy  ^jy  mio  -jip  13  c;>c;  rnr23D  minn  |d  p^n3  i3n3X 

•  iV  la  dans  l'édition,   où  on  lit  :  '  N'S  (I. 'nn  au  lieu  de  nin)  de  l'édi- 

(ms.  Cambr.  no)  Oy  c'jnn '"iB  13 ''113113         tion,  où  on  lit  ce  qui  suit  :  13  iri3lia 

1-131131  iBon  r3ii3  ie?xia  •'nans':/  Vt  y"xi  ■•Ct  nc;yE;  ma  minn  k;ib'7 
rp'în  nurcno  p"??!  (ms.  Cambr.  ^hn)  •'IXie;  no  iEC3''n-iN3x'?i'mnN-iin3 
oniDtDnxnD  iidtd  "iicid  r3ii3V  ni  n'7nnai  'n-iinn  ■'-ino  oy  niiDn'? 

'  N'  6   dans   l'édition,   où    on   Ht   :         n31131  minn  IBD  03113  •'mX3  IBOn 

c:n3in  "73  iiat"?  [13]  ic'x  'n3ii3  n3i3  3in3'?  iixt  px  13  n:DD  pVn  bo 
winv    nDD   minn    "'BD   "iniD    ''3X       D''D3nn  ini3n»  iD3  ied  ibd. 

01133  miDn  ni3nE;  no  nspl  y"X  oann  *  N'  18  dans  l'édition,  où  on  lit  ce 

"73  'jy  nrxn  '•nxsn  oeri  •|DipC3  n3iD       qu«  suit  :  n3ii  xity  en^B  13  '03113 

ISD  D311D  nE)13  ''3X  nD  ■'3Ba  1311  131         D''DM . 

onyï  hv  noyx  nhv. 

3  7 


\IV     SItXI.E. 


XIV'  SIÈCLE. 


542  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

nsDDa  ]D  'DK3  JK  .i^D  ^hvD  inir""  pv  mion  'dko  'D3  tics  nrswDa  an»  ••niDr 
i"?3  nain  "•'?WD  an  m  impoa  ps:  nnx  "73  "«s  "•'?  nKT»  b'jsai  .nncn  iBoa  ik  nnK 
'jbs  mvn  13  iT-iTic?  '«'73D  iBie?D3  nt  idd  tc-i^d  pS  nanam  nno  lirnjn"? 
ir"'  Dv  nitNn  psi^  -)e;N3  1D»  psT  nt  "idd  nM'«E?  •j-'dcd'?  "'iKni  inoa  nan  b» 

traro  iim  pna  n\T'i  □■«Dsnn  nmo 
pe?"?  riD^w  'ïiin  obs"?  b'jDn»  D''wm  '3  la  niisn  :  «id3  nipim  '  t'^n  ncon 
D'73  'iD3nn  "'d'?»  rn  nayn  pw"?  ncD  >3  an-i  nixa  ia  iNaj  |1©K^^  ni*?»  nayn 
NSDoc;  no  ""ipo  Kin  '•aisnn  manne?  iyT«  "«a  p"?!  .ib  mx^xon  ■•yats  ivt»»  ny 
nacn  'no  Kin  imnoi  irrn  njn  UEi"?  yin  tonv  xxoin  ■'a  lyn  .©ej"?  yi" 
DnpDi  niVuD  n'jna  ia  pann  dv  r"''7:nni  "ji'iDni  mism  "iDinn  Vi  myirn 
Qij>3yn  '•»•>  "jK  (ms.  iD'»:^)  wa-i  ksd:i  ksdj  "ja"?  noc?  oxnpa  ja"?  d'jiwd 
V't  d'73  riNSD^a  '7'7i3  miD»  i"?  1D"'W  nno  nnx  ixoi  Kinn  KSD:n  yaoa  c^xcin 
de;'?  p^  D'n'y  1101  nicm  n^Ki  wni  mx  dc;"?  laaj  oyo  »'<  ;3"7i  moSiyn  'jd 
nxnin  nnb  ©^  oSae;  Vt  'n''  Vxn  niDC?  '73'7i  ikVd  avh  ]2^  cpHCfi  d''DC? 
nDCD  ma  Mb  ynuu  'D3  vj'-wdd  nnx  in  Kinn  "lain  nosy  "py  rniD  rnnro 
nerxi  c?'k  De?"?  oiwbz  V"  nxnin  no  >3  "-isun  iie^Va  'r'ja  ni  pKi  mn^Km  yaon 
DC/n  wiKi  nnx  d»  pi  on"?  pxi  'ri  ban  avb  pi  ryacD  nnx  "jy  D'i'y  iion  ik 
■•Vya  13  D'?3ai  rbyinn  '?n3  pjy  nn  .'jaa  n»3i  rvriK  n»p  pn  "7^3  niio  li^K 
yaun  loan  ia  lanKns;  no  b  oij-'jyn  "jy  unaia  "jbaa  uVa"?  unoV'?  ist  i3"'ii»'? 
njiacn  ncona  nt  "jy  dj  tid-i  laVi  .onnpDi  riKSD:n  n'ao  ryn^D  nn"7Nm 
itaw  Mvn  piyni  :i:''3i2?'7  noSe/D  inx  inn  *)D3  muo  ibci  «ic3  inVe? 
'na  pw'jn  'îi'ja'?  iDiacne;  no  yaom  p^jnn  pia  imjn  liiiie?"?  (sic)  mcoe? 
nsD  man  Nin  ]3  "«s  cbyDJ  'n  mjjsm  D^VyiD  't  V't  □'•yjia  D'aiD  onc?  Dij^jy 
ON  ■•a  iVn  r'711  "inN  pja  muv  nayn  p^Va  o^iyo  nvn  k"?»  poo  ]"iki  »)-)BSDn 
iKaj  UNI  .ujie?'?  (sjc)  i"?  laxae?  D'y'N  mx  nVc  rxsDJ  'n^n  D'a'y  ]3  n^n 
'D3m  pijnn  raN^DD  Di'jnj  onpy  inon  ma  MTiin  jki  muiDOn  oroan 
□n3  iDS  probe?  rn"?  m  b^i  onncoa  onnan  Dioann  i3'»")Nn  ne?K  yaon 
nne^o  "ipiry  'n''?'''?  »)N  nnran  rubcn  iKaae?  "•ef'yejn  ]^ivn^  :  Dijpn  onyj  «"jab 
'03  noio  rxnin  nrw  pia  rrriK*?  moe?  loe?  ^a  nn  nvriKn  nioV  D'7''nrna 
'03  rniDi  rmiNa  oiKip  «bi  lani  id  bv  nyj"?  lun  noN  inn  '7y  nhit  roi  »i'?k 
nVnna  o^isib  nv»  nKiin  on"?  ie?y  dji  ."jVa  nxnin  onV  pKer  nsuni  ■«aiyn 
'©•jern  i"7X  bao  bbai  acn  ixa  ni  on"?  unKae?  'oa  obiyn  ^poya  ODjam  Dnnios 
DK  noVe;  i"?  an  nba  '?yi  «ai»"?  "js  "îy  nayn  ^le?"?  noW  n'îyo  nuann  'i^jy 

'  N*  3  dans  l'édition,  où  on  lit  ce  n'  4  qui  est  le  dictionnaire  (ci-dessus, 

qui  suit  :  D^'j'jia  D^plD  1310"'"? '»r3n3  P.    53o,    n'  xxv),  lequel   en  effet  ne 

"jaS  nniD  anni  e?ipn  pwV  >e?nW  "îa"?  forme  qu'une  seconde   partie    de    la 

DiOnipn  D^WIDOn  inijne?  no.  Suit  le  grammaire. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  543 

'Dsno  o^^Mi  D"'p'7n  hs  d'jSdid  Dmspa  niKiim  miDi  n^bv^  rnoo  nxiina 

îiDian  pj»  innn  c?mn  •D'^wm  '3  ixa"?  n  njian  :  «id3  nmpj  '  n'-'n  ncon 
o'i'y  Via"?  pns''  rsias  pava  d''3t  riDiprai  Knpoai  mina  najj  nuN  nS'jpni 
1iBn>i  Dvba  Vn  yDw"?  iNnVx  '"  nax  k'?!  r^y  VD'»  r|iDa  'dkc?  hdi  oy'ja  ;•>:»  a'a 
k"?!  'r-"  "jxn  DC?a  n'y  yc?in'«  'dxi  .■j'h'jk  '■»''  nanx  ■'d  naïaV  n'7'7pn  nx  T'n'jK  '" 
ma  laana  IjHjki  .itd  D:nK  'j'-xn!  ddh»  ^na  Tia^  oy'ja  Vx  yicc?"?  T'-ax 
noi  roa  lain  "•l'jnn  Vbp'jD  Dy'7a  D'a'y  yiJD"?  Dît:  no  onau  nVnjni  n'jxe? 
l'jya  V  V'JDai  irranaa  yon  "«'©'nw  -inx  U'^oy  "jx  ramx  "jsi  xin  Vrp''  1:  n^iT» 
(ms.  nn'jxm)  n'jxm  nVSpn  nTaî*?  njc?  ly  x^pcn  'jDa  n'jxci  nipDD 
^'n'ya  unixi  .'■'ai  m  r*?!?!  '7[i]xc7  n'7Xi  py  mn  ]^:y  hv  D3i  njm  njn  nnsîin 
yiim  :  pDD  ia  'ix»  VawiD  1^^a  oniDoni  minn  rrox  ymji  npocn  "73  ttj 
131  )  yiT'ai  onix  ipB3  »)33  Dn3  n^n'<  xVi  '0»  xim  ]''3t:m  m^Dcn  pjy  ■'jcn 
"i^nj  i:njxi  nipooi  nVx»  nts  e?n  oyn  nx  ipijds  in  yiixDD  (ms.  yiT" 

:  '73Dn  '''7y3  Sïx  'nxno  '■'sirsn  nx»"'©  ny  ""'n'ys  Van 
"73  i;iaj  ic?x  "inox  ribscD  inx  c?i-n  -ixaV  ia  n:i:n  :t)C3  "''j'^Vj  ^n"\T  iBcn 
D1D1  no  n  nini  ruiox-in  rnax  ny-iD  '7X"ic*''  "73  iq'jdj  yx  xini  13  '■'Kr-iDcn 
Trx  nnxi  Dnn3T  ninoxi  D''Diipn  nia  nTn»  no  t3U  i:n:xi  .ny  x"?  n 

:  ''jb'?  Dnp  ^^nD  Die?D  vp'xt  x'jt  vnyoïff  x"?  "piz  pBon 
pin  py  ]n?x-'n  e?mn  :D''i:?m  '3  1x3*7 13  n:i3n  s^osn  on  ^Dnc?yn  iBcn 
pin  Sy  n''Di''3  pjyn  nt  "7»  txsd»  rijytDi  npBD  iidtxi  ■'js?  n''3i  |icrxi  n^s 
.n'733  Dm'?3i  li^Dy  nrnwm  n''3.i  pin  ly  .t'Di''  "«s  d'73D  n'7n3m  )iwxi  no 
can  'n  nts  Dn'7  'dxi  ixi'  qx  nin  yin  iiyo  B'7Dn^  ^n  onh  |n3  nBD3  xini 
BDtro  nriy  v  ox  c;>x  ixson  dk  ]iux-in  -jun  .iq'7D^  ono  nrxo  icrx 
3'B^n  DX  '»3  '7'733  Dy'7  11DX  ^iZ'r\  "inn  .nV  nVoxi  hjidx  c?p3D  (ms.  npisi) 
Din>  13  inyï  ]''3i  ex  ps  obod  i»yn  ie?y  dx  Ds-'VbyD  nxi  DD"»Dn  nx  i3''t:n 
laVn  x'7  Dnnx  Q'>n'7X  •«inxi  nin  Dip03  i3Bwn  ^x  ip:  on  ipi©yn  x'7  niD'7Xi 
'"  1DX  na  '7'733  oyV  iiDX  ^v^hvn  inn  .ntn  DipD3  osnx  "-njawi  03*7  yi"? 
i»orn  VD©  QX  HMi  'ui  na»n  ara  D3^n3D  x2?d  ixc?n  "7x1  D3"ime/B:3  iiDcn 
''yi3in  inn  .'131  m  xd3  Vy  Q''3ï;r  onen  d''3'7D  nxtn  T'i-n  □''iyc;3  1x31  'm  '" 
»3  BBWD  ie?y  '"  0X3  .13  '131  HM  laiH  nx  ov  mail  mm'  "i'7D  bib3  ■i'7d'7  iidx 
.'131  XD3  Vy  111*7  Q^^vv  D'3"7D  n''3n  nyE?3  1X31  nin  i3in  nx  ic?yn  nvs  dx 
'3  nt3  n3i3n  "7331  .mi  iDy  imx  nsyi  baa  i'7D  Siya  D3nxis  ix''3n  '•o^onn  ^^1^ 

'  N*  19  dans  l'édition,  où  on  lit  ce         mi3Xn  IM  xV  yx  e?1B^  Ip'y.ll  ISp 

qui  suit  :  miD  iBob  11X3  13  'n3ii3       Vsx     ni3ie;xi'7     niiniD    ni3iinxn 
11D  13  pxe?  .103.  D3nn  m  lye;  n^v  no  p>3.i3  n^x^an 

'  N°   i6  de  l'édition,  où  on  lit  ce         IDIpDa  n31D  11133  y'X. 
qui  suit  :  ina  inoX  n'?3D  '""B  13  >n3n3  '  Cet  article  manque  dan»  l'édition. 


XIV'  SIÈCLE. 


MV   SIF.r.I.K. 


544  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

njjiann  -ym  nt  "731  o'^D'jnrD  oiiDia  nt  on"?  icxi  '"D  inn  onc  crpa  ■t'OT' 
'7i'73'7  p3J  -iCN  nnxn  ©mm  :  pso  nta  -ind'  tàv  is  "-'n'ya  m  -iKaj  unaxi.Vnj 
'3  nn  .'«D"''?©  r''3  mj^v  a''3nDi  ''•e;  qicsd  i:Na  n'^oo  nx-'a  pjy  wn  -iDcn  nia 
nisan  ■'VaD  nt"?  Dmv  onc?  N-ipi:niain3Di'73Vur>D'?3ic;T'D'"iJB'7a'"'»-ioDnrsp 
nr'7''B33i  main  noa  ana  •'iVr  nain  rrcx  i'7N3  in"?  dk  vjDixbyoïaT  lain  dk 
Dmrn  nsDi  "jaun  iso  niy\T  ncx  ixai  3"yi  .niann  na-'Na  pT  •'iVp  riDxn  pKi 
©"■x  '73T'  N*?  D'«3ina  niODn  ht  iiv  aw  ixaic?  DnnvDn  riDipoa  D'xiaan 

tv"?»  pihrn'? 
i3-i:n  .un  (stc)  -idd  mc?n  -jina  D'»di'?k  d^d"?}*?:  ^:n:^<  njn  ""Bca  px  ^icv  idk 
l'ia ]n:T'7 D'3-i CD'' noyi  pD''7i.'''n'ya  dc'jc'ji  omc'y'?  i3'?npnE;  a^itc  oncyn 
rvD'jn'?  ■'ija  t)D3  n-ia  on"?  ''n''3a  naa  ''3  .*)C3  '>'73  pir:u?a  dtc^di  OTmo  '  "ija  'j'» 
ni^at:  d^'?31  mi:Di  kc31  jnVm  noD  ov  on*?  q^cki  •ctidï'?  o^'inx  d^hh 
-noc'?  a*?  an'?  p''  '"i  .D'un  vni  «jca  nipini  nmjno  «ic3  ny  on"?  lyxi  d'-jic? 
T^xi  .Dn''m:ai  ^  on-i^j  ■'Jixa  ix  nnx  D"'XSD;n  «1-3  •''73  ncao  'D3  n'jx  «ic3  '•'73 
'jxm  ••ca  n\n>  roxi  othv  ■'3  ix  ipn  Tyici  '•p^n  (éd.  nuvx)  t-'C»  •'JX  n\T'E? 

:  d'x'X  TIJJD  1B3' 

ijio*?  nnn  ^n:i3  "«mns  x*?  [":>]  ptn  -«ja  ba  ivtii  '^tnv  pncra  »)Din'>a  my 
nicn*?  ny  xV  m-iaon  oinnna  "|X  ."•a"?  riSanna  ^  nny  TSBn  xSi  ona  pco'"? 
miiaai  «tisd  c?X3  .d^d3D  d-'V  cca  nyi  ix'jd  Dia-i"?  [nymn"?]  ncy"?  ryi 
lay"?  an"?  ^n^t  caD  un  fjoan  -lai  Sy  nin  iscn  nx  t\uv  vitb  nhv  3"y  coaao 
iT»  t)cr  mxav  '"i  '/^r\zv  yiinna  «jdv  rmxa  nxas  "  pni  "'Vix  r)Dr  i3D3 
■'-lan  icbx  -laTi  ix  iro-'  nnip  ni  in  bu  loycni  iDX"'an  loy  -ixo  nx  napS 
i"?  î'x  ic^x  '■''«'?  n'jBD  ''3X1  loVna''  UTinai  lain''  ainn  D''i3m  icno  'Dod  idi"?» 

:iD''aB  nn"'  ne?'  nVani  n'?nn 
'r"'i  ■p''  '"D  ty  13  nt  ]:''"ax  na 

Voici  la  traduction  du  commencement  de  cette  curieuse 
autobibliographie  : 

«  Joseph  ibn-Caspi  dit  :  Quand  Joseph  devint  un  homme, 
«  il  prit  la  résolution  de  s'instruire  et  d'enseigner.  A  l'âge 
«  de  trente  ans,  il  commença  à  s'occuper  de  la  logique  et 
«  de  la  philosophie,  pour  expliquer  l'Écriture  sainte  à  l'aide 
«de  ces  sciences,  par  une  méthode  inconnue  à  ses  prédé- 
«  cesseurs.  Joseph  se  proposa  de  faire  un  abrégé  de  l'Éthique 
«  d'Aristote,  de  la  Politique  de  Platon  et  de  la  logique,  après 

'   Ms.  Cambr.  mx  '3a.  »  Ms.  Cambr.  n-»!». 

'  Ed.  Dnim3ai  Dn'3a.  '.^LesmoU  qui  suivent  jusqu'à  la  fin 

Eà.  JDX3 .  ne  se  trouvent  pas  dans  l'édition. 


XIV     SUXl.E 


DU  XIV  SIÈCLE.  545 

«  avoir  fait  tlans  sa  jeunesse  un  commentaire  sur  la  grammaire 
«  d'Ibn-Djannah  et  sur  le  commentaire  du  Pentateuque  par 
M  Abraham  ibn-Ezra.  Puis  Joseph  se  rendit  en  Egypte  pour 
«puiser  à  la  source  de  la  science  de  Maimonide,  dans  la 
«  maison  de  son  arrière-petit-fds  Abraham.  Puis,  après  avoir 
«  été  menacé  de  mauvaises  rencontres  et  surtout  d'une  con- 
«  version  forcée  (dont  Dieu  le  sauva),  il  retourna  dans  sa 
«  ville  et  sa  maison.  Joseph,  ayant  deux  fds  qui  voulaient 
«s'instruire,  se  prépara  à  composer  pour  eux  des  ou- 
«  vrages  pleins  d'idées  neuves.  Il  se  rendit  ensuite  à  Perpi- 
«  gnan  et  de  là  à  Barcelone,  pour  visiter  sa  fdle  et  son  fds; 
«puis  il  séjourna  en  Aragon,  pour  jouir  de  la  solitude  et 
«  pousser  ses  travaux  littéraires.  C'est  en  l'année  6091  de  la 
«création  (i33o-i33i)  qu'il  reprit  ses  travaux,  en  faisant 
«  le  vœu  de  ne  pas  revenir  dans  sa  famille  en  Provence  avant 
«  d'avoir  accompli  sa  tâche.  Ayant  trouvé  tant  do  choses 
«  nouvelles,  Joseph  put  écrire  vingt  ouvrages,  par  allusion  à 
«  son  aïeul  Joseph  qui  fut  vendu  pour  vingt  pièces  d'argent. 
«  Il  donnera  l'énumération  de  ces  ouvrages  et  le  sujet  qui  y 
«est traité.  En  tout  il  suit  Maimonide,  c'est-à-dire  le  Guide 
«des  Egarés,  en  le  complétant  par  la  connaissance  de  la 
«  logique  et  de  la  philosophie.  » 

Suit  l'énumération  des  vingt  ouvrages.  Les  discussions 
critiques  qui  précèdent  nous  dispensent  d'en  donner  ici  la 
traduction. 

On  attribue  à  tort  à  Caspi  des  cosnn  noio,  «  Sentences 
«  morales  des  sages».  Ce  traité  est  mentionné  dans  l'intro- 
duction à  l'Éthique  (n°  m),  et  dans  la  Lettre  de  morale,       Werbi.,  p.  i5. 
selon    M.   Steinschneider.  Nous   pensons   plutôt,    comme   p.  7"!^^ "''*  "*' 
M.  Kirchheim,  que  les  Sentences  des  philosophes  men-      komm  ,  p.  x\ 
rionnées  dans  la  Lettre  de  morale  se  rapportent  à  l'ouvrage 
ie  ce  nom  de   Honein  ibn-Ishaq,    traduit  par  Juda  al- 
Harizi.   Caspi    dit  simplement,   après  avoir  recommandé 
plusieurs  livres  à  son  fils  :  «  Parmi  eux  figure  l'Ethique 
«  d'Aristote  abrégée  par  moi,  et  aussi  un  autre  livre  qui  se 
■'  trouve  chez  nous,  c'est-à-dire  la  collection  des  sentences  des 

TOME  XXXI.  69 


3~  («pfiurniK 

7  • 


MV    SIECLE. 


Voir  ri-dessus, 
p.  491.       ' 


Komm.,p.  iSi. 


546 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Eiicycloptedie , 
j).  72. 


Zuiii,  Lit.    der 
syn.  Poésie,  p.575. 


Neubaucr,  Cat. 
BodJ. ,  col.  37g , 
11°  1180. 

Rirchbeim, 
Komm. ,  p.  .\vi. 


CaUU  BodI., 
roi.  'i86,n'i357. 


Catal.  de  Cam- 
bridge, p.  208. 


Voir  ri -dessus, 
p.  i89. 

Encyclopaedie, 
p.  73,  note  73. 


«  philosophes.  »  Il  n'est  pas  là  question  d'un  compendium  fait 
par  Caspi.  Il  n'est  pas  impossible  que  ce  soient  ces  sentences 
que  Caspi  recommande  à  son  fils  de  relire  après  le  repas. 

Caspi  passe  aussi  pour  être  l'auteur  de  pièces  liturgiques 
écrites  dans  un  langage  assez  élevé,  et  empreintes  d'un  cer- 
tain sentiment  religieux.  Quelques-unes  ont  trouvé  leur  place 
dans  des  livres  de  liturgie,  et  même  dans  celui  de  son  plus 
ardent  antagoniste  Siniéon  Douran,  lequel  sans  doute  en 
connaissait  l'auteur  par  les  acrostiches.  Il  y  en  a  quatre  avec 
l'acrostiche  de  Joseph  ben-Caspi;  elles  sont  énumérées  dans 
l'article  de  M.  Steinschneider.  Nous  croyons  que  notre  au- 
teur, s'il  avait  réellement  composé  des  liturgies,  n'aurait  pas 
manqué  d'en  parier  dans  la  préface  de  sa  liste;  car  la  mo- 
destie n'était  pas  sa  qualité.  Ces  pièces  liturgiques  pourraient 
avoirpour  auteur  un  Joseph  Caspi  d'une  époque  postérieure; 
on  connaît,  en  effet,  un  Joseph  ben-Schalom  Caspi,  qui 
a  composé  des  liturgies.  Quant  au  livre  de  prières  qui 
porte  le  nom  de  Siméon  Douran,  où  l'une  desdites  liturgies 
se  trouve,  ost-on  sûr  que  ce  soit  le  véritable  livre  liturgique 
de  ce  rabbin  ?  Il  lui  est  attribué ,  par  exemple  dans  le  manu- 
scrit de  la  Bodléienne,  qui  est  de  beaucoup  postérieur  à  Dou- 
ran. Mais  Douran  n'aurait  certainement  pas  introduit  dans 
l'usage,  comme  le  pense  M.  S.  Sachs,  et  encore  moins  récité 
une  liturgie  provenant  d'un  homme  qu'il  avait  déclaré 
hérétique.  Notre  Caspi  n'était  pas  poète  comme  M.  Stein- 
schneider le  suppose.  Les  vers  qui  se  trouvent  à  la  fin  de 
la  logique,  et  dont  M.  Neubauer  ne  fait  pas  mention,  ne  sont 
certainement  pas  de  Caspi.  Il  n'y  a  aucun  esprit  poétique 
dans  ces  six  lignes;  c'est  une  louange  à  Dieu,  peut-être 
provenant  du  copiste.  Quant  au  distique  qui  est  à  la  fin  de 
la  liste  B,  nous  ne  le  croyons  pas  non  plus  de  Caspi;  car  ce 
n'est  pas  son  style.  D'ailleurs  ce  distique  manque  dans  la  ré- 
daction A,  et  on  le  trouve  dans  un  autre  manuscrit  à  la 
suite  de  l'Épître  de  morale.  Et  ces  vers  fussent- ils  même 
de  Caspi,  ce  ne  serait  pas  là  un  motif  suffisant  pour  le 
ranger  parmi  les  poètes  juifs  de  Provence,  comme  M.  Stein- 
schneider propose  de  le  faire. 


DU  XIV  SIÈCLE. 


547 


XIV*  SIÈCLE. 


En  résumé,  Caspi  commença  sa  carrière  littéraire  par 
des  notes  sur  Ibn-Djannah  et  des  commentaires  sur  Ibn-Ezra; 
les  traités  de  l'Éthique,  de  la  Politique  et  la  Lettre  de  mo- 
rale vinrent  ensuite.  Puis  il  composa  des  commentaires  non 
mystiques  et  presque  littéraux  sur  le  Pentateuque  et  les 
prophètes;  après  cela  il  s'occupa  de  logique  et  de  grammaire. 
Il  continua  par  des  ouvrages  théologico-mystiques,  entre 
lesquels  nous  comptons  les  commentaires  sur  les  hagio- 
graphes,  peut-être  celui  sur  les  Psaumes  excepté.  Viennent 
ensuite  les  commentaires  sur  le  Guide  des  Egarés,  dont 
probablement  il  fit  déjà  un  premier  essai  à  l'époque  de  ses 

f)lus  anciennes  compositions.  Le  traité  mystique  par  excel- 
ence,  le  Gobelet  d'argent,  et  le  dictionnaire  n'ont  pas  été 
composés  d'une  seule  haleine;  ils  furent  achevés  les  der- 
niers. Caspî  termina  sa  carrière  littéraire  par  la  liste  qui! 
dressa  lui-même  de  ses  ouvrages. 

La  méthode  de  Caspi  est  si  obscure  et  si  peu  précise 
qu'on  ne  doit  pas  s'étonner  de  le  voir  très  différemment 
apprécié.  Les  uns  le  citent  en  l'approuvant,  comme  Ibn- 
Zarzah,  Moïse  de  Narbonne,  Éphodi  et  d'autres.  Les  Cabba- 
listes  l'exaltent  à  cause  de  son  mysticisme.  Ainsi  Moïse  de 
Rieli  (qui  florissait  vers  i4oo),  dans  son  imitation  de 
Dante  et  d'Immanuel,  place  notre  auteur  dans  le  paradis 
à  côté  d'Abraham  ben-David  et  de  Juda  le  Pieux',  tandis 
qu'il  chasse  du  paradis  Lévi  ben-Gersom  et  Moïse  de  Nar- 
bonne. Johanan  Alemanno  (vers  1 490)  recommande  l'étude 
des  écrits  de  Caspi.  Nous  avons  vu,  d'un  autre  côté,  que 
les  philosophes  théologiens,  tels  que  Siméon  Douran  et 
Isaac  Abravanel,  le  combattent  de  toutes  les  manières.  Les 
attaques  de  ce  dernier  rejetèrent  presque  dans  l'oubli  les 
ouvrages  de  Caspi  durant  les  xyi",  xvii*  et  xviii*  siècles.  On 
n'osa  pas  en  multiplier  les  manuscrits;  c'est  ainsi  qu'il  se 
fait  que  plusieurs  d'entre  eux  n'existent  plus.  Richard  Simon 
connut  les  travaux  lexicographiques  de  Caspi,  et  vit  ce  qu'ils 
avaient  de  mou,  d'incohérent,  d'incertain. 


Komm.,  p.  17 
et  /,6. 

l'Inryclopxdie, 
p.  7.3. 


Voir  ci-deisus, 

538. 


R.  Simon ,  Hist. 
orit.  du  V.  T., 
p.  177. 


I^DD  rmn\  auteur  dn  xn*  siècle,  originaire  des  prorinces  rhénanes. 


69. 


MV    SIECLE. 


548 


LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


\Iaikir,  XII, 
|).  6o;  XVI,  |).  92  ; 
XI\ ,  p.  115,117. 


Noir  ciKlessous 
I  article  sur  cet  au- 
teur. 


Voir  ci-dessous. 

p.  55i. 

Voir 

ci-ticssous, 

|).   JD,") 

l't    slliv 

Miink 

,  Meian 

t;<-s, 

|>.  49, 

noie  3. 

licviiedtsÉti 

udcs 

juiic* , 

i\,V 

10. 

(ipsi 

•liirlite 

der 

JurJcri, 

VII,  |i. 

282. 

Voir 

ci-dessoiis. 

(I.  ô.")G 

ABBA-M\RI  FILS  DÉLIGDOR. 

Abba-Mari  fils  d'Eligdor,  surnommé  Sen  Aslruc  de 
Noves  (cN3ij  n  pniscrK  ]v) ,  qui  demeurait  à  Salon ,  s'est  occupé 
d'études  talmudiques,  d'exégèse  biblique,  de  théosophie, 
de  sciences  et  de  philosophie.  Voici  comment  Isaac  de 
Lattes  s'exprime  à  son  égard  dans  la  préface  littéraire  de 
son  ouvrage  de  casuistique  intitulé  Qiriat  Sépher  (^Dc^'^p), 
Ville  du  livre  :  «  Le  grand  savant  Abba-Mari  fils  d'Eligdor, 
«surnommé  Sen  Astruc  de  Noves,  composa  des  ouvrages 
«  sur  toutes  les  branches  des  sciences.  Il  fit  un  commen- 
«  taire  sur  quelques  traités  du  Talmud,  en  expliquant  les 
«  mois  et  les  raisonnements.  Il  est  également  l'auteur  d'un 
Il  commentaire  remarquable  sur  le  Pentateuque  ainsi  que 
ti  sur  le  livre  de  Job.  Il  a  e.xpliqué  d'une  manière  très 
«  étendue  le  traité  intitulé  «  Les  chapitres  de  R.  Eliézer'  ». 
«  Il  a  fait  un  commentaire  sur  la  logique,  la  physique  et 
«la  métaphysique  [d'Al-Gazzali?],  et  il  a  écrit  beaucoup 
«  d'autres  livres  d'une  grande  valeur.  »  Selon  une  autre  note, 
Abba-Mari  serait  l'auteur  d'un  commentaire  sur  le  Cantique 
des  cantiques  et  sur  le  chapitre  de  la  création.  Nous  ne 
connaissons  rien  sur  la  vie  de  cet  auteur,  si  ce  n'est  que 
Samuel  de  Marseille,  dont  nous  parlerons  plus  loin,  étudia 
l'astronomie  auprès  de  lui  à  Salon,  avant  182 2,  et  que 
Samuel  parle  de  son  maître  comme  vivant  encore  en  i336. 
Dans  un  autre  document,  nous  lisons  que  sa  fille  Ksan 
(Douce?)  s'est  mariée  à  Salon  en  l'année  i36o.  M.  Graetz 
dit  que  notre  auteur  fut  emprisonné  à  Beaucaire  avec  Sa- 
muel de  Marseille,  et  il  renvoie  aux  Mélanges  de  philosophie 
juive  et  arabe  (p.  489,  note)  de  M.  Munk.  Mais  M.  Graetz 
s'est  trompé;  car  M.  Munk  parle  de  Samuel  seulement. 
Voici,  du  reste,  le  passage  des  Mélanges  :  «  Samuel  aborda 


'  ntï^Sx  "n  ^p^5.  C'est  un  livre aga- 
dique  divisé  en  btx  cliapitres,  renfermant 
des  explications  mystiques  et  astrono- 
miques sur  dilTérentes  parties  du  Penta- 
teuque; on  l'attribue  au  docteur  de  la 


Misclina  R.  Éliéier  fils  d'Hyrcanos; 
mais  en  réalité  ce  midrasch  ne  date  que 
du  vin'  siècle.  Voir  Zunz,  Die  goUes- 
diciutUchen  Vortràge,  p.  371  et  suiv. 


DU  XIV  SIECLE. 


549 


Xl\'  SIÈCLE. 


«  dès  l'âge  de  di\-huit  ans  l'élude  des  sciences  et  de  la  philo- 
«  Sophie;  il  étudia  l'astronomie  à  Salon ,  sous  la  direction  de 
«  R.  Abba-Mari,  appelé  vulgairement  Sen  Astruc  de  Noves. 
•  En  i323,  il  (Samuel)  était  prisonnier  à  Beaucaire  avec 
«  d'autres  juifs.  »  Si  Sen  Astruc  avait  été  parmi  les  juifs  mis 
en  prison,  Samuel  n'aurait  pas  manqué  de  le  dire.  Dans 
un  manuscrit  de  Parme,  on  désigne  Abba-Mari  sous  le  nom 
de  njj  }e;i  jnac'K  îc? ,  Sen  Astruc  de  San  Nagri,  peut-être 
de  Saint-Nazaire  ou  Senary  (Var).  Nethanel  Caspi,  dont 
nous  parlerons  plus  tard,  cite  notre  auteur  deux  fois  :  dans 
le  manuscrit  de  Paris,  sous  les  noms  de  ■•■ijj  ]^vi  ijjtibdn  ]■•» 
(fol.  88)  et  "•iji  ]z'\  jnacK  ]v  (fol.  i34);  dans  les  manuscrits 
d'Oxford,  n"  1229,  et  de  Berlin,  n"  12^,  sous  le  nom  de 
Sen  Astruc  tout  court".  Barlolocci  et  Wolf  ne  mentionnent 
pas  cet  écrivain. 

Ses  ouvrages  sont  : 

I.  Un  commentaire  sur  Job,  qu'on  trouve  dans  cinq  ma- 
nuscrits. Dans  l'un  d'eux  (celui  d'Oxford)  ce  commentaire 
est  attribué  à  Maestro  Vidal  Belsom  (Moïse  deNarbonne). 

Ces  manuscrits  sont  : 

a.  Un  manuscrit  du  Vatican;  le  nom  de  l'auteur  est 
ici  Abba-Mari  ben  Eligdor  Nastruc  de  Nagri  (^nncj  naison 
')ii-\).  Assémani  en  fait  Nistruk,  de  Nigris,  aiictor  icjnotus. 

b.  Un  manuscrit  de  Paris  272,  4,  où  le  nom  d'Abba- 
Mari  a  été  ajouté  par  une  main  plus  récente.  Dans  l'index 
du  nouveau  catalogue,  on  trouve  au  nom  d'Abba-Mari 
la  restriction  «  attribué  ». 

c.  Un  manuscrit  de  Parme,  n°  1872,  avec  lasuscription 
suivante  :  njiscn  nnr^x  p  no  K3N  'i  iidi^'cd  ai"?  r^uN-)3  nvvv^  nvN  '■'D 
'■I3JWT  anawx  je?  oMyi"?"?,  Commentaire  sur  Job  et  le  chapitre 
de  la  création  etc.  Le  second  traité  ne  se  trouve  pas 
dans  le  manuscrit.  Dans  XexpUcit,  on  lit  •'ijj  \v\.  De  Rossi 
dit  :  In  titulo  et  épigraphe  dicitur  appellari  lingua  vernacula 
]wi  jnecN  1»,  San  Estrogh  de  Scan.  M.  Schiller-Szinessy  a  cru 
lire |i"7e?T , «  de  Salon»,  au  lieu  du  ]wi  de  De  Rossi.  M.  Neu- 


Voir  ci-dessous 
l'article  sur  cet  au- 
teur. 


Catal.      IJcrliii. 
|).  ni. 


Assémani , 


p.  liO'l. 


Cal.  Cambridge, 
iih ,  note. 


'  mj^JI^T  (Mazkir,  XVI,  p.  ga)  est  une  corruption. 


XIV'  ttlÉCLE. 

Catal.  Oxford, 
u'  34».  7. 


Catai. 
n'3. 


p.    3l5, 


Voir  ci-dessus, 
p.  548. 


Catal.  Oxford, 
col.  7 1 ._  Comp. 
Kcv.des  Et.  juives, 
XVI,  p.  181. 


550  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

bauer  proposait  pwVa  pourpwT,  vu  qu'un  des  manuscrits 
attribue  ce  commentaire  à  Maestro  Vidal  Bellshom.  Dans 
les  addenda,  il  donne  la  lecture  correcte  nw  jwi,  après  avoir 
consulté  les  manuscrits  de  Rome  et  de  Parme. 

d.  Un  manuscrit  de  Cambridge  (  Universily  Library,  n°  66). 
Dans  un  endroit  malheureusement  très  endommagé,  le 
copiste  dit  :  «  Commentaire  sur  Job  et  une  partie  du  Can- 
«  tique  des  cantiques,  par  le  philosophe  Abba-Mari  ben- 

«  Éligdor et  les    Intentions   des  philosophes    par 

«  Abou-Hamid  al-Gazzali.  «Nous  avons  vu  qu'Isaac  de  Lattes 
paraît  attribuer  à  notre  auteur  un  commentaire  sur  Gazzah. 
M.  Schiller-Szinessy  se  demande  donc  bien  inutilement  si 
notre  manuscrit  ne  contenait  pas  quelque  commentaire  de 
Moïse  de  Narbonne. 

e.  Un  manuscrit  d'Oxford,  n°343,  4,  où  le  commentaire 
est  attribué  à  Moïse  de  Narbonne  (Vidal  Bellshom).  On  y 
lit  en  eflet  un  épilogue  en  hébreu,  dont  voici  la  tra- 
duction :  «  Pour  ce  qui  concerne  l'excellence  de  ce  com- 
«  mentaire,  le  savant  Maestro  Vidal  Bellshom  dit  que  Job 
«était  avec  lui  (qu'il  a  été  inspiré  par  Job  même),  pen- 
«  dant  qu'il  composait  cet  ouvrage.  »  On  trouve  dans  ce 
commentaire  quelques  gloses  qui  sont  provençales  plutôt 
que  catalanes,  et  qui  prouveraient,  si  on  ne  le  savait  déjà 
par  les  autres  manuscrits,  que  l'auteur  est  Abba-Mari  de 
Salon,  plutôt  que  Moïse  de  Narbonne,  qui  vécut  à  Perpi- 
gnan, à  Cerbère  (ou  à  Cervera),  en  Espagne. 

La  méthode  d' Abba-Mari  est  entièrement  philosophique 
et  basée  sur  Maimonide.  Si  Job  a  réellement  existé,  ce 
n'est  pas  lui-même  qui  a  écrit  le  livre  qui  porte  son  nom  ; 
c'est  Moïse  qui  en  est  l'auteur  et  qui  a  voulu  résoudre  la 
question  de  savoir  pourquoi  le  juste  est  souvent  malheu- 
reux et  l'impie  heureux.  Le  livre  de  Job  tout  entier  est 
arrangé  en  questions  et  réponses,  parce  qu'on  peut  soutenir 
difTérentes  opinions  sur  l'ordre  des  choses  en  ce  monde. 
Nous  ne  savons  pas  si  le  mal  que  nous  voyons  dans  ce 
monde  est  réel  ou  supposé.  Si  le  mal  est  supposé,  il  n'y 
a  plus  de  question;  car  le  juste  ne  serait  pas  juste  en 


DU  XIV*  SIÈCLE.  551 

réalité,  ni  l'impie  réellement  impie.  Donc  c'est  à  Dieu 
seul,  qui  sait  tout,  et  non  à  nous,  qu'il  appartient  de 
juger  de  la  punition  et  de  la  récompense.  Telle  est  l'opinion 
de  la  Thora  (Deutér.,  xxxi,  4)i  suivie  par  Eliphaz.  Si,  au 
contraire,  le  mal  dans  ce  monde  est  réel,  il  faut  encore 
savoir  si  c'est  Dieu  qui  a  fait  cet  ordre  de  choses  ou  non. 
S'ill'a  fait,  il  n'y  a  pas  lieu  de  murmurer  contre  lui,  ni 
de  le  remercier.  Nous  ignorons  les  motifs  qui  le  font  agir. 
Le  mal  existe  «n  vue  du  futur  monde  :  pour  y  augmenter 
la  récompense  du  juste,  on  le  fait  souffrir  plus  ici-bas,  et 
on  fait  l'impie  heureux,  pour  augmenter  sa  punition  dans 
l'autre  monde.  C'est  l'opinion  de  Bildad,  de  nos  rabbins  et 
aussi  des  motazélites.  Il  faut  tout  attribuer  à  la  volonté  du 
Créateur,  et  ne  pas  rechercher  les  raisons  pour  lesquelles 
il  a  voulu  telle  chose  et  non  telle  autre.  C'est  l'opinion  de 
Sophar,  des  ascharites  et  de  quelques  rabbins.  L'opinion 
d'Elihou  est  la  même  que  celle  d'Éliphaz,  avec  la  diffé- 
rence que  le  premier  se  base  sur  la  tradition,  sans  s'occu- 
per des  doutes  que  soulèvent  les  investigations  philoso- 
phiques, comme  le  fait  Eliphaz.  Élihou  pouvait  avec  sa 
méthode  donner  la  solution  de  tous  les  doutes  que  Job  a 
exprimés. 

II,  La  suscription  du  manuscritde  Cambridge  mentionné 
ci-dessus  porte  dans  la  partie  encore  lisible  les  mots  sui- 
vants :  Va  no  jok'i  r|iDi'?^Dn  (51c)  'n"?»  Sk  Qn^c?n-i'e;D  nspi  arKCivD 
. . . '•Vtj'?}*  lomaNV  CDiDù^Dn  runsi . .  .-inr'jK.o  Commentaire  sur  Job 

•  et  une  partie  (du  commentaire)  sur  le  Cantique  des  can- 

•  tiques,  par  le  philosophe  R.  Abba-Mari,lilsde  R.  Eligdor, 
«  et  le  livre  des  Intentions  des  philosophes  d'Abou-Hamid 

•  al-Gazzali.  »  S'agit-il  là  d'une  des  traductions  hébraïques 
du  traité  de  Gazzali  (car  on  en  connaît  trois),  ou  d'un  com- 
mentaire fait  par  Abba-Mari?  On  ne  saurait  le  dire.  Quant 
au  commentaire  sur  le  Cantique  des  cantiques,  M.  Neu- 
bauer  croit  l'avoir  trouvé  dans  le  manuscrit  d'Oxford, 
n'  aaSa,  7.  Assez  analogue  au  commentaire  sur  Job,  le 
commentaire  d' Abba-Mari  sur  le  Cantique  des  cantiques  a 
un  caractère  philosophique,  et  Maimonide  est  cité  dans 


XIV'  SIÈCLE. 


XIV*  SIKCI.E. 


552  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRVNCAIS 


tous  les  deux.  Après  un  prologue,  où  il  prie  Dieu  de  l'aider 
dans  sa  tâche,  l'auteur  dit  :  «  Ce  sage  (l'auteur  du  Cantique 
M  des  cantiques)  prend  un  berger  avec  sa  bien-aimée,  et 
«  tous  deux  expriment  leur  amour  à  l'aide  de  paraboles  poé- 
«  tiques.  Cela  se  rapporte  à  l'âme  intelligente,  qui  est  la 
«  bien-aimée;  l'intellect  émanant  de  Dieu  est  l'amant.  L'âme 
«  intelligente  a  un  désir  ardent  de  se  rapprocher  de  Dieu 
«et  de  se  tenir  devant  lui  en  réalité,  non  symbolique- 
«  ment.  Et  comme  elle  ne  sépare  pas  sa  pensée  de  Dieu, 
«aussi  Dieu  veillera  constamment  sur  elle;  de  sorte  qu'elle 
«s'attachera  de  plus  en  plus  à  Dieu  jusqu'à  ce  qu'elle  soit 
•  enlevée  d'ici-bas  pour  entrer  dans  le  faisceau  de  la  vie 
«  (I  Sam.,  XXV,  29),  comme  il  est  écrit  :  Tu  le  serviras  et  tu 
«  t'attacheras  à  lui  pour  l'aimer  de  tout  ton  cœur.  » 

Il  est  toutefois  possible  que  ce  commentaire  sur  le  Can- 
tique des  cantiques  soit  de  Moïse  de  Narbonne,  qui  a  fait 
un  pareil  ouvrage,  comme  nous  le  verrons  dans  l'article  que 
nous  consacrerons  à  cet  auteur.  Une  confusion  a  pu  s'éta- 
blir entre  Vidal  Bellshom  et  notre  Abba-Mari,  parce  que 
tous  les  deux  travaillaient  d'après  la  même  méthode. 

III.  Abba-Mari  a  écrit  des  réfutations  (naïun)  du  livre 
Voii  rwioss.i»,  du  Mystère  de  Joseph  Caspi;  nous  en  avons  déjà  parlé.  Ces 
^°'  réfutations  sont  perdues;  mais  on  en  trouve  quelques-unes 
\oii  ridessus,  cltées  dans  la  lettre  de  Calonymos  et  dans  le  commen- 
taire sur  le  Khozari  fait  par  trois  élèves  de  Frat  Maimon, 
dont  il  sera  question  plus  loin. 

IV.  Le  manuscrit  de  Munich  91,1,  contient  l'introduc- 
tion au  premier  livre  d'Euclide  par  «  le  philosophe  parfait 

Caïaioïuede  «  qui  cuseignc  la  droiture,  Abba-Mari  ».  M.  Steinschneider 
a  des  doutes  sur  l'identité  de  cet  Abba-Mari.  Pour  nous, 
nous  identifions  sans  hésiter  l'Abba-Mari  du  manuscrit  de 
Munich  avec  notre  auteur,  qui  s'est  en  effet  occupé  de 
mathématiques. 


|i.  .'I  'I 


Muiiicl 


P' 


DU  XIV  SIECLE. 


553 


xtv    Mf.r.i.h. 


SAMUEL  DE  MARSEILLE, 

TRADLCTEUB. 

Samcel  fils  de  Juda,  fds  de  Meschullam,  fds  d'Isaac, 
fdsde  Salomon  (anjn),  fds  de  Jacob  (anjn)  Prophègue  (j^nd-iid), 
(ils  de  David,  s'appelait  en  langue  vulgaire  (comme  il  le 
dit  lui-même),  Miles  ou  Muels  de  Marseille  (N■'>'7e?^D^  d'j-'d). 
M.  Zunz  considère  Miles  comme  fabréviation  de  Samuel. 
Nous  croyons  que  c'est  plutôt  le  nom  de  Miles  ou  Milon, 
si  commun  au  moyen  âge.  D'après  quelques  manuscrits, 
iSamucl  aurait  été  surnommé  le  Barbaveire  (  n'-MNaian  et 
K-i"i3i3n),  nom  dont  la  signification  est  inconnue.  Enfin  nous 
le  verrons  aussi  appelé  Miles  Bongodos  ou  Bongodas,  c'est- 
à-dire  fils  de  Juda. 

Samuel  de  Marseille  naquit  en  1294.  Cette  date  peut 
être  établie  avec  certitude;  car  noire  auteur  avait  vingt- 
sept  ans  lorsqu'il  acheva  sa  traduction  de  f  Ethique  en  1  Sa  1 . 
Son  grand-père,  MeschuUam,  était  arrière -petit-fils  de 
David  Prophègue  (M.  Munk  écrit  Prophiaque),  que  Ben- 
jamin de  Tudèle  mentionne  comme  l'un  des  plus  riches 
habitants  de  Marseille,  et  qui,  selon  Joseph  ibn-Verga, 
mourut  en  1 170. 

Samuel  montra  dès  sa  première  jeunesse  un  grand  pen- 
chant pour  f  étude  des  sciences  et  de  la  philosophie.  11  aborda 
ces  études  au  plus  tard  à  fâge  de  dix-huit  ans;  il  étudia 
l'astronomie  à  Salon,  sous  la  direction  de  Sen  Astruc 
de  Noves.  En  iSaa,  nous  le  voyons  prisonnier  à  Beau- 
caire,  dans  la  tour  de  la  Rodorte,  où  il  fut  enfermé  avec 
d'autres  juifs,  pour  une  raison  jusqu'ici  inconnue.  Nous 
le  trouvons  séjournant  ensuite  plus  ou  moins  longtemps  à 
Murciecn  Espagne  (iSa^),  à  Tarascon  (1829  et  i33o),  à 
Aixen  Provence  (  1 335  et  1 336) ,  et  eni  34o  à  Monteil-Aimar 
(Montélimart,  -id^k '7>">ojid  dans  le  manuscrit  de  Paris  893, 
nmx  'jiQjiD  dans  le  manuscrit  de  Paris  894  et  dans  celui  de 
Berlin),  endroit  qui  était  la  limite  du  pays  où  les  juifs 
de  France  pouvaient  demeurer.  Samuel  fut  un  traducteur 


(jesainmullp 
Scliriflen.  lit, 
p.  189. 

Ms.  de  Pari», 
11°  102 'i. 

Ms.  fif  Turin . 
11°  1  i  ;  ms.  (le  Mu- 
nich, 11°  66.).  — 
Voir  ri-dessous,  u 
riirticle  .l.irol>  Co- 

IlOII. 


Kcii.iii,  .^vcrroès, 
|).  19.. 


Voir  ( idcstous , 
p.  55 '1. 

Mélanges 
note  3. 


./■«g. 


Voii'  l'i-dessus , 
p.   5/18. 

Voir  ci-dessous . 
p.   SJ';. 

P.  Mever,  U 
chanson  de  la  croi- 
sade contre  les 
Albigeois,  t.  Il, 
p.  2  i3. 

Voir  ci-deisous , 
p.  56 1. 

Voirci-dessou.s , 
p.  56 i 

Steinschneider. 
Hebr.  Uebersetz. , 
)5i,    note. 


TOME  XXXI. 


70 


Xlv'SItCl.E. 

Ilist.  litl.  (le.  la 
Kiance,  l.  XXVII. 
p.  677. 


Slcinsc  lineider, 
llebr.  Uebcrscti. , 
i5i,  note  .ii!7,  et 
l•i-<l(">•^ou•■,  p.  5G7. 


Voir  ri-(lesson4 
p.  36-,  et  l'arliclp 
ilp  Juda  Colicii. 

Calai.  Munirli, 
p    li- 

Stciiiscliiicider, 
l  elxT^rli. ,  p.  1  o6. 


554  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

de  premier  ordre,  et  il  n'épargna  aucune  peine  pour  se 
procurer  les  meilleurs  textes  arabes,  afinde  remplir  sa  tâche 
aussi  complètement  que  possible.  Nous  savons  qu'il  revisa 
plusieurs  fois  ses  traductions.  Il  s'excuse  de  ce  que  quelques- 
unes  sont  imparfaites  en  alléguant  qu'il  a  été  obligé  de  tra- 
vailler sur  de  mauvais  textes.  D'après  la  suscriplion  du  ma- 
nuscrit de  Berlin,  in-oct.  332,  acquis  après  la  publication 
du  catalogue  de  M.  Steinschneider,  Samuel  était  médecin; 
ce  qu'on  aurait  bien  pu  supposer  à  priori.  On  lit  dans  ladite 
inscription  :  bcx^o  nDH'-'ND  pnaion  kbi-ih  n'7yjn  (wV^d).  Samuel 
était  un  adversaire  décidé  de  Léon  de  Bagnols;  il  se  montre 
très  sévère  pour  les  commentaires  de  Léon  sur  diverses 
parties  de  l'Organon. 

Voici  l'énumération  des  ouvrages  de  Samuel  de  Mar- 
seille : 

L  d^didiV-'d'?  -ics  '  D''c;rnnD  rvnain  n'jKC^n,  traduction  des 
Questions  ou  dissertations  touchant  quelques  points  obscurs 
du  commentaire  d'Averroès  sur  certaines  parties  de  l'Orga- 
non, achevée  le  29  nisan  5o8o  =  8  mai  i320.  Le  manu- 
scrit de  Munich  353  est  le  seul  manuscrit  qui  donne  le 
nom  du  traducteur,  «Samuel  ben-Juda  bon-MeschuIlam 
«  ben-Isaac  ben-Juda  n^iKna-Jan  ».  On  trouve  aussi  le  texte  de 
quelques-unes  de  ces  Questions  dans  le  commentaire  de 
Juda  Cohen,  élève  de  notre  Samuel,  et  dans  le  manuscrit 
de  Munich  36,  17;  M.  Steinschneider  a  donné  au  complet 
toute  celte  bibliographie.  La  traduction  de  Samuel  se  rap- 
porte aux  n°'  1-4,  21  et  22  de  la  traduction  latine  d'Abra- 
ham de  Bal  mes. 

IL  Traduction  du  commentaire  moyen  d'Averroès  sur 
l'Ethique  à  Nicomaque  d'Aristote,  qui  forme,  selon  les 
juifs,  la  première  partie  de  la  Politique,  achevée  à  Beau- 
caire  (n^pVa 'jujo)  le  lundi  10  adar5o8i  =  9  février  i32i, 
Samuel  étant  âgé  de  vingt-sept  ans.  Samuel  dit  qu'il  sait 
que  sa  traduction  laisse  beaucoup  à  désirer.  D'abord  il  ne 


'  Steinschneider,  Uebers.,  p.  98,  où 
D^e?mm  est  une  faute  d'impression. 
Dans  le  catalogue  de  Munich,  n*  36  (  1  d  ) , 


on  lit  :  □'e?mnD.  C'est  le  litre  commun 
à  toutes  les  Questions ,  quels  qu'en  soient 
les  traducteurs. 


DU  XIV  SIÈCLE.  555        ^.,.3,,,^ 

connaît  pas  suffisamment  l'arabe,  et  puis  il  a  trouvé  des 
expressions  qu'on  ne  rencontre  pas  souvent;  c'est  pour- 
quoi il  a  laissé  beaucoup  de  mots  sans  les  traduire.  Enfin 
la  copie  arabe  sur  laquelle  il  travaillait  n'était  pas  très 
correcte;  il  promet  de  faire  une  revision  de  son  travail 
aussitôt  qu'il  sera  «  bors  âe  la  prison  ».  On  trouve  des  ma- 
nuscrits de  cette  traduction  à  Oxford,  i35o,  i355,  i424i 
)425,  1426  (dans  ce  dernier  manuscrit,  le  commentaire, 
dont  fauteur  se  sert  entre  autres  autorités  de  celle  de 
saint  Tbomas  d'Aquin,  est  basé  sur  le  texte  de  Samuel);  Caïai.  de  Leide. 
àTurin,  clxix;  à  Florence,  Laurentienne,  Plut.Lxxxviii,  26;  ^  "' 
à  Rome,  dans  la  bibliothèque  Casanatensis ,  I,  vi,  11. 

Voici  l'épilogue,  d'après  les  manuscrits  de  Turin,  n°  169, 
et  d'Oxford ,  n°  1 3  5o  (les  deux  dernières  lignes  ne  se  trouvent 
que  dans  le  manuscrit  de  Turin)  : 

p'7nn  Kim  niDNDip"':  |r  pcVa  Kipan  loonK*?  nncn  idd"?  nwn  ]3  niM  a^Vi  Comp. ci-dessus. 
••jcn  p'jnn  %  idom  nODnn  p'jn  inj>in  PTion  nosnn  "'p'?n  liao  prKin  '''  '**''■ 
-iDoae?  no  h«  '>"'7inni  nrcnan  nDoae?  no  Dn>  Kin  nsK^on  p'?n  Kipjn  njOD 
iiiv  -ION  iBoa  Nirr  ^:c?n  pVnm  .^K^D^n  nsK^oa  '«'^inn  mcm  niKnan  m^oe? 
*?»  nta  '7s:rn  1331  Kinn  iDon  iV)  p  osnn  Vn  "jb:  k"?  ^N  «iidiVd'?  nanjnn  idd3 
n^jncn  nin:n  itoi  '•wn  ^n^n  phnn  p  Ksoe?  no  imiDn  ^K31  i-iK3  Kh  'a 
p»Kin  pVnn  *?«  pTïDn  >jk  ''n32?Dn  nji3n  nKî'ji  onoKDn  rynoD  jidVbn'î 
.nnx  "IK3D  mK3i  rnK  nosno  D-'p'jn  one?  nriK  nnx  nsno  D-i3n  n"?»  ibxk 
D'-jncn  ncDnn  ^jixt  rKtn  noano  pcNnn  p'?nn  Kin  ne?»  ntn  nBcn  Tpnym 
yac  nie?3  n^'jw-icD  s'i  nnhv  p  pns^  p  d"???»  ]a  x"-"  min"»  p  '^Kioe?  ^jk 
D'jDwn  njWD  jicKT  iiK  a>  wpnïn  no'jerii  ii^p'ja  "juds  nn  tucd  Dnw»i 
p'jn  UDD  moipo  n3nn3  imx  ipTsn  nya  ■»rmn  nsai  'e?ii?n  ïi^xn  qib'?  idki 
«1-nxD  3nyn  p»"»  'ninjn  nsip*?!  TOan  tJiy'DV  rm»i  na-rn   naTiD  ^njbi 

III.  Traduction  du  commentaire  d'Averroès  sur  la  «  Poli- 
«  tique  »  [la  République]  de  Platon.  Voici  la  substance  de 
fépilogue  de  Samuel  d'après  les  manuscrits  de  Turin  et 
de  Milan,  dont  nous  donnerons  le  texte  plus  loin.  Notre 
Samuel  y  est  surnommé  Miles  Bongodas,  c'est-à-dire  fils 
de  Juda.  Il  dit  que,  quand  il  a  fait  sa  traduction,  il  ne  pos- 
sédait pas  le  commentaire  d'Averroès  sur  la  première  partie 
de  la  philosophie,  c'est-à-dire  fEthique  à  Nicomaque,  mais 

70. 


IIV*  MKII.E. 


556  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FR\NCAIS 


—  qu'il  possédait  seulement  le  texte,  qu'il  n'a  pas  pu  traduire 

complètement.  Après  quelque  temps  il  a  réussi  à  se  pro- 
curer le  commentaire  sur  la  première  partie,  et  il  l'a  traduit; 
de  sortequ'ila  terminé  la  traduction  de  toute  la  Politique,  et 
ilenaaclievélarevisionle2  7éloul5o8i  (3  septembre  i32  i), 
à  Beaucaire,  où  lui  et  les  autres  juifs  étaient  emprisonnés 
si.ins.i.iiiM.ipi.    dans  un  des  forts,  nommé  nxmmi.  Il  est  probable,  aioule  Sa- 

„ot.  st)S  muel,  que  le  lecteur  trouvera  des  passages  douteux;  cela  vient 

fie  ce  que  le  traducteur  ne  possède  pas  assez  à  fond  l'arabe; 
niais  avec  le  temps  tout  sera  amélioré,  comme  cela  se  fait 
d'ordinaire  dans  les  travaux  de  ce  genre.  Il  s'était  donc  pro- 
posé de  revoir  et  de  corriger  la  première  partie,  c'est-à-dire 
i'Etliique,  avec  l'aide  des  savants  chrétiens,  qui  possédaient 
le  commentaire  d'Al-Farabi;  mais  sa  longue  captivité  l'en 
a  em])êché.  Il  espère  sorlir  un  jour  de  la  prison  et  remplir 
ses  devoirs  de  traducteur.  Le  lecteur  se  montrera  indulgent; 
car  non  seulement  les  deux  langues,  l'arabe  et  l'hébreu, 
sont  nécessaires  au  traducteur,  mais  encore  il  doit  con- 
naître le  sujet  traité  dans  l'ouvrage  qu'il  traduit  et  même 
les  autres  branches  des  sciences.  Les  traducteurs  qui  l'ont 
précédé,  dil-il,  se  sont  trouvés  également  dans  la  nécessitéde 
réclamer  l'indulgence  du  lecteur;  dans  un  temps  de  boule- 
versements et  de  persécutions,  tout  devient  encore  plus 
difficile.  Samuel  attire  l'attention  sur  ce  fait  que  jusqu'à  pré- 
sent aucun  traite  de  philosophie  n'a  été  traduit  ni  résumé, 

Muni,,  \i.iaii-.s.  si  ce  n'est  le  Livre  des  Principes  qui  est  d'Al-Farabi;  le  peu 
qu'on  en  possède  parmi  les  juifs  appartient  à  la  seconde 
partie  de  cette  science  (la  Politique);  mais  rien  n'a  été  fait 
pour  la  première  (l'Ethique). 

La  première  traduction  fut  achevée  le  22  kislev  5o8i  = 
a 4  novembre  1820,  à  Aurès'  (Pyiix).  La  revision,  comme 
nous  l'avons  dit,  fut  faite  dans  la  prison  de  Beaucaire  et 
achevée  le  2  7  éloul  de  la  même  année  (3  septembre  1 32 1  ). 
Le  manuscrit  de  Milan  parle  d'une  troisième  revision.  Après 
l'épilogue  de  la  seconde  revision,  on  en  trouve  un  second  : 

'  Autres  manuscrits  :  oniK  ou  oniK. 


U.   J  II  ,    tj  I  J. 


DU  XIV  SIÈCLE.  557 


\IV*  SIECl.K. 


«  J'avais  promis  de  corriger  cette  traduction  avec  l'aide  de 
«savants  chrétiens;  mais  cela  m'a  été  impossible  à  cause 
«  des  persécutions  et  des  vexations  que  nous  avons  à  en- 
«  durer  de  la  nation  au  milieu  de  laquelle  nous  vivons. 
«  Tout  ce  que  j'ai  pu,  c'est  d'examiner  encore  une  fois  les 
«  paroles  du  philosophe  et  de  procéder  aussi  soigneusement 
«que  possible  à  mes  corrections.  C'est  ce  que  j'ai  fait  pour 
«  l'Ethique;  mais  pour  la  République  je  n'ai  pas  pu  obtenir 
«un  autre  texte.  J'espère  néanmoins  que  les  fautes  ne 
«  seront  pas  nombreuses  et  que  le  lecteur  sera  indulgent 
•  ])our  moi  comme  il  l'est  pour  les  autres  traducteurs.  » 
Cette  revision  fut  achevée  au  mois  de  tammouz  5o82  = 
17  juin  à. 16  juillet  i322. 

On   trouve  des   manuscrits  de  cette   traduction   à  Ox- 
ford, n"  i35o  et  i355;  à  Munich,  n°  3o8;  à  Turin,  n°  4o;       Peyro..,  Catai.. 
à  Florence,    Plut,   lxxxviii,   26;    à  Milan,  Ambrosienne,    i'  '^•""''' 
R.  33  sup.;  à  Vienne,  n"  cxxix.  Catai.  Vienne, 

Voici  fépilogue,  d'après  les  manuscrits  de  Turin  et  de   "^  '^' 
Milan.  Nous  n'avons  pas  jugé  nécessaire  de  relever  toutes 
les  variantes  : 

no"?©;!  po'jBx'?  nanon  rjnin  nsna  cKîtDjn  □"yion  |d  -\v-i  p  ^1^<•'^  divi 
'JN  rnpnyni  c^nix  t»»3  ni^^^h  "•wwn  tj'jKn  b-jd'?  ns  r3c?D  ^boD  hb  mpryn 
nnaon  nN"'?''e?nKOT  m"iîoi3  nnb»  p  pnr  p  d"70D  p  min'  p  "jnide? 
n^*?  rjo  n\T  ià  'p^ayn  rvai  nii'j^wiDn  cnuju  vh-'Xi  pcnai  ivb  xipjm 
op^ryn'?  "'n'73'  tà^  dds»  »)iDiV^cn  noxD  "t"?!»  ]WK-?n  p'inn  p  ivi  p  iiN-'a 
pVnn  ^^x'^  n^"?  vmv  ly  tj'jdid  minn  Tnrni  ni"?  •r'jnrwm  o^wipi  opoy  bv 
V1W2  Vsa  aiun  unjDs  nxiaoi  nns  iiwVa  i0t  p  nsun  osn"?  xinn 
npn»n  no"?»:»  i»  310"?  'T"  "?»  D-ison  nona  nasan  ne^ni  ip^rvn"?  ^rmiynni 
Tjpn  nba  nODnn  rwa  ^rpnvn  ■?»  ■•na»  m»  r^h^o  D''i''iun  nosnn  mxia 
Vnaoa  N\nn  n:c;nD  "îi^k  j"a  ia  ppnni  pnn  rax^o  no"?»:!  ina  id3  nix-'32;n 
nxonnn  -niiao  vnsaDD  nnN3  NiVai  irnx  'ir-'  d»  y\m  nis»  •'■)"p'?3 
»rpnyn3  p'yon  -«a  3"nD  Kin  dj  ^e;DN  Nin  "jsN  wd:  irm  (ms.  Mil.  nxDnn) 
TJtrn  nsipV  "rpryn  sr>  r3D3  n:DD  nDipD3  pdid-»  rxin  nosnn  "•p'jn  ^j2?d  rw 
Dt5irD3  i'7D3>  onn  mNu»n  ^a  nBi3i  mpo  'jjn  muyn  '?3K  >3^y^  pw'ja 
O'p'nyonD  ^Di  'dV  nonvon  D-inson  ike/  npryn3  yiian  imiinn  nipim  dj>ni 
Twa  a^K'>pan  niVan  Dn>n\T  p  nnx  pjnn^  nKt  nnN  n"3a  -""jini  .^jb'?  vn  ie?N 
oVerno  i»  tikij»!  'myn  T'wnbi  T>3yn'?  nwin  nm  pai  aVa  Tiiyr""  maie/Vn 

3  8 


\l\     5IKCI.I. 


558  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

yhtnb  tcdii  'rawn  na  'nisnm  ncsnn  nw  "rt^mh  dji  .  nosnn  rw  rprvn 
'3  HDsnn  nNTD  pe^Knn  p'jnr  u-iEai  onsun  iDsn  dï  nKtn  npnvnn  ppra  ii» 
mm'?  ■•ax-iD'jN  nxiiax"?  Drcns  d3  d*?»»  D^NSDjn  xinn  p'jna  tjiDiV'Dn  nCKD 
ny3  uron  pjnni  -ji-iKn  ^DKC^  ;d  nnoin  nacn  "''ji'?  rrin  p  T''Dt  •ie;N3  miynVi 
'"?  î''3''i  nVs  p"i3D  "fCN  13DDD  "'3K"'sn  "P  Dvn  •yiic  DK1  ntD  ':ryjD  rxtn 
■?»  nrnnN  ly  nosnn  rcwxnD  -ipncm  }rï3  yb^tt^  nia  "jincrK  B»iDn  iK:Dn 
DIB  nD3nn  nwa  piyDn  "'iiD^erN"'  ta  pb^ .  □'7K?ri  la  nprvnn  ipinnw  n»  nno 
NSD''  tà^  Kon-i  x"?  -i»k  dix  ]>x  "la  nviycm  mx^awn  noipo"?  ly^jna  nc?yDn  n» 
n\T  nerx  npnvnn  nuDix  'jva  ©"3i  D'pim  otiv"?  in3x'7D3  nyo'  x'?c'  jdix 
iwx  ■'jiST  mJiwST  "Tiwa  ''pa  n\T'D  na  pixn  pos'»  nan  13  nvpy  maa  n:x'?D 
PTVD  xin  nc?x  naxVoa  11  ncana  xb  oan  ni.T»»!  rVx  p-riy'  -ic/xi  njDD  pTy» 
11  î'73  ri3x''7Dni  piD3nn  m3anDn'7  oan  ix  nociiDon  nioann  Ssa  dj  'yax  laS 
cp'TiyDn  ia  xsva  ix  r\i  hs  iTvn  naai  .  i^on  nnxna  '?''CDr  rnxn  "la  it  dï 
c'jia'jam  naiaon  nsiy  as  "jax  oninpryna  obsjrna  ij-'Jd'?  vn  -icx  Q'Jic?x"in 
mVnm  (?)  e;ic?Dn  "jy  nt  apva  ni  oxao  no  xb  liD»  ija  irc?n  iwx  DnoDnm 
nxin  rva  ^b  ]Vii:v  no  niaan  runnxm  o^^t  d-'D'»  m  mpainnm  n3'«")3ni 
noix  pai  ma  1J^l»^l?x  bv  nan  mm  i"?  ]pji  ocn  naerj.nxD  aiD  nax'jon  rxiD 
orn  is  ""3  n"?  •«ixi'?  naio  ipnnn  lain  ncry»  noxn  D^:''DXDn  Snp  o'^i^scn  onx 
'nVii  ir'jiiD  xVi  «iiDi'7En  ]D  x^  noann  nxiD  '7'73  vS»  Vdj  x"?  ix  nai  pnvin  x"? 
caT  T'a  "îDiin  ■'3  "'axncSx  isaïax"'?  nxsDin  nVnrn  iDoa  niD  xsDiw  no 
pcxin  p'jnnci  noann  rxiD  •'wn  p'7nn  |D  isid  oïd  xim  uroix  ■'©ixo 
nD3nn  nxDP  "7113  rx  nixnn"?  im'jnm  Tipmrn  ijxi  .nan  n  xsdj  x"?  i:dd 
■iDXDn  njn  oïd  xin  ■'Ji-ion  nsD  na  xsDJn  aion  qxi  ij"':!»"?'?  nx^sonVi  nxin 
ncmnc  cw  m»  r\''nv  no  [n^n]  yx  .naa  "rna  xin  bïid  n\n  oxi  n'jnrna 
nT>DDDn  maiyn  rne;  nxa"?  n'-'jsa  nx  mmon  nx-'aon  pjp  «"ja  nVacni  n'jsyn 
p'jn  HD^n  njon  nxia  ip-iinn  ic?''e?n  raw  nnsn  mae?  irpn  mioan  nn'jsnn 
1X^^  iB-ian  Dmyn  □•'•«n'pxn  nVxn  caVon  >w  nan  no  ivo»  c^inn  .  own  oa*? 
n'jiyDn  ma3e?3n  nx'i'jBn  n'?x  x-ia  ""O  ihnvr)  h^t(V  a''pne?a  xin  ona  -iix 
.  D3"':b'?  D3r'7iyDi  03nx  D3n3t?  njn  nxion  ijiai  inawco  inva 

Le  manuscrit  de  Milan  ajoute  ce  qui  suit  : 

'r'7i3>  xSi  onsun  "«oin  ny  n03nn  nxi  npnyn  \prh  '>niy  njn  p-ryon  -lox 
"refo"?  Dn^j-ia  lyn  wnx  n'?30n  rxin  noixno  ""auicn  mDmnni  nmonn  aïw*? 
Tir^y  pDiDD  "Ti'ine?  moipon  "7331  njvya  Tip»  -^x  vn"?  ibm  uid-'C^i  ru^j©"?! 
iDDa  "IX  mon  ncoa  manan  nia  ins  '>B3  niison  injpn  ï|iDi'7"'Dn  iDOa  ron 
nnx  i^yom  nioyio  ia  m«"'3©w  ^jxnioa  ni  Sa  oyi  nnx  ito  "•S  vm  nh  mmnn 
Dbm^  D-'xXDja  nyn^n  ninox  'crin  o'Bo'TDnon  na"?  ■'W=ia  rwi"?  'Ji-n-i  ••j'tsj» 


DU  XIV  SIECLE.  559 


\IV    SIECI.t. 


ne?K  inian  nanc  w^n  rpnn  bid"?  OTtPi  d-ijcc?  na»  non  onna  ppnn  nt 

IV.  Traduction  de  l'abrégé  de  la  Logique  ou   résumé 
de  rOrganon  d'Aristote  par  Avorrocs,  achevée  à  Tarascon 
(ip»-iD bnjrDa) ,  le  20  tébeth  6090  (i3  décembre  1329).  Cette 
traduction  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris  n"  956,  4- 
Le  traducteur  dit  dans  l'épilogue,  que   nous  donnerons      Catai.  Paris, 
ci-après,  qu'il  a  entrepris  une  nouvelle  traduction,  parce    ''  ' 
que  l'ancienne,  qui  est  celle  de  Jacob  ben-Machir,  conte- 
nait beaucoup  d'erreurs.  Cependant,  selon  M.  Munk,  le 
texte  de  Sauiuel  ne  diffère  que  rarement  de  celui  de  Ja- 
cob. A  la  première  feuille,  on  trouve  les  mots  suivants  :      iiisi.iitt;  deu 
nx^V-'C-iD  nrica  rnana  pan  nt,   «  J'ai  écrit   ce  volume   à    Mar-   p'^èo-'.'   ^^^"' 
«seille»;  plus  loin  on  trouve  le  nom  de  l'j-'wiDn  Tao  ("''7"'W-)Dn 
n'est  pas  très  sûr) ,  «  Schabbetaï  de  Marseille  »  ;  c'est  peut- 
être  le  nom  du  copiste,  qui  a  donné  à  la  collection   en- 
tière des  douze  pièces  contenues   dans    le    manuscrit   le 
litre  de  oniD"?  jwie? ,  «Lis  d'instruction»,  parce  que,  dit-il, 
il  a  rassemblé  six  volumes  séparés,  comme  les  six  pétales 
du  lis. 

Voici  l'épilogue  dont  nous  avons  parlé  : 
'Di'?n:Kn  10  p  cernotîn  vto  "jnjn  Dsnn  nan  iva  'jn  ;r3nn  iisp  abvi 
{3  T<  miiT'  ]3  "'?ie?iD  Skidct  ""JK  nay"?  ""anso  rnprvm  inpnyn  no'jwji 
»rnn  npnyna  nm  nviya  i'?bji  d-'obV  pnsin  laai  y'j  nthv  p  pnsi  p  dViwd 
nprsnn  îpnV  nnn  ansn  pwVa  D"'K"'p3  ^yiV1  ^aie;n  nt  ihk  ik3i  loon  icsw  ly 
vbv  s"?  n^vh  ^wi  n^n  ta  DJiprc?  idik  ovnai  nto  nnnc;  no  icVcn  «bi  N'nn 
TiKisi  D"'3"yDn  "jnp  linjK  i:dd  irjsn  nvjtDJi  V3'7i3Di  craiCD  -ison  nNc;:i 
m3'<Kn  "jnj  noan  ]Dp  nsp  nm*?  ^yiyo  rjon  nVyirn  dsivo  T-iy^e?  no  dv  nt 
n'?yon  ''jn:  «m  nwK  ]V3n3  nsii3N  nBD3»  non  np-im  nnajn  lac?  ■•d'?  nn  tt^hzinb 
is:i3K  an^'"?»  id^  iwk  o'i-'JDn  ddind  tsp"?  iBon  nta  iv-t  px  "-a  hnd  -iirwm 
kV  vnapM  Y'jm  in:iD  'B2  ny'îao  di:d  y»  "■n-ian  vba  nn-iw  ne  ivjna  T)Bd 
TIN  rpnn  nswn»  ^b"»x  ■«ds»  tk  Tpm  naon  rw"?  n:m  htmv^  i-idi  ono  ^D 
rwnbi  uiBp"?  'nji3  d«  Vxn  T«»Dm  c?nid  ipTïnb  aiwKi  nnaaa  •'^jnj''  ]Dîni 
'nbn  ■«'»  'P  -I3T  l'K  nxtn  n;N'?Da  dw  '''7  cwbi  r-inx  □"'jpnDm  pwNin  p-riyon 
'niD  "?»  '?1D3  '?NON  '70i:n  hnnm  12  Vdd  d>3ddi  ids»"?  Tiyon  nnxn  re?pa 
nTS^"?  «cwn  «i^Kn  ans"?  a^yern  pj^d  nao  ont;»  rwn  nax'jDn  "inoVwm 

:]DK  nxj"?  nbypM  nnyn  nan»'  tpcio  bnjC3 


XIV'SIÈC.I.I. 


560 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Voir 


ri-(lesius. 


Assrniaiii. 


Voii  Cl -dessous, 


Voir 
p.  3iS. 


Renan,  Averroès, 
p.  75. 


V.  Traduction  du  texte  des  figures  3o  et  3i  du  traité 
d'Euclide  (Hypsiclès)  sur  les  cinq  corps,  pour  compléter 
la  traduction  de  Calonymos,  où  ces  deux  figures  man- 
quaient. Samuel  fit  cette  traduction  le  3  du  mois  d'éloul 
5095  =  23  août  i335.  Cette  pièce  se  trouve  dans  le  manu- 
scrit de  la  Bodléienne  Hebrew,  d.  4i  fol.  1  93. 

VI.  Commentaire  sur  fAlmageste,  parties  I-III.  Ce  com- 
mentaire fait  partie  du  manuscrit  de  la  bibliothèque  du 
Vatican  n"  398.  La  première  partie  fut  achevée  dans  le 
mois  de  tischri  5091  (octobre-novembre  i33o).  Samuel 
dil  flans  l'épilogue  que  le  commentaire  est  aussi  court  et 
aussi  précis  que  possible  (il  faut  lire  ii"7i3iu  no  nsp  ino  iwnoi 
ipcnD  biii27  N'y  nc;r  nj  mD'jE?  n>m  ikod  irn  ) .  A  la  fin  de  la  troi- 
sième partie,  Samuel  dit  que  celte  partie  a  été  achevée  le 
18  nisan  5o8i  (26  mal  i33i)  à  Tarascon,  et  qu'il  espère 
faire  ultérieurement  un  comnjentaire  plus  long  et  plus  com- 
plet (il  faut  lire  aic/'ji  onnxn  onoxon  rc?nD  □■•Vcrn'?  ■«j-iTy  hd  iv  le^Ki 
c?î<-imiy).  Nous  verrons  que  Samuel  fait  allusion  à  ce  com- 
mentaire dans  f  épilogue  de  la  traduction  suivante. 

VII.  Abrégé  de  fAlmageste,  par  Abou-Mohammed  Djaber 
ibn-Aflah,  traduit  de  f  arabe  en  hébreu  par  Jacob  fils  de 
Machir  et  corrigé  par  Samuel.  Voici  la  substance  du  long 
épilogue  du  second  traducteur,  dont  nous  donnerons 
ci-dessous  le  texte  in  extenso.  Samuel  dit  qu'à  f  âge  de  dix- 
huit  ans  il  a  commencé  à  s'adonner  à  la  philosophie, 
et  qu'il  s'est  proposé  de  composer  des  livres  sur  cette 
matière.  Il  a  étudié  l'astronomie  sous  le  grand  maître 
R.  Abba-Mari  (que  Dieu  prolonge  ses  jours!),  surnommé 

i-aessus,  Sen  Astruc  de  Noves,  à  Salon.  Là  il  s'est  rendu  familier 
avec  fouvrage  d'Ibn-Aflah.  Quant  au  livre  qu' Averroès  a 
composé  sur  le  même  sujet,  il  n'a  pu  en  avoir  con- 
naissance que  par  la  traduction  de  Nathan  de  Cenlo 
(rxDn)  \  laquelle,  à  ce  qu'on  dit,  n'est  pas  correcte,  et,  en 
outre,  est  difficile  à  trouver,  n'étant  pas  très  répandue. 


'  Nous  ne  connaissons  pas  cette  tra- 
duction. Samuel  commet  probablement 
une    confusion   avec   la  traduction    de 


Jacob  Anatolio  (  Hist.  litt.  de  la  France , 
t.  XXVIl ,  p.  587  ;  Steinschneider,  Hebr. 
Vebertetz.,  p.  567). 


DU  XIV  SIÈCLE.  561 

Pour  cette  raison,  Samuel  a  abandonné  le  livre  d'Averroès, 
qu'il  croyait  alors  trop  développé  et  trop  difllcile  pour  un 
commençant.  A  l'âge  de  trente  ans,  il  est  revenu  à  l'étude 
de  l'Alniageste  de  Ptolémée,  qu'il  avait  commencée  dans 
sa  jeunesse;  il  le  lit  maintenant  avec  son  frère.  En  Bondavi 
de  Marseille,  qui  est  très  versé  dans  ces  recherches,  quoique 
plus  jeune  que  lui.  Ils  ont  étudié  tout  l'ouvrage,  excepté 
la  dernière  partie;  car  les  tem])s  rendent  impo.ssibles  des 
travaux  approfondis.  Ainsi  il  n'a  fait  de  commentaire  que 
sur  les  trois  premières  parties,  n'étant  pas  de  force  à 
s'occuper  d'un  commentaire  sur  le  livre  entier,  vu  les  cala- 
mités présentes.  C'est  à  Tarascon  que  les  deux  frères  s'oc- 
cupent de  cette  lecture,  leur  domicile  étant  dans  cette  ville. 
Samuel  avait  alors  environ  trente-cinq  ans.  H  trouve  qu'Aver- 
roès  n'a  lait  (|u'extraire  l'ouvrage  de  Ptolémée,  et  que  tout  ce 
qu'il  dit  de  bon  lui  vieni  de  son  auteur.  Les  deux  frères  ont 
quitté  Tarascon  pour  se  rendre  à  Trinquetailles  (faubourg 
d'Arles),  où  ils  ont  pu  se  procurer  un  texte  arabe  très  cor- 
rect; ils  en  ont  pris  copie  à  la  hâte,  s'étant  retirés  dans  une 
des  écoles  pendant  deux  jours,  vivant  de  pain  et  d'eau, 
car,  disent-ils,  nous  avions  hâte  de  rendre  l'ouvrage  à  son 
propriétaire  et  de  retourner  chez  nous  pour  certaines 
affaires.  La  copie  a  été  faite  sans  ordre;  car  ils  ne  savaient 
pas  toujours  comment  les  pages  se  suivaient,  et  ils  ne  pos- 
sédaient que  la  huitième  partie  de  l'ouvrage.  Après  de 
grands  voyages,  Samuel  a  pu  se  procurer  une  traduction 
de  Jacob  ben-Machir,  dont  on  lui  a  permis  de  prendre  copie. 
C'était  l'autographe  du  traducteur;  cependant  Samuel  croit 
y  avoir  découvert  des  fautes.  Enfin  il  a  pu  consulter  ime  se- 
conde fois  le  texte  arabe,  où  il  a  trouvé  beaucoup  d'endroits 
peu  d'accord  avec  Jacob  ben-Machir.  En  outre,  dans  l'œuvre 
de  ce  dernier,  il  manque  le  chapitre  sur  la  voie  lactée  et 
d'autres  constellations.  Samuel  a  pu  corriger  les  fautes  de 
Jacob  et  compléter  l'ouvrage.  H  a  appris  également  que  Moïse 
ibn-Tibbon  en  avait  fait  une  traduction ,  qu'il  n'a  pas  pu 
se  procurer.  Samuel  finit  sa  tâche,  à  l'âge  de  quarante-deux 
ans,  le  i"  tébeth  5o86  (17  décembre  i335),  à  Aix. 


Xoir  ri-ile>sii~. 
.')()o. 


lli»(.  litl.  de  la 
France,  t.  XXV II, 
p.  Coj. 


TO.ME   .\.V\I. 


7' 


Vis.  (le  Paris . 
Il"  loi-j,  1.  Cl. 
Hist.litl.dc  laFr, , 
l.  XXVIl.p.  59 '1. 
11°  >*,  el  Steiii- 
srhiieider,  Hcbr. 
I  oherseti.  ,p.  54  'i. 


tui'riurtiiK    ftTn 


X|T'  SIF.CI.E. 


562  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

On  ne  connaît  de  manuscrits  de  cet  ouvrage  qu'à  Paris, 
n"'  loi/i,  ioa4,  1020,  io36. 

Voici  l'épilogue,  d'après  les  susdits  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothèque nationale  de  Paris.  Les  variantes  n'ont  pas  assez 
d'importance  pour  être  signalées. 

c;"7''D  pona  yn\n  yi  rmhv  p  pnsi  p  dSicd  p  vki  niM\''  'la  Vkidu  idk 
nriDK  •'cnn  osrK  Tsacn  D'osn  ivoe?  .y^K  'jmnh  D''DCfn  ijMKn  .K"''''7'"^:?^o^ 
DK  c?iipo  ]iytDi  pwc  mai  hsv  maa  iV  qc?  dc  D''De;n  nixasa  D>KSD3a  nyn'n 
DDTiWDj  miym  iT'yn  dki  nvroi  nwpi  nnnn  na^Koac  ni  noNC  ■?«  can 
rmn'jmc^y  njinc  p  ikd  'Wd:  moK  ^r  '•p'rn  .Nin'<  anjoai  nnyï  n'jsoa  iNiipV 
SaroNi  nxnxi  nsiK  Tiyjn  ]K3  ny  xman  nona  ^p>kt  "lai  'nojaj  ip^n  nDD'?cnnn 
|na  nVciDn  |n'''7y  naVion  mncon  nsKVoaw  njiwKnn  n^DiDiS^cn  nnSpDCKa 
biDx"?  tîp'?'?  TIN  onny  o'^b  vn'«  nain  Dnco  'n*?  ncy"?  ry  '•a'?  nx  tdj  nT-xon 
noyo  n:t3p  u*?  mnx  n"'DT  ipsx'jd  mwy"?  ''V  n'7''7ni  .Dnny'?a  dijd  px  'a  nnD  nx 
TiDx  ]D  "ry  rriDixn  "ja  "jy  n'jiy  x''n  nnx  onntDDn  Q^ann  ri:iac;nn  rerpaa 
DViiD  ''naa  nT*?  T'nrwn  tonBcn  ant  ny  nnix  mynVi  o'iiy  oy  ':»  nc?'>aVn'j 
rxTH  DDann  TT'DVa  n\ni  Tyr  nain  'nmo  onae;  □''x'jDiDai  onjcrna  xinn 
't  a-in  ij-iiD  oVcn  *iiDi'?''En  cw^n  oann  oy  naiarn  ncan  x^n  iwx  maaan 
'jnjoa  nt  n-'ni  tj-iov  ^Vd  ■'C  'jy  □■'O''  e?ain  jnoe^x  |2?  pona  yiT«n  îr  ''id  xax 
Din'?x  x-ic;:  n^n  inx  na  nan  ne*x  nin  nom  noon  pni  "'Jtx  nyoe?  'y  p"?» 
"lan  -iBcn  r''a  '«'?maDi  .■«'7''ac;"'xn  n'jox  p  nax5  pcna  naiaoi  yiT"  '•'jxyDC?'  oan 
:  au"!  D\i'7X  aciD  ^a  "rnan  vt'  'jy  d'-d  pv  nrx  nc?"i  ]a  oann  a"3  rxin  noana 
yi  "TixDn  jnj  '->  oan*?  tVu  pryiD  nïd:  x"?  ''3  ti^vnh  ^e;Di  nVa-»  ta  N\nn  ryai 
rxsî33  nn-in  x"?  d:  .nox©  no  "'Da  ixo  nVp'jipD  irpnyn  nnNni  aïonxD  no  'Da 
xin  -liDna  niD  Tcbnn  nyian  n'jnan  ir)pie?r  wx  T^aai  •on''n"'  n^a  dx  'a 
i-incv  noana  ddiiddi  pinx  mm*?  awm  ^"n  ""a  inatn  ie?x  ivi  p  "•ddjo 
.ipin  nîn  iddh  nnx  tx  TpVn  x"?  l'jxn  maon  uddi  ."inx  nian'?  yiisT  ta  p'DDD 
r'jnn  nioana  "jinno  "inm"?  noVzr  ^j'^na  jx  nn^n  x"?  ^ai  imiona  udd  nnixi 
njbsna  inioa  px  -rnox  •  nxD  -laurt  ncoa  iwi  p  noxo  ix  'S  laiy  pa  '>e?yo 

rM^yi 
nxTH  noana  aie?*?  -'Vti  nppinwn  im32?D  d^w"?!:?  nayi  D'D\n  lanx  "«a  'hm 
prx^^  uxtn  na  lan  ne?x  bnjn  "iionn  pwxin  iddh  Sx  "«jd  rx  d'Cxi  nmaan 
TiyTi  'ai  Tny:a  nbnn  ■^no'?  lerx  iDon  xim  ^Dojo'jxa  yn^n  m'îD'jx  ovD^oa 
oann  oy  tcnn  rya  inix  Txnpi  e?xiD  ixiipS  aie?*?  cjo  Sa  Sy  TBoa  iddh  poiy 
inxnp  11"?  nnSyi  «Vyx^  d^o^"?  udd  i^ys  yiD  Saa  nbvn  k-'S^wiot  'njn  jx  'nx 
rmhv  c;n^D  tx  ''T«a  nSy  dj  .n"'p^yDn  uioan  ^a  pnnxn  noxcn  laSo  nioSwa 
ncîxa  iDin  iy  ncon  noxD  -ix»  niy  »^^)S  tx  '•'j  ]3\n  xSi  o^awxnn  onDKOn 


DU  XIV  SIÈCLE.  563 

n^T  DU  ''3  ip»no  Vnjoa  ntn  ]vvn  n^ni  '<i)yvn  '  riDiirn  nnsn  aaiy"?  Tiirn 

]2^'\  w  ]h2  niDDnn  ikui  naDjn  nwn  nosna  onn  □'«D^a  ""ry  inpBJ  iukdi 
Dpi'jD  n^n  Dna  ksdjh  aion  13  rxîn  noana  TiDoa  iv\  p  naiD  "•nny»  ]'?3a 
laouj  HTH  ^Doa  nKSDJn  riN'7DiDn  naion  ••aii  ibdi  anto  -t^Tt  nin  iddhd 
uxDNnm  i:ptnrn  «nto  op"?»  no  t"?!?  aitj  i"'K  noD  "73©  oïDsi  Kinn  -iedho 
liDDDn  «•'bvD  nD3nn  naun'?  nr"ip''i  WDjn  nnaa  V-'yoi  nsjjn  D3nn  ■'Hni  •>:«  ni"? 

D^cr  D'-xùs  nîDna  K^nn  nva  i:dd  upryni  «Dncon  3n:D  "id31nd  p^no  ntn 
■«aiyn  3"'C7n'7  uinoj  y"''  °''°3i  is  nnVa  du  iun  ncsnn  'utn  Tiao  nnxa 
rSit  "jy  nsonD  uop"?!  ijm3n  D'''73n  D^oyn  Vj'jja  i:r''a  '7N  aiu'"?!  vhsih 
p'.j-.ou'?  lûpbin  yaipD  n"?»  k"?  w'jk  cpoioD  ini''  vnv  moipon  mpairnn 

ruDnr  nt  '•tcna  TnDK  oddh 
»3i^3n  nSo'jB  '•j'td'jd  Tiiosy  lauDi  ^mna  pioo  pini  n"7n3  nm  Dvn  'n'i 
yj  T'SD  ia  apy^  't  osn"?  pnyiD  nin  iBon  tnsdi  Tyj'  hd  ■"JHKUJ  ^iibv  ■'jpD 
T3un  iy  ■'r'7Dun  np\n  noon  "jj"?»  d"'3d'7  ■•UDi  ]in31  '^D^y^  apui  ''a'?  nj  «b 
D3nn  arao  udd  Tppynu  iddh  aratî  ■T'm  imx  Tarai  ip-ryn"?  •'junni  v'jya  oy 
Kiu"?  IN  'mOK  .vnryn  m  "«a  iniK  ""ara  rya  T'en  nyuo  T^m  latjn  pTyon 
'tV  yjm  ^pVk  nty  ^ityju  ny  "•n'ju  nb  ycua  '?3n  lai  «)id  t'^rVnj  npui  "rmo 
ntn  "iBcn  'npm  Top'ju  no  n:iuKT  ■•nop'?  liDO  iun  ]iUK-in  ••a-iyn  nB  orn 
031  oaun  oann  npryna  vn  «b  naT  rmnD3  ia  tkxd  dji  idv  D'oys  1*73 
D'aaiaa  irw  n3iDn  .0U31D  ^n3^  n-l3D'7^a  iBon  Sya  '»^a^  non  nppynn  nm^fD 
nin  lana  ^mo  'UB3  'm  .'r'?ia^3  "ipipn  myoni  To'jun  nonn  "731  •o-'D^pn 
TKXD  riK^iJun  osy"?  m'7"73a  "lanyno  rrpnyn  ny  ^u»{0  ^"7  ''UB3  ns^yi  inr 
T"»»!  k"?!  "'T''?  ysn  n"?  -jk  3*3  ip'pyn  Vt  pan  nuD  'i  oann  >3  i"?  ncDi  :npnyna 
apy  iT'a  .ayT»!  |ia3  h'jk  p^i  oan  ■'O  .riKU3  pik'jbid  riK^-so  iVn  .nprynn  nnix 
nD3na  ^Vd  ^jb"?  ntn  lanon  id3  n^n  ta  '«a  nrn  Kni3m  "jnjn  'n  -nio  na'jsi  isS 
oro'jBa  rxjn  noana  "jnsn  ]n3n  ubd  Kin  13KsD'  ■'D  nnNi  .roN  «•'331  rxin 
■inu  "?3n  rnvianK  ispi  rnro  nSai  incKD  ut'bi  noisy  nu^Bn  i3t3  .nibB^K 
•nOK  nan  ny  a^upo  "juiD  miD  imoa  •'Oi  oa  i3"yr  dk  iBoa  iNinu  loa  o^pi 
ratD«i!  '>ni3UD  o'-yaiKi  dtu  n3ua  m  n^n  '•p^zD  idu  "'n-'  'n  i3ity  nm  ny 
min  "jns  nau  y"'»  nsnon  U3"Ka  D'îiy  nK^ia"?  •'wn  r\btà  D'^yun  w  r3UD 
'3B  DK  nVnK  >mDj<  :|dk  ina'jD  NU3n'  rxn"''?  mnn  "j-iskoi  maao  p'jinV  nan 
oVo  jvy  13  i^y"?  niy  ""sar  mp^n  riNtn  nK-'XOn  "h  «■'soni  ^331  nux  'n^K  'n 
:|DK  IDU  nbyp^  riyVa  ni^K  px  '•a  ••a'?  noa  ia  .np^K  onna 
VIII.  'Dman  msaoK^K  "idkd,  Traité  d'Alexandre  d'Aphrodise 

'  A  la  marge;  dans  le  texte  mB13rn. 

7'- 


XIV    sm:i:i.k. 


xr\    MKr.i.E. 


564  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


[surl'àme],  traduit  du  grec  en  arabe  par  Ishaq  ben-Honein 
et  de  l'arabe  en  hébreu  par  Samuel,  fils  de  Meschullam,  fils 
d'Isaac,  fils  du  noble  (an:n)  Salonion,  fils  du  noble  Jacob 
Porphègue  (3"NBniD),  fils  de  David,  homme  riche  à  Marseille. 
C'est  la  traduction  complète  du  premier  livre  d'Alexandre, 
sauf  l'introduction,  que  Samuel  a  laissée  de  côté.  L'épi- 
logue contient  ce  qui  suit  :  «J'ai  fait  cette  traduction,  à 
M  l'âge  de  trente  ans,  à  Vlurcie;  elle  a  été  aciievée  dans  le 
«mois  de  tébeth  5o84  (décembre  i.H'^4)i  et  faite  sur  un 
«  texte  arabe  très  correct,  corrigé  à  la  marge  et  à  la  fin  sur 
«  un  autre  texte.  Cependant  je  ne  me  suis  pas  occupé  la  pre- 
«  mière  fois  de  ces  notes,  car  je  me  reportais  constamment 
«  au  texte  lui-même.  Cette  traduction  est  restée  dans  mes 
«  cartons  et  n'a  circulé  parmi  les  savants  de  notre  nation  que 
«plus  tard,  alors  que  j'étais  âgé  de  quarante-quatre  ans. 
«  J'ai  revu  ma  traduction  avec  beaucoup  de  soin,  et,  comme 
«le  premier  travail  était  trop  confus,  j'en  ai  fait  une  se- 
«  conde  copie,  afin  que  ceux  qui  s'occuperont  de  ce  livre 
«  puissent  le  lire  avec  facilité.  Elle  a  été  achevée  le  8  tammouz 
«de  ma  quarante-sixième  année  [4  juillet  i34o]  à  Monté- 
«  limar  (nND"X  'j^tsjiD  Vnjoa;  le  n°  894  «1  idik  S^ciiD  "jnjDa) ,  où  je 
«  demeurais  à  cette  époque.  Le  texte  arabe  n'avait  pas  de 
«  chapitres  (NpcE);jelesai  introduits  pour  faciliter  la  lecture.  » 

(jiiai.  Pan,.  Cctte  traductiou  se  trouve  dans  les  manuscrits  de  Paris, 

n"  89.3  et  894,  tous  deux  écrits  en  Provence.  Le  premier 
de  ces  manuscrits  renferme  une  liste  de  livres  appartenant 

Pxev. <!.>> Kiudcs    à  l'un  de  ses  propriétaires,  un  juif  provençal;  cette  liste 
irnV.  a  été  publiée  par  M.  Neubauer  et  annotée  plus  tard  par 

ihid.,  t.  \Hi,    M.  D.  Kaufmann.  Le  n°  894  a  été  copié  par  Maestro  (  ■'kd) 
[..  3ooci  siiiv.        Crescas  Cresschent  et  achevé  dans  le  mois  de  schebat  5 1 9.5 

stein'^riineidcr,  =  iauvicr  i435.  Ou  ne  connaît  qu'un  autre  manuscrit  de 
cetonvrage;use  trouvea  berim,  m-8°,  n°  ôôi,  acquisapres 
la  publication  du  catalogue  des  manuscrits  hébreux  de  cette 
bibliothèque.  Il  y  en  a  aussi  un  fragment  à  Munich,  n°  889. 
M.  Sleinschneider  a  traduit  en  allemand  notre  traduction, 
d'après  les  trois  manuscrits  connus;  M.  Ido  Bruns  s'en  est 
beaucoup  servi  et  en  a  donné  de  nombreux  extraits  dans  son 


(>.  10 


lifberselzim!;pn 


DU  XIV'  SJECLE.  565 


\IV    MKl.l.i;. 


Siipplementiim  Aristolelicnm,  vol.    II.    Alexander,  de  Anima, 

Berlin,  1887.  Quelques  extraits  en  hébreu,  tirés  des  mêmes 

manuscrits,  se  trouvent  dans  une  dissertation  de  M.  Aron 

Giinsz,  intitulée  :  Die  Abhandhmq  Alexanders  iiher  deii  Intel- 

/rrf,  etc.  Berlin,  1886.  Pour  les  erreurs  commises  par  les 

anciens  bibliothécaires  sur  l'auteur  de  cette  traduction ,  ainsi 

que  pour  d'autres  observations,  nous  renvoyons  le  lecteur 

à  la  bibliographie  que  M.  Steinschneider  donne  dans  son      sieii.sdmeidc, 

nouvel  ouvrage.  ^^'^r':^. 

Voici  l'épilogue  d'après  les  manuscrits  de  Paris  '  :  »"''■'• 
Tïno  \v  pc'ja  laim  V'n  inprvn  nc'jcrji  crcia  ■«cn-tEn  -n::c{<n  idnc  d'7C'; 
iDKOn  CNna  tw.^-^  nrxc  102  pin  p  pnoK  'aty  \\zy^  Ninn  ^icSiD  ipTyn 
na  ^a^D^  ^a  j^an*?  nc?p  picv  xim  nay  ]wS^  "la-iy  jic'jd  'iN  vnprsn  p  mx 
npiDyni  nmonn  CBjn  ncan  N^n  iwk  rxin  ncana  jac?  "73  ma-  Vaa  ibecd 
îie?"?  *?«  pcr'jD  pnyiD  invna  ij-)EDC?  ne  Nin  rupi  ipcy  '7y  r\-''Dvz  noi  nyataa 
vnippyn  nsD  r'':rm  nsD  rnxn  mao  "•ne?'?  ncrpi  pioy  Kinc?  ^z>)>'n  hz»  D''DyD 
nanon  ne?N  moVca  li^an'?  "rav  ]ia3  'rain  noana  'jnnc*  ■»D  njn  mNrc?  '.oa 
iKD  "jnj  ^pM  naaj  no'jern  r'Vana  oVcn  ntn  -iondh  'a  rtoN  panS  vj'»! 
«0331  pw  inioa  k"?  DTana©  oVcn  «m  nano  ■•a  rnsn  mao  tc'?  nn  naie?''e;D 
D'iva  noana  ddiiedh  c;iaNDip''j  ]3  ibcik  '■'dn  Via-ia:  D''Eici'7''Bn  nvDa  noN 
E7''Nn  "iiyc;  bu  Tin  kV  pe'Nin  CKin  n\m  tidne?  no  ••Ea  nioann  «'•son  ic?k 
'a  iDim  Vpi  ]ae;  Va  vian  rnox  Vy  iT'y  inVin  ntn  ^D^{Da  man  noana  nin 
i:iy'jnc  oniNO  ntn  Dvn  ny  idcik  nnx  cxan  D^EicibEn  Vaa  n^^  kV  roxa 
•imn  naa  Kin  ■•a  n'-iwn  nacni  «noana  niycr'ji  •naTio'?  y'rc;  inx  onnai 
Vais  iaa3  nnrn  pVnai  rr-yaiDn  nnann  jen  noann  Vao  nmaan  nnp\T  noana 
"jna  Kao  iV  U''  ■]«  na"?  ■'yao  U'-x  xm  n?n  pVan  ^a  e?B3n  pVn  xin  n'-pVn 
n"'n'7Kn  noann  oy  oisy  »iine;  nV  t?"!  n''p'?n  ixe?a  r^'yaian  ncann  dj  nrnVxa 
noann  pi  iva  ^c?x  anpm  »)irc;a  diz  Vy  nViy  e?D3n  pVn  ijut  nin  pVnm 
npnon  pi  injna  DncxDac?  laaan  ntn  loxon  n^n  vh  mac  'ne;'?  njn  n-'nVxn 

:  xs"«  ania  CDnn  jvym  oVwn 
nje?  nao  ©nina  inpnyn  noVoji  ^  n'D^^D  ^>ya  "'nije?D  Dicrbe?  nowa  vnpnyn 
nxo  njiD  vrxsD  ijdd  inpnyn  nc?x  laiyni  m>i-h  yanxi  D"'JDe?i  D''e'7x  ne?  n 
nnx  imx  ^pinyn  rya  ^nauDJ  xV  ^k  r^nox  xnoiD  noixi  pnpn  "a  isica  ana: 

'  Ce  texte  a  été  publié  par  M.  Stein-  utile  de    reproduire  ici   cet   épilogue, 

Schneider  dans  le  Magazm  j'àr  die  Wis-  en  omettant  les  variantes  les  moins  im- 

senschajï  des  Jadenlhums ,   1887,   partie  portantes, 
hébraïque,  p.  8  à  lo;    nous    croyons  *  Ms.  Soii.X'CllD. 


x,^•  s,r....E.       5®^  ^^^  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

iDon  ^1n^e?  noa  ^m"'^  non  T^ni  njicn  any  T^n  o^nynb  "«s  d'?3  nnjnn 
iniK  "«pTvn  inK  nTn  lOKOn  ikwji  naun  roK"?  nanpn  "Tiacno  "«Da  Vam 
orn  n»  133013  ne?KM3noiï<D  oij^yon  ]n  owcnn  k"?  TnjiKa  oinm  no»  moa 
TiK  riwion  rcrpi  noxon  poiy  naano  "tin  mp"'yon  noisvn'^'rmB'jntn 
"invjm  D-'D'n  ia-iK  •<o^  npnom  jryn  ^ni  V»  o"?©  inra  rw  "Tppyn  pipn'jo 
n-iir»  HNnp  nin  noxon  "«nNip  D>D»n  p  'Jiat  tuc^d  yaïKi  D^yanxn  nwh 
ipna  nain  "Timo  mai  diovd  ion  i»  nion  Vy  wkid  no"?»  n^-pn  iniN  impni 
3'7DiDn  iryn  inx  ">nn  ^s  n'?iyn  "«Dai  ■'aSoi  '  TnanD  vn  rsipro  naini  i3ipni 
.T'rin3n'?i  n3Dt  iiik"?  orn  rooeriDO  k'h  >rpryno  n3ie?K-in  nnD3n  -)0koi 
13  N-)ipn  yn^  lyo"?  "tSid^c?  iNiao  nrrni  'iVs  *  d"?»  nnra  n'3»  nniN  ^nana 
:n'7p33  Dni'jK  imN-'SD''i  i3rDiN0  D''pe?inm  D'oann  pon  ps  irSyin  De?Dnn 
'?n303  HT  n^n  ^ri3E;D  D^yaiNi  vv  nwu  non  'na  n'3»n  nwn  na^nan  no'7e;3i 
'any  pw*?©  nin  -jokoh  pTyon  *nanon  -ntnn  nys  ■•nn  db?  *"iKO"t<  '7"B3io 
J3  no"?»  '")  an3n  p  pnsi  'la  o'jerD'ia  nn*?*!:  mm"»  'ta  Vkiow  "«o©  nt  "«nsy  iio'j'j 
'mara  oy  ■'d^  *  K''^'7''»ioa  n'>n  Vns  n>E?y  in  'la  ■'s^kdiid  apy  't  an3n 
nrati  nn-'T'Dni  moïKn  loan  ^"?n30  n%T  ne?j<  nin  laajn  >n'7Kn  nanon  ain 
n'jynii  n33'?  K03n"'  "iniao  loc?  •'n-'  ^ty3  "73  •?«  -iiiyn  "'n-iTy3i  la"?  noa  o^wnpn  "'max 
cwmni  D>B'7nnon  n''3"'3yn  pa  poDnn  Kini  nxt  ^npnyna  ■•nwnn  oyoi  •]Dk 
KpoB  D1D  13  nn^n  kS  pano  i'?ia  hnt  ijdd  nt  '«npnyn  i»k  myn  ^3  o^iwn 
pa  "«nTiBni  ■•in-ii  p33  tt^r\v  "«nn  •?»  nViya  ■•pco  "•poo'?  mpocn  -lOKOn  b^>nh^ 
noi  D^3iWNnn  noKOn  ■'p'jn  on  no  p3n'?  piyon  bare?  ly  cniM  'n"?3n  Q>p3in 
•"nOKn  -|ina  nay  nn3n  noxn  h»2  nan»-"  .kxom  ina>  rp'jn^p'jn  on 

IX.  Traduction    des   ouvrages  astronomiques  du  vizir 
caïai  Pan»,      et  cadi  Abou-Abdallah  Mohammed  ibn-Moàd  de  Séville, 
dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  io36,  1  et  a. 

a.  Traité  en  sept  chapitres  sur  l'écHpse  totale  de  soleil 
arrivée  le  lundi,  dernier  jour  de  l'année  471  de  l'hégire 
(3  juillet  1079).  L^  copiste  a  mis  ici  «""jiw-idi  vh-'V  myo  pnyin, 
traduit  de  l'arabe  par  Miles  (Muels)  de  Marseille. 

b.  inwn  nioy3  m3N,  «  Traité  de  l'aurore  ».  Le  traducteur  n'est 
pas  nommé;  mais  toutes  les  pièces  de  ce  manuscrit  sont 
traduites  par  notre  Samuel.  A  la  fin,  on  lit  un  passage  arabe, 

'   Ms.  894.  13nO'>N3.  *  Ms.  894,  13101. 

*  M».  893.  'nmoV  ,  '  Ms.  894, 3"DniD. 
'  Ms.  893,  '«m3D  ''nb.                          '  Ms.  894,  n'?>»-iDa. 

*  Ms.  8g4 ,  manque.  *  Ms.  893,  niJOa. 
'  Ms.  894,  101K  "7^0:10.                             "  Ms.  894.  manque. 


p.  iSo 


DU  XIV'  SIECLE. 


567 


\i\''  s'.r.ci.i'.. 


avec  la  suscriplion  suivante  :  prvin  tài  uod  nt  oj  :  «  Ceci  est 
»  également  de   Moàd,    mais  n'a  pas  été  traduit  [en  hé- 

•  breu].  » 

X.  D'cpn  o>333n  n»i:r3  ^D^{D,  «  Traité  sur  le  mouvement  des 
«étoiles  fixes»,  par  Abou-Ishaq  el-Zarqala.  Le  nom  du  tra- 
ducteur est  écrit  ici  Samuel  fds  de  Juda  :  ^'»  "^^vh  'a-ivD  pnvj 
miiT»  'i3  bKiDc;  't.  Nous  ne  connaissons  qu'un  seul  manuscrit 
de  cette  traduction,  c'est  le  ii°  io36,  3,  de  la  Bibliothèque 
nationale  de  Paris.  A  la  fin,  on  lit  les  mots  suivants  :  d"?»! 
■'D'?e;n"'  omaK  ^"»  '7Nn  nawa  iiann,  qui  nous  donnent  le  nom  du 
copiste  Abraham  Yeruschalmi. 

On  ignore  la  date  de  traduction  des  articles  viir  et  ix. 

Samuel  a  peut-être  traduit  également  les  commentaires 
d'Averroès  sur  d'autres  parties  de  l'Organon,  outre  la  Lo- 
gique où  il  avait  mis  à  la  marge  des  notes  contre  Lévi  ben- 
Gersom  [Léon  de  Bagnols];  peut-être  avait-il  annoté  un 
exemplaire  de  Lévi,  et  c'est  de  là  que  Juda  Cohen  aura 
tiré  les  passages  qu'il  cite,  passages  où  les  règles  de  poli- 
tesse qu'on  doit  observer  envers  un  confrère  sont  outra- 
geusement violées. 

Il  est  possible  que  notre  Samuel  soit  le  copiste  du  manu- 
scrit de  Parme  De  Rossi  n"  935,  qui  renferme  les  traductions 
de  Calonymos  (articles  xix  et  xx) ,  ainsi  que  la  traduction  de 
la  paraphrase  d'Averroès  sur  le  traité  de  l'Âme  d'Aristote, 
qui  fut  achevée  à  Tarascon,  le  qi  du  mois  d'ab  6091 
=  26  juillet  i33i.  La  même  date  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit Urbin.  4i  de  la  bibliothèque  du  Vatican,  qui  est 
probablement  une  copie  de  celui  de  Parme. 

JÉROHAM. 

Jéroham,  fils  de  Meschullam ,  est  un  exilé  de  la  Provence. 
Il  se  plaint  de  la  même  infortune  que  ses  compatriotes 
Estori  et  ledaiah.  Il  n'indique  pas  quelle  était  sa  ville  na- 
tale; il  dit  seulement  qu'il  est  Provençal.  Jéroham  se  rendit 
en  Espagne,  où  son  sort  nefutpas  heureux,  et  si  nous  com- 
prenons bien  les  mots  'rm>  iidd  ^awa  tvtt  n»,  •  jusqu'à  ce  que 

•  je  descendis  dans  la  captivité  d'Espagne»,  qui  se  trouvent 


Voir  ci-(li'ssus. 
p.  554. 


Voir  ci-dessus, 
p.  554. 


Calai.  Dr  Rossi. 
t.  III,  p.  iS. 

Voir  ci-dessus, 
p.  4;!3ct  A31. 

Hisl.  liU.  de.  la 
Fr.,  I.  XXVII. 
p.  393. 

Assémaiii ,  Cat.. 
p.  435. 

Steiiischiipider, 
Uebcrs.,  p.  i3i  et 
i38. 


priHaio. 


r,^^.,ir,.         568  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

dans  la  préface  de    son    Méscharim,   il    aurait   même  été 
inquiété.    11  se   fixa    ensuite   à   Tolède,  où  il  mentionne 
Mcsdiaiim.      deux  de  ses  maîtres,  R.  Asclier  ben-Iehiel,  avec  la  formule 
d'éloge  't*?,  et  Abraham  hen-lsmaël  surnommé  '<3n'7K. 

Jéroham  est  l'auteur  de  deux  ouvrages  de  casuistique  qui 
ont  eu  une  certaine  célébrité. 

Le  premier,  intitulé  :  onc^D  noc,  «Livre  de  droiture», 
Irailedu  droitcivil.  L'auteur  explique  d'abord  pourquoi  il  a 
composé  son  ouvrage  :  «  J'ai  vu  que,  dans  cette  époque 
«  decalainilé.onnese  souvient  pas  toujours  des  sources  d'où 
«  l'on  a  tiré  les  règles  de  casuistique,  et  qu'il  est  souvent  im- 
H  ])ossible  de  trouver  le  ])assage  correspondant  dans  le  Tal- 
«mud.  En  outre,  les  décisions  sont  ([uelquefois  à  chercher 
"  dans  plusieurs  endroits  des  livres  de  casuistique,  et  il  y  a 
«  même  des  écrivains  comme  le  grandMaimonide,qui  n'indi- 
«  (pientpas  lesautorltés  qu'ils  visent.  »  C'est  pourquoi  l'auteur 
a  entrepris  de  composer  un  ouvrage  systématique,  divisé  en 
trente-deux  chapitres  ou  sentiers  (aTj) ,  chacun  avec  dessub- 
divisions en  plusieurs  parties.  Jéroham  s'appuiesur  ses  prédé- 
cesseurs et  surtout  sur  son  maître  R.  Ascher  (mort  en  1 3  i  7) , 
^''>'  "•  dont  le  nom  est  toujours  (à  moins  d'omission  du  copiste  ou  de 

l'imprimeur)  accompagné  de  la  formule  V't.  Il  en  est  de 
même  dans  l'index  (ncoin  ■•pdd)  fait  par  ben-Ascher  Jacob 
(mort  en  i34o).  L'ouvrage  de  Jéroham  doit,  par  con.sé- 
quent,  avoir  été  composé  après  iSay  et  achevé  avant  i34o. 

Les  éditions  que  nous  en  connaissons  sont  les  suivantes  : 
Oisariiassi-Eiriiii,  1°  à  Coustautinople,  i5i6;  2""  à  Constantinople,  1668, avec 
un  commentaire  de  Hayyim  Algazi  et  une  prélace  de  Jacob 
Alfandari;  3°  à  Kapust  (d'après  Benjacob) ,  1808.  Nous 
n'avons  pas  vu  les  éditions  de  Venise,  i553  et  lôôy,  men- 
tionnées par  Benjacob;  nous  croyons  qu'elles  n'existent  pas. 

Le  Mêscfiarini  ayant  eu  du  succès  auprès  des  lecteurs, 
Jéroham  se  mit  à  composer,  sur  leur  demande,  un  autre 
ouvrage  de  casuistique,  qui  renferme  la  codification  des 
cérémonies,  et  qui  a  pour  titre  nini  mx  rn'7in,  «Générations 
«d'Adam  et  d'Eve».  L'ouvrage  est  divisé  en  deux  parties, 
désignées  la  première  par  le  nom  d'Adam,  la  seconde  par 


•,i.  618  ,  iT  113. 


DU  XW  SIECLE.  569 

M\    SIKCI.E. 

le  nom  d'Eve.  La  partie  «  Adam  »  traite  des  préceptes  qu'on 
a  l'occasion  d'observer  avant  le  mariage,  par  exemple  la  cir- 
concision, l'instruction,  les  prières,  le  sabbat,  les  fêtes,  les 
demi-fctes  et  les  jeûnes,  les  distinctions  de  la  nourriture 
permise  et  défendue,  les  préceptes  concernant  les  champs 
et  les  semences,  etc.  Cette  partie  contient  vingt  et  un  sen- 
tiers (st:),  avec  des  subdivisions.  La  seconde  partie  s'appelle 
«Eve»,  parce  qu'elle  renferme  les  prescriptions  qu'on 
doit  observer  après  le  mariage,  savoir  :  la  cérémonie  des 
fiançailles  et  du  mariage,  celle  du  divorce,  les  règles  que 
doivent  observer  les  femmes,  et  finalement  celles  qui  con- 
cernent les  morts.  Cette  partie  est  traitée  dans  les  voies  xxii 
à  xxviii.  Les  éditions  de  cet  ouvrage  sont  les  mêmes  que 
celles  du  précédent,  moins  celle  de  Constantinople,  1668. 
Il  existe  un  commentaire  sur  «Eve»,  fait  par  Juda  Sa- 
muel Asclikenazi,  dont  la  voie  xxii  a  paru  à  Livourne, 
en  1822. 

La  voie  xv,  qui  traite  des  aliments  permis  et  défendus, 
renferme  les  prescriptions  relatives  à  la  manière  de  tuer 
les  animaux  et  à  l'examen  de  leur  état  de  santé  avant 
l'égorgement  (nciBi  ntD>nc?  nD"?n).  Jéroham  fait  suivre  ce  Zeitsciuin  a.- 
chapitre,  important  pour  ceux  qui  tuent  les  bêtes  de  J*lf[/"l5^^''' 
boucherie,  leso^omc?,  d'un  index  spécial,  «afin,  dit-il,  que 
«  les  intéressés  soient  en  état  d'en  pouvoir  faire  des  copies 
«séparées».  En  eflFet,  nous  trouvons  ce  chapitre  à  part 
dans  deux  manuscrits  :  1°  dans  le  manuscrit  778,  j,  à  la 
Bodléienne;  on  lit  à  la  fin  le  titre  de  nnn^  d;  le  commence- 
ment manque;  2°  dans  un  manuscrit,  qui  est  à  Brody,  sous 
le  titre  de  nnNni  ■^^v•<K.  Jéroham  mentionne  ce  titre  dans  la 
préface  du  deuxième  ouvrage.  Il  est  possible  que  le  ma- 
nuscrit d'Oxford  portât  avant  sa  mutilation  le  même  titre. 
Notre  auteur  cite  très  peu  d'autorités  françaises  et  pro- 
vençales contemporaines  ou  immédiatement  antérieures. 
Il  suit  tout  à  fait  l'école  espagnole.  C'est  pour  cela  que 
nous  n'avons  pas  cru  important  de  relever  les  noms  des 
rabbins  cités  dans  ses  deux  ouvrages. 

Les  manuscrits   des    deux  ouvrages  de  Jéroham  sont 

TOM£  XUI.  ^3 


IHrilMZKIS     NATIQKtl. 


\iv'  si^-CLi-:. 


570  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

rares.  Le  manuscrit  du  Vatican  499  renferme  un  fragment 
du  deuxième  ouvrage,  xxi,  4,  et  le  manuscrit  de  Parme  4o3 
contient  quelques  décisions  tirées  des  deux  ouvrages. 


ij<;ii  -('.liaiiniiya, 
iH*').!.  |)    'kjo. 


!■  raiire  Israélite, 
11.  'i.i. 


\  iiir  <  i-des<<ous, 
I'    37' 

Sleiiischneiiler, 
Calai,  (le  la  BodI.. 
lol.  ?G8i. 


Rhét. .  préfare , 

p.  XXXI. 

(jross,   Moiiats- 
srhrift,     1880, 
p.  G2. 

Bibliolh.  rabi)., 
II.  859. 

Bililinlh.  Iiebr.. 
I,  p.  396;  IV, 
p.  ôii. 

.Steinschneider, 
Mém.  sur  Alf. , 
p.  90. 


Mss.  de  Turin  , 

n"  8Î. 


TODROS  TODROSI, 

TRADUCTEUH. 

ToDROs,  fils  de  Meschullam,  fils  de  David  Todrosi, 
ou  simplement  Todros  Todrosi,  était  originaire  d'Arles. 
M.  BrûH  dit  qu'il  était  né  en  i3i4,  sans  indiquer  l'au- 
torité sur  laquelle  il  s'appuie.  Sa  résidence  était  à  Trinque- 
tailles,  faubourg  de  la  ville  d'Arles,  de  l'autre  côté  du 
Rhône.  D'après  M.  Carmoly,  son  oncle  aurait  été  Calonymos 
ben-David;  mais  nous  ne  savons  d'ù  M.  Carmoly  a  tiré  ce 
renseignement.  Nous  verrons  que  Todros  se  dit  amnin  y^to, 
«  de  la  race  des  juifs  »,  et  il  ajoute  aux  dates  juives  les  mol» 
«  d'après  le  calcul  des  israélites  ».  Se  serait-il  converti  par 
contrainte  comme  Profet  Douran  et  serait-il  ensuite  retourné 
au  judaïsme?  Serait-ce  pour  rappeler  cette  triste  épreuve 
qu'il  aurait  pris  l'habitude  d'ajouter  ces  mots?  Nous  ne  .sau- 
rions le  dire.  En  tout  cas,  on  ne  peut  admettre  l'explication 
de  M.  Goldenthal,  qui  prétend  que  notre  auteur  craignait 
de  ne  pas  être  reconnu  comme  juif  à  cause  de  son  nom  de 
Todros;  car  ce  nom  était  employé  très  fréquemment  chez 
les  juifs  en  France. 

Bartolocci  et  Wolf  mentionnent  notre  auteur  et  con- 
naissent la  plupart  des  traductions  qui  ont  rendu  sou  nom 
célèbre. 

I.  D^e/mn  bd»o  p»,  «  Source  du  jugement  des  questions  », 
traduction  du  traité  d'Al-Farabi  intitulé  jJuX]  ^Jy)A,  «  Sources 
(t  des  questions  » ,  et  qui  renferme  soixante  théorèmes  du 
système  aristotélicien.  Todros  fit  cette  traduction  à  l'âge  de 
vingt  ans.  M.  Schmœlders  a  donné  du  traité  original  une 
traduction  latine  faite  sur  l'arabe,  sous  le  titre  de  Abu  Nasr 
Alfarabii  Fontes  quœstionuni  (pages  43  à  56  des  Documenta 
philosophiœ  Arabum ,  Bonnœ,  i863).  Le  texte  arabe  a  été  pu- 
blié par  M.  Fr.  Dielerici ,  1 890.  Dans  certains  manuscrits ,  on 


DU  XIV"  SIÈCLE. 


571 


XU     SIEbl.F. 


Calai. 
iS.-,. 


'Il'  I  ari^ 


houve  au  commencement  quelques  extraits  des  Recherches 
orientales  (iUiyJI  <i«wL4l)  d'Ibn-Khatib  (mort  en  1210),  sous 
le  titre  hébreu  de  rrmiD  n^pn.  On  a  des  manuscrits  de  notre 
traitf'  à  Paris,  n"  102 3,  6;  à  Oxford,  n°  iSSg,  2  (seule- 
ment le  commencement);  à  Turin,  n"  83,  2;  au  Musée 
Britannique,  add.,  27569.  Pour  le  passage  concernant  Bon- 
godas  Nathan,  voir  ci-dessous,  p.  675. 

II.  Traduction  des  chapitres  relatifs  à  la  physique  et  à 
la  métaphysique  (théologie),  tirés  de  l'ouvrage  intitulé 
cEin  r'7sn,  «  Délivrance  de  l'àme  »  (iUsOI  c.>U^),  d'Avlcenne, 
imprimé  en  arabe  à  la  suite  du  Canon  (Rome,  1 693).  Cettr 
traduction  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  ioa3,  4- 
La  théologie  y  est  incomplète;  elle  s'arrête  au  passage  qui 
correspond,  dans  le  texte  arabe  imprimé,  à  la  page  64, 
ligne  9.  Le  livre  d'Avicenne  renferme  aussi  la  logique,  que 
M.  Steinschneider  croit  avoir  été  également  traduite  par 
Todros;  mais  c'est  une  supposition  qui  n'est  confirmée  par  Maïkiri.x.p.s/, 
aucune  citation.  M.  Carmoly  dit  par  erreur  que  Todros  n'avait 
traduit  que  la  métaphysique.  M.  Steinschneider  place  la 
date  de  cette  traduction  entre  1 33o  et  1  34o,  et  il  en  donne 
des  extraits  d'après  le  manuscrit  unique  de  Paris. 

III.  ns'7nn  Y")  ""p'-iion  ibdV  iv^  p  -iiKa,  traduction  du  commen- 
taire moyen  d'Averroès  sur  la  Rhétorique,  faite  sur  le  désir 
des  amis  de  Todros  et  achevée  [à  Trinquetailles]  le  troisième 
mois  (siwan)  6097  =  mai  i337  ('n-niooTmij^jM  inpr»n"irD'7©ni 
pawnV  ■'e?e?n  «iVxn  ons'?  vim  cycrn  rw2  ^v^hvn  vino  Dmmn  vim 
D"|'?Nie?\-i).  De  Rossi  et  M.  Carmoly,  prenant  le  troisième  mois 
pour  kisiew,  donnent  par  suite  la  date  de  i336  au  lieu  de 
1337;  mais  on  compte  toujours,  en  ces  çortes  de  supputa- 
tions, comme  si  nisan  était  le  premier  mois.  Todros  dit  qu'il 
a  eu  l'avantage  de  pouvoir  se  servir  du  y*j«Jt  tjU^,  le  diction- 
naire de  Khalil,  que  Samuel  ibn-Tibbon  avait  tâché  en  vain 
de  se  procurer;  à  l'aide  de  ce  dictionnaire,  dit-il,  sa  tâche 
est  devenue  plus  facile.  On  sait  qu'Al-Farabi  et  Averroès  ont 
remplacé  dans  leurs  paraphrases  de  la  Poétique  les  citations 
tirées  des  poètes  grecs  par  des  passages  arabes;  suivant  la 
même  méthode,  Todros  donne  quelquefois  comme  exemples 

72. 


Uebi'rs.,p.  280 


Franre  isiaélilc, 

g'- 


Ucbersodiiiig., 
,  Oa. 


Steinschneider. 
Catti.  de  la  Bodl. , 
col.  î68i. 


XIV    SIECLE. 

Arist.  -  Averr. 
Opéra ,    1 56o ,   I , 
m.  p.  5}  à  116. 


('onip.  I.asinin. 
SluHii  sopra  Aver- 
roe  (clans  Aiiiiua- 
rio  <lt  lia  Soc.  ital. 
pcr  ({li  St.  orient.) 

Kihiintliera  he- 
hiaira.  IV,  p.  791 . 

Ibid..  I,  p.  10. 

(«liai.  Pp\ron, 
p.  i,i 


Munk,  Mél.. 
p.  358;  Renan, 
Averr. .  p.  69. 


Calai,  (le  Paris, 
p.  176,   180. 


572  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FR.\NÇ  VIS 

des  phrases  hébraïques.  La  Iraduction  d'Abraham  de 
Balmes  est  faite  sur  le  texte  de  Todros,  qui  a  été  publié  par 
M.  Goldenlhal,  d'après  le  manuscrit  de  Leipzig  xli,  sous  ie 
titre  de  nsSnn  nDo"?  ivi  px  1^^t2^Ave^rnis  Commentarins  in  Aristo- 
telis  de  Arte  rhetorica,  hebraice  lersiis  a  Todrosu  Tocirosi  Are- 
latensi,  nunc  primnm  ex  Coil.  Bibl.  Sénat.  Lips.,  aim  prole(jo- 
menis  copiosissimis  cdid.  J.  Goldenthal,  Lips.  )84'i,  iu-S". 
M.  Lasinio  a  imprimé  le  texte  arabe  du  Tilkhis  d'Ibn-Roschd 
dans  les  Pubblicacioni  del  /?.  ht.  di  Stndi  siiperiori  de  Flo- 
rence, 1875  et  années  suivantes, 

Wolf  mentionne  cette  traduction  ainsi  que  celle  qui 
suivra;  il  nomme  le  traducteur  Theodorns  Tliodnissi  et  donne 
la  date  exacte  de  i337.  On  trouve  des  manu.scrits  de  cette 
traduction  à  Turin,  n"  )4;  à  Parme,  n°  362,  2;  à  Milan, 
dans  l'Ambrosienne,  H.  26,  et  à  Leipzig,  n"  lx. 

IV.  ibcin'?  -i'«t:;mDD  nixa,  traduction  du  commentaire  moyen 
d'Averroès  sur  la  Poétique  d'Aristote,  faite  à  Trinquetailles 
sur  le  Rhône  (niti  et  mn),  «fleuve  qui  sépare  cette  ville 
«d'Arles»,  et  achevée  le  troisième  mois  (siwàn)  de 
l'année  6097  (mai  i337).  Cette  traduction  a  été  publiée 
par  M.  Lasinio,  avec  l'original  arabe  et  une  introduction, 
sous  le  titre  suivant  :  //  Commento  medio  di  Averroe  alla 
Poetica  di  Aristotele,  extrait  des  Annali  délie  Università  Tos- 
cane, Pise,  1872,  grand  in-/j°. 

Cette  traduction  se  trouve  dans  les  manuscrits  énumérés 
à  l'article  précédent. 

V.  Traduction  de  trois  dissertations  d'Averroès  :  a.  Cri- 
tique de  la  division  des  êtres,  établie  par  Avicenne,  en  êtres 
simplement  possibles  par  eux-mêmes,  nécessités  par  d'autres 
êtres  et  nécessaires  par  eux-mêmes.  —  b.  Sur  la  manière 
dont  la  classification  a'Avicenne  pourrait  être  interprétée.  — 
c.  onpn  r»i3 -iDKD ,  «Traité  sur  la  prescience»,  c'est-à-dire 
sur  la  manière  dont  les  choses  existent  dans  la  prescience 
divine  avant  qu'elles  existent  dans  le  monde  Ces  trois 
traités  se  trouvent  dans  le  manuscrit  de  Paris  989,  2.  Les 
traités  a,  csont  dans  le  manuscrit  de  la  même  bibliothèque 
n"  1023,  5.  A  la  fin  de  la  première  dissertation,  il  est  dit 


DU  XIV'  SIÈCLE. 


573 


\1V    SIECLE. 


que  la  traduction  fut  achevée  au  mois  d'adar  5 1  oo  =  fé- 
vrier i34o. 

VI.  ■'jK'?rnn  bswa  noxo,  fragment  de  la  traduction  du  Traité 
sur  l'intellect  matériel  d'Averroès,  qui  contient  les  opinions 
des  écoles  d'Empédocle  (cVpT  p),  de  Pythagore  et  dé  Platon 
concernant  l'âme.  Ce  fragment  se  trouve  dans  le  manuscrit 
de  Munich  3o8,  3. 

On  a  eu  tort  d'attribuer  à  notre  Todros  la  traduction  des 
commentaires  moyens  sur  les  Topiques,  la  Sophistique 
et  l'Éthique.  La  traduction  des  deux  premiers  est  de  Calo- 
nymos  iils  de  Calonymos,  comme  le  dit  le  manuscrit  de 
Turin  xiv.  De  la  date  i3i3  (i323  dans  le  manuscrit  de 
Leipzig  XLi)  on  avait  déjà  conclu  que  cette  traduction  ne 
peut  pas  être  de  Todros.  Quant  à  la  traduction  de  l'Ethique, 
elle  est  de  Samuel  Miles  (Muels),  qui  n'est  pas  nommé,  il  est 
vrai,  dans  le  manuscrit  de  Turin  xiv  ;  mais  elle  est  suivie  de 
la  traduction  delà  République,  due  au  même  écrivain.  Le 
manuscrit  de  Paris,  Sorbonne,  267,  dans  le  nouveau  cata- 
logue n"  977,  ne  contient  rien  de  notre  Todros,  bien  que 
le  contraire  ait  été  supposé. 


.Vlazkir.    .\lll, 


Reliai 

,    Aver- 

ro 

es,  p. 

191. 

Voir 

ri-(lcssus 

P 

US. 

LES  8AV.\NTS  DE  LA  FAMILLE  NATHAN. 

L'activité  littéraire  de  cette  famille  remplit  le  quator- 
zième et  le  quinzième  siècle.  Pour  la  présenter  d'ensemble, 
nous  serons  obligés  de  faire  quelques  violences  à  nos  règles 
sur  l'ordre  des  temps. 

Un  membre  de  cette  famille  fut  probablement  ce  Don  Vi- 
dal Salomon  Nathan  dont  la  pierre  tumulaire  se  trouve 
dans  le  musée  de  Toulouse.  M.  Oury,  ayant  mal  lu  l'in- 
scription tumulaire,  avait  identifié  le  Don  Vidal  de  l'in- 
scription avec  Don  Vidal  Menahem  Meiri  de  Perpignan, 
mort  dans  cette  ville  vers  i3o6.  Il  est  possible  que  le  Sa- 
lomon de  l'épitaphe  soit  identique  à  Salomon,  le  père  du 
Bongodas  dont  nous  allons  tout  à  l'heure  nous  occuper. 
Probablement  Salomon  Bongodas  était  également  de  la  fa- 
mille Nathan,  comme  aussi  Moïse  Nathan,  Crescas  Nathan 
3  9 


Arch.  des  Mis- 
sions ,  3'  série ,  I , 
p.  55 1. 

Arch.  Israélites , 
p.  io3  et  suiv. 

Hist.  litt.  de  la 
France,  t.  XXVII, 
p.  5ï8. 

Hist, 
France 
P-7»3. 

Article    Moïse 
d'Avignon. 


litt.  de  la 
t.  XXVII, 


YIV*  SIÈCLE. 

Geiger's   Zoil- 
Klirin.IV(iK39). 
p.  ao'i. 


JuDl, 
PILS  DE  SaI.OHOM 

Nathan. 
Catal.  Peyron , 
p.  i46. 


France  Israélite, 
p.  g5.  Comp.  (îei- 
ger's  Zeitsriirifl, 
l.  IV.  p.   m. 

Hi^t.  iitl.  do  ia 
France,  I.  XXVII, 
p.  689. 

France  israélile, 
p.  96. 

Voir  ri-<le8sous, 
p.  583. 

Uelierseliunpcn , 
p.  .'îoG. 

Voir  ri-du«siis, 
p.  ^58. 

MonatSKclirifl . 
1880,      p.    170; 
Sieinschneidcr, 
Uobersetz.,  p.  ,"^07. 


Geiger's      Zeil- 
scbrift,  IV,  p.  20^. 


Monatsschrirt , 
1R80,  p.  173. 


574  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FR.\NÇAIS 

et  son  père  Isaac.  M.  Zunz  donne  encore  d'autres  person- 
nages qui  auraient  porté  le  nom  de  famille  Nathan,  hors 
de  Provence;  nous  n  avons  pas,  par  conséquent,  à  nous  oc- 
cuper d'eux. 

JuDA,  FILS  DE  Salomon  Nathan , sumommé  Maestro  Bon- 
godas,  En  Bougodas,  et  e?"ij  pa,  Bongoes',  était  probable- 
ment originaire  d'Avignon;  du  moins  y  trouvons-nous  des 
membres  de  sa  famille.  Ni  l'année  de  sa  naissance,  ni  celle 
de  sa  mort  ne  .sont  connues.  M.  Carmoly  dit  que  Juda 
était,  à  ce  qu'il  paraît,  ie  fds  de  Salomon  ben  Salomon 
Nathan  de  Béziers,  qui  vivait  en  i3o5.  M.  Carmoly  ajoute 
que  Juda  fit  des  traductions  avant  i34o,  en  s'appuyant  sur 
ce  que  Todrosi  en  cite  une.  M.  Steinschneider  place  ses 
travaux  entre  1 352  et  1 358.  Il  est  probable  que  Calonymos, 
le  père  d'isaac  Nathan,  dont  nous  parlerons  plus  loin,  était 
le  fils  de  notre  Juda.  Les  membres  de  la  famille  Nathan 
avaient  coutume  d'ajouter  à  leur  nom  les  mots  suivants 
"'»•>  (ou  ■'a)  î3  i'tJD,  «  de  la  race  de  Ben-Yisai  ».  Yisai  n'étant  pas 
souvent  employé  comme  prénom,  ce  mot  est  probablement 
une  formule  d'eulogie  en  usage  dans  la  famille  des  Calo- 
nymos. M.  Gross  dit  qu'on  ne  peut  décider  si  Yisai  est  une 
allusion  à  la  maison  de  David,  dont  beaucoup  de  familles 
croyaient  de.scendre,  ou  si  ce  mot  provient  de  quelque 
nom  propre. 

M.  Gross  dit  encore  que  si  Isaac  Nathan,  le  petit-fils,  a 
demeuré  à  Arles,  on  pourrait  supposer  que  le  grand-père 
y  demeurait  aussi;  il  renvoie  sur  ce  point  à  l'article  de 
M.  Zunz.  Mais  M.  Zunz  lui-même  hésite  entre  Avignon, 
Montpellier  et  Arles  Nous  croyons  que  la  famille  Nathan 
avait  pour  résidence  principale  Avignon. 

Quant  à  l'année  de  la  naissance  de  Juda  Nathan, 
M.  Gross  fait  avec  raison  la  remarque  suivante  :  s'il  était 
prouvé  que  Todrosi  attribue  la  traduction  de  Gazzali 
à  Juda  Nathan,  comme  M.  (Carmoly  le  dit,  cette  traduction 


CD^3  est  une  faute  d'impression  ou  de  lecture. 


DU  XIV  SIÈCLE.  575 

aurait  dû  être  faite  avant  i34o,  et  en  ce  cas  Juda  Nathan 
devrait  être  né  au  plus  tard  en  1 3 1 o;  car  la  prélace  de  cette 
traduction  suppose  un  homme  mûr  et  non  pas  un  tout  jeune 
homme.  Or  si  Juda  Nathan  était  né  en  i3io,  l'intervalle 
entre  lui  et  son  petit-fils  Isaac,  dit  M.  Gross,  serait  trop 
grand.  Nous  n'admettons  pas  ce  raisonnement,  pour  les 
motifs  suivants.  Tout  d'abord  il  faut  dire  que  M.  Garmoly, 
qui  ne  se  montre  pas  toujours  exact  dans  les  données  qu'il 
tire  des  manuscrits,  a  ici  tout  à  fait  raison;  car,  dans  le  ma- 
nuscrit de  Paris  n"  i023,  6,  Todrosi  dit  réellement 
qu'il  a  vu  la  traduction  hébraïque  des  Intentions  des 
philosophes  d'Al-Gazzali  faite  par  Dongodas.  Et  ce  n'est  pas 
seulement  le  manuscrit  de  Paris  qui  le  dit;  le  manuscrit 
de  Turin  et  celui  du  Musée  Britannique  renferment  la 
même  indication.  Voici  le  passage  en  (|uestion;  il  se 
trouve  dans  l'épilogue  :  'omiej  (in  p  vhvv  p)  '  cmio  >3jk  njn 
nix'jnD  iniN  V2b^^  j^n  mh  vdd  □"n  did  1333  p»  bv  asj  [omiT'n  yijo] 
non  13K  Tian  d'ididiSch  nniD  idd  ^ry"?  njioi  .«m  '"j'-scd  •?«  mie?n  Miwb 
(lire  wmjjia)  crNiuaia  ]>tt  ]Di  ion"?  d"-:dw  rcD  nbivon  lann  npnyn 
|n:  []idk"7c].  Disons  aussi  qu'il  n'est  nullement  nécessaire  que 
Bongodas  ait  fait  sa  traduction  à  fâge  mûr;  nous  avons 
assez  d'exemples  du  contraire,  et  Todros  Todrosi  lui-même 
a  traduit  un  traité  d'Al-Farabi  à  l'âge  de  vingt  ans.  Quant 
à  la  plainte  de  Bongodas,  dans  l'avant-propos  de  sa  traduc- 
tion, sur  ce  fait  qu'il  n'y  avait  pas  d'hommes  s' occupant  des 
sciences,  à  l'époque  d'un  Lévi  ben-Gersom  et  de  Todros 
Todrosi,  il  faut  bien  accepter  cette  plainte  comme  une  des 
exagérations  familières  aux  hommes  de  progrès,  toujours 
portés  au  convicium  seculi. 

Voici  l'énumération  des  traductions  exécutées  par  Juda 
Nathan,  autreuient  dit  Bongodas,  ou  qu'on  est  en  droit  de 
lui  attribuer. 

I,  ompon  o^ODno  mp  "jb,  traduction  de  l'arabe  des  Simpliciu 
(ïàydl  iùjàiil  vl¥)  d'[lbn]-Abi-Salt  Omayya  ben-Abdalaziz, 
de  Dénia.  Cette  traduction  se  trouve  en  la  possession  de 

Les  mots  entre  parenthèses  se  trouvent  dans  le  manuscrit  de  Turin  ;  ceux  entre 
crochets,  dans  le  manuscrit  de  Londres. 


XIV     SIECLE. 


Catal.  Peyroii, 

n°  «3,  1    (p.  79). 

Ms.  adil.  2  2,55(| 


Voir  ri-dessous, 
570. 


Mss.  aral)es  Ox- 
ford, Uri,  n"  578. 


XIT*  MÈCLE. 


Ur.  Lellerlxxle, 
VIII.p. i8()Cl  suiï. 


Steiiisclineider, 

Ueberseiz.,  |).  73.V 

Hist.liU.delaFr. 

t.  XXVIII,  j).  107- 

108. 


Slciiisrhiicidcr, 
dans  Isr.  Letler- 
l>odc,Vin,i89. 


Voir  ci -dessus, 
p.  571. 


Catal.  de  Berlin, 
p.  86. 


(iatal..  p.  i3o. 


576  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇ.MS 

M.  Steinschneider,  qui  a  reproduit  les  préfaces  de  l'auteur 
et  du  traducteur,  avec  une  courte  description  du  manuscrit. 
Juda  dit  qu'il  a  entrepris  cette  traduction  étant  très  jeune, 
sur  le  désir  de  son  maître  et  père  R.  Calonymos,  fds  de 
son  grand-père  R.  Juda,  et  de  son  oncle  Nathan.  11  déclare 
avoir  fait  cette  traduction  aussi  mot  à  mot  que  ])ossible. 
Cette  traduction  fut  probablement  le  premier  travail  litté- 
raire de  Juda  Nathan. 

M.  Steinschneider  fait  observer  que  le  traité  d'Ibn-Abou- 
Salt  fut  traduit  par  Arnauld  de  Villeneuve.  Dans  les  manu- 
scrits latins,  le  nom  de  l'auteur  arabe  est  écrit  Abu-Chasaris 
et  Abii-Zale.  C'est  par  erreur  qu'on  a  pu  croire  que  l'écrit 
traduit  par  Arnauld  de  Villeneuve  était  une  partie  du  grand 
ouvrage  d'Abulcasi's. 

II.  Q'«DiDi'7iDn  nuns,  «  Intentions  des  philosophes  »,  ouvrage 
deGazzali,  traduit  par  Juda,  sur  le  désir  de  son  oncle  (nn), 
Nathan,  fds  de  Schélémia.  Juda  Nathan  avait  fait  une  pre- 
mière traduction  du  traité  de  Gazzali;maisil  l'avait  perclue, 
avec  bien  d'autres  livres,  en  la  traînant  avec  lui  «  dans  son 
«  exil  de  Çarfath  (France)  ».  La  première  traduction  étant 
ainsi  devenue  introuvable,  Juda  se  décida  à  en  faire  une 
autre,  d'après  un  manuscrit  qui  malheureusement  était  en 
mauvais  état.  11  eut  encore  à  sa  disposition  le  livre  el-Schafa 
et  le  livre  sur  les  sept  sciences  (nVsnn  iU>J») ,  tous  les  deux 
d'Avicenne,  et  les  Recherches  orientales  (nrmtcn  nr-'pnn)  du 
philosophe  Ibn-el-Khatib.  A  la  fin  de  la  préface  se  lit  une 
pièce  de  vers,  qui  a  pour  sujet  les  treize  articles  de  foi, 
d'après  Maimonide;  cette  pièce  a]  été  imprimée  et  attribuée 
à  Moïse  fds  de  Nahman;  elle  se  trouve  à  part  dans  le  manu- 
scrit d'Oxford  n"  2  2 1 9 ,  8. 

Il  y  a  des  manuscrits  de  cette  traduction  dans  plusieurs  bi- 
bliothèques ;  on  peut  citer  entre  autres  le  manuscrit  de  Paris 
n"  904.  La  préface  a  été  publiée  par  M.  Steinschneider 
dans  l'appendice  du  catalogue  des  manuscrits  hébreux  de 
Berlin.  Ce  savant  place  la  date  de  la  traduction  entre  i352 
et  i358.  Nous  avons  montré  que  Todros  Todrosi  men- 
tionne cette  traduction;  elle  est  par  conséquent  antérieure 


DU  XIV  SIECLE.  577        ^,^,^,^^,^ 

à  i34o,  le  dernier  travail  de  Todros  étant  de  cette  date.  voir.i.i.ssous. 

Le  traducteur  a  ajouté  des  explications  en   langue  vul-  \<-  ■>t<- 
gaire  (ty'j  pc'j);  il  a  cru  même  devoir  s'écarter  quelquefois 

de  l'original.  Ca.ai.ieiwiin. 

Le  traité  intitulé  :  cnc  '7x0*3  ni'jsc  naicna  "'Svîî'jn  ncn  i2X  ionc, 
«  Discours  d'Abou-Hamid  al-Gazzali  en  réponse  à  quelques 
«  questions  qui  lui  avaient  été  adressées  »,  composé  après  la 
Destruction  des  philosophes,  et  qui  existe  sous  dilîerents 
litres,  semble  avoir  été  traduit,   d'après  presque  tous  les 
manuscrits,  par  Isaac  lils  de  Nathan,  de  Cordoue.  Mais  ce      Caui.  .i.i'.uis. 
traducteur  n'appartient  pas  à  la  famille  Nathan.  i\L  Stein-   ?,;;/',^J;;',J' ";'!;: 
Schneider,  d'après  le  manuscrit  de  Munich  36,  18,  donne 
comme    date    de    cette    dernière    traduction    le    iS    dé-      Ma/ki..  1    o 
cembre  iS^V- 

III.  CNin  pirxiD  "lED,  traduction  de  l'arabe  du  I.lher  de 
Cervicalibas  capitis  d'Ibn-VVand,  aL^i  <_,b^,  (pii  se  Irouve 
<lans  les  manuscrits  d'Oxford  n°  Q129  (ic  vu  ^a) ,  Munich 
n"  ^86,  3,  et  Parme  cod.  623  (;r:  uNiujia  ■'-itscNo).  Le  traité 
est  divisé  en  vingt-sept  chapitres,  et  la  traduction  fut  ache- 
vée le  1 7  (Parme,  27)  schebat  5 1 1 2  (3  janvier  1 352).  H  y  a 
à  la  marge  des  extraits  de  h^i  (Munich,  inaK^j)  =  Gilbert, 
et  Dxc;  ]Ki:  (Munich,  d  c;  {<-  yttM)  =  Jean  de  Saint-Amand.  Le 
manuscrit  d'Oxford  a  appartenu  à  des  juifs  provençaux;  on 
y  lit  les  noms  suivants  :  Immanuel  de  Milhau  (ax-'V-'Oi), 
Ascher  et  son  fds  Bongoes  (o^jiia) ,  Abram  et  Maçif,  tous  les 
quatre  de  la  famille  de  Valabrègue  (ils  intitulent  ce  livre:  Voii  ci  dessous 
Traité  de  Gordon,  mi:  nco  et  imu ');  Moïse  hls  d'isaac  Alfan-  vifrèuue."^'''''' 
daric  et  son  fils  Mardochée;  Moïse  fils  d'Elie  Abram; 
Abram  ]idkp(?).  Dans  le  manuscrit  de  Munich  on  lit  en  ca- 
ractères latins  les  mots  suivants  :  Mimeni  (■'jdd)  maystre  Ja- 
cob de  Lunel  maje  de  medesima  aifuest  libre .  .  .  e  may  bona  filha. 
Le  manuscrit  de  Parme  est  une  copie  faite  par  Abraham 
ben-Reuben,  fils  de  Joseph ,  fils  de  Josué  de  Milhau  ("ax'j'Dn) , 
achevée  en  5 1 5 1  =  1 39 1 . 

'  Il  sagil  sûrement  du  Lilium  medi-  ignorons  quel  rapport  il  peut  exister 
cinie  de  Bernard  de  Gordon  (llist.  litt.  entre  le  traité  d'Ibn-Wafid  et  celui  de 
de  la  Fr. ,  t.  XXV,  p.  3-»  1  et  suiv.).  Nous         Bernard  de  Gordon. 

TOME  XXXI.  73 

3  9  * 


IHrtUinil    XATIOtiLt. 


XIV    SIECLE. 


578 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Hist  litl.  de  la 
Kr.,  l.  XXVIII. 
,..  73-7  V 


Sluinscliiiciiici , 
datai,  (le  ll:iiiil>. . 
I>.  i.ti. 


fSli'iusi'liiiridcr. 
'lans  Virrli.  Arili., 
\l,.  |..  11;}. 

Vh.     d'Oiford 

■•■  I  !!(J  ,  loi.    lit). 

(klal.  (Ii;  Lon- 
dres. n°  I  ^o. 


.Slciiisclinridrr. 
daii.s  Vircli.  Arcli., 
M-,  p.  II  V 


Voir  l'article  sur 
rel  auteur. 

<^lal.  de   Lon- 
dres, u"  I  io,  3. 

\oir  ti-dcssou», 
|>.    5X3. 


Virch.    .Arcliiv , 


IV.  D"'?nn niE'jnrn 'B3 mj"3 nmn ,  «Traité  sur  les  vins,  .selon 
«leurs  difierentes  maladies»,  traduction  abrégée  du  traité 
des  Vins  ou  de  Vinis  par  Arnauld  de  Villeneuve,  compo.sé  pour 
le  «  grand  monarque  Robert,  de  Jérusalem  et  de  Sicile  ».  On 
trouve  ce  traité  dans  le  manuscrit  de  Paris  1128,  5,  sans  nom 
de  traducteur;  mais  ce  nom  est  exprimé  dans  le  manu.scril 
(le  Hambourg  n°  3o8,  1,  où  il  est  écrit  Juda,  fds  de  Salo- 
mon  '©'«"ytj  ■'3.  La  traduction  lut  achevée  dans  le  mois  de 
tiscliri  5119  (septembre  i358).  La  dédicace  au  roi  Koberl 
ne  .se  trouve  pas  dans  l'édition  latine  de  i585,  p.  682; 
mais  elle  existe  dans  les  deux  manuscrits  hébreux,  et  pro- 
bablement aussi  dans  des  manuscrits  du  texte  latin. 

V.  Traité  sur  les  fièvres,  qui  suit,  dans  le  manuscrit  d'Ox- 
lord  n"  2129,  le  traité  d'Ibn-Wafid,  comme  une  sorte  de 
continuation.  En  effet,  dans  la  première  partie,  chap.  vi,  on 
lit  ce  qui  suit  :  vnm  merKio  ^ED3  i3-n  'd?c*  noo  ^^^^  nsu  n:n  tiick 
chzi2b  niBSX  ta  p  hs  vin»  Tmo  ^c?N  mhiun  icdsi  iDon  nih  ■•nrnpn  ivk. 
C'est  une  compilation  faite,  pour  la  plus  grande  partie, 
d'après  Bernard  de  Gordon  et  Gilbert  fAnglais,  et  achevée' 
le  28  éloul  0  122  (18  septembre  i362');  Juda  mentionne 
les  calamités  du  temps.  L'ouvrage  est  divisé  en  huit  parties, 
.savoir  :  i"  sur  les  fièvres  en  général  (sept  chapitres);  2"  des 
maladies  en  général;  3° parties  3  à  8,  sur  les  maladies  des 
membres  du  corps  à  commencer  par  la  tête.  Notre  auteur 
cite,  outre  les  noms  déjà  mentionnés,  la  chirurgie  de  Théo- 
doric  [de  Gervia],  pmc  Span  nox'rDn  ■)dd3  31P3  •>VH2^  (manuscrit 
de  Munich  n°  266,  1;  manuscrit  d'Oxford  n"  2i35, 
fol.  123;  ces  mots  ne  se  trouvent  pas  dans  f  autre  manu- 
scrit d'Oxford)  et  le  traité  d'Abraham  Caslari  sur  les  Fièvres, 
avec  le  litre  de  nxiDin  nhv.  Il  donne  des  extraits  du  -it»n  -idc 
ou  Ciixa  instans,  qu'il  cite  sous  ces  deux  titres,  de  Roger 
[de  Parme],  de  Maestro  Vidal  ixmsi  (de  Bourian),  de  Gilles 
d'Arles. 

Le  traité  dont  nous  parlons  se  trouve  dans  les  manu- 
scrits suivants  :  manuscrits  d'Oxford  n"'  21 35,  10,  avec 

'   M.  .Steinsclineider,  rapportant  la  date  5i3a  à  l'aclièvement  de  la  copie,  pense 
que  cet  omrajje  fut  composé  ver»  i352.  (  Virchow's  Archiv,  XL,  p.  1 13.) 


DL'  XIV'  SIECLE.  570 


\1>     MKCI.h. 


IllllCIII'. 

Cillai.     l'i'Mon. 


I>^K 


loi. 


•m- 


hfaiieoup  d'additions,  dont  quelques-unes  de  pVip  (Josepli       y,,;^  ,i.,i,.ssou 
(;olon?),et  i  12Q,  2,  incomplet  (finissant  avec  III,  8); —    i"''fi<-    ""r   <<' 

•  I  ¥  1  V  •      I        /'       71  /  /  Mlllllll- 

maïuiscrit  de  Londres,  au  Jcwish  LoUcçjc,  n°  i4o,  n  (sur 
lequel  il  faut  lire  Leyden,  p.  i6o,  et  Virchoiv's  Archir,  XL,  |>  ,',n 
I  ii4);  —  manuscrit  de  Turin  n°  i48  (Pasini  donne  pour  (atii 
traducteur  Don  Goyet  Nathan;  M.  Peyron  écrit  Bonio  Go- 
ines,  et  sépare,  dans  l'index,  Bongoes  de  Bongodas  Nathan 
et  Juda  fds  de  Salomon);  manuscrit  en  la  possession  de 
M.  Sleinschneider  et  cpii  autrefois  a  appartenu  à  M.  Soave 
de  Venise. 

Le  titre  du  manuscrit  de  Turin  est  le  suivant  :  -lanc;  m  via/kii,  ixo.> 
iNipi  Bi3'7''3i  ;mi3n  idd  D'iTtrix  D'ETinD  ]r:  c?"i3  ]n  'cwt:  '7'?iDn  osnn 
nsppTiw,  «Voici  ce  que  le  grand  savant  Maestre  Bon-Goies 
«  Nathan  a  compilé  des  auteurs  du  dernier  tenqis,  tels  que 
«Gordon,  Gilhert;  et  il  a  aj)pelé  cet  ouvrage  \v.  Gordon 
«  abrégé.  »  A  la  fin,  on  lit  les  mots  suivants  :  'y'jirn  ninn  ■stD?'? 
l'VH  niyna  mnnic  nr:  dx  ■'3  ta  ^^^'7  k'71  tî-'aVr  [inimj  crma  n:i3  'dcc 
D':ic?Nnn  ;d  op'jhi  c'x  dv  D':TinKn,  «  GoUectionné  par  Bon-Godos 
«  de  Gordon  et  de  Gilhert.  Bon-(iodos  n'a  pas  eu  l'intention 
«  de  faire  une  nouvelle  composition,  mais  seulement  de  i-as- 
«  sembler  ce  qu'il  a  trouvé  chez  les  écrivains  modernes, 
«  ainsi  que  chez  Avicenne  et  d'autres,  n 

Les  passages  du  manuscrit  de  Londres  n"  i/jo,  2,  qui 
se  rapportent  à  Tarascon  né  sont  pas  de  notre  auteur. 

On  possède  aussi  des  ouvrages  originaux  de  Juda  Nathan. 
Le  manuscrit  du  Vatican  n°  -^96  (passé  sous  silence  dans  le 
catalogue  d'Assémani),  fol.  i46,  renferme  une  épître  inti- 
tulée :  Vx't  pi  cmj  ;n  ■'■iidd''kd  m:x,  dont  le  contenu  est  diffi- 
cile à  expliquer;  elle  est  probablement  dirigée  contre  ceux 
qui  sont  opposés  aux  études  philosophiques.  En  voici  le  com- 
mencement :  ypn  xn  ■'ivan  -ns  nin  ^dt"?  n'3's':'n  ]n3  nvhz'  p  min'  mx: 
...D-'Dnsrj  ron  D''svi  cnm  onaT  ^ed'? ■'3T'»''i  "«Vx  'fpn.  L'épîlre  finit  par 
le  passage  suivant  :  ixîf  la-ie?  irnjiya  D'<3n*3sn  ;d  imnb  ncno  invi 
•':3  ""îDai  pin  px  iroon  mosn  max  ""d  ixsd  Hh^  ipna  aps''  Sixa  ixre?  no  onc 
nv^OT\^  "jan  run  cm  aip'  xVi  noann  l'jxa  -lan"?  ynni  x"?  Mwh  wx  Vx-iC"' 
■):y;  'Sia  nixioo  nODn  nT'p  iVnxi  ntD"?©  nr-i-'r  lUX  nan  aisa. 

Le  rnicn  iio,  •  Mystère  des  mystères  »,  qu'on  met  sous  le 

73. 


\IV    SItCLE. 


580  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FIWNCAIS 


\i 


Voir    n-drssiis. 


\L.  |i 


nom  fie  Juda  Nathan ,  provient,  ce  semble,  de  son  entourage. 
C'est  un  recueil  de  recettes  sur  les  maladies  des  membres 
et  les  fièvres.  L'auteur  ne  suit  aucun  ordre  systématique. 
Ij'ouvrage  a  été  composé  en  Espagne.  On  le  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Munich  n°  ^97,  5,  et  il  on  existe  des  extraits 
(lansle  manuscrit  de  la  même  bibliothèque  n"  2  43,  i,  fol.  19'', 
avec  la  suscription  suivante  :  ncxNC  bMin  nn  nan  Kiajx  mcn  ittn 
v.1.1,  Arciiiv,  N^^3  (lia)  p.  M.  Steinsclineider  croil  que  ce  livre  a  été  ré- 
•  ''■  "'  digé  par  im  élève  ou  un  fils  de  Bongodas,  celui-ci  y  étant 

mentionné  avec  l'culogie  employée  pour  les  morts  (y't). 
C'est  peut-être  \e  traili^  De  Specifici s  (pi'jjd),  qui  devait  sui\re 
le  traité  sur  les  Fièvres.  Les  noms  suivants  y  sont  cités  : 
Bongodas  Natban  Crescas  iSkoi  (de  Salon?),  Maestro  Vidal 
vireh.  Arci.iv,  de  Bouriau ,  le  médecin  du  roi  Robert,  Constiton  (Con- 
stantin l'Africain)  et  le  Circa  instans. 

Le  manuscrit  de  Turin  n"  1  48,  fol.  90,  contient  un  traité 
de  médecine  portant  le  n»ême  titre  que  celui  dont  nous 
parlons,  mais  qui  ne  semble  pas  lui  être  identique.  Le 
manuscrit  de  Munich  n"  297  a  été  copié  en  partie  à  Arles, 
et  se  li'ouvait  à  Marseille  en  l'année  i454. 

vunootiiKK  Les  hommes  studieux  qui  portèrent  le  nom  de  Mahdo- 

N»TiiAN.         cHÉE  Nathan  sont  souvent  difficiles  à  discerner  les  uns  des 
autres.  Dans  le  manuscrit  de  Turin  n°  74  se  trouve  un  ou- 
vrage intitulé  :  'c?-)»  vm  os  ^'iT2^  rnucrm  vnji  d"nd  prNT  idd  •«'?'?: 
Calai.  p.!>ro.i,    pngi  piD  Vs.  C'est  une  table  pour  le  premier  livre  du  Canon 
^"^'  d' Avicenne.  Le  nom  de  l'auteur  est  écrit  :  è""»  jna  idtid  tti2•\^  kj-ic 

yi'n,  qui  est  rendu  par  M.  Peyron:  /{.  Mardochœus  Nathan 
hch-Chail  (miles  strcmins).  Le  savant  bibliothécaire  ignorai! 
que  Vi'n  v'^'tt  est  la  formule  abrégée  de  ih  f)"'Dr  D"n  n:c?  •t:''  o^n^K, 
«  (jue  Dieu  lui  accorde  des  années  de  vie!  »  Pasini  ne  donne 
aucun  nom  d'auteur.  Wolf  écrit  •'-ta  •'sinon,  H.  Mardochœus 
Nadi.  Conclusiones  primi  hbri  Mahus  de  reparanda  medicina. 
Il  a  lu  DND,  «  d'Ibn-Sina  »,  comme  un  mol,  mahas!  Ce  petit 
traité  est  suivi,  dans  le  même  manuscrit,  de  deux  pages 
avec  le  titre  d'nd  ■'©on  noo  rVnnn,  «  (jommencemoni  du  livre  V 
«d' Avicenne  ». 


/un/. 
M'Ilirlilr 
ratiir.  |i. 

iind  Liti'. 
31-.. 

Calai. 

ItiMio 

In-aca ,  1 V 

.  1.  |>.  19 
llicca    hc 
',  p.  goi 

Ciitnl. 

Pi'iiron 

,..  (.9. 

DU  XIV  SIECLE.  581        ^.^,^,,,^ 

Le  niamiscrit  de  la  bibliothèque  du  baron  Horace  de 
(liinzburg  n°  365  reulerme,  entre  autres  pièces,  une  lettre 
de  Mardochée  Nathan ,  avec  la  suscri|)lion  suivante  :  nhvz'  njxn 
}P2  '2-^D  -1  hMin  niKcn,  «  Lettre  envoyée  par  le  grand  luminaire 
«  Mardochée  Nathan  •>.  Celte  pièce  est  relative  au  calcul  des 
cycles  (mEipn).  Mardochée  se  propose  de  rectifier  une  erreur 
qui  a  été  commise  dans  le  277°  cycle  (année  1 463)  ;  la  même 
erreur  était  arrivée  (piatrc-vingts  ans  auparavant  et  avait  été 
rectifiée  par  Mardochée,  le  grand-père  de  l'auteur  de  la 
lettre.  Cette  erreur  s'était  produite  encore,  non  seulement 
dans  les  années  [5]  196  (!t  [5]  197  (i336  et  1 337),  où  elle  fut 
observée  par  [Immanuel  de]  Tarascon  (ppciNa  iiTync  1D3), 
mais  aussi  dans  l'année  [5]  198  (i338).  Mardochée  fut  in- 
vité par  ses  frères,  Crescas  Nathan  et  Bongoes,  à  faire 
une  table,  d'ajirès  le  modèle  qu'avait  laissé  son  grand-père. 
il  dit  qu'il  tâchera  de  mieux  faire  encore.  «Car,  dit-il,  j'ai 
•  exjiliqué  à  la  marge  du  livre  ^^»^  idd  les  passages  douteux, 
«  et  j'ai  fait  de  même  pour  le  livre  de  mon  grand-père.  La 
M  plupart  des  auteurs  font  le  calcul  d'après  le  prince  [Abraham 
«  bar-Hiyya],  sans  excepter  l'auteur  du  nt»n  ibd,  qui  n'a  fait  iiisi.  lin.  tU-  la 
«qu'étendre  celui  du  prince.»  Mardochée  cite,  outre  le  .,[%'!^x 
cycle  de  Nahschon,  Abraham  ibn-Ezra  et  R.  Jonathan  de 
Lunel.  La  lettre  est  adressée  à  l'oncle  de  l'auteur.  Don  Bo- 
nia  Astruc  Nasi. 

Le  manuscrit  de  Hambourg  n°  176,  qui  renferme  le 
livre  de  casuistique  d'Alfasi  et  d'autres  rabbins,  fut  copié  par 
NethanelCa.spi  pour  notre  Mardochée,  qui  se  trouvait  à  cette 
époque  à  Avignon;  la  copie  fut  achevée  le  2  5  éloul  52 1 4  = 
1  8  septembre  i454.  C'est  pour  lui  aussi  que  fut  copié  l'on-  Arch.  des  Mis 
vrage  de  Menahem  Meïri,  entre  i/|5o  et  i456.  Il  .semble  y  i^p's^V  " 
avoir  ajouté  des  notes  marginales.  Ainiaï,  Sch.ni 

Il  est  probable  que  le  Mardochée  Nathan  avec  lequel  Jo-    '"^1^1111  .il  i;, 
seph  Colon  (mort  en  1  48o)  correspondait  est  notre  Mardo-    i>a"c<-.  1  xxvii, 
chée.  Colon  lui  donne  le  litre  de  me,  et  M.  Carmoly  en  a   '  ni^  ,1,.^  „,éd,. 
déduit  que  notre  Mardochée  était  le  maître  de  Colon  ;  \L  Gross   ^n»  j>'ii<.  p  'sti 
croit  que  c'est  une  simple  désignation  honorifique.  Il  est  pos-    .««o  """  5' g'"" 
sible  que  le  Maestro  Mardochée  Todros  Nathan,  avec  le  titre 


\IV    MEl.l.K 

(ialal.    IVwi 
p.  - 1 


582 


\.ES  KCRIVAINS  JCIFS  KKWCMS 


Hkkc.  N*TH\1II. 
<'.alal.H'0\foril. 

Il*     !  -3î. 

Zuiiz.  (laiisfioi- 
:;or!<  Zi'ilscliriK , 
IV.  |>.  loi. 

MonatuM-lirin , 
iS8o.  p.  5i8, 
11"  7. 

Halour,  I,  p.  ig 
(liseï  .3.5). 

Calai. ,  n°'>'!.'5i, 
loi.  1  !,>'. 


Dr  l'.nnsi.  Bibl. 
luHaicaanlirhrist., 
p.  76  et  77. 

Gracli,  G  - 
^chirhte.       Mil, 

p.  iG''. 

Calai.  fl'Ovford. 
roi.  I  I  '16. 


rie 'ia-'n  •"h^kh  D3n,  pour  lequel  (Jre.sca.s  Vidal  "r-wp  avail  copi*-  le 
manuscrit  de  Turin  n"xiv,  achevé  le  lundi  i3  niarlieschwaii 
523  i  (7  novembre  1  470),  soit  idenli([ue  avec  un  des  Mardo- 
chée  Nathan  que  nous  avons  n>enlionnés.  J^es  dates  ne  s\ 
opposent  pas,  et  le  nom  de  Todros,  prohablemcnt  celui  du 
père  de  Mardochée,  ]>ourrail  avoir  été  omis.  Ajoutons  cjue 
ce  manuscrit  fut  vendu  par  Mardochée  à  Maestre  David  de 
Lattes,  à  Avignon,  le  18  kislew  52^7  (i5  septembre  i/|8o),» 
C'est  par  suite  d'une  erreur  typographique  qu'on  a  long- 
temps considéré  Mardochée  Nathan  comme  l'auteur  de  la 
célèbre  Concordance  d'Isaac  Nathan,  dont  nous  allons  main- 
tenant parler. 

Is.vAC  Nath.vn  (Sen  Isaac),  fils  de  Calonymos,  fils  de  Juda 
Nathan,  'c  p  ytjc,  est  probablement  le  pclil-fils  de  Juda, 
qui  signait  aussi  -z"  p  vtjd.  H  était,  sans  aucun  doute,  du  midi 
de  la  France.  Dans  le  Catalogue  de  Paris,  n°  i33,  on  écrit 
«  l.saac  Nathan,  de  Rome».  M.  Gross  renvoie  à  un  passage 
trouvé  par  M.  Schor  dans  les  traités  philosophi(|ues  de  notre 
auteur,  où  il  dit  qu'il  est  d'Arles  en  Provence.  Kn  eflét,  a 
la  lin  du  traité  2  i  de  l'article  11  d'Isaac  Nathan  (voir ci-après) , 
on  lit  dans  le  manuscrit  d  Oxford,  qui  autrefois  appartenait 
à  M.  Schor  :  nxvr  "■•E3  -iwk  n'7^K  ck  ï'j  p:  pnr.  On  ne  con- 
naît la  date  ni  de  la  nai.s.sance  ni  de  la  mort  de  Sen  Isaac. 
Nous  verrons  que  sa  carrière  littéraire  s'étendit  entre  1  437 
et  i445. 

Enumérons  rapidement  les  ouvrages  de  ce  dernier  des 
Nathan. 

I.  Deux  traités  de  controverse  religieuse  dirigés  contre 
les  livres  du  juif  converti  llieronymm  de  Sancta  Fuie  (Josué 
Lorca).  Les  titres  seuls  de  ces  deux  traités  sont  connus, 
savoir  :  1°  nyoDrnnn,  «Réprimande  de  celui  qui  égare»; 
■y.°  pns'  1X3D,  «  Forteresse  d'Isaac  ».  On  ne  connaît  pas  exacte- 
ment le  caractère  de  ces  écrits;  peut-être  Forteresse  d'Isaac 
est  le  titre  de  l'ouvrage  qui  va  être  enregistre  sous  notre 
article  11.  Rappelons  encore  que  la  vingt-deuxième  pièce  de 
cet  ouvrage  porte  le  titre  de  nyrc  jc-i.  , 


DU  XIV  SIÈCI.E.  583       ^,^,  ^,.  ,^ 

II.  Un  ouvrage  théologico-philosophiqiie, dontle  titre  est     ^■.^^^^  ,i(),ro,,i. 
inconnu,  à  moins  que  ce  ne  soit  à  lui  que  se  rapporte  le   <oi. 7()y. 

litre  la  Forteresse  d'Isaac.  H  se  trouve  dans  le  manuscrit 
d'Oxford  n"  3  2  3q,  qui  est  en  mauvais  état.  Une  autre  copie 
existe  dans  la  bibliothèque  Gûnzburg,  n"  1 13.  Il  consiste  en 
vingt-trois  pièces.  La  plus  importante  est  la  première,  inti- 
tulée nj  yDKD,  «  Qui  fortifie  lavigueur  »  (Prov. ,  xxiv,  5) ,  titre  i..iir.s,  i,  71. 
que  J.  S.  Heggio  a  pris  jx)ur  celui  de  l'ouvrage  entier.  Schab- 

hetaï  Dass  attribue  cette  partie  à  Calonymos.  La  seconde      /iiiu,(;.si „. 

pièce  est  la  préface  de  la  Concordance.  Les  vingt  et  une    j,'  ",^^l"'' 

pièces  qui  suivent,  dont  une  traite  de  la  Massore,  existaient 

peut-être  à  part  dans  quelque  manuscrit,  avec  le  titre  de 

iHKi  nnr»  d^cko,  «  Les  vingt  et  un  chapitres  »,  ouvrage  men     ,1.!^^'^!' T.i" 

lionne  par  M.  Fûrst.  Certains  titres  des  pièces  citées  j)ar 

lui  se  représentent  en  effet  parmi  les  vingt  et  un  traités  de 

notre  manuscrit.  A  la  lin  de  ce  même  manuscrit,  on  trouve      Voii  lariicit-df 

les  deux  ouvrages  de  David  de  Rocca  Martino.  «lauirui. 

III.  Q-i-iaT  nKD,   «Les  cent  mots»,   ouvrage   d'éducation,      Bibii<.tiie<ur;iii- 
mentionné  par  Buxtorf.  '''""'•  »"  ''^' 

IV.  a^n:  -ftm  ou  a^n:  ix^  (titre  donné  par  l'éditeur),  «  Qui 
«  éclaire  le  chemin  »,  appelé  aussi  d"?!»  ma-rj,  ynt  iik  et  maim. 
C'est  une  Concordance  de  la  Bible  hébraïque,  et  le  premier 

essai  de  ce  genre  de  travail.  Isaac  y  consacra  dix  ans,  de        (imi/,     (.<- 
septembre  1437  a  octobre  1 447-  Les  dates  sont  mal  données    xiV^u.^Wi^i^'rsî^^ 
dans  les  éditions,  et  d'ailleurs  elles  ne  proviennent  pas  de   (^o'-'T'I     i'ei)r. 
fauteur.  Voici  ce  que  portent  les  textes  imprimés  :  «  Le  tra-   lia.  <'i,:   là   fI. 
«  vail  fut  commencé  le  premier  jour  du  mois  de  heschwan  de   '  ^'^- 1'-  ''' 
«  l'année  5jg8  =  3o  septembre  i437  des  chrétiens,  c'est-à- 
«  dire  de  la  Conception  (jr-inV  dvsi;'?),  et  fut  fini  le  premier 
«jour  du  mois  de  heschwan  de  l'année  6208,  qui  est  le 
«  11  octobre  i445-»  Pour  que  la  coïncidence  des  années 
juive  et  chrétienne  fût  exacte,  il  faudrait  lire  ou  5306  dans 
l'année  juive,  ou   i447  dans  l'année  chrétienne.  La  date 
1447  est  la  seule  possible;  car  c'est  dans  cette  année  que  le 
1 1  octobre  coïncide  avec  le  i*"^  heschwan. 

Nous  avons  dit  que  cette  concordance  n'était  qu'un  essai. 
Elle  est,  en  effet,  loin  d'être  complète;  mais  elle  a  servi 


\H     MF.CI.K. 


584  LES  KCaiVAINS  JUIFS  f'RVNÇMS 

de  base  à  tous  les  ouvrages  de  ce  genre  composés  ullérieure- 
inent,  jusqu'à  Buxlorf  et  aux  essais  de  nos  jours,  qui  n'ont 
pas  tous  été  des  progrès.  Dès  le  xiiT'  siècle,  l'Église  latine 
avait  créé  pour  sa  Vulgate  de  ces  puissants  aide-mémoire. 
Il  est  probable  que  les  grands  répertoires  dominicains,  dont 
on  rapporte  le  principal  honneur  au  cardinal  Hugues  d»* 
Saint-Cher,  ne  furent  pas  inutiles  à  Isaac  Nathan. 

La  Concordance  d'Isaac  Nathan  a  été  imprimée  plu- 
sieurs fois.  La  première  édition  fut  terminée  à  Venise  le 
24  tischri  6284  =  lôaS,  in-fol.,  Bomberg.  Dans  le  faux  titre, 
on  a  donné  comme  nom  d'autour  celui  de  Mardochée  Na- 
than, erreur  qui  a  été  répétée  dans  les  éditions  suivantes'. 
Cette  première  édition  contient,  au  commencement,  un 
avant-propos  qui  a  été  omis  dans  les  éditions  ultérieures. 
Suit  la  préface  d'Isaac,  écrite  au  point  de  vue  philosophitpie, 
et  à  la  fin  de  laquelle  il  mentionne  les  réfutations  qu'il  a 
faites  des  hérésies  de  R.  Samuel  (le  manuscrit  d'Oxford 
n"  aa32,  fol.  84,  donne  le  n)ême  nom),  qui  n'est  autre 
siem  ri.ii.i.ioi.  que  le  prétendu  Samuel  Maroccanns,  à  qui  on  attribue  un 
(aiiii  (1,  I.  B0.11 .  Qyyranre  de  controverse.  Puis  vient  un  index,  où  Isaac 
donne  le  nombre  des  versets  de  chaque  chapitre  des  livres 
bibliques.  Cet  index  ne  se  trouve  pas  dans  les  éditions 
postérieures. 

Les  manuscrits  de  la  Concordance  d'Isaac  Nathan  sont 
rares.  Nous  ne  connaissons  que  celui  de  la  Bibliothèque 
nationale  de  Paris,  n°  i33,  qui  s'arrête  à  la  lettre  a. 
Il  fut  copié  par  Hayyim  fils  de  David,  surnommé  Vidal  de 
Tournon,  pour  la  communauté  de  Carpentras,  et  achevé 
au  mois  d'adar  5a 79  (février  lôig),  quatre  ans  avant  l'im- 
pression de  l'ouvrage.  Le  catalogue  donne  le  nom  d'Isaac 
Nathan  de  Rome,  probablement  par  confusion  avec  Nathan 
de  Rome,  auteur  de  YArakh. 

La  Concordance,  dit  Isaac,  a  un  double  but.  D'abord, 
elle  empêchera  les  auteurs  de  controverses,  comme  par 

'  Conforte,  fol.  37*,  prétend  que  Nathan  écrivit  seulement  l'introduction  el  que 
Mardochée  composa  la  Concordance. 


\l\     SIE(XlL. 


DU  XIV*  SIECLE.  585 

exemple  Geronimo  de  Santafé,  de  se  servir  de  versets  bi- 
bliques en  altérant  le  texte,  et  par  là  elle  contribuera  à  for- 
tifier le  judaïsme.  D'un  autre  côté,  elle  stimulera  l'exégèse 
biblicjue.  Cette  branche  d'études  était  alors  très  négligée. 
Isaac  dit  qu'on  ne  s'intéresse  qu'à  l'étude  du  Talmud,  pour 
laquelle  on  écrit  livre  sur  livre,  tandis  qu'on  fait  peu  de 
chose  pour  la  Bible.  Isaac  avoue  qu'à  l'âge  de  quinze  ans 
il  ne  savait  de  la  Bible  (pie  les  passages  cités  dans  le  Talmud 
et  dans  les  écrits  de  Maimonide,  surtout  dans  le  Guide 
des  Egarés.  Il  avait  donc  étudié  d'abord  le  Talmud  et  la 
théologie,  avant  d'acquérir  une  connaissance  sérieuse  de  la 
Bible.  Cette  méthode  irrationnelle  existe  encore  de  notre 
temps  dans  des  écoles  talniudiques  de  Pologne  et  de 
Hongrie. 

VIDAL  ET  S\LVES  VIDVL  DK  BOIRIAN, 

MÉDECINS. 

Maestro  Vidal'  de  Bolrian,  né  probablement  à  Arles, 
était  médecin.  On  ne  connaît  de  lui  qu'une  seule  prescrip- 
tion, mentionnée  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n°  2  i42  ,  27. 
M.  Gross  dit  que,  dans  l'ouvrage  intitulé  nnion  mo  (manu-      Mouauscimii, 
scrit  de  Munich  n°  297,  fol.  ^^9**),  on  cite  Maestro  Salves    '  voir'  i'-d«ssus, 
[fds  de]  Vidal  de  Bourian,  à  Arles;  mais,  d'après  M.  Stein-   p   >8o 
Schneider,  c'est  Vidal  et  non  Salves  Vidal  qui  est  cité  à  cet      \  ircii.  Arcii  , 
endroit.  Ce  dernier  est  nommé  dans  le  manuscrit  de  la       -p  "• 
Laurentienne,  Plut,  lxxxviii,  35,  et  son  nom  est  transcrit      ^■'^'    '''"'^•• 
d'une  façon  étrange  par  Biscioni  :  Magister  Suivi   Vida  de 
Murian.  Ce  manuscrit  contient,  à  partir  du  folio  81,  une 
sorte  de  recueil  d'opuscules  de  médecine,  analogue  au  ma-      CataidOiibrci, 
nuscrit  d'Oxford  n"  2142;  le  compilateur  l'a  fait  pour  son   ""'  '''° 
fils  Vidas  (wkt'i,  Biscioni  a  transcrit  Vida),  et  l'a  achevé  la 
nuit  du  16  du  mois  de  kislew  5i44  (12  novembre  i383).      Ms.foi. nS 
Le  compilateur  dit  qu'il  était  âgé  de  quarante-trois  ans 
(M.   Lasinio  écrit  quarante-cinq),   dans  le  printemps  de   p.  106, note. 
l'année  5i37  (1377),  quand  il  a  eu  un  accident.  Au  mois 

'   Peut-être  identique  à  Vidai  Abram  (fils d'Abraham)  de  Bourian  (Gross,  MonaU- 
schrift,  1880,  p.  180,  note  a). 

TOME  xxxi.  74 


mniHIBIt     <I4TI()1tlK. 


\IV'  SIKCI.E. 


586 


I.ES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Voir  ri-dc»su< , 
|>.  58o. 

MoDalsschrifl . 
1H81,  p.  4g8. 

Saige,  Juifn 
ilu  Laiiiiundoc. 
p.  vil. 

Aniberl,  Mcm. 
«nr  l'ancienne  ré- 
publ.  d'Arles,  III, 
p.  393. 

Mazkir,     Mil. 
p.  106. 

Otiainipi>r.,III, 
83  (Monum.Gerni. 
histor. ,  Script., 
l.  XXVII.p.SSg). 

Ms.  de  Turin , 


MonaUschrifl, 
1880,  p.  I73. 

Hiitt.  litt.  de  la 
France.  I.  XXVII. 
p.  553. 


(le  .siwan  de  l'année  5i43  (mai  i383;  M.  Steinschneider 
écrit  1378),  son  parenl  Maestre  Salves  Vidal  de  Bourian 
lui  a  prescrit  un  purgatif.  Au  mois  de  schebat  5i44  (jan- 
vier i383),  le  compilateur  est  encore  tombé  malade.  C'est 
tout  ce  que  nous  savons  de  relatif  à  lui.  Selon  un  usage 
provençal  dont  nous  avons  plusieurs  fois  parlé,  le  fils  por- 
tait, sans  l'addition  du  mot  len,  le  nom  de  son  ])ère.  Salves 
Vidal  signifie  donc  Salves  fils  de  Vidal.  Salves  était  médecin 
pratiquant  en  i383;  par  conséquent,  son  père  Vidal  doit 
avoir  vécu  vers  i34o-i36o;  et,  en  effet,  il  est  cité  par  un 
élève  de  Juda  Nathan  vers  cette  époque.  M.  Gross  compare 
le  nom  de  Bourian  à  celui  de  Boeriano,  que  portait  un  juif 
de  Nîmes.  Bourian  ou  Borrian  était  le  nom  d'un  quartier 
d'Arles,  plus  tard  appelé  Bourgneuf,  par  opposition  au 
Vieux-Bourg  (aujourd'hui  La  Roquette),  et  compris  entre 
les  Arènes  et  le  Rhône,  au  nord  de  l'ancienne  cité,  (iervais 
de  Tilbury  parle  déjà  de  ce  faubourg  de  Bourian. 

Le  nom  de  Salves  était  très  répandu  en  Provence;  c'est 
ainsi,  par  exemple,  que  le  copiste  d'un  livre  de  prières  fait 
à  Pise  en  iSgy  s'appelle  Méir,  fils  de  Samuel  de  Salves, 
d'Arles.  Ce  copiste  est  sans  doute  le  même  que  celui  dont 
il  est  fait  mention  en  i43o  et  i434,  sans  qu'on  indique  le 
nom  de  son  père.  M.  Gross  cite  encore  Salves  de  TreLs 
et  Bonet  de  Salves,  de  Salon,  et  l'on  pourrait  multiplier 
les  exemples.  Nous  avons  parlé  dans  un  autre  volume  de 
Bondia  Samuel  de  Salves. 


'  LKVI  BEN-GERSON, 

PHir.OSOPHE. 

SA  VIE. 

Voir ci-desjon'i,        LÉVï  ben-Gerson  ,  sumommé  en  hébreu  n»,  «  Lion  »,  en 


p.  589. 


latin  Magister  Léo  Hebrœus,  fut,  après  Moïse  Maimonide,  le 
plus  célèbre  des  philosophes  et  exégèles  juifs  du  moyen  âge. 
îr  est  cité  par  les  auteurs  hébreux  sous  le  nom  de  Ralbaff, 
nom  formé  des  lettres  ja'j'i,  qui  sont  les  initiales  de  m^'s-ï 
avi'i  |3,  Rabbi  Levi  ben-Gerschon.  Lévi  était  originaire  de 


DU  XIV  SIÈCLE.  587        ^,^. ,,,,,, 

Bagnols  [sur  Cèze],  Balneoli,  transcrit  en  hébreu  vbv^i^, 

c'jvixa,    w'j^Jio,   «?'?i33a,   e;'?rKa,  ck"7i'?3,  et  par  erreur  ©Vvjat 

dans  un  manuscrit  d'Oxford.  Le  niot  c?'7ik"'3,  dans  le  manu-      Voii .  i  .lessous, 

scril  de  Leide,  Warn.  43,  4»  semble  représenter  le  nom  de   i'  ^^' 

Violas. 

Le  Bagnols  dont  il  s'agit  ici  faisait  partie  de  l'ancien  comté 
d'Orange,  et  est  maintenant  compris  dans  le  département 
du  Gard.  Le  comté  d'Orange  relevait,  à  l'époque  de  Lévi, 
des  comtes  de  Provence,  qui  étaient  en  même  temps  rois 
de  Naples.  Le  comte  régnant  était  Robert  d'Anjou,  qui 
encouragea  d'une  manière  si  éclairée  les  traductions  d'ou- 
vrages de  philosophie,  de  mathématiques,  d'astronomie,  et 
qui,  comme  l'empereur  Frédéric  II  au  siècle  précédent,  pre- 
nait pour  auxiliaires  des  savants  juifs.  Lévi  n'a  pas  travaillé      Hist.  iiu.  de  la 

1  -Dl        1  •  '"        il'  ''iJ'i'  '1      France,  t.  XXVll, 

j)Our  le  roi  nohert;  mais  sa   réputation  s  étendit  jusqua    ,,.585,etciKiessu» 
Aviernon,  où  les  papes  faisaient  arand  cas  de  ses  travaux   '"''«'«  Je  Caio^ 

.  »*    I        •     I  I  •  •  111  I  iiynnosben-CaIoii\- 

astronomiques.   Maigre  les  calamités  qui  accablèrent   les    mos. 

juifs  de  Provence  au  xiv*  siècle,  il  y  eut  ainsi  des  mo-      Voir  ci-dessu», 

mentsoù  ils  purent  s'adonner  aux  recherches  scientifiques.    **■ 

Nous  avons  vu  que  Calonymos  fit  ses  travaux  à  Arles  et  à      voir  ci-dessu». 

Avignon;  Caspi  et  plus  tard  f']mmanuel  accomplirent  les   i'^^'"- 

leurs  à  Tarascon,  et  nous  verrons  plus  loin  que  la  ville  de      Voir  ci-de»su». 

Bagnols  eut  également  sa  part  de  travaux  érudits.  '''   ' 

M.  Munk,  qui  juge  si  bien  notre  auteur  en  le  tenant 
(X)ur  un  des  plus  grands  péripatéticiens  du  xiv*  siècle  et     Munk,  Mélanges. 
pour  le  plus  hardi  de  tous  les  philosophes  juifs,  écrivait   •*  *®' 
en    1869   qu'on  «ne  connaît  exactement  ni  l'année  de  sa 
«naissance,  ni  celle  de  sa  mort».  Nous  verrons  cependant  .* 

que,  grâce  à  des  documents  flécouverts  postérieurement      Voir  ri-dessous, 
à  la  publication  des  Mélanges,  on  peut  affirmer  que  Lévi   ^    '** 
naquit  en  1288  et  mourut  en  i344- 

Mais  avant  de  donner  les  rai.sons  sur  lesquelles  nous 
nous  appuyons  pour  fixer  les  dates  de  la  naissance  et  de  la 
mort  de  notre  auteur,  nous  mentionnerons  les  détails  qu'on 
Irouve  sur  Lévi  ben-Gerson  dans  les  anciens  ouvrages  de 
bibliographie  et  de  biographie. 

Bartolocci  dit  que  Lévi  ben-Gerson  était  natif  d'Espagne,    bii^ï'" v^*^' "'' 


XIV'  MÈCLE. 


588 


LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


llisl.  lilt.  de  la 
Kranro,  I.  WVII. 


KiMiolhcra  lic- 
hr.iira.  I,  p.  7 5(1. 


ibidem,  III, 
|>.  616  et  siiir. 

Ibidem  ,  IV. 
|>.   «9-!. 


Diiionario  sto- 
rico.  |>.  116  cl 
<uiv. 

Sloiiisrlincidrr, 
KiiCNclop. ,  l'sert. 
I.  X'i.lll,  p.  29.S. 
note  I . 

Voir  ci-de«<ous , 
|..   ,190. 


OU,  selon  d'autres,  de  Bagnols  en  Provence;  c'est  pourquoi 
on  l'appelle  Maestro  Léon  de  Bagnols.  Lévi  descendait  d'une 
famille  de  savants;  son  père  est  l'auteur  de  l'ouvrage  inti- 
tulé Porte  du  Ciel;  son  grand-père  maternel  était  Moïse 
Nahmanide;  son  petil-fds  futSiméon  bcn-Zémah  (Douran). 
Lévi  était  contemporain  d'Ascher,  fds  de  lehiel,  et  est  né 
probablement  vers  1290.  Médecin  de  profession ,  Lévi  s'oc- 
cupa de  théologie  et  commit  de  grandes  erreurs  de  doc- 
trine, comme  on  peut  le  voir  dans  son  ouvrage  intitulé 
Guerres  du  Seigneur.  Bartolocci,  en  citant  quelques-unes 
de  ces  erreurs,  ajoute  cependant  que  Lévi  était  un  grand 
philosophe  et  qu'il  est  l'auteur  d'ouvrages  importants. 

Wolf  répète,  après  Bartolocci,  que  Lévi  mourut  à  Per- 
pignan en  iSyo.  Il  donne  la  liste  de  ses  ouvrages  tels  qu'il 
les  connaissait.  Dans  un  autre  volume  il  complète  celte 
liste,  en  y  ajoutant  dos  écrits  qui,  en  réalité,  ne  sont  pas 
de  Lévi.  Au  quatrième  volume  de  sa  liihiwtheca  hebraica,  il 
signale  les  manuscrits  de  Lévi  qu'on  trouve  dans  quelques 
bibliothèques.  A  peine  est-il  besoin  de  dire  que  Bartolocci 
et  Wolf  ont  pris  pour  base  de  leur  travail  les  chroniques 
juives  de  Zakkuto,  d'Ibn-Yahya,  de  Conforte,  de  Gans  et 
de  Schabbetaï  Bass.  Wolf,  cependant,  a  su  tirer  quelques 
renseignements  des  manuscrits  ainsi  que  de  la  lecture  des 
catalogues  et  des  livres  imprimés.  Malgré  les  progrès  qu'a 
faits,  dans  notre  siècle,  l'étude  de  la  littérature  rabbinique, 
on  consulte  encore  avec  fruit  la  Bibliotheca  hebraica  de 
Wolf. 

De  Rossi  appelle  notre  auteur  Gcrsonidc  Lévi  (Lévi  est 
cité  sous  le  nom  de  "iw-n,  Gersonides,  pour  la  première  fois 
par  David  Messer  Léon,  qui  florissait  vers  1 5oo).  Il  fut  sur- 
nommé R.  Léon  de  Bagnols,  parce  qu'il  naquit  dans  cette 
localité  provençale,  en  1  288;  il  était  petit-fds  par  sa  mère 
du  célèbre  Nahmanide,  et  mourut  à  Perpignan,  en  1870,  «î 
l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans.  Cette  dernière  date,  si  er- 
ronée, est  donnée  d'après  Zakkuto.  De  Rossi  rappelle  cepen- 
dant que  (Simone)  Luzzatto,  dans  sou  ouvrage  intitulé 
Dlscorso  intorno  allô  stato  degli  ebrei,  p.  79,  dit  que  notre 


DU  XIV  SIECLE.  589 


XIV    SUXtIà. 


I.    |..    S! 


Juilrn,  Nil.    !  15 


Lévi  mourut  à  l'âge  de  Irente-deux  ans.  De  Rossi  énumère 
sommairement  les  ouvrages  de  notre  auteur  en  renvoyant 
pour  plus  de  détails  à  son  catalogue  des  manuscrits  qui 
sont  à  présent  à  la  bibliothèque  de  Parme,  catalogue  que 
nous  aurons  souvent  l'occasion  de  mentionner  dans  le  cou- 
rant de  cet  article. 

Fûrst  nomme  notre  auteur  Léon  de  Banolas,  et  dit  que, 
né  en  iq88  à  Banolas,  non  loin  de  Girone,  il  nu^urut  à  Bibi-judai.». 
Perpignan,  en  iSyo.  Il  s'appelait  en  bébreu  Lévi  ben-Ger- 
schom,  était  du  côté  maternel  petit-fds  de  Moïse  Nabma- 
nide,  et  par  sa  fdle  grand-père  de  Siméon  ben-Zén)ab 
Douran. 

M.  Graetz  fournit  des  dates  plus  exactes,  s'étant  servi  des 
données  de  M.  Steinschneider.  M.  Graetz  ajoute  que  notre      CscIimIu.  ,Wr 
auteur  porte  le  nom  littéraire  de  Gersonide  et  qu'on  le  cite 
en  bébreu  sous  celui  de  Gcrsoni. 

Avant  de  continuer  la  biographie  de  Lévi,  nous  croyons 
utile  de  reproduire  un  passage  de  la  préface  d'Isaac  Lattes, 
qui  le  concerne  :  '7njn  ann  p  •»i"?  laiaT  ann  n'jyo  b  "jy  N'cjn  h^1}r\  aini 
Va  OTiDi  Dn33ii  D'-aT  Qiiian  tan  ©"jTJKan  ptt^b  [nDJWND  n:i3Dn  Du^3  '-> 
]Vinn  DDsna  oïDai  noan  "733  D'innio  oniN-ia  ^N''a1  .ne  Vyawi  ar3ac?  n-nnn 
mm  nN''ai  .yiNn  Vsa  imoa  pK  niKiDiai  nmoSai  nm^Kai  saïDn  nD3n3i 
nDD3  mD3i  n'rijnD  nKwan  riK-iun  ino3na  T'Kni]  ihd  133:  11x333  3rD3e? 
nni3  kS  '  [iKC  Kmji  n333  ibd  '"  nionVo  idd  iNip  o^Dyn  '?33  ''7h^n1zn  '7n3n 

:  Dnin'''?  dk  ■'3  irVyo 

«  Le  grand  prince  notre  maître  Lévi,  fds  du  grand  maître 
«Gcrsom,  surnommé  Maestre  Léon  de  Bagnols,  est  l'au- 
•  leur  de  nombreux  et  précieux  ouvrages.  Il  a  fait  des  com- 
«  mentaires  sur  la  loi  écrite  et  la  loi  orale  et  sur  toutes 
«  les  branches  des  sciences;  à  savoir  :  la  logique,  la  phy- 
«sique,  la  métaphysique,  les  mathématiques  et  la  méde- 
«cine;  il  n'a  pas  son  égal  dans  tout  le  pays  (ou  sur  toute 
«la  terre).  Il  a  commenté  la  Bible  profondément,  [et  il  a 
«éclairé  tout  le  reste  de  la  captivité  par  sa  science,  surtout 
■  par  son  célèbre  ouvrage  intitulé  Guerres  du  Seigneur], 

'  Les  mots  entre  crochets  sont  pris  dn  oianuscrit  Gûnzburg. 
4  0 


MV*  «làcu. 


590  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


note  2. 


Voir  ci-diissous. 


Mél 
iiolc  1 


«  dont  la  grande  valeur  ne  peut  être  appréciée  que  par  les 
•  initiés.  * 

On  connaît  la  date  de  naissance  de  notre  auteur  grâce 
aux  manuscrits  de  son  traité  d'arithmétique.  Lévi  dit,  en 
effet,  qu'il  a  terminé  cet  ouvrage  au  commencement  du 
mois  de  nisan  5o8i  ■=3i  mars  iSai,  étant  âgé  de  trente- 
trois  ans;  Lévi  est  donc  né  en  1288.  Cette  date,  comme  le 
Mél.,  p.  /197,  remarque  M.  Munk,  s'accorde  bien  avec  les  dates  de  la  com- 
position de  ses  divers  écrits.  Lévi  ayant  ébauché  quel- 
ques parties  de  son  grand  ouvrage  intitulé  Guerres  du 
Seigneur  à  la  fin  de  l'année  i3i6  ou  au  commencement 
de  iSiy,  on  voit  qu'il  commença  son  activité  littéraire  à 
l'âge  de  vingt-huit  ans;  ce  qui  est  très  admissible.  Toute- 
fois nous  verrons  que  notre  auteur  avait  comjxjsé  des 
traités  sur  le  Talmud,  qui  ne  nous  sont  pas  parvenus,  et  il 
est  probable  que  c'est  par  ceux-ci  qu'il  avait  débuté. 
"J"'  M.  Munk  remarque,  il  est  vrai,  qu'une  note  écrite  à  la  fin 
du  manuscrit  de  Paris,  Sorbonne  n"  5o  (n°  i54  du  nou- 
veau catalogue),  qui  renferme  le  commentaire  sur  la  Bible 
du  célèbre  Salomon  de  Troyes  (Raschi),  peut  faire  naître 
des  doutes  sur  la  date  de  naissance  de  notre  Lévi.  Le  co- 
piste de  ce  manuscrit,  David  ben-Gerson,  affirme  avoir 
écrit  ce  commentaire  à  l'usage  de  son  frère,  Rabbi  Lévi,  en 
l'an  5o58  =  i298;or,  s'il  était  démontré,  ditM.  Munk, qu'il 
est  ici  question  de  notre  Lévi  ben-Gerson,  il  faudraitadmettre 
que  celui-ci  élait  né  avant  1288.  Mais  M.  Munk  ajoute  avec 
raison  cjue  ce  n  est  peut-être  ici  qu  une  ressemblance  lortuite 
de  noms;  d'autant  plus  que  l'écriture  du  manuscrit  en  ques- 
tion a  le  type  allemand  fortement  prononcé,  et  qu'il  est 
difficile  de  le  supposer  écrit  en  Provence. 

L'année  de  la  mort  de  Lévi  nous  est  connue  par  l'épi- 
logue des  manuscrits  latins  qui  contiennent  le  Pronosticon 
Ma^istri  Leonis  Hebrœt  de  conjunctiune  Satarni  et  Jovis  anno 
Domini  I3à5,  dont  nous  parlerons  plus  loin.  Disons  d'abord 
Serapeum,  i863,    que  c'cst  M.  Stcinschneidcr  qui  a  le  premier  reconnu  dans 
\ii  'p.'  82?;"^',    ^^  Ucbrœas  notre  Lévi.   Or,   à    la   fin   du  susdit    traité, 
V-  'Cî-  traduit  de  l'hébreu  en  latin  par  Pietro  d'Alessandria,  on  lit 


DU  XIV  SIÈCLE. 


591 


KIV'  Slèr.LE. 


ce  qui  suit  dans  le  manuscrit  d'Oxford,  Digby,  176  :  Ma- 
(juler  Léo,  morte  preventus,  anno  Christi  13ââ  die  20  mensis 
ai)rilis,  circa  meridiem,  de  hac  conjanctione.nil ampUas ordinavit. 
En  efFet,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  l'activité  lit- 
téraire de  notre  auteur  cesse  en  i3/|3,  en  sorte  que  nous 
pouvons  accepter  sans  hésitation  l'année  i344  pour  celle 
de  sa  mort. 

Ce  système  serait  renversé  si  l'on  admettait  une  conjec- 
ture, émise  autrefois  par  M.  Steinschncider,  sur  une  con- 
jonction astrologique  que  notre  Lévi  aurait  dressée  pour 
l'année  i355.  Le  manuscrit  de  Leide  Warn.  43,  4,  ren- 
ferme, en  effet,  nn  judiciiiin  astrolo(jicam  de  l'année  5 1 1 5  de 
la  création  ou  i355  de  J.-C,  calculé  par  l'astronome 
Maestre  e?''7iN''3  (Biolas  ou  Violas),  nom  que  M.  Steinschncider 
avail  cru  pouvoir  être  une  corruption  de  e?Vvj3;  et  par  consé- 
quent ce  /iidicinm  aurait  été  dressé  par  Léon  de  Bagnols. 
Selon  M.  Steinschncider,  ce yWjcmm  serait  en  rapport  avec 
la  peste  noire  (le  l'année  i348  Quoiqn'ilensoit  de  cepoint, 
nous  croyons  que  le  nom  de  wVix-'a  représente  Violas,  qui 
n'est  autre  que  Maître  Violas  de  Rodez,  dont  nous  parle- 
rons plus  loin.  D'ailleurs,  nous  aurons  à  revenir  sur  le 
manuscrit  de  Leide,  qui  renferme  des  traités  d'immanuel 
de  Tarascon  et  de  Profel  Douran. 

D'après  Abraham  Zakkuto,  Lévi  serait  mort  à  Perpignan 
en  l'année  5i3o  =  1370  et,  par  conséquent,  si  nous  pre- 
nons pour  date  de  sa  naissance  l'année  ia88,  Lévi  aurait 
atteint  l'âge  avancé  de  quatre-vingt-deux  ans.  Les  chroni- 
queurs juifs  n'auraient  certes  pas  manqué  de  faire  res- 
sortir ce  grand  âge,  pour  un  homme  aussi  célèbre  que 
notre  Lévi.  En  réalité,  Zakkuto  lui-même  avait  quelque 
doute  sur  cette  date,  car  il  ajoute  qu'il  faut  prendre  en 
considération  les  tables  astronomiques  de  Jacob  fils  de 
[David]  Yom  Tob  Poel,  qui  furent  composées  à  Perpignan, 
en  5i2  1  =  13.51,  et  d'où  il  résulterait  que  Lévi  était  mort 
à  cette  époque.  Zakkuto  veut  probablement  dire  que  Lévi 
y  est  mentionné  avec  la  formule  V't  =  na-ia*?  unst,  «Que  sa 
«mémoire   soit  l)énie!»  qu'on   emploie   pour   les  morts. 


Cahil.,  |i.  il  'i. 


Voirri-ilpssous 
)  ardcle  «le  Violas. 

Kiicjrlopwlie, 
i'  sert.,  t.  \UII, 
p.    .'ioo,   note    4**. 


Yuliasiii,)!. 


Voir  r»r(icl«  sur 
cet  auteur. 


\IV*  SIÈCLE. 

(lalal.  ,11"  I  'i83  , 
'i. 

KiicNclopa'die, 
i'sicl.,"  t.  M.lll, 
|>.  396 .  note  6. 


592 


LES  KCUIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


.[oel,  p.  0. 

Pentatouque, 
fol.  1 1  '1  «  (éd.  de 
Venise  ) . 

Hist.  iitt.  de  la 
l'rance,  I.  XXVII, 
|).  3i5. 

lieherseliuiigeii, 
P-  9- 

Monatssrliriri , 
1879.  P-  ■*•'  et 
sui\. 


Voir   ci-dessus, 
p.  588. 


Monatsschrift, 
1862,  p.  II 3.  Ti- 
rageàparl.p.  io4. 

Fol.    35.    édit. 
prinr. 


Cette  formult^  ne  se  trouve  pas  dans  le  manuscrit  d'Ox- 
ford; mais  elle  se  trouve  dans  celui  qui  appartient  à 
M.  Steinschneider.  Il  serait  d'ailleurs  superflu  de  consulter 
d'aulros  manuscrits  des  Tables  de  .lacol)  Poel,  puisque  nous 
avons,  pour  t'iablir  la  date  exacte  de  la  mort  de  Lévi,  un 
document  certain. 

(^omme  pour  la  plupart  des  auteurs  juifs  du  xiv*  siècle, 
nous  avons  peu  de  détails  sur  la  vie  de  Lévi.  Il  est  certain 
qu'il  descendait  d'une  famille  savante,  puisque,  dans  ses 
commentaires  bibliques,  il  cite  souvent  son  père  et  une  fois 
son  <^iand-père.  Il  n'est  nullement  certain  que  son  père 
ait  été  Gcrson  de  Béziers,  l'auteur  de  l'ouvrage  intitulé 
«Porte  du  Ciel»,  bien  que  cela  soit  possible,  si  on  admet 
avec  MM.  Sleinschneider  et  Gross  que  Gerson  florissait  vers 
la  seconde  moitié  du  xiii*  siècle.  Dans  les  passages  où  il  cite 
son  père,  Lévi  emploie  toujours  l'expression  ^n'jap,  ce  qui  or- 
dinairement veut  dire  «j'ai  reçu  par  tradition  orale».  Si 
l'auteur  de  la  «Porte  du  Ciel»  avait  été  le  père  de  Lévi, 
celui-ci  aurait  certainement  cité  son  ouvrage,  car  les 
occasions  pour  cela  ne  lui  manquaient  pas.  On  peut  appli- 
quer le  même  aryumentum  a  silentio  à  l'assertion  de  Zak- 
kuto  que  le  fameux  Moïse  fils  de  Nahman  de  Gironc 
était  le  grand-père  de  notre  Lévi.  Jamais  Lévi  ne  le  men- 
tionne. Il  est  vrai  que  les  écrits  mystico-cabbalistiques  du 
Nahmanide  ne  devaient  pas  être  du  goût  de  l'admirateur 
d'Aristote;  mais  le  respect  fdial  de  Lévi  lui  aurait  fait  trouver 
moyen  de  nommer  son  aïeul.  Ajoutons  que,  comme  M.  Joël 
le  fait  observer,  Lévi  donne,  dans  le  commentaire  sur  Daniel, 
l'année  i358  comme  date  de  l'arrivée  prochaine  du  Messie, 
ajoutant  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs  n'est  parvenu  à 
préciser  cette  date.  Or  Moïse  Nahmanide  donne  également 
cette  date  comme  l'année  de  l'arrivée  du  Messie,  et,  pour 
peu  que  Lévi  eût  connu  les  écrits  de  Moïse,  il  aurait  cer- 
tainement parlé  de  cette  conformité  d'opinion.  M.  Schiller- 
Szinessy,  il  est  vrai,  avait  promis  en  1876  de  prouver 
que  l'assignation  de  la  date  de  i358  n'est  pas  du  fait  du 
Nahmanide;  mais  ce  savant  est  mort  avant  d'avoir  rempli 


DU  XIVSIKCLE.  593        ,„  ^.^_.. 


cette  promesse.  De  plus,  d'après  Zakkulo,  Nahinaiiide  élail 
legrand-père  maternel  de  Lévi, cardu  côlé  paternel, d'après 
Zakkuto  lui-même  et  d'autres  chroniqueurs,  son  grand- 
père  était  Salomon,  père  de  Gerson  de  I5éziers.  Or  Lévi  cite 
comme  étant  son  grand-père  un  R.  Lévi  Coh(>n,  qui  évi-  ^,,,.  ^.j^,,^ 
demment  était  le  père  de  sa  mère;  car  autrement  Lévi  au-  wMï.yjoi.n.).. 
rait  porté  l'épithète  de  Cohen,  qu'on  omet  rarement  chez 
les  juifs. 

Pour   les  mêmes   raisons,   nous  pouvons   difficilement 
admettre  l'identification  du  grand-père  de  Lévi  avec  le   liragèàpàrî 
fameux  Lévi    hen-Ahraliam,   qui  n'est  jamais  mentionné      iiist.  liti  de  la 
comme  Cohen.  Si  Lévi  Cohen  avait  été  l'auteur  du  /  ivjath    ,,''I|'.*^x. 
Hen,  notre  Lévi  l'aurait  souvent  cité,  tandis  qu'il  ne  cile 
qu'une  fois  son  grand-père  Lévi  Cohen,  et  encore  avec  le 
mot  ^"73?,  «j'ai  reçu  oralement».  Dire  que  notre  Lévi  aurait      Voir  ci-dis^n. 
évité  de  citer  Lévi  hcn-Ahraham  à  cause  de  l'excomujuni-    i"^^' 
cation  lancée  par  Salomon  ben-Adret  contre  les  partisans      ,.     ,      ,  , 
de  Maimonide,  au  nombre  desquels  était  en  première  ligne    Kia.ice.i  wvii, 
Lévi  ben-Abraham,  est  un  faible  argument.  L'excommuni-    i'^^' 
cation  de  Salomon  ben-Adret  était  oubliée  depuis  que  les 
juifs  avaient  été  expulsés  des  territoires  appartenant  aux 
rois  de  France,  et  notre  Lévi   n'avait  rien  à  ciaindre  de 
ce  côté.  Ensuite,  comme  nous  le  verrons  plus  loin,  notre 
Lévi  lui-même  n'était  pas  loin  d'être  excommunié;  pour 
le  perdre,  on  n'avait  pas  besoin  de  le  rendre  responsable 
des  hérésies  de  Lévi  ben-Abraham.  Quelques  ressemblances 
entre  les  interprétations  des  deux  Lévi  ne  sulTisent  pas  à 
démontrer  que  Lévi  ben-Abraham  était  le  grand-père  ou 
même  le  parent  à  un  degré   quelconque  de  notre  Lévi. 
Il  est  vrai  que  Moïse  Almosnino,  qui  écrivait  au  xvi*"  siècle, 
cite  l'auteur  du  Livyath  lien  comme  étant  le  père  de  Lévi 
ben-Gerson,  et  M.  Geiger  corrige  le  mot  «son  père»  (vax)       j,^,^^^    „ 
en  «son  parent»  [^\^2^•>^p,  d'après  Samuel  de  Vidas),  tandis  que   p  2\. 
M.  Joël  suppose  qu'il  faut  lire  v3n  •'sk,  «  son  grand-père  »,  au      Monauschrift, 
lieu  de  rax.  Mais  l'épithète  de  Cohen  après  le  nom  de  Lévi,    '^^o,  p.  2?/i. 
graod-père  de  notre  Lévi,  resterait  toujours  inexplicable, 
même  si  nous  prenions  fen  considération  un  renseignement 


TOUR   XXXI.  "JO 

0    ^  ,.„,», .,r    ,„ 


\IV*  SIÈCLE. 


Ruspoiisa, 


594 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Vlonalsschriri , 
i''(>o,  p.  2 5 4. 

(iiicrres  du  Sei- 
gneur.    II.     'i, 
fol.  i8  /.. 

(^alal.  ilr  lierlin. 


Joël, 
ilirifl. 


Moiials- 
i86i. 
tira"!^    à 


!••     "J 
pari.  |).  8). 

Voir   ci-dcsisns. 

p.    59J. 

Voir  ri-dr-ssons. 


douteux,  probablemen l  puisé  chez  Siméon  Douran.  Celui-ci, 
qui  florissait  vers  1476,  en  s'opposanl  à  une  interprétation 
biblique  de  notre  Lévi,  dit  ce  qui  suit  :  «Bien  que  Lévi 
«  fût  un  homme  célèbre  et  noire  parent  (car  son  grand-père 
«  le  rabbin  R.  Lévi  Cohen  était  le  grand-père  de  mon  graiid- 
«père  R.  Juda  Delesfils ',  qui  était  aussi  appelé  Bongoah 
«de  Moro,  du  nom  du  village  où  il  commerçait,  et  Lévi 
«  ben-Gerson  était  le  mari  de  la  sœur  de  mon  grand-père), 
«je  ne  peux  avoir  d'égards  pour  personne  quand  il  s'agit 
«de  la  loi,  et  la  vérité  est  plutôt  mon  parent  [que  Lévi],» 
Siméon  Douran  n'aurait  pas  manque,  à  notre  avis,  d'ajouter 
après  Lévi  Cohen  les  mots  «  l'auteur  du  Livyath  Hen  » ,  si  Lévi 
Cohen  avait  été  le  même  que  Lévi  ben-Abraliam.  Nous 
n'admettons  pas  l'argumentation  de  M.  Joël,  qui  veut  tirer 
de  ce  passage  même  la  preuve  que  l'auteur  du  Livyath  Hen 
était  un  Cohen. 

Lévi  mentionne,  sans  donner  son  nom,  un  frère  cadet 
qu'il  avait.  C'est  peut-être  son  frère  Salomon,  à  l'aide  du- 

3uel  Pielro  d'Alcssandria  fit  sa  traduction,  après  la  mort 
e  Lévi.  Nous  avons  vu  que  n')tre  Lévi  était  marié.  Nous  le 
trouverons  résidant  tantôt  à  Orange,  tantôt  à  Avignon,  où 
l'on  était  ])lus  tolérant  que  dans  la  Provence  proprement 
dite,  quoique,  de  certains  passages  écrits  par  Lévi,  nous  de- 
vions conclure  que  les  juifs  souffraient  parfois  également 
daus  le  Comtat.  Ainsi,  il  dit  souvent  qu'il  n'a  pas  pu  conti- 
nuer ses  travaux  «  à  cause  des  calamités  du  temps,  qui  em- 
«  pèchent  de  penser  ».  Très  souvent  Lévi  exprime  l'espoir  de 
voir  arriver  le  Messie.  Dans  un  épilogue  de  i338,  Lévi 
dit  qu'il  n'a  pu  faire  une  revision  de  son  commentaire  sur 
le  Pentateuque  à  Avignon,  faute  d'avoir  eu  un  exemplaire 
du  Talmud  à  sa  disposition. 

Reh'vons  encore  les  renseignements  suivants  qu'on  trouve 
dans  les  écrits  de  Lévi  et  sur  lesquels  M.  Joël  a  attiré 
l'attention.  Dans  une  des  applications  morales  qu'il  tire  de  ses 
commentaires,  Lévi  dit  que  la  loi  de  Dieu  défend  à  l'homme 


'  Ce  Judo  n'est  pas  ie  même  que  Juda  Dels  Infani  (ci-dessus,  p.  369). 


DU  XIV  SIECLE. 


595 


les  ados  d'ascélisme  exagéré,  tels  que  les  i>a lions  en  pra- 
tiquent, par  exemple  en  se  flagellant;  c'est  probablement 
une  allusion  aux  abus  des  Flagellants,  contre  lesquels  le 
pape  Clément  VI,  à  Avignon,  hmça  une  bulle  sans  grand 
succès.  Lévi  combat  l'opinion  des  gens  qui  croient  que 
le  soleil  est  immobile  tandis  que  la  lerre  se  meut.  Lévi 
aflirme  qu'Hipparque  connaissait  déjà  la  vérité  à  cet 
égard. 

Bagnols  appartenait  à  celte  époque  au  cardinal  Napoléon 
des  Ursins  (Orsini),  nom  que  la  légende  populaire  dérivait 
(ÏUrsus.  Notre  Lévi  reproduit  cette  légende  dans  le  passage 
suivant  :  «  On  raconte,  au  sujet  de  Romulus  et  Rémus,  que 
«leur  père,  pendant  la  nuit  de  leur  naissance,  rêva  que 

•  deux  bouts  do  tisons  sortaient  de  ses  narines  et  brû- 
■  laient  sa  cité.   En  s'éveillanl,   il   apprit  que   sa  femme 

•  était  accouchée  de  deux  jumeaux,  qu'il  crut  être  les  deux 

•  bouts  de  tisons  dont  il  avait  rêvé,  de  sorte  qu'il  ordonna 
«de  les  transporter  dans  une  forêt,  où  ils  trouveraient  la 
«  mort.  Une  ourse  qui  était  là  les  nourrit  (comme  cela  est 
«rapporté  aussi  dans  le  Midrascli  sur  les  Psaumes),  et, 
«  après  qu'ils  furent  devenus  grands,  les  deux  frères  délrui- 

•  sirent  la  ville  de  leur  père  et  construisirent  Rome.  C'est 
«  d'eux  que  les  grandes  familles  romaines  afliliées  aux  Ursins 
«•(o^ann)  descendent.  »  Lévi,  qui  acheva  son  commentaire 
sur  la  Genèse  en  iSqq,  écrivait  pendant  la  grande  lutte  des 
Colonna  et  des  Orsini.  Comme  M.  Joël  le  suppose,  pendant 
que  les  flatteurs  des  Colonna  s'eflorçaient  de  les  faire 
descendre  des  empereurs  romains,  les  amis  de  leurs  ad- 
versaires, à  en  juger  d'après  les  paroles  de  Lévi,  faisaient 
venir  les  Orsini  de  Romulus  et  de  Rémus,  en  substituant 
dans  la  légende  l'ourse  à  la  louve. 

Lévi  cite,  outre  son  père  et  son  grand-père,  un  contempo- 
rain ,  R.  Salomon  han-Nasi,  et  les  sages  de  sa  généra'  ion.  Lévi 
savait  sans  doute  le  latin,  qu'il  appelle  la  langue  des  chré- 
tiens, et  il  est  naturel  qu'il  donne  souvent  l'explication  des 
mots  hébreux  en  provençal.  Quant  à  l'arabe,  il  compare 
quelquefois  le  i  conjonctif  au  o  arabe;  mais  cela  ne  prouve 

75. 


\iv   siEr,i.s. 


Coiiiinciil.     sur 
rFi\<i(le,  Col.  7  I  ft. 

(lomnicnt.  sur 
laGencse,  fol.  ;i.3  4 
Lévit. ,  fol.  ioi  h- 
l)eiil.,  fol.  2i3/>. 


Doni  Vaissctp, 
Histoire  <\e  Lang. , 
t.  IV,    p.    190    cl 

(^oiiiDient.  Mil- 
le Penlalcuquc. 
fol.  46  c  (cdit.  ci.- 
Venise). 

IsaTc,  vir,  '1. 


Moiialsschrill . 
1 860 ,  p.  ?5Î>. 


Comment,     sur 
I  Sam.,  XVI,  6. 


.    .  59()  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

MV    SIKCI.E.  ' 

pas  (jue  Lévi  ait  connu  l'arabe;  car  il  a  pu  emprunter  cette 
remarque  au  commentaire  d'Abraham   ibn-Ezra,  dont  il 
étudiait  beaucoup  les  ouvrages  et  qui  lui  a  servi  de  mo- 
dèle ])our  ses  interprétations  bibliques;  tandis  que,  pour  la 
philosophie,  comme  nous  le  verrons,  il  s'inispirait  de  Mai- 
monide,  sans  pourtant  le  suivre  aveuglément.  Lévi  rappelle 
souvent   qu'il  s'est  servi  des  traductions  hébraïques  des 
.siems.iii.ei.ior.   Commentaires  d'Averroès;  jamais  il   ne  s'appuie  sur  un 
ij.i.prs.t/.,  p.  06.    texte  arabe.  II  est  probable  que  c'est  encore  à  l'imitation 
j..ei,    Monais    d'Ibn-Ezra   (juc   Lévi   ])ril    au    sérieux    l'astrologie    et   la 
s.hrin,      i8(M.    croyance  en  la  sorcellerie.  11  est  étonnant  qu'un  esprit  aussi 
,.ari.  p.  'i).  '^        lucide  et  aussi  philosophique  ail  pu  croire  à  de  telles  chi- 
mères; mais  celait  l'erreur  du  temps,  parmi  les  savants 
chrétiens  comme  parmi  les  juils. 

Nous  ne  pouvons  mentionner  toutes  les  petites  notices 
qui  ont  trail  directement  ou  indirectement  à  Lévi.  Nous 
nous  bornerons  «à  citer  les  travaux  les  plus  importants. 
(]e  sont  :  i  "  l'article  de  M.  Steinschneider,  dans  son 
Catahujin  libronim  hebr.  in  bibl.  BodL,  colonnes  ifioy  à 
1 6 1 5;  2"  les  articles  de  M.  Joël  dans  la  MoïKitsschriJi,  1 86o, 
p.  223  el  suiv.;  1862,  p.  4i,  93,  iSy,  297»!tsuiv.;  3"  les 
Mélanges  de  philosophie  juive  et  arabe,  par  M.  Munk, 
p.  497-5oi;  4°  l'article  de  M.  Steinschneider,  dans  l'Ency- 
clopédie d'Ersch  et  Gruber,  section  II,  t.  XLIII,  p.  296- 
3oi,  avec  des  additions  dans  la  feuille  périodique  inti- 
tulée Magazinjûr  die  Wissenschajt  des  Judenthums,  1 6*  année 
(1889),  p.  137-1 55;  5°  l'ouvrage  du  même  savant  sur  les 
traductions  hébraïques,  couronné  par  l'Académie  des  in- 
scriptions et  belles-lettres,  et  dont  l'auteur  nous  a  gra- 
cieusement communiqué  les  feuilles  au  fur  et  à  mesure  de 
leur  impression.  C'est  surtout  pour  les  commentaires  de 
Lévi  que  nous  les  avons  mis  à  profit. 

SES  OUVRAGRS. 

Nous  allons  maintenant  nous  occuper  des  nombreux  ou- 
vrages de  Lévi  ben-Gerson,  qui  embrassent  le  Talmud, 
l'interprétation  de  la  Bible,  la  philosophie  aristotélicienne 


DU  XIV"  SIECLE. 


597 


\IN     SIEl.l.K. 


selon  Averroès,  les  mathématiques,  l'astronomie  et  l'astro- 
logie. Lévi  s'occupa  aussi  de  médecine;  mais  il  ne  semble 
pas  avoir  rien  écrit  sur  celte  science.  Nous  le  trouvons  enfin 
([uelque  ])eu  poète  et  lilurgiste;  à  un  moment  même,  il  pa- 
rait s'être  exercé  dans  la  parodie,  probablement  à  l'exemple 
de  Calonymos  bcn-Calonymos.  \oi.  ..  ,i,«u». 

L'ordre  chronologique  des  travaux  de  Lévi  se  laisse  assez    ''  ''" 
facilement  déterminer.  Nous  croyons  que  Lévi  commença 
sa  carrière  scientifique  par  ses  commentaires  sur  le  Tal- 
mud.  En  effet,  dans  son  commentaire!  sur  le  Penlateuque,        ,,  . 
il  renvoie  à  son  commentaire  sur  le  traité  Bemkhot,  à  pro-    '"'  -'7*i 
pos  d'un  passage  agadique.  Remettant  à  plus  tard  la  con- 
tinuation de  ce  travail,  Lévi  commença  f ébauche  de  son 
grand  ouvrage  philosophique  intitulé  les  Guerres  du  Sei- 
gneur, qu'il  cite  déjà  dans  ses  commentaires  sur  Aver- 
roès. Pour  pouvoir  compléter  ce    grand    ouvrage,   Lévi 
se  plongea  dans  la  philosophie  aristotélicienne  selon  Aver- 
roès, qu'il  se  crut  obligé  d'expliquer  et  de  compléter.  En 
même  temps  il  poursuivait  l'étude  des  mathématiques  et 
de  f  astronomie;  finalement  il  composa  ses  commentaires 
sur  une  grande  partie  de  la  Bible. 


Lévi  paraît  avoir  eu  un  goût  médiocre  pour  la  casuis- 
tique. Ses  commentaires  sont  surtout  des  déductions  théo- 
logiques, des  essais  d'interprétation  philosophique  de  pas- 
sages légendaires  et  agadiques. 

l.  jna  Dviii  minnc;  nno  ï^b  'd,  commentaire  sur  les  treize 
règles  (de  logique)  par  lesquelles  on  explique  la  Loi, 
règles  qui  sont  rapportées  à  Ismaël,  un  des  docteurs  de  la 
Mischna.  Lévi  montre,  par  cet  ouvrage,  dont  Fattribution 
n'est  qiie  probable,  qu'il  était  très  versé  dans  le  Talmud; 
il  se  tient  strictement  à  la  logique,  et  il  blâme  (dans  les 
paragraphes  relatifs  aux  règles  4  et  8)  ceux  qui  s'occupent 
de  pareilles  matières  sans  connaître  cette  science;  il  se 
plaint  surtout  des  talmudistes  français  et  allemands.  Lévi 
cite  R.  Nissim  (fn),  probablement  le  gaon  de  Kairouan  (qui 
florissait  dans  la  première  moitié  du  onzième  siècle),  l'au- 


Traités 

lALMUDIQUES. 
I.IIUIIGIQIIKS 
KT  AUTItKS. 


XIV    MEUI.E. 


598  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


leur  du  traité  intitulé  la  Clef  du  Talmud,  no'ynn  nnoo,  qui 
a  été  publié  à  Vienne  (Autriche),  1 8^7,  et  H.  Samson,  pro- 
bablement de  Sens.  Notre  traité  se  trouve,  au  folio  laS'', 
dans  l'ouvrage  intitulé  apy  nnanco,  «Livre  du  pacte  de 
«Jacob»,  qui  renferme  des  sermons  et  une  collection  de 
notes  sur  des  traités  du  Talmud  de  Babylone,  par  Jacob  fils 
d'Abraham  >Din"D,  de  Tunis;  Livourne,  1800.  l]nedeuxièn)e 
édition  a  paru  à  Jérusalem,  en  i884-  Le  commentaire  de 
notre  Lévi  porte,  dans  ce  recueil,  le  titre  de  pixnve;,  «  Portes 
Voir  n-dessus.  «de  justice».  Jacob  dit,  d'après  Azulaï,  que  Lévi  était  le 
p.  5«R.  petit-fils  de  Moïse  Nahmanide. 

Celle  dissertation  formait  peut-être,  dans  l'intention  de 
Lévi,  l'introduction  générale  au  commentaire  sur  le  Tal- 
mud. Elle  occupe  le  numéro  9  dans  la  liste  de  M.  Stein- 
schneider. 

II.  jiDD  ppino.  Ce  litre,  qui  n'est  guère  traduisible,  puis- 
qu'il résulte  d'un  niauvais  accouplement  de  mots  (Deutér. , 
xxxm  ,21),  était  le  titre  d'une  épître  dans  laquelle  Lévi  ex- 
pliquait les  passages  agadiques  qui  se  trouvent  dans  le  Tal- 
mud de  Babylone,  traité  Baba  Balhra,  chapitre  v.  Voilà,  du 
n)oins,  ce  que  dit  Salomon  fils  de  Slméon  Douran,  laîné, 
\iiih  \ii/. ,  qui  semble  avoir  possédé  cette  épître.  M.  N.  Brûll,  à  (jui 
•"  '■*  nous  empruntons  ces  renseignements,  croit  que  le  titre  hé- 

P  ,37.  breu  mentionné  ci-dessus  (M.  Brûll  écrit  j-'bd,  comme  on  lit 

dans  l'ouvrage  de  Salomon  Douran;  ce  qui  est  sans  doute 
steinsriiiieidoi.  uue  fautc  d'imprcssiou  pour  poo)  contient  une  allusion  au 
mot  nrBD,  titre  du  chapitre  v  du  traité  Baba  Bathra.  H  n'est 
pas  impossible,  en  elîet,  que  le  titre  en  question,  avec 
une  allusion  au  passage  du  Deutéronome,  xxxiii,  qi, 
joue  par  allitération  avec  le  titre  du  chapitre  talmudique. 
Ln  fait  que  nous  devons  signaler,  c'est  qu'un  traité 
sur  le  même  sujet,  avec  le  titre  de  pos  ppmo,  se  trouve 
dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Gûnzburg  n°  367,  3. 
L'auteur  en  est  R.  Moïse,  fils  de  Jacob,  fils  de  Joseph  Cohen, 
qui  l'avait  composé  pour  son  collègue  (nan*?)  R,  Moïse  Ba- 
rukh.  Il  n'est  guère  admissible  que  deux  ouvrages  du  même 
contenu  et  portant  le  même  titre  soient  deux  compositions 


Kncycl. ,    2*  .'ect 
l.  XIJII,  p.  197. 


DU  XIV  SIECLE. 


599 


\iv'  siK<;ni. 


(lifl'érenles.  On  pourrait  dire  (|ue  Salomon  Douran,  qui 
était  parent  de  notre  Lévi,  devait  être  mieux  informé  que  le 
copiste  du  manuscrit  Gûnzburg.  Celui-ci  s'appelait  Isaac 
fils  de  David,  de  Beaucaire;  il  aclieva  la  copie  le  3  siwân 
5 120  (2G  mai  i36o);  l'écriture  est  le  caractère  hébreu  pro- 
vençal. Toutefois  il  faut  considérer  que  David  se  trouvait 
dans  le  pays  où  Lévi  a  vécu,  et  qu'il  est  antérieur  d'un 
siècle  à  Salomon  Douran. 

(^et  ouvrage,  dont  l'attribulion  à  Lévi  est  ainsi  fort  dou- 
teuse, porte  le  numéro  10  dans  la  liste  de  M.  Steinschncider. 

III.  On  cite  de  Lévi  ben-Gerson  deux  réponses  de  ca- 
suistique :  a.  une  consultation  sur  la  liturgie  du  jour  du 
grand  Pardon,  intitulée  mj  Sa,  dont  le  texte  est  donné  par 
Joseph  Alaschcar  de  Tlemcen;  h.  dans  la  collection  des  ré- 
ponses d'Isaac  de  Lattes,  le  jeune,  p.  87-93,  une  consid- 
tation  signée  :  «  le  plus  jeune  des  jeunes  élèves,  Lévi  bar 
«Gerson  ^yt  (formule  d'eulogie  pour  un  mort)  ».  Cette  ré- 
ponse renferme  un  témoignage  du  3  schebat  de  l'an- 
née 5io3  =  1"  janvier  i343.  M.  Zunz  donne  la  date  de 
i34i,  sans  en  dire  la  raison;  M.  Gross  est  du  même  avis. 
Il  est  très  douteux  que  Lévi  se  soit  appelé,  à  l'âge  de  cin- 
quante-cinq (ou  cinquante-trois)  ans,  le  plus  jeune  des 
jeunes,  quoiqu'une  formule  de  modestie  semblable  soit 
possible;  d'un  autre  côté,  après  la  composition  de  tant  d'ou- 
vrages philosophiques  et  des  interprétations  de  la  Bible  au 
sens  rationaliste ,  nous  n'admettons  guère  qu'on  l'ait  con- 
sulté comme  autorité  rabbinique.  Nous  croyons,  par  consé- 
quent, que  l'auteur  de  la  dernière  réponse  est  un  des 
homonymes  de  Lévi  ben-Geison. 

Ces  réponses  ont  le  numéro  1 1  dans  la  liste  de  M.  Stein- 
schncider. • 

IV.  Le  manuscrit  de  Parme  n"  9 1 9 ,  qui  est  un  rituel  pour 
les  fêtes,  renferme,  entre  autres  liturgies,  une  prière  qui 
commence  par  "«nca  ^n'îx  et  porte  la  suscription  suivante  : 
h'\  owiî  p  mV  1  n'y  ^m ,  •  Prière  de  confession  de  Rabbi  R.Lévi 
■  ben-Gersom  ».  Rien  n'empêche  de  considérer  notre  Lévi 
eomme  l'auteur  de  cette  pièce.  Puisque  Lévi  a  composé 


Cuiimoly,  ilaiis 
Otsar  Nehmail , 
|).  loS. 

Uisl.  lin.  de  la 
IVance,  t.  \\\ll 
p.  7.Î!. 

RespoiiMU ,       I . 
|..  88. 

liill.s)ii.l'(p»'-l»^  . 
p.  .S08. 

Monatssclirifi 
1880.  p.  r>a.v 


l 


\l\      SIKi  I.K. 


'..ilil.  l'irirau, 
|i.  170.  (.11  ri'Uo 
litiirL'io  ii'i'sl  I  as 
mrntioiinéc. 

Calai.  Ilullx-r 
•»lam,  |>.  49;  Ig 
m'relli  lîiqorcll). 
p.   10. 

\o]i  I  iirlirlr  ili' 
■^alnmoii  Vivas. 


\oii'    rj-(lpssi|s. 
|>    'i5?. 

A^srmnm.    (ia- 
l.nl.  Vaf.,   1».  79.^ 


000 


I.ES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


K«*\.  des  Kindcs 
juives,  \,  |).  ■  t!3 
et  sniv. 


Catal.,coi. 
extrait  D; 
Letterbwle , 


Isr. 
Vil. 


un  poèmo,  pourquoi  n'anrail-il  pas  essaye-  de  composor 
une  liturgie?  Dans  le  manuscrit  de  Parme  n"  349,  '^  ''«*"* 
le  manuscrit  Halberstam  n"  261,  et  dans  le  manuscrit 
Giuizburg  n°  211,  on  trouve  une  autre  liturgie  de  notre 
aut(!ur,  avec  la  suscription  suivante:  n'jijn  ^1NC  a-^n  •?« -inx  pr:tE 
e:'?"j3n  px"''?  '•'d  '?'7i3n  D3nn.  (letle  prière  est  rattachée  à  une 
autre  prière  analogue  de  Maestro  Petit  de  Nyons  (Drôme). 
Salonu)n  Vivas  de  Lunel  cile  un  commentaire  de  Lévî 
(sans  doute  ben-Gersom)  sur  une  liturgie. 

Cet  article  ne  figure  pas  dans  la  liste  dressée  par  M.  Stein- 
schneider. 

V.  Nous  avons  vu  que  Calonymos  ben-Calonymos  com- 
posa une  parodie  pour  la  fêle  de  Poiirim.  Dans  le  manuscrit 
du  Vatican,  Vat.  n"  107,  7,  le  propriétaire,  Vidal  Bonafou.x, 
'jxitn',  décrit  le  contenu  de  ce  manuscrit  comme  il  suit  : 
•  D'C'i'Dn  -iBD  -nrcD  dv  nan  nrc  -pv^h  nmo  nixn  -cd:  mx  13  w  iccn  nta 
.on  once  nc'Dn  ah2  ;n  «y":  C'"'7vjaT  ]Mà  '■•d  oanna  oniDC  o-'-irc  n'7JD 
«  Dans  ce  livre  sr  trouvent  :  1°  le  commentaire  sur  Abra- 
«  liam   ibn-Ezra    [As.sémani   n°  1];  2°  le  commentaire  des 
«Mystères,  par  Moï.se  ben-Nahman  [c'est  le  commentaire 
«sur  le  Pentateuque;  Assémani,  n"  2];  3°  une  grammaire 
«  intitulée  nai  nns  [Assémain*,  n"  5;  Assémani  donne  comme 
«  auteur  de  cette  grammaire  Moïse  Qamhi;  pour  l'auteur 
«véritable,  nous  renvoyons  à  farticle  de  M.  V\  .  Bâcher]; 
M  4"  le  livre  des  légeiules  [Assémani  n"  6;  histoires  ou  lé- 
«  gendes  pour  la  Pentecôte];  5°  le  rouleau  des  mystères 
M  pour  le  Pourim,  par  le  savant  Maestro  Léon  de  Banolas, 
«(qu'il  repose  dans  le  Paradis!).  En  tout  cinq  livres.»  Le 
même  traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n"  7 1 4 ,  4- 
La  comparaison  de  ces  deux  manuscrits  fournit  à  M.  Stein- 
schneider  la  clef  de  toute  celte  littérature.  Le  fait  est  que  la 
parodie  contenue  dans  les  manuscrits  d'Oxford  et  du  Vatican 
est  la  même  pour  le  fond  que  celle  de  Calonymos;  seulement 
elle  est  beaucoup  plus  courte;  on  n'y  découvre  aucune  allu- 
sion à  Calonymos;  les  noms  des  personnages  de  Rome  qu'on 


Peut-être  de  Salon  (l'JKCl). 


DU  XIV'S1KCI,E.  GOl        ^,,.^,.,^^ 

lrou\e  dans  la  j)iece  de  ce  dernier  n'y  figurent  pas.  Voici  la 
division  de  l'ouvrage  d'après  le  manviscrit  du  Vatican  :  pre- 
mière partie,  conjmcnçanl  par  les  mots  :  ■•d-i:  ^c^a  \t'i,  et  finis- 
sant ainsi  :  wn  omcn  •'C  nx  D^p"?  n-iic  cinc  p'jjd  nD'?c:i  nor 
r\bitn  D'cn  '■iv  r:n:n  rxiim  nor:  naiVon  ■'îdecd  Nicjm  n:u;Dn  nnnx 
(.s;t)  nmo  |n'':iai  ^BJ  ]"  ri3"'?n  r"?*?!:!  mir:;  deuxième  partie,  com- 
mençant |)ar  les  mots  :  nj"'?  msci  ■«D^^c  min  bap  piapa;  troisième 
partie  commençanl  par  :  n^rca  ;''a'"'n  bzn.  Le  texte  de  celte 
partie  a  pour  base  celui  de  Calonymos;  à  la  suite,  on  lit  voir  .i  i.ssub, 
le  posl-scriptum  suivant  :  ■•iSn  «■'aVn  N"ia:n  c--d  onnc  nSjD  nh  ^•'bc  •'■  ''^'^ 
nc:nc  aie  luw  ]Dtc  n-c\  Puis  viennent  une  pièce  en  araméen, 
d'autres  pièces  commençant  par  iic:cn  et-pacD,  et  quatre 
sentences  en  provençal,  qui  ont  paru  dans  la  lioinania.  nomania,  avril 

Un  manuscrit,  nouvellement  acquis,  de  la  Bodléienne,    '*'9^' 
llelrcw,  e.    lo,  de  provenance    avignonaisc,   contient    la 
même  parodie  dans  le  même  ordre;  il  est  très  défectueux.      voir<i.a«sous. 

A  la  fin  du  manuscrit  du  Vatican,  on  lit  la  date  de  la   p- ^''9- 
copie  :  'n  pyc  rcn  Vk  irci  |"  ncns  oac;  n':  dv  d"'7c;i  on  ivtn  ^î13a      Foi.  ags  '. 
■-i:a  m;D  an:c  anaom  rn-"i-'b  ■'wn  r^^nb  Nin  dj  véi  r:cf  Nnn  n'ï'p  d''d'?n 
. .  .itT-a  lyai  ni-a  Knra:  Dn:D,  «  écrit  par  Manoah  fils  de  Mena- 
«liem,  en  l'année  SigS  =  i438». 

Bartolocci,  au  lieu  de  er-'i'jriaT  px"?  d,  a  lu  viûztà^  n  ]^t<^h  "2-)',      uibi.  ,.,1,1,   jy 
en  conséquence,  il  attribue  cette  parodie  cà  L(?oc/e  Ka/(?na6«5;   p '?•    ,, 
Woil  et  M.  rurst  répètent  la  même  chose;  le  dernier  écrit    |>.   732,  et    11, 
(le   lalentis  et  dit  que  le  traité  fut  imprimé  à  Metz,  1817,    ^'i^M.'\ud.,  m, 
in-S".  MM.  Zunz  et  Steinschneider  écrivent  également  de   p-  ^67. 
Valentibus,  sans  admettre  Lévi  comme  auteur  du  traité  ano-   scH^umV.  p. s^ô. 
nyme.  H  est  possible  que  notre  Lévi  ait  abrégé  la  parodie  de      i,,  Leiterbodc, 
Calonymos,  en  retranchant  les  noms  romains  et  en  enlevant   ^^-  P-  "• 
la    couleur  locale,  pour  l'adapter  à  l'usage  des   comnîu- 
nautés  de  Provence.  L'expression  ii'7n  tcaST,  «  le  livre  du  Lion      voir  ci-de>su5, 
«  (de  Lévi)  s  se  rapporte  peut-être  à  lui,  quoiqu'on  ait  voulu   ^  ^^^• 
l'appliquer  à  Elias  Lévita,  qui  aurait  ainsi  été  l'auteur  de       steinschneider. 
la  parodie.  En  fait,  les  mots  ""iSt  vjhn  ne  se  trouvent  pas  dans   bÔde,  vii,  p*  1 1. 
le  traité  de  Calonymos. 

VL  ^B^^  e?p\nn  nDD,  «Livre  de  syllogisme  droit»»  traité   Gctiiag» scieuti- 
dans  lequel  Lévi  examine  les  raisonnements  inexacts  qu'il 

XOMS  XXXI.  76 


FIQI'BS  ET 
PBILOSOPBIQIKS. 


■■PBIBIIIB    lATIOllLE. 


MV'SIÈCLR. 

Sleinsrliiieidcr, 
l  chcrseli.,  p.  70. 

Jocl,  I.cvi  Ihmi- 
(îorsnn  ,  p.  1  i. 

(^lul.  l'csnin, 
p.  19,  11°  I  '1. 

p.   3-i5. 

<~.;vtal.  /urLcr 
niaiiJel,  p.  9. 

(:.tlnl.l'„'il>l>.,iS. 


Atli   N.  I.iiir. , 
i8ti3,    p.    75.'^; 
Steinscliniiili-r , 
(JcberieU.,  p.  711, 


Sleiiiscliiipiilcr, 
Ueb  rselz. ,  p.  71. 


\i>ii"  ci-tlcs'.oiis, 
p.  6or>. 

Voir  ci-(K's<  lus, 
j>.  O07. 


602  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

a  rencontrés  dans  les  seconds  Analytiques  d'Aristote,  d'après 
l'interprétation  d'Averroès.  Lévi  saitque  quelques-uns  l'accu- 
seront d'être  présomptueux;  mais  cela  ne  l'empêchera  pas 
de  faire  un  livre  qu'il  croit  utile.  On  trouve  des  manuscrits 
de  cetouvrage  à  Parme,  n°  8o5,  3;  à  Turin,  n°  4o;  à  Leij)- 
zig,  n"  f\o  (la  fin  manque);  à  Breslau,  dans  la  bibliotliètjue 
de  l'école  rabbinique,  n"  yS,  et  dans  la  collection  Rabbi- 
novvicz,  n"  178.  En  outre,  il  y  en  a  une  traduction  latine 
dans  le  manuscrit  Ottobonien  n°  1  906  de  la  bibliothèrpie 
du  Vatican,  sur  laquelle  le  prince  B.  Boncompagni  a  at- 
tiré l'attention.  Kn  voici  le  commencement  :  Liber  Syllouisini 
recti,  qiiem  coinpnsiiit  e.tcellenlissimus  philosophus  liabi.  Levy 
filias  Gliereson  hebrens  :  co(fnounnaUn  Léo  de  Bafjnolo  :  in  (lun 
ndversatiir  plnribiis  eonirn  (jne  in  Prionbns  Aristotelis  tradiintur. 
Dixit  Levi  filins  Gliereson  :  Quoniani  perspeximns  in  libro  l*no- 
ram  Aristotelis  sccundum  expositionem  Averrois ...  Le  texte 
hébreu,  en  effet,  commençait  par  er""  d3  irNit?  -nasa  j'ab  idn, 
La  date  de  la  composition  de  ce  traité  est,  d'après  les 
manuscrits  de  Parme  et  de  Breslau,  l'année  ôoyç)  de  là 
création  --  i3i9.  La  traduction  latine  ajoute  à  l'indication 
de  l'année  les  mots  mensc  illud  (1.  elul).  1.  awjusto.  La 
date  de  i3i9  s'accorderait  bien  avec  la  date  des  autres 
commentaires  de  Lévi  sur  Averroès,  qui  furent  compo- 
sés entre  iSai  et  i3i4;  mais  il  y  a  une  difficulté  (jui 
surgit  quand  on  sait  que,  dans  le  manuscrit  de  Breslau, 
Lévi  renvoie  à  son  commentaire  sur  les  Premiers  Analy- 
tiques et  sur  les  lettres  d'Averroès;  or  le  commentaire  sur 
les  Premiers  Analytiques  fut  composé  en  i323.  M.  Stein- 
schneider  croit  que  le  passage  en  question  a  été  ajouté  après 
coup.  Il  fonde  son  opinion  sur  ce  fait  que  ladite  phrase 
n'existe  pas  dans  la  traduction  latine.  M.  Steinschneider 
n'avait  pas  de  renseignements  sur  les  autres  manuscrits  hé- 
breux du  traité  dont  il  s'agit.  D'après  nos  informations  sur 
les  manuscrits  de  Parme  et  de  Turin,  Lévi  n'y  cite  aucun  de 
ses  commentaires.  On  peut  donc  accepter  la  date  de  iSig. 
(^e  traité  est,  à  ce  qu'il  semble,  une  des  premières  pro- 
ductions philosophiques  de  Lévi,  et  la  traduction   latine 


DU  XIV  SIKCLK.  003        ,„.  3,4^,... 

qui  en  a  été  faite  est  une  preuve  de  l'importance  qu'on  y 
attacha. 

Notre  traité  est  divisé  en  deux  parties  (onoxo) ,  dont  la 
première  a  dix  chapitres  et  la  seconde  quatorze.  Pour  cet 
ouvrage,  ainsi  que  pour  tons  les  ouvrages  concernant  Aver- 
roès,  M.  Steinschneider  renvoie  à  son  mémoire  couronné, 
actuellement  sous  presse. 

Vil.  ncDD,  d'après  les  manuscrits  de  Paris  et  du  Vatican; 
dans  d'autres  manuscrits  zvn  nc;yD;  traité  d'arithmétique, 
divisé  en  deux  livres  (DncxD),dont  le  premier,  (jui  concerne 
les  principes  généraux,  est  fondé  sur  les  livres  VII,  VIII  et  IX 
d'Euclide;  le  second,  qui  présente  l'application  de  ces  prin- 
cipes, est  divisé  en  six  chapitres,  consacrés  aux  différentes 
espèces  de  calcul.  Ce  traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  de 
Paris  n"  1029,   6,  sans  date   de   composition;  d'ajjrès   le 
manuscrit  de  Parme n"  836,  il  fut  achevé  au  commencement 
du  mois  de  nisan  5o8i  (avril  i3ai),  Lévi  étant  âgé  de 
trente-trois  ans.  Le  manuscrit  du  Vatican  n"  Sgg,  1,  divisé 
en  neuf  livres  d'après  Assémani,  est  incomplet.  Il  y  a  en-      Assémani,  Ca 
core  d'autres  manuscrits,  un  à  Vienne,  n"  112,  dont  on    "•?•'"' 
peut  lire  la  description  donnée  par  M.  Goldenthal,  et  deux      catai.aeVi.iinr, 
à  Munich,  n"*  36,  1  et  68,  6.   M.   Steinschneider  fixe  la    "•  p  "" 
date  de  la  composition  d'après  le  dernier,  et  dit  que  l'in- 
troduction est  comptée  comme   premier  chapitre;  ce  qui 
porte  le  nombre  des  chapitres  à  soixante- huit.  Le  manu- 
scrit Gùnzburg  n°  3o,  2 ,  qui  porte  le  titre  ncDD,  écrit  par  une 
main  récente,  donne  pour  dale  de  l'achèvement  le  mois 
d'éloul  5oa8  (août-septembre  «322). 

Cet  ouvrage  porte  le  n"  i4  dans  la  liste  dv.  M.  Stein- 
schneider. 

VIII.  Commentain^  sur  l'inlroduclion  et  les  livres  I,  III, 
IV  et  V  d'Euclide.  On  trouve  ce  Iralté  en  manuscrit  à  la 
bibliothèque  du  Jcwisli  Cullefjc,  à  Londres,  n"  i38,  4,  fit 
dans  la  bibliothèque  de  M.  (îiinzburg,  n°  34o.  C'est  peut-  (./,iai.,p.  41. 
être  l'ouvrage  qu'Elie  del  Medigo  désigne  par  les  mots  sui- 
vants :  DT'SpK  -IDC3  ninjni  miarra  d^-idd,  «  livres  sur  l'algèbre  et  mcIo  iiofnaim. 
«  notes  sur  l'ouvrage  d'Euclide  ».  Il  est  possible  que  te  traité   p»f''«h*'"^-.p-^' 

76. 


\l\     SIF.CI.E. 


004  LES  KCIUVAINS  JUIFS  FRANC  \IS 

intitulé  m"i3ï;n  nosn  nian,  Traité  do  la  science  d'algèbre,  dont 
un  fragment  se  trouve  dans  le  manuscrit  unique  de  Munich 
n"  36,  24,  fin  ait  fait  partie.  H  s'agit  ici  de  la  proposition 
d'Kuclide  sur  deux  lignes  f[U!  se  conpent.  Lévi  renvoie  dans 
Calai. .icMnni.li  ce  traité  à  son  ou\  rage  intitulé  «  Guerres  du  Seigneur  »,  I,  5. 
■''■  Cet  ouvrage  se  trouve  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider 

aux  n"  12  el  1  .^. 

IX.  Explication  du  lîésumé  [d'Averroès]  de  la  Physique 
[d'Arislofe],  achevée,  d'après  le  manuscrit  de  Paris  n"9()2, 1, 
à  la  hn  du  mois  de  siwan  5081  =  juin  i32i.  Ici  Lévi 
renvoie  à  un  ouvrage  spécial  où  il  a  traité  de  la  création 
ex  nihilo;  cet  ouvrage  ne  peut  être  que  les  «  Guerres  du 
«Seigneur»,  livre  qui  est  cité  aussi  sous  ce  litre  dans  le 

Calai.. le  Berlin,    couraut  du  Commentaire.  Pour  ce  numéro  et  les  suivants 
'^^'"^  jusqu'à  XXII,  M.  Steinschneider  renvoie  à    son    mémoire 

mentionné  ci-dessus,  p.  6o3. 

X.  Explication  du  Commentaire  moyen  [d'Averroès]  sur  • 
la  Physique,  achevée,  d'après  le  manuscrit  de  Paris  n°g63, 1, 
au  mois  de  tammouz  5o8i  =  juillet  i32i.  Cet  ouvrage 
est  basé  sur  la  traduction  de  Calon.ymos  ben-Calonynios. 
Pour  les  manuscrits,  nous  renvoyons  à  l'ouvrage  de  M.  Stein- 
schneider. 

Uebersetr.,p.i8.        XI.  ExpUcatiou  du  Résumé  du  traité  de  la  Génération  et 
,  de  la  destruction,  achevée,  d'après  le  manuscrit  de  Paris 

n"  962,  3,  au  mois  d'éloul  5o8i  -=  septembre  i32i.  Le 
manuscrit  d'Oxford  n"  1 3o6 ,  3 ,  n'a  pas  le  nom  du  commen- 
tateur. 

XII.  Explication  du  Résumé  du  traité  du  Ciel,  achevée, 
d'après  le  manuscrit  de  Paris  n*  962,  2,  au  mois  d'éloul 
5o8i  =  septembre  i32i,  comme  l'ouvrage  précédent;  la 
même  date  se  trouve  dans  d'autres  manuscrits;  seul,  le 
manuscrit  de  Paris  n°  919,  4,  porte  la  date  6096  =  i336, 
qui  est  impossible. 

XIII.  Explication  du  traité  des  Météores,  achevée, 
d'après  le  manuscrit  de  Paris  n"  963,  4 1  au  mois  de  tébet 
6082  =  décembre   i32i.   M.  Steinschneider  énumère  les 

UeberseiL.p.  137.   autres  manuscHts  qui  contiennent  ce  commentaire. 


DU  XIV  SIECLE.  605 


XIV*  SitCl.K. 


XIV.  Explication  des  commentaires  moyens  d'Averroès 
sur  l'Organon  :  a.  sur  l'Isagoge  de  Porphyre;  b.  sur  les  Ca- 
tégories; Lévi  y  renvoie  à  un  comm«!ntaire  de  la  IMiysique, 
qu'il  se  propose  de  faire;  c.  sur  le  traité  de  rinferprétation; 
ces  trois  commentaires  ont  été  traduits  en  latin  par  Jacoh 
Mantino  et  publiés  dans  le  tome  I  des  Œùivres  d'Aristote, 
édition  de  Venise;  d.  sur  les  premiers  Analytiques  (le  ma- 
nuscrit de  Paris  n"  9.^8,  4,  n'a  ([uiî  le  commenccMuent  du 
commentaire  et  ne  donncî  pas  le  l(  xte  d'Averioès;  incom- 
plet dans  le  manuscrit  de  Paris  n"  9.^)8,  6),  achevé,  d'après 
les  manuscrits  d'Oxford  n°  iG33,  'i ,  et  de  Leyde  VVarn. 
n"  /j3,  4,  a<i  mois  d'itidar  5o83  -=  février-mars  i.3:?3;  le 
manuscrit  de  Turin  Cod.  xiv  a  le  mois  d'ab;  mais  cette 
indication  se  rapporte  aux  seconds  Analytiques;  e.  sur  les 
seconds  Analytiques;  l'auteur  dit  avoir  terminé  co'livreau 
mois  d'ab  5o83  =  juillet  i323;  il  avait  d'abord  voulu  com- 
poser un  commentaire  très  développé;  il  y  a  renoncé,  ayant 
appris  qu'un  philosophe  de  son  pays  avait  fait  un  tel  tra- 
vail (ce  philosophe  est  probablement  Sanmel  de  Marseille);  ci-dessu, 
ces  commentaires  se  trouvent  dans  les  manuscrits  n'"  968,  5,  '''  ''^ 
et  9G1,  1  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris;  f.  sur  les 
Topiques,  achevé,  d'après  le  manuscrit  d'Oxford  n°  i363,  i, 
le  10  du  n.ois  d'éloul  5o83  =  i3  août  i323;  </.  sur  la 
Sophistique,  achevé,  d'après  le  même  manuscrit,  3,  le 
2'j  éloul  5o83  =  ^5  août  i323.  Le  nouveau  catalogue  de 
Turin,  Cod.  xiv,fol.  aSy,  mentionne  correctement  l'Abrégé 
d'Averroès  sur  la  Rhétorique,  traduit  par  Todros  Todrosi, 
tandis  que  dans  l'index  on  trouve  cet  ouvrage  à  l'article 
Lévi  ben-Gerson  :  Expositio  lib.Arist.  de  Uhetorica,  Cod.  xiv, 
fol.  237.  Le  manuscrit  de  Munich  n"  269,  5,  sous  le  titre 
suivant  :  Vt  ]ttrb  nt3U''NDV  Dpnn  d  iik3,  Commentaire  sur  les 
premiers  Analytiques,  ne  contient  pas  l'ouvrage  de  notre 
Lévi,  mais  bien  celui  de  Juda  Messer  Léon,  qu'on  a  con- 
fondu avec  notre  Lévi  dans  d'autres  manuscrits.  Le  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  du  Vatican  n°  ^79  porte,  à  la 
marge  du  commentaire  sur  les  livres  des  Catégories,  les 
gloses  d'un  élève, 
i  1 


Xiy*  MÈCI.K. 


606  LES  KCRIVAINS  JLIFS  FRANÇAIS 


XV.  Des  gloses  sur  le  commentaire  moyen  d'Averroès  : 
n.  sur  les  Catégories,  gloses  dont  le  manuscrit  de  Paris 
n°  gSg,  i,  ne  contient  qu'un  fragment;  b.  sur  les  premiers 
Analytiques,  dans  le  manuscrit  de  Paris  n"  960,  1,  où  il  est 
dit  que  l'ouvrage  a  été  terminé  au  mois  d'adar  5o83  =  fé- 
vrier-mars 182  3. 

XVI .  wpnn  iBD  Tjy  nspa  Tcn  jax  «iici'?''!}'?  N'SD:n  ]ie;Kin  iDxon  -\mc2  , 
Commentaiie  sur  le  premier  des  discours  d'Averroès.  C'est, 

Calai,  de  Paris,    d'après  Ic  cataloguc  de  Paris,  le  QuœsUnm  IF  des  Quœsila 

"  •J^y-"'  in  liiros  Loçficœ  Aristolelis,  im|)iimé  on  latin  dans  le  tome  1, 

partie  III,  des  Oliuvres  d'Aristole,  éd.  Venise,  i56a,  fol.  81 

et  suiv.  Le  commentaire  suit,  par;igra|)lie  par  paragraphe, 

le  texte  d'Averroès.  La  fin  manque  dans  le  manuscrit  de  Paris 

c.aiaL.p.  1C9.  11°  960,  2.  Cc  Commentaire  se  liouve  également  dans  le 
mnnnscrit  d'Oxford  n°   i633,   3  (où   le  catalogue  donne 

Caioi,  |.  870     (Juœsitiiin  V,  Opj).  t.  I,  p.  363%  renvoi  exact).  Le  manuscrit 

■"''•'.'  '■',''^'^'"  d'Oxford  donne  ensuite  le  commentaire  de  notre  Lé\i  sur  le 
■ieu..|,.  105.         neuvième  Qnccsilam  (t.  1,  p.  371  )  intitulé  . .  .'•JC'mDKD-iiK'a. 

XVII.  Commentaire  sur  la  Paraphrase  (d'Averroès)  sur 
les  livres  XI  à  XIX  du  traité  des  Animaux  d'Aristote  (c'est-à- 
dire  sur  les  quatre  livres  du  traité  des  Parties  des  animaux  ei 
les  cinq  livres  de  la  Génération),  achevé,  d'après  les  manu- 
scrits de  Paris  n*"  899,  2  et  966,  au  mois  de  schebat 
5o83  =  janvier  i323,  traduit  en  latin  par  J.  Mantino  dans 
l'édition  de  162  1.  Nous  apprenons,  par  une  note  contenue 
dans  ce  dernier  manuscrit,  qu'il  n'existait  pas  de  com- 
mentaire d'Averroès  sur  cet  ouvrage  d'Aristote.  Pour  i'é- 
numération   des    autres    manuscrits,    voir    l'ouvrage    de 

Uei)cr5cii..p..ii.    M.   Steinsclineider.  Lévi  renvoie  ici   à  son  commentaire 
sur  le  traité  des  Plantes. 

XVIII.  vtin  d'?  ^^^•3,  Coinmpntaire  [sur  le  Résumé  d'Aver- 
roès] du  livre  de  l'Ame,  achevé,  d'après  le  manuscrit  de 
Paris  n°  919,  2,  au  inoisde  tébeth  5o8/|  -=  novembre  182 3. 
Lévi  s'excuse,  à  la  fin  do  l'ouvrage,  de  n'avoir  peut-être  pas 
toujours  rendu  exactement  la  prnsée  d'Averroès,  ayant  tra- 
vaillé sur  une  copie  très  fautive  et  ayant  été  souvent  réduit 
à  faire  des  conjectures.  On  trouve  la  même  oljservation 


DU  XIV  SIECLE. 


607 


dans  les  autres  manuscrits,  par  exemple,  Oxford  n"'  1378,  3, 
et  2  45o,  1.  Dans  le  manuscrit  de  Munich  n"  12 5,  2,  le 
traité  est  intitulé  ^jvsn  'on;  ce  titre  esl  plus  récent  que  celui 
qu'on  trouve  ordinairement  dans  1rs  ntanuscrits  et  qui  est  : 
c'B;n  d'?  11X3.  Pour  l'énumération  des  autres  nianuscrits,  voir  le 
catalof^uedeBorlin,  p.8/i,ct  l'ouvrage  de  M.Steinschiieider. 
Lévi  renvoie  à  son  commentainî  sur  la  Météorologie. 

XIX.  Commentaire  sur  le  llésiiiué  d'Avcrroès  du  traité 
d'Aristote  intitulé  De  Sensu  el  sensibili,  achevé  le  jour  de  la 
néoménie  d'adar  .)o8/i  -  27  lévrier  i32/|.  Cette  date  se 
trouve  dans  le  manuscrit  d'OxIord  n"  i373,  5  et  dans  ce- 
lui de  Berlin  n"  1  i  1  (p.  85).  F^e  texte  est  celui  de  Moïse 
ibn-Tihhon.  Lévi  renvoie  ici  à  ses  comujentaires  sur  la  Gé- 
nération et  la  corruption,  la  Météorologie  et  le  traité  de 
rAnic.  Lévi  parle  dans  cet  ouvrage  de  sa  théorie  sur  les 
songes,  (pi'il  représente  comme  une  espèce  de  prophétie. 
Il  développera  plus  tard  cette  idée  dans  son  ouvrage  intitulé 
«Guerres  du  Seigneur».  Ce  commentaire  n'a  pas  été  im- 
primé à  Venise,  comme  Bartolocci  et  Wolf  le  disent,  et  les 
copies  en  sont  très  rares. 

XX.  D'innKn  nsp"?  Mtim  rnjx  nsp  iixa.  Commentaire  sur  les 
Epîtres  relatives  à  la  conjonction  ou  union  de  l'intellect  sé- 
paré avec  l'homme,  dont  deux  sont  d'Averroès  et  une  srrait 
de  son  fds,  d'après  Lévi;  cette  dernière  est,  dit-on,  en  réalité, 
d'Ibn-Mohammed  Abdallah.  Le  texte  arabe  en  a  été  publié 
par  M.  Joseph  MiUler  à  Munich.  Le  commentaire  de  Lévi 
se  trouve  dans  les  manuscrits  d'Oxford  n"'  2  33,  3,  et  187  3,  4- 
Lévi  dit,  dans  un  petit  avant-propos,  qu'il  fait  ce  commen- 
taire après  avoir  fini  celui  sur  l'Ame,  dans  lequel  il  a  expli- 
qué son  opinion  sur  l'immortalité.  Lévi  se  sert  du  même 
texte  que  Gersom  fds  de  Salomon  de  Béziers  dans  son  ou- 
vrage «  Porte  du  Ciel  »,  et  c'est  aussi  celui  qu'on  trouve  déjà 
employé  dans  le  commentaire  sur  l'Ecclésiaste  de  Samuel 
ibn-Tibbon. 

XXI.  Lévi  a  fait  un  commentaire  sur  le  commentaire 
moyen  d'Averroès  relatif  à  la  Métaphysique;  mais  cet  ou- 
vrage ne  nous  a  pas  été  conservé.  Lévi  le  cite  dans  son 


MV* 

SIÈCLI. 

Calai.  ( 

lie  Munich, 

p.  5.). 

Uebeiselï. ,  [>.  i 

il- 

Voir 

ri-(lessiis. 

p.  6o4. 

Stciiischiieidor, 
UeberseU.,  p.  i55. 


Miink,      Mr.l. 


Mon  uni.  sarc. , 
.859. 

.Sleinsclmeider, 
Ucherseli. ,  p.  20.3. 


Ms.  dOiford, 
i3ii,  4. 


VIV    SIKCf.E. 

Stciiiscluic'der. 
t'iliersoU. ,  p  1C7. 

Voiiridcssniis, 
|).  Oo(). 

Calai.  ilOilunl. 
Il"    i3i(),  ^. 

OtMUChS 

n'Asinoi.DîMK. 


\.>scmani , 


Olmugks 

nF,   MÉDECIMi. 

Voir   ri-dessus, 

58S. 


(.alal.,  |>.  <|5. 


('.OM.UkNrAinES 
RIBI.IQI  ES. 


OOH  LES  KCIUVAINS  JUIFS  rii\N(;\is 

commeiitairesur  l'Ecclésiasteet  plus  oxplicitemcul  clans  son 
ouvraj^n  «Guerres  du  Soigneur». 

XXII.  Coinnientiuro  sur  le  livre  des  Plantes,  probable- 
ment sur  la  paraphrase  d'.\verroès.  Ce  coninientairc  ne  nous 
est  pas  parvenu;  nous  ne  le  connaissons  que  par  une  cita- 
tion de  l'auteur. 

XXIII.  Notice  astrologique  intitulée  d-'jiSt,  sur  les  sept 
constellations.  Cette  notice  se  trouve  dans  le  uinnuscrit 
Add.  n"  i56.^,  3,  à  la  bibliothèque  de  l'Université  de  Cam- 
bridge, et  lait  suite  à  une  notice  sur  le  même  sujet  de 
Lévi  ben-Âbraham,  attribuée  par  une  erreur  de  copiste  à 
notre  Lévi;  on  lit,  en  effet,  à  la  lin  du  premier  traité,  les 
mots  suivants  :  Sva  dc?-)3  p  m"?  S  nanc  n;iDrn  pVnc  iDon  m  'Ji"?!  3"» 
DicnVni  c'EM  Ta.  Puis  viennent  les  mots  j'a*?  nnx,  «  antre  notice 
«  de  Lévi  ben-Cersom  ».  Le  traité  de  Lévi  commence  par  hs 
mots  :  D^iic*  D'a;:n  lycc"  "ia:c'  mipnn  an  dv  n'':ic?xV'7  ixarijC  nia» 
uh-ivn  nT2.  Lévi  y  renvoie  à  son  ouvrage»  Guerresdu  Seigneur  «. 

Le  manuscrit  de  Paris  n°  io48,  6,  renferme  des  annota- 
tions sur  (pielqurs  ouvrages  astrologiques  d'Abraham  ibn- 
Lzra  par  Maestro  Léon,  peut-êtn-  notre  Lévi.  Le  manuscrit 
du  Vatican  n''39i,  3,  netraite  pas  d'astrologie,  comme  Assé- 
mani  le  dit,  mais  d'astronomie.  Le  titre  qu  Assémani  ('onnr 
ne  se  trouve  pas  dans  le  manuscrit. 

La  noie  intitulée  d'ji'ît  n'est  pas  indiquée  dans  la  liste  de 
M.  Stein Schneider. 

XXIV.  On  ne  peut  douter  que  Lévi,  qui  portait  le  titre 
de  «  Mai^stre  »,  n'ait  été  médecin,  comme  le  furent  presque 
tous  les  savants  juifs  de  cette  époque.  Ln  fait  Lattes  dit  que 
Lévi  avait  écrit  sur  la  médecine.  Toutefois  nous  n'avons 
qu'une  notice  médicale  de  lui;  c'est  une  prescription  contre 
la  goutte,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  dOxford  n"  2142, 
fol.  36i,et  dans  le  manuscrit  de  Parme  n°  1  189.  Il  est  pro- 
bable que  Lévi  pratiqua  la  médecine,  sans  avoir  précisé- 
n)ent  écrit  sur  cette  science. 

XXV.  Dans  son  commentaire  sur  Job,  Lévi  se  montre 
peu  satisfait  des  commentaires  de  ses  prédécesseurs  qui, 
d'après  lui,  n'ont  expliqué  que  les  mots,  tandis  que  lui,  sti- 


DU  XIV  SIÈCLE.  009 


XIV*  SIÈCLK. 


mulé  par  le  livre  de  iMaimonide,  il  veut  donner  un  commen- 
taire philosophique.  Lévi  n'a  par  conséquent  pas  lu  le  com- 
mentaire d'Abba  Mari  sen  Asiruc  de  Noves.  Lévi  croit,  avec      Voir  ci  «lossus, 
le  Talmud,  que  Moïse  est  l'auteur  du  livre  de  Job,  et  que   "*■  ^"' 
l'objet  du  livre  est  de  faire  connaître  la  providence  particu- 
lière, l'explication  de  la  récompense  et  de  la  punition.  Ce 
commentaire  est  très  prolixe;  le  texte  imprimé  ne  porte  pas 
de  date  de  composition.  Les  manuscrits  donnent  la  date 
du  23  tébeth  5o86  =  3o  décembre  iStîô.  D'après  le  ma- 
nuscrit de  Turin  cxviii,  l'ouvrage  aurait  été  écrit  h  Avi- 
gnon. La  copie  en  fut  faite  par  Meir  de  Salves  (Peyron      Caïai.  iV)™.., 
écrit  Silvis,  2?"ii'7e?i) ,  et  achevée  le  jour  de  la  néoinénie  d'adar 
en  l'année  5 1 94  =  1 1  janvier  1 43/4- 

La  première  édition  est  de  1 477,  et  elle  fut  imprimée  pro- 
bablement à  Ferrare,  in-4°.  Les  quatre  premiers  chapitres 
ont  été  traduits  en  latin  par  Louis-Henri  d'Aquin  et  impri- 
més à  Paris  en  1623,  in-4°. 

Sarek  Barfat  aurait,  selon  Elias   Lévita,   composé   son 
poème  sur  l'histoire  de  Job  d'après  le  commentaire  de  notre 
Lévi.  Ce  poème  fut  imprimé  sans  mention  d'auteur,  avec  un       sieinscimcider, 
avant-propos  d'Elias  Lévita,  à  Venise,  53o4  =  1  554-  coV93!^  ' 

Cet  ouvrage  porte  le  n"  5  dans  la  liste  de  M.  Stein- 
schneider. 

XXVI.  Le  commentaire  sur  le  Cantique  des  cantiques  est 
entièrement  basé  sur  l'allégorie.  Lévi  n'est  pas  content  des 
commentaires  de  ses  prédécesseurs,  qui  se  sont  trop  servis 
du  Midrasch.  Il  considère  Jérusalem  comme  représentant 
ici-bas  l'image  de  l'homme,  qui  est  choisi  pour  servir  Dieu , 
de  même  que  Jérusalem  a  été  élue  parmi  les  autres  villes. 
Les  filles  de  Jérusalem  représentent  les  facultés  de  l'âme.  Le 
roi  Salomon  représente  l'esprit  de  l'homme,  qui  domine  tout. 
En  un  mot,  Lévi  met  dans  le  Cantique  la  philosophie 
d'Aristote,  la  psychologie  comme  la  physique  et  la  méta- 
physique. La  date  de  la  composition  de  ce  commentaire 
est,  d'après  la  plupart  des  manuscrits,  le  mois  de  tam- 
muz  5o86  =  juin  i326;  d'après  d'autres,  5o85=  i325. 
•    Ce  traité  porte  dans  la  liste  de  M,  Steinschneider  le  n"  3  a. 

TOME  iXXl.  77  • 


x.vsiÈc...        610  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

*  XXVII.  Dans  son  commentaire  sur  l'Ecclésiaste,  Lévi 
dit  que  les  contradictions  que  les  talmudistes  ont  rele- 
vées dans  ce  livre  peuvent  être  résolues  à  l'aide  de  l'Ethicfue, 
où  Aristote,  ne  pouvant  exposer  d'une  manière  directe  les 
vérités  qu'il  fait  connaître,  procède  par  des  propositions 
Joël,  Moiiais-   dont  il  sc  réscrvc  de  tirer  des  conclusions.  C'est  pourquoi 

schrifl,         iSCa,     it-    i    /]    ,i  •        »     -      i  !•  i  •     •  ^  ,.,      > 

p.  112;  tiras;.- à  Kolioleln  3  mserc  dans  son  livre  des  opinions  quil  nap- 
part.p.  105.  prouve  pas  et  qui  ne  sont  pas  vraies,  afin  qu'on  puisse 
faire  le  triage.  La  forme  féminine  du  mot  nVnp  indique  déjà 
aux  lecteurs  qu'il  leur  est  permis  d'avoir  des  doutes  sur  les 
propositions  que  renferme  l'Ecclésiaste.  Lévi  dit  encore  que 
l'Ecclésiaste  renferme  les  principes  de  l'éthique  en  général, 
et  que  le  livre  des  Proverbes  contient  les  moyens  par  les- 
quels on  peut  acquérir  ce  que  l'Ecclésiaste  recommande 
de  rechercher;  et,  comme  finalement  tout  tend  vers  la  per- 
fection, qu'on  ne  peut  atteindre  que  par  la  connaissance 
et  l'intelligence,  on  aura  recours,  pour  ces  deux  dons  su- 
prêmes, aux  idées  contenues  dans  le  Cantique  des  cantiques. 
La  méthode  de  Lévi  reste  toujours  la  même  :  il  commence 
par  fexplication  des  mots;  puis  il  expose  le  sens  des  para- 
graphes et  les  conclusions  morales  qu'on  en  doit  tirer.  Ici 
Voir  Cl  dessus,  Lévi  rcuvoie  à  son  commentaire  sur  la  Métaphysique,  c'est- 
''  7-  '  -  •  à-dire  sur  le  commentaire  de  ce  livre  par  Averroès.  La  date 
de  fachèvement  du  commentaire  sur  fEcclésiaste  est,  d'après 
les  manuscrits,  le  9  du  mois  de  marheschwan  6089  =  1 4  oc- 
tobre 1828. 

La  liste  de  M.  Steinschneider  donne  à  cet  ouvrage  le 
n"  3  e. 

XXVIII.  Dans  le  commentaire  sur  Rulh,  Lévi  s'occupe 
plus  du  sens  littéral;  il  termine  en  donnant  seize  règles  pour 
la  vie  pratique.  L'ouvrage  fut  achevé,  d'après  les  manuscrits, 
le  jour  de  la  néoménie  de  tammuz  6089  =  3o  mai  1829. 

XXIX.  Dans  le  commentaire  du  livre  d'Esther,  Lévi  suit 
la  même  méthode,  et  il  termine  par  cinquante  et  une  règles 
pratiques.  La  date  à  laquelle  ce  commentaire  fut  achevé  ne 
se  trouve  dans  aucun  manuscrit,  M.  Steinschneider  dit  qu'il 

Oui.  Bodi.,      fut  écrit  au  commencement  du  mois  de  nisan  5o8q  =»  mars 

col.  i6»3.  •' 


DU  XIV  SIÈCLE. 


611 


XIV    SIECLE. 


iSag.  Le  commenlaire  sur  les  quatre  livres  nommés  Me- 
(juilloih  a  été  imprimé  pour  la  première  fois  à  Riva,  i56o, 
in-4°,  avec  un  avant-propos  de  Jacob  Marcaria. 

M.  Steinschneider  (n°  3)  indique  seulement  le  litre  de  cet 


ouvrage. 


On  ne  connaît  pas  de  commentaire  de  Lévi  sur  le  livre 
des  Lamentations. 

XXX.  Le  commentaire  de  Lévi  sur  le  Pentateuque  est 
basé  sur  Abraham  ibn-lùra  pour  l'exégèse,  sur  Maimonide 
pour  ce  ((ui  concerne  le  but  moral  de  la  loi,  et  enfin  sur 
son  propre  livre  «  Guerres  du  Seigneur  »  |)Our  la  partie  phi- 
losophique; car  la  loi,  selon  Lévi,  renferme  tout.  Lévi  donne 
pour  sa  méthode  d'interprétation  neuf  règles  que  nous  trou- 
vons inutile  d'énuinérer  ici.  Il  se  |<ro|)Ose  d'écrire  deux 
ouviages  pour  faciliter  les  recherches  sur  fimportance  des 
préceptes.  Ces  ouvrages  sont  :  i"  un  livre  de  préceptes 
(pncn  ^EB)  disposé  selon  l'ordre  des  versets  du  Pentateu([ue 
et  où  il  utilisera  les  deux  Talmuds,  la  Tosifta,  le  Sifrâ,  le 
Silré  et  la  Mtîkhilta;  2"  un  commentaire  sur  les  traités 
lalmudiques,  où  il  mettra  en  tète  les  préceptes  qu'ils  con- 
Mennent.  Lévi  donne  ensuite  les  noms  des  traités  lalmu- 
diques des  six  ordres,  avec  le  nom  des  chapitres  de  chaque 
traité;  cette  énumération  est  utile  pour  les  renvois.  Nous 
trouvons  une  énumération  semblable  chez  David  d'Lstella. 
Dans  le  commentaire,  Lévi  commence,  après  l'introduc- 
tion, par  expliquer  d'abord  les  mots,  puis  le  contenu  des 
lois  ou  des  narrations  que  renferment  les  sections;  de  temps 
en  temps,  il  donne  les  règles  (rrVyin)  qui  en  résultent; 
car  le  Pentateuque  doit  avoir  un  but  pratique  aussi  bien  que 
théorique.  Lévi  combat  et  blâme  sévèrement  finterprétation 
allégorique.  Il  a  peut-être  en  vue  l'exégèse  de  Joseph 
Caspi.  Le  commentaire  sur  la  Genèse  fut  achevé  le  17  mar- 
heschvvan  6690  =  11  novembre  iSsg;  celui  sur  l'Exode 
le  jour  de  la  néoménie  du  mois  d'éloul  de  la  même  année 
(  1 8  septembre  i  33o)  ;  il  n'y  a  pas  de  date  pour  celui  du  Lé- 
vitique.  A  la  fin  du  commentaire  des  Nombres,  Lévi  dit 
qu'il  l'a  fait  en  peu  de  temps  et  sans  avoir  eu  à  sa  dispo- 

77- 


Joël , 
sclirift, 

I'.   7'i; 

|inrl .  |>.  ij! 


Moiiats- 
lirnL'i'     a 


Voir" 

'.7O." 


Joël, 
sclirifl , 
p.  106 
part,  p, 

Voir 
p.  5o5 


Monals- 
1862, 
;    lirapp^   à 
1K8. 

ci-(iessu.« , 
et  siiiv. 


\IV    SIECI.I. 


612  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

sition  l(;s  livres  nécessaires;  c'est  pourquoi  il  devra  le  revoir 
une  seconde  fois;  ce  commentaire  fut  terminé  le  2  3  du 
mois  de  tébeth  5098  =  17  décembre  i337.  Celui  du  Deuté- 
rononie  fut  achevé  le  3  3  du  mois  de  schebat  6098  =■  1  4  jan- 

Caïai.,  |>. 3i.  vier  i338,  à  Orange  (aiisn  nno).  Les  manuscrits  de  Paris 
11"  'il\l\  et  de  Parme  n"  167  ajoutent  encore  ce  qui  suit  : 
«  Il  sera  nécessaire  de  revoir  tout  ce  livre;  car  je  l'ai  fait 
«  ([uand  j'étais  encore  à  Avignon ,  et  je  l'ai  composé  à  la  hâte 
«sans  avoir  à  ma  disposition  ni  un  exemplaire  du  Talmud 
«ni  une  Bible.  »  Ces  deux  manuscrits,  avec  celui  du  Musée 
britanni(|ue,  Add.  14,7^9,  M"'  '"'^  copié  à  Avignon  par 
Nethanel  fils  de  Néhémie  Caspi,  et  terminé  le  18  du  mois 
de  kislew  3190=  1 4  novembre  1429,  sont  les  plus  anciens 
que  l'on  connaisse  de  cet  ouvrage.  (îelui  de  Parme  fut  écrit 
avant  i4i3  et  celui  de  Paris  en  14^7  (le  catalogue  porte 
i357  par  suite  d'une  erreur  de  calcul).  Il  est  curieux  de 
noter  que  le  commentaire  de  Lévi  sur  le  Pentateuque,  qui 
n'est  pas  moins  hérétique,  si  hérésie  il  y  a,  que  les  «  Guerres 
«du  Seigneur»,  a  eu  néanmoins  plusieurs  éditions.  Cela 
vient  sans  doute  de  ce  que  le  Pentateuque  se  prête  peu  aux 
explications  philosophiques,  et  de  ce  que  les  règles  pra- 
tiques que  Lévi  en  tire  souvent  auront  plu  aux  juifs.  Nous  ne 
pouvons  mentionner  ici  toutes  les  éditions;  nous  renvoyons 
Catai.  no<n.,    au  Cataloguc  Bodléien  de  M.  Steinschneider.  La  première 

'"'■  '*'"■  édition  fut  imprimée  avant  1 48o,  à  Mantoue;  nous  citerons 

encore  celle  de  Venise,  i547-  Quant  à  fédition  séparée  des 
règles  pratiques,  il  en  sera  question  plus  loin. 

Cala), col. 534.        Le  manuscrit  d'Oxford  n°  1617,  4,  renferme  un  abrégé 

du  commentaire  de  notre  Lévi.    La   dix-neuvième   règle 

.  pratique  à  la  fin  du  Pentateuque,  qui  se  trouve  dans  le 

c«ui.,coi.7i.  manuscrit  d'Oxford  n°  344,  1,  après  le  commentaire  sur 
Daniel,  est  d'une  main  plus  récente  que  les  autres  parties. 
Chez  M.  Steinschneider,  cet  ouvrage  porte  le  n°  1, 
XXXI.  Premiers  Prophètes.  Dans  sa  courte  préface  au  livre 
de  Josué,  Lévi  dit  qu'il  se  propose  d'expliquer  tous  les  livres 
des  prophètes  d'après  la  méthode  philosophique,  morale 
et  rituelle;  il  attirera  l'attention  sur  les  contradictions  appa- 


DU  XIV'  SIÈCLE.  013 


\i\'  siici.E. 


rentes  qu'on  y  rencontre  et  il  les  résoudra.  L'explication 

que  donne  Lévi  du  miracle  de  (iahaon  (Josué,  x,  i5)  a  été 

fort  attaquée.  —  Il  n'y  a  pas  de  date  pour  les  commentaires 

de  Lévi  sur  Josué  et  les  Juges.  Le  commentaire  sur  les      jo.i,    Monau 

livres  de  Samuel  fut  fini  au  premier  jour  du  premier  adar    |,''"^J||.    nrù^f  à 

6098  ==  '2  2  janvier  1  338.  Il  n'y  a  pas  de  date  non  plus  pour    i'«>-i,  i>  «7 

les  livres  des  Hois.  La  première  édition  de  ces  commentaires 

se  trouve  dans  la  Bible  imprimé»!  à  Leiria  en  i494-  Les 

règles  pratiques  (rrSyip)  résultant  du  Pentateuque   et  des 

premiers  Prophètes  ont  été  imjirimées  à  Riva,  in-4*',  1  56o, 

avec  une  préface  de  Jacob  Marcaria.  Chez  M.  Steinschneider 

cet  ouvrage  a  le  n°  2. 

Nous  ne  connaissons  pas  de  commentaire  de  Lévi  sur  les 
seconds  Prophètes  ni  sur  les  Psaumes. 

XXXII.  Pour  le  commentaire  sur  le  livre  des  Proverbes, 
Lévi  suit  la  méthode  qu'il  emploie  dans  le  commentaire  sur 
le  Pentateuque;  il  donne  d'abord  l'exjdication  des  mots, 
puis  celle  du  sens.  La  date  de  la  composition  de  l'ouvrage, 
qui  manque  dans  les  éditions,  se  trouve  dans  certains  ma- 
nuscrits, où  on  lit  que  l'auteur  l'a  achevé  le  3  du  mois 
d'iyyar  6098  =  23  avril  i338.  La  première  édition  est  de 
Leiria,  1492.  Giggeius  a  fait  d'une  grande  partie  de  ce 
commentaire  une  traduction  latine,  qui  fut  imprimée  à 
Milan,  1620,  in-4°. 

La  liste  de  M.  Steinschneider  met  ce  commentaire  au 
n"  4. 

XXXIII.  Le  commentaire  sur  Daniel  est  également  lit- 
téral. Lévi  fixe  l'arrivée  du  Messie  à  l'année  i358.  Les  mots      Voir  ci-dessus, 
araméens  sont  expliqués  en  hébreu,  et  on  les  trouve  à  part   **    ^'' 

dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  1  2  5 1 ,  9.  A  la  fin  des  tableaux 
historiques,  Lévi  donne,  comme  dans  ses  autres  commen- 
taires, les  règles  pratiques  qui  en  résultent.  Ces  règles  ont 
été  imprimées  séparément  par  Jehiel  ben-Salomon,  Var- 
sovie, i865.  Dans  le  manuscrit  n"  62  de  la  première  collec- 
tion Firkowitz,  qui  se  trouve  maintenant  à  Saint-Péters- 
bourg, le  propriétaire  du  volume  dit  que,  dans  la  préface 
de  ce  manuscrit,  qui  renferme  le  commentaire  de  Lévi  sur 


xiv*  fiisci,*. 


614  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Daniel,    Lévi    se    montre    mécontent  de  ses   devanciers. 
Eiiociopaiii. ,    M.  Stoinschncider  croit  que  cette  préface  est  une  falsifica- 

•»cr..  t.  XMIl.       .  rp  ,  ^     ^  •»  » 

jgg  tion;  en  ellet  aucun  autre  manuscrit,  a  notre  connaissance, 

lie  renferme  une  pareille  allégation.  Le  commentaire  fut 
terminé,  d'après  les  manuscrits,  au  mois  de  second  adar 
Ô098  =  lévrier-mars  i338.  Le  commentaire  sur  les 
soixante-dix  semaines  se  trouve  à  part  dans  le  manuscrit 
de  Parme  n"  l\o-?.,  i3. 

La  jjremière  édition  de  ce  commentaire,  (jui  porte  le 
u"  6  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  a  été  donnée  en 
Italie,  avant  i48o,  elle  est  sans  lieu  ni  date. 

XXXIV.  La  méthode  littérale  est  aussi  employée  par 
Lévi  dans  son  commentaire  sur  Lsdras,  Néhémieet  lesChro- 
i)if|ues.  Ce  commentaire,  qui  fut  achevé  le  mois  de  second 
adar  6098  --  février-mars  i338,  est  resté  inédit  jusqu'à 
ces  fleriiicrs  temps.  C'est  le  grand  rabbin  de  Manloue, 
M.  Marco  Mortara,  qui  l'a  imprimé  dans  le  recueil  que 
publie  annuellement  M.  Isaac  Gniber,  à  Jaroslav  en  Gal- 
licie,  et  qui  est  intitulé  Otsar  has-Sifruiith,  2"^  année,  1888; 
011  en  a  fait  des  tirages  à  pari,  qui  portent  l'indication  : 
Cracovie,  1888.  M.  Mortara  a  établi  son   édition  d'après 

'intiii ,  n-s,  un  seul  manuscrit,  qui  fait  partie  de  la  bibliothèque  de 
la  communauté  juive  de  Mantoue.  Il  existe  cependant 
d'autres  manuscrits  de  cet  ouvrage  dans  plusieurs  biblio- 
thèques. 

Ce  traité  n'est  pas  dans  la  liste  de  M.  Steinschneider,  l'ar- 
ticle de  ce  savant  ayant  été  écrit  avant  la  publication. 

XXXV.  nvn-o  nVi-in,  préceptes  moraux  tirés  des  ou- 
vrages de  notre  auteur.  Cet  ouvrage  se  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Paris  n"  761,  à  la  fin  du  traité  de  morale 

Calai.  A,-  l'aris,  jg  Raphaël  ^ioizi  (de  Nor<!ia),  intitulé  «  Chemin  de  la  vie  ». 
Il  ne  figure  pas  dans  l'édition  de  Venise,  i.^yg.  Le  manu- 
scrit d'Oxford  n"  22 36,  6,  renferme  quelques  sentences 
morales  tirées  des  ouvrages  de  Lévi,  avec  une  explication. 
(jtai.,c..i.77i.  Un  autre  manuscrit  d'OxIord,  n°  2378,  1,  contient  d'autres 
cami.roi  7.,i.  extraits  de  notre  auteur,  qui  semblent  être  pris  des  «  Guerres 
«  du  Seigneur  ». 


DU  XIV*  SIÈCLE.  615 

Ces    extraits    sont   omis    dans    la    liste    de    M.    Stein- 
schneider. 

XXXVI.  nm"?,  tables  astronomiques,  composées  sur  la 
demande  de  personnages  importants,  chrétiens  et  juifs, 
vrrs  1820,  à  Orange,  et  qui  se  retrouvent  dans  la  cinquième 
partie  de  l'ouvrage  intitulé  «  Guerres  du  Seigneur».  Ces 
tables  figurent  comme  traité  séparé  dans  plusieurs  manu- 
scrits. L'ouvrage  est  divisé  en  cinq  chapitres  :  1"  sur  le  ca- 
ractère des  tables  et  des  cycles;  2°  sur  la  conjonction 
moyenne  et  l'opposition  [du  soleil  et  de  la  lune];  3"  sur 
la  vraie  moyenne;  [\°  sur  la  position  du  soleil  pendant  la 
conjonction  et  l'opposition;  5°  sur  les  éclipses.  Au  com- 
mencement du  premier  chapitre  .se  lisent  la  date  et  le  nom 
de  3itK,  Orange.  Les  tables  viennent  ensuite.  Ce  traité  existe 
dans  le  manuscrit  de  Munich  n"  3i4,  ^t  quek|ues  tables 
se  trouvent  dans  les  nianuscrits  de  la  môme  bibliothèque 
n"'  343,  fol.  ôi'',  et  386,  5.  Le  manuscrit  du  Vatican, 
Assém.  n"  899,  2,  renferme  également  des  tables  astro- 
nomiques, mais  qui  ne  sont  pas  de  Lévi;  le  titre  de  mxp 
njisrn,  abrégé  d'astronomie,  que  donne  le  catalogue  d'As- 
sémani,  ne  figure  pas  dans  le  manuscrit.  Les  tables  de 
Lévi  sont  encore  contenues  dans  le  manuscrit  du  British 
Muséum,  Add.  26,921,  commençant  avec  l'année  i32o 
et  finissant  avec  i328.  Le  manuscrit  de  la  Laurentiennc 
Plut.  LXXXVllI,  3o,  fol.  34  (après  les  tables  d'imma- 
nuel  de  Tarascon),  renferme  une  note  astronomique 
d'après  Ptolémée  dont  voici  la  suscription  :  hn'iri  Dsnn  ]wh  n» 
OTian  ]ip'>n3  '«l'j  'in,  qui  dénote  plutôt  un  caractère  astrolo- 
gique. Elle  est  peut-être  de  Lévi  ben-Abrahan).  Samuel 
ben-Méir,  le  copiste  du  manuscrit  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale de  Paris  n"  1028,  a  ajouté  en  i342,  à  la  fin  du 
livre,  une  note  relative  aux  tables  astronomiques  faites 
par  son  contemporain  Lévi;  en  voici  la  suscription  :  "?c?Kn  a-in 
m'?iDni  mmVn  yyyi  l'x''  ■'i'?  '-)  Vnjn  nvw  no"?  "ntca,  «Explication 
«  des  tables  astronomiques  et  des  nouvelles  lunes  par  le 
«grand  Lévi»;  c'est  certainement  là  notre  auteur.  Dans 
un  commentaire  sur  les  tables  de  Lévi,  que  nous  offre 


XIV'  MÈOLK. 


Ou  MV  AGES 
DASTnojlOMIE. 


Calai,  (le  Mii- 
iiirli ,  |).  i3S. 


Assi'-maiii  ,Cal. . 
37a. 


Voir  ci-dessous , 
696. 


Hist.  iitt.  de  la 
France,  t.  XXVII, 
p.  638  et  auiv. 


tl«    SIECIK. 


Gif)  LKS  KCIUVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

le  manuscrit  Gûnzburg  n"  365,  on  dit  que  Lrvi  a  coni- 
nicnré  le  calcul  au  mois  rie  mars  i3'ji. 

Cet  ouvrage  porte  le' ri*  i  6  chez  M.  Steinsclineifler. 

XXXVII.  n  nonVo,  «Guerres  du  Seigneur»,  ouvrage 
de  philosophie  et  de  théologie,  où  Lévi  développe  son  sys- 
tème, qui  est  en  général  le  péripatétisme  pur,  tel  qu'il 
se  présente  chez  quelques  j)hilosophes  arabes,  et  où  il 
cherche  à  déuïontrer  que  les  doclrincs  du  judaïsme  sont 
parlaitemcnt  d'accord  avec  ce  système.  Cet  ouvrage,  dont 
Lévi  commcn(;a  l'ébauche  à  la  fin  de  i3i6  ou  au  commen- 
cement de  i3i7,  fut  achevé  le  8  janvier  i329  (7  du  mois 
de  schebat  6089).  Il  est  divisé  en  six  livres,  dont  le  pre- 
mier est  relatif  à  l'immortalité  de  l'àme,  en  quatorze  cha- 
pitres; le  second  traite  des  songes,  de  la  divination  et  de  la 
prophétie,  en  huit  chapitres;  le  troisième  discute  l'onmi- 
science  de  Dieu,  en  six  cha])itres;  le  (piatrième  approfondit 
la  question  de  la  Providence,  en  sept  chapitres.  Le  cin- 
quième livre  est  divisé  en  trois  sections  :  a.  l'astronomie  ou 
plutôt  l'exposé  de  l'Almagesfe,  partie  que  l'éditeur  a  laissée 
de  côté,  en  expliquant  ainsi  l'omission  :  «  Cette,  partie  forme 
«  un  grand  livre  à  part  dont  la  place  n'est  pas  ici  »;  i.  ce  qui 
concerne  les  corps  célestes,  en  neuf  chapitres;  c.  ce  qui  con- 
cerne l'agent  qui  met  en  mouvement  ces  corps,  c'est-à-dire 
l'intellect  actif,  en  treize  chapitres;  cette  partie  fut  achevée 
le  2  du  mois  de  tébeth  6089=-  16  novembre  1 338.  Le  sixième 
livre  a  pour  sujet  la  création  du  monde.  Il  est  divisé  en 
deux  sections,  savoir  :  a.  les  doutes  qu'on  a  émis  sur  cette 
matière,  et  que  Lévi  croit  écarter  par  son  interprétation;  en 
tout  vingt-neuf  chapitres;  b.  ce  qu'on  trouve  sur  cette  ma- 
tière dans  la  Genèse,  avec  l'explication  des  deux  questions 
théologiques  suivantes  :  a.  comment  et  par  qui  les  signes 
et  les  miracles  étaient  produits;  |3.  comment  on  reconnaît 
le  vrai  et  le  faux  prophète;  cette  seconde  section  ren- 
ferme quatorze  chapitres.  A  la  fin  de  la  première  section, 
Lévi  dit  que  le  lecteur  ne  doit  pas  être  étonné  qu'il  ait 
mis  huit  ans  à  composer  son  livre;  même  la  partie  sur 
la  création  du  monde  a  été  composée,  dit-il,  douze  ans 


DU  XIV  SIÈCLE.  017        ^„.^,^^,, 

au])aravant.  Voyant  que  le  temps  passe  et  qu'il  n'arrivera  pas 
à  être  complet  dans  tontes  les  argumentations,  il  se  décide 
à  publier  le  livre  tel  qu'il  est.  A  la  fin  de  la  seconde  section, 
Lévi  dit  avoir  achevé  son  ouvrage  le  7  du  mois  de  schebat 
3089  =  9  janvier  1329. 

M.  Muuk,  dans  son  savant  aperçu  sur  la  philosophie  chez 
les  juifs,  a  le  premier  mis  en  lumière  l'ensemble  des  idées  M.iaiii;.s 
générales  qui  se  détachent  des  œuvres  de  Lévi.  On  trouvera  '"'  ^*" 
de  plus  anqjles  informations  sur  la  |)hiiosophic  de  Lévi 
dans  l'excellent  ouvrage  de  M.  Joël  intitulé  Lexvi  ben-Gcrsoin 
[Geisuiii(les)  als  Rclujumspinlosoph ,  qui  a  paru  dans  la  Mo- 
nats.scliri/t  de  M.  Frankel,  1862,  p.  20,  65  et  100,  et  dont 
ou  a  fait  un  tirage  à  part.  Ou  pourra  consulter  aussi  avec 
fruit  le  livre  de  M.  Isidore  Weil,  intitulé  Philosophie  reli(jieusc 
(le  Lévi  ben-(jcrs()iit,  Paris,  1868. 

Lévi  n'a  pas  inventé  un  système  philosophique,  i)ar  la 
simple  raison  qu'il  en  trouva  un  tout  prêt  à  côté  ae  lui, 
celui  de  Maimonide,  qui,  depuis  plus  d'un  siècle,  avait 
conquis  l'assentiment  de  tous  les  esprits  éclairés.  Lévi,  ce- 
pendant, ne  suit  pas  aveuglément  Maimonide.  11  est  plus 
indépendant  et  plus  libre  que  ses  contemporains  ledaïah  de  voir  .idts»u» 
Béziers  et  Joseph  Caspi.  Lévi  leur  est  encore  supérieur  par   r  ssg.isiiiv. 

XX  Voir  cï'dpssus 

la  méthode  qu'il  emploie.  Il  discute  d'abord  toutes  les  opi-    y.  h--  <i  sni». 
nions  sur  les  questions  qu'il  se  propose  de  traiter,  en  com- 
mençant par  Aristote,  Alexandre  d'Aphrodise  et  Thémiste, 
tels  qu'il  les  connaissait  par  les  Arabes,  en  continuant  par 
Avicenne,  Alfarabi  et  Averroès;  puis  il  expose  ses  propres 
conclusions.  «Lévi,  dit  M.  Munk,  est  le  premier  des  philo-      Mélanges. 
«  sophes  juifs  qui  osa  combattre  ouvertement  le  dogme  de    "^  ^°® 
«  la  création  ex  nihilo .  .  .    Après  avoir  démontré  longue- 
«  ment  que  le  monde  ne  peut  être  sorti  ni  du  néant  absolu 
«  ni  d'une  matière  déterminée,  il  conclut  qu'il  est  à  la  fois       Livre  vi,  sn 
«sorti  du  néant  et  de  quelque  chose;  ce  quelque  chose,    "°"'  *^'  '7 
«  c'est  la  matière  première,  laquelle,  manquant  de  toute 
«forme,  est  en  même  temps  le  néant.  »  Que  Dieu  ait  créé 
le  monde  et  qu'il  connaisse  toute  chose,  cela  n'empêche 
pas  le  libre  arbitre  de  l'homme;  car  Dieu  sait  par  sa  propre 

TOME  Mil.  78 


\1T*  SÙCLI. 


Joël,  MouaU- 
schrin,  1861, 
p.  189.  tirage  à 
part,  p.  47. 


(ilXlt,    (icsch. 

der  Juden,  t.  VII. 
p.  35 1. 


Mélaiiges , 

p.  5ol,  II.  3- 


Chi 


618  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

nature  la  possibilité  pour  les  choses  de  s'accomplir  d'une 
façon  ou  d'une  autre.  La  Providence  s'étend  à  tout  le  monde 
créé;  les  espèces  seules  se  conservent,  l'individu  est  exposé 
aux  accidents.  Lévi  admet  que  l'homme  peut,  par  l'effort 
de  son  esprit,  arriver  à  un  certain  degré  de  la  connaissance 
de  l'avenir  et  devenir  prophète.  11  admet  la  possibilité  de  la 
divination  et  même  de  la  sorcellerie.  Les  miracles  font 
partie  de  la  création,  c'est-à-dire  qu'ils  sont  créés  momen- 
tanés, et  la  mention  qui  en  est  faite  dans  la  Bible  en  garantit 
la  véracité.  L'immortalité  est  pour  Lévi  individuelle  et  gra- 
duée, selon  le  degré  de  perfection  que  l'âme  a  pu  atteindre 
dans  ce  monde.  Lévi  peut  donc  être  considéré  comme  un 
précurseur  de  Spinoza;  son  rationalisme  ne  l'amène  pas  à 
se  détacher  du  judaïsme;  ses  arguments  s'appuient  souvent, 
non  seulement  sur  la  Bible,  mais  aussi  sur  le  Talmud, 
principalement  sur  la  partie  légendaire  ou  ayadique.  Il  est 
philosophe  dans  son  exégèse,  exégète  dans  sa  philo- 
sophie. 

Malgré  ses  efforts  pour  ne  pas  se  séparer  de  l'orthodoxie, 
Lévi  fut  fort  attaqué  par  ses  successeurs.  «  Les  opinions 
«hardies  de  Lévi  ben-Gersom,  dit  fort  bien  M.  Munk, 
«  et  ses  interprétations  péripatéticiennes  des  textes  sacrés 
«et  des  dogmes  religieux  ont  été,  de  la  part  des  rabbins 
«  orthodoxes,  l'objet  de  la  critique  la  plus  sévère.  Don  Isaac 
«  Abravanel  (à  la  fin  du  xv'  siècle) ,  dans  plusieurs  de  ses 
«écrits,  et  notamment  dans  son  commentaire  sur  Josué, 
«  gémit  sur  les  écarts  des  philosophes  juifs  qui,  admettant 
«  la  matière  première,  mettent  Vintellect  uclij  à  la  place  de 
«  Dieu,  nient  la  Providence  divine  à  l'égard  des  individus, 
«  et  ne  voient  dans  l'immortalité  de  l'âme  que  son  union 
«avec  l'intellect  actif.  Il  blâme  surtout  Lévi  ben-Gersom, 
«qui,  dit-il,  n'a  pas  même  jugé  nécessaire  de  voiler  sa 
«pensée  et  qui,  la  manifeste  avec  la  plus  grande  clarté, 
«  tenant  sur  la  matière  première,  sur  l'âme,  sur  la  prophétie 
«et  sur  les  miracles,  des  discours  tels  que  c'est  déjà  un 
«  péché  d'y  prêter  l'oreille,  et  à  plus  forte  raison  d'y  croire. 
«  Avant  lui,  Isaac  ben-Scheschet,  de  Saragosse,  s'était  pro- 


DU  XIV  SIECLE. 


619 


\iv'  sikr.l.E. 


i<  nonce  dans  le  même  sens,  quoique  plus  respectueuse- 
«ment,  sur  Lévi  ben-Gersom,  qu'il  appelle  un  (jrand  tal- 
•  mudiste,  mais  que  la  philosophie,  dil-il,  a  détourné  de  la 
«  voie  de  la  vérité  et  qui  a  écrit  des  choses  qu'il  est  défendu 
«d'écouter.»  Schem-Tob  ben-Schem-Tob  (xv'  siècle)  et 
Menasseh  ben-lsrael  (xvii"  siècle)  s'attaquent  à  la  théorie 
de  Lévi  sur  l'immortalité  de  l'âme;  le  premier  appelle  avec 
amertume ■  l'ouvrage  de   Lévi  «Guerres  contre  Dieu».  On 

f)eut  juger  du  peu  de  succès  que  rencontra  parmi  les  juifs 
e  rationalisme  de  Lévi,  parce  seul  fail  que  son  livre  n'eut 
autrefois  qu'une  seule  édition,  celle  de  Riva  cli  Trento  en 
iS6o',  avec  un  avertissement  de  l'éditeur  (le  médecin 
Jacob  Mercaria),  relatif  aux  discussions  qui  eurent  lieu  au 
xvi'  siècle  pour  et  contre  Lévi. 

Nous  allons  maintenant  nous  occuper  de  la  partie  astro- 
nomique du  livre,  qui  fut  accueillie  avec  beaucoup  de 
faveur  par  les  savants  chrétiens.  Elle  est  contenue  dans 
le  premier  chapitre  du  cinquième  livre,  qui  forme  un 
traité  séparé,  et  qu'on  trouve  rarement  dans  les  manuscrits. 
On  n'en  connaît  que  quatre  qui  le  contiennent,  ce  sont,  à 
Paris,  les  n°*  724  et  726^,  à  Turin,  le  n°  2 1  du  catalogue  de 
M.  Peyron,  et  à  Naples,  Bibliothèque  nationale,  n°  III,  F;  9 
(finissant  avec  le  chapitre  96).  On  donne  à  cette  partie 
des  titres  spéciaux,  tels  que  naisn  d,  livre  d'astronomie 
(n°  18  de  la  liste  de  M.  Steinschneider) ,  -jainn  pbn,  partie 
astronomique.  Peut-être  le  titre  nrab  o^sanK  p  «  A  4o  ans  l'in- 
«  telligence!  »  (n"  1  7  de  M.  Steinschneider)  a-t-il  servi  à  dé- 
signer cette  partie  astronomique;  en  effet  Lévi  acheva  les 
«Guerres  du  Seigneur»  à  l'âge  de  4o  ans,  en  1828.  Ben- 
jacob  confond  le  niisr  'd,  livre  astrologique  de  Lévi  ben- 
Abraham,  contenu  dans  le  manuscrit  de  Vienne  n°  i84, 
avec  celui  dont  nous  parlons. 


'  Il  en  a  été  donné  une  édition  à 
Leipzig  en  1866. 

*  Le  manuscrit  de  Paris  n*  g83 , 9 ,  de- 
vrait contenir,  d'après  M.  f^oeb  (R.E.J.. 
I,  p.  75),  ie  XII*  chapitre  des  i  Guerres 
I  du  Seigneur  >.  M.  Loeb  s'est  fié  au  cat«- 


logue,  p.  174.  L'arlicle  en  question  est 
le  XII*  chapitre  de  i'ouvrage  polémique 
de  Jacob  fils  de  Reouben  portant  le 
même  litre  (Steinschneider,  Encycl., 
XLlU.p.  3oo}. 

78. 


Coiisiiltalioiiii, 
p.  45. 

Joël ,  Monats- 
schrift ,  1 80 1 , 
p.  5-.!;  tirage  à 
part ,  p.  I  } . 


Ibid.,     p.     51; 
(iragi'à  part, p.  i^. 


Muni .  Mélanges , 
p.  5oo. 


Srhabbcthaï  Uass  ; 
ms.  Oxford  a^aO, 
où  il  Tant  lire  >33iri 
nu  lieu  de  'illfl. 

Cité  par  Zak- 
kuto;  voir  Encycl., 
t.    LUI.    p.    298. 


Otsar  basserarim , 
p.  65o;Cat.Bodl.. 
col.  1611,  et  Maz- 
kir,  IX,  e.'î. 


\IT*  sifer.i.iî. 


620  LES  KCRIVAÏNS  JUIFS  FRANÇAIS 


Aiii  N    Liiir  Cette  partie  astronomique  répondait  si  bien  aux  besoins 

i863.  |).  7^1  rt   (lu  temps  qu'on  en  fit  une  traduction  latine,  dont  le  coni- 

u'oiV,  ttilihlhr.',    mencenient  a  été  publié  par  le  prince  B.  Boncompagni.  C'est 

III,  p.  (.5o.  peut-être  cette  traduction  que  Kepler  et  ses  correspondants 

connurent  par  ouï-dire  et  qu'ils  désiraient  tant  voir.  Uti- 

Ki'picr,    ()|>|..,    nam  apnd  Babbinos  inveiiirc  p(>sscs  traclalum  H.  Levi  ffnintmn 

06  5.1"' ''    ^'     T)cfrn!iionnm  Del!  La  partie  astronomique  en  (juestion  est 

composée  de  cent  trente-six  cliapiires.  Dans  le  courant  de 

son  exposition  sur  l'utilité  et  les  difficultés  de  l'astronomie, 

Lévi   parle   d'un    nouvel    instrument   qu'il    avait    inventé 

(iiip. nàxt,  et  qu'il  appelle  npiD»  nSar:,  «le  Révélateur  des  profon- 
«  deurs  ». 

Kn  dehors  du  cinquième  livre,  Lévi  composa  sur  ce  sujet 
deux  poèmes,  l'un  commençant  par  les  mots  ivoc?  0^:2  ^zb, 
«  Venez,  enfants,  écoutez  »,  avec  la  suscription  Spon  '7y,«  Sur 
«  le  bâton  »  et  le  titre  de  npiD»  nVao  (ce  traité  se  trouve  sé- 

Ciiiai., col. 37.  parement  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n"  21  4).  et  fautre 
commençant  par  les   mots  D^Vain  "jiK-ipri  no"?  (imprimé  par 

Dibré  iiéfet».  M.  Edelman,  avec  la  même  suscription),  qui  se  trouve 
dans  les  manuscrits  d'Oxford  n"'  2  1 4  et  1 342 ,  i .  Notons  ici 

catai.  bo<ii..       que  06  poème  se  lit  également  dans  le  manuscrit  d'Oxford 
oi.  1609.  ^o  <,2i8^  ^0    avec  une  introduction  où  l'auteur  dit  qu'il 

(:atai.,coi.76',.  avoit  éludié  Ics  «  Guerres  du  Seigneur»,  V,  i-i  5,  et  le  poème 
sur  l'instrument;  il  se  propose  de  traduire  ce  poème  en 
langue  vulgaire.  La  traduction  ne  se  trou  ve  pas  dans  le  manu- 
scrit. Le  sujet  de  la  pièce  qui  se  trouve  dans  les  manuscrits 

(:atai.,coi.  38  d'Oxfovd  u"'  2  1 8  ct  2  2  2 ,  commençant  par  les  mots  Vk  o'wnn, 
est  différent  do  celui  des  pièces  déjà  mentionnées. 

KiicycL,  XLiii,  ]}  est  probable  quc  l'instrument  inventé  par  Lévi  esl 
celui-là  même  qui  est  cité  par  Johanan  Alemanno,  écri- 
vain juif  italien  du  xvi*  siècle,  sous  le  litre  de  'iV  noD, 
«bâton  de  Lévi»-,  ce  qui  explique  également  le  titre  ci- 
dessus  mentionné  Vpcn  hs,  «  Sur  le  bâton  ».  Celte  partie  du 
traité  astronomique  a  été  donnée  séparément  par  l'auteur 
lui-même  ou  par  un  anonyme  sous  le  titre  de  o^ocrn  3in, 
«Circonférence  des  cieux»,  et  l'opuscule  ainsi  détaché  se 
trouve  dans  le  manuscrit  n°  i  o  delà  bibliothèque  de  la  com- 


r-  7 


fl  /io. 


P-  '99 


Jol>.  \xii.  I  t. 


DU  XIV"  SIECI.E.  621        ,,^^^^ 

munauté  juive  à  Mantoue.  M.  Marco  Mortara  en  a  publié  le      ^.^^^^       ^ 
commencement  et  la  fin.  M.  Mortara  suppose  que  ce  trailé      „., ,    ^.    ,„ 

...  ,!•  •  •,  r>l*  oi  Bilil.rabb.,  III, 

est  identique  a  celui  ([ui  est  cile  par  Bartolocci,  n°  lô.  Le   p.  (>. 
manuscrit  de  Manloue  renferme  les  chapitres  (portes)  ii, 
VII  et  ïx,  de  l'ouvrage  total. 

L'opuscule  ainsi  taillé  dans  l'ensemble  du  livre  cin- 
quième et  comprenant  tout  ce  qui  concernait  l'instrument 
inventé  par  Lévi  fut  traduit  en  latin,  dans  le  courant  de 
l'année  i34a,  par  conséquent  du  vivant  de  Lévi,  sur 
l'ordre  du  pape  Clément  VI.  Cette  traduction  se  trouve  Mmik. Mélanges. 
dans  le  manuscrit  latin  n"  7298  de  la  Bibliotliè(|ue  natio-  v^""- 
nale  de  Paris.  C'est  l'exemplaire  même  qui  se  conservait, 
en  1869,  ^Isi"''  ^^  bibliothèque  du  palais  pontifical  d'Avi- 
gnon. Cela  résulte  de  l'article  83o  du  premier  des  anciens 
catalogues  de  la  bibliothèque  des  papes  d'Avignon,  pu- 
bliés par  le  P.  Ehrle,  dans  Vllistoria  bibliothecœ  liomanonim 
pontijicnm,  t.  I,  p.  53i.  Le  manuscrit  contient  17  feuillets 
de  parchemin  et  est  écrit  sur  deux  colonnes.  Les  figures 
géométriques  sont  tracées  avec  un  soin  et  une  exactitude 
extraordinaires.  Le  titn;  et  les  (piatre  premières  colonnes 
manquent.  La  traduction  se  termine  par  les  mots  sui- 
vants :  Explicil  tractatns  instrumenti  astronomie  magistri 
Leonis  Judei  de  Balneolis,  hahitatoris  Aurayce,  ad  summum 
pontificem  dominum  Clementem  VI,  translatas  de  hebreo  in 
latinum,  anno  incarnationis  Chr.  1342  et  pontijicalus  dicti 
domini  démentis  anno  primo.  Hic  presens  tractatns  in  capi- 
tula 9  dividitar.  Piimum  capitulum  continet  epistolam  ad  do- 
minum papam  predictam  et  prologum  operis,  in  (fuibas  expresse 
tanguntar,  etc. .  .  In  nono  dantur  aliqua  documenta  ad  usum 
instrumenti  predicti,  ne  in  ipso  ejus  usu  aliquis  error  inter- 
cidat. 

Dans  l'intérieur  de  l'ouvrage,  la  division  des  chapitres 
n'est  pas  marquée  ;  au  feuillet  9  v°  on  lit  :  Ideo  in  hoc  loco 
'declarabo  de  opère  instrumenti  predicti  quantum  est  necessarium 
pro  ista  demonstratione  habenda.  Fiat  igitur  unus  baculus  cum 
superjiciebus  planis  et  rcctis,  et  in  uno  capiîe  illius  ponatur  una 
tabella  que  aliqualiter  sit  comuta,  cujus  alterutrum  cornu  expe- 

4  2 


xiv'  siàci,!. 


Kiicycl. .    XL, 
P-  ■'99- 


Bibl.  mathenn. , 
1890,  p.  74. 


622  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

rientie  tempore  super  alterutrum  mach  (sic)  oculi  coUocetar,  et 
Jiant  multe  tabelle  diveisarum  (juanlitatum  perforate  in  medio, 
superficiei  rectas  habentes,  per  quarum  foramina  intrare  possit 
bacnlus  antediclus,  et  sit  allitudo  earum  super  baculum  aliquan- 
tulum  depressior  altitudine  oculi,  et  due  earum  simul ponanlur  in 
haculo,  una  alteri  inequalis,  ita  quod  minor  sitpropmfjuior  oculo, 
et  ambe  super  baculum  faciant  anfjulos  rectos  et  sint  paralcUe  (sic) , 
et  lineea  ccntro  oculi procedentes  lamjant  utramqne  extremitatem 
ulriusque  tabelle  et  terminentur  ad  celum. 

Un  autre  manuscrit  latin  du  traité  de  l'instrument  nous 
a  été  conservé  à  Vienne,  cod.  b-x'j'].  Dans  ce  manuscrit,  on 
lit  le  litre  suivant,  qu'a  bien  voulu  nous  communiquer 
M.  KarlSchenkl  :  Léo  de  Balneolis  Israhclita,  de  sinibus  chordis 
et  arcubus,  item  instrumenta  Revelatore  secretorum,  a  Peiro  de 
Alexandrin  de  tiebreo  in  latinum  translatum  et  Pape  démenti  VI 
dedicatam.  Après  la  dédicace  au  pape,  vient  un  chapitre  de 
Irigonométrie  suivi  de  tables,  puis  un  chapitre  qui  com- 
mence par  les  mots  :  De  scientia  amjulorum  et  latcrnm  trian- 
(juli  rectanguli.  Puis  (fol.  65  b)  on  lil  :  Explicit  tractalus 
instrumenli  astronomie  magistri  Leoms  de  Balneolis,  habitaturis 
Aurayce.  On  voit  que  ce  manuscrit  suit  pas  à  pas  le  manu- 
scrit de  Paris.  Les  mots  opus  tricjonnmetricum,  que  donne  le 
catalogue  de  Vienne,  ne  se  trouvent  pas  dans  le  manuscrit; 
ils  ont  été  ajoutés  par  Lambecius. 

Le  manuscrit  latin  de  Munich  8089  renferme,  d'après 
M.  S.  Gùnther,  une  traduction  latine  du  même  traité,  sous 
le  titre  de  Baculus  Jacob.  Ce  manuscrit  fut  copié  par  un  jé- 
suite d'Ingolstadt,  en  1610.  Il  contient,  d'après  la  table 
des  matières  dressée  par  le  copiste,  quinze  pièces,  dont 
neuf  traitent  des  sciences  mathématiques.  La  troisième 
pièce  est  notre  traité,  avec  la  suscription  suivante  :  Geome- 
tricœ  conclusiones,  propositiones  et  structura  Baculi  Jacob,  ejus- 
dem  usus,  e  libro  manuscripto.  L'ouvrage  est  divisé  en  dix-sept 
chapitres,  sans  compter  l'avant-propos ;  à  la  fin,  on  lit  ce  qui 
.suit  :  Et  hic  tractatas  fuit  translatas  de  hebreep  in  latinum  anno 
Christi  1342,  pontificatus  domini  démentis  Papœ  VI  anno  I. 
Descriptus   vero  hoc  anno   1610,  15  junii.  La  division  des 


DU  XIV  SIÈCLE.  623       „,.^,,^^^ 

chapitres  de  ce  manuscrit  ne  s'aCcorde  ni  avec  l'original  voir ci-dessous 
hébreu,  ni  avec  les  autres  traductions  latines.  Ainsi  le  cha-  i'  G^utsuiv. 
pitre  m  du  Baculas  correspond  au  iv,  2 ,  de  l'hébreu.  Au  lieu 
de  bacalus  ou  baculus  Jacob  on  lit  dans  l'hébreu  ^Vd,  «  in- 
•  strument  »  et  non  pas  bro ,  ou  noo ,  ni  apy>  '?pD ,  qu'on  ne  trouve 
jamais  sous  la  plume  de  Lévi.  Il  faut  donc  admettre  avec 
M.  Steinschneider  que  le  titre  de  Baculas  Jacob  est  dû  à 
l'imagination  d'un  chrétien  jouant  sur  Gen. ,  xxxii,  10. 
Nous  avons  vu  que  Pierre  d'Alexandrie  donne  à  l'instru- 
ment le  nom  de  Secretorum  revelator,  traduction  de  l'hé- 
breu mpiD»  n'jjD,  et  on  ne  connaît  pas  de  rédaction  du  traité 
hébreu  sur  l'instrument  où  le  titre  serait  Baculus  ou  Baculus 
Jacob,  sur  lequel  la  traduction  du  texte  de  Munich  aurait 
été  faite.  Il  est  vrai  que  l'instrument  porte  le  nom  de  'jjtv 
«  Bâton  » ,  et  qu'on  le  trouve  aussi  désigné  sous  le  nom  de 
«Bâton  de  Lévi»;  dans  le  poème  même  (l.  17),  on  fait 
allusion  au  bâton  de  Jacob,  qui  l'a  enrichi  chez  Laban; 
mais  jamais  Bâton  de  Jacob  n'est  donné  comme  titre  du 
traité  lui-même. 

«On  a  continué  récemment  encore,  dit  M.  Gunther, 
«  à  considérer  Regiomontanus  comme  le  premier  qui  se 
«soit  servi  du  baculas  pour  mesurer  la  distance  des  étoiles; 
«  il  est  prouvé  maintenant  que  Regiomontanus  connaissait 
«  une  traduction  latine  du  traité  de  Lévi.  »  Par  des  voies 
inconnues,  en  effet,  le  Bacalus  d'Avignon  dut  être  porté 
en  Allemagne;  il  est  généralement  admis  que  Behaim 
apporta  la  connaissance  du  baculus  de  Nuremberg  en  Por-  'h°-Pi^ 
tugal,  vers  la  fin  du  xv'  siècle,  tandis  qu'en  Espagne  cet 
instrument  n'a  été  connu  que  plus  lard.  Il  serait  cependant 
assez  étrange  que  le  traité  sur  l'instrument,  traduit  en  latin 
pour  le  pape,  n'ait  pas  trouvé  un  chemin  plus  direct  d'Avi- 
gnon en  Espagne  et  en  Portugal,  Il  est  possible  qu'on  en 
ait  fait  un  usage  général  pour  la  navigation,  mais  que, 
dans  l'usage  scientifique,  quelques  spécialistes  seuls  en 
aient  eu  connaissance. 

Revenons  à  l'ensemble  du  livre  cinquième.  Lévi  expose 
les  inconvénients  du  système   de  Ptolémée  ainsi  que  de 


Bibl.  Diathvin. . 
i8go.  p.  107. 


Voir  ci-desaus 
y>.  620. 


Voir  ci-dessus, 
p.   630. 

lienèsc.     xxxii. 


Bibl.  inatheiu. . 
890.  p.  73. 


Bibl.  raaiheni. 


.    .  62/1  LES  KCUIVAINS  Jl'IKS  FRANÇAIS 

XIV    SIECLE.  ' 

celui  qu'avait  invente  •  le  maître  de  la  nouvelle  astrono- 

i,oc.rii.  «mie»,  c'est-à-dire  Al-Bitrôdji  (Alpetragius),  auteur  de  la 

fin  du  XII*  siècle.  «  Lévi,  dit  M.  Murik,  après  avoir  montré 

«  que  ce  système  est  impossible,  expose  longuement  ses 

«  propres  vues  sur  le  système  du  nionde,  en  les  appuyant 

(I  sur  des  observations  qu'il  avait  faites  à  diverses  époques. 

«Cet  ouvrage,   continue   M.   Munk,  (pii  devrait  occuper 

«  une  place  dans  f  histoire  de  l'astronomie,  mériterait  un 

Voir  ri-HosMis.    «  examcu  approfondi  de  la  part  d'un  spécialiste.  »  Cela  se- 

■'  *'^"  rait  d'autant  plus  facile  que,  comme  nous  favoiis  vu,  le 

Mélange».  traité  a  été  entièrement  traduit  en  latin.  Pour  en   mon- 

■'  f°°   .    ,  „      trer  l'importance,  M.   Munk  cite  Pic  de  la  Mirandole,  qui 

Lnrr  1,  rli.  8.  .1  '.  r   •       i  i»-  il 

le  mentionne  plusieurs  lois  dans  ses  Dispulationes  in  Astrolo- 
(jiain,  et  s'exprime  ainsi  :  Lco  Hcbiaeus,  ut  insicjnis  et  celcbcr 
mathematicus,  quasi  veteribus  paruni  fideits ,  excogitavil  novum 
instrununtuin,  cujus  vidimus  canoiics  matlicmatica  iubt'ditate 
Bibi.  hebr.,  I.  praecelIcTites.  C'est  par  erreur  que  Wolf  applique  ce  pas- 
•"  *^^  sage  à  Léon  Hébreu,  fils  d'Isaac  Abravanel, 

Nous  avons  déjà  mentionné  l'intérêt   que  Kepler  atta- 

voir  aussi  kr    cbait  à  ce  traité.  Plus  heuieux  que  lui,  les  jésuites  d'Ingol- 

à'iT-^vT'i'o/^*'    ^^^^^  réussirent  à  se  le  procurer.  Léon  Hébreu  prit  ainsi 

Voir  ci-dessus,    place  parmi  les  classiques  de  l'astronomie.  Les  obervations 

P^'"-  de  Lévi  furent  faites  à  Orange;  il  prit  pour  base  l'année 

i32  0.   Les  tables  de  ces  observations  forment  un  traité 

spécial. 

Voici  le  contenu,  en  hébreu  et  en  latin,  des  i36  cha- 
pitres de  notre  traité  : 

A.    TEXTE  HÉBREU,  D'APRÈS  LE  MANUSCRIT  DE  PARIS   72  4'- 

nsp"?  inysie;  ■'Mcw  no  iiKa  D'^Dmpn  onoNDa  i:y5nc;  nnx  d»"13  p  iV  "idk 
riiar  mire;  ]3n"'  yn  -iipn"?  noKDn  m^  unjiD  njn  iDKDn  nn  nKar^c  hd 
no  bu  riK>i  on"?  n-'Knjn  nyijnn  njDD  D^'îcr»  Tina  onDODi  □"D-'Dwn  D-'Oun 
m  nnK  -npnji  o^yaon  a^vivn  bu  mxM  doxm  biun  »]i'7nD  D'asiaS  hkt'P 
mTHDnD  13  onv  ne  ]cik3  D"t2''De?n  cntib  niKXDjn  niyunn  iSk  rn  no'? 

'  Le  manuscrit  73 5  n'a  pu  de  table. 


nu  XrV  SIÈCI.K.  625 

crcrrn  -^xc?  rn  nD*?!  □r-'?i  ;ie3'?  rT'îD:riDi  -icrm  [sic]  nrijm  -iinwni 
'y:!:  rs-nr:  yx  ht  inx  "npn:i  03  an  icw  |Eixn  nn  n"D'>ccn  q-'D-ij'?  D''Xso:n 
lîVic  -•"  Picn  •'e'?  Dnr;  r''  en  njiiD  yxi  rsp  ci*  orsp  D'"D''t:wn  o'onjn 
D'O^jn  n:i:n3  n^Yi^^  ]ic*x~n  rVnn  .D''p'?n  nc'?c'?  icxcn  pVn"  m  •'JDDi 

n:*?  -CTXw"  ne  '«e'?  dho  'ir"  'e?n  ramo  yxi  rsp  dv 
B'cSc"  nxr:'?  p'7n''  xini  d-^ecci  a^-cccn  D''D^3^  r:i2P3  nT'pn3.pc?x->n  pVnn 

:  □"|p^B  nc'C'i 

:-Ecn  nT3  13  ^pn'c  pix:  xin  crrin  ntc  i3  nx33  .]icxnn  pncn 

•  in'rsc  Viij'?  cniin  ni3  n-)''pnn  13  r'7B;c  •'ixi  xinc;  i3  1x33  •  'jcn 

ne  or  -1  cï  iX3n''i  "'Cipn!:  ntn  cmn  nacnac?  no  nsp  13  ")X33  •^D'^Scn 

pnp-n  P'"?:n3  i2'e3':n  prop'?'?  im:xsr:nc;  -'rn  pxson3  SnpcnV  i:nn:nc" 

:pi'7pm 
D''r;3C3  nTpHn  pxir:  i3  ^ipn:c;  no  '?:'?  piV'ïic  Piïsn  psp  n  ^X3;  ."'i'"'3-!n 
:  D"'-!i3T  nc'trn'?  p^ni  xim  ]vsn  n^bx  X"'3''  ic*x  n:i:P3  D"':ippn  pnm 
:  nt::nn  pxn  nn3  crcpc::  pidc  psp3  ;n3Cn  13  -1x3:  •  ]ic?xin  -imn 
î'jyc  ncrnn  pxt3  Ticrc  nr:  nsih  ■stc''  d"icd''3  d''pdid  13  x^aj  •  •'j^n 

:  nc:nn  pxt3  D"m;n  -\:^vn  Dn3TnD  inr  ■'2  D'snm  onp^-Dm  pipc'pn 
nipcpno  D-'snm  dVd  onp^'cn  13  mv  pini"?  p-'cry'?  13  -)"'D"a  ."ie?"'Vwn 

:  lEnm 
:Dn3  piETOPcrnn  i-n  ynui  mS  pim"?  i3  nwy:  .''r3-!n 
pxpa  urri'  is3  n:iD  c?'7icd3  pn-'îsm  prun  yii  yn  i3  ym:  .•'c*''cnn 

:ntc 

ni'n  ix  cccn  loip  ■'sn  iii"r?  'jy  ^1Dy'7  n'7''yiD  nysn  13  iX3J  •  ■'conn  piEn 

:pi:i"'?n3  C3::n  mx  vir:  iiyw  •'jBD  n3  31D''  irx  nVuvn  p 

no»*?  nro  icpjc  ""i:  pt33Dn  l'yo  tD3Dn  p'^T.t3^^  oipD  Vy  13  nipn:  •■«ucn 

"•CK  '"jsn  nta  Dn'':''3  pnicnc  nxi'C?  no  'iBO  pspo  opsp  D'asirn  pniD  Vy 

:  cDson  prT'pV'?  imjxaon 
pmo  Vy  -iiD»"?  UCD  ns  ^y^y  -icx  Tiini  •'Vsn  ni  p^uy  ;bix  13  iidi:  •  •'y3c;n 

:  piViDn  VjVj  pVijyo  PSpD  opsp  a''3Di3n 

P"'V3P3  n'iTie?  3313  nrx  ix  c?oc?n  nay  Vy  •'Vsn  niD  moyV  13  -l'c:  ."'i''De?n 

nvcnc  m  Vv  iidïV  nV''VnD  ix  orno  nyc;nD  nt  Vy  nioyV  pnpino  iwex©  ne 

:  Dvn  ■'sn  ip  Vy  n3ya  aDisV  naun  nt  npV"'e?3  niwnn  }dikd  33i3n  pmo 

Vk  Dn''3  3Di3n  -iBip  itv^v  Vy  nioyV  ""Vsn  ma  iivi  nasc;  13  nx3j  •••ycrpn 

:  n3  SIC  ic^x  nVuyn 

piVlDn  VjVjd  WDuno  m\T  pm»:  ^^y'>u  V»  ''Van  nto  nioyV  i3  i''»':  •  ■'T'wyn 

:D''D"pn  D''33i3n  Dipo  Vy  nioyV  rne;Nn  PSp  nto  -^v^DjV  ns 

TOME  X\ÏI.  79 

',      2     -^  IKPmMEUt    HATIOHALE. 


\IV      MKl.l.K. 


\lt    SIKCLE. 


626  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

:  itD3D3  nyo  mp>  k'jc  jdiks  'bsn  nta  nconcnn  -pib  ryn"?  la  n^c^j  •  k  "■'n 
lyrc?  n3  103D3  nvïî  mp^  kVo  ]eik3  3K'7"iiDSKn  ^"jdh  n^c»'?  13  t-cj  .  3"'n 
p'jn'j  13  ni  ny  unc^ni  pnpnno  icroxc?  no  r'>^:r3  33iDn  nsu  rn-'p'?'?  njoîî 

•     :  n:t:p  on  dki  o'^pi'?  vn'jyo 
ie?DK»  no  P'''?3P3  n\Tc;  oipo  n]  •'Ki  orn  "isn  ip  rvi"?  13  -l'c:  .j'^n 

:  pnpnnD 

D''Di''pn   D^3313n    DipD3  TOXH    "?»   m'Dy3   'ClpHO  13  C'C   HC  13  1K3J  •T"\n 

:3nn3i  pixa 

: nsij»  ny  m  ■'N3  tokh  cocn  mpD  nyn'''?  -3  nio^i  «l'on 

:D''D''"'pn  D''33i3n  mpo  r.yni'?  13  i^cj  -V'^n 

}BiKn  "jy  Dr3i3r3  ]'jyn  ]^no  □"i33i3n  mye?  tiibno  nx-i'c  no  13  iKsn"  .t"\n 

:DrD'?D3  n'inc 
û^3Di3n  n3i3n3  j^jyn  ni  pKW  iks"?  oipon  ma  i"n  i"?  yt<v  13  "ix3J  •  n'^n 
■non  Vy  iSm  i:"ikc?  onTiiyuno  nxi^c;  no  nso  DrD'7t:3  n'':nG?  ]EiKn  hv 

:Ninn 
nbuDD  E?in3  3©inc?  no  m^pnn  rxi3  nVnrnni  vivn  ix  by  i3  ysa  •o'-'n 
rxi  nD*'7»n3  'mon  Kintf  noD  unSii'?  ix  u"?  d'"?©  ]eik3  D^3:i:n  nyur 

:  n-i'pnn 
liiKn  nyi:r'7  v\^'^^  ono  "ico^w  ncn^e;  ic?sk  ncx  "imon  ^pVns  13  nipnj  •  'on 

:  Dn^ni'?i3D  niDUi  tûiCD  |Ein3  nviirn  pnt  rn3n3 

:n33iiD  nyiinn  rxi  rmn3  nnion  '•p'jntj  it<viz'  no  nsp3  iipm  -«"an 

ûipcno  3Di3n  '  pmD  ■'JDD  ")iiNn  ryi:r3  r|i'?nnD  3"nn''D  nD3  ia  iipm  •  3"3n 

:mc?n  nyi:rn  vVx  onvr©  'jj'jjnts 
113131  D^aopn  pyiar  ^  ■'JDD  ^^^K^  ryiin3  3"nr'E?  no  r"?i3D3  ia  iipnj  •  3"3n 

:rKi  nyi:rn 
ryurs  t\^^n  ons  you^v  '©dkw  inion  'pbn  "73  «idi  133»  13  1x33  o'bn 
*        '  '  -     .     .  :"|nixn 

ipan^  xV  nne;i  nEpnn  'js'js  pn3n3  0^33133  »iiSnn  pyi3r  piVisd  13  ni3i3  •  n'sn 

:  D>3D133  n3DD  nxi^»  no  pi'jwdV 

:  013313'?  p^x-isn  «jiVnn  pyi3P3  niiis^e;  -ipion  ip'jnD  J^^p  13  -nsu  •  i"3n 

D''3T  D'''73'?3  12D  i"?  m3n3  on  3313*?  Pixi3n  pi3")n  piyiipnw  13  1X33  «l'an 

:  D"'3"yOn  psp  i3C?n»  id3  pi3"i  piyi3P  iDsyo  ^h  rn^c;  xV  Dpyi3P3  yyi3n' 

noV  cscD  IB1X3  pxpD  Qi'jsVjn  nap"?  nyi3Pn  pxi  n^np  yn  13  "1x33  .n'sn 

:  DP313PD  nxi^er 

'  A  la  marge  du  manuscrit  :  nt  n313P  1*7130  tCt. 

'  Le  n°  33  se  trouve  écrit  i  la  marge  du  manuscrit.  On  j  lit  >33D. 


DU  XIV'  SIECLE.  627 

rnvurn  •«le?  d^3t  d'-'jj'jj  nnano  np""  no  mpco  n  itij  •'Vn 

.td"?  'a^ira  Drn:n  2^^w  -icn  cain  o'''73'73n  inc  la  ■^^f^3  •  «"Vn 

dVc»  acn-'a  D'aopn  nsur  ■'iDD  ppnno  mp''W  no  ri'7i3D  ia  ni:n  •a"'7n 

iixT-e;  no  mVuD  '7»x  nD-'OCO  Tba  onc?  nxaji  fjiVnn  ryiJnc  nxT'a  no  ijdd 

:  D''a2iD3  nvunn  nxTD 
cnvrc  VjSjhd  nipcno  aDian  pmo  "•jbd  nto  mp''»  no  nSuD  la  "iiau  •  3"'7n 
:  D'aaiaa  »ii'?nn  nyiJno  hni'c?  noV  mcacD  "Ti'ja  |n»  -iNa:i  nic?n  nvurn  vSn 
nxTc  no  ana  -i^irc?  cek  icn  -inon  "'pVnts  rsp  ia  m:DV  D-'bci  o"St 
iCBK  ■'NC  DiT-piVuDD  nxa:!  nyi;nn  ■«ti-îD  pn-'S''  ■'JDD  D'iaaiaa  t)i'7nn  ri'unc 
:  D''a3i:3  »)i'7nn  ryijpt:  rtKi-<v  no  D-ip^nn  iVnd  toxd  d^vv 
D'3:i33  nyi:nn  rxt  Dn3  i^isnc?  àtKV  "inon  ''p'?n  Va  i3  nao"?  d"'"'?»:  •  n"'?.! 
DC?  nK3D''i  D"'3:i:3  nyurn  nxio  ntn^v  no"?  niNJ  pbn  Vk  13  s?r  pjyn  «iid3i 
'p'jno  -"HNa  xsD''  K"?  ■>:  xinn  ]ein3  dk  ■'a  D''3ai33  nii:rn  rxt  nn:n  oex  "'XC 
:  o'aaian  »)i'7n  nyi:nD  nxi:n  n'jucn  ia  ip3T'C?  no  D''ix»jn  -imon 
rwiJPn  i'?x  ■>Bi'7no  nNT"»  no  bV  PTDxn  n:iDnn  rcacn  n  d'''?»:  o'^t 

:  nt  DHO  mp-  d"'Ddi3  c'jjVj  rnjna  D'aaiaa 
:  D'BDun  c'jjVjn  iVx  nn:n3  np''  mpBD  13  ttj  •  fbn 

tD'EDIin  D'>'73'73n  iVx  ■'JBD  pppnD  Hip^t?  PD  PlbuD  13  "IX3J  •n"'7n 

.•DVD^Da  na  D'aonc?  njiapn  ia  "iiau  •tD"'7n 

:  nvm  pjidp  '7y3  D'aonc;  njiapn  n  -ii:»:  •  'en 

:  dvd'7D3  p:i3P3  nxnnn  '«jbixd  we?  no  13  niau  •x"Dn 

:  nenn  nji3P  bv2  Pii3P3  pixnnn  ■'iBiXD  cf»  no  13  iiatj  •  3"Dn 

njiapn  nMPC?  vtH  ''HV  '«uni  moSn  |vyni  ennn  isD  13  ^xap''  .j'en 

toroboa  npix  n-'jnc  ;Bixa  D''a3i33 
niiapn  n-rir^v  c?bx  "xe?  ■'Mom  •«iio'jn  |rym  uinn  ^SD  13  -)X3P''  «l'on 

:  ne?in  njiap  'jya  npix  n^jnc?  |bix3  D"'3aia3 

:1Ta^D  3''3D  lO  a-'bi^inJi  ^i^i  psup  pnino  n-ip-»  no  pBD  13  "^pj  -n'on 

inx  x*?  Dx  D'Diipn  "'n3T  ■?»  pi'jn'?  nno''  tàv  cj^ïon  pny  13  t»"'j  .  Von 

:  n3-i  m"ip»i  3t  jv» 
iDipDi  -|-iixn  'jj'jj  pyi:pD  iDipoi  3313  aaïaa  n3i3n  oipo  t'sn'?  13  i-'v:  •  t'on 

:  «iibnn  'jj'jj  pvijpd 

iT'jnw  D'"P'''?3Pn  D'3ipP3  PiytsnD  B3D3  xscw  no  T'3n"7  13  Tic;'j  -n'en 

Vsx  DX  nn  t)i'7nn  nop  p"i>toj'?  dx  (ji^nn  pyup"?  dx  pixn  pvijpV  dx  DrD'7B3 

:  «jiVnn  pïupd  nVvo  B"p  bsx  dx  «ji'jnn  pyiip  pbnpn 

o"'3DD  |BiX3  ijixaw  P''PDxn  njiapn  njip  yx  m^pnn  "i"n  "jx  ia  ■t'C?''^  .t3"Dn 

:  D^pi^apn  D''iippn  mywD  mvv  noV 

79- 


\1V    SIKCLE. 


028  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FllANÇMS 

no  '?:'?  D-'îDC  ]BiN3  nrniHD  p'i'D  up'-y  nh  n:irpn  rxirc  la  '  to"':  •  ':n 

:  n'3:i:n  pi"::nr;  cina  ns-iic 
13  -iixarr'  in  •  D"in3   n'Dcnc*  i3  •^Kirf  xn     ■  cnisi  cSr'?  r'?n''  .  x'jn 
ro^ccn  ys':x3  xvn  yixnc?  13  ■iN3n''  in  -nn:  \"Nn".  ci-rùr^rn  en  D'crnc 
13  -'n'c?  a'in"'  tcbci  "nx  ''73'?:3  dS:  on  D''r:"pn  csiirnc  "3  "N3P''  «3  in 

:  nw;:  en  irx  phv  D'aii: 

: 0''?:c3  NSO:n  'a'rnn  Sijyn  ;'':yD  is  "npn;  .  j'jn 

:  cccno  miN  cSapc  casirn  '?:  pxcr  i3  iNzr'  .-":n 

:  i:c3D  isD  m  m:'C'2  "rrrxn  cr:wn  mpc  i3  c'p: .  n ■:n 

n3i33  C'Dc''?  nNijn  -nrcni  cccn  ''jj^:  ir-r:  ns-'S''  iivc  i3  -ixsrr  •!":-: 

n'nnc;  n-n  dn  aoc*3  TiiNn  nyi:n  ppn  iii"C'  t!X"'3  nsp  -xsn''  cci  Vcrai 

nSj'?^  i;-ir:  3''3c  ipvi:.-i 
13  n3i3n  »-iyi:r  niru?  Vy  nio  -ir:y:i  'i:i0î3  cccn  n3i3  mpc  "ji*  la  npn:  •  î';n 

:  c'C-ipn  "'î:3':  i:d3C  ^n  i:e^sc*: 
:c'DC'n  'rii'C  unsic  nx3n''C?  nr:3  i'7B1w  3CTi''  mai  pipcc  i3  -iirt:  .n":n 
Ww'  ■IX3P"'  nj  Dît  yyiipc  cccm  n3i3  l'xc  cvrr'r'ja  3"nc'  nc3 -npn:  .e':n 
:  xj-'c  pxT  dvd"'7D3  D"'xn  vnc  ic:  ^c;"'^  pcixn  mpi:3  3ic"'''  cpp-c  cex 
:  p-inxPDn  dpsup  -nrci  o-'D^pn  csi-on  hihi  p:i:pc  13  -ipnj  .  en 
■   r.     '  -      •  :■•!  cDcn  •'''?j'?3 '73"'73  p:i:pc  13  ■'ipnj  .x"cn 

îDixD  PibîCn  hih:  pbm  pVn  V:  P"Ci  "iiyiC3  xn  •  d''-i3-  nycp'?  pSn'  •  3"cn 
m^îDn  'rJii  -p'jn  dï  ■iiî:"'Dn  jbixc  nbyc  ne  nii"C'  Pi-!in3  in  .^1C^c^ 
in  •D''Ci:n  d7dx3  mspi  dim  pdcip  -in -iirc  pyiina  jn  .-.vr\  jDixa 
.  av  3t2ipn  n3i33  n^Tin  •'jbd  cDun  D''pEX3  n'7i*D  pnnt  amo  nivc?  p»-*? 
ÎB1X3  m'jicn  Wj  ''p'jn  d»  nic/'cn  |eixd  n'jyc  ne  -iiït  pyiina  nn 
t":i  pi'7yD  i":  idd  aoipn  i3  narc  yiNî^D  n^n'c*  no  pi"?i5C3  in  .nt:i:n 
oyi  cccn  lysD''  piVran  bihi^  nVyc  it-ix  oy  i3  yiu  in  opv  ix  D>pT 
nycn  '^y  niDy:  yx  13  ynu  nn  -D'cjun  cpExa  laiyi  imr  liCD  n'7yc  ifx 
IBnni  n''?''?3  3D1d  nsu  ix  ora]  c'Dc;n  n3iJ3  upy-"'  ■'JBD  nyjnn  ix  orne 
trorno  mpVn  lorn  »)pnn  niycra  xsd;  no  »)iVn  iiyo  13  yiii  en  .»[p  03 

:p2P  j''31  dtnt  psp  p 
:  niM  PjIipd  iippae;  mip  nVnn  vby  iicyic*  "ixtc*  ne  Vx  13  tcj  .  /en 

:nTn  c-nn  ;nD  13  -jipn;  .n'en 
.•pn'scxn  HTn  pyijp  myn  p-'yxoxn  ccrn  pyur  iiycc  13  iipn:  «n'en 
a"i3:i3n  piDipDD  D^Dnipno  on"''?»  i:dddo  □>B3!:3  n-ip^  no  pEC  13  iip:  .l'en 

:  D3DÎ3  D'C^pn 
'  nN3P' ,  selon  le  correcteur. 
'  6 1  est  écrit  à  la  marge  du  manuscrit. 
'   Les  mois  entre  crochets  ont  été  ajoutés  pr  le  correcteur. 


DU  XIV'  SIECLE.  62 y 

cTcn  nïi:r!:  c'i^c'?a2  rhs  cicnc  ne  ;ein3  cic  na:c;  la  1x2:  -t'en 

:i:n3T  rntx  "jï  nnï  «itic  ne  ;eix3  xim  i;n:x  la  i:c:cnc  ne*?  n-'yscxn 

:r"'yscxn  cccn  ni"i:r''7  nm'jn  ncyeS  13  tc:  -n'en 

tnn'S'rxn  n^-n  nyi:r  TiycD  12  -iipn:  -c'en 

r'i'scxn  n-i'n  nyi;n'7  mm'?  12  nri':i  n-;'2  '"jnn  cxi  ^'7nD  nirc  12  r-i:  •'yn 

:"'''?rn  cxi  mpm  «l'.'jnn  ryi:rD  m'n  Dipci  n2i3nc  ipn-ici 

: ucac  -se  p^nexn  mM  nvun  Vs  12  iip"^  •  ><'■"> 

: n-1'3  iJC"rc  n:'î:rn  rncx  '7i*  ~^snb  'ts  12  -iiy:c'  ne  n  ^^2t;  •  2'yn 

nx-i:n  neann  picVnnn  '  ^ivc  -se  n;i:nn  rXT  c^p'?  ncic  12  X"|2j  •  j'i-n 

:m''2 
ne  'icc  ne2nn  nc'jnnn  iiyco  liixac?  ne2  mp'  no  poc  12  -it:  o'ïn 

:  niycc  ci''e'702  nx2C  nCT>c; 
nxnjn  iiycn  -sei  nT'3  nxn;n  '7sn  -se  n:i:nn  nxt  o^p"?  rcic  12  x''2:  •  n'yn 

:  n-fn  ^B1p'7 
s  ie;  '7SN  r)i'?nn  nvi:p  nep  n^c;  ;ipn  -se  nji:rn  nxt  -"y  12  nexj  •  V'yn 
PKTC  2"nr'c;  ne"?  C2e2  d^'icc  l'i'jnn  rr.:rc  n'jsc  's  iC3  'jsxi  n2i3no  n'jyD 
rsp3  rjc  ce  nyon  n'n'  '73X  ct'o'jds  n;i:pc  3''"'np''C'  ne"?  d'-zc  x"?!  nji:pn 

:  Pi'jye  •'PC  iod^j  picipcn 
D-r-i-n  bi(  nî  oy  -l'Cii  m''3  nno  mpn'?  iiosic?  o^amn  13  1x3:  .  i"yn 

:  an'^jx  i:'7''2rc 
Dccn  Y'?"C'?  Pim'?  "12  ncy:i  nT'pnn  pxt"?  piS'-yie  piysn  psp  12  1x2:  •  n'yn 
'sn  pivci  «ii'?nn  pyijPD  leipo  •'d'?  nyc?*?  nT»  •pnm  nsuno  ipmo  "'d'?  ny^S 

:  ]B"iD  cxnc  ipmo  '"d"?  3iixn  "iiy  pDiN3  Dvn 

:  ■'poxn  ^13:n  py3  pipVn  yscx  Tiep  n\T'  x"?©  12  nx2i  •  B"yn 

D'D'rce  D*?:  nm  oses  Dn'''7y  une»  o^mM  o^ccc  d''3"i  prip*?  13  ii:»  •  'en 

:  liiDîO  nii2pne  3"np"'C'  ne*? 

: ^;^X3D  ]Eixn  Vy  n\i  niirpnc  nîc  iX3P^  xinc;  n  -iX3i .  x'sn 

pyijp  ■'nc'31  -[n-T'i  reo  pyi:p  •'iic?3i]  "•m-'n  cnnn  ]Ct  -"iics  i3  mpnj  .s'en 

:  i;-irtD  pvmpn  i"'?xD  nsun  pyi:p  •'iie?3i  '''?pn  c?xt 

rascc  3C?n  mVi  worno  m>n  pmc  pscns  croVcs  33c  n33c;  13  nx33  •  3"Dn 

n*?  ccrcD  ■'p'72  on»  o^oiipp  pvmp  ''t22C  iV 
rïliSnn  py;:pi  n3i;n  pyi:p  onc  pncn"?  DTnipn  '^302  w  ^1pn:  .l'cn 

:  D'O-ipp  ■'Osec  tiiVnn  pyijp  -,3  mcj  •  n "en 
:  D''Dnpn  iC3CC  m^s  annn  pyup  12  me:  •  •  en 


Mot  ajouté  par  le  correcteur. 

Les  mots  entre  crochets  sont  ajoutés  à  la  marge. 


\1\     SIECl.t. 


mv' siÈci.F.. 


630  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

D'mip  D'oaD  rxp  nxo  m-ia  unjn»  '  naiann  "?»  mp'"  no  pcD  la  tt:  «t'en 

rcro'jtsa  orw  nst 

rpirnSn  nvn^  ^[annai  ^^^t<a]  m^a  nnann  riDSnnn  tivc*  ia  »mj  «n'en 

nipSn  nya  annai  fiiNa    noann   nis'jnrn   iiyc?  ryT»"?  ia  vwj  .QDn 

:''DDe?n 
Kinn  np'jn  rya  m^n  race?  Dipca  yiKn  Vx  loip  '•xn  -n^cro  la  nipn:  .'»n 
e?DC'n   pmDi   [yiKnD  n-f   pmo]  niy'Ci  '7sn  pix  nivci  tîaoa  ujcnc 

ryiN-iD 
P'''7Dra  inrnar  naun  p^'jDna  inrna  yiKnD  roern  pmo  lire?  nviina  •  x'sn 

:  diVecm 

:  rsp  hK  Drsp  yiNm  m'm  E;oc'n  ntsp  on''  ia  yni: .  a"sn 

1D3  yiNno  DDCn  pn-iD  "?»  pnpia  niorr  cen  TiVa  Ninc  ia  ynu  o'sn 

nrr  .T'H''  ià^  z^'•<^Tm  «ine;  -iCNJCfa  anpa  inj^oa  "jax  D^j^yDnc  o-aT  lacnc 

:  ne  iiyc'r:  mnc  n"?!  ne  iiy^cc 

:nNT'c*  pmp  nj  'xa  "jsn  -lOip  ''sn  myc?  ia  ymj  .i"sn 

: i3"):iw  pvTnpno  no  pmpa  "jsn  imp  'sn  iirc  n"'n  y»  ia  -iipnj  •  n'sn 

ijDca  ODon  pvnai  naua  wvn  prna  m^n  pi-np*?  Pini"?  ia  ncs:  •  l'sn 

")Sno  ''iipp'?  pim"?  ja  dj  neryji  •jEcrai  naua  cccn  pi-np"?  pini"?  p  d3  ncy;i 

:  amon  isi  m^n  anio  iirc?  py-'''7i  m'n 
lyiNnD  CDcrn  pmec  uixac*  neo  mp''  no  pDC  ia  -l'-pj  .j'sn 
:  niN'jcn  pxta  TipnD  u"?  n-^pa  no  ia  smj  .  n"sn 
Kini  cr^jn  "'jnjD  Dnaaai  o-'at  pcpa"?  ind  ia  unnts  paon  la  «la:  •Q"sn 
nn'7iDn  '?y  ono  -idï"?  ij''E?yo  pim'jn  la  iiau  «n  .Q>iiaT  noonV  p*?!!; 
D'Pan  pVnpn  hs^  py  "jaa  •'PDiXn  c*cc?n  oipo  "jyi  D^pDxm  o^yscNn  nmjjm 
TN  la  ymj  an  •  ■'T'i&yni  "■yac/ni  ■'yaini  pcxtn  ani  niiD-'  onc  nyaiKn 
IN  -'jicno  yi3  TIN  ia  ixa:  in  .  nsn:c'  "ïscn  im:  ik  i^to  nt'N  Vy  ono  iicy: 
'POKn  c?DC?n  mpD  pyT""?  ia  -^"Vi  nn  .'poxn  nujn  ix  nVicn  ■'ysoNn  lujn 
pyii"?  pi"7p3  ia  ■ce;'':!  D'i^yo"?  in:Pi  nn  .  nyaiNn  PHP-^n  ^\slh^  p»  "jaa 
PimV  psp  piysoxa  py  "jaa  ■'ponh  m^n  mpoi  □"m-'ni  D"ODrn  prip"?n  ]iaG?n 

:  pjyn  nt"?  ij-ian 
noD  "ipv  e;DE?a  Tii»xn  pyup  jipp  mvc?  ono  a^in''  D'aao  psp  ia  iji3i  •  'pn 
pyijp  pbnpn  Vsx  mo  ïjiVnn  pyijp  nop"?  no  n''D3  we?  nin  DPspi  inijn:nc; 

:i3  iVnon  ^ippD  nNTC?  no  "ja"?  d'^dop  pt''?  pjidp  ia  umo  «K'pn 

'  Corrigé  de  nyupn- 

'  Les  mots  entre  crochets  sont  ajoutés  par  le  correcteur,  de  même  aux  n"  90 , 
loa ,  etc.  ,       , , 


DU  XIV  SIECLE.  631 

^Jipn'?  mm"?  nc?»ii   iccNn  n'^Vsna  m\n  riiDna  omycn  pnpnaj  o'pn 

:  hVnon 
D-Jiprn  mï'CD  cricinc  no"?  q^:d^o  ]dik3  n«  "'VjVj  n:i:n  "j»  la  -iipnj  o"pn 

:i2 
pacn*?  rini"?  dd  ne?yii  tjiVnn  ryi:nci  naunc  njj  mpD  la  niE?3  .  n"pn 

:  ia  riNXDin  myunn 
ryiJPD  nHi'^v  no'"?  PCDCDn  trn  njja  i:njnu  niiDnno  it  'n  ia  nipnj  •  n"^n^ 

:  ia  ^'7^D^  ijipnV  nm"?  dï;  ncvii  r'ncxn  nji 

:ia  D^Jipnn  mrcD  ocinc  no"?  D^rcc  jDiNa  a:i3  'tj'jj  nii:r  '?»  ia  iipn: .  i"pn 

:  paonn  ni"?  nm*?  nci'Ji  »ii'7nn  pyijnoi  ra^nn  ans  mpo  ia  me:  •  T"pn 

pyurD  nKT'C?  no*?  pdocoh  k-'h  apiaa  i:n:nc;  Pi;i:pnD  ii  ■'K  ia  nipnj  .  n^n 

:pppn  pimS  noyji  apia 

[:nî  ujDîa  tiikh  pïijpo  iDipci  ■'xpaca  naun  oipc  "?»  ia  iipnj  .tD"pn] 

PKPae?  ''jippD  c?-icinc?  no'?  crever  ]EiKa  ^NPac  p:idp  bs  ia  iipm  .•'"pn 

Mwr\Z'  PDD  naunci  ^^^x^  pyi:pD  ""«pac  mpcD  mipnn  ia  d^Vc/j  ..v"''pn 

n"?  PiKXD:n  piyi:pn  pacn"?  pim"?  npyji  o^oaDno 

:  pppn  nimS  ncyji  ppiixn  k\t  '•xpaca  i:njnc*  puiapno  nt  'k  ia  iipnj  .  a'-pn 

:  ni  i3:Dîa  tiikh  pyupo  itsipDi  pnsa  naun  DipD  '?y  i:  -npn:  .  3"ipn 

:pns  'JippD  c?-i»inc  no*?  crco  |DiNa  pis  p3i:p  b:>  ia  iipnj  «n'^n 

unjne;  noo  naianoi  tiinh  pyi:pc  [pis]  oipo  "jy  nT«pnn  ia  whvi  .  VTspn 

:  i'*?  piNSDM  piyupn  iiacn"?  piniV  ne?yji  D^'oaca  Mwnv  pisa 

:pppn  mm'?  ncyji  ppmsn  K>n  pisa  i:njn»  puiapno  n  ik  ia  iipna  .V'^n 

:  m  ijjDîa  ^^1Kn  Pii3PD  loipoi  DnxDa  naun  mpo  "jy  ia  nipnj  .  t'^pn 

:DnxD  ':ippD  cie;ine?  no"?  D^ace;  jBixa  d^kd  p:i2p  "jy  ia  npm  •n"'>pn 

i3je?nef  hdd  naunoi  "|iixn  pyijpo  onKD  Dipoa  m^nn  13  d'''?»3  •B'''pn 

:pppn  pim"?  nc?y:i  DioaDa 

:ppnn  pim"7  nc?y3i  ppiisn  tcn  onKDa  unjne?  piiiapno  ii  ik  ia  iipnj  .3"pn 

:i3£3aD  1SD  Qiaaiaa  annn  pyijpno  oroVea  vhs  c^orm  ne  ia  iiau  .  «"apn 

:Di3ai3n  n"t33D  oaoa  i:"?  3e;ine?  ne  n  -nau  -a'apn 

D^aop  D-iKipa  iK  ivn^v  loa  o^aop  d"''?^'?:'?  rnie?  ûttt  inc?  ia  iKa:  .  j"apn 

:  pwSa  namnn  ns  bv 
nOD  D^aaia"?  n^Kijn  annn  nyiiP  ohvn  yn  l'-vrà  Piysn  psp  la  y>sj  o'apn 

.•DH-'Vj'îa  njianno  mine; 

ro'aïajn  o^aaian  p  inK  nnxa  '  nt  nhvv  jap^  t'k  .n":pn 

annn  rininc  ovc'jBa'?  a-'^nr'»  noo  D'oatîn  iD^ac^  kVw  ia  njoi  •  Tapn 

'  Corrigé  à  ia  marge  :  P'jenjn  annn  P»Hn  abvn  "l'K. 


\1\     ÏIECI.I. 


XIV    «IKr.l.R. 


032  LES  KCRI\  AINS  JUIFS  FRANÇAIS 

n-isinc  Dpsp  T^it  laS  □"'piis  on  D^T'''7:pn  onncn  ^x  Dipr:  aipca  D'ania 

:nnn  TiK:  xS  vd"  iSD  Dn'':n'? 

:D'a:i:n  n^c:'?  Pim'7n  12  nrs:  -Tzpn 

nj:  ^j'?;  ti'^iî  mM  '"jjbi  pai  cccn  '''?3'73  j'a  mvz'  cen  'XC  i3  -X2:  .  n  ':pn 

:  2Di:i 
:  c":s:?n  nnn  api:i  nu  in:vc  ■'ixi  Ninc?  ne  o^p"?  rvx^  psp  n  iVa:  ••j";pn 
p:  prrrrn':  n-n-c;  'ixic  nr:  '71*  -lov'?  nn;nn  rxiD  ic-n:  yx  la  -"xa:  •h"'^r\ 

:  •'jcn  a:i;n  •'hi'^ih  inxn  a:i:n  "'rs'?: 
yxn  -lep  iivc*  .T-n'  lac?  iiyca  y^ttn  oioo  D-a:i:n  ^n-':  -xai.x'?pn 

:nnN  n'71'D 

ry-ixn  in:  "jx  cn^a  D''a;i:n  nn"C?c  la  -npni  -^\n 

^M<-  nn"  xin  bax  crrcnD  noo'?  am:i  njj  rn'c  a-'in-  x'?c;  ".a  -xaj  o'^pn 

:  cccn  Vj"?]!:  n'jyc'?  in:vc 
am:i  njj  rn:n  ••d'?  DnmycM  y""*î^  »:icd  o'aaian  'pn-io  ia  ^xa:  ••i"bj<n 

n'?yD'?  nu  nnjn  •'D'7  onmyci  y""*"  l3^DD  D'aaian  Yn-ic  ia  -xa:  .n'Spn 

:  cccnc  nco'?  an:i  cccno 
rpox  '7y  niiy"?  ir^'-y  npctr  nîja  n'<  pS  min  |P31  iDXon  nt  ia  onn:  •  V'rpn 

:  nx'îEin  nc:nn  nxr 

B.   TRVDtCTION  LATINE, 

Daprès  les  manuscrits  de  la  Bibliotlièque  du  \aticnM  n"  SogS  «'t  338o 
et  le  n"  D  3 2 y  de  l'Ambrosienne  h  Milan*. 

Haec  ait  Léo  de  Balneolis  habitator  Auraycœ.  Prœmissis  his  qu£e  ad  in- 
tentionem  nostram  necessaria  videbantur  et  quorum  scientia  omitti  non 
potuit  in  cognitione  sequentium  in  quatuor  partibus  praecedentibus  libri 
nostri,  in  bac  parte  quinta  remanet  nostra  intentio  inquirere  quomodo 
debent  poni  orbes  cœlestium  corporum  et  numerus  eorumdeni,  itaut  ea 
quae  nostris  apparent  aspectibus  videantur  veritate  subnixa  et  ut  quanti- 
tas  quœ  diversis  temporibus  ejusdem  planeta;  videtur  esse  diversa 
nobis  certa  apparcat  ratione,  motu  naturali  quem  oportet  necessario 
confiteri  servato.  Et  adbuc  in  bac  parte  amplius  inquiremus ,  scilicet 
causam  propter  quam  istis  planelis  inest  diversitas  motuum  quam  vide- 
rnus  in  brevitate  et  tardilate ,  in  retrogradatione  et  directions ,  in  diversitate 

'  Nous  sommes  redevables  du  texte ,  membre  de  l'école  de  Rome ,  et  la  col- 

ropié   sur   le    n"    3098  du  Vatican ,    à  lation  du  manuscrit  de  Milan  au  savant 

M.  W.  Bliss  d'Oxford.  Nous  devons  la  col-  bibliothécaire  M.  Ceriani.  Sur  le  n*  .338o 

lation  du  n°  338o  du  Vatican  à  M.  l)orez,  voir  iNolhac,  liibl.  On.,  p.  348-3/^9. 


DU  XIV   SIECLE.  633 

latitudinum  su.iruin  versus  seplentrionern  et  ninridiem ,  et  geiierahter  de 
omnibus  accidentibus  qua;  corporibiis  cœlestibus  iiiessc  videnius.  Et  post 
liaec  in  ista  parte  etiani  inquir.'inus  qua;  proportio  intelligentiarum  mo- 
\entiuni  ad  inviceni  et  quem  aspectum  habent.  Ad  primum  sit  Deus 
per  oninia  benedictus.  Et  propter  lioc  pars  ista  in  '.^  tractalus  dividitur. 

In  primo  orbes  cœlestium  corporuni  et  ipsoriun  numerum  inquire- 
inus.  In  secundo  ponemus  causas  onmium  accidentiuni  qua;  in  ca- 
lestibus  corporibus  prœdiclis  peiperidinnis  <piantum  iiostra  scientia  se 
oxlendit.  In  tertio  qua;  sit  intelligenliarum  istos  orbes  moventium  ad  in- 
viceni proportio,  adjungemus  et  quem  ad  priniam  ibrmam  babenni 
aspectum. 

Primum  tractatum  in  i3G  capitida  divideuuis. 

In  primo  capitule  ostendenuis  quodista  inquisilio  est  conxeniens  huic 
parti. 

In  secundo  declarabimus  quod  totiun  nostrum  posse  et  quicquid 
virium  optinemus  debenius  exponere  ad  liane  nobilem  scientiam  adqui- 
rendani  propter  immensam  nobililatcni  niaferiae  de  qua  tractatur. 

In  tertio  manifestabinius  quamdam  difTicultatcni  ([uan  nobis  occuirit 
in  inquirendo  \erilatem  in  materia  sa-pedicta.  Et  in  isto  capitulo  osten- 
dcmus  causam  quîc  nos  induxit  ad  ([iiarendum  inslrumentum  certum 
et  facile  per  quod  quicquid  est  necessarium  ad  prsmissa  certissirne  et 
tacillime  sine  deceptione  aliqua  reperitur. 

In  à'  stabiliemus  quaedam  principia  qua;  sunt  ad  omnia  i\uw.  inten- 
dimus  opportuna.  Et  istud  capitulum  in  3  dictiones  dividitur. 

In  prima  ponemus  descriptioneni  seu  interpretationem  quornmdain 
vocabulorum  quibus  utimnr  in  bac  arte. 

In  i'  ponemus  quasdam  demonstrafiones  geometricas  ad  scientiam 
cordanim  et  arcuum  directives. 

In  3*  docebimus  mediantibus  dictis  demonstralionibus  fieri  tabulas 
arcuum  et  cordanim. 

In  II'  ponemus  tabulas  et  canones  [et]  usus  caruin. 

In  5*  docebimus  per  latera  qucrdam  scita  et  angulos  quosdam  trian- 
guli  residua  ejus  scire  in  lateribus  et  angulis. 

In  5°  capitulo  ponemus  unum  principium  utile  ut  cognoscamus 
semidiametrum  corporum  solis  et  luna;  per  comparationem  ad  circulum 
quem  describit  extra  suum  deferentem  experientiœ  tempore  per  quanti- 
tatem  radiorum  ip.sorum  qui  per  fenestras  domorum  introeunt. 

In  6°  scrutabimur  punctuni  médium  seu  centrum  vism  quandô 
per  instrumentum  nostrum  simul  duas  stellas  aspicimus  ad  hoc  ul 
cognoscamus  longitudinem  quœ  est  in  zodiaco  inter  eas  et  insuper  lali- 
tudinem. 

In  y*  docebimus  praemissi  nostri  instrumenti  facturam ,  et  modum 
ad  cognoscendum  longitudines  stellarum  in  zod  aco  vei  syderum  quo- 
rumcumquc. 

TOMB   XXXI.  8o 


SIN       IF.I  I.E, 


«niatttc   ^tiiwiti 


MV    MKCI.E. 


034  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRVNÇMS 

lu  8°  docebiimis  cognoscere  certissime  altitudinein  solis  seu  stcllir 
ititerius  cujusciim(|U(>,,  ad  sciendum  lioras  dioi  et  noctis  et  Intitudinem 
Stella^  cujuslibet  postquam  scivorimus  altitudinem  mcridianam  ejiisdem. 

In  9"  docebimus  per  istud  nostruni  instrumentum  cogiiosccre  diame- 
Irum  stellœ  ciijusvis  per  coniparationem  ad  cirrulum  qucin  describit 
extra  suiiiu  ditreientciii  experieiiliie  tempore. 

In  I  o"  docebimus  per  istud  inslrumentum  scientiain  distanliiu  solis 
et  lunu!  in  zodiaco  secundum  iongitiidinem,  ut  exinde  cofçnoscamus  ali- 
(pialiter  loca  steliarum  lixaruni. 

In  II"  poneimis  aiicpia  documenta  in  iisii  instrumenti  nostri  pra»- 
dicti,  ne  in  ipso  ejus  usu  aliquis  error  intercidat. 

In  1  a"  docebimus  lieri  asttolabium  ila  ut  in  ejus  usu  error  non 
incidat,  ad  cogiioscendum  altitudinem  steilarum  vel  syderum,  et  insuper 
adjiingemus  qiiomodo  gradiis  ejus,  quaiilumcumqiic  fuerint  par\i,  in 
minutias  dividaiitiir. 

In  I  3°  docebimus  invcnire  lineam  meridianam  in  omni  loco  in  quo 
luerimus  ad  fînem  certitudinis. 

In  I  li°  ostendemus  diflicultatem  notitiic  locorum  steliarum  fixaruni 
in  zodiaco  secundum  longitudineni  et  latitudinem. 

In  1  5"  docebimus  quomodo  invenialur  verus  locus  solis  in  /odiacu 
et  aux  ejus  et  ejus  fînnlis  œquatio  et  distantia  poli  zodiaci  a  polo  mundi 
ad  majorem  eertitudinem  quam  possimiis  optinere. 

In  1 6°  docebimus  perfecle  cognoscere  loca  steliarum  fixarum  quibus 
nos  juvare  intendimus  in  experientiis  quas  accipiemus  ad  certificandum 
nos  in  inotibus  planetarum. 

In  1 7"  demoiistrabinuis  quod  in  motibus  et  orbibus  planetarum 
non  pptest  stare  scientia  Ptbolomei,  quia  non  apparet  eoruin  (|uan- 
tifas  in  locis  diversis  consequenter  ad  predictam  senlentiam  Ptbolomei. 

In  I  8°  manilestabimiis  quod  necdum  babemus  radicem  demonstrandi 
perlecte  impossibilitatem  (juae  sequitur  ad  praemissam  sententiam  Pto- 
lomei. 

In  I  9°  narrabimus  ordinem  motuum  planetarum  in  quo  non  est  du- 
bitatio  nec  error,  juxta  experientias  omnium  antiquorum  et  nostras,  ut 
ex  boc  possimus  invenire  doctrinam  spera^  quae  omnibus  motibus  quos 
videmus  concordet  et  eorum  ordinibus. 

In  2o'  inquiremus  partes  contradictionis  ex  quibus  potest  extimari 
(|uod  sequitur  diversitas  in  motu  longitudinis  supponendo  modum 
simplicem,  et  dicemus  proprietates  quie  sequerentur  ad  quamlibet 
|)artem  contradictionis  praedictae.  ^^^ 

In  3  1°  inquiremus  aliquam  partem  de  eo  quod  restât  de  partibus 
contradictionis  supponendo  motum  compositum. 

In  11'  inquiremus  id  quod  sequitur  de  diversitate  ad  motum  longi- 
tudinis propter  motum  polorum ,  et  dicemus  proprietates  quae  ad  istam 
compositionem  sequuntur. 


^  DU  XIV  SIECLE.  635 

In  2  3°  inquiremus  id  quod  sequitiir  de  diversitate  ad  motum  longi- 
tudinis  propter  distantiam  planetic  a  loco  spen»  ad  quem  est  propor- 
tionatus  motus  sequaiis  in  temporc  xqnali. 

In  ili°  denionstrabiiiius  cvidenter  quod  non  sunt  ne([ue  esse  possuni 
plures  nec  aiix  partes  contradictionis  in  praedictis  motibus  pianetaruni 
secundum  longitudineni  nisi  iila<  (|ua$  posuinius  in  It  capitulis  supra- 
dictis. 

In  a 5"  narrabimus  aliquas  partt's  contradictionis  qua>  possunt  poni  in 
motibus  diversitatis  planetarum  et  proprietates  quae  sequuntur  ad  illas 
servando  radiées  naturales  ut  supra. 

In  iG"  incipiemus  inquirere  aliqualitcr  unam  partem  contradictionis, 
quae  restât  in  niotu  diversitatis  planetarum  praedicto. 

In  27°  ostendemus  quod  numerus  orbium  cujusiihet  planetarum  est 
aeqiialis  numéro  motuum  ejus  qucm  videmiis,  et  quod  isti  orbes  moveni 
se  invicem  secundum  formam  suorum  motuum  propriorum. 

In  a8°  demonslrabimus  manifeste  quod  inter  speras  seu  orbex 
diversarum  planetarum  oportet  aliquod  corpus  médium  confiteri. 

In  29°  ostendemus  quod  orbis  infcrior  cujusiibet  planetae  movet 
orbcm  superiorem  sibi  conjunctum  ejusdem  planetae  secundum  formam 
proprii  motus  sui. 

In  3o*  qurcdam  dubia  dissolvemus  qua;  possunt  occurrere  contra 
id  quod  posuinius  unicuiquc  planct.x  tmam  speram  ipsum  revolventen» 
in  motu  diurno. 

In  3i°  ponemus  ordinem  sperarum  qua;  planeta-  cuilibet  depu- 
lantur. 

In  32",  33",  34°  et  35°  manifestabimus  residuum  partium  contra- 
dictionis in  motu  diversitatis  planetarum  et  contingent ia  communia  et 
propria  partium  prœdictarum,  et  ibi  ostendefur  quae  pars  contradic- 
tionis concordat  his  ({uœ  videmus  in  motu  diversitatum  pra3misso. 

In  36°  demonstrabimus  quod  necessario  oportet  nos  addere  ad  nu- 
merum  sperarum,  ex  qua  additione  sequatur  a>quatio  motuum  diversi- 
tatis quam  videmus  propter  diversitatem  diametrorum  motuum. 

In  37°  quaedam  dubia  dissolvemus  quœ  possent  occurrere  rouira 
numerum  sperarum  quas  addidimus. 

In  38°  manifestabimus  proprietates  motuum  sperarum  quas  addi- 
dimus. 

In  39°  narrabimus  breviter  sententiam  l'tolomei  in  mulibus  plane- 
tarum et  sperarum  eorum. 

In  4o°  narrabimus  breviter  sententiam  Alpetragii  in  speris  et  motibus 
planetarum. 

In  4  »  '  ponemus  quaestiones  quae  consentaneae  videntur  sententia*  Pto- 
lomei  et  eas  non  concludere  ostendemus. 

In  42°  ponemus  rationes  per  quas  videtur  probabilis  sententia  Alpe- 
tragii, et  eas  non  concludere  oslendemus. 

80. 


XIV'  SIÈ'I.R. 


\i\'  Mi;i;!.R. 


o:j6  lks  kcrivains  juifs  français 

In  !i3°  dedarabimus  per  expcrientias  et  demonstrationes  goometricas 
«•f  per  philosophiam  natiiralein  iinpossibile  esse  speras  planetanim  sp- 
ciindiiin  modum  et  formam  quain  posiiit  l^tolometis. 

In  /ià°  similo.  fiet  do  seiitoiitia  Alpetmgii. 

In  lib"  solvcnuis  uninn  commitnc  dubium  contra  positionein  Ptoloinri 
«;l  VIunz(?). 

In  /|6°  dabimiis  inforinationeui  t'utnris  post  nos  nt  prionmi  scntentiii- 
[sine]  maxima  delilx  rations  ♦■!  oxperimcnio  raultiplici  nuliatcnus  se  op- 
ponant,  ntîc  ab  ca  icccdant  nisi  quoniiiuis  potuerint,  et  ciim  hoc  mani- 
toslabimiis  viam  (\\v.v  indiixit  nos  ad  hahenduin  notitiain  inotuiim  pia- 
netaruni  in  latituditicn»  et  au^mentnni  ipsoium  et  nichilominus  îoci 
eorum  in  inotii  div(>rsitatis  ciijuslihet  corunidem. 

In  67"  docebimiis  invcnin-  lociim  cujiislibel  planelaruin  in  motu  ejus 
sccundum  longitudinem  et  locuni  augmcntuni  praedictorum  et  iociini 
(•f)rnnj  in  motu  diversitatis  ipsonim. 

In  6H°  ostendemus  cpiomodo  sciri  possit  si  sit  error  in  asquationibiis 
niajoribus  centroruni  epicirloriim  in  longitudine  longiori  et  eorumdeni 
in  longitudine  propriori  et  motus  diversitatis  cujusiibet  planetarum. 

In  /ig"  declarabimus  (juod  ad  inveniendum  radiées  certas  in  mo 
libns  planetarum  non  possimus  tantuni  innili  experienliis  et  sensui, 
sed  oportet  habere  rationes  ali([uas  doctrinales  et  magistralia  argiuiienta , 
et  eas  ac  ea  docebimus  invenire. 

In   r)o°  declarabimus  quod  per  positionem  noslram  ante  expositam 

solvantur  omnia  qua;  apparent  in  motibus    planetarum   [tam ] 

quam  ad  diversitatem' (juantitatis  eorum  vise  motuumque  suorum  ap- 
parentium  in  longitudine,  latitudine  et  diversitate. 

Capitulum  5 1  dividitur  in  3  dictiones. 

In  prima  declarabilur  cpiod  cœli  sunt  figura»  rotunda». 

In  3'  demonstrabitur  quod  cœli  moventur  circulariter  et  terra 
manet  immobilis. 

In  3*  demonstrabitur  quod  terra  est  cœlo  concentrica. 

In  capitulo  Sa"  ostendemus  quod  omnes  stellae  fixae  sunt  in  una 
spera  nec  est  necessarium  quod  plures  stellae  ponantur  quam  iUcC  quas 
videmus  continue. 

In  53°  inquiremus  quid  est  circuius  lacteus  qui  apparat  in  cœio. 

In  bli'  declarabimus  quod  non  omnes  steliae  recipiunt  claritatem 
suam  a  sole. 

In  55"  assignabimus  vcrum  locum  solis  secundum  experientiam 
nostram. 

In  56"  declarabitur  quantitas  eccentricitatis  spenc  solis  et  mensura 
quam  videmus  in  sole  in  auge  et  oppositio  augis,  et  ibi  declarabitur  in 
parte  quantitas  aequationis  solis,  si  verum  est  quod  motus  suus  sitpro- 
portionatus  centre  sperœ  suae. 

In  57°  inquiremus  locum  augis  solis  in  tempore  nostro,  et  per  hoc 


DU  XIV  SIÈCLE.  637 

nos  docebimus  quantitatem  motus  augis  prandictœ  secundum  experientias 
nostras  adjiinctas  cum  oxperientiis  anti((uoriun. 

In  58°  movebimus  nlicpia  dubia  qua;  possent  hominibus  apparexe 
in  his  quae  declaravinius  universaliter  circa  soient. 

In  Sg"  inquiremus  argiinientum  propter  qtiod  credidit  Plolonuus 
probassc  augem  solis  css«î  imniobileni ,  et  se(juendo  viani  istam  osten- 
denius  quod  iocus  borizonlis  recti  sub  a?quatore  non  est  habilabilis, 
siciit  Ptolomeus  et  Avic»'nna  crediderunt. 

In  60°  inquiremus  niimerum  et  liguram  orbium  solis. 

In  6  1°  inquiremus  eanidem  in  octava  spera  et  ostendemus  quanti- 
tatem motus  ejus  retardantis. 

Capitulum  63    in  novem  dirtioncs  dividitur. 

In  prima  ostendemus  quantitatem  lalitudiniscujuslibet  gradus  zodiaci 
respectu  spenr  rectir. 

In  a"  ostendemus  asccnsiones  zodiaci  in  spera  recta. 

In  3'  ostendemus  quantum  crescit  vel  decrescit  quxlibet  média  dies 
totius  anni  in  quolibet  liorizonte  obliquo. 

In  l\'  ostendemus  per  scientiam  altitudinis  poli  latitudinem  cujus- 
libet  gradus  orientis  ipsius  zodiaci  et  per  consequens  occidentis. 

In  5'  ostendemus  ascensiones  cujuslibet  gradus  zodiaci  in  borizonte 
obliquo. 

In  6'  ostendemus  contingentia  seu  accidentia  quap  accidunt  in  loco 
terne  in  quo  elevatur  polus  per  gradus  66  et  minuta  27  ad  plus. 

In  1'  inquiremus  in  quo  gradu  zodiaci  transeunt  Stella?  fixa;  per 
lineam  meridianam  et  in  quo  gradu  ohuntur  et  in  quo  gradu  occidunt 
in  borizonte  obliquo. 

In  8'  docebimus  per  scientiam  altitudinis  solis  in  die  et  alicujus 
stellœ  fixœ  in  nocte  cognoscere  horas  diei  et  noctis  et  e  converse. 

In  9*  et  ultima  dictione  istius  capituli  ostendemus  dilTerentiam 
quantitatis  revolutionis  diurnae  quae  est  inter  unam  diem  naturalem  et 
aliam  in  spera  recta. 

In  capitulo  63°  dicemus  quae  .sunt  principia  per  quae  deveniemus  in 
notitiam  orbium  lunœ. 

In  64°  inquiremus  quantitatem  mensis  lunaris. 

hî  65°  inquiremus  quantitatem  medii  motus  solis. 

In  66°  solvemus  quaedam  dubia  quae  possent  apparere  in  experientiis 
quas  accepimus  ab  antiquis  in  loco  stellarum  fixarum  in  tempore  ip- 
sorum. 

In  67°  declarabimus  per  experientias  ipsiusmet  Ptolomei  quod  verum 
est  illud  quod  docuimus  de  medio  motu  solis,  quanquam  Ptolomeus 
per  eas  alias  questiones  intenderet. 

In  68°  docebimus  fieri  tabulas  medii  motus  solis. 
In  69°  inquiremus  quantitatem  medii  motus  iunae. 

In  70  docebimus  quantitatem  motus  capitis  Draconis,  et  ibi  doce- 
(  3 


\IV    SIKCLK. 


\IV    SIEI'.I.K 


()38  LES  KCRIN  AINS  JUIFS  FRANÇAIS 

hiums  fieri  super,  et  faciemus  tabulas  medii  motns  kiri:;-  et  distantia? 
fijus  ab  auge  et  loci  luna*  motus  diversitatis  et  medii  moins  capitis  Dra- 
conis. 

In  71°  inquiremus  nunierum  et  figuram  orbium  lunie  secuiidum  ex- 
perientias  nostras. 

In  ■72°  notabimus  illa  quii>  juvabunt  nos  mngis  ad  habendum  tcsti- 
nionium  veritatis  iilorum  orbium  quos  consentimus  in  luna. 

In  73''demonstrationem  aliquam  producemus  ad  aflirmanduni  dictos 
orbes  lunae  per  diversitatem  quantitaiis  respectus  quod  videmus  iniuna. 

In  74°  docebinuis  <|uod  argumentum  ex  quo  declaravit  i'tolomeus 
quantitatem  diversitatis  respectus  quod  argumentum  consentire  sua- 
opinioni  credebat  nostne  opinion i  consentit  et  snam  annichiiat. 

In  75°  demonstrationes  aiiquas  producemus  ad  nostram  opinionem 
orbium  lunae  fu-mandam  per  umbram  qua>  apparet  in  luna  et  per  di- 
versitatem quantitatis  quœ  in  diametro  lunœ  apparet. 

In  76°  docebimus  veritatem  nostra;  opinionis  in  istis  urbibus  per  ali- 
((Uiini  aequationum  per  diametrum  motus  diversitatis,  quia  experientiae 
istius  œquationis  nobis  et  non  Ptolomeo  consentiunt. 

In  77°  narrabimus  illa  qu<e  in  luna  quaerere  nos  oportet,  et  doce- 
bimus principia  et  vias  per  quas  ad  praedicta  pprvcniemus  perfecte. 

In  78°  declarabimus  piincipia  aliqua  pro  ista  inquisitione  utilia,  et 
in  eodem  faciemus  tabulas  veri  cursus  solis  in  una  hora  secundimi 
suam  distantiam  ab  auge  et  veri  cursus  lunœ  in  una  hora  secundum 
suum  locum  motus  diversitatis  et  numerum  borarum  média;  diei  propter 
distantiam  solis  a  capite  Caucri  in  borizonte  Aumycaî,  quae  est  latiludinis 
;'j/i  gr.idus. 

In  79°  declirabimus  quod  non  semper  est  médium  eclipsis  luna;  in 
puncto  verae  oppositionis. 

In  80°  recitabimus  multas  nostras  experientias  eclipsium  solis  et 
lunae,  quae  omncs  consentiunt  his  quae  sequunlur  ex  nostris  opinionibus 
in  orbibus  solis  et  lunae. 

In  81°  declarabimus  per  istas  experientias  quod  illa  quae  pusuit  Pto- 
lonieus  de  sole  et  luna  sunt  juxta  i'ormam  secundum  quam  posuinuis 
eadem. 

In  82°  declarabimus  per  experientias  supradictarum  eclipsium 
(juantitatem  mensis  lunaris  et  quantitatem  medii  motus  solis  et  lunae 
et  quantitatem  medii  motus  capitis  Draconis  et  quantitatem  medii  motus 
nugis  solis. 

In  83°  declarabimus  quod  Ptolomeus  erravit  in  multiplicatiunc 
numeri  longitudinis  lunae  a  sole ,  et  ideo  credidit  quod  experientiac  anti- 
quorum sibi  suiTragarentur  quas  sibi  minime  sullhigantur. 

In  Six'  inquiremus  experientias  antiqnorum  ad  inveniendum  ab 
eis  quantitatem  motus  augis  solis  et  quantitatem  motus  diversitatis 
lunae. 


DU  XIV  SIECLE.  630 

In  85°  inveniemus  quantitatem  motus  cliversitatis  lunu-  per  expc 
rientias  antiquorum. 

In  86"  ostcndomiis  per  expcrientias  antiquorum  quantitatem  motus 
latitudinis  luna». 

In  87°  solvemus  quotidam  dubium  quod  videtur  se(|ui  ad  nostram 
computationem  circa  orbes  Uma;  per  aiiquas  experientias  antiquorum 
quas  récitât  Ptolomeus. 

In  88"  demoristrabimusquantilales  (bversitatis  aspectus  kuia'  et  super 
boc  tabulas  faciemus. 

In  89"  docebimus  invenire  quantitates  (Hversilatis  aspectus  \\\inv  in 
iongitudine  et  latiludine  tempore  eclrpsis  soiaris. 

In  90°  inquiremus  quantitatem  semidinmetri  umbrie  terra*  in  loco 
in  quo  erat  luna  tempore  cujusdam  eciipsis  de  qua  experientiam  certnm 
liabuinius  et  quantitatem  ion;;itudinis  umbnu  et  quantitatem  distantia' 
lunic  a  terra  et  quantitatetn  distantitL>  solis  a  terra. 

In  91°  inquiremus  distantiam  ((ux>  est  a  sole  ad  centrum  terra- 
quando  est  in  auge  vel  in  opposito  augis. 

In  92°  inquiremus  proportioiiem  qua-  est  inler  quantitatem  corporis 
solis  el  luna;  et  terra'  ad  invicem. 

In  98"  volumus  ostendere  (juud  non  est  possibile  demonstrare  punc- 
tuatim  distantiam  qua-  est  inter  solem  et  centnim  terra-,  ut  quidam 
doctores  istius  scientia-  crediderunl,  seil  bene  potest  quasi  verilas  de- 
monstrari,  quia  potest  dari  vel  figurari  qua>dam  quantitas  qua  dicta 
distantia  non  est  major  et  aliqua  alla  qua  dicta  distantia  non  est  minor; 
ita  quod  dicta  distantia  mediabit  inter  duas  dictas  quantitates  sicut  dicta- 
dua;<|uantitates  non  multum  dillerunt,  velerit  lanta  quanta  altéra  earum. 

In  94°  demonstrabimus  quantitatem  semidiametri  uitibne  terne  tem- 
pore cujuslibet  eciipsis  lunaris. 

In  95°  inquiremus  quœ  erat  quantitas  sen)idiametri  umbrx  terra- 
tempore  cujusdam  eciipsis  lunaris  quam  superius  nominavimus,  ut  vi- 
deatur  quasi  concordare  cum  doctrina  praecedentis  capituli. 

In  96°  faciemus  tabulas  eciipsis  lunaris  sole  stante  in  auge  vel  in 
opposito  augis,  et  eciipsis  soiaris  sole  slante  in  auge  vel  in  opposito  au- 
gis, et  aequationum  motuum  lunœ  et  latitudinis  lunte  septentrionalis  vel 
meridionalis  in  tempore  sempiterno. 

In  97°  solvemus  quoddam  dubium  quod  posset  alirui  apparere  circa 
illud  quod  diximus  de  distantia  inter  solem  et  centrum  terra^. 

In  98°  narrabimus  difiicultates  et  labores  quos  in  scienlia  ista  iu- 
venimus,  maxime  quia  dicta  antiquorum  doctorum  magis  ad  impedi- 
mentum  quam  ad  juvamen  fuerunt. 

In  99°  adunabimus  aliqua  quœ  fecimus  circa  inventionem  loci  solis 
et  lunae  et  eclipsium  eorumdem  ac  iiliquorum  eorum,  ad  petitionem 
aliquorum  christianorum  nobilium,  quod  capitulum  in  quinque  dic- 
tiones  dividitur. 


\1\'  MKi  l.b. 


\n    sifxi.E. 


640  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

In  prima  dictione  ponemus  tabulas  qiias  fecimus  ad  scicndiim  con- 
juiictiones  et  oppositiones  médias  et  veras  et  verum  locum  solis  in  quo- 
libet tempore,  et  quatuor  domorum  principalium  initium  primit-, 
quarta',  septima-  et  décima*, 

In  secunda  docobimus  ex  dictis  quomodo  habuerimus  scicntiam 
cujiiscunque  conjimctionis  vel  oppusitionis  et  quas  scire  voiuerinnis. 

Il)  tertia  declarabimus  quomodu  de  conjiinctione  vel  oppositione 
média  deveniemus  ad  veranj. 

In  quarta  docebinius  invenire  veruin  locum  soliset  4  domorum  prin- 
cipalium in  tempore  sempilenio. 

In  quinta  dabimus  doctrinam  intclligentibus  inveniendi  faciliter 
éclipses  solarcs  et  Innares  et  verum  locum  luna^  in  omni  tempore,  me- 
diantibus  ali(]uibus  tabulis  quas  adjuiiximus  pra;dicUi>  doctrina-. 

In  1 00°  capilulo  recitabimus  experientias  aliqu;is  ex  quibus  sequitur 
quod  ipquatio  solis  est  major  quam  diximus  in  loco  in  quo  traclavimus 
de  maleria  ista,  in  quo  loco  fuimus  loquuti  sub  dubio,  et  ex  aliquibus 
sequitur  quod  latitudo  aliqua  in  dianietro  diversitatis  lumr ...  in  prin- 
cipio  diversitatis. 

In  101°  ordinabimus  spcras  Iuikp  in  tali  modo  et  forma  quod  consen- 
tient  quantitatihus  aequationum  onmibus  quas  in  aequalionibus  motuum 
suorum  videmus. 

In  ioa°  ostendemus  quomodo  potest  liaberi  certitndo  quantitatis 
aequationum  luntX  potentialis  j?],  et  faciemus  tabulas  aequationum  pras- 
dictarum. 

In  io3°  speras  Veneris  inquiremus  in  lali  modo  et  forma  quod 
coMsentient  quantilalibus  aequationum  posilariim  in  ipso. 

In  io4°  inquiremus  locum  Veneris  ab  auge  sua  in  tempore  nostro  et 
motum  dicta^  augis  cl  locum  Veneris  motus  diversitatis  et  qnantit<item 
motus  diversitatis  pra^dicta',  et  faciemus  tabulas  secundnm  numerum 
motuum  quos  inveniemus  in  ipso. 

In  I  o5°  inquiremus  quis  orbium  Veneris  consentit  bis  quae  in  Veneris 
motibus  videmus,  el  in  aequationibus  motuum  ipsius  tabulas  fa- 
ciemus. 

In  106°,  107°,  108°  de  Mercurio  similia  faciemus  factis  de  Venere 
in  capitidis  tribus  praecedentibus. 

In  109'  inquiremus  locum  augis  Satumi  et  ipsius  Saturni  locum 
in  niedio  motu  in  tempore  nostro. 

Capilulum  1  lo'^est  simile  io3  Veneris. 

In  III*  complebimus  inquisitionem  loci  Saturni  ab  auge  et  medii 
motus  ipsius  per  experientias  nostras  et  secundum  numerum  motuum 
qui  inveniuntur  in  ipso  tabulas  faciemus. 

In  lia"  Saturni  est  simile  1  oS"  capitule  Veneris. 

In  I  |3°,  Il  4°,  «  i5',  I  i6°  Jovis  sunt  similia  109*.  1  lo*,  1  1  i",  in* 
Satumi. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  641 

Eodem  modo  117°,  i  18°,  119°,  iao°  Martis  sunt  similia  4  capitulis 
praedictis  Saturni. 

In  121°  dicemus  illud  qiiod  ronsensit  Ptolomeus  de  molibus  latitu- 
dinis  planetarum  per  experiontias  suas. 

In  122"  narrabimus  aliqnas  experientias  iiostras  quas  de  latitudinibus 
planetarum  habuimus. 

In  12  3°  demonstrabimus  quod  est  impossibile  quod  in  speris  cœles- 
libus  sint  poli  reaiiler,  ut  forte  yinagiiiari  qiiis  posset;  sed  curn  de  polis 
talibus  ioquiniur,  per  quaindaui  siniililudinein  ioquimur. 

In  i2li°  ponemus  principia  aliqua  ad  ostendendum  quoniodo  potest 
compleri  motus  longitudinis  planetarum,  juxta  ea  qu.T  posuimus  de 
planctis. 

In  125°  ostendemus  quomodo  motus  latitudinum  planetarum  possit 
compleri  ex  prx'dictis  ])riiicipiis. 

In  12(5°  ostendenuis  quod  non  omnia  ilia  quiu  posuit  Ptolomeus  de 
latitudinc  planetarum  pir  experientias  babuil,  sed  quirdam  per  expe- 
rientias liabiiit,  quiTilain  ven»  posuit  suas  radiées  sequendo. 

In  127°  faciemus  tabulas  latitudinum  planetarum. 

In  128°  demonstrabimus  quod  impossibile  est  inter  speras  solis  et 
luiiic  aliquam  sperain  poni  nisi  speras  V'eneris  et  Mercurii. 

In  129°  probationes  aliqiias  adducemus  ad  ostendendum  quod  pro- 
babiliter  Venus  et  Mercurius  debent  poni  sub  sole. 

In  1  3o°  declarabimus  per  quam  viam  poterimus  devenire  ad  osten- 
dendum distantiam  qua-  est  inter  speras  unius  planetîF  et  speras  alterius, 
supponendo  Venercm  et  Mercurium  sub  spera  solis  locari. 

In  i3i°  declarabimus  distantiam  quae  est  a  centro  terne  ad  quod- 
Hbet  sidus,  supponendo  semidiametrum  terric  esse  quanlitatem  gradus 
unius. 

In  i32°  ostendemus  quantitatem  proportionis  quœ  est  inter  speram 
ferrae  et  quoJlibet  sidus,  semper  supponendo  quod  Venus  et  Mercurius 
sub  sole  locentur. 

In  1  33°  probabimus  quod  non  est  necessariiim  ponere  Venerem  et 
Mercurium  sub  sole,  sed  probabile  magis  apparet  quod  debeant  supra 
$olem  locari. 

In  1 34°  ostendemus  quantitatem  distantix  a  centro  terrae  ad  qua-- 
libet  sidéra  et  quantitatem  sperarum  eorum ,  Venerem  et  Mercurium 
supponendo  supra  speram  solis  locari. 

In  i35*  ostendemus  quantitatem  distantiae  a  centro  terra;  ad  quodlibet 
sidus,  ponendo  quod  Venus  supra  soletn  et  Mercurius  sub  sole  locentur. 

In  i36'  regratiabimur  Deo  et  eidein  gratiarum  aciiones  et  laudes 
solvemus  quod  oculos  nostri  intellectus  aperuit  ad  inveniendurn  perfec- 
tionem  tam  nobilis  et  excellentis  scientiae.  Amen. 


TOME  xxxr.  81 

i  3  * 


\lv'  SIÈCLE. 


.    ,  6 '42  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

XIV*  SIECLE.  ^ 

Voilà  donc  un  ouvrage  de  science  parfaitement  saine  et 
rationnelle,  quelles  qu'en  soient  les  erreurs  de  détail,  qui 
éclôt,  dans  la  première  moitié  du  xiv*  siècle,  au  sein  des 
juiveries  du  midi.  La  cour  d'Avignon,  si  éclairée  pour  le 
temps,  en  reconnaît  la  supériorité  et  se  le  fait  traduire. 
Léon  de  Bagnols  est  un  savant  dans  le  sens  où  nous  l'enten- 
dons. Il  rejette  les  routines  traditionnelles;  il  dit  comme 
Galilée  :  Dicta  anticiuuriim  doctomm  magis  ad  impcdimentam 
(juam  ad jiivamenfuerunt.  S'il  y  a  quelque  chose  de  vrai  dans 
cetle  idée  que  Dieu  crée  par  siècle  un  conlemplateur  pour 
son  œuvre ,  Léon  de  Bagnols  fut  à  son  heure  ce  contem- 
plateur. Personne,  à  sa  date,  ne  paraît  avoir  porté  dans  la 
cosmographie  mathématique  autant  de  science  spéciale  et 
de  sagacité. 

XXXVIII  (n°  i5  de  M.  Steinschneider).  Un  ouvrage  en 
latin,  composé  de  trente  chapitres,  intitulé  De  armonicis  iiu- 
meris,  qui,  comme  le  titre  l'indique,  traite  de  mathématiques 
et  d'arithmétique,  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris, 
lat.  7878  A,  et  dans  le  manuscrit  de  Bâle,  F  II,  33.  Le 
manuscrit  de  Paris  est  difficile  à  lire.  M.  Steinschneider 
dit  que  ce  traité  a  pour  objet  de  démontrer  qu'outre  les 
nombres  2 ,  3 ,  4 ,  8  et  9,  il  est  impossible  que  deux  nombres 
qui  se  suivent  soient  composés  des  facteurs  2  et  3.  En  voici 
le  commencement  :  In  Chrisd  incaniaùonis  anno  1343,  nostro 
opère  mathematico  jam  compléta,  fui  recjuisitiis  a  (jiiodam  eximio 
maqislromm  in  scientia  musica,  scil.  a  mag.  Philippo  de  Vi- 
triaco,  de  regno  Francis,  ut  demonstrarem  unam  suppositionem. 
C'est  sans  doute  la  traduction  latine  d'un  ouvrage  perdu; 
car  rien  n'indique  que  Lévi  ait  écrit  lui-même  en  latin. 
Il  aurait  certainement  employé  cette  langue  pour  son  traité 
sur  l'instrument,  s'il  avait  su  l'écrire. 

Philippe  de  Vitri  avait,  en  effet,  composé,  dans  sa  jeu- 
Hi»i.  lia.  <ie  la  nesse,  des  traités  de  musique.  Il  n'y  a  aucune  impossibilité 
France.  I.  XXIV,  ^  ^g  '^\  jjj^  g^  (jgg  rclatious  scientifiques  avec  Léon  de  Ba- 
gnols en  i343. 

XXXIX.  Nous  avons  déjà  parlé  du  Prognosticon  magistri 
Leonis  Hebrœi  de  conjunctione  Satnrni  et  Jovis  [et  Martis]  anno 


DU  XIV'  SIECLE. 


643 


MV    MECI.B. 


Domini  1345,  traité  qui  se  trouve  dans  les  manuscrits  de      voir  ci-dessn». 

Paris,  fonds  latin  n°  8878  A,  opuscule  i5;  à  Oxford,  dans   p-  ssg  eteio. 

la  Bodléienne,  Ashraol.  192,  8,  et  SgS,  35;  Digby  176. 

H  commence  par  les  mots  suivants  :  Quoniam  fuit  déclara- 

tnm  antiquitns  per  eœperientias  maltas  loncjas  et  ccrtas...  A  la 

lin  on  lit  :  Magister  Léo,  morte  preventus  anno  Christi  134â, 

die   20  mensis   aprilis,   circa  meridiem,    de   hac   conjnnctione 

nil  amplins  ordinavit.  Ego  vero  f rater  Petras  de  Alexandria, 

ordlnis  fratruin  Heremitanim  sanrli   Augiistini,  ciim  adjntorio 

ma(jistri   Salomonis,  Jratris   carnahs  prœdicti    magistri,   istnd 

iiwentinn  cl  ordinatum  per  enm,  de  hebrœo  transtuli  in  latinum, 

anno   (juo   supra,  snœ  scntenliœ  ml  addendo,  nichil  in  aliquo 

minucndo,  etc. 

Cet  ouvrage  porte  le  n"  19  dans  la  liste  de  M.  Stein- 
•schneider. 


Mentionnons  maintenant  six  ou  huit  ouvrages  qui,  par 
suite  d'erreurs  et  de  confusions,  sont  faussement  attribués 
à  Lévi  ben-Gerson. 

1"  Commentaire  sur  le  traité  d'Averroès  intitulé  :  De 
siihstantia  orbis,  qui  paraît  de  Moïse  de  Narbonne. 

-i"  Le  commentaire  d'Ascher  ben-Abraham  Crescas  sur 
le  commentaire  d'Ibn-Ezra  sur  le  Pentateuque  intitulé 
VDl  niK. 

3°  nyiw  pD,  «Bouclier  du  salut»,  traité  sur  le  Messie, 
en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  Oppenheimer  [collection 
qui  appartient  maintenant  à  la  Bodléienne].  Ce  manuscrit 
n'est  pas  mentionné  dans  le  nouveau  catalogue. 

4°  Un  manuscrit  sur  la  Mischnah  avec  le  titre  de  nio-' 
TMVHn,  sans  qu'on  sache  quel  en  était  le  contenu. 

5°  Des  institutions  rituelles,  dans  le  manuscrit  de  Parme 
n°  1094;  de  Rossi  les  attribue  à  «Gersonide  »;  ce  sont 
les  Institutions  de  Gersom  de  Metz,  qui  ont  été  souvent 
imprimées. 

6°  Un  commentaire  sur  l'Examen  du  monde  de  ledaïah 
de  Béziers,  qui  se  trouve  dans  les  manuscrits  de  Paris 
n°  i85,  5,  et  de  Vienne  lxxxiii,  où  l'auteur  est  nommé 

81. 


Voirii-dessous, 
p.  674. 

Voir  ri-(l«'ssiis, 
p.  607. 

Steiiischiieiclii  , 
EncyrI.,  p.  3oo, 
note  .')4-  Hcnaii, 
Averroi's,   p,   ig.î. 

Catal.a'Oxfonl, 
u°ï3e,6. 


Wolf.  BiMiotli. 
hcbr. ,  III,  p.  65o. 


Revucdes  Élude» 
juives,  t.   XXVIl 
p.  60. 

Voir  ci-dessDs , 
p.  382. 

Catal. ,  p.  gg. 


XIV    SIECLI. 


G4/I 


LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


|..  388. 


Lron.  Les  doux  calalogiu'S  rattrihuenl  à  notre  Lévi,  tandis 
Voir  fi<iessu5,    (|ue  l'aiileup  de  ce  commcnlaire  est  Léon  de  Mantoue. 

7"  Dans  le  manuscrit  di;  l^aris,  n°  1026,  3,  on  attribue 
une  noie  sur  le  Guide  de  Mainionide  à  notre  auteur.  Lévi 
n'a  pas  lait  de  coninienlaire  sur  le  Guide;  cette  note  est  un 
extrait  de  l'ouvrage  intitulé  Guerres  de  Dieu,  V,  lxii,  9.  La 
note  commence  par  les  mots  suivants  :  a'o  b  33  ii"?  in  ara 


Al:li\lllM  CaSI.AI\I. 

(^alal.dr  Lciile, 
!'•  'âg- 

Ms.  (le  Parme , 
II'  9^0. 

Voir  ci-dessous, 
j).  6(IG. 

Voir  ri-<lessus, 
y.  ^^l. 

Ilist.  iilt.  lie  la 
l'iaiirc,  t.  XXVII, 
]i.  712  et  715. 

BiUiolli.  labl)., 
I ,  )>.  3o. 

Bihiioth.  Iiebr., 
I,p.  67. 

Voir  ci-dessous, 
|..  C45. 

nibliolh.  hebr., 
IV.  p.  60. 

Voir  ci-dessous, 
p.  640. 


Archiv,  t.  XL, 
p.  m  ;  Slein- 
scbneider,  Uebcr- 
MMi.,  p.  779. 


L\  FAMILLE  CASLVni  (^-'Jttp) 

Abraham  Casi.ari  ou  Abraham,  llls  de  David,  fils  de 
Yaliçcel',  Caslari,  médecin  très  connu,  maître  de  Moïse  de 
Narbonne,  demeurait  à  Besalu  près  de  Perpignan,  où  Calo- 
nymos  ben-Calonymos  fit  sa  connaissance  en  l'année  iSaa. 
Il  était  originaire  de  ISarbonne,  où  son  père  demeuraij. 
Barlolocci  mentionne  seulement  le  nom  d'Abraham  "iiàcD 
et  lui  attribue  l'ouvrage  intitulé  n'rnc  VîVdd.  Wolf  met  notre 
auteur  une  fois  sous  le  nom  d'Abraham  nx'jiD,  lui  attribuant 
l'ouvrage  mentionné  par  Bartolocci  et  de  plus  le  traité  sur 
les  Fièvres  d'après  le  manuscrit  de  Leide,  et  une  autre  fois 
sous  le  nom  d'Abraham  Discaslari  d'après  le  manuscrit  de 
Turin.  Nous  verrons,  dans  les  articles  sur  les  différents 
livres  de  notre  auteur,  ce  que  M.  Carmoly  dit  de  lui.  M,  Fûrst 
le  passe  sous  silence,  par  cette  raison  que  rien  n'est  imprimé 
de  notre  Abraham.  M.  Steinschneider  n'en  parle  pas  non 
plus  dans  son  Catalogue  des  livres  imprimés;  mais  ce  savant 
a  donné  tous  les  renseignements  tirés  des  manuscrits  dans 
les  catalogues  de  Leide,  de  Munich  et  surtout  dans  Y  Archiv 
publié  par  M.  Virchow. 

Nous  n'avons  aucun  détail  sur  la  vie  d'Abraham  Caslari, 
et  nous  ne  connaissons  ni  Tannée  de  sa  naissance  ni  l'année 
de  sa  mort;  nous  verrons  qu'il  a  composé  des  ouvrages  en 
1 3 24  et  en  1 349;  et  encore  les  dates  varient-elles  dans  les 


'  Assémani  (Calai.,  p.  343,  n*C)  écrit  p   am3N    '^0    nwisnn  S»  1DK0 
'jN'D'';  le  titre,  dans  le  manuscrit,  ne  porte  pas  7K'n',  mais  bien  ?KXnv 


\IV    SIM.I.K. 


DU  XIV  SIÈCLK.  045 

(IllFérents  manuscrits.  Les  ouvrages  connus  d'Abraham  sont 
au  nombre  de  (juatre. 

1°  Traité  sur  les  fièvres,  avec  le  litre  de  ]:y-i  nhv,  «  Feuille 
«verdoyante»,  dans  le  manuscrit  de  Parme  n"  9^6,  sans 
litre  dans  les  autres  manuscrits.  11  est  cité  par  Judah  Na-    „.  :,!^3 , 1'^,"'"  ' 
than  sous  le  titre  de  nxinn  nhv,  «Feuille  de  guérison  ».  Le      CataLdcLeicie. 
traité  est  divisé  en  cinq  livres,  dont  le  premier  a  soixante-   v-'=>9- 
six  chapitres,  dans  le  manuscrit  de  Parme  946.  Abraham 
dit  qu'il  a  composé  son  livre  à  la  hàle  sur  le  désir  d'un 
de  ses  amis',  qui  voulait  avoir  un  traité  facile  à  consulter 
sur  la  matière.  «  Je  me  suis  rendu  à  ses  désirs,  dit-il,  et  j'es- 
«  père  que  les  érudits  trouveront  dans  mon  livre  quelques 
«éléments  de  cette  science.»  Tous  les  manuscrits,  excepté 
ceux  de  Paris  et  de  Florence,  (pii  n'ont  pas  de  date,  donnent       Maïkir,    xx. 
comme  année  de  composition  5o8G  =  iSaS-iSaô;  mais  ils   P'  ^ll'.  cm^°"^^ 
diffèrent  sur  le  jour.  Le  manuscrit  du  Vatican  366,  6,    Paris, u- 1.91, 1 
donne   le   3  du  mois  de  kislev  =  10  novembre;  celui  de 
Parme,  le    i5   du  même  mois  =  22  novembre,    et   celui 
de  Londres,  Jewish  Collège,  n°  i4o,5,  donne  le  28  du  mois     Biscioiii.p.âîo. 
de  schebat  (janvier  i326). 

1°  nmpn  'rci  mann  nmpa  icKr:  «  Traité  sur  les   fièvres 
«pestilentielles  et  différentes   autres   espèces    de  fièvre», 
dans  le  manuscrit  de  Paris  1191,  7.  Ce  traité  fut  composé 
lors  de  fépidémie  qui  ravageait  la  Provence,  la  Catalogne      nisidesmé.!., 
et  f  Aragon.  M.  Carmoly  dit  qu'il  fut  écrit  probablement   ^  '"' 
en  1349,  date  qui  s'accorde  avec  une  donnée  de  Moïse  de      Caui.dcLcide, 
Narbonne.  Ç-  '^s-  T  "" 

.  dessous,  j).  077. 

Notre  traité  se  trouve  dans  les  manuscrits  de  Paris 
n"  1191,  7,  de  Leide,  Warner  4o,  6,  et  Gûnzburg, 
n°  1 1 5,  10  (imparfait),  tous  les  trois  sans  date  de  composi- 
tion. Un  manuscrit  qui  était  autrefois  dans  la  bibliothèque 
de  feu  M.  Luzzatto,  sous  le  titre  de  rrcisyn  nimpn  Va"?  -ixp  idkd, 
porte  la  date  du  mois  de  schebat  6089  (d'd)  =  janvier 
1329,  que  M.  Steinschneider   avait   cru   devoir  corriger 

en  13'p  6109  =  décembre-janvier  1348-9,  en  ajoutant  que      Caui. de  Leide, 

p.  160. 

Voici  le  passage  hébreu  d'après  le  mairuscrit  de  Panne,  fol.  19  :  'mOI  'man 

(?  D'r'sDn)  DMxon  jnîD  uaniKO  nx  ncpa"?  jtino  ncKon  ni. 


\IV    SIECLI. 

Voir    riilossu», 
|..  5-;K. 

(^ilal.  IV\roii, 

fol.    I  l(). 


Kol.  ()o. 

Kol.  1. 

.Slt'uiM  liiieiiloi' , 
(.atal.  llo<ll. ,  roi. 
■  I  lo. 


BiM.  hebr..  IV, 
p.  7()0. 

(lalnl.  Pryroîi, 

loi.   ,,9. 

Vlazkir,    XX, 
lli^l.  lies  iiicd.. 


Calai.,  <ol.  l'i-! 
il  I  lOi  II,  nilil.  h 
rr  niiiiirru. 

Kiixtorl.  Ililil. 
rilil).  ,     ••'     éilil.  , 

p.  i:..i. 

(irigir's  Zc'il- 
«•lirifl.  IV,  p.  TOI. 

Sir.  Vescli. ,  D  , 
II"  i38:l$r.  Lellcr- 
l)0(le,  XII,  p.  7. 

David 
riLs  d'.\braii\m 

C.tM.AIII. 


640  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Judah  Nathan  le  cite  dans  son  traité  sur  les  fièvres  com- 
posé en  i35a  ou  i362. 

3°  ntpn  "«jn  •  Traité  sur  les  règles  pour  saigner»,  qui  se 
trouve  dans  le  manuscrit  de  Turin  121,  fol.  62''.  C'est  peut- 
être  un  extrait  de  l'ouvrage  sur  les  fièvres.  Le  nom  est  écrit 
ici  n*?::??»!  Descaslari.  11  est  possible  que  les  Quœsita  sur  la 
médecine  qui  précèdent  le  traité  dont  il  s'agit  dans  le 
même  manuscrit  soient  de  notre  auteur;  mais  nous  ne 
croyons  pas  que  le  Livre  des  aliments,  onyotîn  'd,  qui  n'est 

3ue  la  traduction  de  l'ouvrage  arabe  portant  le  même  titre 
'Isaac  Israëli  l'aîné,  ait  été  traduit  par  notre  Abraham, 
comme  Wolf  et  M.  Carmoly  le  prétendent  sans  raison;  les 
mots  ([ui  se  trouvent  à  la  fin  du  troisième  traité,  nan  icn 
mpna. . . ,  ne  se  rapportent  pas  au  premier  traité.  MM.  Pey- 
ron  et  Steinschneider  doutent  également  que  notre  Abra- 
ham soit  le  traducteur  ou  l'auteur  du  Livre  des  aliments. 
M.  Carmoly  a  tort,  en  tout  cas,  de  dire  que  la  traduction 
lut  terminée  en  i362,  date  à  laquelle  notre  Abraham  était 
probablement  mort;  cette  date  se  rapporte  à  l'achèvement 
de  la  copie  faite  par  Salomon  Al-Çaig. 

4°  L'ouvrage  n'jno  '?d'?3d,  •  Celui  qui  sustente  dans  la  ma- 
«  ladie  »,  dont  on  trouve  un  petit  extrait  anonyme  dans  un 
manuscrit  d'Oxford,  n"  2i42,  39,  a  été  attribué  à  notre 
Abraham.  Il  est  possible  que  le  manuscrit  Warner,  4o,  à 
Leide,  qui  renferme  beaucoup  de  traités  de  médecine,  pré- 
sentât autrefois  un  titre  général  semblable;  cependant  le 
catalogue  de  Leide  de  1674  ne  donne  pas  ce  titre;  on  le 
trouve  pour  la  première  fois  chez  Schabbethai  Bass;  puis 
il  a  été  répété  par  Jacob  Roman  et  Zunz. 

David  fils  d'Abraham  Caslari  a  traduit  le  traité  de  Ga- 
lien,  intitulé  en  latin  De  inœcjuoU  intempérie,  et  en  hébreu 
«^Snno  «D  »n  noo.  Ce  traité  est  divisé  en  huit  chapitres,  et  il 
se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n°  2o83,  2. 


La  famille  Caslari  garda  longtemps  sa  réputation,  et  on 
en  trouve  des  membres  parmi  les   poètes   du  xiv*  siècle 


DU  XIV  SIÈCLE.  647 


xiv'  SlkcLt. 


dont  les  ouvrages  ont  été  admis  dans  le  Diwan  de  Salomon 

Bonfed  (manuscrit  d'Oxford,  n"  1984).  Nous  y  trouvons      catai.coi.o^o. 

des  poèmes  composés  par  En  Bongodah  Yahçeël  hac-Cas- 

lari  (7,  3  i,  34)  et  par  son  fils  Yahçeël  (3i,  39). 

M.  Sleinschneider  croyait  que  Yahçeël'  vivait  en  i326,      \Uii,r.    \iv, 
et  que  Yahçeël  est  l'équivalent  selon  fusage  provençal  de   P"  9* 
Juda.  D'après  la  règle  des  noms  provençaux,  où  le  nom  du      D.r  Oricm, 
père  suit  celui  du  fds,  Jahzaël  ou  Yahçeël  est  le  père  de    '''^'•i'  ''8« 
Juda,  qui  avait  un  fds  du  nom  de  Jahzaël,  et  ce  sont  là  les 
deux  poètes  et  lilurgisles  mentionnés  dans  le  Diwan  d'Ox- 
ford. Abraham  h-^vw  ou  'jmon^  cité  dans  le  manuscrit  de 
Paris  1 194,  et  auteur  d'un  traité  de  médecine,  semble  ne 
pas  appartenir  à  la  famille  Casiari. 

La  famille  de  Caslar  émigra  forcément  comme  tant 
d'autres,  lors  de  l'expulsion  des  juifs  de  France.  Le  manu- 
scrit de  Paris  179  a  eu  pour  copiste  un  certain  Crescas  de 
(iasiar,  qui  aurait  vécu  «  dans  l'année  de  la  guerre  de  Bour- 
«bon».  Le  nom  hébreu  de  ce  Crescas  était  Zémah  fds  de 
ledidiah,  et  on  trouve,  dans  ce  manuscrit,  un  poème  avec 
l'acroslichc  cxpcip,  composé  le  i3  nisan  53o5  (i545),  à 
l'occasion  <le  la  naissance  d'un  fils  de  son  parent  Abram  de 
Mornas  à  -lOia  (?). 

Israël  fils  de  Joseph  Caslari  ou  Crescas  de  Caslar         hnat. 
(d'après  d'autres  manuscrits)  est  le  traducteur  du  Régi-     *^'%lli,i^^y'^" 
men  sanilatis  d'Arnaud  de  Villeneuve.  Le  traducteur  s' ex-      MaïUr,    xxi, 
cuse,  dans  l'ayant-propos,  de  s'occuper  de  traductions;  ce   '  h  .  lu 
n'est  pas  sa  spécialité,  et  d'ailleurs  un  traité  analogue  a   Fr»nce.t.xxviii. 
déjà  été  composé  par  Maimonide.  Il  fait  sa  traduction  pour  "*  ^  ^^ 
deux  raisons  :  1°  parce  que  l'auteur,  dit-il,  a  fait  cet  ou- 
vrage il  y  a  vingt  ans,  à  Barcelone  et  l'a  dédié  au  roi  d'Ara- 
gon (Jaime  II,  ^dk^j  ou  impKj  iku");  a°  parce  que  le  traité  a 
été  composé  «  selon  la  méthode  des  chrétiens  parmi  les^ 

'  Yaliçpcl,    grand-père   d'Abraham,  dersî.   (Hisl.  Utt.,  t.  XXVil,  p.  71a  et 

florissait  dans  ia   première  moitié   du  7<^-) 

XIII* siècle,  puisque  son  liLi  David,  père  '  Par  confusion  arec  Jean  Jacmo,  le 

d'Abraham ,  cLiit  l'ami  d'Abraiiam  Be-  médecin.  Voir  ci-dessous ,  p.  6$a  et  700. 


XIV'SIÈCI.K. 


648 


LES  KCUIWiNS  JUIFS  FRANÇAIS 


«quels  nous  vivons,  et  dont  les  plus  importants  nous  de- 
«  mandent  d'ccriie  selon  leur  habitude»;  en  outre  l'auteur 
«'tait  un  des  grands  savants  de  son  temps.  La  date  de  la 
traduction  est,  d'après  le  nianiiscr*it  du  Vatican  366,  i, 
l'année  SoSy  (iS-iy),  et  dans  le  manuscrit  de  Lyon  8,  3, 
l'année  5088  (i338);  il  n'v  a  pas  de  date  dans  les  ma- 
nuscrits de  Munich  ^88,  i,  de  Florence  (Laurenlienne) 
Plut.  Lxxxviii,  36,  ■>.,  de  Paris,  1128,  4,  1176,  1.  Dans 
le  manuscrit  de  l'Escurial,  le  litre  est  xjnaj-iK,  Aviundina, 
dans  le  manuscrit  de  Lyon  xp"'aK-iD,  Pralica\ 

Dans  le  manuscrit  de  Florence  et  dans  celui  de  l'Escu- 
rial, G.  m,  'io,  3,  le  traité  commence  par  un  chapitre 
intitulé  c'x-in  3x:r:,  rpii  semble  être  un  résumé  de  théra- 
iii>i.  liti.  d.  la   peutique  par  Arnaud,  dédié  au  roi  Robert  d'Anjou;  c'est  à 
K.w.,i.xxviii,  ^p^.jj  jjj.^g  |g  jj.gjj^  j^o  2  fijj  manuscrit  de  Munich  n"  a 88. 

Aurait-il  été  traduit  aussi  par  notre  Caslari  .^ 

Dans  le  manuscrit  De  Rossi  62  3,  fol.  20,  on  trouve  des 
Collcctanea  de  médecine,  intitulés  nraip"?,  dont  quelques-uns 
sont  d'Israël  Casiari.  M.  Perreau,  qui  rapporte  le  titre  de 
Collcctanea  à  l'ouvrage  d'Israël  Casiari,  ne  s'est  pas  aperçu 
qu'il  y  avait  là  une  impossibilité  chronologique,  puis<[u'il 
y  a  dans  ledit  recueil  des  notes  de  Maestre  Léon,  qui 
est  très  probablement  Léon  de  Carcassonne  (qui  florissait 
de  1394  à  i4o2,  comme  M.  Perreau  le  dit  fort  bien),  et  de 
Maestro  Bon godah  Nathan,  qui  florissait  en  i356. 

M.  Carmoly  et  M.  Steinschneider  appellent  notre  auteur 
Crescas  Vidal  de  Caslar.  Nous  n'avons  trouvé  nulle  part  le 
Uehfrseii.,p.779.  jjom  de  Vidal,  qui  pourrait  cependant  être  le  nom  provençal 
de  Joseph,  père  de  notre  Israël.  M.  Carmoly  ajoute  qu'on 
lui  attribue  un  commentaire  sur  le  Guide  des  Egarés  de 
Maimonide,  mais  que  fauteur  de  ce  commentaire  est  en 
réalité  Abraham  Casiari.  Nous  ne  savons  pas  à  (pielle  source 
M.  Carmoly  a  puisé  ses  informations;  tout  ce  que  nous  sa- 
vons, c'est  que  Profet  Douran,  dans  son  commentaire  sur 
•  ■  ■  . 

'  M.  Steinschneider  dciiioiilrcra  dmi  son  ouvra{,'C,  sons  p  esse  eu  ce  mpmnl. 
Ueberselz. ,  p.  779  et  siiiv.,  que  les  traductions  li«br«ïi|ucs  du  /le  inir-n  saivtiilu  ont 
éXà  faites  sur  des  rédactions  latines  diflercnles. 


llollit.,nov.  s.. 

V 

y- 

Miitklr,  188:!, 

V 

i.li. 

Voir   f i-dessus , 

V 

i^^. 

Uist.  ilrs  méd.. 

p 

111. 

DU  XIV  SIECLK.  649        ^,^.^,.,^,^ 


le  Guide  (I,  72,  au  commencement),  rapporte  une  expli- 
cation au  nom  d'Abraham  Gaslari. 

11  n'est  nullement  prouvé  qu'Israël  Gaslari,  de  la  famille 
Yizliar,  médecin  à  Avignon  et  autour  d'un  poème  sur  l'his- 
toire d'Estheret  do  Mardochée,  soit  identique  avec  notre  Is- 
raël. M.  Zunz,  qui  a  le  premier  fait  connaître  ce  poème       Aiig.    /eiiu.ii; 
<l  après  un  livre  ne  prières  du  rite  a  Avignon,   dit   quJs-   „.  gs,  i83q. 
raël  Yizhar  ne  peut  avoir  écrit  beaucoup  avant  ou  après 
l'année  1  /190.  Israël  Yizhar,  qui  lut  surnommé  Maestre  Gres- 
cas  de  Gaslar,  est  pour  M.  Zunz  un  lévite,  comnie  l'était 
presque  toute  la  famille  Yizhar.  Plus  tard,  M.  Zunz  a  iden-       z.»  (;t;«iiici.ir. 
tihé  les  deux  Israël.  Il  dit,  en  outre,  qu'Israël  avait  traduit    .""J,;,;/"""""""" 
Estlier  en  langue  vulgaire. 

M.  Sleinschncider  connaît  ce  poémiî,  qui,  selon  lui,  au-      Liii.s)n.i'o.si,, 
rait  été  imprimé  à  Saloniquc  en  1867.  La  date  exacte  de   **    " 
l'impression  est  i853,  comme  M.  Zedner  le  dit  dans  son      uraoï.    l-h... 
catalogue  des  livres  imprimés  du  Musée  britannique.  La  date   '"^'''  ^ "  '  ^'  ''' 
est  exprimée  par  le  mot  'jd"?  mna,  ce  qui  fait  56i3,  et      t,atai. , p. .^8.,. 
non  par   le  mot  'ma  =6617,  comme  M.  Steinschneider 
l'avait  supposé.  L'exemplaire  imprimé  que  M.  Steinschneider 
avait  à  sa  disposition  est  d'ailleurs  tout  à  fait  conforme  à 
celui  du  Musée  britannique.  Le  titre  porte  cupwip  au  lieu  de 
wKpcip,  l'imprimeur  ou  le  copiste  ayant  confondu  le  i  et  le  1. 
L'auteur  dit  qu'il  a  écrit  son  poème  en  langue  vulgaire, 
avant  de  l'avoir  composé  en  hébreu.  Il  semble  que  c'était 
la  mode  du  temps  de  faire  ainsi  des  |>oèmes  dans  les  deux 
langues,  la  langue  vulgaire  étant  destinée  aux  femmes  et      Hisi.  liu.  de  la 
aux  enfants  D^v:^  »)t5  îïVa  mivi'?'?,  expression  que  nous  avons  déjà    '■"""'•  '  x'ivir, 
vue  chez  Moïse  Nathan  ou  Moïse  fils  de  Nelhancl.  M.  Stein-      1.,,,,  , 
Schneider  en  donne  encore  d'autres  exemples.  M.  Neubauer   F  '3(> 
a  publréla  suscription  du  poème  d'Israël  Yizhar  d'après  un 
manuscrit  qui  se  trouve  au  Musée  britannique,  et  il  discute 
la  signification  du  nom  de  Yizhar.  M.  Steinschneider  accepte     He»uedesÉtud.., 
l'identification  des  deux  Israël  que  M.  Zunz  a  proposée;  de   La*dj,hu„*'  Vm 
sorte  que  le  poème  aurait  été  écrit  vers  1327.  Modah,  p.  153. 

Un  fragment  du  poème  sur  Esther  en  langue  vulgaire 
se  trouve  dans  un  manuscrit  qui  appartient  à  M.  le  doc- 

TOME  XXU.  83 


Mnmsut  aitieii«LB. 


650  LKS  KCRIVAINS  JUIFS  FI\ANÇAIS 

leur  H.  Adler,  grand  rabbin  de  Londres.  A  l'œuvre  de 
Maestre  Crescas  se  trouvent  jointes  de  ces  fades  parodies  où 
un  pauvre  ])euple  séquestré  trompait  sa  tristesse  par  les 
apparences  de  la  gaieté  et  se  faisait  illusion  sur  sa  condition 
seivile  p.ir  les  apparences  de  l'espril.  Presque  toutes  ces 
Voii  riHcMiu.     parodies,  du  reste,  sont  imprimées.  Suit  un  fragment  de 

f  ''"'  poème  provençal,  qui  a  paru,  avec  transcription,  dans  la 

liornania,  avril  1892.  H  est  également  donné  comme  ayant 
été  composé  par  Maestre  Crescas. 

M.  Cafinoly  mentionne  un  Vidal  Caslari,  médecin  en  Ca- 
talogne, d'après  un  manuscrit  de  son  cabinet,  n"  83,  que 
nous  ne  connaissons  pas  et  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le 
catalogue  fie  ses  manuscrits  publié  après  sa  mort.  Ce  Vidal 
serait,  d'après  M.  Cariuoly,  un  autre  (|ue  celui  qui  a  été 
Voirridejjui.     mcntionné  par  lui  sous  le  nom  de  Krescas  \idal  de  Caslari; 

P  ^*''  selon  nous,  ce  dernier  nom  représente  le  père  de  Crescas, 

et  signifie  «Crescas  fils  de  Vidal». 


HmI.  lies  mcd., 
p.  1 1 1. 


SALOMON  DE  LUNEL, 

GRAMMAIRIEN. 


ilist.    lut.  Je  la 


f>.  G '17  H  luiv. 


Salomon  fils  d'Abba-Mari  Yarhi  (de  Lunel)  est  probable- 
iraur.-,  I.  wvii,  meut.  le  fils  du  rabbin  qui  fut  expulsé  en  1  3o6.  H  est  l'auteur 
d'une  grammaire  hébraïque,  intitulée  cnioV  pw'?  (Isaïe,  L,  4  ) , 
dans  l'avant-propos  de  laquelle  il  se  lamente  d'avoir  passé  des 
jours,  des  nuits  et  des  mois  tristement;  ce  qui  semble  être 
une  allusion  aux  persécutions  du  temps  de  Philippe  le  Bel. 
Ayant  vu  qu'il  n'y  a  pas  en  Israël  de  honne  grammaire,  si 
bien  qu'on  fait  des  confusions  dans  les  conjugaisons  et  dans 
d'autres  parties  du  discours,  il  s'est  proposé  d'en  faire  une 
courte,  ])0ur  se  mettre  ])lus  à  la  portée  de  ceux  qui  voudraient 
s'instruire.  L'ouvrage  de  Salomon  de  Lunel  n'a  aucune  ori- 
ginalité, sauf  peut-être  en  ce  qui  concerne  les  sept  formes 
du  verbe,  qui  y  sont  pour  la  première  fois  énumérées.  Il  y 
on  a  des  manuscrits  dans  plusieurs  bibliothèques  :  à  Paris, 
n"  laSg,  5;  à  Oxford,  n°'  i486,  1  et  i565,  4;  à  Parme, 
II"  800  de  Rossi  et  n°  39  du  catalogue  de  M.  Perreau. 


l.iutatlo^S.  D. 
Prolcj^omcni . 
p.     3i;      Ma/lir 
Wlll.   lO.^. 


DU  XIV  SIECLE. 


651 


xn  siBci.ii. 


U.tal.,  p.  3  1  'i. 


Voir  ci-desjous , 
p.  66,S. 

Culal.  (le  Lcidc , 


VIOLAS, 

ASTROLOGUE  ET  ASTRONOME. 

Maestre  Violas  ou  Biolas  (c?'71k''3  nncKo)  est  l'auteur 
d'une  observation  astrologique  (odwd)  faite  en  l'année 
juive  5i  I  5  =  iSof),  et  qu'on  trouve  dans  le  manuscrit  de 
Leide  Warn.  4>^,  ^^  Celle  observation  a  été  tirée  du  livre 
(opjE,  rsha^)  qu'on  gardait  dans  la  maison  du  R.  Joseph 
Gart  (le  manuscrit  a  cna,  que  M.  Steinschncider  corrige 
avec  raison  en  vii).  La  famille  Gard  est  connue  dans  le 
moyen  flge  à  Avignon.  M.  Sleiiischneider  se  demande  si 
w'7'iK"'3  ne  serait  pas  une  corruption  de  aVrw  et  ne  représen- 
terait pas  Lévi  Iben-Gerson  ou  Léon  de  Bagnols.  Fn  eiïet,  p  "'i 
nous  avons  trouvé  dans  un  manuscril  celle  forme  cor-  Voir ci-dr>su^ 
rompue.  Cependant  nous  avons  vu  que  Léon  de  Bagnols 
mourul  en  i.S'i4,  de  sorte  qu'on  ne  pourrait  avoir  une 
observation  de  lui  de  l'année  iiS55.  Nous  croyons  que 
Maestro  v^Mrz  n'est  autre  que  Maeslre  Violas  de  Rodez,  en 
liébreu  Mordecai  fds  de  Josué,  que  nous  trouvons  men- 
tionné parmi  les  savants  du  xiv*  siècle  par  Isaac  de  Lattes. 

Nous  connaissons  encore  un  autre  ouvrage  de  notre 
auteur;  c'est  un  traité  de  médecine  d'après  Averroès,  qui 
se  trouve  dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  Gùnzburg 
n"  367,  8,  sous  le  titre  suivant  :  icn  p  nn  "jy  asinn  '«cosn  niK'a 
S'n  C7^x  nnm  (cVva)  uxVn  'v<tn  hh'on  osnn  nan.  «Commen- 
taire sur  les  règles  de  dosage  selon  Averroès.  »  II. s'agit  là 
probablement  d'un  chapitre  de  l'ouvrage  intitulé  t:aUJl^. 


Voir  ci-drssom. 
p.  68.J. 


MOÏSE  DE  ROyUEMAURE, 

TKADUCTEDIt  ,    MÉDECIN. 

Moïse  fils  de  Samuel  de  Jîoquemaure  [tn^v  Kpm)  habi- 
tait, d'après  son  propre  témoignage,  Avignon;  il  était  sans 
doute  médecin,  puisqu'on  l'appelle  maestro  et  qu'il  a  tra- 
duit un  ouvrage  de  médecine.  Après  sa  conversion  au  chris- 
tianisme, il  prit  le  nom  de  Jean  d'Avignon.  Nous  connais- 
sons de  lui  les  deux  travaux  suivants  : 


8-. 


Mt'siM.I.K. 


052  I.ES  KCUIVAINS  JUIFS  FIWNCMS 


P5.   I.MII,   9. 


1°  Un  poème  de  soi\ante-(leu\  lignes,  éci-it  à  Vidj^'^ib, 
contre  Sclieniariali  de  Negreponl,  qui  se  déclarait  le  Messie. 
'7ii;:"''7ra  est  probahlenKMit  tine  forme  altérée  du  nom  arabe 
de  Tolède  (jaLuit).  Ce  Scliemariah  était  un  imposteur,  qui 
envoya,  en  i3^8,  ses  commentaires  sur  le  Cantique  et  sur 
r;..  (ipsKiudos  le  j)remier  chapitre  de  la  Genèse  au  roi  Robert  d'Anjou, 
jnn.s.  x,p.  87.  jjYec  une  dédicace.  Ses  prétentions  au  rôle  de  Messie  écla- 
tèrent vers  i3r)3.  11  parcourut  la  Castille  et  l'Andalousie.  Sa 
vanité  était  si  grande  qu'en  i358  il  promettait  de  délivrer 
Israël.  Au  commencement  du  poème  de  notre  Moïse,  on  lit 
ce  qui  suit  :  «Poème  fait  par  le  parfait  maestro  Moïse  de 
«  lloquemaure,  dans  la  province  (ou  ville)  de  Tolède  (.^), 
«  contre  Scliemariah  1<;  Grec,  qui  se  nomme  prophète  et  se 
M  dit  l'ange  du  jugement;  ces  vers  donneront  la  preuve  de 
«  sa  folie.  Moïse  dit  :  Puisque  ce  fou  de  Scliemariah  se  vante 
«d'être  réuni  par  sa  prophétie  aux  intellects  séparés,  lui 
«  qui  n'est  cependant  qu'un  fou  séparé  de  toute  intelligence, 
«  et  qui  marche  en  fondant  comme  un  limaçon  dans  ce 
«qu'il  appelle  les  sciences,  moi  le  plus  petit  de  la  société 
«  (des  études),  qui  m'appelle  Moïse,  fds  de  Samuel  de 
«Roquemaure,  habitant  d'Avignon  et  séjournant  pour  le 
«  moment  à  Tolède  (?),  j'ai  composé  sur  lui  les  lignes  sui- 
«  vantes  dans  lesquelles  j'expose  ses  manières  d'être,  ses 
«rêves  et  ses  paroles.»  Ces  soixante-huit  vers  ont  été  im- 
primés, d'après  l'unique  manuscrit  de  la  bibliothèque  Gûnz- 
Kev.  des  Études  Durg.  Toute  traductiou  en  est  impossible,  car  le  poème  est 
x.p.  87  rempli  de  jeux  de  mots.  Ce  poème  a  été  sûrement  composé 
avant  i358,  alors  que  Moïse  était  encore  juif. 

2"  riKiDin  niD,  traduction  hébraïque  du  traité  latin  Lilium 
medicinœ  de  Bernard  de  Gordon.  Ici  le  traducteur  se  nomme 
«  Maestre  Jean  d'Avignon,  qui  fut  appelé  comme  juif  Moïse, 
»  fils  de  Samuel  de  Roquemaure,  un  des  habitants  d'Avignon, 
«  qui  demeure  pour  le  moment  dans  la  célèbre  cité  de  Sé- 
«  ville.  »  Jean  dit  qu'il  n'a  eu  à  sa  disposition  qu'un  exem- 
plaire défectueux,  que  néanmoins  il  a  trouvé  l'ouvrage  utile 
à  traduire.  Il  acheva  sa  traduction  en  i36o.  H  est  curieux 
de  remarquer  qu'il  donne  la  date  juive  5i  ao  et  qu'il  appelle 


jllIM'S, 


DU  XIV  SIECLE.  653        ,.,.^,,^,^ 

le  latin  la  langue  des  chrétiens.  Gordon,  dit  Jean,  a  com- 
mencé par  le  chapitre  des  fièvres;  mais  lui  il  a  cru  devoir 
s'en  tenir  à  Tordre  naturel,  en  commençant  par  la  tête  et 
en  finissant  par  les  pieds;  donc  il  a  adopté  un  ordre  spécial 
pour  les  chapitres  i,  ii  et  une  partie  de  m;  pour  le  reste  il 
suit  foriginal.  La  traduction  de  Jean  d'Avignon  présente 
beaucoup  de  différences  avec  les  autres  traductions  hé- 
braïques de  Bernard  de  Gordon.  Elle  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit d'Oxford,  n"  2127,  2.  Au  courant  de  la  préface,  (jitai., 001.179. 
Moïse  s'appelle  lui-même  'yVon,  ce  qui'répond  au  français 
•  de  La  Ro([ue  ». 

Un  copiste  de  rouleau  du  Pentateuque(dans  le  manuscrit 
d'Oxford  n°  2806)  s'appelle  Moïse  ben-Samuel  [^Iv^ioVk  de      ibid.,coL  8o5. 
Lisbonne;  peut-être  est-ce  un  descendant  de  la  famille  de     Rechugutaciiten. 
Moïse.  Roquemaure  est  aussi  mentionné  dans  les  réponses   p  ^^ 
d'isaac  de  Lattes  le  jeune. 

JUDA  COHEIN, 

PHILOSOPHE. 

JuDA,  fils  d'isaac,  fils  de  Moïse,  fils  de  Juda,  fils  du 
maître  R.  Samuel  Cohen,  est  l'auteur  d'un  commentaire 
sur  une  partie  du  commentaire  moyen  qu'Averroès  a  com- 
posé sur  fOrganon.  Nous  possédons  ce  qu'il  a  écrit  sur 
î'isagoge  de  Porphyre  (ki2d)  et  les  Catégories  (nncNo).  Juda  caui. dOxford 
écrivit  son  commentaire  à  la  demande  de  son  ami  et  parent 
Schelemyah  de  Lunel,  qui  était  trop  absorbé  par  les  affaires 
mondaines  et  n'avait  pas  le  temps  de  s'occuper  lui-même 
de  faire  un  commentaire.  Juda  était  Provençal,  ainsi  qu'il 

résulte  du  passage  où  il  dit  :  « comme  si  tu  disais 

«  chez  nous  :  celui  qui  règne  sur  la  Provence.  »  Ni  l'année 
de  sa  naissance  ni  celle  de  sa  mort  ne  sont  connues.  11  cite 
Lévi  de  Bagnols  (b^viot;  quelquefois  avec  f expression  de 
nnn  0 li;  Lion»),  en  accompagnant  son  nom  de  la  formule 
des  morts  (cette  formule  pourrait  cependant  avoir  été  ajoutée 
par  un  copiste),  et  il  était  contemporain  d'isaac  Nathan 
l'Espagnol,  à  qui  il  donne  l'épithète  de  Vkiw  ^^^hi  vm  umo,  Catai. d'Oxford 
«notre  maître  le  chef  de  la  captivité  d'Israël».  Cet  Isaac  «"'^^s 
4  4 


11°   i.'iSa  ,  et  add. , 
col.  868  et  116.V. 


\n-    ;|lîr,i,r. 


f)54  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Nathan  ne  peut  pas  être  identique  <^  Isaac,  fils  de  Nathan 
de  Cordoue,  qui  traduisit  un  traité  de  Gazzali  en  i347,  et 
cela  pour  deux  raisons  :  d'abord  ce  dernier  ne  porte  ja- 
mais l'épithète  que  notre  Juda  donne  h  Isaac  Nathan;  puis 
Isaac  de  Cordoue  est  toujoiu's  désigné  par  les  mots  «  Isaac 
1  ben  Nathan  ».  On  serait  tenté  d'identifier  Isaac  Nathan  avec 
le  père  de  Grescas  Nathan ,  pour  lequel  les  tables  alphonsines 
turent  traduites  en  l'année  i4()o,  et  à  qui  le  traducteur 
Moïse  de  Nimes  donne  la  même  épithète  que  celle  que  nous 
venons  de  trouver.  En  ce  cas,  Juda  devrait  avoir  écrit  son 
commentaire  en  i36o  au  plus  tôt.  Juda,  comme  nous 
l'avons  dit,  était  élève  de  Samuel  de  Marseille,  qu'il  dé- 
signe presque  toujours  par  le  surnom  n^ixaian ,  le  Bar- 
ba veri,  accompagné  de  la  formule  d'eulogie  V'i.  Cette  for- 
mule n'est  sûrement  pas  une  addition  du  copiste;  car,  du 
vivant  de  Samuel,  Juda  n'aurait  pas  osé  blâmer  son  maître, 
comme  nous  verrons  qu'il  l'a  fait.  Il  est  donc  probable  que 
Juda  composa  son  commentaire  après  i344-  M.  Slein- 
schncider  parle  de  1 820-1 35o;  mais  en  i330  Barbavera 
n'enseignait  pas  encore.  Juda  s'est  trouvé  dans  sa  jeunesse 
à  Bologne,  où  il  vit  le  grand  maître  Nicolo  di  Pavia  (h^kd). 
Le  commentaire  de  Juda  Cohen  est  très  étendu,  et  il 
corrige  souvent  Averroès,  comme  le  fait  également  Lévi 
ben-Gerson.  Juda  avait  deux  textes  du  commentaire  d'Aver- 
roès  à  sa  disposition  :  l'un  dont  Barbavera  s'était  servi 
et  un  autre  qui  était  annoté.  Il  mentionne  souvent  le  texte 
arabe.  Ce  qui  est  le  plus  important  dans  le  commentaire 
de  notre  Juda,  ce  sont  les  fréquents  passages  de  Samuel 
de  Marseille  contre  Lévi  ben-Gerson,  que  Juda  appelle  le 
Jjion  de  la  Société  (mianac?  "•itcn).  Samuel  oublie  quelque- 
fois toute  convenance  envers  son  antagoniste,  et  Juda  le  lui 
reproche  sévèrement.  Samuel  avait-il  écrit  un  traité  à  part 
contre  Léon  de  Bagnols,  ou  avait-il  annoté  son  commen- 
si,insihneider.  taire?  Nous  n'en  savons  rien.  A  la  fin  de  l'Isagoge,  Juda 
ujK,r.o.i..  p.  78.  ^-^g  jgg  fj„^si,a  d'Abul-Casim  d'après  la  traduction  de  Sa- 
muel, tandis  que  le  texte  de  l'Isagoge  et  des  Catégories  est 
celui  de  Jacob  Anatolio. 


Voir  ci-4)es<us. 


livlx^rsetx.,  p.  73. 


DU  XIV  SIECLE.  655 


MV    Slh;.:.t. 


Ce  commentaire,  qui  est  d'ailleurs  incomplet,  se  trouve      iii,t~iîi,  ,ie  ii 
parmi  les  manuscrits  du  collège  de  Christ  Cliurch  à  Ox-    Franco,  t  xx\ii 
lord,  et  porte  le  n°   joi.  L'écriture,  qui  est  provençale, 
semble  être  du  commencement  du  xv*  siècle  au  plus  tard. 


p.  58(). 


C\SUISTE  ANONYME. 

Un  compendium  de  casuistique  anonyme,  qui  se  trouve 
dans  le  manuscrit  d'Oxlord  n"  783,  1,  lut  probablement      Caui ,  <o»  i.s/, 
composé  à   Salon.  En   eflet,  on  y  parle  d'un   contrat  de   *^' "^'^ 
mariage  entre  Mardochée  fils  d'Elie  et  Douce  (xsan)  fille 
d'Abba  Mari  fils  d'Eligdor  [de  Salon].  L'écriture  est  pro- 
vençale, et  on    y   trouve  souvent  des  mots    provençaux; 
néanmoins  l'auteur  cite  plutôt  les  autorités  de  la  France  de 
l'Est  que  celles  de  la  Provence.  L'ouvrage  se  compose  de     R.».ic.i.sKui.ir. 
194  règles  de  casuistique  (d^dd).  Le  n"  i58  est  tiré  d'un   J"'*"- "^f  •'>9 
compendium  de  Jacob  de  wjmD  (Provins?).  Les  autres  pièces      Voir  .kI.shi  , 
qu'on  Y  trouve  de  David  d'Eslella  et  du  médecin  Moïse   11;,.!'';;';!.'!!!!"" 
Botarel  ont  eu  ou  auront  leur  place  dans  les  articles  con- 
sacrés à  ces  auteurs.  Pour  plus  de  détails  nous  renvoyons      R(viu.i(»''ui.i..« 
à  la  notice  que  M.  Neubauer  a  donnée,  dans  la  IJevue  des  J"'*""  '"  ^'  ^^■ 
Etudes  juives,    du    compendium   qui   fait  l'objet  de  cet 
article. 

JACOB  LÉVI, 

TRADUCTEUR,    MEDECIN. 

Jacob  fils  de  Joseph  (selon  le  manuscrit  de  Lyon)  hal- 
Lévi  le  médecin,  demeurait  à  v^^h  (O.xford,  n"  -ii^i)  ou 
y^K  (Oxford,  2584,  4),  Aies  dans  la  Dordogne  ou  Alex      Caiai.,ooi  740 
dans  la  Haute-Savoie  (?).  On  ne  sait  rien  de  sa  vie.  Nous  le   '^  '"^ 
connaissons  comme  auteur  de  traités  de  médecine  et  comme 
traducteur.  Voici  l'énumération  de  ses  travaux. 

1°  Traduction  du  traité  sur  la  paralysie,  ]^w'7Kicn  -idnd, 
d'Arnauld  de  Villeneuve.  Cette  traduction  fut  faite  en 
l'année  6057  =  1297  de  J.-C.  Elle  se  trouve  dans  le  manu- 
scrit G  ùnzburg,  n"  760,  7,  .Slrinsclmeia.r, 

„o        L  !  .       •./  1  Ueberseli.  ,p.  tBo. 

2     D'?3np0j(D  ^3^D  npe?  bpD  xipjn  onina  -idko,   traité  sur   les 


.   .  656  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANC  VIS 

XIT*  SIECLE.  ^ 

porcs  ou  sur  les  scrofules,  intUulé  Bàlon  d'amandier.  Ce 
traité  fut  composé  à  la  prière  d  Isaac  fils  d'Abraham  ■•snrn 
(de  Trets,  Bouches-du-IUiône),  et  achevé  le  mercredi, 
dernier  jour  du  mois  d'éloul  Bofio  (aoiit-septend)re  i3oo). 
Il  est  divisé  en  i  2  chapitres.  Il  se  trouvé  dans  les  manu- 
scrits d'Oxford ,  2i4'-«,2i  et  2584,3;  le  second  manuscrit 
a  un  chapitre  de  plus  que  le  premier. 

3°  c?K'?it:c"iDn  ncND,  traité  sur  les  fistules,  comme  addition 
au  traité  précédent.  L'auteur  dit  qu'il  n'avait  pas  eu  d'abord 
l'intention  de  composer  cet  ouvrage,  en  ayant  assez  dit  sur 
la  matière  dans  le  traité  sur  les  scrofuh^s;  c'est  sur  le 
désir  de  son  beau-père  R.  Tanhum  fils  de  R.  Juda  qu'il  a 
ratai.,coi.  iij6.  entrepris  de  l'écrire.  Ce  traité  fut  achevé  à  y^N  Aies,  le 
jeudi,  22  lammouz  5o6i  (29  juin  i3oi).  Il  se  trouve  dans 
le  manuscrit  d'Oxford,  2584,4- 

4°  mscn  ncDna  -idxd,  traités  sur  la  perte  (du  sang)  par  les 
plaies.  L'auteur  est  désigné  ici  par  le  copiste  comme  étant 
un  médecin  expert  en  chirurgie.  Le  traité  est  une  réponse 
à  deux  questions  qui  lui  avaient  été  adressées.  L'auteur  ne 
dit  pas  par  qui;  il  écrit  seulement  à  la  fin  de  l'ouvrage  : 
«Je  te  donne  cette  réponse  succincte,  puisque  tu  es  pressé 
«  de  retourner  chez  ta  mère  et  dans  ta  ville  natale.  »  Ce 
traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford  2584,  5. 

5°  nomca  noKD,  traité  sur  le  okciqdid  {^apostema'j ,  comjx)sé 
probablement  par  notre  Jacob;  dans  le  même  manuscrit, 
article  6. 

6  '  y>vn  Nip:  th  n3N'7DD  yvr\  -idkd.  C'est  le  chapitre  sur  l'œil, 

Arch.  des  Miss,    de  la  cliirurgie  de  Mésué  (Jean  de  Damçs) ,  que  notre  auteur 

m"''566'   "'     ^  traduit  du  latin  en  l'année  5o66   (i3o6).  Ce  traité  se 

steinschneider,   trouvc  daus  le  manuscrit  hébreu  n"  8 ,  5  de  la  bibliothèque 

(JeberseU..p.8oo.     ^|g  J^   ^illc  de  LyOU. 

7°  n"E33  "'iBCfND  NBnn  Vk  D''DiKmDND,  tradiictiou   du   traité 

Calai,  de  Rossi,    sur  les  poisous  de  maître  Gautier.  Cet  ouvrage  se  lit  dans 

P  '*^'  le  manuscrit  susdit  de  Lyon,  dans  le  manuscrit  de  Parme 

io53,  3,  et  dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  Gûnz- 

burq,  n°  760,  8;  le  premier  manuscrit  ne  donne  pas  le 

nom  du  traducteur. 


DU  XIV  SIECLE.  657        ^,^.^,_ 

ABRAHAM  BEÎNUIG, 

COMMENTATEUR. 

Abraham  Bendig  (dans  le  manuscrit  on  lit  ^mja)  était 
sans  doute  un  Provençal;  il  est  l'auteur  d'un  commentaire 
sur  Job,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  la  bibliothèque 
Gûnzburg,  n"  867,  3.  L'écriture  est  provençale;  l'ouvrage 
lut  copié  par  Isaac  fds  de  David  de  Beaucaire,  qui  acheva 
son  travail  le  lundi  2  siwan  5i20  (18  mai  i36o).  En  voici 
le  commencement  :  iVyim  onn»  erra  ^iTi^  o-'iioipn  D'oann  h^  «la: 
n'y  n»D  wan  wnio  kdc  is  D-in  dt3.  Nous  regrettons  de  ne  pou- 
voir donner  plus  de  détails  sur  ce  commentaire;  la  biblio- 
thèque Gûnzburg  ayant  été  trans[)ortéeà  Saint-Pétersbourg, 
nous  n'avons  pu  nous  en  servir,  comme  nous  l'avions  lait 
pour  la  première  partie  de  l'histoire  des  Rabbins  français. 

JACOB  DE  BAG.\OLS, 

CASUiSTE    ET    THEOLOGIEN. 

Jacob  fds  de  Moïse  de  Bagnols  est  l'auteur  d'un  ouvrage 
de  casuistique,  divisé  en  trois  parties.  Nous  ne  connaissons 
ni  l'année  de  sa  naissance  ni  celle  de  sa  mort,  aucun  bi- 
bliographe ou  historien  juif  ne  le  mentionnant.  Tout  ce  que 
nous  pouvons  tirer  de  son  ouvrage,  c'est  qu'il  était  le  fds 
d'un  savant,  car  il  cite  son  père  deux  fois  à  l'occasion  d'une 

3uestion  de  casuistique;  qu'il  était  le  petit-fils  de  David 
'Estella;  qu'un  de  ses  maîtres  était  un  Sen  Boniac'  Nasi,       Y"^  n-.k-i^ui 
qui  lui-même  cite  un  Sen  Jacob  fie  Bagnols,  qui  naturel-        '' 
lement  n'est  pas  notre  auteur,  et  finalement  que  notre  Jacob 
écrivait  entre  iSôy  et  i36i.  Il  était  originaire  de  Bagnols; 
mais  il  semble  qu'il  ne  s'y  était  pas  fixé. 

Comme  tous  les  ouvrages  de  casuistique  écrits  à  cette 
époque  par  les  rabbins  provençaux,  le  livre  de  Jacob  se  com- 
pose de  règles  de  casuistique,  suivies  d'un  traité  de  morale.       Voh  d dessous 
L'ouvrage  se  trouve  dans  le  manuscrit  Or.  2706  du  Musée   ^'  ®^^ 

'  Boniac  semble  être  une  contraction  de  Bon  Isaac.  (Voir  Revue  des  Et.  J,,  IX  , 
p.  5i,  note  6.) 

TOME  .i\xi.  83 


vu'  sùaK.        ^'^^  ^^'^  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

hiitannique,  que  M.  Neubauer  a  analysé  dans  la  Revue  fies 
iumi.mI.sKiiiiI.s    l*]tu(les  juives, 

\\mos.  IX,  p.  .1  L'ouvrage  commence  par  une  pièce  de  vers  donnant  en 
acrostiche  le  nom  de  l'auteur;  il  est  suivi  d'une  préface  en 
prose  cadencée,  qui  ne  contient  aucun  renseignement  histo- 
rique. Le  manuscrit  est  dépourvu  de  titre;  une  main  posté- 
rieure a  mis  l'en-tête  suivant  :  . .  .apyi  ikcï  "'pcBO  itcn  nt,  «  ce 
«  livre  renfermantdes  décisionsaété  composé  par  Jacob, elc.  » 
Or  le  titre  ''pcD  «  Décisions  »,  est  celui  de  la  première  partie 
de  cet  ouvrage,  qui  renferme  en  eflet  des  décisions  sur  les 
choses  licites  et  illicites  (■)r''m  iick),  et  qui  est  divisée  en 
Irente-huit  chapitres,  dont  le  dernier  esl  incomplet.  La 
deuxième  partie  a  pour  titre  d'';:;:  p-itï,  «  Salon  ou  Aide  des 
\oii  cido.-u.,    «  femmes  »  (selon  qu'on  tire  m?y  de  n-jjy  ou  de  n-ity),  et  traite 

''■'"'  des  règles  poiu'  le  mariage,  le  lévirat  et  le  divorce;  nous 

parlerons  plus  loin  de  l'introduclion  qui  est  en  tôle  de  cette 
seconde  partie.  La  troisième  partie  est  intitulée  nnjcnmic, 
«Mystère  de  la  Providence»;  c'est  un  recueil  de  morceaux 
de  morale,  de  philosophie  et  de  mysticité. 

Dans  la  première  partie,  Jacob  cite,  selon  l'usage  des 
casuistes,  les  opinions  de  ses  prédécesseurs,  parmi  lesquels 
nous  signalerons  ceux  qui  apparlienrjent  à  la  France.  Ce 
sont  les  Provençaux  Isaac  fils  de  Juda  de  Narbonne;  Joseph 
ben-tj"?!);  Abraham  fils  de  David  d'Arles,  Zerahiah  [Halévi], 
les  auteurs  d'Itour,  de  llaschlamah  et  des  Asonfoth;  Jonatlian 
et  Ascher  de  Lunei;  Menahem  Meiri;  les  savants  de  Mont- 
pellier et  parmi  eux  Abraham,  peut-être  le  père  du  fou- 
iiisi.  i.ti.  (le  la    gueux  Salomon,  de  qui  Jacob  mentionne  le  commentaire 

p.T'iT .le.  "^ur  les  traités  Houlin  et  Kclouholh.  Quant  aux  rabbins  fran- 

çais du  Nord,  Jacob  ne  mentionne  nommément  que  le 
lameux  Raschi  et  son  petit-fils  Jacob  de  Ramerupt;  souvent 
il  renvoie  d'une  façon  générale  aux  décisions  des  rabbins 
de  Çarfat  (France);  il  mentionne  aussi  des  usages  rituels 
Pour  lo  i.xic,   locaux  :  «  Tel  est  l'usage  à  Narbonne  et  dans  les  pays  voisins 

loir  la  Revue  des         •  '»   l        •    'i.         1      \;'  il  ...  ,^  "'  .. 

Ktuiir» juives, IX.    «'jusqu  a  la  rivière  du  Vidourle;  mais  ici,  en  rrovence,  il  est 

r-  5A.  „  différent.  »  Le  plus  souvent,  pour  décider  les  questions,  il 

Voirci.iessous,   s'uppuîe  sur  des  faits  arrivés  à  Salon,  localité  qu'il  semble 


DU  XIV  SIECLE.  650 


\I>'  SIKCI.K. 


p.    '.7O. 


avoir  habitée.  Jacob  mentionne  aussi  les  usages  rituels  des 
juifs  de  l'autre  côté  du  Rhône,  de  Narbonne,  d'Avignon  et 
d'Istres  (Bouches-du-Rhôue). 

La  deuxième  partie  de  l'ouvrage  fournit  des  documents 
intéressants  pour  l'histoire  littéraire  et  politique  des  juifs, 
ainsi  que  des  noms  de  personnes  qu'on  retrouvera  peut- 
être  dans  des  chartes.  Nous  donnerons  de  courts  extraits  de 
l'avant-propos;  on  y  verra  qu'on  se  contentait  en  Provence 
de  compcndia  de  casuistique,  sans  se  soucier  d'étudier  les  y»""  ''Ic-^'h. 
sources,  et,  d'un  autre  côté,  que  Jacob  n'était  pas  favorable 
aux  études  philosophiques.  »  Je  suis  indulgent  envers  ceux 
«  de  mes  contem])orains  qui  ne  font  pas  de  l'étude  de  la  Loi 
«  leur  occupation  favorite;  la  cause  de  cette  négligence  est 
«dans  les  misères  journalières  et  incessantes,  dans  les  ter- 
«  reurs  de  guerres,  etc.  Il  y  en  a  d'autres  qui  sont  aveuglés 
«  par  leur  haute  position  et  leurs  succès  mondains.  Quelques 
«autres  se  contentent  de  résumés  de  décisions,  sans  se 
«soucier  de  l'étude  du  Talmud,  ne  voyant  pas  le  danger 
«  qu'il  y  a  à  abandonner  ainsi  le  tronc  et  à  ne  saisir  que  la 
«  branche.  .  .  Plusieurs  enfin  préfèrent  les  sciences  profanes, 
«  celles  qu'on  trouve  dans  les  livres  d'Aristote  et  des  autres 
«philosophes,  et  délaissent  l'enseignement  de  nos  sages.  » 
Ailleurs  :  «  S'ils  tirent  vanité  des  livres  qu'ils  préfèrent,  je 
«  leur  rappellerai  que  ceux  qui  écrivent  les  formules  des 
«  lettres  de  divorce  ne  connaissent  pas  moins  qu'eux  les 
«calculs  astronomiques,  les  éclipses,  les  lois  de  Ptolémée 
«  et  de  ses  successeurs.  »  Les  adversaires  que  Jacob  a  ici  en 
vue  sont  ces  juifs  de  Provence  cpii  étudiaient  la  philosophie 
et  les  mathématiques,  tels  que  ledaïah,  Calonymos,  Samuel 
Miles,  Léon  de  Bagnols. 

Voici  quelques  documents  que  cite  Jacob,  et  par  lesquels 
nous  apprenons  la  date  approximative  où  il  florissait,  ainsi 
que  les  villes  qu'il  a  habitées.  Mentionnons  d'abord  un 
contrat  de  mariage  entre  Abraham  fds  de  R.  Hayyim  et 
Estelle  fdie  d'Isaïe  fils  de  David,  tous  les  deux  à  Salon 
(p'j'e;  SiJDa),  en  i36i.  —  Dans  un  document  de  i36i, 
concernant  un  malade  du  nom  de  Moïse  fils  de  Nathan 

8a. 


XIV   sieci.K. 


660  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


d'Aleiiçon,  qui  avait  donné  une  lettre  provisoire  de  divorce 

au  moment  où  la  peste  sévissait,  Jacob  dit  explicitement  qu'il 

Roviipj.sKiu.ics   demeurait  à  Salon.  On  apiirend.  i)ar  le   môme  document 

juivi'H,  IX ,  p.  56.  ]  ,  11-  /'Il  •  .        1  11  1 

que  le  père  de  la  jeune  tiHe  mentionnée  dans  la  lettre  de 
divorce  se  nommait  Salomon  Bongodes  Caïl  ('^"Np).  11  envoya 
tons  les  documents  nécessaires  à  Avignon,  où  Jacob  était 
un  des  maîtres  de  l'école  talmudique.  On  a  un  autre  do- 
cument daté  du  jeudi  lo  du  mois  no  scliebat  5i2  2  («8  jan- 
vier 1.362),  que  Jacob  dit  avoir  été  rédigé  ])ar  lui  et  les 
anciens  d'Avignon ,  puis  renouvelé  souvent  à  Avignon  et  à 
Tarascon;  les  noms  des  parties  sont  Calva  (nxnbxp),  lille  de 
11.  Isaac  (ils  de  Pereç,  veuve  de  Samuel  lils  de  \\.  Saùl,  et 
Natlian,  père  de  ce  dernier.  Dans  un  autre  document  nous 
trouvons  le  nom  d'Orgon  (jinx). 
Urvuc.ii'sKtiidcs  La  troisième  partie  de  la  com])ilalion  de  Jacob  fut  com- 
jiiM.s,  ,  p. ,  .  jj)ppç,(ig  pj^  i3f)7.  L'auteur  y  cite  Moïse  de  Couci,  Ascher 
de  fjunel,  ses  collègues  à  Salon  (n'j-'a),  et  des  rabbins  de 
Carpentras  (où  Jacob  semble  avoir  enseigné  également) , 
ainsi  que  Lévi  ben-Gerson. 

DAVID  DE  ROQUEMARTINE, 

EXÉGÉTF.. 

Ma/kii,  XIII,  David  de  Roquemartine  est  l'auteur  d'un  ouvrage  qui 

p.  G'i.ft  XVIII,  ,  ,  J-.  n       Ml 

p. ..  commence  par  les  mots  Kj-'oicNpnD  in  -idn,  «  a  dit  David  de 

«  Rocca-Martina  »,  avec  les  initiales  desquels  on  a  formé  le 
mot  DiK,  par  lequel  David  est  quelquefois  désigné.  Son  nom 
entier  se  trouve  cité  dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  307,  2. 
Le  catalogue  lit  «pn  au  lieu  de  Kpn,  et  transcrit  «  R.  David 
«  de  Duca  Martino  ».  La  notice  du  catalogue  relative  à  ce  ma- 
nuscrit contient  encore  d'autres  erreurs.  Qn  y  lit  ce  qui 
suit  :  «  Quatre  sermons  philosophiques.  On  y  voit  cités  l'ou- 
«  vrage  rnvn  ]nN  de  R.  Isaac  Aboab;  R.  David,  de  Duca  Mar- 
«  tino,  R.  Sabbethai  et  R.  EliezerQresqas,  auxquels  l'auteur 
«  demande  la  permission  de  prêcher.  »  L'ouvrage  intitulé 
nnyn  p-iK  n'est  pas  de  R.  Isaac  Aboab,  mais  de  Juda  Khora- 
sani;  le  passage  donné  comme  anonyme  dans  le  manuscrit 

Magaiiii,  I,      en  quesûon  se  retrouve  en  effet  dans  le  dix-septième  cha- 
p.  35. 


DU  XIV  SIECLE. 


601 


ll>'  SIÈCLE. 


])ilre  (nnvn  ]nx).  Le  prôdicaleur  ne  demande  pas  de  permis- 
sion à  Rocca-Martino;  il  la  denian.le  aux  deux  autres  seulo- 
menl.  La  cilalion  de  David  dans  ce  manuscrit  est  relative  au 
passage  de  la  Genèse,  m,  ■).-}.  :  «Et  maintenant  de  peur 
«  (juAdam  n  étende  sa  main  »;  on  dit  que;  I^évi  hen-Gerson 
et  David  de  Hocca-Marlino,  dans  l'ouvrage  Zckoutli  Adam, 
traduisent  «  maintenant  si  Adam  étendait  sa  main  ».  Dans  la 
description  du  manuscrit  de  Paris  n"  867,  1,  le  catalogue  a 
correctement  doinié  1»;  nom  de  Hocca-.Martino;  mais  l'auteur 
(h;  l'ouvragcî  décrit,  qui  est  Élie  de  Montalcino  et  qui  cite 
David,  ne  dit  pas  du  tout  qu'il  soit  un  «  cabaliste  moderne  ». 
Élie  dit  sinq>lement  qu'entre  antres  ouvrages  celui  de  David 
lui  est  parvenu,  mais  qu'il  n'a  même  pas  daigné  l'annoter, 
car  c(U  ouvrage  suppose  la  non-création  du  monde.  Elie  dit 
encore  qu'on  ne  peut  concevoir  les  sottises  que  David  avance, 
en  les  entremêlant  d'elïronteries.  «  Si  j'élais  un  des  grands 
«hommes,  dit  Elie,  j'aurais  lancé  une  excommunication 
•  contre  ceux  qui  liront  l'ouvrage  de  David;  en  un  mot, 
«  j'aurais  livré  son  livre  aux  flammes.  » 

David  de  lloquemartine  n'est  pas  connu  des  anciens 
bibliographes;  mais  son  ouvrage  est  cité  par  Bartolocci  et 
Wolf,  qui  disent  qu'il  existe  en  manuscrit  au  Vatican, 
in-^".  De  Hossi  mentionne  notre  auteur  sous  le  nom  de 
David  de  Rocca  Martica  (lisant  xj-'tnt:  au  lieu  de  kj^sdid).  On 
ne  sait  rien  de  certain  sur  notre  rabbin.  ^L  Carraoly  crut 
d'abord  qu'il  était  Italien  et  qu'il  avait  vécu  vers  1870,  en 
s'appuyant  sur  le  manuscrit  867  de  Paris.  Plus  tard,  il  se 
borna  à  dire  que  David  avait  fréquenté  les  écoles  rabbi- 
niques  d'Italie,  comme  le  montre  son  ouvrage Zekonth  Adam. 
M.  Carmoly  identifie  le  nom  de  nroio  Npn  avec  Roquemar- 
tine  près  d'Arles,  et  il  ajoute  avoir  vu  à  Amsterdam  (il  ne 
dit  pas  chez  qui)  un  vieux  manuscrit  sur  parchemin  de 
l'ouvrage  de  notre  rabbin,  où  se  trouvait  une  suscription 
hébraïque  équivalente  à  ceci  :  «  Un  commentaire  allégo^ 
«  rique  sur  les  premiers  chapitres  de  la  Genèse,  pour 
«  prouver  contre  les  chrétiens  qu'Adam  n'a  pas  péché  en 
«  mangeant  de  l'arbre  de  la  connaissance;  l'auteur  est  un 


Voir  cidesboiis, 
p.  GGî. 


Calai..  i>.  i.^(|- 


Bibl.  rabb..  Il, 
p.  807  ;  IV,p.  3o5; 
Bibl.  hebr.,  II. 
p.  1 197;  Dizioii. , 
p.  276;  Calai., 
n"  i-ji. 

Annalen  dv.  Jost , 
II,  p.  igi. 

Lebanon ,     III 
p.  >39. 

É<lil.,p.  11, 


XIV    MhXI.K. 


1' 


I'- 


002  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  homme  savant  et  craignant  Dieu,  dont  le  nom  est  R.  David 
«de  Rocca  Marlina,  un  des  grands  philosophes  de  Pro- 
«  vence  en  l'année  5 120  A.  M.  =  1  36o.  »  On  ignore  le  sort 

Voii  .i.icswiu.    de  ce  manuscrit.  M.  Senior  Sachs,  dans  la  prélace  de  son 

''"^  édition,  soutient  que  Don  Isaac  Abravanel  (né  en  1427, 

mort  en  1 5o8  )  avait  à  sa  disposition ,  lors  de  la  composition 
de  son  commentaire  sur  laClenèse,  l'ouvrage  de  notre  David, 
et  qu'il  s'en  est  servi.  En  effet,  dans  le  manuscrit  1006,  3 

(;»iai..  p.  iHi.  de  Paris,  on  attribue  l'ouvrage  de  David  à  Don  Isaac  Abra- 
vanel, probablement  parce  que  les  deux  traités  qui  le  pré- 
cèdent dans   le   manuscrit  sont  de  cet   auteur.   M.  Neu- 

\i.i,a/iii.  I.  bauer  s'est  demandé  s'il  est  bien  certain  qu'Abravanel  se 
soit  servi  de  l'ouvrage  de  David,  ou  si,  au  contraire, 
ce  n'est  pas  David  qui  aurait  utilisé  Abravanel.  D'ailleurs, 
ajoute-t-il,  tous  les  deux  auraient  pu  puiser  à  la  même 
source,  à  l'ouvrage  de  Juda  Khorasani.  M.  Neubauer  dou- 
tait aussi  de  la  date  i36o  donnée  par  M.  Carmoly,  ainsi  que 
de  l'identification  de  Rocca  Martine  avec  Roquemartine  près 

\i;iikti.  wiii,    d'Arles.  Cependant  David  est  sûrement  antérieur  à  Abra- 

'  vanel,  et  nous  pouvons  accepter  la  date  que  M.  Carmoly 

dit  avoir  trouvée  dans  le  manuscrit  d'Amsterdam.  Nous 
pouvons  donc  considérer  noire  rabbin  comme  un  Proven- 
çal ayant  été  quelque  temps  en  Italie,  mais  né  ou  fixé  à 
Roquemartine  près  d'Arles,  localité  que  nous  trouvons  men- 
tionnée ailleurs.  Dans  la  traduction  hébraïque  du  Lilium 
meclicinœ  (manuscrit  du  Musée  britannique,  n°  add.  1 5,  455) 
on  trouve  comme  propriétaire  Salomon  ptjno  Kpn.  Abraham 

i).ï-  Ori.nl,  V,   u'û-iDtcpm,  en  1739,  et  Moïse  iroir:  xpm,  en  1760,  étaient 

'"  rabbins  à  Carpentras,  et  on  connaît  une  famille  à  Nîmes, 

en  1789,  du  nom  de  Roquemartin.  Nous  verrons  plus  loin 

v..irci-<iissoiis,  que  notre  auteur  fait  allusion  à  un  exil  des  juifs,  probable- 
ment à  celui  de  i3o6. 

Enumérons  maintenant  les  ouvrages  composés  par  David 
de  Roquemartine. 

I.   L'ouvrage  intitulé  mx  msi,  «  La  justification  d'Adam  » 

Voir  cidcssus,  (ont*  étant  en  même  temps  un  jeu  de  lettres  sur  le  nom  de 
notre  David) ,  est  un  commentaire  allégorique  sur  l'histoire 


(>ii.> 


p.  ()6o 


DU  XIV    SIÈCLE.  663 


\n     ilKCI.K. 


d'Adam  (Genèse,  ii-iv).  David  suit  en  général  Maimonide. 
C'est  grâce  à  lui,  dit-il,  qu'il  a  osé  entrer  dans  les  mys- 
tères de  la  création.  Le  rationalisme  de  Maimonide  est  na- 
turellement supérieur  à  celui  de  David,  et  ses  connais- 
sances sont  bien  plus  étendues.  Maimonide  philosophait 
à  une  époque  où  les  communautés  de  France,  d'Espagne, 
d'Allemagne  (D':y:3;  peut-être  les  pays  slaves)  et  des  pays 
arabes,  se  trouvaient  dans  un  état  prospère,  et  où  il  y  iiarimy,  JikI. 
avait  de  grandes  écoles,  de  grands  savants.  Si,  à  cette  ""'•'*'"•  i'- "• 
époque,  l'explication  mystique  a  été  jugée  nécessaire,  dit 
David ,  «  à  plus  forte  raison  l'est-elle  avec  notre  généra- 
«tion,  qui  est  allée  en  exil  et  qui  a  vu  par  conséquent  les 
«  écoles  cesser,  A  peine  pouvons-nous  nous  occuper  de  la 
«  Loi,  dans  l'état  malheureux  où  nous  nous  trouvons  à 
«  présent  ». 

David  était  donc  un  des  exilés  de  i3o6;  car  il  ne  peut 
faire  allusion  à  une  autre  expulsion.  C'est  alors  qu'il  est 
allé  en  Italie,  et,  si  M.  Carmoly  a  bien  lu  le  manuscrit 
d'Amsterdam,  David  est  revenu  en  Provence,  où  on  le 
trouve  vers  1 36o.  C'est  en  Provence  qu'il  avait  probable- 
ment composé  sa  dissertation  allégorique,  qui  est  en  même 
temps  un  chapitre  de  polémique  contre  les  dogmes  chré- 
tiens. 

Recherchant,  en  effet,  si  la  narration  biblique  doit  être 
prise  à  la  lettre,  ou  bien  s'il  faut  y  trouver  de  l'allégorie, 
i)avid  déclare  qu'il  se  met  à  étudier  celte  matière  :  i"  pour 
atteindre  la  vérité,  afin  d'arriver  à  la  perfection;  1°  pour 
contredire  les  savants  chrétiens,  qui  dérivent  de  cette  nar- 
ration et  du  péché  d'Adam  la  nécessité  de  l'arrivée  de  leur 
Mes.sie.  Davicl  divise  sa  dissertation  en  cinq  parties  :  1"  Énu- 
mération  des  contradictions  qu'on  trouve  dans  le  récit 
biblique;  2°  Propositions  pour  la  solution  de  ces  doutes; 
3"  Résultats  de  ces  propositions;  4°  Explication  des  versets 
selon  ces  solutions;  5"  Réponses  aux  doutes  qui  naissent 
dans  la  partie  précédente.  Chaque  partie  est  subdivisée  en 
deux  autres  parties,  et  celles-ci  sont  subdivisées  en  cha- 
pitres. David  ne  cite  que  Maimonide;  cependant  son  exposé 


XIV     SIKCl.F.. 


p.  an 


cm  r,ES  KCHIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

offre  beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  Joseph  Caspi,  qu'il 
ne  cite  pas,  non  plus  cpio  Lévi  ben-(lerson.  Il  est  possible 
que  David  ait  composé  sa  dissertation  encore  jeune  et  du 
vivant  de  cos  deux  auteurs.  Il  est  curieux  de  noler  que  David 
\oir  «idi^sus,    aj)pello  son  traite-  c-c:ip,  mot  que  Caspi  et  Calonymos  eni- 

Iiloient  également,  et  qui  était  probablement  en  usagechex 
es  juifs  de  l'rovencc,  pour  désigner  un  petit  traité.  Notre 
auteur  est  eu  général  plus  clair  et  même  plus  logique  que 
Joseph  (laspi,  quoique  celui-ci  se  vante  toujours  de  s'ap- 
puyer sur  la  logicpie. 

Le  traité  de  David  a  paru  dans  la  revue  hébraïque  inti- 
tulée hal-Lebanon  (imprimée  à  Paris),  année  1866,  et  en 
tirage  à  part  dans  l'ouvrage  intitulé  p:3'?n  p',  d'après  le  ma- 

Ciaiii.p.  i«i.  nuscrit  de  Paris  n"  1 006,  3,  qui  est  encore  anonyme  dans  le 
nouveau  catalogue,  malgré  le  renvoi  de  l'auteur  du  catalogue 

\.>i.  ri.i..ssii^,  à  l'édition  mentionnée  ci-dessus,  où  M.  S.  Sachs  dans  la 
préface  donne  David  de  Rocca  Martica  comme  auteur.  Nous 
avons  vu  que  les  manuscrits  de  Parme  n°  208,  1,  et  du 
Vatican  n°  35i,  2,  sont  également  anonymes.  Il  y  a  encore 
deux  manuscrits  h  Oxford,  n"*  946,  5,  et  2232,  2". 

II.  Commentaire  surlecélèbrepassaged'Isaïe,  LU,  i3-i  5, 
et  Lin.  David  divise  cette  prophétie  en  trois  parties  :  i°  Pros- 
périté d'Israël,  suite  de  ses  humiliations  et  de  ses  persé- 
cutions (lu,  i3  à  i5);  2°  lîeconnaissance  par  les  nations 
de  la  prospérité  d'Israël  (lui,  1  à  5);  3°  Enumération  des 
malheurs  d'Israël  (lui,  5,  jusqu'à  la  fin  du  chapitre).  Ce 
commentaire  a  été  imprimé  en  hébreu  dans  l'ouvrage  in- 
titulé The  Jifty-third  chapler  of  Isaiah  accordinfj  to  jewislt 
interpreters ,  edited  hy  Ad.  Nenbauer,  Oxford,  1876,  I,  p.  180 
à  182;  et  traduction  anglaise  par  R.  D.  Driver  et  Ad.  Neu- 

Voir  ci  dessus,    baucr,  p.  i88.  M.  Neubauer  a  placé  ce  commentaire  après 
f  *'''  ■  celui  de  don  Isaac  Abravanel,  croyant  alors  que  David  s'était 

servi  des  livres  d'Abravanel.  D'après  ce  que  nous  avons 
dit  plus  haut,  il  est  plus  que  probable  que  notre  David 
avait  vécu  plus  d'un  siècle  avant  Abravanel,  et  le  com- 
mentaire de  David  devrait  se  trouver  avant  celui  d'Abra- 
vanel.     '  ^V;:^:V.-.f^  •-■ 


DU  XIV  SIÈCLE.  665 


XIV     SILCI.F., 


III.  Il  faut  rapporter  à  David  de  Roquemartlne  deux 
notes  exégétiques,  ayant  pour  objet  :  a.  l'explication  de 
l'aulliropomorphisme  dans  le  passage  de  Deutéronome, 
XXXIV,  7;  b.  l'explication  du  mot  ajj,  «  sud  ».  Ces  deux  notes 
se  trouvent  dans  le  manuscrit  Warn.  20,  2  de  la  biblio-  Caïai.p.  uo 
thèque  de  Leide. 

JOSEPH  GART, 

LITLRGISTE. 

Joseph  Gart,  que  nous  avons  mentionné  dans  la  notice      g?''  "-•'•'"'»• 
consacrée  à  maître  Violas,  appartient  sans  doute  à  la  famille 
(iard  d'Avignon,  que  nous  rencontrons  en  lÔôy,  avec  le  ju^JÎ!^,'x!p!'8f" 
surnom  hébreu  ijncic,  mot  d'où  on  a  voulu  conclure  qu'il  y 
avait  à  cette  époque  des  Samaritains  à  Avignon.  Rien  de   ^J|>"'.'x,p.îi5. 
plus  gratuit  :  ■•jncic  est  une  traduction  de  Gard  (loe?  =  gar- 
der). On  lit,   dans  le  document  du  xvi"  siècle,  leà  noms 
d'isaac  et   de  Joseph  Gard.  Ce  dernier  nom  est  écrit  B^3 
(manuscrit  de  Leide,  Warn.  43,  4;  cnj)  et  plus  tard  tikj.      ^'°'''  "-dessus, 
Ce  Joseph  ne  peut  pas  être  identique  à  notre  auteur,  qui     Revue  des  Étude» 
vivait  au  moins  un  siècle  auparavant.  On  trouve  également  iu'»es.  ix.  p.  73. 
un  Abraham  Gard  et  un  Moïse  Gard  (^^w),  ce  dernier  pro 
priétaire  d'une  Bible  en  i494-  c,"o 

Un  Moïse  Gard,  d'Aix,  peut-être  fds  de  notre  Joseph, 
est  l'auteur  d'une  liste  des  sections  du  Pentateuque  qu'on 
trouve  à  la  fin  du  manuscrit  5o3  du  Vatican,  avec  le  titre   t.  "pa'ri'Y.p  90 
suivant  :  vynt  tikj  nvv  Vi  CTâô  "hed  minn  rwvit  ino. 

Au  commencement  du  manuscrit  de  Paris  n"  898,  se 
trouve  une  liturgie  de  six  lignes  pour  le  jour  de  l'an  par 
«  le  savant  Joseph  Gart  »,  commençant  par  les  mots  ■'roa  n»n 
Vipa  mip  ninj,'  et  un  manuscrit  de  la  Bodléienne  récemment  note 
acquis  contient,  entre  autres  ouvrages,  un  commentaire  Ms.  Hebrew, 
sur  les  liturgies  des  quatre  sabbats  (nv^ns  miK]  du  prin- 
temps par  Sen  Joseph  Gard  (tiw)  d'Aix.  Le  manuscrit  de  la 
Bodléienne,  qui  renferme  d'autres  pièces  concernant  le  rite 
d'Avignon,  fut  copié  par  Moïse  Samuel  ('7''''D»)  d'Ascola  ou 
da  Scola  (l^'?^pe;^n),  et  achevé  le  3o  du  mois  de  siwan  6162 
(i"juin  1402). 

TOME  XXXI.  81 


Ms.  de  Berne , 


Mai,  Scr.' Vet. 


Revae  des  Études 
juives,  X,  p.  11 5. 


10. 


lUPtHitUa    lATMaALS. 


,   .  660  LES  i:CRI VAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

\IV    SIECLE.  • 

MOÏSE  DE  XARBONNE, 

PHILOSOPHE. 
SA  VIK. 

u.Urscu.,  Moïse,  dis  de  Josué,  fils  de  Mar  David,  fils  de  Josué,  (ils 

''  '"  de  Meir,  fils  de  Moïse,  fils  d'Abba-Mari,  fils  de  David, 

surnommé  maestre  Vidal  Bellsom  '  (Belliomme)  Narboni, 
appartenait  à  une  famille  originaire  de  Narbonne ,  qui  s'était 
établie  à  Perpignan;  c'est  dans  cette  ville  que  le  jeune  Moïse 
Miiiik, MéUiiii.s,    fit  ses  études  sous  la  direction  de  son  père.  Nous  ne  connais- 
I'  ""•  sons  pas  la  date  de  sa  naissance;  mais,  dit  M.  Munk,  il  y  a  lien 

de  croire  qu'il  naquit  dans  les  dernières  années  du  xiii*  ou 
au  commencement  du  xiv*  siècle.  Nous  verrons  qu'en  i3G'.< 
Moïse  se  considérait  déjà  comme  vieux,  et  près  de  sa  morl. 
Moïse  fut  initié  à  l'âge  de  treize  ans,  par  son  père,  à  la  plii- 
losophie  de  Maimonide,  en  vogue  à  cette  époque  chf?z  les 
(...iiiMHi.i.  sur    Juifs  de  Provence  et  d'fîlspagne,  malgré  l'excommunication 
1.  \ioiv.i,  jo,(i.\    lancée  contre  elle  au  commencement  du  xiv"  siècle.  Il  men- 
tionne  comme  ayant  été  ses  maîtres  Moïse  et  Abraliam 
(.lai/.  fiosri.i-    Casiari.  Devenu  un  fervent  métaphysicien  comme  Lé vi  beii- 
vi'i!  i)'.''i5j^"    '     Gerson,  il  s'occupait  également  de  l'Ecriture  sainte  et  de 
Voir<i(i.".soiis,    la  médecine.  Pour  mieux  s'instruire,  Moïse  fit  des  voyages 
I'  ''Tr  en  Espagne;  nous  le  trouverons  à  Tolède,  à  Soria  et  à  Va- 

ii'id  lence;  mais  il  écrivit  ses  principaux  ouvrages  à  Perpignan. 

C'est  sans  doute  en  Espagne  que  Moïse  apprit  l'arabe, 
(ju'il  connaissait  assez  bien;  mais  il  est  sûr  qu'il  n'a  rien 
traduit  de  l'arabe.  On  lui  a  attribué  la  traduction  des  ou- 
vrages qu'il  a  expliqués,  parce  qu'on  ne  connaissait  pas  les 
siei.isrhiicicirr,    auteurs  véritablcs  des  traductions.  Comme  nous  verrons  que 

IlItlTSCl/..,)).  3l  1. 

'   Nous  acceptons  l'orlliograplie  de  ce  «  Vidal  Salomon  «.  Vîdal  Salomoii  est  le 

nom  telle  qu'on  la  trouve  dans  des  in-  nom  provençal  de  Menaliein  Méiri ,  an- 

venlaires  du  xv'  siècle  (Revue  de»  El.  teur  de  la  traduction  du  livre  de  Gaaali 

juives,  IV,    p.   69,   et   XVI,    p.    181).  des  Intentions  des  philosoplies.  C'est  ce 

\l.    Steinscbneider     propose     Blasom  qui  a  donné  occasion  de  présenter  Moïse 

(  Uebersetz. ,  p.  3 1 1).  On  écrit  ce  nom  en  de  Narbonne  comme  traducteur  de  Gar- 

hébreu  le  plus  souvent  DlS^Va,  rarement  zali.  Le  prénom  de  Moïse  de  Narbonne 

avbj,   une   fois   ]^vh^  (manuscrit  de  s'écrit  tantôt  "jXTa,  une  autre  fois  VxTI 

Munich,  376;  voir  ci-des»ou»,  p.  676,  et 'jTl- 
1)°  XIV)  On  trouve  une  fois,  par  erreur. 


DU  XIV"  SIECLE.  667 

Moïse  eut  des  discussions  avec  des  savants  chrétiens,  il  faut 
supposer  qu'il  savait  le  latin  et  le  catalan.  Il  était  marié, 
avait  des  enfants  et,  à  ce  qu'il  semble,  possédait  une 
honne  clientèle  comme  médecin.  Néanmoins  il  ne  fut  pas 
toujours  heureux.  Il  eut  à  souffrir,  comme  tous  ses  coreli- 
gionnaires, des  persécutions  qui  eurent  lieu  après  la  jieste 
noire,  et  il  fut  obligé  de  s'enfuir  avec  toute  la  communauté 
/Je  Cervère,  où  il  laissa,  non  seulement  son  avoir,  mais  aussi 
s(\s  chers  livres. 

Interrompu  dans  ses  travaux,  il  ne  les  abandonna  pas 
entièrement.  Moïse  était  péripatélicien  dans  le  sens  d'Aver- 
roès,  sur  lequel  il  fit  beaucoup  de  commentaires.  11  con- 
sacra aussi  plusieurs  années  à  son  commentaire  sur  le  (luide 
des  Egarés  de  Maimonide.  Moïse  était  certes  moins  ori- 
ginal que  Léon  de  Bagnols;  mais  ses  commentaires  sur 
les  principaux  philosophes  arabes,  dit  M.  Munk,  renferment 
une  foule  de  renseignements  utiles  et  sont  extrêmement 
instructifs.  Il  a  un  style  concis,  parfois  obscur;  ses  opinions 
ne  sont  pas  moins  hardies  que  celles  de  Lévi  ben-Gerson; 
mais  il  ne  les  exprime  pas  avec  la  même  franchise.  En 
général.  Moïse  penche  un  peu  vers  le  mysticisme,  comme 
nous  le  remarquerons  dans  quelques-uns  de  ses  travaux. 
i,  Quant  à  l'année  de  sa  mort,  on  trouve  dans  un  manuscrit 
de  Paris  que  Moïse  mourut  environ  trois  mois  après  l'achè- 
vement de  son  Traité  sur  le  libre  arbitre,  qui  fut  achevé  à 
Soria  le  lo  décembre  i36i;  par  conséquent  il  serait  mort 
au  mois  de  mars  1862.  D'un  autre  côté,  nous  verrons  que 
Moïse  acheva  son  commentaire  sur  le  Guide  le  26  avril 
1862,  et,  dans  ce  commentaire,  il  cite  son  Traité  sur  le 
libre  arbitre;  par  conséquent  les  trois  mois  ne  doivent  pas 
être  pris  tout  à  fait  à  la  lettre.  En  tout  cas,  nous  ne  trouvons 
aucun  travail  de  notre  auteur  postérieur  à  l'an  i362.  Nous 
ne  savons  pas  sur  quelle  autorité  M.  Grœtz  fait  mourir  Moïse 
subitement  au  milieu  de  ses  travaux  à  Soria. 

Ce  que  Bartolocci,  Wolf,  De  Rossi,  l'iusl  ont  dit  de  Moïse 
de  Narbonne  n'est  qu'un  tissu  d'erreurs.  Ce  serait  peine 
perdue  de  le  discuter.  L'identité  de  ce  remarquable  pen- 

84. 


!'•  '''79- 


.Mluik,Milaiij;rs. 
|).  5oO. 


Voirci-do-oiis , 
p.  «78. 


Voir  ci^l«•»•(0^l!^ , 
p.  079. 


Muiik,  p.  ôo?. 

Geschiclite  «Icr 
Ju(len,VII,p.353. 

Bibl.  rabb..lV, 
73,  p.  iî5. 

Bibl.  bebr..  I. 
p.  825,828,885; 
ni.  p.  768,  80^; 
IV,  p.  9... 


\lï'  Mfxi.E. 

Di'ion.nrioslor., 
11.  p.  (17. 

l'.il.l.  jml.,  ir, 
I'-   '7- 

Calai,  lie  Loip- 

/!?,   p.    17. 

Mtlaiii,'OS, 
|,.  ■>(>:!  cl  suiv. 

Cal.nl.   BtKll., 
lol.  1(1(17  cl  suiv. 

Voir  ci-di'Ssu'i , 
p.  53o,  rt  Sleiii- 
>chnfiil<T,  IJcl)Or., 

p.  :,,:•. 


608 


LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Calai.    Mmiirli, 
p.  119. 


Allg.  Zeilung 
des    Judcnlhums, 
III.  1839.  p.  46. 


seur  ne  leur  est  même  pas  toujours  apparue;  ils  en  font 
par  moments  deux  ou  trois  écrivains.  M.  Zunz  et  M.  Munk 
reconstituèrent  avec  des  débris  épars  cette  physionomie  si 
originale.  Enfin  M.  Steinschneider  donna  une  biographie  et 
une  bibliographie  complètes  de  notre  auteur.  11  compte  dix- 
neuf  ouvrages,  dont  nous  aurons  à  retrancher  le  n"  18,  c'est- 
à-dire  le  commentaire  sur  Job,  qui,  comme  nous  l'avons  vu, 
est  de  Sen  Astruc  de  Noves. 

On  ne  trouve  aucun  ouvrage  de  notre  Moïse  qui  porte 
une  date  antérieure  à  i344;  mais  il  n'est  guère  admissible 
(ju'il  ait  commencé  sa  carrière  littéraire  si  tard.  11  est  donc 
plus  que  probable  que  la  plupart  de  ceux  de  ses  ouvrages 
qui  ne  sont  pas  datés  furent  composés  alors  qu'il  était  encore 
jeune. 


SES  ECRITS. 


1.  p'jnn  nibtsD  ©iTD,  «Explication  des  termes  de  logique» 
qui  se  trouvent  dans  Maimonide.  Le  commencement  et  la 
fin  sont  donnés  par  M.  Steinschneider,  dans  la  description 
du  manuscrit  de  Munich,  289,  1.  Moïse  dit  qu'il  n'a  pas 
l'intention  de  faire  un  long  traité;  il  cite  quelques  philo- 
sophes arabes  tels  que  Gazzali,  Avicenne,  Averroès,  Abou- 
Bekr  ibn-al-Çaig;  mais  il  ne  mentionne  aucun  de  ses  propres 
ouvrages.  C'est  peut-être  ici  un  de  ses  premiers  travaux. 
M.  Lilienthal,  dans  son  Catalogue  des  manuscrits  de  Mu- 
nich, s'exprime  sur  cet  ouvrage  de  la  manière  la  plus 
inexacte. 


II.  '•2^21i  e?n'D  v"?»!  ivi  p  iik>3  bswa  ■nJDs'jK  idkd,  «  Commen- 
«  taire  sur  le  commentaire  d' Averroès  sur  le  traité  de  l'in- 
•  tellcct  par  Alexandre  d'Aphrodise  ».  Cet  ouvrage  se  trouve 
c«ui.,p.3o8fc.  dans  le  manuscrit  de  Leipzig,  xliii,  à  la  marge  du  traité 
«  De  la  Possibilité  de  la  conjonction  »  d'Averroès.  Le  co- 
piste David  dit  que  c'est  un  commentaire  sur  ce  dernier 
traité,  et  il  faut  avouer  qu'on  peut  soupçonner  là  quelque 
confusion.  Le  même  ouvrage  existe  dans  le  manuscrit  de 
Leide,  Warn.  6,  4,  sous  le  titre  suivant:  o» -njoDVK  icko 


Voir  ci-desious 
p.  672. 

Calai,  de  Leide 
p.  ao. 


DU  XiV  SIECLK.  060       ,,,.  3,,,, ,. 

Sara  nwT  p  [M.  Steinschnoider  corrige  "d  Vs]  ■'d,  «  trailé  d'Ale- 
xandre, «avec  le  coninienlaire  d'Averroès  sur  l'intellect». 
IJien  ne  porte  à  croire  qu'Averroès  ait  commenté  directe- 
ment aucun  traité  d'Alexandre  d'Aphrodise. 

III.  Explication  du  commentaire  moyen  d'Averroès  sur 
la  Physique  d'Aristote,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de 
la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  n"  967,  1.  Moïse,  après 
avoir  expliqué  chaque  chapitre  d'après  Averroès,  soulève 
un  certain  nombre  de  questions  qu'il  cherche  à  résoudre. 
Le  manuscrit  n'a  ni  titre  ni  introduction,  et  il  y  a,  à  partir 
du  cinquième  chapitre,  de  nombreuses  lacunes,  le  copiste 

Isaac  Cohen  n'ayant  eu  à  sa  disposition,  à  ce  qu'il  semble,      ciui.cic  Paris, 
qu'un  exemplaire  incomplet.  Le  commencement  et  la  fin    p-  'V»"- 
sont  donnés  dans  l'ouvraffe  de  M.  Sleinschneider.  Ce  com-      Ueborseu.. 

I     .  .1  p.  I  ig,  n.  -jH. 

mentaire  est  probablement  celui  que  Moïse  cite  dans  son  com-      j  ^^ 
mentaire  du  Guide  des  Égarés  et  dans  l'avant-propos  à  ra[)-      Voirci.i.ssous, 
pendice  des  Dissertations.  M.  Sleinschneider  dit  que  Moïse      ca,^  Q^di 

cite  son  commentaire  sur  l'analyse  de  la  Physique  dans  son  c»'-  '91^- 
commentaire  sur  le  traité  De  substantia  orbis. 

IV.  Commentaire  sur  la  paraphrase  de  [l'Organon  par] 
Averroès.  Le  nom  de  Moïse  est  écrit  en  abrégé  njox,  ce  qui 
veut  dire  ©ncon 'imj  nc?r:  ^!:^{ ,  «Moïse  Narboni  le  commen- 

«  taleur  dit »  Le  commentaire  finit  avec  les  Topiques; 

le  copiste  avertit  qu'il  n'en  a  pas  trouvé  davantage.  Moïse 
de  Narbonne  avait  à  sa  disposition  plusieurs  traductions  et 
commentaires  de  l'Organon;  mais  certainement  il  n'avait  pas 
celui  de  Lévi  ben-Gerson.  Le  commentaire  de  Moïse  n'est 
pas  basé  sur  la  traduction  de  Jacob  ben-Makhir.  L'ouvrage 

dont  nous  parlons  se  trouve  dans  les  manuscrits  d'Oxford,  CauJ.,coi.48G. 

n°'  i358,  2,  et  i36o.  Le  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  i»r.  Letierbode. 

Leeuwarden  finit  avec  le  traité  de  f  Interprétation.  Pour  de  "'^■'' 

plus  amples  détails,  nous  renvoyons  à  fouvrage  de  M.  Stein-  ueberseu., 

Schneider.  ?•  ^^  «'  ^7. 

V.  M.  Steinschneider  se  demande  si  le  Vidal  qui  a  com-      iwd.,  p.  ise. 


xi»-5itc.^.        ^'0  '^ES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

menlé  l'analyse  d'Averroès  du  livre  d'Aristole  sur  le  Sens 

(■aiaiog.  de  l'a-   et  le  seusiblc  (manuscrit  de  Paris,  n"  96/1,  5,  article  ontiis 

m.  de  la  Franco!    dans  Ib  catalogue)  ne  pourrait  pas  être  notre  Vidal,  Nous  ne 

I.  wvii.  p.  579.    \f,  croyons  pas,  pour  plusieurs  raisons.  D'abord  on  ne  trouve 

pas  le  nom  de  Vidal  seul  au  commencement  des  Irai  lés  qui 

sont  de  notre  Moïse;  on  y  lit  toujours  Vidal  Bellsom,  En 

outre  la  méthode  ni  le  style  dudit  commentaire  ne  sont  les 

mêmes  que  chez  notre  auteur. 

VI.   Commentaire   sur  la   quatrième   partie  du   Canon 
d'Avicenne;  le  nom  de  l'auteur  est  écrit  :  ^:i3i:n  mc'j^a  cwc. 
caui.,  col.  719    C'est  une  compilation  de  notes  de  notre  Moïse  et  de  ledaiah 
''  ■  de  Béziers.  On  trouve  ces  notes  dans  les  manuscrils  d'Ox- 

ford 2  107  et  2121,  6. 

Vil.  Commentaire  sur  le  livre  des  Tendances  des  ])hil()- 
sophes  de  Gazzali,   traduit  de  l'arabe  par  Isaac  Albalag, 
Catai.de Berlin,    Juda  Nalliau  ct  un  anonyme;  c'est  avec  cette  dernière  Ira- 
''■  ^'''  duction  qu'on  trouve  le  plus  souvent  le  commentaire  do  notre 

Moïse.  Salomon  fds  de  Juda,  dans  son  commentaire  sur 
la  Iraduction  hébraïque  du  Jf/iora/j  de  Juda  Halévi  (III,  5), 
sieiiisciuieidcr,    croit  quo   nolrc   Moïse  est  le  traducteur  de  l'ouvrage  de 
vmrridossus,     (iazzali,  crrour  que  commettent  quelques   bibliographes. 
''•''''•  M.  Munk  dit  «qu'il  paraîtrait  résulter  d'une  notice  assez 

Méi;,nges,  5o3.    «  vaguc  de  Caslri  qu'il  existe  à  l'Escurial  un  commentaire 
i$ii)i.  arabe,  1,    «arabe  de  Moïse  sur   la   Destruction  des  philosojihes  de 
«Gazzali;  le  fait,  ajoute-t-il,  nous  paraît  peu  probable,  et 
«  il  y  a  peut-être  erreur  de  la  part  de  Casiri  ».  Assurément 
Moïse  de  Narbonne  n'écrivit  aucun  ouvrage  en  arabe. 
M.  Munk  croit  que  l'ouvrage  dont  nous  parlons  fut  un 
c«i»i.drBeriin,    dcs  premiers  travaux  de  Moïse;  M.  Steinschneider  suppose 
qu'il  fut  composé  en  i342.  Ce  commentaire  doit  avoir  eu 
un  grand  succès,   à  en  juger  d'après  le  grand  nombre 
des  copies   qu'on  en   trouve  dans  les  différentes  biblio- 
thèques, et  dont  six  existent  à  la  Bibliothèque  nationale 
de  Paris.  Dans  le  manuscrit  de  la  Casanatensis ,  à  Rome, 
n°],vi,  6,  on  lit,  à  la  fin  du  commentaire,  un  appendice  qui 


i.-}^. 


p.  16 


DU  XIV  S1ECI.E. 


071 


commence  par  les  mots  suivants  :  o"?  '■'dd  Vnti  'wo  nrnn  n^:n 
n'?cnn  nVen  'ca  ^c?^'3  ans  inx  po"?  nrn'jio  ri:nrn,  «  Maestre  Vidal 
«  a  omis  dans  son  commentaire  sur  les  Intentions,  qui  font 
•  partie  de  la  métaphysique,  quelque  chose  qu'Averroès 
«  avait  écrit  dans  son  traité  intitulé  Destruction  de  la  des- 
«  truction  ». 


xiv'  siKci.i;. 


l 


VIII.  noip  ^^rc•  bs  mjN,  lettre  mystique  sur  la  Mesure  de 
la  hauteur  [de  Dieu].  Un  traité  sous  ce  litre  bizarre  est  attri- 
bué au  grand  prêtre  Ismaël,  qui  vivait  dans  les  dernières 
années  du  second  temple.  On  trouve  la  letlre  de  Moïse  de 
Narbonne  dans  les  manuscrits  d'Oxford  n"*  2260,  6  (copie 
moderne),  et  2334,  2  h;  on  la  lit  aussi  dans  le  manuscrit 
additionnel  480  de  la  bibliothèque  de  l'université  de  Cam- 
bridge, comme  préface  au  commentaire  de  Moïse  sur  les 
Lamentations  (sans  titre).  Enfin,  dans  le  manuscrit  du  Vati- 
can Urbino  4i,  elle  figure  avec  le  titre  de  nrnx  va-iN  by'^n, 
«  Commentaire  sur  le  Tétragramnie  »,  litre  qui  ne  se  trouve 
pas  dans  le  texte  même.  Ce  traité  fut  achevé  la  veille  de  la 
fête  des  tabernacles  (1 4  tischri)  5  io3  =  1 5  seplendjre  1 343. 
Il  est  considéré  par  l'auteur  comme  l'équivalent  d'un  com- 
mentaire sur  le  Cantique  des  cantiques. 

IX.  Commentaire  sur  les  Lamentations,  qu'on  Irouv»? 
dans  le  manuscrit  de  Paris  806,  à  Oxford,  n°'  369,  4  et 
2334 1  2  b,  et  à  Cambridge  dans  la  bibliothèque  de  l'Uni- 
versité, n"  480  additionnel.  La  date  de  la  composition  de 
cet  ouvrage  n'est  pas  donnée  dans  les  manuscrits;  mais  elle 
est  antérieure  à  1 3  44  ;  car  Moïse  y  annonce  son  commentaire 
sur  la  lettre  de  la  Possibilité  de  la  conjonction.  D'ailleurs 
nous  verrons  que  la  composition  en  a  suivi  de  près  celle  de 
la  lettre  mystique.  Moïse  dit  que  les  Lamentations  furent 
écrites  par  Jérémie  pour  stimuler  Juda  à  la  repentance, 
mais  que  le  livre  peut  aussi  être  mis  à  profit  dans  tous  les 
temps.  Moïse  donne  des  explications  grammaticales,  cite 
souvent  des  passages  agadiques  et  le  Midrasch  sur  Ruth, 
qui  a  un  caractère  cibalistique.  Il  met  à  profit  Maimonide, 


Voir  ci-(lr'ssoiis, 
N  '  i\  et  \. 


Laineiit. .  m,  >'. 


Lameiil., 
Lamer.t. , 


III,  2. 

IV.  1. 


XIT    SIECUL 


072  LES  KCUIVAINS  JUIl-S  FRANÇAIS 

Moïse  fils  (le  Nahman  de  Girone,  des  philosophes  et  des  ca- 
balisles.  On  peut  voir  par  ses  explications  qu'il  s'occupait 
beaucoup  de  philosophie  et  aussi  de  cabale.  Nous  possé- 
<lons  au  moins  deux  rédactions  de  ce  commentaire. 

La  plus  longue  est  celle  de  Paris  et  d'Oxford  n"  2334 ,  2  b, 
commençant  par  le  verset  Eccl.,  vu,  a.  Moïse  dit  qu'il  a 
voulu  commencer  par  un  sujet  triste,  pour  continuer  plus 
tard  par  un  commentaire  sur  le  Cantique  des  cantiques  de 
Salomon.  D'après  notre  auteur,  les  commentateurs  se  sont 
<lonné  la  tâche  d'expliquer  philosophiquement  les  livres 
de  l'Ecclésiasle,  du  Cantique,  de  Job  et  des  Proverbes,  et 
ont  négligé  de  faire  le  même  travail  sur  les  Lamentations; 
c'est  ce  travail  que  Moïse  se  propose  d'entreprendre.  H  n'est 
]>as  satisfait  des  commentateurs  sur  le  Cantique  qui  retrou- 
vent dans  ce  livn;  la  théorie  des  différents  intellects.  Moïse 
])arle  ici  de  la  mesure  de  la  hauteur  de  Dieu  presque  dans 
les  termes  dont  il  s'est  servi  ailleurs.  Nous  savons  que  le 

Voirci-dcssu»,  traité  sur  cette  question  fut  achevé  en  i343;  il  est  donc 
probable  que  notre  commentaire  lui  est  de  peu  postérieur. 
De  plus,  le  même  traité  figure  comme  préface  au  com- 
mentaire sur  les  Lamentations  dans  le  manuscrit  d'Oxford, 

(.aiai.dOxford.    n"  2  334 ,  ct  dans  celui  de  Cambridge,  n°  addit.  4 80. 
L'autre  manuscrit  d'Oxford  est  un  abrégé. 

X.  Commentaire  sur  le  traité  d'Averroès  de  l'Intellect 
hyliqueet  de  la  possibilité  de  la  conjonction  (en  hébreu  -idkd 
i:^rnn  b2V2  ou  nipnn  nnu^EW  ^t:ND).  Moïse  acheva  ce  commen- 
taire à  Perpignan,  et,  comme  rindi([uent  tous  les  manu- 
scrits connus,  excepté  celui  de  Leide,  où  le  jour  n'est  pas 
donné,  le  septième  jour  de  tammouz  5io4=  19  juin  i344. 
M.  Munk  dit  avec  raison  qu'il  y  a  là  sans  doute  une  erreur 
de  date,  provenant  de  l'auteur  lui-même  ou  des  copistes; 
car,  dans  ladite  année,  le  7  lammouz,  ou  19  juin,  était  un 
samedi.  Peut-être  y  avait-il  dans  l'original  i  =  G,  que  les 
copistes  auraient  confondu  avec  t  =  7.  Le  commentaire  fut 
écrit  au  milieu  des  troubles  de  la  guerre  que  Pierre  IV,  roi 
d'Aragon,  faisait  à  son  beau-frère  Jacques,  roi  de  Majorque, 


11.    07  I,    II"  VIII. 


u'  .Sôo,  i 


|).  .'>o'l.    11.   ï. 


DU  XIV  SIECLE.  673  .    , 

à  qui  11  enleva  le  Roussillon.  Dans  plusieurs  manuscrits,  ce     Muiik/vi^iansos, 
dernier  fait  ne  se  trouve  pas  mentionné.  J"  ■'"■^ 

Moïse  ajoute  un  appendice  de  quelques  lignes,  dans  le-   sos.'         '  ''' 
quel  il  dit  qu'Averroès  lui-même  aurait  fait  cette  petite 
addition.  Moïse  renvoie,  vers  la  fin  de  son  commentaire,  à  sa       si.  iiisrinuid... 
dissertation  sur  la  Mesure  de  Dieu,  composée  en  i342,  en    """voTr'uir^snf 
guise  de  commentaire  sur  le  Cantique;  puis  vient  la  date  :    v-^t 
Perpignan,  7  tamouz  i344.  Dans  la  préface,  Moïse  promet 
un  commentaire  sur  le  livre  d'Abou-Bekr  ibn-Çaf  («is),  qui 
traite  du  même  sujet. 

Cet  ouvrage  de  Moïse  de  Narbonne  se  trouve  dans  les     Munk,  Méian^ev 
manuscrits   de  Paris,   918,9;   947,   5  et  967,  1;  Oxford, 
n"'  1337,  2  et  2  i52,  3;  Leipzig,  43,  3 ;Leidc,  Warner,  6,  3. 
Sur  les  autres  manuscrits  et  pour  plus  de  détails,  voir  l'ou-       iJ(1«mm.|7.., 
vrage  de  M.  Steinschneider. 


Voir  ri<l 


oir  ndcssiis. 


p.  3K6. 


p.  191  Pt  SUIV. 


XI.  »Djn  mo'jc;,  «  La  Perfection  de  l'âme  « ,  dans  le  manu- 
scrit de  Paris,  988,  1,  Moïse  composa  cet  ouvrage,  comme  Voirci  .i.ssus. 
Joseph  Caspi,  à  l'usage  de  son  fils,  pour  lui  tenir  lieu  des  ^  ''^^' 
écrits  d'Aristote  et  d'Averroès  sur  la  même  question.  Avant 
d'entrer  en  matière,  il  reproduit  intégralement,  pour  servir 
d'introduction,  le  premier  livre  du  Traité  de  l'Âme,  tel  qu'il 
a  été  remanié  dans  le  commentaire  moyen  d'Averroès.  Le 
traité  de  Moïse  lui-même,  qui  porte  en  tête  >wn  pi^n, 
«deuxième  partie»,  est  divisé  en  cinq  livres,  qui  se  rap- 
portent à  l'àme  et  à  ses  facultés,  à  l'intellect  hylique  ou 
passif,  aux  opinions  des  commentateurs  sur  cet  intellect  et 
notamment  à  celle  d'Averroès,  et  enfin  à  l'intellect  actif 
et  à  Dieu  comme  premier  moteur.  L'auteur  avoue  lui- 
même  qu'il  reproduit  dans  ce  livre  de  longs  passages  de 
son  commentaire  sur  le  Traité  de  l'intellect  hylique,  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut.  Il  est  donc  évident  qu'il  corn-  Voir . i  .lesMi, , 
posa  son  livre  de  la  Perfection  de  l'âme  après  le  commentaire  f'  °° 
dont  nous  venons  de  parler,  et  si,  au  commencement  de  ce 
même  commentaire,  il  renvoie  à  ce  livre,  il  faut  admettre 
nécessairement  que  le  renvoi  a  été  ajouté  plus  tard  par 
l'auteur.  D'autre  part,  le  livre  de  la  Perfection  de  l'âme  est     Munk ,  Mélanges 

-    c_c      _     _ 
TOME  XXXI.  85 


668, 


p.  5o5,  n.  2. 


larBIMIRII    ^ITIOWAIC, 


XIV'  tIÈCl.E. 


988, 


tic    l'arl» . 


Voir  ci-dessous. 

Voir  ri-dessus, 

,  534. 


Mciaiigvs , 
.  Sol. 


Munk ,  ibid. 


Calai. , 


,17b. 


L'ebersi'li., 
178  et  suiv. 

Ibid.,  p.  i83. 


674  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

antérieur  au  commentaire  sur  les  Dissertations  physiques 
(n^xii).  Par  conséquent  il  fut  composé  entre  1 34  2  et  iS^g. 

XII.  Commentaires  sur  les  dissertations  physiques 
d'Averroès  et  sur  le  traité  De  substantia  orbis.  Les  disserta- 
tions se  trouvent,  accompagnées  du  commentaire,  dans  le 
manuscrit  de  Paris  988,  2,  Le  traité  De  substantia  orbis  se 
trouve  dans  les  manuscrits  de  Paris,  918,  10,  et  967,  a,  où 
il  est  dit  que  le  commentaire  fut  terminé  le  5  du  second  adar 
6109  (24  février  i349).  Dans  la  préface  du  commentaire 
sur  les  dissertations,  l'auteur,  qui  était  alors  retiré  à  Cervère 
(en  Catalogne),  dit  avoir  entrepris  ce  travail  à  la  demande 
de  ses  amis,  les  savants  de  Perpignan,  avec  lesquels,  après 
s'être  séparé  d'eux,  il  voulait  continuer  ses  rapports  intellec- 
tuels. Plus  loin,  il  désigne  ces  savants  par  les  mots  «  com- 
«  pagnie  des  frères  »  [o^mtn  rs),  et,  dans  la  préface  du  HaYY 
ibn-Yokdhan,  il  les  appelle  «les  hommes  respectables  de  la 
«  compagnie  de  ceux  qui  s'occupent  de  la  sagesse  à  Perpi- 
«  gnan  ».  Nous  avons  vu  qu'une  telle  société  existait  déjà  à 
Perpignan  au  temps  de  Joseph  Caspi,  M.  Munk  croit  qu'il 
s'agit  là  d'une  société  littéraire  qui  s'était  formée  dans  le 
sein  de  la  communauté  juive  de  Perpignan.  Moïse  parle 
aussi  des  grands  malheurs  qui  fondirent  alors  sur  beaucoup 
de  communautés,  et  du  pillage  de  celle  de  Cervère,  dans 
lequel  il  avait  perdu  la  plus  grande  partie  de  ses  livres. 
Pour  les  titres  des  dissertations,  voir  le  catalogue  de  Paris 
n°  988,  2.  Quant  aux  manuscrits  des  autres  bibliothèques 
et  au  caractère  du  commentaire,  on  peut  consulter  l'ouvrage 
de  M.  Steinschneider.  Il  semble  par  moments  que  notre 
auteur  connaissait  la  traduction  latine  du  traité  De  substantia 
orbis.  En  tout  cas,  ce  n'est  pas  Moïse  qui  a  traduit  cet  ouvrage 
en  hébreu,  bien  que  l'hébreu  se  trouve  presque  toujours 
accompagné  de  son  commentaire. 

XIII .  Hayy  ibn-  Yokdhan,  hlv>1^y  p  VK'n'  Kipjn  |KBp">  p  ]Kvn  aKns , 
«  Livre  de  Haywân  ben-Yoktân,  nommé  Yehiel  ben-Ouriel  •. 
C'est  le  célèbre  roman  philosophique  d'Ibn-Tofaïl,  traduit 


DU  XIV  SIECLE.  675 


XU MKCI.K. 


en  hébreu  par  un  anonyme  et  accompagné  d'un  commen- 
taire étendu  de  Moïse,  achevé,  d'après  la  plupart  des  manu- 
scrits, à  Cervère,  la  veille  de  la  Pentecôte  5 109,  c'est-à-dire 
le  Ix  siwan  (22  mai  iS^g).  La  date  de  5i26=i366,  que 
porte  le  manuscrit  de  Leipzig,  est  nécessairement  fausse.  Zum,  Adin. 
Moïse  avait  commencé  cette  œuvre  après  sa  traduction  de  Méia,...is, 
la  lettre  sur  la  Possibilité  de  la  conjonction,  à  la  fin  de  la-  p  ^^^ 
quelle  il  promet  le  présent  travail.  Il  fut  empêché  de  le 
continuer  par  les  malheurs  des  temps  et  par  ses  autres  occu- 
pations philosophiques.  «  Pendant  que  je  composais  la  lettre 
«  sur  la  Possibilité,  dit-il,  il  n'y  avait  que  les  maux  venant  de 
«  l'extérieur,  tandis  qu'à  présent  notre  malheur  entre  par  la 
«  fenêtre,  et  depuis  longtemps  il  n'y  a  pas  eu  de  si  terribles 
«  souffrances.  »  Il  fait  allusion  à  une  grande  persécution  qui 
eut  lieu  à  Barcelone;  il  croit  qu'il  ne  vivra  plus  longtemps,  et 
il  se  dépêche.  Il  appelle  son  traité  Yehicl  ben-Ouriel,  «\ive- 
«  Dieu,  fils  de  Éveille- Dieu  » ,  ce  qui  rend  à  peu  près  les  mots 
arabes  Hayy  ibn-Yokdhdn ,  «  le  vivant,  fils  du  vigilant». 

Le  traité  est  divisé  en  huit  parties;  on  en  trouvera  une 
excellente  analyse  dans  les  Mélanges  de  M.  Munk.  Moïse  MéiauRo», 
montre  une  profonde  connaissance  des  philosophes  arabes.  ^'  '""  '"^ 
Il  croit  utile,  en  particulier,  de  donner  une  analyse  du 
traité  d'Abou-Bekr  ibn-al-Çaieg,  ou  Ibn-Bâdjâ  (Avempace 
des  scolastiques),  intitulé  miancn  rjnjna  ...n:ii3  nwa,  «  Com- 
«  mentaire  sur  le  but  du  Régime  du  solitaire»,  livre  qu'il 
se  félicite  d'avoir  pu  se  procurer  pendant  qu'il  était  encore 
occupé  de  son  commentaire  sur  Ibn-Tofaïl.  Il  trouva  cet 
ouvrage  lorsque  la  guerre  l'obligea  de  s'enfuir  de  Valence. 

L'analyse  de  Moïse  de  Narbonne  procède  le  plus  souvent 
par  extraits  textuels.  Comme  l'original  arabe  de  l'ouvrage 
d'Ibn-Bâdjà  est  perdu,  c'est  là  pour  l'histoire  de  la  philoso- 
phie une  bonne  fortune  de  premier  ordre.  On  peut  juger, 
en  lisant  la  notice  que  M.  Munk  a  donnée  de  ce  pas- 
sage capital,  du  service  que  Moïse  nous  a  rendu  par  sa  caideieipzi,', 
diligence  à  rechercher  un  ouvrage  écrit  deux  cents  ans  p-^''' 
avant  lui  et  que,  de  son  temps,  les  Arabes  ne  lisaient 
presque  plus. 

85. 


,  ,  676  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Sl\    SIECLE.  ^ 

Les  manuscrits  de  ce  traité  se  trouvent  en  assez  grand 
nombre  dans  les  bibliothèques.  Paris  en  possède  trois  et 
Oxford  deux.  Pour  les  autres  bibliothèques,  voir  l'ouvrage 
de  M.  Steinschneider.  M.  Zunz,  danslènumération  des  ou- 
Meiauj<cs,  vracres  de  Moïse,  parle  par  erreur  d'un  commentaire  qu'il 
aurait  composé  sur  le  traité  d  Ibn-Badja. 


J>.  38y  ri  siiiv. 


XIV.    ('7'':c'd'7  n"?»!:"?)  o^n  mix,  «Chemin  de  la  vie»,  traité 
de  médecine  par  Vidal  Bellsom  (pcVa  Vkt'i).  Cet  ouvrage  se 
Caui.ie  Paris,    liouvc  daus  Ic  manuscHt  de  Paris,  n"  i  joo.  Le  rédacteur  du 
''  "'  catalogue  n'a  pas  reconnu  le  nom  ])rovençal  de  notre  auteur; 

c'est  M.  Steinschneider  qui  a  attiré  l'allcntion  sur  ce  manu- 
scrit dans  une  Revue  hébraïque  et  dans  son  catalogue  des 
Haïkaiinci,       mauuscrits  hébreux  de  Munich.  Voici  ce  qu'on  lit  dans  le 
,  j).  ,0/,.  catalogue  de  Paris  :  «  Traité  de  thérapeutique,  par  le  docteur 

.aa.  Il  r-^  .       Vidal  Balschou.  L'auteur,  dont  le  nom  hébreu  était  Moïse, 
«  dit  dans  une  note  qu'il  a  terminé  cet  ouvrage  à  Reggio  en 
.1  Calabre,  le  5  tébelh  5265  (i5o4-i5o5  de  J.-C),  dans  la 
«  treizième  année  après  l'expulsion  des  juifs  de  la  Sicile.  « 
Hisi. <i«s  mécie-    M.  Carmoiy  dit  de  son  côté  :  «  Mestre  Vidal  Balson,  né  en 
cins.p.  1/14.         ^  Sicile,  vers  la  fin  du  xv'  siècle.  Après  le  bannissement  des 
«  israélites  de  cette  île,  en  i  ^92 ,  il  se  retira  à  Reggio  en  Ca- 
«  labre,  oià   il  pratiqua  la  médecine  et  composa,  en  i5o5, 
«  un  traité  général  de  médecine,  distribué  suivant  l'ordre 
«des  parties  du  corps  humain,  avec  les  remèdes  propres  à 
«  guérir  chacune  des  maladies.  »  Tout  cela  est  un  tissu  d'er- 
reurs. D'abord,  la  date  indiquée  dans  le  manuscrit  se  rap- 
porte à  la  copie  de  l'ouvrage,  bien  que  le  nom  du  copiste 
n'y  soit  pas  donné.  Nous  verrons  que  l'ouvrage  fut  terminé 
Voirri-iicssous.    BU  i35o.  Le  manuscHt  276  de  Munich,  qui  renferme  la 
P*^''  même  rédaction  que  celui  de  Paris,  fut  copié  par  Eléazar 

Parnas  dans  la  même  ville  de  Reggio  et  achevé  le  mardi 
i4  marheswan  5258  (1497);  mais  le  manuscrit  de  Paris 
est  complet,  tandis  que,  dans  celui  de  Munich,  quelques 
feuillets  manquent  au  commencement.  Le  nom  de  l'auteur 
est  écrit  ici  ]w^^^  'jkt'i.  Les  deux  manuscrits  sont  divisés  en 
six  parties  (pic);  chaque  partie  se  subdivise  en  chapitres. 


DU  XIV  SIECLE. 


677 


M\'  SIÈCLE. 


Moïse  donne,  outre  les  noms  hébreux,  les  termes  techniques 
en  arabe  et  en  latin;  sa  philologie  est  parfois  un  peu  ca- 
balistique, puisqu'il  explique  le  mol  cirjmiN,  dvSpoyvvv, 
par  la  valeur  numérique  des  lettres  890,  qui  est  la  même 
que  celle  des  mois  napai  131  «mâle  et  femelle»,  savoir  : 
cirjmiN:  1  +  50  +  4  +  2004-6  +  3  +  10  +  50  +  6  +  60  =  390; 
n2p:n3t=  7  +  20  +  200 +  6  + 5o+  100  +  2  +  5  =  390. 

M.  Steinschneider  croit  que  l'ouvrage  en  question  est 
arrangé  d'après  la  méthode  de  Zahravi,  dans  son  Uoy^\  ijUST 
Cet  auteur  cependant  n'est  pas  cité  par  Moïse,  quoiqu'il 
mentionne  beaucoup  de  médecins  juifs,  arabes,  grecs  et 
chrétiens,  par  exemple  Caslari,  Tabari,  Ibn-Zohr  el-Samar- 
kandi,  Galien,  Dio.scoride. 

L'ouvrage  est  un  recueil  de  remèdes  pour  les  différeiites 
maladies.  Très  souvent  Moïse  dit  :  'n''D:"':Ni,  «j'ai  lait  l'expé- 
«  rimentation  »,  et  Tcin  >;ni,  «j'ai  inventé  ».  11  parle  de  son 
père,  de  sa  mère,  de  son  frère  cadet  et  de  sa  fille.  Il  men- 
tionne son  séjour  à  Tolède,  à  Soria  (où  il  avait  guéri  une 
femme  traitée  par  des  médecins  ignorants),  et  à  Perpignan. 
Il  rapporte  que,  pendant  son  séjour  dans  cette  ville,  un  des 
notables  de  Villefranche  de  Gonflent  fut  attaqué  de  la  lèpre, 
et,  pour  ne  pas  être  mis  dans  la  maison  des  lépreux,  qui 
était  loin  de  la  ville,  se  fit  construire  une  maison  dans  sa 
vigne  hors  de  la  ville,  où  il  attendit  sa  guérison.  A  Per- 
pignan il  étudia  la  médecine,  étant  encore  jeune,  auprès 
d'Abraham  Caslari,  qui  était  un  médecin  célèbre,  nolam- 
inent  pour  la  guérison  des  fièvres,  sur  lesquelles  il  avait 
composé  un  traité  d'après  les  ouvrages  les  plus  remarquables 
de  cette  époque.  Moïse  ajoute  que  Caslari  n'y  avait  pas 
ajouté  d'observations  originales.  Ailleurs  Moïse  dit  que  Cas- 
lari s'était  approprié  des  connaissances  médicales  tirées  des 
livres  de  Maimonide. 

Le  traité  donne  lui-même  la  date  à  laquelle  il  a  été  écrit; 
car  Moïse  dit  :  «  Nous  avons  vu  l'année  passée  (le  manuscrit 
«a  nse?3  au  lieu  de  nw),  qui  était  l'année  5 109  (i349),  "" 
«  homme  qui  est  mort  de  la  fièvre  pestilentielle  (^yxny'rK  nmpa  = 
«(jAc^aJi)  ».  M.  Steinschneider  suppose  qu'il  s'agit  là  de  la 


llakkarnirl. 
Vil,!'.  10'.. 

Ilist.  iitl.  (le  la 
Fi-.i.cr,  t.  XWII. 
p.  âg.. 


Citai, 
p. -(i. 


Miinicli 


lli^^t.  litt.  <!<'  la 
FraïuiM.  XXVII, 
p.  C19. 


Voir   ii-<le>6u*. 
p.  O.'i'i. 


\  oir   ri-<lessUî; , 
p.  645. 


Fol.  a.3i. 


Hakkannel , 
VII,  p.  110. 


XU*  SIJSCI.I!. 


Voir   ri-<lo'ism, 
|).  676. 


Voir  ci-ilessus, 
[).  ('>'i(),  IV. 


678 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


I  liikLurmrl , 
ji.  io5. 

Calaloijur     (le 
Miiiiifli ,  p.  89. 

Iliid.,  |>.  ■()(). 


Mélanges, 
1).  noî. 


Ilrau,      (ip- 
^cllicl1ll'    der   Ju- 
■  leii.  Vir,  p.  353. 


Kilil.  fol.  53*. 


Dibré    Haka- 
Miim,  p.  il. 


peste,  et  que  c'est  à  cette  occasion  qu'Abraham  Casiari  au- 
rait composé  son  traité  sur  les  Fièvres  épidémiques. 

Outre  les  manuscrits  que  nous  avons  mentionnés,  la 
thérapeutique  do  Moïse  se  trouve  encore  dans  le  manu- 
scrit de  Munich  44,  3,  avec  quelques  lacunes.  Les  manu- 
scrits d'Oxford,  2142,  27,  et  peut-être  21 33,  1,  avec  la 
suscription  de  n'j'o'K,  en  renferment  des  fragments;  les 
recettes  y  sont  données  en  catalan.  L'auteur  cite  son  grand- 
père  et  Bernard  de  Gordon.  Le  n°  2  43 ,  2 ,  de  la  bibliothèque 
fie  Munich  est  divisé  en  107  chapitres,  bien  qu'une  divi- 
sion en  parties  y  soit  indiquée;  le  nom  de  l'auteur  y  est 
écrit  :  ma'ja '7^e^1^  ntserxD  (fol.  33).  C'est  une  copie  relative- 
ment moderne,  dans  laquelle  le  scribe  a  ajouté  beaucoup  de 
passages;  ainsi  il  est  question  d'amulettes,  alors  que  Moïse, 
dans  son  commentaire  sur  le  Guide,  en  rejette  l'emploi. 
M.  Steinschneider  donne,  à  la  fin  chi  catalogue  de  Munich, 
la  concordance  des  chapitres  entre  les  deux  manuscrits  276 
et  243  de  cette  bibliothèque. 

XV.  pTiinaa  1DND,  «traité  sur  le  libre  arbitre»,  composé 
pour  réfuter,  dit  M.  Munk,  un  savant  contemporain  que 
Moïse  ne  nomme  pas.  Cet  auteur  est  certainement  Abner 
de  Burgos,  plus  tard  bapti.se  et  nommé  Alfonsas  Burgensis 
de  Valladolid.  11  avait  rédigé  un  écrit  intitulé  n-\MT\  mjx,  dans 
lequel  il  avait  pris  la  défense  du  fatalisme,  afin  de  justifier 
par  là  sa  conversion.  Le  traité  de  Moïse  fut  achevé  à  Soria, 
le  vendredi  1 2  tebeth  6122  (10  décembre  1 36 1) ,  et,  d'après 
une  note  mise  en  tête,  «  environ  trois  mois  avant  sa  mort». 
11  résulterait  de  cette  inscription  que  l'auteur  mourut  en 
1 362  ;  mais  les  mots  «  environ  trois  mois  »  ne  sauraient  être 
pris  à  la  lettre;  car  nous  verrons  que  Moïse  termina  son 
commentaire  sur  le  Guide  le  26  avril  i362.  Et  de  plus,  dans 
ce  commentaire  (III,  1  7),  Moïse  cite  son  petit  traité  contre 
le  fatahsme,  ce  qui  peut  faire  naître  quelque  doute  sur 
l'exactitude  de  la  note  susdite.  Le  traité  se  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Paris,  n°  4o3,  2,  d'après  lequel  l'ouvrage  a 
été  imprimé. 


XI\*  MÈCI.E. 


DU  XIV  SIÈCLE.  679 

XVI.  Commentaire  sur  le  Guide  des  Egarés  de  Mai- 
monide,  publié  à  Vienne,  1862,  in-8°,  par  M.  Goldenthal. 
Dans  une  note  finale,  que  l'édition  n'a  pas  reproduite,  l'au- 
teur dit  qu'il  avait  commencé  ce  commentaire  à  Tolède, 
mais  qu'il  ne  l'acheva  qu'au  bout  de  sept  ans,  à  Soria; 
il  avait  interrompu  son  travail  dès  le  début  pour  deux  rai- 
sons :  1°  par  suite  d'un  pillage  dont  il  fut  la  victime,  le 
deuxième  jour  de  la  Pentecôte  de  fan  5ii5  (18  mai  i355); 
2°  parce  qu'il  avait  été  attiré  par  d'autres  ouvrages  phi- 
losophiques, sur  lesquels  il  composait  des  commentaires. 
Il  raconte  lui-même  que  son  fds  Josué  lui  parlait  dans  les 
termes  suivants  :  «  Tu  as  fait  des  commentaires  sur  les  Ten- 
«dances  des  philosophes,  sur  Hayy  ibn-Yakdhàn,  sur  la 
«logique,  sur  la  métaphysique,  tandis  que  tu  as  négligé 
a  beaucoup  de  livres  composés  par  les  gens  de  notre  nation, 
«et  surtout  le  divin  livre,  qui  brille  par  la  lumière  de  la 
«  sagesse,  qui  fait  vivre  la  nation  et  qui  révèle  tous  les  mys- 
«  tères.  Pourquoi  ne  serait-il  pas  traité  par  toi  sur  le  même 
«  pied  que  tant  d'autres  ?  Et  quand  mon  maître  sera  couché 
«  avec  ses  pères,  moi  et  mes  amis  serons  en  faute'  »  (l  Rois, 
I,  21).  A  la  fin  de  la  note  en  question,  Moïse  dit  avoir 
achevé  le  commentaire  le  mardi  1"  iyyar  6122  (26  avril 
1862),  au  moment  où  il  se  préparait  à  quitter  Soria  pour  j  ..y'  "wam ''1';' 
retourner  dans  son  pays  natal.  Il  résulte  d'un  passage  de  5;  CataJ..  p.  58. 
ce  commentaire  (livre  11,  ^7)  que  dès  fan  5ii8  (i358) 
fauteur  était  établi  à  Soria,  où  il  raconte  avoir  vu,  dans 
cette  même  année,  une  femme  chrétienne  âgée  de  cent 
trente  ans.  Le  manuscrit  d'Oxford,  n°  1269,  porte  que 
la  première  partie  fut  achevée  au  milieu  d'adar  5i  29  (mai 
1369);  nisiis  cette  date  est  erronée,  à  moins  qu'on  ne  la 
rapporte  à  la  copie  du  manuscrit. 

Par  un  passage  du  commentaire,  nous  apprenons  que 
Moïse  avait  eu  avec  un  grand  savant  chrétien  une  contro- 
verse qui  excita  f intérêt  de  tous  les  habitants  de  la  ville,  et 
qui  roula  sur  divers  sujets  relatifs  à  la  météorologie,  à  la 

'   Il  veut  dire  sans  cloute  au'Us  n'auront  rien   à  répondre,    si  des  détracteurs- 
yiennent  leur  faire  remarquer  la  lacune  qui  «xiste  dans  l'œuvre  de  Moïse.- 


.    ,  680  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

MV    SIECI.K.  • 

i;<iiiion7p!ï?.       physique  et  à  la  métaphysique.   A  Tolède,  il  reçut  une 

Dùioiiario  Mo    lettre  (Ic  Sévillc  relalive  à  un  passage  difTicile  de  la  huitième 

proposition  du  Guide,  De  Rossi  dit  que  le  commentaire  de 

Moïse  fut  traduit  en  latin  par  Salomon  Maimon.  C'est  une 

erreur;  de  Rossi  a  sans  doute  été  trompé  par  l'édition  du 

Guide,  Berlin,  1791,011  l'on  a  donné  le  commentaire  de 

Moïse  sur  la  première  partie,   avec  un  litre  latin  qui  a 

pu  l'égarer. 

C'est  surtout  dans  ce  commentaire  que  Moïse  exprime 

des  opinions  liardies.  Tout  en  ayant  l'air  d'expliquer  Mai- 

nionide,  il  le  réfute  assez  fréquemment.  Mais,  comme  nous 

l'avons  déjà  dit,  grâce  à  son  style  obscur  on  ne  s'est  pas 

aperçu  de  ces  hardiesses,  qu'on  a  fort  bien  remarquées  chez 

Lévi  ben-Gerson.   Il  est  naturel  que  son  penchant  pour 

le  mysticisme,  qu'il  montre  dans  le  traité  sur  la  Mesure 

de  la  hauteur  de  Dieu,  ait  souvent  obscurci  ses  pensées. 

iNarboni  considère   le  judaïsme  comme  un    moyen  pour 

arriver  au  plus  haut  degré  des  vérités  théoriques  et  morales. 

La  Thora  a  un  double  sens,  un  .sens  simple  pour  le  vul- 

r.rxu.   Gescii.   gaiic  et  un  sens  métaphysique  pour  les  penseurs. 
,1.1  jude...  vi(,   ^  r  j    ^       I  1 

l>.  .'i.V'^. 

V  oici  maintenant  des  ouvrages  de  Moïse  qu'on  ne  con- 
naît que  de  nom  : 

XVII.  Commentaire  sur  le  commentaire  d'Averroès  sur 
le  Ciel  et  le  monde,  cité  dans  le  commentaire  sur  le 
Guide,  I,  5. 

\iunk. M, Linges,        XVIII.  Traité  sur  la  métaphysique,  mentionné  dans  la 
c,      ,    . ,      note  finale  du  commentaire  sur  le  Guide  qui  se  trouve  dans 
LVber';ri/.,p.  168.    les  mauuscrits. 

XIX.   noD  'p-ir.  Chapitres  de  Moïse,  cités  également  dans 

le  commentaire  du  Guide,  l,  55.  Un  ouvrage  du  même  nom 

par  Maimonide  existe  en  arabe  et  a  été  traduit  en  hébreu. 

Mciangrv  M.  Muuk  croit  que  c'était  un  recueil  d'aphorismes  philo- 

■^  ""^  ■  sophiques;  cependant,  on  penserait  plutôt  à  un  ouvrage  phi- 

losophico-agadique,  si  l'on  en  jugeait  d'après  le  texte  de  la 


DU  XIV  SIÈCLK. 


681 


XIV*  SIÈCLE. 


cilalion  el  surloul  d'après  la  noie  qui  se  trouve  à  ia  marge 
(lu  manuscrit  de  Parme,  835,  7,  renfermant  l'élégie  de 
Profet  Duran;  on  y  cite  un  passage  sur  le  mystère  de  la  cir- 


concision tiré  de  cet  ouvrage. 


XX.   mnvDniJN,  épître  spéciale  (M.  Steinschneider  écril       Caïai.   Bodi. 
inroiDxo,  dissertation  spéciale)  sur  le  commentaire  d'Ibn-    '""'S^* 
Ezra  sur  la  Genèse,  11,  2  (histoire  du  paradis).  Moïse  cite 
cette  épîti-e  dans  son  commentaire  sur  le  Guide  des  Egarés,       ivi..  \><i.  ',1  . 
Il,  3o. 


Sleiiiscbneider, 
Catal.  de  ia  Bodl. , 
roi.  1969,  II. 

Voir   ci-dessus. 


On  met  faussement  sur  le  conipte  de  Moïse  de  Narbonne 
les  ouvrages  suivants  : 

i"  D'après  d'anciennes  indications,  on  avait  attribué  à  r.enan,  Aver- 
Moïse  d(;  Narbonne  un  comntentairc  sur  le  commentaire  ">«'•  l'- '9^- 
frAverroès  sur  l'Ethique.  Il  n'en  a  été  retrouvé  aucun  ma- 
nuscrit. M.  V^ûslc•nfe^d  parle  d'une  trarluction  dudit  com- 
mentaire d'Averroès  ])ar  noire  auteur.  Moïse  a  écrit  des 
commentaires,  mais  n'en  a  pas  traduit.  Ee  manuscrit  809  de 
la  Bibliothèque  nationale,  que  M.  Wiislenfeld  cite  à  l'appui 
de  son  dire,  ne  contient  rien  qui  soit  de  notre  Moïse. 

•i"  Le  commentaire  sur  .lob  (]ui  est  attribué  à  Moïse  de 
Narbonne  dans  un  manuscrit  de  la  Bodiéienne  est  d'Abba- 
Mari  En-Aslruc  de  Noves. 

.3°  De  Rossi,  dans  l'index  (!(>  son  catalogue  des  manuscrits  p  ^^^ 
hébreux ,  cite,  sous  le  nom  de  Mnses films  Josuœ,  avec  d'autres 
ouvrages  qui  sont  bien  de  noire  Moïse,  un  traité  porlanl  le 
titre  suivant  :  Scliolia  in  Min/iagim,  col.  i48.  Moïse  de  Nar- 
bonne semble  ne  s'être  jamais  occupé  du  rituel.  Dans  le 
corps  du  catalogue,  on  trouve  (pie  ce  Moïse  fils  de  Josué 
est  un  copiste  de  l'année  5j52  (1492). 

ISAAC  LOLANS. 

ÏIUDICTELK   ET  MEDECIN. 

La  famille  Louans  (cjniV  el  yjNi'?)  lire  probablement  son 

origine  de  Louhans,  ville  du  département  de  Saône-et-Loire. 

Isaac  Louans  est  l'auteur  d'un  petit  traité  sur  l'instm- 

TOME   \X\l.  86 


tttrBliaiiBIK     KATIOXALS. 


682  LKS  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

\I>       SIKCI.E.  * 

Hisirfîû.  a,  la    ment  nommé  safiha;  ce  traité  se  trouve  clans  le  manuscrit 
'■"Tog''^^^"'    d'Oxford,  n»  ^582,  6. 

Notre  auteur  est  sans  doute  identique  à  Isaac,  fils  de 

Joseph  de  Louans,  (|ui  a  copié  pour  Maestro  Samuel  fils 

de  Ilayyim  un  livre  do,  médecine  qui  renfermait  les  ouvrages 

suivants  :  le  Secreluin  secwlonim,  la  Practica  de  Jean  Jacmo, 

Hisi.  liH.  cfe  la    les  Questions  de  Bernard  de  (iordon  et  l'Antidotiire  de  Ni- 

n.Til  '^^^"     colas  (axSip-'j)  [Prœpusitus].  La  copie  fut  achevée  le  i  i  du 

mois  d'al)  5 127  (17  août  1367).  Ce  livre  figurait  dans  la 

„-^^';ïïrtot    collection  de   M.  Gùnzhurg,  sous  le  n"  828. 

Fiance    israciiir,         L^  famille  Louans  se  rendit,  après  l'expulsion,  en  Italie, 

cidôssoiis,].. 70V    puis  à  Rosheim,  en  Alsace,  et  de  là  à  Worms. 

ISAVC  LATTES, 

lllSTOniF.N    ET  MF.DECrN. 

JsAAC,  fils  (le  Jacoh,  fils  d'isaac,  fils  de  Juda,  de  la  fa- 
mille Lattes,   était  originaire   du    Languedoc    ou  de  la 
Provence,  vistà  se  lit  dans  l'acrostiche  d'une  pièce  de  vers 
qui  est  au  commencement  de  la  seconde  partie  de  l'ouvrage 
dont  nous  aurons  à  parler.  Ce  nom  est  celui  d'un  port  près 
de  Montpellier  et  d'une  localité  dans  le  département  des 
Alpes-Maritimes.  L'orthographe  héhraïque  est  presque  tou- 
jours. e/NB*?,  cpjelquefois  ckok*?,  où  vk  doit  être   prononcé 
comme  es.  Ce  nom  de  famille  est  encore  porté  à  présent  et 
Zur  Geschichte    s'écrïl  Lattcs.  M.  Zunz,  sur  l'autorité  de  H.  J.  Michaël  de 
,iier.,p.i7      Hambourg  (l'ancien  possesseur  d'une  collection  de  manu- 
scrits hébreux  qui  est  maintenant  à  la  Bodléienne),  men- 
tionne comme   membres  de  cette   famille    un   Jacob   fils 
d'Élie  et  un  Élie,  fils  d'isaac  de  Carcassonne,  gendre  de 
Meschoullam,  fils  de  Moïse,  qui  fit  un  commentaire  sur  le 
Guide  de  Maimonide  ou  qui  défendit  ce  livre  en   1280. 
M.  Zunz  dit,  dans  une  note,  que  cette  donnée  n'est  pas 
schem    haggo-    d'accord  avec  Azulaï;  nous  n'avons  pas  rencontré  ailleurs 
.loiim.p.  780.       çgg  jgy^  noms,  que  M.  Zunz  du  reste  omet  dans  un  autre 
Ycsch.  Koback,    document.  On  peut  rattacher  avec  plus  de  certitude  à  la 
VI.  p.  loî.  famille  Lattes  le  médecin  Isaac,  fils  de  Juda,  de  Perpignan, 

qui  signa  en  l'année  i3o3  une   lettre  en  faveur  des  or- 


DU  XIV  SIECI.K. 


683 


HT'  siÈnr.E. 


tliodoxes;  c'est  probablement  le  grand-père  de  l'auteur 
dont  nous  allons  parler.  Cet  auteur  rapporte  que  son  père 
composa  des  écrits  relatifs  à  la  casuistique. 

L'ouvrage  d'isaac  Lattes  a  un  grand  intérêt  pour  l'histoire 
littéraire,  et  nous  avons  déjà  eu  bien  des  lois  l'occasion  de 
le  mentionner.  Il  est  intitulé  -icomp',  «Ville  du  livre»  et 
est  divisé  en  deux  parties,  savoir:  ^vs  "ii'c;,  «  Portes deSion  », 
et  pnr  n-'rin,  «  Histoire  d'isaac  ».  On  en  connaît  deux  manu- 
scrits, l'un  <à  la  Bibliothèque  Bodiéienne  n"  i  298,  où  le  con«- 
mencement  de  la  préface  manque,  et  l'autre,  ayant  fait  par- 
lie  de  la  collection  (liinzburg,  qui  se  trouvait  il  y  a  quelque 
temps  entre  les  mains  du  libraire  Hirsch  Fischl. 

Isaac  Lattes  écrivit  son  ouvrage  en  l'année  5 1 32  (1  372 ). 
Il  dit,  dans  sa  ])réface,  qu'il  l'avait  composé  pour  sa  fa- 
mille. Il  se  sert  des  ouvrages  de  Maimonide,  de  Moïse  de 
Couci  et  d'isaac  de  Corbeil.  Il  ne  craint  pas  de  citer  une 
sentence  du  livre  Bollr  lian-Ncphesch  de  Lévi  ben-Abraham, 
<lont  les  ouvrages  hérétiques,  écrits  de  i3()3  à  i3i5,  de- 
\aient  être  oubliés  vers  1372. 

La  première  partie  du  hirialh  Scplicr  est  divisée  en  seize 
chapitres,  savoir  :  1°  l'histoire  de  la  tradition,  sur  laquelle 
nous  aurons  à  revenir;  2"  l'ordre  de  la  Mischna;  3°  les  six 
])arties  de  ce  livre;  4"  la  bibliographie  détaillée  des  traités 
de  ce  livre;  5"  la  bibliogra])hie  delà  Thosiphta;  6°  les  ten- 
dances des  i/|  parties  de  l'ouvrage  de  Maimonide  intitulé 
Mischné  Thora;  7"  celles  des  subdivisions  de  ces  1  4  parties; 
8"  les  préceptes  à  observer  par  les  femmes,  et  quelques 
préceptes  prohibitifs,  ])Our  la  transgression  desquels  on 
n'applique  pas  la  punition  corporelle  des  quarante  coups; 
9"  les  préceptes  qui  doivent  être  observés  par  tout  le  monde, 
quelles  que  soient  les  localités  où  l'on  se  trouve;  10°  les 
règles  que  l'on  considère  comme  reçues  par  Moïse  sur  le 
montSinaï;  notre  auteur  y  ajoute  des  notes  chronologiques 
sur  les  docteurs  de  la  Mischna  et  du  Talmud;  1 1°  l'indi- 
cation des  passages  du  Pentateuque  où  chaque   précepte 


Titre  que  nous  avons  déjà  rencontré. 


Gcschicbtc  uixl 

l.iteratur,  p.  479- 

Scliaai  c     Zioii , 

Calai.,  fol.  'i58. 
Voir  ci-di'vsous, 
p.  08."). 


Uis(.  lilt.  de  la 
|-|-anrc,  I.XXVII, 
|,.  G28. 

Ibicl..  j).  G/i4. 


Voir  ri-(lessou8 . 
|.  085. 


86. 


HiM.  litl.  de  is 
France,  I.  XXVII. 
p.  537,  note, et  ri- 
dessus,  p.  471. 


M\     SIKCI.R. 


684  LES  ECRIVAINS  JLIKS  FKANCAIS 


se  trouve  inentionn»^,  coinine  dans  l'ouvrage  de  casuis- 
lique  de  Maimonide  et  les  livres  de  préceptes  par  Moïse  de 
(^ouci  et  Isaac  de  Corbcil;  \-2°  l'indication  des  versets  du 
Penlateu(|ue  qui  sont  mentionnés  dans  le  (îuide  des  Kgarés 
de  Maimonide  (un  index  de  ce  genre  pour  toute  la  iJible 
a  été  fait  par  Samuel  ibu-Tihbon)  ;  13"  les  sections  du 
Pentatenque  et  des  Prophètes  [Uaphtoroth)  à  réciter  dans 
les  synagogues;  \lx"  quelcpies  passages  à\\  commentaire 
d'Abraham  ibn-Ezra  sur  le  Pentateuque;  i  5°  les  (pieslions 
adressées  à  Maimonide  concernant  son  ouvrage  intitide 
Misclui'.'  Tlinra  <;t  ses  réponses  (toutes  imprimées  d'après 
les  indications  que  M.  Neubauer  a  tirées  du  manuscrit 
d'Oxford);  1 6"  des  e\|)lications  mysti(|ues  du  premier  cha- 
pitre de  la  Cienèse.  Les  plus  inq)ortanls  de  ces  chapitres 
sont  le  premier  et  le  neuvième,  qui  traitent  de  l'histoire 
littéraire  des  juifs  en  général,  surtout  eu  Provence.  Ce 
qui  présente  pour  nous  \\\\  intérêt  spécial,  c'est  la  litté- 
rature du  moyen  âge.  Pour  la  partie  (|ui  a  été  imprimée, 
nous  avons  collationné  l'édition  avec  le  manuscrit  qui  se 
trouvait  autrefois  dans  la  bibliothèque  de  M.  Gûnzburg. 
On  peut  dire  ([ue  les  deux  manuscrits  sont  incorrecti», 
bien  que  celui  d'Oxford  ail  été  copié  en  Provence  et  pro- 
bablement dans  le  xv'  siècle,  à  en  juger  d'après  l'écriture. 
Avant  de  nous  occuper  de  la  traduction  de  cet  important 
morceau,  nous  en  donnerons  la  bibliographie.  Le  premier 
chapitre  de  notre  auteur  est  une  imitation  des  introductions 
Hist.  litt.  <ie  la    qu'on  trouve  chez  Menahem  Meiri  et  David  d'Estella.  Pour 

p"7,';'  ''^^"  les  parties  anciennes,  Isaac  emprunte  beaucoup  à  ses  pré- 
voir .i dessus,    décesseurs  et  même  les  copie;  mais  il  est  original  pour  ce 

''  *''  qui  concerne  les  auteurs  provençaux  de  la  seconde  moitié 

au  XIV*  siècle.  Les  chroniqueurs  relativement  modernes, 
tels  que  Guedaliah  ibn-Yahya  et  Azulaï,  qui  ne  connaissent 
même  pas  le  titre  de  l'ouvrage  d'Isaac,  disent  simplement, 
quand  ils  y  font  un  emprunt  :  «  J'ai  trouvé  tel  et  tel  lait  dans 
«  un  ancien  manuscrit.  »  Pour  les  passages  cités  par  ces  deux 

,!  .1  .  bibliographes  et  chroniqueurs,  nous  renvoyons  à  l'avant- 
propos  de  M.  Buber,  qui  a  publié  ce  chapitre  d'histoire  litté- 


DU  XIV  SIÈCLE.  085 


\IV    SIKCI.E. 


raire,  d'après  le  texte  publié  par  M.  Gross,  dans  la  partie 
hébraïque  du  journal  allemand  Ma<ja:in  jiir  die  Wiisemchafl 
rfriJut/cnf/iums,  quatrième  année  (1877),  p.  54-77- Le  manu- 
scrit d'Oxford  n'est  pas  toujours  facile  à  lire  pour  un  copiste 
ordinaire,  et  ainsi  des  fautes  se  sont  glissées  dans  ceti«'  édi- 
tion. M.  Buber,  à  l'aide  de  Meïri,  d'ibn-Yahya  et  d'Azulaï, 
corrigea  son  texte,  dans  le  même  journal,  partie  allemande, 
1877,  p.  219  a  234.  M-  Neubauer,  de  son  côté,  donna  quel-  Ue«utdrsh:iu<ifi^ 
ques  bonnes  variantes  tirées  du  manuscrit  qui  appartenait  ["«"eMf/'  '  ''^ 
alors  à  M.  Giinzburg,  mais  seulement  pour  la  partie  concer- 
nant le  moyen  âge. M.  Buber  publia  de  nouveau  en  i885 
le  chapitre  en  question,  avec  ses  pro])res' corrections,  sans 
avoir  eu  connaissance  du  second  manuscrit.  Le  litre  de  celte 
édition  est  jrx  ■•■lyw,  Schaaré  Zion,  Bcitrafj  2ur  Gcschwhte  des 
.ludentliums  bis  211m  Jahre  1372  von  Rab.  fsaac  de  Lattes,  mit 
Anmerkungen  nnd  einer  Einleiluncj  verschen,  Jaroslav,  i885, 
in-8''.  Dans  la  préface  en  hébreu,  qui  a  pour  sujet  la 
vie  de  l'auteur,  ses  sources,  et  ceux  qui  ont  puisé  chez  lui, 
M.  Buber  commet  la  même  erreur  que  M.  Zunz,  en  disant 
que  l'ouvrage  s'appelle  pnr  rn'jir,  et  que  le  titré  de  tc  rmp 
est  celui  d'un  ouvrage  à  part.  Ses  notes  sont  bonnes  et  utiles 
jusqu'aux  pages  relatives  au  xi*  siècle;  à  partir  de  l:'i,  elles 
sont  sujettes  à  bien  des  critiques.  Si  M.  Buher  avait  connu 
les  variantes  que  M.  Neubauer  a  données,  et  s'il  avait  fait 
usage  du  XXVII'  volume  de  l'Histoire  littéraire,  il  aurait  été 
plus  exact  et  aurait  pu  se  dispenser  de  bon  nombre  de  notes. 
M.  Neubauer  a  mis  quelques  points  de  toute  cette  di.s- 
cussion  dans  la  Revue  des  Études  juives,  t.  X,  p.  26.^. 

Nous  donnerons  maintenant  la  traduction  des  passages 
qui  intéressent  notre  sujet  d'après  les  deux  manuscrits. 
Après- avoir  mentionné,  sans  ordre  chronologique  et  sans 
tenir  compte  de  la  difiérence  de  pays,  les  rabbins  français, 
déjà  étudiés  dans  le  XXVIl*  volume  de  cette  Flisloire, 
savoir  :  R.  Gerson  [de  Metz],  Jacob  fds  de  Yacjar,  Lévi 
l'ancien,  Salomon  de  Troyes,  Isaac  l'ancien,  auteur  de 
Thosafoth,  Samson  [de  Sens],  Jacob  et  son  frère  Samuel 
[de  Ramerupt],  lehiel  de  Paris,  Éliézer  de  Metz,  Simcon 
4  6 


xosiÈc...       ^S^  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Qara,  Isaac  de  Marseille,  Juda  ibn-Thibbon,  Meïr  de 
Rolhemboiirg  et  Pereç  de  Corbeil,  Isaac  revient  à  l'énu- 
mération  des  rabbins  de  son  pays,  la  Provence,  en  pre- 
nant ce  nom  dans  un  sens  large,  et  mentionne  les  auteurs 
suivants  :  Abraham  ab-beth-din ,  Moïse  fds  de  Joseph  de 
Narbonne,  Meschullam  fds  de  Jacob  de  Lunel,  Juda  Bar- 
zilai,  Moïse  fils  de  Juda  de  Bézicrs,  Zcrahiah  de  Lunel, 
Meïr  deTrinquetailies,  Jonathan  de  Lunel,  son  grand-père 
Meschoullam  de  Béziers,  auteur  de  la  Uaschhmah,  Élie  (ils 
d'isaac  deCarcassonne  et  son  fds  Jacob,  de  la  famille  Lattes, 
qui  a  été  instruit  par  son  père  et  son  beau-père;  Salomon 
lils  d'Abraham  de  Montpellier,  son  élève  David  fds  de  Saûl; 
Ascher,  auteur  du  livre  rwno  (ninio?);  «notre  grand-père 
«Juda  his  de  Jacob,  de  la  famille  Lattes»,  auteur  du  livre 
Asoufoth;  Samuel  ibn-Tibbon,  à  qui  Lattes  attribue,  entre 
autres  ouvrages,  un  commentaire  sur  la  Bible  dont  nous 
ne  connaissons  que  la  partie  concernant  fEcclésiaste;  Moïse 
ibn-Thibbon,  auquel  Lattes  attribue,  outre  les  ouvrages 
intitulés  isp*?,  nnDCf,  nx^D  et  o'j'jn,  un  commentaire  sur 
la  Bible,  dont  nous  ne  connaissons  que  la  partie  rela- 
tive au  Cantique;  Salomon  (fédilion  et  le  manuscrit  Gùnz- 
burg  donnent  tous  les  deux  Samuel)  fds  de  Moïse  de 
Melgueil,  auteur  d'ouvrages  remarquables  en  tout  genre' 
et  surtout  en  astronomie,  entre  autres  de  l'ouvrage  impor- 
tant intitulé  :  niisn"?  yp,  «  But  final  de  l'astronomie  »,  et  des 
suivants  :  V'jis'd,  ■j'ron  'd,  et  onai  me;»  'd. 

Lattes  revient  ensuite,  sans  en  avertir,  aux  rabbins  de  l'est 
de  la  Franco,  à  savoir  :  Joseph  Bonfils,  auteur  d'un  com- 
mentaire sur  la  Bible;  Samson  (1.  Jacob),  fds  d'Ahlalion 
(Antoli) ,  auteur  du  livre  intitulé  noVo  et  d'autres  ouvrages; 
Moïse  de  Couci,  auteur  du  grand  livre  sur  les  préceptes, 
composé  en  5o4a  =1282  (1.  5002  =  1242);  Joseph  Bekhor- 
Schor;  Isaac  de  Corbeil;  Simhah  de  Vitri,  auteur  du 
Mahazor.  En  Catalogne,  Lattes  cite  David  Qimhi  et  son  frère 

\'oir  ci-<les8U9,  '  Dans  l'édilion,  les  ouvrages  ci-nom-        tant  ce  nom.   Des  critiques  modernes 

]>.  416.  mes  «ont  attribués  à  Moïse  ibn-Tibbon  :        croient  que  le  nom  de  Calonymos  fils 

le  manuscrit  est  plus  correct  en  omet-        de  Calonymos  devait  se  (ruuvcr  ici. 


687 
A   Narbonne, 


DU  XIV  SIÈCLE. 

Moïse';  Gerson,  fils  de  Salonion  d'Arles 
il  nienlionne  Isaac,  fils  de  Manvan"';  Lévi  el  son  petit-fils 
Moïse,  fils  de  Joseph,  fils  de  Marwan^;  Eliézer  fils  de  Za- 
charie;  Isaac  fils  de  Juda;  Abraham  fils  de  Hayyim;  Salo- 
mon,  le  très  vénéré;  et  en  tête   de  tous  se  trouvent  les 

Ï)rinces,  Moïse  fils  de  Todros  et  son  fils  Lévi  el  d'autres  de 
a  famille  princière  [des  Galonymos].  H  y  joint  Isaac  Cohen, 
disciple  d'Abraham  fils  de  David  et  auteur  du  commen- 
taire sur  trois  ordres  du  Talmud  de  Jérusalem;  son  disciple 
Ruben  fils  de  Hayyim;  Joseph  fils  de  Gerson;  Samuel 
fils  de  Salomon;  «le  fils  de  la  fille  de  notre  aïeul  Gerson 
«de  Bézieis,  auteur  du  livre  pVa,  laissé  inachevé,  mais 
«  complété  par  son  fils  Samuel  ». 

A  Luncl,  Lattes  mentionne  Jonathan  Cohen;  il  rappelle 
ensuite  f|uelc|ues  rabbins  de  Gérone,  et  nomme  comme 
étant  un  de  leurs  disciples  Isaac  fils  (fAbraham  de  Nar- 
bonne [et  son  fils  Isaac  Narboni]*. 

A  Tarascon,  Lattes  mentionne  [son  bisaïeul]  Eliézer  fils 
d'immanuel,  son  fils  Josué,  et  le  fils  de  celui-ci,  son  grand- 
père  I  m  manuel,  qui  mourut  du  vivant  de  son  père,  et 
dont  un  disciple  se  convertit  au  christianisme.  Ce  disciple 
est  Paillas  Christianiis,  dont  nous  nous  sommes  occupés 
dans  un  autre  volume,  à  foccasion  de  Mardochée  fils  de 
Joseph.  Après  avoir  parlé  de  Salomon  ben-Adret,  Lattes 
nomme  Ahron  (probablement  Ahron  Lévi),  Nathan  de 
Trinquetailles,  Manoah  de  Lunel. 

«  A  Montpellier,  dit  Isaac  (le  texte  imprimé  porte  nix-'ai  au 
«  lieu  de  nnai),  était  mon  grand-père  Isaac  fils  de  Juda  (dans 
«  le  texte  on  lit  Juda  fils  d'Isaac),  de  la  famille  Lattes  (trNtsN'?; 
«  texte  imprimé  CKtaV),  le  père  de  mon  père,  qui  est  fauteur 
«  de  beaucoup  d'ouvrages  de  tout  genre  :  d'abord  sur  le 
«Talmud;  il  a  commenté  l'ordre  Tohoroth,  à  l'exception 
«du   traité   Nidda,  l'ordie  Qodaschim,  traités    Qinnim  et 

'  Dans  l'édition,  on  attribue  à  Moïse 
l'ouvrage  intitulé  VSin  JlJsn,  «  Délices 
•  de  l'àme»;  dans  le  manuscrit,  on  l'at- 
tribue à  Joscpii  ibn-Aqnin. 

'  L'édition  porte  ici  imo. 


.VI>*  SIÈCLE. 


'  Le  manuscrit  porte  pD. 

*  Le»  mots  entre  crochets  sont  des 


llisl.  litl.  (le  la 
Kraiice,  I.  XX VH, 
p.  563. 


Hist.   lilt.  Fr., 


additions    que    présente   le   manuscrit     t.  XXVII,  p.  597. 
Gûnzburg.  Calai.  d'OxFord . 


\H     SIKCI.K. 


688  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

«  riuuind,  el  l'ordre  Zeraïm,  dans  lequel  il  a  commenté  une 
«  parlie  de  Kilaïm,  Ralla  (il  faudrait  peut-être  lire  Pcali) 
«et  Orla,  d'après  la  tradition  reçue;  ])uis  sur  la  physique 
M  et  l'astronomie.  » 

Lattes  nous  parle  ensuite  d'Abraham  de  Montpellier,  l'au- 
teur d'un  commentaire  sur  trois  parties  presque  entières  du 
Talmud,  d'isaac  Nasi,  l'auteur  de  plusieurs  ouviages  et  sur- 
tout d  un  midrasch  sur  le  Penlateucjue.  Puis  vient  Menahem 
de  la  laniille  Meïr  de  Per|)ignan,  l'auteur  de  Betli  Itab-lichira 
et  d'un  commentaire  sur  toute  la  Bible.  A  celle  époque, 
en  i3o6,  les  juifs  furent  chassés  de  la  France.  En  Pro- 
vence se  trouvait  à  citte  époque  le  grand  R.  Israël  de 
Valabrègue  (Olobrègue,  nNjnsibiND)  qui  demeurait  à  Ta- 
rascon  et  était  l'élève  de  «  mon  bisaïeul  »  Immanuel  de 
Tarascon.  Lévi,  fds  d'Abraham,  fds  de  Hayyim,  composa, 
entre  autres  ouvrag.  s,  le  Livyatli  liai,  «  dont  la  grande  va- 
«1  leur  n'est  connue  que  de  quelqm  s  rares  ])ersonnes  ».  Le 
Nasi  Calonymos,  fds  de  Galonymos,  fils  de  Meïr,  est  l'auteur 
de  beaucoup  de  livres  de  science  et  de  philosophie;  parmi 
(mx  est  l'ouvrage  intitulé  :  «  Livre  des  rois  »  (dans  le  ma- 
nusciit  :  «  Livre  de  gloire  des  rois  »  q''3'7D  1123),  ouvrage  por-, 
tant  sur  l'arithmétique,  la  géométrie  et  fastrologie.  Joseph 
(iaspi  composa  plusieurs  ouvrages,  notamment  un  com- 
mentaire sur  la  Bible.  David  d'Estella  écrivit  un  commen- 
taire sur  la  Bible  et  le  Talmud,  où  il  donne  les  opinions  de 
Voir  ri  (lesius.   scs  prédéccsseurs,  et  qu'il  a  intitulé  :  Kiijalh  Scpher.  [Yequtiel. 

p- '>!''•  Cohen,  surnommé  Scn  Astruc  Cohen,  est  également  l'au- 

teur d'un  commentaire  où  il  donne  les  opinions  de  ses  de- 
vanciers.] Schimschon  (le  texte  imprimé  porte  Siméon;  le 
manuscrit  d' ">  seulement)  de  Ghinon  composa  le  Sépher  hah- 
Kcritouih.  Isaac  fds  de  Mardochée  Qimhi ,  surnommé  Maestre 
Petit,  est  l'auteur  de  commentaires  sur  le  Talmud  et  d'autres 
ouvrages  scientifiques.  Puis  viennent  Abba  Mari  ben-Éligdor, 
Voir  ci^iessus,   sumommé  Sen  Astruc  de  Noves,  Abraham  de  e?nDe?i3  (ma- 

•'■  nuscrit  :  cruNn^j  ou  E?BK^":)  et  Joseph  uiio  (Tournon?  ma- 

nuscrit :  vamo).  Ce  dernier  fut  tué  dans  la  persécution  de 
l'année  5io8-=  i348  (pendant  la  peste  noire). 


DU  XIV  SIECLE. 


689 


UV*  SIÈCLE. 


Isaac  Cohen,  son  fils  Pereç,  et  Meschoullam,  le  fils  du 
dernier,  étaient  de  grands  savants.  Un  des  plus  grands 
fut  aussi  Rabbi  Lévi,  fils  du  grand  Gerson,  surnommé 
Maestro  Léon  de  Bagnols.  «  Mon  père  Jacob,  fils  d'Isaac,  do 
«la  famille  Lattes,  est  l'auteur  d'un  commentaire  sur  des  ^'^  '^ 
«  traités  du  Talmud,  savoir  :  Aboda  Zarn  el  Nedarim  ;  mais  il 
«  a  également  écrit  sur  d'autres  matières;  il  mourut  pendant 
«  les  calamités  (i3/|8?).  Puis  vient  le  grand  R.  Mardochée, 
M  fils  de  Josué,  surnommé  Maestre  Violas  do  Uodez,  gendre 
«de  mon  aïeul  Isaac  fils  de  Juda,  (h'-jà  mentionné,  auteur 
«de  plusieurs  ouvrages.  Néhémie  fils  de  Jacob,  surnommé 
«  Sen  Macif  Jacob  de  Lunel,  est  l'auteur  de  plusieurs  ou- 
«  vrages.  Enfin  nous  arrivons  à  l'année  1.372,  épocjuo  des 
«  grandes  guerres  et  des  massacres,  alors  que  naturellement 
«  les  écoles  furent  interrompues.  Nous  mentionnerons  à  Per- 
«  pignan  Salomon  fils  d'Abraham,  et  à  Paris  Mathithyah,  fils 
«  de  Joseph,  fils  de  lohanan  Ascbkenazi.  » 

Telle  est  celte  préface  incorrecte  et  confuse ,  mais  qui  reste 
le  document  fondamental  de  nos  recherches.  En  dehors  de 
sa  préface.  Lattes  cite  peu  de  rabbins,  au  moins  dans  cette 
première  partie.  Notons  cependant  Abraham  fils  d'Ephraïm, 
auteur  d'un  «  Livre  des  préceptes  »  (fol.  .52  ) ,  où  il  mentionne 
les  rites  de  France  (•'nD^s)  et  de  Bourgogne  (nxi^jima).  Dans 
le  dernier  chapitre,  les  noms  deviennent  plus  fréquents. 
Lattes  cite  Caspi,  sans  mentionner  aucun  ouvrage  de  lui, 
et  no  K3N  1,  no  K3N  -nn,  d'kt,  peut-être  Abba-Mari  de  Noves, 
ou  un  autre  rabbin  de  ce  nom. 

La  seconde  partie  de  l'ouvrage  de  Lattes  contient,  au 
commencement,  deux  pièces  de  vers,  l'une  de  dix  lignes, 
où  le  titre  du  livre,  noo  nnp,  se  trouve;  une  autre  de  vingt  et 
une  lignes,  donnant  l'acrostiche  suivant  :  c^bn'jt  apy  p  pns"»  •'jk 
pm  «Moi,  Isaac,  fils  de  Jacob  de  Lattes,  sois  fort».  Cette 
partie  est  un  commentaire  théologique  et  casuistique ,  com- 
pilé de  différents  auteurs,  aux  extraits  desquels  Isaac  a 
ajouté  diverses  questions,  qu'il  introduit  par  la  formule 
suivante  :  V""»  =  viûià  Tpmf  idk,  «  Isaac  Lattes  dit  ».  L'ouvrage 
est  incomplet  dans  le  manuscrit  d'Oxford;  il  finit  avec  la 


TOME    XXXI. 


4  6  * 


«7 

UirftJKEPlI    SAIIO^iLE, 


Voir   ciilessu», 


Voir    ci-ilessiis, 
p.  65 1. 


X.VS.ÈC..E.        690  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

section  Ne?n  13  (Exode,  xxxii   à  xxxiv).  Isaac  cite  souvent 
des  pièces  de  vers  sans  donner  le  nom  des  auteurs;  en  fait 
de  rabbins  ou  d'ouvrages  rabbiniques,  il  cite  les  Guerres  de 
Dieu  de  Lévi  hen-Gerson  avec  l'eulogie  n'y  =  Di'?wn  r^», 
M  que  la  paix  soit  sur  lui  »;  le  grand  savant  Matithyah,  fds 
de  R.  Joseph  ("nnSnananmiaDp),  imtnp  nanx ^iato  inx  iDca  air: 
D^jain -"jnnK  (?)  iBoa  mrn  idd  (fol.  127'');  une  réponse  de  son 
iiisi.  iiit.de  la   aïeul  Eliézer  fils  de  R.  Immanuel  de  Tarascon,  adressée  à 
p.T.t  ""'''"•   Samuel  d'Agde  (npKo);  David  d'Estella;  R.  Nethanel;  R.  Jo- 
seph, R.  Isaac  et  R.  Juda,  rapportés  au  nom  de  Jacob  de 
Ramerupt;  le  o^nn  yv,  l'Arbre  de  vie,  livre  rituel  par  Jacob 
iMs.  (ieL.i|.iig,    fils  de  Juda  [de  Londres];  Judah  o^io'».  Nous  n'avons  pas 
f.^sV.^'  *"""''   ï^esoin  de  dire  que  Laites  allègue  les  anciennes  autorités, 
Hevued«»i;iu<ics   telles  que  Gerson  de   Metz,    Raschi,  lehiel  de  Paris,  les 
j"'xv,i^^,î;^,s^°   savants  connus  de  Lunel,  Montpellier,  Narbonne,  Béziers, 
Perpignan  (Meïri),  et  le  célèbre  Salomon  ben -Adret  de 
iiisi.  lin.  .1,  la   Barcelone.  Il  se  sert  des  traductions  des  livres  d'Aristote  et 
hra..r..  ..XXVII,   fl'Averroès,  du  Malmad  de  Jacob  Antoli. 

|>,    .Toi  . 

Isaac  Lattes  écrivit  aussi  sur  la  médecine.  On  a  de  lui 
un  traité  sur  les  fièvres,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit 
d'Oxford ,  n"  2 1 33 ,  5 , divisé  en  onze  parties,  précédées  d'une 
introduction.  Le  titre  a  été  probablement  donné  par  un 
copiste  provençal  :  ^>^v>t(hn  pnr  idnd.  Traité  d'Isaac  le  Latic; 
ce  titre  est  répété  en  tête  de  chaque  page.  Voici  le  com- 
mencement de  l'introduction  :  oVe^n  p  pnx^  nayn  navn  ion 
Dv  onsDa  ivtt  -"Dy  i:iy  rx  ti^'Hi  pi  [sic)  vtmtth  n^'a"?  y"j  apy  n^Vion 
iioVa  pm  i3ipi  n3N'7Dn  dkî  •?»  D>nainDn  anson  •y\'ti(^  nxiDin  dsnVo  -pm 
ni  1*7  non^  ivK  monD  n  ■'Di  'D  bs^  ]•'Zî^h^  y^p''  Tnsm  msiaorn  nnxn  nsD 
1*7  vv  -"dVi  '<s•\h^  ''nab  naK-isix  nu  r^aa  ••'j  v  njop  nino  ^noN  .naa  rn  naa 
^M^n'7  V'jar  nDsnno  D'non  on  dki  hkibih  nax'jDa  Jinj'ji  niaaa  rimn"?  npiem 
po"?  la  V'javc;  non  inv"?  -idxdh  nt  d»  njioKai  nnoaa  }"»•?  iVavi  njiDxa 

«  Le  serviteur  hébreu  Isaac,  fils  du  savant  accompli 
«Jacob  (que  son  âme  repose  dans  le  paradis!)  de  la  maison 
«  Lattes,  dit  :  Ayant  vu  la  misère  de  mon  peuple  en  Egypte, 
•  la  longueur  de  l'étude  de  la  médecine,  la  longueur  des 


DU  Xl\'  SIECLE. 


691 


\1V*  SIKCI.E. 


«  livres  qui  traitent  de  cet  art,  la  brièveté  du  temps  qu'on  y 
«  peut  consacrer  par  suite  des  troubles  et  des  calamités, 
«et  la  nécessité  qu'il  y  a  de  recueillir  et  de  faire  com- 
«  prendre  à  chacun  ce  dont  il  a  besoin  en  tout  lieu,  je  me 
«  suis  dit  ce  qui  suit  :  J'ai  un  petit  cadeau  caché  dans  ma 
«maison,  que  je  vais  produire  pour  le  bénéfice  de  mes 
«  frères  et  amis.  Quiconque  voudra  gagner  sa  vie  honora- 
«  blement  et  pratiquer  la  médecine,  tout  en  n'ayant  qu'une 
«  science  incomplète,  pourra  le  fain  /n  sécurité  en  consul- 
«  tant  sérieusement  notre  traité;  de  la  sorte,  il  sera  sûr  qu'il 
M  ne  fera  de  mal  ni  à  lui-même  ni  aux  autres.  Que  Dieu 
«  me  sauve  des  erreurs.  Amen.  » 

Le  traité  d'Isaac  Lattes  traite  :  i"  Des  fièvres  sanguines 
(rroin  nmpa),  en  quatre  chapitres;  2"  des  fièvres  colériques 
(nvonxn  pn),  en  trois  chapitres;  3"  des  fièvres  phlegmaliques 
(nrjaVn  pn),  en  trois  chapitres;  4"  des  fièvres  mélancoliques 
(nr-inc?n  '^n"^,  en  trois  chapitres;  5"*  des  fièvres  épidémiques 
(main  '^n)^  en  trois  chapitres;  6°  des  fièvres  composées 
(masmon  pn),  en  un  chapitre;  7°  des  fièvres  hectiques  (kp''Din 
et  xpiDN  'pa) ,  en  trois  chapitres;  8°  des  accidents  qui  arrivent 
avec  les  fièvres  (nimpn  ay  np-"  ne  onpo  '7'7aa),  tels  que  la  sueur, 
en  un  chapitre;  9°  des  maladies  qui  se  produisent  dans  les 
côtes  et  dans  les  poumons  (nVvai  isn  nbsaa  n^nn),  en  un  cha- 
pitre; 10°  des  ulcères  et (?)  (pN'D"'3e?ai  pnc?a),  en 

trois  chapitres;  11"  des  conseils  aux  médecins  pour  pré- 
venir le  danger.  Les  recettes  sont  en  latin  et  en  provençal 
transcrits  en  caractères  hébreux. 

Nous  avons  dit  que  M.  Steinschneider  a  cru  devoir  attri- 
buer cet  ouvrage  à  Isaac  fils  de  Jacob  Lattes  (vers  i3oo); 
nous  regrettons  de  ne  pas  avoir  connu,  pour  notre  XXVIP  vo- 
lume, les  additions  de  ce  savant  à  la  note  de  M.  Zunz  sur 
la  famille  Lattes. 

Isaac  Lattes  est  fauteur  d'une  note  sur  l'indigestion  (.3) 
nyipan -!DKD,  qui  est  contenue  dans  le  manuscrit  d'Oxford, 
n°  i  1 42  ,  34-  Son  nom  est  écrit  ici  ONBx'jn  pnej^x  ikd. 

^-.  ,  ,-  iiTi-  KeYuedes  Éludes 

Un  trouve  un  Isaac  de  Lattes  dans  le  Dauphine  en  1 44  7-   juives, ix, p.  26^, 

«7. 


liist.  litt.  ik  lu 
Kraiire.  t.  XXVII. 
!>.  G58. 

Ycscliurun  Ko 
back,  VI,  |>.  io3. 


IIV    SIECLE. 


Zut  Gescli.  uncl 
Lin.,  p.  1S78. 


Voir  ci-dessous , 
[).  695. 


Voir  ci-dessus, 
p.  58 1. 

Oibl.     rabb.. 
Indeï. 

Ibid.,    IV, 
]<.  388  a. 

Bibl.  judaica, 
p.  àGg. 

Sif.    Yesch., 
p.  ,181.       . 

Ribl.    licbr.,  I. 

"'    179''- 

Contra  astrolo- 
gos,  p.  45o. 

Calai,  in-fol. , 
p.  i68i,  ii'3o. 


Bibl.   hebr..  I, 
n*  1016. 
Ibid.,  111,  p.  876. 
Ibid.,  IV,  p.  940. 


692  LES  1^:CRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

La  famiUo  Lattes  émigra  en  Italie;  M.  Zunz  en  mentionne 
plusieurs  membres  à  partir  du  xvi"  siècle  jusqu'à  présent. 
Le  nom  de  famille  qui  existe  en  Italie  est  Lattes.  Nous  aurons 
l'occasion  de  mentionner  Isaac  ben-Immanuel  de  Lattes, 
qui  vécut  vers  i55o,  en  Italie  et  à  Avignon,  et  qui,  dans 
son  recueil  de  consultations,  nous  a  conservé  quelques 
données  intéressantes  sur  les  juifs  de  Provence. 

IMMANUEL  DE  TARASCON, 

ASTRONOME. 

Immanuel  (ils  de  Jacob,  surnommé  Bonfils,  sans  doute 
originaire  de  Tarascon,  où  il  fit,  comme  nous  le  verrons, 
la  plupart  de  ses  observations  astronomiques,  était  un  cé- 
lèbre mathématicien  et  médecin.  C'est  peut-être  son  fils  qui 
est  le  copiste  du  manuscrit  266  de  Parme;  car  ce  copiste  se 
nomme  Salomon  fds  d'immanuel  (quelques  lettres  sont 
effacées),  et  il  dit  avoir  achevé  la  copie  dans  le  mois  de 
siwan  5o44  (mai -juin  i388)  à  Tarascon  (pperniD  "jnjoa). 
Mardochée  Nathan  l'appelle  simplement  Tarascon.  Barlo- 
locci  ne  le  mentionne  pas;  il  attribue  son  ouvrage  intitulé 
«  Les  six  ailes  »  à  un  Salomon  Talmid.  Buxtorf  et  Schabbethai 
Bass  font  de  même. 

Wolf  connaît  son  livre  d'astronomie  et  d'astrologie 
contre  Albaténi,  Ptolémée,  Abraham  ibn-Ezra,  etc.  en  ma- 
nuscrit à  Oxford  et  à  Leide.  Peut-être,  dit-il,  cet  ouvrage 
est-il  identique  à  celui  dont  parle  Pic  de  la  Miraudole,  aux 
Tables  astronomiques  citées  par  Plantavitius  sous  le  titre 
de  Q"'BJ3n  "jya  nm'?,  et  aux  Tables  qu'on  trouve  dans  la  biblio- 
thèque Laurentienne.  Nous  verrons  que  ces  ouvrages  ne  sont 
pas  identiques  entre  eux.  Wolf  mentionne  le  livre  intitulé 
«  Les  six  ailes  »  comme  attribué  à  Salomon  Talmid.  Dans 
le  troisième  volume,  il  donne  plus  de  renseignements  sur 
ce  livre,  et  reconnaît  que  l'ouvrage  attribué  à  Salomon 
Talmid  est  identique  à  celui  de  notre  Immanuel.  Dans  le 
quatrième  volume,  Wolf  distingue  «  Les  six  ailes  »  de  l'ou- 
vrage intitulé  r\)hnn  p».  Il  ajoute  que  le  commentaire  grec 
de  Georges  Ghrysocca,  en  manuscrit  à  Vienne  »  intitulé  : 


DU  XIV  SIECLE.  C93 


XIV    SIEIJ.E. 


juives,  \IJ,  j).  ()((. 
liihl.  Iiebi-..1V. 


ÈxSotni  els  to  lovSaÏKOV  è^anlépvyov,  divisé  en  six  IlTepo^ 
el  où  il  est  dit  que  cet  ouvrage  fut  composé  dans  ia  ville      i.aini>ccius,vii. 
d'Italie  appeléeTapayxFras,  n'est  autre  chose  qu'un  coinmen-   ''stohncimpuiier^' 
taire  surle  traité  intitulé  «  Les  six  ailes  » ,  composé  à  Tarascon    ''»■>«  •«  Maiiir. 
par  Immanucl.  VVolf  ajoute  encore  que  Salonion  Azubi  de       '  '   ""' 
Carpentras  possédait  ces  mêmes  tables,  dont  il  parle  dans       liii.i.  i..i,i.,  m, 
ses  lettres  à  Schickhardus,  et  dont  il  dit,  en  i632,  qu'elles    '   '"'^ 
furent  composées  à  Tarascon  il  y  a  trois  cents  ans.  Azubi,  en     iicMiodtsKiiKi.s 
effet,  parle  de  ce  traité  dans  ses  lettres  à  Peiresc.  Quant  à 
Salonion  Talmid,  Wolf  l'abandonne,  après  avoir  examiné 
le  manuscrit   Uffenbach   (à  pré.sent  à  la   bibliothèque   de 
Hambourg;  n°  290,  2 ,  du  catalogue  de  M.  Steinschneider);      *■'"''    i'  ""■ 
mais  il  dit  qu'il  est  possible  qu'un  auteur  de  ce  nom  ait 
écrit  un  ouvrage  avec  le  titre  de  d^bjo  ©er. 

Rien  n'était  imprimé  de  notre  auteur  quand  M.  Fiirsl  ri 
M.  Steinschneider  composèrent  leurs  ouvrages  bibliogra- 
phiques; voilà  pourquoi  ils  ne  lui  consacrent  pas  d'article. 
M.  Loeb  dit  qu'il  était  contemporain  de  Lévi  ben-Gerson,  »,Mic<it,Kiud.-s 
mais  un  peu  plus  jeune,  et  il  renvoie  au  manuscrit  de  Mu-  J"'*'"'  '  p  77 
nich ,  n°  3 86 ,  3 ,  d'où  il  résulte  qu'Immanuel  écrivait  encore 
en  i365.  Lévi  étant  mort  en  i344,  nous  ne  voyons  pas 
que  la  date  de  i365  prouve  la  contemporanéité  d'Imma- 
nuel  et  de  Lévi.  Disons  plutôt  qu'on  ne  connaît  ni  l'année 
de  la  naissance  de  notre  Jacob  ni  celle  de  sa  mort.  La 
copie  du  manuscrit  de  Turin  n°  i83,  qui  renferme  les 
éléments  d'Euclide,  fut  faite  par  notre  auteur,  et  achevée  le 
vendredi  20  tébet  5 106  (16  décembre  i344)-  Nous  verrons 
qu'il  a  fait  des  tables  astronomiques  pour  l'année  i34o 
et  qu'il  enseignait  les  mathématiques,  probablement  aussi 
la  médecine,  en  1377.  ^^  ^^  'J^*  observations  à  Tarascon,  voir ri  dessous. 
sa  ville,  natale,  à  Avignon,  et,  à  une  certaine  époque,  il  p  7°° 
tint  école  à  Orange.  Ses  tables  astronomiques  intitulée? 
«Les  six  ailes»  doivent  avoir  eu  un  grand  succès,  à  en 
juger  d'après  le  nombre  des  manuscrits  qu'on  en  trouve 
dans  toutes  les  bibliothèques.  Il  s'en  fit,  en  i4o6,  une  tra- 
duction latine,  sur  laquelle  Chrysocca  composa  son  com-      y"'"^  ci-dessus. 

,.  ,iT  '  r»'       11»»'  111  p.  693 ,  et  le  M«i- 

mentaire.  JNous  avons  vu  que  Pic  de  ia  Mirandoie  les  a  pro^   lir,xv,p.39,4o. 


MV   SIECLE. 


|i.  Oqi  ,  l>r)3. 


oi  \ii\(;;:s 

tV\r,ITIIMKTIIII  K. 


694  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

bablement  connues,  et  sûrement,  s'il  les  a  connues,  c'est 
Voiici-aejsii",  à  l'aide  d'une  traduction  latine.  N'oublions  pas  les  nom- 
breux commentaires  en  hébreu  de  ces  tables  qu'on  ren- 
contre parmi  les  manuscrits  de  Paris,  d'Oxford  et  de  Ham- 
bourg. 

11  est  difficile  de  ranger  les  travaux  d'immanuel  dans 
l'ordre  chronologique.  11  n'y  en  a  que  deux  qui  aient  des 
dates,  et  encore  ces  dates  varient-elles  dans  les  dilTérents 
manuscrits.  Nous  croyons  que  la  meilleure  méthode  est  de 
commencer  j)ar  les  notes  et  les  petits  traités  et  de  mettre  les 
ouvrages  les  plus  imporlanls  à  la  fin.  Un  certain  nombre  de 
CCS  notes  ])euvcnt  appartenir  aux  grands  ouvrages.  Les 
rédactions  diffèrent;  il  y  a  des  additions  dues  à  une  main 
postérieure  (lan.s  les  uns  et  les  autres^  Commençons  par 
l'arithmétique. 

1°  Traité  de  calcul  pour  trouver  approximativement  le 
rapport  du  diamètre  à  la  circonférence.  Le  rapport  trouvé 
par  Immanuel  est  à  peu  près  ::  21600  :  67861.  Ce  traité 
est  suivi  de  quelques  autres  règles  de  calcul,  notamment  de 
l'extraction  de  la  racine  carrée.  A  la  fin,  on  explique  un 
passage  du  livre  de  la  Création  (attribué  ordinairement  au 
patriarche  Abraham  ou  au  docteur  de  la  Mischnah,  R.  Aqiba), 
relatif  à  l'arithniélique  (t.edi -idd  ied).  11  n'est  pas  sûr  que 
ces  deux  écrits  soient  de  notre  auteur.  Le  traité  de  calcul 
se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris  1290,  5.  A  la  fin  de 
ce  manuscrit,  on  lit  les  mots  suivants  en  caractères  ro- 
mains :  AlmoU  nouval  Je  seiiner  mastre  Samicl  AlJ'arini  hua 
(le  la  lila  de  Perpignan,  écrits  probablement  par  un  d(>s  pro- 
priétaires. 

2°  Diverses  propositions  d'arithmétique  relatives  à  la  di- 
vision, à  l'extraction  de  la  racine  carrée,  etc.,  qui  se  trouvent 
dans  le  manuscrit  de  Paris  1081,  1.  La  suite,  u"  2,  donne 
des  observations  sur  différents  points  d'astronomie  qui 
appartiennent  aussi  probablement  à  notre  auteur. 

3°  pi'jn  Tn,  note  sur  les  chiffres  décimaux,  désignant  des 
nombres  entiers  ou  des  fractions,  qu'on  trouve  dans,  le  ma- 
nuscrit de  Paris  io5/|,  6. 


DU  XIV  SIECLE.  695 


XIV     ÏIECI.E. 


OUVRAGES 
U'ASTBO:«0»IIE. 


Passons  inaiDtenant  aux  ouvrages  d'astronomie  : 

1°  caoïsn  niDipD  2wnb  nini'jD  -iWi,  traité  sur  le  cours  moyen 
des  planètes.  Le  manuscrit  de  Paris  io54,  6,  présente, 
en  guise  de  litre,  les  mots  i'?''S  pa 't  njiîcn.  Le  traité  fut 
composé  à  Tarascon,  à  une  époque  qui  ne  saurait  être 
antérieure  à  i34o.  Ce  traité  se  trouve  dans  les  manuscrits 
de  Paris,  908,  5,  sans  les  tables,  et  io54,  G,  probable- 
ment aussi  dans  le  manuscrit  de  Munich  n°  386,  2. 

i°  La  vingt-neuvième  pièce  du  manuscrit  de  Munich 
n"  343  contient  une  table  pour  calculer  la  déclinaison  du 
soleil,  basée  sur  l'ouvrage  intitulé  itynpx',    «Pierre   du 
«secours»,  qui  ne  semble  pas,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  être      caïai.  .Muuici, 
d'Abraham  bar-Hiyya.  Le  calcul  sur  la  hauteur  du  soleil  est   '^  ''^Jj'  ''■'*"^'"' 
lait  pour  Tarascon  et  Avignon,  par  notre  Bonfds. 

3°  Le  manuscrit  de  Munich  n"  343,  18,  contient  un 
chapitre  intitulé  naita  njro  niV,  «Table  de  bon  cadeau»,  sur 
la  détermination  de  la  planète  Vénus  de  i3oo  à  iSÔy; 
c'est  probablement  un  extrait  des  ouvrages  de  notre 
auteur. 

4°  in^K?»  •)lz^  a'jiiBSNn  n"©»  nixa,  «  De  la  manière  de  con- 
«  struire  l'astrolabe  ».  On  trouve  ce  traité  dans  les  manuscrits 
de  Paris  n"'  io5o,  6,  et  io54,  2.  Le  manuscrit  de  Munich 
386,  2,  fol.  3,  contient  peut-être  les  figures  de  l'astrolabe; 
les  latitudes  d'Arles,  de  Tarascon  et  d'Avignon  y  sont 
données.  On  peut  aussi  consulter  le  manuscrit  de  Londres, 
Jewish  Collège,  n"  i38,  3  (/  et  12,  où  l'on  voit  qu'lmma-  (.aui.  |,.  io. 
nuel  doit  avoir  enseigné  à  Orange. 

5°  Une  note  sur  les  cycles  (msipn)  existe  dans  le  manu- 
scrit d'Oxford  n"  i483,4. 

6°  Parlons  enfin  du  célèbre  ouvrage  d'Imnianuel,  ^thz 
on»j ,  «  Ailes  des  aigles  » ,  ou  0^0:3  vv ,  «  Six  ailes  » ,  traité  astro- 
nomique en  six  chapitres,  sur  les  conjonctions,  les  opposi- 
tions, les  éclipses,  etc.,  fait  à  Tarascon,  «  situé  sur  le  fleuve      ms.  de  Pari* 
«  Rhône  »  (ms.  Tnn,  l.  iji>n).  Ce  traité  a  été  très  répandu,  et  on    "°  '"^s-  -^ 
le  trouve  en  manuscrit  dans  presque  toutes  les  bibliothèques. 

'  Voir  cependant  l'article  sur  Mardocliée  Nathan,  ci-dessas,  p.  58i, 


Xlt'  SIf.CI.B. 


690  LES  KCHIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Celle  (le  Paris  possède  l'ouvrage  dans  les  manuscrits  sui- 
vants :  looô,  /(,  où  manquent  les  tables  astronomiques; 
lo/rj,  2;  xoiUj,  3;  1076,  où  l'ouvrage  est  suivi  d'un  poème 
sur  les  treize  articles  de  foi,  dont  l'auteur  est  un  autre  Im- 
mannel;  1077,  1,  où  le  traité  intitulé  «ii'jnn  i^y  est  men- 
tionné, et  où  se  trouvent  des  gloses  sur  les  «  Six  ailes  »  par 
Moïse  lils  d'Isaac,  faites  en  i386  ou  1887,  le  calcul  étant 
doniié  pour  ces  années;  1078,  1,  où  le  calcul  est  continué 
jii.s(ju'à  l'année  i49o  par  le  copiste  Uziel,  qui  a  écrit  en 
i4o8;  H)7(),  1,  où  l'on  trouve,  entre  les  dissertations  astro- 
noniicjues  et  les  tables,  des  pièces  qui  ne  sont  pas  de  notre 

Catai .  p.  i,i«.  auteur.  Il  y  a  beaucoup  de  manuscrits  des  Six  ailes  à  Oxford; 
nous  noierons  en  particulier  le  n"  :«o/|C),  où  l'ouvrage  porte 
le  titre  de  D'-Djsn  iec.  Le  manuscrit  de  Munich  128,  2 ,  con- 
tient en  addition  le  cycle  274  (  1 428-46).  Le  manuscrit  du 
Vatican  n"  3o2,  3,  a  les  cycles  269  à  278.  Le  fragment  qui 
se  trouve  dans  le  manuscrit  du  Jewish  Collège,  Londres, 
n"   i38,    1,  indique  comme  date  l'année  i34o.  Quant  au 

Voir  ci-dessus,    mauuscrit  de  Leide,  cité  par  \\  olf ,  on  peut  voir  le  cata- 
''■  '''''■  logue  de  M.  Steinschneider. 

Le  manuscrit  de  Munich  343,  1,  rapporte  l'achèvement 
du  traité  à  Taniscon,  tammuz  5o25  (juillet-août  i365).  On 
ne  rencontre  pas  celte  date  dans  d'autres  manuscrits  ni  dans 

.MaiVii,  XV,      l'édition  de  Zilomir,  1872,  par  les  soins  de  Nahmu  ynaa. 

Steinschneider,  INL  Steinschueidec  suppose  qu'il  y  aurait  eu  deux  rédac- 
tions; ce  qui  expliquerait  qu'Immanuel  cite  les  Six  ailes 
dans  son  r|i'?nn  p»  et  réciproquement.  Le  manuscrit  a  les. 
cycles  269-280.  La  quatrième  pièce  de  ce  manuscrit  ren- 
ferme un  abrégé  de  la  seconde  aib.  Le  manuscrit  de 
Parme,  De  Rossi,  n°  749,  présente,  au  fol.  86,  une  addition 
d'Immanuel  aux  tables  astronomiques  de  Jacob  ben-Machir, 
renfermant  un  calcul  plus  pratique.  Le  commentaire,  dans 
le  manuscrit  de  Hambourg  290,  1,  mentionne  la  latitude  de 
la  ville  ou  province  de  cro'jn  et  ©"jo'jn,  qui  semble  être 
une  localité  française. 

7°  «iiVnn -jn»  iDxD ,  traité  sur  la  valeur  de  l'inégalité.  Cet 
opuscule  traite  des  inégalités  du  cours  du  soleil  et  de  la 


C.atil.  de  Miinicli 
p.  i5i.  m'.'ÎU,  1 


DU  XIV  SlECf.E.  697 


xi\    siFCi.r;. 


lune,  el  de  la  nécessité  de  mettre  ces  inégalités  en  ligne 
de  compte,  pour  fixer  exactement  la  date  des  conjonctions, 
des  oppositions,  des  éclipses,  etc.,  attendu  que  les  tables 
astronomiques  renferment  à  cet  égard  des  erreurs  considé- 
rables. 

Dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  i()54,   i.^,  on  a  ajouté 
nne  note  d'Immanuel  sur  un  passage  difficile  du  traité  inti- 
tulé «Forme  de  la  terre»,  par  Abrabani  bar-Jliyya,  relatif 
aux  éclipses  de  lune.  Les  calculs  sont  faits  pour  Tarascon,       m>   ^I'  Uu\>\ 
rn  l'année  i.3()5;  l'ouvrage  intilidé  Six  ailes  y  est  cité.  «ir.,  n.i. 

Le  manuscrit  de  Municli   386,    :>. ,   donne  à  l'ouvrage 
la  date  de   i34o.  Le  manuscrit  n"  343,  ai,  de  cette  bi-      caidovinuidi, 
bliotbèque  renferme  également  un  fragment  du  traité  en    ■^''■''"■" 
question. 

Le  manuscrit  d'Oxford  2o5o,  i,  porte  la  date  de  5i'<6 
(  I  3G6) ,  et  indique  que  l'ouvrage  a  été  composé  à  Tarascon. 
Immanuel  y  cite,   outre   les  tables  de  Lévi  ben-Gerson,      \"'•^  'i-'i'^^ssns, 
Albaténi,  Abraham  ben-Ezra,  un  almanach  rédigé  par  un    '    ^' 
grand  savant  et  annoté  par  un  contemporain,  il  renvoie  à 
son  traité  des  Six  ailes  et  ajoute  une  note  explicative  sur 
les  balances  d'Knoch.  A  la  fin,  il   y   a   un   traité  intitulé      Caui.  <iOxfoi<i 
U12U  pp^n  mS,  Table  pour  calculer  le  soleil;  nous  ne  savons   '''''' 
s'il  est  de  notre  auteur. 

Finissons  par  quelques  écrits  astrologiques.  oi.\kvci.s 

i"  Petit  traité  astrologique  sur  les  sept  constellations,  qui        

existe  dans  le  manuscrit  de  Paris  io48,  4,  et  commence 
par  les  mots  suivants  :  am  niK^a  uik'd  iwn  iuk  apy^  p  'jNijDy  idk 
riKXin  -iKaV  ^p-'Kt  D^jnnKn  occron  ^osn  -pi  hs  cran  rNSin  yn  niNJi 

.tDBWDn  "-Dan  -pi  "jy  D'caon 

2°  Le  manuscrit  de  Leide,  Warn.,  43,  2,  contient  un 
fragment  d'astrologie,  que  M.  Steinschneider  attribue  à 
Immanuel. 

3°  M.  Steinschneider  croit  devoir  attribuer  aussi  à  notre 
auteur  un  commentaire  sur  un  passage  d'Abraham  ibn-Ezra 
relatif  au  tétragramme;  le  passage  est  dans  le  commentaire 
d'Ibn-Ezra  sur  Exode,  xxxiii,  2.  Le  commentaire  donne 
vingt-six  conjonctions  des  cinq  planètes.  Ce  traité  se  trouve 

TOME   XXXI.  gg 


D'ASTROI.OCIE. 


imiMlua  a4Xl*«*L«. 


.   ,  698  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

II»*  9IECI.I.  ^ 

dans  plusieurs  manuscrits,  en  particulier  dans  le  manuscrit 
de  Paris  8a5,  8,  et  dans  celui  de  Munich  2  85,  7;  ces  deux 
manuscrits  désignent  l'auteur  par  le  nom  seul  d'Immanuel. 
C'est  peut-être  un  homonyme  de  l'écrivain  dont  nous  par- 
lons en  ce  moment. 

4°  lun  ■'31K0  *?»  nitca,  note  sur  les  balances  d'Enoch  et 
d'Hermès,  mentionnées  dans  le  livre  des  Nativités  d'Abraham 
ibn-Ezra.  Cette  dissertation  se  trouve  dans  le  manuscrit  de 
Paris  9o3,  1,  à  la  fin  de  la  traduction  du  livre  des  Inten- 
tions des  philosophes  de  Gazzali  par  Isaac  al-Balag,  et  dans 
le  manuscrit  io54,  ô'',  de  la  même  bibhothèque. 

5°  Note  sur  les  neuf  comètes,  attribuée  à  Ptolémée,  mais 
probablement  de  notre  auteur.  Elle  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit io54,  5',  précédée  des  mots  suivants  :  Mm  n-'n  ni 
.cBia  hvz  VKUoy  '-ih  iiin  ^jîkd  niK^a  ow  O""»  fST  'j  m  nn»  lans"? 

Il   nous  reste  à  mentionner   un    ouvrage   d'Immanuel 

étranger  aux  sciences,  mais  de  grand  intérêt  pour  fhis- 

toire  littéraire.    Le  titre    en    est    nijos'îN  rn'jin,    «Histoire 

«  d'Alexandre  ».  C'est  une  traduction  du  latin  en  hébreu  de 

Calai.  Peyron,    la  légende  fabuleuse  d'Alexandre  connue  sous  le  nom  de  His- 

''■  '^^  toria  deprœliis.  Cette  histoire  se  lit  sans  nom  d'auteur  (la  pre- 

neyii«.ie«):iu<ies    mière  feuille  manque)  dans  le  manuscrit  de  Paris  760,  2; 

if su'v' Voi/auls^i    €"116  se  retrouve  dans  le  manuscrit  de  Turin  ccxviii;  là  le 

saromeibamiMck.    traducleur  se   désigne,   dans  la  préface,   par  ces  mots  : 

.[..Mil      «l'auteur  des  Ailes».  Voici  la  traduction  française  de  cette 

courte  préface,  d'après  M.  Israël  Lévi,  qui  a  eu  le  mérite 

de  reconnaître  l'identité  du  manuscrit  de  Paris  et  de  celui 

de  Turin,  et  qui  prépare  une  édition  de  l'ouvrage  :  «  Le  tra- 

«  ducteur,  l'auteur  cfes  [Six]  ailes  dit  :  Ce  n'est  ni  la  pré- 

«  somption,  ni  la  confiance  en  f  élégance  de  mon  style  qui 

«  m'ont  décidé  à  traduire  ce  livre  du  latin  en  hébreu;  car  je 

«  connais  mon  ignorance.  Mais  je  désirais  fort  cette  traduc- 

«  tion,  voyant  l'ouvrage  dans  la  littérature  chrétienne,  orné 

«  de  magniûques  dessins  et  de  miniatures  en  couleurs  di- 

«  vçrses,  en  or  et  en  argent;  car  les  chrétiens  ont  une  grande 

a  prédilection  pour  cet  écrit.  Beaucoup  même  ajoutent  foi 


DU  XIV  SIÈCLE. 


699 


«  à  ce  qu'il  renferme;  mais  je  ne  suis  pas  de  ceux-là.  Toute - 
«  fois  il  ne  manque  pas  d'utilité,  et  voilà  pourquoi  je  l'ai 
«  traduit.  Que  le  lecteur  ne  m'accuse  pas  d'avoir  cherché  en 
«  ce  travail  motif  à  me  glorifier;  j'ai  voulu  seulement  satis- 
«  faire  un  de  mes  désirs  et  me  contenter  moi-même;  je  me 
«  disais  :  Quand  je  serai  en  compagnie  de  personnes  distin- 
«  guées  ou  de  gens  simples,  je  leur  raconterai  les  histoires 
«  de  ce  livre;  cela  leur  fera  plaisir  et  leur  sera  doux  comme 
«  du  miel.  »  Nous  ne  savons  pas  la  date  de  cette  traduc- 
tion, qui  est  postérieure  en  tout  cas  au  livre  des  Six  ailes. 
Nous  croyons  que  c'est  le  dernier  de  tous  les  ouvrages 
d'Immanuel. 


\IV    SKCLE. 


Voir 
•  69.1. 


Une  exposition  de  Eccl.,  vu,  27,  se  trouve,  dans  les  ma- 
nuscrits, sous  le  nom  d'Immanuel  tout  court.  D'autres  ma-   ,,44,  g 
nuscrits  portent  par  erreur  :  Immanuel  ben-Salomon. 


ISAAC  FILS  DE  TODROS, 

MÉDECIN. 

IsAAC  fils  de  Todros  était  originaire  d'Avignon.  Il  dit 
lui-même  qu'il  était  encore  jeune  (^»:)  lors  de  la  peste  qui 
éclata  en  l'année  5i37  (1377),  pendant  qu'il  étudiait  les 
mathématiques  et  l'astronomie  chez  Immanuel  fils  de  Jacob. 
Il  semble,  à  en  juger  d'après  les  interprétations  des  versets 
bibliques  qu'il  donne  dans  son  traité,  avoir  été  versé  dans 
l'étude  de  la  Bible;  mais  il  ne  montre  nulle  part  aucune  trace 
de  connaissances  talmudiques.  Toutefois,  étant  donnée  la 
méthode  d'instruction  chez  les  juifs  à  cette  époque,  on  peut 
affirmer  qu'Isaac  a  étudié  les  livres  du  Talmud;  son  style 
hébreu,  qui  est  assez  coulant,  confirme  cette  supposition. 
En  lisant  ie  Guide  des  Égarés  de  Maimonide,  il  fit  connais- 
sance avec  la  philosophie  du  temps,  et  comme  tous  ses  pré- 
décesseurs, il  s'occupa  aussi  d'astrologie.  Mais  sa  principale 
étude  fat  \&  médecine.  Il  connaissait  les  ouvrages  sur  cet  art 
écrits  en  latin;  certainement  il  ne  pratiquait  pas  ceux  qui 
étaient  écrits  en  arabe,  supposé  même  qu'il  ait  su  quelque 
peu  cette  langue. 

88. 


CaUl.  dO»foid , 
n"     2157     ri 


ci-deiisui, 


M»       Slt(  I.K. 


700  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Deux  ouvrages  médicaux  portent  le  nom  d'Isaac  fils  de 
Todros. 

I.  -n'?  nK3  (allusion  à  (ien.,  xvi,  i4)i  «  Puits  du  vivant», 
traité  d'hygiène  j)Our  se  préserver  de  la  peste  rpii  sévissait 
en  l'année  1377.  Il  renferme  deux  avant-propos  sur  l'air  et 
trois  chapitres  sur  la  diète  et  les  remèdes.  Ce  n'est  ])as  ici 
le  lieu  de  donner  des  détails  sur  les  remèdes  qu'lsaac  prescrit. 
Nous  mentionnerons  seulement  les  autorités  dont  il  s'est 
.servi.  Outre  Ili|)pocrate,  Galien,  Avicenne,  Ibn  Zolir,  Mé- 
sué,  Averroès,  nous  trouvons  cité  le  célèbre  médecin  de 
Montpellier  Jean  de  Tornamire,  auteur  d'un  traité  sur  la 
peste,  «  médecin  de  notre  seigneur  le  pape  «;  ce  qui  prouve 
(ju'Isaac  demeurait  dans  les  Etats  pontificau.v,  probable- 
ment à  Avignon.  Parmi  les  médecins  juifs,  il  mentionne 
Isaac  Israëli  l'aîné,   Maimonide,  Moïse  de  Narbonne,  son 

Voii  .1  de-ns,    maître,  le  grand  médecin  Immanuel  fils  de  Jacob  (1377) 
p.  571.066,0.,.     ^.j  j^jjjj  ^Pqjj  Godas)  Nathan,  qu'il  nomme  sans  ajouter  la 

formule  usitée  pour  les  morts. 

Le  traité  en  question  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  la 
bibliothèque  Gùnzburg  n"  i65.  M.  David  de  Gûnzburg  l'a 
édité  avec  une  préface  en  hébreu,  où  il  donne  la  description 
du  manuscrit,  qui  renferme  plusieurs  autres  ouvrag(>s,  et 
une  notice  succincte  de  l'auteur.  L'édition  a  paru  dans 
l'ouvrage  intitulé  :  Jiibelschrift  zum  neunzigslen  Geburtstag  des 
ly  L.  Ziin:,  Berlin,  i884,  p-  9«  et  suiv.  de  la  partie 
Caui. a Oifoid .  hébraïque.  La  Bibliothèque  Bodléienne,  n"  ^585,  3,  pos- 
coi.  1117.  j.^(|g  yjj  autre  manuscrit  de  ce  traité  à  l'aide  duquel  on 

pourrait  corriger  quelques  mots  douteux  dans  l'édition. 

II.  Un  traité  sur  la  torsion  de  la  face,  intitulé  nxipKb  idkd 
D-'jDn  rrn»  H^r^^  (arabe  »yJ),  et  adressé  à  un  ami  par  Isaac  To- 
dros; en  manuscrit  à  Oxford,  n"  2  1 4  2 ,  3 1 .  Nous  croyons  de- 
voir l'attribuer  à  Isaac  fils  de  Todros,  bien  que  le  nom  d'au- 
teur soit  ici  Isaac  Todros.  Dans  l'usage  provençal,  le  second 
nom  ainsi  placé  est  celui  du  père.  Peut-être  aussi  le  mot  p 
est-il  simplement  omis. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  701 


XIV'SIÉCLK. 


JACOB  BONET, 

ASTRONOME. 


Jacob,  surnommé  Bonet,  fils  de  David,  fils  de  Yom-To!)       strinsciimia.i, 
Bonjorn,  est  l'auteur  de  tables  astronomiques,  faites  à  Per-    i'"'»'"*'''  p  O'^. 
pignan  en  i36i.  Dans  un  manuscrit  il  est  nommé  Jacob       Ms.  de  i';iris, 
Poël  Cjyis),  nom  fictif  dont  nous  ne  connaissons  pas  l'expli-    "  "'^'""  '' 
cation.  C'est  par  erreur  que  M.  Neubauer  crut  d'abord  que 
les  tables  avaient  été  composées  en  1601.  Ces  tables  pa-      \u.  aouoni. 
raissent  avoir  été  très  répandues;  car  les  différentes  biblio-    "°  "'^''  ' 
thèques  en  possèdent  un  grand  nombre  de  manuscrits,  et 
on  a  fait  sur  elles  beaucoup  de  commentaires,  dont  fun      m>s.  <ie  l'aris, 
est  de  Joseph,  fils  de  Saùl  Qimhi,  et  se  trouve  dans  le   fî,„\°erde \hiiiicn' 
manuscrit  i,  V,  i,  7  de  la  bibliotliè([ue  Casanalensis  à  Rome;    '"Je"  Jes.aïai. 
on  y  lit  :  linruiaT  0^:12  yv  mm'?  "?»...  -iix-'a  nisp.  Dans  quelques 
manuscrits,  on  en  trouve  une  traduction  hébraùpie  laite  sur 
le  latin.  Ainsi  dans  le  manuscrit  (f Oxford  n°  2072,  2,  on  lit 
la  suscription  suivante  :  13  apy  'ih  onvv  inv  ''M  i^'z  -riNsn  ht  ntti 
uansi  irii»'?'?  DTprym  . . .  mn'jiD  mnh  mm"?  la  ]i-n3  p  nn,  «  Vois,  j'ai 
a  trouvé  ceci  entre  les  mains  (fun  chrétien;  c'est  un  livre 
«attribué  à  Jacob,  fils  de  David,  fils  de  Jom,  coujposé  de 
«  tables  servant  à  connaître  les  conjonctions  et  les  opposi- 
«  lions,  etc.,  que  nous  avons  traduit  en  notre  langue.  »  La 
même  suscription  est  dans  le  manuscrit  de  Naples.  Un  texte       Beriiner  Aiaga- 
latin  .se  trouve  dans  les  manuscrits  de  Paris  et  d'Oxford,    ""-"^'p-^g 
Canon,  manuscr.,  27,  fol.  4^2.  Il  n'est  pas  probable  que 
Jacob  ait  composé  ces  tables  en  latin  en  même  temps  qu'en 
hébreu.  Nous  verrons  que  son  fils  David  Bonet  se  convertit 
par  force,  en  même  temps  que  Profet  Douran. 

D'après  le  manuscrit  de  Parme,  De  Rossi,  n"  1181,  notre 
auteur  aurait  fait  des  additions  aux  tables  de  Jacob  fils  de      Hist.  liti.  de  la 
Makhir.  On  y  lit,  après  une  note  intitulée  iKWXDnVîc  Dni'jD  -)DD3,    l'^^^l'  '"  '^''^"' 
les  mots  suivants  :  nnnca  pujia  0^:13  nocND  nsnn  ara  ne?K  int, 
•  Voici  ce  que  le  savant  Bonet  Bonjorn  a  écrit  sur  le  cône  »; 
c'est  une  note  géométrique.  . 


(  7 


xim'  siècle. 


702 


LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Bibl.  jud..  III, 
p.  273. 


(".atai.  Il"  39^. 

Hilil.  hebr.,  IV. 

|>.  10.) '1  b. 

(•atal.,  rui.  1  3'!. 


Calai.  H  Oxford, 
«•il.  \f)'.\  a,  au 
II"  (i-j. 

Uibl.inl)!,..  IV, 
fol.  47  b.  Bibl. 
Iirbr.,  I,  11"  781. 

.Sleiujcbiieider, 
Cal.  BodI..  c.  iGOo 
pl  •Ji77. 

lirviicdcs  Kludos 
juives.  Il ,  |i.  Ï71, 
ri  V,  |>.()3ct  suiv.; 
.Moiial«sclir..i875, 
I'.  'loii  l'i  bid. 

Kiaiirc  isiai'l.. 
p.  i.î'i  cl  viiii . 


SAMUEL  SCHLESTAT, 

TALMUDISTE. 

S.\MUEL  ScHLESTAT  OU  Schletlstadt  (M.  Fûrst  écrit  Schletl- 
stiidt),  fils  d'Aaron,  est  l'auteur  d'un  abrégé  de  l'ouvrage  de 
casuistique  intitulé  Mordekai,  composé  par  Mardochée  fils 
(le  Ilillel  l'AUeniand,  à  la  fin  du  xiii*  siècle.  Le  nom  de  la 
ville  d'où  notre  auteur  était  originaire  s'écrit  dans  les  ma- 
nuscrits  DQUï'jC',    BBC'S"''?» ,    tDi:C?B'''?C; ,    tOOtt'By'?»,    DKCD"'?C?.    De 

Rossi  a  transcrit  ce  nom  Salistas.  Wolf  écrit,  d'après  un  ma- 
nuscrit Oj)penheiiner,  r^vocrcv"?»;  c'est  le  manuscrit  n°  67  y  de 
la  bibliothèque  Bodléienne,  où  l'on  trouve  le  titre  suivant, 
dû  à  une  main  récente  :  nimc  3-)n  '■'s  [sic]  -1x70  pp  ■<o-nv  itc 
j':'p  rjca  t;NccQy'7er  '7NiDe?,  «Livre  appelé  le  petit  Mordecai, 
«  abrégé  par  le  rabbin  Samuel  Sclilettstadt,  dans  l'année 
«  [5]  1 53  =- 1 398  ».  Cette  date  se  rapporte  à  la  copie  du  ma- 
nuscrit et  non  pas  à  la  composition  de  l'ouvrage.  Wolf  écrit 
encore  Moïse  au  lieu  de  Samuel.  Barlolocci  ne  connaît  pas 
l'auteur  de  l'abrégé  du  Mordekai  (■'snio  iisp);  Wolf  nomme 
Josué  Boaz,  qui  n'est  que  fauteur  d'un  index  sur  f ouvrage. 

Nous  n'avons  d'autres  détails  sur  la  vie  de  Samuel  que 
ceux  que  nous  trouvons  dans  un  passage  d'un  ouvrage  de 
Joselinan  de  Uoslieim,  de  la  famille  Loans,  dont  le  texte 
hébreu,  maintenant  imprimé  intégralement,  ne  fut  connu 
d'abord  que  par  l'extrait  qu'en  donna  M.  Carmoly  en  i858. 
D'aj)rès  ce  document,  notre  Samuel  se  trouvait  comme  chef 
d'école  à  Strasbourg,  vers  iSyo.  La  juiverie  de  Strasbourg 
nourrissait  alors  dans  son  sein  deux  délateurs,  qui  décou- 
vraient aux  seigneurs  d'Andlau  tout  ce  qui  se  passait  dans  la 
congrégalion;  mais  on  ne  pouvait  les  traduire  devant  les  tri- 
bunaux chrétiens  sans  accuser  en  même  temps  les  seigneurs 
d'Andlau.  Dans  cette  situation,  la  congrégation  eut  recours 
à  la  juslice  israélite.  Samuel,  comme  rabbin,  instruisit  se- 
crètement leur  procès  et  les  condamna  tous  deux  à  être 
pendus.  La  sentence  fut  exécutée  contre  fun  d'eux,  f  autre 
s'échappa  et  se  sauva  auprès  des  seigneurs  d'Andlau. 

Là,  après  avoir  embrassé  le  christianisme,  il   ne  cessa 


\I\     SIECI.L. 


» 


DU  XIV"  SIECLE.  703 

d'exciter  la  haine  contre  ses  anciens  coreligionnaires.  Les  ~~ 

seigneurs  (VAndlau,  à  la  tête  d'une  force  année,  se  présen- 
tèrent devant  les  portes  de  Strasbourg  et  demanderont  ven- 
geance. On  leur  apprit  que  c'était  Samuel  qui  avait  pro- 
noncé la  peine  capitale.  Sachant  ce  qui  lui  arriverait  s'il  était 
pris  par  les  seigneurs  d'Andlau,  il  s'enfuit  avec  ses  disciples 
dans  la  forteresse  de  Landsberg  (LanJsperk).  Là,  il  réclama 
en  vain  l'intervention  des  chefs  de  la  congrégation  de  Stras- 
bourg. Soit  que  ces  chefs  ne  fussent  en  mesure  de  rien 
obtenir,  soit  que  leurs  démarches  en  sa  faveur  n'aient  pas 
été  assez  vives,  plusieurs  années  se  passèrent,  durant  les- 
quelles Samuel  resta  enfermé  dans  le  château  de  Lands- 
berg. Dans  cette  solitude,  il  entreprit  de  faire  l'abrégé  du 
Mordekai  dont  nous  parlerons  fout  à  l'heure. 

Enfin,  las  d'attendre  l'ellet  de  l'intervention  de  la  com- 
munauté de  Strasbourg,  Samuel  quitta  sa  retraite  et  se 
rendit  en  Babylonie  (liàq),  où  il  porta  plainte  contre  les 
administrateurs  de  Strasbourg  devant  le  chef  de  la  captivité, 
fonction  qui  existait  encore  alors  dans  cette  contrée  éloignée, 
(l'était  un  nommé  David  ben-Hodiyah,  qui  lui  donna  une 
cédule  d'anathème  (mn)  contre  les  syndics  de  Strasbourg, 
afin  de  les  forcer  à  arranger  l'alfaire  et  à  le  dédommager 
de  toutes  ses  pertes.  Cet  anathème  fut  signé  par  des  rabbins 
de  Jérusalem.  Muni  de  ce  document,  Samuel  revint  en  Eu- 
rope par  Ratisbonne;  les  juifs  de  Strasbourg  apprirent  avec 
frayeur  le  terrible  anathème  qui  allait  les  atteindre.  Ils 
firent  des  démarches  plus  actives  afin  d'obtenir  la  permis- 
sion nécessaire  pour  le  retour  de  Samuel  dans  sa  ville.  Son 
fils  Abraham  vint  à  sa  rencontre  avec  toute  fécole;  mais, 
en  traversant  le  Rhin,  il  se  noya  et  ne  put  serrer  la  main 
de  son  père. 

Telle  est  fhistoire  de  Samuel  de  Schelestadt,  comme  elle 
est  racontée  dans  le  manuscrit  d'Oxford;  le  manuscrit  que 
M.  Carmoly  mentionne  comme  se  trouvant  dans  son  cabinet 
aurait  renfermé  quelques  dates  de  plus.  Quant  à  l'ana- 
thème  des  rabbins  de  Jérusalem ,  ce  document  fut  publié  en  oer  Orient, 
abrégé  par  M.  Kirchheim  en  1 845,  d'après  un  manuscrit  où    '*^^'  P'  '^^9' 


XIV    SIF.CLE. 


704  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

il  psl  dil  qu'il  fui  copié  sur  l'autographe  de  Joselman  de 
Roshoini.  Dans  le  manuscrit  d'Oxford ,  fanalhèmo  ne  se  trouve 
pas.  H  a  été  publié  en  entier  d'après  un  autre  manuscrit 
Comm.quinqur   par  M.  Natliau  Coroncl,  avec  les  noms  de  tous  les  signa- 
irsnW.""  '''  '"'    taires,  mais  sans  date  et  sans  indication  d'année,  f^e  nom 
de  Samuel  n'y  est  pas  mentionné;  ce  sont  MM.  Halberstara 
et  S.  Sti^rn  (pii  ont  conjecturé  que  ce  document  se  rap- 
ibid.  p.  111  <-i    porte  à  notre  Samuel.  Cet  anathème  doit  avoir  été  écrit, 
'""'■  selon  M.  Halberstam,  après  i38i;  car  on  y  fait  allusion  à 

des  institutions  de  Spire,  Worms  et  Mayence  (Dic?m:pn), 
qu'on  rapporte  à  cette  année.  Mais  il  y  a  bien  des  doutes 
sur  la  date  de  ces  institutions.  Dans  certains  manuscrits, 
elles  sont  rapportées  à  i386,  et  il  y  en  a  même,  entre  les 
Ms.  d'Oiford,  plus  anciennes,  qui  remontent  à  i  l 'i'i. 
"°  ^'*''  Quan  I  à  l'abrégé  de  casuistique  que  notre  rabbin  composa , 

il  l'a  fait  sans  doute  à  l'usage  de  son  pays.  Nous  avons  plu- 
vial., coi.  iGi.  sieurs  fois  remarqué  qu'on  faisait  des  c«m/>enrf<a  de  casuistique 
Voir  cUmsiis,   /,  l'usaffc  dc  localités  particulières;  car  toutes  les  commu- 

,..(J58.  ^,   ^  .       ^        •  j  ,  ., 

naiites  ne  pouvaient  se  procurer  les  grands  recJieiis  comme 

ceux  d'isaac  el-Fasi,  de  Maimonide,  d'isaïe  de  Trani  et  tant 

d'autres;  en  outre,  le  rituel  des  communautés  différait  sur 

certains  points,  et  on  aimait  les  compendia  adaptés  au  rituel 

local.  C'est  ainsi  que  le  recueil  de  Mordekai,  fils  de  Hillel, 

uift.  liu.  de  la   contemporain  et  beau-père  d'isaac  de  Corbeil,  eut  plusieurs 

France,   t.   XX.    j-^dactions.  Nous  eu  conuaissous  une  au  xv*  siècle  pour  les 
p.  001.  ^  1 

provinces  rhénanes  (ciin  "onit:),  et  une  autre  pour  les  pro- 
Voir  la  monogra-   viuces  d'AutHche  (y-itac^iN  "oino).  Parmi  les  abrégés  du  Mnrde- 
rur'iî  MonS"   «'«'^  le  premier  en  date  est  celui  qui  fut' fait  par  notre  Samuel 
dans  la  Monais-   daus  la  fortcrcsse  de  Landsberg,  et  aclicvé,  d'après  Ic  mauu- 
p"!  "10".      '  '^'   scril  De  Hossi  897,  le  1 1  tischri  5 1  87  [ih  septembre  1876). 
Cet  abrégé  n'a  jamais  été  imprimé;  mais  il  se  trouve  en  manu- 
scrit dans  plusieurs  bibliothèques  :  à  Paris,  sous  les  numé- 
ros 4o8  et  4  09;  à  Oxford,  n°'  672,  673,  676,677;  à  Parme, 
n°  897,  et  dans  d'autres  bibliothèques.  Le  titre  hébreu  est 
le  plus  souvent  ]op  'sinD  ibd.  Petit  livre  de  Mordecai. 

Jacob  Rosheim   (seconde  moitié  du  xvi*  siècle)  fils  de 
Joseph,  de  la  famille  Loans,afail  usage,  pour  son  compen- 


DU  Xl\'  SIECLE. 


705 


\t\'  SIÈCLE. 


P»« 


diuin  du  Mordekai,  de  celui  de  notre  Samuel,  (|u'il  trouve 
trop  court  en  diflérents  endroits;  il  ne  lui  donne  aucun 
titre.  Il  se  sert  aussi  de  l'abrégé  ("'sino  nsip)  de  Josué  [lîoaz], 
qu'il  trouve  encore  plus  court;  c'est  pourquoi  il  s'est  décidé 
à  composer  un  autre  abrégé,  dans  lequel  il  lait  usage 
des  gloses  de  son  maître  Eliézer  Trêves,  mises  sur  l'édition 
du  Morclecai  de  i552.  Ainsi  les  abrégés  du  MorJecai  .se  sont 
faits  surtout  pour  l'Alsac*'.  Le  ujanuscrit.dt'  l'abrégé  de  notre 
Samuel  a  des  gloses  à  la  marg»;.  Samuel  cite  peu  d'autorités 
en  dehors  de  l'ouvrage  original.  Son  ouvrage  a  eu  du  succès 
dans  les  provinces  rhénanes,  comme  nous  l'avons  vu  à 
l'article  de  Jacob  Lévi  de  Mayence.  Nous  possédons  d'un 
petit-fds  de  Samuel  une  espèce  de  chronique  littéraire,  im- 
primée dans  l'ouvrage  intitulé  Dcbarim  altiiiim ,  avec  le  litre 
de  D^'jnjn  ptoc?,  «  Noms  des  grands  »  (titre  dû  à  une  main  ré- 
cente), d'après  le  manuscrit  de  Munich  n"  358,2.  C'est  une 
énumération  qui  ne  suit  aucun  ordre;  elle  n'est  ni  chrono- 
logique ni  alphabétique;  l'auteur  mentionne  son  grand-père 
comme  auteur  du  Petit  Mordekai,  M.  Carmoly  a  écrit  en 

.oc  "1  •.  J  •  (•  .1  .       •.  '  ■        iX5o,  p.  7S1. 

looo  qui!  venait  de  voir  un  Iragmenl  de  ce  traite  sous  le 
titre  de  D'VnjnD»,  Noms  des  grands,  et  que  l'auteur  en  est 
Ahron,  fils  d'Abraham,  fds  de  Samuel  de  Schlestat,  par  con- 
.séquent  le  fils  d'Abraham  qui  se  noya  par  accident.  M.  Car- 
moly avait  promis  d'en  faire  une  édition  avec  des  notes;  mais 
cette  édition,  à  notre  connaissance,  n'a  pas  paru.  H  est 
étrange  que  M.  Carmoly  n'ait  pas  donné  le  nom  d'Ahron 
dans  un  ouvrage  publié  par  lui  huit  ans  plus  tard. 

L'abrégé  de  Schelestadt  fut  encore  abrégé  pour  l'usage 
pratique  des  laïques  qui  voulaient  une  solution  prompte 
aux  difficultés  que  la  vie  juive,  rigoureusement  acceptée, 
rencontre  à  chaque  pas. 


Utr      Orient, 


France    israél. 


SAMUEL  DASCOLA, 

ASTRONUMB. 


Si  l'on  était  sûr  que  Moïse  Samuel  Dascola  (kVipunt  'î^dc;), 
le  père  du  copiste  du  manuscrit  de  Turin  A.  VI,  9,  qui 
termina  sa  copie  le  9    du  mois   de   marheschwân   5 159 


TOHR   UXI. 


89 


4  7  * 


ivraiuraiE    vATioniLR. 


Voir  ci-dessus , 
p.  665. 


\l\    SUCI.K. 

(^tal.    Ppyron , 
p.  177. 


Catal.  (le  Paris , 
p.  191. 

Cjit.de  Munich , 
n*  343,  3. 


Voir  ci-dessus, 
p.  701. 

Ms.  (le  Munirli, 

n*3/,3,  1/,. 


Voir  ci-dessus, 
p.  695. 


Catal.,   p.    300 

et    301. 


706  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FR\NÇ.AIS 

(21  octobre  iSgS),  et  le  père  d'Astruc  Samuel  Dascola 
(k'7ip«;kt  ^"dw  pntjwx) ,  le  copiste  du  manuscrit  de  l'Ambro- 
sienne  E,  io3  (renfermant  le  Mischnà  Tliora  de  Maimonide, 
achevé  à  Avignon  le  24  du  moisd'ab  6166  =  9  *o"*^  i4o6) 
.sont  identiques  entre  eux  et  identiques  au  Nasi  Samuel  Das- 
cola, l'auteur  du  commentaire  sur  les  tables  astronomiques 
qu'on  lit  dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  1047.  '^i  ^^  qu'on 
attribue  à  San-Bota  Bongodan  (jxnjjia  xoia  ]«©) ,  nous  aurions 
à  parler  ici  de  cet  auteur.  Mais  d'autres  indices  font  croire 
qu'il  était  italien.  Dans  le  manuscrit  de  Munich,  n"  343,  3, 
le  nom  de  l'auteur  est  Samuel,  petit-fils  de  Siméon  Kansi, 
nom  qui,  selon  M.  Steinschneider,  serait  l'équivalent  de 
Samuel  Astruc  Dascola,  Astruc  répondant  à  Siméon,  et 
Kansi  (^0:3)  à  Scola.  En  tout  cas,  les  tables  astronomiques 
dont  il  s'agit  ne  sont  autres  que  celles  de  Sen  Bonet  Bon- 
jorn,  dont  le  nom  est  corrompu  dans  le  manuscrit  de  Paris. 
On  lit  dans  le  catalogue  de  Paris  ce  qui  suit  :  «  L'auteur  de 
M  ces  tables  avait  calculé  les  conjonctions,  les  oppositions  et 
«  la  position  du  soleil  pour  une  période  de  trente  et  une 
«années  solaires,  à  partir  de  l'année  i36i,  en  établissant 
«  qu'au  bout  de  cette  période  tout  devait  se  succéder  dans  le 
«  même  ordre.  »  Or  l'année  i36i  est  la  date  des  tables  de 
Bonjorn.  Ces  tables,  accompagnées  du  même  commentaire, 
semblent  aussi  se  trouver,  avec  des  additions,  dans  le  ma- 
nuscrit de  Munich  n"  343,  27,  qui  contient  également 
des  tables  pour  la  lune,  calculées  pour  l'année  i46o; 
or  ici  on  trouve  que  Samuel  est  tout  à  fait  en  désaccord 
avec  Bonjorn.  Le  manuscrit  I,  iv,  1 3,  de  la  Casanatcnsis 
contient  le  uiême  commentaire  sous  ce  titre  :  1^H•<2  nan-rn 
xnujia  Qina  p»  mm"?'?.  Les  tables  commencent  ici  à  l'année  1  363. 
On  connaît  de  notre  auteur  des  tables  basées  sur  celles 
des  Six  ailes  d'Immanuel  de  Tarascon,  commençant  par 
l'année  1 370;  ce  sont  celles  qu'on  trouve  dans  le  manuscrit 
de  Munich  343,  3.  En  effet  c'est  ici  un  abrégé  des  Six  ailes, 
ainsi  qu'on  peut  le  voir  par  les  textes  tirés  de  deux  ouvrages 
de  notre  auteur  que  M,  Steinschneider  reproduit  comme 
appendices  11  et  m  au  catalogue  de  Munich. 


DU  XIV  SIÈCLE. 


707 


xiv'  siÈcr.K. 


MENAHEM  BEN-ZERACH, 

TALMUDISTB. 

Menahem  fils  d'Ahron  le  Martyr  [vn^n],  de  la  famille 
Zérah  (■>mT  no"?),  descendait  d'une  famille  exilée  en  i3o6 
de  la  France.  Menahem  naquit  en  Navarre;  mais  il  se  con- 
sidère comme  Français  (Tons)  dans  le  poème  qu'il  dédie 
à  son  Mécène,  don  Samuel  Abravanel,  surnommé,  après  sa 
conversion  forcée,  Jean  de  Séville.  A  la  fin  de  la  préface 
de  son  livre,  dont  nous  parlerons  plus  loin,  notre  auteur 
donne  les  détails  suivants  sur  sa  vie.  A  seize  ans,  dit-il,  il 
se  maria  avec  la  fille  de  R.  Benjamin  yay,  qui  demeurait 
à  Estella  (probablement  la  ville  natale  de  Menahem).  En 
l'année  5o88  (iSîS),  la  colère  de  Dieu  s'enflamma  contre 
son  peuple,  à  l'époque  où  le  roi  de  France  qui  régnait  sur 
la  Navarre  mourut.  Les  Navarrais  se  levèrent  pour  tuer  tous 
les  juifs  du  pays.  Ils  tuèrent  à  Estella  et  dans  d'autres  loca- 
lités environ  6,000  juifs.  «  Parmi  ces  victimes  se  trouvaient 
«mon  père,  ma  mère  et  mes  quatre  jeunes  frères;  seul  je 
«  lus  sauvé  de  la  manière  suivante.  Après  m'avoir  accablé 
•  de  coups  et  laissé  pour  mort,  on  m'avait  jeté  parmi  les 
«cadavres.  Je  restai  ainsi  du  soir  jusqu'à  minuit  le  23  adar 
«  (5  mars  iSsS),  lorsqu'un  chevalier,  ami  de  notre  famille, 
«  vint  à  mon  aide.  Il  me  fit  sortir  d'entre  les  morts,  m'amena 
«  dans  sa  maison  et  pourvut  à  ma  guérison  gratuitement.  » 
La  cause  de  ces  calamités  fut  la  mort  de  Charles  IV,  qui 
mourut  sans  enfants.  Les  Navarrais  essayèrent  de  se  sé- 
parer de  la  couronne  de  France,  et  dans  ces  troubles, 
comme  il  arrivait  d'ordinaire,  ce  furent  les  juifs  qui  pâtirent. 

Menahem  se  rendit  à  Tolède,  où  il  y  avait  à  cette  époque 
une  grande  école  talmudique,  dont  le  chef  était  Juda  fils 
d'Ascher.  Pendant  deux  ans,  il  fut  le  disciple  de  Josué  ibn- 
Schoeïb  de  Barcelone.  En  6091  (i33i),  il  alla  s'établir  en 
Castille  et  s'arrêta  à  Alcala  pour  travailler  avec  Joseph  ibn- 
al-Aïsch,  qu'il  remplaça  comme  rabbin  en  5 110  (i35i). 
Menahem  rapporte  qu'on  pratiquait  dans  ces  écoles  la  mé- 
thode que  Pereç  de  Corbeil  avait  suivie  dans  ses  gloses.  En 

89. 


Préface,  foM  6. 


(iri'ti,  Gesch. 
der  Judeii,  VII, 
p.  3 1 1 . 


Xly'  SIECLK. 


708  LES  KCniVMNS  JUIFS  FUANCMS 


..     ,        l'amio<»  i)\-).H  (i368)  éclala  la  ifuerre  entre  les  deux  frères 

Hit.  litl.  Hf  la     ^  11       •  /  \  T\  T?    1  fi       1  •     Il     I 

France,  I.  \x\ II.  Doii  J'iiH'ique  (pnnjKj  et  Don  l'edro,  nls  du  roi  Alphonse. 
''■  ''''^'  Le  ])renii(M-  assiégea  dilFc^rentes  villes  fortifiées,  entre  autres 

l'olède.  Le  siège  avait  duré  un  au,  quand  Don  Pedro  partit 
avec  une  armée  pour  délivrer  cette  ville.  Don  Enrique  alla 
à  sa  rencontre,  et  une  bataille,  s'engagea,  où  Don  Pedro  fut 
tué.  A  cette  époque,  la  plus  grande  anarchie  régnait  en  Cas- 
tille,  et  c'étaient  les  juifs  qui  ensoufl'raientleplus.  A  Tolède, 
pendant  le  siège,  environ  8,ooo  d'entre  eux  périrent,  sans 
compter  ceux  qui  s'enfuirent  et  errèrent  dans  le  pays  sans 
trouv(îr  aucune  subsistance.  Menahem,  à  qui  il  ne  restait 
(jue  ses  livres  et  les  quatre  murs  de  son  école,  fut  assisté 
par  don  Samuel  Abravanel  de  Séville,  qui  l'aida  à  rétablir 
son  école;  et  à  continuer  son  enseignement. 

\  oyant  que,  pendant  ces  calamités,  on  observait  moins 
bien  la  loi,  Menahem  se  décida  à  composer  un  livre  pour 
ceux  qui  tenaient  encore  à  leur  religion.  Il  donna  à  ce  livre  le 
litre  de  i-n"?  ms,  «  Provision  pour  le  chemin  »,  et  il  le  divisa  en 
cinq  parties,  savoir  :  :°  les  règles  à  observer  pour  le  rituel; 
■•"  la  nourriture,  distinction  des  mets  licites  et  des  mets 
défendus;  3"  les  lois  particulières  aux  femmes;  4°  les  pré- 
ceptes concernant  le  sabbat  et  les  fêtes;  5°  ce  qui  concerne 
les  jours  des  jeûnes. 

On  lit  ensuite  avec  intérêt  un  chapitre  sur  l'arrivée 
du  Messie  et  sur  le  monde  à  venir.  Le  Messie  apparaîtra 
l'an  5i63  =  i4o3.  L'année  i4o3  passa  sans  que  le  Messie 
vînt;  mais  Menahem  ne  vivait  plus  alors  pour  voir  qu'il 
s'était  trompé  dans  ses  calculs.  On  peut  d'ailleurs  supposer 
que  cette  date  de  i  4^3,  qui  se  retrouve  dans  la  formule  de 
l'acte  de  divorce  (part.  III,  règle  m,  chapitre  4)  daté  de 
Tolède  sur  le  Tage,  le  4  du  mois  de  tischri  5i64  (lO  sep- 
tembre i4o3),  vient,  non  pas  de  Menahem,  mais  d'un  co- 
piste de  son  ouvrage. 

Menahem  ne  cite  presque  aucun  de  ses  prédécesseurs; 
son  livre  étant  destiné  au  public  non  savant,  il  évite  la 
bibliographie,  toujours  désagréable  au  lecteur  ordinaire. 
Le  traité  i-n"?  m»  n'est  pas  seulement  un  livre  de  préceptes; 


DU  XIV'  SIÈCLE.  709 


\l\     SlECl  h. 


très  souvent  il  y  est  question  de  théologie  philosophique 
oA  de  règles  de  morale;  quehjuefois  les  raisons  de  certaines 
prescriptions  sont  données,  il  y  a  des  chapitres  qui  ont  trait 
à  la  chronologie,  par  exemple  I,  i,  36. 

Les  apostats  accusaient  les  juifs  de  prononcer  des  malédic- 
tions, dans  leurs  prières,  contre  les  nations  parmi  lesquelles 
ils  vivaient.  Menahem  réfute  celte  accusation  et  ajoute  que 
le  roi  Don  Knrique,  avec  son  intelligence  et  sa  sagesse,  n'a 
pas  prêté  l'oreille  à  de  pareilles  calonnues.  Entre  autres  ar- 
guments, Menahem  dit  que,  «depuis  vingt  ans,  il  y  a  une 
«  grande  communauté  juive  à  Avignon  sous  la  domination 
«  du  j)ape  et  des  cardinaux,  qui  sont  à  la  tête  de  la  religion 
«chrétienne,  et  qui  connaissent  le  contenu  de  nos  prières 
«  d'autant  mieux  qu'il  y  a  de  noujbreux  convertis  à  leur 
M  service.  Ainsi  Maestro  Paulo  [Paillas  christianus) ,  qui  nisi.  iin.  ,1,.  la 
«  était  aussi  très  instruit  dans  notre  loi,  el  qui  s'est  fait  chré-  ^'''"^^'  ' 
«  lien  à  l'époque  du  roi  Jaime,  ne  mentionne  jamais,  dans  ses 
«  controverses,  nos  prières  comme  renfermant  quelque  chose 
«contre  la  religion  chrétienne.  Ni  le  pape  ni  les  cardinaux 
«  n'ont  eu  l'occasion  de  défendre  certaines  prières  ni  d'or- 
«  donner  des  changements  pour  d'autres.  »  Ce  chapitre  est 
omis  dans  la  seconde  édition  de  l'ouvrage. 

Nous  possédons  deux  éditions  du  y\ih  mx.  La  première  a 
été  publiée  à  Ferrare,  sous  le  règne  du  duc  Hercule  IV, 
par  Abraham  Llsque,  in-4°,  i554;  la  seconde  à  Sabionetta, 
par  Vicenzo  Conti,  sans  date  (1567-1 568?).  Cette  édition 
renferme,  à  la  fin,  une  table  astronomique  faite  par  Israël 
Zifroni,  allant  de  l'année  5o55de  la  création  (1  295)  à  6000. 
On  y  trouve,  en  outre,  deux  de  ces  liturgies  appelées  >iti,  Zum,  um  ai. 
«contessjon».  ,,„„i^   5^6. 

Notre  auteur  mourut,  comme  le  prouve  son  épitaphe,  à      Abné  znaron. 
Tolède,  au  mois  d'ab  5i45  (août  i385),  Zakkuto,  dans   '^  '^ 
son  ouvrage  chronologique,  ainsi  que  les  bibliographes  qui 
l'ont  utilisé,  donne  la  date  5i34  (i374);  mais  Menahem 
mentionne  cette  année  dans  son  ouvrage,  IV,  11,  10'.  Le 

'  Dans  ce  passage ,  il  donne  l'explication  de  deux  tables  astronomiques  qu'il  aurait 
composées  (elles  ne  se  trouvent  pas  dans  les  éditions). 


u\'  ukcLi. 


710  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

r  .  1    .s  1      manuscrit  d'Oxford  est  malheureusement  très  défectueux. 

CaUl.,  n  890,  a  .   .  .  r      -  110 

(col.  190).  Plantavitius,  qui,  par  confusion  avec  Menahem  ben-Seruq, 

Fiorii.    rabb. .   le  grammairien,  nomme  l'auteur  Aben-Seraq  (p^D  px)  le 
fol.  6î2»  Français,  dit  que  l'ouvrage  fut  composé  peu  après  fexpul- 

sion  des  juifs  de  France. 

Plantavitius  attribue  au  même  écrivain  un  autre  ouvrage 
ibiH.,(oi.55!<i.   intitulé  Or  thora  (miniiN),  «Lumière  de  la  loi»,  qui  doit 
avoir  été  un  commentaire  court  sur  le  Pentateuque,  et  qu'il 
dit  avoir  été  imprimé  dix-neuf  ans  auparavant,  c'est-à-dire 
en    1626.  Plantavitius  dit  que,  d'après  Zakkuto,   Mena- 
hem aben-Seraq  mourut  en  iSyô;  nous  avons  vu  que  la 
date  de  la  mort  de  Menahem  d'après  Zakkuto  est  iSyA; 
c'est  là  une  différence  légère.  Le  titre  des  ouvrages  que  nous 
avons  mentionnés  est  accompagné,  comme   tant  d'autres 
chez  Plantavitius,  d'astérisques,  ce  qui  veut  peut-être  dire 
Bibi.  labb.iv,   qu'il  ne  les  avait  pas  vus.  Bartolocci  et  VVolf  sont  exacts 
'^"'b^m  hebr    I     "*"s  les  renseignements  qu'ils  donnent  sur  notre  Menahem, 
II*  i43o.  excepté  pour  la  date  de  sa  mort. 

Le  manuscrit  de  Turin  A.  IV,  3 7,  renferme  un  résumé  dos 
règles  de  notre  auteur  sur  l'égorgement  des  bêtes  et  l'examen 
des  poumons  (npna  et  ncnu),  fait  à  la  demande  de  son  ami 
Joseph  fds  d'Israël  (de  Tolède .5). 

JACOB  ÇARFATI, 

MYSTIQUE    ET    MEDECIN. 

Jacob  fils  de  Salomon,  Çarfati  (^nsis.  Français),  fut  sans 
doute  un  exilé  de  France,  qui  s'était  fixé  dans  le  midi. 
Voirci  deisou»,    Nous  avons  peu  de  détails  sur  lui;  il  doit  être   né   vers 
P"'"  1 35o;  car,  lors  de  la  composition  de  son  traité,  qui  est  un 

extrait  d'un  aulre  traité  plus  considérable,  et  qu'il   avait 
i.  composé  en   i38/i,  il  mentionne  la  mort  de  ses  trois  en- 

fants, dont  un  fils  déjà  fiancé.  Jacob  est  l'auteur  d'un  grand 
ouvrage,  dont  l'abrégé  se  trouve  dans  le  manuscrit  de 
Paris  n°  733 ,  avec  le  titre  de  apv  ruaefo  -ied  «  Livre  des  tentes 
«  de  Jacob  »  (Nombres,  xxiv,  5).  Il  embrasse  quatre  parties, 
savoir  : 

1"  3p»'n'3,  «Maison  de  Jacob*.  L'auteur  y  donne  une 


DU  XIV  SIECLE.  711        „^^cl. 

interprétation  allégorique  de  quelques  passages  du  Penta- 
ieuqiie,  selon  la  méthode  de  Maimonide.  En  tête  se  trouve 
l'introduction  versifiée  que  voici  : 

3ip»  ab  "«Va  -ivh  n-isa  ]DB3  noNn  rcn"?  ma  apr  >3 

apr  iT'a  id»  hj  onnupa  mm       pi  Vk  iria  mm  in-ia  rua  nst 
"•niKa  naVji  isb  apy»  n^a 

a'  ap3r«nijnu\«  Salvations  de  Jacob»,  traité  sur  les  dix  plaies      Foi.  isi. 
de  l'Egypte,  exprimées  par  les  mots  mnémotechniques  yti 
ànK3  ènj.  Ce  traité  est  précédé  des  lignes  suivantes  : 

anKa  viy  ■\ii  ia  i^anV  arsi  vm  pdk  iiK-ia  pkt 

apy»  r\^vw<  i"?  vnKip  apr  r"'a  ^bmi  oa  "«ai 

apr  T)^yw  iix  D^^'7X  ■•a'jo  Kin  nnw 

3'  apjr  rVnp,«  Communauté  de  Jacob»,  traité  théologique  Foi.  36t. 
sur  les  lois  qui  sont  censées  avoir  été  données  sur  le  mont 
Sinaï  en  plus  des  dix  commandements.  Jacob  démontre 
surtout  que  la  pratique  de  la  Loi  est  plus  méritoire  que 
les  théories  doctrinaires.  Cette  partie  est  amenée  par  les 
lignes  suivantes  : 

apr  nVnp  {tic)  Kipjnc  pVn  Kin  ht  omjip 
npyj  li'Ki  TDNn  nu  onDOOi  onnc  'DD 

ipy  neryo  urj?  la  ■«ryo  '?"'3Wr  ono 

Le  manuscrit  ajoute  ici  un  traité  sur  la  création  ex  nihilo, 
contre  ceux  qui  la  nient.  Cette  partie  est  d'une  autre  écri- 
ture que  le  reste  du  livre,  et  elle  n'est  pas  précédée  de 
lignes  de  vers;  elle  ne  porte  aucun  titre.  Elle  est  cependant 
de  notre  auteur,  puisqu'elle  commence,  comme  les  autres 
parties,  parles  lettres  initiales  y'ojit,  qui  signifient  T^tis  apy  ^0K 
«Jacob  le  Français  dit». 

4°  "Tia-i '73K,  «Grand  deuil»,  commençant  par  les  deux 
lignes  suivantes  en  vers  :  "  ''    '     '  I- 

'riK-ip  nson  ]0  ■•ryie?'?  TnaK"? 

"•riBix  3py"'  ujn  >m')  ban  m  '7K 

Cette  partie  a  pour  sujet  le  récit  de»  pertes  douloureuses 


p.  711- 


xivsriwx.         "12  F>ES  KCRIVAIiNS  JUIFS  FRANÇAIS 

Voir  ri,i.H,ii,,    que  Jacob  a  essuyées  dans  sa  famille,  pendant  la  pesle  qui 
y-i'"-  sévissait  dans  le  midi  en  iSgS.  En  l'année  5i43,  le  mer- 

credi T)  du  mois  de  tisclui  (i3  octobre  i382),  Jacob  tomba 
malade;;  mais  il  lut  sauvé,  dit-il,  par  la  volonté  de  Dieu.  Plus 
lard,  son  (ils  Israël  mourut,  et  ([uelque  temps  après,  le 
jeudi- 1  -j.  du  mois  d'adar  (26  février  1  383) ,  sa  fille  Sara  mou- 
rut aussi.  Pendant  le  deuil  de  trente  jours  (ju'il  observa 
pour  Sara,  sa  fille  Llstlu-r  tomba  malade  et  mourut  <à  son  tour. 
Le  nom  d'Kstber  est  donné  en  lanj^ue  vulgaire  :  c'est  Tritia, 
nom  qu'on  rencontre  souvent  dins  les  formules  d'actes  de 
divorce  rédigés  en  France.  A  propos  de  la  mort  d'Estber, 
Jacob  mentionne  les  noms  suivants  :  1°  Don  Com|)ral 
d'Agde  ("ijNT  uix-iEDip  pi);  ■>."  Astruc  (jiibuk)  de  Carcassonne; 
3"  Don  Méir  de  Nai  bonne.  Ces  noms  prouvent  que  Jacob  de- 
vait avoir  résidé  dans  le  midi  de  la  France,  après  avoir  émi- 

Voii  .i.i.sHus.    gré,  lui-même  ou  ses  ])arents,  comme  tant  d'autres,  de  l'est 
de  la  France;  c'est  ce  qui  explicpierait  lépithète  de  Çarfati. 
A  la  fin  du  ntanuscrit,  on  lit  que  la  copie  de  ce  livre  lut 
achevée  (o'Dmjipm'jKrrrsnD'jaj)  le  vendredi  28  marhesclnvan 

loi.  ,>,,  î)\i)6  (le  13  novembre  i395).  Dans  le  Catalogue  de  Paris, 

on  dit  que  le  manuscrit  en  question  semble  être  autographe. 
L'écriture  est  en  caractères  hébreux  provençaux;  si  la  donnée 
du  Catalogue  de  Paris  était  exacte,  on  pourrait  conclure 
de  là  que  notre  auteur  avait  été  élevé  dans  le  midi  de  la 
France.  Mais  ledit  manuscrit  n'est  pas  autographe;  il  est  de 
deux  mains  différentes,  et  il  y  a  beaucoup  d'additions  et  de 
corrections  à  la  marge. 

On  connaît  un  Jacob  d'Avignon  Çarfati,  qui  emploie 
également  la  formule  abrégée  yoK,  et  qui  est  l'auteur 
d'un  traité  de  médecine  en  huit  chapitres  sur  une  maladie 
de  tête  appelée  dans  les  livres  de  médecine  'rroi'i  (vcrtigine). 
Ce  Jacob  avait  composé  son  ouvrage  à  la  demande  d'un  sei- 
gneur, qui  avait  un  chevaher  de  ses  amis  atteint  de  cette 
ciai.coi.  iii5.  maladie.  Le  traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford 
n"  2583,  2,  sans  date  de  composition.  Nous  ajouterons  que 
Jacob  le  médecin  se  dit,  à  la  fin  du  sixième  chapitre,  le 

H...  fol.  186.     contemporain  de  Gilbert,  médecin  du  roi  de  France,  qui  trai- 


DU  XI V  SIÈCLE.  713        ,„.s.è..k. 

lait  ce  malade  :  nsoi  'incn  ^SD  Viikc*  no  ■'B2  D''3'':yn  ^bK  nr^ta  nspn  nim 
npa'?  'np  omana  "•:«  ncN  "iid  D-'Ncnn  o'-'jnjn  D'oann  mec?  ne  an 
n'nc?  Ti"'  TDnx  ■j'jd  Ncn  ona'''?!  'ckd  oann  "jnjn  NDnn  i'?  ncc?  noa  ■'jycfnbi 

.v^n  n-'CKia  oïDai  ca-i  d'-D''  imcrna 
Il  est  très  possible  que  ces  deux  Jacob  soient  une  seule  et 
même  personne.  La  date  ne  s'y  oppose  j)as,  et  il  serait  étrange 
que  deux  personnes  dillerentes  aient  employé  la  même  for- 
mule abrégée  pour  leur  nom.  Ajoutons  encore  que  tous  les 
deux  demeuraient  dans  le  midi  de  la  France. 

VKMÂ}  TRKVOT, 

LEMCOGRAPIIE. 

PÉREÇ  TiiÉVGT  est  probablement  l'auteur  d'un  vocabu- 
laire hébreu,  disposé  d'après  l'ordre  alphabétique,  qui  porte 
le  titre  de  Maqre  Dardeqé  (■'pTiinpo),  «qui  enseigne  à  lire 
«  aux  enfants  ».  Péreç  se  dit  Français  (tcis)  et  Catalan;  cela 
veut  probablement  dire  que  sa  famille  avait  émigré  de  la 
France  du  Nord  dans  la  France  méridionale  et  que  lui-même 
émigra  en  Catalogne  par  suite  d'une  persécution.  Sa  famille 
habitait  probablement  Trévoux  et  passa,  ])ar  suite  d'une  se- 
conde émigration,  en  Italie,  où  ses  descendants  s'appellent 
Trabot  et  Trabotti.  Péreç  se  donne  aussi  le  titre  de  Naqdan,  catai.  liodi., 
«  ponctuateur  »,  dans  le  manuscrit  de  la  Bodléienne  n"  1 1 37,    '"'   ?64j;  Berii 

I  _  _  _  _  »  ^     ner,   Magann ,  Il , 

manuscrit  qu'il  a  pourvu  de  points-voyelles  ou  même  copié,    p  '6  pi  g*» 
car,  dans  le  post-scriptum  de  ce  manuscrit,  il  dit  :  •  Achevé      *''*'  •'"  «^s  •" 
«par  le  Çarfati,  le  Naqdan,  Péreç  Trévot  (Bia-io);  qu'il  soit   p. 481. 
«sauvé  du  massacre,  de  l'épée  et  de  la  destruction.»  Dans      Caiai.,coi.33i. 
un  autre  passage  du  même  manuscrit,  Péreç  se  donne  cette 
épithète  :  «  le  plus  petit  des  associés  (d'études)  et  le  plus  petit 
«  des  Maqrc  Dardeqé,  expulsé  et  séquestré,  et  vendu  comme 
«  esclave  »;  c'est  sans  doute  une  allusion  à  un  exil.  Comme 
nous  allons  le  voir,  c'est  sans  doute  l'exil  de   iSgô  quç 
Péreç  a  en  vue. 

Mais,  avant  d'aller  plus  loin,  nous  devons  dire  un  mot 
des  vocabulaires  bibliques  du  moyen  âge  en  général.  On  ne 
mentionne  aucune  traduction  espagnole,  portugaise,  fran- 
çaise, italienne  ou  allemande  de  la  Bible,  faite  sur  l'hébreu 

TOME  X.VXI.  90 


IHFamiklt    BATIOIAIS. 


......èr„        714  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

avant  le  xvi''  siècle.  Mais  il  existe  fies  gloses  bibliques  en 
langue  vulgaire,  plus  ou  moins  étendues.  Ces  gloses  se 
lisaient  d'aborrl  à  la  marge  des  textes  bibliques  ou  dans  les 
commentaires,  et  ce  n  est  que  vers  le  xiii*  siècle  ([u'on  les 
trouve  sous  forme  de  vocabulaires,  rangées  d'après  l'ordre 
des  livres  sacrés.  Nous  ne  connaissons  de  tels  vocabulaires 
que  pour  le  français.  L'un  d'eux,  (|ui  se  trouve  dans  le  nia- 
i.itter.iiir   .les    uuscrit  de  Paris  n"  ,'io2,  a  été  copié  en  i  34  i  •  Les  glossaires 

Oricnu.  i«','i.    jjj.  Paris  n"  3oi,  de  Leipzig  (où  il  y  a  aussi  des  closes  alle- 
Aidi.dosMiss,    'i'''i"<les),  de  Parme  et  de  Turin,  que  le  regretté  Arsène 

w.  III.  p.  395  cl    Darmesteter  a  si  bien  analysés,  ne  sont  pas  datés. 

Les  glossaires  qui  sont  ranges  selon  1  ordre  des  livres 
bibliques  avaient  sans  doute  un  but  pratique  pour  l'ensei- 
gnement de  la  Bible;  mais  ils  n'avaient  aucune  utilité  pour 
étudier  1  hébreu  en  général.  On  possédait  des  dictionnaires 
étendus  et  abrégés;  mais  ils  étaient  composés  en  hébreu, 
excepté  dans  les  pays  où  l'on  parlait  arabe.  Il  fallait  donc 
pour  la  jeunesse  un  vocabulaire  concis  où  les  mots  hébreux 
fussent  expliqués  en  langue  vulgaire,  et  un  tel  livre  recevait 
le  titre  de  Mnqré  Dardeqé,  «celui  qui  fait  lire  la  jeunesse». 
Un  ouvrage  de  ce  genre  a  été  composé,  croyons-nous,  par 
notre  Péreç,  sojt  en  français,  soit  en  catalan,  mais  non  cer- 
tainement en  italien.  Nous  trouvons  un  peu  risquée  l'as.ser- 
tion  de  VI.  Moïse  Schwab  qui  dit  :  «  On  sait  qu'il  existe  un 

Revup  des  Ktuacs    «  diclionnaire  hébreu -arabe-italien  anonyme  de  la  fin  du 

jaiïM,  •  »  „  XIV*  siècle,  qui  est  sûrement  de  Péreç  Trévot,  et  qui  estinti- 
«  tulé  Macjn'  Dar(le(ié.  »  M.  Schwab  renvoie  pour  Péreç  à  l'ex- 
cellent ouvrage  de  M.  Perles,  intitulé  Beitrœcje  ziir  Geschichte 
(1er  hebrœischen  and  aramœischen  Studien,  Miinchen,  i884, 
p.  1 1 3  à  1 3o.  Nous  avons  cherché  en  vain  où  M.  Perles  aurait 
parlé  de  Péreç  Trévot.  En  effet,  le  premier  qui  ait  mentionné 
celui-ci  comme  auteur  d'un  vocabulaire  (non  pas  arabe- 
R.NUf<iRs  Éludes    italien)  est  M.  Neubauer.  Qu'il  y  ait  eu  d'autres  vocabulaires 

junes,  i\,  3i6.     a^alogucs  avaut  celui  de  Péreç,  c'est  ce  qui  semble  résulter 
de  fépithète  qu'il  se  donne  à  lui-même,  «le  plus  petit  des 
Voir  ci-dessus,    n  Muqré  Durdeqé  ». 

''"''  La  première  édition  de  cet  ouvrage  fut  publiée  à  Naples 


DU  XI V  SIECLE.  715        ^,^.,.,,^.. 


(non  à  Constantinople,  comme  Wolf ,  Fûrst  et  même  M.  Neii- 
bauer  le  (lisent)  en  1 4  88,  et  commence  par  nne  pièce  devers       iVrio>.   ivui., 
présentant  l'acrostiche  du  nom  de  Péreç  (vie).  Dans  la  préface    ''■ '" 
l'auteur  parle  de  l'expulsion  des  juifs  de  l'Vance,  en  i3(j5,    „»  ,5o-;..oi.  îàV; 
comme  avant  eu  lieu  récemment,  et  il  a  eu  probablement    f,'*!"""''"  '    *'" 
lui-même  à  en  souiirir.  M.  Perles  veut  conclure  à  tort  de 
ce  que  Péreç  parle  des  exilés  à  la  troisième  personne,  en      0|).cii..|..  n'i. 
disant  :  «par  la  volonté  de  Dieu  ils  furent  chassés»,  que 
l'auteur  devait  être  un  Italien   du  Sud;  car  s'il  avait  été 
Français,  il  aurait  dit  :  «Çarfal,  mon  pays  de  naissance». 
Péreç  parle  à  la  troisièuje  personne  à  cause  de  la  formule 
mnémonique  employée  pour  la  date  de  l'expulsion  et  qui 
est  cir  C13  hSd  (Exode,  xi,   i),  n"?:   équivalant  à  [Soj^f)  = 
iSgS,  formule  que  nous  retrouvons  chez  Épbodi.  D'autre 
part  M.  Neubauer  a  trouvé  dans  le  manuscrit  820  de  la 
bibliothèque   Giinzburg   un   poème    moral    contenant   un 
ouvrage  de  R.  Menahem,   (ils  de  Péreç,  fds  de  Nethanel     h<uic(I<s  i.ui.i.-. 
Klie,  fds  de  R.  Péreç  auteur  du  Maqrc  DdKlecjc.  Kidin,  par    i'"""^'     ■  '•^'■ 
le  manuscrit  de  Paris  n"  18,  où  il  est  dit  que  Menahem, 
fils  de   Péreç  Trévol,   acheva   la  copie  de   ce  manuscrit, 
qui   est    une  Bible,   à  Governo  en    Italie   le    5   ab    6272       ibid,  |..  .wi). 
(18   juillet    i5i2),    M.    Neubauer   a    prouvé    que    l'aïeul 
Péreç  doit  avoir  vécu  après  iSgo.  Or,  nous  avons  vu  que 
Péreç  s'appelle  Français  et  Catalan;  c'est  donc  probablement 
en  Catalogne  qu'il  a  connu  la  formule  hSd,  qui  est  due  à 
Profet  Douran  de  Perpignan,   i3ç)b.  Nous  verrons  encore 
qu'en  Catalogne  les  conversions  forcées  au  christianisme 
et   les   controverses  religieuses  n'étaient    |)oint   rares.    Or 
l'auteur  du  Maqrc  Dardeac  dit  dans  sa  préface  que  la  jeu- 
nesse éludie  le    Talmud   et   les    sciences   philosophiques 
avant  d'avoir  approfondi  l'Ecriture  sainte;   c'est  pourquoi 
elle  ne  peut  se  défendre  contre  les  polémistes  en  matière 
religieuse  et  arrive  finalement  à  l'apostasie.  La  discussion 
religieuse,  en  eftèt,  doit  se  faire  à  l'aide  d'une  connaissance 
profonde  de  la  Bible.  Celui  qui  n'est  pas  versé  dans  cette 
matière  reste  à  court  dans  les  controverses  religieuses,  et 
laisse  la  victoire  aux  adversaires.  Et  c'est  pour  contribuer  à 

90. 


\iT  sieci^. 


l'eHcs ,  oji.  rit. , 
p.  1 1 1 . 


716 


LKS  KCIUV AINS  JlJiKS  FRANC  \IS 


0|).  cil.  ,p.  1 1(). 


Ms.  dOiforcI , 
n.  i  .)8. 

Vis.  (le  l'iiris, 
11°  1  î  iS.  Scliwal). 
Revue  Je»  Ktudcs 
jiiixes,  W  I,  2^4. 

Vis.  dOxford, 
11"  1  jo-j  ;  Munirh  . 
Il*  6^,  ?.. 

Revue  des  Ktudes 
juives,  I\,  p.  iS3. 
Perles,  op.  rit. , 
p.   m. 

Revue  des  Kludes 
juiyes,  p.  j55; 
XVII,p.  iii,i85; 
XVIII.  p.  io8. 


la  connaissance  de  la  Bible  que  Péreç  s'est  propose  de  faire 
un  livre  élémentaire  pour  la  jeunesse.  Nous  trouverons  les 
mêmes  plaintes  et  les  mêmes  conseils  dans  la  grammaire  de 
Prolet  r)ouran. 

A  la  fin  de  la  préface  de  Péreç,  on  trouve,  dans  l'édition, 
une  pièce  de  vers  de  ([uatre  lignes  avec  l'acrostiche  de  Yehiel 
ou  Yaliya,  C'est  l'un  des  deux  personnages  que  M.  Perles 
considère  comme  auteurs  du  Maqré  Darde(jé.  Nous  croyons 
(pio  Yehiel  ou  Yahya  est  le  nom  de  celui  qui  a  traduit  le  vo- 
cabulaire catalan  de  Péreç  en  italien.  Selon  les  pays,  en  effet, 
le  livre  de  Péreç  fut  utilisé  en  français,  en  espagnol ,  en  alle- 
mand ,  et  finalement  en  anglais.  La  date  de  1 488  est  celle  de 
l'édition  et  non  pas  de  la  composition  du  livre,  comme  on  l'a 
cm  autrefois.  M.  Schwab  connaît  cinq  exemplaires  de  cette 
édition,  savoir  :  à  Paris,  à  Parme,  à  Rome,  à  Oxford  et  à 
Londres;  M.  Steinschneider  en  mentionne  un  sixième.  La 
première  édition  du  vocabulaire  italien  serait  donc  du 
XV*  siècle;  mais  elle  est  si  peu  utile  à  la  philologie  romane 
qu'il  était  à  peine  nécessaire  d'en  faire  une  nouvelle  édition, 
d'ailleurs  très  incorrecte.  La  famille  Trévot  a  émigré  en 
Italie  comme  les  Lattes,  les  Férussol,  les  Perpignani,  les  Co- 
lon et  beaucoup  d'autres  familles  françaises. 

NATHAN  D'AVIGNON, 

CASCISTE, 

NAtHAN  crÂvîgnon  est  l'auteur  d'un  traité  sur  les  règles 
à  observer  quand  on  tue  les  animaux  destinés  à  l'alimenta- 
tion et  sur  l'examen  des  poumons;  ce  traité  se  trouve,  à  la 
marge  (fol.  iQO  à  i33)  du  livre  des  Préceptes  d'Isaac  de 
Corbeil,  dans  un  manuscrit  de  Cambridge  (bibliothèque 
de  l'Université,  sans  numéro).  Cet  exemplaire  du  livre  des 
Préceptes  ne  contient  pas,  comme  c'est  le  cas  dans  d'autres 
manuscrits  de  ce  traité,  la  formule  de  l'acte  de  divorce 
d'où  l'on  peut  induire  la  date  de  la  copie  et  la  localité  où 
le  copiste  a  travaillé;  mais  comme  le  copiste  du  traité  de  Na- 
than, Abraham  fils  de  Samuel  Hayyim  de  po-io,  dit  avoir 
fini  sa  Copie  le  premier  jour  du  mois  de  tébeth  5 167  (dé- 


XIV    SIECLE. 


DIJ  XIV'  SIECLE.  717 

cembre  iSqô),  Nathan  doit  avoir  composé  son  traité  avant 
cette  année.  Le  traité  commence  par  les  mots  suivants  : 

nonan  VVn  im  nma  it"  c>i2-'v  •y))t  pnan.  L'auteur  cite  des  règles 
données  par  les  rabbins  de  Çarfath  (France  de  l'Lst)  et 
parmi  eux  Jacob  fils  de  Yaqar.  Le  titre  de  l'ouvrage  est  : 

.]rj''iKi  ]Di  T  ^'^D  ic"»  npna  nsVm  na^nc*  o^zhn 

ABRAHAM  ABKiDOR  ET  SON  FILS. 

Abraham  Abigdor,  surnoujmé  Bonet,  fdsde  Mescbullam, 
fds  de  Salomon ,  naquit  probablenient  en  Provence  en  i  35 1 ,       sioi.HcinieuKr 
d'une  famille  estimée  et  connue   sous    le  nom   dWbù/do-    i^^'""^''    p  71 
rim.  Juda  Kohen  dit,   après   le  mot  KSiino,  ce  qui  suit  : 
inrax  icc?  «n  skd  nrn  p^  -«d  onnraxn  jio  tcnv  N"'nn  nnccon  "7^  icx"!       t:atai..i()jfoi-.i. 
31DD  Kim  -inraK  «m  ^iihtn  vnn  iidn-'i  Kinn  oca  lan'»  'xsr  a^z"<i<r\  "73  x^p:    "'  '^'''  ■""'■  ^'^^ 

.Dsaip!:  "lO^EC  iriK  iVs  D'''inraxn 

Le  genttUcium  des  Abigdorim  vient  du  nom  de  l'ancêtre 
de  la  famille,  qui  s'appelait  Abigdor.  Salomon,  lils  do  notre      utaideikiim, 
Abraham,  est  également  désigné  par  Dinnrann  rncu-'D':,  de  la    p  99'  "  '■'■ 
famille  Abigdor.  M.  Carmoly  dit  que  le  père  et  le  grand-       'i^^^  <ie^  niéa. 
père  de  cet  Abraham  s'appelaient  ben- Abigdor  et  qu'ils  étaient 
comptés  parmi  les  médecins  les  plus  remarquables  de  l'uni- 
versité de  Montpellier.  Aucun  documenta  noire ccmnaissance 
ne  confirme  cette  donnée.  D'un  autre  côté,  M.  Carmoly  ne       ibi<i., ,,.  .o- 
connait  notre  Abraham  que  par  son  nom,  et  les  noms  de 
MeschuUam  et  d'Abraham,  le  grand-père  et  l'aïeul  de  notre 
Abraham,  manquent  dans  l'index  de  son  livre.  Notre  Abra-       Voiici-ii.s  oii.> 
ham,  comme  il  le  dit  lui-même,  étudia  la  médecine  à  Mont-   •*  ''* 
pellier,  où  on   enseignait  en   latin,  et  c'est  là  nu'il  doit 
avoir  acquis  la  connaissance  de  cette  langue,  d'après  laquelle 
il  fit  des  traductions,  dont  l'une  à  Arles  en  i38i.  On  sait      Monauschrin 
qu'un  Maestro  Abraham  Abigdor  po.ssédait  dans  celte  ville,    J^^°'  ^  "°  ^' 
en  i386,  une  maison;  il  est  probablement  identique  avec 
notre  auteur.  M.  Gross,  qui  le  premier  a  attiré  l'attention 
sur  ce  fait,  n'admet  pas  l'identité,  et  dit  que  Maestro  est 
un  simple  titre  honorifique;  M.  Steinschneider  voit  avec     Ueberseu.p.îS, 
raison  dans  Maestro  le  titre  d'un  médecin,  et  il  propose   "  '^^ 
d'identifier  les  deux  Abraham  Abigdor.  Abraham  fit  ses 
;  I 


\l\     SIECLE. 


718  LES  KCRIVAINS  JJIIFS  FRANCAfS 


|..  ;5i 


travaux  de  1867  à  i38i,  probablement  à  Arles.  Nous  le 
Voir  cMksdis.  trouvons  encore  vivant  en  1 899,  année  dans  laquelle  il  aida 
son  fds  Salonion  à  traduire  un  ouvrage  médico-astrologique. 
Voici  Ténumération  des  travaux  d'Abraham  Abigdor  : 
I.  oisVd  r'?i3D  1DD ,  livre  du  «Trésor  des  rois»,  imitation 
hébraïque  du  traité  des  Tendances  des  philosophes  par 
Gazzali,  en  prose  rimée  avec  un  conimentaire.  L'auteur  dit 
dans  la  prélace  ((u'il  a  composé  cet  ouvrage  à  l'âge  de  dix- 
sept  ans,  et  l'a  «  destiné  aux  hommes  d'élite  «,  qui  se  vantent 
de  posséder  la  physique  et  la  métaphysique,  mais  qui  né- 
gligent la  logique.  Le  traité  est  divisé  en  quatre  chapitres, 
et  les  vers  riment  par  la  syllabe  on.  Dans  l'avant-propos, 
on  lit  l'acrostiche  d'Abraham  Bonel  Abigdor.  L'ouvrage  fut 
achevé  le  8  nisan  5 187  (7  mai  1377),  selon  les  manuscrits 
de  Paris  n"  990,1,  et  de  Munich  44,1-  Un  autre  manuscrit, 
(lit-on,  donne  la  date  de  [5]i  28  =  1  363;  c'est  peut-être  une 
faute  d'impression  dans  le  journal  où  il  en  est  question. 
Pour  de  plus  aaqiles  détails  nous  renvovons  à  l'ouvrage  de 
M.  Steinschneider. 

H.  nsuhioa  N3D.  C  est  la  traduction  hébraïque  de  l'ouvrage 
latin  appelé  Introduction  à  la  pratique,  qui  est  le  traité  des 
Médicaments,  composé  d'après  le  Canon  d'Avicenne,  1,  iv, 
Cai.dcMiii.icii,  par  un  médecin  de  Montpellier.  M.  Steinschneider  dit  que 
c'est  le  chancelier  ou  doyen  appelé  Brouat  (oxi-ia)  Albert, 
iui.eisoiz.,p.777.  sclou  le  mauuscrit  de  Paris  io54,  12,  et  Bernard  Albert 
selon  les  manuscrits  de  Munich  297,  1  et  de  Berlin  71,  2. 
Le  traducteur  dit,  dans  la  préface  du  manuscrit  de  Paris, 
que,  lorsqu'il  était  adolescent,  il  désirait  étudier  la  méde- 
cine, non  pas  pour  la  science  elle-même,  mais  pour  être 
appelé  maître  (an)  et  pour  gagner  beaucoup  d'argent,  «  comme 
«  font  d'habitude  ceux  qui  pratiquent  à  présent  la  méde- 
«  clne  et  surtout  ceux  qui  appartiennent  à  notre  nation». 
Devenu  homme,  il  se  sent  maintenant  un  goût  sérieux  pour 
cette  étude.  H  s'est  donc  rendu  à  Montpellier  pour  s'instruire 
auprès  des  savants  chrétiens.  Il  y  a  trouvé  beaucoup  d'ou- 
vrages utiles  pour  la  connaissance  de  la  médecine,  et,  si 
Dieu  prolonge  ses  jours,  il  en  traduira  quelques-uns.  Parmi 


llak-k 

arinci , 

1. 

p.  ."iSli. 

C'plwiscl 

,,..p.3: 

i5. 

'!)7 


DU  XIV  SIÈCLE.  719 


XIV'  SIÈCLE. 


les  plus  utiles  il  a  choisi  celui-ci  qu'il  traduit  sur  le  désir  de 
quelques  amis.  C'est,  à  ce  qu'il  semble,  la  première  traduc- 
tion laite  par  notre  Abraham.  L'original  latin  est  imprimé      Cai.de  B-iiin. 
sous   le  nom   de    Gentilis  de  Foligno,  suivant  M.   Stein-    7 '^ '^  ^  t^'"  i"  • 
Schneider. 

III.  Ba3^K  'p-iD,  traduction  des  Medicationis  parabolœ  d'Ar- 

nauld  de  Villeneuve,  dédiées  au  roi  Philippe  le  Bel.  Le  com-      iiisi.  lin.  do  i« 

mentaire  sur  cet  ouvrage  qu'on  attribue  à  Abraham  n'est   p'^'sg.â'g. 

pas  de  lui;  il  n'est  pas  davantage  d'Arnauld  de  Villeneuve,       (;at.<icMiii.itii. 

comme  on  l'a  démontré.  Le  nom  du  traducteur  n'est  pas    '"' '  *"'■ 

donné  dans  les  manuscrits;  mais,  dans  celui  de  Munich  . 

297,  4'.  la  préface  est  la  même  (à  l'exception  de  quelques 

mois  qui  se   trouvent  à  la   fin   et  qui  ont  été  notés  par 

M.  Steinschneider)  que  pour  la  traduction  de  l'ouvrage  de       ii,i,i. 

Gérard  ou  Géraud  de  Solo.  Comme  date  de  la  traduction       Voirn-dessous. 

on  trouve  l'année  5 108    (n'p)    [i348],   date    impossible,    "  '^ 

puisqu'elle  est  antérieure  à  la  naissance  de  notre  Abraham. 

M.  Steinschneider  propose  de   lire'5i38  fnVp)   [1878]. 

La  concordance  de  la  traduction  avec  l'original  a  été  donnée      cmoi.,  p.  1  lO. 

par    M.    Steinschneider,    dans   le   catalogue   de  Munich, 

n°  q86,  1. 

IV.  Dn»3n  K13D  iDD ,   «  Hvre   d'introduction    pour    la    jeu-  ^ 
«nesse»,  traduction  du  traité  élémentaire  des  lièvres,  écrit 

en  latin,  par  Géraud  de  Solo.  Le  traducteur  dit,  dans  la  pré- 
lace, qu'il  s'est  rendu  à  Montpellier  pour  étudier  sous  Géraud 
et  qu'il  a  fait  la  traduction  à  Arles,  ville  où  il  demeure,  en 
l'année  5 189  (1379).  Voilà,  du  moins,  ce  qu'on  lit  dans 
les  manuscrits  de  Paris,  n°'  io53,  10,  et  1 1  23,  q.  Pour  ce 
dernier  manuscrit,  qui  appartenait  à  un  David  ]T''7"'oe/D,  le 
catalogue  dit  que  la  traduction  d'Abraham  diffère  entière- 
ment du  traité  de  Géraud  connu  sous  le  titre  de  Isagoge 
tironam,  dont  nous  avons  une  traduction  fidèle  par  Léon 
de  Carcassonne.  Peut-être,  continue  le  catalogue,  l'auteur 
avait-il  composé  deux  ouvrages  élémentaires  sous  le  même 
titre.  M.  Steinschneider  ne  traite  pas  cette  question;  mais 
il  fait  observer  que  les  manuscrits  de  Munich  et  de  Berlin  caui.,n°i96. 
contiennent  une  espèce  de  proœmium  de  Géraud  qu'on  ne      catai..n''7i,3. 


,    ,  720  LES  KCRIVAINS  JUIFS  FR\Nr.\IS 

Xl\     !>IKCI.r. 

trouve  pas  dans  l'édition.  M.  Sleinschneider  dit  que  ces 

manuscrits  ont  cinq  chapitres;  les  manuscrits  d'Oxiord  en 

ont  six,  et  le  numéro  a  1 33,  3,  a  de  plus  un  appendice.  On 

sipinsciiDPidrr,    trouve  dcs  manuscHts  de  cette  traduction  dans  plusieurs 

ieb<.rsou.,p.797.    autres  bibliothèques. 

V.  nhi^,  traduction  du  traité  sur  les  Médicaments  (liges 
tifs  et  purgatifs  par  Arnauld  de  \illencuve,  faite  eu  i38i, 
dans  la  ville  d'Arles.  On  en  trouve  des  manuscrits  à  Paris, 
I  o54, 1  1 ,  sans  titre  hébreu,  à  Hambourg,  3o8,  2  et  à  Berlin, 
71,3.  L'original  latin  semble  être  perdu;  mais  on  en  pos- 
sède une  autre  traduction  hébraïque  dans  un  manuscrit  dont 
Voir ciKiessous ,    nous  parlerons  plus  tard.  M.  Steinschneider  a  donné  une  no- 

''  luiVir,   IX     tire  détaillée  de  cet  ouvrage  dans  sa  Revue  de  bibliographi»'. 

p-  '7^  VI.   ni3:D"7K,   traduction  abrégée  du   latin   de   l'ouvrage 

intitulé  yl/mflHSom  Uhernonus,  cum  expositione  (ieraldi  de  Solo. 
Le  traducteur  n'a  pas  suivi  l'ordre  du  texte  latin  tel  que 
nous  le  connaissons.  On  trouve  cette  traduction  dans  les 
manuscrits  d'Oxford  n"  24oi  et  de  Munich  n"  296,  1. 
M.  Steinschneider  en  donne  une  description  étendue  dans 
Maitir.  i865,   sa  Revuc  de  bibliographie  hébraïque  et  dans  le  catalogue 

p.8oe.suiv.        ae  Munich." 

VIL  lotDKiiD  (Tratato)  ou  iran,  traduction  du  traité  de  lo- 
gique en  latin  par  Pierre  d'Espagne  (Jean  XXI).  Dans  le 
manuscrit  de  Munich  307,  8,  le  nom  de  l'auteur  est  altéré  en 
nKm -1  iVvB,  «  Perlo  (Pietro)  de  Venitia  »  (ou  Paul  de  Ve- 
nise). On  trouve  cette  traduction  dans  beaucoup  de  ma- 
nuscrits, entre  autres  à  Paris,  n^'paô,  a  et  929,  2.  M.  Stein- 
schneider considère  le  texte  du  manuscrit  de  Munich  307, 8, 
comme  le  plus  complet.  Quelques  manuscrits  contiennent 
l'abrégé  de  notre  traité.  On  connaît  d'autres  traductions  de 
ce  traité  de  logique,  qui  semble  avoir  été  très  populaire 
dans  les  écoles  du  moyen  âge,  surtout  en  Provence.  Le  ma- 
nuscrit de  Hambourg  a 65,  en  particulier,  renferme  une 
BibJ.  hehr.,  traduction  qui  n'est  pas  celle  de  notre  Abraham.  L'ouvrage 
IV.  5î6.  y  g^j  intitulé  oKonD,  tratat,  mot  que  Wolf  a  pris  pour  le  nom 

Ueber$eii..p.à7i    de  l'auteur.  On  peut  voir  la  bibliographie  complète  dans 
'^*""*  l'ouvrage  de  M.  Steinschneider. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  721 


XIV    SIECLE. 


col.  llfi.l. 


VIII.  Commentaire  sur  le  commentaire  moyen  d'Aver- 
roès  sur  les  trois  premières  parties  de  l'Organon,  savoir  : 
risagogc  (fol.  197),  les  Catégories  (fol.  9.09)  et  l'Interpré- 
tation (fol.  336  à  267,  incomplet).  Ce  commentaire  se  trouve 
dans  le  manuscrit  de  Munich  n"  63,  3  à  5,  qui  est  en 
mauvais  état,  et  qui  porte  le  nom  d'Abigdor  tout  seul. 
M.  Steinschneider  remarque  d'ailleurs  beaucoup  d'analogie 
entre  les  expressions  qui  caractérisent  le  présent  commen-  Uei)crseii.,|..7i 
taire  et  celles  qu'Abraham  emploie  dans  sa  traduction  du  '^'"'' 
traité  de  Pierre  d'Kspagne. 

Salomon  Abigdor,  sur  lequel  nous  ne  possédons  aucun 
détail  biographique,  marcha  très  jeune  sur  les  traces  de 
son  père.  On  possèfle  de  lui  au  moins  deux  traductions  : 

I.  oBCDa  D''i!) ,  traduction  du  traité  latin  De.jmliciis  asiro-  Hisi.  im.  de  u 
nnmiœ,  ou  Capitula  astrolocjiœ,  d'Arnauld  de  Villeneuve.  Salo-  ■"■  'j  .,^''^"'" 
mon  acheva  cet  ouvrage  en  5169  (1399),  alors  qu'il  avait 

quinze  ans,  .sous  la  surveillance  de  son  père.  Le  traité  est  Catai  i5o.ii. 
divisé  en  17  chapitres,  et  on  le  trouve  dans  presque  toutes 
les  bibliothèques  de  manuscrits  hébreux.  Il  y  a  cpielques  va- 
riantes, surtout  à  la  fin,  et  quelques  additions  dans  certains 
manuscrits.  Au  cours  de  la  prélace,  que  M.  Steinschneider 
a  reproduite  intégralement  dans  le  catalogue  de  Berlin,  Sa-  Caiai.de Berlin. 
lomon  dit  que,  beaucoup  de  livres  s'étanl  perdus  par  suite  p-  '^^• 
de  la  durée  de  l'exil  des  juifs,  il  a  pensé  que  ce  traité  serait 
utile  à  ceux  qui  s'occupent  de  médecine,  et  il  a  cru  bien 
faire  de  le  traduire  avec  l'aide  de  son  père.  Une  autre  tra- 
duction abrégée,  achevée  par  Jacob  Cabret  (onaxp)  à  Bar- 
celone, tischri  5i43  (septembre-octobre  i38i),  se  trouve 
dans  le  manuscrit  d'Oxford  20^2,  1. 

II.  D-ijOiKH  nx-iD  -iDD,  traductiou  du  traité  sur  la  Sphère  par      t^ui.     bo<h., 
Jean  de  Sacrobosco.  La  traduction  fut  achevée  dans  le  mois    '^°'  "^^ 
d'adar  5169  (février  1399),  d'après  le  manuscrit  de  Paris 

io3i,  4,  où  se  lit,  intercalée  à  la  fin  du  deuxième  cha- 
pitre, une  pièce  de  vers  de  27  distiques,  sur  les  dix 
principaux  cercles  parallèles  du  globe.  On  trouve  des  ma- 
nuscrits de  ladite  traduction,  avec  ou  sans  figures,  dans  la 

TOME  IXXI.  91 

4      3'^  IMI-IIIMEniF;     S*TION.II,E, 


xn-siicL..        '^^^  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

plupart  des  bibliothèques.  Le  manuscrit  de  Paris  n"  1 092, 3, 
et  d'autres  encore  donnent  à  l'ouvrage  le  titre  de  Sa'jjn  '0  et 
jtjp  Ki^De?K,  «  livre  de  la  Sphère  ».  Le  livre  fut  imprimé  à  la 
suite  du  yiKrt  n-n»  d'Abraham  bar-Hiyya,  à  OfiFenbach,  en 
1720,  in-4°. 

Il  y  a  d'autres  traductions  du  traité  de  Jean  de  Sacro- 
bosco,  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici.  Nous  ne 
parlerons  pas  non  plus  des  nombreux  commentaires  aux- 
quels cet  ouvrage  célèbre  a  donné  lieu. 

ABRAHAM  IBN-TIBBON, 

TRADL'CTEUR. 

Abraham  ibn-Tibbon  est  le  traducteur  du  traité  des 
Economiques  d'Arislote.  Ce  traité  se  trouve  dans  les  ma- 
nuscrits de  Paris  892,  2,  910,  5,  et  959,  6.  Seul  le  premier 
de  ces  manuscrits  renferme  la  préface,  dans  laquelle  il  est 
dit  que  la  traduction  est  faite  sur  le  grec.  Voici  les  derniers 
mots  de  cette  préface  :  ms^Kn  b^-\xl  moan  t3»D  iddh  "an  loonn  ntSi 
^iop  o'^visvh  on  'np'?  iri'onKa  yaoa  orh  Jirun  ivh  D'«e?:^^^  h«  '>ni2n  irm"? 
inr  caiern  om'n  '-\i  a^inp  a'e?JKi  n':ipn  Qnp\T  D'jUBn  ni  "j»  ^n  «lun 
"îa"?  wipn  ^i»'?'?  ^iP  pe?'jD  ip-'nyn'?  pan  ']  omax  '>in  rh  bu  thi  nibi  a"«'?n3n  p 
mn  |i»Va  "janirr  vhv  "'dV  nyuD  in"?»!.-!  n'nn  «  Aristote  a  composé  cet 
«  ouvrage» de  peu  d'étendue,  mais  d'une  grande  importance; 
«  les  petites  choses»  par  exemple  les  bijoux,  ont  quelquefois 
«  plus  de  valeur  que  les  grandes.  C'est  pourquoi  je  me  suis 
«  décidé  à  traduire  cet  ouvrage  du  grec  en  hébreu ,  pour  le 
«  rendre  accessible  à  ceux  qui  ne  connaissent  pas  cette 
«  langue.  »  11  y  a  de  grandes  cfifficultés  à  cela.  Abraham  ibn- 
Tibbon  ne  savait  sans  doute  pas  le  grec»  et,  d'un  autre 
côté,  on  ne  connaît  pas  de  traduction  des  Economiques 
faite  sur  Tarabe. 

Le  manuscrit  de  Paris  9 1  o,  5  porte  le  titre  suivant  :  nirun  idd 
p-Duip'K  Kipjn  todik"?  n^an ,  «Manière  de  conduire  sa  maison, 
M  (ouvrage)  d'Aristote,  appelé  Économiques  » .  Les  deux  par- 
ties du  traité  sont  réunies,  quoiqu'on  lise  en  tête  les  mots 
]wtnn  ^DKD^,  «première  partie».  Le  manuscrit  de  Paris 
969,  6,  a  le  même  titre  hébreu,  excepté  le  dernier  mot  qui 


DU  XIV°  SIECLE. 


723 


XIV*  MÈCLE. 


est  e?p''Di3ip''K.  Le  manuscrit  de  Munich  268,  4,  renferme  le 
même  traité,  avec  le  titre  à  la  fin,  wxfDiiip-'Kn  o,  «  Livre  des 
«Economiques»,  commençant  par  les  mots  suivants  :  nanin 
^2'^  njnoi  n'-a  onv  non  n"?  iViar  nanon  nanjni  non  et  finissant  par 
ceux-ci  :  ikd  ranpi  vjdi  inwN  hiNi.  M.  Steinschneider  donne, 
dans  sa  description  de  ce  manuscrit,  les  renvois  bibliogra- 
phiques aux  traductions  latines  et  aux  difFérentes  traduc- 
tions hébraïques.  Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  le 
traducteur;  c'est  seulement  parce  qu'il  porte  le  nom  de  la 
famille  Tibbon  que  nous  l'avons  placé  parmi  les  rabbins 
français. 

BENJAMIN  DE  CARCASSONNE, 

TRADDCTEUR. 

Benjamin  fils  d'Isaac,  de  Carcassonne,  est  le  traducteur 
du  traité  sur  la  Corruption  de  l'air  et  les  épidémies,  composé 
par  Jean  de  Bourgogne  (nK^junan),  de  la  province  de  Liège 
(wjiK-''?  »i3Dd),  pendant  que  la  peste  sévissait.  Le  titre  du 
traité  en  hébreu  est  \n'?x  it»,  «  Secours  de  Dieu  ».  L'auteur  dit, 
dans  la  préface,  que,  déjà  en  5i2i  (i362),  lorsque  l'épi- 
démie éclata  pour  la  première  fois,  il  avait  composé  un  traité 
analogue,  commençant  par  les  mots  -'bu  ■''jk,  «  Mon  Dieu  !  mon 
•  Dieu!  »  Selon  le  catalogue  de  Paris,  n"  1191,  8,  ce  traité 
aurait  été  composé  en  6022  (1262);  l'auteur  du  catalogue 
a  lu  aa'n,  5o2  2,  au  lieu  de  aap,  5i  22.  Cette  erreur  a  déjà  été 
relevée  dans  un  autre  volume  de  cet  ouvrage. 

Le  manuscrit  de  Paris  1124,  6a,  contient  une  consulta- 
tion sur  la  peste  de  i399(.!*)  par  un  certain  Jean  de  Nanairs 
ou  Kanau'D  ÇSinobarba),  que  M.  Steinschneider  identifie  avec 
raison,  malgré  la  difficulté  des  dates,  à  Jean  de  Bourgogne. 
Quelques  découvertes  intéressantes  ont,  en  ces  derniers 
temps,  donné  à  la  physionomie  de  Jean  de  Bourgogne  un 
corps  et  un  ensemble  qu'elle  n'avait  pas  jusqu'ici. 

Jean  de  Bourgogne,  ou  Jean  «  la  Barbe,  est  impliqué 
d'une  façon  qui  reste  encore  assez  obscure  dans  l'histoire 
de  la  composition  de  ce  livre  singulier,  autrefois  si  célèbre, 
et  tombé  maintenant  dans  un  juste  discrédit,  où  le  chevalier 

91- 


Cat.  (le  Munich . 
P-99- 


IlUt.  litt.  (le  la 
France,  t.  XXVII, 
p.  628. 


Steinschneider , 
dans  la  Zeitschrifl 
derD.M.G.,  1875, 
p.  i65;UeberseU., 
p.  8o3. 


.    .  724  LES  ECltlVAINS  JUIFS  FRANC  \1S 

Xl\' SIECLE. 

anglais  Jean  do  Mandeville  prétend  raconter  ses  voyages  en 
Orient.  Quoi  qu'il  en  soit  de  celle  question,  ce  qui  nous 
importe  ici,  c'est  que  Jean  de  Bourgogne,  médecin  à  Liège, 
a  composé  plusieurs  traités  sur  l'épidémie  qui  épouvanta 
l'Europe  au  milieu  du  xiv"  siècle.  Nous  avons  un  de  ces 
traités  en  français  dans  le  manuscrit  français  Nouv.  Acq., 
4516,  récemment  revenu  à  la  Bihliollièque  nationale,  d'où 
L.D.iisi.  .Cala    il  avait  été  détourné.  M.  LéopoUl  Delisle  a  démontré  que  ce 

lo"iir    ilos    manu-  ,•,•  •.  •,    p  <i-  1  1  1 

sciils  <ics  fonds  petit  manuscrit  avait  torme  jadis  un  seul  vplume  avec  le 
b'*^"  ''La"''T'  n°45i5  des  Nouvelles  acquisitions,  (lui  contient  précisé- 
ment  les  voyages  de  Mandeville.  Le  manuscrit,  aujourd'hui 
dépecé,  avait  été  écrit  en  1371,  par  le  copiste  bien  connu 
Raoulct  d'Orléans  pour  Gervaise  Chrétien,  médecin  de 
Charles  V,  et  Gervaise  en  fit  plus  tard  présent  nu  roi.  Le 
traité  de  l'épidémie,  à  ce  que  nous  apprend  la  noie  finale, 
fut  composé  à  Liège  en  i365.  L'auteur  s'exprime  ainsi,  au 
second  feuillet  :  «  Et  pour  ce  que  je,  Jehan  de  Bourgoigne, 
«  autrement  dit  a  la  Barbe,  cytoien  de  Liège,  professeur  en 
«  aride  médecine, neentmoins de  tous  phisiciensli  mendres, 
«  qui  du  temps  passé,  au  commencement  de  coste  épidimie, 
«de  la  cause  et  nature  de  leur  corrupcion  selon  le  jtige- 
«  ment  de  astrologie  fis  un  traclié  duquel  moult  en  eurent 
«copie,  et  commence  :  Deiis  dcornm  ms  \  etc.,  qui  sim- 
«pleinent  et  absolument  de  toutes  entitez  es(t)  première 
«  cause,  etc.  Item  fis  un  autre  traittié  de  la  distinccion  des 
«  maladies  pestilencieuses  des  autres  maladies,  qui  se  com- 
«  mence  :  Cum  nimiram propter  instans  teinpus  epidimiale ,  etc., 
«  es  quels,  se  aucuns  a  la  copie,  a  preservacion  et  cure  plu- 
«seurs  choses  trouvera,  non  mie  toutesvoies  toutes  choses 
«  a  cure  appartenant,  et  pour  ce  que  est  [ms.  en)  ceste  instans 
«  épidimie  ainsi  que  de  nouvel  recommencie,  et  par  succes- 
«  sion  de  temps  encore  cl  encore  retournera,  car  n'est  tnie 
«  maintenant  la  fin;  pour  ce,  aians  compassion,  etc.»  Le 
traité  est  intitulé  :  «  Cest  la  preservacion  de  épidimie,  mu- 
«  nicion  de  duracion^  d'icelle,  faits  de   maistre  Jehan  de 

'   Lisez  :  Deiit  deus  meiis. 

'  Le  manuscrit  porte  •  curation  • 


DU  XIV  SIÈCLE.  725 


M\'5iè<;i  K. 


«  Bonrj>oigne,  autrement  dit  a  la  Bnrhe,  professeur  en  nu- 
«  d(>cine  cl  cytoien  de  Liège.  »  Il  comnienre  ainsi  :  «  Pour  ce 
«que  toutes  choses,  tant  élément  comme  elementees,  sont 
•  gouvernées  de  Icurplus  haut,  si  comme  dil  Meschalat,  ou 
«livre  des  interpretacions,  les  choses  créées  en  souverai- 
«nelé,  etc.»  L'ouvrage  paraît  avoir  clé  d'abord  écrit  en 
latin;  il  a  été  imprimé  sous  sa  forme  française,  d'après  I)u- 
verdier.  C'est  évidemment  le  traité  qui  a  été  traduit  en  i:d.  nigoie>  d. 
hébreu,  malgré  la  légère  diiîérrnce  des  deux  dates,  1862  ^'''If;'  ' 
et  i365.  La  coïncidence  de  Dcus  meus  avec  "•'?{<  ^"jk  est  dé- 
cisive. 

Nous  ignorons  si  les  autres  traités  de  Jean  de  Bourgogne 
sur  l'épidémie  se  retrouvent  dans  des  manuscrits  latins; 
c'est  extrêmement  probable,  puisqu'il  assure  qu'il  en  circu- 
lait beaucoup  de  copies.  En  tout  cas,  le  n"  (in  du  manuscrit 
hébreu  de  Paris  1  i  a4  répond  sûrement  à  l'un  de  ces  traités 
de  Jean  de  Bourgogne.  Sinobarba  esl  un  étrange  équivalent 
de  A  la  barbe;  on  dirait  qu'il  signifie  juste  le  contraire;  mais 
il  vaut  mieux  passer  sur  cette  dilliculté  et  sur  quelques 
autres,  qui  seront  peut-être  un  jour  éclaircies,  que  d'ad- 
mettre que  la  ressemblance  de  A  la  barbe  et  de  jC3iai;''o  pour- 
rail  être  fortuite. 

TODROS  DE  CAVAILLON, 

MÉDECIN. 

ToDBOS  DE  Cavaillon  (iiK^^Kipi)  est  l'auleur  d'un  traité 
intitulé  ^133^^^  mre?  (non  pas  nse?,  connue  on  lit  dans  le 
catalogue),  dont  il  y  a  un  extrait  dans  le  manuscrit  de  Paris      Cai.  de  Pan<. 
1 191,1.  C'est  une  espèce  depharmacopée,  tantôt  en  hébreu,    ''  "^ 
tantôt  en  latin.  M.  Cannoly  dit  que  les  anciens  de  la  ville 
nommèrent   Todros   rabbin   do   leur  communauté;    nous       Histoire     des 
ne  savons  pas  sur  quel  document  celle  assertion  s'appuie,    Mcdcnns,  p.  108. 
car  les  manuscrits  de  Paris  n'en  disent  rien.  M.  Carmoly,  en 
outre,  place  notre  auteur  en  iSyô,  sans  donner  la  source 
où  il  a  puisé  cette  date.  M.  Steinschneider  identifie  notre      Biùu,     jahr- 
Todros  avec  le  maître  Toros  de  Cavaillon,  un  des  trois  bay-     "Bardinètraevue 
Ions  directeurs  à  Avignon,  en  i44o.  Todros  s'écrit  dans  les   '^'e»  Études  juive*, 


Xlf*  ;IÉCI.I. 

Saige, Juifs  dans 
le  Lans- .  index. 


5leiiisclincidcT , 
/ur  Psoudo-Litt., 
p.  O2. 

Assémani  . 
fol.   (4 5. 


Stpinsclineidrr , 
Uplierseti.,  p.  791. 


Voir  ci-dessus, 
p.  710,  n°  VII. 


Bibl.       hebr. . 
m,  p.  781. 


726  LES  ÉCRIVAINS  JUIFS  FTIANÇAIS 

documents  latins  Tauros.  M.  Stcinschneider  avait  cru  d'abord 
c|ue  notre  Todros  était  le  même  que  (maestro)  Todros  Moïse 
lïondiah  (Yom-Tob,  le  manuscrit  a  distinctement  riKnaia), 
qui  a  traduit  du  latin  le  Traité  sur  la  fièvre  par  Jean  fds  de 
Mésué,  avec  un  commentaire  de  Pierre  d'Espagne,  traduc- 
tion achevée  en  tammouz  [5]  1  54  (juin  \'6^l\)  et  qui  existe 
en  manuscrit  au  Vatican  366,2,3.  Ce  manuscrit  est  mal 
décrit  par  Assémani.  Outre  le  traité  de  Mé.sué,  il  contient 
le  Traité  des  médicaments  digestifs  et  purgatifs  d'Arnauld 
de  Villeneuve,  dont  voici  le  commencement:  >iijdnd  nan  noc 
nipnom  niVe^aon  riNiDino  K3ij  n'?"'!!  bidjik,  et  qui  est  suivi,  fol.  67, 
d'un  autre  traité  introduit  par  les  mots  :  (îj-'awnainnK  Kia-i 
.Dii'Vw'?  [Passionarius?)  onjnrDKa  Hip:  ncoa . . . nmDjn  mwain  naa. 
Puis  vient  le  traité  d'Arnauld  sur  les  médicaments  digestifs 
et  purgatifs.  Les  trois  ouvrages  ont  été  traduits  par  Todros. 
Au  fol.  74  commence  un  fragment  du  traité  de  logique  de 
Pierre  d'Espagne. 

Le  manuscrit  629  de  la  Laurentienne,  à  t'iorence, donne, 
au  dire  de  Biscioni,  un  Theodorus  comme  traducteur  d'une 
Pharmacopée  de  Mésué,  achevée  en  1 54  (i394,  le  catalogue 
porte  1393).  Il  n'y  a  pas  de  nom  de  traducteur  dans  le 
manuscrit.  Biscioni  a  emprunté  des  renseignements  inexacts 
à  Bartolocci.  Le  manuscrit  de  la  Laurentienne  contient 
TAntidotaire  de  Mésué  en  12  parties  ou  43o  paragraphes, 
probablement  identique  à  celui  qu'on  trouve  dans  les  ma- 
nuscrits de  Leide  53,  3,  et  Paris  1 128,  2,  et  1 132,  2. 


Lewysohn ,  Epi- 
taj.li..  p.  àS. 

Sleiiisclineider, 
Cat.Bodl.,col.iii8; 
(lûdemann,  Gesch. 
des  Erziebungs  - 
weseiis,  III,  p.  17; 
Calai,  des  mss.  bé- 
breui  d'Oxford, 
indei,  col.  9^3; 
Bibl.     bebr.,     I. 


JACOB  MOLIN, 

TALMLDISTE. 


Jacob,  fils  de  Moïse  ]bn  ou  pbioou  yV'n  Halévi,  rabbin  à 
Mayence,  jouissait  d'une  grande  autorité  en  Allemagne  et 
en  Autriche.  Le  nom  de  Moeln  ou  Molin  a  été  expliqué  de 
plusieurs  manières,  toutes  également  chimériques,  par  Wolf, 
ae  Rossi,  etc.  En  abrégé  notre  auteur  est  désigné  par  V'i-i'nD, 
c'est-à-dire  R.  Jacob  Lévi;  ce  qui  fait  confusion  avec  un 
médecin  du  même  nom.  De  Rossi  lui  attribue  une  traduction 
d'un  traité  sur  les  poisons.  Pour  les  confusions  de  notre  Jacob 


DU  XW  SIECLE. 


727 


avec  d'autres  rabbins,  nous  renvoyons  au  catalogue  de 
M.  Steinschneider. 

L'année  de  sa  naissance  n'est  pas  connue;  M.  Grœtz  dit 
qu'il  naquit  vers  1 365,  sans  donner  de  raisons  à  l'appui  de 
son  opinion;  il  mourut  à  Worms  le  3 a  du  mois  d'éloul 
(i6  septembre)  1427.  Il  était  originaire  de  Mayence,  si  on 
prend  pour  son  père  Moïse  fds  de  Yequtiel  hal-Lévi  Molin, 
qui  fut  un  des  signataires  des  institutions  de  Spire- Worms- 
Mayenceen  i386. 

Le  principal  ouvrage  de  Jacob  Molin  est  désigné  par  le 
mot  D'jnjD  ou  me?^^.  C'est  un  traité  sur  les  observances  ri- 
tuelles, très  estimé  en  Allemagne,  en  Pologne,  en  Hongrie 
et  même  dans  le  nord  de  l'Italie.  Il  a  été  imprimé  plusieurs 
fois  (la  première  édition  est  de  l'année  i556),  et  les  manu- 
scrits n'en  sont  pas  rares  dans  les  différentes  bibliothèques. 
Ainsi  il  s'en  trouve  deux  à  Paris,  n"  45o  et  45i.  L'ordre 
dans  les  manuscrits  n'est  pas  le  même  que  dans  le  texte 
imprimé,  et  les  manuscrits  mêmes  diffèrent  entre  eux.  On 
raconte  que  les  prières  que  notre  rabbin  avait  recommandé 
aux  communautés  d'Allemagne  de  réciter,  en  i42i,  pour 
la  victoire  des  Hussites,  furent  exaucées,  ot  qu'aucun 
malheur  n'arriva  aux  juifs  pendant  celte  période.  On 
prétendit  même  que  les  fugitifs  de  l'armée  impériale 
furent  obligés  de  mendier  du  pain  pour  ne  pas  mourir  de 
faim. 

Jacob  Molin  est  également  l'auteur  de  réponses  de  casuis- 
tique, qui  furent  aussi  imprimées  pour  la  première  lois  en 
i556.  Dans  les  manuscrits  on  trouve  un  autre  ordre  que 
dans  l'édition. 

Wolf,  et,  d'après  lui.  De  Rossi  attribuent  à  notre  rabbin 
un  commentaire  sur  le  livre  de  casuistique  intitulé  Yoreh 
Déah,  de  Joseph  Caro.  Ce  commentaire  est  en  réalité  de 
Lœw  de  Prague;  l'erreur  provient  de  ce  que  Tabréviation 
y-i'n'D  a  été  confondue  avec  celle  de  Molin ,  V>'n'nD. 

Ajoutons  encore  que  notre  Jacob,  ainsi  que  son  homo- 
nyme Jacob  Weil  et  d'autres,  a  fait  ample  usage  de  l'abrégé 
de  Samuel  Schletstadt. 


XIT*  SifcCLC. 

p.  6o3;  Diiion.  sto- 
rico,  p.  i33. 

Voir  ci  -  dessus , 
p.  656,  n*  7. 


Gescb.  <ler  Ju- 
aen.  VIII.p.  1^6. 

Calai.  aOirorcl. 
n*  810,  col.  160. 


Gnelz.  Gescb. 
der  Judeii.  VIII, 
p.  1*7. 


Bibl.  faebr.,    I 
p.  6o4. 

Diziovtrio , 
p.  i33. 


HT    SIEr.l.t. 


728 


F.KS  KCRIVMNS  JUIFS  FR  VNÇ AIS 


KCRIVAINS  ET  TRVDLCTKIRS  DK  DATE  INCERTAINE. 

Le  manuscrit  (le  Paris  n"  1^07,  qui  renferme  une  partie 
du  canon  d'Avicenne  en  langue  arabe  et  en  caractères  hé- 
breux, contient,  enfr«^  les  chapitres  vi  et  vu  (fol.  i55  v"  et 
suiv.),  une  traduction  hébraïque  d'un  petit  traité  latin,  due  à 
une  main  pins  n'-cente  et  intitulée  :  ttipin  nn  mnono  "jnj  110 
nx-'cicw  ne:'?  d:ic'73,  «  (îrand  mystère  sur  la  cinquième  es- 
»  sencc,  appelée  dans  leur  langue  (en  latin)  (iiiinta  essentia  », 
composé  j)ar  un  grand  savant  du  nom  de  pon,  Haimond. 
On  dit  dans  le  catalogue  que  c'est  probablement  de  Raimond 
Lulle  qu'il  s'agit.  En  eftct,  le  traité  a  été  imprimé  plusieurs 
fois  sous  le  litre  de  Llher  de  secretis  naturœ  seu  de  qiuiita 
essentia,  et  attribué  à  Raimond  Lulle.  Cette  attribution  est 
iiisi.  iiit.  dp  la  sûrement  fausse.  Dans  la  traduction  hébraïque,  on  parle  des 
Franco,  i.  XXIX.  propositions  qu'on  trouve  dans  ce  traité,  et  dont  la  première 
commence  ainsi  qu'il  suit:  nsn  ]ncn  'jdd  ikit  D'K'?inn  'kh  noipn 


Fabricius.  Bihl. 
mcil.  et   inf.   lai. , 

V,  p.  .■î.s. 


Cal.,  p.   177  I). 


Recueil  scolastique  intitulé  :  nnDKD  «lao  •?»  riaim  rùxe? 
•'■rv^vi  D-inh  nj^Vci,  «Questions  et  réponses  sur  l'isagoge,  les 
«  Catégories  et  le  traité  de  l'Interprétation,  par  Marsilio». 
Ce  sont  les  Snppositiones  maqistri  Marsilii  Parisiensis  (Marsile 
d'Inghen),  traduites  en  hébreu  par  Abraham  fds  d'Isaac, 
fils  de  Juda,  fds  de  Samuel  Schalom.  Cette  traduction  se 
trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris,  n°  991;  elle  contient 
trente-quatre  Suppositions  sur  le  premier  traité,  trente  et 
une  sur  le  second  et  treize  sur  le  troisième. 


Cal.    de   Paris, 
p.  }0^  a. 


Haphaël,  fds  de  David  Cohen  de  Lunel,  aurait  composé, 
d'après  le  catalogue  de  Paris,  pour  un  de  ses  élèves  un 
commentaire  sur  les  Aphorismes  d'Hippocrate,  qui  se  trouve 
dans  le  manuscrit  1  11 3.  Ce  commentaire  est  basé  sur  la 
traduction  fies  Aphorismes  de  Nathan  ham-Maathi  (de 
Cento).  Les  premières  feuilles  du  manuscrit  sont  dans  un 
mauvais  état;  ce  qui  empêche  de  reconnaître  l'auteur  du 


DU  XIV  SIKCLK.  729 


\l\'  SIEn.E. 


cominrnlairc.  M.  Stfinschneidcr  avail  identifié  ce  Raphaël 
avec  un  (Irs  trois  haylons  d'Avignon  en  i/Joo,  qui  s'appe- 
lait lliiphacl  (lalicn.  M.  Steinsclineider  proposait  aussi  de       Baraimi.  <u,m 
l'idonlilier    avec   le   médecin   Raphaël   Cohen   de    Lunel,   jX^/T 


|).   aq  ; 


hahilant  à  Manlredonia  (rovaunie  de  Naples),  pour  lequel      Broii,  Jaini.n 

1  •.     1       M       •  or.  •'  /  r  '    l-i  '        cher,  IX.  p.  «1 

le  niaïuiscnl  de  Pans  12H0  lut  copie  en  147-2.  l'.n  réalité, 
l'auteui-   du    commentaire    sur   les   Aphorismes    est  Juda 
(  A.strnc^  lils  de  Samuel  Schalom,  vers  1  6/40,  tandis  que  Ra-      iw.i 
phaël  est  lélève  pour  lecpiel  ce  commentaire  lut  rédigé.  On 
lit  dans  le  manuscrit  ce  (pii  suit  :  Kt'rr\  arjnn  T'oVrn  pcfraS  nvsK 

On   liduve,  durant  tout   le  xiv*^  siècle,  des  Kimchi  ou 
Qainhi,  descendants  de  la  célèhre  lamille  dv  ce  nom.  Nous      nisi.  lin  di  i. 
avons  menlionné,  dans  un  autre  volume.  Isaac  filsdeMar-   France,  t. xwii. 

.p.  ()So. 

docliée  Oainhi,  surnommé  Mestre  Petit  de  .\yons  (ccin-'j,  nespon?.  <i< 
non  pas  de  Nîmes,  comme  nous  l'avions  écrit),  qui  est  Tau-  "zuni''  utierai 
teur  d'une  réponse  de  casuisticpie.  Il  est  aussi  l'auteur  d'une    syn.Poesie,  p.çjS 

,...,'  .        '  1         I-  ■         J        r  Re\.  (les  Etudia 

lituri^ie  et  (1  un  commentaire  sur  une  des  liturgies  du  ta-  juives,  xii.  p.  ss 
meu\  lhn-(îahirol.  11  correspondit  avec  Salomon  ben-Adret   ''  ^o„a,,„|„if, 
et  vivait  encore  en   i343   (M.  Zunz  a  i34i;  M.  Gross  dit    i««6,p.  175. 

3,  .,  ,  I  I  •  \  Ms.     «l'Oxford, 

aj  est  une  erreur,  sans  en  donner  la  raison).  —    n'isc,  1. 

Sanuud  fils  de  Moïse  Qamhi  est  l'auteur  d'un  commentaire    -'^"^"      ^V*^' 

I  /^i         •  1         I  '  o  I  r  Orient,         iS'19, 

surlesm'D  ^piD,  «  Chapitres  du  chant  «,  compose  en  i3a3.  —   p-  '3j. 
Joseph  fds  de  Saûl  Qamhi  a  fait  un  commentaire  sur  les        on  <i<e!i-u>, 
tables  de  Bonet.  —  Isaac  ben-Joseph  ben-Salomon   ben-      ^.'■°''*'  Monai? 
Mardochée  ben-lsaac  ben-David  Qamhi  copia  à  Arles  deux 
ouvrages  de  Schem-Tob  Falaqéra,  et  les  acheva  le  16  kis- 
lew  5i54  =  3  2  novembre  1893. 

AscHER ,  lils  de  David  de  Narbonne  (?) ,  est  considéré  comme 
l'auteur  du  livre  cabalistique  intitulé  mn"n  d,  «Livre  de 
»  l'unité  ».  On  trouve  ce  traité  dans  plusieurs  bibliothèques. 
T^e  manuscrit  de  Paris  799,  8,  a  une  dédicace  signée  par 
Joseph  fils  de  David  de  Narbonne.  Dans  le  manuscrit  de 
Paris  867,  3,  le  titre  est  :  nin^n  iicidd.  Dans  plusieurs  ma- 
nuscrits, notre  traité  est  anonyme.  On  ne  saurait  fixer  une 
Toytr.  \\\i.  «n 


IHriilItlu    Hltlu^itr. 


%IV    SIECLE. 


/un/.,    I.itlnral. 
SMi.    l'opsie,    'ii)8. 


Ziiiiz,  Lilt,  »)n. 
l'ocsic,  p.  5oo. 


730  r.ES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

date  à  une  composition  dont  l'attribution  à  un  auteur  n'est 
pas  certaine.  Nous  renvoyons  ceux  qui  voudraient  se  ren- 
seigner sur  ce  traité  cabalistique  aux  articles  de  M.  Stoin- 
schneider,  dans  son  licbrmsche  Biblioçjraphie  ou  iTtcn, 
année  IX,  p.  2  i,  et  XII,  p.  1 13. 

RuBEN  fils  d'Isaar,  qui  florissait  vers  i3o()  et  probable- 
ment en  Provence,  est  l'auteur  de  cinquante  pièces  litur- 
giques, intitulées  nrnn,  dont  quarante-six  sont  imprimées 
dans  le  livre  de  prières  T'onn  me  (Avignon,  i  767),  tome  I, 
fol.  70-90.  Ruben  semble  y  fairt'  allusion  à  l'expulsion 
de  i3o6. 

Un  autre  lifurgiste  de  cette  époque  est  Abbaiiam  de 
Carpentras,  peut-être  identique  à  Abraham,  fils  d'Isaac  de 
Carpentras  ou  don  Abraham  de  Montpellier;  on  connaît  de 
lui  une  introduction  à  la  liturgie  intitulée  A:haroth. 

Pour  compléter  la  littérature  liturgique,  nous  renvoyons 
aux  articles  consacrés  par  M.  Zunz  à  Coniprat  Férussol, 
Kslori  Frirhi,  Isaac  Qimhi  de  Nyons  et  Ménahem  ibn- 
Zérah. 


Assrinaiii ,  370. 


On  cite,  dans  l'ouvrage  de  médecine  intitulé  :  ie?vn  idd 
(Oxford,  n"'  ^134  et  21 35,  1;  Vienne,  CLXl),  un  Nathan 
de  Montpellier.  D'un  autre  côté,  dans  le  manuscrit  de  Paris 
1 1  32,  4,  il  y  a  deux  fragments  d'un  traité  de  chirurgie,  en 
Cal.  (le  Paris,  6i  chapitrcs,  d'un  élève  de  Nathan  de  Montpellier,  et  on 
se  demande,  dans  le  catalogue,  si  ce  Nathan  n'est  pas  iden- 
tique à  Nathan  Falaqéra,  l'auteur  de  l'ouvrage  intitulé  : 
tliani-is,  «Baume  du  corps»,  qu'on  trouve  dans  plusieurs 
manuscrits.  On  ne  donne  cependant  pas  Nathan  Falaqéra 
comme  venant  de  Montpellier.  Sur  l'identité  de  ces  deux 
Nathan,  qui  reste  pour  le  moment  douteuse,  on  peut 
consulter  M.  Steinschider,  dans  XArchxv  fiir  pathniofjischr 
Anatomie  and  Physiologie  und  fiir  klinische  Medicm,  t.  XL, 
p.  33o,  et  son  ouvrage  sur  les  traductions  hébraïques, 
p.  842. 


"i. 


DU  XIV  SIECLE.  731 

XIV   siEcm. 


Le  manuscrit  de  Parme  De  Rossi,  33o,  contient  une 
prétendue  pièce  de  Raimond  Lulle  sur  la  composition  des 
remèdes  (d-'Cdh  ra^nna  ...icnd)  et  sur  ia  méthode  pour  ré- 
duire cette  science  à  des  règles  générales.  C'est  probable-       sipiiisriimidcr, 
ment  un  extrait  d'un  des  grands  ouvrages  apocryphes  de    '  <='»^"'''»  •  i'^^  ' 
Raimond  Lulle. 

.Abraham  lils  de  Schem-Tob  est  l'auteur  d'un  petit  manuel 
de  thérapeutique,  qu'on  trouve  dans  le  manuscrit  de  Pa- 
ris 1 1 82,  I ,  avec  le  nom  de  l'auteur,  et  sous  le  litre  suivant  : 
msp  1-113  ^N^D^^  1130 ,  «Petit  Manuel  de  thérapeutique  >•,  tandis 
que  le  n"  1  181  n'a  ni  titre  ni  nom  d'auteur.  Le  traité  com- 
mence par  les  mots  suivants  :  Tna  -'«••n  -^  n:n  D'''7in  kdii  oera 
nVnn  ipiK  ;^3-' DK  ncK  mxp,  «Au  nom  de  celui  qui  guérit  les 
«  malades,  je  te  donne  un  petit  traité;  si  le  malade  arrive  à  le 
«comprendre,  il  pourra  guérir.  »  Le  traité  finit  par  le  cha- 
pitre XXVI  du  livre  Vil  duBreiiariiiin  de  Jean  lils  de  Sérapion, 
par  un  extrait  de  Gentilis  et  par  un  certain  nondjre  de  re-      cauH.  dr  Pans. 
celles.  Nous  croyons  notre  Abraham  identique  à  Abrahan»    i''^'' 
de  Tortose,   traducteur   du   27*  livre  du  traité  intitulé  :       voh  ci d.ssous , 
«  Serviteur  des  médecins  »,  de  Zahravi  ;  il  est  possible  aussi    v-i^" 
qu'Abraham  soit  le  lils  de  Schem-Tob  de  Tortose  ((jui  fit       «lisi.  liu.  de  h 
ses  traductions  de  ia58  u  i'i64),  et  qu'il  n'ait  lait  que  la    ,,.^9'^. 
revision  des  traductions  de  son  père.  En  ce  cas,  Abraham       Hud. 
a])partiendrait  à  la  lin  du  xiii"  ou  au  commenceujent  du 
XI v"  siècle   C'est  lui  qui  a  collaboré,  à  Marseille,  à  la  tra- 
duction latine  du  Traité  des  plantes  attribué  à  Galien.  Nous 
savons,  en  effet,  que  Schem-Tob  de  Tortose  travaillait  égale- 
ment à  Marseille.  La  question  de  l'identité  de  notre  Abraham       i^id. 
sera  le  sujet  d'une  note  à  la  fin  de  l'ouvrage  de  M.  Stein- 
schneider  sur  les  traductions  hébraïques.  On  peut  consulter, 
en  attendant,  la  page  "4'  de  cet  ouvrage  fondamental. 

Le  manuscrit  d'Oxford  n"  j  1  3o  renferme  deux  fragments  Caïai.,  roi. 73H. 
médicaux  de  Pinéhas  de  JSarbonne,  dont  la  date  e.st  in- 
connue :  1°  un  chapitre  sur  le  traitement  des  maladies  en  l'oi.  irjO'. 
général  ;  2°  un  morceau  sur  les  couleurs  de  l'urine.  Le  dernier  loi.  .9^'. 

91. 


732  I.KS  KCRIVMNS  .uns  FUWCMS 

\i\Mkiip.. 

-     ',     1    .0     se  troiivr  aussi  dans  le  manuscrit  (le  la  nuMiu'  l)il)li()tli(î(nic 

<  jlal..  roi.  7  >H.  11.  I        , 

n"  2  1 38,  où  le  nom  de  I  auteur  est  enh'v»''  par  une  coupure 
du  relieur. 

Yeqi  TiiiEi-,  (ilsdeSaionion  (surnommé  Maestro  lionsenior 
Salomondans  le  manuscrit  de  Saint-lVlershonr}^)  fie  \ar- 
honne,  traduisit  du  latin  le  l.iliinn  meduinœ  de  liernard  de 
(îordon,  ouvrage  achevé  à  Montpellier  le  5  lévrier  i3o4.  l-a 
traduction  hébraïque  fut  terminée  le  i4  du  mois  (liyyar 
5i  47  (2  mai  1  387).  Le  titre  hébreu  est  nxiD-'n  ]Vtv.  Pour  les 
manuscrits  qui  contiennent  celle  traduction,  nous  renvoyons 
à  l'ouvrage  de  M.  SteinscluKMfler  sur   les  traductions  hé- 
braïques, p.  785.  Nous  ne  mentionnerons  (pie  les  manuscrits 
(atai.  p.  i.N.    de  Paris  n°'  ii85,  1,  et   ii8(),  1,  d'Oxlord  n"  21  <;'),  1,  et 
Catai .  roi.  -2fi.    de Saiiit-I^étershouig  n"  2  4  de  la  seconde  collection  Fii  kovitz. 
ZeiUfhrin     Je    ()„  jjj  ^  |j  jj,j  ^\^^  dernier  :  n:rnKn  npnynn  kmi  ]V^v^\  -iec  dVw'j 

(ifiger,  m.  Il*  '6.  r"     ■        i  I     |- 

p.  i',5.  ninnKH  dvbd  nD'70  nr:©3i3  '•Nr:  npTvn  nvH  n-rojni,  «  r  ini  est  le  livre 

«  de  Lis;  c'est  la  dernière  et  la  meilleure  traduction,  laite  par 
«  Maestro  BonseniorSalomon  pour  la  dernière  lois.  »  Léon  de 
Carcassonne,d'un  autre  côté,  l'appelle  une  traduction  faible, 
n'ayant  pas  été  faite  sur  le  latin,  mais  bien  sur  la  langue  du 
pays.  Dans  les  manuscrits  de  Paris  et  d'Oxford,  on  dil  ce- 
pendant que  Yeqnthiel  traduisit  sur  le  lalin.  Les  manuscrits 
ne  mentionnent  que  le  traité  de  Gordon  Df  phlebotomia 
comme  ayant  été  traduit  de  la  langue  du  pays.  Ajoutons  cpie 
le  manuscrit  de  Paris  11°  1  186,  1,  fut  copié  par  le  scribe 
Halafta,  fils  du  scribe  Abraham,  «  du  pays  fie  Provence,  dans 
M  son  pays  natal,  la  ville  de  Marseille  »,puis  achevé  le  <8  sivan 
5196  (12  juillet  i436)  à  Mondovi  (Italie). 
(•I.I..J.  ms  Dans  le  catalogue  de  Paris,  on  dit  que  les  trois  autres 

traités  de  Gordon,  savoir  le  Traitement  des  maladies  aig.iës, 
la  Table  de  l'artifice  et  le  Traité  des  pronostics,  forment  un 
appendice  au  Lis  de  la  mérlecine,  et  ont  été  traduits  pro- 
bablement en  même  temps  que  l'ouvrage  principal  C'est  là 
une  supposition  gratuite,  car  aucun  manuscrit  ne  nomme 
ïequthiel  comme  traducteur  des  trois  derniers  traités,  quoi- 

u,k!î^.'';t»«-   1"'^"  '*^  ^""""^^  souvent  à   la  suite  du  Lilium.  M.  Siein- 


DU  XIV  SIÈCI.K 


733 


Schneider  fait  observer  que  l'un  ou  l'autre  de  ces  trois  traités 
lut  composé  sans  doute  avant  le  Lilium.  M.  Garnjoly  dit  que 
Juda,  le  frère  de  Yequthiel,  était  professeur;  il  a  pris  le 
copiste  du  manuscrit  de  Paris  n"  i  i  85,  i ,  Juda  (ils  de  Salo- 
mon,  pour  le  frère  du  traducteur,  ce  qui  n'est  pas  dit  dans 
Ye.iplicit. 

Salamias,  fds  de  David  deLuncl,  est  l'auteur  d'un  Traité 
sur  les  fièvres  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford 
n"  a  i33,  4.  Nous  l'avons  mentionné,  dans  un  volume  {)récé- 
denl,  comme  Selaniias,  doyen  de  Lunel  (ayant  rendu  piNT 
par  doyen),  et  nous  avons  proposé  de  l'identifier  avec  Salo- 
mon  lils  d'Isaac  de  Lunel,  médecin  d'Avignon,  contempo- 
rain de  Profatius  Jtulœus.  On  a  démontré  depuis  que  ]''\nt, 
'im  et  'n  représentent  le  nom  de  David.  L'identification  avec 


\IV'  SIECI.K. 


Ilisl.  ili-  iiinl. 
10-. 


Cat. 


Ilist.  lilt.  <lc   lu 
Kiaiico.  t.  XWII 
|i.  Gi  i. 


Il)iil. ,  p     '1)1). 

Kcv.  «lis  l'.liulr- 
jllivt'!!,  IV,  |i.  7i  ; 
VIII,  p.  J93;\V, 

Salomon  fils  d'Isaac  devient  de  la  sorte  impossible.  Un  Sa-    i"  '^^'  *"" 
lomon  hen-David  est  signalé  à  Montpellier:  mais  il  n'était       "'«'  '''^  •'«•  '" 

,,       .  ,  ,.,°  1  1        f    1      '  •  '       .  1  .       Franc,  t.  XWII. 

pas  médecin,  a  ce  qu  li  semble,  oaiamias  n  est  pas  du  xiii*,    p.  G93. 
mais  bien  du  xiv*  siècle,  puisqu'il  cite  dans  son  traité  Ar- 
nauld  de  Villeneuve,  Bernard  de  Gordon  et  Gilbert.  Ajou- 
tons que  son  traité  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford,       Voii  .ides.nv 
entre  les  traités  d'Isaac  de  Lattes  et  d'Abraham  Abigdor.    i'  '''J"  /-" 


Un  commentaire  anonyme  sur  les  Intentions  des  philo- 
sophes, de  Gazzali,  probablement  par  un  juif  de  Pro- 
vence, se  trouve  à  la  marge  du  manuscrit  hébreu  de  Berlin, 
fol.  io56  et  suiv.  La  plus  grande  partie  de  cet  ouvrage  est 
en  questions  et  en  réponses.  La  date  de  la  composition, 
dit  M.  Steinschneider,  ne  peut  être  fixée,  l'auteur  ne  men- 
tionnant aucun  de  ses  prédécesseurs;  M.  Steinschneider  se 
contente  donc  de  la  placer  entre  1 35o  et  r  48o;  ce  qui  laisse 
une  bien  grande  latitude.  Mais,  comme  ce  commentaire  se 
trouve  à  la  marge  du  texte  de  Juda  Nathan,  il  est  probable 

3u'il  a  été  composé  après  i34o.  Que  ce  commentaire  soit 
'un  Provençal,  c'est  ce  qui  résulte  de  ce  que  le  commen- 
tateur remplace  les  mots  du  texte  de  Gazzali  :  «  Quand  on 
•  veut  aller  de  Meschekh  à  Massa»  (»<e?D  Vn  ic;d  y-ixo),  etc., 

«  9 


Cal.,  p.  S8. 


Il>i<l. 


Voir  ci-dessus , 
p.  57G. 

Cat.  de  Berlin , 
p.  88. 


MX      SIKr.l.F. 


73'l  LES  i;CRI\AL\iJ  JUIFS  FRANÇAIS 

par  :  «  Si  nous  voulons  aller  de  Marseille  à  Orange  (nK"'7c-.Dc 
«  »<3:''-iiiN  h») ,  Salon  {]^i^v)  se  trouvera  dans  l'observation  (ni^na) 
«avant  Avignon,  et,  si  on  fait  le  chemin  inverse,  Avignon 
«  sera  avant  Salon.  »  Dans  le  commentaire  de  Moïse  de  Nar- 
honnc  on  lit,  à  cet  endroit  :  «Montpellier  se  trouve  avant 
"  Béziers,  en  commençant  |)ar  Lunel,  et,  en  commençant 
«  par  Narbonne,  Beziers  se  trouve  avant  Montpellier.  « 

On  voit  quelle  masse  énorme  décrits,  composés  en  un 
idiome  sémiti(|ue',  sest  produite  sur  le  sol  de  la  France,  à 
l'insu,  on  peut  le  dire,  de  la  nation,  et  sans  presque  aucune 
action  du  uïilieu  ambiant.  Bien  dilFérent  en  cela  du  christia- 
nisme, le  judaïsme  ne  crut  jamais  (ju'il  lût  possible  de  traiter 
des  choses  juives  dans  une  autre  langue  que  l'hébreu,  le 
rlialdéen  ou  l'arabe.  Dans  un  pays  comuje  la  Provence,  où 
l'arabe  était  inconnu,  l'hcbreu  dit  rabbinique  devint  exclu- 
sivemtMil  la  langue  littéraire  des  juifs;  ce  fut  là  certaine- 
ment un  malheur  historicpie.  La  séparation  par  la  langue 
littéraire  et  surtout  par  l'alphabet  acheva  la  .séquestration 
déjà  o])érée  par  la  religion.  Mais  la  prodigieuse  activité 
d'esprit  du  peuple  juif  ne  fut  pas  arrêt»  e  par  ces  bottes  de 
plomb.  Jusqu'à  la  lin  du  \iv'  siècle,  des  ouvrages  en  hébreu 
rabbinique  continuèrent  de  s'écrire  en  France  sur  les  sujets 
les  plus  divers. 

(lelte  production  d'écrits  hébreux  se  continue  en  .safl'ai- 
blissant  dans  la  première  moitié  du  xv*^  siècle;  puis  elle  dis- 
paraît à  peu  près.  A  partir  de  la  lienaissance,  les  israélites 
des  dilîerenls  pays  préfèrent  enlin,  pour  exprimer  leurs 
pensées,  la  langue  du  pays  où  ils  demeurent  à  ce  jargon 
bi/.arre  cpiiis  s'étaient  fait  depuis  trois  ou  quatre  siècles, 
et  (pii  n'avait  jamais  pu  arriver  à  une  fornie  vraiment  clas- 
sique. À  beaucoup  d'égards,  la  littérature  rabbinique  de 
France  est  un  produit  exotique,  né  par  une  sorte  de  trans- 
plantation sur  le  sol  français.  Nous  avons  vu  cependant  que 
la  grande  école  des  tosaphistes  de  Troyes,  même  l'école 

'   Nous  ne  connaisson»  pas  d'onvr.ige  arabe  composé  en  France  par  des  nicnilircs 
lies  colonies  arabes  qui  y  ont  vécu,  soit  comme  dominantes,  soit  comme  assujetties. 


DU  XIV'  SIÈCLE.  735 

judéo-provençale,  ont  avec  la  France  des  liens  réels,  et  que 
ce  n'est  pas  un  simple  caprice  d'érudits  qui  porta  nos  devan- 
ciers à  conH)rendre  les  écrits  rahbiniques  dans  l'Histoire 
littéraire  de  la  France.  Quelques-uns  des  j)lus  vieux  textes  en 
prose  de  la  langue  française  nous  sont  parvenus  en  carac- 
lères  hébreux.  Cela  se  verra  bien  quand  les  beaux  travaux 
de  M.  Arsène  Darniesteler  sur  les  gloses  hébréo-francaises 
seront  |)ubliés,  et,  en  ce  volume  même,  on  a  pu  voir  que  le 
j)rovençal  s'est  assez  souvent  écrit  avec  l'alphabet  hébreu. 

Les  relations  intellectuelles  et  morales  des  israélites  avec 
le  reste  de  la  nation  diminuaient  plulôt  qu'elles  n'augmen- 
taient. Le  milieu  du  xiii' siècle  marqua  à  cet  égard  une  date 
assez  lâcheuse.  Vers  cette  épo([ue,  le  développement  de  la 
théologie  scolastique  entraîna  de  grandes  controverses  reli- 
gieuses. Ces  disputes  eurent  de  très  mauvais  «'IFets;  on  cher- 
cha à  se  convertir,  et  souvent  par  des  nmvens  peu  loyaux. 
Les  manuscrits  hébreux  lurent  brûlés  par  charretées.  Les 
juifs  baptisés  furent  un  fléau  pour  leurs  anciens  coreli- 
gionnaires, sans  faire  beaucoupd  honneurà  leurs  coreligion- 
naires d'adoption.  La  haine  théologique,  exploitée  pai*  l'avi- 
dité fiscale  et  la  raison  d'Ftal,  amena  la  ruine  de  ces  juiveries 
françaises  autrefois  si  florissantes  et  si  utiles  à  l'ensemble 
de  la  nation.  Un  mur  de  séparation  s'éleva  entre  chrétiens 
et  israélites,  tandis  que,  dans  les  temps  plus  anciens,  la  vie 
avait  été  en  j)artie  commune  aux  deux  peuples. 

On  ne  touchera  pas  ici  une  question  fort  obscure,  celle  de 
l'origine  du  judaïsme  en  France.  Des  historiens  ont  pensé 
que  la  din"érence  de  ce  qu'on  appelle  les  deux  races  fut  en 
réalité  une  diflerence  religieuse  bien  plus  qu'une  diffé- 
rence ethnographique.  Les  conversions  au  judaïsme  furent 
très  nombreuses  au  i"  et  au  ii*  siècle  de  notre  ère;  elles 
furent  parallèles  aux  progrès  cl u  christianisme,  et  plusieurs 
de  ceux  qui  choisissaient  de  mener  la  vie  juive,  jiidaicom 
l'itam  nqere,  ne  se  posaient  pas  bien  clairement  la  question  : 
étaient-ils  juifs  ou  chrétiens  ?  Beaucoup  d'israélites  de 
l'Occident,  s'ils  pouvaient  voir  se  dresser  devant  eux  par 
miracle  leur  arbre  généalogique,  n'y  trouveraient  probabie- 


M\'  SlKi  If. 


\{\     SIKC.I.K. 


736  LES  KCRIXAINS  JUIFS  FR\NÇ\I.S 

meni  aucune  allacheavec  la  Palestine  cl  les  pays  sémitiques. 
Jusqu'au  xiiT  siècle,  les  conversions  au  judaïsme  ne? 
lunuil  pas  aussi  rares  qu'on  pouirait  le  croire.  Jx's  bulles 
des  papes,  les  actes  des  conciles  sont  rem])lis  d'indications 
à  ce  sujet.  L'autorité  religieuse  pnmail  des  précautions 
])our  que  la  synagogue  ne  s'enricliit  |)as  de  transfuges 
échappés  à  l'Eglise.  La  domesticité  des  chrétiens  chez  les 
juifs  amenait  ce  résultat;  car  les  juils  ne  souffraient  d'être 
seivis  que  par  des  circoncis.  Aussi  les  interdictions  ecclé- 
siastiques à  cet  égard  sont-elles  très  nond)n,'uses. 

Nous  avons  vu  qu'avant  les  persécutions  du  xiii"  siècle 
les  occu|)ations  des  israéliles  français  étaient  les  n)êmes  que 
celles  des  autres  habitants  du  pays.  Les  Israélites  cultivaient 
la  terre,  étaient  agriculteurs,  vignerons.  Tout  est  changé 
au  xrv*^  siècle.  L'israélile  ne  possède  plus  que  l'argent,  et 
les  lois  canoniques,  qui  créaient,  au  moins  hors  de  l'Italie, 
des  embarras  énormes  aux  chrétiens  qui  auraient  voulu 
laire  la  moindre  opération  financière,  assuraient  le  mono- 
pole financier  des  israéhtes.  On  les  força  en.  quelque  sorte 
d'être  riches.  La  papauté  d'Avignon  contribua  beaucoup  à 
ce  résultat  par  le  besoin  qu'elle  avait  d'ét(*ndre  sur  toute  la 
surface  du  monde  chrétien  un  réseau  d'échange  monétaire 
et  de  circulation  fiduciaire. 

Dans  l'ordre  scientifique,  les  communications  entre  les 
pojndations  juive  et  chrétienne  étaient  fréquentes.  Le  chré- 
tien riche  qui  voulait  se  guérir  ne  se  faisait  aucun  scrupule 
d'aj)peler  un  médecin  juif.  Le  fait  est  que,  par  ses  relations 
avec  la  science  arabe,  l'école  juive  provençale  avait  toutes 
sortes  d'avantages.  Elle  eut  une  part  de  premier  ordre  dans 
la  fondation  de  l'école  de  médecine  de  Montpellier.  H  y  eut  là 
vraiment  un  travail  commun  entre  juifs  et  chrétiens,  pour 
le  bien  de  la  civilisation.  En  astronomie,  la  supériorité  des 
juifs  fut  encore  bien  plus  caractérisée.  Léon  de  Bagnols, 
Immanuel  de  Tarascon  furent  certainement  les  hommes  «le 
leur  temps  qui  connurent  le  mieux  le  système  du  monde. 
Nous  avons  vu  la  papauté  d'Avignon  se  faire  tributaire  de 
cette  science,  malgré  l'impureté  de  ses  origines,  et  provo- 


DU  XIV  SIECLE.  737 


XIV   siF.r.Li!.. 


(tuer  la  traduction  d'écrits  d'astronomie  hébraïque.  Ce  qui 
est  plus  important,  les  savants  du  xvi'  et  du  xvii' siècle  re- 
chercheront avidement  ces  livres  à  moitié  perdus  et  témoi- 
gneront du  prix  qu'ils  y  attachent. 

En  littérature,  les  efforts  d'une  population  malheureuse, 
séquestrée  et  condnmnée  à  se  servir  d'un  idiome  barbare,  ne 
pouvaient  naturellement  amener  des  chefs-d'œuvre.  L'école 
juive  de  Provence,  pourtant  si  intelligente,  ne  produisit,  en 
fait  de  compositions  libres,  que  des  essais  bien  fades,  tels 
(lue  le  liekinat  olam.  Le  mauvais  goût  oriental  gâte  pour 
nous  ces  ])roductions,  parfois  assez  originales,  mais  dé- 
pourvues de  génie.  Sous  le  rapport  littéraire,  les  lettrés 
juifs  ne  se  détaclièrent  pas  des  types  arabes;  ils  imitèrent 
rarement  les  modèles  chrétiens;  à  vrai  dire,  aucun*'  maî- 
trise occidentale,  avant  la  Renaissance,  ne  fut  assez  triom- 
phante pour  que  cette  persévérance  des  juifs  en  des  genres 
surannés  soit  étrange  ou  blâmable.  La  littérature  veut  l'air 
libre,  le  contact  immédiat  avec  le  peuple.  Des  e.s.sais  éclos 
dans  des  maisons  fermées  aux  bruits  du  dehors,  des  jeux 
d'esprit  uniquement  /lestinés  à  occuper  les  loisirs  d'une 
vie  de  réclusion,  auront  toujours  nécessairement  rpielque 
chose  de  ce  caractère  grêle  et  pale  qu'offrent  les  plantes 
développées  dans  les  milieux  obscurs.  A  part  quelques  essais 
populaires,  le  brillant  développement  de  la  littérature  pro-  Revue  .les  Études 
vençale  eut  peu  d'influence  sur  Israël.  Ce  n'est  pas  (|ue,  ^"'îg'j^^tc''*''^' 
dans  ces  tranquilles  intérieurs,  la  gaieté  manquât.  La  vie 
juive  donne  une  sorte  de  contentement  placide;  les  jeux  de 
mots,  les  calembours,  les  plaisanteries,  lourdes  souvent, 
qui  émaillent  les  écrits  juifs  du  moyen  âge,  prouvent  que 
ces  malheureux,  chassés  de  tous  les  lieux  où  les  hommes 
se  réunissent,  pouvaient  sourire  encore.  Mais  la  situation 
était  trop  contre  nature;  et  il  n'y  avait  pas  d'issue,  car  la 
synagogue  était  aussi  dure  que  l'Église.  Le  juif  excommunié 
encourait  la  haine  de  ses  coreligionnaires,  et  n'avait  d'autre 
ressource  que  de  se  faire  baptiser. 

En   exégèse,  les  docteurs  chrétiens  auraient  eu   fort  à 
apprendre  des  juifs.  Les  préjugés  religieux  du  temps  s'oppo- 

TOME  ILXXl.  ()3 


\IV'  SIBCI.R. 


738  LES  ECRIVAINS  JUIFS  ERANCAIS 


saient  à  une  entente  vraiment  \av^e  et  féconde.  Un  fait  bien 
remarquable,  cependant,  est  la  tentative  de  Nicolas  de  Lire, 
qui  opère  une  révolution  complète  dans  l'exégèse  biblique 
en  introduisant  dans  la  science  cbrélienne  la  méthode  et  un 
grand  nombre  des  résultats  de  llaschi.  Si  le  vieux  dicton  des 
écoles:  j\isi  Lyra  lyrasset,  Lutlienis  non  sallasset,  a  quelque 
chose  de  vrai,  on  voit  quelle  importance  eut  pour  l'histoire 
générale  de  l'esprit  humain  l'induence  exégétique  des  juifs 
au  moyen  âge.  Malheureusement,  quelques  tentatives  de 
l'école  franciscaine,  en  ])articulier  des  disciples  de  Roger 
Bacon,  exceptées,  les  chrétiens  d'alors  n'apprenaient  pas 
l'hébreu.  Ce  n'est  que  vers  la  fin  du  xv*  siècle  que  la  cu- 
riosité s'éveille  en  ce  genre,  et  l'on  sait  avec  quelle  mal- 
veillance les  premiers  promoteurs  des  lettres  hébraïques 
furent  accueillis  par  la  routine  olTicielle,  laquelle  soutenait 

3ue  les  bons  docteurs  s'étaient  fort  bien  passés  de  grec  et 
hébreu  et  que  c'étaient  là  de  dangereuses  innovations. 
Les  hommes  un  ))eu  instruits,  même  parmi  les  plus  atta- 
chés aux  croyances  religieuses  de  leur  temps,  n'étaient  pas 
sans  savoir  quels  trésors  étaient  là  à  côté  d'eux,  et  parfois  ils 
avaient  recours  à  ceux  qui  en  étaient  les  dépositaires  ex- 
oiini,  éd.  Bon-    clusifs.  Quoi  de  plus  curieux  que  cet  arrêt  du  parlement  de 
Bouùric,  AcJs^dù    Paris,  ordonnant,  en   1270,  au  bailli  de  Vermandois  de 
paiicmenideParis,    rendre  à  l'archcvéque  de  Reims  deux  familles  de  juifs  qui 
étaient  établis  à  Reims  depuis  longtemps  et  que  le  bailli 
avait  expulsés,  prétendant  qu'ils  étaient  juifs  du  roi?  Ces 
familles  jouissaient  de  certains  privilèges,  co  (fuod  roluluin 
haie  cuslodire  dicuntur.  Ce  rotulas  haie  est  sans  doute  ce  petit 
rouleau  que  le  prophète  Isaïe   tient  entre  les  niains  dans 
les  peintures  du  temps  el  où  se  lit  le  célèbre  passage  :  l'^cce 
vinjo  concipiet  et  pariel  filium ,  si  cher  à  la  piété  chrétienne. 
Un  curieux  monument  des  relations  théologiques  qui  par- 
fois existaient  entre  juifs  et  chrétiens  se  remarque  dans  les 
manuscrits  soignés  du  Bréviaire  d'amour  de  Matfre  Ermen- 
gaud,  de  Béziers.  Le  chapitre  de  ce  livre  consacré  à  montrer 
la  perfidie  des  juifs  doit  contenir,  en  latin,  en  provençal, 
en  hébreu,  les  passages  de  la  Bible  que  l'on  croyait  décisifs 


1. 1,  p.  i3o. 


DU  XIV  SIECr.E.  739        ,„.,,,^,^ 

pour  prouver  la  vérité  de  la  religion  chrétienne.  Souvent  le     Aiais.LoBioMari 
texte  hébreu  est  omis;  mais  souvent  aussi  il  est  copié  avec   <i'«nior,  |>.  .',.5; 

,         ,  I  r      ,•  1  •!  I     "J  1  •     T        Bibl.    nat.,    fonds 

la  plus  grande  periection,  par  des  scribes  évidemment  j uns.    français,  n-  9319; 
(]es  copistes  se  prêtaient  sans  trop  de  diflicultés  à  copier  prr   ie,^3'à  VT!ui 
alcimi  danari  des  textes  qui  étaient  censés  renfermer  la  preuve   Arbami.  à  Ai». 
de  leur  aveuglement  volontaire. 

Un  fait  original  est  ce  nom  de  grand  et  de  petit  Thalamus, 
que  l'on  donnait  à  Montpellier  aux  registres  municipaux. 
Les  volumes  du  Talmud  devaient  être  de  grand  format,  et 
c'est  en  voyant  les  juifs  porter  sous  leurs  bras  ces  lourds 
volumes  (jue  l'on  put  avoir  l'idée  d'employer  ce  mot  pour  » 

désigner  un  gros  registre.  , 

La  calligraphie,  accompagnée  parfois  d'enluminure, 
était  presque  le  seul  art  que  pouvaient  cultiver  entre  elles 
fies  personnes  mises  au  han  du  reste  de  la  population.  On  Joumai asiatique , 
possède  quelques  livres  d'agadas  pour  la  Pàque  décorés  de  «'"'^Vèl  ,u'iv.'''' 
miniatures  du  plus  grand  intérêt,  représentant  au  naturel 
les  scènes  de  la  vie  intérieure  des  juifs.  Les  efforts  que  l'on 
a  faits  pour  constituer  des  musées  d'archéologie  juive  n'ont 
abouti  (ju'à  des  résultats  assez  maigres.  Jamais  ce  peuple  ne 
mit  son  originalité  ni  dans  ses  édifices,  ni  dans  ses  usten- 
siles, ni  même  dans  sa  musique.  Les  beaux  morceaux  que 
l'on  chante  dans  les  synagogues  n'ont  pas  l'ancienneté  qu'on 
leur  suppose  souvent. 

Au  point  de  vue  littéraire,  philosophique  et  religieux,  la 
littérature  judéo-provençale  est  inférieure  à  la  littérature 
judéo-arabe  du  xi'  et  du  xii'  siècle  Celle-ci  est  bien  plus 
originale,  et  elle  avait  l'avantage  de  tremper  directement 
par  ses  racines  dans  les  sources  arabes  elles-mêmes.  A  partir 
de  la  seconde  moitié  du  xiii*  siècle,  l'arabe  n'esl  plus  connu 
des  juifs  de  Provence,  à  moins  d'une  étude  spéciale;  mais, 
d'un  autre  côté,  ces  juifs  provençaux,  pour  l'astronomie  et 
la  médecine,  avaient  des  sources  d'excitation  toutes  particu- 
lières. A  mesure  que  la  science  arabe  disparaissait,  la  science 
latine  naissait;  cette  évolution  nouvelle  de  l'esprit  humain 
allait  donner  au  travail  israélite  tout  son  prix.  Les  juifs  de- 
vaient avoir  une  part  considérable  dans  l'œuvre  de  la  llenais- 


XIV'  SIÈCLE. 


740 


I.KS  ÉCRIVAINS  JUIKS  FKANÇAIS 


sance.  Une  des  raisons  pour  lesquelles  la  France  fut  en  re- 
tard dans  celte  grande  transformation,  c'est  que,  vers  i  5oo, 
elle  s'était  à  peu  près  privée  de  l'élément  juil.  Les  juifs 
auxquels  François  I"  dut  avoir  recours  pour  la  fondation  de 
son  Collège,  le  Canosse,  Guidacier,  étaient  des  juifs  italiens. 


APPENDICE. 


Mfsaiiem 
Tir,  PKi\rin>AN. 


Sloin^olineîder, 
Cal. BodI.col. 1719, 
Woir,  Bil.i.  Imbr., 
I  ,  p  .  7G.J. 

Anli  (les  Miss., 
3'  s(ir.,l.  p.  569; 
Hi'viip  rfo<  Ktuflcs 
juives,  V,  p.  î5i. 

Calai.,  I .  p.  9^. 


Hisl.  lin.  lie  la 
Franrc.  I.  XXVII, 
p.  538. 


Ibid.,  p.  694. 


Les  règles  de  l'Histoire  littéraire  seraient  trop  fortement  violées 
si  nous  (loiinions  ici  la  suite  des  rabbins  du  xv"  siècle.  Comme 
cette  suite,  cependant,  n'est  pas  très  considérable,  et  que  nous 
po.ssédons  sur  le  x  v*  siècle .  aussi  bien  que  sur  le  xi\*,  des  rechercbes 
approlondies  de  M.  Neubauer,  nous  croyons  utile  de  donner  ici  bors 
cadre  des  notices  sur  les  dernieis  rabbins  frant-ais  du  moyen  âge. 
La  partie  réservée  aux  écrivains  juifs  dans  nos  annales  littéraires 
pourra  ainsi  être  considérée,  pour  le  moment,  comme  teiininée. 

Menaiiem  fils  (l'Abraham,  surnommi"  Bonafoux  Abraiiain,  de  Per- 
pignan, i3K''''iDnDn ,  est  l'auteur  d'un  traité  alphabétique  sur  les  termes 
scientifiques  qu'on  trouve  dans  la  traduction  hébraïque  du  Guide  des 
égarés,  de  Maimonide.  Ce  traité  est  intitulé  :  •'Dr  '7'?2D,  Perfection  de 
beauté,  ou  Qi-njn  D,  Livre  de  terminologie.  Il  a  été  imprimé  h  Salonique, 
1.S67,  et  h  iierlin,  1798.  La  date  de  la  composition  n'est  pas  connue; 
mais  elle  doit  probablement  être  placée  au  xv'  siècle.  Wolf  dit  que  Buxtorf 
en  possédait  un  manuscrit.  Ce  manuscrit  est  sans  doute  celui  de  la  biblio- 
thèque de  Bàle ,  qui  a  été  copié  sur  l'imprimé  ;  la  preuve  en  est  qu'on  y 
trouve  la  préface  du  correcteur  Isaac,  fds  de  Moïse  ibn-Arroyo.  Malgré 
cela,  M.  Schwab  dit  encore  de  ce  manuscrit  :  «  écriture  du  xv°  siècle  ». 

Notre  auteur  est  très  probablement  identique  à  Bonafoux  Abram, 
copiste  du  manuscrit  de  Vienne  n°  lxxvui.  Les  auteurs  du  catalogue 
disent  inexactement  que,  à  en  juger  d'après  le  nom,  le  copiste  devait 
être  Provençal,  de  la  famille  bien  connue  sous  le  nom  de  Bonfos  ou 
Bonafos  de  Perpignan ,  et  père  du  célèbre  Menahem  Meïri.  Nous  avons 
vu  que  notre  auteur  s'appelle  Bonafoux  et  Menahem;  Salomon  était 
le  nom  du  père  du  célèbre  Menahem.  D'ailleurs  le  manuscrit  de  Vienne 
renferme  l'ouvrage  de  Hasdai  Crescas,  de  Saragosse,  intitulé:  n  tik. 
Lumière  de  Dieu,  composé  en  i/iio,  tandis  que  le  célèbre  Menahem 
est  mort  en  i  3io. 


DL  XIV  SIKCI.E.  741 


\l\     >IKi  I.K. 


I^l'lllllil  . 
1  (IMI;<>VKI'.MMl: 


Iswc,  lils  de  Moïse  Lévi,  surnuininc  Profi't  Dounm,  était  originaire 

«le  la  (lalaiogiic,  prohabloineiit  <lc  Perpignan.  Dans  le  Diwan  de  l\eid)en 

Bonli'd,  il   est  appelé  iT'ij'jiD,    ce  qui   le  ferait  originaire  de  Meigue.il;      i  r  «luMMuiiicN 

la  leçon  ^•^^^^)D,  donnée  déjà  par  M.  Diikes,  et  (lui  se  lit  ciairenient  '  "" 

,         ",  11  1  •-  I  M<     iIOvIiiinI. 

dans  le  ntanuscnt,  est  la  seule  corrcîcte;   toutes  les  autres  nianieres  de     „     s,.  ;;.. 

lire  doixeiit  être  rejetées.  ilist.  lin.  di'  la 

Le   nom   liehreu  de  notre  auteur  paraît  rarement;   on  trouve  plus    li  iii<<.  i  ^^M' 
souvent  son  nom  proven(;al,  écrit  sous  lorine  anregee  T'S'N,  qu  on  ut        Zim/.,     (hmIi. 
jNin  a^crË  ■'JN,  «Moi,  Profel  Douran»;  ou  ;nt!Ï  iD"cnB  ■jDI*,  «Dit    inidtji..  p.  iii.;. 
«  IVofet  Douran  »,  ou  ]i(~'>î  C"ErÊ  i\y ,  «  Kn  l'rofet  Douran  ».  Nous  |)ré-        „'.,:'"'  '•'  '"' 
ferons  la  première   solution;  car  un  auteur  ne  se  donnerait  pas  à  lui-        Cuial.     l'im 
même  le  litre  ;\y.  En,  ou  p".  Don.  I,'al)régé  devenait  un  mot,  et  notre    '  ""  •  1'   ' '"• 
auteur-  lut  parce  procédé  nouuïK'  simplement  l'.pliodi,  Ephodœns;  l'au- 
teur lui-même  emploie  ce  nom  dans  plusic^urs  de  ses  ouvrages.  Il  dit, 
|iar  exemple,  à  la   fin    du    traite    sui-   le   calen<lrier,   <(ue,  depuis  «pif^ 
Dieu  a  versé  sa  colère  (en  i3yi)  sur  les   exilés  do  ,l('ru.saleni  en  Se- 
pliarad  (Kspagne  :  il  joue   sur   le;  vei'.stil    20   «l'Ohadit;),   il   a  fixé    son 
nom   d'Klod.   Son   but   était    prohahlement    de    ne    |)as   être    reconnu 
<on»nie  juil,  (piand  il  fut  obligé  de  se  convertii-  en   ap|)aretice,  ou  de 
pouvoir  faire  le  jeu  de  mots  avec  le  mot  biblicpie  liEK.  H  est  très  dou- 
teux (|ue,  par  ce  nom,  notre  auteur  ait  voulu  faire  allusion  au  passage 
talmudique  où  il  est  dit  que  féphod  employé  dans  le  tciuiple  par  le  grand 
prêtre  faisait  expier  le  péclié  d'idolâtrie  (Talm.  de  lîabyl.,  traité  Zv-       ri.iii..-,|..ii.iii. 
hnhim,  fol.  88). 

Le  nom  de  c^onr  (telle  est  l'orthographe  correcte  et  qu'on  tiouve 
avec  la  variante  de  B'«EnD  et  r^Dnc)  est   écrit   différemment  par  les 
copistes  :  BE'-iD,  lOicnD,  riDiiE,  BiD''iE,  asec  ou  sans  l'addition  de  pK        MSâni;.!,  «Uns 
ou  JN,  En.  La  transcription   ne  varie   pas   moins:   on   écrit  :  Periphot,    ^''>iiatss(lir.,iH«j. 
Prifuth,  Pcriphct,  Parfait,  Poiirphei,  Prophial,  Prophet  et  Propheta.  Dans    '*  J^j^,'    *''^'/,^ 
l'est  de  la  France,  l'épithète  de  tt^'ii,  prophète,  a  été  donnée  ;\  quelques        yj  y^^^      .^ 
rabbins,   mais  pas  comme  nom  propre,  ainsi  que   le  fait  remarcpier 
M.   Sànger.  La  plupart  des  savants  sont  d'accord  pour  transcrire  le 
nom  de  c^cnc  par  profiai.  Par  une  bizarre  altération,  ce  nom  est  de- 
venu JN^EnD,  que    M.  Munk  transcrit  par  Prof lagae.  Nous  voyons  que       Mélaiig.s,p.'i8(). 
Profet   est    la    bonne     transcription.    Le    latin     Profatias     dérive    de 
JK'DTiE  ;  3"EnE  est  également  transcrit  Profègiie. 

Nous  avons  peu  de  détails  sur  la  vie  d'Ephodi.  Nous  avons  dit  qu'il 
était  Catalan;  son  nom  parait  pour  la  première  fois  en  1  Sg  1 .  Dans  son 
ouvrage  de  controverse  religieuse,  il  dit,  au  commencement  du  second 
chapitre,  avoir  entendu  dans  sa  jeunesfe  un  kabbaliste  des  écoles  rab- 
biniques  d'Aschkenaz  (Allemagne),  assurer  que  Jésus  et  ses  disciples 
furent  des  kabbalistes,  et  que,  par  cette  science,  qu'ils  ne  possédaient 
pas  dans  un  sens  pur,  ils  firent  des  miracles.  Donc  en  1897  Éphodi 
n'était  plus  jeune;  nous  apprenons  aussi  par  ce  passage  qu'il  étudia  le 


742  I-ES  KCUIVMNS  JUIFS  FH ANC \IS 

MV     MK'.I.K.  ' 

Talmud  en  Allciuagn»!.  Il  se  montre  cependant  opposé  à  ces  études. 
|)cut-ètre  après  avoir  vu  «le  près  la  fausse  méthode  dialectique  (pion 
applicpiait  aux  études  talmudicpics  dans  ce  pays.  Nous  savons  cpiauv 
xiii"  et  xiv'  siècles,  les  écoles  rahbiniques  de  l'est  de  la  France  et  de 
TMIemagne  non  seulement  ne  s'occupaient  pas  des  sciences,  mais 
(piclles  en  déren<laienl  l'étude;  tout  était  pour  la  casuisti<pie  du  Tal- 
mud el  plus  tard  pour  la  kabbale.  Ephodi  se  voua  de  bonne  heure 
aux  études  non  talnnidiques;  il  lut,  par  (exemple,  le  Cusari  de  Juda 
llalévi   et   le  Guide  de  Mainionide;    il   avouait    franchement   (pie,    si 

M  r.r.id,  p.  I.).  ces  études  représentaient  l'ernîur,  il  avait  été  dans  l'erreur  et  (pi'il 
avait  désobéi  à  ses  maîtres  en  ce  point,  il  s'occupait  de  philo.sophie, 
d'astronomie  et  de  médecine;  il  sendde  (pi'il  n'était  pas  partisan  de 
l'astrologie. 

\oilà  tout  ce  (|ue  nous  savons  sur  notre  l'rofet,  jusqu'à  répo(|ue 
des  calamités  survenu(!s  en  Ksj)agne  en  i  ^9  i ,  éptxpie  où  df;s  comnui- 
naulés  presque  entières  se  convertirent  par  force  au  christianisme. 
I/Aragon  fut  épargné,  selon  Kphodi,  à  cause  de  l'assiduité  des  Juifs  de 

M  \:M.  |>.  l'i.  ce  pays  à  réciter  les  psaumes.  Dans  l'élégie  dont  nous  parlerons  plus 
loin,  Kphodi  mentionne  aussi  les  persécutions  de  Castille  el  de  Catalogne; 
là  pas  un  mot  de  l'Aragon.  Si  notre  auteur  avait  vécu  en  .\ragon,  il 
n'aurait  j)as  été  foicé  de  se  convertir.  Bien  que  certains  anciens  chro- 

IV(  liici-,  p.  1  el    niqueurs  juifs  ne  veuillent  pas  l'admettre,  le  fait  d'une  conversion  appa- 

"  rente  est  certain,  comme  nous  le  verrons  dans  la  suite.  Pour  pouvoir 

retourner  à  sa  religion,   F.phodi    décida   d'émigrer   en   Palestine,  où  il 

serait  libre  de   jnatiejuer  sa  religion,  qu'il  avait  abandonnée  par  con- 

l'i.riKe.  p.  ',1     trainte.  Il  est  probable,  comme  l'ont  dit  a\ec  raison  les  auteurs  de  la 

'  ''  préface  à  sa  (iraminaire,  que  notre  auteur  croyait,  d'après  la  tradition 

rabbiniipie,  que  le  séjour  dans  la  Terre  Sainte  contribue  au  pardon 

du  péché  commis  forcément;  c'est  ce  (|ui  résulte  du  passage  de  l'élégie 

M.KfiKi.p.  19.').  adressée  à  En  Joseph,  où  il  emploie  les  mots  suivants  :  lOy  ironK  "I5D1. 
«  et  sa  terre  fera  expier  son  peuple  »  (Deut. ,  xxxii,  63). 

Profet  donna  rende/.-\ous  à  son  élève  et  ami,  tfaprès  le  manuscrit  de 

c.uial.,  p.  1.^0-  Munich  n°  3i5,  7,  David  Bonet  Bonjorn  ou  David  fils  de  Bonet  Vom- 
Tob,  converti  par  force  également,  qui  devait  l'accompagner  dans  son 
voyage  en  Palestine.  Mais,  après  deux  jours  de  voyage  (selon  Joseph 
fils  de  Schem-Tob;  dans  la  préface  d'Akrish,  on  lit  :  nivOD '3,  deux 
stades  de  voyage),  Kphodi  fut  informé  par  une  lettre  de  son  ami  que 
celui-ci  entendait  rester  fidèle  par  conviction  à  la  religion  qu'il  avait 
adoptée.  Il  est  probable  qu'il  fut  fortifié  dans  celte  idée  par  le  re- 
négat l*aul  de  Santa  Maria,  plus  tard  Paulus  Diirgemis ,  évêque  de  Bur- 
gos,  qui  s'appelait  de  son  nom  juif  Don  Salomon  Lévi.  Profet  se 
rendit-il  seul  en  Palestine,  ou  renonça-t-il  au  voyage,  nous  n'en  sa- 
vons rien;  tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est  qu'avant  1  4o3,  épo(iue  de  la 

M.  Kiod .  p. /lo.    composition  de  sa  Grammaire,  il  était  redevenu  juif.  En  parlant  de 


DU  XIV  SIECLK.  743        ^,^.  ^  ,^.  ^ 

la  iiégligenop  qu'on  met  à  étudier  la  langue  sarrcc,  il  dit,  après  le 
Talmud,  dos  (îaliléons,  qu'ils  so  rendirent  coupables  de  ce  méfait  (;l 
(|ne  c'est  pour  cela  que  la  loi  n'a  pas  prospéré  parmi  eux;  il  ajoute 
«nie  telle  est  aussi  la  cause  d(!  et;  qu'lsiaél  est  niallieureux,  dispersé 
et  humilié,  et  de  ce  qu'il  change  si  facilement  sa  religion;  c'est 
l'ignorance  de  la  langue  t[ui  l'induit  h  Itlasphcnjer  l'Kcrilure  sainte  : 
«  Kt  le  fait  (|ue  tu  connais  est  arrivé.  «  De  K(jssi  croit  ([ue  ce  pas- 
sage se  rapporte  h  l'apparition  du  christianisme;  nous  croyons  plu- 
tôt «lu'Kphodi  parle  d'événemenis  conteniporains.  Les  (îaliléens  du 
Talnmd  sont  une  allusion  aux  chrétiens;  «  et  qu'ai-je  de  commun 
«  avec  eux''  »  ajoute-t-il. 

A  partir  de  répo<|uc  de  la  composition  de  sa  (îrammaire,  nous  per- 
dons entièrement  la  trace  d'KpIuxIi. 

\vant  <le  donner  l'énumération  des  ouvrages  d'Kphodi,  nous  allons 
mentionner  ce  (jue  les  bibliographes  disent  de  lui.  Hartolocci  met  notre 
Profet  en  trois  places  :   i"  sous  Enpniphia  Dnran  Uispnnus,  auteur  de  la        uji,!  ,.ai,i,.,  i. 
lettre  «i  Bonet;  1°  sous  Eiiprophialk  Daran  lliipanus,  ex  Juila-o  Christia-    \>-  iiS 
»«.>',  auteur  de  la  lettre  h  Bonet;  3"  sous  Pcripdiis   Durant,  auteur  du        Ihid,  p. 'i(>;i. 
livre  iiEun,  a\ec  ren\oi  h  I.  p.  l\o'\.  Ihid.lV.ii. :ii'i. 

Wolf  place  noire  auteur  sous  le  nom  de  Peripolli  Daixin  et  énumère        liM.  hol.i  ,  I. 
(|uatre  de  ses  ouvrages  :   1°  la  lettre  et  le  traité  Opprobre  des  nations,     I'  W' 
(|u'il  mentionne  ailleurs  comme  anonyme;  j" ceinture  d'éphod;  3°  œuvre 
d'éphod;  '1°  commentaire  sur  le  (ïtu<le.  Dans  un  autre  volume,  il  re-        ihid  .lll.i.yâi. 
mar(|ue  que  Le  Long  accepte  la  donnée  que  la  giammaire  (n°  3)  est  de 
l\.  Isaac  ben  Moïse  Lévi. 

D(!  Uossi,  sous  Pcrifol  Daran,  dit  <[ue   notre   auteur  est  originaire        Diz. si<n-..|). 89. 
d'Aragon,  qu'il  est  appelé  Kphodi  à  cause  de  son  ouvrage  EJod  et  qu'il 
florissait  vers  la  fin  du  xiv'  ou  le  commencement  du  xv'  siècle.  H  donne 
ensuite  ce  que  les  chroni((ueurs  juifs  disent  de  lui,  et  il   énumère  ses 
ouvrages. 

M.  Fùrst  met  notre  auteur  sous  le  mot  de  Duran,  le  dit  d'Aragon  et  ijihi.  jmi.,  1. 
ajoute  qu'il  s'appelait  Isaac  fils  de  Moïse  Ilalévi,  i\\\  langue  vidgaire  !'•  ^'•' 
Mestre  Proliat  Duran  iiah-vi,  surnonuné  de  la  (îuna.  Par  l'abrévia- 
tion des  trois  mots  ]Nnn  taTTiD  'JK,  il  forme  son  nom  ICK  ou  noK;  il 
le  fait  fleurir  vers  la  fin  du  \iv'  siècle.  M.  Fûrst  énumère  les  quatre 
ouvrages  connus  de  Wolf,  sans  mentioimer  le  traité  Opprobre  des 
nations. 

M.  Grœtz  l'appelle  IVofiat  Duran,  de  son  nom  juif  Isaac  fils  de  Gesdi.  d.  Jud., 
Moïse  (né  à  Cordoue?)  et  de  son  nom  littéraire  Kphodi.  IVofiat  Duran  y.  p^'' «' ^°'''- 
se  trouvait,  durant  les  persécutions  de  iSgi,  en  Catalogne,  où  il  fut 
obligé  d'embrasser  le  christianisme.  Il  donne  ensuite  des  détails  sur 
ses  relations  avec  David  Bonet  Bon-Giorno  (sic)  et  la  dissertation 
sur  sa  chronique  perdue,  dont  nous  reproduirons  les  points  les  plus 
saillants. 


\l\      MKCI.F.. 


7/1 'i  LES  KCIUV  VINS  JUIFS  FRANÇAIS 

Proct'dons  iiiiiintenaiit ,  auliinl  (|uc  possible  dans  l'ordre  rliroiiulogiqiic , 
à  rétuiiiu'ratioii  des  t'crils  de  l'rofet  Diiran  ou  Fiphodi. 

I.  (îoinmentaircs  svv  divers  morceaux  d'Xbrahani  ibn-Kzra  : 
IViOil.iii.  i«'if>.         «•   Sur  une  lilurgif,    intilidéc   me?T,   fait  sur  la   deuiaude   de   deux 

l>.  'r>*i>.  «-i  cv'J  membres  de  la  famille  l^enxenist;  ce  commentaire  se  trouve  dans  le 
"  ■*'    '  ''   '  luanusrril  De  Rossi  n"  H'Sh ,  à  Parme;  la  liturgie  a  é\é  imprimée  deu\ 

l'ois  |)ar  M.  Dukes. 

h.  Sur  lenij^me  (m'n)  roucernant  les  quatre  lettres  quiescenles. 
<|u'on  trouve  dans  plusieurs  manuscrits.  Cette  pièce  a  été  inq)rimée  dans 
le  recueil  Detli  'l'almiid ,  l.  II,  p.   197. 

c.  Sur  le  commentaire  de  j,rviliqu<\  wiil,  et  sur  Ibistoire  de  Balak 
(Nombres,  wii).  I^e  premier  morceau  est  (l'un  caractère  tout  à  fait  aslro- 
lo^ico-mysli(ple.  Le  copiste  dit  (pi'il  ne  veut  plus  écrire  ce  (juil  !!  vu 
dans  le  livre  d'Kpbodi,  car  il  n'est  pas  d'accord  avec  lui;  d'ailleurs  on 
lui  a  connnuniqué  ce  livre  eu  secret  (ny:S31  'KCrna).  Le  second  mor- 
ceau est  plus  raisonnable,  excepté  vers  la  fin.  Une  grande  partie  en  esl 
reproduite,  d'après  le  manuscrit  d<'  l'arme  n°  800,  dans  la  préface 
à  la  (îrannnaire,  p.  'ly. 

(l.  Sur  le  mystère  du  noud)re  sept,  dans  le  manuscrit  de  Parme 
n"  83."),  !i.  C'est  la  seconde  ri'ponse  à  Meïr  Crescas.  Dans  toutes  ces 
pièces  on  trouve  la  signature  sui\  ante  :  «  Votre  frère  Profet  Douran  Lévi  »  ; 
c'est  pourquoi  nous  les  nn-ttous  avant  l'année  1  Sg  1 . 

e.  Commentaire  sur  le  couunentairc  d'Abraham  ibn-Ezra  sur  Exode, 
XXV,  4o,  qu'on  rencontre  dans  les  mamiscrits  de  Paris  n°83i,6  (nDicn 
ÏÉN '7n:n  D;nS  nViXe?)  et  d'Oxford  n"  -iSii,  3  (iDK  D3n'J  naicn);  ces 
titres  sont  évidemment  dus  aux  copistes. 

f.  Dans  le  même  manuscrit  de  Paris  se  trouve  un  conunentaire 
<rEphodi  sur  un  passage  de  nc?n  D  d'.Xbraham  ibn-Ezra. 

II.  Plusieurs  observations  astronomiques,  écrites  par  un  élève  au  nom 
de  son  maître,  rn'?xr  iC'N  y^nn  by  iDNn  •'nD'jC*  ''D3,  dans  le  manuscrit 
de  Paris  n°  io'23,  3.  La  première  pièce  nous  offre  une  glose  margi- 
nale (le  catalogue  dit  quelques  gloses)  peut-être  par  le  même  élève  (•<BZ 
IDKDO  Tyoe-'E/).  Le  u"  i()2(i,  1,  a  des  notes  sur  l'abrégé  de  l'Almageste 
d'Averroès  (texte  d'Antoli),  probablement  identiques  à  celles  qu'on  lit 
dans  le  manuscrit  d'Oxford ,  n'aoi  i,  2  (ïbk).  Le  nom  de  l'auteur  y  est 
écrit  ittt.  La  seconde  pièce  de  ce  manuscrit  renferme  une  dissertation 
sur  le  jour  astronomique  et  sur  la  longueur  des  jours  et  des  nuits  aux 
différentes  époques  de  l'année  et  aux  différentes  latitudes  (le  nom  <le 
l'auteur  y  est  iek). 

III.  Notes  sur  le  premier  livre  du  Canon  d'Avicenne,  3i  chapitres 
(nDK),  qui  se  trouvent  dans  le  manuscrit  de  Paris  n"  1047,  <<>• 

IV.  Lettre  de  Maestre  Profet  (n^Dnc)  Lévi  à  Maestre  Schealtiel  Gra- 
cian,  en  réponse  à  quelques  questions  astrologiques,  signée  ^^<^n  n^BiD 
M*?n.  Elle  est    dans   le  manuscrit  de   Paris  n"    io'i8,6.  Dans  l'index 


DU  XIV"  SIÈCLE.  745 

du  calaloguo,  cette  pièce  est  préseiittk-  par  erreur  comme  une  lettre 
adressée  à  Bonet. 

\  .  Deux  lettres  en  réponse  à  Meïi-  Crescas  ou  c^  un  autre  de  ses  élèves, 
concernant  l'histoire  de  ia  fen>me  de  Tckoa  (II  Samuel,  xiv,  xvi)  et  les 
conseils  d'Acliitopliel  et  de  liouschaï.  l<a  première  lettre  se  trouve  dans 
iemanuseiit  de  Paris  n°  - li'i ,  i  ,  a\ ec  le  litre  suivant  :  D^yipnn  mD  V^^^\^<Z 
T  E'K*?.  L'exposition  biblique  est  tiès  rationnelle,  sans  mysticisme  ni  allé- 
gorie (pielconque ,  et  ces  deux  pièces  sont  importantes  pour  faire  con- 
naître la  méthode  (pi'Épbodi  aurait  suivie  dans  un  commentaire  de  la 
Bible,  s'il  en  avait  fait  un.  Elles  sont  imprimées  à  la  suite  de  la  Gram- 
maire, p.  198-209,  d'après  un  manuscrit  qui  était  en  la  possession 
de  feu  M.  Sanger,  ral>bin  à  Hambourg.  La  signature  est  IDK;  par  con- 
séquent, elles  ont  été  écrites  après   1391. 

\  L  Trois  lettres  adressées  conune  réponses  à  son  élève  Maeslre  Meir 
Crescas;  aucun  titre  ne  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford.  La  première 
traite  de  la  signification  symbolique  <lu  nombre  dix,  surtout  *d'après 
Abraham  ben-Ezra  dans  son  commentaire  sur  l'Ëxode;  Ephodi  mentionne 
également  Lévi  ben-Gerson.  À  la  lin,  il  prie  son  élève  de  ne  plus  lui 
adresser  de  questions  semblables;  sur  d'autres  sujets,  il  sera  toujours 
prêt  à  lui  répondre.  La  deuxième  question  a  pour  objet  de  savoir  si 
l'inftnortalité  de  l'âme,  et  par  conséquent  la  croyance  aux  punitions  et 
aux  récompenses  de  l'autre  monde,  est  un  dogme  juif.  La  troisième  a 
trait  1^  l'explication  d'im  passage  concernant  l'âme  dans  l'ouvrage  intitulé 
Livre  de  la  Palme  ou  de  la  Datte ,  d' Abon-.Afîah  ;  cet  ouvrage  a  la  suscrip- 
lion  suivante  :  ib  ''^hn  jxnn  n^onc  •'■iBe;KD  oVwn  niD  '7njn  oann  naiern 
VT0'7P  'JDpD  jBpn  anisn  ■'iK,  «Réponse  du  grand  savant  mon  maître, 
«  l'accompli  Maeslre  Profet  Douran  Halévi,  â  moi  le  scribe,  le  plus  pe- 
«  lit  de  ses  élèves  ».  Dans  le  préambule ,  le  Livre  de  la  Datte  est  attribué 
au  roi  Salomon.  Voir  sur  ce  livre  M.  Sleinschneider,  dans  sa  mono-> 
graphie  intitulée  Pseadepigraphische  Literatar  (les  jûdischen  MitteUdters,_ 
Berlin,  i84o. 

Ces  trois  lettres  ont  été  imprimées  à  la  suite  de  ia  Grammaire,. 
pages  181-187,  d  après  le  manuscrit  de  Parme  n°  835;  ta  troisième 
avait  été  imprimée  auparavant  dans  le  lescharun  de  Kobak ,  t.  L  L'au-. 
leur  signe  la  première  et  la  dernière  lettre  ^iSn  JKnn  n"5tiD,et  non  IDK, 
et  l'on  peut  conclure  de .  là  qu'elles  furent  écrites  avant  1  ^9 1 ,  car,  à 
|>artir  dé  cette  date,  il  signait  ittt. 

VIL  Epître  de  lamentation  et  de  condoléance  à  l'occasion  de  la  mort 
du  poète  Don  Abraham  fds  d'Isaac  Halévi,  datée  marheshwan,  5i54 
(octobre  iSgS)  et  adressée  à  son  fils  En  Joseph  Abram.  Le  poète  dé- 
cédé semble  avoir  été  un  des  principaux  rabbins  de  Girone,  dont  troia 
périrent  pour  leur  religion  pendant  les  persécutions  de  CastiBe  et  de 
Catalogne  ;  ses  livres  furent  détruits  par  les  flammes ,  et  il  nçiouru^  dfi 
chagrin  peu  après.  Par  une  glose  marginale  du  Okanuscrit  d'où  U 
TOME  ixii.  q4 


XIV    SIKCI.K. 


Calai..  11"  iiô-:,t . 


\l\    8IBCLE. 


746 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FR  \NÇAIS 


Voir   li-dissu» 
p.  680. 


lettre  est  tirée,  on  arrive  à  découvrir  ce  que  contenait  le  Imité  perdu, 
intitulé  n  Chapitres  de  Moïse  Narboni  ».  Ephodi  cite  encore  dans  cette 
lettre  l'opinion  d'un  savant  du  nom  de  INIaistrc  Bonot  Dtivi  ( David)  Vt, 
peul-étre  le  père  de  Jacob  Poël.  Dans  la  suscription  de  la  lettre  ((jui 
n'est  pas  de  l'auteur,  comme  M.  Stern  le  dit,  mais  bien  d'un  co- 
piste), le  nom  de  notre  auteur  est  écrit  •'^hr^  tS'TiiD  ^")tîC?XD;  à  la  lin 
il  signe  comme  il  suit  :  «Son  frère  le  Lévi,  le  poème  duquel  est  f;âlé. 
Rcv.  des  Études  «  C'est  son  nom  pour  toujours  et  c'est  sa  mémoire  ncK.  •  M.  Neubauer 
juives.IX.p.  117.  ^  reproduit  cette  suscription,  en  ajoutant  une  conjecture  jwr  la(|uelie 
il  identifie  Abrabam  Isaac  Holévi,  mentionné  dans  cette  lettre,  a  un 
homonyme  qui  vivait  à  Narbonne  et  auquel  Don  \idal  Lé\i  adressa  une 
lettre.  La  lettre  sur  la  mort  d'ilalévi  est  imprimée  à  la  suite  de  l'édition 
de  la  Grammaire  d'Ephodi,  p.  yi. 

MIL  iBxn  aern,  «  Ceinture  de  l'éphod  «  (FiXode,  x\i\,  5),  ou  «  Sup- 
•  putation  de  Profet  Douran  »,  traité  sur  le  calendrier  juif  et  les  théories 
astronomiques  qui  en  forment  la  base.  Ce  Iraiti^fut  composi-  dans  l'an- 
née 5i55  (1  395)  et  dédié  à  im  iMoïse,  probablement  à  Don  Moïse  Zarzal, 
de  la  famille  Ilasdaï  Halévi  ',  médecin  <le  Henri  III  de  (îaslille.  (/ou- 
vrage est  divisé  en  \ingl-neuf  chapitres,  dont  le  vingt-troisième,  sur  les 
conjonctions  et  les  intercalations,  est  en  vers.  On  trouve  cet  ouvrajfe 
dans  le  ms.  800  de  Panne;  à  Paris,  n"  3")!,  j;  à  Munich,  n°  jç)(j'.  i; 
ici  la  date  est  5i5i  ==  1^91.  La  préface  et  le  vingt-troisien>e  chapitre 
ont  été  reproduits  dans  la  préface  à  l'édition  de  la  Grammaire. 

IX.  ^^ni3X3  'HP  htt,  «  Ne  sois  jKis  comme  tes  pères  ».  lettre  adres.sée  à 
son  ancien  ami  David  Bonet  Boiijorn.  Elle  fut  écrite  entre  1391  et 
1397,  puisque  la  conversion  de  notre  auteur  eut  lieu  en  iSgi  et  que 
la  lettre  en  question  est  mentionnéHi  par  lui  dans  son  livre  de  contro- 
verse composé  probablement  en  1  ■'iç)'.  Cette  épître  doime  ainsi  la  date  «le 
l'ascension  du  Christ  :  anp  niV  CCI  ^Vx  npy  i»  d-DC?'?  in*?»  DVtîw*,  «  De- 
«  puis  son  ascension  vers  le  ciel  juscju't^  présent,  soit  environ  1  36<)  an- 
«  nées  ».  Si  l'on  fixe  la  date  de  l'Asct-nsion  d'après  les  chroniques  juives. 
qui  disent  que  Jésus  mourut  à  l'âge  de  trente  ans,  on  aurait  pour  la 
date  de  la  composition  de  notre  document  l'année  1390,  ce  qui  est 
impossible.  M.  Gra;tï  prend  ingénieusement  les  lettres  DWi  =  «  et  36o  » 
selon  la  valeur  numérique  ties  trois  lettres,  soit  366^.  ce  qui  don- 
nerait pour  la  date  de  la  composition  i3y6,  date  qui  s'accorde  bien 
avec  les  limites  que  nous  avons  mentionnées.  Les  autres  leçons  des 
manuscrits  et  des  éditions  ultérieures,  savoir  1  Sgo  (l'iJo),  i3()G 
(i336)  et  i36o  (1390),  sont  toutes  erronées. 


Cbap.  i- 

Préface,  p.  7. 

Zunz,      Gcscli. 
iind  Lit.,  p.  i'i3. 


'  Le  manuscrit  de  Panne  a  pS 
'Kion ;  cependant  on  observe,  dans  la 
ptélace,  quo  llasdnï  avait  perdu  son  fils 
Utiiqno  dans  les  massacres  de  •■^<)i- 

'  Noos  préférerions  lire  0'C?t&1  *)'7K 


W^  <  p*iis4|ue  la  |tlii|>nrl  des  manu- 
scrits et  I  édition  priiicipali'  porloiil  r|'7K 
Z'Z''.  Prendre  le  '  dans  Cwl  comme 
valeur  numérique  est  contre  l'usage 
de  la  langue. 


DU  XIV  SIECLE. 


747 


XIV*  SliCLE. 

L  i;|)itre  •  Ne  sois  pas  cuinnie  t<'s  pt-ies  »  est  un  clief-d œuvre  de  satire 
contre  le  christianisiue.  F.lle  est  si  habilement  composée  que  des  auteurs 
chrétiens  la  prirent  d'abord  pour  favorable  au  christianisme,  et  la  Préface d'Akrisri 
citèrent  sous  le  titre  de  Alteca  boteca  (np'on  npiB'îK.  corruption  de  Al  P-  *'* 
teiii  taafcoteia) ',  jusqu'à  l'apparition  du  commentaire  de  Joseph  fUs  de 
Schem  Toi).  Quand  on  s'aperçut  du  vrai  caractère  de  cette  épitre,  on 
tâcha  de  detiuire  tous  les  exenq>laires  connus.  Elle  avait  été  envoyée 
d'Avignon  à  don  Meir  Alguadez,  nïédecin  du  roi  de  Castille,  et  de  ia 
sortie  s'était  \ile  répandue  dans  toute  l'Espagne.  C'est  alors  qu'elle  fut 
commentée  par  Joseph  his  <le  Schem-Tob  et  que  les  yeux  s'ouvrirent  sur 
r<-lrange  mystification  dont  on  avait  été  la  dupe. 

Cette  lettre  se  trouve  dans  presque  toutes  les  grandes  bibliothèques 
de  manuscrits  hébreux.  Commençons  par  Paris.  Dans  le  ms.  262,  2, 
elle  porte  le  titre  suivant  :  njiOK3  nan  O":!:'?  [    ]  noctco  n'joc  p'JK, 

•  Epitre  adressée  p.u"  maitre  [  ]  à  Boiiet,  son  ami  en  religion  »,  avec 
le  coiiuiienlaire  de  Joseph  (ils  de  Schem-Tob.  Ce  manuscrit  diflère 
un  peu  du  texte  de  la  |)remière  édition.  Le  n°  io48,  6,  de  Paris 
ne  contient  pas  la  lettre  dont  nous  parions,  bien  qu'elle  soit  indiquée 
dans  la  table  alphabétique  des  auteurs. 

Parmi  les  manuscrits  de  Munich,  citons  289,  8  (pwjia  D'Enc) 
et  3 1 5 ,  7  (pv3i3  D'Jia  in  n-rr'jn'?  C3K^n  'O'-iKEnc).  Mentionnons  encore 
les  manuscrits  de  Leide,  Warn.  64  ,  1  (d^E'IBJ'K),  avec  le  commentaire 
de  Joseph,  et  Seal.  10,4  {ciniD  C?d).A  Londres,  Jewish  Coll.  n°  5i ,  1 
(••DjnnDBnB). 

Il  y  a  plusieurs  éditions  de  cette  lettre;  la  première  est  celle  de 
Constantinople ,  sans  date  (probablement  vers  i5-'j),avec  une  intro- 
duction d'isaac  Akriscb. 

X.  1DK  nrvD,  •  OKuvri'  d'éphod»,  grammaire  en  trente-trois  clia- 
pitres;  ce  nombre  est  marqué  par  l'auteur  à  la  fin  de  la  préface.  Schab- 
bctaï  liass  et  \N  olf  qui  le  suit  mentionnent  à  tort  trente-six  chapitres.  La 
raison  du  titre  est  donnée  par  l'auteur  à  la  fin  de  la  préface  ;  il  dit  : 
«La  grammaire,  ([ui  est  la  science  de   la  langue,  s'appelle  ordinaire- 

•  uient  n'jiyE,  «  action  »,  mot  t[ui  est  synonyme  de  nc*»D,  «  œuvre  ».  La 
raison  n'est  pas  très  forte,  mais  l'auteur  aime  à  jouer  sur  des  phrases 
bibliques,  et  son  titre  se  trouve  Exode,  xwiir,  i5.  L'ouvrage  fut 
achevé  en  I  année  i335  de  la  destruction  du  second  Temple  =  i/io3. 
Sur  l'insistance  de  ses  élèves,  fils  de  la  famille  Crescas,  il  a,  dit-il, 
composé  un  traité  qui,  bien  que  succinct,  sera  suilisant  pour  initier 
ceux  qui  le  désirent  à  la  langue  sainte.  Dans  la  préface ,  Ephodi  parle 
de  trois  classes  de  savants  parmi  les  juifs  :  1°  les  taknudistes,  2°  les 
philosopiies ,  3°  les  cabbalistes.  Tous  négligent  les  vraies  études  b(l»liques, 
parce  qu'ils  ignorent  la  grammaire.  Il  est  curieux  de  noter  que  notre  au- 


.Sif.YMcl».,cli.v. 
Bibl.  Iiebr,  I. 
99>- 


Finducb.KXU. 


'   Voir  le  titre  du  tuaiiuscrit  de  Munich  289 ,  8. 


\iv   sieci.B. 


748  LES  KCRIVMNS  JUIFS  FRANÇAIS 

leur  ne  m«'ntionne  pour  la  partie  cahhaiistique  que  le  «  \A\ro  <lcs  Cou 

•  rennes  »  (pin),  et  ne  dit  pas  un  mot  du  livre  def{afcirni(lufam<uxZo/i«r. 

Kphodi  recommando  fortement  les  études  de  langue  et  de  littéra- 
ture; il  attribue,  conmie  nous  l'avons  dit,  la  cause  de  ce  que  l'Aragon 
ne  souffrit  pas  les  calamités  de  i  ,'<c)i  aux  prières  et  aux  récitations  des 
psaumes.  Il  pose  quinze  règles  utiles  pour  les  études  sérieuses , 
que  voici:  i"  étudier  avec  im  vrai  savant  et  avec  des  condisciples  sé- 
rieux; 1°  choisir  d(!  bons  oiivrages,  tels  que  le  conmientaire  di;  Rasrlii 
(Salomon  de  Troyes)  sur  la  Bible  et  le  Talmud,  ou  bien  les  travaux  de 
Moïse  ben-Nabman  de  (îirone,  ou  les  postilles  des  rabbins  français  et 
allemands;  il  recommande  surtout  les  Halakhuth  d'Isaac  al-Kasi  (de  Fe/.) 
avec  les  connnentaires  «les  rabbins  catalans,  et  l'ouvrage  de  Maimonide 
intitulé  La  répétition  de  la  loi;  3"  bien  compren«lre  ce  qu'on  lit; 
4'  prendre  des  notes  sur  ce  «pion  étudie;  .S"  avoir  un  seul  cahier  pour 
les  notes,  afin  de  ne  pas  disperser  les  choses  apprises;  6°  se  faire  une 
bibliothèque  de  livres  beaux  et  bien  écrits,  et  pareillement  se  faire  une 
école  dont  l'extérieur  soit  agréable  à  la  vue  ;  j'  étudier  à  haute  voix  ; 
8*  faire  ses  leçons  en  chantant ,  afin  de  mieux  prononcer  les  mots  (cela 
est  désirable  surtout  pour  la  Bible);  y"  préférer  pour  les  livres  l'écriture 
carrée;  i o°  employer  «les  lettres  plutôt  grandes  et  grasses  que  maigres 
et  petites;  i  i°  enseigner  pour  apprendre  ;  i  a°  choisir  son  temps  pour 
étudier  et  le  faire  d'une  manière  calme;  i  3°  étudier  pour  l'étude  inéme 
et  non  pour  acquérir  «les  richesses  ou  des  honneurs  ;  i  \°  se  fixer  une  por-, 
tion  du  temps  pour  l'étude,  «  surtout  ;\  notre  époque,  dit  Kphodi,  quand 

•  notre  nation  est  accablée  par  les  impôts  et  «[u'il  faut  gagner  beaucoup 
«  pour  satisfaire  aux  charges  »;  i  5°  prier  pour  le  succès  «lans  les  études. 

Nous  ne  pouvons  analyser  ici  les  trente-trois  chapitres  de  la  gram- 
maire. Disons  en  général  (pi'Epho<li  a  beaucoup  lu  avant  de  se  mettre  à 
écrire  ;  il  connaît  toute  la  littérature  concernant  son  sujet;  il  a  consulté 
les  sources  arabes.  Il  est  surtoilt  opposé  h  Abraham  ben-Ezra  et  h  Da- 
vid Qamhi ,  et  prend  contre  eux  le  parti  d'Ibn-Jannah.  Ephodi  n'a  pas 
l'âpreté  de  polémitjue  trop  ordinaire  h  son  époque;  il  réftite  avec  cour- 
toisie. H  consacre  le  septième  chapitre  de  son  livre  aux  vicissitu«les 
de  la  langue  hébraïque,  oubliée  durant  l'exil  de  Babylone,  n'ayant  im 
vocabulaire  suffisant  ni  pour  les  noms  des  animaux ,  ni  pour  ceux  «les 
plantes,  ni  pour  ceux  des  médicaments.  Et  l't^xil  actuel,  dit-il,  a  enc«)re 
augmenté  la  perte  des  mots. 

Éphodi,  comme  ses  prédécesseurs,  attribue  les  points-voyelles  et  la 
massore  à  Esdras.  Quoiqu'il  n'ait  pas  inventé  un  système  gramma- 
tical nouveau,  il  a  sans  doute  exposé  le  système  de  la  langue  hébraïque 
avec  plus  de  philosophie  et  de  logique  que  ne  l'îivait  fait  David  Qamhi 
«leux  siècles  avant  lui.  Entre  Qamhi  et  Ephodi ,  il  y  a  une  sorte  de  la- 
cune quant  à  la  grammaire,  au  moins  en  Provence;  car  Joseph  Caspi, 
comme  nous  l'avons  vu,  a  traité  la  grammaire  comme  esclave  de  sa 


DU  XIV  SIÈCLE.  7/1  y 


\l\     SIECLfc. 


philosophie  propre.  Epliodi  a  du  moins  éciairci  un  point  capital  de 
grammaire.  Devançant  l'école  moderne ,  il  a  vu  que  la  conjugaison 
iMphal  esl  une  forme  existant  par  elle  même,  et  non  la  forme  passive 
du  Kal.' lï  en  donne  une  preuve  fort  juste,  c'est  que  le  Niphal  a  une 
forme  impérative,  ce  qui  n'est  pas  le  ras  pour  les  conjugaisons  pas- 
sives Poital  et  Hophal.  Kphodi  s'expli([ue  par  la  langue  catalane  ;  içt£?n 
(Joh,  xxwi,  îi),  dit-il,  ne  veut  pas  dire  «garde»,  conjme  dans  le  Kal, 
et  en  langue  vulgaire  guarda,  sans  t;  le  Niplial  se  traduirait  pnv  gitardat, 
«  garde-toi  ». 

La  grammaire  d'Epliodi  fut  tri  s  répandue,  à  en  juger  d'après  le  grand 
nombre  de  manuscrits  (|u'on  en  a.  \insi  la  Bibliothèque  nationale  de 
l'aris  en  possède,  à  elle  seule,  ([uatre  exemplaires,  sous  les  n'"  8.5 1 , 
I  3  I  .T,  I  î'ib  et  I  2^6. 

L'ouvrage  a  été  imprimé  h  Vienne  (Autriche)  en  186,'),  in-S",  sous  t'i-éiac.ilKpiiodl 
It!  titrc!  suivant  :  Maase  Efoil,  Einlriding  in  das  Stiidiiim  und  (înimmatili  !'■  '!' 
drr  hebneisclwn  Sprachc  von  Projiat  Dtirun ,  par  MM.  Jonathan  Friedliinder 
et  Jacob  Kohn.  Le  texte  a  été  constitué  sur  le  manuscrit  de  Vienne, 
(|ui  est  incomplet,  mais  (pi'on  a  complété  par  des  manuscrits  appai-  (..Uiil..  Il,  p.  oi 
tenant  à  M.  S.  1).  Luzzatto  et  ;'»  ^L  Sànger.  A  la  marge  se;  trouvent  des 
gloses  marquées  par  «l'O'X ,  peut-être  ''Si'D  '3iiO  "lON ,  «  Mordekaï  Kinzi 
«  dit  «.Mordekaï  Finzi  est  lui  mathématicien  connu,  qui  a  fait  des  gloses. 
marquées  D"D,  sur  le  traité  astronomique  d'Ephodi,  gloses  «li'jà  men- 
tionnées par  Juda  Muscato  dans  son  commentaire  sur  le  hhozaii.  Une 
autre  glose  est  signée  yjNi'?  apy  CNJ,  «Jacob  Loans  dit».  Le  titri;  est 
suivi  de  la  préface  des  éditeiu's,  dans  laquelle  il  est  question  de  la  vie 
d'Ephodi  et  de  ses  ouvrages.  Puis  vient  une  description  des  manuscrits 
dont  les  éditeurs  se  sont  servis.  A  la  page  18  conunencent  les  variantes 
tirées  des  manuscrits  d'Oxford,  de  Paris  et  de  celui  qui  appartenait  à 
M.  Sànger.  Les  pages  iyg-i8y  contiennent  le  texte  des  trois  lettres 
adressées  h  Meïr  Crescas.  Aux  pages  189-197  *®  trouve  l'élégie  sur 
Don  Abraham.  Page  198,  se  lisent  les  deux  réponses  sur  la  femme  de 
Tekoa  et  sur  Ahitophel.  Enfin ,  de  la  page  2  1  1  à  la  page  2  33,  s'étend  une 
importante  lettre  en  hébreu  de  M.  S.  D.  Luzzatto,  qui  renferme  des  ob- 
servations sur  le  caractère  de  la  grammaire  d'Ephodi,  ainsi  que  des 
corrections  pour  le  texte  imprimé.  Une  lettre  de  M.  Halberstam  (p.  22/1- 
236)  donne  quelques  additions  pour  la  bibliographie  des  ouvrages 
(fEphodi.  Les  éditeurs  ont  placé  ensuite  la  table  des  matières  des  vingt- 
neuf  chapitres  du  traité  d'Ephodi  sur  le  calendrier,  ainsi  que  des  notes 
et  additions  à  sa  grammaire. 

XL   D^un  nD'''73,  «  Opprobre  des  nations  »,  traité  de  controverse  reli-        Caial.    Uodi.. 
gieuse,  en  douze  chapitres,  dédié  à  Hasdaï  Crescas,  comme  on  le  voit    "''■  '"^• 
par  la  préface   et  par  la  fin  du  traité.  On  a  contesté  cet   ouvrage  à 
Ephodi;  mais  il  est  prouvé  maintenant  qu'il  en  est  l'auteur.  Dans  la 
suscription  du  manuscrit  d'Oxford  2  1 53 ,  on  lit  ce  qui  suit  ;  «  Ce  livre 
5  0 


VIT    SII'XI.K. 


750  LES  KCRI VAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


«  fut  composé  par  un  grand  savant  qui  fut  forcé  de  se  convertir  pen- 

1851.  I).  320.         «dent  les  persécutions  qui  sévirent  à  Séville  et  dans  le  reste  de  l'Es- 

«  pagne,  qui  se  répandirent  en  Catalogne,  et  au  courant  desquelles  nous 

«  fûmes  forcés  de  nous  convertir,  dans  l'année  rJH  nn  nv.  •  Le'n"  a  i  55 

de  la  même  bibliothèque  porte  la  suscription  suivante  :  «  Lettre  au  grand 

«  homme  ibn-Hasdaï ,  composée  par  Maestro  Profet  de  Perpignan ,  qui , 

«  lui  aussi,  fut  forcé  de  se  convertir.  » 

(liiii/,    Gescli.         Il  est  probable  que  Ilasdai,  après  avoir  composé  en  espagnol  son 

<lri-    .liid.,    VIII,     iraité  de  controverse  {Tratado),   en    iSgô,   demanda  à   F.phodi,  qui 

îlir,     llc'iM-rseiz      ^^"'^  ^O"  anù,  avait  été  le  précepteur  de  sa  famille,  et  dont  il  connais- 

l>.  'i<)'  sait  la  force  en  controverse,  de  faire  un  traité  sur  le  même  sujet  en 

hébreu  qui  fût  accessible  aux  juifs  de  tous  les  pays.  Cela  semble,  en 

efTiît,  résulter  des  mots  d'Kphodi,  à  la  fin  de  son  traité,  quand  il  dit  : 

Cal.  de  Vienne,    «J'ai  pensé  que,  si  mon  traité  venait  entre  les  mains  de  ceux  qui 

"•'*■  '*''■  «n'ont  pas  les  moyens  de  te  lire,  leurs  yeux  en  seraient  quelque  peu 

«  éclaircis Ainsi  le  traité  d'Ephodi  fut  composé   après   celui 

de  Hasdaï,  qui  fut  lui-même  composé  en  iSgâ.  Si  on  accepte   ces 

Kis.liiiGrnIxîr,    données,  il  faut  reconnaître  que  M.  Zunz  avait  raison  de  calculer  la 

Liirvil.,  si^r.   Il,    ^jjjg  jg  l'Opprobre  des  nations  par  la  valeur  numérigue  des   lettres 

\()l.  WVII,  p.  fl  lO.  I      m  ,  r.  •  •  1_  •  •  1  1 

«jKn  nn  nD==[iJj49.  Ln  y  ajoutant  le  mot  Tiian,  qui  suit  dans  la 
Bible  (Deut. ,  xx\,  28)  et  vaut  à 8,  on  obtient  iSg'j.  Il  y  a  seulement 
une  objection  à  faire,  c'est  que  les  juifs,  dans  un  traité  de  contro- 
verse, n'emploieraient  pas  la  date  chrétienne,  surtout  en  omettant  le 
millésime.  En  tout  cas,  notre  traité  fut  écrit  après  iSgi,  puisqu'il 
est  adressé  à  Hasdaï  Grescas. 

Ephodi  se  montre  très  versé  dans  les  livres  du  Nouveau  Testament , 
qu'il  avait  lus  en  latin,  et  dans  ceux  des  Pères  de  l'Eglise. 

H  semble  que  Siméon  Duran,  dans  son  traité  JJDI  rc?p,  «  Arc  et  bou- 
«  cher  • ,  a  largement  fait  usage  de  notre  livre ,  de  sorte  que  M.  Sœnger 
a  dit  justement  qu'on  peut  corriger  beaucoup  de  pas.sages  dans  le  livre 
d'Ephodi  à  l'aide  de  celui  de  Siméon. 

XII.  Le  commentaire  d'F.phodi  sur  le  Guide  des  égarés  est  plus  lit- 
téral que  ceux  de  Ca.spi  et  de  Moïse  de  Narbonne.  On  a  remarqué  que 
notre  auteur  traite  de  quelques  parties  du  Guide  dans  sa  grammaire 
plus  longuement  que  dans  son  commentaire,  et  on  a  peut-être  eu  raison 
de  supposer  que  des  copistes  s'étaient  permis  d'abréger  ce  dernier  ou- 
kokl.lH  Vil.,  vrage,  comme  M.  Jellinek  l'a  fait  observer  pour  d'autres  commentaires 
sur  le  même  livre.  Peut-être  le  commentaire  fut-il  composé  après  la 
grammaire ,  et  c'est  sans  doute  pour  cette  raison  qu'il  ne  la  cit«  jamais. 

Ephodi  se  montre,  en  son  commentaire,  très  versé  dans  la  phUoso- 
phio  arabe  d'après  Aristote,  ainsi  que  dans  la  littérature  juive  sur  ce 
sujet.  U  résulterait  peut-être  du  manuscrit  d'Oxford  n°  a^aa,  16,  où 
on  trouve  un  fragment  arabe  de  notre  commentaire,  qu'il  fut  traduit 
en  arabe.  Les  manuscrits  de  Paris  n"  1 04  1 ,  6 ,  .çt  1  oa6 ,  A ,  contiennent , 


fa<r.  17,  p.  .■?<. 


DU  XIV  SIÈCLE.  751 


xiv'  Siici.E. 


sur  les  deux  lignes  dont  il  est  question  dans  le  Guide  (liv.  I,  78),  et 
dont  l'une  est  droite,  l'autre  courbe,  une  note  plus  développée  que  la 
note  de  Lévi  ben-Gerson  sur  le  même  sujet. 

En  lisant  les  dernières  lignes  du  manuscrit  d'Oxford  n"  la^o,  on 
serait  tenté  de  croire  qu'Ephodi  a  également  fait  des  notes  sur  le  Khuzari 
de  Juda  Halévi. 

XIII.  nnoon  pnat  "^D^eo,•  Enumération  des  persécutions  ».  Tel  est  le 
titre  d'un  ouvrage  historique  de  notre  auteur,  mentionné  par  Don  Isaac 
Abarbanel  ou  Abravanel,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  in''6*0  msic?'",  •  Vic- 
«  toires  de  son  Messie  » ,  composé  en  1  497-  Il  en  donne  même  les  extraits 
suivants  :  i°sur  l'expulsion  des  juifs  de  l'Angleterre;  'j°  sur  celle  des  juifs 
de  France  sous  Philippe  le  Bel;  3°  sur  le  retour  des  juifs  sous  son  succes- 
seur Louis  X  ;  /|°  sur  leurs  expulsions  sous  le  même  roi  ;  5°  sur  Itiur 
réadmission  sous  Jean  I";  6"  sur  leur  expulsion  fmale  par  Charles  VI. 
Un  auteur,  Salomon  Alammi,  florissant  vers  1^00,  dit  dans  son  épitre 
de  morale  ce  qui  suit  :  •  Souviens-toi  et  n'oublie  pas  les  décrets  sévère»  Kdii.  j,  iiimi . 
•  et  les  mauvais  temps  qui  venaient  sur  nous  depuis  /iyo5  (11 45),  1'-  ■^'-■ 
«  comme  il  est  écrit  dans  le  livre  des  mémoires  (nijnstn  ^BD).  »  Alanniii, 
très  probablement,  fait  ici  allusion  à  l'ouvrage  d'Ephodi. 

M.  Graîtz,  qui  a  le  mérite  d'avoir  découvert  l'existence  de  l'ouvrage  titsdi.  «1.  JuJ 
dont  nous  parlons,  en  poursuit  les  traces  dans  d'autres  chroniques,  qui  ^"''  l'-  ■'">'>■ 
doivent  avoir  utilisé  le  traité  JËphodi,  à  présent  perdu.  Samuel  Usque, 
«nié  de  Portugal,  composa  un  ouvrage  en  portugais  et  de  forme 
poétique ,  sous  le  titre  de  Consolaçam  as  tribala<-ocn.i  de  YsraA,  imprimé  à 
Ferrare  en  i5.t3.  Il  énunière,  dans  son  troisième  dialogue,  trente-sept 
persécutions  des  juifs,  depuis  le  roi  Sisebut  (612)  jusqu'à  la  destruction 
de  la  syrragogue  de  Pesaro,  qui  eut  lieu  de  son  vivant,  en  1  553.  Usque, 
tout  en  étant  plus  poète  qu'historien,  donne  les  dates  des  persécutions 
à  la  marge,  en  indiquant  les  sources  auxquelles  il  a  puisé,  quelquefois 
avec  les  initiales  des  titres  des  ouvrages.  Parmi  ces  indications,  il  y  en 
a  quelques-unes  qui  sont  faciies  à  expliquer  :  par  exemple  F.  F.  veut 
dire  Fortalitiam  Fidei,  (l'Alphonse  de  Spina  ;  Cor.  Ym.  veut  probablement 
dire  Coronica  de  Yngelterra ;  d'autres ,  comme  L.  J.,  E.  B.  [E  B  ^\.  E  b) 
et  V.  M.  restent  encore  obscures.  À  partir  du  n°  aSjusqu'àlafin,  U^que 
n'indique  aucune  source;  car  les  persécutions  énumérées  là  sont  d'une 
date  récente;  Usque  les  connaissait  par  des  témoins  en  partie  oculaires, 
$ans  parler  de  ce  qu'il  avait  vu  de  ses  propres  yeux.  En  outre,  M.  Graetz 
nMmtre  que  Usque  doit  avoir  utilisé  la  même  source  que  Juda  ibn-Verga, 
dans  sa  chronique  intitulée  :  miri''  Dae? ,  Verge  (sceptre ,  allusion  au  pas- 
sage de  la  Genèse ,  xlh  ,  i  o)de  Juda ,  composée  en  1/187,  —  à  moins  que 
Usque  n'ait  puisé  directement  dans  la  chronique  de  Juda  ;  mais  M.  Graetz 
prouve  l'improbabilité  de  cette  conjecture  par  les  données  suivantes  : 
1*  L'ouvrage  de  Juda  parut  en  Orient  simultanément  ou  peut-être  même 
une  année  après  le  traité  d'Usque;  2°  en  Orient,  le  manuscrit  de  Juda  se 


\l\     HIKr.l.K. 


52  LES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


trouvait  entre  les  mains  de  son  parent  Joscpli  ibn-Verga,  qui  l'a  con- 
tinue jusqu'à  l'année  iSso;  3°  le  texte  d'Usque  donne  de  meilleures 
leçons  que  celui  de  Juda;  d'où  il  faut  conclure  que  les  deux  chroni- 
(jueurs  ont  puisé  à  la  mt^me  source,  et  cette  source-  est  l'ouvrage  d'Ephodi. 
M.  (iia-lz  lait  encore  mieux  ressortir  la  justesse  de  sa  thèse  en  donnant 
siu'  trois  colonnes  les  passages  qu'Abravanel  cite  de  l'ouvrage  d'Ephodi  et 
en  les  comparant  avecles  passages  correspondants  dans  les  livres  d'Usque 
et  de  Juda. 

l'oui'  ccjntinuer son  raisonnement,  M.  Graetz  montre  que  Juda,  une 
fois  au  moins,  a  mal  appliqué  les  données  d'Ephodi.  La  date  de  l'expul- 
sion des  juifs  en  France  en  5i55  (iSgS)  est  exprimée  par  la  valeur 
tmmcrique  des  lettres  n'75  inbvD  (allusion  au  passage  de  l'Exode,  xi,  i), 
valeur  numérique  de  nSs  =  ■io  -t- 3o  +  J  =5o,  en  omettant  les  mille 
et  les  cent  de  5i55  (iSgS)  :  Juda  emploie  cette  notation  pour  l'ex- 
pulsion sous  Philippe  le  Bel  en  i3o6.  Remarquons  encore  que  l'expul- 
sion de  1  3f)5  ne  figure  pas  chez  Juda;  peut  être  a-t-elle  été  omise  par 
l'impriniiur. 

Les  dates,  dans  l'ouvrage  d'Ephodi,  devaient  être  exprimées  par  la 
valeur  iiinnérique  des  lettres,  et  non  pas  par  le  numéro  d'ordre  des 
persécutions.  Ainsi  la  date  de  la  dernière  expulsion  de  France  en  5i55 
(i3()5;  iSgi  chez  M.  Graetz  semble  une  erreur  de  typographie)  est 
dans  Usque  fSi^o  (i38o);  Usque  a  probablement  trouvé,  dans  la  copie 
d'Ephodi  dont  il  se  servait,  D'p'n  au  lieu  de  n'i'pn  [M.  Graetz  écrit 
n'3'n).  D'un  autre  côté,  Abravanel  donne  comme  date  (en  mots)  de  l'ex- 
pulsion des  juifs  de  l'Angleterre  /j020  (i  260),  lisant  Y^  au  lieu  de  ]"n 
5o5o  (1  290);  la  leçon  est  correcte  chez  Juda.  Uscjue  a  ici  la  date  a'n 
5oo2  (12/42);  le  manuscrit  d'Ephodi  dont  il  se  servait  portait  sans 
doute  ]"n ,  leçon  analogue  h  la  leçon  Y'i  •l^j''»  mentionnée. 

L'histoire  de  David  AIroy  est  donnée  par  Usque,  sous  le  n°  8,  avec 
l'indication  de  la  source  L.  J.,  EB;  elle  se  trouve  également  dans  Juda, 
n°  3i.  L'origine  de  ce  récit  est  dans  Benjamin  de  Tudèle,  et  Ephodi 
peut  favoir  emprunté  à  l'Itinéraire,  lequel  sans  doute  était  rare,  à  en 
juger  d'après  le  petit  nombre  des  manuscrits  de  ce  livre. 

M.  (iraetz  compare  encore  les  données  d'Usque  et  celles  de  Juda 
relatives  à  l'histoire  de  Sancha,  sœur  du  pape  et  ennemie  des  juifs, 
ainsi  que  tout  ce  qui  concerne  la  persécution  à  propos  des  lépreux  en 
I  3  a  1 ,  et  pense  que  beaucoup  de  ces  données  peuvent  être  empruntées 
h  Ephodi.  La  persécution  de  Vincent  Ferrier  en  n4  1  2 ,  qu'on  ne  trouve 
que  dans  Usque  et  qui  ne  figure  plus  chez  Juda  (celui-ci  ne  voulant 
pas  reproduire  une  histoire  qui  avait  déjà  été  dite  par  Juda  Léon  Abra- 
Srlioli.  Jcli..  vanel),  est  sûrement  empruntée,  d'après  M.  Graetz,  à  Ephodi,  par  la 
"'  Jo  raison  qu'on  y   trouve  des  détails  qu'on  ne  lit  pas  dans  d'autres  chro- 

niques que  dans  celle  d'Abraham  Zakkuto,  par  exemple  ce  détail  que 
Vincent  Ferrier  traversait  les  villes  en  portant  la  croix  avec  un  rouleau 


DU  XIV  SIECI.E. 


753 


XIT*  SIÈCII. 


du  Pentateuque,  quand  il  invitait  les  juifs  à  se  convertir.  M.  Graetz 
reconnaît  naturellement  que,  si  c'est  réellement  à  Kphodi  que  remonte 
ce  récit,  ses  mémoires  sur  les  persécutions  ont  dû  être  écrits  après 
l'année  iliii.  Kn  tout  cas,  ils  ont  dû  être  écrits  après  qu'Epliodi  était 
retourné  au  judaïsme,  c'est-à-dire  après  i  iigô. 

M.  Neubauer  a  publié,  dans  la  Revue  des  études  juives,  un  fragmcfit 
d'une  chronique  sur  les  persécutions,  tiré  du  manuscrit  3i5  de  la 
bibliothèque  de  M.  le  baron  Horace  de  (iijnzburg,  qu'il  suppose  être 
un  extrait  abrégé  de  l'ouvrage  d'F^phodi  ;  ses  preuves  sont  tirées  des 
mots  mnémoniques  qui  y  sont  employés.  En  voici  les  dates  princi- 
pales :  5o66  (i3o6)  pour  l'expulsion  de  France,  date  exprimée  par  le 
mot  i'7'>i  (Ps.  XXXIV,  i)  ;  grande  persécution  A  Perpignan  en  l'année  5  i  3o 
{i3-o),  date  exprimée  en  lettres;  persécution  de  Paris  en  Si'ii 
(i  38i),  date  exprimée  par  le  mot  ON  (On.,  xxxii,  i  a);  grandes  persé- 
cutions de  Catalogne,  qui  eurent  lieu  en  l'année  51,')!  (iSgi),  date 
exprimée  par  le  mot  D'SvK  (Isaie,  i,  lô);  seconde  expulsion  de  France 
en  ,îi55  (i395),  date  exprimée  par  le  mot  nVs  (Exode,  xi,  i).  Outre 
la  preuve  tirée  des  mots  umémoniques,  on  pourrait  ajouter  que  l'au- 
teur de  ce  fragment  doit  avoir  été  bien  inforn>é  sur  les  persécutions 
de  Catalogne.  Or  Ephodi  était  natif  de  Perpignan  et  y  demeurait.  Si 
l'on  ne  trouve  pas  dans  le  fragment  publié  par  M.  Neubauer  le  détail 
ci-dessus  mentionné  relatif  à  \  incent  Fcrrier,  cela  ne  prouve  nulle- 
ment que  le  détail  en  question  ne  figurât  pas  dans  le  traité  complet 
d' Ephodi. 

XIV.  Une  réponse  (*IÉ!<  nairn)  au  livre  astronomique  de  Joseph  ben- 
Nahmias,  intitulé  o'^^y  ^1K,  •  Lumière  du  monde  ».  Ce  traité  se  trouve 
ilans  le  manuscrit  d'Oxford  (îan.  mise.  '179.  fol.  16b,  à  la  suite  du  traité 
de  Joseph. 

Pour  ne  rien  omettre  de  ce  qui  concerne  la  bibliographie  et  la  bio- 
graphie d'Ëphodi,  mentionnons  la  conférence  populaire  faite  à  Nieniic 
en  1864,  et  publiée  en  «891  par  \L  Jacob  K.ohn,  sous  ce  titre: 
Efodi,  ein  Vorti'og.  L'auteur  n'avait  pas  de  documents  inconnus  à  sa 
disposition. 


T.  IX.  p.  3if) 


IjC  vrai  nom  de  l'écrivain  dont  nous  allons  parler  était  Sai.omon.  F«ai  Maimou 

fds  de  Menahem  (dans  un  manuscrit  on  lit  fds  d'Abraham  Menahem).  ''■' ,  , 

Il     r                                      ,                          \m        ri                       i<ï».          .          ,.       ,        .            lin  SES   TROIS    EI.ETES, 

Il  lut  surnommé  taxnD;    M.   Zunz  et  IHistoire  littéraire  de  la   rrance  ^,^^„ 

écrivent   Prat;  M.  Geiger,  Parath;   M.  Steinschneider  prend  ce   nom  Mazkir,     XVI, 

comme  un  abrégé  de  Comprat;  nous  le  croyons  un  abrégé  de  f rater.  P-  "C. 

Maimon,  dont  De  Rossi  fait  deux  personnages  différents,  vivait  sans  ^'V'  ^'^^'"^'-  "■ 

doute  en  Provence  vers  la  fin  du  \iv'  siècle;  cette  époque  peut  être  ac-  Hist.  liit.  de  la 

ceptée  quand  on  sait  que  ses  trois  élèves,  dont   nous  parlerons  plus  France,  t.  XXVII. 

loin,  composèrent  leur  commentaire  sur  le  livre  Khozari,  selon  Tinter-  P'  _ 

prétation  orale  reçue  de  leur  maître,  vers  l'année  i\îfi.  Dans  le  cata-  •»»  .n  .9.). 

TOME   XXXI.  Q.') 


5  3  * 


i«i nivEKii 


llt'SlàcLK. 

(ialal.  de  Paris , 
p.  107  0. 


754 


LRS  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


r.atal.  (le  Paris, 

'  1045,  3. 


Vlaïkir,   XVI. 
p.  126. 

Calal.dOxfoid, 
11*  laig. 

M'azkir,    XVI. 
p.  136. 


Geigcr,     Jûd. 
/schr.,III.p.i85. 

Calai,  de  Bcriin. 


Ilist.  lia.  de  la 
France,  t.  XXVII. 
|i.  G36. 

Ibid. 

Calai.  d'Oxford, 
toi.  56  ;  Geiger. 
Zcitsclirift  ,  1871. 
p.  318. 

Mazkir,    XVI. 
p.  1J7. 


Calai.  Uiscioni , 
ln-8'.  p.  43^. 


logue  (le  Paris,  à  l'article  du  manuscrit  n'  678,  a,  le  nom  de  notre 
auteur  est  écrit  R.  Phr^t  Maimoun,  fils  de  Dimaza  (nxD  n),  et  on  lui 
attribue  une  consultation  tirée  d'un  ouvrage  intitulé  "im  r\lh2Vr\.  Nous 
voyons  ih  une  double  faute  de  lecture.  Au  commencement  du  buitièiue 
cliapitre  de  l'explication  des  huit  chapitres  de  Maimonide,  par  Nethanel 
Gaspi,  on  lit  ce  qui  suit  :  (sic)  nxD  '3  '•>:  liD^D  BxnD  't  niD  'Jnx  non  n»  hin 
nON  crcVoai  ^^:^  ■•3  Yt  iMi  Pl'?NCn  iBoa.  •  Et  mon  maître  Frat  Mai- 
«  mon  s'étonne  d'avoir  trouvé  dans  le  livre  des  Interrogations  (pro- 
«  bablement  le    traité   astrologique    d'Abraham    ben-Kzra)    la    phrase 

«  que    voici  :    Knoch    et    Ptolémée   disent •   L'auteur   du   cata  - 

logue  a  lu  nso  n -13   au  lieu  de  (1.  ksd)  nsD '3  "-J,   et  m'jsern  pour 

Frat  Maiuion  a  composé  les  quatre  écrits  que  voici  : 

1°  biovh  nny,  «Témoignage  d'Israël»,  traité  cité  par  ses  trois 
élèves,  à  l'occasion  d'une  interprétation  d'isaie,  i.ii,  i3.  Ce  traité  roulait 
sans  doute  sur  la  controverse  religieuse.  Ce  n'était  pas  un  commentaire 
sur  le  livre  de  Khozari,  comme  MM.  S.  D.  Luzzatto  et  Neubauer  l'avaient 
pensé,  puisque  notre  auteur,  ainsi  que  M.  Steinschiicider  l'a  bien  ob- 
servé, avait  donné  une  explication  orale  sur  ce  livre,  sans  en  avoir  jamais 
écrit  un  commentaire.  Cela  résulte  clairement  de  ce  que  les  commen- 
taires de  ses  trois  élèves  sur  le  Khozari  se  ressemblent  tellement  qu'on 
serait  tenté  de  prendre  l'un  ou  l'autre  de  ces  commentaires  pour  un 
plagiat.  Mais  tel  n'est  pas  le  cas;  la  ressemblance  des  trois  commen- 
taires est  le  résultat  d'une  même  interprétation  orale  que  les  élèves 
ont  mise  par  écrit.  M.  Zunz  avait  pris,  à  une  certaine  époque,  le  titre 
de  '7N")C^'7  nny  pour  le  titre  du  commentaire  sur  le  Khozari  de  Nethanel 
Caspi. 

1°  •'yQC  nsJ,  «  Rejeton  de  ma  plantation  »;  traité  qui  avait  probable- 
ment pour  sujet  les  explications  philosophiques  des  passages  agadiques 
du  Talmud.  Ce  traité,  comme  le  précédent,  est  connu  seulement  par 
les  citations  de  deux  des  élèves  de  Frat  Maimon ,  dont  l'un  même  ne 
donne  pas  le  titre  de  l'ouvrage. 

3^  Un  commentaire  sur  le  poème  intitulé  :  vs:n  'r3,  «  Boites  de  par- 
«lum»,  de  Lévi  ben-Abrahani.  Ce  commentaire  est  cité  par  les  trois 
élèves  et  se  trouve  probablement  dans  le  manuscrit  de  Paris  n"  89 1 , 
avec  Salomon  pour  nom  d'auteur.  M.  Carmoly  dit  qu'il  s'agit  là  de 
Salomon  de  Lunas,  disciple  de  Lévi;  mais  «de  Lunas  •  ne  se  lit  pas 
dans  le  manuscrit. 

4°  Quant  aux  explications  sur  la  Genèse  qu'un  disciple  cite  à  la 
marge  du  manuscrit  d'Oxford  n°  28'j ,  elles  sont  probablement  tirées 
d'une  série  de  postilles  sur  le  Pentateuque,  telles  qu'on  en  trouve  dans 
le  manuscrit  de  Munich  n°  qS^. 

Frat  Maimon  fut  le  copiste  de  l'exemplaire  du  dictionnaire  de  David 
Qamhi  qui  est  à  la  bibliothèque  Laurentienne,  à  Florence,  plut.  88, 


DU  XIV  SiECI.E. 


755 


cod.    6.  Biscioni  le  dit  du  xiii'  siècle,  date  impossible,  puisque  Frat 
Maimon  vivait  dans  la  seconde  moitié  du  xiv*  siècle. 


XIV  siE<;i.i. 


Jacob,  fils  de  Ilayyim,  surnonuné  Comprat  Vidal  Férussol,  peut-être 
le  fds  (M.  Steinschneider  dit  le  petit-fils)  de  Vidal  Férussol,  un  des  trois 
bayions  d'Avignon  en  i^oo,  composa  en  1^22  ,  à  l'âge  de  dix-sept  ans, 
un  commentaire  sur  le  livre  A^/iozari ,  de  Judah  Halévi,  d'après  l'instruc- 
tion orale  reçue  de  son  maître  Frat  Maimon.  Dans  le  catalogue  Heiden- 
heim,  n°  Sg,  d'après  M.  Steinschneider,  notre  auteur  figurerait  comme 
copiste.  M.  Carmoly  lit  Provençal  au  lieu  de  Férussol,  d'après  un  ma- 
nuscrit qu'il  avait  reçu  d'Alep.  M.  Neubauer  écrit  OKnOp  au  lieu  de 
TiBDip,  et  cette  orthographe  est  confirmée  par  le  manuscrit  de  Berlin. 
IjC  nom  de  Comprat  est  la  traduction  vulgaire  du  nom  de  Mahhir;  ici 
il  équivaut  à  Jacob;  ailleurs  on  trouve  Comprado,  représentant  3'2n 
suivi  d'un  autre  nom.  Un  Comprad  d'Aries  se  trouve  cité  dans  le  com- 
mentaire d'Ibn-Yaisch  sur  le  commentaire  d'Abraiiam  ben-Kzra  sur  le 
Pentateuqup.  Un  Comprat  de  Vivas  d'Arles  est  mentionné,  en  i386, 
par  Isaac  ben-Schéschet,  dans  la  Réponse  n"  266,  comme  père  d'un 
voleur  du  nom  de  Vido  (n^,  ou  \idon,  jn'i,  dans  les  Réponses  d'Isauc 
Lattes).  M.  Steinschneider  a  voulu  identifier  Vidal,  le  père  de  notre 
auteur,  avec  Vidal,  poète  d'Avignon,  en  1  'i53;  ce  qui  n'est  guère  vrai- 
semblable, vu  que  notre  auteur  avait  composé  son  ouvrage  à  l'âge  de 
dix-sept  ans,  en  i^aa;  en  i/j53,  il  aurait  eu  quarante-huit  ans,  et 
Vidal,  s'il  avait  été  le  père  de  notre  Jacob,  aurait  été  alors  âgé  de 
soixante-cinq  à  soixante-dix  ans.  Cela  est  bien  possible  assurément;  mais 
il  est  surprenant  que,  dans  le  commentaire  de  Jacob,  il  ne  soit  Jamais 
question  de  son  père.  Ajoutons  que  Vidal  d'Avignon  n'est  pas  cité 
comme  poète  par  Zunz,  ainsi  que  le  dit  M.  Steinschneider  :  il  est  simple- 
ment mentionné  comme  auteur  d'une  liturgie,  en  i653.  A  la  fin  du 
manuscrit  de  Munich  a 9a,  on  trouve  le  nom  de  Miu-l  Bouda vi  Com- 
prad, de  Salon,  dont  la  veuve  vend  des  livres  à  Maestre  Selamias,  de- 
meurant à  Sisteron(?),  le   1"  tebet  5aia  [i(x  novembre   i45i). 

Le  titre  du  commentaire  de  Comprat  est  apy  n'3 ,  «  Maison  de  Jacob  ». 
On  en  connaît  au  moins  trois  manuscrits,  savoir  :  1°  celui  de  Berlin, 
n*  1  a3  du  catalogue,  autrefois  chee  M.  Kayserling;  a*  celui  de  M.  Car- 
moly, mentionné  ci-dessus;  3*  celui  de  M.  Halberstam,  à  Bielit/.  Com- 
prat cite  à  peu  près  les  mêmes  sources  que  ses  deux  condisciples.  Nous 
renvoyons  à  la  minutieuse  description  de  cet  ouvrage,  par  M.  Stein- 
schneider, dans  le  Catalogue  de  Berlin. 

Nethanel,  fils  de  Néhémie  Caspi,  surnommé  Bonsenior  Macif  de 
[jargentière ,  de  la  famille  Caspi,  était  encore  jeune  quand  il  fit  son 
commentaire  sur  le  Khozari,  en  octobre  i/ia4;  d'un  autre  côté,  il 
acheva  la  copie  d'Alfasi  (ouvrage  rituel  d'Isaac  de  Fez  et  autres  rabbins) 

95. 


Comprat, 

ÉLÈVE   DE  Fll\T. 

Brùll.  Jalirli. , 
IX,  p.  86. 

Rardinel,Re\ui' 
des  btudes  juives. 

I,  p.  173. 
Maïkir.      XVI. 

p.  117. 

Ann.  do  Jost, 
i83g ,  p.  101. 

Arcli.  des  Miss., 
1873,  p.  575.         ^ 

Catal.,  p.  I  I  I. 
Zuni,  Ges.  Sriir., 

II,  p.  .')i.). 

(]atal.  Caiiibr. , 
I ,  p.  1 3 1 . 

Gross ,    Moiiils- 
schrifl,  1880, /ii3. 

Resp.  I.  I.attf^s , 
p.  87  et  88. 


Maïkir.  XVI, 


Zuni,  Lit.  syn. 
Poésie,  p.  5 2.1. 

Catal. ,  p.  ii3. 


Arcli.  des  Miss., 
3'  série  ,  t.  I . 
p.  573. 

CaUl.  Beriin, 
p.  1 1 1  et  suiv. 

Catal.  Berlin, 
p.  1 1  à  I  i5. 

Nethanel  Caspi  . 
ÉLÈVE  DE  Frat. 
Catal.     dllatn- 
bourg  ,  11°  1 7 .5 . 


x.»-s.«.rK.        "^^  ^'^^  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 

le  ib  d'éloul  5a  i  A  (18  soplonilirc  \tibli  «de  la  conception,  d'après  le 
«  ralriil  des  seigneurs  à  Arles  »)  pour  Maeslre  Mordekaï  Todros  Nathan , 
à  A\igiion.  Nous  n'avons  aucun  autre  renseignement  sur  sa  vie.  Par 
les  ouvrages  qu'il  cite,  on  voit  que  Netlianel  s'occupait  de  philosophie 
rounne  son  aïeul  Joseph. 

Nethanel  (laspi  composa  plusieurs  ouvrages,  que  nous  allons  essayer 
d'énumérer  : 
Casscl,  Ciisari,  •"  I-'e  commentaire  sur  le  livre  khozari,  de  Juda  Halévi,  ayant  pour 

rdii.     de     i853,     hase  la  traduction  h('>l>raique  de  Juda  fils  d'Isaac  ben-Cardinaî ,  faite  en 
^'  '*■  I  i-jli   selon  le  manuscrit  de  Paris  Gyy  (M.  (]assel  dit  vers  laoo),  la- 

quelle ne  diflère  pas  beaucoup  de  celle  de  Juda  ben-Thibbon,  faite  en 
I  i()7.  On  en  trouve  des  manuscrits  :  à  Paris,  n°  677  (autographe)  et 
Mailii,    xvi.     M»  G78  (fragment);  à  Oxford,  n°  laag;  à   Parme,  l)e  Rossi,  n°  igb; 
'•  "  trois  dans  des  bibliothèques  privées  :  Asher,  n°  1  7  ;  Ilalberstam,  n°  6,  et 

Luzzatto,  n°  aa.  Nethanel  acheva  son  commentaire,  d'après  le  manuscrit 
rie  Paris  C77,  le  5  kislev  3i85  (aS  octobre  iliiU).  I^e  manuscrit  de 
Parme  a  la  date  du  mercredi  -26  siwan  f)  1  88  (  1 5  mai  1  IxiS).  Cette  der- 
nière date  se  rapporte  peut-être  à  la  revision.  Voici  le  texte  de  la 
préface,  d'après  le  manuscrit  d'Oxford  : 

'Biin  '<D"'3  "•'?  '7131  n'a  >pi33  nJ3  r^•l^rv'  •'sVio  l'^ssn  ''DD3  n^om  p  "jKJrJ  itSK 
|n3  TBZ?  ry3i3  Nipcn  '?33  ik3  nC3n  iipr:  yai:  ]"»i:  "jmn  '<3K  '3K3  -jm» 
(Ms.  Asher  Dn:c  nn-i3t<  13)  Dn:D  '13  nvibv  '1  niD  "-anK  Nin  nsn  ncc 
vn^<^p  nwK  inx  ncon  nt  nN33  '•'jy  ni  ^CD  ]1C"C  bkib  'i  ntyi'?'?  njison 
n-iNiDDn  irC3n  ■"iic-i  DmB3  yioîn  p3  i'7nnc  l'jip  njj  '''73»  'sn  m''  rjo"? 

nON  |mj  -IBD  nV^JO  "I*?  np  DIK  p  -iCKil  .iD  Vv  vri  i"?»  1310  VlpH  HK  »0C?K1 

DE^ii  rjsK  'jy  -)i3i  ■i3n  i3nr  ick  pn  -in''inj<3  i*?  3''0i''  ■•s'jd  ■j'?»  idb'»  ^Dt:r 
D"n  cnSN  n3T  r-i3T  na''3Ki  o''3i  nio  '7ip:  Kmpn  "jip  pk  ''yDt:?3  inii  .'d  bs  vt 
nn  ■'3ip3  NSDK1  nVnsn  i^y:  laiy  niKi  piPc"?  e;3n3  ■'D3  rn-i  o''-i3nn  cw 
^CD3  BIPS*?  ■'D33  "•CJEJ  HCCKi  D^p  ^c^y  yî3D  nt3n  wi  i*?  ^oc  n3n3  nm  nvin 
nn03  inyi3p  "'3'73  pipipn  in3T  vni  po"'?  ninxi  o^jd  n3iP3  iDO  p'jjd  rni 
'?"''?y3  r|i-)sn  «)D3  nxr"?  piDTn*?  puinn  nippipe?n  '<pvm  îcd3  aenn  '3  'i^ja 
Dipn  noy  did3  itdc;  ksid  nnoD  oioyion  pe?"?  pnr  erani  aVn  rat  ynx  vik"? 

•«DDS  pnxiKa 

Cette  préface ,  pleine  de  jeux  de  mots ,  est  intraduisible  en  français. 
Tout  ce  qu'il  y  a  de  clair,  c'est  que  Nethanel ,  étant  jeune  encore ,  reçut 
l'explication  du  livre  Khozari  de  son  maître  Frat  Maïmon. 

Ajoutons  que,  dans  le  manuscrit  808  de  Parme,  qui  renferme  l'édi- 
tion du  Khozari  de  15^7,  avec  les  variantes  de  Cardinal  écrites  à  la 
marge  en  caractères  rabbiniques,  on  trouve  à  la  fin  un  poème  qui  com- 
mence par  les  mots  suivants  :  n3CnD  iiDa  ■■aa'?  n-^^SH  et  a  pour  litre  : 
y?  'jnn  pnDZ?DD  bK^JP:  '-nnos  jikjdd  t»»  ,  «  Poème  du  vénéré  Nethanel 
«  de  la  famille  Dani  ».  De  Rossi  dans  son  catalogue  dit  que  les  variantes 
ont  été  relevées  par  ce  Nethanel.  Sur  la  famille  Dani,  voir  Jewish  Quar- 
terly  Review,  t.  I,  p.  1 85. 


m]  XIV"  SIKCLE.  757 

\1\     -IK.l.E. 


Matkii.    \VI. 


Le  manuscrit  Asiirr  n°  17  attrihuc  un  cununontiiire  «lu  coniniPntaiif 
(i'\l>rahani  bt-n-Kzra  sur  l<»  Pcntatrnquc  à  (îaspi.  M.  Steinschnt'idor  dit 
i|uo  ce  ronnuentaire   ne   sonible  pas  être  de   notr»'    Nethanel;    il   n'est        |,^,|  ^^j,        , -^ 
i'ertaincnient    pas   nun  pins  de  Joseph  (iaspi.  Mais  c'est  pi-oi>al>ienient 
à  ce  dernier  que  le  copiste  a  voulu  I  attribuer. 

•i°  Commentaire  sur  le  livre  jn  ni"),  «  Ksprit  de  grâce  »  (attribué  par 
(piflques-uns  à  Samuel  ibn-Tliibbon,    par  d'autres    à    Jacob  Anatoli 
ou  Antoli  (lasani),  qu'on  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  678,  3,        Hisi.  iiii.  dt  l.i 
avec  le  nom  de  l'auteur,  et  à  Panne,  u°  3q5,   1,  anonyme.  Dans  l'édi-        '."'.'a  " ''  ^^^ 
lion  impnmee,  1  ouvrage  est  également  anonyme.  La  première  pièce  «lu 
manuscrit   de   Parme,  nous  l'avons  dit,  renferme  le  commentaire  de 
Nellianel  sur  le  Khozari.  M.  Neubauer  allirme  (jue  les  passages  cités  par        (aml.d'OxroKl. 
Netbanel  de  son  commentaire  sur  le  linah  hen,  dans  son  commentaire    "°  "  ".1  •'•>'•  "i-"- 
sur  le  Khozari,  s'accordent  avec  le  commentaire  anonyme,  qu'on  trouv*- 
dans  le   manuscrit  de    Paris  sous  le   nom    de   Netbanel   Caspi.    D'un 
autre  côté,  Salomon  Vivas  cite  également  son  commentaire  sur  le  livre 
Huah  hcn;  il  est  donc  probable  que  tous  les  deux  avaient  entendu  l'in- 
terprétation de  ce  livre  de  la  bouche  de  leur  maître  Frat  Maimon,  et        Mailii.   XVI. 
que  tous  les  deux  avaient  mis  par  écrit  ses  explications.  I'  '-^ 

3*  Le  commentaire  sur  les  huit  chapitres  (  JyiaiJI  iUiU)  de  M aimonide , 
qu'on  trouve  anonyme  dans  les  manuscrits  de  Paris  n°  678,  a,  et  de 
Parme  n*  i^5,  1.  Ce  commentaire  est  sûrement  composé  par  un  élève 
de  Frat  Maimon;  un  commentaire  sur  les  huit  chapitres  est  cité  par 
notre  auteur  et  par  Salomon  Vivas.  Nous  attribuons  cet  ouvrage  dans 
les  deux  manuscrits  plutôt  h  Netbanel  qu'à  Vivas,  parce  que  le  copiste 
l'a  mis  entre  les  deux  autres  connnentaires  de  Netlianel.  Nous  croyons 
que  M.  Steinschneider  a  tort  de  soupçonner  notre  auteur  d'être  un  pla-  Maïkii,  XVI, 
giaire.  On  doit  expliquer  les  ressemblances  et  les  différences  des  rédac-  ''  "^' 
lions  des  deux  élèves  de  la  même  manière  que  pour  le  Khozari  et  le 
Ruah  hen. 

Ajoutons  que  le  manuscrit  de  Parme  n°  BgS,  qui  renferme  les  trois 
traités  de  notre  auteur  dont  nous  venons  de  parler,  fut  copié  par  le  cé- 
lèbre copiste  .Abraham  Férussol  d'.\vignon,  à  Ferrare,  en  1620. 

à°  niBip'?,  collection  de  notes,  de  postilles  ou  gloses  sur  le  Penta- 
leuquc,  dans  le  manuscrit  de  Municb  n*  a5i.  Cette  collection  est  d'un 
Ben-Nehemiab  :   fauteur  cite   son   père    Néhémie   fds  de   Nathan  et 
son  maître  Frat  (bikb  et  OKIb)  Maimon.  Or  Netbanel  Caspi  est  fils  de 
Néhémie  et  élève   de   Frat  Maimon.  En  outre,  le  commentateur  cite 
Maestre  Léon  de  Bagnols  avec  la  formule  "jt  employée  pour  les  morts,        P«l-  Sol.,  p.  .3: 
ce  qui  montre  qu'il  écrivait  après   1 348.  Il  ne    serait  donc   pas  trop    •■'  '""' 
hasardeux  d'attribuer,  avec  MM.  Steinschneider  et  Berliner,  cette  col-       f""""^'   ^^'' 
lection  à  notre  Nethanel.  L'auteur  cite  encore  son  frère  Salomon.  Rev.  de»  Éuiile» 

La  collection  n'est  qu'une  amplification  de  celle  de  Joseph  Officiai,  et   juives,  I,  p.  m 
beaucoup  des  rabbins  français  de  l'Est  y  sont  cités.  Par  la  même  raison    *'  '""'■ 


\lï'  MÈCI.E. 

Pci.  s.>r.,p.  3i. 


llcv.  cirs  Kludrs 
juives,  m,  p.  I  o.l 
siiiv. 

Ma/.lir,  XVI, 
p.  1  •!()  «1  siliv. 

Hp\.  (les  Ktudos 
jui\rs.  III,  y.  A. 

Ma/kir,  XVI, 
p.  iSo. 

Ilrv.  lies  Ëludos 
jiiIm'h,  III,  p.  lô. 

l'.l.  .Sol'.,  p.;ji. 

Hcï.  lies  Ktixlcs 
jlii\o<,  III ,  p.  lA. 

Maïkir,  XVI. 
p.  i?t>. 

Catal.  Cambr. . 
p.  1  <9  cl  1.55. 


758 


LKS  KCRIVAINS  JUIFS  FIUNÇAIS 


Oatal.  Munich  , 

n'  501. 

.SlI.OMO.'» 

ViVAS, 

fA.r.M  DE 

KnAT. 

Maïklr. 

XVI. 

!•■  "7- 

Povroii, 

p.   30 '|. 

r.alal.  I.  p.  9^. 


II    53 


on  y  trouve  beaucoup  de  mots  et  niéuie  des  sentences  françaises;  mais 
il  ne  faut  pas  conclure  de  là,  comme  M.  Bcriiner  le  fait,  que  le  com- 
pilntpur  était  un  Français  du  Nord.  Nous  savons,  en  effet,  que  les  trois 
disciples  de  Frat  Maimon  étaient  des  IVuvtriçaux,  et  Netlianel  se  dit 
positivement  de  Largentièrc.  Les  passages  cités  au  nom  de  Frat  Maimon 
pouvaient  appartenir  à  son  ouvrage  intitulé  Témoignage  d'Israël,  (|ue 
nous  avons  considéié  comme  un  ouvrage  de  controverse  religieuse. 

On  peut  éclaircir  quelques  passages  douteux  qui  ont  arrêté  M.  Slein- 
schneider,  dans  l'ouvrage  dont  nous  parlons,  par  l'excellent  article  de 
M.  le  grand  rabbin  Zadok  kalui  sur  le  li\re  «Joseph  le  Zélateur». 
Ainsi  Abigdor  (ils  de  K.  Isaac  est  identi(|ue  au  personnage  du  même 
nom  mentionné  dans  Jo.sepli  le  Zélateur.  WjS^DC  pcjnn,  ne  veut  pas 
dire  l'évéque  du  Mans;  d'un  autre  côté,  Moulins  n'avait  pas  dévèque. 
^c^i  riK  et  jna  ne  sont  autre  chose  que  le  nom  de  Garin.  Dans  les  addi- 
tions du  compilateur  est  indiqué  le  nom  du  maître  de  ce  compilateur 
(à  moins  qu'il  ne  l'ait  pris  d'un  autre  ouvrage),  Barukh  fils  de  Benja- 
min, nonmié  en  langue  vulgaire  11.  ^Ki2.  M.  Steinscluieider  lit  ce  nom 
Benoit  =  Baruch,  et  .se  deniande  si  ce  Baruch  ne  pourrait  pas  être 
identique  avec  le  maître  de  Schem-tob  ibn-Mayor  de  Briviesca  en  Es- 
pagne. Nous  en  doutons  pour  plusieurs  raisons  :  i°  le  maître  d'Ibn- 
Mayor  s'appelle  Baruch  simplement  et  il  est  Espagnol;  2°  Ibn-Mayur 
ayant  composé  son  ouvrage  en  i  36o  h  l'âge  de  vingt-quatre  ans,  son 
maître  Baruch  ne  vivait  probablement  plus  après  1^26.  quand  au  plus 
tôt  Nethanel  doit  avoir  compilé  ses  postilles.  Nous  mentionnons  encore 
le  nom  de  Sabbetai  de  Tolosa  (Toulouse),  et  de  «"ia*?!,  que  M.  Stein- 
schneider  transcrit  par  «  de  la  V  igné  ». 

Ajoutons  encore  une  observation ,  c'est  que  ce  manuscrit  a  été  possédé 
par  deux  juifs  de  Provence,  savoir  :  Jacob  Orgère  et  Botarel  bKCOWT. 

Salomon,  fils  de  Juda  Vj'*?,  surnommé  en  provençal  Salomon  Vivas 
de  Lunel  (b'Ji'jT  vt(v\  ]nbz'),  composa,  lui  aussi,  un  commentaire  sur 
le  Khozaii  selon  l'interprétation  de  son  maître  Frat  (D^^(C)  Maimon, 
en  5  184  {ili2U),  à  l'âge  de  treize  ans.  Ce  commentaire  se  trouve  dans 
le  manuscrit  de  la  Bodiéienne  n°  a 383  (autrefois  Asher,  1 6)  et  à  Turin , 
n°  193  du  nouveau  catalogue.  J^c  titre  en  est  :  nc"?»  pB?n,  «Désir 
«  de  Salomon  ».  Le  commentateur  prétend  avoir  travaillé  sur  la  tra- 
duction d'Isaac  ben-Cardinal;  à  part  un  petit  nombre  de  variantes, 
le  texte  reste  celui  de  Juda  Thibbon.  Une  seule  note  de  notre  auteur, 
se  rapportant  au  sacrifice  de  In  vache  rousse  (Nombres,  chap.  xix),  se 
trouve  dans  le  manuscrit  de  Cambridge  n°  4o. 

Salomon  cite  souvent  son  maîtie  mot  à  mot,  par  exemple  sur  In 
chapitre  i.ui  d'Isaïe.  Il  cite  en  outre  des  auteurs  relativement  modernes, 
Schem-Tob  Falaqéra ,  le  commentaire  sur  l'Ecclésiaste  de  Messer  Léon 
(Lévi  ben-Gerson),  et  la  partie  qui  traite  de  la  physique  dans  son  grand 


nu  xrv  SIECLE. 


•59 


xiv'mèci.e. 


II,  Co. 

Illid. 

Ilist.  lia.  ch  la 
France,  I.  WVII. 
p.  528. 

Ilist.  lill.  ilo  la 
France,  I.  XXVII, 
p.  6 18. 

III.  II. 
Calai.  cl'O^lonl, 

11"  H19. 

Ilist.  litt.  (I<;  la 


ouvrage,  c'est-à-dire  les  (luerres  du  Seigneur  (p'jna  ■«iV '")  Dsnn  0*71X1 
cnnaT  "irc  Vnan  manr:  rryaen),  en/iii  son  cominentaire  sur  le  Penta- 
teuque,  à  diverses  reprises,  .ailleurs  (III,  5),  noire  auteur  mentionne  : 
1°  le  commentaire  de  Moïse  de  Narbonne  (sous  le  nom  de  Sen  Vidal  Sa- 
lomon,  qui,  en  «-(Tet,  est  le  nom  de  Menuhem  Meïri,  au  lieu  de  Sen 
Vidul  R'ilsom)  sur  les  Intentions  des  philosophes  «IWl-Gazzali  ;  2°  le  com- 
mentaire sur  Lévi  ben-.\braham  par  Frat  (oiXB  i),  plusieurs  fois;  3°  le 
commentaiie  sur  le  Guide  des  «-garés,  avec  le  titre  de  jn  nn,  que  notre 
auteur  attribue  à  Moïse  ibn-Thibbon.  Il  cite  (III,  i-j),  comme  Nethanel 
Caspi,  le  livre  intitulé  Lumière  de  Dieu,  o^n'jK  ^J.  Salomun  renvoie  au 
connnentaire  de  R.  I^évi  (ben-(îerson)  sur  la  liturgie  commençant  par  France,  t.  WVII 
mx  nrx  (service  de  l'après-midi  pour  le  siibbat),  III,  2  3.  11  allègue,  ''"  "^ 
comme  Nethanel  Caspi,  les  questions  du  philosophe  Don  Astruc,  je?i 
njj.  —  V,  10,  on  trouve  les  mots  suivants  :  onn  D'-on  nxr  Vl  13'C3ni 
jn  nn  icca  linxa  tVH  naD"?  vv  ■'Jaxa ,  «  nous  avons  expliqué  cela  dans  le 
«  livre  Esprit  de  grâce  •.  Est-ce  à  dire  que  notre  auteiu'  ait  lait  un  com- 
metitaire  sur  ce  livre ,  comme  son  collègue  Nethanel  ?  Ici  Salomon  attribue 
l'ouvrage  à  Samuel  ibn-Thibbon.  \ers  la  fin,  avant  lesmoipn,  «  proposi- 
«  lions»,  notre  auleur  cite  le  livre  du  Mystère  (lion 'o)  d'Ibn-Caspi 
(Joseph  Caspi). 


.\zAi(iE,  fds  de  Joseph  ibn-Abba-Mari ,  surnonnué  en  langue  vulgaire 
Bonat'oux  Bonlil  Aslruc,  est  un  des  derniers  écrivains  juifs  originaires  de 
Perpignan.  Les  membres  de  la  famille  actuelle  Perpignani  sont  sans 
doute  originaires  de  celte  ville,  mais  nés  hors  de  la  France.  Azarie  dit, 
dans  la  préface  de  sa  traduction  de  Boèce ,  qu'il  a  été  chassé  de  la  Cata- 
logne, mais  il  ne  nous  apprend  pas  dans  quelle  année  sévit  k  Per- 
pignan la  persécution  par  laquelle  il  a  été  forcé  d'émigrer;  ce  fut  peut- 
être  en  I  (4  I  4 ,  quand  des  massacres  eurent  lieu  dans  la  province  d'Aragon  ; 
c'est  l'époque  vers  laquelle  le  moine  Vincent  Ferrier  donna  cours  à  ses 
préxlications  fanatiques.  En  i/i23,  nous  trouvons  notre  Bonaluux  (ou 
Bonafos)  établi  avec  son  fds  en  Italie,  où  il  s'occupa  à  faire  des  tra- 
ductions hébraïques  d'ouvrages  latins,  dont  trois  nous  sont  parvenues  : 

i'  N>îiDi"?'<Dn  nonj  ou  '3iJ<'«DK*?iD3ip  n,  traduction  du  livre  De  Conso- 
latione  philosophuB  de  Boèce,  commencée  en  l'année  5i83  =  i423,  à 
Macerata  de  Montefeltri  (moVoSailDa  nKBKnï?"ND,  mots  omis  dans  le 
catalogue  de  Paris),  sous  le  règne  du  prince  Carlo  Malatesta,  et 
achevée  le  jeudi,  28  tebet  de  la  même  année,  à  la  Tour  Pietrarubbia 
(iK^ano'D  btli^;  dans  le  catalogue  de  Paris,  on  écrit  «  à  Vitruvio  »;  mais 
une  telle  localité  n'existe  pas).  La  peste  avait  forcé  les  juifs  de  Torre 
Macerata  de  Montefeltri  à  s'enfuir.  Bonafoux  dit  dans  sa  préface,  qui  est 
endommagée  dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  SgS  (celui  de  M.  de  Giinz- 
burg  n'est  plus  à  notre  disposition)  :  «  Ayant  vécu  dans  une  tristesse 
«  constante ,  par  la  direction  naturelle  de  notre  esprit  et  par  le  contre- 


BONAKOUX . 

TB^DIICTEUR. 

l'Ug. 


(jlM'll , 

r     Juil. 
1-.3; 


tiescli. 

Vin, 

Steiii- 


sclinc'i(ler,Uel)«rs., 


■IGO. 


Catal.  de  Paris, 
.  i55  a. 


Ibid. 


\l\     MECI.k. 


160 


l,KS  KCKLVArNS  JUIFS  FRANÇAIS 


Kraïuc 


R.1 
jiiivrs 
ù  )<>. 
«Il» ,  p. 

Ilist 
KraiH"' 

|).  T)!) 

Ilill 
a.-.,  H 


«coup  fie  nos  nwllieurs,  quc-ind  Dieu  nous  eut  chassf's  de  la  terre  [de 
"(Catalogne],  pays  où  rien  ne  manque  et  où  aucune  chose  ne  fait  dé- 
«  faut.  .  .  j'arrivai  en  Italie.  .  .  Loué  soit  Joseph  Abigdor  (probablement 
«  un  membre  de  cette  famille  provençale,  qui  comptait  des  traducteurs 
«dans  son  sein),  qui  s'est  adonné  h  l'étude  de  la  philo.sophie  avec 
«  pureté  et  sainteté!  [Je  me  mis  alors  à  faire  la  traduction  de  Boèce;] 
«  je  sais  cpie  la  foide  des  talmudistes  sans  intelligence  me  trouvera  cou- 
«  pable  et  se  mo(|uera  de  moi  h  cause  de  cette  traduction;  mais  si  ces 
«  ignorants,  qui  se  disent  les  vrais  israélites,  et  qui  simident  la  piété 
n  avec  leurs  dévotions  absurdes,  si  ces  gens  voulaient  lire  les  livres  du 
«  grand  n)a!tre  (Maimonide)  qui  enseignait  la  justice  et  qui  a  traduit  un 
«  grand  nouïbre  d'ouvrages  composés  par  les  sages  des  nations  et  spé- 
H  cialement  par  (îalien,  [ils  penseraient  autrement].  Pour  moi,  aban- 
«  donné  et  dévoré  d'inquiétinle  ii  la  suite  des  malheurs  dont  j'ai  parle 
«plus  haut,  je  pris  le  parti  de  faire  cette  traduction  pour  me  con- 
«  soler ...» 

Les  manuscrits  de  cette  traduction  se  trouvent  <^  Paris,  n°  895,  et 
dans  la  bibliothèque  de  M.  (lûnzburg,  n°  188. 

•j"  Traduction,  d'après  le  latin  de  Simon  de  (lênes  (ms.  :  jlD'tPlB!:, 
lisez  pcc  ■'ED,  Simone  inlcrprctc),  du  vingt -septième  livre  de  l'ouvrage 
de  médecine  de  Zahravi,  traduction  achevée  au  mois  de  kislev  5  1  yo 
(novembre  i/ny).  Bonafouxdit,  dans  la  préface ,  après  avoir  parlé ,  dans 
un  style  fleuri,  de  ses  malheurs,  (|ue  le  prince  Messer  Juan  Antoni 
d'Orsinis,  prince  de  Tarente,  a  placé  quelques  exilés  sous  sa  protection. 
Honafoux  s'est  établi  à  Senise  {viKV),  dans  la  province  de  Basilicate. 
«Dieu,  dit-il,  avait  ceint  de  force  mes  reins  souffrants,  et  j'y  trouvai 
•"  un  médecin  chrétien  du  non»  de  maitre  Louis.  Parmi  ses  livres  je 
«  découvris  le  livre  de  Zahravi  intitulé  :  le  Serviteur  des  médecins,  tra- 
«  duit  [de  l'hébreu]  en  latin  par  Simon  de  Gênes,  d'après  la  traduction 
«  d'Abraham  de  Tortose.  Kt  comme  je  n'en  ai  trouvé  aucune  traduction 
«  hébraïque  dans  ce  pays,  je  cims  bien  faire  d'en  exécuter  une;  car 
«  l'ouvrage  est  d'une  gr:mde  importance  pour  la  science  médicale,  pour 
«l'art  des  onguents  et  pour  l'alchimie;  en  un  mot,  celui  qui  l'étudiera 
•  y  découvrira  de  grands  mystères.  Ce  livre  forme  une  partie  du  grand 
«  ouvrage  composé  par  Zahravi.  Ayant  vu  que  tu  te  prépares  A  l'étude 
«de  la  médecine,  je  l'ai  traduit  pour  toi  ici,  h  l'endroit  que  j'ai  n>en- 
■  tionné,  au  mois  de  kislev  (octobre-novembre  i/l38).  » 

M.  Neubauer,  auquel  on  doit  un  article  étendu  sur  lionafoux, 
croit  que  le  traducteur  Abraham  de  Tortose  est  le  fds  de  Schem-Tob, 
fds  d'Isaac,  de  la  famille  Tortosi,  qui  a  traduit,  en  ia5/i,  à  Marseille, 
l'ouvrage  entier  de  Zahravi,  et  que  c'est  probablement  sur  cette  traduc- 
tion que  Bonafoux  a  travaillé  et  non  sur  l'arabe,  comnie  l'a  bien  re- 
.<lc  la  mé<l.  marqué  M.  Leclerc.  Abraham  de  Tortose  est  probablement  identique  à 
l>   '17'         Abraham  fils  de  Schem-Tob,  auteur  du  petit  manuel  de  thérapeuti(jue 


litt.  <lc  la 
l.  \XVII. 


rifs  Ktudes 

V.  p.    il 

-  Cf.  ri-<les- 

litt.  <lc  la 
t.  XXVU, 


1)1;   XIV'  SIKCLE.  701         ^,         , 

roiixiM'  (liiiis  les  ms^.   i  i8i  cl   i  i8i  «li;  l'aiis.  (<  i-bl  lui  oi'aK'nK'iit  (iiii        ,,     ,    ,    .. 

Il    I         .       .     \i  'II         .1  I         •  I      •  I       'I'      •    "    I  1  (.aliil.  ili'  l'an», 

:i  c(illai)(>i-<-,  a   Vliirscnle,  a  la  ti'a<nicti()ii   latine  (in    I  raite  des  plantes     p  .,,- 

atlrihiie  à  (ialieii.  Il  esl  encore  possiltle  (|ir\l)raliani  ail  été  mis  à  con- 

Irihulioii  par  SinKjn  de  (îones  [.laniiensis)  pom'  ses  Synonyma  mcdiciiuc, 

<;oni|)i)sés  pour  io  pape  Nicolas  1\  de  ii88  à  i'»9'2,  coninic  il  le  fut         .siniiMliMci.lor, 

nar  le  niènie  Simon  pour  sa  (radiiction  dn  Liber  Serapionis.  M.  N'en-     Anii.  de  Vii-.lioH. 

baniT  a  donne  des  specnnens  des  tiiuuutions  de   /aliravi   ])ar  Suiion  ' 

de    (jènes,    par  Scheni-Tob   et    par    Boiiaioii\;    il  mentionne    encore        l.rd.rc,     llisi 

Irois  antres  traductions  liéhrauiues  dn  même  traite,  saxoir  :   i"  celle  de         ,"  ""''  "'  -  "■ 

p.     I  "  I . 

Mescinillam  fils  de  ,lona  ;  •>."  celle  de  Joseph  ihn -Wa(jqar,  et  3°  celle  d'un        id-v,  ,i,s  llnidi- 
anonyme,  peut-être  d"  Vhraliam  i'ortosi.  La  traduction  du  vingt-neuvième     jniviN.  \.  ^>.  ','t. 
«îliapiire  de  Zahraxi  (dans  les  traductions  liehraïques,  c'<!st  le  vingt^liui-        Cai^ii.  .lOxIonl, 
liènie)  par  iionaloux  se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n"  joio,  3.     <<'l  ;»<>•> 

3°  D'^îcn  nier  C,  traduction  du  laliu  <lu  «  Lixie  des  é([uivalents  des  . 
«  drogues  ».  \oici  ce  (pie  Bonafoux  dit  dans  sa  courte  pn-lace  :  «  Connue 
«  il  arrive  très  souvent  que  des  médecins  passent  par  des  endroits  où  ils 
«  ne  peuMuit  se  procurer  les  drogues  nécessaires  qu'avec  grande  difli- 
<"  culte  et  se  trouvent  ainsi  dans  i  embarras,  ce  cjui  est  surtout  le  cas 
«  chez  ceux  de  nos  coreligionnaires  qui  sont  obligés  de  se  rendre  dans 
«les  villages  ou  dans  les  montagnes  pour  gagner  leur  vie,  endroits  où 
«  l'on  ne  rencontre  pas  <le  drogues  pour  faire  les  médicaments  néces- 
"  saires,  moi,  Azarie,  appelé  en  langue  vulgain^  Bonafoux,  je  traduis 
«celte  table  alphabéti([ue,  que  j'ai  trouvée  parmi  les  chrétiens,  ayant 
•  pour  titre  en  grec  :  \viep\  ■tâ>v]àvTi€aX\ofiév<>)v,  composée  par  le  philo- 
«  sophe  et  médecin  Dioscoride,  pour  son  oncle.  »  La  date  de  la  traduc- 
tion n'est  pas  donnée;  nous  croyons  qu'elle  fut  faite  à  Perpignan,  où, 
en  elfet,  les  juifs  allaient  dans  la  montagne  pour  pratiquer;  la  permis- 
sion de  pratiquer  dans  la  ville  leur  avait  été  retirée  sans  doute,  tandis 
qu'en  Italie  cette  restriction  n'existait  pas. 

Nous  n'osons  pas  alTirmer  que  la  Képonse  qui  ligure  dans  le  recueil 
d'Isaac  de  Lattes  le  jeune,  signée  Mestre  Bonafoux  (tPDKJia),  soit  de        Hosp.p.  i3S. 
notre  auteur.  Le  nom  de  Bonafoux  était  porté  par  un  grand  nombre 
de  juifs   cpii   étaient   médecins.   La  réponse  se  rapporte  à  un  cas  de 
dispute  sur  un  héritage  dans  la  Catalogne,  vers  Girone,  et  les  témoins 
sont  de  Perpignan.  Il  n'y  a  pas  de  date;  mais  il  est  certain  que  l'alTaire 
se  passa  au  xiv*  siècle,  longtemps  après  la  mort  de  Salomon  ben-Adret, 
qui  mourut  en  i3io;  de  sorte  qu'en  attribuant  cette  réponse  à  notre      (;r;riz,Ocsch.<lri 
Bonafoux,  on  ne  commettrait  aucune  faute  chronologique;  mais  nous    ■''"'•  VII,  p.  1 56 
avons  les  mêmes  hésitations  pour  Bonafoux  comme  casuiste  que  pour  un 
cas  analogue  dans  l'article  que  nous  avons  consacré  à  Léon  de  Bagnols. 


vprs  i/|5o. 


Maesthe  Bendig  d'Arles,  en  hébreu  Meir,  probablement  contempo-  Bendig 

rain  d'Isaac  Natban,  qui  avait  l'intention  de  composer  un  ouvrage  sem-  '" 

blable  à  celui  dont  nous  allons  parler,  est  l'auteur  d'une  Concordance 
rOMF.  .wxi,  96 


mpiiatlll   llTiesALC. 


\1V    SIKII.E. 


7(i2  LES  KCIUVAINS  JUIFS  FIWNC AÏS 


des  passages  bibliques  expliqués  dans  le  Talniiid,  avec  les  renvois  au 

Talniud,  et  d'une  compilation  des  passages  agadiques  dans  le  Talnuid, 

<-ounne  nous  les  avons  dans  l'ouvrage  intitulé  apy  J'»,  «  Œil  de  Jacob  », 

rouipilé  par  Jacob  Habib  et  imprimé  plusieurs  fois.  Nous  possédons  lu 

première  partie  de  l'ouvrage  de  liendig  dans  un  manuscrit  d'Oxford, 

n"  1637,  3,  et  dans  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  la  conmiimaulé 

juive  do  Vérone;  le  dernier  est  plus  correct  cjue  le  premier.  Ainsi  le 

non»  de  l'auteur,  corrompu  dans  le  manuscrit  d'Oxford  en  inODNC 

■"'jîXî  'J-ij^xa,  est  correct  dans  le  manuscrit  de  Vérone  :  m:3  noWKD 

'^'7^!<^.  Pour  quelcpies  autres  corruptions,  nous  renvoyons  à  l'article  de 

Moiiai^srlirili ,      M.  (iross  ct  aux  additions  et  corrections  au  nouveau  Catalogue  des  ma- 

1880.  P-  •>;<•>■         nuscrits  hébreux  d'Oxford.  L'éditeur  de  ce  manuscrit,  que  nous  coimais- 

Calal.  (lOvrord,  1.  •    1        n  •>  1 

,.,,1.  n58,  ^o"s  par  I  acrostiche  dune  pièce  de  vers  au  commencement,  et  (|ui  se 

tionnne  Jacob,  fils  de  Salomon,  donne  à  la  première  partie  le  titre  de 
xipo"?  ox,  Mater  ad  leclioiiein.  La  seconde  partie,  dont  nous  ne  possé- 
dons que  les  mois  suivants,  dans  le  manuscrit  d'Oxford,  •i»l»Trn  0C?3 
TlDna  13  oyio  nio  '?''nPK,  porte  le  titre  de  nniDD'7  QK  (ms.  de  Vérone, 
miDo'?).  Jacob  Habib  s'est  peut-être  ser\i  de  l'ouvrage  de  Bendig. 

Mii.nAuu,  Maestre  BoNENbA.N t,  de  MiUiau ,  appelé  llézékias  liam-Miliabi,  est  l'au- 

inAlorin,  i ioo.  ,^jyp  j'j,„  traité  de  médecine,  ayant  pour  litre  «Gabriel».  Ce  traité  se 
trouve  dans  un  manuscrit  iuii([ue,  d'après  nos  connaissances  actuelles, 
de  la  bibliothèque  de  M.  (iiinzburg,  n°  3 16;  cette  collection  étant 
maintenant  à  Saint-Pétersbourg,  nous  ne  pouvons  donner,  comme  nous 
l'avons  fait  pour  d'autres  manuscrits  de  cette  bibliothèque  précieuse, 
que  les  renseignements  que  nous  avions  piis,  il  y  quelques  années, 
lorsque  le  manuscrit  se  trouvait  encore  à  Paris.  Voici  la  suscription 
de  l'ouvrage  :  Nnp:i  3"'7''DNT  oi!5i"N:i3  nae;>x»:  i33jn  rwv  nson  m  •'?Nn33 
"axi^'j'On  n'pîn  '?N")*«y''3  I^V ,  «  (iabriel.  Ce  traité  a  été  composé  par  Maesire 
«  Bonenfant  de  Milhau,  qui  s'appelle,  en  Israël,  llézékias  le  Miliabi  ». 
Ensuite  on  lit  ce  (jui  suit  :  nson  nrns  ■'3X''"'?'>T:n  piXT  p  om3N  i3i*n  -icx 
D"n-i3nn  on3in  iddC3  «'•sin'?  •'i•<s^  13'?  inoe?  "':''y3  ip'  nin,  «  Dit  le  savant 
«  Abraham,  fils  de  Keuben  le  Miliabi.  Trouvant  ce  traité  très  précieux, 
n  je  me  mis  à  en  produire  les  doimées  les  plus  importantes  et  j'en  ai  lail 
«  l'index.  »  Cet  Abraham  (ils  de  Reuben  est  le  copiste  de  notre  traité. 
Le  traité  lui-même,  qui  renferme  des  prescriptions  médicales,  com- 
mence comme  il  suit  :  nNt3  mu  DDnn  3r32?  no  ^1^t"'7  \-^''Nt  Vxnaa  i^h 
U''nt3''»2X  xnpin  rce^'W  ■'sn  N^^  nmpn,  «Dit  Gabriel  :  Je  crois  devoir 
■  mentionner  ce  ([ue  (iordon  a  écrit  sur  cette  fièvre,  qui  est  la  moitié 
«  de  la  fièvre  tertiaire  [heinitrilis)  ». 
Rev.  des  Études  D'après  ces  mots  d'introduction ,  l'auteur  ou  le  compilateur  se  nomme- 
jui^cs.lX.p. ai5,  p^it  Gabriel,  et  le  traité  aurait  pour  objet  le  traitement  de  la  fièvre 
3°3'  '  '  "'■  tertiaire  ou  revenant  tous  les  trois  jours.  En  effet,  ce  traité  est  cité 
dans   une   liste   de  livres,  écrite  d'une  main  provençale,  qui  se  trouve 


DU  XIV  SIECLK.  763        ,,,.^„^ 

dans  lo  manuscrit  de  Paris  n"  8()3.  et  qui  semble  avoir  clé  tracée  par 

un  des  propriétaires  de  ce  maïuiscril,  probablement  un  neveu  de  David 

«rEstella.  Cette  liste  est  comme  ime  sélection  entre  les  ouvrages  médi-        Voir  ridissns, 

eaux  il'origine  juive  et  arabe.  Elle  a  été  examinée  dans  le  plus  grand    ^  ''"' 

détail,  et  on  doit  la  prendre  pour  base  d'une  étude  criti<[ue  sur  cette        Rcv.  des  KukIi-* 

partie  de  la  littérature  rabbinique  au  moyen  âge.  jui\.s,XIII.p..^o.. 

Voici  la  liste  des  prescriptions  qu'on  donne  dans  le  Gabriel  :  y  sous 
la  rubrique  de  n'pv^ ,  «  boissons  »  ;  i  ."> ,  o'jpin ,  «  clystcres  »  ;  i  y,  D''7tP'?C?C , 
«purgatifs»;  5i,  ninpnc,  «mixtures»;  4o,  O'pa**.  «poudres»;  66. 
rcfianr,  «bandages»;  38,  pin^t&C,  «onguents»;  D'niEP,  «pommes», 
sur  l'explication  desquelles  on  donne  un  cbapitre  (riDipri),  où  ou  lit 
à  la  fin  que  quelques-unes  desdites  explications  sont  traditionnelles, 
d'autres  inventées  par  l'auteur;  la  première  est  tirée  de  l'ouvrage  d'un 
médecin  appelé  Maistre  ^lariN.  L'ouvrage  était  intitulé  ^naCK  niBr.  (îet 
article  est  incomplet;  il  n'a  que  ,">  paragraphes,  dont  la  fin  mAmc 
manque.  Suivent  i  f)  prescriptions  appelées  D^il"?^)? ,  «  collyres  » ,  dont  le 
commencement  manque;  puis  d'autres  prescriptions,  avec  les  indica- 
tions des  jours  fiivorables,  en  chaque  mois,  pour  user  des  remèdes.  Le 
traité  finit  par  gi  règles  sur  la  saignée,  d'après  les  notions  populaires. 
Le  tout  est  d'une  écriture  judéo-provençale. 

Bonenfant  de  Milhau  fit  une  tniduction  libre  en  hébreu  du  traité 
d'Arnauld  de  Villeneuve  intitulé  Tabula  super  Vila  hrcris.  Cette  traduc- 
tion se  trouve  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n"  a  i  33,  y.  La  traduction  du 
chapitre  fut  achevée  le  i  i  sivan  [i]363  [sic],  à  cmN  (Aurès?).  M.  Stein-        Ciiial.rol.  7;;-!. 
Schneider  signale  en  outre,  dans  le  manuscrit  d'Oxford,  n"  23  16,  3,  un        ('.atal.,col.  R07. 
(îahriel  fils  de  Juda  de  \itri,  auteur  de  Collectanea  de  médecine,  que        IiImisoI/.. 
nous  ne  croyons  pas  identi([ue  à  l'auteur  dont  nous  venons  de  parler.         P 


«',.■5 


Sai.omon  Davin  (fils  de  David)  «le  Hode/.,  élève  d'immanuci  de  Ta-     Sti.oMoi  DAVI^. 
rascon,  traduisit,  probablement  vers  la  fin  du  xiv'  siècle,  des  ouvrages         asironomfi, 
d astronomie  et  d astrologie,  dont  deux  nous  ont  ete  conservés. 

L  Plaçons  en  première  ligne  le  traité  astronomico-astrologicpie 
d'Abou-l-Hassan  Ali  ibn-Abi-Ridjal,  conipo.sé  en  arabe  (appelé  f^LJ'. 
rKAcellenI,  et  dans  la  traduction  latine  Complet  lis) ,  traduit  en  espagnol, 
sm-  le  désir  d'Alphonse  X,  par  le  médecin  Juda  fils  de  Moïse  Cohen  en 
ii56,  et  sur  cette  version  en  latin  par  Cilles  do  Thebahlis  de  Parme 
et  Pierre  <le  Reggio,  imprimé  à  Venise,  en  1  485  et  1  SsS.  C'est  sur  cette 
dernière  traduction  que  notre  auteur  fit  la  sienne  en  hébreu.  Il  dit  dans  Caial.  Iicbr.  d 
la  préface,  reproduite  plus  loin,  que  l'ouvrage  d'Ali  étant  excellent  et  ''»■■"•  P-  '97  «• 
en  même  temps  rare  (Salomon  n'a  pu  s'en  procurer  im  exemplaire 
qu'après  des  années  de  recherches),  il  se  décidait  à  le  traduire  pour 
l'avantage  de  ceux  qui  étudient  ces  matières.  N'ayant  eu  qu'un  exem- 
plaire incomplet  et  incorrect,  il  complétera  sa  traduction  et  expliquera 
les  passages  douteux  dans  des  notes  marginales;  ces  notes  sont  signées, 

96. 


.   (le 


M\     MKCI.K. 


■fi'i  IJvS  KCRIV  \l^S  .IlilFS  FR\Nr.\lS 


dans  le  mniiiiscril  (!<•  Paris  n"  i  ofiy.  par  la  toriniilt;  abrégi'c  f'ri'Cn  m  Z'S . 
c'i>sl-iV(lir<!  T-iSp  piî  n':bz;  ^r:S,  «  dit  Salomon  l)a\iii  !<•  disciple,  le  lia- 
"  diicli'iir  »,  el  (picicpicibis  sciili'iiiciil  p'P»t;n  ON,  c'est-à-dire  nr:'?D 'CK 
p'Pl'Cn,  «dit  Saloinoii  le  (radiicleiii- >.  Ajoutons  (|ue  des  lacinies  sont 
remplies,  à  la  marge,  à  l'aide  d'un  aiitie  exemplaire  ou  d'uni;  autre  Ira- 

I  i.l.  iM'>.  <luction,  par  une  autre  main.  Il  y  a  des  gloses  anonymes,  et  une  seule 

avec  la  fornude  al)rég<'-e  'PCX.  Di-s  f'ré{|uentes  coriections  <|ue  fait  notre 
traducteur  (ïoncernant  des  termes  de  médecine  on  potnrait  conclur<' 
<|ue  Salomon  connaissait  cette  science;  il  est  probable,  comme  c'était 
le  cas  pour  plusirnrs  de  ses  coreligionnaires,  (|ue  Salomon  pralitpiait  la 
UK'diM'ine. 

Le  nom  de  noire  traducteur  vai'ie  dans  les  calaloiiues.  Dans  celui  de 

r.;iMil.  Lp.  iS'i.  Vienne,  (pii  i-eulerme  la  traduction,  on  lit  :  VV2''l  pn  n':'72?  (le  ma- 
nuscrit a  C'T'aT),'!  Salomon  l)a\in  de  Bisis  »  (dans  le  catalogue  Debisis). 

(iii.>l..|>.  177'.  Dans  le  Catalogue  <U'  Paris  on  lit  :  «Salomon  Don  Drobis  ou  Derisis»; 
ce|)endanl   le  nom  CTP  ""T  est  clair  dans  le  mamiscrit  de  Pai'is.   Dans 

<.ai;il..col.  097.  le  manuscrit  d'(.)Krord  n°  soiW),  (pii  renferme  la  traduction,  on  ne 
trouve  pas  le  nom  du  traducteur,  parce  que  le  manuscrit  est  défectueux 
au  connnencement.  C/^O'^ai,  dans  le  manuscrit  de  Vienne,  pourrait 
représenter  «  de  lii/.ès  »,  écrit  en  caractères  français  dans  le  manuscrit 

Calai.,  col.  38.  «fOxford  n°  21  "7.  Dans  un  document  du  \vi'  siècle,  on  mentionne  uu 
David,  fils  de  llayyim,  de  t1l''3  ou  tff1E."'3,  «  Bizos  »ou«  liezons  ».  Mais  il  est 
probable  (pie  le  copiste  du  manuscrit  de  \  ienne  a  mal  copié  le  nom 
du  traducteur;  car  li!s  gloses  sigiK'es  mCN"  appartiennent  à  Salomon  di- 
Kodez,  comme  nous  le  verrons  plus  loin.  Mentionnons  encore  par  cu- 
riositi-  que  Wolf  attribue  la  traduction  dont  nous  parlons  en  ce  moment 
à  Salomon  l^irbon  ou  Parboii,  l'auteur  d'un  lexique  béi)reu  composé  en 

Hil)!.  lirlir.,   I,     I  167.  Le  titre  bébreu  de  l'ouvrage  d'Ibn  Uidjal  est  dans  notre  tradiic- 
p.    t\',   r.i    Catal.     tion,  d'après  le  catalogue  de  Paris,  n'33:n  'CSC70  1DC,«  Traité d'astrolcwie 

l(...ll        ,.„!      ..1«/.  .  .     .     .'  "^  ,  ,     ,  .         ,,    .         " 

«  judiciaire  » ,  titre  cpie  nous  n'avons  pas  trouvé  dans  le  manii.scrit  ;  (l'ailleiirs 
on  ne  le  donne  pas  dans  le  catalogue  de  Vienne.  Sur  le  feuillet  de  garde, 
on  lit  dans  le  manuscrit  de  Paris  ce  qui  suit  :  D'in3T:  0  "j^iXT  p  '•'jl* 
cbpNn  h'J  DVT:'?B3  ci  D"'3;3n  '•10DE?'31;  on  rencontre  aussi  le  litre  de 
njlDD  'D. 

La  description  des  manuscrits  de  l'original  arabe  d'Ibn-Hidjal,  de  la 
traduction  espagnole,  et  d'une  autre  traduction  bébraïqiie,  n'entre  pas 
dans  notre  cadre,  et  nous  renvoyons  à  ce  sujet  au  livre  de  M.  Stein- 
.scbneider,  sur  les  traducteurs  juifs,  p.  578  et  suiv.  Il  ne  nous  reste  (pi'à 
donner  la  préface  bébraïque  du  traducteur,  dont  nous  avons  reproduit 
l'essence,  une  traduction  littérale  étant  impossible  pour  un  texte  écrit 
en  prose  cadencée  et  rempli  de  jeux  de  mots. 

Kn  voici  le  texte,  tiré  du  manuscrit  de  Paris  11°  1067  : 
rùtii  mKBn  np^a  dik  '•js'?  pi  \tt(r\  dki  •D'«De?n  dn  d'hVk  K'3  n•'c•^^^^ 
yiK3  l^^h  onuD  tD->v  D-ary-in  '':tX3i  pis  "«jtKD  •D'jtKO  »)33  "ripcn  d*?:» 


lîoclt.,    col.    -iW, 


DU  XIV  SIECLE.  765        ^,  ,    .  , 

or  DT»  .n'''C?pnn  mip'"»''  '^-n  un:  ma"'?  '[Dn*?!]  •n"'ri*  nncs  n^  i'?nnn'?'i 
nyn'7  nn-iaiD  •crT'3  it  nx  x'jc  «an  •?:  DrT»Dnp  niivoji  nmavDia  dj  pcm-' 
Dnn33  iV'SX"' .  D^nn  msiNa  on-''?»  D"'ni3ji  urx  ncx  cai  o-'NSDin  ■'«c 
tli;3  ni''i'73i  ccc^iDD  n-'Dc-i  n:c:icr:i  mniN»:  n-rno  n-'Jii'jm  me;"'  orviûm 
Dj  na  D'«TiT<i  D'»'?!»  pn  tb-cx  Vs  n\x2i3m  tisi  N'y  C"N  D'aorniin  -in'i  ■'Cijxn 
no  Vn  -133  c-'DDt:  D'>Dcn  dwVe  nn  min  nSiy  nonon  nn'?2n3  nciN  "73 
D'-ipon  -131'?  d-'Vj-)  dh  •<3  DciDrj  ■'ccrai  ■•'73c*  "72  ps'?  Dn"'c?yD  M<hz2  -xo 
D\yi3in  n'juD  riT'Dc'?  p"*?  nT3  Sîd  rm"?  "j'iwo  me?"?  iccn  \vi  onrypcn 
ib  pvnh  3*7  D3n  '7r'7  'ixi  awsci  irnaVi  injyc'^  '•«■'  bvz  b:t  ics  '?EG?n  D'7n*3  . 
Dj  '3  «i-ino  ;T>ym  nT-prin  ■''^nj  •"-ru  ceb  Vi*  npci  n^N'n  onoiyn  p3  o'i'jnc 
nD3n  nSc  p33i  D3n  dï  .r'nayn  Snpa  .'"  nyiD  nm'it:"7i  ^\^^\•lHb  xin  omN-'SD 
nnyï  Vej  y^:  o'3^yn  p3  icrc  snyn  ixt:i  o'Dnp  n'C-s  ni3:c*ji  nci  ]ir:-i3 
nt:'7C?  'jx  p"*?  ■•'d"13C'  i:'7m  ur:^  ibcxj  ni»::nn  iied  o-'Ni'jn  rcisya  Veji  '?'7C''? 
n'?  ;yi  urcix  113:'?  Tx^p  xjp  n-'^oDCOn  D^csnn  m3py3  X3n  î^-tit  y^'^ 
:nx  Tsnx  3'x  rpn-'  '7:3  chz'  ^Don  ht  ''mx-)3  imxX3  D"nn  '«s  dj  n3  "'73  icn"' 
•;rT3''y3'7  nns:*?  ■.'7:1''  x'?  D''3-t  o-":!  nncc  nsnx  ODCCn  nED  rnx  VîC 
'Dor  D'':'>cx!:n  Snpr:  n'j^ycn  onnsi  ^p31  31»  13  ]"y'7  i'73r  ]y»  imt:'''7C?i 
•^^1  "ix  nvni  i^in  ■'ipr:  i\nb  nDi3  bip  iir"!  o-'XDy  ]"'3r2i  onV  ipTiynV  "rnsD 
'7X  '7XD"'B3  '7X  1:33*7  xc'ûi  lî'sV':'  D'ccn  nrixoi  ucn-i-'i  '"  Sx  3ic;3  ;y  cpeu 
KC'31  on-'  niin  "73  i:n'c*r:  c-'n"  n^i'^tt  d^cx  ninrBn'7i  i:ixi  nicy^i  c^Vi 
1X31  d'713j'7  D''i3  13U1  ]i3ic"'  •'•'  "i~Ei  V3mc  uivi  DMjn  '73  i'''7X  iinji  nxc  n331 
:  n''7C'n"":  ''"  -^311  mm  xsr  irso  ■'3  d"|''xi  "'sy  "73?:  nj-13  ^vs 
ipJGrna  T'7inc;n  a^zn  cci  13::  nso  pvn  rpyce.'  ]tx  ycc;"?  -ison  ht  njn 
'p'  'en  ib  1PIX  nipn  iscr:  tcxu  ■'SfK  nnxi  ipix'X^  -ip'»  •'3  irz;n'?  ''pSis"'  x'71 
|ic;'7nr:i  imDO  ty'7  ]ic;'7'7  3-iyn  ]ic'7r:  ppyin  nxnsn  'B3i  o'iiy  'jn*  n\xr:n 
'•"71x1  D''ji'7ni  Pix''3c*  -13  Ij^i:  "pppyner  ieds  ••pxsd  n:ni  ^^"ab  |1g;'7'7  xinn 
px'jc;''?  ''71K  iK  cp-'pytîn  ik  pmyon  njan  ]^tc^b  Pipryn  'm  n3cn  npin: 
onn  pixiît?n  "pnjn  nr:3nn  pxt3  ispni  »i'7nn  'Vsc?  n3  "'B3  p^ycn  ijxi  -iBion 
nn  DiPDn  ''PiX3  D''DyE'7i  'pppyn  ied  ]vhxi  nxiJK?  id3  'pyia  n'7ye?  ne  "'B3 

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"'BBc;C3  '?n3  pip  V-'Jxi  px  n3n  aibe?)  Vna  xin  ^BDn  nt  ]nnxn  p'PVDn  icx 

pU'7   '7X  3iyn  pt?'70  TIEDI   ■'01"'   l'7D  " 'WCriD  p  XIIS'X  ip'pyn  le^X  D"'3313n 

■«"i^B  Dy  '7X'<T'BD''X  -nnnr:  3P3  '^cie?:DiXB  ^■'■i'??"'?)  p  *'>T5''x  p  nnxi  .mBD 

.''''Bx'7  pcrSa  ipmyn  '' "i-;xt3"'i3nB  ix-'j-i  n 
II.   I^a  secoiulo  tradiirtion  due  à  la  diligence  de  Salomon  Daviii  est 
celle  des  Tables  de  Paris  (point  de  départ,  i368)  accompagnée  de  ses 
notes,  qui  est  dans  le  n»annscfit  de  Munich  n"  343,    i  1.  Salomon  se        Ms.,  O.i.  107. 

'  Endommagé  dans  le  mannscrit.  '  A  la  marge  du  manuscrit  :  e?nxi'7X 

'  A  partir  d'ici  le  texte  du  manuscrit  ip^pyn  IPXIS'7  ISJIbSx  "jSd  m»D. 
de  Vienne  se  trouve  dans  le  catalogue  de  '   Le  manuscrit  de  Vienne  donne  ici 

cette  bibliothèque ,  p.  i85.  une   leçon    plus    correcte    :    C/>l'73>j 


e  uinuotheque ,  p.  io3. 
Manuscrit  de  Vienne  ptS*?. 
A  la   marge  du  manuscril 
TIBD  -|'7D  IXJIb'7    .  *  Manuscrit  de  Vienne  :  ptî'7. 


pt37.  "iE?E?i''DT<D. 

'  A  la   marge  du  manuscrit  :   nis'?  '  Manuscrit  de  Vienne  :  i"lXÎ31J1tû")1S 


\iv  simi.K. 


Calai.    Miiiii<'l 
p.  157. 


766 


LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


r^tal.    Muilirli . 


II.hI.. 


dit  élève  d'Iminanuel  do  Tarascon,  cl  signe  ici,  comme  dans  la  Inidiic- 
tion  précédente,  par  la  formule  abrégée  mc?K.  Si  on  découvrait  la 
formule  abrégée  n"C?  ou  en  écriture  pleine  Salomon  Talmid,  on  pourrait 
admettre,  avec  M.  Steinscbneider,  (fu  une  telle  signature  se  tromail  dans 
ffuelque  note  de  notre  Salomon  à  la  marge  d'un  manuscrit  de  l'ouvrage 
(les  Six  ailes,  d'Immanuel  de  Tarascon,  qui  aurait  été  à  la  disposition 
de  Wolf,  lequel  aurait  pris  le  glossateur  pour  l'auteur  de  l'ouvrage. 
Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas  encore  trouvé  la  formule  n'e?;  mais  il  est 
possible  que  le  bibliophile  Jacob  Roman  de  Conslantinople,  qui  était 
en  correspondance  avec  Ruxtorf  et  lui  donnait  des  informations  pour 
sa  liihUotheca  rabbinica,  ait  possédé  un  manuscrit  des  Six  ailes  avec 
les  signatures  susdites.  M.  Steinscbneider  croit  encore  que  les  fomuiles 
abrégées  ni  et  ri,  qui  se  trouvent  dans  des  notes  marginales  du  ma- 
nuscrit de  Munich  n°  249,  5,  7,  g,  renfermant  le  traité  sur  l'Astrolabe 
d'Abraham  ibn-Ezra,  doivent  se  lire  i^dVp  naï,  «Paroles du  disciple», 
el  -'O'jr  ^^K'3,  «  Explication  du  disciple  »,  et  que  le  disciple  pourrait  être 
notre  Salomon.  C'est  possible;  mais  le  disciple  pourrait  être  également 
un  autre ,  tel  que  M^Vise  Fémssol  Botarel ,  qui  a  si  fortement  critiqué 
avec  Moïse  de  Nîmes  les  gloses  de  notre  traducteur  sur  les  Tables  de 
Paris,  et  qui  signe  -'D'?r.  Dans  la  traduction  des  Tables  de  Paris  de 
Salomon,  il  y  a  trois  colonnes  pour  les  tables  d'\vignon,  de  Paris  et 
de  Liège  (r:w'?),  et  le  n°  \i  du  manuscrit  n"  iV'i3  de  Munich  contient 
des  tables  additioinielles  sur  cinq  planètes.  Ajoutons  encore  que  les 
Tables  de  Phaouris  dans  le  catalogue  de  Paris,  n"  lo/jy,  i  1 ,  ne  sont 
autres  ([ue  celles  de  Paris  (lire  C'^iXE  au  lieu  de  cmNc). 


Ilist.  litl.  (le  lii 
l'iancc,  l.  WVII. 
p.  776  ri  siiiv. 


Ilist.  iill.  tic  la 
France,  1.  XWII, 
p.  678,  691,  69!. 

Ili»l.  iitt.  Je  la 
France,  l.  WVII , 
p.  7î6. 


Poésies 

KT  CaLENDRIKII 
1  n  CATALAN. 


Nous  avons  consacré,  dans  le  vingt-septième  volume  de  l'Histoire 
littéraire,  un  article  à  quelques  poésies  qui  se  trouvent  dans  le  n)a- 
nuscrit  hébreu  de  Paris  n°  1  284 ,  i ,  et  nous  avons  donné  la  date  de  leur 
composition  ;  nous  croyons  aujourd'hui  (jue  ces  pièces  ne  sont  pas  du 
commencement  du  \iv*  siècle,  mais  de  la  lin  de  ce  siècle.  Isaac  Barfat, 
qui  adresse  un  compliment.!  En  Moïse  Nathan,  est,  en  effet,  le  fameux 
rabbin  de  ce  nom  qui  vivait  encore  en  i/ioo;  conséquemment  Escapal 
Mélit  Ilalévi,  qui  prend  part  à  ces  compliments  poétiques,  n'est  pas  iden- 
tique à  celui  qui  était  un  contemporain  d'.Abba-Mari  de  Lunel.  Ces 
écrivains  appartiennent  à  la  Catalogne  dans  un  sens  étendu  ;  ce  sont  : 
En  Salomon  Bongoda  (avec  le  titre  de  Ve'piCDn  p^niV),  F^n  Moïse  Na- 
than, Niçaq  (En  Isaac,  psij)  Barfat,  En  Moïse  jisnSn,  Niçaq  Vidal,  Nas- 
caphat  Mélit  Hal-Lévi,  Don  Bongoda  Marcadel,  Fin  Bonafoux  Vidal, 
Astruc  Remokh  (licn),  Niçaq  Salomon  Meïr,  et  quelques  autres  dont 
les  noms  ne  sont  pas  donnés  dans  le  manuscrit  {yiM  Hh^  DMIin  ilï 
QDC?). 

Dans  ce  même  manuscrit  se  trouve  (fol.  99)  un  calendrier  qui 
semble  de  la  même  époque  que  les  poèmes  en  question.  La  date  de 


DU  Xl\'  SIECLK.  767 

ili'ii  qu'on  trouve  à  la  marge  parait  avoir  été  ajoutée  par  le  copiste. 
Nous  donnons  la  pièce  en  entier  comme  curiosité.  On  trouve  des  calen- 
ilriere  semhialiles  chez  les  juifs  allemands  des  xiv"  et  xv' siècles,  mais  pas 
aussi  complets  <|ue  le  nôtre.  L'objet  n'en  est  pas  apparent,  car  pour  le 
conuner«;anl  il  sulllsait  d'indiquer  simplement  les  jours  fériés  des  clné- 
liens,  sans  donner  les  noms  des  saints.  En  voici  le  texte  avec  la  tra- 
duction et  la  transcription  des  noms  propres  '  : 

JANVIER. 

Jener  a  3 1  jours DT"  x"?  T'J'J 

I .   Ni  nou  [ou  \e  nou) 3i:'>J  N 

6.  Aparisi  (Apparition) iciEN  i 

•j.  Sant  Julian ]it^bM  C*  j 

i3.  Sant  Olariali  (llilaire) nNnxSix  'V  3^ 

I  "J.   Sant  Atitonio '21BJX  'V  p 

îo.   Sant  Bastian ^^VD^a  'v  b 

a  I .  Santa  (ienes  (Agnès) vyl  'V  ki 

•il.  Sant  Vicents ftaj^ca  c?  33 

iZ.  Sant  Macari ^ispo  2?  33 

ili.  Sant  Pol bts  'a  h: 

FtVRIKn. 

Fcbrer  a  iS  jours cr  ni  insr 

I .  Jeune "«i;!'  x 

la.  Santa  Olariali  (Kulalie) ^N»^'?•x  3' 

1 3.  Sant  Valenti ^ts:^"?!  'V  r 

aa.  Cadera  de  San  Père ■>T<î;e?T  mnp  33 

aii.  Sant  Macia  (Mathias) nK'^SNr:  E?  'ii 

D'-EisT  D''D''  '3  riivaD  'v^  cv  B3  T»-i3S  t3ene?-'3  nie;3,  «  L'année  bisest  (bis- 
t  sextile),  février  a  29  jours;  le  a  y  et  la  Saint-Macia  constituent  deux 
«  jours  consécutifs  «. 

MA  as. 

Mars  a  3 1  jouis or  nV  dikc 

1 3.  Sant  Gorgori  (Grégoire) ■'ilj'ilj  'V  'r 

1  6  est  la  Teqoufa  (date  juive  du  commen- 
cement du  printemps) tntt  3"i  ncipp  V 

a  I .  Sant  V'essent  (Benoît.^) BJ'Cl  'e?  iti 

a/j.  Jeûne iijy  ii 

a5.  Maria  de  Mars DiNOT  nN'»nD  ni 

'   Les  mots  simplement  transcrits  sont  par  sant  ou   santa  l'abréviation,  iden- 

en  caractères   romains,  les    mots    (|ue  ti(jue  en  hébreu,  qui  précède  les  noms 

nous  avons  traduits  en  itiUques   (sauf  de  saints  ou  de  saintes.  Nous  avons  mis 

dans    les  remarques    plus  longues,  où  entre  parenthèses  quelques  restitutions 

tout  est  en  romain).  Nous  avons  rendu  qui  nous  ont  paru  évidentes. 


xiv   siEcr  K. 


XIV'  S1F.CI  h 


768  LES  KCRIVAIiNS  JUIFS  FIl\NÇAIS 

AVIUL. 

Avril  a  3o  fours or  "7  '7''i2K 

•i3.   Saut  (lorgori  ((Grégoire) mjTO  c  :: 

aâ.  Siiiit  Mai-f p-iK'S  C  ii; 

•iH.  Saut  Vidal ^ikt»!  'V  n; 

Kii  iiiargo  :  DJiaun'?  «in  rowa  [xJNm  on"?»  |N]pe?E  nb^s  [ojrn  n?  '?»■ 
Ww':''U::\V  vncra  CIDD^J,  «Ces  jours  sont  les  IViqiies  chi-rlienrifs,  c.VsJ 
«  l'amu'c  I  'i5i .  Tempères  est  dans  la  scnuiinc  de  ciisensio  (Ascension).  >• 

-ijy  n'?  Cl  cn"'?c?  nNip2;ND  -inx  n'ocre;  ynca  -  cv  i.vc;:''C?:'X,«  linscnsio 
«  rsl  le  jeudi  d<^  la  sixième  semaine  après  tciu.s  l'à([iu's,  et  il  y  a  [\igile] 
«  déjeune  ». 

Jeûne  mec  sincogèsima NCCJ'JipJ'C  onip  MJy^ 

MJV  nS  j\xi  KDC"'lipj''D  -inK  •>:£?  viae^a  'n  ov  ocnp  ic-iip,«Corpo(;iiri!,t 
"  est  ie  jeudi  de  la  seconde  semaine  après  sincogèsima ,  et  il  n'y  a  pas  di: 
■  jeûne  ». 

MAI. 

Mai  a  3  I  jours ÏKDT  anp  c?  j 

I .   Apostoles 'i:»  3 

1.  Jeûne ©"jlDmDX  K 

3.   Sanfa  Creu  (Croix)  de  Mai DV  «S  JKD 

Jl'IN. 

Junein  a  3 o  jours DV  *?  p'Jli 

'y.  Tempères OnBD^B  n 

!  I .  Sant  Barlanabeu 2''2it(^i2  'V  K' 

2  3.  Jeûnf.  des  cavaliers D'Wncn  'U»  ji 

'î!t-  Sant  Joan }N13  'v  ib 

25.  Sant  Éloi mSn  'e?  îib 

28.  Jeûne m:»  nà 

29.  Sant  Père  (Pierre)  de  Junein  (Juin).  .  J"3Ût  n'O  'E?  ob 

30.  Sant  Marçal Vkdid  'O  "J 

JUILLET. 

Juliol  a  3 1  jours Dr  kS'  Vw'jlJ 

I  o.  Sant  Christophol ViDiDcnp  'v  ' 

I  1 .  Sant  Benêt B>j^a  'e;  it'i 

12.  Commencement  des  jours  caniculaires..  .  D''NDSn  nbnr  à' 

1 3.  Santa  Margarita ntînKJiD  'V  i» 

22.  Santa  Macdalena nj^'jNipo  'V  33 


DU  XiV  SIECLE 

2  'j.  Jeûne 'i^ï  ~- 

•iô.   Siint  Jiirnif 'Dpxï  Cf  n: 

•iG.   Sauta   \mia x:k  C  i: 

voi  T. 

Ajîiist  a  3 1  jours Qv  k'i  arux 

I .   Sauf  IVre  c  sant  IMiilib 3'''?''5  Tw  '■"•î  Z'  k 

il.  Sant  I)oniin};o lîi'Ci";  V  n 

fi.  Sauf  Salva«lor.  sant  Scpucra.  sani   KipiBC?  D  nm'i'r  r  i 

AffOSto icriJN  'Z' 

9.    Jeûne "'ijy  à 

I  n.   Sant  Lorenz y:^'!'?  r  ' 

1  'i.  Jcii/ic 'i:i*  v 

I  r>.   Santa  Maria  de  Agust saUKT  nx'-iX':  \b 

■lo.   Fin  des  joart  caniculaires □'K'^xn  mScT  3 

aii.  Jeûne 'i:y  si 

a'i.   Sanfa  Bortoiniu 3''!:ia^i3  u  ii 

28.  Sant  A-tusto it;c?i3N  c  ni 

SEPTEMIIUK. 

Si-toiubre  a  3  1  jour.* av  kH  '^aca'-' 

■j.  Jfû/ic '"i:y  t 

8.   Santa  Maria  </c  Sclonibre  (Nativité).  ''-'3»:»lî'C'l  nK'^":  n 
li.   Santa  Crcn  (Sainte  Croix)  et  la  Te- 

(jufa  e/c  Thi.schri ■'"'CT  rEipr3np;ci' 

•jo.  J<?une 'ijy  : 

■i  I .  Sant  Matin a'BC  'V  N3 

•i  j .  Jeûne 'lav  33 

•i3.  Santa  Tecla «"jpa  c  ii 

■î!i.   Sant  Joan ]ttM  V  13 

•j8.  Jeiîrtt 'Uv  ni 

•ig.  Sant  Miqel Sp'D  C  03 

OCTOBRE. 

Ortobre  a  3i  jours ov  k?  n3inpiN 

'i.   Sant  Francesc pD'CiiD  'V  i 

1  5.  Sant  Antoni 'jiDiK  V  io 

I  8.  Sant  Lnc pi"?  'c?  m 

[30].   Onze  mille  virgines WJ''3-iM  n'jK  k' 

•J7.  Jeûne 'uv  n 

28.  Simon  e  Jodes Vim  pC'C?  ni 

ag.  Sant  Arcis  (Narci.s.se) c^'S-iK  c?  àb 

3 1 .  Jeûne Miv  «'? 

roMB  xxxi.  (j7 


76U 


\IV    .*ltCI,t 


uv-MtrLr.        770  LKî)  KCRIVAINS  JUIKS  KHANÇAIS 

NUVEMIIHE. 

Noembre  [a  3o  jours] [or  i]  nac'xi; 

I .  Oinne  seiitos clOJ^e?  'JOiK  k 

3.    \riningou(P) auvciK  i 

H.  Sant  Salvador inKi'7U  'z  n 

I  I .  Saut  Marti >Bic  c  n' 

I  S.  Sant  Briz yna  s;  i' 

i8.  Sant  Olora  (?) rucn'jw  'v  n' 

22.  Santa  Ceciiia nN''7'C'D  D  ai 

■i3.   Sant  Cicnienz yj'Dl'jp  'e?  J5 

•20.  Santa  Catalina »e:''7NBp  'V  ni 

■ig.  Saut  Semi  et  jeûne Mivi  'ii^c;  o  02 

30.  Sant  Andreii a»-!lJK  'V  ^ 

DÉCEMBRE. 

Décembre  a  3  i  jours, ov  jt"?  nac^sT 

6.  Sant  Micoleu 3"jlp'C  v  i 

H.  Santa  Anna K3K  C  n 

I  o.  Santa  Olria  (Kuialie) njc'i'jin  e?  * 

1 1.  Jeûne  volontaire nxTc;  '•dV  'ijy  à' 

1 3.  Santa  Lucia nx'ci'7  'V  i' 

1  5.  Tequfa  c/e  Tebetb nao  rcipri  ic 

ao.  Jeûne '»liy  a 

1 1 .  Sant  Tomas CDiD  a  ka 

2  'i .  Jeûne ■'ijy  ià 

20.  Nadal "îKia  na 

a6.  Sant  Ksteve 'a^OC^K  'V  13 

27.  Sant  Joan JN13  c?  Ta 

28.  Inocens C?:'<Dr3K  fia 

3 1 .  Sant  Sevestre noD^ac?  K*? 

LÉON  JosiPii  Léox  Joseph  de  Cm\(:as.sonne,  sur  lequel  nous  n'avons  aucun  détail, 

OF  Carcassonk.     ;j  jait  des  traductions  ou  plutôt  des  paraphrases  d'ouvrages  de  médecine, 
dont  il  nous  reste  deux. 

1.  Traduction  du  commentaire  sur  le  livre  IX  (Pathologie)  de  ÏAI- 
wanrouri  de  Hhazi,  par  Gérard  de  Solo.  Dans  une  longue  préface 
hébraïque,  que  nous  reproduisons  entièrement  d'après  le  manuscrit  de 
Paris  n°  1  i23,  1,  collationné  avec  la  copie  liiée  d'un  autre  manuscrit, 
copie  mise  à  notre  disposition  par  M.  Steinschneider,  I^éon  parle  de 
l'insutlisiuice  des  ouvrages  de  médecine  écrits  en  hébreu  et  de  l'inexac- 
titude des  traductions  d'ouvrages  arabes,  et  il  cite  pour  exemple  l'an- 
cienne version  du  Canon  d'Avicenne  (de  Nathan  de  Cento),  rectifiée 
depuis  peu  par  Josué  (non  Joseph,  comme  le  dit  le  Catalogue  de  Paris) 


DU  XIV  SIECI>E.  771 


\iv'  uk<  i.k. 


dp  Lorca.  «C'est  seulement  en  ces  derniers  temps,  dit-il,  que  quelques 

«ouvrages  de  Bernard  de  Cîordon,  savoir  le  Lilium  medicinw  et  le  livre        ata.cctamv 

ode  f'rognosticis ,  sont  p:uvenus  chez  nous  (à  Carcassonne),  niais  dans 

«  une  traduction  insuffisante,  parce   que  les  juifs  qui  les  traduisiiienl 

«  n'iivaient  à  leur  disposition  qu'un  texte  dans  la  langue  vulgaire.  »  Léon 

se  mit  à  étudier  le  latin  et  aborda  d'abord  la  traduction  du  Lilium; 

c'est  peut-être  la  traduction  anonyme  ([ui  se  trouve  ditns  le  manuscrit 

d'Oxford   n°  -ji-iS,  i  ;   nous  verrons  qu'il  y  a  deux  autres  traductions 

de  cet  ouvrage  faites  par  «les  juifs  français;   puis  il   continua   par    le 

traité  intitulé  de  Pm^nostici.i. 

Depuis  dix  ans,  Léon  avait  entendu  |)arler  des  ouvrages  remar- 
quables de  deux  auteurs  récents,  savoir  (jérard  de  Solo  et  .lean  de  Tor- 
naniire.  Mais  il  avait  cherché  en  \ain  à  se  les  procurer  h  Montpellier, 
où  ils  avaient  été  composés,  à  Avignon  et  dans  d'autres  bonnes  villes; 
car  non  seulement  ces  livres  étaient  rares,  mais  les  savants  chrétiens 
de  Montpellier  avaient  prononcé  l'anathème  contre  quiconque  les  ven- 
drait à  un  infidèle  (juif).  Knfm  il  parvint  à  se  les  procurer  en  liig'i- 
11  ronmiença  par  traduire  (îérard;  puis  il  attaqua  les  ouvrages  de  Jean 
de  Tornamire,  qui  était  de  son  temps  à  la  tête  des  savants  de  Mont- 
|>ellier,  et  qui  se  distinguait  par  son  esprit  exempt  de  préjugés  envers 
les  médecins  juifs.  La  date  de  l'acbèvenjenl  de  cette  traduction  est,  dans 
le  manuscrit  de  Paris  n°  i  l'i'S  ,  i ,  le  /j  tiscbri  5  i  63  (  i  "  septembre  i  Aoj  )  ; 
dans  le  manuscrit  de  Turin  LXXIV  on  trouve  la  date  du  •).  r  ab  5i.^^ 
(19  juillet  iSg^);  la  même  date  est  nientioimée  dans  le  manuscrit  de 
la  bibliothèque  Vittorio  Kmanuele  à  Konie,  n"  19.  Nous  croyons  que  la 
date  iSg!t  est  la  bonne;  car,  dans  sa  traduction  que  nous  examinerons 
tout  i\  fheure  et  qui  est  de  l 'loa ,  Léon  mentionne  sa  traduction  de  Gé- 
rard de  Solo.  Le  copiste  du  manuscrit  de  Paris  doit  avoir  pris  la  date 
de  I  /loi  dans  la  traduction  dont  nous  parleixjiis  tout  à  l'heure  et  l'avoir 
transférée  d'un  ouvrage  h  l'autre.  Léon  a  ajouté  à  sa  version  des  notes 
et  des  éclaircissements  tirés  des  autres  ouvrages  de  (Iérard,  qui  sont 
marqués  par  l'abréviation  n'''7K  =  p'nïCn  r\cv  JIK'»'?  ^C^{,«  dit  Léon  Joseph  Caial.  l'an». 
«le  traducteur»,  ou,  peut-être,  pour  le  dernier  mot,  '«Jicpnpn,  «Léon  [',„„^'''*'  ^*'''*' 
«Joseph,  de  Carcassonne». 

\  oici  le  texte  de  la  préface  : 
l'<ph^  omb  D':''»  TnpB  txD  r\:n  niierpixp  lawvn  pTïDn  «jor  pK'»'?  -idk 
pN  HT*?"!  .riKî  yiae;  'C  ")ddD3  .nm  -)ddd31  jids  on  ncK  nriis''nn  niosna 
l'yij  .mcWo  ni-fpn  dhd  iipp*?  ryn*?  ona  inSmr  me?pji  .nmaj  into  ab^o 
hv  110»'?  TiKm  '■'DDD  ano  nti  .niSinn  '73  "jya  ij^ya  onn  noann  ni'?yD 
133  .orn  DiNSDJn  irosn  mapv  nnx  •'P3'7m  .DrT>pn  "jy  ■'ppire;ni  .DrE?"'-n 
noNa  .m33'7m  ^zvn  nix  om  ■'i-y  mx-'  .mawno  aiwn"?  .diwVwd  dj  "jiDnD 
nrn  tkxdi  .d'O'"  nt  onV  labm  ithn  izdv  .  ■' D'D'7e'n  lyjne?  noa  an  ivin 

'  A  lirCEDa.  —  '   I).  □'•dVx- 

97- 


(jiUl. 

t'aii,. 

p.  107. 

Calât. 

Prvron  . 

I-.  Oi. 

C»UI. 

,     |>.     ."><!  ; 

voirSloiiiscImcidpi- 

(tans    \v 

Catul.  ih: 

Vliinirli, 

(».   20;/. 

iVyron,  (>.  (ic). 


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11-2  LES  KCIUVAINS  Jl  11  S  FIlWrAIS 

pv:is'nn  r-rrrr,:  oni-aii  .C'.■ss^  hr.j  n:n  ^n:i:r!:ix  rsrSi  ona  K3C;n  p-rnn 
pr:'!?'?  'isr:  rsr:  ^T'-nm  ."Tjcnr:  Sn;  'dc:  "?ix  t-cxi  .Dirnn  nccn  -:-;: 

'  yitT'xn  -nsc  11'  •T-ni::  'r"'m  .t"'»  g'?'?:::  ''::m  .u-itn  hz^  icrn'i  .crvT 
pXw"  'r\y  ■':  .nn  n^nz'  ^rx  jcr  "-;-  2ri  .nin  p:yn  nnCK  ■?!•  'nci*  :-n 
X':''!  ni"-'  \-'^3  ht:  n:rn  ;\yi  .xVrnS  vx-'  nrr-.xn  rsp'?  s-i'zn  yrzr.n  •<» 
'-'^•.jTi  yrrrxi  .xin  ni-r:  crirrsi  nx-cn  Vy  tx'i'e:!  .nrSn  n:t:r:  n^'^iT; 
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2^i":r:  r,-Tr:  pn-:  ',:i;'cr\  pin':  .  o^Vrc  d'-i2t  cm  ■•:  .  nci  ncinn  en*"»» 
■!;••::-  rïp  ly:"?  nt  -zz^',  .nr::';  nr::  .t,x  "îy  n;';":xm  r\^M\n  'r-'cr:'  .cri"*^ 
.cn3  i-yS  n::n  Sxn  """x  cnr  rsp  C3  .cr:y  '?y  -irrym  .cny^''7t:^  cna  ;"y""2 
';rE"''r  '':x  inr  xsr:  p*:'  -pn  i'?:c'7  ht  rx  nnx  ^z:  .n'7icEn  iirr:  Snxn  -i-:'? 
V'a'n"?  c'xr~  vn  x"?  .  rix";-!::i  o-mn:  y:sn2i  Tcns  n»  nry*?  'in':';n  .  p-t 
.c:':  nrc"  sTin"?!  en'?  czt  PM<^n^  ons  r.i'.rn"?!  .nain-r.  cp^ra  nrrrnn 
prrn  pc'rr:  c-nc;  nr  .  v:cn3  x  :  r'Zitn  y-r  x'?  *;  .  rin  'jy  r-rxiT  x'srn? 
cnr  -rx  cj-irn  nisp  rx—r:  nt"?  ti'isr:  cs-n  n:n-  cyr:  inr:  on  ':  .c''"':ïn 
P'  .cry'T  :■"!  .c-::  x*"  c':''''y':n  Sy  ncpp  ct  -rx  cccnc  rxrnn  -r"2 
pvn  c:rn:  cn-'^x  yTr;  x-nn  p~nn  .-ny  rm"?  .en-''?;:  ai-:  .Dn'--  pr.r,-? 
c—rnn  riir:  n^x  .  n-;pn  'Sy:  S'":':  cxs"'  cna  c':"y!:m  cnn  .■":"::nn 
-~N  rx:  c':'t;:n  rr;^  i-n  c  ':'y  3"i»i:n  t'Xi  n:m  .nyir  O'^r-n  Sy  c-s-rim 
""x''  en":  TM  Ty-^rn  r'zz-z  irc::  piVs  irvn  cy  .D':icx"'n  ctr-'a  "i*>  'try 
rScm  :i-cn-  '"ri:  m  ■':d'::  .tpix  p-":-!!;  vrym  .inx  r'rx-';  p-sm  na;— . 
nnn  nTinn  —rr  a:-  •:  ~z:  -i  Sy  tpcin:  nrrprnn  -nx  nrrixn  rspa  ";ynn 
--N  c-:":x":-  -r."i  c-si"  ix  Vxy'Tw"'  ';:•!  c';r;  ctryn  'jar: .  crrrn  ci-an 
IX  en  '""ixi  '  c'p'ryrn  '-;'  h"  •,yhi(  c^-crn  lysm  .  c'-in^n  tt:  TmIC  cri'n 
rnx  n*^":  ir'^nm  .  r';':''m  '?y  riji^Vn  ix  xmn  prSa  o'-x-'p^  vn  x*?  cpsp 
nyn"  it:--  y.v'^z  ary*"'  p-cn'?  ir^nn  ix  en*:  "cn  ix  .picna  ix  c'^sa  p-nxa 
c'-Ec:  nx':r-  n'i'î:  n:  ':£•:■;  .pn-r  urrr:  tp'pyn  -crx  c-Eca  '7e:  ix  .pitsya 
:::'  ':  n;r:  ''?"3  -nx  nyr  x'inn  piyanr:  -rr::'!  .  pix'^m  nacnn  -is-pi  cnn 
pErai  .  XTnn  piysa  cr'rna  .cnn  c-'Eca  c":''''y':n  .ima  ■':axi  ."mp  ip  v'jy 
n'jm  y^y-  -i^c  hv:  .  caip:  cnc  ir:  pwicSn  :x  ]-vhn  ■'Ka'?  cp'Cyna  xmn 
prrxn  Sx:  .  :pn-p''  cnn  pirrVn  -xaSi  v-th  la-pp'  -icx  "r:! .  c:::  cn-Hir: 
n-T"  cnirra-;  cina  pt  'P"X-  n:m  .ccn  ;a  px  mn  la-ai  .irJE'  x"?  o'?:*'? 
PTTxn  n::rx-n  nppyna  xrc  ']  c:nn  '-:ec!:  n:ir'7  ixar  ijprrix  't::nr:  inxS 
:-:":yn-;  .pvn'?  vx-:  TX-p  -Ea  cnt  -anc:  nv  .pi*::p':n  pspoa  pcxn  ;r:  np:r,-n 
xs!::n  pcSm  .  iryn  ••e:  xjt  p  puir*?  -xai  r-nx  op  inx  can  dj  .p^x*?!  peicS 
.  r-'an"?  cyn  irry  "p'il-J  carna  .v-ecc  cirri^  vnc  ny  v-inx  cyn  la"?'!  .inx 
nr-nxn  irppyn  cy  crv  -'xn  -icx  'p-n*?  t\zr  '-  cann  '7xn  i:r.''7cr  -<» 
.c'-a-n  ijaSp'i  r- lap'i  '  sic  ai'?::  n:';cK-i  D''-xa'an  ixsc:  ixi  .arpa  p-P-axn 
irppc:';  on'Ta  ncix':  Va  px  -a  irrya  i:"x-i  n:m  .ccVa-i  dtu  t:kc:i 
T-En'i  icia"  .  orn  utca  njn  ntn  arna  C'n  onn  ccann  vn  oxi  .  on'piisc 
ciac  pxr:  'a  nic'rBn  ;c  nt  px  OJ'ax  .nrxi  x-i:  Vxc  onnaii  Dn''Pir!!: 

'  S.  viS'xn.  —  '  S.  '71P  px  xscxv—  '  S  croxcn.  —  '  S.  ai'jaa  «^iva. 


DL  XIV  SIECLE.  11 S 

ir:!'  "^r  '-.Ci-r*.  cV:''  '"C.  x'7e:'!  ".v:  X"i:  p'.ïi~"  c"2';n  ;t  tx  ni-iun 
-Nxi  2:vy  r'r';  cn'Pis'C"':  2wXi  .c:';c'?  r:"T":  ::yt:  -t'^x  "^^iT^rrx  .cet"! 
rrcx"  rspi  -c-'-ai  Tcn:  -  t't'î'?!  ■'trsy'?  'r'i'-n'?  -"zw  ;-•:'?  .  cn^py  "r,x 

--r~"  y" -  '^v:":'  xV'î  nia  p'EC"  ;-Tn  ex  nrr:  cT'i'r-  -.ey'»^"^^'  ^^  —  iT'>i'f<'' 
ht:  r^y.rn  vxsci  .r'?X'.  'Z^z  nnrrn  inT-c  x':''!  v"^!-  îi^cn*?  '71:"'  "^rcn  ex; 
cr\z  î"i'^  "îX"-  nrra'!  ""O  ta  cnn  nr:-:  c:p':-  cx-r*:  ai-  pvt\^  . 2-t  ^ii: 
ET"?"-'  .ûri'prpc  p-!!:rn:  nx".  crr'rx  "l'y  C''?E'7rr'*:  cpv-s  -en'»  x"?  cnT  -:-i 
-;:-  ':;  ex::  irsn  iz-'t:::  .Trxn  x^sin'?  mi'in  -s  '?:•  cnTizim  cnTi'rxr: 
ut:n  pn:  nrrrr.n  0*7x3  crn  cii'y  pn  njm  .cnr.n  ^■':  n;r;".w:  .crîn  -j-cz 
xcnT"!  xE'r  |3  'rcj  •''"■""ï":-!  -i!:*?r  V~  n'irn  r"::-  c-r:':':  .»-^"::-pn  n— .-2 
•!'<  rv  .ni-Tc  -;cwn  iipH*?  i-iv  .irrr  ;'jc*  -i::  '"?  C"  •-?  r.x  x:t!  -^  -:xc: 
~'xt  '-  '?'ie*?e:';  .dtx'?  rTiru  ^pzn  r-s  '■y  o"ï--\-"  ~zz:  nsicT  nx.. rSr 
.  ir:ir^:  ■""  ~x-;r  •.•::  i:"-  r'^i  w: •-•  .  vn-;:;  p-  •n'::  rtz''^r\  ^^ttz'  r^'':m 
':  .  cn^Sic:  ncr:'"?  •i:'?:^  n^n-c  x*?  -»;  xsv:3  n'^in-  ri"--  ■1:':':  ny^r::  n:m 
3:-i  ijsn'?!  ijTpj  ay  .d;:-!:!  c-p  tx  r'iacn  '.zrji'^  ciTX  .cr."::  s:*?  i:'?  a 
iin:x';  .n'7yr:  n'jyr:  pvjisnn  n^riro  1*71'  n'zn  nî  "irCT  .c:^c-i  n-i.i  en;:  cyr, 

mp-yrri  m-en  3'i^'7  ne*:  i:i^' 
n'n'r  *r:  ■iiTtix:  |'X  ':  cn'j'yï  "-Ew  •^'^■n  cn!:y  'n-rry  ^tt  -f  x  ■'Cx:! 
]r,hc  ""y  n'?y"'  xini  .  cn^^in::  oxE""  ""^'X  XEnn  n'n'  x'?  ex  c-'yvz  -3::r: 
nxiB"-  nr::r.3  yi'  jy  .3s:  nmp:  ix  m-  Sec  n'n'  .3S'n'  Dn'«;B'7'i  c':'?r: 
isi  i.-ci:,-!";  cixn  x'.n  yicn  .nr:;ri  siic  ':  .  neEcrri  vz'^i  pi-nx  tcn  -rx 
Sk  ^'7K  Ticx'.  .'^vzh  ".Tr.p"?'!  r.T  ^3301  . nxn:  x-n  -:  ^zs-z  nxiE-n  ':",-rn 
.oPTin»:  ■':-;-':'7".  ••hs  i'?':ri'>  .dt,3:  rx*:  rr3Xi  cnr  ^xrxi  e\vEi-,i  c-;:n',-i 
kVt  cri';3ry  -tnx  \i:'7ni  .cp  n:m  "'r:':  î>c:n  ^'ttx  >:  .ejn3  ix  ne  -:r3 
pi-inx  D"'Pn  pirrnfn  Pi3-n  'pur"?  x'nn  -r:;r.3  pi  cr:  |rcn  en3  'Pxs!: 
cpcypcn  mPCix  "7*7:  aiT  xim  .y-jp  xS  nVx':  on3  «l'cip  nxi  .y3-x  encr 
1ST  x*?  n3  py'?  i'7:';''  "•:  e;  .er''7:p  -y  y;n'7  epy-3  ;'x  nxiB-in  p:x'7r:3 
'?3K  '?'?:  nr::n  ncsnn  tkt  ;"•«  D"!!:tr:a  en'E  c'yiE  ':  .  abzv  nî3  n'-'cn'? 
icn*?':  '7Ct:'?  00*7  ■'H'-i  .  n''ncn  n;cr:  ex  Va  x'Sin'7  .  nVion  '7ipi  n'7';3nn 
ÎD1X  NEn  K-nn  cxm  •ke-"'  03n3  xbi  2^  p::*:  '7X;an  D:n  XEn  int  ''X  .ec'n*73 
rKZ^  .nie  ]:i  ntr:  ipvn  nxT»  coyES  yir  irvn  r'72m  v-ipcra  -icrx  .x-ip"» 
Dnci  .rtynz  •''?2r:  tic:*,  ant  pnsix  nsx  .n:^2n  "lyin  i:nix  cxn  cxeii 
pxt  .nrns  iS-'ex  pr:r:  iîth  x"7*  .nEpc?nn  on''7xi  c^Ecn  ■•-inx  tcp  nr:y 
.rpcfn  Pipy3  Bn'''7y  Di3y3  '>x:Bn  pipy3  pi  nxis-n  nBC3  'iJ-"'y'  x"|  p-'nx  -r,si 
.D'''73nm  PTT-m  .D'''7CDn  ibcd  noD  "7»  cx-'p3  .w:;  cn''7  -!CX  o''-!3-m  .'rrrcm 
:  ejn''33  0:3''  là  ]y^b  o:n  nx';B"^3  Piin'7  nTiii  ono  ex  ^K 
pi3py  nnx  ■'p;'7n  .m  "i:D'''7p'X3  D:ni  ;i33  px  'p-itrx  nt  "72  px  'Cj-^nai 
03  eT-n  e-'^Ecn  "i^y  i'73';  .  D■'3^^.^  '3ixnm  d''-'3T3  "«jr^cm  onsisn  D'oann 
.ns3  iP3itt?P  riST  3n3  ^c•x  mu  KEnn  oann  '•-z-  an-^yz  ■"p-'X-ii  .D'W 
.vpnp''  1*7-31  .mec  m  .nzi  31d  □»  -'P3'7i  .n2x'7D3i   |vy3  Picry"?  s^Veh 

'  S.  ivs^  Mb^z^.  —  '  S.  'P^a'?!.  —  '  S.  pn.  —  '  P.  "jn. 


\n    su;i  i.>. 


\IV'  SlfecLk. 


774  Mis  KCniVAlNS  JUIFS  FIU.NCMS 

PDTpn  -!DDi  HNiB-in  ]V^z  xim  .v-idd  rsp  iî'Vn  ivan  njm  .rriK  V:  '7y  nWi 

iD^ioim  pobn  iivS  •nny'în  riyscxa  pi  .inire?n  k'?  ^kh  ns-ixa  inip^riyn 
.na'-crn^  K^ipn  pc'jai  .nny'?  rm*?  '7:ir  yvb:!  ick  nVo  S:  ^\s  ^;  .nryea 
'3K  TmiD  i»K  ne  niDipoa  nS  dn  .  «Ss.N  ]3io  ni  '73  oy  Ninn  iccn  311  qjcn 
1CK  nyn'nronpn  1003  *r'G;y  ]J^  13  Niip  '73  y'it'  lyoS  .  iPïVns  upp^i  m'inS 
-:&•  on';'>3  tksd  an'-ico  nnnoK  'e/cnsi .  nye?  t(h  r.Mwhrt  ptoks  ip'pyon 
':3r:  lu'x  .d'«ikii  o''3ii:  on  hkd  no  .c'jcw  sntn  pnpjx  'ic?'?  ccnn  once 
n  îxv  '-iBCN»:  D3nn  iedi  .  kVic  ''i  03KT'J  Q3nn  •'■'EC  non  .  D''-ny:  upoik 
dn:  -ins  K*^  .DJTn?  •'p^w  N'7i  .oyoc?  'pyoc  c:»  icy  nt  irK  n-i''D  njiit: 
n'n  ':  .csion  pioipcn  tp'3  kVi  jviMKS  «"ji  .i33in  udd  iwk  mpcn  Kin 
oiî^'C  'D  hzi  onjDi  ccino  vn  -inn  'Dîne?  nT'*?  ^^^1SD  D'eyo  pik^sos 
lyjm  .  -Cl  103  "pc^rn  k"?!  .  'n;  ■'d:  puioo  DP3C?n3  -PKSim  onsun  p"?!»"? 
PDNn  "m  .oji3e?n'7  onswn  ^ECD'?  ny3")Ni  D''yc?p  pjd  K'ncr  nscn  PNt3  'tS 
03'!^  Pj'iEn  ''p\yi  .  D3  1JIS11  ■'P1KP31  Dn3  'pe?n'7  .  q-ivcd  diVe33  CP-Jp 
-loy  onoy  Vyisni  .  D'j-iyn  Sa"?  nsSns  dis-koi  .  onsnn  '73'?  D''iB   ckid 

Pi;rD:3  v'iX  INW  DK  D-NBl-tn   Piy  P133-IC1  .  -I31D  KI"  K*?   .  1531  11Dy3  yjvi 

iprni  .i-<nNP''  nh  ■•;  3iC'nKi  .n-)'';»3  omo;  OTp  kS  n"p:  pVid  opm"?  .cniaMsi 
lECO  'ycpn  -iBon  '7y  -usn  D3N-ii3  -ibd3  -jn  S-npo  n:m  .ipn3  nKiEino  3ia 
.  ns'jn:  t'jdi  '•inid  3''C0  iisd  ptn  Pis^Kn  3ni  piD:n  oyc  Kin  -itrN  iisjd'îk 
k'ii  -13-  liDO  D'?yj  Hb  .  r\2vb  oyc  r-)3T  hzh  DvtD  |Pi:i  .  nmoa  nsK^o  ipskSci 
mnx  ^-npK  .  ipo'7Cn3  ocn  ntj"  le;»;!  .  ipppynS  noaonn  nope?  |3'7i  .  nsçj 
rpw-  .rpnn  noy  oni  vttib  inn  losn  'rs  Vy  .rD''3  n-n  -icrit  n-i'O  njiio  -iec 
D-iin-'n  :\ro>  .  nn  -D3n  pins  ipn  n-n  x*? .  n3n3  n>n  Tcn  .  loy  ■'Pi3ii  '•yyz 
niDiNn  n-cn  "n  nivi3  in;3  o-i-e^-D  n-n  ]y  .D-pcyro  nxiE-)n  P3k'7D3  nvtt 
.an\-nn3i  d'<-i3''N3  i3t  .iPDsn  ''BV3  vVn  non  ah  inx  tBoi  .icbj  mns  n-nn 
nn  .pn  pk  loVon  3X3  .p'îOi  1130  Tvm  httw  .  Dn3  DMnpon  D"'"''7nm 
Q-iBcnp'pyn'?  ''nn  by  n'jy  njm  .n-yoïe?'?  i3-iyi  ippo-  .  D'ici  cmsj  d^ick 
M'73n  "-nx  1X13'  Tw'xi  .  Dvn  loy  icx  .oyno  ''p'711'7  '73X  -osy'?  x*?  .  onn 
an-'D  'Bri  DP10'?»  ixi^i  .DXipi  nn'"?»  013*3  'î  .oiic'js  noixo  o^yiv 
DWDiin  -a  -loy  iVsvci  .oprn  P3d  'Pm*?  .D3V3  ''3ii3ri  .d'7'733  •'i^ty 
'13-  ic»''  D'iBon  n'jx  Qy  •'pyT  .D"iCf  "n  n'7xi  D>m3'>i3i  puvdj3  cisun 
)th  jx  '3  .  pun  Jin*?!  pipc*?!  Vwx"?  po  Die?3  px  isco'  x"?  dx  .  px"?  onsun 
Djox  .ippi  OPis*?  ""CiiODi  .ippyin  tthv  103  on*?  rn'  jy  .Pippynn  on"?  ^h'•»v 
nno33i  opcns  noyi  .Pi2''?npD  pr^'yin  onc  ix-sr  .pi3i  D-oys  Dn3  ixip^  ox 
Din'"?"?  i'?3V  -;  .  0D'<  nxiBin  03r3  e?3ii  Vipo  nnB^  x"? .  nnuoa  orioos  ii»M 
P3x'70  "iBD  1XC  hz^ .  CDsnc  vn''  ^s  ^x  .  D-xann  ]ionD  ixi"  ta  on-'Pion'jD 
'Pij''3  nî  UBD1 .  Dnnp  icin''  dx  nhn  -je?  oyi  D-iSyn"?!  i^PonV  i'73r  nxiBin 
:  Dpppyn3  ■'p'juVi  DPX'ipa  'oxy*?  '?''yin'7  OT^ûpi .  D''ibo3 
iixjobx  1BD0  lycrpn  lEon  'ie  xin  ie;x  tàwi  dski^j  xip:n  ntn  ibd  nam 
nin  a3nn  di3î  «b  dxi  .hbd  px  mxi  pbn  ie?x  o^piEni  o^p'jnn  dpix"?  p'yn; 
(*iV)  oy  iP3iyi  D''j''30n  hs  "jcc  njn  nuEcnc  ibc  lano  hz  pn3  hbc  p'jhp: 

'  P.  n:n.  - 


DU  XIV    SlKCLIv  775 

nVi  nxT'  ncio  i3cn  -in  vu  hz  mïc'?  «îiîd  -un  c:*nr)  m  -inx  m  nnn  D-'piDn 
-X  '"?>•  ri2i»n  m*?»»  D-piD  nspa  »f ow"?  \-nr:K  dj  .  noi  «"ji  iracnc  'ja'ja' 
Dîn"?  IN  lanon  ornn  "jx  on 57  icni"  innED  n;ni  njn  D''3inD  cpksd  o'^miiin 
oyea  nDin-'  Ty  vu  tfs^tt  nh  icric  tV;'  ">d:  ••jk  nnN  opspi  -irNUi  a-'OD  inx 
n'jKC  '733  KXDn  njm  .ippdk  '7y  p-rn  nsn'?.  i^d^dVi  bson  c-n"?  xinn  p-icn 
îT.TiK  "'CK-ia  "OC  Kini  rr*?!*  ncMia  aw;  nain:  idsï  iDca  n\nn  k"?  ick 
•"JDTKP  Sx  nipcsc  ne  puic"?  nTripo  nspa  kïcp  dki  msDi:  on  "«d  'Jirt  ]y^h 
"^Kf  iK  Qjie?'?  m"?  •yar,  Sxn  dx  -;nx  -^îca  ipTpnnc  is  ^C'EJ^  "«stan  x"?!  -jaVa 
C'-inx  c-iBc  Dï  ^rpnp-  oxi  rrye  «  "rpnsn  i:ac  tcx  -iBcn  ■«;  nsi  xen 
nipDD  laain  -inx  asnDC  nSau  nx-u  xpno  x-na  inrpn»:  ^r^bz^  ncr'jtr  ix  d'jb? 
îO-in  inx  p'-c  IX  'P'71*  n'ioj  "-"  pBcn  la  V^c  ncx  pimpca  n:m  .ixs'<  inx 
ny  DPKi  nnx  pp*?  Sain  -"^'iT:  id'jk  x^  "a  lymnVi  î^ycn  a"?  i'>»nh  nï  '"jx 
-c'70'7  '7'7BPt)i  iwp  -iCip  ipix  uxipi  --anon  pn\ica  ixnpp  -!CX3  '«nx  n-'XBnn 
■-Vy  naip  "jx  n^îca  nit  rpppyn  ""jxi  .  njin  ^iw  nnxt:  n;B>  nSyo'?!  rn'jxai 
■•Plia  '3  noipnn  'inx  roiyn  oa-'Sx  -ixc  xb  ""a  rci'jp  ''is  ir'îP  Ski  me 
OJ1  •  nscuni  pSn  pi  xS  V3  yii  "inrcm  X50J  ]ncn  ''Sa  ncon  dsS  yr  n'isi 
ipmr»  mipS  isnp  xS  oxi .  vSSnc  Sy  a^cnSi  v-iano  ipix  -i^pcS  iSaiP  poS  p 
.ia  •«l'OinS  T""»!  POP  .  lac  noD  laT  icnS  "p^xi  xSi  iibc  pS^npa  i^yS  iS'^npn 
n"3a  UiicSa  opik  "p'^y"  ^^^^  r^*»"'  ^iwSa  piaaiiD  PixiBnn  S3  aiP3X  ni^\^ 
DDsy  ixt"»  .  nyri  Sry  "Sa  tîcS  iS:i  naxSoa  poypnS  d^StipdS  S^yix  p'oS 
nsxSoa  pmxD  ixi  xS  D-S'npr:  y,v  ":  a: .  d'oSc.  naxSon  ^:pi  ciiaii  D-'Din 
yi"  DX  D'ocn  piir  iBoa  l'i'yS  ir-ics"'  xSi  oncyn  opix  ny  xS  .cdm  S: 
.\-iii3  XNi  pxn  .atcn  xBnS  inipMn"i  i:Sd  iSjt  ■noc?''i  ainaj  he  Sy  Pi.vicin 
"S  jp'i  "pppyna  ■"ji'C"!  ■'-'tya  n^n^  Sxcrx  ijcrri  "«aSa  »)D33n  'yivn  xin  Sx".; 
laS  nScn  ip-iir  pixSb:  "jxim  loy  inxn  ^BDn  ppynSi  "paxSc  D-'ScnS  pSi:" 

cxx  in-'CD  px 
II.  D'STiP!:n  "'CC,  •  Le  (Inidf  des  commençants»,  (radiiclion  du 
manuel  de  médecine  de  (îénrd  de  Solo.  Léon  dit,  dans  la  préface  dont 
nous  donnons  l'original,  que,  ayant  demeuré  des  jours  et  des  années 
dans  un  pays  d'où  Dieu  l'a  fait  expulser  pour  ses  péchés,  le  traité  de 
Gérard  sur  le  IX' livre  de  VAlmançouri  lui  parvint  et  qu'il  en  fit  une  tra- 
duction pour  le  profit  de  quelques-uns  de  sa  nation.  «  A  cette  épojjne, 
•  dit-il,  je  ne  connaissais  pas  le  petit  traité  du  même  auteur,  intitulé  : 
«le  Guide  dus  commençants;  autrement  je  faurais  traduit  également; 
«  CM-,  comme  on  voit  par  la  préface  de  l'auteur,  le  (ïnide  a  été  fait  sur 
«  la  demande  des  disciples.  Je  me  suis  décidé  à  en  faire  une  traduction 
«  fidèle,  après  l'avoir  acquis  avec  d'autres  livres  dans  le  pays  de  ma  cap- 
«  tivilé,  et  après  l'avoir  étudié  avec  soin.  »  A  la  fin,  liéon  dit  :  '«  Voilà 
«  tout  ce  qui  se  raconte  cliex  nous  sur  ce  petit  livre,  et  rien  de  plus, 
«ni ici,  ni  à  Montpellier, le  domicile  de  Gérard.  Cependant  Gérard  pro- 
«  mettait,  au  commencement  de  son  livre,  de  pailf  r  de  toutes  les  parties 
«du  régime,  qui  sont  au  nombre  de  cinq.  Gérard  a  peut-être  oublié 
«de  composer  cette  partie,  et,  s'il  l'a  fait,  elle  est  perdue,  ou  elle 
«  a  été  omise  dans  les  copies.  Quoi  qu'il  en  soit ,  puisque  j'ai  trouvé  un 


\IV    sriXLK. 


II.   »  I  'i  ' 


776  LKS  KCRI\  \I\S  JlIFS  FRANÇAIS 

«  excellent  petit  traité  de  \Iiii>lrr  Jean  de  Tomamire  sur  le>  mines. 
«  r'est-à-dire  sm*  nn  des  ré};ini<'!.  mentionnés  par  Gérard  an  etinninn- 
•  cernent  de  son  li>re,  je  l'ai  traduit  poin' le  profit  des  conunmrants.  » 
Ce  traité  «le  i'ôrnaniire  suit  dans  le  manuscrit,  avec  «|utl«jnfs  leeelles. 
La  date  de  la  traduction  du  trait)'-  de  (îi'-rard  est  i/io-i.  dati-  omise  dans 

<:a(i«l.  l'.iri»,        If  Catalogne  tle  Paris,  n"  i  177-  Ce  traité  est  dilTerenl   île  celui  (|ni  est 
intitule-  Isaçfoge   lironniit,   on   Iiitrodiictorium  juveniini ,  qui  a  -li-   traduit 

\oii    iiih«5ii>.     par  Ahraliam  Abigdor  en   i37(),et  (|ui  a  pour  objet  le  traitenn-nl  des 
''   ''"  iièvies.  Il  devrait  porter   le  titre    de    Libclhis   de   fchniuf ,    laiidis   «[ne 

notre  traili-  semble  être  \'lntio<liicloiiuin  jnienimi ,  «pii  a  pour  objet  le 
régime  dn  corps  bumain,  d'après   \striic. 

Mirii.,  |.    17,!.  Voi<'i  le  texte  bebreu  «le  la  préface  de  Léon  el   dn  <<iunnene«'nienl 

de  la  tradurtion  : 

'jK-ain  -iCK  y-iNa  pn'jc  hv  aor  'nrna  d'joi  c-v  nt  pTvcn  »)cr  p»*?  -"rTN 
-lan  icN  hwt  tsan^j  -"Ec  •'t'?  van  "vcei  ''K::n  ■'laii  tijiv  laïaS  n:^?:  ocn 
1331^'?  "?«  Diicbo  vrppyni  'j'ya  tnc  ^ccn  3C"t  ■<i33':'?Kn!:  'vcTn  -rcn  "?» 
D-'j^nron  -l'co  ,><ip:n  jopn  ^c-n  s^v  n.y  cnn  D'!:'ai .  i:t:y  '3:0  rsp'^  S'i'in'? 
iK  rryT»  dkc;  •'py3':3  rx  irprvnc  nt  '3Er:i  tvcc  n''  i:t3n  -lancn  i-^an  -ctk 
VT'  msp  as  ntc  'D*?  v-iriK  r:'?'?  Vn3n  ^ccn  pno  ':  r3c'?  ipTvt:  t";!  rryccr 
nK-i3C'  ne  ipn'Psa  iant:n  rb»  Tînt?  ic:  lacnc  -'■'NDi  i^-.n  Spce  iS  =■< 
Qi-iPC  Dv  "ao*  y-Ka  ne  rn'3p  d'O'  oïd  nti  .ipkc  itoSp  pcpaci  nncc 
n-ifm  2\-i3  -pT  vpNseï  me  "7»  -picyi  ipik  ''P3'"yi  esc  D3  o-cnn  d^hk 
nc'i-'c;  '1X1  •'C'N  pn  '"ppo'?  id'jc  nixSon  PKta  DYO'PCn  n;rna  D':'?inn  hn 
'2  ipy-V  Ncnn  '?«  tiûS'-c;  nrrc  la  "7:  -icn'  x'?  ne  x^  vicxi  ^c  T>ia  -'7'>i 
"ji*  im-Ti-i  nxiD^n  '3'3y  inca  vys  ;'ar;  Vnar:  ^c»:  -iicm  v;cn':  -"x-  xin 
.rViCDn  i^-ic  ''?:'!xn  -i-iaM  p'?;m  'e:  ht  h-s  D'^a-cn  piït  inx^"!  ns^inn  ';eix 
na'P  "iV'EX  lûCD  -en'  •'P'ja"'?  nVca  n'7D  ip-'pyn'?  'Pacritra  n''?y  nt  Sa  pk  'Pix-ai 
iwN  in'PDn  c'xn  "bx  ]itbn^  dxi  .ui:x''7r;  o'jcpr  ly  ieic  lyi  ip'jnpo 
rnSx'?  mip  ippa  vaT  PX  njcx  xVi  nanc  PiVc  Sa  p'pyx  -:  ia  (sic)  mp' 
int::  aaV  ''"J  d3  -a  ipSix:  insvx  laba  '•3X32?'  ntc  -hM<)  iP3ir:x  pni  in  csctra 
ip^jn  ny  i^xi  r.a*?  nx-inn  ■'ix-i  r^x  ■'a  ^■ch^v  n^m  -icxcr  'c  oen'?  ^pv  -'jixi 
n3i:n  pinxa  ]"iCX':  '  [n'îrra  n]"?»:  'pppyn  icx  n'iBcn  "jaa  ■'EECC  na  -;  Sax 
jcx  'Pppyna  "3-i''C'"i  "nya  nM-  ""jxcx  D^^'?xnt:^  ;rcn  d-.c  ona  xs!:-'  x"???  ''3CC 

Connnencemenl  «le  (îérard  : 
D3r:i'7w  biy  D"''7''sxn  D'!:'y3m  n-'anxsn  onp'-n  D"'3an  '^^v^'-  tia^'S  tancn  ick 
crx"i  h}>  ^n:  -icx  o^anxm  pir:i'?c'n  -lODCa  anS  oapnVam  oananx  na-^pi 
ono  piaiyo  n'n  icx  cn'Pinai  D''S''sni  cmcn  iBocai  paiiacn  n'jipan 
.  niccn  i^on  pisoa  npix  o'Pioon  o-'ax'jcm  Dn'xen  caaian  ieddii 
h»  Q3'3'y  T'xnV  ■'Ec  IX  ixp  -)cxc  Da*?  lan"?  ''3CD  opcpa  "t.x  dpx  n3n 
x"?  oa^ioi  ''3'«a  -irx  yicycni  nanxn  -  oyoD  "•'71x1  iiX3!:'7x  -iecî:  'ycpn  -isc 
D3p'7xc  px^c"?!  d;3ist  p-'Bn'?  iàv  -csya  ■'p'ja'  x*?!  oapsia  Sv  pi'rn'?  'P"»-i 
ic'ya  omnan  i'a''t3  rpxip  tcx  jcpn  iiann  ni  d3'''7X  «p^an  nt  -^laya^ 

'   t^idoniiiiiigé  dans  lo  niiiiiiiMTit.  —  '  A  la  marge  'EC  '3. 


DU  XIV   SIECU:. 


/  /  / 


\IV'  SIKCI.k. 


IN  pEiDD  -131  13  iKSDn  DK1  D'-p'jn  ^ivh  vD^hm  Di:''3i3  DixnitapnnojN 
ni  D^ni3ii  DMX-i  o"'3it3  onaT  13  iKïr:n  dxi  ""n"?!!*?  n*?  "''?«  inion^n  ]13J  'r'?3 
ct-cwi  ■"DîN^t:  '7"'nnK  i:is-i3i  •'n'7yD3  -myx  i3i  ^biat  kS  D''D'7iyn  ^nx^  lon-ri 

jDN  man  nx 
p:{<'?!:3  pDynn'?  D'''7''nnDn  nsT-i  a"''7'7innDn  -i'>e?''0  vnK-ip  p-nycn  •<îtf\ 

D'jpi  IX  Qnin3  vn'  nxiDin 
cp^i  ne?Dn'7  np'?nj  iDUxn  »)i3n  njmn 

A  la  Un,  on  lit  ce  qui  suit  : 
nn  ta  T.»  tà^  ppn  -ison  nt  ^p'îno  ij'7sx  xsojn  inî  p-rycn  »idv  ]1x"7  nt3X 
-iccn  axi3  m:  dxi  .  '7im  t33-i''3  -isncn  3mD  i3  n^n  ncx  inn  mpos  xVi  mpon 
»1ic3  insnc  'Six  iDDn  nSnn3  nxnno  iod  ncDn  onc;  nijn:nn  "':''rD  "733  lanS 
Syicn  Vx  n:n  p  wsm  x"?  ix  xsdj  n-'nc?  inx  i3x:i  ixcsc  "'Six  ix  nian 
nj-iio  'T  ]Xi3  'cxtî  nsn  ri:'xn  3-11  niDsn  pp  -iDxc  \ixsc  's  nM''a  no  n^'n-'i 
nxii  wcj'T'C'n  ■'CXD'''?  x-it33J  ^033  cxipj  D"'Tirn  n^ysDxn  rnin^j  n-cD 
rsn"?!  ip^rynS  ''3'?3  '•nox  lEon  m  c?x-i3  d3^''3  -i:t  ^rx  runjnno  rnx  x^t 
pcyrnV  oS-'nrna  orsxSo  nr"'n3  Sn:  rSyin  D'S-'nnDn  Sx  yr  ^yoS  loy 
jDx  niTy  Sxux  Sxntîi  mx'-jDD  iidu-'I  nsxSon  rxt3 

\  la  (Icniiôrc  page  du  njaniiscrit,  il  y  a  des  prescriptions  en  catalan, 
I racées  par  une  main  postérieure. 

III.  i.éoii  traduisit  encore  du  latin  un  chapitre  sur  la  relation  de 
l'astronoini*'  à  la  médecine,  attribué  à  llippocratt;;  sa  traduction  se  trouve 
dans  le  manuscrit  d'Oxford  n°  206  i  ,  i-  KHe  commence  par  les  lettres 
n'Sx,  (|ue  nous  avons  mentionnées.  Léon  dit  qu'en  lisant  les  Aphorismes 
d'Hippocrate,  il  reconnut  que  ce  médecin  s'occupa  également  de  l'as- 
tronomio  relative  à  la  médecine,  et  qu'il  doit  avoir  écrit  sur  ce  sujet, 
bien  que  rien  rie  nous  en  soit  parvenu.  Un  savant  chrétien  dont  le  nom 
n'est  pas  connu  avait  traduit  de  l'aralx'  en  latin  l'œuvre  prétendue 
d'Hippocrate;  Léon  l'a  lue  d'un  bout  h  l'autre,  et  quoiqu'il  la  trouvât 
incorrecte,  il  a  cru  devoir  la  traduire  en  hébreu,  pour  l'avantage  de 
ceux  qui  s'occupent  de  médecine.  Léoii  traduit  aussi  la  petite  prélace 
du  traducteur  latin,  qui  dit  avoir  trouvé  le  ti;aité  d'Hippocrate. 

Voici  le  texte  de  la  courte  préface  de  Léon  : 

'ji'^v  ■'D  iiie?S  nt  3in3  ov  tiksdi  oipisxS  n'ipisn  nvoi  '>xnp3  njn  r^bn 
noD  |t3p  pSn  n:"'x  D"i33i3n  ]vin  ■>3  siv  nistno  pSn  iS  n''m  nxiinn  nosna 
irrnS  ji^nn  nD3n3  viv  n''n  Tionn  me*  pDD  px  "tidx  nxions  ijdd  iiox'c? 
ntD  onDXD  IX  ncKD  nt'<x  znz  njni  noxs  ainse;  no  is^v  iDsyai  nxiona  Snj 
njni  .]wh  Diwa  onpryn  ui^S  lyjn  xSi  nxicnn  nosns  inyT"  ona  oiin 
DnrD  Tï-iS  XDn  Sx  'ixin  pSnno  ]rinn  nosnts  nnx  nuo  n-'S  yan  ntn  orna 
DjnS  xS  ■'Dsy3  "inoKi  '3''ya  ivk  vnxnpi  iDW  Sy  H•^7•'^  Dxnpiax  T«Dnn  Sx 
••Dy  ytm  D''m3a  Q''iaii  mwS  ninxa  o-ipiDn  iDca  anat?  nt:  osnn  Tonn  ara 
inpryn  ix  orpnyn  ^rSitS  vh^  ■<i'<h  yjn  xSi  nt  Sy  ans  -2  •«ae?nD3  •'jx  "Tipixi 
ne?  -I3ÎJ  xS  '3  iTiy  ov^  V2v  ">nyT»  xS  ipTiyn  ^iti  inx  oan  xinn  iDon  nam 
]"'xr   nm   oy   nScs   nhv  vrxtpi  "'isjn  ]ie?VS  nm  ]whc  ip'nyni  iSiya 


Catal.  Oxlonl , 
roi.  700. 

Slciiiscliiicider, 
clans  te  BulleUiiio 
Kuoiicompagni,  \  , 
p.  /t88;  Calai. 
Otford,  add.  an 
numéru  Qoii,  i 
(col.  1  i6ij. 

Voir  ci<lr.»su!t, 
p.  771. 


TOME  XXXI. 


IkPBlMKKO     B*ri0^.1I.I. 


XIT*  MàcLt. 


Mathitiiyah, 

riLS  DE  MolsK 

riLs 

DK  MaTHITHYAII. 

Hist.  litt.  de  la 
France,  t.  XXVII, 
p.  7I6. 

Rev.  des  Ktudes 
juives,  l.  VII, 
p.  i55. 

Ibidem. 

GrsBU,Gcscli.d. 
Jud.,l.VIII,p.  ij5 
eHi7. 

Kev.  des  l'Uudes 
juives,  t.  VII, 
p.  i5<. 


778 


LES  ECRIVAINS  JUIFS  FR\NCAIS 


Voir  ri-de»sous , 
P-  779- 


Rev.  des  Éludes 
juives,  t.  VII, 
p.  i55. 

Voir  ci-dessus . 
p.  750. 

Rev.  des  Études 
juives,  t.  IX, 
p.  119. 


Catal.    Oxford. 
n*  336,  i,col.  ii. 

UUl.  J.  Coll., 
n*  99- 

Wolf.  Bibl. 
Hebr,  t.  III. 
a*  1678. 


unoiK  'j'îs  hn  ^>»^nh  noVwn  umr  pwSa  'naernoa  n"?»!  njio  xinn  locn 
:  n'?nn  iDon  p^nvon  nxjn  nan  nhtn  ntnt-\ri  nosna  o^pcynon 

Mathitiiv.\ii,  fils  de  Moïse  fils  de  Mathitliyah,  était  un  membre  de  ia 
famille  Yiçhar,  originaire  de  Narbonne.  Ses  ancêtres,  comme  ii  le  dit 
lui-même,  furent  chassés  de  France  et  s'établirent  avec  d'autres  savants 
en  Catalogne  et  Aragon.  M.  Lœb,  ce  savant  français  dont  tous  les 
hommes  compétents  regrettent  en  ce  moment  la  perte,  a  très  bien  vu 
que  Mathithyah  fait  allusion  à  l'expulsion  de  i3o6  sous  Philippe  le  Bel, 
et  non  pas  à  celle  de  iSg'i,  sous  Charles  VI.  Après  la  dernière  expul- 
sion ,  les  juifs  n'auraient  pas  trouvé  facilement  un  refuge  en  Catalogne. 
D'ailleurs,  notre  Mathithyah  est  probablement  identique  au  personnage 
de  ce  nom  cité  parmi  les  rabbins  qui  furent  forcés  d'assister  au  fameux 
colloque  religieux  de  Tortose  en  1  à  1  3  ou  i  !ii  !i;  or  à  cette  époque 
ses  ancêtres  ne  vivaient  plus.  M.  Lœb  dit  qu'on  pourrait  supposer  que 
le  Mathithyah  du  colloque  de  Tortose  est  le  grand-père  de  notre  auteur, 
mais  il  nous  paraît  bien  plus  probable  que  c'est  lui-même.  Nous  verrons 
plus  loin  quelques  autres  renseignen>ents  que  Mathithyah  donne  sur 
lui-même. 

«Les  ouvrages  qui  portent  le  nom  de  Mathithyah,  selon  M.  Lœb. 
«  sont  :  1'  Deraschoth;  a°  commentaire  au  Psaume  r.xix;  3'  commentaire 
«  siu'  Pirké  Aboth;  A"  commentaire  sur  Ibn-Ezra.  • 

Du  premier  on  ne  connaît  que  le  titre.  C'étaient  probablement  des 
sermons  sur  des  sujets  bibliques;  cet  ouvrage  est  rite  dans  un  autre  de 
ses  ouvrages.  Le  n°  1  fut  imprimé  à  Venise  en  1  5/46  et  traduit  en  partie 
en  latin  par  Philippe  Daquin,  Paris,  i  6ao.  Le  n"  3  se  trouve  chez  M.  Jelli- 
nek  à  Vienne,  dans  un  manuscrit  dont  M.  Lœb  a  donné  la  préface,  et  dont 
nous  avons  déjà  fait  usage.  L'auteur  dit  encore  dans  cette  préface  «  qu'il 

•  alla  d'une  ville  à  l'autre  et  d'un  pays  à  l'autre,  et  que  ce  fut  dans  sa 

•  vieillesse  qu'il  composa  son  commentaire  du  traité  d'Aboth  pour  trou- 
«  ver,  dans  cette  étude ,  des  consolations  contre  les  maux  du  temps  et 
«  un  soulagement  pour  *on  âme  brisée  de  douleur  ».  M.  Lœb  ajoute 
avec  raison  «  que  ces  paroles  sont  probablement  une  allusion  aux  terribles 
«  persécutions  contre  les  juifs  en  Espagne,  qui  ont  commencé  en  1391 . 

•  et  qui  ont  duré  un  grand  nombre  d'années  >.  Quant  au  quatrième 
ouvrage  que  M.  Lœb  mentionne,  M.  Neubauer  dit  qu'il  n'est  autre 
chose  que  quelques  notes  qu'on  trouve  à  la  marge  du  commentaire  de 
Salomon  Gatigno  sur  le  commentaire  d'Ibn-Ezra  au  Pentateuque.  On 
trouve  d'autres  gloses  rapportées  au  nom  de  Mathithyah  dans  un 
manuscrit  du  Jewish  Collège  k  Londres  qui  renferme  un  commentaire 
anonyme  du  commentaire  de  Raschi  sur  le  Pentateuque. 

M.  Lœb  dit  encore  qu'on  attribue  à  Mathithyah  un  commentaire 
sur  le  Pentateuque,  vu  par  Wolf  dans  un  manuscrit  de  Schulting,  qui 
aurait  été  écrit  en   1  38o  et  qui  porte  le  titre  de  'n  iw,  «Lumière  de 


WJ  XIV  SIECLE. 


779 


«Dieu»,  comme  l'ouvrage  philosophico-théologique  de  son  contempo- 
rain Hasdaï  Crescas  de  Saragosse.  M.  Neubauer  pense  qu'en  effet 
notre  Mathithyah  a  composé  un  commentaire  philosophique  sur  le 
Pentateuque,  qui  est  même  assez  prolixe  (211  ff.  pour  la  Genèse),  et 
qu'il  a  vu  à  Vilna  dans  une  bibliothèque  privée.  Hasdaï  Crescas  y  est 
mentionné,  et  l'on  y  trouve  la  date  de  5  162  (i^oa).  Il  est  probable 
que  le  manuscrit  où  Wolf  avait  puisé  ses  informations  portait  la 
date  de  Dpn  5 160  (i38o),  au  lieu  de  aopn  5 16a  (1/402),  et  que 
la  mention  de  Hasdaï  Crescas  a  suggéré  à  Wolf  le  titre  de  'n  niN ,  «  Lu- 
«  mière  de  Dieu  ».  M.  Steinschneider  croit  que  la  confusion  de  ces  deux 
dates  provient  de  ce  que  Mathithyah  fut  contemporain  de  Hasdaï,  et  que 
Zakkuth  place  ce  dernier  en  1 38o.  Dans  le  livre  plus  récent  consacré 
à  la  bibliographie  hébraïque,  dont  l'auteur  est  Isaac  Benjacob,  on 
trouve  encore  le  titre  que  Wolf  donne,  appuyé  sur  l'introduction  de 
feu  M.  Reggio  au  Pentateuque,  où  ce  commentaire  est  mentionné. 

Outre  le  commentaire  sur  le  Pentateuque,  notre  Mathithyah  avait 
composé  des  homélies  sur  le  Pentateuque  avec  le  titre  nveriE ,  «  sections  » , 
qui  ne  sont  pas  les  mêmes  que  les  Deraschoth ,  qui  semblent  avoir  contenu 
des  sermons  pour  les  jours  de  fête,  et  qu'il  cite  dans  les  Paraschiyyoth , 
et  peut-être  aussi  dans  son  conmientaire  sur  le  cent  dix-neuvième 
psaume.  Abraham  Zakkuth  et  Ibn  Yahya  dans  leurs  chroniques  citent 
également  les  Deraschoth;  M.  Steinschneider  ajoute  que  le  dernier 
semble  avoir  pris  ses  renseignements  à  ce  sujet  dans  la  préface  d'Isaac 
de  Lattes,  et  que  par  conséquent  ces  sermons  furent  écrits  avant  1  3 -7 5. 
A  présent  que  cette  préface  est  imprimée  deux  fois,  on  voit  que  notre 
auteur  n'est  pas  mentionné  par  Lattes,  probablement  parce  que  sa 
carrière  littéraire  ne  commença  qu'après  li-jli. 

Moïse,  fils  d'Abraham  de  Nîmes  (d'i»'  mpo),  a  traduit  du  latin  les 
tables  astronomiques  d'Alphonse,  roi  de  Castille,  avec  le  commentaire  de 
Jean  de  Nicora  (Kiip^a  n;  Assémani  lit  i'7ip'>n)i  composé  à  Paris,  et  les 
tables  de  Jean  de  Saint-Archange,  d'après  le  désir  de  Maestro  Crescas 
Nathan ,  «  fds  du  grand  et  puissant  prince,  la  lumière  de  notre  captivité, 
«  Don  Isaac  Nathan  « ,  en  1 6  2  o .  Dans  la  préface ,  Moïse  dit  qu'il  a  fait  cette 
traduction  pour  trois  raisons  :  1  °  parce  que  l'œuvre  est  d'un  roi,  2°  parce 
qu'elle  est  complète ,  3°  parce  que  les  chrétiens  ont  cet  ouvrage  en  grande 
estime.  Ces  tables,  dit-il,  sont  beaucoup  plus  claires  et  plus  exactes 
que  celles  de  Paris;  il  donne  la  raison  de  cette  supériorité.  L'ouvrage 
est  divisé  en  27  chapitres.  On  le  trouve  dans  les  manuscrits  du  Va- 
tican, Assémani  n°  382,  et  de  la  bibliothèque  de  Munich,  n°  126,  1. 

Voici  une  partie  de  la  préface  hébraïque  d'après  le  manuscrit  du  Va- 
tican, avec  quelques  variantes  du  manuscrit  de  Munich,  communi- 
quées par  M.  Steinschneider  : 
'1^33  D^yiDn  ""Sd  Q-'j^jwn  itJ  Dsnn  t  '•?»  nn'<n  Dnsr'  rnpo  ne?t3  idk 

98. 


\IV'  SIÉ(XK. 

Rev.  des  Etudes 
juives,  t.  VII, 
p.  i54. 

Ibid.,  t.  IX, 
p.  117. 


Ilev.  des  Études 
juive»,  t.  IX, 
p.  118. 

Yoh.,  fol.  1 33'. 

Otz.    Hassrf. . 
p.  a5,  n°  5oii. 

Préface,  fol.  5*. 
dans  rénumératioii 
des  commenlaires 
inédits. 


Zuiiz,  Gesch.  u. 
Lit. ,  p.  h6\. 

Zuni,  toc.  cit. 

Catal.     BodI., 
col.   l68:i. 

Voir  ci-dessul , 
p.  C81. 


MoisE  , 
FII.S  u'Abraiiaii. 


SteiHschneider. 
Uebers. ,  p.  619. 


CaUl.,  p.  60. 


xiv'  sifeci.». 


780 


LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Calai.    Marra\, 
Vfrin    linfnaîn) . 


Calai.. col.  880. 
ni3'1.  p.  17- 


nK'7'7''Be;Kp  i'jd  iSiio'jiX  nn  -fun  -^cn  mm'?  D'iayn  pe?'?'?  D"'isi:n  pc?'7D  i*? 
c?nxD  T-ya  tan  -wk  ^mp^:  ■•t  cfjJNv  '•'nd  ddo'?  onvon  onV  NSD:n  "n.van  av 
D''jippn  psn'jd  INC  ma;  '3  «jn  . .  .niao  n'?  on'»'?»  irpie?r  n'?n3  '3  n'j'jinn 
nm'?  '?"jiKpiN  ©T  v^iiKV  v^icc  D3nn  oa  lan  -1331  Kinn  l'jcn  nim'ja 
n*?»  "jK  onan*?  nsn  o-ît.d  »]D3  '^pw  K*?  pnpnn  mVna  n3K'?cn  m"??  ma:c: 
'3  c'iiK!}  nm"?  Nïcc  nor:  tnd  nain  pnpini  n'jpno  oa  nsd''  'a  mni'?n 
pprn  L'''ic;n  D''i3icni  D''pinn  p  ynv  rim'?n  n^Ka  '•3  Kin  mmbn  tc;  pa  '7nan 
xsD"  e?'iND  nni'731  r'«ysDKn  aawn  r»i:r  hs  yna'?  ik  »i''cinS  ^iKin  TCKn 
'd"?  ^^{13D  Kinc  iDixa  TCNn  a3i3n  nipo  ci^n  DMS-icm  D'pnn  hriit  31p: 
'73'?3.T  pyiap*?  ptn  pxa  no  aiip  nn  mpi  naacr  pik'ixj'idSk  pjisp  ti'pcnc 
]y^b  cp'DXia  "'j'icc  '7j'?3  ppp  nù  01©*?  mxB  Pini"?  nco  ^'nn  ja*?!  ^rccn 
ap'pyn  nwK  p-'Pyon  •'jiyD  iin^'ai  a'':"yDn  "'jiyD  oVyji  nyioa  anpn  nt  ipip-" 
yT"  itbv  na'?  ni  on'ji  iV  n-'p  n:cxi  xinn  m''7n  ]C  piocpcnn  jdin  lijic;'?'? 
msp  oy  •'jNi  onn  piniSn  «dd  lasin  ^1S^  ma  papo  Kin  ivh  isiioSx  p:i3p 
D'o:  ■'3DD  onaaji  o-'ai  •'P'»-)  -icn  nppvnno  ■'pma  iàt  i'?ipa  'pyr:c?  D3ic'?a 
nn''  D•'^^an^  nhn  Po'?c;  ''Piar.i  nix'jcn  p'7yip  'jij'ji  pcxn  •'ppie?p'7  nuD'JD 
bid'?  3  'i  *  Dpppyn  np-'m  ^"Jixp^x  'v  pimSi  iXiiB'jN  pini^i  «-np'i  n  ni^va  ijt 

Dans  le  manuscrit  de  Mniiicli,  il  y  a  encore  d'autres  tables  et  d'autres 
élucubrations  sur  ce  sujet.  Les  tables  de  Paris  se  trouvent  dans  le  manu- 
scrit de  la  lîodiéienne,  Digby  lai.,  n°  1  i4,  3.  Il  n'y  a  pas  de  traduc- 
tion de  ces  tables  par  Calonymos,  conmte  M.  (leigei-  le  dit.  Un  Moïse 
de  Nîmes,  demeurant  à  Avignon,  est  l'auteur  d'un  poème  relalit  aux  sec- 
tions du  Pentateuque,  avec  en  acrostiche,  ies  mots  hébreux  (jui  disent  : 
«  Moi ,  Moïse ,  fils  d'Abraham  de  Nîmes,  demeurant  à  Avignon ,  année  5a  a  6 
«  de  la  création  =-  i  462.  »  Ce  poème  fut  imprimé  d'après  le  manuscrit 
d'Oxford  n°  1  I  80,  1 6  à  la  lin  de  la  disputation  de  Jehiel  de  Paris,  édition 
Thom,  1873.  Nous  ne  doutons  pas  que  l'auteur  n'en  soit  le  même  que 
le  traducteur  des  tables. 


Moïse  Kérus.soi. 

BOTARII.. 


Calai.   Munich , 
n*3U,  10. 


Moïse  F^rus.soi,  Botarei,  ('?'nDia),  élève  de  Moïse  de  Nimes,  est  aussi 
l'auteur  de  Tables  astronomiques. 

1°  D'*D1X  PGJ,  «  qui  distille  des  rayons  du  miel  (Ps.  \ix,  i  1)  ■,  où  nci 
représente  l'abrégé  des  mots  ~"'D'7P  '713nE  DIKJ ,  «  dit  Férussol  le  disciple  ». 
Ce  sont  des  tables  sur  les  conjonctions  et  les  oppositions,  avec  des 
canons,  en  six  chapitres.  Moïse  parle  d'une  éclipse  de  soleil  observée  en 
1478,  calculée  par  erreur  comme  une  éclipse  totale  et  corrigée  dans  les 
tables  d'Alphonse  et  dans  celles  de  Maestro  Léon  (Lévi  fils  de  Gerson). 
liC  point  de  départ  est  la  nouvelle  lune  du  mois  d'iyyar  (mars)  i/i8i  k 
Avignon. 


'  M»,  de  Munich  .  -nKn.  —  '  Ibid. ,  }P3. 
—  '  Ibid.,  DW. 


'  Ibid. ,  mpn.  —  '  Ibid. ,  o'oann. 


DU  XIV  SiECf.E. 


781 


2*  ïiapn  nsxVO ,  «  Art  (îxé  »,  traité  sur  le  calendrier,  composé  en  l'année 
i/i6à-ià65,  sur  le  désir  de  Jacob  (aipN^)  Léon  de  r,availlon.  Ici  Moïse 
nomme  son  maître  Moïse  de  Nîmes  (nyin).  Le  traité  se  trouve  dans 
le  manuscrit  de  Mimicli  n°  a'ig,  i,  et,  d'après  M.  Steinschneider, 
il  y  est  autographe. 

3°  iiC  commentaire  sur  les  tables  d'Immanuel  de  Tarascon,  com- 
posé en  ilx6h,  est  probablement  de  notre  auteur.  Il  se  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Munich  n°3  i ,  8,  et  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n"  aoaa,  3. 
D'après  le  catalogue,  c'est  un  commentaire  sur  les  tal)l(>s  d'Mphonse,  en 
i5  chapitres;  on  y  trouve  la  date  de  tischri  5i36  =  septen)bre  i465. 

V  II  est  possible  que  la  réponse  de  casuistique  (jui  se  tiouve  dans  le 
manuscrit  d'Oxiord  n"  783,  »,  avec  la  suscription  de  «  Képonse  de 
•  Maestre  Moïse  Botarel  »,  soit  de  notre  auteur,  quoiqu'on  trouve  dans 
cette  collection  une  date  de  1 36o. 


\IV    srECI.K. 


Catal. 
P-  9''- 


Munich . 


Voir   ci-dessus, 
p.  (iijb. 

Calai., riil.  69). 


Voir  ci-<lessus, 
|).  C55. 


AscHER,  fds  <le  Moïse,  de  la  famille  Olobrega  (kj^'131'?1N'),  appelée 
plus  tard  Valabrègue  (famille  très  répandue  en  Provence  et  qui  existe 
encore),  était  médecin  à  Arles  en  1  468.  Il  traduisit  du  latin  en  hébreu 
la  Chirurgia  païua,  abrégé  <lu  grand  ouvrage  de  (lui  de  Chauliac.  Cette 
traduction  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Lyon  n°  1  a,  4,  où  on  lit  la 
suscription  suivante  :  P1D^^c^  'Omcryn  nixin  cntvn  pin  dt  isp  ni-'j 
xn-'j  'ND  T  '?!•  c^ND  n'j'^inn  l'^ya  DiiaenV  y»  pjc'a  nio  nvH  DTncm 
pK'''7iKpT  :  «  Le  petit  ihiuUt,  abrégé  de  la  manière  de  traiter  les  plaies  et 
•  les  tumeurs,  composé  en  l 'n  3,  dans  la  ville  célèbre  de  Paris,  d'après 
«  Maestre  Guido  de  (^auliac.  »  La  même  suscription  s(>  litdanslemanu.scrit 
il'Oxford  n"  2.^8^,  a,  avec  la  seule  différence  que  le  titre  du  livre  est 
dans  ce  maïuiscrit  ispcn  xn^;.  Ascher  fit  sa  traduction  sur  la  demande 
d'un  ami.  M.  (îross  dit  que  la  date  de  fabrégé  ne  s'accorde  pas  bien 
avec  les  dates  concernant  Gui  de  Chauliac.  Nous  savons,  dit-il,  que 
Gui  était  dès  1 348  le  médecin  du  pape  Clément  \  I,  naturellement  déjà 
célèbre  et  ayant  passé  la  première  jeunesse.  Fîn  i/ii3,  il  aurait  eu  au 
moins  quatre-vingts  ans  ;  en  outre,  il  n'est  rapporté  nulle  part  qu'il  ait  été 
à  Paris  en  1  4  1  3.  Mais  M.  (iross  n'a  pas  fait  attention  (jue  Gui  n'est  pas 
l'auteur  de  l'abrégé  de  sa  Ckirurgia  magna,  (|u'il  a  composée  en  1  363 
et  dont  la  traduction  hébraïque,  sans  nom  d'auteur  ni  de  traducteur, 
se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris  n°  1  1 89.  L'ouvrage  fut  abrégé  à 
Paris,  en  »4i3,  après  la  mort  de  Gui. 

On  trouve  des  membres  de  la  famille  Valabrègue  comme  scribes  et 
possesseurs  de  ntanuscrits  postérieurement  à  1  /|68. 


Ascii  Kl'. 

Ol.OBKKUA. 


ArcliMcs  Miss. . 
3'  séT. ,  I ,  |).  566. 

.Sti-insclinfidor. 
Uebcrs.,  p.  8o3. 


Calai.  d'Oxford 
col.  1  -îô. 


Monalssclirift  . 
1880,  p.  at'i. 


(iKRSON. 
FILS  D'KzÉCHni.. 


Gerson  ,  fds  d'Ezéchiel ,  est  l'auteur  d'un  ouvrage  de  médecine  intitulé 

Tioan  nx  idd,  «  Livre  intitulé  Aussi  ma  sagesse  »  (allusion  à  TEcclésiaste ,  ^,   .     ,     . , 

\      .      ..                       ,           ,.        ,         1-  /        1   ,1            L                   i  .Sleinsciuifider 

II,  9),  ecnt  en  vers  du  mètre  hezedj  (en  hébreu  TiUn  nru),  et  accom-  Uebprseu.,B.7/i< 

pagné  d'un  commentaire  composé  pendant  l'emprisonnemerrt  de-  l'auteur  Mel.  Sclu.p.  7. 
5  2 


XIV*  SIKCI.R. 


782 


LKS  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Voir   ri-dessus . 
p.  781. 


Proiiipluarium , 
|>-  39. 

Bibl.      rabb.. 

I.  I.   p.    't21. 

Sitriii'.  Yes.,  X, 
p.   178. 

Bibl.      Ilebr.. 
I.  (l.p.  1563. 

Franrc      Isr. , 
|>-  77  "  79- 


Revue  des  Ktudes 
juives,  1.1,  p.  79 
l'I  suiv. 

Catal.,  p.  310'. 

Rev.  des  Etudes 
juives,  t.  I,  p.  80. 


à  pKBip,  localité  dans  ta  province  d'Ysop  (can^xn  yijo),  c'est-à-dire 
d'Orange.  Gerson  se  dit  originaire  d'un  endroit  appelé  niD3,  •  iiauteur  », 
(rendant  son  nom  par  "nD3  oe^iJ  et  nicsnc  nji3D),  et  dit  qu'à  une  cer- 
taine époque,  il  .se  trouvait  à  l'endroit  de  non  IDS,  •  village  de  grâce  »  ou 
«  de  charité  »,  où  il  fut  arrêté  après  dix  semaines  de  séjour,  et  emprisonné 
à  jlNDip.  Il  resta  en  prison  169  ou  119  jours  (le  nombre  de  jours  est 
exprimé  par  la  valeur  numérique  des  lettres  de  mov  ou  de  ^h  mo», 
mots  qui  se  lisent  dans  l'Ecclésiaste ,  11,  9,  après  les  mots  TDsn»]*), 
cl  son  ouvrage  fut  composé  en  l'année  i4i9  (valeur  numérique  du 
mot  move;),  ou  5 179  (valeur  des  lettres  30  np'?  '3)  selon  l'ère  de  la 
création. 

Gerson  commença  son  travail  le  lundi  3  heschwan  (le  3  octobre)  et 
l'acheva  le  a 6  ou  2 7  kislev  (aS  ou  26  octobre).  Il  acheva  probablement 
le  conunentaire  le  2  5  tcbet  (i/i  novembre),  époque  où  il  fut  mis  en 
liberté.  Avant  de  nous  occuper  du  ^n03n  f\t<  "lED  et  de  la  liste  des  autres 
écrits  que  Gerson  avait  composés,  nous  devons  discuter  la  question  des 
localités  mentionnées  par  lui ,  et  nous  occuper  des  données  des  anciens 
bibliographes  à  son  égard.  Le  traité  de  Gerson  est  mentionné  comme 
anonyme  par  Hottinger,  puis  par  Bartolocci  qui  a  suivi  Hottinger,  par 
Sabbetai  Bass,  qui  attribue  à  l'auteur  anonyme  de  cet  ouvrage  un  autre 
écrit  sous  le  litre  de  vhvi2  b"*»,  »  Un  bélier  de  trois  ans  »  (on  a  sous  ce 
titre  un  ouvrage  d'Klie  \ilna,  mort  en  1797),  et  fnialement  par 
Wolf,  qui  renvoie  à  Sabbetai,  en  discutant  sur  le  dernier  ouvrage,  qu'il 
croit  ne  pas  exister.  Nous  >  errons  qu'en  elTet  Gerson  ne  l'énumère  pas 
dans  la  liste  de  ses  ouvrages.  M.  Carnioly,  qui  a,  le  premier,  consacré 
un  article  à  notre  auteur,  dit  que  «  pNonip  représente  Cordoue  et  que 
«  le  pays  d'Ezob  (Ysop)  désigne  chez  les  juifs  du  moyen  âge  la  terre 
«  située  entre  Aries  et  Vaison ,  dont  la  dernière  ville  était  appelée  ville 
«d'Ezob.  Cordoue,  continue  M.  Carmoly,  est  la  montagne  de  Cordes 
«  aux  environs  de  la  ville  d'Arles.  »  Nous  donnons  ces  identifications 
à  titre  de  curiosités;  car  il  est  établi  à  présent  avec  certitude  que 
le  pays  d'Ezob  (Ysop)  est  le  pays  d'Orange  (dans  le  catalogue  de  Paris 
on  lit  «  le  pays  d'Avignon  »).  En  outre,  la  montagne  de  Cordes  ne 
peut  pas  être  identifiée  avec  p^<l:^^p,  qui  est  une  localité  et  non 
une  montagne.  M.  Lœb,  croyant  que  la  localité  non  "iB3  est  le  nom 
hébreu  de  ]iKBnip  {Caritat),  et  traduisant  ion  par  «courtoisie», 
identifie  le  nom  de  pKOnip  avec  Courthézon,  près  d'Orange,  les  lettres 
1  et  t  pouvant  être  facilement  confondues  dans  l'écriture  rabbinique. 
M.  Lœb  a  bien  senti  les  diflicultés  de  son  hypothèse.  D'abord  icn  se 
traduit  ordinairement  par  •  grâce  »  et ,  dans  le  néo-hébreu ,  par  «  charité  » , 
jamais  par  «courtoisie»;  en  outre,  comme  l'ouvrage  de  notre  Gerson 
est  autographe,  il  est  difficile  d'admettre  que  l'auteur  ait  écrit  un  i 
au  lieu  d'un  t.  M.  Lœb  abandonna  donc  plus  tard  son  opinion  sur 
f identité  de  non  "iB3  avec  pKmip  ;  l'auteur,  en  effet ,  dit  explicitement 


DU  XIV  SIECLE. 


783 


XIV*  5IÈCI.I. 


qu'il  séjournait  à  ion  iBD,  et  qu'il  fut  fait  prisonnier  et  mis  en  cachot 

Sur  les  informations  de  M.  Léon  Bardinet,  qui  reconnut  qu'il  y 
avait  eu  au  moyen  âge  im  village  du  nom  de  Caritat,  qui  n'existe  plus  à 
présent,  situé  sur  la  Seille,  entre  Saint-Tronquet  de  Saignan  et  Vaqueiras, 
dans  la  principauté  d'Orange ,  M.  Lœb  a  plus  tard  identifié,  et  sans  doute 
avec  raison,  ion  iD3  i  l'ancienne  localité  de  Caritat.  En  abandonnant 
l'identification  de  non  iD3  avec  fiNCiip ,  on  n'est  plus  obligé  de  corriger 
la  leçon  du  manuscrit,  c'est-à-dire  pxtDiip,  en  pNBilp,  pour  pouvoir 
identifier  pKCilp  à  Courthéion.  Ce  nom ,  qui  se  lit  régulièrement  Cortaon , 
peut,  conmie  le  catalogue  de  Paris  le  dit  avec  un  point  d'interrogation, 
représenter  le  français  Cordouan;  mais  on  ne  connaît  sous  ce  nom 
qu'une  tour  célèbre  près  de  Bordeaux,  dont  il  ne  s'agit  évidemment 
pas  ici. 

Occupons-nous  maintenant  des  ouvrages  de  Cerson.  Il  dit  dans  la  pré- 
face de  'r03n  f\i<  "iDD  qu'il  avait  composé  :  i°,  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans, 
un  livre  de  granunaire  hébraïque  ou  de  massore,  avec  le  titre  de  n»3U 
D'J*ï,  «  Les  sept  yeux  «ou  «  sources  »;  a°  un  autre  ouvrage,  à  l'âge  de 
trente-cinq  ans,  avec  le  titre  de  mnaro  nyiv ,  «les  sept  autels»,  qui  a 
surtout  pour  sujet  l'astronomie;  et  3°,  à  l'âge  de  quarante-cinq  ans,  un 
troisième  livre  avec  le  titre  de  '"roy  "jsD  'pVn  nt,  •  C'est  ma  part  de  toute 
«  ma  peine  »;  le  sujet  de  cet  ouvrage  n'est  pas  indiqué.  Ces  trois  ouvrages, 
dont  les  titres  représentent  des  phrases  bibliques,  paraissent  perdus. 
Seul  existe  le  livre,  de  médecine,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de  Paris 
n*  «196.  Gerson  était  déjà  avancé  en  âge  lors  de  la  composition  de  ce 
travail;  il  avait  au  moins  passé  quarante-cinq  ans. 

Le  livre  est  dédié  à  son  fils,  dont  le  nom  semble  avoir  été  Johanan 
(le  catalogue  donne  Ezéchias).  Il  est  écrit  en  vers  et  divisé  en  sept  par- 
ties appelées  0^*730  ns2V ,  «  les  sept  épis  ».  Chaque  paragraphe  est  suivi 
d'un  commentaire  en  prose  appelé  D''EN  "liK,  •  tardif  à  colère  »,  parce 
que  l'auteur  y  a  introduit  peu  de  polémique,  dit  M.  Carmoly.  I>ans 
les  vers,  l'auteur  propose  des  questions  qui  seront  ensuite  résolues  dans 
le  commentaire.  Vers  la  fin,  on  trouve  un  traité  sur  la  fièvre,  compilé 
sur  des  traités  analogues  qu'on  aimait  à  composer  en  Provence.  Ici  le 
nom  abrégé  de  l'auteur  est  liaj,  Gerson  fils  d'Kzéchiel.  A  la  fin  du 
manuscrit,  nous  lisons  des  notes  diverses  de  l'auteur,  parmi  lesquelles 
deux  recettes  médicales  écrites  en  latin  de  la  même  main  que  le  reste 
du  manuscrit,  qui  est  sans  doute  autographe  et  fut  achevé  au  mois 
d'adar  5  180  (février-mars  1^20).  M.  Lœb,  auquel  nous  empruntons 
une  grande  partie  de  la  description  de  ce  manuscrit,  ajoute  avec  raison  : 
«  Il  est  très  rare  de  trouver,  au  moyen  âge ,  du  latin  écrit  par  des  juifs.  » 

La  raison  que  Gerson  donne  pour  la  composition  de  son  ouvrage  est 
curieuse,  et  nous  la  reproduisons  d'après  M.  Lœb.  H  dit  avoir  eu  un 
songe  où  lui  apparurent  les  rabbins  célèbres  de  la  contrée ,  se»  maîtres , 


Catal.  Paris, 
p.  î2o'. 


Calai.  Paris, 

p.    3?0*. 

Fol,  g». 


Franc 
p.  78. 
Fol.  11  G' 


Isr., 


Rev 

juives. 


(les  l'iudes 
l.l,  p.  81, 


\it'  SIKCI.II. 


784 


I.ES  ECRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


Ko».  -'. 

Uisl.  lin.  lie  lu 
France,  l.  XX Vil, 
p.  594. 

Slrinirliiiridi'i', 
lJp|)ers«U.  .p.-  '10. 

Fol.  ()■'. 


Franrc 
p.   78. 


hr. 


Rev.  drs  Ktudcs 
juives,  t.  I.  p.  81. 


jbid-,  p.  8. 


la  «  luiuièrc  de  ia  captivité  »  de  Lunel,  R.  Maimun,  Moïse  Cohen,  et 
surtout  le  nasi  Todros  do  Narbonne.  Dans  sa  jeunesse,  l'auteur  avait 
ét<^  dans  la  maison  du  nasi  Todros  ou  de  son  (ils  Calonymos,  qui  l'avait 
fîugagé  à  écrire!  un  court  traité  de  médecine  après  avoir  lu  quelques 
traités  sur  ce  sujet  en  présence  du  nasi,  tels  que  l'Introduction  de 
llonein  ben-Isl.iaq,  les  chapitres  de  Maimonide,  les  D'pco  (aphorismes) 
de  Rhazi,  Zahravi  et  le  premier  livre  du  (ïanon  d'Avicenne.  Dans  un 
autre  passager,  Gcrson  dit  avoir  lu  la  Bibli^,  la  Mischna,  la  Tosiphta,  les 
questions  d'\bbai  et  Rabba,  qui  sont  amalgamées  avec  d'autres  données 
dans  le  Tainmd  de  Babylon(!,  et  les  traités  sur  le  grand  et  le  petit  Char 
d'Ezéciiicl.  Pendant  qu'il  composait  son  livre  de  médecine  dans  sa  prison 
(ou  losse,  nN3),  il  lisait  et  relisait  les  cinq  premiers  chapitres  du  traité 
Derakhot  (du  Talmud  de  liabylone  ou  de  Jérusalem),  que  sa  femme,  à 
ce  (ju'il  semble,  lui  avait  apportés.  En  effet,  le  lendemain  de  la  nuit 
du  3'  jour  du  mois  de  heschwan  (3  octobre),  où  il  avait  eu  le  songe 
mentionné,  .sa  femme  étant  venue  lui  apporter  à  manger,  il  l'avait  priée 
d'aller  dans  la  maison  de  son  père  (à  elle)  et  d'y  chercher  un  exeniplaire 
du  Talmud.  Elle  n'y  trouva  sans  doute  que  les  cinq  chapitres  mentionnés 
plus  haut;  des  exemplaires  complets  du  Talmud  devaient  être  rares 
dans  une  mai.son  privée,  après  les  nombreuses  destructions  qu'à  diffé- 
rentes époques  on  avait  faites  de  cet  ouvrage. 

Nous  avons  vu  que  Gerson  ne  mentionne  pas  dans  sa  liste  un  ou- 
vrage du  nom  de  C'Vdd  'j'N,  ce  qu'il  n'aurait  pas  manqué  de  faire  s'il 
avait  (îomposé  un  livre  sous  ce  titre  avant  son  livre  de  médecine. 
M.  Caimoly  relève  encore  deux  autres  ouvrages  c^e  notre  auteur  men- 
lionneiait  dans  la  préface  de  son  traité.  L'un  porterait  le  titre  de  jBp>  '>ntt, 
«  Le  frère  de  Yoqtan  »;  mais  ces  deux  mots  ont  été  introduits  pour  la 
rime  et  ne  désignent  pas,  selon  notre  opinion,  le  titre  d'un  ouvrage; 
telle  est  aussi  l'opinion  de  M.  Lœb.  Un  autre  ouvrage  aurait  pour  titre 
PIDSn  nvac?,  «  Les  sept  sciences  »,  et  serait  un  traité  sur  les  sept  arts  libéraux. 
«  Ce  dernier  ouvrage,  dit  M.  Carmoly,  a  été  fait  par  l'auteur  à  l'âge  de 
«  quarante-cin({  ans  ;  il  contient  5o4o  vers.  »  C'est  en  réalité  le  manuel  dont 
nous  nous  occupons  et  qui  contient  le  nombre  de  5o4o  vers,  sous  forme 
de  dialogue  entre  un  père  et  son  fds.  M.  Carmoly,  comme  M.  Lœb  le 
fait  remarquer,  a  sans  doute  trouvé  dans  ses  notes  le  mot  niD3n  au  lieu 
du  mot  nnatD;  ce  qui  l'a  amené  à  donner  deux  titres  au  même  traité. 

Sur  les  premiers  feuillets ,  des  initiales  sont  écrites  en  lettres  romaines 
ornées,  comme  il  suit  :  AMR  =  nOK,  «  dit  »;  TloB  =  TiiDa ,  de  Bamoth 
«  hauteur  » ,  et  ijT  =  I3n ,  que  nous  ne  comprenons  pas.  On  y  trouve 
également  les  mots  suivants  :  nxa  ^^^  liai  '>iH  ippn  "PDan  »)K  K^p3  nDD 
^^^E?D  nsom  jiKOiipa ,  «  Livre  appelé  Aussi  ma  sagesse ,  que  j'ai  composé . 
«  moi  G.  B.  H.  =  Gerson  fils  d'Ézéchiel  dans  la  fosse  à  Cortaon ,  et  le 
*  livre  est  en  vers  (?)  ». 

Le  traité  sur  la  fièvre ,  de  notre  auteur,  qui  commence  au  feuUlet  1 1 6* 


[)[J  XIV  SIECLE.  785  . 

viv*  sir.cr.K. 
ost,  comme  nous  l'avons  déjà  fait  obsener,  une  compilation  de  pnsrrip 
tions.  A  la  fin,  Gerson  se  déclare  reconnaissant  à  Todros  et  à  Maestro 
Abram  Liinel,  qui  est  peut-être  le  même  que  celui  qu'il  (pialifie  de 
«  Lumière  de  la  captivité  ».  Ajoutons  encore  que  l'écriture  du  manuscrit 
est  souvent  difficile  à  déchillrer,  et  que  le  sens  des  vers  et  même  du 
comnK'iilaire  n'est  pas  toujours  facile  h  .saisir. 

GxBBiEi.CoHEN  DE  LuNEi.  ujentioune  des  banda<^es  etdes  remèdes  contre  (;abi\iei.  (:(iiii,> 

le  mal  des  côtes,  qu'il  avait  reçus  de  Maestro  (Iraboeli  ('Vxuxij)  l'Es-  ,""''','''":, 

pagnol.  l.ette  note  se  trouve  <lans  le  manuscrit  dl)xtord  n'  i?io.),  <).  \i,rii(m<^     \it)... 

M.  SteiiLSclineider  se  demande  si  (îabriel,  (jui  a  joint  des  notes  à  la  Ira-  t-  M'.  i>-  07- 

duction  bébraïque  de  la  Tahitta  super  Vita  brevis,   d'Arnauld  de  Ville  ^  _j"|'   '"■'•'""'"^ • 

neuve,  notes  dont  des  fraj'ments  se  trouvent  dans  le  manuscrit  de  Municli  Citai,  Mmiirl. , 

n°  253,  3,  n'est  pas  identique  à  notre  Graboeli-ou  Grabioli.*'  (i'est  pos-  P'jj;  liilHi  «i'., 

sibic,  mais  on  ne  peut  le  prouver.  '"'  ' 

Joseph  Coi. on,  fils  de  Salomon,  en  abrégé  p' "i'nDomp"''"i'n":,  cpii  fut  .Idskpm  (.<ii.oi. 

rabbin dansdillérentesvillesen  Italie, était  originaire  de  la  France;  il  est 

nommé  (Àirfati,  Français,  quoique  élevé  en  Allemagne,  et  il  appelle  le 

français  sa  langue  maternelle.  Nous  avons  déjà  rencontré  le  nom  de  (.iuldiiarm,  Ki 

Colon.  D'après  le  manuscrit  d'Oxford  ai35,  7,  un  médecin  du  nom  »i<'iiiii!;sH..     m, 

de  Joseph  Colon   aurait    fait  une   collection  de   prescriptions    inédi  ''  iiîsi  ijH   ,|p  |„ 

cales  ou  de  gloses  sur  la  médecine;  il  ne  doit  pas  être  confondu  avec  hraurc.  i.  WVII. 

notre  rabbin.   M.  Carmolv  mentionne  un  Joseph    kolon,  savant  mé-    ''•?'''';      ,    , 
1      .        1      r>  •  -Il  <        I      /^i  i>         .  1  Calai.,  roi.  7.i(). 

dccin  de  Fernes,  petite   \ille   pies   de  Larpentras,  d après  un  de  ses        nj^i   ,|,. 


(1rs    inn 


manuscrits,  sans  autre  indication.  fr..  p.  nfi. 

Nous  ne  connaissons  pas  la  date  de  la  naissance  de  Joseph  Colon.        (losrh. ilor  Jud., 

M.  Graitz  dit  qu'il  florissait  vers   1/460  ou  iZiSo.  M.  Steinschncider  et    ^'  ^."!'    '    "''' 
...  -.  -»  ^  p  ■j.,i.'i. 

.M.  Gùdemann  disent  qu'il  est  mort  à  Pavie  en   1/180.  S'il  est  né  sur  le        c.ii.il.      Ilmll  . 

sol  français,  ce  ne  put  être  qu'avant  l'expulsion  de  iSg/i,  et  alors  il  se-    ''°'-  '•'""• 

rait  mort  à  un  âge  très  avancé,  à  86  ans;  il  semble  que  les  chroni([ues 

n'auraient  pas  manqué  de  le  rapporter.  Le  fait  est  qu'il  n'est  nullement 

prouvé  que  Joseph  Colon  .soit  né  en  France.  Il  avait  séjourné  (juelque 

temps  en  Savoie,  et  il  rappelle  un  fait  qui  se  passa  à  Chambéry  (>-)X3:p) 

lorsqu'il  était  encore  jeune.  Il  se  rendit  de  là  en  Lombardie,  peut-être       Resp.,  n"  lâo. 

après  liTie  persécution  des  juifs  en  Savoie,  et  gagna  sa  \ie  par  l'enseigne-       Kmek  holi.,  71 

ment.  Plus  tard,  il  devint  rabbin  à  Mantoue.   Sa  réputation  comme    ''  7''' 

talmudiste  se  répandit  vite;  on  lui  envoyait  des  questions  de  casuistique 

de  l'Allemagne  et  de  l'Italie,  et  son  école  fut  très  célèbre.  Au  reste  il 

connaissait  peu  la  modération ,  refusait  de  faire  des  concessions ,  et  son 

obstination   l'impliqua  d.ins  des   querelles  toujours  renaissantes   avec 

Moïse  Capsali  de  Constantinople,  très  bien  vu  à  la  cour  du  sultan,  et 

plus  tard  avec  le  philosophe  Messer  Léon ,  de  sorte  que  la  communauté 

de  Mantous  se  divisa  en  deux  partis.  L'animosité  s'accrut  tellement  que 

TOME   XXXI.  gij 

5    2a  turmiitiiil   SATioiitls. 


XIV'  SIÈCLE. 

(ir.Tli,  o|).  rit. 
p.  iG'i. 

Ziii  Gcscli., 
p.  loO. 

Olsar  lias,  fi , 
m"  .T.Tâ,  et  (iûdn- 
maiin.l'irzii^liuiigs- 
HCM'ii,  III,  p.  ■s'tg, 
nntn  â. 

datai. ,  p.  '.\o. 


786 


LES  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


le  marquis  de  Mantouc  .se  vit  forcé  d'expulser  les  deux  adversaire!>. 
Colon  devint  rabbin  de  Favie,  où  il  mourut  probablement  vers  i48o. 
Nous  possédons  i  c)i  réponses  de  casuistique  de  Joseph  Colon  ,  et  il 
y  en  a  eu  plusieurs  éditions,  dont  la  première  est  de  Venise,  iSig. 
Il  est  probable  que  d'autres  réponses  existent  encore  en  manuscrit  entre 
les  mains  do  particuliers  en  Italie  et  en  Orient.  D'après  M.  Zunz, 
Colon  aurait  écrit  un  commt;nlairc  sur  le  Pentateuque,  et,  d'après 
Benjacob,  il  serait  l'auteur  d'essais  de  casuistique.  Le  ms.  n°  aoo  de  la 
collection  Halberstam  renferme,  d'aj)rès  la  suscription  suivante  :  '>c 
IlUt.  litt.  «le  la    p-irio'?  pDD>  uii  commentaire  sur  le  traité  casuistique  d'isaac  de  Corbeil. 


I'  ni  me 
p.  .)07, 


t.     \XI 


\&tnic,  ilisl. 
tirs  mcd.,  p.  io4. 

StriiisrlincidiT, 
IIrbrrMl;.,p.883. 

\oir  ri  (li'ssii.'- . 
p.  7-71. 


De  Rossi,  Cal. 

7'"- 


llrbers.,n.  834. 
Voir  ci -dessus. 

77G. 


En  terminant  cet  appendice,  consacré  particulièrement  aux  rabbins 
du  XV*  sièclf!,  nous  parlerons  rapidement  de  quel(|ues  traductions  d  ou- 
vrages de  médecine  et  de  scolastiquc  qui  parais.seut  avoir  été  composées 
en  France,  et  qui  appartiennent  en  majorité  à  ce  siècle,  mais  en  partie 
aussi  aux  précédents. 

Presque  tous  les  ouvrages  de  médecine  du  xiv'  et  du  xv*  siècle,  en 
particulier  ceux  de  l'école  de  Montpellier,  passèrent  du  latin  en  hébreu. 
L'ouvrage ,  sur  le  point  de  paraître,  de  M.  Sleinschneider,  jettera  sur  ce 
sujet  les  plus  grandes  lumières.  Ce  qui  concerne  les  traductions  en 
hébreu  des  ouvrages  de  Ijanfranc,  d'Arnauld  de  Villeneuve,  de  Bernard 
de  Gordon,  de  Gérard  de  Solo,  de  Jean  de  ïornamire,  résulte  d'une 
manière  à  peu  près  complète  de  l'exposition  qui  précède,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  dresser,  en  face  de  la  liste  des  traducteurs,  la  liste  inverse 
des  auteurs  traduits.  Mais  dans  les  notes  qui  vont  suivre  nous  partirons 
des  originaux  pour  indiquer  les  traductions. 

On  connaît  la  traduction  hébraïque  de  deux  des  traités  de  Jean  de 
Tornamire,  chancelier  de  la  Faculté  de  Montpellier  de  1372  à  iSgo. 
Les  deux  traités  en  question  sont  : 

1  °  nxiD-in  nsNVo  -\'<01  V'-i  rnoxp^cnN'^p ,  Clarificalore  ou  Clarificalo- 
riiim  in  J\  Alinansoris ,  composé  de  96  chapitres.  La  traduction  hé- 
braïque s(!  trouve  anonyme  dans  le  manuscrit  1  1  6  de  la  bibliothèque 
de  Parme;  mais  le  traducteur  est  probablement  Léon  de  Carcassonne, 
qui  annonce  ailleurs,  comme  nous  l'avons  vu,  son  intention  de  tra- 
duire ce  traité.  Le  titre  y  est  li3nn  "lED,  et  les  96  chapitres  sont  suivis 
des  'io  chapitres  du  Continens  de  Khazis.  On  y  dit  que  le  traité  a  été 
composé  par  un  professeur  à  la  Faculté  (société  des  maîtres  de  médecine) 
de  Montpellier,  la  dix-neuvième  année  de  son  professorat.  Un  autre  ma- 
nuscrit se  trouve  à  Ancône,  dans  la  bibliothèque  de  M.  Viterbo;  on  y 
lit  le  titre  suivant  :  nsN^DD  "^iDi  D ,  et  l'on  y  trouve  le  nom  de  l'auteur. 
M.  Steinschneider  mentionne  un  troisième  manuscrit; 

i"  Traduction  du  traité  sur  l'urine,  manuscrit  de  Paris  n"  i  1  77,  2, 
par  Léon  de  Carcassonne.   M.  Steinschneider  croit  que  l'original  de 


DU  XIV  SIECLE. 


787 


Tornamire  est  probablement  l'ouvrage   intitulé  Libellas  isagogicas  ad 
practicam  medicinœ  ou  ï Introductnrium  imprimé. 

Ajoutons  encore  qu'une  consultation  {consilium)  sur  la  peste,  en 
langue  espagnole,  probablement  une  traduction  du  latin  de  Jean  de 
Tornamire,  faite  sur  le  commandement  du  roi  Henri  de  Castille,  se 
trouve  en  caractères  bébrcux  dans  un  manuscrit  de  l'Université  de 
Leeuwarden  en  Frise.  Le  texte  latin  est  conservé  dans  un  manuscrit 
de  Berlin,  d'après  l'indication  de  M.  Steinschneider,  qui  en  donne  ie 
commencement  et  la  fin. 


XIV*  SIÈCI.K. 


Llobcrs.,  p.  83i. 


l'cbrrs,,  p.  83  i. 


Deux  des  écrits  de  Gautier  (Gualterus,  ff  altéras,  surnommé  Agilis, 
Aguilinus,  en  hébreu  TD33  et  n"D'33)  ont  été  traduits  du  latin  en  hébreu 
par  un  anonyme  : 

1°  HNisin  mo,  Flos  medicinœ,  qui  se  trouve  dans  le  manuscrit  de 
Turin  n"  6i;  M.  Peyron  transcrit  le  nom  de  TI3^33  par  Gebetier;  Pasini 
l'omet  simplement.  Il  est  possible;  que  le  manuscrit  de  Paris  n°  i  i  28,  7, 
renferme  l'ouvrage  de  Gautier,  car  le  commencement  est  prescfue  le 
même  que  dans  le  manuscrit  de  Turin;  dans  ie  manuscrit  de  Paris,  on 
l'attribue  h  Gérard  de  Solo,  probablement  parce  que  le  traité  précédent 
est  de  lui.  Le  manuscrit  de  Paris  commence  ainsi  :  flTO  noon  TilK'ia 
n7KT3  yiTiT  DDnn  nan  ir7nj  mxsn  np'  .-^xi  irhsr:  nx  n'snai; 

•i'  Un  traité  sur  les  poisons,  traduit  par  Jacob  fils  de  Joseph  hai- 
Levi. 

On  possède  une  traduction  hébraïque  anonyme  du  traité  Secretarias 
practicœ  medicinœ  ou  Thesaarariam  médicinal  de  Jean  Jacques  ou 
Johannes  Jacobi,  chancelier  de  la  Faculté  de  médecine  à  Montpellier. 
Le  nom  s'écrit  en  hébreu  'Dpj  ]tt'ii  (îKi'').  et  le  titre  du  traité  est  npiBiD, 
Practica,  ou  nsîcVcn  niD;  on  nous  apprend  qu'il  fut  composé  sur  l'ordre 
du  roi  Charles  V  après  i36/i.  Le  traité  commence  comme  il  suit, 
d'après  le  manuscrit  de  Turin  n°  1^8  :  W^Vip  jnxn  riND  TMS  nanon  nON 
'7''»ici  -isp  nnx  V'îs  nanNC?  D''3'7Dn  iHV  iir  nnsun  'dikd  t'KD  «me?  rsis  i'jd 
Dj  onanon  b:u  nxiDia  dhe?  onocn  yiap  i"?  r\VTT,b  mx"?  yiUi  rrna  nxiDia 
■I3U1  n^'»'7e?DBJiD3z;  D''XDnn  "jao  njDOni  ernnn  lopj  ]it)i  ■'jki  ynx"?  y-iKO  in»:'? 
njoa^Kpi  ""nnoi  d'k  nsiD  nsp  pTyosi  irwvvub  10  rm"?  tiixt  ptan  ^'7D^ 
naK^Dn  -^^v  rnx-ipi  rnan  nt  rx . 

Ce  traité  présente  les  subdivisions  de  DniD"?,  C^îa  et  D'EPIE.  On 
trouve  des  manuscrits  de  la  traduction  à  Munich  27,  i  et  286,  2;  à 
Turin  n"  \liS  et  200  ;  et  dans  la  collection  Gùnzburg,  n"  828. 

On  connaît  depuis  longtemps  la  traduction  hébraïque  de  quel- 
ques écrits  de  Jean  de  Saint-Amand  (|XDX2:e?  n  JX13.  njiDBJWT  ;xi3, 
njcx  p  |X1J,  où  'f]  est  un  abrégé  de  c?np,  «  saint  »,  en  abrégé  çxc?  jxcr, 
P'E?  xt),  en  particulier  de  son  Expositio  in  Antidotarium  Nicolai,  traduite 

99- 


datai.,  p.  .")(). 


.StcinsrlineiJor. 

Ueberset/..,  p.  800. 

.Steinsclincidci', 
ibid.;  cf.  ci-dessus, 
p.  65G,  11°  7. 

Ms.  laliii,  cat.'il. 
de  Paris,  Ggj^. 


Catal.,    p.    1 4ti 

et  5l3. 

Steinsclineider, 
Ueberscli.,  p.  8o5. 


Ilist.  litt.  de  la 
France ,  t.  XXI , 
p.  ibi  et  suiv. 

Ms.     dOiford 

n°  j583,  3. 


\l\     MF.r.I.E. 


('.■I.CI 


.  8o0. 


1  ulal.,  l'ol.  7.).). 


Caliil.,  l'ol.  7^0. 


788 


LKS  KCRIVAINS  JUIFS  FRANÇAIS 


pur  II'  médecin  Isaac  Cabrot  ou  Cnhril  (cnap),  lUs  d'Ahrnham ,  ni 
ià<)3.  Cal)i'et  n'est  pas  un  Français,  dt;  sorle  (jue  nous  ne;  pouvons 
(jue  le  mentionner.  Four  les  maimscrits  de  rette  traduction  nous  ren- 
voyons à  l'ouvrage  de  M.  Steinschneider.  H  y  a,  de  plus,  une  tra- 
duction anonyme  de  ce  traité  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n°  ^583,  3, 
avec  la  liste  des  ({uestions  qui  sont  omises  dans  le  manuscrit  d'Ovlbrd 
n°  2  133,8,  et  n'y  ont  pas  été  reconnues  dans  le  catalogue  de  M.  Neu- 
Ijauer.  Dans  la  bibliothèque  de  M.  le  baron  de  (lùnzburg  à  Saiiit-IV- 
tersbourg,  n"  760,  M.  Neubauer  a  noté  un  traité  de  médecine  pratique 
(n"w'Vî;  nN'lE-i  idd),  sans  pouvoir  l'examiner  à  fond.  M.  Steinschneider 
croit  que  le  chapitre  sur  l'utilité  d(!S  huiles  (D'':DC;n  rvbvin),  d'après  Jean 
de  Saint-Amand,  qui  se  trouve  dans  le  mamiscrit  d'Oxford  n°  21/11,17 
(il  esl  omis  dans  l'index),  pourrait  vUv.  un  extrait  de  cette  «médecine 
«  prali(|ue  ».  Pour  le  commencement  et  la  fm  des  traductions  et  des 
manuscrits  dans  les  diflerentes  bibliothèques,  voir  l'ouvrage  de  M.  Stein- 
schneider si  souvent  cité. 


Irhiis.. |). 79<j.         Lfj  t(.|'|;,in  Gilles  (d'''?'')  ou  c^ij,  ^■«jm)  d'\rlcs,  probablement  un  mé- 
d(!cin  du  xin'  siècle,  a   fait  pour  une  princesse  une  prescription  qu'on 
c.iial.,. 01.733.    trouve  en  hébreu  dans  le  manuscrit  d'Oxford  n°  2  133,   8'.  D'après  le 
ll.id..  col.  741.    manuscrit  d'Oxford  n"  11  li-i,  33  cette  prescription  fut  faite  pour  em- 
pocher lavortemenl  de  la  reine,  fennue  du  roi  Louis  (Xi*).  Une  autre 
prescription  de  (lilles  fut  faite  pour  la  fenune  de  Nicolas  de  Monte  Falco , 
(.iital.,)!.  4  s.       receveur  d'impôts  à  Tarascon;  elle  se  trouve  dans  le  manuscrit  hébreu  du 
i;.l.rrs.,  p. 799.    Jctvish  Collège  à  Londres,  n°  i/io,  2.  M.  Stein.scbneider  croit  pouvoir 
\olr  (idcssus,    identifier  notre  Gilles  avec  Violas  de  Rodez;  il  lit  ce  nom  C?'Jm  UK'V'i 
''  '"'  dans  le  manuscrit  Gùnzburg  n°  462,   7.  Nous  ne  connaissons  ce  nom 

que  par  le  maimscrit  de  la  même  bibliothèque  u"  367,  7,  et  nous  l'avons 
lu  VlMl  UN'''7"i1. 


Saladin  (r"l''"2')  d'Ascoli  ou  Esculo,  de  Montpellier,  est  l'auteur  d'un 

Compendiam  aromatariam ,  composé  pour  le  prince  de  Tarente  et  grand 

cormétable  de  Naples,  Jean-Antoine  de  Balzo  (mort  le  26  décembre 

I  /162).  On  en  fit  une  traduction  hébraïque  dont  on  connaît  deux  manu- 

i.aial.,l,|).  16G.    scrits  sans  nom  d'auteur,  à  Vienne,  n°  i56,  et  dans  la  possession  d'un 

particulier.  On  trouve  dans  le  catalogue  de  V^ienne  la  préface  en  hé- 

si.-inschiiPidcr,    breu ,  où  on  lit  le  titre  suivant  :  cnpnn  "ij":»  S'jlD  lED,  et  d'une  main 

l).l)erseu.,p. 83i.    récente,  D''npnn  ncD.  Un  autre  traité  de  Saladin  sur  la  préparation  des 

drogues,  en  questions  et  réponses,  se  trouve  dans  la  bibliothèque  de 

Catal.,!, p.  1G7.    Vienne,  n°  1  87,  traduit  en  hébreu  par  un  anonyme,  avec  la  suscription 

cl  H,  p.  87.  suivante:  n3x'?D  hs  "i'7id:dd  {nVc?  T'e?D  man  rnx  mjxD  □"'np'73  pDip'»S  pxp 

.sieinsclineider,    piDCan,  «  Observations  extraites  d'une  lettre  composée  par  Masser  Saladin 

Ui'berseti.,p.832.    jg  Montpellier  »  (dans  le  catalogue  on  dit  :  de  Naples). 


DU  XIV'  SIECLK.  789 


\l\     SILCI.C. 


l4a  srola.sli(|iie  propienicnl  dite  fui  nioiiis  traduite.  Le  célèbre  rec 
leur  de  S(»il>()iiiie  en  ilxbS,  Jean  \  ersor  ou  \ersuris,  eut  à  cet  égard  une 
Idilune  Idule  paiticidièi'e.    Presque  tous  ses  ouvrages  passèrent  en  lié- 
l)reu.  (je  sont  pour  la  plupart  des  (piestioiis  siu  les  ouvrages  d'Aristotc; 
<piel(pies-uiies  portent  le  nom  du  traducteur,  lîlie  Hahillo.  —   i°  [)es 
(piiîstious    sur  les   huit  livres  de   la  Physiipie  (imprimées  à  Cologne, 
i/i(p).  tiaduction  faite  par  Klie,   à  ÎSloucon.  en  Aragon,   achevée   le 
!7  scliehat  hî'62  (1  3  janvier  i/i'^i).  On  lrou\e  celte  traduction  dans        (".aiul.    Pcmoh. 
les  manusciils  de  Paris  n°  lono  (autographe),  de  Tiuin  u"   186  et  t\'0\-    !'•  '"" 
lord  n°  'iA53,  C).  —  2°  Des  questions  sur  le  traite  du  Ciel,  traduction 
achevée  le  la   kisle»  o234  (3   décembre  1/173J.   Manusciit   d'Oxford,        (.aialogue, 
Chr.  coU.,n°  187,  cl  un  fragment  dans  le  manuscrit  de  Paris  n'çjoy,  6.    "°  '''5^'  '■ 
—  3'  Sur  la  (jénération  et  la  Corruption,  d'après    Thomas  d'Aquin, 
même  manuscrit  dOxford,  2,  achevé'  le  21  tebeth  .^23^  (1  1  décembic 
1/173).  ■ —  ti°  Sur  rAme,  manuscrit  d'Oxfoid,  3,  achevé  le  23  tebeth 
r)23/i  (i3  décembre  1673).  —  5°  Sur  le  Sens  et  le  Sensible,  manu- 
scrit d'Oxford,  '). —  6°  Sur  la  Mémoire  et  la  Héminiscence,  manuscrit 
d'OxIbrd,  5.  —  7°  Sur  le  Sommeil  et  la  Veille.  —  8"  Sur  la  Longueur 
et  la  lîrièvelé  de  la  \ie,  tous  les  quali'e  achevés   le  dimanche  27  adar 
.')233  (1"  mars  i  li-ji).  —  c)°  Traduction  du  traité-  de  Morale  en  ques- 
tions et  en  réponses,  d'après  saint  Thomas  d'Acpiin,  (pii  se  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Paris  1201,  2  (la  fin  man(pie).  Ces  cfueslions  se  rapportent, 
comme  M.  Steinschncider  l'a  bien  vu,  à  l'Ktliicpie  dAristote.  Le  nom        tJcbcrs.,p. .189. 
du  tradiicteur  hébreu,  qui  manque  dans  ce  manuscrit  incomplet,  était 
probablement  Klie,  comme  dans  les  traductions  précédentes.  On  ren- 
<;ontrc  des  parties  de  ces  traductions  dans  les  manuscrits   n"  281    et 
457  de  De  Rossi  (Parme).  —  10°  On  attribue  à  \ersoris  deux  réponses 
en  latin  données  au  roi  Alphonse  (X?)  :  a.  Sur  faccusation  qu'on  por- 
tail contre  les  juifs  de  prier  pour  la  chute  du  royaume  d'Espagne  et  de 
sonner  de  la  trompette  les  jours  de  fête  en  souvenir  de  Jéricho  ;  b.  Sur  la 
construction  du  Temple  de  Jérusalem,  qu'Alphonse  voulait  rebâtir  en 
l'honneur  de  Jésus.  Il  demande  Tavis  de  \ersoris,  ayant  appris  qu'il 
possède  une  lettre  de  Titus  à  ce  sujet.  Versoris  défend  les  juifs  de  l'ac- 
cusation portée  contre  eux,  et  dit  que,  dans  les  recherches  qu'il  a  faites 
à  Rome,  il  n'a  trouvé  qu'un  document  émanant  du  consul  Marcus,  juge        Teïie    liébreu, 
à  Jérusalem.  L'original  latin  de  Versoris,  s'il  a  existé,  est  inconnu.  La    p-95eisuiv.;ira<l. 
traduction  hébraïque  se  trouve  dans  l'ouvrage  de  Salomon  ibn-Verga        iû6eisuiv"" 
intitulé  rmn'«  oattr ,  «  Verge  de  Juda  ». 

Ern.  R. 


ht'  sikci.e. 


790 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 


Page  1 1,  ligne  17.  Deux  manuscrits  de  la  bibliothèque 
du  monastère  de  Melk,  les  numéros  171  et  1 80,  renferment 
des  traités  de  ce  Jupiter  Monoculus,  que  nous  avons  cité 
d'après  les  témoignages  de  maître  Yon,  sotis-moniteur  des 
écoles  do  Soissons.  Ces  traités,  autant  qu'on  en  peut  juger 
par  les  notices  du  catalogue,  ne  doivent  pas  être  identiques 
avec  la  Summa  Jovis  de  arlc  dictandi,  dont  nous  avons  indiqué 
un  exemplaire  à  la  bibliothèque  d'Erfurt.  Voici  dans  quels 
termes  ils  sont  mentionnés  par  le  Catalofjits  codicum  manu- 
scriplornm  qm  in  bibliolheca  monasterii  McUicensis  serrantur 
(t.  I,  p.  ?.Si  et  261)  : 

Codex  I  y  I .  Fol.  SS'j-Sya.  Magistri  Jovis  Summa  rettioricae  cum 
commenfario.  Incipit  :  «  Si  dictare  velis  et  jungere  scema  loquelb.  » 
Elxplicit  :  «  Dec  [(jorr.  Do)  grates  Cliristo  perfccto  Jupiter  isto.  » 

Codex  180.  Fol.  727-75-.  Sumniula  Jovis  rhetoricalis.  Incipit  : 
u  Circa  Surnmulam  Jovis  est  notandum,  ex  quo  iste  liber  subordinatur 
»  rcthorice.  «  Explicif  :  «  l^oterit  abundare.  Kxpliciunt  puncta  rethori- 
«  calia.  » 

La  rjiélorique  de  maître  Jupiter  Si  dictare  velis  est  sans 
nom  d'auteur  dans  le  ms.  latin  8817  de  la  Bibliothèque 
nationale,  et  avec  le  titre  Summa  Jovis  dans  le  ms,  201 5  de 
Troyes.  L.  D. 

Page  1 4  -,  ligne  1 2 .  Il  faut  rétablir  le  mot  «  mnémoniques  ». 

L.  D. 

Pages  25-35.  Il  a  paru,  dans  le  tome  XXIIl  des  Mémoires 
de  la  Société  archéologique  et  historique  de  l'Orléanais, 
une  notice  sur  le  Formulaire  de  Tréguier,  où  l'on  trouvera  : 
1"  le  texte  des  morceaux  qui  mentionnent  la  ville  d'Orléans 
sous  le  nom  de  Genabnm,  et  auxquels  il  a  été  fait  allusion 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  791        ,„.„tcLE. 

aux  pages  29  et  3o  du  présent  volume;  2°  une  noie  de 
M.  d'Arbois  de  Jubainville  sur  les  gloses  bretonnes  de  la 
pièce  reproduite  ci-dessus,  p.  34-  L.  D. 

Page  34,  ligne  33,  beripastus.  Lisez  :  heripastiis.    L.  D. 

Page  i3o.  Une  étude  très  exacte  de  la  bataille  de  Cour- 
trai  et  des  causes  qui  amenèrent  le  désastre  a  été  récemment 
publiée  par  M.  Frantz  Funck-Brentano,  qui  a  tiré  un  ex- 
cellent parti  des  renseignements  fournis  par  Guiart.  Voir 
les  Mémoires  présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres,  t.  X,  prem.  part.,  p.  2 3 5-3 2 G. 

G.   P. 

Page  i53.  Le  roman  d' Escanor  nesi  pas,  comme  nous 
l'avions  cru,  le  dernier  en  date  des  romans  de  la  Table 
Ronde.  Plus  de  cent  ans  après,  en  i382,  Jean  Froissarl, 
essayant  de  ressusciter  un  genre  qui  semblait  mort,  com- 
posait son  Meliador,  dans  lequel  il  paraît  avoir  imité  les 
dernières  productions  du  Cycle,  telles  qu  Escanor  ou  Claris 
et  Laris.  On  ne  connaissait  jusqu'à  présent  que  le  titre  de 
ce  poème,  mentionné  par  Froissarl  dans  deux  autres  de 
ses  ouvrages,  et  on  ne  savait  pas  quel  en  était  le  sujet. 
M.  Longnon  vient  d'en  retrouver  et  d'en  publier  quelques 
Iragments  qui  n'inspirent  pas  de  très  vifs  regrets  pour  ce 
qui  est  perdu,  mais  qui  permettent  de  constater  que  Me- 
liador, ou  le  Chevalier  au  soleil  d'or,  était  bien  un  roman  de 
la  Table  Ronde.  Voir  Romania,  t.  XX,  p.  4o3-4i6. 

G.  P. 

Page  2  i4,  ligne  8.  Picturœ  tancjuani  libri  laicorum.  L'idée 
que  les  peintures  sont  les  livres  des  ignorants  avait  déjà  été 
exprimée  par  saint  Grégoire  dans  une  lettre  adressée  au 
reclus  Secundinus  : 

Aliud  est  picturam  adorare,  aliud  per  pictural  historiam  quid  sit 
adorandum  addiscere.  Nam  quod  iegentibus  scriptura,  hoc  idiotis 
praestat  pictura  cementibus ,  quia  in  ipsa  etiam  ignorantes  vident  quid 
sequi  debeant.  In  ipsa  legunt  qui  litteras  nesciunt.  Unde  et  praecipue 
gentibus  pro  lectione  pictura  est.  .  .  L.  D. 


XI»*  «IKCI.R. 


792  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Paj^os  3  1  5  cl  2i6.  Sur  la  Bible  historiée  de  la  hihlio- 
fliè(jiie  (rAmiens,  voir  le  nouveau  catalofj^ue  des  luaniisrrits 
d'Aniiens,  dans  le  Catal()}j;ue  des  manuscrits  des  déparle- 
inenls,  série  in-S",  t.  XIX,  {).  5o.  L.    I). 

Page  :r«2,  lij^ne  i?..  ^ous  avous  in(li(|ué  coniinenl  les 
auteurs  des  Bibles  inoralisées  s'élaicnl  ellorcés  de  trouver 
dans  les  livres  de  l'ancien  Testament  une  inépuisable  série 
de  ligures  symboliques  se  rattachant  aux  moindres  détails 
de  l'histoire  évangéli(|ue.  Cette  préoccupation  s'est  mani- 
festée dès  les  premieis  siècles  de  l'Eglisi;;  elle  sert  à  expli- 
quer beaucoup  des  anciens  monunjenls  de  peinture  v.l  de 
sculpture  chrétienne.  Le  vénérable  lîède  nous  apprend  <pie 
Benoît  Biscop,  fondateur  du  monastère  de  Jarrow,  au 
vn' siècle,  avait  pris  à  J\ome  les  modèles  des  tableaux  dont 
il  orna  son  monastère,  et  ([ui  montraient  l'harmonie  de 
l'ancien  et  du  nouveau  Testament  : 

Imaginrs  (juoqvie  «kI  ornarxlimi  nionaslorium  pccl('si!im(|iio  l>rati 
l*anli  apostoli  de  conroitlia  vctcris  ot  no\i  Tostaiiicriti  suniiiia  ralioiic 
roiiiposilas  cxliibuit.  .  .  {/Icta  Sanrtonim  ordinis  sancti  Bencilirli,  .s;rr.  ii, 
p.  ino6.) 

Il  serait  hors  de  propos  d'indiquer  ici,  même  en  abrégé, 
les  compositions  en  prose  ou  en  vers  dans  lesquelles  les 
auteurs  du  moyen  âge  ont  développé  leurs  idées  sur  les 
rapports  mystiques  de  l'ancien  et  du  nouveau  Testament, 
idées  dont  il  faut  tenir  compte  dans  l'étude  des  monuments 
figurés  du  moyen  âge.  A  litre  d'exemple,  et  puisque  l'oc- 
casion s'en  présente,  mentionnons  ici  deux  petites  pièces 
qui  ont  été  copiées,  en  caractères  du  commencement  du 
XIII*  siècle,  à  la  suite  d'un  exemplaire  de  l'Histoire  scolas- 
tique,  qui  est  aujourd'hui  à  la  bibliothèque  de  Brioude, 
après  avoir  appartenu  au  monastère  de  Pibrac. 

La  première  est  un  petit  poème  rythmique  sur  les  ligures 
symboliques  de  la  sainte  Vieige  qu'on  trouvait  dans  le  texte 
de  l'ancien  Testament.  En  voici  les  premiers  et  les  derniers 
vers  : 


ADDITIONS   ET  CORRECTIONS.  7»^        x„  s.kcm. 

[A]  mundi  princij)iu 

Cliristi  gênerai io 

Siil)  (iguris  latnil. 
Quis  esl  ortus  voluptatis 

De  quo  fons  ogreditui', 
Nisi  niafcr  pietatis 

Do  (jua  Chrislus  iiasriluii' 

Prêter  legcni  iiatiiral<'iu 
l'rolciu  parit  speriuleiii 

Sara,  parlus  iicscia. 
Sic,  nature  prêter  jura. 
Nova  giiudit  genitura 

Virgo  plena  giaria. 

In  Sare  centurio  [sic) 

Ysaac  cum  gauclio, 

Matris  fletuiu  rediiuens. 


J^a  seconde  pièce  est  un  morceau  d'environ  280  vers, 
dans  lequel  sont  expliquées  les  harmonies  .symboliques  de 
diverses  figures  de  fancien  Testament  avec  la  vie  de  Jésus- 
(ilirisl.  f,e  poème  débute  ainsi  : 

Prescnli  Icticia 
Cuni  Rebecca  célébrât 
Nupciaruni  gaudia , 
Sic  Christus,  in  uteri 
Virginalis  regia , 
Sui  et  ecclesic 
Célébrât  conjugia. 
Nec  jam  matris  sinagogc  déplorât  interituin 
Nove  matris  et  uxoris  compensando  merituni. 
Mire  modo  picturata 
Veste  quadam  speciali, 
Ut  plus  loquar  spiritali , 
Jacob  Joseph  induit  : 
Caro  Christi  defecata 
Figuratur  veste  tali , 
Quam  in  alvo  virginaii 
Christo  pater  texuit. 
Joseph  patent  sompnia,  figure  nudantur; 
Luna,  sol  et  .«idera  Joseph  venerantur.  , 

roMR  XXXI.  100 


\H     --IK.C.I.K. 


79/1  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Stollc  smit  aposloli  (jui  (iliristuni  adorant, 
Apiid  «|in'iii  cuiii  |)r(cil)us  opore  pérorant. 

liUna  si;;iiat  Cluisti  matrcni; 

.Sol  fij^ural  (jus  patrcni.  L.   I). 

Page  V./12,  ligne  19.  I.ps  peinliires  clos  houres  du  ina- 
réclial  Boiicicaiit  ont  ôlé  reproduites  avec  d'amples  com- 
mentaires par  M.  de  Villeneuve,  dans  le  volume  intitulé  : 
"Notice  sur  un  manu.scril  du  xiv'  siècle.  Les  heures  (\\i 
<i  maréchal  de  Boucicaut.  »  (Paris,  pour  la  Société  des  lii- 
hliophiles  Irançois,  1 889.)  Craud  in-.V'.  L.   I). 

Page  :!6o,  ligne  i5.  Le  psautier  de  l'empereur  Lolhaire 
est  récemment  entré  dans  la  hihIiothè(pie  de  M.  Thomas 
Brooke,  à  Armitage  Bridge  House,  près  Ihulderslield.  Voir 
Bil)liothè([U(i  de  l'École  des  chartes,  année  1892,  p.  18.S. 

L.  D. 

Pages  264-265.  Le  psautier  de  la  reine  Ingeburge  a  été 
acfpiis  en  1892  par  M.  le  duc  d'Aumale  et  fait  aujourd'hui 
partie  du  musée  Coudé.  L.  D. 

Page  ? 6 4,  ligne  12.  Nous  pensons  qu'il  faut  voir  les 
débris  d'un  ancien  psautier  à  peintures  du  xiii"  siècle  dans 
une  suite  de  48  miniatures  à  fond  d'or,  hautes  de  1 35  milli- 
mètres et  larges  de  102,  que  le  libraire  Rosenthal,  de 
Munich ,  a  récemment  mise  en  vente  au  prix  de  8,000  marks , 
sous  le  titre  de  Bible  historiée.  Le  sujet  de  chaque  minia- 
ture est  explicpié  par  une  légende  française:  «Ici  cria  le 
"  ceil  (!  la  terre  cl  premier  jor.  —  Ici  départi  le  ceil  de  la 
M  terre  el  segont  jor.  —  Ici  cric  Dex  .soleil  c  lune,  esleiles, 
«  el  ((uart  jor.  —  ...  Ici  chache  l'angre  Adam  e  Eve  de 
«  par«;is.  —  Ici  geist  Eve  en  gesine  de  Cayn,  e  Adam  li  donne 
I  a  mangeir.  —  ...  Ici  demande  a  Cayn  Dex  :  Ou  est  Abel, 
<i  ton  frère?  Le  sanc  de  lui  crie  a  moi.  E  il  respondi  qu'il  ne 
«  esteit  pas  garde.  E  Dex  le  maudist,  e  il  fii  fuitif  tant  come 
«  il  vesqui  sus  terre.  »  (Catalogue  LXVIl  de  la  librairie 
Ludwig  Rosenthal,  à  Munich;  sans  date,  in-S"  de  78  pages, 
art.  177.)  L.   D. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  795 

l'ages  264-275.  Parmi  les  psautiers  ornés  d'images  qui 
furent  exécutés  avec  un  grand  luxe  au  xiii"  siècle  pour  la 
cour  de  France,  il  convient  de  citer  un  magnifique  exem- 
plaire que  la  reine  Marguerite  remit  au  cordelier(juillaunie 
de  Rubruquis  quand  celui-ci  lut  envoyé,  en  i253,  près 
(rtui  chef  tartare  nommé  Sartach,  qui  Classait  pour  s'être 
converti  au  christianisme.  Le  hou  religieux  altacliail  un 
graïul  prix  à  ce  volume,  comme  l'attestent  les  termes  qu'il 
eujploie  pour  le  désigner  :  Psaltcriitm  pidchciriininn  (juud 
(ledcrat  michl  domina  reijina ,  in  (fuo  eranl  juctnre  valdc  piilcir 
(éd.  Michel,  ]).  Ôq).  Un  tel  livnî  frappa  l'imagination  des 
chefs  tartares,  aux  mains  descpiels  l'envoyé  de  saint  Louis 
dut  l'abandonner;  Psalterinm  domine  re(jine  nonjni  ausas  sub- 
trnhere,  (juia  illnd  fuernt  nuuis  notaliim  propkr  aureas  pictiiras 
(fue  cratit  in  eo  (p.  6:>.).  L.  D. 

Page  'i8i .  La  plupart  des  psautiers  dont  il  a  été  question 
dans  les  pages  j)récédentes  viennent  notoirement  du  nord 
de  la  France  ou  de  l'Angleterre.  On  en  a  fait  de  semblables 
dans  le  midi  de  la  France;.  Tel  est  un  psautier  du  xin'' siècle, 
jadis  conservé  chez  les  Célestins  du  l*ont-fle-Sorgues  (Vau- 
cluse),  dont  les  nombreuses  peintures,  représentant  des 
scènes  de  l'ancien  et  du  nouveau  'restanienf,  sont  accom- 
pagnées de  légendes  ex])licatives  en  provençal.  Le  texte  en 
a  été  reproduit  dans  la  notice  que  M.  le  clianoine  Ulysse 
(^Ihevalier  a  consacrée  à  ce  manuscrit  (Bidletin  d'histoire 
ecclésiastique  des  diocèses  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et 
Viviers,  année  1890,  p.  236-20 1).  L.  D. 

Page  3o8,  note  3.  La  rivière  des  Aiguës  Froides  n'est  pas 
l'Euphrate,  comme  nous  l'avions  conjecturé;  ce  nom  est 
celui  d'un  affluent  de  la  rive  droite  du  Tigre,  entre  Amida 
et  Mardin,  le  Meïacariri,  correspondant  aux  Atfiie  Frigide  de 
la  Table  de  Peutinger.  Voir  la  nouvelle  édition  (sous  presse) 
des  Gesles  des  Chiprois,  dans  la  collection  des  Historiens  des 
croisades,  publiée  par  l'Académie  des  inscriptions,  Histo- 
riens arméniens,  t.  II,  p.  784,  note  6.  .    G.  P. 

103. 


■  \\'  SIK' 


Xl\     SIKCt.K. 


790  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Page  3i'i.  Dans  un  récent  mémoire,  intitulé:  Le  saiiii- 
Ijltume  e  le  relaztoni  jra  la  pacsia  persiana  c  In  nostra  del  nietito 
evn  (  Memorie  dclla  H.  Arcadeinm  délie  scien:e  di  Torino ,  scr.  ii, 
t.  XLII,  publié  à  ])arl,  Turin  ,  iSc)-?,  in-/j"),  M.  Italo  Pizzi  a 
rapproché  le  livi(^  de  Sidracli  d'un  ouvrage  célèbre,  com- 
posé primilivemenl  en  pehivi,  mis  ensuite  en  persan  et  en 
arabe,  (pii  j)résente  une  sorte  d'encyclopédie  morale  sous 
forme  d'un  dialogue  entre  un  roi,  Cbosroès  Nouscliirvan , 
(pii  fait  les  cpu'stions,  et  un  philosophe,  Bûznrc'  Neihr  (en 
pehivi  Vuzarg  iNeitro),  cpii  lait  les  réponses,  il  semble  bien 
en  ellet  que  l'idée  générale  de  ce  cadre  (qui  se  retrouve  dans 
le  Timéo)  peut  remonter  au  livre  de  Bùzurc  Neihr;  mais 
il  ne  paraît  pas  qu'il  existe  d'ailleurs  aucun  rapport  entre 
le  contenu  des  deux  ouvrages.  I^e  livre  de  Bûznrc'  Neihr  n 
été  connu  des  Arabes  d'Occident,  notamment  de  Sicile,  et 
il  (îst  permis  de  croire;  que  l'idée  de  ce  dialogue  philo- 
so])hique  entre  un  roi  et  un  sage  a  passé  d'eux  aux  auteurs 
chrétiens  de  Sidrach  et  de  Timéo.  Il  serait  téméraire  d'aller 
au  delà.  G.   P. 

Page  354,  ligne  3^  et  ailleurs.  «  Ibn-Etra  »,  au  lieu  de 
ben-Ezra. 

Page  357,  ligne  10.  Ce  commentaire  se  trouve  égale- 
ment dans  le  manuscrit  d'Oxford,  Ilchrew  d.  11,  récemmenl 
acquis. 

Page  3r)8,  ligne  5.  Le  manuscrit  69  de  la  collection 
Halberstam  (collection  accpiise  par  le  Monte fiorc  Collcfje  à 
Bamsgate]  renferme  un  commentaire  anonyme  (par  un 
compilateur  français  ou  provençal)  sur  des  prières.  Voir 
Revue  des  Etudes  juives,  t.  IV,  p.  1  47- —  Même  page,  pour 
D'znD  (ligne  1  2  du  bas),  voir  op.  cit.,  t.  XXV,  p.  67. 

Page  36o,  lignes  5  et  6.  Pour  les  noms  «En  Bonel»  et 
«  Tobiyah,  »  voir  aussi  Revue  des  Eludes  juives,  t.  IV,  p.  70. 

Page  3 60,  lignes  11  et  12.  Lisez  nir'jcn  '3>jb.  » 


ADDITIONS  ET  COKI'.ECTIONS.  797 

Page  38o,  lii^iie  9  et  note  6.  Il  est  probable  ([uc  David 
al-Miiqamas  n'était  pas  un  caraïte.  Voir  Otsur  lias-Sifrotli, 
Annuaire  de  Oriiber,  t.  IV,  p.  3 1  «  (arlicle  de  M.  David 
(]ohen). 

Page  38o,  note  9.  Voir  aussi  Ma:hir,  t.  III,  p.  100. 
Page  388,  ligne  .").   Lisez  on?  'nm  ou  d:*?  •'nm,  au  litui  de 

Page  388,  lignes  i  4  et  if)  d'en  bas.  Lisez  d'jis  hith  thz':^  cr 
Dipn  htt  ]^nt<  •  •  • 

Page  388,  ligne  r?  d'en  bas,  lisez  n°  83,  on  lieu  de  85. 

Page  389,  ligne  n.  Lisez  •'c'jxi,  au  lion  de  ^'7Eni. 

Page  395,  XI,  ligne  1.  Lisez  bzvz,  au  lieu  de  "jaca. 

Page  398.  Après  XVII,  il  faut  ajouter  des  observations 
de  ledaïah  sur  la  paraphrase  d'Averroès  sur  la  Physique 
d'Arislote,  commentaire  incomplet,  cpii  se  trouve  dans  le 
manuscrit  de  Parme  (voir  Catalogue  De  Piossi,  Lihri  stam- 
pnli,  etc.,  i8i:î,  p.  8i%  n°  1399,  et Steinschneider,  Diehebr. 
(Jeherselzimcjen,  p.  110).  Le  manuscrit  commence  avec  la 
fin  du  premier  livre  et  finit  avec  le  huitième,  dont  la  fin 
manque.  ledaïali  y  parle  souvent  des  variantes  fournies  par 
les  différents  manuscrits  à  sa  disposition.  Il  dit,  par  exemple, 
dans  le  cinquième  livre,  I,  i4,  ce  qui  suit  :  tic  ]hz2  ^b  ^:t:^T^ 
-!3inD  mD'7c;n  la  iksd:  ex  "iu»n  ]D  |"iDn  nn  -icini  n:''iy  nr  rnxn  nixnDi: 
.|i-inNn  mcVcn  jioa  xin  tnn  in"?!?  ivtit  '«r'jan  xin  ont  m  ino  {Dt  roD 
Hh2  OK  ri'?D  mnN  Kam  ht  inD  nox  Sn  niVo  tic;  njcc  icn''  n^acm 
njie?K-in  ^^K■'3  inn  nnx  ;nTC?  nJiai  im  (Ms.  liài).  Plus  loin  ledaïah 
dit  (I,  i4)  '•  ni'?  ivjn  -icx  oVa  'i-iDDa  niiic^  iVa'jan:  nin  Dipca  ^a  im 
no  iDa  nppynn  "jiaVa  "?»  "jsjnn  Kin  ai  pTivcn  oam  Dni"?!'  Titpn  Tcxa 
D'iDD  rspa  n3:D  ■TNS'ae?. 

Page  409,  première  manchette.  Lisez:  «Virchow,  Ar- 
chiv,  XL,  p.  82  et  suiv. 

:  3 


MX    sii;ii.K. 


vn'  MKC..R.       '^^  ADDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

Page  409,  ligne  1 4-  Lisez  «  mardi  »,  au  lieu  de  «jeudi  »; 
les  dates  ne  s'accordent  pas. 

Page  4i  1.  ligne  i.  Lisez  îin:^'!^©,  au  lieu  de  iioiD-noT . 

Page  4  16,  ligne  1.  Lisez n'un^cm,  au  lieu  de  ooiTom. 
\ 

Page  437,  n°  XXV,  ligne  5.  Lisez  «fol.  108  ». 

Page  45a,  ligne  3  d'en  bas.  Ajoutez  l'édition  de  M.  Jo- 
sej)l)  Kohn,  Lemberg,  i865.  \o'\v  ^fazhir,  I.  VIII,  p.  34- 

Page  4^-^,  titre.  Lisez  «  Ahron  Kohen,  casuiste»,  au  licti 
de  «  lituruiste  ». 

Page  473,  ligne  19.  Lisez  izc  rnp. 

Page  486,  ligne  1 1.  Lisez  rwc,  au  lieu  de  irxîD. 

Page  5o2,  ligne  16  d'en  bas.  Lisez  m  copie»,  au  lieu  de 
«  Iraduction  ». 

Page  5i  1,  ligne  io.  Probablement  uVnjV,  an  lieu  de  v'îj?. 

Page  5i3,  ligne  5.  Lisez  orobioa,  au  lieu  de  cvoiaba. 

Page  5iG,  ligne  9  d'en  bas.  Le  manuscrit  de  Parme, 
W.  755,  2  ,  a  le  mois  d'Ab. 

Page  537,  note  6,  ligne  5.  Enlevez  la  parenthèse  avani 
le  mot  -iiN'3i.  Fermez  la  parenthèse  après  le  mot  mwa. 

Page  54 1,  ligne  3.  Lisez  ht'jdi. 

Page  54 1,  note  1,  ligne  5.  Lisez  m  hnoo. 

Page  549,  ligne  8.  C'est  peut-être  Sainl-Nogre,  men- 
tionné par  Benjamin  de  Tudèle  [lùnerary,  texte,  p.  34;  tra- 
duction, p.  63). 


ADDITIONS  ET  CORRFXTIONS.  799 

Page  549,  ligne  19.  Lisez  «  Belishom  »,  an  lieu  de  «  Bel- 

11  som  », 

Page  553,  ligne  15.  Bongodas  représente  toujours  le 
nom  de  Bonjudas.  Voir  Revue  des  Etudes  juives,  t.  IV, 
p.  70. 

Page  554,  deuxième  manchette.  Lisez  après  827  ce  qui 
suit  :  et  ci-dessous,  p.  564. 

Page  554,  deuxième  manchette.  «  Ci-dessous,  p.  567  »  se 
rapporte  à  Léon  de  Bagnols. 

Page  555,  ligne  ^3.  Lisez  iu?ex,  au  lieu  de  icsn. 

Page  558,  ligne  3  d'en  bas.  Lisez 'njpni ,  au  lieu  de  iwpni. 

Page  558,  ligne  9  d'en  bas.  Lisez  n\n3,  au  lieu  de  ona. 

Page  56o,  ligne  i3.  Lisez  ns,  au  lieu  de  itif. 

Page  56o,  avant-dernière  ligne.  Lisez  TNtsn,  au  lieu  de 

Page  56 1,  dernière  ligne.  Lisez  5096,  au  lieu  de  5o86. 

Page  56a,  ligne  6.  Lisez  »3,  au  lieu  de  st^\. 

j  Page  562,  ligne  1 4-  Lisez  ^nDx'jD,  au  lieu  de  ih^nVo. 

Page  563,  ligne  6  d'en  bas.  Lisez  nao  it. 

Page  564,  ligne  8  d'en  bas.  Lisez  «Creschent»  au  lieu 
de  «Cresschent». 


\l»    SIKCI.E, 


Page  565,  ligne   2   d'en  bas.  Lisez  riDon,  au  lieu  de 


nw  n. 


Page  568,  ligne  4-  Lisez  Vf,  au  lieu  de  ï"?. 


XU'SIKC.I.K. 


800  ADDITIONS  ET  COIUIECTIONS. 

Page  574,  ligne  6.  Bongocs  ou  plutôt  Bongodes.  Voir 
Bovue  dos  l"]lu(l(;s  juives,  t.  XI,  p.  197,  199,  202  et 
ailleurs. 

l\'ige  58 u,  ligne  25.  Lisez  nK"'S2''ii"iD3  ick  nh'-iK  va  |r:  pny. 

Page  59/1,  ligne  6.  Lisez  «Delfils»,  au  lieu  de  «Deles- 
«  fds  i>. 

Page  Goi,  cincpiiènie  manchette.  Usez  «  Zuckeiinann  », 
au  lieu  de  «  Zuckermandel  ». 

Page  fioS .  ligne  3  d'en  bas.  Lisez  «  que  Joseph  Saloinon  », 
au  lieu  de  «  qu'Elie  ». 

Page  Gi3,  ligne  9  d'en  bas.  Les  manuscrits  uiS,  829 
et  33o  de  la  collection  Halberstam  renferment  également 
l'abrégé  du  Peutateuque  de  Lévi. 

Page  61 5,  ligne  4  d'en  bas.  Lisez  hcnn  mn  ncvc?  ne"?  -nn^a 

Patie  6'i4 ,  licne  5  d'en  bas.  Lisez  ^ù,  au  lieu  de  1*7. 

Page  O'.aj,  hgne  1  7.  Lisez  yjo,  au  lieu  de  rjo. 

Page  645,  note,  ligne  -i.  Lisez  n-mc,  au  Heu  de  Knno. 

Page  649,  dernière  manchette.  Lisez  «  Landshuth  »,  au 
lieu  de  «  Landshull  ». 

Page  65o,  fin.  Ajoutez  encore  «  le  manuscrit  de  la  collec- 
«tion  Halberstam,  n"  181  ».  Il  est  possible  que  notre  Salo- 
mon  soit  le  père  d'Abraham  Yarhi,  lequel  a  composé  des 
notes  sur  les  livres  d'Euclide,  qui  existent  dans  le  manuscrit 
du  Vatican,  n°  299,  j3  (Calai.  d'Assémani,  fol.  283).  Le 
litre  hébreu  donné  par  Assémani  ne  se  trouve  pas  dans  le 
manuscrit. 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS.  801 

Page  653.  Pour  de  plus  amples  informations  sur  la  tra- 
duction du  Lilinm  medicinœ  par  Jean  d'Avignon,  voir  Stein- 
schneider.  Die  hebr.  Uebersetzungen,  p.  788,  et  Munatsschr. 
fur  Gesch.  und  Jïissenscli.  des  Jadenthiims,  1893,  p.  237. 

l'age  654,  ligne  8.  Lisez  i36o,  au  lieu  de  i46o. 

l*agc  656,  ligne  8.  Lisez  «y'jiKciEn ,  pustules,  au  lieu  de 
fSioc;>En,  fistules. 

i'age  663,  ligne  7.  Dans  le  manuscrit  n°  i45  de  la  col- 
lection Halberstam,  le  mot  o^iviz  cstexplicpié  par  Allemands. 
On  y  lit  ce  qui  suit  :  dm^îcnh  on  lat  D-'iyasn  y-ixai. 

Page  666,  note,  colonne  2,  ligne  1.  Vidal  Salomon, 
voir  p.  759. 

Page  679,  ligne  i3.  Lisez  Yokdhan. 

Page  689,  ligne  n.  Pour  l'ouvrage  d'Abraham,  voir  la 
description  du  manuscrit  1  de  la  bibliothèque  du  baron  de 
Giinzburg,  par  feu  M.  S.  Sachs  (non  publiée). 

Page  690,  ligne  8  d'en  bas.  Lisez  nu,  au  lieu  de  nn. 

Page  691,  ligne  3  3.  Lisez  mcnn  n'jyai  iin  o^-j^z. 

Page  69'i,  ligne  17.  Usez  5i44,  au  lieu  de  5o44- 

Page  711,  n"  2°.  M.  le  professeur  David  Kaufmann,  de 
Budapest,  vient  de  publier  dans  la  Revue  des  Etudes  juives 
(t.  XXV,  p.  65,  pass.)  une  description  d'un  manuscrit  de 
la  Hâggadah  (livre  de  rituel  pour  la  nuit  de  la  pâque],  qui, 
dit-il,  se  trouvait  en  i373  à  Avignon.  A  la  marge  est  une 
note  dont  l'auteur  anonyme  renvoie  à  une  de  ses  œuvres, 
qui  n'est  autre  que  le  n"  2°  de  Jacob  Çarfati.  On  y  trouve 
une  autre  note  concernant  le  rite  de  la  pâque  qui  est  in- 

rOME  XXXI.  101 

r     5    ♦  mpniurnie    i^Tiofu-r, 


\t\     SIFXI.h. 


\IV    SIECLE. 


802  AUDITIONS  ET  CORRECTIONS. 

troduite  par  le  mot  Tvk,  formule  abrégée  que  M.  Kaul- 
mann  explique  par  :  «  Dit  mon  maître  que  son  rocher  (Dieu) 
«le  garde.»  Mais,  nous  l'avons  dit  (p.  711),  cette  formule 
abrégée  doit  se  traduire  par  :  «  Dit  Jacob  Çarfati  (le  l'Van- 

«  çais) De  sorte  que  cette  note  est  sans  doute  écrite  par 

notre  Jacob.  Si  ce  manuscrit  provient  en  effet  d'Avignon, 
notre  conjecture  (p.  7  1  2)  sur  l'identité  de  Jacob  Çarfafi  et 
de  Jacob  d'Avignon  Çarfati  serait  confirmée. 

Page  7i4i  première  manchette.  Li.sez  Litleratiirlilatt,  au 
lieu  de  Littéral ur.  Ern.  R, 


TABLE  DES  AUTEURS  ET  DES  MATIÈRES. 


ABBA-Mini .  lils  (l'Kligdor  (Scii  Astnic  de 
\oves),  |iliilo9ophe.  Sa  vie,  5^8.  Surnommé 
aussi  Son  Asiruc  de  San  Nagri,  Slg.  Ses 
ouvrages,  ô'ig-  Commentaire  sur  Job,  S^q; 
sur  le  ('.antique  des  cantiques  (probable;, 
55i.  On  le  confond  a\ec  Vidal  Belijhom, 
&5i.  Réfutation  du  livre  de  Caspi,  obi. 
Introduction  au  premier  livre  d'Eudide, 
.Sa?.  Mentionné,  hii,  353,  &6o,  688, 
698,759. 

Abba-Mari,   lils  de  Joseph  Catpi.  Cité, 

479- 

Altigdor  de  t'ano,  poète,  373. 

Abigihr,  fils  d'Imac ,  708. 

Abn-Chusaris ,  corruption  d'Abou-Salt, 
.176. 

Abner  de  liurg.^s  (Aljonsus  Burqeiuii). 
Traité  contre  lui  par  Moise  Narboni,  678. 

Abou-AJIak,  astronome  arabe,  ^^^,  M6. 

ibott-lijafw  Ahmed  ien-\ oasouf  hen-lbra- 
him ,  astronome  arabe.  Son  commentaire  sur 
le  Centiloquium  de  Ptolémée  traduit  en  hé- 
breu par  Calonymos,  13 1. 

Abou-'l-fValid  (Jona/i)  i6n-AJIj'annâA ,  gram- 
mairien juif.  Gloses  sur  sa  grammaire,  483. 
Mentionné,  38o,  4o5,  5oo,  3o6.  5i6, 
33i. 

Abraham  Ab-Belh-Din ,  Tthbin,  i-ji,  686. 

Abraham  Arigdoii  (Ikinet),  fds  de  Me- 
schouUam ,  traducteur.  Sa  vie  et  ses  ouvrages , 
7 1 7.  Probablement  le  même  qu'Abraham  de 
la  famille  .\bigdor,  776. 

Abraham,  arrière-petit-fils  de  Maimonide, 
48i. 

Abraham  bar-Hijrya ,  mathématicien ,  38o , 
\oh,  ^91,  58 1. 

Abraham  ben-Datid,  rabbin,  placé  an  pa- 
radis par  Moïse  de  Rieti.  3^7. 

Abrakan  ben-David,  de  Posquieres,  rab- 
bin, /io3,  473,  I74,  687. 

Abraham  Bbndig.  Son  commentaire  sur 
.lob.  657. 

Abraham  ben-hoac,  de  Narbonne,  rabbin, 
468. 


Abraham  ben-lsmael,  rabbin,  maitre  <le 
Jeroham ,  568. 

Abraham  ben-Iieuben ,  de  Milhau,  copiste, 
577,762. 

Abraham  [ben-Salomon?],  de  Montpellier, 
rabbin,  658,  686,  718. 

Abraham  de  Balmcs,  traducteur.  Se»  tra- 
ductions latines  du  commentaire  moyen  sur 
les  Topiqaet  d'Aristotc,  iii;  des  disserta- 
tions d'Averroès  concernant  l'Orjanon,  551; 
du  commentaire  moyen  d'Averroès  sur  la 
Bhétoriifat,  571. 

Abraham  de  Béliers,  poète.  Son  Divan 
compilé  par  son  fds,  398. 

Abraham  de  Carpkntras,  liturgiste,  730, 

Abraham  de  Joigni ,  rabbin,  355. 

Abraham  de  V;-'-\12VM,  rabbin,  688. 

Àbrakam  de  Pantoise,  rabbin,  469. 

Abraham  de  Sarteano ,  poète,  373. 

Abraltam,  fils  de  David  d'Aries,  rabbin, 
658. 

Abraham,  fils  de  llayyim  de  Salon,  rab- 
bin, 659,  687. 

Abraham,  fds  d'Ephraïm,  rabbin,  689. 

Abraham,  CIs  de  Salomon,  exégète.  Ex- 
traits de  son  commentaire,  4gi,  5o3,  5o4. 

Abraham,  ûh  de  Samuel  Hayyim ,  copiste , 
716. 

Abraham  ,  fds  de  Shem-Tob ,  médecin  juif. 
Auteur  d'un  petit  manuel  de  thérapeutique, 
781,  76».  Traducteur  de  Zabravi,  731, 
760.  Collaborateur  probable  de  la  traduc- 
tion du  traité  'sur  les  plantes  attribué  à 
Galien ,  ibid.  Probablement  fils  de  Shem-Tob 
de  Tortose,  ibid. 

Abraham,  fils  d'Isaac,  etc.,  traducteur  de 
l'ouvrage  de  Marsile,  718. 

Abraham,  fds  d'Isaac  Halévi,  rabbin. 
Épître  à  lui  adressée,  745.  Identifié,  746. 

Abraham  Gard,  rabbin,  665. 

Abraham  ibn-Ezra,  exégète,  grammai- 
rien, etc.  Son  commentaire  sur  le  Pcnta- 
teuque  expliqué  par  Immanuel  de  Taras- 
con,   697;    par   Joseph  Caspi,   483.   Men- 


101 


80/1 


TABLK;  des  AIJTKIJRS 


tioiiiiR,  /|oo,  5ni,  54  i;  pai'  Moïse  de  Nai- 
hoiiiK'.'iHi.  Mentionné.  707.  Voir  aussi  Isaac 
|ji'.ii'li,  Salomoii  il>n-Yaîscli  el  Sclirin-Tol) 
il)ii-Ma)Oi'.  Son  rnniinonlairn  sur  le  livre 
(l'Kstlier,  r)i7.  Sa  gianimairc,  5oo.  Noirs  sur 
(|uel(|nvs-uns  de  ses  écrits,  par  Profet  Dou- 
ran,  -^ii.  Son  traité  snr  les  tV/ifrj ,  4 00.  Son 
traité  des  Nombres,  igi;  rie  YVnilé,  445. 
A  lui  attribué  un  Livre  de  Vie ,  35i.  Son 
nom  mentionné,  38<>.  5Si,  08i. 

Abraham  ibn-Tibiu»,  Iraductenr  des  Eco- 
notniqiies  d'Aristolf,  -■<•!. 

Abraham  Murif,  ral)l>in ,  'i3G. 

Abraham  llotjurmartin ,  OGt!. 

Abraham  NIDD' ,  poète,  647. 

Abraham   Yurhi ,  Hoo. 

Abram  de  Valabrcpir ,  raldiin,  677. 

Abram  Lunel ,  médcrin  juif,  785. 

Abram  |1l3Np,  médecin,  077. 

Abracanel.  \o\r  haae ,  Samuel. 

Abulcasis ,  médecin  aialie.  Ses  Quasita 
traduits  |>ar  Sannicl  de  Marseille,  (>54.  Son 
grand  ouvrage,  676. 

Acccntus  super  Doctrinale ,  2. 

Achille  (Amours  d')  et  de  Junon,  169. 

Acre,  royaume,  176. 

Adam  de  la  Halle,  compose  sou  poème 
sur  Charles  d'Anjou  on  laisses  d'un  nombre 
égal  de  vers.  loi. 

.iilenct  te  liai,  auteur  de  CAcomadès ,  18a. 
Iniit(i  par  (jiraid  d'Amiens  dans  son  Cliarle- 
magiie ,  18G.  Tient  le  sujet  de  Cléomadcs, 
de  Marie  de  Brabant  et  de  Ulanclie  de 
France,  igo.  Innovations  qu'il  introduit 
dans  la  vcrsilicalion  <les  cbansons  de  geste, 
:>03 ,  loi. 

Admirantes ,  |.remier  mot  et  litre  d'une 
glose  sur  le  Doctrinal,  12. 

Aijoulunt  el  Vaumont,  clianson  de  geste, 
32  3.' 

Agravain,  frère  de  Gauvain,  i64. 

Aguilai-  ( Moïsc-Rapliaêl  d').  Le  catalogue 
de  ses  niss.,  456,  407. 

Ahron,  rabbin,  en  correspondance  avec 
Ahron  Knben,  46g. 

Ahron,  lils  d'Abraham,  iils  de  Samuel  de 
.Schlesladt,  rabbin,  supposé  auteur  d'une 
chronique,  705. 

Ahron,  lils  d'Ahron,  copiste  juif,  35C. 

Ahron,  lils  de  Hayyim  Cohen,  rabbin. 
Commentaire  sur  les  prières,  357. 

Ahron,  fds  de  Joseph,  rabbin,  4 10. 

Ahron  hal-Lévi,  de  Montpellier,  rabbin, 
468. 

Ahrok  Kohen,  de  Narbonne,  casuiste. 
Sa  vie,  463. Son  ouvrage  5eiiti«rj  de  vie,  466. 
L'abrégé  Kolbo ,  46g. 

Ahron  Lévi,  rabbin,  687. 

Aiglin,  frère  du  roi  Cador,  veut  s'empa- 
rer du  royaume  de  sa  nièce,  i55.  Prétend 


l'obliger  à  un  mariage  indigne  d  elle  el  l'as- 
siège dans  llauliourr,  |5U.  Il  la  calomnie 
dans  une  fausse  lettre,  i56.  Il  se  rend  ii 
Arthur  et  est  obligé  de  liiire  réparation  ii  s.i 
nièce ,  1  Sg. 

'Aiijars  jroides  (Le  fleuve  des),  3o8,  7g6. 

.Aînesse.  Voir  Droit  d'ainesse. 

Aix-la-Chapelle  (Chroniques  d'),alléguée~ 
par  l'auteur  de  Mainet  et  pnrGirard  d'.\miens. 
200,  201. 

Alain,  recteur  de  Rivitle,  66. 
l/(iin  de  Lille ,  1  1,  07,  Cl. 

Alart  l'escbotte  ou  l'eschanté ,  cru  auteur 
du  Comte  d'Anjou,  32  1. 

Albert  ou  Aubert,  patriarche  d'Anliorhe 
(  1  !!>6-i  346  ; ,  3go.  Reçoit  de  Todre  le  livn; 
de  Sidrach,  288,  3i3. 

Albert  le  Grand,  1 1. 

,Alec,  pluriel  de  ce  mot,  i4,  ■'>• 

Alexandre  III,  pape,  61. 

Alexandre  (Koman  d'j  rapproché  du  litre 
de  Sidrach,  3g3. 

Alexandre  d'Aphrodite,  5i3.  Confondu 
avec  Aristote,  4  1  2. 

Alexandre  de  Villedieu.  Commentaire  de 
maître  Yon  sur  le  Doctrinal,  i.  Close  de 
Guillaume  de  Poitiers,  11,  12.  Glose  Admi- 
rantes, 12.  (ilose  commune,  dite  Antciiuam 
ulterius ,  17,  1 8 ,  1  g.  Glose  de  Toulouse  ,12. 
i3,  18.  Commentaire  attribué  àlierion,  19. 

Alfonsus  liargensis.  Voir  Ahner  de  Ihirgos. 

Alice  de  Tancarville ,  6g. 

Aliénor,  saur  d'Escanor  le  Grand,  i64. 

Aliéner  de  Castille,  reine  d'Angleterre, 
(tirard  d'Amiens  lui  dédie  Escanor,  iô3,  el 
semble  dire  qu'elle  lui  avait  raconté  cette 
histoire,  170. 

Ali  ibn-Ridhwan ,  médecin  arabe.  Traduc- 
tion liébraîque  de  son  traité  de  médecine 
par  Calonymos ,  424' 

Allégories  de  la  Bible.  Voir  Bibles  hislo- 
riéeSk 

Alphabetam  majas,  8.  Alphabelunt  mi- 
nus, 8. 

Almançor.  Voir  G^raïui  de  Solo. 

Alonso  ite  Zamora,  juif  converti,  copiste 
d'un  ms. ,  49g. 

Alphaïs,  oiseaux  d'Arménie,  dont  les 
plumes  ont  des  vertus  merveilleuses,   1U9. 

Alphonse  le  Sage  (de  Castille).  Les  Tables 
astronomiques  portant  son  nom  traduites 
en  hébreu,  455,  779.  Commentaire  sur  ses 
tables,  mal  attribué,  781.  Menliomië.  789. 

Alsimas ,  roi  de  Perse,  père  de  Célinde, 
174.  Voit  Méliacin  enlever  sa  fiUe,  175. 
Sabel  lui  fait  la  guerre,  177.  Il  fait  la  pai> 
avec  ses  ennemis,  178.  Il  envahit  tes  états 
de  Natalus,  et,  après  sa  mort,  fait  la  paix 
avec  le  nouveau  roi  de  Serre,  180.  Ii  meurt. 
182. 


ET  DES  MATIERES. 


8or) 


.4ni(iai'i  de  Ci  non,  lils  «lu  sire  de  Uridiai. 
ICiili'vc  la  coiipe  de  1  eN("'<|uc  Guill.  Le  Maire, 
«o. 

.Im^i/oiiiiu  Itutiiick  lie  lieiUa.  (ialalngiie  de 
SCS  livres,   17. 

Anarizai ,  sur  Kurlidc,  ilij. 

Andrieu  de  i/riiuu(,  possesseur  d'un  manu- 
scrit du  Charlcmnijne ,  1  (j5. 

Andrivcllc ,  iilledu  roi  (^adorde  Norliom- 
herlande,  s'éprend  de  Keu,  iSi.  Klle  ta  le 
voirquand  il  est  blessé,  mais  n'ose  lui  avouer 
son  amour,  iô5.  Klle  a  plus  lard  une  entre- 
vue avec  lui,  où  ils  90  prouirlteiit  de  s'épou- 
ser. CaloDUiiéu  par  son  oncle  et  menacée 
d'un  mariage  indigne ,  elle  se  rélugie  à  Bau- 
Imurc  où  elle  est  assiégée  par  Aiglin,  i56. 
Klle  s'enfuit,  1 J7.  Klle  linit  par  retrouver 
keu,  i5S,  et  l'épouse,  làg. 

Angleterre.  Psautiers  à  |>eintures  d'origine 
anglaise,  sOi,  3O),  3O6,  iM,  270,  371, 
17^,  i-fh ,  ■A-jii ,  278,  a8o,  j8i. 

Anjou  (  Le  comte  (/  ).  l'erd  sa  femme  et  veut 
épouser  sa  propre  lille,  .'iîd.  Après  la  fuite 
de  celle-ci ,  il  se  laisse  mourir  de  faim  ,  3i8. 
Voir  Orléans. 

Anjou  (La  lille  du  comte  </'),  appelée 
comtesse,  s'enfuit  de  cliez  son  père  qui  veut 
ré|>ou»er,  3'^S  ,  3j6.  Mène  avec  sa  mailresse 
iMie  vie  cachée  à  Urléans,  3j8.  Quitte  Or- 
léans pour  échapper  aux  obsessions  <|ue  sa 
beauté  lui  attire,  in).  Kst  recueillie  par  le 
cliàteliiiii  de  Lorris,  33o,  cfui  la  place  au- 
près de  ses  lilles,  33i.  Le  comte  de  Bourges 
la  voit,  S'il,  et  s'éprend  d'elle,  333.  Il 
l'épouse,  334  ,  33<).  Fjn  l'absence  de  son  mari , 
elle  met  au  monde  un  (ils,  336.  La  comtesse 
de  Chartres  fait  croire  au  comte  de  Bourges, 
son  neveu ,  que  l'enfant  est  un  monstre ,  338 , 
et  fait  ordonner  au  châtelain  de  Lorris  de 
la  mettre  à  mort,  338.  Les  serfs  qui  doivent 
la  tuer  la  laissent  |>artir,  3^0.  Klle  se  rend 
à  Étam)>es  et  de  là  à  Urléans,  où  elle  est  ad- 
mise à  l'Hôtel-Dieu,  34  1.  Elle  retrouve  son 
mari  et  son  oncle  et  leur  raconte  ses  aven- 
tures, 344,347.  Elle  rentre  à  Bourges,  347, 
et  devient  comtesse  d'Anjou,  349. 

Anoiuï,  auteur  du  Livre  de  papier,  iog. 

A^OMiME,  casuiste,  65.5. 

Anonyme,  commentateur  de  daizali ,  733. 

Anonyues,  auteurs  de  divers  recueils 
d'exemples,  37-60. 

Antéchrist  (L'I,  s 95. 

Antioctts,  174. 

Antoli.  Voir  Jacoh  Analolio. 

Apocalypses  à  peintures,  j84. 

Apollonius  de  Peri/e,  mathématicien.  Tra- 
duction hébraïque  d'un«  explication  sur  une 
partie  du  livre  des  Sections  coniques,  438. 
Mentionné,  43  5. 

Apprentissage  (Enfants  mis  en),  3 g. 


Aqiiin  (Pli.  d  ).  Sa  traduction  IrançaiM' 
de  i'E.inmeii  du  nuindi-,  380. 

.Arbalète,  introduite  en  France  par  Hi- 
rliard  Cœur  de  Lion,  m. 

Arbres  (Ue<pnMe  des)  adrcsséi-  à  l'Aqui- 
lon. 34. 

ArcliimèJr.  Traduction  hébraïque  de  sou 
traité  sur  la  sphère  et  le  cylindre,  437.  Sou 
traité  l)e  dimensione  circuli,  iio).  Le  titre 
lï Elementa  malkematica  est  une  invention, 
459. 

Arcliiscnlaris.  Valeur  de  ce  mot,  3. 

.triosie  [  /.').  lOi. 

.irislote.  Chevauché  par  la  femme 
d'Alevandre,  5'3.  Traduction  hébraïque  de  son 
Economique,  7} n  ;  de  sa  l'olitii/ue  (indication 
erronée),  455.  Questions  sur  ses  ouvrages, 
par  \  i-rsor,  traduites  en  hébreu,  789.  Cité, 
379,  38o,  4o5,  490,  5i3,  5i6.  Le  traité 
sur  les  l'iunlet  à  lui  attribué,  k'ig. 

Armengaud  Ulaise.  Son  ouvrage  traduit 
en  hébreu,  4o6. 

Armées  (Peinture  de  la  vie  des)  dans 
(îuillauiiie  (iuiart,   i36. 

Armnirie.i  peintes  en  grand  nombre  dans 
un  psautier  artésien,  ]8o. 

Armoiries  communales,  110. 

AnNALD  NovEM.i,  cardinal,  !io5. 

Arnaald  de  Villeneuve.  Traductions  hé- 
braïques de  ses  écrits  :  Medicationis  para- 
bolie ,  718;  le  commentaire  n'est  pas  d'Ar- 
nauld,  719.  .Sur  h;s  Médicaments  digestifs, 
7J0,  7j4.  Sur  la  Paralysie,  655.  Hegimen 
Sanitatis,  647.  Résumé  de  thérapeutique, 
048.  Simplicia  d'Abou-Salt,  576.  Tabula 
super  Vita  brevis,  763.  Traité  sur  les  vins 
(l'abrégé),  578.  Capitula  Astrologie,  711. 
Une  traduction  du  grand  ouvrage  d'Abul- 
casis  lui  est  attribuée  par  erreur,  576. 

Ars  dictandi  de  Jupiter,  1 1. 

Artaud  de  \'ogent,  54. 

Art  d'amours  (L)  de  Guiart,  i43. 

Arthur,  roi  de  Bretagne,  i55.  Promet  à 
Keu  de  secourir  Andrivette,  i56.  Réunit 
Keu  et  Andrivette.  i58.  Contraint  Aiglin  à 
la  soumission,  iSg.  Assiège  la  ville  des 
Traverses  pour  délivrer  Giflet,  i65,  et  re- 
çoit l'hommage  de  ce  royaume,  166. 

Artillerie.  Ancien  sens  du  mot,  127. 

Art  militaire.  Intéressants  renseignements 
que  Guillaume  (iuiart  apporte  à  son  his- 
toire, 126. 

Artois.  Psautier  fait  dans  cette  province, 

^79- 

Ascher  (ben-Abraham)  Crescas,  commen- 
tateur juif,  643. 

Ascher  Cohen,  fils  d'Abraham,  copiste 
juif,  4 '5. 

Ascher  de  Lunel,  rabbin,  4o4 ,  658, 660, 
686. 


806 


TABLE  DES  AUTEURS 


AsCMin,    fiU    de    Da\i<J    de    Narbonnc, 

7Î9- 

AscHKH ,  Gb  de  Jcliiel ,  rabbin ,  4o4 ,  40  'i , 
,>68. 

Afcher,  fils  de  Meschoiillani  de  LuncI, 
rabbin ,  probablement  le  n)aitre  d'Ahron 
Kohcn,  ^6h,  â68. 

Aschtr,  Pds  de  Moise,  du  la  famille  de 
Valabrègne,  traduit  en  hi-breu  la  grande 
Chirarifie  de  Gni  de  Cbauliac,  781.  Men- 
tionné, Ô77. 

Afpremont,  inséré  par  (iirard  d'Amiens 
dans  son  Charleinagne .  mais  |>erdii  dans 
les  manuscrits  qui  nous  restent,  igS,  iiiS. 

islolfe,  i(ii. 

Astruc  Cohen  (  )  ef  uou(/iic/  Cohen  ) ,  rabbin , 
G88. 

Astruc  Crespin,  rabbin,  45 1. 

Astrac,  de  Carcassonne,  rabbin,  713. 

Astruc  llenwkh,  poète  juif,  700. 

AsbTic  Samuel  Ùascola,  astronome  juif, 
700. 

Astruc  (Sen)  de  \oves.  Voir  Akba-Mari, 
(ils  d'Eligdor.  Sur  les  différentes  formes  de 
ce  nom  dans  les  mss.  voir  S'iQ. 

Atios  [En  Vidas  .')  Salnmon ,  de  Majorque, 
rabbin,  donne  le  titre  à  l'ouvrage  deCaspi, 
'18."). 

/lueriocA  (Isaac).  Sa  traduction  allemande 
de  i't'cnmen  du  monde,  38G. 

Augustin  (.Saint).  Ancienne  table  de  la 
Cité  de  Dieu,  Hi. 

Aumônes  iiubUi/ues,  3/io,  i'ii. 

Aveugles  combattant  des  taureaux,  55; 
ou  des  porcs,  56. 

Aiem/iace.  Voir  BiJjii. 

Aterrois.  Traduction  liébraî(|uc  de  sa 
Destruction  de  la  Uestrucli'ii  (contre  Gai- 
zali),  par  Caionymos,  iils  de  David,  461. 
Dissertations  :  par  Calunvmos,  àâo;  par 
Samuel  de  .Marseille,  55 i;  par  To<lros  To- 
drosi,  075.  Ethique,  commentaire  moyen, 
par  Samuel  de  Marseille,  j.i'i.  Génération  et 
corruption ,  commentaire  moyen ,  par  Caio- 
nymos ,  à 33.  Intellect  mnléri'  l  ( Traité  sur  1'  ) , 
par  Todros  To<lrosi,  â7j.  Métaphysique, 
commentaire  moyen,  par  Caionymos,   ^35. 


(irand  commentaire,  par  Moïse  de  Beau- 
raire,  iit.  Météores ,  commeatùre  moyen, 
par  (Caionymos,  ^33.  Ocjo/ion  (Résumé 
de  ï),  par  .Samuel  de  Marseille,  559.  5<- 
conds  Analytiques ,  grand  commentaire,  par 
Caionymos,  ijfl.  Sophiimes,  commentaire 
moyen,  par  Caionymos,  /il 8.  Topiques, 
commentaire  moyen,  par  Caionymos,  A18. 
Traductions  latines  par  Abraham  de  Ralmes 
et  Jacob  Mantinn,  \2i.  Physique,  com- 
mentaire moven,  par  Caionymos.  i3i. 
Grand  commentaire  par  Moïse  de  lieau- 
caire,  in;  atlribué  à  Caionymos,  .^33. 
Abrégé  du  grand  commentaire  par  Moïse 
de  Beaucaire,  liiâ.  Plantes  (Commentaire 
sur  le  iwTt:  des)  attribué  à  Aristote,  par 
Caionymos,  '\itj.  Poétique,  commentaire 
moyen,  par  To<lros  To<lrosi,  J7J.  Politique 
(République)  de  Platon  (Commentaire  sur 
la),  par  Samuel  de  Marseille,  555.  lihéto- 
n'(/ue  (Commentaire  moyen  sur  la),  par  To- 
dros Todrosi.  Suistance  des  sphères  (Traité 
sut  In)  par  (Caionymos  (attribué),  455. 
Abrégé  de  {'Almaf/este  par  iSatlian  deCento. 
âoo.  (iomnicntairrs  sur  ses  différents  livres. 
Voir  Abraham  Abirjdor,  Joseph  Caspi,  Levi 
ben-Gerson  et  Moïse  de  Sarbonne.  Cité,  443. 
4(j8,  5on,  5i3. 

Aiicebron.  Voir  Snlomon  ibn-Gabirol. 

Avicenne.  Canon  :  Kxtraits  par  Mardocliée 
Nathan,  58o.  (Commentaire  par  Moïse  de 
Narbonne,  670.  .Notes  sur  ce  canon  par  Je- 
daiah  de  Béliers,  i()3;  par  Profet  Uouran, 
744.  Mentionné,  719,  770,  78I.  Son  traité 
de  la  Délivrance  de  l'âme,  traduit  de  l'arabe 
par  Todros  Todrosi,  571.  Mentionné,  576. 
.Son  traité  intitulé  Asch-Scliaffa ,  ibid.  Son 
nom  mentionné,  4o5. 

Ayos  Vasileo,  arclievt'quc  de  Sebaste  ou 
Samaric,  possesseur  du  livre  de  .Sidrerh, 
387. 

/trojie.fils  de  Joseph  ibn-Abba-Mari  (Bo- 
nafoui  Bonfd  Astruc),  traducteur.  Si>s  ou- 
vrages, 759. 

Airiel,  grand-père  d'Aliron  Kolien,  rab- 
bin, i(i3,  463. 


Bàdjà[lbn-]  [Avcmpace] ,  philosophe  arabe, 
fiommentaires  sur  kom  traite  intitulé  But  du 
régime  du  solitaire,  par  Moïse  de  NarlKinnc, 
675. 

Balladei,  iii. 

Da'teus.  Ktymologie  de  ce  mot,  ô. 

Barhaveire.  Voir  Samuel,  fds  de  Judah  de 
Marseillr. 


liunich  de  France  (de  VVorms),  rabbin, 

■''"''• 

llaruch  ,  Iils  de  Benjamin,  rabbin,   738. 

B<itschefvitsch  (Jacob).  Son  commentain- 
sur  l'Examen  du  Monde,  386. 

Baubonrc  (Bamborough),  i54. 

Béatrix  de  Bourgogne,  comtesse  de  (lier- 
mont,  190. 


ET  DES  MATIERES. 


807 


Beau  Mauviiia  (Le), ami  d'Honcrellc ,  i51. 

fi«aure/)airc,  séjour  du  duc  de  Galice,  i8o; 
placé  cepeudant  en  Syrie,  182. 

Béer  (Michel).  Sa  traduction  française  de 
l'Examen  da  Monde,  387. 

BelLshom.  Voir  Moïse  tle  Sarhonne. 

Bendich-Akin ,  médecin,  ^b^. 

Bendij  (  Maestre ) ,  miUecin,  45 1- 

Bénéjices  attribués  à  des  étrangers ,  90. 

Benjamin  de  CAnCASso!<KE,  lils  d'Isaac, 
traducteur  juif.  Tra<luclion  hébraïque  du 
traité  sur  la  Corruption  de  tair  et  les  épidé 
mies  de  Jean  de  Bouri;o<;ne,  733. 

Bfnjamin  V^aS •  rabbin,  707. 

Benoit.  Voir  /^ruc/i ,  fils  de  Benjamin. 

Benoit  de  Sainte-More,  igS. 

Ben-Sirn  (Tables  de),  3i.î. 

Benvenist  (Famille  de),  7^4. 

Btrekitiah  de  Vico/e,  ^10. 

Bernard  (Albert).  Voir  Brouit  (  Albert). 

Bernard  de  Gordon.  Son  Liliwn  Medicinie, 
traduit  en  hébreu  par  Jean  d'Avignon,  05]  , 
et  par  Yequouthiel,  lils  de  Salomon,  73]. 
Mentionné,  577,  678,  08»,  771. 

Bernard  del  Carpio ,  substitué  à  Roland 
par  les  cantnreM  espagnols,  101. 

Berte ,  roman  d'Adenel  le  Roi,  imité  par 
Girard  d'Amiens,  igo,  19O,  3o3. 

Bible   histomék   tuutk    PictnÉi,    i^li- 

BlBI.ES    IIISTOniÉK.S,  AI.LÉGORISÉEB  OU   MO- 

BALisÉES,  3 1 8-3  46.  Kiemplaire  dont  les  trois 
volumes  sont  partagés  entre  la  Bodléienno, 
la  Bibliothèque  nationale  et  le  Musée  britan- 
nique, 118-134.  Kiemplaire  dont  les  der- 
niers feuillets  ont  été  exposés  à  Paris  en 
1889,  i34-i36.  Exemplaire  du  Musée  bri- 
tannique (ms.  add.  18719).  i36,  137. 
Exemplaires  renfermant  une  version  fran- 
çaise, 137-343.  Exemplaire  de  la  Biblio- 
thèque de  Vienne,  i43-3lG. 

Bibles  ornées  de  peintures ,  3 1 5. 

BiBi.igiEs  (TABi.Kti'x),  manuscrit  du 
xili*  sii'cle,  3  53-1 55. 

Biilautj ,  io5,i3G,  137. 

Blanche  d' Artois,  veuve  de  Henri  de  Na- 
\arre  et  d'Kdmond  de  Laiicaslre,  190. 

Blanche  de  Castiile,  rciiii;  de  France. 
Psautiers  qu'elle  fait  copier,  181,  381. 
Psautier  qui  lui  est  attribué,  lOb. 

Blanche  de  France ,  veuve  de  Ferdinand  de 
)a  Orda,  donne  à  Adeiiet  le  sujet  de  Cléoma- 
d'es ,  1 90  ,  qu'elle  avait  sans  <loule  rapporté 
d'Espagne,  193. 

Blanche- Montagne  (Royaume  de  la),  iC4. 

Boctorie ,  royaume  de  Boctus,  391.  Sans 
doute  la  Bactriane,  394. 

Boclas,  roi  de  Boctorie,  voit  s'écrouler 
iliaque  malin  la  tour  qu'il  construit,  191. 
Sidrach  lui  enseigne  le  moyen  de  la  bitir. 


répond  à  toutes  ses  (|ue.stions  et  le  conver- 
tit au  chri.'itianismc  plusieurs  siècles  avant 
Jésus-Christ,  igS,  etc.  .Son  nom  n'est  pas  ce- 
lui de  Nabuchodoiiosor,  394.  II  meurt,  3ii. 

Boèce,  tradurtion  hébraïque  de  son  IKre 
De  Consolationr  iihiloiophiit ,  •jbo. 

Boéihus ,  censé  le  chef  des  matérialistes 
dans  les  écrits  talmiidiqucs,  394. 

lioitas ,  faute  pour  Boctus,  393-394. 

Bologne  (Université  de),  3o. 

Bonafous  Crcscas ,  copiste  d'un  manuscrit, 
471. 

Bonafous  de  Lnrgentihe.  Voir  Joseph 
Cajpi. 

bonafoux,  médecin  juif,  auteur  d'une  ré- 
ponse de  casuistique,  7O1. 

llonafoux   tim'ii,  co|iiste,  740. 

Bonajoax  Bonfd  .'Istriic.  Voir  Atarie,  lils 
de  Joseph. 

Bonafovuc  (Don)  Scheitiel,  rabbin,  45 1. 

Bonafi)U.t  Vidal ,  poète,  7GG. 

Bondavi  (  En ) ,  Irèrc  et  collaborateur  de 
.Samuel  de  Marseille,  5Gi. 

/ioni/e  (  Le  jeu  dit),  Sig. 

Bondia  Samuel  de  Salves ,  savant  juif,  480. 

Ilonenjant.  \'oii-  Hctékias. 

Ilonet.  Voir  Abraham  Abii/dor. 

Bonel  Daeid,  juif  coo\rrti ,  7  40. 

Bonet  [Sen)de  /^unc/.  commentateur  juif, 
4oi.  Pas  identique  avec  Bonet  Abraham, 
4oi. 

Bonet  de  5a/oej ,  juif  de  Salon,  580. 

Bonfds.  \oir  linmanuel  ben-Jacob,  de  Ta- 
rasroii. 

Bungoda  Caslari ,  poète  juif,  647- 

Bongoda  Marcadrl ,  poète  juif ,  76G. 

Bonijoes ,  fils  d'Asclier  Valabrègue,  juif 
provençal,  577. 

Boniac  .istruc  Nasi,  rabbin.  Lettre  adres- 
sée à  lui  par  Mardocliéi;  Nathan,  58 1. 

Boniac  Nasi  (.Seii),  rabbin,  maître  de 
Jacob  de.  Bagiiols,  037. 

Boniues  lYat/ion ,  juif  provençal ,  58 1. 

Bonnivaax,  abbave  du  diocèse  de  Vienne., 
48. 

Bonseniur,  glossateur  juif.  Ses  gloses 
sur  le  conimentaire  moyen  de  la  Physigac 
d  Arislote,  par  Averroi's,  43i. 

Bonsenior  Salomon.  Voir  ] ci/uuat/iiel ,  lils 
de  Salomon  de  Narbonne. 

Bon.ienor  Grocian,  juif  catalan,  45 1. 

Boucicaut  (Le  maréchal).  .Ses  heures, 
i4i .  793. 

Bourg-Baudouin  (Notre-Dame  du),  55. 

Bourgeoit  d'Etampes,  moins  généreux  que 
sa  femme,  34o. 

Bourges  (Le  comte  de)  voit  la  comtesse 
d'Anjou  à  Lorris,  s'en  éprend  et  l'épouse, 
33 1-336.  Obligé  de  la  quitter,  il  croit  quelle 
a  mis  au  monde  un  monstre  et  ordonne  de 


808 


TABF.E   DFS  AUTEURS 


la  ijardcr,  33H.  AppriMiaiil  sa  fiiitp  ri  la  ra- 
luiniiiir  (Iniit  ollr  a  élé  virliinr,  il  iu<  met  à 
»a  n'cliorrlio,  (li-^iiisr  i-ii  inoiidiaiil ,  ,Vu.  Il 
la  ri  Iroiiïc  il  ()rl«^aiis,  3'i.'>-3^7.  Il  rcvifiil 
n  lloiiriji's  ri  lirr  vt-iipcaiicc  <1<!  la  lomlrssc 
lie  Cliiirlrcs,  3i8-3i(). 

Ilouvincs  (Noli!  sur  la  baUilir  ilo),  îCl. 

Hovnn  lie  Comnrcis ,  poi-ntie  (l'Adfni'l  le  Roi , 

lîninclifi  ilex  rnymix  iiipïnrjpx  (Art),  pormc 
ili-  (îiiillaiimn  Giiiart,  loi)  et  siii\. 

IhTlnijitf.  La  Iroilalili',  riniliislrii',  li'  coni- 
iiirrcr,   les  dcoli'S  clans  O'ilr  provincn,  aH- 

•>  i . 


liiitnn  [ Glosr»  en ) ,  3 'i ,  7 r) i . 

lireloivt.  Leur  mauvais  itiidim  ,   i5. 

litinnt  de  Monlijan  ,  sin-  <Ip  Kriaiiroii.  Sou 
privilège,  78.^ 

Urinnt  îles  Iles  011  <l<>«  Ai^iies,  i.5.S.  ArruS4' 
Gaiivaiii  <le  trahison,  rst  vaiiiru  par  lui  l't 
roronnai'l  son  rrinir,  i(it.  l'ersonnape  iln 
Chevalier  nux  ileu.r  rpirs ,  i(i8. 

liriijnoles  en  Provenre,   '18,  i((. 

linto ,  qunti  lirutus  ,   1  h. 

/Jroimt  (Albert),  718. 

Brun ,  le  prophès ,  père  d'Ksranor  le  Heau  , 
iC^.  Surnomnii''  Sans  pitii',  i(i8. 


c 


Cailnr,  roi  de  NortiomlMTlaude,  i.')'i, 
1,1 3. 

('.nleiidriers  juifs ,  76G  7  70 
.    Cnio  [Maestro).  Voir  Oilnnymos  hen-Calo- 

IIYI»OS. 

Calo  Calonyme,  de  Naplrs,  confondu  aver 
(.alonymos  Toiliosi.  jjGi. 

C.vi.o'OMOs  be:i-()ai.omïmos;  nom  proveii- 
■  .il  :  maestro  (;,do,  â  17.  Sa  vie,  4 1  9.  Arlirles 
iimsarrës  à  lui,  '1-13.  Ses  ouvrages  :  Iraduc- 
liftns,  /it\  à  hii.  Ouvrages  originaux  : 
lleponsr  à  Caspi ,  i '1  •  ;  Lin e  îles  rois,  i<;>; 
l'iirrn  de  Touehe ,  à '17.  Ouvrages  faussemeiil 
.itlrilMiés,  'i'i5.  Mentionné,  /|I3,  088. 

()M.o>ïM()S-Dii\- David,  Iradurteur  juif. 
Traducteur  du  traili^  d'Averroès  contre  (iaz 
/ali ,  intitulé  Deslruclinn  de  la  desiruction , 
161.  Remplit  une  lacune  laissée  par  Calony- 
riios  beii-(^alon)rmos,  ^16,  4O2.  On  lui  at- 
Iribiie  par  erreur  la  traduction  du  traité  de 
(ia^zali,  la  Destruclion  des  philosophes,  IGi. 

('.alonymos  hen-l)avid  II.  Sa  traduction  la- 
tine de  la  lettre  sur  l'union  de  l'intellect 
séparé  d'.\verroès,  458. 

Ca'onymos  hen- David,  oncle  de  Todros 
Todrosi,  ,^70. 

Calonymos ,  fils  de  To<lros  Nasi ,  savant 
juif,  784. 

Calonymos  Kohen ,  juif.  Mentionné  comme 
traducteur  de  la  grande  introduction  à  la 
médecine  de  tlonein  ibn-lshaq,  456. 

Calonymos  Nathan ,  savant  juif.  Traduction 
d'Abou  .Sait  faite  sur  son  d^sir,  076.  Men- 
tionné, 674,  582. 

Calia,  fille  d'isaàc,  juive,  660. 

Cantares  de  gesUi  espagnols  du  xiii*  siècle , 
imités  d'un  po«'me  français  perdu  sur  l'en- 
fance de  Roland,  loo. 

Cantique  sur  la  Vierge,  moitié  en  latin, 
moitié  en  français,  373, 

Capétiens.  Deviennent   rois  légitimes  par 


le  mariage  de  l'Iiilippe-Aiiguste  avec  une 
descendante  de  Oliarleniagne,   1  1  S. 

Caideuil,  ville  d  Arthur.  i33. 

Çnrfati,  Voir  hrnël ,  .liirnh  et  Judith. 

Carolcs ,  danses  au\  ihausoiis,  3.1.'),  33fi. 

Casliui.  Voir  Cresrii.^ ,  l)iv  id ,  Israël ,  MnUr , 
Vidid ,   )  ahçiirl. 

Ciupi.  Voir  Abhn-  Mari ,  Datid,  Joseph, 
Sethimiel ,  .Sidomon  l.itspi. 

Cèlinde,  lille  ilu  roi  de  l'erse,  voit  entrer 
cIk^z  elle  .Méliaciii,  173.  ipii  se  doinie  |)Oiir 
.son  fiancé,  174.  Après  sa  fuite,  elle  p-nse 
toujours  à  lui  et  s>'  lait  inlever  par  lui  sur 
le  cheval  d'ébène,  17Ô.  Trompée  par  Cla- 
mazart,  elle  arrive  à  Beaurepaire,  où  le  dur 
veut  l'épouser.  Klle  feint  d'élre  folle,  176. 
Méliacin  ayant  pénétré  près  d'elle,  ils  se 
roncertent  et  partent  sur  le  cheval  magicpie. 
181.  Elle  l'épouse,  i8i. 

Celle  (Abbaye  de  la),  au  diocèse  d'Aik. 

Cérémonies  pour  l'élection ,  la  conserralion 
et  l'entrée  d'un  évéqne  dans  sa  ville  épisco- 
p«le,  78. 

Chaldéen  (Un)  veut  brOler  le  livre  de  Si- 
drach,  287. 

Chansons,  intercalées  par  (iirard  d'Amiens 
dans  Escanor,  169;  dans  Méliarin,  \-h, 
194;  par  Adenet  dans  Cléomadh,  194. 
Chansons  aux  repas,  333;  aux  félrs,  335. 
Marchand  de  chansons,  56. 

Chants  royaux,  333. 

Ckarilé-sur-Loire  (/.a).  Légende  sur  la 
fondation  de  cette  abbaye,  32. 

Charlemagne.  lo'i,  117,  118.  .Son  voyage 
en  Orient  raconté  par  Girard  d'Amiens, 
loi. 

Char'.emagne ,  poème  de  (iirard  d'Amiens, 
écrit  vers  1295,   102.  Ana'.ysé,  194-104. 

Charles  V  fait  traduire  le  livre  «le  l'Infor- 
mation des  prince.',  4i- 


ET  DES   MATIERES. 


809 


Cliailia  17,  roi  di-  l'iaiin'.  Sa  signature 
Mir  un  |i>iiulirr,  !!G(i. 

Cliiiitt's  (le  I  ii/oiï.  (iirnril  d'Amirais  lui 
AviWr.  son  (^hwUmaffiif ,   lô'i,  ly^,  203. 

(îlutrtes,  (lue  «l'Orlt'ans.  Manuscrit  <le  sa 
l>ili)i<>(lir<|ii<',  V'i. 

Climtm  (La  romtrssp  ilv],  tanti^  du  ronitc 
de  IJour^rs,  |iri'nd  en  liainc  la  l'emmr  de 
son  ni\cu,  la  ralomnii*  anprè»  de  son  mari 
el  cause  sa  luite,  !i;i()-S4i.  Klli^  est  prise 
par  sou  neveu  el  ronilamn(>e  an  feu,  3i<j. 

(Jiarlrri.  Monastère  de  Saint-Ilemi,  33. 

ClMlrau-CiaiUaril  (Le)  décrit  par  Guil- 
laume (luiart,  I  i?t. 

Clitviil.  Type  idt-al  du  rlieval  au  moyen 

.■1,1,'e,    178. 

Clirral  ilv  hois  (|ui  s'enlève  dans  les  airs, 
prol>al>lenient  d'origine  orientale ,  193.  Si' 
retrouve  dans  Yulrntin  el  Orion  et  dans  le» 
Ciminbuijr  fii/f.i.  Parodie  ipien  fait  Or- 
vanles.   ic)3. 

Cliniiliir  oux  deux  rpéet  (/.«)■  roman, 
i(i8. 

Cheiitlci  dans  la  versification  de  Guillaume 
(juiarl,  I  '1:1. 

CAirns  .»fii(iii(j ,  .Mj. 
Choi.v  lie  perles ,  355. 
('Jinliiii  iIk  Traies.  iGo,  168,  1C9,   igS. 
CJiry.acrn.  \  oir  Georges. 
Cimriièrr  pài'lrax  {L"),  roman  imiti^  par 
(îirard  d'Amiens,  1O7. 

Cilé  de  Dieu.  Table  de  cet  ouvrage  rtidigée 
au  \i\'  siècle,  G'i. 

Clamuziut  de  Nafirs ,  man|uis  de  Lomile, 
le  plus  savant  dis  |diiIosoplirs,  oflri'  à  Nu- 
hieii  \v  clii-val  d  éliè|ie  merveilleux  qui  s'élève 
dans  les  airs  et  s'y  dirige  au  moyeji  de  clie- 
villes.  Il  lui  demande  la  main  de  sa  lille 
(iloriaiule,  \-i.  Mcliarin  s'élant  plicé  sur 
le  clieval ,  Clamaiart  tourne  une  clicviile  qui 
le  fait  enlever  dans  les  airs.  H  est  mis  en 
prison  par  Nubien,  173.  Délivré  au  n-tour 
de  Méliaein,  il  trompe  Célinde  el  l'enlève 
sur  le  clieval  magique.  Kndormi  auprès 
d'elle ,  il  est  arrêté  par  le  duc  de  Galice  et 
mis  en  prison,  176.  Il  rëvde  sans  le  savoir 
à  Méliaein ,  sou  voisin  de  cacbol ,  la  présence 
dans  la  ville  de  Beaurepaire  de  Célinde  el 
du  clieval  merveilleux,  180.  Il  est  mis  à 
mori,  183. 

Clta-it  et  Loris,  roman  de  la  Table  ronde, 
t53-i6i. 

Claulrc.  clilteau  où  est  enfermé  Méliaein, 
178.  La  châtelaine  le  fait  évader,  179. 


(!i.ÉME>T,  auliur  d'une  vie  du  bieuheureuv 
Thomas  llélie  de  Biville,  65-75. 

Clèainndèi ,  roman  d'Adenet  le  Roi.  Goni- 
paraisoii  av(T  Méliaein.  i8î,  19A. 

CAénmalan ,  iils  du  Soudan  d(;  Damas,  oiln- 
à  Nubien  une  |«)ule  {l'or  magique,  en  obtient 
la  main  de  sa  lilli'  Mélide,  172,  et  l'épouse, 
i8:>. 

CAieedim  (Armes  de  la  famille  de),   î8o. 

Cohen.  \  oir  .l/i/on  ,fds  de  llayyim,  Ahron  , 
Ascher,  Asirnc ,  Ctdonymos ,  David,  (iabriel , 
l.'iiac  (deu'c  fois),  .lonathan.  Judah  (trois 
fois),  l.rvi,  Meïr,  Moïse,  Pereç.  Raphaël, 
Salomon  el  .Sait. 

Colon  (.ios<-ph).  Voir  .loseph  Colon. 

Compral ,  représc^nté  par  des  noms  hé- 
breu», 755. 

Coniprnt  (  Don  )  d'Agde,  juif,  712. 

Comprat  Viilal  t'rrnssol.  Voir  Jacob,  Jils 
de  llfiyyini. 

Compral  de  Vivas  ifArles,  -jSb. 

(bonite  d  Anjou  (Le),  roman  de  Jean 
Maillarl,  3i8-35o.  Compo»^  pour  Pierre  de 
(^hambli  el  terminé  pour  son  fils  Piern-  ('u 
i3iG,  319-330.  Le  sujet  eu  est  emprunté  à 
une  légende  très  répandue,  349. 

Consliton,  c'esl-ii-dire  Constantin  l'Afri- 
cain, 58o. 

Coita  ben-l.oaifa.  Sa  traduction  arabe  du 
traité  d'Archimède  sur  la  sphère  et  les  cy- 
lindres, traduit)'  en  hébreu  par  Calonymos, 
437. 

Coucou  (Chant  du),  58. 

Courirui  (Itataille  de).  Précieux  nmseignc- 
ments  fournis  par  (îuillaume  Guiart,  i3o, 
4i3,  791. 

Crescas  (Famille).  Ouvrage  dédié  à  elle, 
747. 

Cresc<i3  Calonymoi,  juif,  copiste  d'un  ma- 
nu.scrit,  .^86. 

Crescas  Crcsschent,  juif,  copiste  d'un  ma- 
nuscrit, 56  i. 

Crescas  de  Caslur,  le  jeune  (Zemah ,  fils  de 
Jedidiah),  juif,  copiste  d'un  manuscrit,  6^7. 

Crescas  Nathan ,  médecin  juif  Traduction 
faite  sur  sou  désir,  779.  Mentionné,  hn-i, 
58i- 

Crescas  Vidal,  copiste  d'un  manuscrit, 
iSi5,  583. 

Crescas  iVkCT  (l'e  Salon?),  père  de  Bon- 
godas  Nathan,  métiecin  juif,  58o. 

Croisades.  Sermons  pour  engager  à  prendre 
la  croix,  59.  Tableau  d<-s  croisades  dans  le 
livre  de  Sidrach,  3o6-3ii, 


Dait  (Prise  du),  le  i  avril  i3o3,  114. 
Daniel  (Le  livre  de),  393,  39!. 

TOME   X.\XI. 


D 


Daniel,  Iils  de  Samuel  de  Kossana,  poète 
juif,  373. 


102 

lUPKIIttKIt     KATIOllLr. 


810 


TABLE  DES  AUTEURS 


Danitl  de  ^t(^'l''t^'^  ^C^.  juif,  454. 

Dascola.  Voir  MoUe ,  Samuel. 

Date  et  DaUtar  (Conte  des  frères),  5i. 

David,  copiste  juif,  608. 

David al-Htatjomnss ,  \ui{ ,  philosophe,  38o. 
Voir  les  Additions,  797. 

David  ben-Ger.ion ,  copiste  juif,  .ïgo. 

David  ben-llodiy ah,  rabbin,  70.'?. 

David  ben-Lni ,  de  Narbonne.  rabbin, 
iG8. 

David  ben-Zebi  Hirich.  Son  commentairi' 
4ur  l'Examen  du  Monde,  386. 

David  Honet  lionjorn ,  ou  David  fds  de 
Bonrt  Yom-Tob.  Lettre  à  lui  adressée,  7^6. 
Mentionné,  7I2.  Voir  lionrt  David. 

David    Caspi ,    pour    Abba-Mari    (^aspi . 

'"79- 

David,  de  Narbonne,  rabbin,  468. 

David  de  Roquemabtim  ,  théologien  juif. 
Ses  ouvrages,  6C0. 

David  de  Sesmaiions ,  eiconntnunié,  81. 

Daiid  d'Estetla.  Voir  David  Kolfhabi. 

David  de  K((/?/or(,  rabbin,  468. 

David  d'Ilnlia,  pour  David  {l'Kstella, 
173. 

David ,  fils  de  Jiidah,  messer  Léon,  philo- 
sophe, 373. 

David,  fds  de  Safd ,  rabbin,  086. 

David,  grand-père  il'Ahron  Kohen,  rab- 
bin, 468. 

David  KokHABi  d'Kstella,  rabbin.  Sa 
\ie  et  ses  ouvrages,  471-  Mentionné,  65.Î , 
607,  68'i,  688,690,  7i9(p">'?Di:;D). 

David  Lévi,  rabbin,  'i6.ï. 


David  (Maeslre)  de  Lattes,  achète  nu 
manuscrit,  58't. 

David  (Messer),  fils  du  médecin  Jaroli 
Calonymos.  Un  manuscrit  copié  pour  lui, 
486. 

David  Prnprçjue,  juif  de  Marseille,  553. 

David  Qamlii,  juif,  grammairien,  4o5, 
53 1.  686. 

Davin  (Maeslre)  de  Lattes,  proprii!tain> 
d'un  manuscrit,  4i5. 

De  la  Vigne,  nom  supposé,  758. 

Demctre,  clerc  grec,  transporte  le  livre  de 
Sidrach  en  Espagne,  387. 

De.icors,  33  3. 

Devise  :  Sans  nombre,  i\i. 

Dictons  mnéninniipies,  14. 

Differentialrs  versus ,  i5,  17. 

Dtnadan.  Son  caractère  badin,  157.  Ses 
railleries  coutn;  la  chevalerie,  lOo.  S«'s 
mésaventures,  itii. 

Djabir  ibn-Ilavynn ,  astrologue  arabe.  Son 
traité  sur  les  poisons,  4ii,  446. 

Doctrinal,  valeur  d('  ce  mot,  6.  Voir 
Alexandre  de  Villedieu.  Doctrinal  acheté  n 
Orléans ,  .'il. 

Dodinel ,  161. 

/)ouc«,  juive,  fille  d'Abba-Mari  lien-Klig- 
ilor.  'i48,  655. 

Douran  (Sire),  rabbin,  465. 

Draguigaan,  ig. 

Droit  a  aînesse  moins  absolu  au  Mil'  siècle 
en  France  qu'en  Angleterre,  1  38. 

Durand  de  Champagne ,  Sg. 

Dyasinthelica  ou  Dyatintaslica ,  6. 


Kcoles  de  Bretagne  au  commencement  du 
tiv'  siècle,  3g-33. 

Ecoliers.  Vers  plaisants  à  leur  usage,  i4. 
Leur  fête  à  Morlaix,  3i. 

fCcnivAiNs  ET  TRADiiCTEuns  (liébreux)  DE 

DATE  INCERTAINE ,  738. 

Ecroaelles  guéries  par  le  toucher  du  roi 
de  France,  1 17. 

Echecs  (Jeu  d'),  33  4. 

Edmond  d  Estoatcvitle ,  376. 

Eléaiar  ben-Adrut,  juif  de  Majorque, 
5i6 

Eléatar  Calir,  iiturgiste  juif,  355. 
I   Eléatar  de  Worins,  cabbaliste,  4o5. 

Eliaiar,  tils  de  Salomon.  Son  commentaire 
iar\'Examen  du  Monde,  386. 

Eléazar  Parnas ,  copiste  d'un  manuscrit, 
676. 

Elections  ecclésiastigues  (Abus  dans  li-s) , 

23  |,    335. 

Etie  de  Genneitano ,  poète.  373. 


£/(«  del  Mtdigo,  philosophe  juif,  prétend 
que  les  Tables  astronomiques  d'Alphonse  le 
Sage  furent  traduites  par  Calonymos,  455. 

Eliede  Montalcino.  Ce  qu'il  dit  concernant 
David  de  Roquemartin,  661. 

l'ilit  de  Paris,  rabbin,  ^69. 

Elie,  (ils  d'Isaac  de  Cartassouue,  rabbin, 
686.  683. 

Elie  Habill»,  traducteur  juif  dos  é^rit^ 
de  Versor,  789. 

Eliéter  ben-llyrcanos ,  un  des  docteurs  de 
la  Mischnah.  Chapitres  à  lui  attribués  e«- 
pli<|ués  par  Abba-Mari,  fds  d'Lligdor,  548- 

Ffliéter  ben-JudtJi,  rabbin,  468. 

Eliéier  bea-Nathan,  de  Mayenre,  40«). 

Eliiier  Crescas ,  juif ,  660. 

Eliéter  de  Bourgogne,  rabbin,  ^69. 

tUiézer  de  Chinon,  rabbin,  4o^,  4o5. 

Eliéter  de  Metz,  rabbin,  '174  ,  685. 

Eliéter  de  Tarascon,  rabbin,  468. 

Eliéter,  fds  de  Zacharie,  rabbin,  687. 


ET   DES  MATIERES. 


81 


Elicier,  liis  dimmanuol  de  Tarascon ,  rab- 
bin. O87. 

Elisée  ben- Airaka/n ,  juif,  utilise  le  Dic- 
tionnaire de  Caspi,  53 1. 

Emblèmes  bki.iqces,  ii8-2i6. 

Emir  el-Momenin.  seigneur  de  Tunis, 
reroit  du  roi  d'Kspagnn  le  livre  de  Sidracli 
traduit  en  arabe,  387,  38g. 

Enjnnt  prodigue  (L).  Versions  françaises 
d<^  rclU:  parabole,  237,  238. 

Enseignement  (Gratuite  de  1'),  12t. 

Eiikmli.  Noir  l'rojtl  Douran. 

Erjurl  (  Manuscrits  de  la  bibliotbè<|ue  d'  ) , 
I,  II,  ib,  17. 

Ermenie  [La  Grandi),  171,  17(1.  180. 

Escanor,  roman  de  (lirard  d'Amiens,  éi-ril 
vers  1280,  102.  AnalNse  de  ce  roman,  i53, 
171. 

Eicanor  te  lieau  ou  le  l'ropliès  de  la 
Blanclie-Moutagnr,  accuiic  (îauvain  de  trahi- 
son, iGi.  Kst  blessé  traitreus<-meiit  par  (>a- 
lantinel,  i63.  Il  guérit  de  sa  blessure,  i64- 
Il  combat  Gauvain.  16S.  Il  se  réconcilie  avec 
lui ,  apprend  la  mort  de  sa  femme ,  se  fait 
ermite  dans  une  forêt  et  y  meurt  saintement , 
16Q. 

Escanor  le  Griuul,  roi  de  la  Grande-Mon- 
tagne, onde  d'tscanor  le  Beau  et  prédestiné 
à  être  vaincu  par  Gauvaiii,  iC3.  Il  l'est  dans 
te  Cimetière  périlleux ,  i63,  167.  Il  veut 
venger  sur  Gauvain  le  meurtre  de  son  ne- 
veu, ifi4.  De  nouveau  vaincu  par  Gauvain, 
il  perd  son  cbeval  Gringalet,  i6à.  Il  retrouve 
le  corps  de  son  neveu,  166. 

Eseapal  Mélil  Halévi,  poète,  766. 

Etclarmonde ,  £ée,  amie  de  Briant  des  Ile», 
169. 

EspagM  (Le  roi  d')  fait  traduire  le  livre 


de  Sidrach  du  latin  en  arabe  et  l'envoie  ii 
Émir  el-Momeiiin,  seigneur  de  Tunis,  287. 

Espinoi/re,  107. 

Estampies ,  chansons,  323. 

Estelle,  fille  d'Isaie,  à  Salon,  669. 

Estlier,  lille  de  Jacob  Çariati  ,711. 

KsroRi  Pahhi,  casuiste.  Sa  vie,  lo3.  Si's 
ouvrages  :  Chapiteaux  et  corolle,  io5;  Boilc 
de  parfamt ,  ^o6;  Lis  de  roi,  A 06;  Porte  du 
Ciel,  io7.  Traduction  d'un  ouvrage  de  mé- 
decine d'Armengaud  Biaise,  407. Traduction 
du  livre  des  purgatifs,  ào8. 

Etainpes  ( L'hôtel-Dieu  d'),  34o. 

Etats  généraux  convoqués  i  Paris  au  com- 
mencement du  xiv'  siècle,  28. 

Etienne  de  Bourgaeil,  oflicial   d'Angers, 

77-. 

Etymologie  (Définition  de  I'),  6. 

Euclide  (Hvpsiclès).  Introduction  à  son 
premier  livre,  par  Abba-Mari,  552.  Le 
I  i'  livre  traduit  en  partie  par  Calonymos , 
iti ,  et  par  Samuel  de  Marseille,  56o. 
Mentionné,  38o,  491. 

Eudes    Rigaad,    archevêque    de    Rouen, 

Eutociu  d'AiCttlon.  Son  commentaire  du 
traité  d'Archimède  sur  la  sphère  et  les  cy- 
lindres, traduit  probablement  par  Calony- 
mos, 437,  138. 

Evangiles  a  peintures,  282,  283. 

Evrard  de  Béthune,  9. 

Excommunications  (Abus  des),  89. 

Exemples.  Recueil  composé  par  un  reli- 
gieux de  la  Pénitence  à  Marseille,  /17-57. 
Recueil  d'eiemples  classés  alphabétiquement . 
57-62.  Recueil  intitulé  Uanipulus  exemplo- 
rum,  62-65. 

Exemptions.  Abus,  89. 


Farabi  [Al-).  Traductions  hébraïques  de 
son  traité  intitulé  De  intellectu  et  intelligi- 
hili ,  par  Calonymos  et  par  deux  anonymes , 
i  1 9 ,  43o  ;  du  traité  sur  le  nombre  des  sciences, 
par  Calonymos,  43o;  du  traité  sur  la  mé- 
thode pour  étudier  la  philosophie ,  par  Calo- 
nymos, Mo\  du  traité  intitulé  Source  du 
jugement  des  questions,  par  Todros,  670. 
Mentionné,  SgS,  498. 

Faust  ou  fVust,  Joël.  Sa  traduction  alle- 
mande de  l'Examen  du  Monde,  387. 

Felinette,  nièce  d'Escanor  le  Grand,  révèle 
à  Gauvain  le  sort  qu'on  a  jeté  sur  le  Grin- 
galet et  en  reçoit  la  promesse  de  la  suivre 
où  elle  voudra,  i65.  Elle  réconcilie  Escanor 
le  Grand  et  Gauvain,  iGG. 

FemHut.   Opinion    de   Sidrach   sur   leur 


compte,  298,  3o2.  Sont  plus  légères  que 
les  hommes,  3i4. 

Fergani,  igi. 

Ferrandut  Pétri,  de  Kunes,  2i5,  216. 

Fêtes  en  Bretagne,  3i,  34. 

Filles.  On  leur  enseigne  la  grammain-, 
33. 

Fi'tr  IVarin  (Famille  des).  Ses  armes, 
280. 

Flandre  (La  guerre  de)  en  i3o4.  109  el 
suiv. 

Flore  le  Beau,  prince  de  Salenique,  oITre 
à  Nubien  une  figurine  magique  et  obtient  la 
main  de  sa  fille  Ide,  172.  U  l'épouse, 
181. 

Flotte  de  Philippe  le  Bel,  i3i. 

Folifurt  de  Marseille ,  53. 

103^ 


«12 


TABLE   DES  ALTEURS 


Fontaine  ite  toutes  scieiicrf  iLa\,  lilri"  «ulr 
(loiiiic  liortiis  au  livre  <|ui  ciinlicnt  1rs  ré- 
jionsi's  (II'  Siilracli  à  si»  <|ueslioiij,  ■187. 

h'orriiltfiiirr,  ^(j. 

KonMi.i.MiiK  i)K  TiiKOurEn ,  3 3  .'ij.   ' 

l-'onaifc ,  iinpiit  sur  lis  fou\,  Klahli  111 
N'nriDaiiilir  avant  de  Irtri'  un  Kranre,  i].'i. 

Finiiçnis  ilnsliiius,  d  après  Sulracli,  à  rlrr 
la  |iliis  |>uissaiiU.-  nation  du  nioudr,  3(i^, 
.lo5. 

t'ritnçaii.  (ilo-ics  l't  |)rovrrl)rs  rn  friuirais 
dans  dos  Iraiti's  de  grammaire ,  4.  ô.  Moti> 
l't  proverbos  franrais  dans  un  recueil 
il'exoniplcs,  âH. 


Francf.  lii;  roi ,  d'après  (ïnillailrne  (iiiiarl . 

est  supérieur  à  tous  les  souveniins,    117. 
Fnwccs  Jacoh,  Voir  Jacob  Ffancrs, 
Fiwiriiii     /".     ('alalo;;ue     de     «'»    livrif" 

conservés    à    la    l)ibli<>tliè(|ue    de    Vienne. 

Frédi'ric  II  reçoit  de  Tunis  la  tradurlion 
lalinc  du  livre  de  Sidracli,  .188.  ''sa  rorres- 
|vondance  pliilosoplii(|ue  avec  les  iiiusulnians. 
lliiyii)0.  l'arail  avoir  commandé  le  livre 
des  propliélies  de  Merlin,  191.  Mentionné. 
53,  587. 

FuruTaillet.    Rapines     à     leur    occasion . 


(îaarah  ou  Gaïaah,  roi  des  Indes.  JO'i, 
!  94.  3 13. 

Gabriel  Cohen,  de  Lunel,  médecin.  Ses 
prescriptions  inédicales,  780. 

Gabriel,  fds  de  Judali,  de  Vilri,  7G3. 

Gabriel,  médirin  juif,  auteur  des  notes 
sur  tabula  sujur  Vita  brevis ,  d'Arnaud  de 
\  illeueuve,  78a. 

Galuriet,  frère  de  Gauvain,  i5ô,  i(i\. 

Galante  Moïfr ,  le  jeune.  Son  commentaire 
sur  VExamen  du  Momie,  386. 

Galantinit,  livre  de  Gillet,  frap|)<?  Irai- 
Ireusenient  Kscanor  le  IVrau,  iliô,  16G. 

Galice  (Le  duc  de)  trouve  (ilaniaxart  et 
(j^linde  endormis,  met  Clamazart  en  prison 
et  veut  épouser  Célinde,  17G.  Méliacin  la 
lui  enlève,  181.  Il  se  rend  à  Savarnon  et 
épouse  Oriande ,  181. 

(îatien.  Traductions  liébraîques  de  son 
traité  de  médecine,  par  (ialonymos,  /|3'|. 
Résumé  de  ses  livres,  455.  Traduction  du 
traité  De  inœquali  intetii périr ,  par  David  Cas- 
lari ,  G'iO.  Mentionné,  4o5,  760. 

Galopin ,  messager,  s'enivrc>  et  se  laisse 
deuv  fois  enlever  les  lettres  (|u'il  est  cliar);é 
de  porter,  330-338. 

Gninbc,  courbe,  plié,  137. 

Giud  ou  Goi-t.  Voir  Abraliam,  .Itsepli , 
Moïse  Gard. 

Gnrt'n  (Frère),  768. 

Gaucher  de  Chàtilim ,  cunnétalile  de 
France,  indique  à  Girard  d'Amiens  le  sujet 
lie  Méliacin ,  191. 

Gautier,  se  jetant  à  la  mer  par  désespoir 
d'amour,  54,  55. 

Gautier  (Maître).  Traduction  liébrai<|uc 
de  ses  ouvrages,  656,  787. 

Gauvain  amène  Andrivette  à  Arthur,  i58. 
Ksi  accusé  d'une  trahison  et  doit  combattre 
relui  qui  l'kccuse.  Son  trouble,  163.  Il 
apprend  que  son  accusateur  ■  été  la  victime 


d'un  meurtre,  l(>3.  Il  poursuit  en  vain  des 
inconnus  qui  ont  l'ait  prisonnier  Oiflet.  lO.i. 
Il  est  prédestiné  ii  vaincre  l'.sranor  le  Oand . 
i63.  Il  est  du  nouveau  accusé  de  trahison  el 
triomphe  de  Briant  des  lies,  iG4.  '^njrt  de 
poèmes,  333.  Il  combat  Kscanor  le  Grand 
et  s'empare  de  son  cheval  (iringalel,  i65. 
.S's  forces  diminuent  après  l'heiii-e  de  midi . 
■  60.  Il  se  réconcilie  avec  Kscanor  Ictjrand, 
166.  Sa  lutte  avec  Kscanor  de  la  Montagne 
dans  le  Cimetière  périlleux ,  iG3,  167. 

Ga;za/i.  Son  ouvrage  Destruction  d'S  philo- 
sophes traduit  en  hébreu  par  Juda  Nnllian, 
576.  Mentionné  par  Todros,  375.  .\utres 
traductions  mentionnées,  G70,  733.  Imita- 
tion par  Abraham  Abigdor,  718.  Commen- 
taire par  Moïse  de  Narbonne.  670,  et  par 
un  anonyme, 733.  Indication  douteuse,  55i. 
Traduction  hébraïque  de  sa  />cj(rur(ion  </r.< 
philosophes ,  par  Zerahyah  lial-Kévi  .Saladin  . 
attribuée  par  erreur  à  Calonymos  Todrosi. 
4G3.  Traduction  de  ses  n'ponses  à  qiiel<|ues 
questions  par  Isaac,  fils  de  Nathan,  de  Cnr- 
lioue,  577. 

Gedaliah  ibn-)ahya,  liislorien  juif,  373. 

Geiiuium ,  nom  d'Orléans,  39,  3o.  33. 

G«nci«n  (Jacques  et  Pierre),  bourgeois  de 
Paris  :  leur  vaillante  conduite  à  la  bataille 
de  Mons-cn-Pevèle,  1  \o. 

Genùlis  de  Foligno,  719. 

Geoffroi  d.lniii,  vicomte  de  tiaveui . 
83. 

Geoffroi,  fils  du  roi  Henri  11,  arcbevè<|ue 
d'Yori,  308. 

Geoffroi  Toarnemine,  évéque  de  Tréguier. 

36,33. 

Georges  Chrysocca,  mathématicien.  Son 
commentaire  sur  les  Six  ailes,  O93,  G93. 

Gérard  liututus.  Son  traité  sur  des  purga- 
tifs, 409. 

Gérard  d*  Crémone.  Ses  traductions  latines 


ET  DES  MATIERES. 


813 


(les  (raités  d'Archimèdo ,  \bg\  <1<!  Nériïi, 
420;  de  Faralii,  43i. 

Gérard  de  Dontii.  Son  Iraité  sur  des  pur- 
gatifs, ioQ. 

Gérard  de  Solo.  Son  traité  sur  les  fièvres, 
traduit  par  Abraham  Abii^dor,  719.  Traduc- 
tion hi'braî<|uc  do  sa  traduction  d'AI-Mansori , 
730;  de  son  manuel  de  médecine,  par  Léon 
de  Carcassonue ,  775.  Mentionné,  409,  71g, 

^^°■ 

Gertchom  ben-Salùmon ,  de  liéziers ,  rabbin  , 

Gtrsom  de  Metz,  rabbin,  4>o,  i6-],  6\i, 
085. 

Gersont,  fils  de  Salomou,  rabbin,  475. 

Gcrson  de  liéziers,  rabbin,  C87. 

Germon,  fils  de  Salomon  d'Arles,  rabbin, 

ose. 

Genon,  fds  d'Êiécbiet,  médecin  juif.  Ses 
écrits,  781. 

Geataregis  Ludmici, utilisés parGuillaume 
(juiart  dans  la  première  rédaction  de  la  tra- 
duction, 138. 

GiHer,  317. 

Gijlel,  i58.  U  propose  i  Gauvain  de  se 
battre  à  sa  place  contre  Escanor  le  Beau, 
ibi.  Il  est  bit  prisonnier  par  les  cbevalicrs 
d'Escanor  le  Grand ,  iG3 ,  et  est  enxoyé  chez 
la  reine  des  Traverses,  i64 ,  qui  s'éprend  de 
lui.  Il  l'aime  aussi,  mais  il  n'ose  le  lui  dire, 
i65.  11  est  mis  en  libt'Tté  et  l'épouse,  16G. 

Gilbert  l'Anglms,  578. 

Gilbert,  médecin,  677,  7H. 

Gilles,  abbé  de  Saint-Uenys,  auteur  sup- 
posé de  la  cbroniipie  d'Yves,  1  ^7. 

Gilles ,  confesseur  de  Pierre,  comte  d'Alen- 
çun,  171. 

Gilles  d'Arles.  Ses  prescriptions  traduites, 
788.  Mentionné,  078. 

GiUes  de  Home.  Le  traité  de  l'Information 
des  princes  lui  est  indûment  attribué,  43, 
44- 

Gilles  de  Thebaldis.  Sa  traduction  latine 
de  l'ouvrage  astrologique  d'Ibn  Abi-Ridjal, 
763. 

Girard.  Auteur  d'un  lai  d'amour,  3o4- 

Gn aud  d' AHims.  Auteur  de  romans ,  1 5 1 , 
io5.  N'a  pas  pillé  Adenet  dans  Méliacin,  i85 , 
1 86 ,  1  got  A  continué  la  Berte  d'Adenet  dans 
son  Charlemagne,  186-101,  et  en  a  imité 
les  raffinements  de  versification,  ioi-2o4- 

Girard  d^ Amiens,  auteur  d'un  jeu  parti, 
n'est  pas  le  même  que  l'auteur  de  Miliacin , 
3o4. 

Girardin  iAmiens.  Voir  Girard  d Amiens. 

Gog  et  Magog  (Légende  de),  3o8. 

Goodman.  Sa  traduction  allemande  de 
l'Ëroinen  du  Monde,  387. 

Godefridus  de  Athenis,  18,  note. 

5   4 


Graboeli  l'Espagnol.  Ses  prescriptions  nit'- 
dicales,  786. 

Grammaire  (Éloge  de  la),  .). 

GnAMMATICAt.K   .'«OVtSSIMlM ,    !).'>. 
(înAMMATICAI.E  NOVIM,    3  1-2.'>. 

Grande  Montagne  (Royaume  de  la),  i(iS. 

Gravetines  (Prise  de),  i3i. 

Grecs  confondus  avec  les  Romains  dans 
le  livre  de  Sidrach,  3o4,  3i3. 

Grimaldi  (L'amiral  Renier),  i32,  i34. 

Gringalet  (Le),  cheval  de  Gauvain,  i54; 
conquis  par  lui  sur  Escanor  le  (îrand. 
i65. 

Guenihre,  femme  d'Arthur,  est  dans  (ii- 
rard  d'Amiens  le  modèle  de  toutes  les  ver- 
tus, 168. 

Guersoi,  137. 

Gui  de  Chauliac.  Traduction  hébraïque 
de  sa  grande  Chirurgie,  par  Asclier,  fds  de 
Moïse,  781.  Il  n'est  pas  l'auteur  de  l'abrégé 
de  cet  ouvrage,  ibidem. 

Gui  le  Queux  (Le  fils  de),  d'Orléans, 
copiste,  283. 

Guiort,  auteur  d'un  Art  d'amours,  i43. 

Guillaume  (Saint),  moine,  52.- 

Guii.i.vuMK  Bkanard,  frère  Prêcheur, 
100.  A  traduit  en  grec,  au  rapport  de  Ber- 
nard Gui,  quelques  œuvres  de  saint  Thomas, 

103. 

Guillaume  d  Auvergne,  évéque  de  Paris. 
60. 

Guillaume  de  Nangis,  historien  de,  saint 
Louis,  utilisé  par  G.  Guiart,  138. 

Guillaume  de  Poitiers,  grammairien,  1  i. 
11. 

Guillaume  de  Sauifueville,  cité,  83. 

GiiiUaume  Duranti,  évéquc  de  Mende, 
neveu  du  Spéculateur.  Ne  paraît  pas  l'auteur 
du  traité  De  rebu$  in  concilia  dejiniendis, 
310. 

Guillaume,  é\éque  de  Rennes,  consacre 
Guill.  Le  Maire,  évéque  d'Angers,  7g. 

Guillaume  Guiaiit,  d'Orléans,  io'i-i43. 

Guillaume  Indrocaap,  26,  27. 

Guillaume  le  Brc  ton ,  grammairien ,  11. 

Guillaume  le  Breton,  historien,  suivi  par 
Guillaume  Guiart ,  11g. 

Gui/^ttiii«  le  Grand,  comte  de  Poitou ,  5'i, 
53. 

Guillaume  Le  Maire,  évéque  d'Angers. 
Sa  vie,  75.  Ses  œuvres,  84. 

Guillaume  I^seoi,  à  tort  supposé  auteur 
de  la  chronique  d'Yves ,  i4g. 

Guitequin,  chanson  de  geste,  utilisée  par 
Girard  d'Amiens,  301. 

Gundisalvi.  Sa  traduction  latine  du  traité 
sur  le  nombre  des  sciences  d'AI-Farabi ,  men- 
tionnée, 43 1. 


81/1 


TABLE   DES  AUTEURS 


H 


llagui  language ,  •]^. 

//aijiK rie  (Prise  <l«  fa),  108. 

Ilnlal'tn,  (ils  d'Abraliam ,  juif,  copiste, 
73.. 

Hamburger  (S.).  S*  traduction  allemande 
lie  l'Kxnmen  du  Monde,  AH-j. 

Ilarilouin  de  Uontesclaire  aime  Satille, 
s'altac  lie  à  Méliaciii,  garde  Sal>cl  prisonnier 
riant  son  château  et,  après  la  mort  de  Sa- 
liol,  l'ail  la  pais  a>ec  Alsimus,  178,  et  plus 
lard  a\iT  .Nalalus,  180.  Il  é|)Ouse  Savilie, 
1K3. 

Htudaï  Crticas,  pliilosoplie.  Ouxrage  à 
lui    dédié,    749,     Mentionné,    45i,    7^0, 

779- 

Ilinyim  Hiuuch  ,  rabbin ,  4  1  o. 

Unvyim  bcn-David  (Vidal  de  Tournon), 
i-opislc,  583. 

Harrim  beii-Mathithra ,  de  Montpellier, 
raliUin ,  /jG8. 

Ilayrim  de  Bloi.s,  rabbin,  469. 

Ilayyim  ibn-Samhoun ,  poète,  370. 

Ilecbiiigen  (Ëlie).  Son  commentaire  sur 
VEinmen  du  Monde,  38G. 

Hector  des  Marcs,  1D7,  lO'i.  Le  même 
que  Tor  ou  Eleclor,  fils  d'Ares,  168. 

llcUer.  Voir  Yom  Tob. 

Henri  du  Trév'iu,  copiste,   'n. 

Henri,  liôtn  de  Méliacin,   178. 

Ihnriijur  {Don),    roi   de    Navarre,    708, 

Hérétiques.  Plaintes  sur  le  danger  qu'ils 
l'ont  courir  à  l'Kglise,  i]5,  316,  ifj. 

Heri  pasius,  nom  donné  au  jour  choisi  en 
Bretagne  pour  fêter  les  maîtres  de  maison, 

34. 


Herzon,  commentateur  du  Doctrinal,  du 
Grccisme ,  etc.,  18,  19. 

Heures  du  maréchal  Boucicaut,  lit;  de 
la  famille  de  Rohan,  i5i. 

Hezrliias  (  ISonenJanI  ) ,  de  Milhau ,  médecin 
juif.  Son  traité  de  médecine,  763. 

Hieronymui  de  Sancta  i'ide  (Josué  Lorca). 
Traité  contre  lui  par  Isaac  Nathan,  SSi. 

Hipponate.  ( jinimentairc  sur  ses  Apko- 
ritntes  par  Juda  (Astnic),  lits  de  Samuel 
.Scliallouiii,  757.  Mentionné,  38i,  4o5. Tra- 
duction de  l'ouvrage  sur  la  relation  de  l'as- 
troiiomic  et  de  In  médcrine  (attribué),  par 
Léon  de  Carcassonne,  777. 

Hirscli ,  fds  de  Meîr.  Sa  traduction  alle- 
mande do  l'Examen  du  Monde  et  son  com- 
mentaire héhnru  sur  ce  livre ,  386. 

Hirschjeld  (J.).  Sa  traduction  allemande 
<lc  X Examen  du  Monde,  387. 

Histoire  sainte  en  tableaux  peints  sur 
des  rouleaux,  35S-35C. 

Honein  ibn-lshaij ,  traduction  de  sa  Grande 
introduction  à  la  médecine,  attribuée  à  Calo- 
nymos,  i3G.  Ses  traductions  mentionnées, 
437,  491,  544,  784. 

Honerelle,  amie  du  Beau  Mauvais,   i54. 

Hughe  de  (Àunpedene ,  auteur  de  la  version 
anglaise  de  Sidrach,  317. 

Hugues  de  Saint-Cher,  cardinal,  67. 
584. 

Humeurs  (Les  quatre)  ou  complexions  de 
l'homme,  i38. 

Hjèret  (Château  d'),  en  Provence,  5o. 

HypsicÙs ,  traduction  du  i4'  livre  d'Eu- 
dide  par  Calonymos,  4i5.  Complétée  par 
Samuel  de  Marseille,  416,  46o. 


Ide ,  fille  de  Nubien,  171.  Elle  est  pro- 
mise par  son  père  à  Flore,  prince  de  Sale- 
nique,  17'!,  et  l'épouse,  i8j. 

Ider.  i54. 

lediah ,  etc.  Voir  Jedaiah. 

Images  (Livres  d')  destinés  à  l'instruc- 
tion religieuse  et  aux  exercices  de  piété  des 
laïques,  3i3,  385. 

Inunaniiel,  de  Milhau,  677. 
'  Immanuel  de  Rome ,  (ils  de  Salomon ,  poète 
juif.  Ses  éloges  de  Calonymos  ben  Calony- 
mos, 419.  430,  43  1.  Allusion  supposée  i 
lui,  454.  Explication  de  l'Ecclésiaste ,  37, 


Ihmanuel  di  Tarascom,  lils  de  Jacoh 
(Bonfils),  astronome.  Sa  vie,  693.  Ses 
écrits  astronomiques,  694  à  697;  astrolo- 
giques, 697,  698.  Sa  traduction  de  l'histoire 
d'Alexandre  le  Grand  (Hisloria  de  pntliis), 
698.  Probablement  une  exposition  sur  l'Ec- 
ciésiaste,  699.  Ses  tables  astronomiques 
continuées  par  Samuel  Dascola,  706.  Com- 
mentaire sur  ses  tables,  par  Moïse  Kémssol 
Bolarel,  780.  Mentionné,  687,  688,  690, 
700,  763,  766. 

Indéclinables  (Mots).  Leur  régime,  9. 

iNronMATioNE  pniHciPUM  (LniK  db),35- 
47. 


ET   DES  MATIERES. 


815 


Inyehurge,  reine  de  Fianro.  Son  psautier, 
■tCi,  565,  794. 

/onct  Alain,  châtelain  de  Ranhourc,  dé- 
l'end  Amirivetle  contre  Aiglin,  i56.  Il  gou- 
verne pour  Ken  le  rovaume  de  Norlioniber- 
lande,  làg. 

Isaac ,  juif,  5  17. 

haac  Àboab,  rabbin,  U60. 

haac  Abravanel ( Don) ,  exégètc,  ^97,  ôiS, 
j3î  ,  534,  6C2  ,  Mi. 

baoc  a'- Iia{(ij,  traducteur  juif.  Sa  traduc- 
tion des  Intentions  îles  i>kilosni)hes  de  (îa?- 
zali,  698. 

baac  al-Fasi ,  rabbin  ,491- 

Aaac  liaijat,  rasuiste,  766. 

haac  ben-Abba-Mari ,  rabbin,  4o5,  47>. 
658,  68G. 

haac  benCarilinal ,  traducteur  de  Kbosari , 
756. 

Isaac  ben- Joseph  ben-Salomon,  etc.,  co- 
piste, 759. 

Isaac  ben-Mosci. de  Narl«>nne ,  rabbin, 648. 

Isaac  Cabret,  traducteur  juif.  Sa  traduc- 
tion de  i'Hxposido  in  Antidotarium  NicoLii  de 
Jean  de  Saint-Amand,  788. 

Isaac  Cohen,  copiste  juif,  GG9. 

Isaac  Cohen,  de  Narbonne,  lubbin,  468, 
•187,  O89. 

Isaac  de  Corbeil,  rabbin,  4o5,  469,470, 
476,  683,  684,  686,  716. 

Isttac  de  Marseille,  rabbin,  686.  Voir 
aussi  Isaac  ben-Abba-Mari. 

Isaac  de  Nahna,j\xif,  traducteur  du  traité 
d'Averroès  contre  Gazzali,  intitulé  Destruc- 
tion de  la  destraction ,  46 1. 

Isiiac  de  Saintes,  rabbin,  '169. 

Isaac  d'Orbeil,  rabbin,  469. 

haac,  fils  d'Abraham  de  Narl>onne,  rab- 
bin. 687. 

haac,  rds  d'Abraham  do  Sens,  rabbin, 
io5,  469. 

haac,  fils  d'Abraham  de  Trets.  Traduc- 
tion faite  sur  son  désir,  656. 

Uaac,  fils  de  Calonvmos,  de  la  famille 
Nathan,  théologien.  .Sa  \ie  et  ses  écrits, 
583-585.  Mentionné,  761. 

Ixaac,  fils  de  David  de  Beaucaire,  co- 
piste, 599,  657. 

Iiaac,  liis  de  Juda,  rabbin,  687. 

haac,  fils  de  Juda  de  Narbonne,  rabbin, 
658. 

Isaac,  fils  de  Juda  de  Perpignan,  mé- 
decin juif,  681. 

Itaac,  fils  de  Juda  Lattes,  de  Montpel- 
lier, rabbin,  687,  689. 

Isaac,  fils  de   Mardochée,   rabbin,  4o5. 

Isaac,  fils  de  Mardochée  Qamhi  (maestre 
Petit),  liturgiste,  739.  Ses  Réponses  de  ca- 
suistique, ibid.  Mentionné,  600,  688. 

haac,  fils  de  Marwan,  rabbin,  687. 


haac,  fils  de  Meïr  de  Mcyran^es,  juif, 
aide  Joseph  Caspi  pour  son  ('oinni<M)lair<' 
sur  Ibn-Eira,  ^83. 

haiic,  rds  (le  Vteîr,  rabbin,  4o5. 

hiiac,  fils  de  Moïse  l,é\i.  Voir  Pro/H 
Douran. 

haac,  fils  <le  Nathan,  de  Corduue,  tra- 
ducteur des  Réponses  de  Oaziali,  077,  6.">'|. 

haac,  fils  de  .Samuel,  rabbin,  /io5. 

Isaac,  llls  de  Todros,  médecin.  Sa  vie  et 
ses  ouvrages,  699.  Mentionné  sous  le  nom 
d'Isaac  Todros,  700. 

huac  fîari/,  juif,  06.'). 

haac  i&n-Ci(/,  juif,  traducteur  des  Tables 
d'Alphonse  le  Sage,  455. 

haac  ibn  Gayynth  ,  rasuiste.  Son  commen- 
taire sur  l'I'icclésiasle,  38o. 

haac  ihn-Muquatel,  philosophejuif,  38o. 

Isaac  Israéli  ben-loseph.  Son  commentaire 
de  celui  d'Abraham  ben-F,zra  sur  la  (!i'- 
nèse,  4oi. 

Isaac  l  Ancien ,  685. 

haac  iMtif ,  philosophe  juif.  Sa  lettre  de 
réponse,  ,^02.  Son  traité  Trésor  du  rai 
(fragment)  considéré  par  erreur  comme  un 
commentaire  de  J.  Caspi  sur  le  Guide  des 
Egarés,  31-j. 

Isaac  I>attks,  fils  de  Jacob,  médecin  juil. 
Sa  vie,  683.  .Ses  écrits,  683  ù  69'!.  Kxtraits 
(le  son  ouvrage  Kiriath  Sepher,  '171,  5 '18. 

Isaac  Louans,  médecin  juif.  .Son  com- 
mentaire sur  la  .Safiha,  682.  Copie  un  ms., 
,bid. 

haac  Monçon ,  commentateur  juif.  .Son 
commentaire  sur  VExamen  du  monde,  387. 

Isaac  Salhan.de  Rome,  erreur  pour  Isaac 
Nathan,  d'Arles,  584. 

Isaac  Nathan ,  l'Espa^'nol ,  rabbin.  Ou- 
vrage à  lui  dédié,  653. 

haac ,  père  de.  Crescas  Nathan,  05  i. 

Isaac,  petit-fils  de  Raschi,  474. 

Isaac,  poète  juif,  auteur  du  Iraiti'  Aide 
lies  femmes,  371. 

Isaac,  rabbin,  690. 

haac  Salomon  Meir,  poi-te  juif,  766. 

haac  Vidal,  poète  juif,  766. 

Isabel  de  Dreax,  femme  de  Gaucher  de 
Cbâtillon ,  1 90. 

Isaïe,  de  Messine,  glossateur  juif.  Notes 
sur    VExamen   du  monde  de  Jedaîah,    385. 

Ishaq  hen-llonein.  Sa  traduction  arabe  du 
livre  des   Plantes   attribué  à  Aristote,  42g. 

Ismail,  grand  -  prêtre.  Traité  mystique 
sur  la  mesure  de  la  hauteur  de  Dieu,  671. 

Israël  Cortona,  poète  juif,  3^3. 

Israël  de  Valabrègiu,  à  Tarascoii,  rabbin, 
688. 

Israël,  fils  de  Jacob  Çarfati,  mystique 
juif,  711. 

Ivain,  >55. 


81G 


TABLK  DES  AUTEURS 


Jucob  Analolio  ou  Aiitnli,  tradiiclriir,  'ng. 
i()9,  JOo.  (iâ'i,  i'>-]i,  086,  Of)0,  776. 

Jucob  bcii- M  avilir,  aslionomc  jiiil,  4o'i , 
ioj,  /isO,  aôfl,  5(ii,  GOçt.  Additions  à  ses 
laides  par  linnianiiel  de  Tarascon,  C9Û. 

Jacou  liuvKT,  fils  de  David,  astronome 
juif.  Ses  écrits,  701.  Ses  taldes  traduites  en 
latin,  ihid. 

Jncob  Ciibrrt ,  traducteur  juif,  721. 

Jacou  Çaiikati,  lils  de  Salonion.  Sa  vie  et 
SOS  ouvrajies,  710. 

Jacoiî  iji;  Bakxoi.s,  fds  de  Moïse,  rabbin. 
Son  li\rc  de  casuistique,  037. 

Jacob,  de  Chinon,  rabbin,  ^Gg. 

Jacob  de  Lunel,  médecin  juif,  577. 

Jacob,  de  Provins  (?),  ralibin.  Son  Coin- 
jtrndiui»,  6.Ô5. 

Jacob  de  Itameru/it,  rabbin,  4o5,  467, 
',(>(),  i7'i,  65S,  08."),  G90. 

Jacob  Fan:),  poète  juif,  373. 

Jacob,  fds  <le  David,  rabbin.  Sa  réponse 
i\t\  casuistique,  403. 

Jacob,  fils  de  Hayyim  (Comprat  Vidal 
l'Vrussol),  commentateur.  Son  ouvrage, 
755. 

Jacob ,  fds  de  Juda  (de  Lon  1res) ,  rabbin , 
O90. 

Jacob,  lils  d'Klie,  de  la  famille  Lattes, 
rabbin,  08 3,  080. 

Jacob,  fils  de  Nabum,  juif.  .Son  commen- 
taire sur  {'Examen  du  monde,  380. 

Jacob,  lils  de  Sdiealtliiel,  de  Barcelone, 
rabbin,   'lO'i. 

Jacob,  lils  de  Ya(|ar,  rabbin,  685, 
7  lO. 

Jacob,  fds  de  Yom-Tob  Pool,  astronome, 
591. 

Jacob,  fds  d'Isaac  Lattes,  rabbin,  689. 

Jncob  Franccs,  porte  juif.  Son  commen- 
tuire  sur  VExamcn  du  monde  de  Jedaïah, 
373,  38.). 

Jacob  Habib ,  rabbin ,  auteur  de  f  0Ei7  de 
Jacob,  7O3. 

Jacob  Léon,  de  Cavaillon,  rabbin.  Ou- 
vrage composé  sur  son  désir,  781. 

Jnco6  Léii,  de  Marvejols  (?),  rabbin, 
/.Og. 

Jacob  Lévi,  fils  de  Joseph,  médecin  juif. 
S»s  traductions,  655,  787. 

,/ncoA  Mantino ,  traducteur  juif.  Sa  traduc- 
tion latine  du  commentaire  moyen  d'Averroès 
sur  la  Physique,  basée  sur  la  traduction  de 
Calonymos,  433. 

Jacob  Molifi  ,  fils  de  Moïse ,  casuiste.  Con- 
fondu  avec   Jacob   Ijévi,  726.   Ses   écrits. 


737.  Il  fait  usage  de  l'ouvrage  de  Samuel  de 
Scblestadt,  737. 

Jacob  Honian ,  bibliopliile  juif,  7OO. 

Jacob  Itojbeim  I.oans ,  rabbin.  Son  Com- 
pendiiun ,  70']. 

Jacob  fVvil ,  rabbin,  73O. 

Jacquet  de  Vitii ,  67. 

Jaimc ,  roi .  70<». 

Jean  [Saint].  Léi,'cnde  sur  sa  mort,  îg.). 

Jean  ou  Jeanin  Alart,  cru  auteur  du 
Coniic  d Anjou,  3'ii. 

Jean    ISlanclu ,    sous-clianlro    de   Trove», 

31. 

Jean  Uadcl,  auteur  d'un  poème  surGuitP- 
clin,  loué  pardirard  d'Amiens.  N"a  pas  écrit 
le  romnu  di'  Uoncevauv  ipu<  lui  attribue 
(jallnnd ,  1  gH. 

Jean  d'Amgnox  i  Moïse,  lil.t  de  Samuel 
de  Ho<pien)aure),  juif  converti.  Son  poème 
contre  Srlieniaiinli  de  Négrepont,  055.  .Sa 
traduction  du  l.ilium  Medieina  de  liernard 
de  (iordon ,  ibid. 

Jean  de  B  auvais ,  poète,  5,  note,  17. 

Jean  de  linwijoijne.  Traduction  hébrai<pie 
de  son  traité  sur  la  corruption  de  l'air,  par 
licnjamin  de  Carcassonne,  733. 

Jean  de  Damas.  \oir  Mésué. 

Jean  de  Flandres ,  seigneur  de  Crèvecœur. 
possesseur,  au  .\^'  siècle,  d'un  manuscrit 
du   Cbarlemaijnc  de  Girard  d'Amiens,  197. 

Jean  de  Galles,  63. 

Jean  de  Gartande ,  1  ^i. 

Jean  de  Nicora.  Traduction  hébraïque  de 
son  commentaire  sur  les  Tables  alplion- 
sines,  77g. 

Jean  de  Pranai  traduit  le  poème  et  la 
chronique  de  Guillaume  le  Breton,  1 19. 

Jean  de  Sacrobosco.  Traduction  hébraïque 
de  son  traité  sur  la  Sphère,  par  Salomon 
Abigdor,  751. 

Jean  de  Saint-Amand.  Traductions  hé- 
braïques   de   ses  ouvrages,   787.  Extraits , 

577- 

Jean  de  Saint-Archanye.  Traduction  hé- 
braïque de  ses  tables  astronomiques,  779. 

Jean  de  .Séville.  Voir  Samuel  .ibravanel. 

Jean  dEssar,  cvêque  de  Coutancos,  65. 

Jean  de  Tornamire.  Traduction  hébraïque 
de  se»  écrits  médicaux,  776,  78O.  Men- 
tionné, 700. 

Jean  de  Vignai,  grammairien,  3,  30. 

Jean,  duc  de  B<!rri,  3io,  34i.  363,  note. 
Livre  de  sa  hibliothèque,  ii. 

Jean,  fils  de  Sérapion.  Une  partie  de  son 
Breviarium  traduit  en  hébreu,  73 1. 


ET  DES  MATIERES. 


817 


Jean  Golcin,  traducteur,  4  a. 
Jean  Jacijoes ,  cliaiicelior.  Traduction  hc- 
hraiquede  son  Secntariuf ,  787.  Mentionné, 
«8î. 

Jean  le  Marchant ,  copiste,  ib. 
Jean  Maillart.  Voir  Jehan, 
Jean    Mwtin,  auteur  de  la  vie   française 
de   Tli.   Hélic,  73-75. 

Jean  l'ienr ,  de.  I.yon, clerc  du  patriarche 
Aul>crt,  dit  avoir  copié  le  livre  de  Sidrarh, 
288.  Pourrait  bien  eu  être  l'auteur,  ago. 

Jean  Sinoharba,  iduntiiié  avec  Jean  <lu 
bourgogne,  723. 

Jeanne  de  Chàtillon,  comtesse  d'Alenron, 
190. 

Jeanne  de  Machaul,  ilamv  de  Viarnics, 
3io. 

Jeanne  de  Navarrr,  femme  de  Pliilippc  le 
Bel,  190. 

Jeanne  de  Tort,  seconde  femme  de  Thi- 
baud  II,  comte  du  Bar,  igo. 

Jeanne  d'Evrenx,  reine  de  France,   j^fi. 
Jeannette,   de  Bouen,  nom  d'un  \aisseau 
français.  i3'i. 

Jeilaïah ,  liU  de  Nahschon ,  juif,  auteur 
supposé  d'une  lettre,  ^03. 

JcDAiAH  Prmii  (fc'n  Bcnel),  poète  jaif.  Sa 
vie,  339.  Ses  ouvrages  :  Liturgies,  36it , 
391,  393.  Livre  de  Paradis,  366.  Le  liruit 
des  ailes,  36g.  Commentaire  sur  des  ou- 
vrages agadiques,  37J.  Commentaire  sur 
des  passages  du  Talniud  .  376.  Lettre  apo- 
logétii/ue,  ■i'j'j.  Examen  du  monde,  3S3.  yotes 
sur  le  canon  d" ivicennr ,  391.  Ouvrages  de 
pliilosophie,  (93  à  398,  <o6,  798.  l'oèmesnr 
tes  ireize  articles  de  foi ,  398.  Compilation 
du  divan  de  son  pire,  398.  Ouvrages  attri- 
bués :  Délices  du  roi,  ôgg.  Commentaire 
du  Commentaire  d'Abraham  ibn-Etra  sur  la 
(ienèsr ,  ioo.  iMtre  de  réponse,  4o2. 

Jehan  Macllart.  auteur  du  roman  du 
Comte  d'.injott,  3i8,  35o.  Knigme  ol\  ce 
nom  est  caché,  3io,  3ii. Qualités  et  défauts 
de  son  ouvrage,  3.^9,  35o. 

Jekiel  de  l'aris ,  rabbin,  lo5,  ittg,  685. 
Jehiel  le  Gra.«,  juif  de  Rome,  454. 
Jeroham,   lits  de   Meschullam,  casuiste. 
Sa  vie  et  ses  ouvrages,  567. 

Jésus-Ckri)t  (Histoire  de),  en  figures, 
283. 

Job  (Histoire  oe),  en  peintures,  357, 
259. 

Jokanan  Alemanno,  philosophe  juif,   re- 
commande l'étude  des  écrits  de  Caspi,  547. 
Jonak  (Ooii)  Caon/ier,  juif  catalan,   45i. 
Jonah  ibn-Djanak.  Voir  Aba-'l-fyalid. 
Jonalkan  kohen  de  Lunel,  rabbin,  468, 
475,  58i,  fi58,  686,  687. 
Jontjlenrs ,  58,  69. 
Joselman  de  Hoskeim,  rabbin  ,702. 

TOME  XXXI. 


./o>«pA/ rabbin,  690. 

Josepk    ihigdor.  Mécène  juif,  760. 

Josepk  {En)  .'liram,  juif  catalan.  Sa  mort, 
742,  745. 

Josepk  Alasckcai-,  rabbin,  599. 

Josepk  Bekhor-Schor,  exégctc,  686. 

Joseph  hcii-Çatliii ,  philosophe  juif ,  38o. 

Josepk  ifn-Jut/uA ,  disciple  de  Maimonide, 
37.. 

Josepk  Acii  072 ,  à  .\arhonne,  rabbin, 
468.  658. 

Josepk  ben-Nakinias ,  astronome  juif.  Ré- 
ponse à  son  ouvrage  astronomique  par  Pro- 
fet  Uouran,  7.')3. 

Joseph  ben-Satonwtt ,  de  Montpellier,  rab- 
bin, 468. 

Josepk  ben-Sckalom  Caspi,  liturgiste  juif, 
5  16. 

Jostpk  Bonjlts  [Tob  Elem),  rabbin,  4o5, 
468,  686. 

Joseph  Caspi,  fils  d'Abba-Mari.  Sa  vie, 
477.  Il  est  appelé  Kn  Bonafoux  de  Largen- 
li^rc,  478.  Lnumération  des  articles  qui 
traitent  de  sa  vie  et  de  ses  ouvrages,  48i. 
Ses  ouvrages  :  Notes  de  grammaire,  482. 
Commentaire  sur  Abraham  ibn-Eira,  483. 
Résumé  des  commentaires  d'Averroès  sur 
Vctkiijue  d'Aristote  et  la  Urp'ibliqiie  de  Pla- 
ton, i85.  Testament  ou  dispositions,  48g. 
Commentaire  sur  des  livres  bibliques,  494, 
qui  paraît  aujourd'hui  perdu.  Abrégé  de  lo- 
gique, 497.  Grammaire  hébraïque,  499. 
'Traité  sur  l'avantage  qu'on  a  en  lisant  l'Écri- 
ture sainte  dans  la  langue  originale,  4oi. 
Traité  sur  les  mystères  de  la  Loi,  c'est-à- 
dire  sur  le  Pentateuque,  5o5.  Sur  le  reste 
de  l'hcriture  sainte;  ce  traité  est  pour  le 
moment  i)erdu,  5o8.  Traité  sur  la  création; 
|>erdu  pour  le  moment.  Commentaire  sur 
Job,  509.  Traité  sur  le  Ckar  de  Dieu,  5i  1. 
Commentaire  sur  Ksdra»  et  les  Chroniques , 
5i4.  Commentaire  sur  les  livres  de  Ruth  et 
des  Lamentations,  5i4,  XIX.  Commentaire 
sur  le  livre  d'Esther,  5 16,  XX.  Commen- 
taire sur  le  livre  des  Proverbes,  l'Ecclé- 
siasle  et  le  Cantique  des  cantiques,  5 18, 
perdu  pour  le  moment.  Commentaire  sur 
le  Guide  des  Egarés  de  Maimonide,  52  3. 
Traité  pour  élucider  vingt-huit  questions 
concernant  Dieu,  629.  Dictionnaire  de  la 
langue  hébraïque,  53o.  Traités  qui  n'ont  pas 
été  retrouvés,  hnumératioa  de  ses  écrits 
par  lui-même,  534.  Ouvrages  attribués, 
545,  546.  Résumé,  547.  Mentionné,  4oo, 
4oi,  688,  689,  759. 

Joseph  Colon,  rabbin.   Ses  écrits,  4 11. 
4 12,  785. 

Joseph   de   Lissa.   Son    commentaire   sur 
l'Examen  du  monde,  386. 

Joseph  de  ^^KJ10,  rabbin,  4 10. 

io3 


IUPRIMIBIE     TtTIO^lLB. 


818 


TABLE  DES  AUTEURS 


Joteph  Etohi,  po<-tejiiif.  On  lui  attribue 
une  Liturgie,  360,  468. 

Joseph,  fils  de  David,  dp  N'arbonne,  juif. 
Ouvrage  à  lui  dédié,  717. 

Joseph,  lib  de  (ienon,  rabbin,  687. 

Joseph ,  fils  de  Mathithyah ,  juif.  Un  ma- 
laisrrit  copié  pour  lui ,  /ni. 

Joseph ,  lils  de  Saùl  Qamhi  Son  commen- 
laire  sur  les  labiés  astronomiques  de  Bonet, 
701. 

Joseph ,  fils  de  Tobie ,  de  Provence ,  ral)- 
bin,  supposé  auteur  de  Kol  bo,  $70. 

Joseph  (iARD.  Ses  liturgies,  665.  Men- 
tionné, 6.Ï1. 

Joseph  Cword,  le  radet,  665. 

Joseph  ihii-nl-Aisch ,  rabbin,  707. 

Joseph  Olficial,  rabbin,  767. 

Joseph  Toinon ,  rabbin,  688. 

Joseph  0M2,  rabbin,  46g. 

Josiphyah  ben-Astori ,  juif,  copiste  d'un 
manuscrit,  4o3,  note. 

Josippon,  ouvrage  bistorique,  3i4. 

Josué  lioitz ,  rabbin,  auteur  d'un  index, 
705. 

Josné  (le  Soneiuo.  Voir  Jeune ,  fils  de  Percç 
IJonnel'oi. 

Josué,  lils  d'Kliéier,  à  Tarascon,  rabbin, 
O87. 

Josué,  iils  d'Israël  Nathan.  Supposé  com- 
uientatriir  dn  traité  Choix  île  perles,  356, 
357. 

Josué  ihn-Shoeïb ,  rabbin.  707. 

Josué  Lorca.  Voir  Hieronymus  de  Snncla 
Fuie. 

Jours  périlleux,  ti-jh. 

Juan  Àntoni  dOrsinit,  prince  de  Tarente, 
7t)0. 

Judah,  rabbin,  6go. 

Jndah  ben-Abba-Mari,  rabbin,  468. 

Judah  ben-liarzilai ,  rabbin,  468,  476. 
686. 

Judah  ben-Jacob,  rabbin,  auteur  iVAsu- 
Joth,  658. 

Jttdidi  ben-Jaiob,  rabbin,  46g. 

Jttdali  ben-Jncob,  de  Carcassonnc,  i<  Ué- 
xiers,  rabbin ,  468. 

Jadah  bea-Mrir  Cohrn,  rabbin,  468. 


Judah  Çarjati,  rabbin,  46g. 

Judah  Cohen,  rabbin.  Cité,  468. 

Judah  Comb^i,  fds  d'Isaac,  pbilosopbo 
juif.  Son  commentaire  sur  uni^  partie  du 
commentaire  moyen  d'Averroès  sur  l'Ur^a- 
non,  653.  Mentionné,  567. 

Judah  de  l'wis ,  rabbin ,  4  ■  o. 

Judah  i  Don  )  des  Corlel ,  juif  catalan ,  4  ô  1 . 

Judah  el-Hariti,  jx>èle  juif  Sa  traduction 
des  sentences»  des  ))bilosophes  de  Honein 
i>rn-Isbaq  mentionnée,  545. 

Judah,  fils  d'Ascher,  à  Tolède,  rabbin, 
707. 

Jadah ,  fils  de  Don  Salomon  des  lnfan< . 
d'Arles.  Ouvrage  à  lui  dédié,  3O9. 

Judah,  fils  de  Jacub  Laites,  rabbin,  686. 

Judah,  fils  de  Moïse  t^dien,  médecin, 
763. 

Judah.  fils  de  II.  Jacub,  de  Vermenton . 
rabbin,  copiste  d'un  manuscrit,  4i  1. 

Judah,  fils  de  Sabbetai  l^*vi,  auteur  <lu 
traité  Ennemi  des  femmes ,  370. 

Judah,  fils  de  Salomon,  copiste  jnit , 
73.3. 

JcDAii,   iils   de   Salomon    Natlian.   57^. 

Judalt  lltdcci,  poète  Juif.  Commentaire 
sur  son  khotari,  754.  Mentionné,  48o. 

Judali  ibn-lialant,  grammairien,  4o5. 

Judah  ibn-Tibbon,  lradncli!ur  ilu  traité 
Choij;  de  perles ,  35 '1 ,  43o,  483  ,  686.  Men- 
tionné, 686. 

Jttdali  khorazani,  rabbiu,  660,  662. 

Judah  (Léon)  de  Modine.  Auteur  supposi'; 
d'un  traité  sur  le  jeu  d'écbecs,  4oo. 

Judak  Lione  Somma,  poète,  373. 

Jtulah  le  Pieux,  rabbin,  placé  au  paradis 
par  Moise  de  Rieti,  547. 

Jadah  Mtsser  Léon,  (xjnfundu  avec  Léon 
de  Bagnols,  6o5. 

Jadah  CKTiOT,  rabbin,  46g. 

Jttd(di  V'^t^V ,  rabbin,  6go. 

Jauon  [Amours  de)  et  d'Arliille,  i6çj. 

Jupiter,  nom   d'un  grammairien ,  8 ,  11, 

79°-    . 

Jupiter  Monoculas,  grammairu-n,  1  1. 

JarUliction  (ConlliU  de),  iij. 


kanti.  Voir  Samuel  ben-Simeon. 

Keu  (Le  sénéchal],  personnage  du  roman 
lïEscanor,  i54.  Devient  amoureux  d'Andri- 
vette  de  Norbomberlande  et  prend  part  in- 
cognito au  tournoi  donné  pour  la  marier, 
i54.  Il  eat  blessé  par  Caberiet  et  visité  par 
Andrivctie,  à  laquelle  il  n'ose  avouer  son 
amour.  Il  est  rappelé  par  Arthur  et  le  quitte 


bientôt  pour  revenir  en  NorliomlKsrlaiide ,  où 
il  apprend  que  Cador  est  mort  et  qu'Aigliu 
ve.ut  s'emparer  du  royaume  d'Andrivelle,  en 
la  mariant  à  un  subalterne,  i55.  Il  a  nue 
entrevue  avec  elle,  où  ils  se  promettent  de 
s'épouser;  il  décide  Arthur  à  la  secourir;  il 
la  croit  infidèle,  i56.  Il  apprend  ta  fuilc, 
157.  Il  la  retrouve,   i58,  et  l'épouse,  159. 


KT   DES  MATIERES. 


819 


Hdi'tieiil  roi  de  NorhombcrUnde  et  donne 
de  grandes  frtes  pour  ses  noces.  Son  carac- 
tère dans  re  roman,    iSg. 

hhalU,  leiicographe  arabe.  Son  Kilai  al- 
Ain,  671. 

Khatib  (  Ihn  ) ,  pliiiosoplio  arabe.  Ses  Hc- 
r.herchci  orientales  traduites  par  Todros, 
.171.  Meiitinnnr ,  476. 

hiinchi.  Voir  Qamlii. 


Kindi  (Abou)  ousouf  i  aqoub  ibn-tshai}  al) , 
mallirniaticicrii  arabe.  Traduction  hébraïque 
par  (Jaloiiynios  de  son  traité  des  A'aliMt>'.t , 
43i  ;  un  autre  relatif  à  l'influence  des  corps 
célestes  sur  la  pluie,  iii;  sur  1rs  liuini 
dites  et  la  pluie,  /\ig. 

Ao/icii.  Vdir  Cohen. 

Kunitz  (Moïse).  Sou  commentaire  sur  nue 
partie  de  V Examen  i/ii  Monde',  386. 


Luid  Hardi  (  Le  ) ,  1 5/i ,  164. 

Laii  d'amours,  33  3. 

Lancrlot,  i':>\  ,  lOV  II  n'est  pas  l'amant  de 
la  reine  chci  Girard  d'Amiens,  1G8,  3]3. 

I.tttles.  Voir  Israël,  Jacob,  Judali  Lattes. 

I.aure,  chantée  par  Pélrarcpie,  373. 

Leide  (Psauti<'r  de  saint  Louis  conservé 
à),  JO7,  26>t. 

I.to  de  Vttlentibus.  (i'est  Léon  de  Bagnois, 
ih'S. 

Léo  llebiirus,  c'est-à-dire  Lévi  l)eD-Ger- 
som,  Sgo. 

b'-on  .ibriJiam  dp  Capcttang.  Voir  Lë»i 
lils  d'Àbrabum  LunrL 

Léon  de  liaqnols.  Voir  I^i  ben-Gerton. 

Léon  de  Manloue,  rabbin.  Son  rommcn- 
laire,  (i.^3. 

iMninet  (  Rimes  ) ,   1  4  2  ,  35o. 

Lion  Joseph  de  Carcussonne.  .Ses  traduc- 
tions   hébraïques,   770,   786.    Mentionné, 

Léon  (Sire)  ]^7i;iDT.  rabbin,  4io. 

IJtntin  (Sire),  rabbin,  4C8. 

Êyévi.  XoirAkron  DavUI,  Itauejdt  deMoue, 
Stdomon,  Vidal,  Zereckia. 

IJvi  ben- Abraham,  mystique  juif.  Com- 
mentaire sur  son  traité  Boites  de  patfams, 
■jbi.  Parait  renoncer  à  la  latte  contre  l'école 
orthodoxe,  44V.  .Mentionné,  5i3,  683, 
688. 

Ltvi  be.'v-Gkrsoi,  ex^te,  philosophe  et 
astronome  juif.  Sa  vie,  586.  H  est  appelé 
Ralbag,  Léo  Hebrxus  et  Léon  de  Ha- 
gnols,  386.  Bibliographie  le  concernant, 
S87.  Les  dates  de  sa  naissance  et  de  sa 
mort,  590.  Sa  famille,  691.  Notices  impor- 
tantes sur  lui,  596.  .Ses  ouvrages  :  Talmud, 
597.  Liturgie,  399.  Parodie  pour  la  fête  de 
Pariai  à  lui  atlribuée,  600.  Mathématiques, 
Go3,  643.  Philosophie,  Averroés.  Explica- 
tions sur  ses  Commentaires  des  Seconds  oiu- 
lytiiiuet,  601;  sur  ses  résumés  de  la  Phy- 
sique, de  la  Génération  et  de  la  Comiption, 
du  Ciel,  des  Météores,  60 4;  les  Qaiesita 
in  libres  Legiete,  606;  les  Épitres,  607;  De 
FAme,    606,  et    De  Sensu,    607;   sur   les 


commentaires  moyens  d  uiu^  partie  de  1  Or- 
yiuion ,  600;  de  la  Plij.iiqui ,  fioj;  de  I» 
Métnpliysiifue ,  607;  probablenieut  sur  le 
livre  des  Plantes,  bo8.  Son  propre  ouvrage 
(iunret  de  Dieu,  G 16.  Astronomie  :  tables, 
Gi3;  de  .son  livre  Guerres  de  Dieu,  619. 
Astrologii^  :  Notes,  G08;  l'rognusticon ,  64 î- 
Médecine,  G08.  Commentaires  bibliques  sur 
le  Pentateuque,  Gi  1-,  sur  les  premiers  pro 
phétes ,  G 1 1  ;  sur  les  hagiographes ,  excepté 
les  Psaumes  et  les  Lamentations,  608-610, 
Gi3.  Théologie  :  dans  son  livre  Gimres  de 
Dieu,  61^.  Ouvrages  attribués,  643.  Notes 
contre  lui  par  Samuel  de  Marseille,  667. 
Lévi  est  chassé  du  paradis  dans  le  poème 
de  Moïse  de  Rieti,  547.  Mentionné,  653. 
689,  G9oet  758. 

Lévi  ben-Maru-aa ,  de  Narbonne,  rabbin. 
687. 

Lévi,  fils  d'Abraham  Lunel,  copiste  d'un 
manuscrit,  5 18. 

/>i>i,  fils  de  Moïse,  rabbin,  687. 

Lévi  hali-Cohen,  rabbin,  4oi. 

I^évi  l'Ancien,  rab!>in,  685. 

IJvy  (J.-J.).  Sa  traduction  allemande  de 
[Examen  du  monde ,  387. 

/.ièjc.      Psautiers      d'origine      liégeoise, 

Linerois,  roi  d'Acre,  176. 

Lion.  Le  livre  de  Sidrach  y  a  peut-être 
été  composé,  290,  3 1 3-3 16.  Ou  pouvait  v 
écrire  en  provençal  au  xiii*  siècle,  3 16. 

Lit  merveilleux,  169. 

Loi  S(dique.  Klle  n'est  pas  encore  invoquée 
sous  le  règne  de  Philippe  le  Bel  pour  régler 
l'hérédité  au  trône,  119.  Inconnue  au  livrr 
de  Sidrach,  3o5. 

Lombards  à  la  cour  du  comte  de  Forcal- 
quier,  49. 

Lorris  (Le  châtelain  de)  héberge  la  com 
tesse  d'Anjou,  33o,  et  la  prend  pour  gou- 
vernante de  ses  filles,  33 1.  Il  se  montre 
pusillanime  quand  il  reçoit  l'ordre  de  la 
mettre  à  mort,  339. 

Lwrit  (Forêt  de),  319. 

Lothaire.  Son   psautier,  260,  794. 

io3. 


820 


TABLE  DES  AUTEURS 


Louans  (Famille),  GHi.  Voir  Isaac  cl 
Jacoh. 

Louis  (Saint).  Son  éloge  dans  le  Liber  de 
injormalione  principiim ,  S^,  38.  Anecdolc» 
sur  lui,   6î.  Ses  ens>'ignemeiits.    J7J.   La 


Bible  moralisée  lui  est  dédiée,  l'ili.  Ses 
psautiers,  365.370.  Livres  qu'il  fait  |)«indrc 
|miir  la  .Sninln-Cliapelle,  2&i. 

I^uis  X ,  roi  de  France.  Son  éloge,  3G,  37. 

//Ven.  Voir  Lion. 


M 


Maci«/ou'j/ri  (Le  cardinal  Rernurd),  sôô. 

Maçif  de  Vatahrèjae,  médecin,  077. 

Macif  Jacoh.  Voir  \rhémie,  fils  de  Jaroli. 

Madyan  (Le  roi),  |)Ossessour  du  livre  de 
Sidracli,  187. 

Magdalena.  Quanlilc  de  co  nom,  lO. 

Ma\mon  de  Lunel ,  rubbin,  78  V 

Mainwn ,  fils  de  Dimaza,  mentionné  par 
erreur,  754. 

Maimon  Frat  (Salomon,  fil»  de  .Mena- 
bem),  commentateur,  703. 

Maimonide.  Voir  Moïse  Maimeiiide. 

Maimt ,  rbanson  de  geste  que  Girard 
d'Amiens  a  prise  pour  base  du  premier  livre 
de  son  Chnrlrmajne ,  igg. 

.\foinj'roi.  Sa  mort  et  sa  sépulture,  129. 

Mairesse  (La)  d'FUampes  se  moi.tre  cbari- 
lablo  i)Our  la  comtesse  d'Anjou,  3'io,  i^^. 

Miuiyonnraux.  Leur  effet,  136. 

M\>ipui.rs  F.\Bvipi.ontM,  Ga-Gô. 

.Manoah ,  rabbin,  '16."). 

Mnnoah  de  Lnnel ,  rabbin,  687. 

.Mdnoah,  fils  de  Mcnabem,  copiste,  Goi. 

Manoello.  Voir  Immanucl  de  Home. 

Mardochée,  fils  de  Hillel,  auteur  d'un 
ouvrage  de  casuistique,  .^i  1,  ^12,  703. 

Stardochre,  fils  de  Josué.  Voir  Violai  de 
Rodez. 

Mardochée,  fils  d'Kli»,  rabbin,  6ô5. 

J/cin/oc/iec,  fils  de  Moïse  Al-Fandaric, 
médcrin  juif,  077. 

Hnrdocliée  Fin:i,  a-lrononie  jiiil',  7*19. 

Miudochrc  Vm/i,  coiruplion  de  .Mardochée 
\alhan,  ,i8i. 

Manloehée  .\alhan  l'aine,  nialli^malicicu 
juif,  .îSi. 

MinuociiÉE  Nathan  le  cadet,  astronome 
juif.  Kxtrait  du  canon  d'Avicenne,  58o. 
Ijettres  .islronomiques,  58i.  On  lui  attribue 
par  erreur  la  concordance  liébrai<|ue  d'Isnac 
Nalban.  582,  584. 

Mardochée  Todros  Salkan.  Peut-être  le 
nièiiie  que  .Mardorliée  Nalban,  582.  Manu- 
scrits écrits  pour  lui,  /ii5,  576,  582, 

Marguerite  de  tVance ,  fille  de  Pliilippe  le 
Kel  et  de  Marie  de  Rrabant,  189.  Klle  fait 
connaître  à  (îirard  d'Amiens  le  sujet  de  Mé- 
liacin ,  1 90- 1  g  1 . 

.\Jarine  (La)  française  sous  Pbilippe  le 
liel,  i32. 


Marseille.  Couvent  des-  frères  de  la  l'éni- 
lence,  .47,  48,  5o. 

Marsdc  d'Inghen ,  traduction  bébraîque  de 
ses  Suppositionet ,  par  Abrabam,  fils  d'Isaac 
Schalom,  728. 

Motltithjrah ,  fils  de  Josepb  de  Paris,  rab- 
bin, C89,  Ggo. 

Malhithrah ,  fils  de  Moïse,  de  la  famille 
Yirhar,  rabbin.  Ses  écrits,  778. 

Maucaiilart,  eunuque  géant,  gardien  de 
Célinde,  173.  Il  veut  tuer  Méiiarin  qu'il 
trouve  chez  elle  et  le  livre  au  roi  AUimus. 
174.  il  est  tué  en  combat  Mugulier  par  Mé- 
liacin,  178. 

Maxiwiani  lihrr,  7. 

Médecins.  On  les  accuse  de  multiplier  leur» 
visites,  33Ô, 

Mctr  Algiiade: ,  médecin  Juif,  747. 

Meir  ten  David,  rabbin,  4oo,  'lOi. 

Meîr  [liendig),  d'Arles,  rabbin.  .Sa  con- 
cordance pour  le  Talmud,  7G1. 

Meïr  ben-Siiiiéon ,  à  Narbonne.  rabbin. 
4G8. 

Meîr  Cohen,  de  Narbonne,  rabbin,  468. 

Miïr  Crescat ,  rabbin.  Lettres  adressées  ii 
lui,  744,  7*5,  749. 

3^ttr  de  Narbonne,  rabbin,  4o5.  Peut-être 
le  même  que  Meir  Colien,  468. 

Meîr  de  Rolhcnbourg ,  rMiiw ,  'io5,  469, 
686. 

,U«i'r  de  Salves,  copiste,  G09. 

Meir  de  TrinittHaille ,  rabbin,  io5  ,  ^^j. 
686. 

Mcïr  [Ihii).  de  Narbonne,  rabbin,  71:1. 

Meïr,  fils  de  don  .Samuel  dels  Iul'anz,  juif 
d'Arles.  Ouvrage  à  lui  dédié,  3Gg. 

Meîr,  (ils  de  Moïse,  rabbin.  Un  manuscrit 
copié  pour  lui,  4u3,  note. 

Meîr,  fils  de  Samuel  de  ,Sal\es,  d'Arles. 
rn|iisle,  586. 

Miîr.  fils  d'Isaie  de  Limel,  rabbin,  477. 

Métiacin,  lils  de  Nidiien,  roi  de  la  (irande 
Krmenie,  171.  Il  révoque  en  doute  les  qua- 
lités merveilieu.scs  <ln  clieval  de  Imis  de  Lta- 
tnazart  et  veut  l'éprouver;  le  cheval  l'enlève 
dans  les  aii-s  et  il  descend  sur  la  terrasse 
d'un  chÂteau  où  il  trouve  Céliu<le  endormie , 
173.  Il  se  fait  passer  pour  le  fiancé  de  la 
jeune  fille,  el ,  convaincu  d'imposture,  réussit 
à  s'échapper  sur  le  cheval  magique,  174.  Il 


ET  DES  MATIEUES. 


821 


retourne  au  cliâteau  de  Céliiidc,  l'enlève  et 
la  laisse  près  du  palais  de  son  prre,  176. 
Apprenant  <|uc  Clamazart  a  enlevé  Célinde, 
il  se  nii-t  à  sa  recherche,  176.  il  délivre  1rs 
suivantes  de  Célinde,  177.  11  combat  Firabel 
et  est  vainqueur;  mais  il  est  fait  prisonnier 
en  trahison  et  on  veut  le  mettre  à  mort, 
178.  Il  s'évade,  179.  Après  beaucoup  d'avi'u- 
turcs  et  de  souirrances,  il  retrouve  Célinde 
cliei  le  duc  de  Galice,  180.  Réussit  à  l'en- 
lever de  nouveau,  iKi.  La  ramène  cbi'z  son 
pt-rc  et  l'épouse,  i8i. 

Métiiirin ,  roman  de  Girard  d'Amiens, 
écrit  vers  128G,  lâi.  Analyse,  171,  194. 
Com|iaraison  avec  le  CUwnudèi  d  Adenet  le 
Roi,  i8j,  194. 

Mrlian  de  Lis,  i54. 

Mélide,  nilr  de  Nubien,  171.  Kst  promise 
par  son  père  à  Cléomatan,  171 ,  et  l'épouse, 
182. 

SIfnahem,  rabbin,  iio. 

Menahem  Aben-Serak,  identifié  par  erreur 
avec  Menahem  l>en-Zérat,  710. 

Meiiiihem  htnSalotucn ,  de  Perpignan,  rab- 
bin, 408,  C'i8.  058,  088,  769. 

MuAiiEM  BEM-ZÉKACii ,  fds  d'Ahroii ,  rab- 
bin. Sa  vie  et  son  ou\ra<;e,  707. 

Mekiheu,  lils  d'Abraham,  de  Perpignan, 
rabbin.  .Son  li(re  de  terminologie,  740. 

Menahem  Meïri,  3-j'i  ,  58 1. 

Mendeistolin  (Moïse).  Sa  traducion  alle- 
mande d'une  partie  de  VExeunen  du  monde, 
386. 

Ménestrel  de  honche,  1 1 3.  Ménestrel»  riche- 
ment payés  auv  noces,  335. 

MiTuuijii,  «04. 

Merlin,  i54.  Le  p/rron  de  Merlin,  iC3. 

Merlin  [Les  Proptirlies  de)  rapprochées 
du  livre  de  Sidrach,  391. 

MrsclioulUim  ben-Jttcob  Munoah ,  de  LuncI , 
rabbin,  408. 

McsctioultivH ,  lils  de  Jacob  de  LunrI ,  rab- 
bin, 080. 

MrscliouUnm,  lils  de  Moïse  île  IJéziers, 
rabbin,  30i,  io5,  iC8,  476,  038,  6HG. 

Meschoullam,  lils  de   l'ereç  (^olien,  O89. 

Mesmes  (  Famille  de).  Sa  fausse  généalogie, 
i05. 

MfBser  IJon ,  philosophe  juif,  786. 

Mêsné  (Jean  de  Damas),  traduction  hé- 
braïque d'un  chajiitre  de  sa  chirurgie, 
G5G;  de  son  antidotaire,  714. 

MiL'S  liongodas.  \o\r  Samuel ,  fils  ilejadah 
de  Marseille.  Forme  corrompue  en  7C?X^TI , 
no  lieu  de  Miles,  554.  5O7. 

Miniature  de  présentation  de  Méliacin, 
189. 

Miracles  de  Notre-Dame,  5i. 

Miroir  des  dames,  3g,  4o. 

Mnémoniifaes  (Vers  et  dictons),  i4. 


Moâd  [Ikn)  Aboii  Abdallah.  Ses  deux  Irai- 
ti's  d'astronomie,  traduits  par  Samuel  do 
Marseille,  500. 

Moïse  Alaciu ,  |)oèle  jiiil,  7OO. 

Moïse  Harulli ,  rabbin,  5g8. 

Moïse  lim-E:ra,  poète,  38o. 

.Uoïji«    ben-h.iac,    rabbin.     Ses     gloses, 
.O9O. 

Moïse  ben-Juila,  de  Uéiiers,  rabbin,  4o5, 
408,  686. 

Moïse  ben-\aliniiin ,  mystique,   38 1,  573. 

Moïse  ben-Samiiel  de  la  lioqae,  copiste, 
05.3. 

Mohe  Potnrel ,  médecin  juif,  655. 

Moïse  Capsali,  ralibin,  786. 

Moïse  Ciilien,  rabbin,  784. 

Motte  de  licaucaire.  Voir  Miiïse,  fils  de  Sa- 
lomon ,  de  Beaucaire. 

Moïse  de  (^ouri ,  rabbin,  4o5,  409,  437, 
475,  491,  660,  683,  (81,  086. 

Moïse  de  .Naiibonne,  médecin  et  philo- 
sophe, 066.  Surnommé  maestre  Vidal  Bell- 
som  Narboni  et  par  erreur  Vidal  .Salomon, 
759.  Sa  vie,  666.  Date  <le  sa  mort,  OO7. 
.Ses  i-crits,  668.  Philosophie  :  Maiinonide, 
Commentaires  sur  les  termes  de  logique, 
668,  et  sur  le  Guide  des  Egarés,  679.  Sur 
AveiToès  :  sur  le  commentaire  du  traité  de 
Vlnlellecl,  par  Alexandre  d'Aplirodise,  668; 
sur  la  parapbras<!  de  l'Oiyyonon,  669;  sur  le 
traité  de  {'Intellect  hyliqie,  O72;  sur  les 
dissertations  physiques  et  sur  ic  traité  De 
Suhslanlia  orhis ,  67 1;  sur  le  ronimentaire 
Du  Ciel  et  du  Monde  (cité  seulement),  O80; 
vur  l'analysi;  du  traité  De  .Sensu ,  d'après  une 
conjecture  (|ui  n'e>t  pas  généralement  ac- 
ceptée, 670.  (^À>mmenlaire  sur  l'ouvrage 
d'Ilin-Bàdjà  intitulé  Le  but  du  régime  du  so- 
litaire.  675.  Comiiienloire  sur  le  traité  inti- 
tulé llayy  ibn-)o<idli(in,  par  Tofaïl  (Ibn-), 
67'!.  Commentaire  sur  les  Tendances  des 
philnsnphrs ,  de  Gazzali,  O70,  759.  Ces  trois 
ilerniers  rommentaiies  furent  faits  sur  des 
tra(liirlion>  anonymes.  Ses  propres  ouvrages 
intitulés  :  Im  perfeclinn  de  l'àme,  6-]',i;  traité 
sur  le  libre  arbitre,  678;  traité  sur  la  méta- 
physique (cité  seulement),  ()8o.  Médecine: 
commentaire  s;ir  la  4*  partie  du  Canon  d'Avi- 
cenne,  K70.  Son  propre  ouvrage,  intitulé 
Chemin  de  la  rie,  (176.  Commentaire  bi- 
blique sur  le-i  Lamentations,  671.  Traité 
mystique  :  lettre  sur  la  mesure  de  la  kaaietir 
de  Dieu,  671.  Ouvrage»  attribués,  671. 
Chassé  du  paradis  par  Moïse  de  Rieti,  547- 
Mentionné,  7O6.  Confondu  avec  Abba-Mari, 
(ils  d'Kligdor,  55-1. 

Moïse  de  Nîmes.  Voir  Moïse,  fils  i\'Abrah"m 
de  Nîmes. 

Mohe  de  Bieti,  poète  juif.  Son  imitation 
de  Dante  et  d'immanud  de  Rome,  547. 


822 


TABI.K  DES  AUTEURS 


Moïse  He  Sens ,  rabbin,  469. 

Moïse  dEvreax,  rabbin,  iiig. 

Moïse  l'éiussol  liolaiel,  astronome  juif, 
780. 

Moïse,  nis  d'Ahrabam  de  Nîmes,  niath)'- 
inaticicn.  Se»  écrits,  779,  780.  Mrniionné, 
().ii,  766. 

Molie,  fils  de  Jacob  Coben,  rabbin.  Son 
murage  cité,  098. 

Wni'ic,  fils  de  Jarnb  (le  Uagnols.  rabbin, 
.73. 

Moïse,  nis  de  Josepli  de  Narbonne,  rab- 
bin, G86.  687. 

Moïic,  fils  de  Josué,  copiste,  68 1. 

Moïse,  fils  d'Élie  Abram.    médecin  julT, 

Mnïse,  fils  de  Nathan  d'Alençon,  rabbin, 
fiôo. 

Moïse,  fils  de  Salomon  de  Hcaucairr  et 
de  .Salon,  traducteur.  Confondu  aNCc  Moïse, 
lils  de  S.ilomon  de  .Saleme,  'ii3.  Ses  tra- 
ductions du  grand  commentaire  d'Averroés 
.sur  la  Métaphysique  d'Aristotc.  ^\■^.  Son 
abrégé  du  grand  commentaire  d'.\»erroés  sur 
la  Phys'ufae,  ^i5  et  li'yS.  Sa  réfutation  du 
livre  mystique  de  Joseph  Caspi,  .'1/12. 

Moïse,  lils  de  Samuel  île  Roqueniaure. 
Voir  Jean  d Avignon. 

Moïse,  lils  de  To:lros,  rabbin,  687. 

Moïse,  fils  de  Yequtiel  hal-l.évi,  rabbin, 

7»7- 

Moise,   fils   d'Isaac   Alfandaric,   médecin 

juif,  577. 

Moïse  Gard,  rabbin,  665. 

Moise  ihn-Aksai,  rabbin.  Confondu  a\ec 
Jedaiah  Penini,  383. 

Moite  ikn-llakib,  juif.  .Son  commentaire 
sur  V Examen  du  monde  de  Jedaïah ,  385. 

Moise  ihn-Tibbon ,  traducteur  juif.  On  lui 


attribue  des  gloses  sur  le  commentaire  d'Aver- 
roés sur  la  Physiqae ,  Mi,  ainsi  que  sur 
le  Guide  des  égarés ,  789.  Ses  traductions  de 
VAlmageste  et  d'Kuclide,  Aj6.  Mentionné, 
356,  086. 

Moise  Maimonide.  Commentaire  sur  son 
Guide,  par  Joseph  (>aspi,  ,'>i3,  .Vloïse  de 
INarbonne,  670  et  Profet  Doiiran,  750.  Sur 
ses  huit  chapitres,  par  \ethani-l  (^spi,  767. 
Sur  ses  !i5  propositions,  par  Jedaiah  de  H^ 
tiers,  397.  Ses  ■  3  règles  de  foi,  mises  en  ver», 
probablement  par  le  même,  .<ç)8.  .Sur  se» 
termes  de  logique,  par  Moïse  de  Narbonne, 
fi68.  Mentionné,  379,  38o,  38 1,  iog,  <9o, 
A91,  5io,  on,  585,  68i,  78I. 

Moite  Qnmhi,  evégèle,  (187. 

Miiise  .Samuel  DascoUi,  copiste,  6<i.'>, 
700. 

Moïw  ScliekiU,  rabbin  ,  A 65. 

Moïse  l'aco ,  rabbin.  Il  allribiie  nn  l.irre 
di-  vie  il  Abraham  Ix-n-Kira,  35V 

Moïse  Zar:al,  médecin  juif  Ouvrage  à 
lui  dédié,  7 '16. 

Mons-en-  Pev'ele  (La  lialuille  de).  io6- 
107,  i36,  i38,  iSg. 

Monttt(fne  du  Corbeau  (l'a),  lieu  merveil- 
leux, 393. 

Montfelart  (Quartier),  i»  Pari»,  111. 
,        Montpellier,  i,  5o,  61. 

Moni-.Sainl- Michel  (Le  Saul-Cautier  au), 
55. 

Morlaix  (  F.coles  de) .  3 1 . 

Moses  Palkera ,  corruption  de  Moïse  de  Bel- 
Caire  ou  Beaucaire,  Ai 3. 

Muel  Hondavi  Coniprad,  juif  de  Salon, 
755. 

Mutfomen  [Al-).  Voir  David  .Al-Muqa- 
ma.ts. 

Muqatel  (  Ibn-  ).  Voir  Itaac  ,  Joseph. 


N 


MaanuM,  lépreut,  possesseur  du  livre  de 
Sidrach,  387.  Nom  emprunté  au  livre  des 
Rois,  18g. 

Nabon,  géant,  père  d'Escanor  le  Grand, 
i63. 

Nakmanide.  Voir  Moïse  ben-Nakman. 

Nahsckon,  rabbin.  Son  ouvrage  astrono- 
mique cité,  58 1. 

Nahum  ysil33,  publie  les  Six  ailes  d'Im- 
manuel,  696. 

lYdimon  de  Bavière.  Ses  enfances  dans  le 
Charlemagne  de  Girard  d'Amiens,  ioi. 

Nalalat,  père  de  Sabel,  roi  de  Serre,  fait 
la  guerre  à  Alsimus  et  prend  Méliacin  en 
trahison ,  1 78.  D  est  tué  en  guerroyant  contre 
ie  roi  de  Perse,  i8o. 


\athan  (FamHIe) ,  573.  Voir  Isaac ,  Judah, 
Mardockée, 

Nathan  d'Avignon,  rabbin.  Son  ouvrage. 
7.6. 

Nathan  de  Cento,  traducteur,  56o. 

Nathan  de  Montpeli.ibr  ,  médecin  juif, 
73o. 

Nathan  de  Trinqnelaille ,  rabbin,  ioi, 
ào5,  687. 

Nathan  t'alaaèra,  médecin  juif,  93o. 

Nathan  kam-Maathi.  Voir  Nathan  de  Cento. 

Namdin  dOmcke,  en  Normandie,  copiste, 
6,  note,  19. 

Nékémie,  fils  de  Jacob  (5«ii  Maçif  Jucoh 
de  f.unel),  rabbin,  689. 

Nékémie,  fils  de  Nathan,  rabbin,  757. 


ET  DES  MATIERES. 


823 


Srriii,  matliémalicien  arabe.  Commen- 
taire arabe  sur  Kuciide,  4i5.  Voir  ibidem 
les  formes  vicieuses  de  son  nom. 

Netuanei.  Caspi,  Itonsenior  Maçif,  philo- 
sophe juif.  Ses  écrits,  7ÔC.  Copie  des  ma- 
nuscrits, ^78,  58i,  612,  73.').  Mentionné, 
ion. 

NETiiA!<cei.  DE  CiiiNON,  rabbin.  Ses  iitur- 
ifii»,  358. 

Nflhanel,  de  la  famille  Dani,  poète  juif, 
7.iC. 

Sethanel ,  fils  de  Néhémie,  C 1 1 .  Voir  Netlia- 
nrl  Catpi. 

.VcfAane/,  maître  de  David  d'Esiella,  rab- 
bin ,  C90. 

Neuiiia  ou  imeuma,  li. 

Nicolas  d'IIacqi'evii.i.e,  frère  Mineur,  9». 

.Vico/a.<  Gélmt,  évéque  d'Angers.  Ses  sta- 
tuts, gi. 

Micolas  l'Aide,  de  Nonancourt ,  cardinal, 
111^.  Son  ëpilaplie,  i3. 


Mcolas  l'iapositu.f.  Son  aniidotaire,  GSi  , 
787. 

Nicolo  de  l'avia,  Obi. 

Nicomat/ue  de  Gerasa.  Son  traité  d'arithmé- 
tique traduit  par  C.alonymos,  436. 

Nitsim  de  kairouan,  rabbin,  398. 

Socei  (Description  de),  334,  336. 

AW,  auteur  d  un  livre  d'astronomie,  193. 

Nonancourt,  patrie  du  cardinal  Nicolas 
l'Aide.  i3. 

,\ormnii(/»  (Les)  prëlèrent  leurs  ancienne* 
coutumes  à  la  loi  de  France,  ii5. 

Noire-Dame  (  Miracles  de) ,  62.  Tableaux 
de  sa  vie,  349- 

huhien,  roi  de  la  (Grande  Ermenie,  ré- 
pugne à  donner  sa  iille  Gloriande  au  hideux 
Clamaiart,  172.  Il  met  Clamazart  en  prison, 

173.  Sa  guerre   contre  deux   rois  voisins, 

174.  Il  tombe  malade  après  le  départ  de 
son  fils  et  retrouve  la  santé  à  son  retour,  il 
meurt  peu  après,  182. 


0 


Ojier  [l^s  Enfances),  chanson  de  geste 
utilisée  par  Girard  d'Amiens,  201. 

Oliiier,  3j3. 

OUietles,  5i. 

Oraison  dominicaU,  en  talin  et  en  fian- 
çais, 277. 

Oranye,  5i. 

(hdres  mendiimli  eialtés  dans  le  livre  de 
Sidrach,  291,  3o4. 

Orgueilleute  (/<)  de  Bruges,  nom  d'un 
vaisseau  flamand,  i34. 

Oriande,  une  des  suivantes  de  Celinde, 
■  74.  Doit  être  brûlée  pour  l'avoir  laissé 
enlever,  177.  f>st  sauvée  par  Méliacin,  178. 
Kpouse  le  duc  de  Galice,  181. 


Oriflamme,  décrite  par  Guillaume  Guiart, 
I  21. 

OrUans,  appelé  Genabuni,  29,  3o,  32. 
Mentions  de  cette  ville,  io4.  >o6,  110. 
328.  Université  d'Orléans,  29.  Professeurs 
de  droit  à  Orléans,  3o,  32. 

Orléans  [L'évéque  A'],  frère  du  comte 
d'Anjou,  3i4;  lui  succède,  328:  sa  cha- 
rité, 34  o;  rend  à  sa  nièce  le  comté  d'An- 
jou, 346. 

Orthograpke  (Déiinition  de  1'),  6. 

OsC«nj<»i«r(D.)  Son  commentaire  surl'E.ta- 
men  da  monde,  387. 

l'ncotel  (Le  cheval  de),  dans  Valentin  et 
Orson,  ig3. 


Papier  (Litrt  d»),  409. 

PasIoarrUet,  itî. 

Palatins,  hérétiques,  3o4. 

Pâtisseries,  327. 

Paul  de  S.  Maria.  Voir  Salomon  Lévi. 

Paillas  Burgensis.  Voir  So/omon  Livi. 

Paulus  Ckrisdanus ,  juif  converti,   687, 

709- 

Pédogre  (Jean),  de  Calais,  commandant 
des  vaisseaux  du  roi  de  France,  iSi,  i33, 
i34,  i35. 

Pedro  (Don),  fils  du  roi  Alphonse, 
707. 

Peintures.  Sur  les  murs,  173.  Instructions 


pour  les  peintres  chargés  de  décorer  les 
églises,  21 4.  Peintures  des  livres  destinés  à 
l'instruction  religieuse  et  aux  exercices  de 
piété  des  laïques,  2i3,  286. 

Peiresc.  Lettres  à  lai  adressées,  693. 

Pénitence  (Couvent  des  frères  de  la),  à 
Marseille,  47,  48.  Recueil  d'exemples  com- 
posé dans  celte  maison,  47,  67. 

Percetal ,  168,  323. 

Perdreau,  machine  i  lancer  des  pierres, 
126. 

Péreç,  fils  d'Élie,  de  Corbeil,  rabbin, 
4o5,  469,  476,  686,  707. 

Péreç,  fils  d'Isaac  Coben,  rabbin,  689. 


824 


TABLK  DES  AUTEURS 


Péirc  le  Vieux,  rabbin,  4o5. 

PÉiiKÇ  TnivoT,  lexicographe  juif.  71J. 

l'erleivaiu,  distingué  <le  Cerceval,    16S. 

Peterhmvugh  (Psautier  de  l'abbaye  de  , 
î7i- 

l'élit  (Macstre).  de  Nyons.  Voir  haac 
fils  de  Mardocbée,  Qiiiiihi. 

Péli-anfue ,  3-; 3. 

l'ctrus  llitpwiui.  Traduction  hébraïque 
de  son  traité  de  logique  par  Abraham  Abig- 
dor,  7-JO. 

l'Iiilippc  iw/usle.  Légendes  sur  la  façon 
dont  il  n'udait  la  justice,  io,  i\.  Anecdotes 
relatives  à  ce  roi,  61.  Crée  la  garde  royale, 
ut. 

Philippe  lie  Vilri.  61 1. 

Philippe  te  Brl  prend  le  parti  de  ievéquc 
d'Angers  contre  les  baillis  royaux,  81.  (iuil- 
lauDie  Guiart  lui  dédie  sou  poème,  101.  Sa 
conduite  à  la  bataille  de  Mons-cu-Pe\élc. 
I  lo.  Ouvrage  à  lui  dédié,  71g. 

l'Uilippe  U  Conijniant  [l^e  liiiv  ilu  roi], 
rimé,  I30. 

l'Iiilippe  le  llnrtli,  duc  de  !!ourgogne.  .Sa 
Cibir  moralisée,  ilo. 

Phiiisiiplies.  Merveilles  qu'ils  faisaient 
autrefois,  171. 

l'hrat  ou  Frai.  Voir  Miiimon. 

PicarJic ,  1 . 

Piciaeienùs  idlottaior),  probablement 
Guillaume  de  Poitiers,  12. 

Pierre  Alphonse,  07. 

Pierre,  comte  d'Alençoii.  Relation  tie  s'is 
derniers  moments,  271. 

Pierre  tIe  lUois ,  17,   18. 

Pierre  de  Ckiunbli ,  seigneur  de  Viarmes, 
319.  Jehan  Maillart  fait  pour  lui  son  roman 
du  Comle  d'Anjou,  5 19.  Il  lui  en  avait  ra- 
conté In  sujet,  .lu,  321.  Il  était  mort  avant 
iSiC,  330. 

Pierre  de  Protcnce.  Cervantes  lui  attribue 
par  erreur  le  cheval  merveilleux  de  Cléo- 
madès,  193. 

Pieire  de  Iteggio,  7C3. 

Pierre  Hé^ie,  17,  30. 

l'ierre  IV,  roi  d'Aragon,  C7Î. 

Pierre  llija,  18. 

Pitrres  prérieutet.  Leurs  vertus  curatives. 
Éclairant  pendant  la  nuit,  169. 

Pietro  it ÀUitandria ,  traducteur,  Sgo. 

Pi^iÉHAS  Di  NàiiaoïiiiL  Ses  chapitres  de 
médecine,  n3t. 

Pinékat  kal-Lewi,  de  Perpignan,  rabbin, 
168. 

Pirakel,  neveu  du  roi  de  Serre,  combat 
Méliacin,  176,  et  s'indigne  de  la  trahison 
dont  celui<i  est  victime,  178.  Il  devient  roi 


de  Serre  et  fait  la  paix  avec  Alsimus.  iSo. 
Il  épou>e  Gluriande,  181. 

Placide  il  Timeo  (Dialogue  de',  ïK5. 

Platon.  Sa  Urpuhliifue  (selon  les  Arabes) 
traduite  par  Samuel,  de  Marseille,  555. 
Mentionné,  .S  16. 

Poisions,  Longue  énumération  de  poissons 
servis  aux  repas,  3.17. 

Poitiers   (Famille   de'.   Ses    manuscrits, 

2j». 

Poitou.  Psautier  fait  dans  cette  province, 
278. 

Porcs  massarn'-s  par  des  aveugles,  36. 

Prédication.  Conseils  donnés  aui  prédi- 
cateurs, 124. 

l'rrtiitt  l'e  l'Eglise.  Abus  qui  leur  sont  re- 
prochés, 22i  ,  225. 

Primat.  \ ers  il  lui  attribués,  17. 

l'riscianus  major,  8. 

l'riscianui  minor,  8. 

procureurs.  Leurs  pratiques,  93. 

l'ivjrt  (Don  liouet),  378. 

PnoFET  DoiniN  (Isaac,  (ils  de  Moïse 
Lévi).  Sa  vie  cl  ses  ouvrages,  '/M.  Men- 
tionné,   ,128,   5^7,   070,   6i8,    681,   7i5. 

Prosodie  (Définition  de  la',  6. 

Provence  (Recueil  d'exemples  composé 
en),  I7,  57. 

Prorerkes  français,  58. 

PsALTiEn.  Comment  il  est  représenté  dans 
la  Bible  moralisée,  23o-233.  Psautiers  en 
notes  tironiennes,  25o,  note.  Psautiers  or- 
nés de  peintures,  ?59-?82.  Psautiers  d'ori- 
gine anglaise,  261,  26!,  266,  268,  270. 
271,  37!,  27J,  376,  278,  280,  281. 
Psautiers  exécutés  eu  France,  j8i.  Psautiers 
faits  pour  la  cour  de  France  au  xili*  siècle. 
26I-273,  281,  282.  Psautiers  destinés  aux 
personnes  de  modeste  condition,  282.  Psau- 
tier d'Utrecht,  260,  262.  Psautier  n*  6o3 
du  fonds  harléien,  261,  262.  Psautier  du 
collège  de  la  Trinité  de  Cambridge.   261, 

262,  260.  Psautier  n"  8816  du  fonds  latin 
de  la  Bibliothèque  nationale,  261,  262  ,  2  63. 
Psautier  de  Montebourg,  à  la  Bo<lléienM, 

263.  Psautiers  divers  avec  traduction  fran- 
çaise, 263.  Psautier  d'Ingeburge,  26I.  Psau- 
tiers de  saint  Louis ,  265-270.  Psautier  remis 
par  la  reine  Marguerite  à  Guillaume  de  Ru- 
bruquis,  796.  Divers  usages  des  psautiers, 
25g,  260,  282. 

Ptolémie.  Traduction  hébraïque  de  son 
livre  du  fruit,  13i,  et  de  5on  traité  sur  tout 
ce  qui  est  relatif  aux  plantes,  I37.  Mentionné, 
38i,  lo5,5i3. 

Purgatoire  (Doctrine  particulière  sur  le), 
295. 


ET  DES  MATIERES. 


825 


Qamki.  Voir  David,  haac,  Israël,  Joseph, 
Moïse,  Samuel  (Jamhi. 


Quinlin  (Jean),  autrui'  supposé  des  sii 
mons  de  Nicolas  d'Hacquc\ilic,  97. 


R 


Itaimond  Lulle.  Traduction  liébraï(|uo  des 
ouvrages  à  tui  attribues  :  Quinta  essentia, 
^iti;    sur    la    composition    des    remèdes, 

Htioul  des  Jardins ,  prieur  <les  dominicains 
de  (loutances,  G6. 

Adou/  Housselot,  clerc  du  roi,  82. 

lïttpliarl  Cahen,  à  Avignon.  Identifie  avec 
llapliacl  Colieii,  de  Liinel,  739. 

Uaphaël  Cohen,  à  Maiifredoiiia.  Identilié 
avec  Kapliacl  Colien,  de  Luncl,  739. 

Unphaêl  Cohen,  de  Luncl,  fils  de  David. 
On  lui  attribue  par  erreur  un  rommentain^ 
sur  les  Aphorismes  d'Ilippocrate,  738.  Ce 
rommcntaire  est  fait  sur  ie  désir  de  Raphaël , 

liaschi.  Voir  Salomon  de  Traies. 

Ilemi  d  Auxerre,  9. 

Remis,  nom  indéclinable,  4. 

llenuunrt.  au  tinet ,  Go. 

Itepas  décrits  dans  le  Comte  d'Anjou, 
.>3C,  etc.  Repas  maigres,  317. 

Repetitor.  Valeur  de  ce  mot,  3,  4- 

Rruben.  Voir  Ituben. 

Rha:i,  médecin  arabe.  Son  Almaiirouri 
traduit  par  Léon  de  Carcassonne ,  770.  .Ses 
Aphorismes ,  763. 

Ridjal  (.\boul-Hassan),  astrologue  arabe. 
Traduction  hébraïque  de  son  ouvrage  astro- 
Ic^ique  par  Salomon  David,  de  Rodez,  7G3. 

yiii/orrf,  utilisé  parGuillaume  (iiiiart,  120. 

Roberon,  géant  vaincu  par  Méliaiin,  177. 

Robert  ISertrand,  Cg. 

Robert  d'Anjou.  Ses  relations  avec  (jjlo- 


iiymos,  Vjo,  'i^G.  Kncourage  les  traduc- 
teurs, 587.  Sa  circulaire,  439.  Ouvrages 
à  lui  dâlii's,  ,178,  (iât. 

Robert  kiluiardby,  commentateur  de  t'ri>- 
cien,  13. 

Robichon  ou  Robin,  sujet  de  rliansons 
333. 

Rochc-Drrrien  {La),  i6,  27.  t'.oiistrnilioi, 
de  l'église,  37. 

/lo(/er  de  Paterme,  frère  Mineur,  Iradiiil 
en  latin  le  livre  de  Sidracb,  ■tHU.  igo. 

Roijer  de  l'arme,  578. 

Rohan  (Maison  <le).  Heures  d'un  ini'ndjn- 
de  crtie  famille,  2.13. 

Roland.  Le  récit  de  son  «nfaiic.'  dans  li 
Charlimafine  de  Girard  dAinieiis  renionti 
sans  doute  à  un  poème  perdu,  300,  201 
Cité,  333. 

Roman  composé  par  les  partisans  des  Kla 
mands  sur  la  guerre  de  Klaiidrcs  en  i.ioi 
ii3. 

Itvnceraax  (Roman  de),  en  ver»  alevan 
drins,  par  Jean  Rodel,  n'a  exist»^  (;iii'  dariN 
l'imagination  de  Galland,  i9<S. 

Roqacmartine ,  GGs. 

Rossignol  invitant  les  oiseaux  à  1  lianti  1 
l'amour,  33. 

Rouen  au  \lli*  siècle,  décrit  par  (iiiillanini 
Guiart,  124. 

Roi'l.EAl'X  contenant  des  talilcanx  dr 
l'Histoire  sainte,  2  55,  3  56. 

Royale  (Autorité),  318. 

fiui«n  ben  llayyin,  ,'|G8,  O87. 

RuBEv,  fils  d'Isaac,  liturgistc,  7.''m). 


Saadàn-Abou.  Son  traité  sur  le  triangle, 
traduit  par  Calonymos,  437. 

Saadiah  Gaon,  355,  379,  iio5,  5oi, 
5i6. 

Sabbethaï  de  Marseille,  copiste  d'un  ma- 
nuscrit,  559. 

Sabbethai  de  Toulouse,  758. 

Sabel,  fils  du  roi  de  Serre,  fiancé  de  Cé- 
linde.  Méliacin  se  fait  passer  pour  lui ,  174. 

TOVE  XXXI. 


La  veille  de  son  mariage,  Méliacin  enlève 
CJinde,  175.  Sabel  fait  la  guerre  à  Alsi- 
mus,'  17G.  Il  est  fait  prisonnier  et  meurt 
dans  sa  prison,  178. 

5ac/iefj- (Ordre  des),  '|8,  5o. 

Sacrobosco.  Voir  Jean  de  Sncrobosco. 

Saint-Brrtin  (Abbaye  de),  l'eiiilnres  d'un 
manuscrit  attribué  à  cette  maison,  217. 
Psautier  paraissant  en  venir,  271. 


s  5 


826 


TABLE  DES  AUTEURS 


Saint -Dcnrs  (Chroniques  de),  ii.)-ii6, 
I  3  8-i3o,  iSî  ,  ig5,  "ioo,  201. 

Saillie  Chapelle  (l'a),  à  Paris.  Psautier 
royal  v<!nu  de  celle  église,  268.  Kvangéliaircs 
faits  pour  elle,  383. 

Sainte-Genevih)e  (Abhaye  de),  à  Paris, 
."l'i. 

SainlGilles  (Abbaye  de),  3i. 

Salaitin  d'Esculo.  Se»  écrits  traduits  eu 
Iiébreu,  788. 

Sai.amias,  fils  de  David  de  Luurl,  méde- 
ciu.  Sou  traité  sur  les  lièvres,  7.13.  Il  n'est 
pas  le  doyen  de  Lunel,  ySS. 

Salix.  Klymologie  de  ce  mot,  5. 

.Sai.omou  AeiGDun,  717-711. 

Salomon  nl-Çaiq,jm{,  copiste,  610. 

Salomon  Azuhi ,  juiC  de  (jarpontras,  693. 

Salomon  ben- Abraham,  de  Montpellier, 
rabbin,  '|G8,  658,  f)8G. 

Salomon  ben-Adrrt,  rabbin,  877,  6i-], 
687,  727. 

Salomon  bm-Isaae ,  médecin  juif,   72g. 

Salomon  ben-Yaisch,  le  cadel.  Son  com- 
mentaire sur  Abrabam  ibu-Kzra,  '101. 

.Salomon  Bongoda,  poète  juif,  7G6. 

.S'aiomon  Bonjodes ,  G60. 

Salomon  Davin,  fils  de  David.  Sa  tradnr- 
lion  de  l'ouvrage  astrologique  de  Ridjal  ,763. 

Salomxm  Davin  de  Bisis.  76a. 

Sai.omo?!  dk  Lunki.  ,  (ils  d'Abha-Mari , 
auteur  d'une  grammaire  hébraïque,  G80, 
801. 

.Salomon  de  Metijueil,  traducteur,  68G. 

Salomon  de  Troies  (Kaschi),  358,  ^|o5, 
4io,  h-jh,  658,  685,  687. 

Salomon  [Don)  Drobis  ou  Derisis,  76^. 

Salomon,  lils  d'Abraham,  rabbin,  689. 

.Salomon,  fils  de  Judah  (,S'aiom»n  l^iiias). 
auteur  d'un  commentaire  sur  le  Khoiari, 
708.  Mentionné,  G70. 

.S«/omon,  fils  de  Menahcm  [Frnt  Maimon), 
7J3;  copiste  d'un  manuscrit,  784. 

Salomon ,  fils  de  Péreç  Bonnefoi ,  correc- 
teur juif,  356,  357. 

.Sa/»nion,  fils  de  Samson,  copiste  d'un 
manuscrit,  4i  i. 

Salomon,  l'ds  de  Yom-Tob  Cohen.  Ln  ma- 
nuscrit copié  pour  lui,  356. 

Salomon  ibn-Ayoub,   traducteur,   458. 

Salomon  ibn-Gabirol ,  ]>oète  juif.  On  lui 
attribue  le  traité  CAoix  de  peilet,  355. 
Mentionné,  38o,  727. 

.Sainmon  ibn-Tapo,  confondu  avec  Samuel 
ibn-Tibbon,  356. 

Salomon   ibnVerga,  historien  juif,  789. 

Sainmon  Lêvi  [Paalas  Bargeniis).  7.42. 

Sulomon  Maimon,  supposé  traducteur  du 
rommeiUaire  sur  le  Guide  des  éijarit ,  com- 
mentaire dont  l'auteur  véritable  est  Moïse 
Narboni ,  680. 


Salomon  Nasi,  rabbin,  5g5. 
Salomon  fialkan,  rabbin,  573,  574. 
Salomon  Parki,  copiste  d'un   manuscrit, 

Sai.omoîi  SniHAU,  fils  d'Kliéier  de  Troies, 
auteur  d'un  livre  casuistique,  358. 

Salomon  Vivas.  Voir  Salomon,  JiU  de  Ju- 
dah. 

Sait  llbn- Aboli-) .  médecin  arabe.  Son  ou- 
vrage Simplifia  traduit  en  hébreu  par  Judah 
Nathan,  575;  en  latin  par  Arnaud  de  Ville- 
neuve, ibidem. 

Salve.f ,  fils  de  Vidal  de  Boarian,  médecin 
juif  .Sa  prescription,  586. 

Sahes,  juif  de  Trets,  586. 

Sammah  [Ibn-at-),  mathématicien  arabe. 
Traduction  de  son  traité  sur  les  cylindres, 
par  Calnuymos,  isS. 

.Samson  ben- Abraham,  de  Sens,  rabbin, 
4  10,  .469,  474,  592,  685. 

.Samson  de  Chinnn ,  rabbin ,  688. 

.S'omion  de  Falaise,  rabbin,  358. 

.Snnijoii  de  Joii/ni ,  rabbin,  355. 

.Samson,  fils  d'Abraham,  rabbin,  4o5. 

6'am.ton,  fils  de  Salomon.  traducteur  des 
l'iésuniés  de  Galien ,  d'après  le  manuscrit  de 
Paris,  456. 

Santson  \fottnai.  Corruption  de  Samson 
de  Joigni,  356. 

.Samuel  Abravanel,  rabbin,  707,  708. 

Samuel  Alfarani,  juif  de  Peqjignan,  69I. 

.Samuel  Astrnc  Dascola,  le  même  que  Sa- 
muel Kansi,  G07. 

,Samac{  ben-Mwd  ichée ,  de  Narbonne,  rab- 
bin. 468. 

Samuel  ben-Meïr,  rabbin,  4o5,  409,  47!  , 
61 5,  685. 

Samuel  ben -.Salomon,  rabbin,   465,687. 

Samuel  Bcnienist ,  jm(  catalan  ,  45i. 

Samuel  d'Aijdr,  rabbin,  690. 

Samuel  Dascoi.a.  .Son  ouvrage,  -job. 

Samuel  de  Melgueïl,  par  erreur  pour  Sa- 
lomon, 686.  y 

Samuel,  lils  de  Gerson  de  Béliers,  rab- 
bin, 475,  687. 

6'aniu('/,  lils  de  Hayyim,  médecin  juif.  Un 
manuscrit  copié  pour  lui,  682. 

Samuel,  fils  de  Moïse  Qamhi.  Son  com- 
mentaire sur  une  liturgie,  727. 

Samuel,  fils  de  Saûl,  rabbin,  660. 

Samuel,  lils  de  Siméon  Kansi,  identique 
à  Samuel  Astruc  Dascola,  706. 

Samuel  ibn-Tibbon,  traducteur,  458,  $27, 
684,  686,  757,  759. 

Samuel  hokhabi,  rabbin,  peut-être  père 
de  David  KoLhabi,  471- 

Samael  Marocanus,   controversisle ,    584, 

Samuki.  M11.K8  Di  Marskillb,  traduc- 
teur. Sa  vie,  553.  11  est  surnommé  Miles 
et  liarbaveire,  553.  Ses  traductions  d'Aver- 


ET  DES  MATIERES. 


827 


loi'S  :  de  ses  dissertations  sur  VOrganon ,  55  i  : 
de  son  commentaire  sur  ï'Etkique  à  Nico- 
maque,  âS5;  de  rriiii  sur  la  lU'jmt'liiiiie  de 
Platon,  555;  du  résumé  de  la  logique,  55<)-, 
|>eut-ètre  des  autres  parties  de  l'Orjyanon, 
ÔU7  ;  du  traité  d'Alexandre  d'Aphrodise  sur 
l'Ânu',  5(i3;  d'un  traité  d'Kurlide,  5Go;  de 
l'abrc'gé  de  YAlmageile(\'l\»i-.\(\a\t,  5(Jo;  îles 
traités  astronomiques  de  Moàd  et  île  Zur- 
qala,  StiC  et  5C7.  .Ses  propres  ouvrages  : 
Commentaire  sur  l'Almafjritc,  8O0.  Notes 
sur  l'Urganon,  5G7.  Probablement  copiste 
d'un  manuscrit,  5G7.  Mentionné,  iHQ,  ti5à. 

Samuel  A'aJi,  juif  d'Arles,  4 50. 

.Saniuc/ .Sc/ieA'i/i,  juif  de  Perpignan,  ^G8. 

Samiei.  Schi.kstat.  Sa  vie  et  son  ouvrage, 
702.  Son  petil-iils  est  auteur  d'une  cbro~ 
nique,  705. 

Samuel  Sulaini,  rabbin.  Supposé  le  même 
que  .Samuel  SclieLili,  i6i. 

Samuel   Zmiah,   philosopbe   juif,    ^97, 

.San  Rota  Dongotlan,  corruption  de  Ser 
Uonet  Bonjorn,  70C. 

Sanclie  le  tort,  roi  de  Navarre,  11 5. 

Sarati,  lillc  de  Jacob  Çarfati  ,711. 

Saùl  AiMenaii.  Ses  gloses  sur  le  com- 
mentaire moyen  d'Averroe<  sur  la  Physique 
d'Aristole,  43]. 

Saûl  ben-Jacob,  de  Montpellier,  rabbin, 
.i68. 

Saûl  Cohen  de  Montpellier,  rabbin,  468. 

Saùl,  fds  de  Nathan,  rabbin,  6C0. 

Saut  Gautier  (  LeJ ,  ii,  55. 

Sauarnon ,  capitale  de  la  Grande  Ermenie , 
170,  etc. 

Savetier  (Conte  du)  et  du  fmancier,  5o. 

^Mni({(« ,  une  des  suivantes  de  CéKnde,  lyi. 
Doit  être  brûlée  pour  l'avoir  laissé  enlever, 
177.  Est  sauvée  par  Méliacin,  178.  Épouse 
le  comte  Hardouin,  183. 

Schah  Abbai  le  Grand,  roi  de  Perse, 
355. 

Schemaiah,  rabbin,  ^69. 

Sehemariah  de  Nègrepoht.  Poème  contre 
lui  par  Jean  d'Avignon,  U53. 

Sckemariah ,  fils  de  Simbah ,  rabbin.  Sup- 
posé auteur  de  Kolbo ,  470. 

Sckem-Tob  de  Tortoie ,  médecin  juif,  73 1 , 
7C0. 

Sehem-Toh  Fahufira,  philosophe  juif.  Son 
commentaire  sur  le  Guide  des  égarés ,  utilisé 
et  même  imité  par  Caspi,  537.  Mentionné, 
758. 

Sckem-Tob  Falcon,  juif  de  Majorque, 
469. 

Schem-Tob  ibn-Majror,  commentateur,  758. 

Schickhardus.  Lettres  adressées  à  lui ,  G93. 

Schwabacher  (C).  Sa  traduction  allemande 
de  l'Examen  du  monde,  387. 


Sclamias  [Maeslre),  753. 

.S'en  Jncob  de  Bagnols ,  Hb-j. 

Senonis ,  nom  indéclinable,  4. 

Serfs  (Les)  cbargi's  de  faire  périr  la 
comtesse  d'Anjou  l'épargnent,  34o. 

Sergents.  Ce  qu'ils  étaient,  io5. 

Scrlon,  poi'te,  17. 

Serre,  royaume  de  Nattilus,  père  de  Sa- 
bel,  174.  Se  trou\e  aussi  dans  Escanor, 
i84. 

Shealtiel  Gracian,  rabbin.  Lettre  à  lui 
adivssée,  744. 

.SiDRACH  (1^  livre  de)  ou  la  Fontaine  de 
toutes  sciences,  -iSâ-SiS;  composé  |)eul-être 
H  Lyon  vers  i343,  391,  3i3;  la  rédaction 
originale  était  peut-être  provençale,  3i3- 
3i5,  3iG.  Il  n'est  connu  en  France  qu'au 
\iv'  siècle,  3iG.  11  est  traduit  en  italien, 
en  flamand,  en  anglais,  317.  Faible  valeur 
de  l'ouvrage,  38G,  387,  317.  Un  prototyp»; 
hi'bn-u  ou  arabe  n'est  pas  probable,  3i3, 
3 1 3.  Différences  entre  les  di\  ers  exemplaires , 
38G,  etc.  Son  orthodoxie,  391.  Sa  piété, 
3oi.  Sa  morale,  3()6.  Sa  politique,  397.  Ses 
opinions  sur  les  femmes,  3q8-3o3.  11  n'est 
ni  patriote  ni  belliqueux,  3o3.  Son  igno- 
rance historique,  3o3.  Son  tableau  des  Croi- 
sades ,  3oG-3 1 1 .  Son  histoire  naturelle ,  3 1 1 . 

Sidrach,  descendant  de  Japhet,  reçoit  de 
Dieu  le  don  de  toutes  sciences,  387.  Apprend 
au  roi  Boctus  le  moyen  de  construire  sa 
tour  et  répond  à  toutes  les  questions  que  lui 
pose  le  roi,  393.  11  connaît  par  avance  les 
mystères  de  la  foi  chrétienne  et  les  enseigne 
à  Boctus,  387,  393.  II  meurt,  3i3.  Son 
nom  est  emprunté  au  livre  de  Daniel,  389. 
Il  a  été  mis  en  tête  d'ouvrages  astrologiques 
et  d'une  sorte  d'apocalypse  en  grec,  393. 

Sidrach  (  Versions  anglaises  de  ) ,  en  vers , 
317.  Versions  ilamandes,  ibid.;  italiennes, 
ibid. 

Simron  Douran,  de  l'Algérie,  rabbin. 
BUme  Caspi,  038. 

Siméou  Kaia,  exégète,  685. 

Simhnh  de  Vitri ,  rabbin ,  C86. 

Siman  de  Gènes.  Ses  traductions  de  Zah- 
ravi,  760. 

Simplicias,  mathématicien.  Commentaire 
sur  Hypsiclès,  traduit  par  Calonymos,  430. 
Formes  vicieuses  du  nom  de  Simplicius, 
ibidem. 

Siraeh,  confondu  avec  Sidrach,  391-393. 

Slaaki  Daoid.  Son  lÀvre  de  la  sagesse 
d'Israël,  387. 

Soiuont,  4.  Yon,  sous-moniteur  des  écoles 
de  cette  ville,  1-31. 

Soleiman  [Aboa-)  Rabia  ben-Jahya,  ma- 
thématicien arabe.  Son  commentaire  sur 
l'arithmétique  de  Nicomaque  de  Gerasa ,  tra- 
duit par  Calonymos,  436. 

104.. 


828 


TABLE   DKS.  AUTKURS 


Slirn  (M. S).  Sa  traduction  allemandrdc 
rt'.r(iwi'7(  du  monde,  '.M^'J, 

Surciisions.  D'apros  le  livre  do  Sidracli , 
iiii  tiers  des  succession»  doit    appartenir  à 

I  r.glisc,    l5o2. 

Sumntonitor.  Valeur  de  ce  mot,  i. 


Syinaciis,  17^. 

Symhni^  des  Apôtrts.  en  latin  et  en  fran- 
Vais,  577. 

Synodus.  l'ilymologie  de  ce  mot,  16. 
Syntajre  (Drlinition  de  la),  6. 
Syrie,  17C. 


T 


Tiihlis.  On  les  dn'sse  pour  les  repas  et  on 

irs  enlève  ensuite,  333. 

Tnillrl/ourg ,  29. 

Tanliiim ,  ïils  de  Judali.  Traduction  faite 
.1  sa  demande,  (iôG. 

TaritsCiiii ,  5 1 . 

Tartaire,    étoffe     d'Orient,     334,    34-1, 

Tartans,  307. 

Tauiivaux  combattus  par  des  aveugles ,  55  , 
56. 

Tauros  pour  Todros,  754- 

Tcmpiurs.  Opinion  de  Giiill.  Le  Maire 
<rir  eux,  '^7. 

Tliabeih  hfii-Qoirah.  Son  traité,  D«  figura 
■^'■cantr,  traduit  par  Calonymos,  457.  Plu- 
■iieiMs  traductions  ))arlui,  437,444.  Re- 
iKuclie  la  traduction  du  livre  des  Plantes 
;illribiié  à  Aristote,  4^9. 

Thabon.Xoir  Tibhon. 

l'Iitoiloric  [de  Cervia).  Sa  cliirargie, 
.-,78. 

Tlieodorus,  pliiloso])lie.  Le  même  <iu(" 
Torli'c,  390. 

l'I.iadonis  Tliodmssi  pour  Todros  To- 
drosi,  573. 

riiilmail  de  Cepoi ,  109,  iSy. 

Thib:Uid ,  roi  de  Navarre.  Sa  lettre  sur  la 
mort  de  saint  Louis,  37Î. 

Thomas  d' A  (juin.  Ses  livres  traduits  en 
;;rec.  101.  Mi'ntionné,  789. 

Thomas  llilie ,  de  Bivdle.  Sa  vie  latine, 
<>5-7'2.  Sa  vie  en  français,  75-75. 

Thomas  le  Gallois,  63. 

Tibbo:i.  Voir  Abraham,  .JuJah,  Moîie,  Sa- 
wiir!  Tihbnn.  ^ 

Tironiennes  (Psautier  en  notes),  559, 
n')lo. 

Tobiab  ,  371.  Voir  Jeduïah  Penini. 

l'odrr ,  le  j)liiloso|)lie,  envoie  le  livre  de 
.Sidracii  au  palriarclie  All>ert  ou  Anb<'rt 
d'Antioclie,  îS8.  Il  était  réellement  Atlaclié 
à  l.i  cour  Av  Frédéric  II,  390. 

ToDKOs  DE  CAV.tii.LON.  S»  pharmacopéc. 
733. 

Todros,  fils  de  Moscliullan.  Voir  Todros 
Todrosi. 

Todros  [Don]  Isuac  de  Girone,  rabbin, 
i  5 1 . 


Todros  Mnïsr  Bondiuh ,  identifié  avec  To- 
(Iros  de  Cavaillon,  724. 

Todros  Nnsi,  de  Narl>onne,  784,  785. 

Todros  Todhosi,  traducteur.  Sa  tie,  570. 
Ses  tratiurtions  :  de  Farabi,  Sowce  de  juge- 
ment des  {fueslioHs,  070  ;  d'Avirenne ,  chapitres 
relatifs  à  la  pliysiijue  et  à  la  métapbysiqne, 
571;  d'Averroès,  commentaire  moyen  de  In 
llhrtoriqiie  et  de  la  Poétique,  571,  576;  des 
dissertations,  573;  du  traité  sur  l'inlellert 
matériel.  Kcrits  attribués  à  tort,  573. 

Tojaïl  Ibn-),  philosoj  lie  arabe.  Son  roman 
intitulé  lliiyr  bcn-Yohlhan:  IreAucixon  ano- 
nviiK!  cl  commentaire  de  Moisc  Narboni, 
07'i. 

Tolède.  Le  [irologuc  et  li-s  arguments  du 
livre  de  Sidracii  sont  censés  faits  à  Tolède 
en  ii'i3,  •!89.  Lcole  aral>c-cbrétienne  de 
celle  ville,  289. 

Tor,  Iris  d'Ares,  168. 

Toulon  ,  5 1 . 

Toulouse,  (jlose  du  Doctrinal,  dite  Glosa 

ToloSfUUI ,    11!,    i3  ,    |8. 

7'oiir  qui  s'écroule  chaque  malin,  393. 

Tournoi  dunné  pour  marier  une  princesse, 
i5'i.  . 

Tractabar  (Le  roi  de)  envoie  à  Boctns 
Sidrarh  et  le  livre  d'astronomie  de  Noë, 
393,  294. 

Traverses  JLa  reine  des),  i58.  Est  char- 
gée de  la  j:nr<l«^  de  Giflet,  iG4.  S'éprend  de 
lui,  iCô,  el  l'épouse,  166.  Elle  se  relire 
<luns  l'abbaye  construite  près  du  tombeau 
d'Esreiior  le  IScau,  167.  La  ville  des  Tra- 
verses décrite,  169. 

'    Triguier  (Formulaire  rédigé  dans  ie  dio- 
cèse de),  25-35. 

Tristan,  héros  de  poème,  3i3.  Roman  en 
prose',  iCi. 

Troie,  première  patrie  des  Francs,  ri 8. 
Histoire  de  Troie  peinte  sur  les  murs, 
169. 

Ta(jendhold  (J.).  Sa  traduction  polonaise 
de  VExamen  du  monde,  387. 

ruiii.5  (Le  seigneur  de)  fait  traduire  en 
latin ,  pour  Kn'déric  II ,  le  livre  de  Sidracb , 
288. 

7'iu-/)m  (Chronique  de],  rimée  ptr  Girard 
d'Amiens,  201.  •'•''    '' 


ET  DES  MATIERES. 


829 


IJ 


Lbicamqae  locorum.  Explication  de  cette 
locution,  g. 

IJchtnanii  (A.).  Sa  traduction  latine  de 
l'Examen  t/u  monde,  386. 


Itreeltt    (Psautier     de    l'université    d'] 
2G0. 

Itiel,  copiste  et  glossateur,  6g6. 


ValabiciiUf.  Noir  Abraham,  Asckrr,  Bon- 
</OfS,  Isiaêt  Vaçif  Valabrijue. 

luscf  d  argent  donnés  aux  seigneurs  qui 
MTvirent  le    repas   de    l'évèque    d'Angers, 

79- .         .         . 

Ii7'ni'u<7,  pris  i^t  démantelé  par  Philipjie- 

Augusti',  I  13. 

t  crnon ,  i . 

Ce/s  latins  destinés  à  i'ipli(|uer  des  pein- 
luri'S,  317.  Vers  mnéuiuniques,  ti. 

Venijicaùun  des  chansons  do  geste  :  raf- 
linenients  qu'y  introduisent  Adani  de  la 
Halle,  Adonet  le  lioi  et  Girard  d'Amiens, 
•>o3,  îo'i. 

Ycrsor  (Ji'an).  Traductions  hébraïques  de 
quelques-uns  de  ses  écrits,  par  Élie  liabillo, 

liurnicj  (SrinivetOise),  Sig,  330. 

\ icedoctor.  Valeur  de  ce  litre,  3. 

Vidal,    identifié    avec     Moise    Narboni, 

Mdttl  (Ahram)  de  Dourian,  585,  note. 
Vidal  Honajottx  (  de  .Salon  ) ,  Goo. 
ri'/(i/  Caslari ,  présumé  auteur  d'un  traité 
de  médecine,  tiôo. 


Vidal  de  Boiriax,  médecin,  578,  5So, 
585. 

Vidal  de  Tournon.  Voir  Bayyim  ben-David. 

Vidal  Lhi,  juif  catalan,  746. 

Vidal  Salomon,  surnom  donné  par  erreur 
à  Moïse  Narboni .  606. 

Vicia/  Sulomon  Satlian,  identifié  avec  Me- 
nahem  Meiri,  573. 

Vido,  ou  Vidon,  755. 

Vielle ,  Zi?, ,  333. 

Vilain  (Un)  reconnaît  Méliacin  pour  un 
prince,  malgré  son  déguisement  en  vilain, 
et  lui  sert  de  gui<le,  180. 

Villehardouin,  utilisé  par  Guillaume 
Guiart,  iio. 

Villévrque,  manoir  épiscopal,  77,  78. 

Viia  (Différentes  espèces  de),  3j8,  337. 

Violas  de  Rodez,  médecin  juif  (Mardo- 
chée,  his  de  Josué),  auteur  d'une  observa- 
tion astrologique  et  d'un  commentaire  sur 
les  régies  de  dosage  selon  Averroès ,  Sg  1 . 
65i,  (i8g,  788. 

Virgile.  Merveilles  qu'il  construit,  16g. 

Voyages.  Difficulté  des  voyages  dans  l'an- 
cien temps,  177. 


w 


Wajtd  (Ibn-),  médecin  arabe.  Traduction 
hébraïque  de  son  traité  Liber  de  Cervicalibus 
capitis,  par  Juda  Nathan,  677.  Sur  les 
lièvres,  par  le  même,  578. 

ITeitse  (Joseph).  Son  introduction  biogra- 


phique sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Jedaiali 
Penini,  387. 

tVendin  (Prise  et  perte  de),  1 10. 

H''irmet,  ancien  nom  deViarmes,  3ig. 

IVorms  (Baruch  de),  k^k. 


X ,  h:ttre  équivalant  à  deux  consonnes,  9. 


i'akçeel  Caslari,  poète.  Ses  poèmes, 
047. 

Ici/outliiel  Culun  [Sen  Astruc  Cohen],  au- 
teur d'un  commentaire,  088. 

Veqoituiel,    fils   de   Salomon   de    Nar- 


bonne,  traducteur.  Sa  traduction  du  Liliam 
inedicinm  de  Bernard  de  Gordon,  73]. 

Yom-Tob,  de  Beaugenci,  rabbin,  358. 

Yom-Tob  Lipman  Heller.  Son  commentaire 
sur  l'Examen  du  monde,  386. 


830 


TABLE  DES  AUTEURS  ET  DES  MATIERES. 


YoN  (MaHrc),  grammairien,  sous-moui- 
tmir  Aes  érolns  de  Soissons.  Son  rommon- 
Uire  surir  Doctrinal,  i-ii. 


Yonah  ibn-Djanak.  Voir  Abou-'l-fVttliil  iin- 
Djanah. 

Yves,  moinn  de.  .Sainl-Drnvs .  i  M. 


Zahravi,  médecin  arabe.  Traduclion  lié- 
hraïqtin  de  son  Sercileur  des  médecins 
'  2~i'  livre),  par  Abraliani,  lils  de  Slicni- 
Tob.  7.'5i,  760,  78^ 

Zttle  LAbott-],  corruption  d'Abou  Sali, 
.■.76. 

Xarqala  [Abou-lshm/  cl-),  aslrononie.aralH'. 
Son  Irailé  sur  le  \fonvement  des  étoiles  fixes , 
traduit  parSamuel  de  Marseille,  jtf].  Son 
traité  Sajilia ,  romnienté  ]>ar   Isaac  Louans. 


Xemah,  lils  de  Jedidiali.  \oir  Crescas  de 
Caslar,  le  jeune. 

Zerahiah  benisaac ,  tradurlcnr,  .^36. 

Zcrcdiiah  llulévi ,  de  Lnnel,  rabbin,  '\03, 
175,  658,  C86. 

Xcrahiah  lud-Lévi  Salailin,  lradurte\ir  dn 
traité  de  Gazuli .  Deitmclion  des  philosoplies , 

Ziericzer  (Kataille  navale  de),  racontée 
par  (luillaume  (iuiarl,  i3i. 


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XXXII,  1"  et  2'  partie;  XXXIII,  i"et  2'  partie;  XXXIV,  1"  partie,  et  XXXV, 
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XXVII,  i"  et  2'  fascicule  de  la  1" partie,  et  XXVII,  2'  partie;  XXVIII,  i"  et 
2*  partie;  XXIX,  1"  et  2'  partie;  XXX,  i"  et  2*  partie  (contenant  la  table  des 
Umies  XVI  à  XXIX);  XXXI,  1"  et  2'  partie;  XXXU,  i"  et  2*  partie;  XXXIII, 
1"  et  2*  partie;  XXXIV,  x"  partie. 

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Il'  partie,  tome  I,  fasc.  i.  Prix  du  fascicule.      37  fr.  5() 

Idem,  tome  I,  fasc.  11.  Prix  du  fascicule •>5  fr. 


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Notices  et  Extraits  des  manuscrits.  Tome  XXXIV,  2°  partie. 
Recueil  des  historiens  des  Gaules  et  de  la  France.  Tome  XXIV. 
Recueil  des  historiens  des  croisades  :  Historiens  occidentaux.  Tome  V,  2'  partie. 

'■ Historiens  orientaux.  Tome  IV. 

:~^-^_— '■ —- — —  Historiens  arméniens.  Tome  II. 

CoRPoa  iifSCBiPTiONUM  SEMiTiCARDM,   i"  partie,  tome  II,  fasc  11. 
Œuvres  de  Borghesi.  Tomes  IX,  3'  partie  (contenant  la  table  anal)ii(pic  des 
tomes  I.  II  et  III)  et  X. 


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